JF Doucet
Contribution à l'étude du processus
créatif
dans un laboratoire de physiologie médicale
norvégien
Eiriksgate 10 - 0650 Oslo Norvège
Remerciements
Je remercie Mr Aage Trollsås qui m' a mis en contact
avec le laboratoire de physiologie médicale d' Oslo
Je remercie R. Abibon d' avoir pris le temps de dialoguer avec
moi par courriel
Je remercie également tous mes correspondants sur Internet
dialoguant avec moi sur ce thème.
Je remercie T. Berg de m'avoir donné
accès à un exemple où mettre à
l'épreuve certains concepts importants pour moi.
0.-Introduction
Après avoir étudié
découvertes, inventions et productions artistiques pour en extraire
certaines caractéristiques communes, la mesure de la tension
artérielle des rats de laboratoire utilisés en physiologie
médicale servira de cas concret pour, en retour, tester
l'adéquation entre les concepts retenus au cours des études
précédentes et l'intervention de l'imagination dans l'obtention
des réponses aux questions posées par un laboratoire particulier.
Sans doute doit-on attribuer à l'absence de ces concepts, l'aveuglement
de la recherche scientifique actuelle qui se cantonne bien souvent à
l'obtention de résultats déjà connus. Si cette
connaissance ne peut évidemment pas nuire à la vie des
laboratoires, le but assigné aux centres de recherche n'est pas de
reproduire des connaissances anciennes ou même de les vérifier
mais à partir de ces dernières d'établir des relations
nouvelles entre les paramètres caractérisant les objets
d'études. Se demander à quelles conditions - au moins
nécessaires - un milieu de recherche peut émettre des
résulats nouveaux devient donc urgent.
0.1.- Les objectifs et résultats attendus.
Pour une modeste part également, la mise en
évidence d'éléments subjectifs dans le processus de
recherche pourra équilibrer les méfaits du triomphe de la science
actuelle. Prenant l'avantage sur les deux autres discours spéculatifs
d'appréhension du monde extérieur, le discours philosophique et
religieux, la science, entretient, en effet, l'illusion pour le commun
d'être une certitude objective. Si, du fait de leur impact sur la
réalité, ses résultats prennent valeur de certitude, le
processus qui y mène, en revanche est loin d'être ni purement
rationnel ni certain1. La subjectivité du
chercheur qui laisse place au doute et aux produits de son imagination
n'apparaît évidemment pas dans l'énoncé des
résultats. Les analogies, en outre, produites par la
subjectivité du chercheur et absentes des résultats finaux du
fait de leur faible
1 A cet égard, les travaux de J. Kepler sont
probants : dans son livre de 1596 « Mysterium Cosmographicum »,
Kepler construit son modèle de l' Univers en remarquant que les 6
sphères des 6 planètes connues du Soleil pouvaient être
contenues dans les 5 solides de Platon,qui, parfaits, s' accordaient bien
à la nature divine de la création.
valeur épistémologique, pourront, une fois
remises à leur juste place, retrouver leur
fécondité.
Pour ce qui concerne en particulier l'étude du
processus créatif, l'essai d'utiliser les données
expérimentales dans un modèle de simulation devrait mettre en
lumière le rôle de l' anomalie dans le processus
: elle apparaît plus clairement par comparaison entre les données
expérimentales et les résultats obtenus par simulation. Faire
apparaître cette divergence ne peut, en effet, que stimuler les
recherches ultérieures.
0.1.- Le processus créatif sous 4 aspects
Depuis quelques années, ma conviction s'est
forgée sur quelques aspects du processus créatif :
essentiellement une pratique, il se trouve être hors de ce que les
philosophes appellent la » clôture logocentrique »
c'est-à-dire, à proprement parler, hors de ce qui peut se dire.
De plus, pour préciser le point de vue de mon approche, j'ai dû
choisir la théorie psychanalytique du sujet qui tient compte de l'
inconscient. Ce dernier a été décrit par J. Lacan comme
» Les alluvions laissés par le langage » tandis que G.
Rosolato énonçait une conséquence de cette théorie,
à savoir que tout énoncé d' une chaîne signifiante
se double d' une autre chaîne, inconsciente celle-là dont l'
origine est le désir (sexuel ) inconscient. Concernant non plus le sujet
mais l' objet, ma conviction, fondée sur la distinction
cartésienne entre le « res cogitans » et le « res extensa
» s'était portée vers une conception de l' objet, par
nature, non différent du sujet2. Après tout, le monde
matériel qui nous entoure est fait, comme nous, de molécules et
ce qu'on appelle la vie semble être un attribut particulier à
certains objets sans que leur composition soit de nature différente.
Pour marquer cette nature semblable de l'objet et du sujet, j'ai utilisé
la même notation A (objet ou sujet apportant satisfaction) ou Ë
(objet ou sujet apportant frustration) pour exprimer l'imperfection sous forme
d' une barre qui manque à Ë pour s'écrire A. Du même
coup, si je supposais que le sujet était le siège du
désir, et par conséquent métonymique par nature, l'objet
de parfait dans un certain état est découvert imparfait dans un
autre avant que ne se déroule le processus créatif aboutissant
à une nouveauté. Le cadre de l'étude est, lui,
calqué sur les aspects abordés lors du questionnement.
2 A l'égard du sujet et de l' objet
supposé de même nature, j' ai été séduit par
les théories de Maturana et Vasela ou de F. Capra qui tentent de rompre
avec la dichotomie cartésienne distinguant un » Res extensa »
d' un » Res cogitans » pour marquer la différence de nature
entre le sujet ( vivant ) et l' objet ( inanimé ).
1.- L' environnement : c ' est la question posée à
un groupe de chercheurs dans une discipline considérée.
2.- la situation créative où la réponse est
cherchée grâce à un dispositif technique (invention )
artistique ( oeuvre d' art ) ou scientifique ( découverte)
3.-le ou les sujet(s) créateur(s) disposé(s)
à un réarrangement symbolique. 4.-la création qui est le
produit auquel aboutit tout le processus.
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1.- L'environnement de la recherche
Avant d'entrer dans les détails du dispositif de
recherche aboutissant ou non à une réponse à la question
posée, un bref aperçu du contexte dans lequel la recherche
s'effectue est nécessaire. Si la question des causes de l'hypertension
artérielle est un problème mondial, le laboratoire de physiologie
dans lequel les expériences sont faites est, en revanche,
norvégien.
Sans se livrer à une étude de culture
comparée, il apparait important d'esquisser les caractéristiques
culturelles du cadre dans lequel s'effectuent les recherches médicales,
objet de cette étude. Comparé à un pays latin comme la
France dont le modèle comportemental principal se résume par un
couple « punition / récompense «, la Norvège, de
tradition luthérienne, est caractérisée par «Fais ton
devoir et exige ton droit « dont le couple correspondant est «
droit/devoir ». Cette différence s'accompagne également de
visions de la vie assez éloignées. Si l' on place la France dans
la catégorie des pays où règne le principe de plaisir, la
Norvège au contraire, serait plutôt le pays du principe de
réalité. Le modèle norvégien « par objectifs
«pragmatique », d' autre part, allant jusqu'à diviser les
objectifs principaux en sous-objectifs, donne à la Norvège son
efficacité très terre-à- terre.
On doit à Aksel Sandemose la loi de Janteloven3
qui s' exprime de la manière suivante :
1. Tu ne crois pas que tu es quelqu' un.
2. Tu ne dois pas croire que tu vaut autant que nous.
3. Tu ne dois pas croire que tu es plus astucieux que nous.
4. Tu ne dois pas te figurer que tu es mieux que nous.
5. Tu ne dois pas croire que tu sais plus que nous.
6. Tu ne dois pas croire que tu es plus que nous.
7. Tu ne dois pas croire que tu as du talent dans quelque
domaine que ce soit.
8. Tu ne dois pas te moquer de nous.
3 La loi de Jante (Janteloven ) a
éte formulée par Aksel Sandemose en 1933, dans
« En flyktning krysser sitt spor» ( un
réfugié retrouve ses traces ) .Cette loi, selon Aksel
Sandemose, donne une bonne image «des gens pleins de
méchanceté et capables de s'écraser les uns les autres.
9. Tu ne dois pas croire que quelqu un se preoccupe de toi.
10. Tu ne dois pas croire que tu peux nous apprendre quelque
chose.
et qui marque profondément la mentalité
norvégienne et donc a des conséquences sur les activités
de recherches. Cette « janteloven » régulant la vie sociale
norvégienne, est l'envers de la médaille d' un pays devenu riche
en découvrant le pétrole, un peu plus grand que la moitié
de la superficie francaise4 mais 6 fois moins peuplé,
puritain où les idéaux de sociabilité ou de morale sont
extrèmement hauts.
En particulier, la morale du devoir (Exige ton droit et fais
ton devoir ) marque profondément les mentalités de la recherche
scientifique. Habitué à étudier un « pensum »
dès son plus jeune âge, un universitaire norvégien passe
à force de volonté à travers une masse d'informations.
S'il est ainsi capable de connaître un certain nombre de données,
il ne lui est que rarement demandé de »briller » ou de montrer
ses talents. La crainte de se distinguer de ses compatriotes est
également une constante qui trouve son origine dans la pression sociale
du groupe. Peu de gens osant se distinguer de l'ensemble de ses concitoyens, la
société norvégienne est typiquement celle de » homme
moyen ».
Dans une société, d' autre part, où la
vie d'un individu est supposée essentiellement sociale, le besoin de
satisfaction propre est reporté à un avenir lointain et diffus,
les règles élémentaires d'économie libidinales
(engagement, deuil ) ne sont alors respectées que pour une infime
minorité (Famille royale, prêtrise etc ). Les valeurs d'
égalité non pas de droits mais de pouvoir économique fait
alors de la Norvège une société de «frères
jaloux « comparées aux sociétés latines de «
pères rivaux «.
Généralement très réservés,
les chercheurs norvégiens sont, d' autre part, bien socialement
organisés de telle sorte qu'aucune prise de décision ne se fait
sans d'âpres discussions.5 dûment
régulées. Mais l'idée généralement admise
que certains
4 Superficie de la France : 675 417km2
pour 64 102 000 hab. Soit une densité de 93,59 hab./km2.
Superficie correspondante de la Norvège : 324 220 km2 pour 4
640 219 hab. Soit une densite de 14 hab./km2
5 En 1979, Bruno Latour, publie avec Steve Woolgar
Laboratory Life: the Social Construction of Scientific Facts ( le
titre français la Vie de laboratoire : la Production des faits
scientifiques (1988)). Dans cet ouvrage, les deux auteurs entreprennent
une étude ethnologique d'un laboratoire de recherche
spécialisé en neuroendocrinologie au Salk Institute. Ils montrent
que la description naïve de la méthode scientifique, selon laquelle
la réussite ou l'échec d'une théorie dépendent du
résultat d'une seule expérience, ne correspond pas à la
pratique réelle des laboratoires. Généralement, une
expérience produit seulement des données peu concluantes,
attribuées à un défaut du dispositif expérimental
ou de la procédure. Ainsi, une grande partie de l'éducation
scientifique consiste à apprendre comment trier les données qui
doivent être gardées et celle qui doivent être
jetées, un processus qui semble, pour un regard extérieur non-
éduqué, une manière d'ignorer les données qui
contredisent l'orthodoxie scientifique.
» phares » apparaissent dans un milieu de recherche
qui entrainent d'autres chercheurs dans leur questionnement n' est pas
très visible dans les départements scientifiques de l'
Université. Il faut bien du temps au contraire, au chercheur
extérieur à la Norvège pour découvrir autre chose
que des chercheurs extrèmement réservés peu enclins
à partager leurs connaissances. Dans ces conditions, en situation de
recherche, la réponse considérée comme inscription de
relations nouvelles laissant intactes d' autres, inscription encore
nommée »mobile immuable6» prendra un aspect bien
particulier en Norvège : la pression sociale tend à donner
à la production de connaissances nouvelles l' avantage non pas aux
éléments mobiles inédits qui pourraient déboucher
sur l'inscription de la réponse mais aux éléments
immuables répétant à quelques détails près
des connaissances établies depuis longtemps. La réserve des
chercheurs norvégiens, de plus, présuppose un certain rapport
à la parole. En terme d'énergie psychique, la régulation
des débats, si elle assure à chacun un égal temps de
parole, ne permet pas de pertes indispensables à la production
d'organisation signifiantes nouvelles. La féconditié de leur
production dépend pour une lage part des possibilités offertes
aux locuteurs d'exprimer un certain nombre d'erreurs évaluées
selon les critères de validité retenus pour la recherche ainsi
qu'une certaine quantité d'énoncés « hors sujet
». L' obligation faite à chacun de ne pas se distinguer d'autrui ou
d'exprimer autre chose de des données factuelles, interdit du même
coup l' apparition de paroles «hors sujet « ou « bavardage
«. Seule peut-être la culture féminine connait-elle « la
papote « qui est pratiquée à des fins d'activation mentale
et de décharge émotionnelle. « Cette papote » (ou
parlote), considérée en Norvège, comme pure perte de temps
est l' très loin de la tradition de l' arbre à palabre
africain7 !
La production d'organisations signifiantes nouvelles, d' autre
part, provient , du point de vue adopté pour la
créativité, d'une métaphore du sujet, métaphore
générée à la suite d'une conversation8
où le signifiant présente 2 faces, l' une du coté de
l'émetteur et l'autre du coté du récepteur.
Latour et Woolgar proposent une vision
hétérodoxe et très controversée des sciences. Ils
défendent l'idée que les objets d'étude scientifiques sont
« socialement construits » dans les laboratoires, qu'ils n'ont pas
d'existence en dehors des instruments de mesure et des esprits qui les
interprètent. Ils considèrent l'activité scientifique
comme un système de croyances, de traditions orales et de pratiques
culturelles spécifiques.
6 En terme lacanien, on écrirait : une
création est une ré-écriture de la réalité
à l'aide du Symbolique
7 Dans les 2 sens du terme, loin
(éloigné géographiquement ) et loin ( loin de pratiquer
)
8 A cet effet, on peut classer les conversations en 3
niveaux :
1.-celles où il s' agit d'échanger de l'
information pour une action orientée vers un but ( le si gnifiant est
supposé porter un sens invariable qui pass d' un interlocuteur à
l' autre ),
2.-celles où les interlocuteurs sont d' accord sur une
réalité commune,
3.-celles où les interloctueurs construisent une
réalité nouvelle à partir d' une plate-forme commune.
Le laboratoire observé se trouve d' autre part dans une
structure hiérarchisée comme dans toute Université, la
hiérarchie donnant la valeur des connaissances détenues par les
chercheurs-enseignants, les étudiants et le personnel administratif. Au
sommet de la hiérarchie se trouvent les professeurs, supposés
détenir un savoir
d' experts9 qui donnent les prémisses de la
recherche. Dans le processus de production des connaissances leur importance
est considérable dans la mesure où, détenteurs d'un savoir
étendu, ils sont supposés seuls à pouvoir renouveler le
savoir en apportant une vision nouvelle sur un ancien thème.
Le découpage de l'Université en disciplines est
d' autre part, une condition de production de nouvelles connaissances mais
aussi un obstacle au « décloisonnement « des recherches pour
les «transferts de technologie». Les recherches multidisciplinaires
ont tenté de remèdier aux inconvénients du cloisonnement
de l'Université en disciplines et à l' extrème
spécialisation des chercheurs. Mais dans le cas présent, la
recherche pluridisciplinaire n' a été envisagée que
tardivement dans le processus pour la très simple raison que les experts
éventuellement concernés par la recherche sont peu nombreux en
Norvège.
Du point de vue de la créativité toutefois, les
exemples sont nombreux où les véritables innovations ne sont pas
venues des experts en la matière mais de « transfuges « d' une
discipline à une autre. Pour prendre un exemple norvégien, J.
Vaaler, ingénieur et mathématicien a surtout brillé par
l'invention du trombone10 loin de préoccupations
scientifiques puisque, c' est en tordant des cure-pipes, que l'idée lui
serait venue d' attacher les feuilles de papier avec un tortillon de fer. Mais
il est probable que beaucoup de gens ont tordu des cure-pipes avant J. Vaaler
sans pour autant en découvrir un usage astucieux.
Si la richesse du pays 11 d' autre part, laisse
supposer une abondance de moyens financiers, les objectifs de recherche, en
revanche, sont largement
9 En terminologie lacanienne parmi les 4 discours
1.- Bureaucrate, (Universitaire )
2.- Travailleur ( Maître)
3.-Chômeur (Hystérique)
4.-Cabinet de recrutement ( Analyste)
5.-Employeur ( Capitaliste)
le discourse du professeur est à classer dans une des 2
catégorie (Bureaucrate ) ou du Travailleur (Maître))
10 L'invention du trombone est attribuée
au mathématicien et ingénieur électricien
norvégien,
Johan Vaaler de Lierfoss. En 1899, il présente ses
idées à une Commission norvégienne. Comme la
Norvège n'avait pas de bureau de brevets à cette époque,
J. Vaaler enregistre son invention en Allemagne. Deux ans après, il
obtient un brevet americain. J. Vaaler n'est jamais devenu riche :
américains et britaniques acquièrent des brevets pour des
concepts voisins plus proches du trombone à double tour que nous
connaissons aujourd' hui. Toutefois, les norvégiens ont choisi le
trombone pendant la Seconde Guerre Mondiale comme symbole de
ralliement contre l' occupant.
11 PIB par habitant (2002) : 34 500 euros (France :
24837 euros en 2002) Statistiques OCDE
tributaires de la masse critique12 en expertise, en
temps et en partenariat pour l' obtention de résultats significatifs.
1.1. - Le mystère de l' hypertension
artérielle
1.1.1.- Rappels sur la tension
artérielle.
La tension artérielle s'exprime habituellement par deux
chiffres, écrits avec une barre oblique, p. ex. 140/90 mm Hg. Le premier
chiffre est la pression systolique. C'est la pression maximum du sang
poussé dans les artères. Le deuxième chiffre est la
pression diastolique. C'est la pression lorsque le sang revient vers le coeur -
la période de repos entre les contractions.
La variation de la tension artérielle est
régulée par le système nerveux végétatif.
C'est un système autonome (non soumis à la volonté) qui
travaille au moyen de deux leviers :
1. Les nerfs sympathiques qui incitent énergiquement le
système cardio-vasculaire à augmenter son activité
2. Les nerfs parasympathiques, eux, veillent plutôt
à envoyer au système cardiovasculaire des messages qui le
calment.
A part le système nerveux, d'autres paramètres
contribuent à régler le contrôle de la tension
artérielle. Les reins, par exemple, jouent un rôle
prépondérant. Ils se chargent d'éliminer l'eau et le sel
et peuvent faire monter ou baisser la tension artérielle en modifiant le
volume de sang disponible. En outre, ils sécrètent la
rénine, une substance hypertenseur. L'hypertension se manifeste quand
toute cette mécanique extrêmement sophistiquée se
dérègle. Etant donné l' interdépendance de l'
appareil circulatoire avec les autres systèmes ( respiratoire, digestif,
nerveux et urinaire ), l' hypertension artérielle a des
répercussion sur toutes les fonctions de l' organisme.
1.1.2.-Causes
Théoriquement, l'hypertension peut résulter
d'une augmentation soit du débit cardiaque soit de la résistance
périphérique. Dans près de 90 % des cas, l'hypertension
est essentielle ou idiopathique, c'est-à-dire qu'elle n'a
aucune cause organique décelable et des facteurs
génétiques joueraient probablement un rôle important. Par
ailleurs, dans d'autres cas, l'hypertension est dite secondaire,
c'est-à-dire qu'elle résulte de pathologies diverses comme une
maladie rénale (insuffisance rénale, pyélonéphrite)
ou un trouble endocrinien ou vasculaire (artériosclérose)
12 Masse de noyau de matière fissile
nécessaire pour obtenir une réaction en chaîne.
Fi.g-1.- Mesure de la tension artérielle.
Bien des recherches se sont lancées pour connaitre la
cause de l'hypertension artérielle essentielle (80 % des cas) tandis que
la médecine connait les causes de l'hypertension artérielle
secondaires. Différents points de vue (mécanique,
génétique etc ) ont, à ce jour, abordé la question
sans qu'une réponse définitive en soit donnée. Cette
interrogation de physiologie médicale sert d'exemple pour souligner
quelques aspects du processus créatif.
Systole ( contraction) et diastole (remplissage)
correspondent aux 2 valeurs de la pression artérielle
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Interdépendance des systèmes
circulatoire, digestif,
respiratoire et urinaire
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La peau assure les
échanges entre l'
environnement et l'
organisme qui reçoit du système digestif les
aliments et du système respiratoire l' air dont le sang extrait l'
oxygène pour rejeter le gaz carbonique. A son tour, l' oxygène
est
distribué dans toutes les cellules. Les
déchet métaboliqes sont
éliminés par le
système urinaire (et respiratoire pour le gaz
carbonique )
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Tableau 1.- Circulation sanguine
Il n'est évidemment pas question de rentrer ici dans
les détails des connaissances médicales sur l'hypertension
artérielle pas plus que d'espèrer une quelconque réponse
à la question posée, mais de souligner le « Zeitgeist «
de notre époque sur le sujet par l'importance du nombre de personnes
concernées (environ 7 millions en France) et les dépenses de
santé (en France environ 9 milliards de francs ) correspondant aux
médicaments antihypertenseurs. Si les causes exactes de l' hypertension
artérielle ne sont pas connues, en revanche, le caractère souvent
familial a, de longue date, fait rechercher une origine
génétique. Cet état de fait lance les laboratoires autant
pharmaceutiques qu'universitaires à la recherche tant d' une
réponse sur l' origine de ce dyfonctionnement (par ex. une anomalie
héréditaire de l'élimination rénale du sodium ) que
sur son éventuel traitement.
2.- La situation créative
La situation créative est l'ensemble des moyens mis en
oeuvre pour imaginer une réponse à une question posée dans
un endroit donné. L'intervention de l' imagination pour la
résolution de problèmes13 distingue la situation
créative des autres occasions où se formule une réponse.
Ces dernières sont dans la droite ligne des solutions satisfaisantes
parce que largement expérimentées et admises. Elles sont
elles-mêmes d'anciennes nouveautés devenues routines. Dans ces
conditions satisfaisantes, l'imagination n'a pas lieu d'intervenir : elle ne se
justifie que lorsque les pratiques établies deviennent imparfaites pour
une raison ou pour une autre. L»imagination exprimée sous forme
d'organisations signifiantes s'immisce alors dans les circulations14
stables de savoir, de données, de connaissances etc au point où
les cycles soumis aux forces de déconstruction et de construction
pourraient aboutir à une nouveauté.
2.1. Circulations dans la situation créative
Une situation est dite « créative » lorsqu'
elle permet à certains chercheurs, utilisant dans ce but la
spécificité du langage humain de produire une infinité
d'énoncés, de passer une convention nouvelle sur la
réalité après une réorganisation symbolique 15 :
c'est dire que toute situation peut devenir ou cesser d'être
créative selon les acteurs qui y participent. Bien qu'il soit impossible
de dresser une cartographie exhaustive et définitive des
éléments constitutifs d'une situation créative,
l'intuition distingue les situations « vivantes » qui permettent de
sortir des sentiers battus, des situations « figées »
où l'on peut s'attendre, au mieux, à la reproduction des
connaissances anciennes. Au contraire des situations où l'objectif est
de mener à bien une action dirigée vers un but16, la
situation créative exige de la part de ses acteurs un changement de
point de vue aboutissant éventuellement à une réponse
inventive à la question posée. Ce changement ne peut être
obtenu que par une re-présentation17 de la situation
existante, en particulier à l'aide du langage humain18,
représentation mettant à distance cette situation et
différant le temps dans
13 en anglais » Problem solving
»
14 Du latin « circulus » petit cercle, la
circulation s' applique aux astres, au sang pour signifier qu' ils reviennent
au point de départ mais aussi aux automobiles selon un trajet bien
déterminé. (je remercie S. pour sa clarification sur ce point
)
15 En terme lacanien : une réécriture
du Réel. Michel Faviez a établi un parallèle entre la
théorie lacanienne et le sivaïsme du Cachemire du Xème et
XIème siècle. Christiane Berthelet Lorelle établi elle un
parallèle entre les écrits de Patañjali (Vème
siècle ) et de Freud.
16 Souvent en accord avec l'idéologie masculine
: « Réflexion, décision, action » qui reflète la
dépendance des actions au langage.
17 Je remercie C. G. pour la clarification sur ce
point, en particulier pour la mise en évidence de la
néoténie humaine.
18 On sait que les systèmes de communication
animale sont liés à une situation bien déterminée
et ne sont pas transposable à une autre.
l'après-coup. Ces représentations peuvent se
résumer à des circulations de produits, d'argent, de
connaissances et de temps.
2.1.1. Circulation du savoir
2.1.1.1. Circulation de signifiants
Connaissances anciennes et nouvelles trouvent leur origine
dans l'expression, à partir d'une réalité sensible, de
signes autour d'un vide19 (ou d'un manque) engendrant un sens
intelligible parmi tous les autres possibles dont la somme20 renvoie
également à un vide21.
2.1.1.1.1. Généralité sur les
paroles échangées : Les mots clairs obscurs
Du berceau à la tombe, les êtres humains sont
immergés dans le langage grâce auquel ils perçoivent puis
agissent sur la réalité. Ainsi le langage plonge les êtres
humains dans le monde « comme des poissons dans l'eau » . Il leur
fournit les moyens de voir la réalité au travers de concepts
comme à l'aide de lunettes. Réciproquement, ces fenêtres
ouvertes sur la réalité par les mots obscurcissent
également leur vision. Les êtres humains ne voient pas le monde
tel qu'il est mais tel qu'ils pouvent le voir au travers de signes. C'est
certainement de cette impossibilité22 que vient leur
propension à imaginer la réalité pour ensuite l' exprimer
sous forme de signes. Si cette expression rencontre chez autrui un écho,
une nouveauté peut voir le jour. Si, au contraire, un accord sur la
réalité ne peut pas être conclu, soit parce que la
réalité humaine est considérée comme un
donné valable pour tous,- « un chat est, alors, un chat » soit
que le point de vue d'une majorité fasse obstacle à l'expression
d'un point de vue divergent, les chances de voir émerger une
organisation signifiante novatrice sont extrèmement faible .
L'importance même de cette expression de la
réalité commune à l'aide de mots est loin d'être
nouvelle puisqu'elle fait appel à la conception médiévale
du signe « aliquid stat pro aliquo » qui peut se résumer
à « dire quelque chose à quelqu'un ici et maintenant
»
19 C' est du moins un des présupposés de
cette étude.
20 On remarquera ici le présupposé
sous-jacent qu'il n'y a pas de réalité transcendantale.
21 «Ni le vide, ni les formes ne peuvent
être séparés», enseigne le Zen.Il s'agit ici de
l'absorption des formes par le vide et du vide par les formes. Le langage est
articulé par la poussée du vide.
22 En termes lacaniens R, S, I: le Réel étant
impossible à saisir, nous construisons une réalité
à l'aide d'une articulation sensée de l'Imaginaire et du
Symbolique qui exclut ce réel de l'ordre du sens. ( Dialogue avec
Richard Abibon du 26 fèvrier 2006 ).
2.1.1.1.1.1. Dire
Dire quelque chose présuppose qu'on puisse emprunter
ses organisations signifiantes à une réserve de conventions
déjà passées sur la réalité. Ces
conventions, apprises par exemple à l'école, n'appartiennent pas
en propre au locuteur. Seule l'énonciation ou l'écriture lui sont
sa propriété. Enonçant ou écrivant, il communique
alors un sens par l'ordre d'apparition des termes, grâce à leurs
accords entre eux et leurs modifications selon la fonction grammaticale qu'ils
remplissent. Dire, d' autre part, présuppose une intention comme le
souligne. P. Ricoeur distinguant 3 fonctions :
Les actes locutionnaires qui correspondent au fait de dire
quelque chose. Les actes illocutionnaires accomplis en disant quelque chose.
Les actes perlocutionnaires accomplis par le fait de dire quelque
chose.
2.1.1.1.1.2. Quelque chose
Dire quelque chose, c'est pouvoir substituer à un objet
un signal sonore ( dont la trace mnésique est un signifiant) Cette
substitution possible a, de tous temps, facilité l'action sur la
réalité appelée par la tradition cartésienne «
Res extensa ». Une fois un signe substitué à un objet, il
est, par exemple, plus facile de calculer des aires sur des nombres que d'en
mesurer les surfaces sur le terrain.
2.1.1.1.1.2.1 Désignation de l'objet.
Désigner un objet par un mot n'établit pas
cependant une relation univoque entre mot et objet. A un mot, correspondent
bien des objets puisque le même objet peut évoluer au cours du
temps et que tous les objets ayant des caractéristiques voisines sont
désignés par le même nom. De la même manière,
les mots permettent de désigner une réalité corpusculaire
ou ondulatoire sous le même vocable de lumière. Cette
désignation des objets à usage scientifique permet de transposer
des propriétés ou caractéristiques des objets à des
signes pour éventuellement formuler des prédictions.
Ill.- 1 Usage des mots pour établir une
convention sur la réalité
2.1.1.1.1.3. A quelqu'un.
Reprenant la distinction saussurienne du signifiant ( «
significans » médiéval ) et du signifié (
significatum), J. Lacan définit un sujet23 appartenant au
« Res cogitans » cartésien immergé dans le langage
comme représenté par un signifiant pour un autre
signifiant24 : la compréhension entre sujets suppose par
conséquent la connaissance des signifiants communs aux deux sujets.
Cette compréhension, d' autre part, est soumise aux contraintes des
croyances respectives des interlocuteurs et de leur langue25.
23 A coté de la définition donnée par J.
Lacan du signifiant qui désigne le sujet pour un autre signifiant, on
trouve le référent des linguistes qui définit le
signifié hors des traces mnésiques du sujet. Le
référent serait ce qui pré-existe à tout
langage.
24 Ce qui traduit le fait d' expérience qu' on
ne peut s' exprimer qu' à l' aide de signifiants.
25 B. Muldworf, Le divan et le
prolétaire,Editions sociale Paris 1986.
Cette médiation incontournable par le langage fonde non
seulement le sujet mais également son objet de désir renvoyant,
à l'insu du sujet conscient, à un autre objet lui ayant
apporté antérieurement satisfaction. De la sorte, un sujet
désire toujours ce qui lui manque en cherchant à le
retrouver26.
Axe syntagmatique
Anneau du furet
Désir
=
Sujet
Signifiants mémorisés
Signifiants énoncés
Illustration.- 1.- Analogie du jeu du furet pas la
circulation des signifiants
L'analogie du jeu du Furet figure une situation de
communication idéale de sens entre différents sujets. Les joueurs
disposés en cercle se passent de mains en mains un anneau enfilé
sur une ficelle. Un joueur placé au centre du cercle des joueurs
cherchent à savoir qui, des joueurs, a l'anneau dans sa main. S'il le
découvre, les deux joueurs échangent leurs places. L'anneau du
furet représente le désir inconscient inconnu d'un personnage
central : il court à son insu entre les mains tenant le fil du discours
(ou axe syntagmatique) figuré par la ficelle entre les mains
d'autrui.
Discours « ici et maintenant » il ne tiendra pas
compte des évènements anachroniques dont s'encombre la
conversation du sujet. Discours d'un sujet se déroulant (sur l'axe
syntagmatique), il pourra s'élancer dans la recherche de
métaphores (sur l' axe paradigmatique ) aboutissant seules à un
sens nouveau.
26 M. Montrelay signale à cet égard les
2 sens du mot « Invention » du latin « inventio »
signifiant trouver ou découvrir et que l' on retrouve dans l' expression
« Invention de la Sainte Croix » célébrée le 3
Mai.
L'idéal norvégien d'une expression strictement
factuelle sur un thème donné ou entre les personnes qui donnent
à l'Université son abord froid est, sans doute, une limitation
des possibilités créatrices du langage. Ainsi la
découverte d'un effet secondaire de l'isradipine, utilisé
notamment pour le traitement de l'hypertension artérielle,
publiée dans la revue britannique « Nature27 » qui
"rajeunit" les vieilles cellules à dopamine, fait partie des
informations tues parce ne faisant pas partie de l'objet de la recherche
centrée sur la circulation sanguine et non pas sur la maladie de
Parkinson. Dans un autre contexte et lors de son étude
méthodologique sur le comportement des fourmis, D. Lestel28 a
mis en évidence l'importance de la narration dans le processus de
recherche. Les chercheurs racontaient des histoires sur ce que faisaient les
fourmis et sur ce qu'ils faisaient par rapport aux fourmis. Ils se mettaient
même en scène de telle sorte que l'expérimentation avait
une dimension théatrale. Pour ce qui concerne l'étude de
cardiologie vasculaire sur les rats dans un environnement norvégien,
cette mise en scène29 semble impensable.
Au contraire, la détention d'un savoir dans une
discipline donnée encourage la concentration des connaissances, le
secret et sa diffusion restreinte. Elle inhibe l'attitude exploratoire qui
supposerait une curiosité s' appuyant sur un non-savoir. De plus,
l'expression factuelle entre les chercheurs norvégiens limite les formes
de l'échange à quelques règles convenues d'expression.
Maintenir, par conséquent, un discours strictement factuel pour
perpétuer les manières d'être norvégiennes, revient
à évacuer cette possibilité de reformulation de
conventions nouvelles. Admettre, au contraire, que le sujet créateur est
décentré30 par rapport à l' objet réel
de sa recherche favoriserait sans doute la reformulation d'objets nouveaux
2.1.1.1.1.3.1. Paroles adressée et non
adressées.
Cette parole incapable de désigner l'objet de son
désir s'adressant à quelqu'un ici et maintenant appartient
à la sphère privée : il existe d'autres discours dont
l'adresse n'est plus une seule personne mais un auditoire tout
27 . C. Savio Chan1, J, «
'Rejuvenation' protects neurons in mouse models of Parkinson's disease»
Nature, 10 Juin 2007.
28 Maître de Conférence à l' Ecole
Normale Supérieure : Conférence de l'Université de tous
les savoirs du mercredi 5 janvier 2005, par Dominique Lestel, philosophe et
éthologue.
29 Cette mise en scène est recommandée
dans la pratique de méthodes comme la Synecstics (J.J. Gordon)
30 Ceci correspond au fait que « les chercheurs
bien souvent ne trouvent pas ce qu' ils cherchent et trouvent ce qu'ils
cherchent »
entier. Ces sont des discours politiques semblables aux
courriers non adressés de nos boîtes aux lettres qui laissent au
hasard la coïncidence entre le besoin d'une adresse et la satisfaction de
sa demande.
2.1.1.1.1.4. Ici
Le lieu d'où l'on parle n'est évidemment pas
indifférent. Un homme politique parle d'une tribune à
l'Assemblée Nationale diffère des paroles du même homme
politique dans la rue ou chez lui. Dans la société, chacun a sa
place dans le système symbolique. Certaines positions accordent à
certains de participer à l'échange des ressources. (Carré
sur le schéma ci-dessous).
D'autres sont exclus de cet échange. (Cercle
ci-dessous)
Généralement les citoyens
bénéficiant de privilèges promettent aux autres citoyens
de « devenir » comme eux au prix d'efforts étalés sur
le temps.
Ceux qui disposent de ressources peuvent formuler leurs
intentions sur la réalité sous forme de projets ou de programme.
Ils voient le monde d'en haut et de l'extérieur. En revanche, ceux qui
ne disposent pas de ressources sont soumis à la réalité
construite par autrui : ils voient la réalité extérieure
d'en bas et de l'intérieur.
2.1.1.1.1.5. Maintenant
A l'idéal, on peut espèrer vivre le plus
possible dans l'instant présent de telle sorte que le poids du
passé ne plombe pas l'avenir. Ce dernier est suffisamment
maitrisé pour ne pas être un ombre au tableau du temps
présent.
2.1.1.1.2. Les 4 discours lacaniens ( rappel
)
Si l' on s' en tient à la division lacanienne des 4
discours du sujet, on remarquera le décalage entre la répartition
des roles sociaux et celle du discours des chercheurs.
Soit un agent qui s' adresse à un autre
Agent -* autre (adresse)
Qui représente la chaîne consciente du discours
Comme depuis la definition médiévale du signe - Aliquod stat pro
aliquot - « Parler, c' est dire quelque chose à quelqu' un «.
On remarquera que l'objet du discours n' est pas le discours lui-même,
mais s'y fait représenter comme le sujet créateur par une
production.
Agent -* autre (adresse) production
La chaîne consciente se double, selon notre option prise
pour la théorie du sujet créateur, d'une chaîne
inconsciente31.
Le désir inconscient produit une vérité du
sujet de telle sorte que l' on puisse écrire :
Agent -* autre (adresse) Vérité production
A ces 4 places ainsi définies, J. Lacan distingue 4
opérateurs :
. - S1 : Le signifiant Maître, parole qui gouverne au sens,
ordonne, tranche,
nomme, unifie.
. - S2 : Le Savoir S2, qui est le signifiant
pour lequel S1 représente un sujet
. - $ : Le Sujet S, sujet assujeti au discours
et à la représentation qui le divise
entre sujet de l'énonciation et sujet de
l'énoncé. $ se fait représenter par S1 dans la
chaîne signifiante.
. - a : L'objet a, cause du désir, objet
partiel détaché du corps pour symboliser
le manque, l'incarner, entrer dans la circulation des
désirs. Il devient représentation signifiante par analyse,
toujours absent de sa représentation
31 .- G. Rosolato.- Essai sur le Symbolique. Gallimard
Paris 1979.,
Les 4 opérateurs sont successivement mis aux 4 places
définissant ainsi 4 discours par rotation, la chaîne signifiante
de l' agent à son adresserestant sur la première ligne:
Maître
|
Hystérique32
|
Analyste
|
Universitaire
|
|
|
|
|
S1 -) S2
|
$-)S1
|
a -) $
|
S2 -) a
|
$ a
|
a S2
|
S2 S1
|
S1 $
|
Tableau 2.- Les 4 discours
Aux étudiants, il est demandé d'accorder aux
différents experts la place du discours du Maître pour prendre
celle de l' Hystérique, se plaignant de son manque de savoir tout en
demandant que l'expert le comble. Sous-jacente à ce jeu de rôle,
on trouve l'idée que « quelque chose se transmet « d'un savant
à un étudiant sans que les éléments inconscients
soient, à proprement parlér, pris en compte.
2.1.1.1.3. Les 5 fonctions du discours de R. Jacobson. (
rappel )33
Parmi les 5 fonctions du discours distinguées par R
Jacobson, la function poétique peut amener à des
organisations signifiantes nouvelles. Le sens est alors exprimé par la
structure du message dans les jeux de mots ou les métaphores par
exemple. L'objet de la conversation est le message lui-même pris dans un
jeu entre les interlocuteurs.
Les autres fonctions sont :
2.-La fonction référentielle (ou
denotative) permet d' interprèter des énoncés plus ou
moins éloignés du themes central A.
3.- La fonction expressive ( ou émotive )
permet à l'agent d'exprimer le jugement et les sentiments des
interlocuteurs vis à vis du theme A.
32 Le discours hystérique est celui par lequel
on se plaint d'un manque, qui est représenté par cette barre dans
l' S, cette barre qui est l 'objet a. ( R. Abibon.)
33 JF Doucet - Dialogue virtuel et
créativité - Compte-rendu d' une année d' enseignement
à l' Université Virtuelle : Oslo 2003.
4.- La fonction impressive ( ou conative) qui
permet à l' agent d'influencer l' adresse de son discourse.
5.- La fonction phatique où une partie
des mots écrits par les interlocuteurs est utilisée pour
établir maintenir ou interrompre la communication.
Il est à se demander comment ces 5 fonctions se
répartissent en fonction des lieux, des circonstances et des
personnes.
2.1.1.2. Circulation d'informations
L'information (en pointillés) est comprise comme la
matière première nécessaire à une action
dirigée vers un but. Ainsi le montage expérimental envoie aux
ordinateurs l'information (Inotropie, lusitropie, flux sanguine etc que les
rats leur donnent après injection de produits. On suppose là que
l'information est une matière transportant d'un endroit à un
autre un sens invariable. Cette notion, on le voit, s'oppose à la
conception de l'échange de signes non pas entre des machines mais entre
des humains où l'on parle alors de dette symbolique circulant entre les
différentes acteurs du laboratoire dont une peut être une
organisation signifiante nouvelle, expression métaphorique de la
réponse à la question posée.
2.1.1.2.1. Paradoxe du progrès
Les mesures une fois faites, les données sont
acheminées par le réseau vers les 2 ordinateurs de calculs, l'un
servant de terminal. Elles sont stockées sur un serveur,
calculées puis stockées dans une banque de données.
De nombreuses routines apparaissent dans le calcul et une
logique de pure efficacité reviendrait à automatiser le calcul
routinier, ce qui, un instant a été envisagé. A partir ce
ces données, en effet, il serait possible de construire un modèle
tel que l' on puisse confronter les mesures expérimentales avec les
mesures du modèle. Or, l'automatisation reviendrait à supprimer
un poste de travail (pour en créer un autre de toute évidence).
Supprimer le poste de travail est en contradiction avec la logique
économique. On voit donc là, le pouvoir de l'argent, loin de
concourir au progrès en être un inhibiteur.
De plus, au niveau du vécu du créateur, s'il
veut vivre à l'équilibre entre son engagement vis-à-vis de
sa recherche et le prix accordé par l' institution à cet
engagement, c'est-à-dire défendre ses propres
intérêts économiques, il ne doit pas effectue une tache
· Qui ne lui est pas demandée (circulation de
mots ) dans une société de l' utile.
· Dont le salaire versé est en dessous de la
valeur du marché. ( circulation d'argent )
2.1.1.3. Circulation de connaissances : la
surrépression.
On sait que dans une organisation, tous les talents ne peuvent
être réalisés : une partie des connaissances doit
être sacrifiée et ne trouve pas à s'exprimer dans les
objectifs fixés par l'organisation (faculté, institut etc). On
rencontre en Norvège des activités annexes non pas dans le cadre
de l'Université mais à l'écart, souvent dans ce qu' il est
convenu d' appeler la « Culture des Maisons de Campagne » C' est ce
qu' on peut appeler la répression de certaines
connaissances.
De plus, si l'on suppose que chaque chercheur monnaye ses
talents dans le cadre de l'institution, il arrive que des connaissances ne
soient pas mises à profit dans des buts de recherche de crainte qu'elles
ne soient pas suffisamment rémunérées. C'est la
sur - répression à laquelle l' Université
semble remédier en encouragean économiquement la publication..
2.1.2. Circulation d' argent34
La hiérarchie des salaires ne correspond toutefois pas
à la hiérarchie des connaissances, l'accent n'étant pas
mis sur ce qui se passe ENTRE les savants mais sur les savants eux-mêmes
supposés détenteurs d'un savoir à valeur égale pour
tous.
Hormis ces frais de personnel, on distinguera utilement les
crédits concernant la maintenance des laboratories de ceux
attribués pour un projet et qui sont attribués par un
comité d'experts. La direction des recherches s'effectue donc par
l'attribution ( ou non ) de crédits pour la gestion de projets. Pour ce
qui concerne la créativité, si l'on peut supposer que
l'acquisition de connaissances nouvelles (inconnue dans un lieu
déterminé) est susceptible d'être monayée et par
conséquent dirigée, en revanche la production d'idées
nouvelles (exprimées sous forme d'organisations signifiantes
nouvelles) avec son aspect aléatoire est peu ou pas susceptible
d'être dirigée.
Une différence notable doit être signalée
également entre les capitaux investis en fonction d'objectifs «
porteurs » dont le retour sur investissements est prévisible et les
capitaux à hauts risques dont les conséquences sont à
34 Ce texte » Contribution à
l'étude du processus créatif » est lui-même
financé sur l'argent versé à la caisse d' allocation
chômage, le matériel de rédaction et les locaux
étant grâcieusement offerts pendant cette période de
chômage.
proprement parler imprévisibles. Cette
différence est particulièrement nette en Norvège où
la « mentalité du résultat », proche d'un état
d'esprit terre-à- terre est largement répandue. Les tentatives de
contrôle et de direction des activités de recherche est en
contradiction avec les risiques inhérents à la production de
connaissances scientifiques « L'argent (ou le temps) qui décide
» n'est en rien une garantie de nouveautés pas plus que les
contrats de recherche à durée déterminée en rupture
avec les lois sur travail n' est pas l' assurance de trouvailles
fécondes. Cette attitude de l'administration du travail centré
sur les résultats et rétribué « à tâche
» s'accorde mal avec les activités de recherche dont le principe
est un intérêt personnel pour l' objet de recherche et non pas l'
appât du gain. De ce point de vue, dans le processus de recherche
innovante, l'accent est à mettre plus sur les centres
d'intérêts du chercheur que sur l'opulence économique soit
de la Faculté de Médecine soit de certains Laboratoires
pharmaceutiques.
Laboratoires pharmaceutiques
Données brutes à analyser
Chercheur
Dispositif expérimental
Administration Centrale Université
Informatique
Centre d' excellence
Administration médecine
Illustration.- 2- Circulation d' argent et de
données Argent : ( ) Données ( ) .
2.1.3. Circulation de temps.
Dans un contexte norvégien la conception du temps est
celle du temps utile (à l' opposé du temps vécu des pays
latins) qui prône une certaine efficacité, préjudiciable
à la prise en compte des phénomènes aléatoires.
Dans la réalité d'un
laboratoire, il est toutefois judicieux de distinguer un temps
vécu individuel du temps des institutions dont les effets (plus lents)
se font sentir par les décisions qui se prennent à
l'Université.
2.1.4. Circulation des produits (rats et produits de
laboratoires)
Deux types de rats (hypertendus et hypotendus) sont
livrés pour assurer la reproductibilité des expériences
par un départment de l'institut lorsqu'ils arrivent à une
certaine maturité de poids. Cette exigence conditionne évidemment
le rythme du travail de laboratoire. L'accès à ces rats est d'
ailleurs reglementé pour des raisons d'éthiques.
2.2.- Production de connaissances sur le modèle
de la fabrique d'Adam Smith35
Argent
Prémisses
Publications
Data
Expérimentation
Ill.- 2.- Production de connaissances sous forme de
publications
35 En complément de modèle de
manufacture désormais célèbre illustrer la parcellisation
du travail, on verra avec profit le film « Babette Gjestebud« ( en
fr. Le Festin de Babette ) un film de Gabriel Axel ( 1987 ) inspiré
d'une nouvelle de Karen Blixen qui retrace le contact d' une parisienne faisant
un «vrai repas « ( à la francaise ) dans une ferme danoise
où l'on retrouve les rôles sociaux scandinaves de la production
agricole. Cette ferme scandinave d' ailleurs est souvent
présentée par les norvégiens comme un âge d' or
où la vie sociale était parfaitement organisée.
2.-2-1.- La division du travail de recherche
:
Le rapport entre capital et travail, on le sait, distingue la
coopération qui accroit l'efficacité du travail
en oeuvrant dans un but commun et la parcellisation qui
consiste à diviser un même métier en plusieurs
opérations distinctes de telle sorte que l'ouvrier parcellaire n'en
réalise qu'une partie. La production est alors celle d'un ouvier
collectif, (somme d'ouvriers parcellaires) associé au capital dans les
institutions siège de cette forme particulière de
coopération.
Dans la réalité du laboratoire, on retrouve la
parcellisation des tâches du préposé au nettoyage aux
professeurs en passant par les assistants techniques. La valorisation des
tâches est marquée par le salaire dont la hiérarchie
correspond à celle des fonctions. De ce fait, on enlève aux
tâches considérées comme subalterne stoute valeur alors que
ces obligations pourraient très bien favoriser l'éclosion d'
idées nouvelles dans la mesure où elles introduisent dans les
tâches plus gratifiantes une variation génératrice de
stimulations intellectuelles.
A long et moyen terme, d' autre part, des récompenses
sont accordées aux chercheurs sous forme de prix ou de distinctions
honorifiques de telle sorte que la connaissance soit associée à
la reconnaissance.
De Janvier 2005 à Juin 2007 seules 3 personnes ont
travaillé par intermittence sur l'hypertension artérielle de
telle sorte que la répartition des tâches était des plus
élémentaires, les premisses étant posées par le
professeur.
2.2. Le dispositif expérimental
Le dispositif expérimental de mesure de la tension
artérielle est obenu par géométrisation, isolant par ce
procédé quelques paramètres jugés importants, comme
la lusitropie, l'inotropie, le nombre de battements par minute et le volume
sanguin pulsé au cours du battement pour l'étude de la
circulation sanguine chez le rat. Plusieurs milliers de rats36 de
deux types, hypertendus et non hypertendus ont ainsi reçus dans le
dispositif experimental ci-dessous 1, 2 ou 3 injections dont on mesure alors
les effets à la sortie des canules. Rappelons que depuis R.
Bacon37, les preuves expérimentales, plus que les arguments
donnent leur valeur épistémologique aux résultats
expérimentaux.
36 Le présupposé sous-jacent est ici
évident que les données obtenues sur certains rats permettent
mieux que sur d' autres animaux une extrapolation aux êtres humains. Les
rats d' autre part peuvent ne pas survivre à l'expérience ce qui
augmente l'éventail des expériences.
37 Méthode de R. Bacon (12 14-1294) dont on retiendra les
citations : « l' homme qui apprend doit croire, celui qui sait doit
examiner » et « On peut, sur les vérités de fait, se
passer de la démonstration si l' on sait se servir de l'
expérience »
Illustration.- 3-Dispositif expérimental de
mesure de la tension arterielle chez les rats.
paramètre
Idée directrice
Hypothèse
=
Objet de recherche
Illustration.- 4-Géométrisation du
dispositif expérimental
Si l'on s' en tient à la terminologie lacanienne du
Réel, de l' Imaginaire et du Symbolique, le savant peut couvrir le
Réel de ses lois ou des relation entre ses aspects. Il reste cependant
tributaire du Symbolique de telle sorte que ses découvertes sont une
imposition sur le Réel d'éléments du Symbolique et non pas
des éléments qui préexisteraient à toute
réalité.
Dans le cas présent, les rats auxquels certains
paramètres ont été attribués pour découvrir
les lois de leurs variations en fonction des substances injectées ne
sont que le support d'attribution de ces paramètres : ces derniers ne
pré-existent pas aux rats qu'ils caractérisent en l'occurrence
dans le dispositif expérimental38. Les rats
38 Voir dialogue avec Richard Abibon du 13 Mai
2007-
représentant une certaine réalité muette
à étudier ne livrent donc les secrets qu'on veut bien leur
donner. Ces paramètres une fois choisis, le savant a l'intuition d'une
corrélation entre les substances injectées et les
paramètres caractérisant les rats dont l' expérimentation
viendra confirmer ou infirmier la validité.
Paramètre = p1
Paramètre = p2
Paramètre = pn
Idée directrice
Hypothèse
=
Paramètre = p3
Objet de recherche
Illustration.- 5-Mesure des valeurs
expérimentales p1, p2 ....pn
Paramètre
|
Paramètre p1
|
Paramètre p2
|
Paramètre p3 ...
|
Paramètre pn
|
Valeurs
|
p1
|
P2
|
p3 ...
|
pn
|
Tableau 3 .- Extraction des valeurs des
paramètres
Paramètre
|
Paramètre p1
|
Paramètre p2
|
Paramètre p3 ...
|
Paramètre pn
|
Valeurs
|
p1
|
P2
|
p3 ...
|
pn
|
Tableau 4.- Découverte de corrélations
entre les paramètres selon les substances injectées
3.- Le sujet créateur.
L'imagination n'intervient dans le travail du laboratoire que
lorsque certaines routines ou idées admises ne sont plus satisfaisantes.
Hormis ces étatsde crise, les procédés rationnels de
recherche39 peu exigeants en ressources de tous ordres suffisent
habituellement pour les besoins quotidiens. L'utilisation de l'imagination,
cependant, contrairement aux routines et idées admises attachées
à des locaux et à des appareillages déterminés,
n'est pas propre à un lieu particulier. Telle idée viendra un
soir au moment où le chercheur s'y attend le moins. Telle autre
idée vient au contraire d'un épisode
aléatoire40 se déroulant dans le laboratoire
lui-même. 41C'est dire que, si les routines et les
appareillages sont liés au laboratoire, le processus créatif
lui-même est lié au chercheur et lui est spécifique.
Pour définir une réalité nouvelle, le
sujet créateur cessant de combiner des signes existants, fait usage de
symboles42 qui, au sens étymologique du terme, est un pont
établi entre 2 chercheurs à l'aide du langage sur le sens
à donner à une réalité commune. Les exemples sont
nombreux de symboles ou de concepts aujourd'hui disparus qui ont fait
l'unanimité parmi les chercheurs d'autrefois. Ainsi, le chimiste
Lavoisier43 pensait que tous les corps sont immergés dans le
« calorique », notion qui, de nos jours, ne figure plus dans les
fondements de la thermodynamique. C'est à ce genre de consensus que
l'intervention de l'imagination aboutit, consensus entre 2 chercheurs d' abord
puis admis et, au besoin, réfuté par la communauté
scientifique..
39 En particulier d' information sur les idées
généralement admises.
40 L'épisode aléatoire le plus connu
est celui de la découverte de la penicilline par A. Flemming qui, par
hasard, découvre après ses recherches sur le lysozyme le premier
antibiotique sur des boîtes de Pétri qu'il devait laver à
la place de son laborantin parti en vacances.
41 Dans certaines entreprises cette
délocalisation des processus de recherhe sont encore plus poussés
: une petite unité un peu à l'écart, presque
secrète se charge de l' innovation de la naissance des idées
à leur réalisation.
42 Dans l' Antiquité, deux adeptes d' une
même secte s'échangeaient un teissère, petite plaque d'
argile qu'ils cassaient lorsqu'ils se quittaient. La concordance des cassures
assuraient à la prochaine rencontre que les détenteurs du
teissère appartenait à la même secte ( partageaient le
même point de vue sur la réalité )
43 « Nous savons, en général, que tous
les corps de la nature sont plongés dans le calorique, qu'ils en sont
environnés, pénétrés de toutes parts, et qu'il
remplit tous les intervalles que laissent entre elles leurs molécules ;
que dans certains cas le calorique se fixe dans les corps, de manière
même à constituer leurs parties solides, mais que le plus souvent
il en écarte les molécules, il exerce sur elles une force
répulsive, et que c'est de son action ou de son accumulation plus ou
moins grande que dépend le passage des corps de l'état solide
à l'état liquide, de l'état liquide à l'état
aériforme ».
Antoine-Laurent de Lavoisier
Le passage du sensible à l'intelligible par
l'intermédiaire de symboles (ou concepts) nouveaux est donc affaire de
paroles44, le « moi » des 2 chercheurs étant
réduit à « un précipité
d'identification45 »
Illustration.- 6.- Dialogue entre 2
chercheurs
L'émergence, à partir des paroles
échangées d'organisations signifiantes nouvelles est dûe au
passage de l'Imaginaire au Symbolique lors d' une
ré-écriture46 de la réalité, le
Réel47 restant l' impensé. On appellera « Je
» cette instance du sujet
44 « L'homme a pu entrer dans l'ordre symbolique, comme
sujet, par la voie d'une béance spécifique de sa relation
imaginaire à son semblable. » J. Lacan. Écrits.Le
Seuil, Paris, 1966. p 53.
45 Voir J. Lacan. Ces identifications, pour un
individu donné, sont ce qu'il a retenu des gens qui ont compté
pour lui.
46 Je remercie C. G. pour sa clarification sur ce
point.
47 Ce Réel impensable est à rapprocher
du Tao qui, lui aussi, est irreprésentable et dont on retient les vers
:
La Voie dont on parle
n' est pas la Voie suprème
Concepts et noms sont des illusions
Toute réalité émane du sans-nom Le nom est
ce qui divise
créateur capable de réorganisations symboliques,
instance distincte du « moi » et de l' « ego » , reliquat
qui s'oppose, chez les individus, à passer des conventions nouvelles en
maintenant, pour différentes raisons, en particulier d'équilibre,
les conventions déjà admises.
La question reste alors dans un laboratoire de savoir
où et quand l'instance appelée « Je » dont le
désir s'exprime dans le fil de son discours par des métonymies,
devient apte à reformuler les représentations de la
réalité (Imaginaire) par les éléments du langage
(Symbolique). Sur l'illustration suivante, on voit en particulier qu'un
chercheur dont la conscience est centrée sur son « ego » fait
de son refus à passer des conventions nouvelles sur la
réalité reste figé à une perception de sa
réalité comme si elle était « la
Réalité » (immuable). On voit également que
l'instance appelée « moi » utilise les éléments
du Symbolique pour exprimer ceux de l' Imaginaire sans pour autant reformuler
.la réalité.. Quant à des éléments forclos
du Symbolique, dans l'impossibilité d'être
intériorisés48 par le chercheur, réapparaissent
dans le Réel sous forme de ce que la psychiatrie appelle
hallucinations.
Illustration.- 7.- « Ego », « Moi »
et « Je » face à la réalité.
En donnant à toute chose une identité
48 Je remercie RA pour sa clarification sur ce
point
A supposer que le chercheur soit concerné par la
question posée et donc soit à même de fournir tout ou
partie de la réponse, l'institution, justement parce qu'elle est la
concrétisation d'anciennes routines, peut embarasser le chercheur au
point de lui ôter toute possibilité de voir la
réalité avec des yeux neufs. Les routines, dans ce contexte, sont
aux institutions ce que les mots sont aux sujets, à la fois les
inhibiteurs et catalysateurs de visions nouvelles sur la
réalité.
Supposer que la réalité habituelle peut
être autre, en particulier peut se revèler mieux connue qu'elle ne
l' est, c' est du même coup adhérer à la croyance que les
forces de constructions49 et de destructions50. sont
à l'oeuvre chez les êtres humains et que la victoire revient
nécessairement aux forces de construction origine du monde actuel. Sous
cet aspect, la vie d'un laboratoire innovant est nécessairement un
équilibre entre le libre jeu des forces menant au chaos et de celles
établissant un nouvel ordre.
3.1. Les 4 phases du processus créatif. (
Rappels )
Dès 1926 G. Wallas51 propose un modèle
général en 4 phases appliquable à chaque chercheur en 4
phases :
3.1.1.- Préparation : la phase de
préparation qui peut durer des heures, des mois voire
des années définit le problème, le besoin ou le
désir, rassemble toutes informations utiles et statue sur la
validité de la réponse. La phase de préparation se
déroule avant tout dans ce que J. Lacan appelle l'ordre Symbolique
constitué par le langage52.
3.1.2.- Incubation : la phase d'incubation
prend ses distances vis à vis du problème ou de la question
posée et se laisse « travailler par la création »
pendant des heures, des jours voire des années comme la phase de
préparation. Cette phase fait appel à des ressources
inconscientes décrites par des auteurs comme S. Freud et H.
Poincaré. L'incubation est la phase où intervient les 3 ordres
lacaniens du Réel53, du Symbolique et du Réel qui,
lui, est impensable et impossible à symboliser.
49 Ce jeu des forces destructrices et
constructrices se retrouvent dans différentes traditions en particulier
celle de Shiva Nataraja, dieu hindou qui danse à l' origine du cosmos.
Dans une de ses mains, il tient le Damaru petit tambour sacré assistant
à la création et de l' autre une flamme président à
sa destruction.
50 Voir : S. Spielrein « La destruction comme
cause du devenir » in Entre Freud et Jung, Editions Aubier, Paris 1981. Ce
texte est cité par Freud comme l'une des sources de ses propres
réflexions sur la pulsion de mort.
51 Le nombre de phases du processus créatif
varie d' un auteur à l'autre : le modèle de Roger von Oech, par
exemple, comporte 7 phases,
52 J. Lacan. Écrits Le Seuil, Paris,
1966. p 445.
53 J. Lacan. Radiophonie. Scilicet,
2-3:55-99, 1970. p 69
Comme dans le rêve, les éléments
constitutifs de la création ne suivent pas la logique sous jacente aux
résultats qui n'en sont que la façade. Derrière elle, la
plus rationnelle des découvertes scientifiques cache toute une
série de croyances54 impossibles à fonder55
rationnellement.
Objet de recherche
paramètre
Idée directrice = Hypothèse
Tableau 5.- Intuition de chaînes causales de
l'hypertension artérielle
54 En premier lieu, les convictions religieuses.
55 Les arguments de Copernic en faveur de la
sphère comme forme du monde ne sont pas du tout rationnels . « Tout
d'abord, il nous faut remarquer que le monde est sphérique, soit parce
que cette forme est la plus parfaite de toutes, totalité n'ayant besoin
d'aucune jointure ; soit parce qu'elle est la forme ayant la capacité la
plus grande, qui convient le mieux à tout contenir et tout embrasser
». Quant à la place centrale du Soleil, elle n'est pas
déterminée par des impératifs d'ordre mécanique
mais par une croyance relevant de la tradition platonicienne: de par sa
perfection, parce qu'il donne au monde sa lumière, le Soleil doit
être en position centrale; «le Soleil assis sur le trône royal
dirige la ronde de la famille des astres», écrit Copernic dans le
De revolutionibus.
3.1.3.- Illumination .- La phase
d'illumination56 voit émerger les
idées à l' origine de la réponse créative. Ces
idées qui s' accompagnent lors de leurs expression d'une jubilation
esthétique57 peuvent faire partie d'un tout, ou le tout
lui-même. Au contraire des autres phases, l' illumination est une phase
brève comptées en minutes ou, au plus en heures. Les 3 ordres
lacaniens du Réel, du Symbolique et de l' Imaginaire concourent à
faire exprimer au « Je » des organisations signifiantes nouvelles.
Illustration.- 8.- Le "Je" créateur lors de la
phase d'illumination
La forme la plus élémentaire de solution
exprimée lors de la phase d'illumination est l'analogie qui est «
la règle de trois de l'innovation ». Dans le cas de l'hypertension
artérielle, l'analogie la plus utilisée est celle du coeur
analogue à une pompe aspirante et refoulante.
56 L'illumination est le plus souvent
associée à « Eurêka » le cri qu'aurait
poussé Archimède en sortant de son bain au moment de
découvrir la solution au problème posé Hiero II, roi de
Syracus. Censé déceler la fraude d'un orfèvre sur une
couronne d'or ( auquel l' orfèvre aurait substitué une certaine
quantité d' argent ), Archimède eut l'idée de mettre un
poids d'or pur égal à celui de la couronne dans un
récipient rempli d'eau jusqu'à ras bord. Ensuite l'or pur
était enlevé et la couronne suspecte mise à sa place. Un
ajout d'argent plus lèger que l'or devait accroitre le volume de la
couronne et provoquer un débordement du récipient.
57 Oscillation métaphoro-métonymique de
G. Rosolato. Essai sur le Symbolique, Gallimard Paris 1969.
Ill.- 3.-L' appareil circulatoire assimilé
à une pompe ( le coeur ) et à une vanne ( contraction des
artérioles )
Mais d'autres analogies sont envisageables. En particulier, la
complexité du système de régulation nerveux cardiaque fait
penser à une approche systèmique58 qui
redéfinit la causalité en interraction circulaire. Le coeur peut,
également, être comparé à une écluse selon le
schéma suivant :
Ill.- 4.- Fonctionnement d' une écluse (Phase
1)
58 Ludwig von Bertalanffy, biologiste, a
présenté, dès 1937, le concept de "système ouvert"
qui évoluera petit à petit vers la "théorie
générale des systèmes" («General System Theory).
Le schéma correspond à l'écluse pour le
coeur est présenté dans le schèma suivant.
Ill.- 5.- Le fonctionnement cardiaque analogue à
une écluse
3.1.3.1. Depuis Aristote, on distingue plus
généralement, deux sortes d'analogies : l' analogie d'attribution
et l'analogie de proportionalité. :
Dans la première, ( analogie d' attribution ) un lien
direct est affirmé entre plusieurs termes, les
analogates59. Pour l' un des termes, la
propriété est attendue tandis que pour les autres cette
propriété est affirmée par extension.
Dans le second type d'analogie ( de proportionalité),
le rapport analogique est calqué sur la quatrième proportionnelle
: dans l'analogie (a,b,c,x) l'analogue x est à c ce que a est à
b. L'analogie de forme ou de fonction est à l'origine du transfert de
technologie. Dans l'analogie de la pompe aspirante et refoulante , on peut
écire :
Le sang est au coeur ce que l' eau est à la pompe.
Pour ce qui concerne l' analogie de l'écluse , on
écrira :
Le sang est au coeur ce que l' eau est à
l'écluse.
Dans les 2 cas le « tertium
comparationis » est le fluide ( eau, ou sang ) qui permet de
passer du coeur à la pompe aspirante et refoulante ou à
l'écluse. L'analogie de la circulation sanguine avec la circulation
automobile jouerait-elle sur l'ambivalence du terme artères qui
désignent à la fois des voies de circulations et des vaisseaux
sanguins.
59 Ou analogues.
3.1.4.- Vérification : la phase de
vérification, c' est la phase finale du processus
où les réponses à la question posée sont
confrontées aux critères de validité de la phase de
préparation.
Ce modèle, d' autre part, suppose lors de son
déroulement qu'une réponse ( ou solution ), en partie à l'
aide de processus inconscients, puisse-t-être donnée et
évaluée selon des critères énoncés à
l' avance.
Le bon déroulement du processus permet d'exprimer une
grande variété de « pistes » de recherche avant que la
ou les réponses convenables soient choisies dans l' ensemble des
idées émises. Quelques phases peuvent être cependant
parcourues sans problème spécifique : on a à faire alors
à une « solution qui cherche son problème ». Ces
dernières sont alors un cas particulier des faits d'observation de la
recherche qui « cherche sans trouver et trouve ce qu'elle ne recherche pas
»
3.1.1. Observation du laboratoire
Bien longtemps la créativité,
caractéristique de l'esprit humain est restée le privilège
des arts mais si l'on adopte les critéres de Rogers (1954) des esprits
créatifs :
1.- l'ouverture d' esprit curieux à l'expérience
nouvelle sans exigence de cohérence ni de certitudes et tolérance
à l' inconnu, l' ambigü et l'incertainune source interne
d'évaluation
2.- l'autonomie intellectuelle indépendante de la
recherche d' une approbation
3.- l'aptitude à jouer avec les concepts propre à
la fluidité et la flexibilité conceptuelles.
On remarquera que ces caractéristiques ne sont pas
l'apanage des milieux artistiques mais traversent métiers et classes
sociales. D'ailleurs bien des savants ont eu des préoccupations
esthétiques si l' on ne présuppose pas que, comme la plupart, ils
essaient d'éviter du déplaisir en recherchant le plaisir
(souvent, de leur dire même, leur seule motivation )!
3.1.2. Les difficultés liées à la
Science triomphante.
La faible fécondité des laboratoires tient entre
autre à la confusion entre :
.- la présentation des résultats selon une
logique parfaite et rigoureuse de la branche de connaissance
considérée, la valeur épistémologique des
résultats étant estimée « par les pairs » ou les
« referee » des revues. Ainsi le raisonnement qui aboutit à de
nouvelles recherches sur le SIDA semble logique : L'Adn de notre ancêtre
le plus proche, publie60 une revue scientifique, comporte la trace
de 130 copies d'un virus61 aujourd'hui éteint. C'est un
retrovirus qui aurait touché les chimpanzés et d'autres primats
il y a environ 4 millions d' années. Mais en se penchant sur notre
propre génome, les chercheurs n'ont pas identifié de marque de ce
virus. Ils ont donc suspecté la présence d'un facteur antiviral
présent chez l'homme. Une protéïne62
protège, présente chez les primates, contre les rétrovirus
et semble avoir perdu cette propriété en s'adaptant pour lutter
contre ce virus éteint, la protéine aurait donc perdu de ses
capacités à protéger l'organisme contre le virus du SIDA.
Si le raisonnement est parfaitement logique, le cheminement qui aboutit
à porter son attention vers tel ou tel composé ne l' est pas.
Bien des protéïnes ont été examinées avant que
le mécanisme ainsi découvert ait pu être formulé.
et
-le processus qui mène à ces résultats.
Cette confusion tend à faire croire que la
subjectivité du savant n'intervient pas dans le processus de recherche
alors que l'objectivité scientifique n'est, en fait, que le partage de
toutes sortes de subjectivités.
Peut-être cette confusion est-elle l'origine d'une
certaine dévalorisation de la subjectivité et des croyances (voir
le statut épistémologique de l'analogie) qui leur interdit
d'entrer en ligne de compte et ainsi privilégie les aspects rationnels
au détriment des éléments irrationels de la recherche
pourtant nécessaires.
Cette réduction au silence de la subjectivité
s'accompagne d'une disparition des doutes du champ de la recherche pourtant
partie intégrante du processus et de leur expression lors de la
recherche de telle sorte que se trouve amplifiée l'impression que la
science produit des certitudes absolues voire la « réalité
vraie » elle-même par simple déduction rationnelle.
60 Ancient disease resistance made us
vulnerable to HIV.-
http://www.nature.com/news/2007/070618/full/070618-15.html
61 Nommé PtERV1
62 Nommée TRIMa5
3.2. Implication63 du savant dans sa recherche
Pourtant d'autres branches de connaissance que la physiologie
médicale ou la créativité tiennent compte du savant dans
le processus de recherche. En physique quantique64, en particulier,
on suppose que la présence d'un observateur a des conséquences
sur les résultats de la mesure. Or le processus créatif fait
osciller le savant entre 2 degrés d'implication :
- un état de conscience satisfait proche de la
complétude narcissique noté A lorsque sa perception
intérieure n'est pas très différente de la
réalité extérieure ordinaire.
- Un état de conscience de profonde insatisfaction
notée Ë où la différence entre perception
intérieure et extérieure induisent le réarrangement
symbolique.
La réalité extérieure, avec nos notations,
oscille également entre 2 positions - Un objet ayant apporté
pleine satisfaction noté A
- Un objet imparfait Ë auquel « il manque quelque chose
» ( la barre médiane pour s'écrire A )
Ainsi, lors du processus créatif, le savant passe
alternativement d' un état d'insatisfaction à un état de
satisfaction alors que concommitamment la réalité
extérieure est percue comme imparfaite puis parfaite, l' objet nouveau
venant rétablir l' équilibre65 du sujet et une
perception satisfaisante de l' objet.
63 .- On doit à J.
Ladrière63 la distinction entre les implications du savant,
du philosophe et du religieux dans l' entreprise de connaissance. Si le savant
est supposé rester objectif vis-à-vis de la réalité
qu'il interroge, le philosophe prend parti dans l'interprétation qu' il
en donne alors que le religieux la couvre de ces explications. On voit
l'alternance de ces 3 rôles dans la processus créatif : chercher
des explications certes réfutables mais considérées comme
vraies parce qu'adéquates à la réalité
expliquée implique une certaine philosophie ne serait-ce que par la
conception d'une certaine hypothèse. Mais le savant est tout comme les
autres humains soumis aux contraintes du langage et de la
croyance63. En particulier, il a construit avec d' autres à
l' aide du langage un consensus sur la réalité dont il cherche
les lois ou des relations entre les aspects
64 .- Voir en particulier N. Bohr, Quantum mechanics
and Physics Reality, Nature, 136, 1025.
65 En termes savants : l' homéostase de
recherche du plaisir et d'évitement du déplaisir.
Selon le point de vue adopté faisant intervenir
l'inconscient, l'objet de la recherche est décentré par rapport
à l'objet ayant apporté antérieurement satisfaction sans
que la relation puisse être entièrement explicitée.
Certains liens entre les éléments biographiques des
savants66 et le thème de la recherche peuvent être
établis. Il en va de même avec l'expression de certains
symptômes chez les chercheurs liés à l'hypertension
artérielle. C'est dire que le thème de la recherche est
liée aux signifiants fondamentaux des chercheurs. L'objectivité
scientifique reste cependant un idéal pour la production
d'énoncés valides indépendants de l'expérimentateur
et de l'expérimentation67 mais ne doit pas laisser dans
l'ombre la subjectivité du savant.
3.2.1. Introduction à la notion de patrimoine
génésique.
Plus généralement, on suppose que des «
messsages muets68 » sont émis lors de l'éducation
et la formation des savants tels qu' ils constituent à l' âge
adulte le « patrimoine génésique » des chercheurs. Ce
terme est calqué sur le patrimoine génétique tant ces
« messages muets » peuvent être comparés à des
gênes qui détermine le développement biologique de leurs
porteurs. Correspondant à ces messages inconscients dont on peut
repèrer les effets, le patrimoine génésique est
particulièrement visible dans les dynasties de savants. Ainsi, le
patrimoine génésique69 donne à des
génerations successives les aptitudes requises propre au
66 Comme la thèse soutenue en 1930 à
Paris par V. E . Doucet sur l'hydrodynamique des pompes centrifuges.
thème voisin de l' analogie du coeur avec une pompe aspirante et
refoulante
67 A ce titre, le processus de recherche est purement
humain dans la mesure les systèmes langagiers fréquents dans le
règne animal sont liés aux situation pour lesquelles ils sont
crée.
68 B. Muldworf, Le divan et le prolétaire,
Messidor / Editions sociales 1986 220 p
69 On peut citer d'autres dynasties comme celle :
· des Cassini à l'observatoire de Paris,
· des Piccard qui volent à haute altitude et plonge
à des profondeurs abyssales.
· Des Kornberg ayant obtenu des prix Nobel dans des
domaines voisin : Roger Kornberg, en Chimie (2006) alors qu' Arthur Kornberg
obtenait celui de Médecine (1959) sur des domaines de recherche voisin,
le père en génétique et le fils en chimie
moléculaire de la transcription de gènes.
· la famille Curie dont Pierre et Marie recoivent le
prix en physique (1903) avec H. Becquerel pour des travaux sur la
radioactivité, puis Marie en 1911 celui de Chimie pour sa
découverte du radium et du polonium. Sa fille Irène recevra en
1935 le prix Nobel de chimie avec son époux Joliot .
· Père et fils ont également reçu le
prix comme William Henry et William Laurence Bragg en physique en 1915.
· Le fils après le père comme dans le cas des
Thompson où Joseph reçoit le prix de physique en 1906 tandis que
George, son fils le reçoit en 1937 dans la même discipline.
processus créatif. Le goût de la physique, par
exemple, est transmis chez les Becquerels sur 4 générations. En
particulier le phénomène de la luminescence ( phosphoressence,
luminescence ) intéresse les Becquerel de père en fils.
Dans le cas de C. von Linné, le goût pour la
botanique semble lui avoir été transmis par son père.
Quelques fois la paternité d'une oeuvre est seulement symbolique lorsque
le père spirituel diffère des parents biologiques du
créateur. Quelques idées enfin se transmettent de savants
à savants un peu à la manière d'un patrimoine
génésique 70
3.3. Autres facteurs intervenant probablement dans le
processus créatif.
D'autres facteurs supposés intervenir dans le cours du
processus créatif mériteraient un développement plus
conséquent :
.- le confident du créateur : dans bon nombre de cas
d'innovation, le sujet créateur à une relation
privilégiée avec un confident . Ce fut le cas de Vincent Van Gogh
avec sont frère Théo, de Freud avec Fliees ou de Montaigne avec
la Boetie. Malheureusement, dans le laboratoire concerné, les
différents acteurs n' ont pas d' eux-même et des autres une
connaissance suffisante pour se prononcer.
- L' intervention du hasard qui revient à envisager
les situations créatives comme un ensemble de circulations fluides et
non pas figées de telle sorte que le hasard puisse manifester son effet.
Là encore, l'importance du hasard est observable si l' accent n' est pas
mis exclusivement sur l' efficacité des travaux et l' obtention de
résultats.
· De la même manière, Niels Bohr est
lauréat en physique en 1922 avant que son fils Aage le soit
également en 1975.
· Hans von Euler est lauréat de chimie en 1929 alors
que son fils Ulf le sera en médecine en 1970.
· Karl Siegbahn est en 1924 lauréat du prix de
physique comme son fils Kai en 1981.
70 Ainsi O Römer ( 1644-1710) reprend une
idée de Cassini sur les éclipses Io de Jupiter permettant de
mesurer la vitesse de la lumière et annonce à l' Academie en
septembre 1676 que l'éclipse du premier satellit prévue le 9
novembre suivant se produirait avec exactement 10 minutes de retard .
4.- Création en tant que produit
C' est à une analogie qu' est due l'utilisation des
données expérimentales à des fins de simulations. Au cours
de la constitution des premières banques de données, on
constatait que les expérimentateurs fournissant les données
à mettre en banque négligeaient bien souvent l' organisation des
données elles-mêmes ( redondance, incohérence des codes etc
) alors que les concepteurs de banques de données manquaient le plus
souvent de données expérimentales dont la valeur
épistémologiques soit suffisante pour justifier un investissement
informatique important. Dans ce cas, l'analogie s'écrit :
Les données de physiologie cardiaque sont aux
modèles de simulation ce que les données expérimentales
étaient au banque de données.
Laboratoires pharmaceutiques
Données brutes à analyser
Chercheur
Dispositif expérimental
5
1
Administration Centrale
Université
2
Informatique
4
3
Centre d' excellence
Administration médecine
Ill 1.- Chronologie du nouveau cheminement.
1.- Dans un premier temps, le prix et le temps passé
à la recherche apparait disproportionné par rapport aux
résultats de recherche. Evocation d' une situation antérieure
où un manipulateur chevroné permet la constitution d' une banque
de ses données expérimentales.
2. Il existe, dans un domaine voisin des banques de
données, un département de simulation très actif à
l'Institut d' Informatique.
3.-Proposition d'étude de faisabilité d'un
simulateur à l'administration centrale de l' Université par
analogie avec une étude de faisabilité faite pour une banque de
données. Visite des autorités administratives responsables du
financement. Discussion virtuelle avec un groupe parisien
intéressé par la recherche.
5.- Intervention à l' Académie des Sciences du
constructeur de simulateurs de l' Institut d' Informatique. Le chercheur ou
manipulateur de physiologie se convainc qu' un simulateur peut-être
utilisateur de données.
6.- Réunion à l' Institut de Physiologie des
principaux intéressés ( Informatique, Physiologie, Physique )
dont la volonté de « se comprendre71 » est
évidente.
Programme X
Expérimentation
Simulering
Programme III
Programme II
Programme I
Ill.- 6.-Installation de traitement des données en
mars 2007 le projet ( en pointillé ...) et traits pleins ( état
actuel )
La nouvelle utilisation des données
expérimentales est, en fait, une solution « a minima » tenant
compte de l'incapacité des unités de recherche sous la taille
critique de trouver des résultats significatifs. Elle offre
également la possibilité de
71 Au contraire des chercheurs mentionnés
par D. Lestel à propos de l'éthologie des fourmis, chercheurs qui
parlaient souvent de leur relation aux fourmis, objet de leur étude et
qui étaient parfaitement conscients que, sur le thème de
recherche, du fait de la pluridisciplinarité des équipes de
recherches, personne ne savait tout.
confronter les données expérimentales avec les
données fournies par le simulateur pour y détecter les anomalies
souvent si fécondes.
Une autre conséquence probable de cette manière de
travailler est l'ouverture des chercheurs d'un aspect purement physiologique
à d'autres aspects comme :
· celui de la génétique. Dès 2005
des équipes de recherche ont abordé le problème de
l'hypertension d'un tout autre point de vue en cartographiant les indicateurs
d'hypertension sur les chromosomes de familles dont la généalogie
est connue depuis plusieurs siècles.
· Celui des effets secondaires de l'isradipine,
commercialisée notamment pour le traitement de l'hypertension
artérielle, qui "rajeunit" les vieilles cellules à dopamine,
celles dont la mort cause la maladie, selon les auteurs72.
La mise en place de ce dispositif pourrait favoriser une
stratégie de recherche 73« Comme si le problème était
résolu ... » qui se formule ainsi : « Et si la cause de l'
hypertension était ... » . Formulant le problème de
l'hypertension artérielle à l'aide d' une réponse
possible, ils peuvent donner un sens à cette hypothèse même
si, a priori, cette formulation n' a pas de contenu manifeste. Elle pourrait
seulement en acquérir si l'équipe de recherche est attentive aux
évènements du laboratoire puisque ce sont eux, qui traduits en
mots - et pas seulement les résultats chiffrés des mesures - sont
porteurs de sens et donc au moins d'un embryon74 de
réponse75.
72 Professeur James Surmeier (Chicago)
73 Je remercie R. A. de m' avoir rappelé que le
contenu de la lettre volée est sans importance vis-à-vis de l'
enjeu qui se joue dans l'intrigue de la nouvelle d' E. Poe.
74
Un pidgin se définit linguistiquement selon un certain
nombre de critères définis qui s ont pour l'essentiel: (pour des
détails sur les pidgins par exemple voir Sebba (1997 : 37 -66).
1. l'absence de locuteurs natifs. Les usagers d'un pidgin
sont en général des per sonnes issues de communautés
linguistiques différentes qui pour une circon stanc spécifique
utilise un langage, un code qui leur est commun pour la circ onstance
définie.
2. le résultat d'un contact entre deux ou plusieurs
langues
3. le caractère purement conventionnel
4. l'absence de compréhension avec la ou les langues
sources qui ont donné nai ssance au pidgin
5. l'existence d'une grammaire particulière plus ou moins
différente de celle de s langues d'origine
6. la grammaire est plus simple que celle des langues sources
7. le lexique est majoritairement issu d'une des langues source
appelée lexifier
8. la vitalité est aléatoire, dépendant de
la durée et de l'intensité du contact entr e les groupes
constituants
9. mode de transmission par apprentissage entre adultes
Diallo Abdourahmane (Francfort) LE KAKKA?E ENTRE PIDGIN ET LANGUE
MIN ORITAIRE
75 Elle apparait alors comme un idiome né de la
production par l'équipe de recherche d' un idiolecte commun au
département de physiologie.
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