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La perestroika ou réformer l'irreformable

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par Vincent Geraud
Université de Toulon La Garde - Master 1 2006
  

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126. Le rôle des syndicats

Les syndicats soviétiques se trouvent relativement éloignés de la conception occidentale traditionnelle que l'on peut avoir en raison notamment des liens étroits qu'ils entretiennent avec l'Etat. Leur caractéristique essentielle réside dans le fait qu'ils sont un appareil dépendant du pouvoir politique et patronal. Leur fonction de défense des intérêts des salariés s'en trouve ainsi fortement limitée. En effet, lorsque la protection et la défense des ouvriers se trouvent en opposition aux buts fondamentaux assignés aux syndicats (productivisme, discipline, émulation) le syndicat se plie aux exigences du pouvoir politique et patronal.

Celui-ci est organisé verticalement par branches, et horizontalement par régions et fédérés au niveau national. On peut noter par ailleurs que les syndicats incluent tous les salariés, y compris le directeur et les cadres gestionnaires sus-cités, et que 99 % des salariés sont syndiqués17(*).

Concernant les élections des leaders syndicaux, elles sont manipulées par la direction et par le secrétaire de l'organisation du parti.

Ainsi on constate que cette série de caractéristiques du système les différencie des syndicats occidentaux qui prennent en charge les revendications et les négociations salariales ainsi que la défense de meilleures conditions de travail.

Les syndicats soviétiques, quant à eux, n'interviennent pas dans les négociations salariales car les conventions collectives ne concernent pas les revenus et ils ont tendance à négliger largement la défense des conditions de travail. Leur rôle se cantonne donc à veiller à l'application du contrat de travail, au droit au travailleur à un salaire correct ainsi qu'au règlement des petits conflits de travail. Ainsi leur capacité de défense des travailleurs apparaît dérisoire.

127. Démographie, Rémunération et problèmes de répartition

D'après la doctrine soviétique officielle, le salariat aurait été aboli par l'instauration de la propriété socialiste. La réalité nous a plutôt montré que les transformations sociales qui font suite à la révolution des années 30 ont conduit à une généralisation du salariat.

Les facteurs de blocage sont nombreux : problèmes démographiques, organisation industrielle pratiques syndicales, pénurie de main d'oeuvre, ces éléments ont tous à des degrés divers contribué à une situation d'inefficience.

Ainsi nous allons montrer en quoi la forme du système de salariat qui était en vigueur en union soviétique est génératrice de blocage et de dysfonctionnements.

Il apparaît dans la démographie soviétique de la fin des années 80 quelques traits spécifiques :18(*)

Tout d'abord l'Union Soviétique compte, lors de cette période prés de 300 millions d'habitants pour la majorité concentrés dans les villes. Le pays se trouve dans une situation de pénurie de main d'oeuvre, sur laquelle nous reviendrons par la suite, aggravée par une diminution de la croissance démographique de la population. Le taux d'activité est très élevé (ce qui rend les perspectives d'augmentation de ce taux improbable). Un raisonnement similaire peut être appliqué concernant le taux d'activité des femmes qui peut être perçu comme un trait spécifique du système. On constate à ce sujet qu'en dépit d'une formation en moyenne supérieure à la population masculine, les femmes ont relativement peu accès aux postes de direction et sont principalement concentrées dans les travaux les moins payés dans les branches à bas salaires. (Santé, commerce, enseignement, communication)

Enfin la proportion du travail manuel et non qualifié est élevée à cette époque : environ 50 millions d'ouvriers majoritairement ans la construction, l'industrie et l'agriculture.

Le système de l'emploi en URSS possède un caractère paradoxal : la main d'oeuvre fait défaut, et est en même temps en surnombre. La pénurie sur le marché global du travail coexiste avec des excédents chroniques de force de travail dans les unités de production. Le modèle de développement du pays est de type extensif et contribue à cette pénurie. Il est donc fondé sur un accroissement du capital et du travail employé. C'est bel et bien cette situation de pénurie relative du travail qui va conduire les dirigeants soviétiques à passer à un développement intensif basé sur un système favorisant des facteurs plus qualitatifs de croissance.

Concernant le mode de rémunération, les salaires en Union Soviétique comprennent plusieurs éléments 19(*):

- Une rémunération de base qui correspond à des grilles de salaires fixées par profession et comprenant plusieurs échelons constitués par des compléments individuels de salaires liés aux heures supplémentaires accomplies, aux conditions de travail et au rendement

- Des primes prélevées sur les profits de l'entreprise qui dépendent des performances globales de cette dernière

La rémunération de base (80% de la rémunération totale) correspond à une norme de rendement qu'il est presque impossible de ne pas atteindre. Ainsi cela aboutit à une situation ou apparaissent des anomalies dans les unités productives : travail peu soigné, forts pourcentages de produits défectueux sur les lignes de production, déduction des temps morts dus aux pannes de machines ou aux ruptures d'approvisionnement en matières premières...

Ces différents attributs sont, de plus, amplifiés par l'irrégularité des rythmes de production tout au long de l'année.

Dans ces conditions, il apparaît difficile de parler de prix du travail et d'incitation. Les primes individuelles étant garanties, elles se voient perdre leur fonction de stimulation. Ceci est conforté par les faibles écarts salariaux entre travailleurs peu qualifiés (ouvriers) et très qualifiés (ingénieurs). Ainsi le travail semble déconnecté de l'emploi et de sa rémunération. Le processus de normalisation des tâches de type taylorisme n'a pu malgré le développement de l'OST, s'établir pleinement en URSS. Ce système de normes est mal accepté par les travailleurs qui lui reprochent son aspect opprimant. Les normes de rendement sont objet de conflits entre direction, et employés qui cherchent à résister à l'intensification de ces normes. Ainsi, les entreprises cherchent à compenser la faiblesse du travail et l'impossibilité d'une normalisation des rendements par une augmentation des emplois. On en arrive même à rendre de fait l'emploi obligatoire (réglementation du ''parasitisme'') sans que cela fasse pour autant disparaître les offres d'emploi non satisfaites. On en arrive au final à un état permanent de pénurie du travail (suremploi) qui conforte encore plus les travailleurs dans leur tendance à l'oisiveté.

Les différentes tentatives de modification de la réglementation des salaires en intégrant notamment des primes individuelles de rendement n'ont pas abouti et se sont heurtées au fait que les performances individuelles dépendent souvent de facteurs non individuels (pannes, ruptures de stocks...).

* 17 A Gauthier : Genèse et économie de l'URSS , Bréal 1986.

* 18 A Gauthier : Genèse et économie de l'URSS, Bréal 1986.

* 19 Pierre Georges : L'économie de l'URSS, Presses universitaires de France, 1985.

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