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L'avenir du régime de non prolifération : La position iranienne dans la crise

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par Adrien Lopez
Université Toulouse 1 - Master Relations Internationales et Politiques de Sécurité 2008
  

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B : Quelle stratégie de communication iranienne ? :

Nous allons analyser dans cette partie la stratégie de communication iranienne sur le nucléaire afin de déceler les orientations de celle-ci. Dans un premier temps nous allons nous intéresser aux communications officielles des acteurs responsables de la crise nucléaire iranienne. Nous allons tenter de déceler une éventuelle stratégie de contestation derrière le discours révisionniste. Ensuite nous chercherons des tentatives de provocation ou d'incitation à la tricherie. Enfin nous verrons s'il y a des différences dans les discours des acteurs ce qui pourra nous orienter sur la piste d'une instrumentalisation du système par l'utilisation d'un double langage. Nous aurons ainsi couvert l'ensemble moyen de persuasion politique de l'argumentation à la provocation, de l'incitation directe à la manipulation. Nous pourrons ainsi nous prononcer sur l'hypothèse d'une utilisation de la position révisionniste afin de mettre en place une stratégie contestataire.

1. Le discours iranien sur la crise du nucléaire :

Dans un premier temps, nous analyserons le discours du président Ahmadinejad, ensuite nous nous intéresserons aux discours des officiels en poste à l'AIEA.

a. Les discours du président Ahmadinejad :

Le président Ahmadinejad lors de ses déplacements officiels prononce des discours ou il va prendre à partie ses interlocuteurs. Chacun de ses discours est agencé selon un but précis et il va moduler et choisir selon ce but le thème qu'il va aborder. La manière de présenter les grandes thématiques de sa politique étrangère va varier, elle aussi. L'étude « rhétorique » de ces discours a permis de montrer le déroulement des arguments et de la logique et surtout de tenter d'observer les choix dans les thèmes et dans les techniques pour tenter de plaire et de persuader son auditoire.

A partir du corpus, plusieurs thèmes se dégagent :

Le changement du monde actuel, la science et son rôle, le nucléaire et le problème actuel, la bombe atomique, le conseil de sécurité et les instances internationales, le monde tel qu'il devrait être et la religion.

Voilà l'ensemble des thèmes (se rapportant au sujet de ce mémoire) que le président va aborder. Afin de déceler une volonté de prise à partie des autres pays et une volonté de les convaincre il est possible d'étudier les éléments dans la construction et dans la présentation des discours. Nous pouvons dans un premier temps présenter les séquences argumentatives du président et tenter d'y déceler les éléments prononcés dans le but de persuader ou de convaincre l'autre, ouvertement ou sous forme rhétorique. Dans un deuxième temps, nous nous intéresserons aux communications officielles des représentants iraniens dans les organisations internationales et après avoir fait le même travail nous tenterons de les comparer dans les thèmes abordés et dans la manière de les présenter.

· Le premier discours est prononcé à l'université de Columbia, le 25 septembre 2007 lors du déplacement du président Iranien aux Etats-Unis :

Le thème abordé est la science. Voilà le schéma rhétorique après codage :

« Faire des armes atomiques est un détournement de la science, les oppresseurs manipulent et contraignent les scientifiques pour créer de telles armes. Ces oppresseurs ont le monopole de la science et empêchent les autres nations de se développer car ils sont éloignés des valeurs humaines et religieuses. La science doit rester pure et non politisée »

On peut remarquer qu'ici il déculpabilise en premier lieu les scientifiques, et tente de trouver avec les chercheurs américains auxquels il s'adresse un ennemi commun. Après avoir introduit et définis cet ennemi comme le responsable des victimes des bombes atomiques au Japon, il revient sur ce qui l'intéresse, c'est-à-dire expliquer la crise nucléaire actuelle comme la tentative de monopole de la science par des grandes puissances. La raison pour laquelle ces oppresseurs inhumains empêchent l'Iran de se doter de la technologie nucléaire civile est un éloignement des valeurs humaines et religieuses et en aucun cas des raisons techniques. On voit ici un rappel au « pathos » et à ce à quoi ont déjà dû réfléchir beaucoup des jeunes étudiants dans cette université, l'éthique et la moralité dans la science. Apres les avoir déculpabilisés, il tente de créer une sympathie envers le sujet qui le préoccupe, c'est une tentative de persuasion touchant à l'affectif et au sentiment de culpabilité des étudiants et chercheurs. Le rappel à la pureté de la science permet d'introduire l'idée suivante : « J'espère qu'un jour les étudiants et les scientifiques domineront le monde et dieu arrivera lui-même avec Moïse, Christ et Mohamed pour dominer ce monde et nous amener vers la justice ».

Il exprime sa croyance dans le fait que la science ne peut être séparée de la religion mais pour une personne croyante ce genre de discours a une portée exceptionnelle, si tant est que l'orateur a réussi à obtenir un degré minimum d'attention et de confiance. S'adressant à des étudiants un minimum au fait des relations internationales ce genre de discours biblique peut jouer sur l'affectif et entraîner la fascination devant l'interdit, devant l'inconnu.

Le deuxième thème qu'il aborde est le nucléaire et la crise actuelle.

Tout d'abord il commence ce sujet par une introduction particulière : « Je sais que le temps est limité mais j'ai besoin de temps, je veux dire que beaucoup de temps m'a été pris » (sous entendu je n'ai pas eu beaucoup de temps pour parler sur ce sujet).

Cette introduction donne l'impression que quelque chose de nouveau va être dit, elle pousse le public à la sympathie en faisant référence à la liberté d'expression, préoccupation centrale chez les américains. L'argumentaire est progressif et cherche à créer une logique par la déduction.

« Nous sommes membres du TNP depuis 33 ans et la loi est de notre coté, nous sommes un des pays qui a reçu le plus d'inspections et l'AIEA a répété inlassablement que nous n'avons aucune activité militaire »

Cette introduction est bien construite, elle tente de construire sa propre logique. Comme nous sommes membres et nous avons la loi de notre coté, que nous avons reçu le plus de visites et que l'AIEA est avec nous, nous ne pouvons pas être coupables. Cependant le fait d'être membre depuis 33 ans ne garantie en rien la bonne fois, encore moins le fait d'avoir été inspecté le plus. De plus l'AIEA émet des réserves. Certes, elle annonce bien que parmi ses contrôles aucun matériel n'a été détourné mais elle expose aussi qu'elle n'a aucune certitude sur ce qu'elle n'a pas pu observer. C'est un raccourci qui ne peut pas être considéré comme un argument ayant la force que le locuteur veut lui donner.

La suite est, elle aussi composée de figures de styles dans le but de convaincre son auditoire :

« Mais « malheureusement » les oppresseurs veulent imposer leur vue aux iraniens et les priver de leurs droits »

Il donne le sentiment d'un gâchis. Ensuite il se livre à un très court monologue sensé montrer la bonne fois du locuteur débordé par l'injustice ou l'incompréhension. Il fait parler ses détracteurs : « Ils nous disent vous ne nous laissez pas inspecter- ils ne nous laisseront pas inspecter ? Pourquoi pas ? Bien sûr nous les laissons » Il répète l'élément « ne pas laisser » à deux personnes différentes. C'est ce mécanisme qui est censé montrer l'exaspération du locuteur face à une situation qui semble née de l'incompréhension ou du mensonge des détracteurs.

Il continue :

« Ils nous disent, ne le faites pas vous-même nous vous le donnerons, hors dans le passé vous n'avez pas tenu parole, pourquoi vous croirais-t-on ? Vous ne nous donnez même pas des pièces de rechange pour nos avions. Vous nous sanctionnez car vous dîtes que nous sommes, par exemple, contre les droits de l'Homme ? C'est sous ce prétexte que vous nous refusez la technologie ? Nous voulons être indépendants et disposer de nous-même. C'est notre droit, nous voulons notre droit, rien en dehors de la loi. Nous sommes pacifiques, nous aimons les autres nations »

Ici, le président continue un temps à faire parler ses détracteurs, il peut ainsi s'approprier leurs paroles et donner plus de crédit à ses propos. La première idée est que la confiance est rompue à cause des « oppresseurs », l'Iran est une victime. Ensuite, il parle des sanctions et peut-être avons-nous là un cri du coeur, quelque chose de personnel, « c'est sous ce prétexte que vous nous refusez la technologie » montre que pour le locuteur il existe une hiérarchie des normes et le progrès technologique se situe en dessus des droits de l'homme. Il fait ensuite appel à des principes généraux, ces phrases renvoient clairement au principe des peuples à disposer d'eux-mêmes et à la souveraineté d'un état quand au choix de sa politique étrangère. Il termine son discours par une preuve d'amour entre les peuples qui peut détonner après l'analyse de son argumentation.

· Le deuxième discours étudié est celui prononcé devant l'assemblée générale des Nations Unies. Les sujets ici n'ont plus rien à voir du tout avec les discours précédents. Il commence son discours en désavouant l'autorité de l'assemblée face à laquelle il s'exprime et en remettant en cause la partialité de ses dirigeants.

Il va aborder dans ce discours le thème du changement de régime international.

« La course aux armements est dangereuse pour tout le monde hors les instances nées de la deuxième guerre mondiale sont injustes et impuissantes car elles ne peuvent régler impartialement les problèmes du monde, les puissances agissent de la sorte car elles ne se rendent pas compte des changements que le monde est en train de connaître  »

Il commence son argumentation par un symbole fort de l'échec des instances de régulation, la course à l'armement. Bien que celle-ci ait réduit les arsenaux elle ne les a pas éliminés et la croissance verticale continue. Pour lui, c'est le fait que les instances soient inefficaces et non indépendantes qui les rendent obsolètes, les grandes puissances continuent d'agir comme dans la période précédente et c'est cela qui crée les tensions actuelles notamment celles qui sont autour du nucléaire iranien.

Ensuite il parle du nucléaire face à tous les chefs d'état du monde :

« L'Iran a respecté l'AIEA, mais n'a pas eu droit à l'assistance technique car les super-puissances empêchent l'Iran d'accéder à la technologie. Les Iraniens ont eu confiance pendant 3 ans dans la négociation, mais ce temps leur a permis de se rendre compte que la volonté de ces États oppresseur est uniquement d'empêcher l'Iran d'avoir la technologie, ils ne souhaitent pas établir la confiance. Deux États nous accusent et nous font des menaces mais grâce à notre persévérance nous avons réussi à résoudre le problème, c'est pourquoi nous offrons notre assistance technique à tout ceux qui le souhaiteraient mais ne refaites ça à aucun autre pays. »

Avec l'opposition entre le respect de l'AIEA et la coupure des aides techniques, le président veut créer une idée d'injustice. Cette idée est reprise dans la phrase suivante, l'interruption volontaire de l'enrichissement pendant trois ans n'a pas permis de créer la confiance, et par déduction, si l'interruption n'était pas dans l'optique de créer de la confiance, elle n'a que pour but de ralentir les progrès. L'idée suivante est à contextualiser, avant la venue du président aux Etats-Unis, le dossier était revenu temporairement à l'AIEA qui devait se prononcer sur le sort de l'AIEA dans son rapport suivant. Le président lie la persévérance et le refus total d'interrompre l'enrichissement avec cette acalmie. C'est un donc un moyen de justifier sa position, son attitude et de dénigrer ses détracteurs. Enfin, la dernière phrase veut montrer à quel point les autorités iraniennes sont fair-play. Malgré toute l'injustice vécue, l'Iran est prêt à accorder une assistance technique à qui le souhaiterait et surtout prescrit de ne pas reproduire la même erreur avec d'autres. Cette manière de montrer qu'on est bon joueur, qu'on accepte malgré tout d'aider les autres sous entend le fait que l'Iran est devenu un pays maîtrisant l'énergie nucléaire et qu'il doit donc être classé parmi les puissances, c'est une tentative, voir une demande de réévaluation de la position de son pays face à la possession de la technologie nucléaire. La prescription finale est un moyen d'absoudre les fautifs de leur faute, cette déclaration donne l'impression d'être destinée au bien-être des autres membres de la société, mais semble être là, pour répéter une fois de plus que l'Iran est victime et que les « États oppresseurs » ont commis une faute.

· Le discours suivant est la transcription d'une interview donné à la chaîne de télévision Channel 4 News. C'est en réalité un entretien semi directif où le journaliste impose le choix des thèmes et n'hésite pas à couper la parole.

Il va répondre dans un premier temps sur le nucléaire face à un journaliste très peu neutre, qui va multiplier les familiarités et ne montrer qu'un respect de façade face à un chef d'État. Face à des questions inquisitoires sur le dossier du nucléaire le président Ahmadinejad va reprendre son argumentaire habituel :

« Nous sommes membres et nous ne pouvons pas utiliser notre droit à cause de l'hostilité des américains. Les américains ont politisé le dossier à cause de leur haine envers nous et seule l'AIEA devrait traiter avec nous. »

On peut noter qu'ici il nomme directement les responsables, chose que dans les discours précédents il n'avait pas fait. Le président semble s'être mis au niveau de son interlocuteur. Ici il répond de manière rapide et sans grande argumentation. Il va utiliser pour contrer ce journaliste la comparaison, de ce fait mettre implicitement les États-Unis et l'Iran sur le même niveau chose qui semble agacer le journaliste. A la question : « m'amèneriez vous demain visiter une de vos installations suspectes » il répond « nous ne montrons pas tout, nous feriez vous visiter vos installations ultra secrètes ? ». A la question « allez vous arrêter l'enrichissement d'uranium ? » il répond « pourquoi arrêterions nous alors que vous continuez toujours ? ». Il rajoute : « Pourquoi vouloir arrêter notre programme débutant alors que votre est déjà bien avancé ? »

Ces réponses permettent d'invoquer une réciprocité et un bon sens afin de « remballer » ce journaliste trop inquisiteur. Elles permettent de détourner la question et donne l'impression d'une réponse appropriée à la rudesse de ce journaliste.

A la question : « laissez moi vous demander, `hand on heart', do you want a bomb ? Il répond « pourquoi vouloir une bombe ? Elle n'a servi à rien aux américains et aux anglais qui la possèdent ».

C'est une forme de provocation pour rester dans le ton de l'interview, cependant c'est une opinion partagée par un grand nombre de personnes réfutant les avantages de la dissuasion nucléaire.

Passons maintenant aux deux discours les plus intéressants dans la volonté de déceler des tentatives de persuasion et de prise à partie des autres pays.

· Tout d'abord le quatrième discours, prononcé lors de la deuxième assemblée générale de l'APA (Asian Parlementary Assembly).

L'enjeu est grand, cette assemblée comprend notamment le Pakistan, la Corée du Nord, la Russie, la Chine, le Japon, l'Inde, les Emirats Arabes Unis, l'Arabie saoudite. Cette conférence est une occasion de pouvoir parler à tous les acteurs sauf ceux qui sont considérés par l'Iran comme oppresseurs ou menaçants. Les idées développées ici vont avoir une importance capitale. Le président va ici commencer par tenter de créer un effet de proximité.

Il va discourir sur les points communs pouvant lier les membres de cette assemblée :

« Nous aimons la paix, les gens de l'ouest ne sont pas comme nous et l'Iran se place dans la sphère asiatique. Nous avons des relations humaines plus conviviales et nos sociétés sont plus respectueuses des traditions, de notre culture ».

C'est évidement pour faire appel à l'affectif en se basant sur l'argument suivant, la montée de l'individualisme dans les sociétés occidentales détruit la solidarité et la cohésion dans la société.

Vient ensuite une déclaration sur ce que serait un monde idéal :

« C'est un monde où personne n'est blessé, personne ne manque de ressources, une société amicale et juste. L'injustice la plus grande est la guerre, si l'on respecte l'humanité, le territoire, les lois nationales, il n'y a pas de raisons pour l'invasion, mais les puissances menaçantes envahissent les États ».

Cela renvoie plus qu'explicitement aux 5 principes de coexistence pacifique de la diplomatie Chinoise par exemple et plus généralement aux discours diplomatiques pacifiques de la zone asiatique, avec notamment le Japon. Ce développement permet de toucher l'affect des diplomates présents pour qui ces questions sont fondamentales et aussi de toucher le plus grand nombre par un discours faisant allusion à la paix, au bonheur. Il faut suivre le déroulement pour réussir à déceler un sens caché.

Il parle ensuite de la bombe atomique : « Si les racines du système international étaient basées sur la justice, toutes les armes de destruction massive seraient détruites. Mais les organisations internationales sont basées sur des mauvaises racines. ».

Voilà qui devient fort préoccupant, après avoir parlé d'un monde parfait, il énonce un argument sous forme de vérité, de lieu commun. Si le monde était juste, il n'y aurait pas de guerre. Cela n'est pas une évidence. Mais nous avons affaire ici à un enthymème. Donc pour le décortiquer referons nous d'abord au syllogisme qu'il sous entend :

Si les racines du système sont justes il n'y a pas besoin d'armes atomiques

Les racines sont injustes

Il y a un besoin d'armes atomiques

L'enthymème sert donc ici à clairement suggérer la fin du syllogisme sans oser le dire. C'est une technique rhétorique permettant de signifier aux puissances nucléaires présentes qu'il justifie complètement la possession d'armes atomiques.

Cela suggère aussi, qu'étant donné que le système international juste est censé se substituer aux armes atomiques afin de faire régner la justice, étant donné qu'il est injuste les armes atomiques restent le moyen de faire régner la justice. L'analyse de ce passage amène une information importante, cependant il est fort possible que cet effet soit volontairement créé afin de plaire aux interlocuteurs et peut ne pas indiquer la position du locuteur.

Le « pire » se trouve dans le dernier thème abordé qui révèle sa demande à cette assemblée :

« Je veuxt proposer l'établissement d'un institut de recherche asiatique, capable d'identifier les capacités de recherche des pays asiatiques et disséminer les informations de cet ordre (sous entendu de recherche) ».

Le terme disséminé est traduit de l'anglais « disseminating », il n'est pas question ici de « share » ou de « teach » mais bien de dissémination. Terme qui renvoie à la propagation voire la prolifération. Cette demande est encore significative quand on imagine qu'il l'adresse à la Corée du Nord, au Pakistan, où à d'autres États ne se reconnaissant pas dans les valeurs du traité de non-prolifération. C'est comme une demande d'aide ou un appel à continuer une quelconque coopération secrète. Le spectre de la triade Pakistan - Corée du Nord - Iran ressurgit ici.

Enfin nous allons étudier le dernier discours compris dans le corpus de textes. Il s'agit d'un discours prononcé lors du 11eme sommet de l'organisation de la conférence islamique (OIC) au Sénégal. Il va aborder ici deux thèmes tout à fait en lien avec le sujet de la conférence. La religion et le conseil de sécurité :

Tout d'abord au sujet du conseil de sécurité :

« Le conseil de sécurité n'est pas indépendant, il viole les lois et la régulation crée par les pays qui le composent, il reconnaît et valide des informations fausses et fabriquées de toutes pièces. Il n'est pas capable d'établir l'ordre et la sécurité, il est fondé sur un ordre qui permet d'imposer les volontés des puissants et ne respecte pas le droit des nations. Il a perdu sa crédibilité »

Voilà une attaque en règle contre le système international. Il cherche à faire prendre conscience aux interlocuteurs d'une contradiction entre les lois et l'action de ceux qui les ont écrits. Il renvoie ainsi à un schéma d'injustice très bien connu. Il glisse une information quand au cas de l'Iran et réitère son argument de politisation de la crise nucléaire. Il juge enfin la capacité et la crédibilité du conseil de sécurité à la vue de ses résultats et des principes qui l'animent. Il nous montre bien là sa position face aux régimes internationaux.

Le dernier thème abordé est la religion. Il en parle après avoir parlé du conseil :

« Aujourd'hui avec l'échec des écoles de pensée comme le libéralisme et le sécularisme les peuples du monde sont de plus en plus attirés vers l'islam, la religion polarise aujourd'hui les volontés de justice ».

Il n'a pas posé cet argument avant de parler de son problème de politique étrangère ce qui peut laisser croire qu'il parle en terrain conquis, ou qu'il n'a pas ressenti le besoin de séduire plus l'auditoire avant d'exposer son argumentation. Il fait ici le lien entre le sécularisme et le libéralisme. Si le libéralisme renvoie explicitement aux États-Unis dont ils sont champions et promoteurs, on peut se demander à qui il se réfère lorsqu'il parle de sécularisme ? Les États-Unis sont un pays très religieux, il existe une religion officielle, elle est inscrite dans la constitution et les dirigeants font fréquemment référence à dieu. Il faut peut-être chercher plus loin. En Europe, le nombre de monarchies est assez élevé et le fait par exemple que la reine d'Angleterre soit à la fois chef d'État et chef de l'église paraît aussi éliminer ce pays et peut être cette région. Il se peut qu'il renvoie aussi aux différents pays arabes, engagés dans la modernité et qui combattent les plus radicaux des éléments religieux dans leurs pays. Il fait ici un parallèle entre la science, l'organisation politique et la religion et sous-entend que « les peuples du monde », groupe abstrait de gens, n'indiquant aucune quantité, désignant une globalité, peuvent trouver comme alternative à la recherche scientifique ou à l'organisation politique la religion.

Conclusion :

Voilà pour l'analyse des différents discours du président Ahmadinejad. Tout au long de cette étude il nous a été possible d'identifier les différents mécanismes mis en place afin de tenter de convaincre les pays du monde sur des thèmes bien précis. Il s'est retrouvé face à des publics convertis ou hostiles et a adapté son argumentation et sa rhétorique à son auditoire. Ces figures de rhétoriques sont intentionnelles car bien construites et révèlent une volonté de persuader. Les thèmes abordés nous montrent que cette stratégie peut être qualifiée de révisionniste. Il remet en cause l'intégralité du système de gouvernance international, identifie un changement dans la « société internationale » que les pays leaders n'ont pas identifié et il demande clairement à changer de statut alors que cela ne serait possible qu'en se dotant de l'arme nucléaire. Cela est interdit par le TNP, le conseil de sécurité et les pays les plus développés, il demande donc ouvertement un changement du régime. Cependant les déclarations à l'APA et le vocabulaire employé renvoient clairement à la contestation, les propositions sont certaines fois irréalistes, empruntent de fantaisies ou de mythologie et font en permanence référence à l'opposition à des puissances hostiles. Ce qui serait intéressant de savoir c'est si ces déclarations sont le fruit de l'adaptation du locuteur à son public ou si elles dénoncent une réelle ambition ou stratégie à long terme. La suite du mémoire nous éclairera peut-être un peu mieux sur ces questions. Le président Ahmadinejad fait passer un message et propose des options pour une révision du régime de non-prolifération mais présente tout cela sous la forme de la contestation aux puissances hostiles.

Il nous faut maintenant analyser l'argumentation des membres officiels iraniens à l'AIEA afin d'identifier s'ils ont mis en place une stratégie de contestation ou s'ils restent dans le cadre de leur fonction diplomatique et donc de la promotion du révisionnisme.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore