REPUBLIQUE TOGOLAISE
Travail-Liberté-Patrie
PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
-------------------
MINISTERE DE LA FONCTION
PUBLIQUE ET DE LA REFORME
ADMINISTRATIVE
-------------------------
ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION
BP : 6 4 - Lomé (TOGO)
Email:
enatogo@ids.tg
Site web: www.ena.tg
MEMOIRE
POUR L'OBTENTION DU DIPLOME DE L'ENA CYCLE III
OPTION :
DIPLOMATIE
LES ENJEUX DE LA COOPERATION SINO-AFRICAINE
M. M'BEOU Kokou Nayo,
Diplomate, Ministre Plénipotentiaire, membre de la
mission permanente du Togo auprès des Nations Unies
Présenté et soutenu par : Sous
la direction de :
AZILAN Awuve Koffi Afetogbo
Promotion : 2006-2008
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
- AGOA : African Growth Opportunity Act
- ANC : African National Congress
- BM : Banque Mondiale
- BTP : Bâtiments et Travaux Publics
- FAO : Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
- FCSA : Forum sur la Coopération
Sino-Africaine
- FMI : Fond Monétaire
International
- FRELIMO : Front de Libération du Mozambique
- GUUAM : Georgie, Uzbekistan, Ukraine,
Azerbaïdjan et la Moldavie
- Ibid/Ibidem : A la même page
- IDE : Investissement Direct Etranger
- MPLA : Mouvement Populaire pour la
Libération de l'Angola
- NEPAD : Nouveau Partenariat pour le
Développement en Afrique
- OCDE : Organisation pour le Commerce et le
Développement en Europe
- ONU : Organisation des Nations Unies
- OSCE : Organisation pour la Sécurité
et la Coopération en Europe
- OUA : Organisation de l'Unité
Africaine
- P. : Page
- RPC : République Populaire de
Chine
- UA : Union Africaine
- UE : Union Européenne
- UNITA : Union Nationale pour l'Indépendance
Totale de l'Angola
- USA : United States of America (Etats-Unis
d'Amérique)
- ZANU : Zimbabwe African Nations Unity
DEDICACE
Je dédie cette modeste oeuvre :
Ø à ma fille Claudine que j'aime tant ;
Ø à mon père et à ma mère pour
avoir été de bons parents pour moi et pour m'avoir permis de
réaliser d'inestimables choses ;
Ø à Essi pour m'avoir été d'un grand
soutien moral durant ce travail et surtout pour avoir accepté de me
faire la saisie ;
Ø à mes frères et soeurs en reconnaissance
de leur attachement fraternel.
REMERCIEMENTS
Je tiens, au terme de ce modeste travail, à exprimer
mes sincères remerciements à mon Directeur de mémoire,
Monsieur M'BEOU Kokou Nayo, qui a accepté me diriger malgré ses
multiples occupations et surtout en dépit de son affectation à la
Mission Permanente du Togo auprès des Nations Unies à New York.
Dans une atmosphère empreinte de convivialité et de
proximité, il a su, à travers ses conseils et ses encouragements,
guider mes premiers pas sur ce chemin exigeant qu'est la recherche
académique. J'ose croire que sa rigueur méthodologique
transparaîtra dans ce travail.
Mes remerciements vont également à mon grand
frère et ami AZIABA Gilles qui, depuis le Canada, par son regard
critique, m'a été d'une inestimable contribution.
Je n'oublie pas le personnel du Ministère des Affaires
Etrangères et de l'Intégration Régionale, le personnel de
l'Ambassade de la République Populaire de Chine au Togo et le personnel
de l'Ecole Nationale d'Administration pour leur concours actif.
A tous mes camarades de promotion, j'exprime toute ma
reconnaissance et ma gratitude pour leur solidarité à mon
endroit.
Je m'en voudrais beaucoup de finir sans mentionner Gilles
AGBENOKOUDZI, Thomas AGBEGNAGLO, Marcelline, Cédric, Edo, Paul et Dosseh
qui sont si présents dans ma vie.
Ma profonde gratitude aussi à tous ceux qui ont
aidé d'une manière ou d'une autre à la
matérialisation de cette oeuvre.
AVERTISSEMENT
« L'ENA N'ENTEND DONNER AUCUNE APRROBATION NI
IMPROBATION AUX OPINIONS EMISES DANS CE MEMOIRE. ELLES DOIVENT ETRE CONSIDEREES
COMME PROPRES A LEUR AUTEUR ».
|
INTRODUCTION
« La Chine sera pour toujours un ami, un
partenaire et un frère de l'Afrique1(*) ». Ces propos du Président Chinois Hu
Jintao traduisent clairement le regain d'intérêt de la Chine pour
l'Afrique et l'importance que revêt le continent noir dans la politique
extérieure de l'Empire du milieu.
La Chine et l'Afrique inaugurent en effet une nouvelle
ère dans leurs relations et s'engagent dans un type nouveau de
partenariat stratégique. Sans passé colonial en Afrique et
après d'âpres luttes pour organiser son autodétermination,
s'étant engagée dans une expérience singulière et
réussie de développement2(*), la Chine marque de plus en plus sur tous les plans sa
présence sur le continent africain.
Curieuse réalité pour les observateurs non
avertis habitués aux pré-carrés créés et
entretenus par les ex-puissances colonisatrices qui considèrent
l'Afrique comme une chasse gardée, le renouveau et le dynamisme de la
coopération sino-africaine provoquent enthousiasme et
émerveillement de la part des dirigeants africains et bien de
spécialistes des relations internationales.
Les domaines d'intervention de la Chine en Afrique sont aussi
multiples que variés et sa présence y est largement perceptible.
Que ce soit sur le plan diplomatique, commercial, économique, industriel
ou politique, la Chine noue et renforce ses liens de coopération avec
les pays africains qui voient en elle un modèle de
développement.
De fait, « la Chine est le plus grand pays en
développement du monde alors que l'Afrique est le continent qui regroupe
le plus grand nombre de pays en développement3(*) ». Il s'agit donc
là d'un prototype de coopération Sud-Sud. Bien que la Chine
s'appuie sur un discours tiers-mondiste fondé sur un passé
constamment rappelé de lutte commune contre
l'impérialisme4(*),
la réalité révèle qu'il existe de profondes
disparités entre elle et l'Afrique, disparités qui ne laissent
pas présager d'une coopération d'égal à égal
entre les deux parties.
En effet, avec un taux de croissance de 10,2 %, la Chine est
la quatrième économie du monde derrière les USA, le Japon
et l'Allemagne alors que l'Afrique ne réalise qu'une croissance de 5,4
%, soit 2 fois moins5(*). De
même, la Chine affiche un PIB de 2230 milliards de dollars US alors que
l'Afrique a seulement un PIB de 930 milliards de dollars US. Sur le plan
économique, il existe donc un fossé considérable entre
l'Afrique et son partenaire asiatique.
Pourtant, en terme de superficie, l'Afrique (30.333
millions de Km2) est 3 fois plus vaste que la Chine (9.585 millions de
Km2)6(*), mais
avec ses 1,311 milliards d'habitants, la Chine est 1,5 fois plus peuplée
que l'Afrique (906 millions d'habitants). Même l'éloignement
géographique ne semble pas constituer un obstacle au
développement des relations sino-africaines : la Chine est à
11.657,7 Km de l'Afrique (Pékin-Prétoria). « Bien
que très éloignée de la Chine, l'Afrique est
considérée comme une proche voisine dans le coeur des dirigeants
et du peuple chinois7(*)». Et pour cause. La Chine et l'Afrique ont des
liens historiques et l'intérêt de la première pour la
dernière ne date pas d'aujourd'hui.
C'est en effet au 15ème
siècle8(*) que le
navigateur chinois Zheng He9(*) de la dynastie des Ming se rendit à
Zanzibar10(*). La
conférence de Bandoeng de 1955 et celle de Belgrade 1961 ont
été d'autres occasions pour la Chine de se rapprocher de
l'Afrique.
Après une période de relatif repli entre les
années 1980 et le milieu des années 1990, la Chine est
désormais de retour en Afrique et depuis 2000, sa coopération
avec l'Afrique a pris des traits nouveaux.
Cependant, au delà de l'euphorie que suscite le
renforcement des relations entre la Chine et l'Afrique, il est tout à
fait légitime de se demander ce que les deux acteurs et beaucoup plus
spécifiquement l'Afrique, peuvent en tirer et les bouleversements qu'il
provoque dans configuration de la géopolitique mondiales. C'est
là toute la question des enjeux de la coopération sino-africaine
qui est le thème de notre réflexion.
Que faut-il entendre alors par coopération?
Dans un rapport publié en 1963 sous le
titre La Politique de la coopération avec les pays en
voie de développement , M. JEANNENEY, alors Ministre
français de l'industrie et du commerce définit la
coopération comme « une opération, un travail de
concert, une combinaison d'efforts »11(*).
Pour le juriste français POTIER, la coopération
est « la situation dans laquelle deux ou plusieurs
nations dialoguent, échangent et construisent une oeuvre commune qui
leur profite»12(*).
Il résulte de ces définitions que dans une
coopération, il y a nécessairement des acteurs différents
qui conjuguent leurs actions en vue d'atteindre des résultats qui leur
profitent tous. Ainsi, en agissant de concert, chacun des coopérants a
en vue un ou des intérêts, des attentes qui constituent ses
enjeux.
Etudier les enjeux de la coopération sino-africaine
revient en somme à rechercher les motivations et les raisons qui
expliquent le regain de l'intérêt de la Chine vis-à-vis du
continent noir d'une part, et ce que l'Afrique peut escompter en s'y engageant,
d'autre part.
On se demande alors ce que l'Afrique peut faire pour
rendre profitable sa coopération avec la Chine, ce que la Chine cherche
en Afrique et ce que cache l'absence de conditionnalité de l'aide
chinoise aux pays africains. Autant de questions qui démontrent que
l'intérêt du sujet est multiple.
Il est avant tout pratique en ce sens qu'il permettra un
regard panoramique et prospectif sur les caractéristiques essentielles
de ce type nouveau de partenariat ; ce qui sera utile aussi bien aux
décideurs qu'aux acteurs privés de la politique extérieure
du continent qui peuvent ainsi en faire un véritable moteur pour le
développement du continent.
L'intérêt de notre étude est aussi
théorique. En effet, jusqu'à ce jour, peu de chercheurs africains
ont mené des études sur la question. Les rares travaux qui
existent (excepté les articles de presse) sont les oeuvres d'auteurs
occidentaux qui considèrent la Chine comme une concurrente de l'Europe,
transformant ainsi le continent en un nouveau théâtre
d'affrontement des ?puissances?.
Cette réflexion est enfin d'actualité en ce sens
que même si les rapports entre la Chine et les pays africains ne datent
pas d'aujourd'hui, ils n'ont pris d'envergure qu'à une période
relativement récente, en l'occurrence en 2000 où s'est tenu le
premier sommet Chine-Afrique. Depuis lors, le développement de ces
relations a été fulgurant. Selon Adama
Gaye, « tout observateur perspicace peut aisément faire
le pronostic que les relations sino-africaines sont promises à vivre une
nouvelle jeunesse13(*) ». Et il ne s'est pas trompé.
En effet, le volume du commerce sino-africain a
totalisé 29,462 milliards de dollars US en 2004, soit une augmentation
de 58,9 % par rapport à l'année précédente.
Dans le même temps, il y a eu de multiples visites
d'hommes politiques, l'organisation des sommets et la mise en place d'un Forum
sur la coopération sino-africaine, etc.
Cependant, au delà de l'enthousiasme
général que suscite le renforcement des liens entre la Chine et
l'Afrique, il y a lieu de se demander, à la lumière de ses
caractéristiques actuelles et de la façon dont l'Afrique
appréhende ces relations, si elles peuvent être un moteur pour le
développement du continent ou s'il s'agira d'un nouveau rendez-vous
manqué avec son destin.
Pour répondre à cette question, nous
étudierons les fondements de la coopération sino-africaine ainsi
que les motivations ou les attentes de l'une et l'autre actrice de cette
coopération d'une part et les perspectives de cette coopération
d'autre part.
Il s'agira en somme de faire ressortir les fondements et les
motivations de la coopération sino-africaine (Première Partie),
d'en faire le bilan et d'étudier les perspectives qu'elle laisse
entrevoir (Deuxième Partie).
PREMIERE PARTIE :
LES FONDEMENTS ET LES MOTIVATIONS DE LA COOPERATION
SINO-AFRICAINE
« Le coeur du monde bat au rythme de la
Chine »14(*).
Ses vigoureuses palpitations ne laissent indifférente aucune partie du
monde, particulièrement l'Afrique. Le réchauffement des relations
entre le continent noir et l'Empire du Milieu est en effet présent dans
tous les débats, qu'ils soient politiques ou économiques. Les
pays d'Europe et les USA regardent avec méfiance, crainte et beaucoup de
critiques l'intérêt que la Chine porte à l'Afrique. Si la
coopération sino-africaine préoccupe tant les grandes puissances,
c'est qu'elle bouleverse les méthodes et pratiques consacrées
dans les relations internationales.
Cependant, il n'y a pas de raison d'être surpris par le
renouveau de l'amitié sino-africaine car elle repose sur des fondements
historiques et aussi, sur des intérêts et motivations que poursuit
chacune des parties. L'intervention de la Chine en Afrique porte atteinte aux
intérêts des puissances tutélaires du continent, lesquelles
n'entendent pas dormir sur leurs lauriers et laisser le champ libre à
l'Empire du Milieu. Surtout avec la récente hausse du coût des
matières premières et la volonté affichée des pays
industrialisés de garantir et de s'assurer leur approvisionnement,
l'Afrique est devenue un continent très prisé, sinon
stratégique dans la nouvelle configuration de la géopolitique
contemporaine.
Ainsi, pour mieux comprendre la problématique du
renouveau de la coopération sino-africaine, il y a lieu de revisiter ses
fondements (Chapitre I) et d'explorer les motivations des deux parties
(Chapitre II).
CHAPITRE I : LES FONDEMENTS DE LA COOPERATION SINO-
AFRICAINE
«L'amitié sino-africaine plonge ses racines dans
la profondeur des âges et ne cesse de s'approfondir au fil des
ans15(*)». Par ces
propos, le Président de la République Populaire de Chine
n'entendait pas mieux exprimer le caractère historique (Section I) et
dynamique de la coopération sino-africaine, laquelle repose sur des
principes toujours réaffirmés et auxquels la Chine s'attache
(section II).
Section I : Le contexte historique de la
coopération sino-africaine
Ce qui rapproche la Chine et l'Afrique, c'est leur
passé commun d'entités dominées (Paragraphe I). Ce
rapprochement s'est matérialisé par un soutien politique mutuel
(Paragraphe II).
Paragraphe I : La Chine et l'Afrique : un
passé commun de dominées
La Chine a subi la colonisation occidentale et la domination
japonaise tandis que l'Afrique, de son côté, a été
pendant longtemps sous le joug de la colonisation européenne (A). Qui se
ressemblent s'assemblent, dit-on souvent. Ayant eu un destin semblable, la
Chine et l'Afrique ont scellé leur compagnonnage à partir de la
conférence de Bandoeng (B).
A- La domination de la Chine par le Japon et de
l'Afrique par l'Europe
La Chine et l'Afrique ont en commun d'avoir
été, à un moment de l'histoire, dominées et
colonisées par d'autres peuples. C'est ce passé commun
qu'évoque Jiang Zémin lorsqu'il déclare que
« les peuples chinois et africains ont lutté sans
fléchir et avancé par vagues successives à la
conquête de l'indépendance et de la liberté
nationale »16(*).
La Chine a été de tout temps convoitée
par les puissances occidentales et surtout par le Japon. A la fin du
XIXème siècle en effet, l'Empire du Milieu est entre
les mains de six (06) puissances de l'époque : l'Angleterre, la
France, l'Allemagne, la Russie, les USA et le Japon, qui le contrôlent,
imposant leurs traités à la minorité régnante. Au
début du 20ème siècle, l'Empire chinois n'est
plus qu'un assemblage de zones semi-coloniales tiraillées entre les
profiteurs. Cette domination, surtout la tentative d'occidentalisation à
pas forcés de la Chine, provoquera un bouleversement sociopolitique aux
conséquences imprévisibles.
Cependant, il y a lieu de remarquer que parmi toutes les
puissances qui ont dominé la Chine, c'est le Japon qui a
été plus loin dans ses velléités d'invasion et
d'inféodation du Grand Empire. Le 18 septembre 1931, les armées
japonaises lancent une attaque massive contre la Chine, dans la Mandchourie,
avec un matériel de guerre redoutable. Le Japon cherchait en
réalité depuis 30 ans à se frayer un empire en Chine. Sa
puissance économique et militaire lui assurait les moyens de cette
conquête spectaculaire. Quand bien même le peuple chinois a
opposé une farouche résistance, c'est surtout le lancement des
deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, respectivement les 6 et 9
août 1945 qui a eu des conséquences déterminantes sur la
fin de cette guerre.
L'Afrique de son côté, n'a guère connu un
sort meilleur. Après avoir été pendant longtemps victime
de l'esclavage et de la traite négrière, elle sera soumise
à l'une des pires formes de colonisation que le monde n'ait jamais
connue. Pendant environ un siècle, elle a été
dominée, spoliée et exploitée par les puissances
européennes. C'est la fin de la deuxième guerre mondiale qui a
ouvert aux peuples africains la voie des indépendances. Cette sombre
période de l'histoire du continent, bien qu'on en parle
qu'insuffisamment17(*),
laisse des séquelles indélébiles sur son
développement et sur sa position actuelle dans les relations
internationales.
Ayant donc eu une histoire semblable, la Chine et l'Afrique se
sont témoignées une sorte de « solidarité dans
le malheur » et ont eu la commune volonté de lutter
contre l'impérialisme. Cette solidarité militante a
été exprimée officiellement et pour la première
fois à la Conférence de Bandoeng.
B- La conférence de Bandoeng
La conférence de Bandoeng tenue en Indonésie du
18 au 24 Avril 1955, marque la première tribune offerte à la
Chine pour rétablir ses relations avec l'Afrique. Convoquée
à l'initiative de cinq pays asiatiques (Birmanie, Ceylan,
Indonésie, Inde et Pakistan), la conférence a accueilli six pays
africains dont deux grands de l'époque, l'Egypte et l'Ethiopie. D'une
part, Bandoeng constituait la voie rêvée par Pékin
pour apporter son soutien aux pays en lutte contre la domination coloniale, et
de l'autre, elle permettait d'asseoir sa diplomatie naissante soucieuse de
rompre les amarres avec la tutelle soviétique.
Comme le souligne Adama Gaye, le terrain était
d'autant plus favorable à la Chine qu'elle disposait, à l'aube
des indépendances africaines, d'un atout supplémentaire. Tout la
rapprochait en effet des pays africains dont certains venaient de briser les
chaînes du colonialisme en se `'vengeant'', comme elle, de longues
années de domination extérieure, et des autres qui poursuivaient
encore âprement la lutte18(*). C'est à partir de cette tribune que le
Premier ministre indien, Jawaharlal Nehru, a lancé sa fameuse main
tendue à l'Afrique, au nom du continent asiatique, en ces
termes : « il appartient à l'Asie d'aider l'Afrique
au mieux de ses possibilités, car nous sommes des continents
frères19(*)».
Mais en fait, du côté asiatique, c'est la Chine qui assurera le
leadership de cette solidarité militante de lutte contre
l'impérialisme et la domination.
Le contexte global de cette rencontre sera déterminant
dans les relations entre la Chine et l'Afrique. Représentée par
Chou En-Lai, l'une des figures historiques du mouvement communiste chinois, la
Chine, alors diplomatiquement isolée depuis la guerre de
Corée20(*), y avais
trouvé une belle occasion pour se redéployer. La présence
de la Chine confortait les pays africains dans leur sentiment que ce n'est
qu'en s'inspirant de modèles provenant du tiers-monde, notamment de
cette région d'Asie, qu'ils pourraient, eux aussi, briser un jour les
chaînes de la colonisation européenne pour espérer se
développer.
La conférence de Bandoeng s'est terminée par un
appel des pays d'Asie à aider l'Afrique. C'est le début de la
coopération entre l'Afrique et la Chine qui se prêteront
désormais un soutien politique réciproque sur la scène
internationale.
Paragraphe II : Un soutien politique
réciproque
Fidèles aux engagements pris à Bandoeng, la
Chine a apporté un soutien sans faille à la décolonisation
de l'Afrique (A) qui, à son tour, a contribué à la
reconnaissance internationale de la Chine continentale (B).
A- Le soutien de la Chine à la
décolonisation de l'Afrique
La Chine a contribué à la décolonisation
de l'Afrique par son soutien actif aux Mouvements de Libération
Nationale. La conférence de Bandoeng a été pour bon nombre
de responsables de ces mouvements de libération, l'occasion de
solliciter de Chou En-laï, armes et subsides distribués plus ou
moins généreusement. C'est ainsi que la Chine a apporté
son soutien financier et logistique à l'Union Nationale pour
l'Indépendance Totale de l'Angola (UNITA) et au Mouvement Populaire pour
la Libération de l'Angola (MPLA). Elle a également offert son
appui au Front de Libération du Mozambique (FRELIMO), la Zimbabwe
African Nations Unity (ZANU), l'African National Congress (ANC), etc. La Chine
a été le premier pays non arabe à reconnaître le
Gouvernement provisoire d'Algérie, créé en 1958. Elle a
par ailleurs manifesté sa solidarité à l'Egypte
nassérienne durant son bras de fer avec la coalition franco-britannique
dans la crise du canal de Suez. La Chine utilisera toutes les tribunes
internationales pour dénoncer le colonialisme et
l'impérialisme.
Ayant pendant longtemps lutté elle même
pour s'affranchir de la domination, la Chine comprenait le combat des peuples
d'Afrique et sa solidarité envers eux ne se justifie que par sa
volonté à lutter contre les impérialismes. La Chine est
compatissante du drame vécu par « les frères
pauvres » d'Afrique. Lin Piao déclarera que « les
pays socialistes devraient considérer comme un devoir le soutien aux
luttes des peuples révolutionnaires en Afrique, en Asie et en
Amérique latine21(*) ... ». Il s'agit là d'une
véritable profession de foi d'un tiers-mondisme militant.
Le soutien de la Chine à la décolonisation du
continent noir a été récompensé par la contribution
de l'Afrique à la reconnaissance internationale de la République
populaire de Chine.
B- Le soutien de l'Afrique à la reconnaissance
internationale de la Chine
La question taiwanaise est une variable incontournable qu'il
convient d'intégrer dans toute démarche visant à
comprendre la Chine ou à évaluer ses rapports avec le reste du
monde en général et avec l'Afrique en particulier.
Le différend qui oppose la République Populaire
de Chine à Taiwan remonte à la guerre civile qui a vu s'affronter
d'une part les nationalistes dirigés par Chang Kai-check et de l'autre,
les communistes conduits par Mao Tse-Toung22(*).
Les deux gouvernements (le gouvernement du Kuomintang
après sa défaite s'est réfugié sur l'Ile de Taiwan)
s'étaient engagés dans un duel pour savoir lequel devrait
représenter la Chine à l'ONU. Dans un contexte de guerre froide
et surtout avec le soutien de Washington, le gouvernement en exil de Taiwan a
toujours occupé la place de la Chine au sein de l'Organisation
universelle.
Cependant, après plusieurs tentatives infructueuses,
Pékin a finalement retrouvé sa place à l'ONU au
détriment de Taipeh grâce surtout à l'appui des pays
africains. Sur les 76 votes obtenus à l'Assemblée
Générale, 26 émanent de ces pays. Reconnaissant, Mao
dira : « si maintenant nous sommes rentrés à
l'ONU, c'est que les frères pauvres d'Asie et d'Afrique nous ont
épaulés23(*) ». Ce soutien précieux des pays
africains dans le rétablissement de la Chine Continentale dans ses
droits légitimes aux Nations Unies constitue une façon pour eux
de renvoyer l'ascenseur à leur alliée qui les avait aidé
à accéder à leur souveraineté internationale. Il
conforte Pékin dans sa politique africaine. A la fin des années
70, 44 Etats africains ont des relations diplomatiques avec Pékin.
Depuis lors, la coopération entre la Chine et l'Afrique qui se structure
autour des principes de la coexistence pacifique, n'a cessé de
croître.
Section II : Une coopération grandissante
fondée sur des principes
Point n'est besoin d'être un expert pour constater que
les relations entre la Chine et l'Afrique sont en pleine évolution
(Paragraphe II). S'il y a un tel dynamisme dans la coopération
sino-africaine, c'est qu'elle s'est toujours fondée sur des principes
(Paragraphe I).
Paragraphe I: Les principes fondamentaux de la
coopération sino-africaine
Depuis 1953, la Chine fonde ses relations extérieures
sur cinq principes qualifiés de « principes de la coexistence
pacifique »24(*)
qui sont le respect de la souveraineté et de l'intégrité
territoriale, la non agression mutuelle, la non ingérence mutuelle dans
les affaires intérieures, l'égalité et la
réciprocité des avantages et la coexistence pacifique. Parmi ces
principes tous aussi importants les uns que les autres, trois (3) sont plus
fréquemment évoqués dans les relations
sino-africaines : les principes de la non ingérence et le respect
mutuel de la souveraineté (A) et le principe de l'égalité
et des avantages réciproques (B).
A- Les principes de la non ingérence et du
respect de la souveraineté et de l'intégrité
territoriale
Ce qui caractérise la coopération sino-africaine
et la distingue des autres axes de coopération, c'est que la Chine
s'abstient d'intervenir dans les affaires intérieures des pays
africains. La Chine n'a jamais tenté d'imposer son système
politique, social ou idéologique aux pays africains, contrairement aux
pays occidentaux qui posent de multiples conditions dont, entre autres, la
bonne gouvernance et la démocratie depuis la disparition du bloc de
l'Est. Pour Jiang Zemin, ex-Président de la RPC « aucun pays
n'a le droit d'imposer aux autres son système social et son
idéologie et encore moins, de les accuser à tord et à
travers pour ce qui est de leurs affaires
intérieures »25(*). Dans ses relations avec l'Afrique, la Chine respecte
la particularité de chaque pays, les aidant à aller vers le
développement sans pour autant leur indiquer ou leur imposer une voie
à suivre. Elle laisse ainsi à ses partenaires la liberté
de définir leurs priorités en fonction de leurs besoins et de
leurs réalités sociales26(*). Elle s'est toujours opposée, dans les
arènes multilatérales, à toute forme d'ingérence
dans les affaires intérieures des pays pauvres.
Pour la Chine, la souveraineté est sacrée et
elle n'hésite pas à placer son respect comme l'un des paradigmes
dominants de son rapport avec l'Afrique. Les principes de la
souveraineté et de la non ingérence sont le prolongement d'un
autre principe, celui de l'égalité.
B- Le principe de l'égalité et des
avantages réciproques
Le principe de l'égalité en droit de tous les
Etats est posé par la Charte des Nations Unies comme l'une des
conditions de la paix dans le monde27(*). L'égalité en droit signifie que les
Etats, qu'ils soient grands ou petits, pauvres ou riches, puissants ou faibles,
ont tous le droit d'intervenir librement sur les questions internationales et
de pouvoir gérer leurs affaires intérieures sans subir
l'influence des autres. Si ce principe est souvent proclamé et
répété avec complaisance à toutes les tribunes
internationales, la réalité est cependant toute autre pour les
pays pauvres qui sont souvent victimes de la volonté impérialiste
et interventionniste des grandes puissances.
C'est pourquoi le respect de ce principe
d'égalité par la Chine dans ses rapports avec les pays africains
(qui sont faibles dans leur immense majorité), tranche avec l'orthodoxie
habituelle des relations internationales. Pour la Chine « le nouvel
ordre politique et économique international doit garantir aux divers
pays le droit de participer, sur un pied d'égalité, aux affaires
internationales »28(*).
Le respect par la Chine du principe d'égalité
dans sa coopération avec les pays africains donne à ceux-ci le
sentiment que la Chine est beaucoup plus sincère.
En effet, la Chine s'inscrit dans une approche `'gagnant
gagnant'' ou `'win-win'' qui permet à chacun des partenaires d'escompter
des avantages mutuels et réciproques.
Le livre blanc sur la politique africaine de la Chine
publié par le Gouvernement chinois au mois de Janvier 2006
précise que « la Chine oeuvre à établir et
développer un nouveau type de partenariat stratégique
marqué par l'égalité et la confiance mutuelle sur le plan
politique, la coopération dans un esprit gagnant-gagnant ».
Cette approche favorise le développement rapide de la coopération
sino-africaine.
Paragraphe II- Une coopération en constante
évolution
La présence croissante de la Chine en Afrique ne passe
plus inaperçue : des articles manufacturés à bas prix
aux marchés de travaux publics raflés par les entreprises
chinoises sans oublier l'effectif croissant de Chinois vivant en Afrique, tout
est là, pour indiquer que les relations sino-africaines sont
rentrées dans une nouvelle phase très dynamique. Cette constante
évolution se constate dans plusieurs domaines dont entre autres les
domaines politique et diplomatique d'une part (A), et commercial d'autre part
(B).
A- Sur le plan politique et diplomatique
Les relations sino-africaines sont passées du
bilatéralisme au multilatéralisme. A ses origines, la
coopération sino-africaine était caractérisée par
des liens que la Chine entretenait avec chacun des pays africains. A l'aube du
21e siècle, ces relations ont pris une nouvelle nature. En
effet, depuis le premier sommet de la coopération sino-africaine, la
politique africaine de la Chine s'inscrit désormais dans une logique
multilatérale, étant entendue qu'elle se définit par
rapport au continent africain dans l'ensemble et non plus par rapport aux Etats
pris individuellement. Les trois sommets du Forum pour la coopération
sino-africaine29(*)
traduisent ce multilatéralisme car ils constituent des occasions pour
les deux partenaires de définir de nouvelles priorités pour leur
coopération, de convenir des nouveaux objectifs à atteindre et
d'arrêter de nouvelles orientations.
Comme le souligne si bien Adama Gaye, « en
créant en concertation avec les pays africains le Forum sur la
Coopération Sino-africaine, la Chine a ainsi voulu prendre en compte les
mutations qui, dans son analyse, invitaient à aller au-delà des
mécanismes classiques d'une coopération longtemps
articulée autour du bilatéral ».
L'évolution de la coopération sino-africaine se
manifeste également par les visites de haut niveau. C'est à
partir de 1995 que le ballet des visites chinoises a pris son véritable
envol avec le voyage en Afrique du Premier ministre Li Pong, du
Président du comité de l'Assemblée Nationale Qiao Shi,
des trois vice-Premiers ministres Zhu Ronggi, Qian Qichen et Li Lanquin. En
1996 le Président de RPC se rend en visite officielle dans 6 pays d
'Afrique.
Par ailleurs, il est d'usage, depuis dix-sept ans, que le chef
de la diplomatie chinoise effectue une tournée en Afrique au
début de chaque année.
Pour sa part, le Président Hu, depuis son accession au
pouvoir en 2003, multiplie les voyages en direction du continent. Après
sa visite africaine en janvier 2004(Egypte, Algérie), il a
séjourné en avril au Maroc, au Nigeria et au Kenya. En janvier
2005, il a fait une tournée dans 10 pays africains. Ce ballet
diplomatique s'est poursuivi au même rythme en 2006 et 2007.
Il faut dire que pendant ce temps, de nombreux dirigeants
africains se sont également rendus en Chine.
Ce dynamisme des relations diplomatiques a eu pour
résultat un accroissement considérable du volume des
échanges commerciaux entre l'Afrique et son partenaire.
B- Sur le plan commercial
Depuis une décennie, la Chine et l'Afrique ont
resserré leurs liens politiques et ont développé
rapidement leurs rapports économiques et commerciaux. Elles
entretiennent désormais une coopération fructueuse. Ce
réchauffement de la coopération entre la Chine et l'Afrique se
mesure à l'aune des données chiffrées relatives aux
échanges commerciaux entre les deux partenaires. La Chine et l'Afrique
ont connu une courbe ascendante en termes de densité et de
qualité des échanges économiques.
En effet, ne dépassant pas 10 milliards de dollars US
en 2000, ils atteignaient 40 milliards de dollars en 2005 puis 55 milliards en
2006 et l'objectif de 100 milliards de dollars en 2010 pourrait être
atteint, selon Wen Jiabao, Premier ministre chinois30(*). Certes, l'Afrique ne
représente que 2,3 % des exportations de la Chine et 2 % de ses
importations mais la réalité est que ces chiffres sont en
constante évolution. Le nombre croissant de Chinois vivant en Afrique et
le foisonnement des produits chinois sur les marchés africains ne sont
que la partie visible d'un changement qui s'opère en profondeur dans la
coopération sino-africaine.
L'Afrique pour la Chine est un marché immense (environ
900 millions de consommateurs potentiels), ouvert sans contraintes aux produits
chinois de grande consommation dont la piètre qualité est
compensée par un coût adapté au pouvoir d'achat des
populations africaines, contrairement aux produits manufacturés en
occident qui, s'ils répondent aux normes internationales en vigueur en
matière de production, sont souvent largement au dessus de la bourse de
l'Africain moyen.
Pour l'Afrique, la Chine constitue une nouvelle destination
pour les matières premières dont la hausse des coûts est
liée à la forte demande de l'économie chinoise.
Aujourd'hui, la Chine figure parmi les premiers partenaires commerciaux de
nombreux pays africains31(*).
Par ailleurs, depuis le 1er juillet 2007, 450
catégories de produits en provenance de 26 pays africains
bénéficient du tarif douanier zéro pour leur entrée
en Chine.
Puisant son principal fondement dans l'histoire, mue par une
solidarité tiers mondiste, la coopération sino-africaine
connaît de nos jours une évolution fulgurante qui la place au
coeur d'importants enjeux stratégiques. Chacun des partenaires de cette
coopération a ses motivations propres et met en oeuvre des moyens
variés pour la rendre rentable.
CHAPITRE II : LES MOTIVATIONS ET LES MOYENS DES ACTEURS
DE COOPERATION SINO-AFRICAINE
« En Chine, sommeille un géant. Laissez le
dormir car lorsqu'il s'éveillera, il ébranlera le
monde », a dit Napoléon. Ce réveil du géant
prédit par l'empereur français s'est produit en 1978 lorsque Deng
Xiaoping32(*) a
lancé sa fameuse politique des réformes33(*) du système
économique chinois. Depuis lors, la Chine n'a cessé de monter en
puissance au point d'inquiéter toutes les grandes puissances. Elle a
affiché ces dernières années un taux de croissance
à deux chiffres. Selon le ministère chinois en charge du commerce
extérieure, il est de 11,5 pour les 9 premiers mois34(*) de 2007. La Chine est
aujourd'hui au centre de tous les débats car sa croissance
économique séduit certains et tient en respect d'autres. Son
avenir est encore plus radieux : les prédictions de la très
réputée banque américaine d'investissement, Goldman Sachs,
la situent au premier rang de l'économie mondiale à l'horizon de
l'an 2040 devant les USA.
Du coup, l'Afrique ne saurait commettre l'impardonnable erreur
d'ignorer ou de négliger ce géant dont l'intérêt
pour elle ne s'explique que par ses motivations (Section I). Elle doit à
son tour user des moyens dont elle dispose pour faire de cette
coopération un levier pour son développement (Section II).
Section I : Les motivations de la Chine et de l
Afrique
Pour soutenir la croissance quasi exponentielle de son
économie qui est boulimique en matières premières, la
Chine a besoin de l'Afrique. Du coup, l'Afrique est devenue un continent
stratégique pour la Chine (paragraphe I). Elle nourrit de grandes
attentes de cette coopération (paragraphe II).
Paragraphe I : L'Afrique, un continent
stratégique pour la Chine
L'offensive diplomatique de la Chine en Afrique est
axée sur deux objectifs principaux : l'approvisionnement en
matières premières stratégiques (A) et la recherche de
débouché pour les entreprises chinoises (B).
A- L'Afrique, réservoir de matières
premières stratégiques
La sécurisation durable de l'accès aux
matières premières nécessaires à sa croissance est
l'une des raisons, si ce n'est la raison principale de la présence
chinoise en Afrique. Ses énormes besoins en énergie ou en
d'autres matières premières dont la Chine ne dispose pas en
quantité suffisante la contraignent à aller les chercher ailleurs
pour éviter que sa machine économique ne s'embourbe. En effet,
une rupture ou une suspension dans l'approvisionnement de la Chine en
énergie et plus particulièrement en pétrole serait
suicidaire pour l'économie chinoise. C'est ainsi que sa quête
inlassable des matières premières et surtout du pétrole
l'a menée tout droit vers l'Afrique.
Depuis 2005, la Chine est devenue le second importateur de
pétrole derrière les USA et devant le Japon. Ses importations,
qui représentaient 27% du total de sa consommation de pétrole en
1999 puis 37% en 2002 ont dépassé 45% à ce jour. Cette
dépendance énergétique est devenue une
préoccupation majeure des dirigeants chinois35(*). Jusqu'en 1990, trois
pays : l'Indonésie, le Sultanat d'Omar et l'Iran constituaient les
principaux fournisseurs de la Chine.
Mais, la diversification des fournisseurs est désormais
une impérieuse nécessité à cause non seulement de
l'augmentation de la consommation chinoise et de la raréfaction des
réserves de l'Indonésie36(*) mais aussi de la politique américaine
d'endiguement énergétique. Les puissances occidentales en
générale et les USA en particulier passent par tous les moyens
pour limiter l'accès de la Chine au pétrole et aux autres
matières premières indispensables à son industrie. C'est
d'ailleurs dans cette optique que l'Organisation pour la Sécurité
et la Coopération en Europe (OSCE) et le Conseil de L'Europe ont mis sur
pied le GUUAM37(*). Pour
Chung-Lian Jian, Directeur du Tapei Economic and Cultural office à
Toronto, « l'économie chinoise entrerait dans le chaos
si son approvisionnement en pétrole brut est coupé38(*) ». Tout
naturellement, l'Afrique qui représente 8,9 % des réserves
mondiales de pétrole et 11 % de la production mondiale est devenue un
terrain convoité car, d'un côté, depuis leur intervention
en Irak, les USA ont parachevé leur contrôle sur l'ensemble des
pays du Moyen-Orient, à l'exception de l'Iran et de l'autre, les
gisements de la mer Caspienne s'avèrent décevants39(*).
Parmi les principaux fournisseurs africains de la Chine,
l'Angola, le Nigeria et le Soudan figurent en bonne place.
Outre le pétrole, la Chine achète
également d'autres matières premières à savoir le
cuivre, le cobalt, l'uranium, la bauxite, le fer, le bois, etc40(*).
Cependant, l'Afrique n'est pas qu'un réservoir de
matière première. Elle est aussi un immense
débouché pour les produits chinois.
B- L'Afrique, débouché et continent
cobaye pour les entreprises chinoises
Au delà de la sécurisation et de la
diversification des sources d'approvisionnement en hydrocarbure, l'Afrique
intéresse la Chine sur un autre plan : son marché.
Avec environ 900 millions de consommateurs potentiels,
l'Afrique compte beaucoup dans la politique commerciale de la Chine. Des
vêtements aux moyens de déplacement sans oublier les
matériels agricoles, les articles marqués « Made in
China » abondent dans les boutiques africaines, au grand bonheur des
consommateurs locaux41(*).
On retrouve en effet une adéquation entre les produits
chinois de consommation simple et bon marché et un pouvoir d'achat qui
exclut les productions occidentales ou japonaises42(*).
Le commerce des services n'est pas du reste. Plus de 800
entreprises chinoises sont aujourd'hui installées dans les
différents pays africains où elles sont très
compétitives43(*).
A titre d'exemple, pour la construction d'un tronçon d'une autoroute
à péage à Dakar, le consortium
sino-sénégalais qui a gagné le marché a
laissé loin derrière elle sa plus proche rivale, une firme
française qui avait soumissionné au prix de 40 milliards de FCFA
alors que les Chinois n'ont demandé que 24 milliards. Les entreprises
chinoises dans le domaine du bâtiment et des travaux publics sont
devenues des rivales des groupes français comme Dumez ou Bouygues.
Ainsi, la Chine qui assure déjà 10% du commerce africain, prend
petit à petit des parts de marchés à l'Europe qui, si elle
demeure le premier partenaire économique du continent, a
néanmoins perdu 1% de part de marché chaque année au
cours de la dernière décennie44(*).
Au delà de ces aspects purement commerciaux, la Chine
voit en l'Afrique un marché lui permettant de tester ses produits
industriels et de les proposer à une clientèle moins
exigeante45(*). L'Afrique
apparaît ainsi comme un continent cobaye pour les firmes chinoises dans
leur volonté de tester leur capacité technologique et
industrielle en vue de mieux réussir dans leur compétition contre
leurs rivales occidentales.
Cependant, ce serait tout de même erroné de
supposer que l'Afrique n'est que perdante dans cette coopération car
elle y fonde de grandes attentes.
Paragraphe II : Les attentes de l'Afrique
Dans le cadre de la coopération sino- africaine, la
Chine et l'Afrique ont des intérêts partagés. Si la Chine
gagne beaucoup de cette coopération, l'Afrique n'en attend pas moins.
Cette coopération lui offre l'avantage d'avoir des ressources
additionnelles pour financer son développement (B). Elle permet
également le contournement des circuits commerciaux traditionnels
(A).
A- Le contournement des circuits commerciaux
traditionnels
L'indépendance des pays africains dans les
années 60 devrait leur permettre de discuter d'égal à
égal avec les ex-dominateurs sur la scène internationale et
beaucoup plus spécifiquement, sur le marché international.
Tel n'est cependant pas le cas. Les pays africains se sont
retrouvés dans un schéma de fidélisation à leurs
colonisateurs d'hier devenus aujourd'hui leurs clients
privilégiés. Certes, il est souvent reproché à
l'Afrique de n'exporter que des matières premières sans
réelle valeur ajoutée mais la vente de ces matières aurait
pu être rentable s'il lui était donné de discuter librement
les cours sur le marché international et de les vendre à qui elle
voudrait.
Il s'est au contraire instauré des circuits commerciaux
qui lient chacun des pays africains à son ancienne puissance
colonisatrice ; ce qui n'est pas à l'avantage de ces pays. La
France par exemple est le premier partenaire commercial de plusieurs pays
africains francophones. Non pas que ces pays n'ont pas la volonté
d'essayer d'autres partenaires mais il pèse sur eux une sorte
d'épée de Damoclès qui menace la stabilité des
régimes en place.
L'arrivée de la Chine en Afrique offre aux pays
africains la possibilité de choisir leurs partenaires et de contourner
ainsi ces circuits commerciaux traditionnels qui ne sont libéraux que de
façade. Ceci est ou peut être profitable à l'Afrique. Comme
le relève si bien Alpha Omar Konaré, ancien Président de
la Commission de l'UA «...cela nous permet de faire jouer la
concurrence »46(*). Et cette mise en concurrence est au profit de
l'Afrique. Avant l'arrivée du dragon asiatique sur le continent noir,
les pays africains n'avaient d'autres choix que ceux offerts par les
occidentaux qui ont en réalité un véritable monopole sur
le commerce africain. Ces derniers achètent les matières
premières sur le continent au prix qu'ils arrêtent
eux-mêmes, leurs interlocuteurs d'Afrique n'ayant d'autres choix.
Aujourd'hui, l'entrée de la Chine47(*) sur le marché africain permet à
l'Afrique de pouvoir comparer les offres. Comme cela se dit vulgairement, c'est
dans la multiplicité que le choix est possible. Cette situation
contribue à la réelle indépendance économique des
pays africains. « Un individu ou un pays, s'il ne peut choisir
librement, n'est ni indépendant ni souverain »48(*).
Le commerce sino-africain a eu pour conséquence majeure
d'entraîner une hausse sensible des prix des matières
premières et offre la chance aux ménages africains de s'offrir
certaines marchandises qu'ils ne pourraient avoir même s'ils accumulaient
les économies de toute une vie de travail.
B- L'apport de ressources additionnelles pouvant
financer le développement
L'Afrique est le continent le moins développé au
monde. « La pauvreté y est omniprésente »,
dira Henry Kissinger, avant d'ajouter que « l'Afrique est le
continent dont le taux de croissance économique est le plus faible et la
modernisation y a pris un immense retard »49(*).
Depuis leur accession à l'indépendance, les pays
africains cherchent des pistes pour amorcer leur processus de
développement mais les résultats obtenus jusque là sont
sinon décevants, du moins pas très concluants. L'aide publique au
développement octroyée par les pays occidentaux et qui a
été présentée comme devant apporter à
l'Afrique les ressources financières indispensables à sa relance
économique n'a accouché que d'une souris. Elle a
été insuffisante ou dans certains cas, tellement liée et
accompagnée de conditionnalités qu'elle n'a presque pas
profité aux pays bénéficiaires. Selon Antoine Glaser,
Directeur du journal la Lettre du continent, « jusqu'en
2000, sur 100 francs français donnés à un pays africains,
61 reviennent dans l'hexagone sous forme de commande ».50(*)
Dans ce contexte, l'aide chinoise est la bienvenue pour bon
nombre de pays africains qui du reste, sont en rupture de paiement
vis-à-vis des institutions financières internationales.
En effet, les investissements de la Chine en Afrique
s'accroissent de façon régulière et les champs de la
coopération sino-africaine ne cessent de s'élargir. Durant les
six premiers mois de l'année 2007, les investissements directs
réalisés par les entreprises chinoises en Afrique ont atteint 485
millions de dollars US. Le Fonds de Développement Chine-Afrique, qui est
devenu opérationnel depuis juin 2007, vise à encourager les
entreprises chinoises performantes et crédibles à investir en
Afrique et à s'engager dans les projets permettant d'élever le
niveau technologique des pays africains, de créer des emplois et de
promouvoir le développement socio-économique de ces derniers. Le
gouvernement chinois a mis à la disposition de ce fonds 5 milliards de
dollars.
Par ailleurs, la Chine s'est engagée en 2005 à
octroyer 10 millions de dollars de prêts concessionnels à
l'Afrique pour la période 2006-2008.
Pour ce qui est de l'aide publique au développement, il
y a lieu de mentionner que le gouvernement de la RPC a fait des dons
considérables aux pays africains.
Toutes ces aides constituent des moyens dont l'Afrique
pourrait se servir pour relancer son économie et amorcer le
développement.
Section II : Les moyens de l'offensive chinoise en
Afrique
Dans toute coopération, chacun des acteurs nourrit des
attentes et déploie des moyens pour parvenir aux buts visés.
Cependant, le réchauffement de la coopération sino-africaine est
une initiative de la Chine qui a décidé de partir à la
rencontre du continent noir. Du coup, elle utilise d'importants moyens
économiques et financiers d'une part (Paragraphe I) et diplomatiques
d'autre part (Paragraphe II) pour réaliser ses ambitions.
Paragraphe I : Les moyens économiques et
financiers
Pour séduire ses interlocuteurs africains, la Chine
utilise avec art la diplomatie du carnet de chèques (A) et
procède à la construction d'importantes infrastructures dans les
pays africains (B).
A- La diplomatie du carnet de
chèques
Pour asseoir une diplomatie active et efficace, il faut avoir
les moyens. Et la Chine en a. Elle n'hésite pas à en faire usage
pour renforcer ses liens avec les africains. L'utilisation de la manne
financière est ainsi devenue un moyen capital de la stratégie
diplomatique de la Chine en Afrique. Lors du dernier sommet de Pékin sur
la coopération sino-africaine, la Chine s'est engagée à
accorder 3 milliards de dollars de prêts préférentiels et 2
milliards de dollars de crédit à l'exportation.
Les gouvernements africains qui, dans leur quasi
majorité, ne se conforment pas aux exigences de bonne gouvernance et qui
de ce fait n'ont plus accès aux crédits alloués par
l'Occident et les institutions de Bretton Woods apprécient hautement les
dons et les prêts concessionnels que la Chine met gracieusement à
leur disposition. La diplomatie du carnet de chèque donne des
résultats tangibles. Elle permet à l'Empire du Milieu non
seulement de remporter d'importants contrats commerciaux mais aussi de gagner
des points diplomatiques dans le bras de fer qui l'oppose à Taiwan. Par
exemple, la China National Machinery and Equipement Corporation (CMEC) a
remporté le contrat d'exportation du gisement de fer de Belinga au Gabon
à près 1500 milliards de FCFA grâce au financement de la
Bank of China et de l'Eximbank of China51(*) et surtout grâce à la garantie du
gouvernement chinois d'acheter la totalité du minerai qui en sera
extrait52(*).
En effet, beaucoup de pays qui avaient succombé aux
mirages financiers de Taiwan ont presque aujourd'hui renoué les
relations diplomatiques avec Pékin53(*) car ils ont compris que la Chine continentale est en
mesure d'offrir plus. Sur les 53 pays africains, seuls 5 ont encore des
relations avec Taiwan : Le Tchad, le Swaziland, Sao Tomé et
Principe, le Burkina-Faso et la Gambie.
Il y a lieu de remarquer qu'il n'y a pas que l'aide
financière qui ouvre à la Chine le coeur des dirigeants
africains. La Chine accorde également de multiples bourses aux
étudiants africains, forme les fonctionnaires africains dans
différents secteurs, envoie des experts54(*), etc. Au total, Pékin consacre 45% de son aide
publique au développement à l'Afrique.
La Chine ne lésine donc pas sur les moyens pour gagner
les Africains à sa cause. Outre les dons, prêts et autres appuis
financiers, la Chine se fait également remarquer à travers la
construction d'infrastructures.
B- La construction d'infrastructures
La construction d'infrastructures a été l'un des
moyens utilisés par la Chine dans sa stratégie de rapprochement
du continent noir. Presque tous les pays africains ont eu à
bénéficier de bâtiments gigantesques à
l'esthétique peu séduisante, certes, mais qui ont
symbolisé en leur temps l'amitié entre la Chine et les pays
africains. L'un des exemples les plus sinistres de cette architecture
était, avant sa rénovation, l'hôtel de l'Amitié
à Bamako; édifice cauchemardesque qui semblait vouloir pousser au
suicide les clients contraints de le fréquenter55(*). La particularité de
ces grandes réalisations réside dans leur durée de vie.
Elles sont là pour rappeler aux générations futures
l'amitié entre la Chine et les peuples d'Afrique. La Chine a construit
et continue de construire au profit de ses alliés des palais de
congrès, des palais présidentiels, des centres de
conférence, des stades, des maisons de culture ou de jeunesse, des
usines, etc. Pour ne prendre que l'exemple de la Mauritanie, la Chine y a
construit le palais présidentiel, le centre des conférences
internationales, la centrale thermique, le stade olympique. Au Togo, les
Chinois se sont illustrés par la construction de l'école du
parti, du palais des congrès de Kara, du complexe sucrier d'Anié,
du nouveau palais de la présidence, pour ne citer que ceux-la. Elle a,
le 13 mai 2008, remis un chèque au Gouvernement pour la
rénovation du Ministère des Affaires Etrangères et de
l'Intégration Régionale.
Particulièrement, la construction des palais
présidentiels et des immeubles abritant les ministères des
affaires étrangères de divers pays est très significative.
Comment les autorités politiques qui décident des questions
touchant aux relations internationales (Président et le Ministre des
affaires étrangères) peuvent refuser des faveurs à la
Chine alors que les bâtiments où elles travaillent sont
gracieusement mis à leur disposition par elle ? C'est souvent
difficile ; non pas que ces réalisations dépassent en valeur
les dons et autres appuis des autres partenaires mais c'est que dans ces
circonstances, on est animé d'un sentiment de reconnaissance et de
gratitude qui pousse à faire des concessions56(*). C'est en cela que la
construction de ces infrastructures constitue un véritable moyen que la
Chine utilise dans ses relations avec l'Afrique mais elle n'a pas que ça
comme arme. Elle use aussi de moyens diplomatiques.
Paragraphe II : Les moyens diplomatiques
Le succès diplomatique de la Chine en Afrique est
dû entre autres au soutien qu'elle apporte aux régimes qui sont en
délicatesse avec la communauté internationale (A). Son statut de
membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies est un
autre atout dont il se sert souvent pour protéger ses alliés
africains (B).
A- Le soutien aux régimes décriés
par la communauté internationale
L'une des divergences entre les occidentaux et la Chine quant
à leur coopération avec l'Afrique réside en ceci que la
Chine, du fait de son sacro-saint principe de la non-ingérence dans les
affaires intérieures, n'impose pas des exigences relatives à la
démocratie. Du coup, les pays qui sont abandonnés ou
décriés par la communauté internationale, justement parce
qu'ils ne répondent pas aux normes de bonne gouvernance, se tournent
donc vers la Chine pour s'assurer le soutien et la protection d'un
« grand ». C'est ainsi que le Président du Zimbabwe,
Robert Mugabe, pour faire face à l'isolement international
consécutif à la réforme agraire, a entrepris une politique
d'ouverture envers la Chine. Il déclarera à l'occasion du
25e anniversaire de l'indépendance de son
pays : « il nous faut nous tourner vers l'Est, là
où se lève le soleil ».
La récente tentative chinoise de débarquement de
cargaison d'armes dans une atmosphère de crise électorale au
Zimbabwe illustre bien la politique de la Chine.
Toujours attachée au respect sourcilleux de son
principe de non ingérence et de respect inconditionnel de la
souveraineté, la Chine apporte son soutien indéfectible au
régime d'Omar El Béchir alors que celui-ci est marginalisé
par la communauté internationale à propos de la guerre au
Darfour. Si le Soudan s'est pendant longtemps opposé au
déploiement de troupes onusiennes sur son sol, c'est grâce au
soutien de Pékin.
Cette méthode de la Chine provoque une levée de
boucliers de par le monde mais rencontre un écho incontestable en
Afrique. Pour Pékin, la Chine reconnaît la démocratie comme
valeur universelle mais refuse d'admettre que son insémination dans les
pays doit se faire selon le même rythme. Son exemple de réussite
économique est là pour clouer le bec à tous ceux qui
pensent que la démocratie est le seul système au monde qui
garantie le développement et le progrès social. Le temps est
révolu où le développement de l'Afrique n'était
analysé qu'à travers le seul prisme des politiques néo
libérales promues par les pays occidentaux et leurs relais
technocratiques à savoir les institutions de Bretton-Woods dont les
politiques d'ajustement ont toutes échoué sur le
continent57(*).
Si la Chine a pu réussir à résister aux
tentatives de la communauté internationale de lui imposer un
système de gouvernement, c'est surtout grâce à son statut
de membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU, statut qui
rassure ces partenaires africains.
B- Le droit de veto au Conseil de
Sécurité de l'ONU
Si le principe de l'égalité juridique des Etats
est largement admis en droit international, la réalité laisse
apparaître des disparités entre eux. Tous les Etats n'ont pas la
même capacité à influencer les évènements
dans les relations internationales. Même parmi les pays avancés,
ceux qui sont membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU
ont plus d'influence. La Chine fait parti des cinq Etats qui disposent du droit
de veto et elle n'hésite aucunement à en faire usage pour
protéger ses alliés africains. C'est ainsi qu'elle a
menacé à plusieurs reprises en juillet puis en septembre 2004
d'utiliser son droit de veto pour s'opposer à l'adoption de sanctions
contre le Soudan à propos du conflit au Darfour. En effet, la
résolution 1564 qui menace Khartoum n'a pu être adoptée que
grâce à l'abstention de la Chine qui en échange, avait
obtenu un amendement du texte.
Ce « package diplomatique58(*)» que la Chine apporte aux
pays africains leur confère une certaine assurance et constitue pour eux
un rempart contre les sévices diplomatiques de la communauté
internationale suite à certains de leurs choix. Nul n'ignore que bien
souvent, les prises de position de la communauté internationale ont plus
pour but de protéger les intérêts des puissances que pour
répondre aux exigences d'une morale internationale. Sous prétexte
de démocratisation, les puissances occidentales interviennent dans les
pays pauvres, y font et défont les régimes au gré de leurs
intérêts. La Chine, par son statut de membre permanent du Conseil
de Sécurité peut assurer la protection de ses alliés
africains, ce qui ne fait que renforcer l'attrait qu'elle exerce sur eux.
Cette méthode de la Chine suscite le courroux des
autres puissances mais il y a lieu de s'interroger sur le bien fondé des
réactions en chaîne de l'Occident, étant entendu qu'elle
procède presque de la même façon. Comment peut-on
comprendre la position de la France qui s'érige en champion des droits
de l'Homme et de la démocratie mais qui, au gré des ses
intérêts, soutient des régimes dictatoriaux en Afrique tel
que celui d'Idris Deby alors qu'elle pourfend celui de Gbagbo ou soutient une
opération militaire pour chasser un Chef d'Etat du pouvoir (Île
d'Anjouan) au nom de la démocratie ? Tout compte fait, la Chine
continu de s'abstenir de mélanger le « business » et
la politique dans ses rapports avec le monde noir.
Le compagnonnage entre la Chine et l'Afrique a des origines
très anciennes. Il a beaucoup évolué et se situe dans un
processus dynamique. Les relations sino-africaines préoccupent nombre
d'analystes qui planchent sur les perspectives qu'elles réservent pour
le continent notamment en termes de développement.
DEUXIEME PARTIE :
BILAN ET PERSPECTIVES DE LA COOPERATION
SINO-AFRICAINE
L'Afrique doit s'appuyer sur sa coopération avec la
Chine pour relancer son processus de développement. Elle ne pourra
toutefois y parvenir que si elle se donne les moyens conceptuels et
programmatiques pouvant lui permettre de répondre à l'urgente
nécessité de dégager une perspective concrète pour
éviter que la coopération sino-africaine ne soit une relation
dirigée unilatéralement par Pékin.
Aucune prospection du futur ne saurait cependant être
faite si on ne dressait un bilan de la coopération sino-africain
(Chapitre I). Il faut s'assurer du présent avant de se projeter dans
l'avenir. Ceci dit, une radioscopie de la coopération sino-africain
révèle que si elle a de nombreux atouts ou forces, elle
recèle aussi plusieurs faiblesses et insuffisances qui peuvent
l'empêcher d'avoir des perspectives prometteuses (Chapitre II).
CHAPITRE I : LE BILAN DE LA COOPERATION
SINO-AFRICAINE
Le nouveau dynamisme de la coopération sino-africain
suscite des réactions contrastées. Certains analystes y voient un
créneau favorable pour le développement de l'Afrique. D'autres
mettent en avant ses multiples insuffisances ou faiblesses (Section II) pour
conclure qu'elle est purement pernicieuse. Une analyse beaucoup plus
approfondie permet toutefois de constater que les relations sino-africaines
n'ont pas que des insuffisances, elles présentent de nombreux atouts qui
constituent ses forces (Section I).
Section I : Les forces de la coopération
sino-africaine
Les forces de la coopération sino-africaine
résident en ceci que d'une part, elle est hautement
appréciée sur le continent africain (Paragraphe I) et d'autre
part, elle participe à sa croissance (Paragraphe II).
Paragraphe I : Une coopération hautement
appréciée sur le continent africain
Beaucoup d'Africains et surtout leurs dirigeants ont une haute
considération pour la Chine, d'abord parce que sa croissance et son
développement séduisent (A), ensuite, parce que la
coopération sino-africaine a, dans une certaine mesure, un effet positif
sur la croissance de l'Afrique (B).
A- L'attrait de la croissance et du
développement chinois
La Chine demeure une nation énigmatique. Elle avait
toujours séduit les autres peuples par son gigantisme et par la
singularité de sa culture. Aujourd'hui, c'est par son
développement industriel et sa croissance économique
exceptionnels qui donnent le tourni aux analystes, qu'elle fait des
émules.
Pays sous-développé il y a quelques
décennies (comme la majorité des pays d'Afrique), la Chine a
réussi le pari de se hisser aux rangs des grandes puissances
économiques et industrielles de ce monde alors qu'il y a à peine
30 ans, on y mourrait encore de faim59(*). Avec un excédent commercial dépassant
les 150 milliards de dollars, un PIB à deux chiffres (10,5 en moyenne)
et des réserves de changes qui devraient dépasser 1000 milliards
à ce jour, la Chine émerveille et provoque de l'admiration de la
part des peuples d'Afrique et de leurs dirigeants. Pour Adama Gaye, «
le réveil de la Chine est un phénomène unique dans
l'histoire mondiale par son ampleur. Le seul exemple qui s'y apparente, de
loin, est la montée en puissance de l'Amérique après la
guerre civile60(*) ». De tous points de vue,
l'émergence de la puissance économique de la Chine est
extraordinaire61(*). Ce
serait une impardonnable erreur que de ne pas chercher à s'agripper
à cette puissante locomotive économique. Même les grandes
puissances se montrent courtoises et très attentionnées
vis-à-vis de la Chine62(*).
Il n'est donc pas surprenant que les leaders africains, qui
cherchent encore les voies pour le développement de leurs pays, aient
leurs regard tournés vers l'Empire du Milieu, surtout que les recettes
« imposées » jusque là par l'Occident n'ont
pas conduit au décollage économique du continent. Le
Président zimbabwéen, Robert Mugabe, dans une métaphore
saisissante, dira que « le soleil se couche à l'Ouest et se
lève à l'Est63(*) » Cette position est partagée par
d'autres leaders africains. Lors d'un dîner donné à Abuja
le 26 avril 2006 en honneur du Président Hu Jintao, Oluségun
Obansajo, le Chef de l'Etat nigérian, n'a pas fait dans la nuance pour
célébrer la Chine : « nous souhaitons que la
Chine dirige un jour le monde. Quand ce sera le cas, nous voulons être
juste derrière vous ».
Cette séduction, cet attrait que la Chine exerce sur
les Africains a des conséquences sur les relations sino-africaines car
elle influence les négociations et favorise la percée chinoise
sur le continent. C'est en cela qu'elle constitue une force pour la
coopération sino-africaine, laquelle est jugée plus
sincère et plus équitable.
B- Une coopération jugée plus
sincère et plus équitable.
Sincère ou vicieuse ? Mirage ou miracle64(*) ? La coopération
sino-africaine suscite des appréciations contrastées, sinon,
divergentes. Cependant, la majorité des africains estiment qu'elle est
plus sincère et plus équitable.
D'une part, les Chinois ne font pas trop de promesses et
tiennent pratiquement celles qu'ils font. Pour ne prendre qu'un exemple, la
réduction de la dette des PMA et PPTE africains a été
faite sans trop tarder. La promesse en avait été faite à
l'occasion de la première conférence ministérielle du
Forum sur la Coopération sino-africaine en 2000. Cet engagement a
été tenu en deux ans. Un deuxième projet qui porte sur
l'annulation de toutes les dettes gouvernementales des PPTE et PMA africains
liées aux prêts sans intérêt arrivant à
échéance à la fin de 2005, a été rendu
public lors du forum de Pékin en 2006. La plupart de ces dettes ont
déjà été annulées. Par contre, les
annulations de dettes annoncées par le G8 au Sommet de Gleeneagles ont
à peine connu un début de concrétisation.
D'autre part, le coût de gestion administrative des
projets financés par la Chine est bas, contrairement à ceux
financés par les partenaires traditionnels de l'Afrique. Des
études de la Banque Mondiale montrent que près de 70% des fonds
accordés par les pays occidentaux sont utilisés en leur faveur ou
celle de leurs institutions65(*) . Le personnel d'assistance technique chinois
envoyé en Afrique accepte de vivre dans des baraques construites sur
les chantiers plutôt que de résider dans des hôtels cossus.
Enfin, la chine, attachée au principe de
l'égalité en droit des Etats et au respect de la
souveraineté, ne passe pas par des moyens pernicieux (menace de
suspension d'aide, de déstabilisation de régimes, des pressions
diverses) pour obtenir des marchés. Elle discute sur un pied
d'égalité avec ses partenaires. Elle ne cache pas ses ambitions
à ses partenaires. Dans beaucoup de discours, les autorités
chinoises ont exprimé clairement et publiquement leur
intérêt pour les matières premières africaines. En
prônant une coopération équitable qui procure à
chacun des avantages réciproques66(*), la Chine conquiert des coeurs en Afrique et nombre
d'africains pensent que cette coopération est susceptible de tirer
l'économie africaine vers le haut.
Paragraphe II : Une coopération dopant la
croissance de l'économie africaine
La hausse du prix des matières premières
consécutive à la forte demande chinoise (A) d'une part, les
investissements chinois et la construction des infrastructures d'autre part,
ont pour effet de stimuler la croissance africaine (B).
A- Le bénéfice de la hausse du prix des
matières premières.
Malgré les multiples conflits qui l'assaillent et qui
renforcent les afro- pessimistes dans leur position, l'Afrique a
enregistré ces temps-ci, quoique léger, un taux positif de
croissance économique. Bien que l'environnement économique
mondial ne soit pas particulièrement favorable au continent noir, les
prévisions de la Banque Africaine de Développement (BAD) font
état d'une croissance de 5,9 % en cette année 2008. Le commerce
sino-africain a contribué à cette croissance. Selon He
Wenping67(*), «
la Chine a joué un rôle majeur dans les performances
économiques de l'Afrique68(*) ». Le commerce sino-africain
représente actuellement 20 % de la croissance économique
africaine69(*).
Par ailleurs, compte tenu de la forte demande chinoise, on
assiste à une hausse du cours des matières premières.
Cette hausse est profitable aux Africains dans la mesure
où elle procure des excédents budgétaires susceptibles de
financer les dépenses d'investissement. La croissance économique
en Afrique du Sud tout comme l'amélioration de la situation
financière de l'Algérie et du Nigeria (avec des taux de
croissance respectifs 6,8 % et de 10 % en 2003) s'explique, selon les experts,
par les échanges commerciaux avec la Chine.
En juillet 2008, le baril de pétrole a atteint la
barre de 160 dollars, au grand bonheur des pays producteurs de pétrole.
D'autres matières premières ont connu le même sort. Des
minerais comme le cuivre et le nickel (indispensables dans l'industrie
électronique et électrique) ont connu depuis 2001 une
appréciation sensible. En mars 2005, la valeur moyenne de la tonne de
nickel à Londres70(*) est de 16.255 euros contre 3.725 en décembre
1998.
Il n'est donc pas exagéré de dire que la hausse
des prix des matières premières a donné un coup de pousse
à l'économie africaine même si on peut toujours
s'interroger sur la façon dont ces ressources sont
gérées.
B- Les retombées des investissements chinois
et de la politique de construction des infrastructures
Les pays africains ont besoin d'importants moyens financiers
pour investir dans leurs programmes de développement et relancer leurs
économies sérieusement mises en lambeau par des décennies
de programmes d'ajustement structurels imposés par la BM et le FMI. Dans
ces conditions, les investissements chinois en Afrique ne peuvent qu'être
bien accueillis en ceci d'une part, qu'ils permettent d'insuffler un nouveau
dynamisme à l'industrie africaine et d'autre part, qu'ils constituent,
sinon une alternative, du moins un complément de l'aide occidentale.
En 2006, l'investissement chinois total en Afrique atteignait
11,7 milliards de dollars. Il comprend le financement de près de 900
projets en Afrique, la formation de 15000 africains, l'offre de bourses
d'études, l'envoi en Afrique d'équipes médicales71(*). Au delà de cette aide
publique, par l'entremise de certaines des institutions financières, la
Chine s'est imposée comme un sérieux prétendant au
financement des importants besoins africains72(*). C'est ainsi qu'en 2005, Eximbank a financé
pour 15 milliards de dollars des projets en Afrique. D'ici 2015, cette
même institution s'est engagée à investir 20 milliards de
dollars dans les infrastructures.
Les investissements chinois et les infrastructures
réalisées par la Chine en Afrique produisent un effet positif sur
les économies nationales dans la mesure où ils permettent
d'exploiter des ressources découvertes depuis des décennies mais
qui, faute de moyens, ne sont pas mises en valeur. C'est le cas par exemple du
gisement de fer de Belinga au Gabon, découvert il y a près de
cent ans et dont la Chine vient de financer l'exploitation73(*).
Par ailleurs, la rénovation ou la construction
d'infrastructures est fort utile car, comment peut fonctionner une
économie sans infrastructures routières et ferroviaires?
En somme, les investissements chinois en Afrique, bien qu'ils
ne soient pas trop considérables, jouent un rôle non
négligeable.
La coopération sino-africaine a des atouts, des forces
qui permettent de rêver d'un « futur lumineux74(*) » pour le continent.
Cependant, penser qu'elle ne représente que d'heureuses
opportunités pour l'Afrique serait faire preuve d'un angélisme
coupable, car cette coopération présente aussi des
défauts, des faiblesses.
Section 2 : Les insuffisances de la coopération
sino-africaine
Les faiblesses de la coopération sino-africaine se
remarquent aussi bien sur le plan économique et commercial (Paragraphe
I) que sur le plan diplomatique (Paragraphe II).
Paragraphe I : Sur le plan économique et
commercial
La faible compétitivité de l'économie
africaine constitue un véritable handicap quant à sa
capacité à influencer les relations internationales (A). A cela
s'ajoute l'absence de transfert de technologie chinoise à l'Afrique
(B).
A- La faible compétitivité de
l'économie africaine
La capacité d'un Etat ou d'un regroupement d'Etats
à peser sur les relations internationales dépend de certains
paramètres à savoir sa population, sa superficie, la performance
de son économie, son armée et son appartenance à de grands
ensembles géographiques influents75(*). L'Afrique ne semble pas répondre à
tous ces critères. Sa population est négligeable76(*) de même que sa
superficie77(*), elle est
faible sur le plan militaire. Plus que tout, la faiblesse de l'Afrique sur la
scène internationale tient à son sous-développement et
partant, à la faiblesse de son économie. Que l'Afrique soit un
continent économiquement faible n'est plus à démontrer. Il
est désolant de constater qu'après un demi-siècle
d'indépendance, les pays africains se contentent encore d'une
économie de rente exclusivement tournée vers l'exportation des
matières qui n'ont subi aucune transformation, donc qui sont sans
réelle valeur ajoutée. Or, aucune économie ne s'est
véritablement développée sans la production et
l'exportation mais malheureusement, les Africains et leurs dirigeants ne
semblent pas vouloir s'engager durablement sur la voie du développement.
L'Afrique ne produit pas assez.
Il va sans dire que la Chine s'intéresse
principalement aux matières premières africaines et elle ne le
cache d'ailleurs pas. Les relations de l'Afrique avec la Chine sont des
relations de coopération et dans une coopération, chacune des
parties vise ses intérêts. Il est illusoire de croire que le
principal objectif de la Chine est de développer l'Afrique. Reprocher
à la Chine de piller les ressources africaines ne rime à rien.
D'ailleurs, la Chine pille t-elle les ressource
africaines plus que ne le font les autres puissances ? Le pétrole
acheté par la Chine représente 8,7% de l'exportation
pétrolière africaine alors que les importations des USA et de
l'UE78(*)
représentent 33% et 36%. C'est aux Africains de jouer pour
représenter autre chose qu'un simple territoire à piller.
Lorsqu'un pays qui dispose de fer et d'alumine, opte pour une offre chinoise de
transformation sur place avec en plus une voie de chemin de fer permettant
l'exportation, il est claire que ce pays prépare l'avenir et tente de
s'inscrire dans un segment porteur du système mondial de production.
Cependant, il y a en qui refuse cette offre, préférant le
montant `cash' des minerais bruts.
Pour Ekoué Amaizo, « continuer à
échanger des matières premières (Pétrole, minerais
et autres produits de base) sans création de valeur ajoutée et
sans une maîtrise du processus de transformation, c'est aller vers un
suicide collectif sur le plan économique79(*) ».
Il faut noter par ailleurs que les économies
africaines mal administrées, sont encore fragilisées par la rude
concurrence que leur mènent les compagnies chinoises80(*). Beaucoup de pays se sont
plaints81(*). Avec la
pratique du dumping commercial et le coût de production très bas,
les produits chinois sont plus compétitifs. Du coup, c'est la jeune
industrie africaine qui en fait les frais82(*).
La coopération sino-africaine, pour être
profitable aux jeunes industries africaines doit s'accompagner d'un
véritable transfert de technologie. Tel n'est pas le cas, du moins pour
le moment.
B- L'absence de transfert de technologie.
La coopération de l'Afrique avec la Chine n'induit pas
un transfert de technologie en sa faveur. Cette absence de transfert de
technologie s'explique par deux raisons :
D'abord, il y a des barrières culturelles et surtout
linguistiques. Il existe en effet de profondes disparités entre la
culture chinoise et la culture africaine83(*). Cette disparité culturelle se
caractérise surtout par le langage. Aucun transfert de technologie ne
peut se faire sans communication ; or, sans compter le fait qu'il avait
été pendant longtemps interdit aux chinois d'enseigner leur
langue aux étrangers, il faut aussi relever que la langue chinoise est
difficile à assimiler, étant donné qu'elle n'utilise pas
les mêmes caractères graphologiques que les peuples africains.
Il manque également une réelle volonté de
la part des Chinois d'assumer un transfert de technologie en faveur des
africains. En effet, que ce soit dans le domaine des travaux de génie
civil ou informatique ou encore de l'électronique, les
sociétés chinoises font toujours venir de Chine des
ingénieurs pour exécuter les tâches qui demandent une
grande technicité. Pour ne donner que quelques exemples, la maintenance
du Palais des Congrès de Kara (au Togo) continue d'être
assurée par des techniciens chinois depuis sa construction en
1982 ; lors de la construction du stade de Kégué, des
ouvriers se sont plaints de ce que les ingénieurs chinois
exécutent certaines parties de l'ouvrage la nuit, ce qui dénote
d'un désir de cacher les techniques utilisées. Les chinois ont
dans leur nature l'art de cacher et de garder jalousement leurs secrets et
surtout leur savoir faire.
Or, cette pratique non seulement contredit les discours des
dirigeants chinois prônant un partenariat sincère, mais aussi nuit
à l'Afrique qui, en réalité ne tire pas profit de la
suprématie technologique de sa partenaire. Elle en a pourtant besoin
car, pour s'industrialiser, l'Afrique ne peut pas compter que sur les savoirs
endogènes. Axelle Kabou l'a si bien compris lorsqu'elle écrit que
« la force des nations et des empires vient de la combinaison des
créations endogènes et exogènes84(*) ». Il n'y a pas de
société ayant érigé sa puissance rien qu'à
partir de son génie intrinsèque. La Chine doit démontrer
beaucoup plus sa volonté à aider l'Afrique à se
développer.
S'il y a à redire de la coopération
sino-africaine sur le plan économique et commercial, il n'en est pas
moins du volet diplomatique.
Paragraphe II : Sur le plan diplomatique
Sur le plan diplomatique, la coopération sino-africaine
est fragilisée par la pratique par la Chine d'une diplomatie qui n'a
aucun égard pour la morale internationale (A). A cela, s'ajoute
l'absence d'une politique commune des pays africains vis-à-vis de la
Chine (B).
A- La pratique par la Chine d'une diplomatie
amorale
Le respect par la Chine du principe de la non-ingérence
dans les affaires intérieures des pays et de leur souveraineté
n'est pas une mauvaise chose en soi85(*). Doit-on cependant, sous prétexte d'une
coopération « gagnant-gagnant » et non
aliénatrice, laisser sur le bas coté du commerce (du business),
l'éthique, les droits humains et l'auto-détermination des peules
africains ? La question demeure posée.
La Chine en effet, pour sauvegarder ses relations
commerciales, ne se préoccupe pas des conditions de gouvernance et de
démocratie dans les pays avec lesquels elle est en relation, à
l'opposé de ses concurrents occidentaux. L'AGOA et les accords ACP-UE
ont par exemple institué des systèmes d'aide et de régimes
favorables très sélectifs dont le bénéfice est
soumis à des conditions allant de la démocratisation de la vie
politique à la libéralisation de l'économie, en passant
par la bonne gouvernance et le respect des droits de l'homme. Que la Chine ne
se soucie pas de faire la promotion des droits de l'homme et de la
démocratie ne surprend guère, étant souvent accusée
elle même de violation des Droits de l'Homme. Cependant, en soutenant, ou
du moins, en entretenant des relations avec des régimes peu
recommandables, la Chine ne se préoccupe pas en réalité du
sort des populations locales et de leur légitime aspiration à la
liberté et au bien-être social.
A l'heure de la mondialisation où tous les habitants de
la terre sont responsables les uns des autres, toute politique, toute
coopération qui n'a pas pour finalité l'épanouissement
intégral de l'Homme est contre la morale. On ne saurait se retrancher
derrière la stricte neutralité juridique pour cautionner ou faire
une impasse sur des pratiques immorales. Comme le révèle Mr.
Michael Ranneberger86(*)
devant la sous-commission des questions africaines le 28 juillet 2006,
l'influence de la Chine peut détruire les progrès que les pays
africains ont réalisés ces quinze dernières années
en matière de démocratie et de bonne gestion des affaires
publiques87(*).
Non seulement la Chine ne pose pas des exigences
particulières à ses partenaires mais aussi, elle ne
contrôle pas l'usage que ceux-ci font de son aide, ce qui laisse le champ
libre à l'utilisation de celle-ci pour renforcer l'enracinement des
régimes plus qu'elle ne contribue au bien-être des populations
africaines. On comprend aisément que la coopération
sino-africaine n'a pas de considération éthique, ce qui donne
lieu à des critiques acerbes. Elle est encore fragilisée par
l'absence d'initiative africaine.
B- L'absence d'une politique commune des pays africains
à l'égard de la Chine
Au jour d'aujourd'hui, la tendance est à la
constitution et à la consolidation des regroupements régionaux,
la finalité étant une grande influence et une bonne
visibilité sur la scène internationale88(*). Cependant, l'Afrique ne
semble pas avoir compris les mutations de notre époque et continue de
briller par un immobilisme et un cafouillage hors pair. Depuis 1963 où
l'ex-Président ghanéen Kwame N'krumah a lancé le
rêve panafricaniste, rien de fondamental ne s'est produit sur le plan des
approches stratégiques dans les relations du continent avec le monde
extérieur. Les relations extérieures de l'Afrique sont en effet
caractérisées par la fragmentation des approches.
Non seulement l'Afrique ne constitue pas une unité
politique capable de discuter avec ses partenaires mais aussi et surtout, il
n'existe pas de planification ou une politique africaine dans le cadre de ses
rapports avec l'extérieur. Il manque cruellement le transfert de
compétence des Etats vers les organes des institutions continentales
susceptibles de concevoir des programmes communs pour tous les pays africains.
« Les dirigeants africains n'ont pas encore donné les moyens
à l'Union africaine (UA) et au NEPAD de positionner l'Afrique sur un
plan collectif89(*)
». Il en résulte que les institutions africaines sont faibles et
leur capacité de négociation est insignifiante.
Comment les pays africains individuellement peuvent-ils
efficacement négocier avec la Chine qui est un géant
économique, géographique et politique ? C'est dès
lors une urgente nécessité pour l'Afrique d'adopter par exemple
une politique commune relativement à la gestion et à
l'exploitation des matières premières, une politique
étrangère de l'Afrique vis-à-vis de la Chine. Les
Africains doivent comprendre que l'heure n'est plus aux négociations
séparées ou individuelles, le plus souvent guidées par des
ambitions égoïstement nationalistes. Dans notre monde
globalisé et interdépendant, toute action basée sur
l'intérêt national aux dépens de l'intérêt
régional ou continental est condamnable et aboutit à terme,
à des conséquences incalculables.
Il est temps que l'Afrique s'organise et qu'elle
« cesse de se distinguer en applaudissant les mesures
annoncées par la Chine à son intention90(*) ».
Comme le relève si bien une maxime des Relations
Internationales : « les Etats n'ont pas d'amis, ils n'ont que
des intérêts ». Il appartient dès lors au
continent noir de défendre ses intérêts dans ce partenariat
et non pas de chercher à susciter la pitié ou la philanthropie de
la Chine.
En somme, la coopération sino-africaine affiche de
multiples faiblesses ou lacunes qui alimentent les critiques des afro
pessimistes. Cependant, s'il faut éviter l'angélisme et
l'excès d'optimisme, le trop de pessimisme est à bannir
également de toutes les analyses sur les perspectives de la
coopération sino africaine.
CHAPITRE II : LES PERSPECTIVES DE LA COOPERATION
SINO- AFRICAINE.
Aucune coopération n'est a priori avantageuse ou
désavantageuse. Tout dépend des ambitions de chacun des acteurs,
des moyens qu'il met en oeuvre pour atteindre ses objectifs et surtout de sa
capacité à concevoir et à mener une stratégie
efficace dans les négociations. Il va sans dire que l'Afrique
espère de son partenariat avec la Chine, la possibilité d'une
relance de son développement (Section I). Cependant, pour que la
coopération sino-africaine soit un moteur de la relance
économique de l'Afrique, elle doit relever d'importants défis
afin de ne pas répéter les erreurs du passé (Section
II).
Section I : la possibilité d'une relance
économique du continent africain
Les années à venir verront une promotion sur le
continent africain du modèle de développement chinois (Paragraphe
I) et un renforcement du soutien de la Chine à l'industrialisation du
continent noir (Paragraphe II).
Paragraphe I: La promotion sur le continent du
modèle de développement chinois
Ce qui caractérise le modèle de
développement chinois et incite les Africains à vouloir le
copier, c'est que d'une part, il est authentique et endogène (A) et
d'autre part, il est basé sur les valeurs du travail et de la discipline
(B).
A- Un développement authentique et
endogène
Jusqu'à la fin des années 70, la Chine
était un pays sous-développé, malgré les multiples
révolutions91(*)
conduites par les dirigeants successifs92(*).
Mais aujourd'hui, la Chine est la grande vedette des
succès économiques. Pendant ce temps, l'Afrique semble
« momifiée à l'extrême, incapable de se mouvoir
à la vitesse des exigences de sa situation catastrophique93(*) ». Cependant, de
plus en plus, la réussite de la Chine, donne l'espoir aux pays
africains et les incite à croire en leur propre développement.
Ils entendent suivre le schéma ou le modèle de
développement chinois, modèle inspiré par un homme d'Etat
visionnaire et audacieux, Deng Xiaoping, qui a su mobiliser tout un peuple
autour du rêve94(*)
d'un modèle authentique et endogène de développement.
Le modèle chinois de développement est en effet
authentique en ceci que, quand bien même il est caractérisé
par l'ouverture et la modernisation, il se fonde sur des options purement
chinoises. La Chine s'est ouverte au monde. À partir de 1978 en effet,
la Chine a rompu avec le communisme classique pour pratiquer ce que l'on a
appelé « un Etat, deux systèmes » :
l'Etat demeure fondamentalement communiste mais l'économie est
essentiellement libérale. Elle a pu ainsi bénéficier
massivement de l'apport de capitaux et des technologiques étrangers mais
a su rester fidèle à ses propres orientations95(*) et à ses valeurs. Elle
a réussi à être maîtresse de sa mue sans se laisser
influencer, comme les pays d'Afrique, par des recettes de développement
pensées et élaborées ailleurs. Son expérience
prouve à suffisance que le développement reste un
phénomène endogène.
Les Chinois font preuve d'un grand pragmatisme. La Chine s'est
pendant longtemps repliée96(*) sur elle-même afin de permettre à sa
jeune industrie de s'enraciner avant d'ouvrir son marché à la
concurrence étrangère97(*). Les Chinois profitent également de toutes
les opportunités pour faire des affaires et s'enrichir, appliquant en
cela la leçon de Deng selon laquelle « peu importe que le chat soit
noir ou gris, pourvu qu'il attrape les souris ».
L'autre caractéristique essentielle du modèle
chinois est sa nature endogène. Dans la relance économique, les
Chinois ont plus compté sur eux-mêmes que sur l'extérieur,
à la différence du NEPAD, par exemple, qui attend un financement
de 700 milliards de dollars de ses partenaires extérieurs pour sa
réalisation ou encore, du Plan d'Action de Lagos qui nécessitait
près de 80% de financement étranger.
Pour tirer un maximum de profit de sa coopération avec
la Chine, l'Afrique devrait se mettre à l'école de cette
dernière afin de comprendre le processus de son développement,
lequel est nourri par les valeurs du travail et de discipline.
B- Un développement basé sur les valeurs
du travail et de la discipline
Chaque culture a ses
caractéristiques propres qui la distinguent des autres. La culture
chinoise98(*) est
principalement caractérisée par les valeurs de discipline et de
travail. Le peuple chinois est un peuple travailleur et discipliné. On
peut facilement se remémorer l'époque de la grande
révolution où sous la houlette de son leader charismatique, Mao
Zédong, le peuple chinois s'était mobilisé comme un seul
homme pour mettre en valeur les terres, construire les routes et les ponts,
parfois avec des outils rudimentaires.
Il est inutile de rappeler qu'aucun développement ne
peut se faire sans le travail et la discipline. Or, ces deux valeurs semblent
manquer cruellement et dangereusement à l'Afrique. Il existe sur le
continent noir des créneaux inexplorés qui peuvent fournir des
emplois aux jeunes et contribuer à la croissance économique.
Cependant, nombreux sont les jeunes désoeuvrés, oisifs qu'on voit
flâner le long des rues en prétextant le chômage. Comment
comprendre que l'on importe des produits alimentaires dans un pays où 70
à 80 % des terres sont cultivables et où la population est
composée d'une très grande proportion de jeunes ? N'est-il
pas temps que l'Afrique cesse de mendier auprès des pays occidentaux
pour apprendre à compter sur ses propres capacités ?
Le travail sans la discipline ne donne pas non plus de
résultats concluants et la discipline passe par le respect des principes
et des normes établies, le sérieux et l'application dans tout ce
que l'on entreprend. Or, que ce soit sur le plan économique, politique
ou social, l'Afrique se distingue par une grande indiscipline : les
guerres, les changements inconstitutionnels de régimes ou leur maintien
inconstitutionnel au pouvoir, la corruption, le clientélisme, la
navigation à vue, etc. La mauvaise gestion des ressources et
l'instabilité politique et sociale ne sont pas ce qu'il y a de mieux
pour attirer les investisseurs étrangers.
Face aux difficultés résultant de leur mauvaise
gestion, les dirigeants africains vont chercher d'autres solutions et le regard
commence de plus en plus à se tourner vers la Chine. A cet égard,
le Premier Ministre Ethiopien, Mélès Zénaoui dira que
« la Chine est une source d'inspiration pour nous. Elle montre
à l'Afrique qu'il est possible de passer à la vitesse
supérieure99(*) ».
En somme, pour les décennies à venir,
l'Afrique100(*)
apprendra beaucoup de la Chine, non pas pour la copier de façon servile
mais en vue de s'en inspirer pour s'inventer une voie de développement
authentique et autonome qui se démarque du conformisme meurtrier actuel.
Parallèlement, et comme le laisse présager les récentes
évolutions dans la coopération sino-africaine, la Chine
accompagnera l'Afrique dans son processus de développement.
Paragraphe II : L'accompagnement de l'Afrique par la
Chine dans son processus de développement
La Chine a réussi son pari de sortir du
sous-développement pour faire de son économie l'une des plus
dynamiques du monde. Ayant fait cette expérience, elle pourrait
valablement aider l'Afrique dans son processus de développement à
travers le renforcement de son soutien à l'industrialisation du
continent noir (A) et de sa coopération dans le domaine agricole (B).
A- Le renforcement du soutien de la Chine à
l'industrialisation de l'Afrique
Le sommet sur la coopération sino-africaine des 4 et 5
novembre 2006 a débouché sur deux textes d'une importance
capitale. D'abord, la Déclaration de Beijing et le Plan d'Action de
Beijing101(*). Ce
dernier définit avec précision les principaux domaines dans
lesquels la coopération va se renforcer pour les trois ans à
venir (2007-2009). Parmi ceux-ci, figure la coopération dans le domaine
des sciences et technologies, ainsi que de l'informatique102(*). Les deux parties se sont
engagées à développer leur coopération en
matière d'application des acquis scientifiques et technologiques et de
transfert du savoir. La Chine s'est particulièrement engagée
à organiser, en faveur des pays africains, des stages de formations sur
les techniques pratiques, à lancer des programmes de
démonstration de technologies et surtout à aider les pays
africains à augmenter leur potentiel industriel.
Pour éviter que les deux parties ne fassent
litière de ses beaux engagements, des mécanismes de
suivi103(*) ont
été mis en oeuvre pour veiller à l'application de ces
mesures. Avec cette volonté affirmée de part et d'autre, l'on
peut raisonnablement avancer que la Chine entend accompagner l'Afrique sur la
voie de l'industrialisation.
D'ores et déjà, on peut se féliciter de
quelques expériences réussies : en 2007, la Chine a
procédé au lancement d'un satellite de communication au profit du
Nigeria. Certains investisseurs africains ont mis sur pied avec succès
des industries en Chine104(*). Ayant réussi en Chine, ils vont ramener en
Afrique les expériences acquises.
Par ailleurs, avec la hausse du prix du carburant et
l'augmentation du coût des transports y consécutive, la Chine
sera obligée, pour réduire les coûts de productions, de
construire en Afrique les industries pour transformer sur place les
matières premières. Les constructeurs chinois d'appareils
électroménagers Shinco, Haier ou Hisense ont ainsi conçu
de nouveaux plans de développement en Afrique, passant de la simple
exportation de produits finis à l'établissement des usines de
production sur le continent105(*).
Sur ce fleuron industriel naissant, viendront se greffer
d'autres industries, vecteurs du développement et du renforcement du
partenariat sino-africain dans le domaine agricole.
B- Le renforcement de la coopération
sino-africaine dans le domaine agricole
Que ce soit dans le Plan d'Action d'Addis-Abeba106(*) ou dans le Plan d'Action de
Beijing adopté lors du 3ème sommet du forum sur la
coopération sino-africaine de novembre 2006, un accent particulier a
toujours été mis sur le renforcement de la coopération
agricole.
L'agriculture a une place très importante dans le
développement économique et le progrès social de tous les
pays. Les dirigeants africains et chinois semblent l'avoir compris, même
si les initiatives des premiers en la matière ne sont pas
encourageantes. Le point 3. 1 de la déclaration de Beijing est
entièrement consacré à la coopération dans le
domaine agricole. Les deux parties y ont souligné « le
rôle important de l'agriculture dans leurs économies
respectives », estimant que le renforcement de leur
coopération agricole « contribue à l'élimination
de la pauvreté...et à la garantie de la sécurité
alimentaire ».
Il est à noter que dans le domaine agricole, la Chine a
fait des avancées considérables dont l'Afrique peut
s'inspirer : une réforme agraire réussie, la
révolution verte, des avancées scientifiques et technologiques en
matière de production céréalière, de
l'élevage, de l'irrigation, de la pêche, de la mécanisation
et de la transformation des produits. Cette avancée de la Chine
contraste nettement avec la situation en Afrique où l'on utilise encore
des outils aratoires qui n'ont connu aucune amélioration depuis des
siècles, où l'autosuffisance alimentaire ne relève que de
l'ordre du discours107(*) et où les politiques agricoles nationales
laissent à désirer.
Consciente de cette situation, la Chine s'est engagée
à envoyer en Afrique 100 experts agronomes de niveau supérieur et
à y créer 10 centres pilotes caractéristiques des
technologies agricoles, à encourager les entreprises chinoises à
augmenter leurs investissements dans le secteur agricole en Afrique à
travers la construction d'infrastructures agricoles, à renforcer la
coopération avec les pays africains dans le cadre du programme
spécial pour la sécurité alimentaire de la FAO108(*), etc.
Toutefois, il y a lieu de relever que cette offre chinoise ne
saurait à elle seule suffire pour rattraper le grand retard
accusé par l'Afrique en matière d'agriculture sans une
réelle volonté politique des dirigeants africains de faire de ce
secteur un véritable moteur du développement. Avec la conjoncture
actuelle de hausse quasi exponentielle du prix des denrées alimentaires,
l'adoption de politiques hardies en matière d'agriculture n'est plus une
option, c'est une nécessité et tout laisse croire que les pays
africains joueront à fond la carte chinoise pour mettre leur agriculture
sur l'orbite de la modernisation.
En vérité, il ne s'agit là que d'une
infime partie des grands défis que l'Afrique doit nécessairement
relever afin de tirer un maximum d'avantages de sa coopération avec la
Chine.
Section 2 : Les défis à relever par
l'Afrique
Les défis qui attendent l'Afrique sont aussi nombreux
que variés et vont de la nécessité de faire sa mue interne
(Paragraphe I) à celle de s'imposer dans un monde multipolaire
conflictuel (Paragraphe II).
Paragraphe I: De la nécessité
d'opérer des mutations au plan interne
Les mutations que l'Afrique doit entreprendre vont de
l'adoption d'un système transparent de gouvernance au respect des droits
de l'homme.
A- L'adoption d'un système transparent de
gouvernance
La coopération de l'Afrique avec la Chine ne peut
déboucher sur une heureuse perspective si l'Afrique ne s'impose pas des
mutations au plan interne.
En effet, quelle que soit l'importance de l'aide chinoise,
elle ne pourra être utile que si elle est bien gérée, dans
l'intérêt de tous les citoyens. De même, les investisseurs,
les entrepreneurs et même les touristes chinois ne viendront pas vers
l'Afrique si elle ne mettait pas fin au chaos et conflits qui y
règnent.
L'Afrique est souvent pointée du doigt par la
communauté internationale à cause de la mal gouvernance et de
l'absence de transparence dans la gestion des affaires publiques. Cette
situation sert de prétexte aux pays occidentaux qui, fréquemment,
interviennent dans les affaires intérieures des pays africains et
contrôlent parfois leurs régimes. Cette interférence, si
elle peut, à certains égards, se justifier de par son
objectif `'proclamé'', n'a cependant pas donné
jusqu'à ce jour des résultats satisfaisants. Elle a plutôt
donné lieu à une situation inqualifiable, qui n'est ni une
véritable démocratie, ni une réelle dictature. De plus en
plus, des consciences s'éveillent en Afrique qui comprennent que les
exigences de l'Europe et des USA en matière de bonne gouvernance
répondent plus à leur désir de manipulation des
régimes des pays pauvres afin de s'assurer leur loyauté,
qu'à leur attachement à l'obéissance des principes
moraux109(*).
Aussi la tentation est-elle grande de la part des Africains de
se tourner vers la Chine qui, elle autre, a su s'inventer un système de
gouvernement110(*). Les
Chinois ont été capables de se démarquer de la tutelle et
du leadership du communisme russe et ont mené dans la souplesse la
rupture avec le système habituel (à partir de 1978) sans se
soucier des prises de position parfois désobligeants de certaines
puissances. Ils sont donc restés maîtres de leur propre destin
politique.
La pensée politique africaine par contre, manque
d'encrage et les africains sont portés à copier ce qui se fait
ailleurs sans pourtant se demander si les systèmes qu'ils reproduisent
peuvent, sans adaptations, se greffer à leurs sociétés
africaines. La démocratie, comme ne cessent de clamer nombre de
politologues et de dirigeants, est une valeur universelle dans ses principes
mais sa mise en oeuvre diffère d'un Etat à un autre. Par exemple,
la démocratie américaine ne fonctionne pas de la même
manière que la démocratie britannique ou française. Tout
est question de l'esprit, de la mentalité des peuples et des
réalités sociologiques.
Alors que la démocratie est essentiellement
concurrentielle en Europe, elle sera plus participative en Afrique. L'Afrique
doit se réinventer un système de gouvernement authentique qui,
même s'il s'inspire d'autres expériences, devra vraiment tenir
compte de la réalité sociologique du continent et « non
se complaire à trouver une place sur la natte des
autres111(*) ». Cela ne voudrait pas dire qu'on
retourne aux vielles pratiques selon lesquelles on ne change pas un chef tant
qu'il vit. Dans tous les cas, l'essentiel est que le mode de gouvernance retenu
corresponde à l'aspiration profonde des peuples au mieux être et
à la liberté.
B- La promotion des droits de l'homme
L'objectif de tout gouvernement est de créer les
conditions nécessaires au plein épanouissement de la population.
Tout système de gouvernement qui se démarque de cette
vérité est inique et condamnable. Il est et demeure une
vérité que tous les peuples aspirent à la liberté
et au respect de leurs droits. Le seul couac, c'est la conception qu'il faut en
avoir. Tout est dans la relation individu- communauté. Alors qu'en
Occident les droits de l'homme en général et les libertés
publiques en particulier se caractérisent essentiellement par
l'autonomie de l'individu par rapport à la société, avec
comme conséquence un individualisme très poussé, l'Afrique
a une conception plus collectiviste des droits de l'homme. Les droits de
l'homme y ont pour finalité l'épanouissement de l'individu.
Cependant, cet épanouissement ne se conçoit qu'au sein d'une
société, d'une communauté dont la survie prime sur les
aspirations individuelles112(*).
Si la conception occidentale des droits de l'homme s'est
imposée, c'est que l'Europe est plus dynamique en matière de
diffusion des idées et non pas forcément parce que sa conception
est meilleure ou universelle. On vit dans une illusion qui a posé la
culture européenne comme paradigme de toute culture humaine. Il
appartient à l'Afrique de faire comprendre sa conception des Droits de
l'Homme et surtout de respecter ces droits. Ainsi, elle ne prêtera plus
le flanc aux critiques de la communauté internationale qui, du coup,
n'aura plus de motif pour intervenir dans ces affaires.
Après avoir relevé ce défi au plan
interne, le continent noir devrait également tout faire pour s'imposer
dans un monde multipolaire conflictuel induit par le renforcement de ses
relations avec la Chine.
Paragraphe II : De la nécessité pour
l'Afrique de s'imposer dans un monde
multipolaire conflictuel
L'émergence de nouveaux Etats industrialisés et
l'accroissement de leur influence sur la scène internationale tendent de
plus en plus à instaurer un monde multipolaire où de nombreux
acteurs essayent de s'imposer les uns aux dépens des autres. L'Afrique
doit renforcer, en dehors de la Chine, sa coopération avec les nouveaux
pays émergents (B) et faire face aux affrontements entre la Chine d'un
coté et les UE et les USA de l'autre, affrontement dont elle est le
théâtre (A).
A- La nécessité de gérer avec
maturité les rivalités Chine-UE-USA
L'émergence de la Chine en Afrique suscite des
réactions courroucées de la part des puissances tutélaires
du continent. Comme pendant la guerre froide, l'Afrique est en train de devenir
le théâtre des rivalités entre, d'un côté,
les pays développés qui se sentent menacés dans leur
hégémonie, et de l'autre, la nouvelle venue : la Chine. Il
est à craindre que ces affrontements entre les puissances ne viennent
bouleverser les équilibres encore précaires en Afrique. Au coeur
de toutes les convoitises, se trouvent les matières premières
africaines dont chacune des puissances compte avoir si possible, le
monopole.
Même si la Chine s'efforce de mener « un
développement pacifique113(*) » en évitant toute forme de
confrontation avec les puissances concurrentes, en particulier les USA, il
convient de reconnaître que sa nouvelle diplomatie africaine commence
à retenir l'attention des dirigeants américains. Dans un document
portant sur la stratégie de sécurité nationale
publié en 2006, l'administration américaine exprime ouvertement
ses craintes par rapport à l'émergence chinoise en Afrique. La
création d'un commandement américain en Afrique, annoncée
pour septembre 2008 sur fond de lutte contre le terrorisme mais avec en
arrière plan la volonté de contrer la Chine, s'inscrit dans cette
logique. Il en est de même du projet du « Grand Moyen Orient
» conçu par les Américains et qui vise à
asseoir la mainmise des USA sur 65% des ressources pétrolières
mondiales. La réussite de ce projet qui couvre une zone qui va de la
Mauritanie au Pakistan, placerait les USA dans une position favorable par
rapport à la Chine. Par ailleurs, la brouille de plus en plus
perceptible entre l'administration américaine et le régime du
Président congolais, Joseph Kabila, est en partie liée au
rapprochement de ce dernier de la Chine qui lui avait accordé un
prêt de 5 milliards de dollars. La tension s'est davantage
exacerbée avec le refus de Kabila d'acheter le Boeing 707 que lui avait
proposé les Américains114(*).
Les pays membres de l'UE, avec en tête la
France,115(*)
manifestent aussi leur inquiétude quant au nouveau partenariat
Chine-Afrique. En France, un rapport de 200 pages consacré à la
pénétration chinoise en Afrique116(*), conclut à la
« nécessité de prendre des mesures vigoureuses pour
sauver la politique africaine de la France ». Suite à ce
rapport, des mesures sont annoncées qui ne seraient pas sans susciter
une rivalité franco-chinoise au niveau du continent, surtout dans les
pays où les intérêts pétroliers français sont
menacés par la percée chinoise117(*).
L'UE, de son coté a réagi face à la
menace chinoise. Le Parlement européen a adopté un rapport
(rapport Ana Gomes) qui attire l'attention des dirigeants sur la
nécessité de « relever les défis
suscités par la montée en puissance de nouveaux donateurs en
Afrique, tels que la Chine... »
Dans ces différents affrontements, l'Afrique risque
d'être la victime, comme elle l'a toujours été, d'où
le besoin pour elle de savoir se mouvoir dans la nouvelle configuration
géopolitique, pour que son `'idylle'' avec les nouveaux pays
émergents ne tourne pas au cauchemar.
B- La nécessité pour l'Afrique
d'envisager une coopération beaucoup plus élaborée
avec les autres pays émergents
Le développement des relations sino-africaines ne doit
pas faire oublier les multiples opportunités et avantages qu'offrent les
autres pays émergents tels que l'Inde, le Mexique, le Brésil,
l'Argentine etc. Par leur croissance économique, ces pays se sont
hissé à la cour des `'grands''. Avec eux, l'Afrique peut
aussi construire des partenariats productifs.
Ces pays, en effet, n'ont pas de passé colonial en
Afrique et n'affichent, du moins pour l'heure, que des ambitions purement
commerciales. Leur croissance économique et industrielle de ces
dernières années fait d'eux des pays respectables sur la
scène internationale.
L'Afrique se doit d'explorer toutes les pistes qui peuvent lui
apporter des capitaux (investissements), de la technologie et les nouveaux pays
émergents peuvent les lui assurer, à condition qu'elle
définisse clairement une stratégie à leur égard.
Outre les Investissements Directs Etrangers (IDE) que ces
pays peuvent lui apporter, le commerce avec eux peut profiter à
l'Afrique et contribuer ainsi à la diversification de ses partenaires
commerciaux.
A titre d'exemple, les indiens sont présents en Afrique
dans le domaine des télécommunications et des nouvelles
technologies de l'information et de la communication.
CONCLUSION
Au moment où les puissances occidentales semblent
délaisser le continent africain ou n'y ont maintenu qu'un seuil de
présence minimale, la Chine a fait montre de sa capacité à
assumer son nouveau rôle de puissance émergente. Faisant preuve
d'un dynamisme impressionnant, elle a mis en oeuvre une stratégie
globale pour trouver de nouvelles frontières à ses populations et
à son économie.
Acteur à part entière de la mondialisation,
Pékin a compris le bénéfice qu'il pouvait tirer de
l'Afrique en usant d'une des armes les plus redoutables de l'après
guerre froide : la puissance économique. Elle n'hésite pas
à lui faire assidûment la cour, en rappelant constamment leur
passé commun d'entités dominées par l'extérieur et
leur solidarité historique dans un tiers-mondisme militant
caractérisé par un soutien réciproque dans les luttes
contre l'oppression. Seulement, si elles étaient toutes deux sous
développées hier, aujourd'hui, la Chine elle autre a fait du
chemin, faisant de son économie l'une des plus dynamiques de l'heure.
Cette puissance à l'oeuvre à travers tout le
continent n'a pas encore dévoilé toutes ses intentions.
Cependant, elle a le mérite d'avoir replacé l'Afrique et ses
matières premières au coeur des grands enjeux
géopolitiques actuels qui s'articulent autour de la sécurisation
durable de l'accès aux matières premières.
L'Afrique devrait se mettre en ordre de bataille pour
présenter une stratégie d'ensemble au partenaire chinois. C'est
par la force de ses propositions politiques, économiques, sociales et
sécuritaires qu'elle sera à même de jauger de
l'utilité du partenariat `'gagnant-gagnant'' proposé par la
Chine.
Après l'échec de plusieurs
décennies de coopération avec l'Occident, le partenariat
sino-africain est peut être pour l'Afrique une occasion historique
d'évaluer et de décider de la nouvelle orientation de ses
relations avec les partenaires extérieurs au développement. Dans
cette perspective, l'un des viatiques les plus sûrs pourrait sans doute
venir de son nouveau contact avec l'Empire du Milieu qui, après
plusieurs siècles d'occupation coloniale, semble avoir
définitivement tourné le dos à l'idéologie qui a
toujours nourri sa politique extérieure au profit du réalisme et
du pragmatisme qui sont les nouveaux paradigmes de la diplomatie chinoise
à l'échelle mondiale.
Dans tous les cas, au delà des questions qu'elle
continue de soulever, la coopération sino-africaine interpelle l'Afrique
sur sa capacité à prendre en charge son destin et à
considérer l'aide extérieure, d'où qu'elle vienne, comme
un appoint et non le principal pivot de son développement. Edem Kodjo,
homme d'Etat togolais, ne pensait pas mieux dire lorsqu'il écrivait
dès le milieu des années 80 qu' « il nous faut
donc, dans le cadre de la politique économique mondiale, nous convaincre
que notre continent possède des atouts et que nous sommes les seuls
à pouvoir créer (avec ou sans aide extérieure) notre
propre richesse par un développement conçu en fonction de nos
besoins 118(*)».
L'exemple chinois rappelle simplement, à un moment
où l'espoir tend de plus en plus à devenir une denrée rare
sur le continent, que le développement est une affaire de
volonté qui se fait d'abord à domicile. Comme le note froidement
Lu Guozen, Directeur Afrique au Ministère Chinois des Affaires
Etrangères, « le développement de l'Afrique ne pourra
être que le fait des efforts des Africains eux-mêmes119(*) ».
Par delà les grands défis que l'Afrique se doit
de relever au plan interne, il lui faut faire face aux confrontations des
grandes puissances jalouses des performances de l'Empire du Milieu dans ses
pays. D'un point de vue purement politique, l'avenir des relations
sino-africaines dépend en partie de la façon dont l'Afrique va
gérer ces affrontements des grandes puissances. Sera-t-elle à
même de relever ce double défi de mutation interne et d'adaptation
à la nouvelle donne internationale ? L'avenir nous édifiera
sans doute sur ce point.
ANNEXES
ANNEXE N°1 : TABLEAU DES PRINCIPAUX
PARTENAIRES COMMERCIAUX DE L'AFRIQUE
ANNEXE N°2 : LES PRINCIPALES IMPORTATIONS
CHINOISES EN PROVENANCE D'AFRIQUE
ANNEXE N°3 : LES PRINCIPALES EXPORTATIONS
CHINOISES A DESTINATION DE L'AFRIQUE
ANNEXE N°4 : POSITION DE LA CHINE DANS LE
COMMERCE EXTERIEUR DES PAYS AFRICAINS
ANNEXE N°5 : TABLEAU DU COMMERCE DE LA CHINE
AVEC LES SOUS-REGIONS AFRICAINES
BIBLIOGRAPHIE
I- OUVRAGES
A- OUVRAGES GENERAUX :
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2005.
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12ème Ed., Paris, 2001, Tome 2.
-GLASER (Antoine) et SMITH (Stephen), Comment la France a
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-Figaro, 12 janvier 2006.
-Géopolitique africaine, n° 14, Paris,
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-Jeune Afrique l'Intelligent, n° 2437 du 23 au 29
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-Le Monde diplomatique, Mai 2005.
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IV- AUTRES DOCUMENTS
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l'ouverture du sommet Chine-Afrique tenu à Beijing du 3 au 5 novembre
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- Livre blanc du gouvernement chinois : La voie de
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- Sommet de Beijing sur la coopération
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Pékin, 2006, Volume I, II et III.
V- SITES INTERNET
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www.uspolicy.be
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www.afrology.com/eco/amazoi_chinafric.htlm
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www.atlas.com
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www.stats.gav.cn
-
www.cefc.com
* 1 Discours de bienvenue du
Président Hu Jintao à l'ouverture du sommet Chine-Afrique tenu
à Beijing du 3 au 5 novembre 2006. Voir : Sommet de Beijing du
forum sur la coopération sino-africaine, documents et discours,
Vol. I, Editions des affaires mondiales, 2006, p. 42.
* 2 Surtout depuis que Deng
Xiaoping a entrepris de profondes réformes à partir de 1978.
* 3 Allocution de S.E.M Jiang
Zemin, Président de la République Populaire de Chine à la
cérémonie d'ouverture du forum sur la coopération
sino-africaine à Beijing, le 10 octobre 2000.
* 4 La Chine a pendant
longtemps soutenu les mouvements de libération nationale.
* 5 Source :
INED, BP : Banque Mondiale, données 2005.
* 6 Idem.
* 7 Patrck Sandouly,
« Entre deux mondes », Jeune Afrique
l'Intelligent, n° 2392, du 12 au 18 novembre 2006, p. 65.
* 8 Entre 1405 et 1433, soit
80 ans avant les voyages de Christoph Colomb. Cependant, des études
récentes indiquent qu'il y avait eu des contacts entre les peuples
chinois et ceux d'Afrique avant cette période. On a trouvé des
noms de villes africaines (Alexandire, Ethiopie) dans les récits de
voyages de navigateurs Chinois. De même, les fouilles
archéologiques effectuées en 1993 ont permis de découvrir
des pièces de la monnaie utilisée en Chine à
l'époque de la Dynastie des Tang (618-709) et des morceaux de
porcelaines chinoises dans les ruines en Egypte, en Somalie, au Maroc, au
Comores et à Madagascar. Il s'agissait des relations non officielles,
essentiellement commerciales.
* 9 Cheng Ho selon certains
ouvrages.
* 10 Adama Gaye,
Chine-Afrique : le dragon et l'autruche, Paris, Edition
Harmattan, 2007, p. 58.
* 11 JEANNENEY, Pour une
Nouvelle coopération, I.E.D.E.S. Col. Tiers-monde, Ed. PUF, p. 24.
(Monsieur JEANNENEY a été Ministre français de l'Industrie
et du Commerce de 1959 à 1962.
* 12 POTIER R., in
ESPRIT, Revue mensuelle fondée en 1932 par E. MOUNIER.
* 13 Adama Gaye,
Chine-Afrique : le dragon et l'autruche, Op. cit, p. 267.
* 14 Adama Gaye,
Chine-Afrique : le dragon et l'autruche, op.cit. p. 13.
* 15 Discours du
Président Hu Jintao à la cérémonie
d'ouverture du forum de coopération sino-africain, le 4
novembre 2006.
* 16 Allocution de S.E.M.
Jiang Zemin, Président de la RPC à la cérémonie
d'ouverture du forum sur la coopération sino-africaine, Beijing, le 10
octobre 2000.
* 17 Comparativement
à la Shoah ou au génocide arménien par exemple dont les
médias et les hommes politiques font des choux gras.
* 18 Adama Gaye,
Chine-Afrique : le dragon et l'autruche, op.cit,
p.52.
* 19 Ibid, p.61.
* 20 La guerre de Corée
a duré de 1950-1953.
* 21 Lin Piao cité
par Adama Gaye dans Chine-Afrique ; Le dragon et l'autruche, op.
cit, p. 62 et 63.
* 22 Il ne faut pas
confondre ce différend avec l'antagonisme qui a opposé le Japon
à la Chine jusqu'en1945. En effet, suite à une guerre qui les
avait opposé au 19ème siècle, la Chine,
après sa défaite, a renoncé à l'Ile de Formose au
profit du Japon par le Traité de Shimonoseki. Ce n'est que plus tard,
après la guerre de l'Opium que la Chine a retrouvé sa
souveraineté sur l'Ile.
* 23 www.atlas.com,
consulté le 21 février 2008.
* 24 Il faut signaler que
ces principes ont été exprimés pour la première
fois par Chou En-lai, alors Premier Ministre de la RPC, lorsqu'il recevait une
délégation indienne. Il les a réitérés deux
ans plus tard à la conférence de Bandoeng.
* 25 Allocution
prononcée à la cérémonie d'ouverture du forum sur
la coopération sino-africaine à Beijing, le 10 Octobre 2000.
* 26 La non ingérence
et l'absence de conditionnalité de l'aide chinoise sont souvent
décriées par la communauté internationale et surtout par
les pays occidentaux, comme une prime ou un encouragement de la mal
gouvernance en Afrique. Cependant, il est permis de se demander si
la `'démocratisation à pas forcé'' et l'imposition
d'un modèle stéréotypé de gouvernance occidentale
à l'Afrique, n'est pas pour quelque chose dans la déstructuration
des sociétés africaines. Les conditionnalités de l'aide
publique au développement (APD) occidentale ne sont-elles pas un moyen
pour l'Europe d'avoir à sa merci les dirigeants des pays
africains ?
* 27 Voir l'article
1er § 2 de Charte de l'ONU.
* 28 Allocution du
Président Jiang Zemin, Op. Cit.
* 29 Le premier à
lieu du 10 au 12 Octobre 2000, le second du 25 au 26 novembre 2003 et le
dernier s'est tenu du 4 au 5 novembre 2006.
* 30 Jeune Afrique
l'Intelligent n° 2392 du 12 au 18 novembre 2006, p. 47.
* 31 Voir
annexe n° 4: tableaux des principaux partenaires de la Chine en
Afrique.
* 32 Premier Ministre de la
RPC de 1978 à 1996.
* 33 Ces reformes se
caractérisent par l'ouverture (Kaifan) et la modernisation (sien dai
hua).
* 34
www.stats.gov.cn
* 35 Rapport de l'Agence
Internationale pour l'Energie, China's Worldwide Quest for Energy
Security, 2000.
* 36 De 1991 à 2004,
la production pétrolière de l'Indonésie a diminué
d'un tiers.
* 37 Le GUUAM est l'acronyme
en Anglais de Georgie, Ouzbékistan, Ukraine, Azerbaïdjan et la
Moldavie. Pour en savoir plus, lire Jean François
Lafargue, « La Chine, une puissance africaine »,
Perspectives chinoises, n° 90, juillet août 2005, p.2.
* 38 Chung-Lian Jian
« Les relations de la Chine avec l'Afrique : fondement,
réalités et perspectives », in Monde Chinois
n°8, Eté/Automne 2006, p.7.
* 39 Selon les estimations
contradictoires, ils ne représentent que 2 à 4 % des
réserves mondiales. Pour la Chine, l'Afrique lui permet donc de
réduire sa dépendance énergétique. L'Afrique
représente aujourd'hui 25% de son approvisionnement pétrolier
(voir annexe n°2 : Les principales importation en provenance de la
Chine).
* 40 Voir en annexe n°2
le tableau des principales importations chinoises en provenance d'Afrique.
* 41 Voir en annexe
n°3 le tableau des principales exportations chinoises à destination
de l'Afrique.
* 42 Le prix d'une moto
Yamaha (marque japonaise) est à près 1.500.000 FCFA alors que le
même modèle, de marque chinoise (Léopard, Sanya, Zhongfu,
etc.) est à 250.000 FCFA.
* 43 La main d'oeuvre bon
marché est leurs principaux atouts.
* 44 Jeune Afrique
l'Intelligent, op.Cit., P 47.
* 45 C'est en Afrique que la
RPC trouve un marché pour ses avions
« entraînement » K8, fournis à la Namibie, au
Soudan et au Zimbabwe. La Chine a également vendu ses
hélicoptères au Mali, à l'Angola et au Ghana, de
l'artillerie légère, des véhicules blindés, des
camions militaires et des uniformes à bon nombre de pays africains.
* 46 Marwane Ben Yamed,
« Mirage ou miracle », Jeune Afrique
l'Intelligent, n°2392, Op. cit.p.42
* 47 Non seulement elle mais
aussi l'Inde, le Brésil, bref, tous les pays émergents.
* 48 Lu Shaye, Ambassadeur
de Chine au Sénégal, « La Chine, une opportunité
et non une menace pour l'Afrique »,
www.gabrielperi.fr
* 49 Henri Kissinger, La
Nouvelle Puissance américaine, Ed. Nouveaux Horizons, Paris, 2003,
p. 223.
* 50 Antoine Glaser et
Stephen Smith, Comment la France a perdu l'Afrique, Ed. Hachette
Littérature, col. Pluriel, Paris, 2006, p. 103.
* 51 Jeune Afrique
l'Intelligent n° 2437, du 23 au 29 septembre 2007, p. 40.
* 52 Au Kenya, la Chine a
décroché six permis d'exploration offshore en échange
d'une aide de 70 millions de Yuans (8,7 millions de dollars).
* 53 Par exemple, le
Sénégal qui a reconnu Taiwan en 1995, a rompu ses relations
diplomatiques avec lui en 2005 pour se tourner vers Pékin.
* 54 Rien que pour
l'année 2007, la Chine a formé 5000 Africains toutes
nationalités et toutes catégories confondues à travers 148
stages de formation.
* 55 Il faut noter que les
techniques chinoises en matière de génie civil ont
été énormément améliorées.
Aujourd'hui, les entreprises chinoises de BTP offrent quasiment les mêmes
performances que leurs concurrentes occidentales.
* 56 Il en est de même
des stades et autres complexes sportifs qui chaque fois qu'ils accueillent des
compétitions, rappèlent à la mémoire populaire
l'amitié avec la Chine.
* 57 En prônant
« le tout libéral » et une réduction
drastique du rôle de l'Etat, ils ont enfoncé les économies
africaines déjà fragiles. La privatisation des
sociétés d'Etat en Afrique n'a profité dans la
majorité des cas, qu »aux investisseurs étrangers,
étant attendu qu'en Afrique, l'épargne privée est
pratiquement inexistante ; or, sans épargne, il ne saurait y avoir
d'investissement. Le désengagement de l'Etat a également eu pour
conséquence la déstructuration et l'obsolescence des
systèmes éducatifs et sanitaires, autant de facteurs qui ont mis
plus que jamais à genou les Etats d'Afrique.
* 58 L'expression est de
Valery Niquet, in «la stratégie africaine de la Chine »,
Politique Etrangère, Février 2006.
* 59 Le Grand Bond en avant
(1958-1962) et la quinzaine d'années qui l'ont suivi ont
entraîné la Chine dans des expériences absurdes,
catastrophiques, aux conséquences incalculables. La famine a tué
plusieurs millions d'hommes, de femmes et d'enfants.
* 60 Voir:
« L'Afrique et l'Europe dans la nouvelle géopolitique
mondiale » :
www.gabrielperi.org .
* 61 Jean-Baptiste Duroselle
et André Kapsie, Histoire des Relations Internationales de 1945
à nos jours, Armand Colin, 12ème Ed. 2002, Tome
2, p. 446.
* 62 En témoignent
les multiples pérégrinations d'hommes politiques français
en Chine suites aux événements qui ont émaillé le
parcours de la flamme olympique en France et la réserve de Nicolas
Sarkozy quant à la question des droits de l'homme en Chine.
* 63 Robert Mugabe
cité par Adama Gaye, l'Afrique et l'Europe dans la nouvelle
géopolitique mondiale,
www.gabrielperi.org.
* 64 C'est le titre d'un
article de Ben Yahmed dans Jeune Afrique l'Intelligent n°2392, p.
45.
* 65Lu Shaye, Ambassadeur de
Chine au Sénégal, in « L'Afrique et l'Europe dans la
nouvelle géopolitique mondiale : la Chine, une opportunité
et non une menace »,
www.gabrielperi.fr,
consulté le 2 juin 2008.
* 66 La Chine y gagne
beaucoup, on ne peut le nier mais l'Afrique y trouve aussi son compte.
* 67He Wenping est chercheur
et Directeur du Département des Etudes africaines à
l'académie chinoise des Sciences Sociales.
* 68 Déclaration
faite lors du 18ème forum économique mondial sur
l'Afrique tenu en juin 2008 au Cap en Afrique du Sud. (Consulté au
Ministère des Affaires Etrangères et de l'Intégration
Régionale).
* 69 Chinafrique, vol.2.
n°5, mai 2007, p.3.
* 70 François
Lafargue, in « La Chine, une puissance africaine »,
Perspectives chinoises, n°90, juillet-Août 2005, p.2,
également disponible sur le site Web du Centre d'Etude Français
sur la Chine Contemporaine (CEFC) :
www.cefc.com, consulté le 12
octobre 2007.
* 71 Chinafrique,
mai 2007, vol. 2. N° 5, p. 3.
* 72En 2007, avec 9
milliards de dollars injectés, la Chine a détrôné la
BM comme principale source d'investissement en Afrique. Voir Adama Gaye, in
« L'Afrique et l'Europe dans la nouvelle géopolitique
mondiale : la nouvelle donne chinoise en Afrique » :
www.gabrielperi.fr,
consulté le 2 juin 2008.
* 73 Il faut dire que, dans
beaucoup de pays où la stabilité n'est pas garantie, la Chine
accepte le risque d'y investir, ce que n'osent pas les compagnies occidentales.
Elle procède également par le rachat de sociétés en
difficulté.
* 74 L'expression est
utilisée par le Président Hu Jintao dans un discours qu'il a
prononcé lors du 45e anniversaire de la conférence de
Bandoeng, à Jakarta en 2005 : Voir : www.afology.com,
consulté le 12/09/2007.
* 75 UE par exemple.
* 76 906 millions
d'habitants selon les données 2006 de la Banque Mondiale.
* 77 30.333 Km².
* 78 Voir Lu Shaye
« La Chine, une opportunité et non une menace »,
www.gabrielperi.fr,
consulté le 2 juin 2008.
* 79 Ekoué Amaizo, in
« Pour une nouvelle coopération Afrique Chine : des
erreurs à ne plus reproduire »,
www.afology.com, consulté le
12 septembre 2007.
* 80 Les chinois sont dans
tous les domaines : des télécommunications à
l'industrie lourde, sans oublier le commerce, le génie civil, etc.
* 81 L'Afrique du Sud,
premier partenaire commercial de la Chine sur le continent et qui capitalise
à elle seule 20% du volume des échanges entre la Chine et
l'Afrique se plaint fréquemment. Au Togo, les très
réputées femmes d'affaires, les nanas Benz ont du réagir
énergiquement pour obtenir de l'Etat la protection du commerce des
pagnes.
* 82 Il y a lieu toutefois
de nuancer la critique car combien d'industries africaines compte t- on ?
Peu. En fait, puisque les africains ne produisent que peu, les produits seront
de toute façon importés d'Europe ou des USA si bien qu'en
réalité, la concurrence est, plus faite aux compagnies
occidentales qu'aux industries des pays africains.
* 83 Relativement à
l'existence d'une unité culturelle de l'Afrique, voir Cheikh Anta Diop,
L'unité culturelle de l'Afrique noire, Paris, Présence
africaine, 1982.
* 84 Axelle Kabou, Et si
l'Afrique refusait le développement ? Paris, Ed. Harmattan,
1994, p.178
* 85 Quoi de plus normal que
de se conformer strictement à des règles adoptées par la
communauté internationale !
* 86 Mr. Michael Ranneberger
est le sous- secrétaire d'Etat américain adjoint des affaires
africaines.
* 87 Voir : Jim
Fisher-Thompson, « La Chine ne constitue pas une menace pour les
Etats Unies », http //:
www.uspolicy.be , consulté
en juillet 2006.
* 88 C'est le cas de l'UE,
de l'ASEAN, de l'ALENA, etc.
* 89 Ekoué Amaizo,
Pour une nouvelle coopération Afrique Chine : des erreurs à
ne plus reproduire, op.cit.
* 90 Adama Gaye, Jeune
Afrique l'Intelligent, n°2392, op.cit. p. 49.
* 91 Révolutions
militaire, politique, culturelle et agricole notamment.
* 92 Tour à tour, le
Dr. Sun Yat-Sen , Mao, Deng Xiaoping, Jiang Zémin, Hu Jintao et ses
collègues du bureau politique où ne siègent plus que des
technocrates de haut niveau, ont tous apporté leur touche
particulière à l'édification d'une économie
dynamique.
* 93 Axelle Kabou, Et si
l'Afrique refusait le développement ? Op. cit, p.185.
* 94 Hybride, le projet de
Deng Xiaoping se caractérise au plan doctrinal par un communisme lucide
mâtiné d'une sauce capitaliste.
* 95 Le schéma de
Deng peut se résumer en quelques points à savoir :
- analyser calmement les évolutions contemporaines,
- renforcer les positions du pays,
- gérer en toute confiance les changements,
- masquer les capacités nationales (cacher les talents
et attendre le bon moment)
- garder un profil (être modeste et prudent, pour ne pas
attirer le regard)
- ne jamais se poser en leader.
* 96 La Chine n'est devenue
membre de l'Organisation Mondiale du Commerce qu'en 2002.
* 97 Elle a commencé
par créer une zone franche pour mettre sa main d'oeuvre bon
marché à la disposition des entreprises étrangères,
tout en les empêchant d'écouler leurs produits sur le
marché local.
* 98 Qui est la plus vieille
car elle cumule près de 4000 ans d'existence.
* 99Mélès
Zenaoui, cité par AFRIQUE RENOUVEAU, vol.2, de janvier 2007. p.
3.
* 100 Axelle Kabou, Et si
l'Afrique refusait le développement, op.cit. p. 25.
* 101 Voir le document
intitulé Sommet de Beijing du forum sur la coopération
sino-africaine : documents et discours, Ed. des Affaires mondiales,
Pékin 2006, Volume III, p. 79-116.
* 102 Voir point 3.7 de la
Déclaration de Beijing du Forum sur la coopération
sino-africaine
* 103 Il faut citer entre
autres, les conférences ministérielles, les réunions des
hauts fonctionnaires, les commissions mixtes paritaires, etc.
* 104 Par exemple
SABMILLER, une société sud-africaine qui a acheté la
Resource Snow Breweries Ltd est le plus grand vendeur de bière en Chine,
avec 15% du marché ; la Bateman Engineered Technologies qui
s'occupe d'équipements spécialisés pour minéraux,
ciment, charbon, fer et acier ainsi que de la machinerie industrielle lourde.
Voir CHINAFRIQUE, n° 5, Vol.2, mai 2007, pp. 6 et 7.
* 105 La Jiangsu Shinco
electronics group a commencé par fabriquer depuis 2007 des climatiseurs
au Nigeria.
* 106 Ce plan a
été adopté lors du 2ème sommet du forum
sur la coopération sino- africaine, des 15 et 16 décembre
2003.
* 107 Alors que les
conditions naturelles y sont très favorables à l'agriculture.
* 108 Voir le plan d'action
de Beijing, point 3. 1. 3.
* 109 Comment comprendre
que la France combatte le régime de Laurent Gbagbo en Côte
d'Ivoire pour déficit démocratique tout en soutenant celui
d'Idris Deby qui n'est pas moins sanguinaire que son voisin du Soudan ;
comment expliquer que la communauté internationale qui exige des
élections libres et transparentes qui reflètent la
volonté du peuple palestinien, puisse s'insurger contre le Hamas que les
palestiniens ont choisi souverainement et de façon
démocratique ? La réponse est toute simple : on brandit
facilement les cas de déviation des régimes qui ne sont pas
dociles à l'égard des grandes puissances, on les diabolise et ont
félicite les moindres avancées de ceux qui acceptent de faire les
desiderata des puissances intéressées.
* 110 Le système
politique chinois n'est ni entièrement du communisme à la soviet,
ni du libéralisme.
* 111 Futurs africains,
Afrique 2025 ; quels futurs possibles pour l'Afrique au Sud du
Sahara ? Karthala, Paris, 2003, p. 75. `'La natte des autres'' est
par ailleurs le titre d'un ouvrage de l'historien Joseph Ki-Zerbo, Codesria,
Dakar, 1992.
* 112 Il suffit pour s'en
convaincre de lire la Charte Africaine des droits de l'homme et des Peuples et
les diverses prises de position des pays africains aux Nations Unies,
relativement à la question des droits de l'homme.
* 113 Selon la formule des
quatre non du Président HU Jintao : non à
l'hégémonisme, non à la politique de la force, non
à une politique des blocs, non à la course aux armements.
* 114 Voir : Jean Paul
Tédga, « Chine-Afrique : Pourquoi le camarade Hu Jintao
inquiète tant l'Occident », AfriquEducation,
n°249-250 du 1er au 30 avril 2008, p. 25 à 27.
* 115 Qui est en Europe, de
loin, le pays qui a le plus d'influence en Afrique grâce à un
vaste empire colonial.
* 116 Publié en
janvier 2006 par le cabinet BD-Consultants.
* 117 C'est l'exemple du
Gabon et de la RDC où les compagnies françaises Elf et Total sont
dangereusement concurrencées par leurs homologues chinoises.
* 118 Edem Kodjo, Et
demain l'Afrique, Paris, Stock, 1986, 120.
* 119 Lu Guozen,
cité par Adama Gaye, Chine-Afrique : le dragon et
l'autruche, Op. cit, p. 277.