Quels sont les obstacles à la professionnalisation d'un club de basket-ball amateur ?( Télécharger le fichier original )par Nicolas MATHIEU Université Paris XII - Licence STAPS Management du Sport 2008 |
2.4.4. La dimension institutionnelle de la professionnalisationC'est la quatrième dimension de la professionnalisation et elle est la seule qui ne dépend pas des actions des dirigeants des clubs mais dépend des dirigeants des fédérations de sa corporation. Dans notre cas, cette dimension sera donc le champ d'action de la F.F.B.B. C'est l'occasion de prouver qu'indépendamment de la volonté des différents acteurs locaux, la professionnalisation ne peut se faire sans une volonté de ses institutions. Pascal CHANTELAT46(*) en parle en ces termes : « Cette dimension renvoie au processus de structuration et de légitimation d'une profession qui se traduit notamment par la création de syndicats de joueurs et d'entraîneurs et par la mise en place d'un dispositif de formation validant les compétences requises pour l'exercice du métier. Ainsi se construit un groupe professionnel dont les conditions de travail et de rémunération peuvent être établies par l'intermédiaire de la négociation collective. » La professionnalisation des institutions, c'est en d'autres termes faire sauter le verrou du statut amateur des sportifs, un statut auquel se sont longtemps accrochés les athlètes. C'est aussi pour les institutions la répartition en trois catégories des acteurs du « sport performance ». Il y a les sportifs de haut niveau qui sont répertoriés par les ministères des sports mais qui touchent la pratique des sports individuels. Il y a les sportifs professionnels, ceux qui détiennent un contrat de travail avec une organisation sportive et enfin les « sportifs travailleurs » qui participent à des compétitions de haut niveau avec ou sans contrepartie financière. Béatrice BARBUSSE47(*) clarifie les trois états : « On peut être un sportif professionnel sans être considéré comme un sportif de haut niveau par le ministère ; on peut être un sportif de haut niveau sans être un sportif professionnel puisque la salarisation n'est pas un critère déterminant le caractère de haut niveau de la pratique sportive ; on peut être un « sportif travailleur » sans être ni professionnel, ni sur un athlète de haut niveau.» Le processus de professionnalisation des institutions n'est pas le même selon les sports. On ne peut pas comparer un sport comme la pétanque à un sport comme le football. Et on ne peut pas comparer le basket-ball au tennis. Cependant, il m'a fallu lire Emmanuel BAYLE48(*) pour pouvoir comprendre les différentes étapes du processus de professionnalisation institutionnelle : - première structuration, équilibre du pouvoir très favorable aux bénévoles et premiers recrutements administratifs dans les domaines du secrétariat, comptabilité et le traitement administratif des licences, c'est le cas de l'haltérophilie. - la spécialisation fonctionnelle, recrutements de spécialistes de la communication et du partenariat, du juridique, de l'informatique et de l'événementiel. De par la spécialisation des fonctions, des conseillers souvent importants deviennent une première délégation technique qui entraîne un premier cloisonnement entre la partie sportive et la partie administrative, c'est le cas de la gymnastique. - la troisième est celle de la coordination et selon Emmanuel BAYLE c'est dans cette étape que se trouve le basket-ball ainsi que le judo. C'est le recrutement au niveau du siège fédéral de chargés de missions, l'augmentation des niveaux d'encadrement, le recrutement de spécialistes du marketing, de personnel de direction et de coordination. Cette troisième étape montre que le rapport des pouvoirs entre bénévoles et permanents peut s'inverser au profit des permanents, au point que les élus se sentent dépossédés de la gestion de la fédération et du processus de décision. - la dernière étape est propriété exclusive du tennis et du football. C'est la professionnalisation quasi-généralisée du système fédéral. Apparition de la notion de chef de service et de directeur de département. Le processus de professionnalisation des institutions est un «acquis» pour l'association «amateur». Il s'agit pour les clubs de pouvoir situer le niveau de professionnalisation de sa fédération afin de pouvoir profiter, dans le cas du basket-ball, de la professionnalisation des cadres techniques et de pouvoir s'appuyer sur les compétences techniques, les compétences administratives de sa fédération, de sa ligue ou de son comité. Dans le cas du basket-ball, la professionnalisation de ces institutions peut donc se révéler un atout, il pourrait devenir un poids dans le cas d'une association d'haltérophiles souhaitant se professionnaliser. Les luttes de pouvoir bénévoles/professionnels feront d'ailleurs parti des obstacles à la professionnalisation d'un club amateur que nous développerons dans le chapitre suivant. Le processus et ses quatre dimensions englobent l'ensemble des efforts à fournir pour permettre au club de devenir plus compètent et plus sérieux. Nous avons pu voir, que selon les divers sociologues cités, ces dimensions sont interdépendantes et peuvent donc être développées à des niveaux différents. Cependant, quel est le but de la professionnalisation d'une organisation ? Pourquoi souhaite t-on développer l'aspect économique ou améliorer son organisation ? L'organisation sportive souhaite développer ces aspects pour que l'aspect sportif soit impacté. On organise son club de manière plus rationnelle afin que les joueurs rattachés à l'équipe première et l'encadrement sportif soient dans les meilleures conditions possibles pour la performance. On cherche à développer l'aspect économique et budgétaire du club afin de pouvoir s'offrir les services de joueurs ou de cadres techniques encore plus réputés, plus performants qui participeront à l'amélioration des résultats. Ceci permet de dire que si la professionnalisation peut-être divisée en quatre sous parties, toutes, tendent à un même but : l'amélioration de la performance sportive. Il existe donc plusieurs raisons qui poussent un club à rentrer dans cette démarche, si certaines sont externes à l'association (état) d'autres revendiquent une volonté de la part des dirigeants de tendre vers plus de résultats, de sérieux et de compétences. * 46 CHANTELAT Pascal, La professionnalisation des organisations sportives : nouveaux enjeux, nouveaux débats, Paris, L'Harmattan, 2001. * 47 BARBUSSE Béatrice, Le management des professionnels du sport : le cas d'un club de handball, SPORT n°168-169, pages 107-123, 2006. * 48 BAYLE Emmanuel, La dynamique du processus de professionnalisation des sports collectifs : les cas du football, du basket-ball et du rugby, STAPS n°52, pages 33-60, 2000. |
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