2.5 Les nouveaux
acteurs de développement économique, social et politique
Les États ayant de plus en plus de difficulté
à exercer leur souveraineté dans l'économie de
marché actuelle de la mondialisation, et donc de plus en plus de
difficultés à répondre aux besoins de leurs populations,
des économies parallèles se sont développées afin
de pallier aux manques. Les programmes d'ajustement structurel qui ont
été imposés aux États afin de recevoir de
l'« aide internationale » ont conduit les pouvoirs publics
à limiter et à diminuer leurs budgets nationaux consacrés
aux services sociaux, à l'habitation, à l'éducation et
à l'alimentation. Ceci va fragiliser la politique intérieure de
ces pays par l'effet de la corruption et des injustices de toutes sortes,
mettant du fait même un frein au développement à cause des
conflits et des scandales qui éclatent et rendent instables ces
États. Favreau et Fréchette vont dans le même sens, mais
font ressortir en même temps un élément important à
savoir, que la faiblesse de l'État favorise une solidarité qui
provient de la base :
La marge de manoeuvre des États chez les pays du
Sud, dans leur fonction de redistribution, a été réduite
à sa plus faible expression. Les populations de ces pays se retrouvent
ainsi plus que jamais contraintes de concevoir elles-mêmes de nouvelles
formes de solidarité et d'entraide, économiques et sociales tout
à la fois, afin de résoudre les problèmes les plus
cruciaux auxquels elles sont confrontés (Favreau, 2002, p15).
Cette solidarité montante, même si elle reste
locale, cherche à recréer des réseaux économiques
à l'aide de coopératives, de mutuelles, d'associations, de
regroupements villageois n'ayant pas de liens avec l'ancien système de
coopératives et de mutuelles sous le régime socialiste,
lesquelles peuvent être qualifiés de réseaux
d'économie sociale. De plus, les acteurs de ce mouvement cherchent
à prendre leur place dans le champ de la vie publique. Les initiatives
locales au Sud tentent de créer des réseaux
socioéconomiques qui combinent à la fois les dimensions
marchandes et non marchandes (Defourny, 1999). Ces réseaux sont souvent
soutenus par des O.N.G., au Sud, et ils cherchent à adapter les modes de
production marchands aux sociétés et à leurs cultures
spécifiques. Les caractéristiques des réseaux
d'économie sociale se distinguent selon Favreau et Fréchette par
le :
regroupement des personnes en tant qu'associés
d'une même entreprise poursuivant tout à la fois des objectifs
sociaux et des objectifs économiques, misent principalement sur un mode
de gestion démocratique et utilisent le capital disponible dans une
perspective d'entrepreneuriat social et collectif (Favreau, 2000,
p.9).
L'expérience Songhaï est particulièrement
intéressante puisque ce projet est à la fois une O.N.G. qui
favorise l'essor des réseaux d'économie sociale en donnant une
formation adaptée à la société (ethnies avec
l'ensemble de leurs traditions et cultures différentes), tout en
créant des entreprises d'économie sociale (coopératives
agricoles...), qui sont prises en charge par leurs membres (fermiers
ex-étudiants de Songhaï et fermiers non étudiants de
Songhaï) avec une participation démocratique.
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