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Quels sont les obstacles à la professionnalisation d'un club de basket-ball amateur ?

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par Nicolas MATHIEU
Université Paris XII - Licence STAPS Management du Sport 2008
  

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3.1.2. La fin du bénévolat

Il suffit de faire un tour parmi les clubs amateurs, tous sports confondus pour que vous puissiez entendre les responsables des clubs répéter « les bénévoles sont aujourd'hui une espèce menacée », « c'est la crise du bénévolat », ou encore çi et là, les stigmates d'un « individualisme » supposé en plein essor dans notre société moderne. Sans vraiment pouvoir m'appuyer sur quelque chose d'autre qu'une impression, mon club participait à cet état général visant à placer les bénévoles dans les rangs des « espèces en voie de disparition ». Les années passant, il devient effectivement de plus en plus difficile de trouver des personnes capables de rendre service sans demander une contrepartie financière. Pourtant, Gildas LOIRAND54(*), par ses recherches, montre que les impressions générales sont erronées. Ou plutôt que si crise du bénévolat il y a, son origine ne saurait être trouvée dans l'avancée prétendue des valeurs individualistes mais plutôt dans une ambiguïté. « Une ambiguïté née de deux courants contraires que sont l'institution sportive qui a un nécessaire besoin du bénévolat et de l'autre un développement du sport qui tend de plus en plus à exiger des agents qui l'encadrent des compétences techniques spécialisées. Cette situation entraîne l'exclusion ou l'auto-exclusion progressive des « formes les plus désintéressées d'encadrement bénévole au profit de formes nettement plus intéressées. »

Il ne faudrait donc pas croire que l'on manquerait subitement de bénévoles mais plutôt que la recherche de critères de performance pousserait les clubs à rechercher d'abord quelqu'un de qualifié plutôt que quelqu'un de volontaire. Poussé aussi par les institutions, ce mouvement de fond envoie de facto les organisations sportives vers la professionnalisation de son encadrement technique.

D'où viendrait alors la propension des dirigeants à vouloir confirmer ces thèses d'un individualisme en hausse. Les dirigeants par ce biais, cherchent finalement à culpabiliser les parents, tuteurs et encadrants gravitant autour de l'organisation afin de pallier l'absence de volontaires. En effet, lors des déplacements des jeunes joueurs il est de plus en plus difficile de trouver des parents susceptibles de les accompagner. Il faut parfois légèrement culpabiliser les parents en annonçant que le match devra être annulé et que son enfant ne pourra malheureusement pas se faire « plaisir ». Ceci dans le but de responsabiliser les parents quant à leur devoir vis-à-vis de leur enfant. Une expérience confirmée par Gildas LOIRAND55(*). « La stratégie de la crise grave du bénévolat serait en fait une stratégie de culpabilisation, de sorte qu'en l'absence de bonnes volontés spontanées, le premier pratiquant à se sentir «coupable» de ne pas donner son temps fait généralement un bénévole tout à fait convenable.»

D'ailleurs le manque de bénévoles ne touche pour ainsi dire jamais l'ensemble des pratiquants d'un même club. Ce manque se situe sur les équipes les plus faibles au niveau sportif. Au sein de Le Mée, ce sont les Cadets 2 et les Minimes 2 qui souffrent de ce manque de bénévoles. Il y a donc un lien, aussi, entre le niveau sportif et la volonté d'encadrement des bénévoles. Gildas LOIRAND va dans ce sens : « Les équipes premières et les pratiquants les plus doués, ceux qui pratiquent du sport-compétition ne rencontrent pas de problème d'encadrement bénévole.»56(*)

Le mouvement sportif recense 1.000.000 de bénévoles contre 370.000 « éducateurs sportifs »57(*). Un chiffre qui leur permet d'asseoir un peu plus leur position de pouvoir (président, vice-président et trésorier) dans les clubs amateurs. De plus, les élus des institutions accèdent aux positions d'autorité par élection. Des élections par scrutins auxquels seuls participent les grands électeurs désignés des clubs. Des électeurs qui, de fait, sont toujours eux-mêmes des bénévoles.

Des élus qui seraient donc tentés de vouloir enrayer la professionnalisation des organisations sportives et des institutions afin de ne pas modifier les rapports de pouvoir existant au sein des organisations. Pascal CHANTELAT58(*) le confirme : « la généralisation d'un professionnalisme sportif ne peut que contribuer à l'invalidation des élus bénévoles qui tiennent leurs positions de pouvoir sur le sport non pas tant en raison d'une compétence technique à les occuper, mais bien plutôt en raison d'un statut social extérieur au sport associé à une ostentation de bonne volonté et de désintéressement. » Ce qui valide l'idée que les dirigeants en place seraient tentés de lutter contre le professionnalisme par peur de perdre leur position de pouvoir. Il y aurait donc, par la volonté de plaire au bénévole, une lutte de pouvoir qui occulterait le désir commun de l'organisation qui tend vers la performance.

* 54 LOIRAND Gildas, Le bénévolat sportif : les ambiguïtés d'un engagement, Paris, L'Harmattan, 2000.

* 55 Ibidem

* 56 LOIRAND Gildas, Le bénévolat sportif : les ambiguïtés d'un engagement, Paris, L'Harmattan, 2000.

* 57 INSEE, Ile-de-France à la page : Les franciliens sont aussi sportifs que les provinciaux et fréquentent davantage les équipements culturels, Ile-de-France, INSEE, 2004.

* 58 CHANTELAT Pascal, Les stratégies identitaires des dirigeants d'associations sportives : apports et limites d'un concept, Paris, L'Harmattan, 2001.

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