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Les processus migratoires des ménages via Paris: le cas des nouveaux arrivants de deux lotissements d'Eure-et-Loire

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par Audrey LELONG
Université de Rouen - Master 2 politique locale et développement 2008
  

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3.4.2 L'influence des agents immobiliers et promoteurs

L'image typique de ce que souhaitent les ménages va être reprise par les agents immobiliers pour attirer l'attention et séduire. Ce qui séduit le plus, va être mis en premier argument de vente pour garantir un bonheur évident.

< A cette fin, les constructeurs et agents immobiliers usent d'effets qu'il faut, au risque de choquer, appeler poétique »16 qui favorisent la croyance du bonheur familial en maison individuelle comme l'a fait l'ancienne entreprise Sergego. Sa stratégie publicitaire est décrite dans Les structures sociales de l'économie et valorise ses biens comme étant < des maisons à aimer », représentées dans une fleur comme si la maison individuelle était un cocon dans lequel seul le bonheur est évident.

15 Castel R., L'insécurité sociale, Seuil, 2003, p.16.

16 Bourdieu P., Les structures sociales de l'économie, Seuil, 2000, p.38.

Aujourd'hui, ces représentations sont toujours d'actualité et les pavillons sont vus et vendus comme s'ils étaient un mélange de nature, de bonheur familial et de réussite sociale17.

Seulement tous les < avantages » liés à la maison individuelle pourraient aussi bien, rtre des avantages d'une vie en habitat collectif.

Dans l'enqurte parue dans la revue «Paysage Actualité»18, ressort le fait que les français ont besoin de verdure. Ils recherchent donc des maisons avec < un bout de jardin » mais cette volonté semble être une conséquence de la pauvreté des espaces verts au sein mrme des villes puisqu'à la question « pour quelle raison principale ne fréquentez-vous pas les espaces verts de votre ville ? », 42% répondent qu'il n'y en a pas à proximité de leur lieu de vie. Si les villes prenaient en compte ces besoins et par conséquent ces manques, l'idée « d'avoir un jardin » s'estomperait.

Aussi, Nicole Haumont19 dans Les Pavillonnaires a ainsi listé tous les besoins qui pourraient être satisfaits en logements collectifs, à savoir, la présence d'aire de jeux à proximité, de jardins, d'insonorisation plus efficace, proximité de structures pour les enfants. Aussi, un très bon exemple de volonté d'habiter une maison individuelle pour ses dits avantages, est décrit dans le film documentaire Ode Pavillonnaire20 puisque dans les premières minutes est définit ce que souhaiterait une famille qui passe de l'appartement au pavillon.

17 Semmoud N., < L'habiter Périurbain : choix ou modèle dominant ? », Revue de Géographie Alpine, n°91-4, 2003.

18 < Les Français veulent plus de vert », Paysage Actualité, n°308, avril 2008.

19 Haumont N., Les pavillonnaires, Centre de recherche d'Urbanisme, 1966.

20 Film documentaire < Ode Pavillonnaire » de Frédéric Ramad, 2005.

Ils expriment un à un leurs besoins et leurs attentes:

« Nous voudrions une maison qui serait un cocon pour se protéger des intempéries, une maison pour la famille, pour élever les enfants, une maison pour manger, dormir, se loger, grandir, jouer, un endroit où grandir, passer du temps. Cet endroit peut être n'importe où du moment qu'on y habite. Et surtout, quelque chose d'individuel, d'isolé des autres personnes, en dehors de la promiscuité des appartements, il n'est plus question d'être gêné par les voisins ».

Comme dans l'ouvrage Les pavillonnaires, nous remarquons que toutes les causes qui poussent les franciliens à partir ne sont pas en rapport avec la vie en logement collectif mais plutôt avec les inconvénients des villes. Ceci étant, les problèmes rencontrés pourraient être résolus sans avoir recours à la maison individuelle.

De plus, il faut prendre en compte les désillusions par rapport au pavillon puisque le bonheur espéré n'est souvent pas celui escompté et l'acheteur le découvre, soit lors de son premier contact avec l'agent ou le promoteur immobilier, soit à son installation.

Lorsque l'acheteur se montre intéressé par une maison individuelle, sa relation avec l'agent immobilier « s'achève presque toujours en une sorte de leçon de réalisme économique au cours de laquelle le client, assisté et encouragé par le vendeur, travaille à rapprocher le niveau de ses aspirations du niveau de ses possibilités afin de disposer à accepter le verdict du tribunal de l'économie, c'est-à-dire la maison réelle, très souvent éloignée de la demeure rêvée à laquelle il a droit en bonne logique économique. »21

C'est en ce sens que j'émets la possibilité que la forte demande pavillonnaire ne soit pas un souhait si profond mais peut-être le résultat de contraintes économiques qui conduisent les agents immobiliers à aiguiller vers cet habitat.

Cependant, il va falloir que se mette en place une négociation longue pour permettre aux clients de combler peu à peu l'écart entre ses espérances et ses possibilités22. C'est à ce moment qu'entre en jeux les compétences de l'agent immobilier qui va favoriser une relation de proximité avec l'acheteur et lui démontrer que cet habitat regorge de qualités et que ces inconvénients sont pour lui des avantages.

Nous verrons dans notre analyse ce que souhaitent les migrants que j'ai étudié et je proposerai des solutions éventuelles pour satisfaire chaque acteur, que ce soit les migrants ou les professionnels de l'aménagement.

Nos interrogations quant aux migrations vers les lotissements comportent deux aspects:

Nous mettrons en lien migration et cycle de vie et nous verrons si les logiques migratoires sont les mêmes pour tous, puis nous découvrirons les contraintes qui pèsent sur les individus afin de voir comment leur départ de l'Ile-de-France et leur arrivée dans les franges est conditionné.

21 Bourdieu P., Bouhedja S., Givry C., « Un contrat sous contrainte », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, n°81-82, 1990, p.35.

22Bourdieu P., Bouhedja S., Givry C, op.cit, 1990.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand