4. Conseils aux clubs de basket-ball amateur
L'étude des obstacles se dressant sur la route des
clubs amateurs de basket-ball fut l'occasion de répondre à
plusieurs questions liées à la problématique de
départ. Une étude qui nous amenait à confirmer ou à
invalider certaines thèses.
En premier lieu, nous avons pu voir ce qui pousse les
organisations sportives à se professionnaliser. Des raisons externes
liées à la professionnalisation des institutions, liées
à la volonté des collectivités territoriales de pallier
à une diminution des emplois productifs en développant des types
d'emplois pouvant satisfaire les organisations sportives dans leur
volonté d'offrir un encadrement technique compétent à
leurs licenciés. Dans ce cas, la professionnalisation peut donc
être subit par les organisations sportives. Dans la plupart des cas ce
processus est une volonté d'aller dans le sens de l'augmentation
des performances et surtout une conséquence de la forte concurrence
à laquelle est astreint le haut niveau. Pour se différencier de
leurs concurrents, les organisations cherchent à tendre vers plus de
performance et ceci à tous les niveaux de leur club (économique,
sportif et organisationnel).
Ensuite, les recherches ont pu permettre d'identifier la
spécificité de chaque sport face à sa
professionnalisation. Ainsi, les univers économiques du football, du
rugby, du basket, du volley et du handball offrent trop de
caractéristiques différentes liées à leur recette,
leur nombre de licenciés et leur médiatisation ainsi que les
différents niveaux de professionnalisation de leur institution. Cette
thèse permet donc d'annuler l'idée d'un concept idéal qui
serait appliquable à toutes les organisations sportives. Car le concept
doit s'adapter aux caractéristiques environnementales comme
l'enracinement local aux vertus amateurs, les liens avec le tissu
économique local, la catégorie socioprofessionnelle de ses
dirigeants et tout un environnement qui est propre à chaque association,
chaque ville et chaque région de France. Il n'existe donc pas de concept
qui puisse être copié de manière intégrale d'un club
à un autre. Nous devons toujours nous adapter aux
spécificités de chacun. On ne professionnalise donc pas un club
en province comme on peut le faire en Ile de France. Les obstacles sont les
mêmes mais se présentent de différentes manières,
dans des dosages différents.
La question initiale offre donc une réponse variable selon
l'environnement de l'association concernée. Dans tous les cas nous
pouvons conclure que si la professionnalisation d'un club se faisait
naturellement, chaque club ambitieux deviendrait automatiquement un club
doté de structure sportive, organisationnelle et économique digne
du très haut niveau. Les dirigeants et les techniciens qui sont à
la recherche de la performance, sur tous les plans, se heurtent à de
multiples obstacles. En premier lieu, ils vont se heurter à l'histoire
du sport français et à ceux qui ne voient dans la recherche de la
performance que le rôle joué par l'argent. Ceux qui se veulent
défenseurs du sport « pur », ils vont se confronter
aussi aux bénévoles, aux dirigeants traditionnels qui profitent
de leur position sociale pour dominer le sport amateur. Ils vont donc se
heurter à ceux qui recherchent leurs avantages avant de rechercher
l'avantage commun, l'avantage de l'association. Le mouvement sportif ne peut
subir cette métamorphose sans vouloir lutter contre ce mouvement. Il
s'agit parfois simplement de lutter contre « une professionnalisation
sauvage », celle qui n'aurait pas été
désirée et qui découlerait seulement d'une volonté
institutionnelle mais il s'agit en fait surtout de lutter pour le maintien du
pouvoir. Un pouvoir dans les mains des dirigeants pour les clubs amateurs, dans
les mains des joueurs lorsque l'amateurisme devient
« marron ».
Ces obstacles là seront accompagnés de ceux
inhérents à leur professionnalisation. La professionnalisation
sportive et organisationnelle, nous l'avons vu, passe par la salarisation des
cadres techniques et une spécialisation des tâches
administratives. Cette salarisation passe forcément par un
développement du budget. Un développement du budget qui sera le
principal obstacle à la professionnalisation étant donné
les spécificités des recettes des associations de basket. Le cas
spécifique des clubs franciliens donne un aspect encore plus particulier
à ces obstacles. Privés de recettes guichets, à la merci
d'un changement de cap politique et devant faire face à un
bénévolat moins nombreux qu'en province, les clubs
d'Ile-de-France, doivent se rattacher à un sponsorisme peu enclin
à leur réserver leurs faveurs.
Il y aura donc à travers la salarisation des clubs et
la sélection du bénévolat (par rapport à des
critères de qualité) un reniement des valeurs amateurs et du
bénévolat. La professionnalisation est à l'opposé
de ces valeurs puisque la performance devient l'essence de la pratique. Le but
n'est donc plus de (se) faire plaisir, de pratiquer un loisir mais bel et bien
d'amener tous les éléments du club à aller dans le sens du
progrès technique et de la rationalisation. La rentrée de
l'argent dans la sphère amateur, le reniement des valeurs amateurs,
l'ambiguïté autour du bénévolat sont des obstacles et
des conséquences de la professionnalisation. Le tournant pris par
l'association devra s'accompagner automatiquement d'un budget permettant au
club de pouvoir s'entourer de cadres compétents et qualifiés. On
a pu le voir tout au long de ces pages, les obstacles à la
professionnalisation sont nombreux et cette dernière n'est pas ouverte
à toutes les associations sportives.
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