Quadé Quintino étudiant à l'at, Maroc
2007
Royaume du Maroc Ministère de la modernisation des
secteurs publics Ecole Nationale d'Administration Rabat
TV° promotion Filière : Gestion
Publique Option : Gestion de développement et de l'Action sociale
Mémoire de fin d'étude présenté par
Quadé QUINTINO pour l'obtention du diplôme du Cycle de
Formation en Gestion Administrative
Gouvernance locale : pour une nouvelle
stratégie
de développement en
Guinée-Bissau
Sous la direction de Mr. Soulaiman El HAJAM, professeur de
linitiative Nationale pour le
Développement Humain
Mai 2007
Sommaire
Dédicaces 4
Remerciements 5
Introduction 7
Première partie : problématiques du
développement en Guinée-Bissau 11
Chapitre I : analyse des politiques et stratégies de
développement de
l'indépendance à nos jours 11
Section I : Aperçue générale sur le pays
11
Section II:Politiques et stratégies de
développement adoptées 12
A/ Le cadre des politiques économiques 12
B/ Les stratégies globales de développement 14
Section III:Bilan des stratégies de développement
adoptées 18
A/ L'impacts politiques et socioéconomiques des
stratégies retenus 19
B/ Origine théorique de l'échec 20
Chapitre II : Local alternatif pour le développement
23
Section I: L'apport du local au développement 23
A/ Rôle du local dans le développement 23
B/ Le retour au local 25
Section II: Les nouveaux modèles de développement
27
A/ Développement local 27
B/ Le développement participatif 28
Bibliographie 30
Deuxième partie : Vers une nouvelle approche de la
gouvernance locale pour le développement 32
Chapitre I : Gouvernance locale et développement 33
Section I: Cadre d'analyse de la gouvernance 33
A/ Pourquoi ce néologisme? 33
B/ La cristallisation de la gouvernance 34 Section II : Vers
une définition de la gouvernance locale face au
développement 38
A/ Définition de la gouvernance locale 38
B/ Le regain d'intérêt de la gouvernance locale
pour le développement 39
Chapitre II : Les conditions pour la mise en oeuvre de la
gouvernance locale 41 Section I: Analyse du paysage politico administratif
et des possibilités de
l'application de la gouvernance locale 42
A/ Paysage politico administratif 42
B/ Analyse pratique 43
Section II : Axes d'intervention 46
A/ Renforcement des processus de décentralisation 46
B/ Instauration de la démocratie locale et participative
48
Bibliographie 51
Conclusion 52
Bibliographie 54
Dédicaces
j4 mon père et à ma grande mère
éphémères
j4 ma mère : Quint a Sanca
j4 mes oncles: j4lberto Camala et Oliveira j4ntonio
Silva
j4 ma tente j4na Candida Badinca
j4 mes frères et scours
j4 mes amis (es)
Et à ma princesse Dania J. Landim
Chers (ères), il n 'existe aucune dédicace
susceptible non seulement de
traduire l'intensité de l'émotion, mais
également de remplacer toute
affection que j'ai pour vous.
Cette formation du gestionnaire en développement et
action sociale
étant le couronnement de votre effort et ne saurait
être que votre
meilleur cadeau.
Remerciements
C'est avec un graniplaisir que nous nous permettons
d'exprimer
notre vive et respectueuse reconnaissance à nos chers
(ères) parents dont
le concours moral et matériel tout au long de notre
vie scolaire fut
important.
Notre gratitude va aussi à [Monsieur le professeur
Soulaiman El
HAJA[M qui a bien voulu nous encadrer et dont l'orientation
dans
l'élaboration de ce mémoire nous a
été d'une utilité importante.
Des vifs remerciements s 'adressent également
à [Monsieur le
professeur H. Jamak qui a tout contribué à
rassembler la bibliographie
et la documentation nécessaire et, avec lesquels nous
avons pu rédiger ce
travail. Nous ne voudrions pas oublier de remercier à
tout ceux qui ont
participé de près ou de loin pour notre
réussite scolaire.
Nous sommes très reconnaissants à nos
éminents professeurs de
l'ENA dont l'expérience et les connaissances nous ont
permis
d'améliorer not re formation.
« La véritable découverte du voyage ne
consiste pas à trouver de nouveaux territoires Mais d'avoir un
nouveau regard ».
Marcel Proust
Introduction
Les mots n'apparaissent jamais par hasard. Derrière des
mots nouveaux s'exprime le besoin de formuler quelque chose
d'inédite.1
En fait, depuis quelques décennies, la transformation
des structures économiques comme préalable à la
redistribution et l'amélioration des conditions de vie matérielle
de la majorité de la population de par le monde, s'est effectuée
en dehors des structures démocratiques et participatives.
Ce modèle de développement n'est plus viable,
compte tenu de plusieurs facteurs, dont deux me semble pertinents. Le premier
facteur se rapporte à la prise de conscience qu'un Etat
centralisé apparaît de plus en plus comme frein au
développement.
Le deuxième facteur se rapporte aux changements
économiques, politiques, sociaux et culturels intervenus pendant les dix
sept dernières années, et qui sont dus aux effets de la
mondialisation capitaliste et de la lutte des peuples du tiers-monde aux fins
de jouir pleinement de leurs droits fondamentaux en tant que citoyens libres.
Ces facteurs nous incitent à un nouvel examen des questions du
développement dans les Pays en développement en
général et en Guinée-Bissau en particulier.
En effet, la mondialisation accélérée des
systèmes de production véhicule une nouvelle conception de la
culture et de l'être, dans laquelle, l'avoir tend de plus en plus
à prédominer. De support matériel et de cadre
d'organisation social du travail humain, le marché est de plus en plus
présenté comme une finalité, comme un ultime objectif.
Face à cette nouvelle réalité, la natre
et l'action de l'Etat sont en cause. La conception et l'organisation du
travail, de l'espace et société sont interpellées.
1 Philippe Moreau Défargues, la gouvernance éd. PUF
2003 P. 5
De même, la politique en tant qu'expression civique de
la classe publique est ébranlée.
Bref, depuis son accession à l'indépendance en
1974, la Guinée-Bissau a abordé toutes les questions liées
au développement du Pays, sans que la population ne soit
véritablement impliquée dans la dynamique d'un changement
positif. Elles sont restées au niveau de courroie de transmissions des
gouvernants centraux et conseillers régionaux, bien que ces derniers
supposent préserver l'intérêt de la population locale qui
n'a pu, malgré les velléités de changement et
d'évolution perceptible, être au niveau pertinent de prise de
décision en matière de développement.
Face à cette situation, les concepts de local, de
proximité, de participation, de partenariat et évidemment de
gouvernance s'imposent comme de nouveaux repères de modèles de
développement plus égalitaires qui touche à l'ensemble de
la population.
Cependant, le terme de gouvernance plonge ses origines dans
l'histoire utilisée à des propos divers. En France au XII
siècle, la gouvernance avait un sens très technique : la
direction des baillages. Les historiens anglais du moyen âge se
réfèrent à la gouvernance pour caractériser le mode
d'organisation du pouvoir féodal. Ce terme resurgit, dans la langue
anglaise, durant le dernier quart du XX siècle comme l'une des notions
clés de l'univers des entreprises et des organisations.
Mais qu'est-ce qu'au juste la gouvernance ? Dans un monde
devenu planétaire, la gouvernance serait justement ce processus
d'organisation et d'administration des sociétés humaines dans le
respect et épanouissement des diversités. En d'autre terme, la
gouvernance permet d'affirmer haut et clair combien il est vain de vouloir
régler aujourd'hui les problèmes de demain avec les solutions
d'hier !2
2 Marcel Proust Le concept de la gouvernance.
Dans son sens le plus général, la gouvernance
peut être définie comme l'usage de l'autorité politique,
économique, ou administrative pour gérer les affaires d'une
communauté. Cela implique un système de valeurs et de
règles que les membres de la communauté partagent par coutume ou
s'engage de respecter. Au sein des communautés politiques (locales,
nationales et internationales), le système en question comprend des
institutions et des règles du jeu par lesquelles la
société gère ses affaires.
Il me semble donc que, la gouvernance dont il est question
à cet égard, est une gouvernance locale démocratique et
participative. Car, en voulant centraliser et régler toutes les
questions liées au développement économique et social du
Pays, l'Etat se trouve submergé et incapable de répondre aux
attentes des citoyens qui doivent être les principaux acteurs de leur
développement.
Cette nouvelle stratégie de gouvernance locale qui
semble indispensable au développement de la Guinée-Bissau suscite
un certain nombre d'interrogation, à savoir :
D'abord, quelle est la pertinence du concept de la gouvernance
locale ? Ensuite, Pourquoi s'impose-t-elle comme un nouveau repère de
modèles de développement en Guinée-bissau ? Comment cette
nouvelle stratégie peut-elle contribuer à renforcer les bases du
développement économiques et social et soutenir les initiatives
locales de réduction de la pauvreté?
La mise en place de ce nouveau modèle de
développement nous incite à revoir les anciennes approches ou
stratégies qui n'ont pas réussi dans leur majorité
à conduire le pays sur les sentiers de la croissance et du
développement. Et au contraire ils ont largement participé
à la marginalisation, à la dépendance et à
l'appauvrissement des populations (résultat désastreux sur le
plan économique et sur le plan social).
Ces différentes approches se basent sur les principes
fondateurs de l'économie standard dans laquelle les rapports sociaux ne
tiennent qu'une place minime, principe même qu'aujourd'hui fait l'objet
de critiques importantes.
Ainsi, afin d'expliquer les interrogations citées plus
haut, et de recenser les éléments possibles de réponses,
nous allons dans une première partie décrire, analyser et
présenter brièvement et de manière concise les
stratégies de développement retenues en Guinée-Bissau qui
me semblent être l'explication plausible de la persistance du
sous-développement. Dans une deuxième partie, nous serons
amenés à déterminer la nécessité d'une
approche de la gouvernance locale qui met en évidence des relations
d'interdépendances entre les différents acteurs qui forment le
territoire. Enfin, se pencher sur son éventuelle mise en oeuvre dans
l'objectif d'aider un décollage économique et social.
Première partie : problématiques du
développement en Guinée-Bissau
Dans les pays développés, plusieurs choses sont
prises pour acquises, telles qu'un gouvernement stable, l'accès à
l'eau potable, aux routes et autres infrastructures. Dans les pays en
développement notamment en Guinée-Bissau, la situation est
carrément différente. La population est confrontée
à divers problèmes dont l'accès aux infrastructures
sociales de base, à l'électricité, aux infrastructures
routières, etc.
Pourtant, les pouvoirs publics ont essayé
d'améliorer la situation socioéconomique du pays, à
travers des multiples politiques et stratégies de développement
adoptées.
Nonobstant leur effort, le pays souffre encore d'un cumul du
déficit économique et social. Mais comment expliquer ces
déficits ? Faut-il incriminer la politique coloniale ? Ou bien, faut-il
critiquer les choix sociopolitiques d'après l'indépendance ?
Afin d'apporter des éléments de réponses
aux questions précitées, nous divisons cette partie en deux
chapitres le premier décrit et analyse les problématiques du
développement en Guinée-Bissau. Le deuxième chapitre
abordera le local comme alternatif au développement.
Chapitre I : analyse des politiques et stratégies
de développement de l'indépendance à nos jours
Section I : Aperçue générale sur le
pays
La Guinée-Bissau est située dans la cote
occidentale de l'Afrique, sa superficie étant de 36 125 km2, ave une
population de près d'un million et demi d'habitant.3 Elle est
baignée par l'océan atlantique, limitée au nord par la
République du Sénégal et à l'est et sud-est par la
République de Guinée.
3 Source : profil statistique des Pays les moins avancés
Nations Unies 2005 p.27.
Apres une présence non effective de plus de cinq
siècles et une occupation d'une trentaine d'années, la
Guinée-Bissau s'est finalement libérée du joug colonial
portugais par une longue lutte armée de libération nationale qui
a duré onze ans (1963-1973) et animée par Amilcar Cabral leader
révolutionnaire d'envergure nationale qui fut assassiné en 1973
à Conakry lors d'un raid portugais.
L'indépendance fut unilatéralement
proclamée le 24 septembre 1973 en pleine lutte armée de
libération nationale, ayant immédiatement été
reconnue par la grande majorité des Pays membres de l'organisation des
Nations Unies. Cette indépendance que la puissance coloniale a reconnu
en octobre 1974 à la suite de la chute du régime fasciste de
Salazar, ancien président du conseil du portugal.
Apres son accession à l'indépendance à
l'instar des Etats nouvellement libérés du joug colonial, la
Guinée-Bissau se lança aussi dans le processus de
l'édification et reconversion des cadres permettant un pilotage du
destin du pays. Nonobstant cet effort, il soufre encore des maux liés
à l'instabilité politique, à la pauvreté, à
la marginalisation et à la dépendance totale de l'aide
internationale. Et le Pays compte parmi les plus pauvres de la
planète.
Section IiPolitiques et stratégies de
développement adoptées
A/ Le cadre des politiques
économiques
La politique économique désigne un ensemble de
décision prise par les pouvoirs publics afin d'atteindre grâce
à l'utilisation de divers instruments certains objectifs concernant la
situation économique.
Pour remédier la situation socioéconomique du
Pays marquée par le chômage important, déficit
d'infrastructures, la sécheresse, le secteur public en crise et la
faiblesse des niveaux d'éducation et de santé, les années
après guerre ont été caractérisées par une
phase de nationalisation de toutes les infrastructures économiques et
sociales avec la création d'un puissant secteur étatique
axé sur le
développement agro-industriel et
caractérisé par une intervention généralisée
du gouvernement.
Les années 80 ont été marquées par
la création des cabinets régionaux de planification pour
coordonner la mise en place des projets retenus au niveau des huit
régions administratives et du secteur autonome de Bissau.4
Ces cabinets fonctionnaient comme espace de concertation, coordination,
contrôle, suivi et évaluation de façon critique des actions
de développement menées dans chaque région. Celles-ci,
étaient dirigées par les gouverneurs des régions et le
délégué du plan en assurait le secrétariat.
De 1986 à 1989, le gouvernement a mis en place une
assistance technique dans l'appareil administratif. Cette assistance technique
est assez importante concentrée sur deux secteurs : santé et
éducation. Elle avait comme objectif, former les cadres nationaux. Sur
la base de ces orientations, la situation a évolué favorablement.
De plus de nombreux cadres nouvellement formés ont été
recrutés à cette époque dans la fonction publique aidant
ainsi à faciliter la relève. En outre, en vue d'adapter les
services publics aux impératifs du développement
économique et social une étape importante a été
atteinte avec la création du secrétariat d'Etat à la
reforme administrative. Cette institution créée en 1990 est
progressivement mis en place et agira en relation avec le comité
technique de reforme.
En janvier et février 1991 se tient le deuxième
congrès extraordinaire du parti africain pour l'indépendance de
la Guinée et du Cap-Vert pour la « rénovation, unité
nationale et la consolidation de la démocratie ». En mai, la
révision constitutionnelle met fin à l'exclusivité dudit
parti comme force dirigeante de la société et de l'Etat et
consacre notamment la dissolution entre les forces armées et la centrale
syndicale, enfin la loi cadre sur la création des partis politiques est
approuvée. L'assemblée nationale populaire approuve les lois sur
la presse, le
4 La Guinée-Bissau est divisée administrativement
en trois provinces, huit régions et trente sept communes et un secteur
autonome.
statut des journalistes, l'accès des partis politiques
aux organes de communication, la liberté d'adhésion aux syndicats
et le droit de grève.
Apres son adhésion en 1986 dans un processus de
libéralisation économique, le Pays est entré à
partir de 1991 dans un processus de démocratisation politique avec
l'instauration du multipartisme et d'un régime présidentiel fort.
Des élections présidentielles et législatives pluralistes
d'abord prévues pour novembre 1992, ont finalement eu lieu en juillet
1994.
Toutefois, l'évolution démocratique
n'était pas négligeable après les premières
élections pluralistes mais, en 1998, celle-ci a été
perturbée par une guerre civile qui a duré onze mois. En janvier
2000, le gouvernement issus des deuxièmes élections
présidentielles et législatives avait comme priorité de
son action, la politique extérieure placée sous le signe du
<< développement des relations d'amitiés et de
coopération >> avec plusieurs Pays de par le monde. Elle a
été également mise sur la base de << l'unité
nationale, la reconstruction et la réhabilitation du Pays >>.
B/ Les stratégies globales de
développement
La population Bissau-guinénne était de 767 000
habitant en 1979, repartie entre la capitale et 3 600 petites
agglomérations.
Du point de vue de l'emploi, signalons qu'en 1986, on estimait
à 395 600 les personnes actives effectivement une population
virtuellement active de 668 500 personnes.5 Le secteur informel
représente 80% des emplois, contre 20% au secteur moderne
formalisé. Bissau la capitale est le noyau de l'économie
monétaire de l'administration publique, du secteur des entreprises.
Toutefois, au niveau des qualifications, l'emploi formel fait
appel à 2% du personnel hautement qualifié, le reste étant
peu ou pas qualifié. Se pose de plus en plus le problème du
chômage notamment des cadres hautement qualifiés,
5 Source : Etude concernant la dimension, le coût et
l'efficacité de la fonction publique de la Guinée-Bissau
réalisée par le département de la coopération
technique au développement et le PNUD, avec le projet INT/90/R78.
mais aussi des jeunes attirés par les centres urbains
sans y trouver d'emploi. De plus, le secteur public étant en crise par
la restructuration ou la liquidation notamment des entreprises publiques,
l'Etat a pris des mesures et politiques pour faire face à cette
situation.
De 1974 à 1980, on assiste à la phase de
nationalisation de toutes les infrastructures économiques et sociales du
Pays avec un interventionnisme remarquable du gouvernement. Mais le cadre
économique du Pays présentait de très graves
altérations(bas niveau de production interne, déficit du budget
de l'Etat, haut niveau d'endettement extérieur) les autorités
adoptèrent en 1983 un programme de stabilisation économique et
financière, suivi en 1987 d'un vigoureux plan d'ajustement structurel
visant un rééquilibrage des balances de payements à partir
d'un développement de l'agriculture et des exploitations, la limitation
de la demande interne, la réduction progressive du poids du secteur
public, en faveur du développement de l'initiative privée. Ce
plan impliquait outre une politique de change adéquate, une politique de
libéralisation progressive des changes, une politique fiscale et
monétaire, axée sur la priorité aux infrastructures de
production économique et de restructuration de la dette
extérieure.
En 1987, l'application de ce plan permit une augmentation
notable de la production et des exportations du Pays, une ouverture à
l'économie de marché et au secteur privé. Le plan, on l'a
dit, a entraînées des changements très profonds dans
l'économie du Pays, et presente des aspects incontestablement positif
mais aussi des insuffisances au niveau macroéconomique.
Par ailleurs, la décennie 90 a été
marquée par l'adoption de plusieurs stratégies de
développement dont nous citons les plus importantes : la
stratégie du premier gouvernement issu des premières
élections pluralistes organisées dans le Pays s'appuyant sur les
processus de décentralisation politique démarré en
novembre 1994 avec l'objectif, concourir à la restructuration de
l'économie tout en essayant de répondre à une pression
politique grandissante pour une plus
grande démocratisation des institutions. De même
que, renforcer les capacités d'initiative des structures administratives
locales. La loi de décentralisation n'a cependant été mise
en application qu'en 1997.
La période poste électorale était
caractérisée par le retour à la priorité
économique. C'est ainsi, qu'en 1995, un deuxième programme
d'ajustement structurel a été négocié avec les
institutions internationales à l'instar de la Banque Mondiale et le Fond
Monétaire international, visant à prendre d'urgentes mesures
sociales dans un Pays où le chômage frappait 40% de la population
active.6 Cette année a été aussi marquée
par un débat chaud concernant la mise en oeuvre d'un plan
d'aménagement du territoire appelé plan d'occupation du sol dont
l'application est encore à désirer.
En outre, la dépréciation continue du Peso
guinéen (la monnaie nationale de cette époque là), non
convertible a dissuadé les investisseurs étrangers, malgré
les opportunités offertes par le secteur touristique, halieutique et
minier. Pour remédier cette situation, le gouvernement a plaidé
en faveur de son intégration au sein de la zone franc. Le principe d'une
adhésion à l'union économique et monétaire ouest
africaine (UEMOA) a été acquis le 10 mai 1996, à l'issu du
sommet des chefs d'Etat de cette communauté.7
Demandée depuis 1986, l'entrée a
été officialisée le 31 mars 1997. Cette adhésion
s'est traduite par l'admission de Bissau le 2 janvier de la même
année au sein de l'UEMOA. On se demande alors quels sont les enjeux de
cette intégration régionale ? Selon Mustapha Ka « en Afrique
en cette aube du 21 siècle, l'heure est à la définition
des alternatives aux stratégies actuelles de développement. Car,
aussi bien les Etats et les peuples reconnaissent la faillite des choix
opérés jusqu'ici. Faillite largement imputable à la
faiblesse intrinsèque
6 Source : Afrique histoire économique et politique
1998-2001.
7 L'union économique et monétaire Ouest africaine
se compose avant l'adhésion de la Guinée-Bissau de 7 Etats
membres (Bénin, Burkina Faso, Cote d'Ivoire, Mali, Niger,
Sénégal et Togo).
des micros nations nées des indépendances.
D'où un intérêt accrû pour les modèles
privilégiant l'interdépendance et le co-développement
>>.8
L'intégration est un préalable au
développement, car elle donne toujours le primat à la
justification et aux remèdes économiques.
Dans son livre au titre évocateur « l'Afrique
a-t-elle besoin d'un programme d'ajustement culturel ? >> Daniel Etounga
Manguelle nous rappelle opportunément que c'est grâce au
marché commun européen que des pays comme la Grande Bretagne ou
l'ancien République Fédérale d'Allemagne ont pu augmenter
de façon spectaculaire leur productivité agricole.
L'intégration régionale représenterait donc pour la
Guinée-bissau, un moyen de maximiser sa performance productive à
l'heure de la mondialisation d'une part, et de minimiser les risques de rater
les opportunités offertes par ce processus d'autre part.
Toutefois, dans le cadre des engagements pris lors de la
troisième conférence des Nations Unies sur les Pays les moins
avancés à Bruxelles en mai 2000, la Guinée-Bissau a
déployé des efforts particuliers en dépit d'une situation
politique difficile pour définir les politiques devant contribuer
à la reforme de l'administration publique, la réduction de la
pauvreté et la réalisation des objectifs du millénaire
pour le développement (OMD).
La stratégie nationale de réduction de la
pauvreté (DENARP) dont la version intérimaire avait
été élaborée en 2001 a été
finalisée en 2004. Elle a pour principaux axes renforcer la gouvernance,
moderniser l'administration publique et assurer la stabilité
macroéconomique, promouvoir la croissance économique et la
création d'emploi, augmenter l'accès aux services sociaux et aux
infrastructures de base ainsi qu'améliorer les conditions de vie des
groupes vulnérables.
8 Développement et société,
l'intégration un préalable au développement Ethiopiques
n°54 revue semestrielle de culture negro-africaine nouvelle série
volume 7 2ème semestre 1991.
Nonobstant son importance, la mise en oeuvre de cette
stratégie reste compromise. Car les difficultés
financières que connaît le pays depuis quelques années dues
à l'instabilité politique ne l'ont pas permis jusque là de
mettre à terme cette stratégie dont le financement devait reposer
à plus de 80% sur les ressources extérieures.9
En somme, les différentes stratégies de
développement précitées ont donné de fruit, car
elles ont permis d'une part au gouvernement de renoncer depuis 1986 son
dirigisme économique grâce à l'application de programme
d'ajustement structurels successifs, touchant l'agriculture et
accompagné d'une politique de stabilisation économique. D'autre
part, elles semblent porter leurs fruits mais n'ont pas réussi à
réduire l'extrême fragilité de l'économie.
Section III:Bilan des stratégies de
développement adoptées
La Guinée-bissau à l'instar des jeunes Etats
issus de la colonisation, a entrepris plusieurs stratégies de
développement en vue d'assurer son progrès
socioéconomique.
Ces stratégies ont permis le pays de pallier quelques
instabilités macroéconomiques et de se lancer dans une voie de
progrès et de stabilisation. Néanmoins, ces stratégies
n'ont pas réalisé de grand changement et ont conduit le pays dans
une situation de dépendance. Celle-ci s'explique tout d'abord par le
manque d'un cadre favorable à la mise en place desdites
stratégies. Ensuite, leurs limites s'expliquent par inadéquation
de ces politiques aux réalités du
Pays. 10
9 Source : rapport de mise en oeuvre du programme d'action de
Bruxelles en faveur des Pays les moins avancés pour la décennie
2001-2010, juin 2006.
10 Source : Afrique histoire, économique, politique
1998-2001.
Pour une meilleure compréhension, nous repartirons
cette section en deux volets: le premier analyse l'impact de ces
stratégies sur le plan politique, économique et social. Et le
deuxième analysera l'origine théorique de l'échec.
A/ L 'impacts politiques et socioéconomiques des
stratégies retenus
Les stratégies adoptées notamment celles des
années 1987 et 1988 ont donné des résultats
considérables. Leur application a permis une augmentation notable de la
production et des exportations du pays, une ouverture de l'économie de
marché et au secteur privé. Le programme d'ajustement structurel
a entraîné des changements très profonds dans
l'économie du pays et presente des aspects incontestablement positif au
niveau macroéconomique (taux de croissance compris entre 4 et 5% ;
réduction de l'inflation de 65% en 1996 à 17% fin 1997 ;
amélioration des avoirs extérieurs).1 1
Toutefois, la dette extérieure s'est fortement accrue
au cours des dix dernières années correspondant aux phases
d'ajustement structurel, le stock de la dette(moyen et long terme pour
l'essentiel) passant de 424 millions de dollars en 1987 à 914 en 1996.
La dette bilatérale est désormais largement supérieure
à la dette multilatérale alors qu'elles étaient
pratiquement identiques en 1987. Le niveau d'endettement qui atteignait
prés de deux fois le PIB en 1987 et dépasse actuellement 3,5 fois
celui-ci, pèse lourdement sur une économie nationale peu
diversifiée où le poids du secteur primaire est
prédominant.
En plus, le prix du riz a évolué en
conséquence. Ajouté aux effets du désengagement de l'Etat
de circuits de commercialisation et à une bonne pluviométrie,
cela a permis une croissance substantielle de la production rizicole.
Cependant, ce plan presente des insuffisances, car l'inflation
n'a pas pu être maîtrisée, ni la politique d'octroi des
crédits au secteur privé. Il a eu des conséquences
sociales négatives : une pression fiscale accentuée pour les
paysans et une baisse du pouvoir d'achat pour les fonctionnaires. Ces
conséquences négatives sur le plan social, ont
tout particulièrement touché la fonction publique et les
entreprises publiques avec notamment le licenciement de quelques 1500 agents de
la fonction publique.11
De ce fait, pour compenser les effets néfastes du plan
au niveau social, les aides bilatérales ou multilatérales ont
élaboré des projets visant la conversion des personnels dans des
programmes de travaux publics, des petites entreprises, le marché
privé de l'emploi, en ayant recours principalement à la formation
professionnelle. Trois programmes sont à cet égard significatifs
: le programme spécial de travaux publics, le projet cellule de
reconversion, le projet banque mondiale d'aide sociale et d'infrastructure.
Mais ces programmes ont eu de rendements peu nsignificatifs sur le plan de la
réinsertion dans le meilleur de cas, les emplois procurés aux
« déflatés » ont été des emplois
temporaires et les objectifs fondamentaux des programmes n'ont pas
été remplis.
Ainsi, la mise en place des politiques et stratégies de
développement depuis l'accession à l'indépendance ne s'est
pas traduite, au cours des décennies passées par un
progrès économique et social à l'hauteur des
espérances. Une analyse des insuffisances desdites stratégies
serait à cet égard nécessaire en vue d'en éventuel
apport d'alternatifs susceptibles de combler ces lacunes.
B/ Origine théorique de l'échec
La période coloniale suivie de onze ans de lutte
armée de libération nationale a ruiné l'économie
bissau-guinéenne car, le Pays était marqué par un cumul
des déficits économiques et sociaux. De nombreuses causes
expliquent des difficultés rencontrées dans le processus de
développement : l'état général du pays à
l'indépendance se caractérisa par une économie primaire
peu développée, un niveau d'éducation très faible
et absence de formation professionnelle et mauvaise situation sanitaire.
11 Source : étude sur la dimension coût et
efficacité de la fonction publique de Guinée-Bissau PNUD..
D'autre part, le cumul des déficits économique
et social peut être attribué aux choix politiques et
socioéconomiques fait après l'indépendance. Car certains
d'entre eux sont inappropriés notamment dans le domaine de l'industrie,
inconvertibilité de la monnaie et une organisation bancaire unique. Puis
au lendemain de son indépendance la Guinée-Bissau n'a pas
essayé de mettre en place des stratégies de développement
appuyées sur la qualité des ressources ni la mise en place des
infrastructures susceptibles d'assurer un décollage économique.
Il se lança aussitôt dans une voie de développement et de
libéralisation économique avec le désengagement de l'Etat
dans la commercialisation. Ce choix politico-économique est à la
base de l'inefficacité et du sous développement du secteur
privé.
Cependant, le passage rapide d'une économie
fermée de type socialiste à l'économie de marché
aurait du susciter la mise en oeuvre des institutions efficaces dans le secteur
privé, ce qui est loin d'être le cas en Guinée-Bissau. Le
secteur privé manque de ressources humaines bien formées, souffre
des pouvoirs considérables subsistants dans le système
administratif et qui agissent comme frein à l'initiative privée,
enfin de difficultés structurelles : le secteur industriel est
inexistant, le secteur agricole peu modernisé, la fraude et les
marchés parallèles encore puissant, le marché national est
exigu. On peut donc considérer que le secteur privé était
encore en état naissant et doit se structurer rapidement pour atteindre
le niveau d'efficacité nécessaire au bon accomplissement du
rôle qu'il devrait jouer dans ce nouveau type d'économie.
En outre, les limites desdites stratégies s'expliquent
par la prédominance du financement extérieur au détriment
des efforts endogènes (le choix centralisé des politiques
agricoles, absence effective de politique agricole cohérente, aucune
politique d'accompagnement n'a été mis en oeuvre pour appuyer le
processus de décentralisation, manque de volonté des
gouvernements, etc....). Elles s'expliquent également, par le fait que,
comme beaucoup de pays tiersmondistes dans leurs politiques de
développement, en Guinée-Bissau aussi les
populations n'étaient pas conviées à
participer dans les débats ni dans les prises de décision sur les
mesures dont elles sont supposées être les principaux
bénéficiaires. Les institutions impliquées étaient
le gouvernement, l'assemblée nationale et la structure technique
chargée de coordonner les plans c'est-à-dire, le
secrétariat d'Etat au plan et de la coopération internationale et
les commissions sectorielles de planification.
Le système de planification adopté alors
permettait que la coordination des activités du développement
soit assurée à travers un instrument, surtout en ce qui concerne
l'harmonisation des politiques sectorielles avec des objectifs
macroéconomiques.
Ces limites s'expliquent ainsi par l'absence de planification
durant de longues années de la politique de rajustement structurelle
signée avec les institutions de Bretton Wood a négativement
affecté les aspects structuraux de moyen et long terme. Elle a remis en
cause toute mesure susceptible de se prévenir de certaines contraintes
qui pourraient découlées de cette absence de planification au
niveau macroéconomique.
Toutefois, il reconnaître que les stratégies
avaient aussi échouées par ce que l'économie était
centralisée sans que des mécanismes plus fiables soient mis en
place pour le monitoring. A ce propos il faut mentionner les quelques projets
intégrateurs qui avaient bénéficiés de grandes
enveloppes financières pour leur réalisation mais qui n'ont pas
comblé les attentes : la charte de politique de développement,
plan national du développement sanitaire, plan directeur pour
l'état et l'assainissement et plan directeur de pêche. Ces
stratégies étaient mal menées, cela, l'unes des
principales causes de leur échec.
Selon SM le Roi Mohammed VI « on ne peut pas parvenir
à un développement économique et social que par la mis en
place des politiques publiques intégrées ».
En somme, les stratégies retenues en
Guinée-Bissau ont été dans une large mesure
conçurent en terme de polarisation. Elles se basèrent sur ce
qu'il est
convenu d'appeler << le développement par le haut
>>. Ce mode de développement n'a pas manqué de montrer ses
limites suite aux sélections qu'il a opéré :
dépendance territoriale, inégalités
socioéconomiques, hiérarchie urbaine, pauvreté, exode
rural, etc. D'où la nécessité d'emprunter d'autre chemin
nous conduisant vers la sphère locale tout en prônant une prise de
conscience et de considération des potentialités du milieu.
Chapitre II : Local alternatif pour le
développement
En réponse aux problématiques citées
ci-dessus, l'espace local apparaît comme l'une des solutions les
meilleures adaptées à cet effet. Cela s'explique par le fait que
l'espace local constitue aujourd'hui un champ privilégié pour
résoudre des questions liées au développement.
Dans ce chapitre il question de démontrer l'importance
de cette sphère pour le développement. Ainsi, il décrira
des nouvelles approches de développement exercées sur cet espace
qui constituent véritablement l'un des modèles de
développement approprié à l'amélioration des
conditions de vie des population surtout dans un monde de plus en plus
bouleversé par le processus de mondialisation.
Section I: L'apport du local au développement
A/ Rôle du local dans le développement
Il s'agit là de défendre la thèse selon
laquelle une bonne et efficiente insertion dans le système de
l'économie monde nécessite une bonne préparation des
ressorts du local.
Cette thèse reflète parfaitement bien cet
impératif de << penser localement et agir globalement >>,
penser avec les pieds, penser et entreprendre en étant enraciné
dans le temps et dans l'espace. C'est bien à l'échelle locale que
l'on interroge les modèles de développement actuels et les
systèmes mentaux et conceptuels qui les fondent. C'est dans cette
sphère que l'on peut le mieux
décrire les pathologies de notre mode actuel de
développement, que l'on peut interroger la réalité des
besoins que l'on prétend satisfaire, que l'on puisse esquisser des
alternatives.
Si l'on revient à la subsidiarité active, cette
sphère apparaît à la fois comme le point d'application de
principes directeurs définis à une autre échelle, l'espace
de coopération entre les différentes échelles de
gouvernance, mais aussi, le lieu à partir duquel on pense, on
évalue et on ouvre de nouvelles pistes.
C'est dans cet ordre d'idée que l'économiste
Philippin Xito ROXAS a annoncé l'hypothèse que < les
territoires, dans son esprit des communautés de 100 000 personnes
environ, étaient appelés à devenir l'acteur social de
demain. L'acteur le mieux adapté à la gestion des relations,
l'acteur le mieux adapté à l'organisation des relations entre le
local et le global, l'acteur le mieux adapté à la gestion des
biens qui se multiplient en se partageant >>.
Toutefois, la redécouverte du local est pour le moins
paradoxal à une époque où l'on ne parle que de
mondialisation, d'interdépendance planétaire, de globalisation
économique et de démocratisation. Il est vrai que le mouvement de
décentralisation politique ne manque pas d'ambiguïté. Aussi
faut-il commencer par lever l'hypothèque d'une conception faible du
local qui vise en faire une sorte < d'annexe inodore et sans saveur
>>, un accessoire nécessaire mais somme toute secondaire, du grand
mouvement de globalisation économique.
Cette marginalisation du territoire local est tout
entière dans l'ambiguïté de la formule <penser
globalement et agir localement >>. Cette formule séduisante et
séductrice est profondément perverse. Elle laisse à penser
que c'est seulement à partir de données globales que l'on peut
penser et, d'une certain e manière, elle invalide d'avance une
pensée qui naîtrait du local et ne serait pas rattachée
à des organisations internationales. Et plus grave encore, elle renvoie
l'action citoyenne au niveau de l'action locale. Ce faisant, elle rejoint un
courant de pensée fréquent qui consiste à dire < les
grandes transformations sont portées par
des dynamiques internationales, l'évolution des
sciences et des techniques, les grands acteurs de l'économie mondiale
>>.12
Le citoyen moyen se résout à ne pas avoir de
prise sur ces grands facteurs et ces grands acteurs. Mais on reconnaît
que la << guerre économique >> fait beaucoup de victimes et
il faut alors la compléter par une action locale, si possible citoyenne
qui viendra prendre en charge tout ce que l'économie ne gère pas
et en atténuera les défauts les plus flagrants. Cette vision
cadre avec l'expression que dit : << comme les Etats n'arrivent plus
à gérer les effets sociaux de la mondialisation ils en repassent
la charge aux communautés locales. Voilà arrivée de des
approches locales de développement.
B/ Le retour au local
Nous pouvons construire notre identité et
prévenir à un développement capable d'amener la
dignité de la personne, capable de rendre aussi possible la
cohésion et donc le progrès social à partir de notre
propre réalité. Cela suppose en effet, une valorisation de
l'individu dans son milieu d'appartenance. Ce qui suppose d'emblée une
nécessité de retourner au niveau local longtemps
négligé, afin de construire une identité propre et une
citoyenneté active permettant à tout un chacun de contribuer dans
la recherche du progrès social, culturel et collectif. Ce retour se
traduit dans une ère de la mondialisation par la recherche d'une
réappropriation des origines et la redécouverte des racines.
C'est-à-dire à un renforcement du caractère identitaire et
à la sauvegarde de la mémoire collective.
Le retour à la culture locale est ainsi perçu
par les sociétés comme un essai de puiser dans les racines
(histoire, culture, patrimoine, identité) les éléments de
force pour faire face à la globalisation envahissante et aménager
une place sur
l' échiquier mondial.13
12 Le territoire brique de base de la gouvernance au
21ème siècle, Belgique le 28 Nov. 2002 par Pierre
CALAME.
13 Lahsen JENNAN, prof. De géographie, Université
Sidi Mohamed Ben Adelah Fès : les espaces traditionnels de
solidarité au Maroc : complémentarité et
régulation.
Ce retour est aussi l'expression d'un repli sur les
potentialités endogènes, qui ne signifie nullement un retour au
développement local autocentré et autarcique. Au contraire, ce
mouvement s'insère dans une dialectique marchandisation -
territorialisation que sous-tendent les mécanismes d'articulation entre
globalisation et développement local.
Tout se passe comme si, devant une économie de plus en
plus mondialisée qui impose la qualification et la mise à niveau
des territoires et des sociétés, ces derniers s'efforcent de
mobiliser et d'insérer leurs ressources propres, et s'investissent au
maximum pour assurer leur survie et leur pérennité.
Ces ressources territoriales sont, d'autre part, autant
d'objets susceptibles de renforcer les liens de solidarité à
l'intérieur du groupe et de lui donner les moyens d'avoir une prise sur
les processus qui valident des échelles de temps et d'espace d'un niveau
supérieur.
Le retour au local, en tant que réconciliation du
développement avec son territoire, son histoire et sa culture, a aussi
des raisons internes. Le désengagement de l'Etat et l'échec de la
plupart des modèles de développement centraux où
prédomine une vision techniciste dirigiste, ont permis
l'émergence de nouveaux acteurs de développement où la
société civile occupe à travers ses diverses formes
d'organisation et d'action, une place de plus en plus grande. Les ONG et le
travail associatif sont, dans ce domaine, la formule la plus
répandue.
En plus de la forte mobilisation qu'il peut
générer, le cadre communautaire aura l'avantage de mettre en
oeuvre les savoirs locaux et les acquis dont les populations ont la
maîtrise.
Ainsi, l'importance du territoire local pour l'assis des
stratégies de développement adaptées, nous conduit dores
et déjà à une description et analyse des nouvelles
stratégies de développement qui tiennent largement en
considération l'être humain dans sa relation avec son milieu.
Section II: Les nouveaux modèles de
développement
Dans le chapitre précédant, nous avons
cités les causes majeures qu'explique l'échec de multiples
stratégies de développement adoptées en
guinée-Bissau. Cet échec associé aux défis de la
mondialisation auxquels font face les pays en développement en
général et la Guinée-Bissau en particulier, rendent une
fois encore, les questions du développement plus difficiles.
En fait, la mondialisation est à l'origine de
l'émergence de bon nombre de mouvements de résistance. Cette
résistance est mieux connue que la construction d'alternative au
néolibéralisme dominant.
Il se trouve comme réaction à travers le monde
nombre d'initiatives économiques à finalité sociale qui
participent à la construction d'une nouvelle façon de vivre et de
penser l'économie à travers des dizaines de milliers de projets
dans les pays du sud. Ces initiatives locales sont réunies en
réseaux qui leur permettent de participer à des dynamiques
régionales, nationales et même mondiales. C'est dans cette
perspective que l'on parle des nouvelles modèles de développement
à savoir : le développement local, solidaire et participatif.
A/ Développement local
Dans les années 70 les stratégies de
développement d'un Etat se basées sur la grande entreprise. Or,
le retournement de la conjoncture économique, au début des
années 80, stimulé par les deux chocs pétroliers et le
phénomène de la mondialisation accompagné du fléau
des fermetures d'entreprises a forcé l'émergence d'une vision
différente en matière de développement économique.
Les stratégies appuyées sur les mégaprojets ont
laissé place à de nouvelles avenues axées sur la petite
entreprise et l'entreprenariat local. Ainsi, à grande échelle,
les symptômes d'un dynamisme nouveau se manifestent à travers la
mise en valeur des ressources humaines, physiques et financières des
collectivités. C'est dans cette perspective que le concept
développement local
s'est imposé comme nouveau modèle d'un
développement harmonieux d'un territoire donné.
L'importance de cette nouveau mode de développement
s'explique par le fait qu'il tient en considération les
potentialités existantes du milieu et invite les différents
acteurs y présents à participer dans la conception des projets de
développement les concernant tout en tenant compte également des
besoins et leurs aspirations.
Ce modèle de développement prône en effet,
en faveur de participatif entre les différents acteurs du
développement. Il fait allusion aux efforts conjugués de ces
acteurs(entreprises publiques, privées, ONG, association... )où
se retrouvent les fameuses forces vives sur les épaules desquelles
repose la responsabilité de mettre de l'avant une stratégie de
développement. Les initiatives en vue de promouvoir l'emploi prennent
l'essentiel de leur appui sur des ressources locales à
l'intérieur même de l'espace d'intervention auquel s'identifient
les différents acteurs. Ainsi, les actions combinées de ces
acteurs permettent en conséquence de créer une dynamique locale.
Ce qui offrirait à la population des moyens nécessaires d'assurer
leur survie. Mais pour que ces moyens soient efficaces et
bénéfiques pour la population il faudrait que celle-ci soit
conviée considérablement à participer dans ce processus
d'où l'intérêt d'un autre modèle de
développement qui complète le premier à savoir : le
développement participatif.
B/ Le développement participatif
Le regain d'intérêt de ce modèle
développement repose sur la prise de conscience que une stratégie
ou un projet de développement ne peut être viables sans que leurs
bénéficiaires ne soient véritablement invités dans
cette démarche. Dans cette perspective, il convient d'ajouter que selon
Hari mohan MATHUR « une opinion largement répandue dans la
communauté du développement est que sans l'engagement, la
créativité, l'énergie et la participation des gens, le
rythme de développement ne s'accéléra pas
».14 L'approche participative est, en effet,
considérée comme le moyen le plus efficace d'obtenir un
développement social et humain équitable. Car, elle
réoriente le développement en faveur des pauvres, de leurs
besoins, de leurs problèmes et de solutions de rechange destinée
à les résoudre.
Enfin, le développement participatif est
également digne de soutien en tant qu'expression d'une
préoccupation de plus en plus universelle et qui concerne les droits des
peuples à disposer d'eux-mêmes.
En gros, il convient de signaler que les différentes
stratégies de développement retenues en Guinée-Bissau
étaient mal conçues. Car d'une part, leur conception se faisait
à partir du centre sans pour autant descendre sur le terrain pour voir
si en réalité elles cadrent avec les besoins et aspirations des
populations. Aussi, ces stratégies étaient
élaborées sans tenir compte des besoins du pays à cette
époque là : construction des infrastructures sociales,
éducatives et sanitaires de base. Car, on ne peut pas parvenir à
un développement sans créer préalablement les conditions
favorables à mise en oeuvre de toute initiative destinée à
cette fin. Ce qui fut juste le cas en guinée-bissau. L'Etat au lieu de
penser à la préparation des cadres susceptibles d'assurer la
bonne marche de ces stratégies et la destinée du Pays, il se
pressa à contrario à parvenir à un développement
sans mettre en oeuvre les moyens nécessaires.
Il est indispensable de garder à l'esprit que le
succès des projets de développement dépend largement de la
participation active et consciente de tous ceux qui devront en
bénéficier, à travers le dialogue et la concertation.
Ainsi, nous avons le devoir, de ne compter que sur
nous-mêmes et de nous attacher à faire l'usage le plus judicieux
des potentialités dont nous disposons. Il nous incombe de mettre en
place des politiques nationales efficientes, vouées à la
concrétisation d'un développement global intégré.
Cet objectif qui passe impérativement par la consolidation de la
stabilité de la paix et de la sécurité,
14 Comment mettre en oeuvre le développement participatif,
CAFRAD, p. 171.
requiert le renforcement de la démocratie, la promotion
des droits de l'homme et l'application des règles de bonne
gouvernance.15
Enfin, Pour améliorer l'efficacité des
politiques publiques et appliquer convenablement les nouveaux modèles de
développement cités ci-dessus, il faudrait qu'il soit
adopté de nouvelles approches qui prennent en considération les
différentes forces existantes et qui optent également, pour une
vision globale, harmonieuse et intégrée du
développement.
Bibliographic
· Profil statistique des Pays les moins avancés,
Nations Unies 2005 p. 27.
· Etude concernant la dimension, le coût et
l'efficacité de la fonction publique bissau-guinéenne
réalisée par le DCTD et le PNUD, avec le projet INT/90/R78.
· Afrique histoire économique et politique
1998-2001.
· Développement et société,
l'intégration un préalable au développement Ethiopique
n°54 Revue semestrielle de culture negro-africaine nouvelle série
volume 72ème semestre 1991.
· Rapport de mise en oeuvre du programme d'action de
Bruxelles en faveur des Pays les moins avancés pour la décennie
2001-2010, juin 2006.
· Le territoire brique de la gouvernance au
21ème siècle, Belgique le 28 novembre 2002 par pierre
CALAME.
· Lahsen JENNAN, professeur de géographie
à l'Université Sidi Mohamed Ben Abdelah Fès, les espaces
traditionnels de solidarité au Maroc: complémentarité et
régulation.
· Comment mettre en oeuvre le développement
participatif, CAFRAD, p. 171.
15 Discours de SA Majesté le Roi Mohammed VI,
prononcé à l'occasion de la 1ème conférence
africaine sur le développement humain, Rabat, le 10/04/2007.
· Discours de SA Majesté le Roi Mohammed VI,
prononcé à l'occasion de la première conférence
africaine sur le développement humain, Rabat, le 10 mars 2007.
Deuxième partie : Vers une nouvelle approche de
la gouvernance locale pour le développement
Selon Jean-Pierre Gaudin la gouvernance serait le
dépassement des politiques antérieures qui ont montré
leurs limites et leurs insuffisances : par exemple la faible place
donnée au dialogue social, ou bien le manque d'un deuxième
souffle dans la décentralisation.16 Ceci, cadre en effet,
avec la préoccupation de bâtir de nouvelles approches de
développement harmonieux et intégré.
Cette notion qui nous conduirait vers ce
développement, couvre d'autre voie et donc de nouvelles méthodes
de gestion des affaires publiques. Elle prend pour base du développement
la notion de local dans ses relations avec les différents niveaux du
territoire.
Dans la situation où elle a abouti actuellement, la
conception du développement local, va bien au-delà du
modèle de développement localisé, il s'agit
d'appréhender le développent d'une manière
territorialisée et globalisante. Cette approche prend en
considération toutes les liaisons, toutes les interactions en oeuvre
dans un territoire.
C'est notamment à travers ces relations
d'interdépendance que dépendra la mise en place de la
gouvernance. Qu'entendons-nous alors par la gouvernance locale ? Comment
regarde-t-on les phénomènes ethniques ? Pour éclaircir ces
interrogations, nous allons dans le premier chapitre présenter les
rapports entre la gouvernance locale et développement à travers
une description de son cadre théorique. Dans un dernier chapitre, nous
serons amenés à analyser les conditions de mise en oeuvre de la
gouvernance.
16 Jean-Pierre Gaudin, pourquoi la gouvernance ? éd.
2002, presse de la fondation nationale des sciences politiques.
Chapitre I : Gouvernance locale et
développement
Ce chapitre se divise en deux sections : la première
décrira le cadre théorique de la gouvernance. La deuxième
abordera la gouvernance locale face au développement.
Section I: Cadre d'analyse de la gouvernance
A/ Pourquoi ce néologisme?
On ne peut pas concevoir un développement
économique sans un atmosphère politique sain, sans
démocratie et sans administration efficace qui répond aux
exigences de la rationalité et de la reforme de l'action de l'Etat.
Cette prise de conscience s'est manifestée dans le
dernier quart du 20è me siècle après la fin de
la guerre froide. Face à la complexité de l'environnement
économique, social et politique liée à l'affirmation de
nouveaux acteurs sur la scène internationale et face à
l'enchevêtrement des niveaux local, national et international, les formes
classiques de gouvernement sont mises en doute dans leurs capacités
à coordonner des actions, et à faire face aux nouveaux
défis de la mondialisation des échanges.
Les causes de cette crise de gouvernabilité sont
multiples : crise de l'Etat providence, déstabilisation des
organisations traditionnelles de médiation, complexification croissante
l'organisation sociale et émergence de nouvelles exigences. On remarque
dé lors, que depuis cette période, l'Etat n'est plus au centre
des choses, et l'on commence alors à redéfinir le nouveau
contexte et à interroger sur l'évolution du système de
gouvernement. C'est dans ce contexte aux facettes incertaines qu'émerge
la question de la gouvernance.
En fait, la gouvernance propose de s'interroger sur les
questions fondamentales visant à un changement durable des pratiques
managériales traditionnelles et recouvre trois types d'inflexions par
rapport aux méthodes traditionnelles de direction : un effort de
rationalisation qui vise à réduire la part d'incertitude et
d'aléas inhérents à toute action
collective(démarche stratégique
plus affinée, plus grande rigueur dans
l'élaboration des choix et une évaluation systématique des
effets des actions engagées ; une meilleure prise en compte de la
diversité des pôles multiples de pouvoirs permettant de
développer des procédures d'échanges, de concertation et
de négociation entre ces pôles d'influences ; une volonté
de développer des stratégies de participation pour impliquer les
intéressés dans l'élaboration des décisions en les
associant à la construction des choix collectif.
Enfin, c'est par rapport à cette vision multiple dans
l'organisation, et administration des sociétés humaines dans le
respect d'épanouissement des diversités que la gouvernance
s'impose comme nouveau modèle de gestion.
B/ La cristaiisation de la gouvernance
Dans cette section, il n'en sera pas question de plonger dans
les siècles pour chercher les origines de la gouvernance. Nous la
cherchons tout simplement dans le dernier quart du 2oème
siècle.
L'idée de gouvernance indique au moins deux
évolutions : les frontières entre public et privé se sont
effacées sous l'emprise de la globalisation. Public et privé
s'interpénètrent. Le public requiert aujourd'hui, la
participation du privé : par exemple, quête de parrainages, en
particulier financiers. Le privé se trouve conduit à assurer des
tâches publiques ; Ainsi l'entreprise dite citoyenne, assumant des
actions de charité ou des opérations culturelles.
En somme, « le public, désacralisé, n'est
plus au-dessus de la société, il en est une des dimensions,
essentielle mais coopérer, sur une base de moins inégale, avec le
privé ».17
La deuxième évolution s'explique par la
transformation de l'intérêt général, car celui-ci,
est devenu une construction multiforme ouverte et permanente. Ce qui justifie
son passage de l'ère des gouvernements à l'ère de la
gouvernance
17 Philippe Moreau DEFARGES la gouvernance, éd. PUF
2003.
(l'intérêt général se construit et
circule appartenant temporairement à celui que l'exploite).
C'est dans cette perspective que J.P. Gaudin nous dit :
<< la gouvernance, ce serait tout bonnement de l'action publique en
réseau, une pratique relationnelle de coopération non
prédéfinies et toujours à réinventer, à
distance des armatures hiérarchiques du passé et des
procédures de négociation, l'ajustement entre acteurs n'en reste
pas moins nécessaire. La négociation en réseaux
apparaît comme un mode de coordination entre action, impliquant objectifs
et moyens, systèmes de valeurs et logique d'intérêts. Et
cela par des procédures d'interaction et de négociation
systématique>>.18
Toutefois, cette construction et affirmation de la gouvernance
se sont réalisées dans les différents domaines au cours de
l'histoire. Le mot << gouvernance >> apparaît en 1937 dans un
article << the nature of de firme >> écrit par Ronald COASE,
économiste américain.
Dans les années 70, certains économistes
définiront la gouvernance comme des dispositifs mis en oeuvre par
l'entreprise pour mener de la coordination interne en vue de réduire les
coûts de transaction que génère le marché. On parle
alors de gouvernance de l'entreprise.
Aujourd'hui, la << corporate gouvernance >> a pour
objet de fixer de nouvelles règles du jeu entre les dirigeants et les
actionnaires. En fait, sur le triple effet de la mondialisation, de la
globalisation financière et de la circulation
accélérée des capitaux, les actionnaires exigent un
modèle de << gouvernement d'entreprise >> prenant acte des
nouvelles perspectives offertes par la globalisation financière sous
l'influence de la réglementation des marchés financiers, la
<< corporate gouvernance >> vise à supplier les manques du
droit des sociétés les devoirs des dirigeants vis-à-vis
des actionnaires : loyauté, transparence, efficacité, etc.
Dans les années 80, les institutions internationales
à l'instar, de la Banque Mondiale et du fond Monétaire
International, s'emparent de l'expression << good
18 Gaudin J.-P. (2002), pourquoi la gouvernance ? Paris, presses
des sciences PO.
gouvernance >> pour définir et préciser
les critères d'une bonne administration publique applicables à
des Pays fortement incités en échange de prêt à
mettre en place des reformes institutionnelles utiles à la
réussite de leurs programmes économiques.
Cette perspective pénètre l'espace
étatique, selon une logique analogue à celle des entreprises.
L'Etat n'est plus une entité fermée et souveraine, ne rendant de
compte qu'à elle-me. << La souveraineté étatique,
dans son sens le plus fondamental, est en plein redéfinition. Les Etats
sont maintenant largement considérés comme des instruments au
service de leur peuple et non l'inverse. Au même moment, la
souveraineté de l'individu est renforcée par une conscience
nouvelle et en plein diffusion des droits individuels >>.19
L'accord de Cotonou (juin 2000) partenariat entre l'Union
européenne et 77 Pays de ACP(Afrique, Caraïbe et pacifique),
définit dans son article 9, la bonne gouvernance comme << gestion
transparente et responsable des ressources humaines, naturelles,
économiques et financières dans des buts de développement
équitable et durable>>.
En 1997, lors de la crise asiatique, la Banque Mondiale
reconnaît que le marché ne peut assurer une allocation optimum des
ressources et réguler les effets pervers de la globalisation.
Définir une doctrine de << gouvernance mondiale
>>, c'est admettre le postulat que les pratiques traditionnelles de
gouvernement fondées sur la coopération internationale entre
Etats-Nations ne permettent plus de résoudre les problèmes issus
de la mondialisation. Il s'agirait donc de définir un corps de valeurs
universelles qu'inspirerait les bonnes pratiques tant au monde des affaires
qu'aux gouvernements aux organisations chargées de la régulation
de la mondialisation.
19 Kofi Annan, Secrétaire général des
Nations Unies, 1999.
Par ailleurs, pour des raisons analytiques, il est
souhaitable de distinguer entre trois dimensions de la gouvernance, que l'on
désigne souvent comme gouvernance politique, gouvernance
économique et gouvernance sociale. La gouvernance politique se rapporte
au processus par lequel la société s'organise et gère ses
affaires ; la gouvernance économique à l'articulation de
politique, se rapporte à des procédures et mécanismes
organisationnels nécessaires pour la production et la distribution des
biens et des services ; et la gouvernance sociale au système valeurs et
croyances sur lequel reposent les comportement sociaux et la prise de
décision politique.
Ces trois dimensions sont interdépendantes. La
gouvernance sociale est responsable de la base ou fondation morale de la
gouvernance économique et politique. De son coté, la gouvernance
économique fournit la fondation matérielle des gouvernances
sociale et politique. Quant à la gouvernance politique, elle
représente la dynamique organisationnelle de base pour les gouvernances
sociale et économique. Elle est, par conséquent le facteur de
l'ordre et de la cohésion d'une société.
Nonobstant l'importance des différentes sphères
de gouvernance citées plus haut, notamment, la bonne gouvernance et la
gouvernance mondiale associées aux trois dimensions que nous venons
juste d'analyser, il me semble que la sphère locale qui est le terrain
le mieux adapté pour renforcer des liens sociaux et maintenir la
cohésion sociale afin de construire une conscience collective. Elle
constitue de ce fait, une « école de formation » et de prise
de conscience de la nécessité de bâtir un monde dans lequel
tout être aura la possibilité de combler ses aspirations et
besoins.
Conscient de l'importance de cette sphère de gouvernance,
nous allons dores et déjà la définir et essayer de
démontrer ses rapports avec le développement.
Section II : Vers une définition de la gouvernance
locale face au développement
A/ Définition de la gouvernance locale
La gouvernance est un concept utilisé lorsque l'on
discute de la réalisation de différents objectifs de
développement tels que, la réduction de la pauvreté,
l'amélioration des services de santé et d'éducation, ou la
gestion des ressources naturelles. Les efforts de développement ont
toujours échoué lorsque les ressources n'ont pas
été utilisées d'une manière efficace et attentive
aux besoins des bénéficiaires. Mais qu'est ce qu'au juste la
gouvernance au niveau local ?
La gouvernance locale comprend un ensemble d'institutions, de
mécanismes et de processus par lesquels les citoyens et leurs groupes
peuvent exprimer leurs intérêts et leurs besoins, négocier
leurs différences et exercer leurs droits et leurs obligations au niveau
local. Elle nécessite un partenariat entre les institutions
gouvernementales locales, les organisations de la société civile
et le secteur privé, pour la prestation participative, responsable et
équitable des services et le développement local. Elle
nécessite le transfert aux collectivités locales de
l'autorité et des ressources nécessaires et le renforcement de
leurs capacités à fonctionner comme des institutions
participatives sensibles et responsables vis-à-vis des
préoccupations de tous les citoyens. En même temps elle a le souci
d'oeuvrer au renforcement de la démocratie à la base et de donner
aux citoyens, aux communautés et à leurs organisations telles que
les organisations communautaires à la base et les ONG les moyens de
participer en tant que partenaire égaux à la gouvernance et au
processus de développement local.
Cet horizon démocratique de gouvernance parait donc
aujourd'hui plus valorisant qu'il rejoint les propositions contemporaines du
philosophe Jürgen HABEMAS, celle qui portent sur un possible
approfondissement de la démocratique contemporain, recherché par
biais dune libération rationnelle à laquelle chaque citoyen
serait convié, par là le mandat représentatif donné
aux élus. Cette idée fascine encore bien dans les veilles
démocraties et parait
comme une perspective puissante dans les pays où la
démocratie participative par exemple n'a pas encore vu le jour à
l'instar de la Guinée-Bissau.
Cette notion de gouvernance locale est capitale pour
comprendre le local. C'est avant tout une question d'approche. Celle-ci, va
dans le même sens avec ce qui est convenu d'appeler << l'ère
du temps collectif >> notamment celle de la mondialisation et de la
démocratisation, dans laquelle le citoyen exige de plus en plus à
participer dans la gestion des affaires destinées à lui
servir.
Toutefois, cette échelle est primordiale dans la mesure
où elle nous offre la possibilité de comprendre ce qui se passe
réellement au niveau local. Car, si on reste au niveau
d'évaluation de la Banque Mondiale ou des experts de passage, on ne
comprend pas d'où viennent des multiples dérives qui se
manifestent. Plus encore selon Jean-Pierre Olivier de SARDAN << la ligne
de front des politiques publiques et du développement, c'est la
gouvernance locale. C'est là que les politiques nationales,
extérieures ou non gouvernementales, rencontrent les acteurs sociaux
locaux>>.20
Ainsi, la gouvernance locale est un outil de gestion au
même temps une approche permettant de connaître les maux dont
souffrent la population au niveau local ce qui cadre avec l'objectif d'un
projet de développement qui vise à répondre aux besoins et
aspirations de la population.
B/ Le regain d'intérêt de la gouvernance
locale pour le développement
La gouvernance implique la mise à la disposition des
individus des moyens (sociaux, d'éducation de base, soins
médicaux primaires, des ressources économiques) pouvant leur
permettre d'améliorer leurs conditions matérielles de
vie.21.
Pour la plupart des gens qui sont pauvres, cela ne peut
qu'augmenter leurs chances de lutter avec succès contre la
pauvreté, le chômage et l'exclusion
20 http :
google.fr Anthropologie anciennes
méthodes, nouveaux objets, Jean-.Pierre Olivier DE SARDAN éd,
école des hautes études en sciences sociales.
21 Amartya Sen, développement as freedom, Alfred A.
Knopf, New York, 1999, p.142.
sociale. Pour que le développement soit
réellement l'élargissement d'espaces de liberté et de
choix pour les pauvres, ceux-ci devraient prendre part aux décisions et
aux interventions dont ils sont censés être
bénéficiaires. Par conséquent, ils ne peuvent le faire
qu'à travers des mécanismes participatifs et d'autogestion.
De ce fait, il me semble que la gouvernance dont il est
question à cet égard est gouvernance démocratique
participative et locale. Cette gouvernance qui offrirait la possibilité
à tout un chacun car elle est proche du citoyen, de
bénéficier des fruits de la production collective de même
que d'y participer. Le regain d'intérêt de celle-ci se situe
principalement à deux niveaux : la promotion de la
sécurité humaine et la construction et le renforcement d'un
état de développement.
Un aspect important de l'impératif sécuritaire
et un des objectifs majeurs de la gouvernance démocratique locale est
l'institutionnalisation de l'approche au développement basée sur
les droits. Il s'agit d'une démarche qui reste fidèle à la
notion de démocratie comme un processus à long terme de
l'expression de l'espace politique et des droits humains fondamentaux,
permettant ainsi aux masses populaires de prendre part à la prise de
décision. Une des conditions préalables, à la
responsabilisation du peuple à cet égard un changement de
paradigme sur la nature de l'Etat, lequel devrait être perçu non
comme un réseau de relations construit au tour du chef et son entourage,
mais comme un ensemble d'institution impersonnel oeuvrant dans
l'intérêt général.
Le deuxième créneau se situe au niveau de la
construction et renforcement de l'état de développement. Dans
l'absence d'un Etat fort capable d'exercer ses prérogatives
régaliennes sur l'ensemble du territoire national et de se faire
obéir, le développement n'est pas possible. Il est donc
indispensable que dans les pays pauvres comme le notre, l'Etat réussisse
à exercer d'une façon efficace ses fonctions essentielles,
à savoir le maintien de l'ordre et de la sécurité, le
recouvrement d'impôt et des taxes fiscales et la redistribution des
ressources. La
reforme de l'administration publique et le renforcement de
capacité de tous les rouages de l'appareil de l'Etat s'imposent.
Cependant, pour mener à terme cette mission, l'Etat a
besoin d'une société forte au sein de laquelle chacun se sentira
à l'aise et motivé à participer dans l'édification
d'une nation digne et prometteuse.
Comme l'indiqué plus haut les deux créneaux ont
en commun une plus grande participation citoyenne aux affaires publiques, qui
tient compte de la nécessité d'aller au de la des
élections et des sondages d'opinion pour prendre une part active au
débat politique et à la prise de décision à travers
d'autres forums consultatifs, les ONG et les structures
décentralisées de la vie politique et administrative. Ce qui
suppose nécessairement la construction d'une sphère proche du
citoyen lui permettant de jouir pleinement de ses droits et ses obligations
tout en respectant les valeurs et normes coutumières et de s'engager
également dans le processus de prise de décisions. Ainsi,
conscient de l'importance de la gouvernance locale pour le développement
et promotion de la démocratisation participative, nous allons dores et
déjà analyser les conditions nécessaires pour sa mise en
oeuvre.
Chapitre II : Les conditions pour la mise en oeuvre de
la gouvernance locale
Au niveau de ce chapitre il est question d'analyser le cadre
pratique afin de voir les possibilités nécessaires pour asseoir
la gouvernance locale. Sur ce, la première section décrit et
analyse le contexte global du pays dans le domaine des politiques publiques et
la faisabilité de cette démarche. La deuxième section
abordera les conditions pour l'assis de la gouvernance locale.
Section I: Analyse du paysage politico administratif et
des possibilités de l'application de la gouvernance locale
A/ Paysage politico administratif
A l'indépendance du pays en 1974, le parti africain
pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, d'orientation
marxiste n'a pas pour autant supprimé le modèle d'administration
indirecte, mais appliquait une administration directe et centralisatrice. Dans
les années 80, une tentative de mise en place des mesures de
déconcentration et de décentralisation a été
initiée dans les régions, avec l'objectif de renforcer les
capacités d'initiative des structures administratives locales, mais
encore dans une phase très embryonnaire.
Il convient de signaler que le processus de
déconcentration s'est démarré avant celui de la
décentralisation. Initié dès 1986 leur forme
prédominante en fait unique, a été une forte
déconcentration des services centraux de l'Etat. Celle-ci, est purement
formelle dans la mesure où les échelons locaux étaient
complètement marginalisés.
La décentralisation malgré la place qu'elle
occupait dans l'imaginaire des autorités publiques, son processus s'est
démarré qu'en décembre 1994 comme un complément du
processus de privatisation et de deconcentration initié dès 1986.
La loi de la décentralisation n'a cependant était mise en
application qu'en 1997.
Cette loi attribuait aux régions et aux secteurs de
nouvelles fonctions de décision, exécution et contrôle,
laissant toutefois la responsabilité de gérer le financement du
développement au niveau central. La décision de
décentralisation s'est révélée être plus
clairement encore, une décision purement formelle dans la mesure
où aussi bien le niveau intermédiaire que le niveau local n'ont
reçu aucune nouvelle ressource les permettant de faire face aux
nouvelles fonctions impliquées par la décentralisation. Les
pouvoirs des autorités en charge des entités
décentralisées sont donc quasi-inexistants.
Face à cette réalité, peut-on parler de
la décentralisation ? Certes que non, car la décentralisation
suppose avant tout un transfert de pouvoir aux entités
décentralisées et une application de ce dernier pour assurer la
gestion des affaires publiques. Aussi, elle suppose un exercice de la
démocratie locale et participative. Or, tel n'est pas le cas en
Guinée-Bissau. On assiste l'insuffisante volonté politique de
prendre en compte les aspirations des populations dont témoigne
l'inexistence d'élection communale et locale. L'absence combinée
de modalité de coordination entre les trois niveaux du gouvernement,
faible représentativité de la société civile et
manque de tradition de participation des organes locaux dans les processus
décisionnels. Face à ce constat, il n'est nullement question de
parler de la décentralisation. D'où la nécessité
d'envisager des possibilités susceptibles de favoriser la mise en oeuvre
de la gouvernance locale.
B/ Analyse pratique
La mise en place de la gouvernance locale fait appel à
l'analyse systémique dans laquelle, le territoire système
productif et sociétés locales ne peuvent plus être
traités séparément. Le territoire ne peut être en
fait appréhendé par l'étude de ses parties prises
isolement, il est appréhendé à travers tout ce qu'il
englobe de densité humaine et sociale et de sédimentation
historique. Dans ce nouveau cadre le spatial redevient alors une condition du
développement au même titre que le politique, le social et
l'économique.
Selon Bartoli « les différents niveaux du
système territorial ainsi que leur mode d'organisation sont mise en
évidence par le schéma suivant : sphère productive,
sphère politique, sphère sociale et sphère spatiale
».22
Chacune de ces espaces est définit en fonction de la
dynamique relationnelle des acteurs eux-mêmes. Chaque sphère est
en effet capable d'action, selon des critères en elle- même et
participe activement à l'organisation du développement
22 Bartoli, l'économie multidimensionnelle, 1991 p.75.
voire à sa désorganisation mais elle est, en
même temps, contrainte dans ses marges de manoeuvre par les influences
que vont déployer toutes autres. Des relations d'autorité,
d'influence, de nomination, de conflit de coopération, de
négociation et donc de pouvoir vont se manifester tant entre les
sphères qu'à l'intérieur d'elles-mêmes et c'est de
la confrontation de ces forces en présence que naîtra le
territoire doté d'un développement qui lui est propre.
Toutefois, à travers l'analyse de l'enjeu des
différentes sphères on essayera désormais de donner un
bref éclairage sur la nature et le rôle de chacune d'entre
elles.
- Enjeu de la sphère politique : cette sphère
regroupe les responsables élus ou administrateurs et peut être
étendue jusqu'à englober les acteurs relevant de la formation et
de la culture. Elle a pour fonction spécifique d'assurer la
cohésion de la société et la cohérence de l'ordre
social. Mais ce rôle n'est pas à lui seul, il est partagé,
néanmoins, avec les collectivités locales, les partis politiques,
les groupes de pression les plus diverses, les associations sont autant de
relais qui vont participer au jeu relationnel complexe de ladite
sphère.
Ainsi, son enjeu confère au territoire une double
fonction : celles d'améliorer l'efficacité économique et
l'efficacité démocratique et d'accroître l'initiative des
citoyens et leur participation à la décision publique, ce qui
constitue donc, une condition indispensable pour une bonne gouvernance
locale.
-Enjeu de la sphère productive : parallèlement
aux évolutions de la sphere politique, les structures économiques
ont également évolué. Car les dimensions et les structures
de grandes unités de productive, , leurs liens avec les tissus locaux,
les formes de leurs gestion, les relations interentreprises, ainsi que la place
et le rôle des petites et moyennes entreprises(PME) ont subi des
mutations importantes.
Longtemps négligé, aujourd'hui les PME sont
considérées comme véritables acteurs de
développement au même titre que les grandes entreprendre.
Ainsi la compréhension de cette transformation est une
variable indispensable dans la mise en oeuvre des moyens nécessaires
pour assurer une dynamique économique locale.
-Enjeu de la sphere sociale : celle-ci acquiert une
spécificité par le fait qu'elle s'attache à ce qui fait
l'individu en tant qu'être unique. La découverte des
réalités locales par rapport aux contradictions engendrée
par le développement exogène a longtemps participé
à reconnaître à l'individu un rôle dynamique en tant
qu'acteur dans le processus de développement local.
- enjeu de la sphere spatiale : Elle donne au territoire la
dimension spatiotemporelle qui lui est due. L'enjeu spatial apparaît
donc, comme l'assemblage d'enjeu passés qui resurgissent au
présent et auquel les actions et projets du moment doivent s'accommoder
et, aux besoins intégré au coeur de leurs stratégies.
En somme, à travers la lecture de ces
différentes sphères, ainsi que des liens de dépendance
mutuelle entre elles, apparaît la diversité et la
complexité qui existe quant à la compréhension d'une
organisation locale qui suppose qui soient prise en compte tous les aspects des
relations qui lient les différents acteurs intervenant sur le
territoire. D'ailleurs, c'est la combinaison de ces différentes
sphères qui donnent corps à la gouvernance
locale.23
Par ailleurs, en Guinée-Bissau, malgré la
diversité ethnique, les populations vivent dans la base de
solidarité et harmonie. Mais il est aussi intéressant à
signaler que la question du racisme est plutôt pratiquée par les
politiciens en vue de concrétiser leurs ambitions politiques.
Ainsi, la mise en place de cette perspective qui est la
gouvernance locale, nous invite donc à prendre en considération
l'ensemble des relations dans le but d'optimiser toutes les actions entreprises
sur le territoire et procéder également à
23 Damien TALBOT, la gouvernance locale, une forme de
développement local et durable.
donner un deuxième souffle à la
décentralisation et à instaurer la démocratie locale et
participative.
Section II : Axes d'intervention AiRenforcement des
processus de décentralisation
Le processus de décentralisation a mis en valeur la
notion de gouvernance locale. Synonyme d'efficacité et de
proximité puisque se déployant sur le plan local, en relation
directe avec les acteurs sociaux et économiques, cette gouvernance
viendrait suppléer aux carences de la gouvernance nationale
centralisée et éloignée de la réalité du
terrain.
La mise place de cette gouvernance locale est liée au
déploiement d'un double processus : la centralisation et la
décentralisation. Le premier concept a un contenu politique, alors que
le second qui est son pendant a plutôt un contenu administratif et
technique.24
Dans sa définition la plus élémentaire,
la décentralisation désigne le transfert d'une partie du pouvoir
de l'Etat national à des instances régionales ou locales. En
d'autre terme, est une forme de reconnaissance de la démocratie locale
s'exprimant à travers les structures de représentation
adéquates.
La déconcentration qui est le pendant technique de la
décentralisation viendrait apporter une rationalisation et une
efficacité aux services administratifs décentrés et
déployant sur le territoire national.
Cependant, nous insisterons plutôt sur le premier
processus car par rapport au deuxième, il est encore en phase
embryonnaire. Le regain d'intérêt pour cette forme d'organisation
de l'Etat vient de la reconnaissance qu'une prise de décision moins
centralisée permettrait d'améliorer l'efficacité et la
responsabilité des institutions publiques nationales ainsi que la
capacité des gouvernements locaux et de la société civile
à gérer leurs propres affaires.
24 Mohammed El Ayadi Barcelona Monitoring suivi de l'accord de
libre échange éd. 2004 p.88.
C'est dans cette perspectives que Pierre CALAME, directeur
général de la fondation Charles-Leopold Mayer a-t-il
souligné « décrivant les prémices de la
révolution de la gouvernance j 'ai mentionné la
redécouverte du local pour le fonctionnement économique
lui-même, pour la gestion des ressources naturelles, pour le renforcement
de la démocratie et pour la misse en place du partenariat entre acteurs.
Au plan politique, cette redécouverte s'est manifestée un peu par
tout dans le monde en vaste mouvement de décentralisation au fur et
à mesure que l'on a pris conscience de l'importance de la gestion de la
diversité et des multiples effets pervers de la centralisation
administrative dès lors qu'il s'agissait de gérer un monde de
plus en plus complexe».25
Conscient de l'importance de la décentralisation pour
l'amélioration du degré d'implication des populations, des ONG et
des organisations communautaires de base dans la gestion des affaires locales
son dynamisme reste à désirer. Dans cette logique, une bonne
gouvernance locale doit être sous-tendus par trois grandes séries
de mesures à savoir :
a/ Amélioration du cadre institutionnel et
organisationnel et renforcement des cap acités des ressources
humaines
Il importe à ce niveau d'améliorer le
dispositif légal en vigueur en se basant sur une évaluation de la
stratégie de décentralisation en cours de réalisation pour
doter cette politique d'une plus grande légitimité, de plus de
solidarité, d'efficacité et d'efficience. Cette perspective doit
être complété par la redynamisation des organismes de suivi
et d'appui à la décentralisation au niveau central et
régional, transfert des compétences autonomie financière
et de gestion aux agents de l'autorité au niveau local, renforcement du
personnel des collectivités locales et amélioration de la gestion
administrative des collectivités décentralisées.
25 Le territoire brique de base de la gouvernance au 21
siècle, Belgique nov. 2002.
b/ Amélioration des instruments de
planification locale
Il convient à ce niveau de prévoir
l'amélioration des instruments de la planification à la base et
les capacités locales en matières de planification et de gestion,
le renforcement de mécanismes de coordination au niveau régional
(encourager la création des réseaux). A ce niveau de la
démarche, il faut que l'avis de la population bénéficiaire
soit requis pour leur permettre d'exprimer leurs besoins en vue de s'approprier
des projets et programmes qui leur sont destinés pour la dynamisation
des processus de concertation et de participation, enfin la mise en oeuvre d'un
partenariat dynamique avec le secteur privé.
c/ Amélioration des finances locales et
décentralisation de la gestion des dépenses
publiques
Pour soutenir les collectivités locales dans leurs
efforts de développement et dans leur prise en charge des
compétences qui leur sont transférées, l'Etat doit
reformer la fiscalité locale. Il faut en outre, améliorer les
instruments de mobilisation des ressources des collectivités locales, et
définir les liens financiers entre l'Etat et ces dernières.
B/ Instauration de la démocratie locale et
participative
Cette perspective tient en considération deux
réalités : l'une est en rapport aux exigences d'un monde de plus
en plus bouleversé par les processus de la mondialisation et
démocratisation. L'autre tient en considération aux
réalités internes du Pays en ce qui concerne l'inexistence de la
démocratie locale et participative.
Face à cette situation, la politique de centralisation
politique et administrative n'est plus viable car l'Etat centralisé
apparaît de plus en plus comme un frein au développement local.
Celui-ci est incapable de réaliser le développement
économique et social et de lutter contre la pauvreté sans aucune
action participative accentuée des populations.
Cependant, l'implication des différentes franges de la
population à tous les niveaux (surtout dans la prise de décision
des affaires les concernant) par leur
participation aux audiences publiques, qui a comme
préalable l'information et la consultation, et à toutes les
étapes de la réalisation de leur projet social, est-elle une
règle sur laquelle la Guinée-Bissau doit s'accorder.
Il est donc opportun voire nécessaire d'harmoniser la
collaboration des différents acteurs(Etat-population) par l'instauration
d'un cadre participatif permettant à chaque composante de la
société d'apporter sa pierre à l'édifice social en
création.
Il est donc à souligner, sans retenue aucune et avec
une assurance certaine, qu'aucune révolution, qu'aucune reforme,
qu'aucun programme ou projet social, en somme aucun développement
à travers une bonne gouvernance ne peut être un succès
durable dans la lutte contre la pauvreté sans l'engagement des
populations à le porter. Et, dès qu'elles cessent de l'assurer,
il s'alourdit, s'essouffle et s'effondre.
La démocratie locale et participative apparaît en
effet comme le mode de gouvernement et de gestion locale le mieux adapté
à cette thématique.
Il convient de noter que l'expression « démocratie
participative » recouvre des réalités fort
différentes selon les contextes où elle est mise en
place.26
L'expression démocratie participative est en
réalité souvent employée pour designer l'ensemble des
mécanismes de participation mis à disposition de l'ensemble des
acteurs locaux pour influencer le processus décisionnel local. Il existe
ainsi des mécanismes d'information, de consultation, de
délibération ou bien encore de concertation.
Parmi les nouveaux acteurs de la scène politique
locale, figure le citoyen qui retrouve dans l'éventail des
mécanismes de participation décrits plus haut les moyens de faire
connaître son opinion et influencer la prise de décision des
élus locaux. Des instances spécifiques sont à créer
pour permettre l'existence de cette nouvelle forme de citoyenneté :
conseils de quartier, comités de citoyen etc.
26 Bherer et Collin, 2004.
Toutefois, il est important de signaler que, comme en
Guinée-Bissau il n' y a pas encore eu, une politique de
décentralisation dans le vrai sens du terme, associée à
l'inexistence totale des élections communales et locales, l'instauration
de cette démocratie locale et participative est une condition sine que
non pour la réussite de cette perspective qui est la gouvernance
locale.
La démocratie participative coffrerait la
possibilité de créer des cadres susceptibles de favoriser la
culture démocratique et participative, à titre d'exemple ; mis en
place de conseils de quartier, des conseils communaux des jeunes, association
d'éducation populaire et d'animation des jeunes.
L'importances de ces structures pour la promotion de la
démocratie locale et participative s'explique par ce qui suit :
l'initiative appelle l'initiative. Elle donne des idées, des envies et
des désirs d'agir dans un territoire où on sent que les choses
bougent, que des choses sont possibles. Deux conditions toutefois pour
réussir : se rassembler, agir collectivement, et travailler en
permanence à la démocratisation interne et externe de ce
collectif (interne : prise des décisions / externe : s'ouvrir à
l'ensemble des catégories pouvant être intéressés,
de près ou de loin, pour l'action du collectif).
Ainsi, il importe de prendre conscience du fait que la mise en
oeuvre de la démocratie participative ne s'opposera pas à la
démocratie représentative. Elle la complète en permettant
aux citoyens d'avoir une prise sur leur environnement local, et d'exercer un
certain pouvoir sur la décision à l'échelle locale. Elle
suscitera une transformation du rôle du citoyen, appelle une
redéfinition de la citoyenneté et pose largement la question du
pouvoir.27
En somme, pour un éventuel mis en oeuvre de la
gouvernance locale en Guinée-Bissau, les pouvoirs publics doivent
inscrire leurs démarches et perspectives de développement dans la
logique de ce que nous avons soulignés ci-dessus. L'application de ces
conseils est l'une des conditions capitale pour la mise en oeuvre et le
succès de la gouvernance locale.
27 Bacqué et Sintomar, 2005.
Bibliographie
· Gaudin Jean-Pierre (2002), pourquoi la gouvernance ?
Paris, presses des sciences politique.
· Philippe Moreau Déferges, la gouvernance,
éd. PUF, 2003.
· http :
google.fr Anthropologie anciennes
méthodes, nouveaux objets, Jean-pierre Olivier de Sardan éd.
Paris, école des hautes études en sciences sociales.
· Amartya Sean, développement as freedom, Alfred A.
Knopf, New York, 1999, p.142.
· Bartoli, l'économie multidimensionnelle,
éd. 1991, p.75.
· Damien Talbot, la gouvernance locale, une forme de
développement local et durable.
· Mohammed El Ayadi, Barcelona monitoring, suivi de
l'accord de libreéchange éd. Frederich Ebert Stiftung, 2004
p.88.
· Bherer et Collin, 2004.
· Bacqué et Sintomar, 2005.
Conclusion
Nous avons voulu montrer, à travers cette
contribution, que le développement ne peut se faire sans tenir compte
des différentes dimensions et composantes du territoire national,
régional et local. Les relations d'interdépendances et les
interactions entre les différents niveau du territoire implique
l'adoption d'un nouveau mode de pensée l'organisation et la gestion des
affaires publiques. Un mode de pensée qui tient en considération
l'importance du rapprochement des services publics auprès des
entités décentralisées. Ce qui offrirait aux
différents acteurs y présents la possibilité de participer
dans le processus de la construction d'un présent meilleur et d'un
avenir prometteur.
En fait, la dimension de la gouvernance locale pour le
développement s'impose plus que jamais, et cela en raison des
échecs des stratégies de développement par le haut qui ne
font nullement des réalités du territoire. Et, les remèdes
trouvaient leurs sources aux niveaux international avec les institutions
financières notamment la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire
International et du pouvoir central sans pour autant tenir en
considération les mentalités, besoins et capacités des
techniciens locaux, ainsi que des populations auxquelles ils sont
destinés.
Ces modèles ont été à l'origine de
la crise d'endettement qui a conduit la Guinée-Bissau à des
programmes d'ajustement structurels préconisés par les
institutions précitées, dont les résultats sur le plan
social ont été désastreux.
Dans ce sens, la démarche poursuivie relève
d'une conception systémique et propose d'associer les différentes
sphères : politiques, économiques, sociales et spatiales, avec
leurs logiques et leurs finalités. De même que, les
différentes dimensions de la proximité : géographique,
institutionnelle et organisationnelle. C'est dans la prise en
considération de la complicité et des relations
d'interdépendance entre ces différentes valeurs qui forment le
territoire que doit s'orienter la nouvelle logique de construction locale.
C'est là où se trouvent les clés de la réussite
d'un développement harmonieux et efficace intégrant les
diversités régionales et les
spécificités locales qui touchent l'ensemble du territoire.
En effet, une telle ambition nous permettrait de nous prendre
en main et de ne compter que sur nous-mêmes. Car n'importe quel Pays
dispose des moyens nécessaires à sa reconstruction, dès
lors qu'il s'emploie à se reconstruire, non par référence
à un quelconque modèle, mais en fonction de ce qu'il est
luimême, de ce qu'est sa propre société. D'où la
nécessité de descendre sur le niveau local en vue d'entreprendre
une construction démocratique, économique, sociale et culturelle
en partenariat avec tous les niveaux du territoire : national,
régional.
Toutefois, la réussite d'une telle démarche
c'est-à-dire celle de la gouvernance locale, est tributaire de quatre
conditions sine qua non : il faut en GuinéeBissau : la paix, la
sécurité et la démocratie ; la bonne gouvernance ; une
volonté politique d'intégrer cette approche dans leurs
stratégies de développement, un encadrement de départ
adéquat et une coopération et intégration
régionale.
Bibliographie
· Profil statistique des Pays les moins avancés,
Nations Unies 2005.
· Etude concernant la dimension, le coût et
l'efficacité de la fonction publique bissau-guinéenne
réalisée par le DCTD et le PNUD, avec le projet INT/90/R78.
· Afrique histoire économique et politique
1998-2001.
· Développement et société,
l'intégration un préalable au développement Ethiopique
n°54 Revue semestrielle de culture negro-africaine nouvelle série
volume 72ème semestre 1991.
· Rapport de mise en oeuvre du programme d'action de
Bruxelles en faveur des Pays les moins avancés pour la décennie
2001-2010, juin 2006.
· Le territoire brique de la gouvernance au
21ème siècle, Belgique le 28 novembre 2002 par pierre
CALAME.
· Lahsen JENNAN, professeur de géographie
à l'Université Sidi Mohamed Ben Abdelah Fès, les espaces
traditionnels de solidarité au Maroc: complémentarité et
régulation.
· Comment mettre en oeuvre le développement
participatif, CAFRAD.
· Discours de SA Majesté le Roi Mohammed VI,
prononcé à l'occasion de la première conférence
africaine sur le développement humain, Rabat, le 10 mars 2007.
· Gaudin Jean-Pierre (2002), pourquoi la gouvernance ?
Paris, presses des sciences politique.
· Philippe Moreau Déferges, la gouvernance,
éd. PUF, 2003.
· http :
google.fr Anthropologie anciennes
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Paris, école des hautes études en sciences sociales.
· Amartya Sean, développement as freedom, Alfred A.
Knopf, New York, 1999.
· Bartoli, l'économie multidimensionnelle,
éd. 1991.
· Damien Talbot, la gouvernance locale, une forme de
développement local et durable.
· Mohammed El Ayadi, Barcelona monitoring, suivi de
l'accord de libreéchange éd. Frederich Ebert Stiftung, 2004.
· Bherer et Collin, 2004.
· Bacqué et Sintomar, 2005.
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