1.4 Le rôle des agents immobiliers dans la
décision
Les ménages migrants ont bien évidemment fait un
calcul avant de faire leur choix qui s'avérait être
bénéfique. L'arbitrage se fait selon un type d'habitat ou un type
de quartier pour certains ou selon une région ou un département
pour d'autres mais dans une moindre mesure puisqu'une part importante des
migrants ne souhaitent pas quitter la région lors de leur
première recherche bien que l'endroit précis des implantations ne
soit que très rarement définit à moins que la migration
soit contrainte par le travail ou une autre raison qui pousse à
s'installer dans une région, un département ou une ville
précise.
A la question « le changement de région
était-il important pour vous ? », 83% (dont 100% de
franciliens d'origine), répondent non car « ils se plaisaient bien
en Ile-de-France » mais certains avantages recherchés les
amènent toujours à sortir de cette région et se retrouver
propulser à l'extérieur de la frontière dans un
département et une région inconnus. Les nouveaux arrivants ne
connaissent rarement la ville dans laquelle ils sont orientés. Leur
envie d'être propriétaire et leur ras-le-bol de la vie parisienne
font qu'ils partent de la région parisienne avec l'image idéale
de la vie à la campagne largement médiatisée et vendue
comme telle.
Le choix de la destination et dans une moindre mesure le type
d'habitat est donc un « hasard » selon les acquéreurs de
pavillon mais elle l'est nettement moins si l'on en croit les agents
immobiliers.
Selon eux, les gens arrivent avec une vague idée de
projets mais surtout avec des inconvénients qu'ils ne souhaitent plus et
des avantages qu'ils recherchent et ils les laissent assez libres pour leur
proposer leurs offres.
Si l'on reprend les motivations qui poussent les
ménages à migrer, on s'aperçoit que le passage de
l'appartement à la maison est pour certain un effet
d'opportunité. C'est la plupart des cas la découverte de «
la bonne affaire » des franges qui réoriente le projet vers
l'acquisition d'une maison avec jardin, type pavillon.
L'orientation vers un type d'habitat pavillonnaire hors
Ile-de-France
Ce sont majoritairement les agents immobiliers qui orientent
les personnes qui souhaitent la plupart du temps « devenir
propriétaire » vers des destinations inconnues et assez
éloignées de leur ancienne habitation et de leur emploi.
La « Comment avez-vous connu le territoire », nous
informe que 69% de la totalité des migrants interrogés disent
n'avoir connu la ville et même le département seulement lorsqu'un
agent immobilier les y a conduit. Ces mêmes personnes, qui
représentent plus majoritairement les franciliens d'origine,
précisent souvent être tombés sous le charme de la commune
lorsqu'ils y ont été pour la première fois. Autrement, 16%
ont prospecté seul en suivant la ligne de train de Paris-Montparnasse
(puis un agent immobilier leur a fait des propositions de communes
précises), 8% désigne le département d'Eure-et-Loir comme
étant un territoire de destination pour leurs balades familiales. Cette
catégorie est celle qui connaissait le plus le territoire et s'y est
donc installée moins par hasard que les autres. Et enfin, 7% des
personnes de notre échantillon, mentionnent qu'elles étaient
juste passées pour des vacances ou dans le cadre de leur activité
professionnelle.
SOURCE DE CONNAISSANCES DU TERRITOIRE D'ACCUEIL
Si les agents immobiliers arrivent à amener des
ménages sur des territoires inconnus c'est parce que tout d'abord, ils
ont l'opportunité d'être à la frontière de
l'Ile-de-France et ils peuvent donc facilement atteindre leur population cible
qui cherchent à investir à la frontière interne de
l'Ile-de-France pour les influencer dans leur choix et les faire pencher pour
les avantages des villes non franciliennes.
Les agents immobiliers savent d'autant plus que les demandes
des personnes qui souhaitent acheter à la frontière
d'Ile-de-France sont en augmentation car elles veulent fuir les
inconvénients de la région. Ils cherchent alors à vendre
les avantages liés au cadre et à la qualité de vie des
petites communes. Face à cette demande, ils décrivent l'achat
d'un pavillon comme une occasion d'avoir à faible co€t une maison
individuelle et surtout à proximité de Paris.
«Quand on dit aux gens qu'ils sont à 45
minutes de Paris en train, ils ont du mal à y croire. Passé !a
frontière d'Ile-de-France, beaucoup croient rtre au bout du monde. Ils
sont agréablement surpris et c'est vraiment pour ça qu'on vend
autant. Que des parisiens qui achètent maintenant par ici, le temps de
trajet c'est notre gagne pain («et s'ils tiquent sur la distance de Paris
on a tous la mrme stratégie à dire comme Edouard Lec!erc : «
A peine p!us !oin et te!!ement moins cher» et nous on peut rajouter
tellement plus agréable». (Promoteur immobilier SAFIM)
Le grand jardin est un autre argument de vente pour ceux qui
commercialisent les lotissements d'Eure-etLoir. Sans avoir ce souhait initial,
certains franciliens se laissent visiblement séduire ou convaincre par
ce sentiment de réaliser une bonne affaire.
Le modèle du pavillon avec jardin répond aux
trois critères les plus souvent souhaités:
« Un coin pour faire un potager », «pouvoir
faire des barbecue l'été », « pouvoir faire jouer ses
enfants dehors sans danger ».
Toutes les idéologies de la liberté, de la
personnification du logement sont aussi largement vendues aux clients. Ils
auront de plus la nature à portée de main et les relations
amicales et chaleureuses associées à la vie en petite
communauté.
Aussi, les différents types de pavillon (plus ou moins
favorisés) qui existent peuvent touchés et satisfaire une
population large et diversifiée.
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