INTRODUCTION GENERALE
La zone périphérique de la R.S.F.G constitue un
milieu particulier dans la C.R de Gandon. C'est une zone de l'estuaire du
Sénégal qui est constituée d'une plaine intégrant
des systèmes dunaires jaunes et rouges. Elle fait partie des Niayes tant
du point de vue du relief, du climat et de l'hydrographie. C'est une zone
deltaïque avec des cuvettes à eaux saumâtres
surplombées par des dunes.
La C.R de Gandon ceinture la ville de Saint-Louis sauf dans sa
partie ouest. Elle est située dans le Département de Saint-Louis
et compte quatre (4) zones : Rao, la plus grande, Ndiaw Doune,
Toubé et Gandon. La C.R est composée de quatre vingt un (81)
villages avec une population de quarante six milles (46.000) habitants sur une
superficie de cinq cent soixante (560) kilomètres carrés. Gandon
fait partie de ce grand écosystème qui couvre toute la Grande
Côte Sénégalaise de Saint-Louis à Dakar. C'est la
zone des Niayes, qui fait cent quatre vingt cinq (185) kilomètres de
long et large d'environ trente cinq (35) kilomètres. Les Niayes couvrent
une partie des régions de Saint-Louis, Louga, Thiès et Dakar.
Du point de vue climatique, les Niayes appartiennent au
domaine sub-canarien. On note une baisse nette, dans cette zone, des
précipitations ; celles-ci diminuent du sud au nord. Les Niayes
dans leur presque totalité, du point de vue géographique, font
partie du bassin sédimentaire, du Secondaire et du Tertiaire. Cette zone
est sableuse et fortement accidentée du fait de l'existence de
systèmes dunaires orientés NE-SW. C'est une plaine
constituée de dunes (les dunes littorales vives, les dunes littorales
semi fixées et les dunes rouges fixées) et de couloirs inter
dunaires ou Niayes inondables, au moins, une partie de l'année.
Sur le plan des sols, nous avons la présence des sols
minéraux bruts, des dunes vives ; des sols peu
évolués d'apport éolien, des sols hydro morphes à
pseudo gley et des sols salés.
La végétation est de type arbustif et
herbacé. Elle est dominée par des espèces relictuelles
issues des régions soudaniennes et sub-guinéennes, surtout dans
les dépressions inter dunaires. Dans cette végétation,
nous pouvons particulariser la bande de filao plantée tout au long des
Niayes pour la fixation des dunes. Cependant cette végétation a
subi une dégradation avancée qui a conduit à la
disparition de nombreuses espèces. On trouve également, une
mangrove dégradée entre Diama et Gandiole. La R.S.F.G renferme
les dernières reliques de cette mangrove.
La faune est dominée par les oiseaux et on compte des
centaines espèces concentrées au niveau de la R.S.F.G et du Parc
National des Oiseaux de Djoudj. Il y a aussi également d'autres
espèces comme les singes, les serpents, les varans, les singes...
Sur le plan de la population, la zone
périphérique de la R.S.F.G est constituée de deux (2)
ethnies : les wolof, majoritaires et les peulh. Les activités
économiques pratiquées sont nombreuses et elles sont
dominées par le maraîchage, l'agriculture sous pluie et la
pêche. Néanmoins d'autres activités y sont exercées
notamment l'élevage, le commerce et l'extraction de carrières. La
zone est quasiment dépourvue d'équipements (sanitaire, scolaire,
de stockage...) et les aménagements sont rares. Elle est aussi
marquée par un enclavement dû au mauvais état des pistes
existantes et à l'absence même de pistes par endroit.
Malgré sa richesse faunique et l'importance de ses eaux
de surface, la zone renferme beaucoup de contraintes. Celles-ci sont dues
à plusieurs facteurs notamment l'érection de la réserve,
les effets du barrage de Diama, la sécheresse ainsi que l'absence
d'équipements et d'aménagements pour appuyer les activités
économiques des populations. La R.S.F.G a aussi plusieurs contraintes
dites administratives et techniques. C'est pour tenter d'éradiquer ces
contraintes que le Gouvernement du Sénégal a initié le
P.G.I.E.S, avec l'aide de ses partenaires (P.N.U.D, F.E.M) pour venir appuyer
les populations de cette partie de la C.R de Gandon. Il faut cependant
préciser que les objectifs premiers de ce projet sont la lutte contre la
dégradation des écosystèmes et mettre fin aux
problèmes entre gestionnaires des aires protégées et les
populations riveraines. C'est parce que les populations sont
considérées comme des partenaires qu'une partie du programme
prévu leur est réservée. Un plan d'actions composé
de plusieurs activités a été mis en oeuvre. Il tourne
autour de la formation des populations, leur financement et initiation à
de nouvelles A.G.R, l'équipement et l'aménagement de la zone. Ce
sont les populations qui doivent mener les activités ; pour cela
différentes O.C.B ont été répertoriées dans
la zone. C'est à travers ces O.C.B que le P.G.I.E.S va appuyer les
populations dans le but de lever leurs contraintes.
Pour bien mener notre réflexion sur ce sujet
intitulé « Les terroirs périphériques de la
Réserve Spéciale de Faune de Gueumbeul » nous allons
étudier les potentialités ainsi que les contraintes de la zone.
Il est également question de présenter et d'analyser les
différentes activités du P.G.I.E.S, de montrer les
différentes O.C.B existantes et de déterminer si les populations
sont capables de gérer les activités prévues.
En Afrique les aires protégées couvrent 7% du
continent. Le décompte établit par le P.N.U.E (Programme des
Nations Unies pour l'Environnement) et le C.M.S.C (Centre Mondial de
Surveillance et de la Conservation de la Nature) fait état de 1 254 A.P
dont 198 zones marines, 50 réserves de biosphère, 80 zones
humides d'importance internationale et 34 sites du patrimoine mondial.
Au niveau de l'Afrique Occidentale, les zones
protégées sont au nombre de 126 sur une superficie de 29,38
millions ha ; soit 4,85% du territoire.
Le Sénégal compte plusieurs A.P qui sont
regroupées en parcs nationaux, en réserves de faune, en
réserves de biosphère, en forêts classées, en
réserves et en sites du Patrimoine Mondial. Il y a six (6) parcs
nationaux : le Parc National de Niokolo koba (P.N.N.K 913 000 ha), le
Parc National de Basse Casamance (P.N.L.B 2 000 ha), le Parc National du
Delta du Saloum (P.N.D.S 76 000 ha), le Parc National des Oiseaux de
Djoudj (P.N.O.D 16 000 ha), le Parc National de la Langue de Barbarie
(P.N.L.B 2 000 ha) et le Parc National des Iles Madeleines (P.N.I.M 45
ha). Les réserves naturelles sont celles de la Réserve de
Biosphère du Delta du Saloum (R.B.D.S), la Réserve de
Biosphère de Samba Dia (R.B.S.D 763 ha), la Réserve
Spéciale de Faune de Gueumbeul (R.S.F.G 720 ha), la Réserve
Spéciale de Faune du Ndiaël (R.S.F.N), la Réserve
Ornithologique de Kalissaye (R.O K 16 ha), la Réserve Naturelle de
Popenguine (R.N.P 1 009 ha), la Réserve de Faune du Ferlo Nord
(R.F.F.N 600 000 ha), la Réserve de Faune du Ferlo Sud (R.F.F.S),
la Réserve Naturelle de Palmarin (R.N.P 10 483 ha), la
Réserve Naturelle de Somone
(R.N.S 700 ha) et la Réserve Naturelle de Bamboung (R N
B 6 800 ha).
Parmi les A.P beaucoup sont inscrites dans des sites
internationaux que sont les sites Ramsar (R S.F.G, P.N.O.D, P.N.D.S et la R.S
F.N), les sites du Patrimoine Mondial (P.N.N.K et le P.N.O.D) et les sites
naturels protégés et inscrits sur les réseaux
spéciaux (P.N.O.D pour le réseau Danone et le P.N.D.S pour le
réseau R.E.D.B I.O.S).
En plus de ces parcs nationaux et réserves, il existe
un nombre important de forêts classées qui constituent, en quelque
sorte, des réserves secondaires de biosphère.
Malgré l'importance de ces A.P, le
Sénégal n'a pas encore atteint la norme internationale
préconisée par le sommet mondiale de l'environnement tenu
à Rio de Janeiro en 1992. C'est seulement un peu plus de 8% du
territoire, soit 1 613 790 ha, qui est sous protection alors que ce
sommet conseillait 12%.
C'est pourquoi le Gouvernement du Sénégal, avec
l'appui des partenaires internationaux, à travers les projets, a
lancé une vaste campagne pour augmenter ces zones
protégées. Ceci se traduit par la création de nombreuses
Réserves Nationales Communautaires (R.N.C). On peut citer entre autre
les R.N.C de Missira, de Mame Saliko, de Gandon. D'autres sont en cours de
création comme celle de Kayar et de Jinak Bara.
Au Sénégal les terroirs qui entourent les A.P
semblent poser l'un des problèmes les plus épineux de la
conversation : la population estime qu'elle a sont mot à dire sur
ce qui s'y passe mais, souvent les gestionnaires voient ces zones comme des
annexes des réserves naturelles qu'il faut protéger.
Au début les politiques de conversation étaient,
souvent, fondées sur des mesures de protection qui ignoraient les
besoins des populations locales, en leur restreignant les activités et
l'installation dans les A.P. Ces zones étaient alors des forteresses de
conservation et étaient à l'origine de beaucoup de tensions,
entre gestionnaires de ces aires et les populations riveraines. Car ces
dernières ne pouvaient comprendre, ni accepter le fait qu'on prenne
leurs terres et leur en interdit l'accès. C'est sur les terroirs de ces
populations que sont érigées les A.P et les tensions entre gardes
et ces dernières étaient quasi quotidiennes.
Maintenant la stratégie de protection, de ces zones, a
évolué et les communautés riveraines sont
considérées comme des partenaires. Les programmes de conservation
communautaire visent à atteindre leurs objectifs en permettant aux
populations de participer aux décisions de gestion des terres, et de les
donner des possibilités d'accéder aux ressources de la faune et
de la flore de sorte qu'elles puissent tirer profit de la conversation.
Au niveau de la R.S.F.G la chasse, la pêche et
l'agriculture sont interdites ainsi que toutes autres activités pouvant
nuire à l'environnement à l'exception de celles autorisées
par le Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature
à des fins scientifiques ou pour la défense préventive
contre les maladies des populations humaines ou animales. Ici la
coopération, entre gestionnaires de la réserve et les
populations riveraines, est plus accentuée. Ce sont en fait des jeunes
issus des villages périphériques qui se sont portés
volontaires pour assurer le nettoyage de certains aménagements, la
surveillance et le suivi des colonies de nidification des oiseaux. Ces
volontaires sont, en effet, des éco gardes et sont organisés en
groupement d'intérêt économique (G.I.E) au niveau de la
réserve.
La R.S.F.G est localisée au sud de Saint-Louis. Du
point de vue spéficité, la réserve constitue le premier
centre d'élevage de faune sauvage et la première parcelle test
mise en défens de la végétation et de la faune
sahélienne au Sénégal. C'est également un site de
séjour pour des milliers d'oiseaux et sert de lieu d'élevage,
d'acclimatation et de reproduction pour des espèces en voie de
disparition (les oryx et les gazelles dama mhor). La R.S.F.G
a beaucoup de potentialités en terme de ressources naturelles. Ses
terres sont très fertiles parce que non utilisées pour les
besoins de l'agriculture depuis longtemps, l'eau est abondante et l'extraction
de sel y est possible. Elle est très fertile pour une zone qui se situe
dans la partie Nord sahélienne. C'est une zone humide qui est inscrite
au site Ramsar.
Cette réserve de faune a été
créée par le décret numéro 83.550 du 30 mai 1983.
Elle est située à sept (7) kilomètres au sud de la commune
de Saint-Louis sur une surface de 720 hectares. La réserve est
constituée d'une cuvette de huit (8) kilomètres de long et large
de huit cent (800) mètres, et des dunes du Gandiolais et du
Toubé. Le site se trouve sur la route qui mène à Gandiole
et il est entièrement clôturé. La R.S F.G est, par la
convention de Ramsar de 1971, un site d'importance internationale en ce sens
qu'elle reçoit des milliers d'oiseaux. Elle accueille l'une des plus
grandes concentrations d'avocette au monde. D'autres espèces y sont
répertoriées comme la barge à queue noire (Limosa
limosa), le pluvier argenté (Pluvalis squatarola), la
spatule d'Europe (Platelea leucocordia)...En plus des oiseaux il y a
des phacochères, des singes rouges (patas) et des tortues
(Sulcata geochelone).
Trois objectifs lui étaient assignés lors de sa
création : maintenir le fonctionnement de la cuvette
de Gueumbeul pour son importance ornithologique ; reconstituer
la végétation sahélienne par la mise en
défens ; créer un centre d'étude et de restauration
de la faune sahélienne menacée de disparition. C'est ainsi qu'un
groupe de gazelles (dama mhor), offert par l'Espagne a
été introduit dans la réserve. Ce dernier s'est
multiplié et une partie de la population a été
amenée dans la Réserve du Ferlo Nord pour repeupler la zone. Des
oryx, offerts par le Gouvernement Israélien, y ont été
amenés.
Toutefois, il faut souligner que la réserve est en
état de dégradation avancée suite à la combinaison
de plusieurs facteurs tels que les effets liés à
l'aménagement du barrage de Diama, la sécheresse, la
salinisation, la baisse de la nappe phréatique et l'ensablement de la
cuvette.
Cependant nous ne faisons pas une étude proprement dite
de la réserve mais des terroirs villageois environnements. D'où
l'intitulé de notre sujet «les terroirs périphériques
de la Réserve Spéciale Faune de Gueumbeul ».
Ces terroirs périphériques de la
Réserve de Guembeul, situés dans la C.R de Gandon, sont en effet
confrontés à plusieurs contraintes. Celles-ci sont liées
à la proximité de la réserve, les conséquences de
l'aménagement du barrage de Diama, la sécheresse, l'absence
d'équipements et d'aménagements. La réserve est
érigée sur les terroirs des villages de Ndiakher, Gueumbeug,
Dieule Mbame et Diama Thiaguel. Jadis, avant la mise en défens de la
zone, c'est au niveau du site actuel la réserve que les populations
tiraient l'essentiel de leurs revenus à travers des activités
comme la pêche, l'extraction du sel, le maraîchage, la culture de
l'arachide et le ramassage du bois de chauffe...
Dès lors il s'agit, pour ces populations, de trouver de
nouvelles aires pour promouvoir leurs activités économiques et
également de nouvelles activités génératrices de
revenus. Le Gouvernement du Sénégal a crée le P.G.I.E.S
pour la préservation, avec les populations, des
écosystèmes et de promouvoir une gestion rationnelle des
ressources des A.P. Il appuiera en même temps les populations à
gérer leurs contraintes à travers un plan d'actions. En effet
c'est un programme qui vise à encourager la gestion
intégrée, c'est-à-dire une gestion avec les populations
riveraines, des écosystèmes et de la biodiversité au plan
communautaire.
Pour se faire une zone tampon entre la R.S.F.G et les T.V a
été délimitée, de commun accord avec les
populations, pour servir de R.N.C. Elle ne constitue pas une aire
protégée puisque des activités y sont pratiquées
à l'exception de l'agriculture qui ne participe pas à la
préservation de la biodiversité.
Désormais, dans cette partie de la C.R de Gandon, trois
(3) unités spatiales sont liées les unes aux autres : l'aire
protégée c'est-à-dire la R.S.F.G, la R.N.C et les terroirs
villageois (T.V).
Il s'agit, au niveau de la R.S.F.G, d'initier un modèle
de cogestion entre gestionnaires de la réserve et les populations
riveraines, qui sera une première au Sahel, et qui aboutira et à
des mécanismes de partage équitable des avantages que va procurer
la conservation.
Dans la R.N.C il y sera crée des plans
d'aménagement et de cogestion participative, avec les populations pour
une utilisation durable des ressources et un règlement des conflits
entre pasteurs et agriculteurs. Ainsi, le reboisement d'espèces à
buts multiples, la création de pépinière,
l'aménagement de marais salants, la restauration de la mangrove sont
entre autres des aménagements prévus.
Dans les terroirs villageois, zone de notre étude, les
systèmes de production seront intensifiés à travers des
activités comme l'embouche bovine et ovine, l'initiation
d'activités d'aviculture, la mise en place de mutuelle de
crédit... Il est également prévu le désenclavement
des villages avec la réfection des pistes existantes,
l'équipement du Conseil Rural, l'adduction en eau des villages...
C'est un programme qui vise à apporter aux populations
des ressources, de sorte qu'elles puissent compenser les désavantages
causés par les contraintes citées plus haut. Il s'agit aussi de
les initier dans de nouveaux secteurs d'activités pour augmenter leurs
revenus.
Dans le but de bien mener notre réflexion sur
« les terroirs périphériques de la Réserve
Spéciale de Faune de Gueumbeul », que nous posons les
hypothèses de recherche suivantes :
- Cette partie des Niayes, périphérique à
la R.S.F.G offre beaucoup de potentialités mais est aussi
confrontée à plusieurs problèmes.
- L'intervention du P.G.I.E.S, à travers des
activités intégrant les populations, a pour but de
préserver l'écosystème et d'appuyer les populations
à résoudre leurs contraintes.
Les objectifs visés sont :
- L'identification des différentes ressources de la
réserve et de sa périphérie, tant du point de vue
naturelle, humaine et infrastructurelle; ainsi que la détermination des
différentes contraintes qui empêchent les populations de
développer normalement leurs activités économiques.
- La présentation et l'analyse des actions du P.G.I.E.S
par rapport aux contraintes posées dans la R.S.F.G et les T.V, pour
enfin montrer les O.C.B existantes et la capacité des populations
à gérer les activités.
Première Partie :
|