SOMMAIRE
AVERSTISSEMENT iv
DEDICACES v
REMERCIEMENTS vi
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS vii
LISTE DES TABLEAUX vii
RÉSUMÉ viii
ABSTRACT viii
INTRODUCTION GENERALE ix
Première partie : xiv
LES FONDEMENTS THEORIQUES DU LIEN ENTRE CAPITAL
PUBLIC ET PRODUCTIVITE xiv
Chapitre 1 : DE LA CROISSANCE NEOCLASSIQUE A
LA CROISSANCE ENDOGENE xv
I - LE MODÈLE NÉOCLASSIQUE DE SOLOW-SWAM
xv
A. Les enseignements du modèle
xvi
a. Dynamique du modèle. xvi
b. Règle d'or de l'accumulation du capital et
inefficience dynamique xvii
B. Les limites du modèle de base de
Solow xviii
a. Le modèle de Solow et le progrès technique
xix
b. Le progrès technique xix
c. Modèle de Solow avec progrès technique neutre
au sens de Harrod xx
II - MODÈLE DE CROISSANCE ENDOGÈNE ET
EXTERNALITES xx
La dynamique de croissance à la Solow a
permis de reproduire les cinq premiers faits stylisés de Kaldor.
Cependant, le modèle ne peut expliquer le sixième fait concernant
les disparités des taux de croissance parmi les pays. Il ne peut en
rendre compte que si l'on accepte l'hypothèse selon laquelle les pays
ont des taux de progrès technique différents. Mais, dans ce cas,
il faut expliquer les origines de ces différences. C'est le pas que se
propose de franchir cette section à travers les travaux de Rebelo pour
qui, la croissance est un processus auto-entretenue endogène.
xx
A. Les enseignements du modèle AK
xx
B. Croissance endogène et
externalités xxii
a. Externalités liées à l'accumulation d'un
facteur xxii
b. L'Etat gérant des externalités xxiii
Conclusion xxiv
CHAPITRE II xxiv
CROISSANCE ENDOGÈNE AVEC CAPITAL PUBLIC
xxiv
ET PRODUCTIVITÉ xxiv
Introduction xxiv
II. CAPITAL PUBLIC ET PROCESSUS DE PRODUCTION :
APPROCHE PRIMAL xxv
A.Capital public et croissance de long terme
xxv
(1.4) xxvii
xxviii
B. Capital Public : Définition et
caractérisation xxviii
II. CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DES FACTEURS
SECTORIELS: UNE APPROCHE DUALE xxx
A. La fonction de coût xxx
B. La fonction de demande xxxii
'
C. Réduction des coûts,
élasticités d'échelle et expansion de la production
xxxiii
D. Décomposition de la croissance
de la productivité xxxiv
Conclusion
xxxv
Deuxième partie : xxxvii
ANALYSE EMPIRIQUE DU LIEN ENTRE xxxvii
CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITÉ xxxvii
CHAPITRE III xxxviii
CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITÉ :
xxxviii
UNE REVUE EMPIRIQUE DES TRAVAUX ANTERIEURS
xxxviii
Introduction xxxviii
I- ELASTICITE DE PRODUCTION ET LES PROBLEMES
METHODOLOGIQUES xxxix
2. Les estimations de l'élasticité de la
production et le problème de causalité xl
a.Critique méthodologique des premières
études : le problème de causalité xli
b. Tentatives de résolution du problème de
causalité xlii
B. Les estimations de l'élasticité de la
production et le problème d'agrégation des données.
xlii
a. Effets de la diffusion spatiale xliii
b. Effets des données utilisées. xliii
II. LES ENSEIGNEMENTS GENERAUX SUR LE CAPITAL PUBLIC ET
LA PRODUCTIVITE xliv
A. Contribution du capital public à la
productivité des facteurs privés sectoriels xliv
a. Spécifications sur un panel sectoriel xlv
b. Test de spécification xlv
c. Les résultats de l'étude empirique xlvi
B. Contribution du capital public à
la productivité les effets sur les disparités régionales.
xlvii
a. Modèle sur panel complet des régions
françaises xlviii
b. Les résultats sur un panel complet des régions
françaises xlviii
c. Un impact du capital public qui se différencie par
groupe de régions xlix
Conclusion lii
CHAPITRE IV liv
CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DES FACTEURS :
liv
UNE ANALYSE EN ZONE CEMAC liv
Introduction liv
I -FONCTION DE PRODUCTION COBB-DOUGLAS AVEC CAPITAL
PUBLIC lv
A- Modélisation
économétrique lvi
a.Identification des rendements d'échelle lvii
b.Estimations lvii
B- Analyse des résultats
lviii
a- Le modèle avec rendements croissants pour l'ensemble
des facteurs publics et privés lviii
b- Le modèle avec rendement constants pour l'ensemble des
facteurs privés lix
II- SENS DE CAUSALITE DE LA RELATION CAPITAL PUBLIC ET
PRODUCTIVITE DANS LA ZONE CEMAC lxi
A. Le modèle lxi
a- Formalisation lxi
b-Test d'exogénéité lxi
B. Estimation du modèle et
commentaire lxii
Conclusion lxiii
CONCLUSION GÉNÉRALE lxv
BIBLIOGRAPHIE lxvi
AVERSTISSEMENT
« L'Université de Yaoundé II
n'entend donner aucune approbation ou improbation aux opinions contenues dans
ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme
étant propres à leur auteur »
DEDICACES
Je dédie ce travail à ma famille : famille
OLUGU. Principalement à mon père Monsieur OLUGU, à ma
mère Mme OLUGU née EYINGA EVINA, à mes frères et
soeurs : VOUNDI OLUGU Stève, EVINA Jasmine Elvire, ATOUBA
Stéphanie Ginette, NGANDO reine Elizabeth
Et à mon feu tuteur ; Professeur MFOULOU jean.
REMERCIEMENTS
Mes remerciements s'adressent :
Au Prof. KOBOU Georges qui, malgré ses nombreuses
occupations, a accepté de superviser ce travail en nous accordant
l'attention nécessaire.
Au Dr CHAMENI NEMBOUA. Ce travail se serait difficilement
achevé sans votre soutien et votre disponibilité dans la
direction.
A tous les enseignants de la faculté des Sciences
économiques et de gestion de l'université de Yaoundé - II
(SOA) et plus particulièrement au Prof. KAMGNIA DIA, aux Dr KOUASSI et
ZAMO, pour les conseils, au Dr Christian Arnaud EMINI pour le soutien moral.
A toute la première promotion du DEA Economie
Mathématique et Econométrie et à tous les doctorants de
l'Université de Yaoundé-II, je vous serai reconnaissant pour
votre soutien. J'adresse un merci particulier à ESSAMA, FOMBA, KONTY
Manfred, Patrick ONGONO, YAMBEN Michel, Christian EBEKE pour leur apport dans
l'élaboration de ce travail.
Au Directeur du Centre d'Etude et de Recherche en
Econométrie et Gestion (CEREG). J'ai nommé le Prof. FOUDA
Séraphin Magloire et à tout son personnel pour leur franche
contribution (logistique).
A vous tous qui avez participé de près ou de loin
à l'élaboration de ce travail, je vous dis sincèrement
merci et reconnaissez en ce mémoire le fuit de vos efforts. Je citerai
particulièrement mon très cher ami EBALE Gérard, mon
beau-frère ELLA John Samuel, mes amis et frères de l'association
Elat et, mon cousin ENGOLO Alain.
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
OCDE : Organisation pour la Coopération et le
Développement
PAS : Plan d'Ajustement Structurel
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire
de l'Afrique Centrale
PME : Petites et Moyennes Entreprises
FMI : Fond Monétaire International
MCO : Moindres Carrés Ordinaires
SECN : Système Economique de Comptabilité
Nationale
MCG : Moindres Carrés
Généralisés
PIB : Produit Intérieur Brut
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 3.1 Elasticité des facteurs de
production : Cobb-Douglas et Translog.................38
Tableau 3.2 Elasticité des facteurs de production par
groupe de régions classées selon leur richesse initiale
...........................................................................................39
Tableau 4.1 : Fonction Cobb-Douglas à trois facteurs
(zone CEMAC, 1994-2003)............45
Tableau 4.2 : Fonction Cobb-Douglas à trois facteurs
(zone CEMAC, 1994-2003)............46
Tableau 4. 3 : Test d'exogénéité du PIB
et du capital public ......................................49
Tableau 4.4 : Elasticité du système
d'équation simultanées (zone CEMAC, 1994-2003).....50
RÉSUMÉ
Cette étude quantifie la contribution du capital public
à la croissance de la productivité des facteurs privés. La
méthode élaborée est celle d'une fonction de production
Cobb-Douglas élargie au capital public. Nous estimons le modèle
au moyen des données de panel couvrant les six Etats membres de la
CEMAC, pour la période allant de 1994-2003. les résultats de la
présente étude indiquent que, le capital public contribue
largement à la croissance de la productivité des facteurs
privés, même si le recours à un système
d'équations simultanées pour tenir compte d'un éventuel
effet d'éviction peut, sous certaines réserves, en
atténuer la portée. Nous retrouvons dans le cas de la CEMAC, une
contribution du capital public proche de celle de Aschauer (1989).
ABSTRACT
The objective of this study is to quantify the
contribution of public capital in increasing the productivity of private
factors of production. To this effect, we use the Cobb Douglas production
function, augmented with public capital. We use panel data, running from
1994-2003, for the six countries of the CEMAC sub region for the estimation our
model. Our results show that public capital significantly contributes to the
growth in productivity of private factors of production, even though the use of
a system of simultaneous equations that takes into account the crowding out
effect can, with some reserves, mitigate the extent of our results. In the case
of CEMAC, we find a capital contribution close to that of Aschauer (1989).
INTRODUCTION GENERALE
Le modèle de croissance néoclassique1(*) développé par
Solow (1956) et Swan (1956) constitue le point de départ de la plus par
des analyses empiriques sur la croissance2(*). Le modèle de Solow identifie deux principales
sources possibles de variation du revenu par tête : les
différences de capital par tête et les différences
d'efficacité du travail. Le modèle montre cependant que seule
l'efficacité du travail peut conduire à une croissance permanente
du revenu par habitant, l'impact d'un changement dans l'accumulation du capital
par tête n'étant que modeste et transitoire. Ainsi, d'après
le modèle de Solow, la croissance économique est le
résultat d'un progrès technique exogène et les revenus
tendent à converger dans tous les pays à long terme. Ces
différentes conclusions montrent clairement que le capital physique en
général et le capital public en particulier ne jouent pas un
rôle fondamental dans le modèle de Solow. La variable du
modèle de Solow susceptible d'être influencée par la
politique gouvernementale est le taux d'épargne. Or, le modèle
montre que le taux d'épargne n'a aucun impact sur la croissance de long
terme des économies. Les changements de taux d'épargne
n'affectant le taux de croissance qu'à court terme mais à long
terme, une augmentation du taux d'épargne ne conduit qu'à une
augmentation proportionnelle du ratio capital par travailleur. Le
caractère exogène du progrès technique et l'aggravation
des différences de niveau de vie et de revenu par habitant vont ouvrir
la voie à une vague de critiques visant à remettre en cause le
modèle de Solow. D'après Guellec et Ralle (1997), si le principal
moteur de la croissance (le progrès technique) dans le modèle de
Solow est exogène, cela signifie que ce modèle n'explique pas la
croissance mais rend juste compte des ajustements entre les différentes
variables. A la fin des années 80 et au début des années
90, une nouvelle vague d'études visant à modéliser de
manière explicite le progrès technique va se développer et
ouvrir la voie à une nouvelle théorie de la croissance : la
théorie de la croissance endogène.
Les développements de la croissance endogène au
début des années 1990 (Romer, 1986 ; Lucas, 1988 ;
Romer, 1990 ; Barro, 1990 ; Rebelo, 1990 ; Grossman et Helpman,
1991 ; Aghion et Howitt, 1992) ont permis d'identifier un certain nombre
de facteurs explicatifs de la croissance (éducation, recherche et
développement, innovation technologique, le capital public, etc), et de
modéliser le progrès technique. Le modèle de Barro (1990)
notamment, attribue un rôle important au capital public qui est
supposé améliorer l'efficacité du secteur privé, et
par ce biais, la production.
Au cours des deux dernières décennies, la
question du rôle productif du capital public a connu un certain regain
d'intérêt grâce, d'une part, aux travaux des
théoriciens de la croissance endogène (Barro, 1990 ; Rebelo,
1990) et, d'autre part, d'un renouveau des études empiriques
(Garcia-Milà et McGuire, 1992, Evans et Karras, 1994 et Holtz-Eakin,
1994). Si la paternité du développement du rôle du capital
public sur la croissance est attribuée à Barro, il faut noter
que, Ashauer (1989) a été à l'origine d'une controverse
importante sur la productivité du capital public et ses mesures. Les
études empiriques se sont en outre assez rapidement tournées vers
une échelle spatiale d'observations fines, passant du national au local,
essentiellement en vue d'accroître le nombre d'observations. Les effets
du capital public sur la productivité ont surtout porté sur les
Etats Unis, peu de travaux concernent les situations européennes
(Charlot et al. 2003, Hurlin 1999), pratiquement rien en Afrique. L'explication
la plus évidente à ce manque de travaux sur l'Europe et l'Afrique
réside dans la difficulté à mesurer la production et les
dotations en facteurs à des niveaux régionaux (Charlot et al.
2003).
En effet, le recours à des panels régionaux ou
internationaux, permet de répondre à ces problèmes. Par
ailleurs, les estimations de l'élasticité du capital public sont
alors généralement plus raisonnables et permettent d'obtenir des
taux de rendement des investissements publics variant entre zéro et le
taux de rendement implicite du capital privé. L'utilisation de
données de panel permet notamment d'introduire des effets
spécifiques fixes ou aléatoires propres aux pays ou aux
régions suivant les cas, et par là même de ne pas imputer
de manière fallacieuse les différences de productivité
inobservables aux variations du stock de capital public. Garcia-Milà et
McGuire, (1992), tout comme Evans et Karras, (1994) et Holtz-Eakin, (1994),
soulignent le fait que ces effets spécifiques sont déterminants
dans l'estimation de l'élasticité de la production par rapport au
capital public.
Parallèlement, une série de travaux
menés sur données de panel se sont attachés à
estimer une fonction de production dans un cadre de minimisation des
coûts. Les quelques études fondées sur cette approche pour
analyser l'effet du capital public sur la croissance de la production et de la
productivité ont fourni des estimations moins controversées. Ces
études comprennent celles de Morrison et Schwartz (1996), Nadiri et
Mamuneas (1994), Lynde et Richmond (1992) et Deno (1988) qui ont
étudié l'effet du capital public sur la structure des coûts
des diverses branches d'activité américaines. Lynde et Richmond
(1993), Berndt et Hansson (1992), Shah (1992) et Conrad et Seitz (1994) ont
procédé à des études comparables. Demetriades et
Mamuneas (2000) ont examiné l'importance du capital public dans la
structure de production des pays membres de l'Organisation pour la
Coopération et le Développement Economique (OCDE).
Les pays de l'Afrique Subsaharienne (ASS) en
général et ceux de la Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale3(*) (CEMAC) en particulier présentent, sur longue
période, une baisse continue des performances
macroéconomiques4(*).
Or l'un des objectifs en Afrique Subsaharienne aux lendemains de
l'indépendance était une accumulation rapide puis l'accroissement
du capital d'infrastructure. Pour atteindre un tel objectif, les Etats se sont
engagés directement dans la production, en s'érigeant en
actionnaire principal dans le capital public qui, soit est jugé
d'importance capitale pour le développement économique, soit est
une activité considéré comme prioritaire pour la
croissance économique. Ainsi, de nombreuses infrastructures publiques
ont été créées au fils des années, dans
divers secteurs de l'économie. Une telle tendance a été
inversée au cours des années 80. En fait, une nouvelle
orientation de la politique de croissance économique dans ces pays a
requis un déplacement du pôle de développement
économique, de l'investissement public vers l'investissement
privé. L'objectif visé était de définir un
dimensionnement des unités de production qui s'adapte aux
capacités du marché local, privilégiant dès lors
l'investissement privé. Comme le note la Banque Mondiale, devant
l'ampleur de l'endettement et la nécessité d'accroître
l'épargne publique pour y faire face, les possibilités
d'accroître l'investissement public sont plutôt limitées. De
ce fait, il est préférable de compter sur le secteur privé
pour relancer la croissance. Malheureusement à la fin des années
80, le dynamisme du secteur privé ne tenait qu'au secteur urbain
informel. En effet, en réponse à la récession
économique de 1985/86, la réglementation dans le secteur formel
s'étant accrue, de nombreuses entreprises ont dû être
fermées. Les compressions et les cas de chômages se sont accrus et
le secteur urbain informel, absorbant la main d'oeuvre ainsi
libérée, s'est développé au détriment du
secteur formel. En fait, les performances économiques médiocres
de la seconde moitié des années 80 en Afrique Subsaharienne n'ont
pu être corrigées assez rapidement dès le début des
années 90. Ainsi, la croissance de la production décroît de
1.6 points entre 1980 et 1995, et de 2.0 entre 1980 et 2000, l'investissement
en capital public chute de 5.4 points entre 85-94 et 95-03 pour les pays de la
CEMAC. Durant la période d'ajustement, alors qu'on aurait dû
s'attendre à de meilleures performances, la situation s'est plutôt
dégradée. Cela n'était pas uniquement dû à
une spécialisation des échanges en biens primaires ni du fait de
la baisse tendancielle des termes de l'échange dans la mesure où
elle s'était produite aussi dans d'autres pays en développement.
En effet, les économies de l'ASS pâtissent de faiblesses
structurelles.
Bien que la dévaluation du franc CFA ait permis une
reprise de la croissance pour les pays de la zone Franc, il faut noter que
plusieurs mesures avaient été mises en place afin de
remédier à la crise. Elles étaient d'ordre
macroéconomique et microéconomique. Au niveau
macroéconomique, il s'agissait principalement de modifier le taux de
change réel d'équilibre, soit par des ajustements
monétaires, soit par des ajustements réels. Ces derniers
consistent principalement en des restrictions budgétaires qui
amènent à des baisses du niveau d'absorption et donc du niveau
des prix intérieurs. Au niveau microéconomique, il s'agissait
d'intervenir à la fois sur les coûts de production et sur la
productivité des facteurs. La baisse des coûts de production
pouvant se produire grâce à la privatisation des entreprises des
secteurs productifs, à la libéralisation du marché du
travail, ou à la suppression des contraintes de financement des secteurs
productifs. Les facteurs qui influencent la productivité sont
variés. Ils touchent à la fois les questions de formation du
capital humain, le cadre institutionnel et législatif des affaires, les
politiques d'approvisionnement en infrastructures publiques, le degré
d'ouverture de l'économie. Ces facteurs sont particulièrement au
coeur des réformes des PAS. Il est possible cependant qu'apparaissent
des contradictions entre les mesures de stabilisation et la recherche d'une
plus grande productivité, notamment à travers l'approvisionnement
en infrastructures publiques : des restrictions budgétaires
nécessaires au rééquilibrage des comptes publics, bien
qu'exerçant une pression à la baisse sur le taux de change
réel, risqueraient d'avoir un impact néfaste sur la
productivité des secteurs de production. Inversement, l'accroissement
d'un investissement public en infrastructure, bien qu'exerçant un effet
positif sur les secteurs productifs, peut entraîner une
appréciation du taux de change réel, essentiellement du fait de
son éviction sur le secteur privé.
Dans la zone CEMAC, les facteurs de production restent d'un
coût élevé, de qualité faible et les infrastructures
de base sont d'un niveau d'approvisionnement insuffisant (FMI, 1999). A ce
propos, Latreille et Varoudakis (1996) montrent que le manque de
compétitivité des secteurs économiques est imputable
à une faiblesse des gains de productivité, elle-même due
notamment à la baisse du rythme des investissements publics. A la
lumière de ces enseignements, il apparaît opportun de
s'intéresser aux effets macro-économiques des infrastructures
publiques. Aussi le présent travail répond à la question
de savoir : Quel est l'impact des infrastructures publiques sur la
productivité dans la sous région CEMAC5(*)6(*) ? Pour ce faire, deux questions subsidiaires
seront examinées : Des investissements en infrastructures publiques
plus élevés entraînent-ils une hausse de la
productivité économique ? Quel est le sens de la causalité
entre la productivité et les investissements en infrastructures
publiques?
L'objectif principal du présent travail est
d'évaluer la contribution des infrastructures publiques à la
productivité des facteurs privés. Plus spécifiques, il
s'agira de réaliser un examen des études théoriques qui
examinent les liens entre les investissements réalisés dans
l'infrastructure et la productivité; de relever les problème
économétriques source de désaccord entre les
auteurs sur le rôle productif de l'investissement en capital public
et ; de faire un examen de la situation en zone CEMAC.
Pour y parvenir, nous effectuons une analyse
économétrique en données de panel sur les six pays de la
zone CEMAC, pendant la période 1994-2003. L'étude s'appuie
essentiellement sur la fonction de production Cobb-Douglas élargie au
capital public. Les données sont obtenues dans le CD-ROM de la Banque
Mondiale (2005). Les estimations sont faites sur la base du logiciel TSP
4.3A.
L'intérêt d'une évaluation de la contribution
du capital public à la productivité est double : elle
s'inscrit d'abord dans le débat macroéconomique sur les effets
productifs du capital public, elle éclaire également la question
de la capacité des investissements en capital public à
améliorer la productivité dans le cas sous régional. Un
tel débat s'est souvent centré sur le rôle des
infrastructures de transport, en insistant sur la baisse du coût de
transport des biens et l'accessibilité des lieux (Bonnafous, 1993 ;
Fritsch, 1997 ; Kuitcha 2005).
La première partie présentera deux chapitres,
le premier chapitre est consacré à l'analyse des théories
traditionnelles de la croissance néoclassique et de la croissance
endogène. Le deuxième chapitre examine la littérature
ayant mis en exergue l'impact du capital public sur la croissance suivant les
différentes approches.
La seconde partie se divise également en deux chapitres.
On évaluera d'abord les travaux antérieurs de la contribution du
capital public sur la productivité, (chapitre trois). Par la suite
(chapitre quatre), une mesure de la contribution du capital public à la
productivité des facteurs privés de la sous région CEMAC
sera évaluée.
Première partie :
LES FONDEMENTS THEORIQUES DU LIEN ENTRE CAPITAL
PUBLIC ET PRODUCTIVITE
La perception du rôle des dépenses publiques
comme facteur de croissance économique a remarquablement
évolué au cours de cette dernière décennie.
L'investissement public en infrastructures est davantage
appréhendé comme un facteur d'amélioration des
performances productives et de l'investissement du secteur
privé. Ce changement est dû en particulier aux travaux d'Aschauer
(1989) et au nouveau modèle de croissance de long terme de Barro
(1990).
Si l'analyse néoclassique de la croissance postule des
rendements constants sur tous les facteurs, nous verrons qu'il est possible de
n'avoir des rendements constants que sur les facteurs privés, ce qui
confère au capital public un statut d'externalité propre aux
biens publics. Les nouveaux modèles de croissance joueront sur
cette possibilité, de même que sur le rendement des facteurs
accumulables, pour faire apparaître une croissance endogène
auto-entretenue et non plus exogène comme dans le modèle
néoclassique.
Le premier modèle de croissance endogène faisant du
capital public le moteur de la croissance est qualifié aujourd'hui
d'approche primale. Contrairement à l'approche duale qui
présente la formalisation micro-économique du lien entre
croissance et infrastructures passant par une dualité entre fonction de
production et fonction de coût, l'approche primale permet
d'élargir la perception du rôle productif des infrastructures dans
la perspective d'un modèle de croissance (ou formalisation
macro-économique).
Dans ce qui suit, nous présenterons d'abord le
modèle de croissance économique traditionnel de Solow-Swam
(chapitre I), ensuite le nouveau modèle de croissance endogène
avec capital public de Barro (chapitre II).
Chapitre 1 : DE LA CROISSANCE NEOCLASSIQUE A
LA CROISSANCE ENDOGENE
Dans les années quarante, deux économistes se
réclamant de Keynes, Roy Harrod et Everett Domar proposèrent des
modèles de croissance. Leur principale contribution fut que,
laissé à lui même le système ne peut assurer la
croissance avec plein emploi et ceci essentiellement en raison de la mauvaise
coordination des décisions de ceux qui, d'un côté
épargnent et de ceux qui, de l'autre investissent. Le message sous
jacent à ces modèles est que l'État doit intervenir pour
corriger le défaut de coordination des décisions des agents
individuels. A la vision pessimiste donnée par les modèles
Keynésiens d'après guerre a succédé, au milieu des
années 50, la présentation plus optimiste de Solow qui suppose
résolu le problème de coordination, et qui postule en particulier
le plein emploi permanent. Le modèle de Solow, point de départ de
presque toutes les analyses de la croissance, nécessite pour bien
appréhender l'impact de l'investissement en infrastructure une
connaissance approfondie. L'objet de ce chapitre est consacré à
l'analyse du modèle de croissance traditionnel utilisé par les
économistes, celui de Solow et les enseignements du modèle AK de
Rebelo (1991).
I - LE MODÈLE NÉOCLASSIQUE DE SOLOW-SWAM
Le modèle de Solow-Swam comporte deux sources de
croissance : une source « endogène »,
l'accumulation du capital et une source « exogène »,
la quantité de travail disponible. L'accumulation du capital est
déterminée par le modèle mais tel n'est pas le cas du
travail disponible. De cette approche néoclassique en raison des
caractéristiques de la fonction de production macroéconomique
qu'elle postule, c'est la parfaite flexibilité des prix des facteurs qui
rend possible le mouvement de substitution entre le travail et le
capital ; il résulte une croissance de long terme harmonieuse car
régulière. L'attrait et la place centrale que le modèle de
Solow continue d'occuper dans les théories de la croissance tiennent
à la simplicité et à la robustesse des hypothèses
qui le fondent et à sa capacité à expliquer
« beaucoup » à partir de « peu »
d'éléments. La sous-section ci-dessous se propose
d'étudier les enseignements de ce modèle de base et d'en
ressortir ses limites.
A. Les enseignements du modèle
Nous examinerons comment l'économie décrite
ci-dessus évolue dans le temps. L'économie est gouvernée
par l'évolution du seul facteur capital. Celle du travail étant
exogène.
a. Dynamique du modèle.
La dynamique du modèle repose essentiellement sur la
dynamique du facteur capital décrite par l'équation:
or
(1.1).
L'accumulation du capitalde l'écart entre
l'investissement la dépréciation du capital
, où le taux de dépréciation du capital.
L'investissement est ce qui reste de la production une fois ôtée
la consommation. Puisque le taux d'épargne s est constant,
c'est une fonction constante de la production. Or celle-ci est telle que le
rendement marginal du capital est une fonction décroissante du
capital : plus le niveau de capital installé est
élevé, plus sa rentabilité marginale est faible. Ainsi
quand il y'a peu de capital dans l'économie, la partie de la production
qui est investie permet d'accroître fortement le capital. A la limite
lorsque la quantité de capital est infinie, sa productivité
marginale devient nulle. Ainsi le seul facteur de production qui se modifie
étant le capital et son accumulation réduisant son
efficacité au cours du temps, la productivité va diminuer. Il
existe donc une valeur du stock de capital telle que l'augmentation d'une
unité de l'investissement induit un accroissement de la production
épargnée plus fiable que l'investissement de point mort7(*). A cette
valeur limite, l'accumulation s'arrête. Les équations
précédentes décrivent ces différentes
situations :
. Soit
. (1.2)
est le capital par tête et n le taux de
croissance de la population. A l'état régulier8(*) (équilibre de long terme)
on a:
.
Où la valeur du capital par tête
d'équilibre constante. A ce niveau de capital, l'investissement permet
de renouveler le stock de capital. L'équilibre est stable : quand
l'économie se trouve à ce niveau d'équilibre du capital,
elle y reste. Le seul taux de croissance de capital par tête que peut
posséder une telle économie est nul. A cet équilibre,
toutes les variables par tête sont constantes et les variables en niveau
croissent toutes au même taux exogène (n) égal au taux de
croissance de la population. Il en est de même des prix, taux
d'intérêt (r) et taux de salaire (w).
(1.3)
b. Règle d'or de l'accumulation du capital et
inefficience dynamique
Le modèle de Solow montre que le taux de croissance
à long terme est indépendant du taux d'épargne. Toutefois,
ce dernier joue un rôle fondamental dans le choix d'un sentier de
croissance de l'économie : plus le taux d'épargne est
élevé, plus la production investie à chaque période
est forte et plus le capital de l'économie considérée est
important. Le capital est une fonction croissante du taux d'épargne.
Dès lors si les autorités ont la possibilité de choisir le
taux d'épargne national grâce à une politique
économique appropriée, elles choisiront celui qui permet en
longue période de maximiser la consommation par tête. La solution
d'un tel problème est appelée la règle d'or de
l'accumulation du capital et découle du raisonnement selon lequel une
hausse de l'épargne a deux conséquences contradictoires :
d'une part, elle réduit la part consommée de la production et,
d'autre part, elle accroît le revenu par tête et donc le niveau de
la production. A long terme, les deux effets se compensent :
(1.4)
La quantité c* est la consommation à
l'équilibre. En désignant kg la quantité
k* qui maximise c*, on obtient :
, c'est la « règle d'or d'accumulation du
capital ». Cette équation détermine le stock de capital
qui permet de maximiser la consommation par tête tout en permettant un
développement harmonieux. A ce titre de stock de capital correspond un
taux d'intérêt :
.
Pour Solow, la croissance est naturelle, elle ne dépend
pas de la sphère économique. La dynamique
développée ci-dessus implique pour une économie
donnée deux conséquences : le caractère transitoire
de la croissance et l'accélération transitoire de la croissance
d'une hausse du taux d'épargne.
B. Les limites du modèle de base de Solow
Le modèle de base de Solow se présente plus
comme une représentation de la production et des ajustements de moyen
terme que comme une théorie de la croissance. En effet, la croissance
est limitée à la dynamique transitoire de l'économie,
lorsqu'elle converge vers le rapport capital/travail d'équilibre
(k*). La croissance de long terme, n'existe qu'en présence de
facteurs exogènes. Ce modèle aboutit à plusieurs autres
conclusions paradoxales : premièrement, le niveau du taux
d'épargne affecte le niveau de capital par tête, mais pas la
croissance. L'équation dynamique fondamentale de Solow montre
qu'à l'équilibre, toute l'épargne est utilisée pour
doter en capital les travailleurs nouveaux et non pour accroître la
dotation de chacun. Au delà d'un effet en niveau, l'augmentation de k*,
une politique d'encouragement de l'épargne n'aura pas d'effet sur le
taux de croissance à long terme de l'économie. Elle aura aussi un
effet transitoire dans la mesure où elle accéléra la
convergence de l'économie vers k*.
Par ailleurs, dans un cadre international, ce modèle
suppose que tous les pays doivent converger vers un même niveau de
capital et de produit par tête, sous les hypothèses
d'identité de préférences pour les agents de chaque pays
c'est-à-dire avec un même taux d'épargne d'un pays à
l'autre, et avec une même croissance démographique. Les pays
pauvres vont donc rattraper les pays riches. Il semble à première
vue assez difficile de raccorder cette prévision du modèle avec
les faits observés au cours des quatre dernières
décennies, qui tendent plutôt à montrer un accroissement de
l'écart entre les niveaux de revenu. En fait, l'obtention d'une
croissance non bornée nécessite la prise en compte d'un facteur
extérieur qui augmente la productivité des facteurs de production
à long terme. Solow, intégrant le progrès technique,
propose une solution à ce problème.
a. Le modèle de Solow et le progrès
technique
La croissance de toutes les variables en niveau (production,
consommation...) à l'état stationnaire de Solow suppose que le
rapport de deux quelconques de ces variables est constant dans le temps (taux
de croissance nul). Ainsi dans le modèle de Solow, l'économie
tend vers un état stationnaire en ce qui concerne la consommation et la
production par tête. Par conséquent, il n'y a vraiment pas de
croissance en dehors de celle de la population. L'absence de croissance par
tête en longue période dans le modèle de Solow est une
conséquence du fait que, la fonction de production qui
caractérise l'économie est à rendements d'échelle
constants et à productivité marginale du capital
décroissante. Aussi pour qu'une croissance positive coexiste, il faut
ajouter une autre variable au modèle. Une explication a
été proposée par l'intégration du
« progrès technique exogène » qui suppose
soit qu'il y'a une « déformation » de la fonction de
production qui permet une croissance plus élevée ; soit que
le capital ou le travail devient plus productif au fur et à mesure que
le temps passe. Pour mieux comprendre le modèle de Solow avec
intégration du progrès technique, il convient de cerner au
préalable cette variable.
b. Le progrès technique
Le progrès technique permet une amélioration
continue de la technologie permettant d'éliminer l'effet des rendements
décroissants en renforçant la productivité du travail. La
prise en compte de cette variable dans la fonction de production est
confrontée à deux problèmes : premièrement la
manière d'introduire le progrès technique dans le modèle
de Solow. Il peut permettre aux producteurs d'obtenir le même niveau de
production avec relativement le même niveau de capital ou relativement
avec moins de travail. Deuxièmement, la manière par laquelle le
progrès technique déforme le système productif. On se
préoccupe notamment de savoir s'il préserve les parts relatives
de la rémunération des facteurs et dans quelle mesure il
n'engendre pas de chômage. Il existe trois définitions courantes
du progrès technique. Cependant, pour qu'une croissance à taux
constant soit possible dans le modèle de Solow, le progrès
technique doit être neutre au sens de Harrod.
c. Modèle de Solow avec progrès
technique neutre au sens de Harrod
Considérons une fonction de production qui augmente le
travail et un niveau de technologie A(t) qui croit au taux constant
. On a la fonction de production qui suit : Y
(t) = F(Kt, At).
La dynamique du capital par tête devient
même si rien n'est fait, le progrès technique
augmente avec le temps. A l'état régulier, les variables par
unité de travail effectif sont constantes. Les variables par tête
croissent au taux
, les variables en niveau K, Y, C, I au taux (n +
). Dans ce modèle, en l'absence d'un taux de croissance de
la population, le taux de croissance de l'économie est mesuré
par
. Solow attribuant près de 90% de la croissance de la
production par habitant au progrès technique exogène, montrant
ainsi que la croissance de la productivité totale des facteurs
était la principale source de croissance.
Toutefois, l'explication de la croissance par des facteurs
exogènes ne pouvant satisfaire les économistes classiques
à la recherche de fondements microéconomiques pour tous les
phénomènes auxquels ils s'intéressent, ainsi que l'absence
de corroboration entre les données internationales et le modèle
néoclassique en ce qui a trait aux parts du capital et aux
propriétés de convergence. On a vu éclore à la fin
des années 80, des modèles dits de croissance endogène
plus pertinents dans l'explication de l'influence de l'investissement sur la
croissance.
II - MODÈLE DE CROISSANCE ENDOGÈNE
ET EXTERNALITES
C. La dynamique de croissance à la Solow a permis de
reproduire les cinq premiers faits stylisés de Kaldor. Cependant, le
modèle ne peut expliquer le sixième fait concernant les
disparités des taux de croissance parmi les pays. Il ne peut en rendre
compte que si l'on accepte l'hypothèse selon laquelle les pays ont des
taux de progrès technique différents. Mais, dans ce cas, il faut
expliquer les origines de ces différences. C'est le pas que se propose
de franchir cette section à travers les travaux de Rebelo pour qui, la
croissance est un processus auto-entretenue endogène.
D. A. Les enseignements du modèle AK
Une manière de concevoir une croissance
auto-entretenue consiste à mettre l'accent sur l'accumulation des
facteurs en supposant, à l'instar de Rebelo (1990) que « tout
est capital ». En effet, en l'absence du progrès technique
exogène dans le modèle de Solow, la croissance est bloquée
par la décroissance vers zéro du rendement du capital.
L'accumulation s'essouffle car la capacité productive du capital
s'érode alors que la dépréciation et la croissance
démographique absorbent une partie proportionnelle du capital des
investissements. C'est cette hypothèse de décroissance des
rendements qu'il faut remettre en cause pour modéliser une croissance
endogène. Rebelo pose que la technologie agrégée est
décrite par une fonction linéaire avec un seul facteur, le stock
de capital :
Y = AK. (1.5)
Le capital apparaît comme le seul facteur de production.
Rebelo justifie ce choix en assimilant le travail au capital humain, qui est
accumulatif, et qui, agrégé au capital physique mais aussi aux
infrastructures collectives donne le concept de capital élargi. Cette
conception élargie du capital permet de justifier l'absence globale des
rendements décroissants. C'est un modèle néoclassique
susceptible d'être intégré dans le modèle de Solow
En reconduisant on obtient l'équation fondamentale suivante :
(1.6)
La relation qui lie le taux d'investissement au taux de
croissance du produit absente dans le modèle de Solow, en régime
d'équilibre, apparaît clairement dans ce modèle simple de
croissance endogène. En effet, dans ce modèle l'équation
ci-dessous montre que le taux de croissance du produit est directement
proportionnel au taux d'investissement
(1.7)
Néanmoins pour que la croissance soit auto-entretenue,
il faut que cette dernière équation soit positive. C'est dire que
le stock de capital va croître si et seulement si
.
Si ce taux de croissance est strictement positif, ce qui
nécessite une productivité du capital et un taux d'épargne
suffisamment élevés par rapport aux taux de croissance de la
population et de déclassement, on a bien une croissance auto-entretenue,
avec un taux de croissance du capital par tête positif et constant. Toute
politique économique visant à augmenter le taux d'épargne
aura un effet positif permanent sur la croissance. Une implication importante
de ce modèle est donc que, contrairement au modèle de Solow, une
hausse du taux d'épargne augmente de façon permanente le taux de
croissance de la production par tête. Par ailleurs, il ne prévoit
ni convergence absolue, ni convergence conditionnelle. Même en l'absence
d'une croissance démographique : la croissance endogène est
possible.
E. B. Croissance endogène et externalités
a. Externalités liées à
l'accumulation d'un facteur
Le modèle de Rebelo a l'intérêt
théorique de mettre en évidence les conditions les plus simples
pour obtenir une croissance par tête auto-entretenue .Mais il est trop
fruste dans ses fondements économiques et il se prête mal à
un essai de calibrage. Une des façons d'introduire les
externalités dans le modèle est de supposer que l'augmentation de
la quantité totale de capitale disponible dans l'économie
entraîne une hausse de la productivité du travail. Dans les
domaines où il y a croissance endogène, cette hypothèse
consiste souvent à multiplier la quantité de travail L
utilisée par une entreprise par un nombre a(K) où K
désigne le stock total de capital et où a(.) est
une fonction strictement croissante. Pour qu'il y ait externalité
positive, il suffit alors que a(K) >1. Ainsi, lorsque le stock du
capital de l'économie est K, la production Q d'une
entreprise qui dispose d'un capital K et d'une quantité de
travail L est donnée par : Q = F(K, a(K)L) .
(1.8)
Comme, par hypothèse, F(.) est homogène de
degré 1, on en déduit que :
. Si on note q le produit par tête Q/L et k le capital par
tête K/L, alors l'équation s'écrit : dérivant
par rapport au temps les deux membres de cette égalité, on
obtient :
(1.9)
Dans le modèle de Solow, vers 0 lorsque t tend vers
l'infini, car il n'y a pas d'externalité (donc
) et vers 0, puisque le capital par tête converge vers sa
valeur stationnaire
. Par conséquent, le produit et la consommation par
tête tendent également vers leur valeur stationnaire : sur la
longue période, il n'y a pas de croissance autre que celle qui est due
à l'augmentation de la population .Toutefois, la situation est
différente dans le cas où il y a externalité, puisque
alors le second terme de cette dernière équation ne s'annule
pas ; si le capital d'ensemble K augmente
régulièrement et si
alors le produit par tête peut continuer à
croître indéfiniment. Le caractère endogène de la
croissance provient ici de ce que la fonction a(.) a pour argument
l'accumulation passée K qui est déterminée par le
processus lui-même. Les modèles de croissance endogène se
sont attachés d'une part à identifier les sources possibles de
rendements d'échelle croissants au niveau macroéconomique,
d'autre part à fonder au niveau microéconomique les conditions
nécessaires à l'existence d'un équilibre concurrentiel.
b. L'Etat gérant des externalités
Les économistes parviennent à la
résolution qu'il existerait une forte relation entre l'investissement et
la croissance économique à condition que les droits de
propriété soient garantis par les pouvoirs publics. Ils assignent
ainsi à l'Etat le rôle de favoriser l'environnement de
l'investissement tout en laissant jouer le marché. Cependant, la forme
d'intervention publique dépend du type d'information dont dispose
l'Etat. Il est ainsi légitime que la recherche fondamentale d'une
rentabilité lointaine et incertaine soit financée par des fonds
publics car comme l'applicabilité des résultats n'est pas
immédiate, l'appropriation des gains économiques est difficile.
Ceci d'autant plus qu'une part importante de la recherche fondamentale n'a pas
de finalité économique directe : ces objectifs peuvent
concerner la défense, le prestige, l'honneur de « l'esprit
humain ».
Pour ce qui est de l'éducation, l'existence
d'externalités9(*) ne
peut justifier à elle seule un financement entièrement
public : une part des gains de la formation est réalisée par
les agents qui se forment. Cependant une intervention publique se justifierait
par ailleurs même en l'absence d'externalité. L'accès des
plus pauvres aux marchés financiers (afin de trouver le financement
d'une formation) n'étant sans doute pas ce qu'il serait dans un
marché parfait ; il importe de corriger cette imperfection par une
intervention publique. Si les nouvelles théories de la croissance
réhabilitent le rôle de la politique économique, qui
devrait permettre de mieux coordonner les décisions des agents
privés, elles ne préjugent pas la forme de cette intervention. En
effet, si l'intervention publique est justifiée par le fait qu'il existe
une externalité, il demeure que la forme d'intervention publique
dépend de l'externalité précise qui est en cause. Outre la
prise en compte des effets externes, l'Etat a une influence directe sur
l'efficacité du secteur privé : les investissements publics
concourent relativement à la productivité privée.
Conclusion
Le modèle de Solow et les calculs qu'il autorise ne
cadre pas bien avec la forte corrélation observée dans les faits
entre la taux d'investissement et de croissance ; des travaux
récents ont remis en l'honneur l'investissement en capital public comme
moteur de la croissance. Bien que reconnaître l'importance de la
croissance à long terme soit primordiale, il importe de sortir du Carcan
de la croissance néoclassique où la croissance par tête
à long terme est indexée au taux de progrès technique
exogène.
CHAPITRE II
CROISSANCE ENDOGÈNE AVEC CAPITAL PUBLIC
ET PRODUCTIVITÉ
Introduction
L'infrastructure publique est le fondement du bien-être
dans une société, car elle permet des activités qui
apportent des bienfaits. Qu'elle donne au public accès à de l'eau
potable salubre ou qu'elle facilite le transport des marchandises et des
personnes, l'infrastructure sert à créer les conditions idoines
pour le fonctionnement d'une économie. Par ailleurs, l'infrastructure
joue aussi un rôle de conditionnement et de transformation de
l'économie, rôle qui est mis au jour par son incidence sur la
productivité.
La littérature économique semble s'accorder sur
deux moyens distincts d'examiner la contribution du capital public à la
productivité. La première vague d'études empiriques
réalisées dans ce domaine, fondées sur l'estimation d'une
fonction de production de Cobb-Douglas à l'aide de données
chronologiques, est qualifiée d'approche « primal ». Les
résultats obtenus selon cette méthode surestiment10(*) l'importance des effets du
capital public sur la croissance de la production et de la productivité.
Comme les chiffres produits par la méthode primal étaient
« trop élevés pour être crédibles », les
chercheurs ont utilisé subséquemment la structure de production
pour modéliser les décisions concernant les intrants
privés, le capital public et la production dans un cadre de minimisation
des coûts, soit un cadre « dual » ou double. Les quelques
études fondées sur l'approche « duale » ou double pour
analyser l'effet du capital public sur la croissance de la production et de la
productivité ont fourni des estimations plus raisonnables. Dans ce qui
suit, nous parlerons premièrement du capital public et processus de
production dans une approche primale et deuxièmement du capital public
et productivité des secteurs d'activité dans une approche duale
ou double.
II. CAPITAL PUBLIC ET PROCESSUS DE PRODUCTION :
APPROCHE PRIMAL
L'article de Barro (1990) a ouvert la voie à une
série de contributions théoriques visant à établir
l'effet des infrastructures publiques sur la productivité et la
croissance de long terme dans une perspective de croissance endogène.
Dès lors, il existe donc un relatif consensus parmi les
économistes quant à la pertinence de l'introduction du stock de
capital public dans le processus de production. Dans cette section, le
véritable problème réside dans la définition
précise de la notion du capital public. Mais nous allons d'abord
évaluer les effets productifs du stock de capital public dans une
perspective de croissance de long terme.
A. Capital public et croissance de long terme
Concernant l'analyse théorique du lien entre capital
public et croissance, le modèle de Barro (1990) constitue aujourd'hui un
cadre de référence. La spécificité de ce
modèle consiste à faire apparaître les dépenses
publiques d'investissement dans le processus de production, et par
conséquent à mettre en évidence un lien explicite entre la
politique gouvernementale et la croissance économique de long terme dans
un cadre de croissance endogène.
L'auteur considère une économie fermée
composée d'agents à durée de vie infinie, dont les
préférences intertemporelles sont représentées par
la fonction éfinie par
(1.1)
où
?désigne un facteur d'escompte psychologique et
où l'utilité instantanée, notée u(
, est de la forme C.R.R.A (Constant Relative Risk
Aversion).
représente la consommation à
l'instant t.
(1.2)
On suppose que la population active est constante. La
production de la firme i est représentée par une
fonction de type Cobb-Douglas définie par :
(1.3)
Les termes Li et Ki
désignent respectivement le niveau de l'emploi et le stock de
capital privé de la firme i à la date t. Les
paramètres ek et eg correspondent respectivement aux
élasticités de la production11(*) par rapport au stock de capital privé et aux
investissements publics. On suppose ici que les dépenses
gouvernementales agrégées, notée G, correspondent à
la définition de Samuelson et satisfont les hypothèses de non
rivalité et de non exclusion12(*). Lorsque l'on suppose que les rendements sont
constants13(*) par rapport
aux facteurs K et G (
), on aboutit à une situation de croissance
endogène.
Soit Y la production de la firme représentative.
Les dépenses publiques sont financées par un impôt
proportionnel sur la production à taux constant :
(1.4)
Où le taux d'imposition. Si l'on note d le taux de
dépréciation du capital privé et L la population
active totale, le taux de croissance équilibrée de
l'économie, noté y, est défini par :
(1.5)
En utilisant la contrainte budgétaire du gouvernement,
ce taux de croissance peut se réécrire sous la forme :
(1.6)
Cette relation nous permet d'observer les deux effets
opposés du taux d'imposition sur le taux de croissance de long
terme : L'augmentation des dépenses publiques conduit d'une part
à une augmentation de la productivité des facteurs et favorise
ainsi l'accumulation du capital privé, mais d'autre part elle induit une
hausse des ponctions sur les ressources des agents et donc une éviction
des investissements privés. La croissance de long terme sera ainsi le
résultat de l'interaction de ces deux forces opposées.
En particulier, pour un niveau sous optimal de dépense
publique14(*), on peut
montrer que toute dépense additionnelle engendre une amélioration
de la croissance de long terme :
ssi
(1.7)
L'effet net de l'intervention publique dépend de la
différence entre le taux marginal de prélèvement public et
de l'élasticité du produit par rapport aux dépenses
publiques
. Dès lors si le gouvernement adopte la maximisation de
la croissance pour objectif de sa politique fiscale, il choisira un taux
d'imposition égal à l'élasticité des
dépenses publiques, ou au taux d'investissement public.
(1.8)
L'hypothèse d'une influence des dépenses
publiques d'infrastructure sur le taux de croissance du sentier stationnaire de
l'économie, peut paraître extrêmement fragile dans la mesure
où elle requiert une configuration très particulière des
paramètres et notamment des rendements d'échelle par rapport aux
stocks de capital privé et public.
Cependant, Hénin et Hurlin, (1998) montrent que la
règle d'investissement décrite par l'équation (1.7)
demeure valable dans une configuration de croissance exogène lorsque
l'on substitue un critère normatif au critère de maximisation de
la croissance. En effet, dans une perspective similaire à la
règle d'or, le taux d'imposition qui maximise la consommation par
tête en régime permanent doit dans ce cas être égal
à l'élasticité de la production par rapport aux
dépenses publiques et au taux d'investissement public.
Ainsi suivant l'origine de la croissance, la maximisation du
facteur de croissance de long terme ou du niveau de la consommation par
tête en régime permanent, conduit dans ces modèles à
l'égalisation du taux d'investissement public et de
l'élasticité de la production par rapport à ces
dépenses.
Mais une des principales limites du modèle de Barro(1990)
réside dans le fait qu'il n'intègre pas de dimension de stock de
capital public. Or, il est raisonnable de penser que les effets productifs des
infrastructures publiques sont sans doute plus liés à l'ensemble
des équipements mis en place qu'au seul flux contemporain de
dépenses d'investissements.
Dans un contexte de croissance endogène, lorsque l'on
intègre explicitement une dimension de stock, le résultat (1.7)
reste valable lorsque l'on envisage la maximisation du facteur de croissance de
long terme. Cependant en raison de la présence d'une dynamique de
transition ou tout simplement d'un décalage temporel entre les phases
d'accumulation et de production, la maximisation de l'utilité conduit
à retenir un taux d'investissement public légèrement
inférieur à celui qui maximise la croissance.
F. B. Capital Public : Définition et
caractérisation
S'il existe aujourd'hui un consensus parmi les
économistes quant à la pertinence de l'introduction du capital
public dans le processus de production de long terme, en revanche se pose de
manière cruciale le problème de la définition statistique
du capital public. Ce dernier se confond aux infrastructures publiques, aux
dépenses publiques ou aux investissements publics.
a. Capital public et infrastructures publics
Gramlich, (1994) constate que la plupart des études
économétriques retiennent une définition fondée sur
la propriété, le capital d'infrastructure étant la plupart
du temps défini comme le capital détenu par le secteur public,
d'où la confusion des notions de capital d'infrastructure et de capital
public. Cette acception présente cependant certains
inconvénients, puisqu'il est évident qu'une partie des
investissements d'infrastructure est assurée par le secteur privé
et échappe par-là même à la définition
comptable retenue, mais il apparaît très délicat de mesurer
les infrastructures privées et de les distinguer des autres
catégories de capital privé.
A l'inverse, le critère de la propriété
étatique conduit à agréger en une même entité
hétéroclite, non seulement les infrastructures publiques et les
stocks productifs des entreprises publiques, mais aussi les équipements
et bâtiments n'ayant que peu ou pas d'impact sur l'activité
économique.
b. Capital public et dépenses militaires
Les dépenses militaires, qui si elles ne
présentent pas un caractère spécifique (casernes, voitures
de fonction etc..) ne sont pas retirées de la notion d'infrastructures
retenue par le Système Elargi de Comptabilité Nationale (SECN)
S'agissant des matériels strictement militaires, les règles
comptables internationales préconisent de les exclure mais on ne peut
être assuré que les pratiques comptables nationales se conforment
à ce principe. Aussi généralement, les infrastructures
militaires sont considérées comme non spécifiques et donc
intégrées dans la mesure du capital public. Il est alors possible
d'objecter que le fait détendre la définition du capital public
au-delà du simple coeur d'infrastructures, conduit ceteris paribus
à minimiser les effets productifs des investissements publics.
c. Capital public et investissement
public
Hurlin (1999) dans son étude considère
parallèlement deux définitions. D'une part, il retient les
données fournies par Ford et Poret, (1991) qui correspondent à
une définition étroite du capital public. Ces données sont
issues de la base ''Flux et Stocks de Capital Fixe'' de l'OCDE et
celle-ci ne couvre que le stock d'équipements des producteurs de
services fournis par les administrations publiques. Cette définition
exclut notamment les structures de transports, de
télécommunication, les équipements militaires ainsi que
les structures des services d'électricité, gaz et eau.
D'autre part, il considère une définition large
construite à partir des séries d'investissements publics de la
base ''Perspectives Economiques'' de l'OCDE, afin de comparer
l'influence de la définition comptable du capital public retenue sur les
résultats économétriques. Cette dernière
définition couvre entre autres les services publics
généraux, l'éducation, la défense, la
sécurité et l'ordre public, la santé, les
aménagements collectifs, les équipements de transports et
communication, et diverses autres activités économiques.
II. CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DES FACTEURS
SECTORIELS: UNE APPROCHE DUALE
La méthode employée dans la présente
section comprend l'estimation des fonctions de demande et de coût des
secteurs d'activité. Cette méthode, qui s'inspire de Nadiri et
Mamuneas (1994), consiste à préciser la contribution de la
demande de production, des prix relatifs des intrants, du progrès
technique et du capital financé par l'état à la croissance
de la productivité. L'analyse de la contribution relative de ces
composantes dans un cadre unifié permet de répondre plus
facilement aux questions de principe concernant la portée et
l'importance de l'effet du capital public sur la productivité15(*) (Harchaoui et al 2003).
Nous évaluons séparément les
équations de demande et de coût, puis nous utilisons les
paramètres estimés de ces équations pour évaluer la
réduction des coûts, les élasticités
d'échelle et l'expansion de la production du capital public pour chaque
branche d'activité et pour décomposer la croissance de la
productivité.
A. La fonction de coût
La fonction de coût pour la ième
branche d'activité est écrite sous la forme
, où
est une fonction de coût normalisée deux fois
continûment différentiable, wi est un vecteur des prix
relatifs des facteurs variables, Y est la quantité de
production, t est un indice de temps représentant le
progrès technique non incorporé et G représente
les services du capital public, c'est-à-dire un intrant quasiment
constant.
Les services du capital public influent sur la structure de
coût d'une branche d'activité de plusieurs façons. En
premier lieu, une augmentation de la quantité (ou une
amélioration de la qualité) des services du capital public fait
baisser le coût unitaire des produits de la branche d'activité.
Harchaoui et al (2003) qualifient cette baisse d'« effet de
productivité ».
En deuxième lieu, les entreprises rajustent leur demande
de travail et d'intrants intermédiaires, et leur stock de capital si les
services du capital public sont des substituts ou des compléments des
intrants privés. Autrement dit, les services du capital ne peuvent avoir
un effet neutre sur les décisions du secteur privé visant la
demande de l'intrant. Harchaoui et al (2003) parlent ici d'« effet de
demande de l'intrant ».
En troisième lieu, la réduction des coûts
induite par l'augmentation du capital public peut mener à une
réduction du prix de production qui, à son tour, peut causer une
augmentation de la demande pour cette production. Harchaoui et al (2003)
appellent ce phénomène « effet d'expansion de la production
». Cet effet d'expansion de la production est un effet indirect de
l'investissement public.
L'augmentation du capital entraîne une augmentation de
la production qui, à son tour, entraîne une augmentation de la
demande de travail, d'intrants intermédiaires et de capital
privés. L'effet net du capital public sur le coût total et sur sa
structure correspondra à la combinaison des effets de
productivité, de demande de l'intrant et d'expansion de la
production.
Le coût de production est donné par :
(1.9)
,
représentent respectivement les prix d'acquisition du
capital, du facteur travail L et des intrants intermédiaires
M.
Comme mentionné plus haut, G
représente le stock de capital public. Il s'agit d'un bien public
et, par conséquent, aucun prix du marché ne peut être
attribué aux services qu'il fournit. Cependant, il est possible de
calculer leur prix fictif, ou la disposition à payer pour ces services,
comme étant la réduction des coûts privés de
production associée à G Le bénéfice
marginal dû au capital public correspond à -
, où ésente le coût total,
normalisé selon le prix des intrants intermédiaires
. Ce qui signifie que l'ajout d'une unité de capital
public G entraîne une réduction de coût
16(*).
Outre l'effet direct du capital public sur la
productivité représenté par -
, des effets de rajustement de la demande des intrants
découlent de la complémentarité ou de la
substituabilité des intrants privés (tels que le travail, le
capital privé et les intrants intermédiaires) par le capital
public. Ces effets peuvent être représentés par
, où Xf est la quantité de l'intrant
(privé) f.
Si la valeur de l'expression
est supérieure, égale ou inférieure
à zéro, alors le capital public a un effet négatif, nul ou
positif sur la demande de l'intrant en question.
Enfin, nous pouvons calculer l'effet d'une augmentation du
capital public sur le taux de progrès technique au moyen de l'expression
qui montre que l'utilisation d'une unité
supplémentaire de capital public donne lieu à une augmentation de
la productivité ou à une diminution des coûts attribuables
au progrès technique.
B. La fonction de demande
Le modèle est conçu de façon à
étudier les effets du capital public sur la croissance de la
productivité. La décomposition de cette dernière en
diverses composantes nécessite l'estimation de deux ensembles de
paramètres : d'une part, l'estimation de l'élasticité du
coût par rapport au capital public et à d'autres paramètres
de la fonction de coût (1.9) et, d'autre part, l'estimation des
paramètres de la fonction de demande de production qui établit la
relation entre la croissance de la demande et la variation du prix de
production et du revenu par habitant. Pour chaque branche d'activité,
i, l'équation de la demande est spécifique sous forme
d'une fonction loglinéaire
(1.10)
Cette dernière équation représente, pour
chaque branche d'activité, la régression du taux de croissance de
la production sur une constante, sur le taux de croissance du prix de la
production normalisé par le dégonfleur du PIB et sur le taux de
croissance du PIB réel par habitant (Z et N
représentent, respectivement, le PIB et la population). Donc, la
variation des quantités demandées dans une branche
d'activité est liée au mouvement des prix dans cette branche
d'activité comparativement au dégonfleur du PIB et à la
variation du niveau du revenu agrégé et de la population à
l'échelle de l'économie.
C'est le calcul de deux des paramètres estimés de
la fonction de demande (1.10) qui apporte un intérêt à
cette modélisation. Ces paramètres sont :
a) l'élasticité-prix de la demande qui est
mesurée par le coefficient a (a = 0 suggère que la demande est
parfaitement inélastique ; a = 1suggère que la demande est
unitairement élastique et a>1 suggère que la demande est
élastique) et
b) l'élasticité-revenu par habitant de la
demande, qui est mesurée par le coefficient b (même
définition que poura.)
C. Réduction des coûts,
élasticités d'échelle et expansion de la production
D'après les estimations des fonctions de demande et de
coût, il est possible de calculer les élasticités
importantes de la demande et des coûts nécessaires pour mesurer
l'effet du capital public sur la structure des coûts et sur la croissance
de la productivité de chaque branche d'activité. Les
élasticités importantes sont les suivantes :
Représente l'élasticité du coût
privé par rapport au capital public;
Représente l'élasticité du coût par
rapport à la production;
?
?représente l'élasticité du capital par
rapport à la production lorsque tous les intrants, y compris le capital
public, sont inclus.
L'augmentation de la production qui résulte de la
réduction du coût associée à une augmentation du
capital public exprimée en termes d'élasticité est
; c'est-à-dire l'élasticité du
coût par rapport au capital public multipliée par le degré
de rendement interne d'échelle estimée pour chaque branche
d'activité.
D. Décomposition de la croissance de la
productivité
La croissance de la productivité peut être
décomposée comme suit (Harchaoui et al, 2003)
+
, (1.11)
Où A=
La définition des paramètres de
l'équation (1.11) est la suivante : a représente
l'élasticité de la demande par rapport à la production, b
est l'élasticité-revenu de la demande de produits, q est la marge
de profit
, , respectivement, la croissance du PIB et de la
population,
et, respectivement, le taux de croissance du prix de
l'intrant f de la branche d'activité et du dégonfleur
des prix du PIB.
est la variation du degré de rendement
d'échelle, k est le ratio du prix de production Py au
coût moyen
, la part en termes du coût privé, C du
fième intrant, ésente les élasticités du
coût par rapport au capital public,
est la variation du capital public et
est la variation du niveau de technologie.
Nadiri et Mamuneas (1994) ont fourni l'interprétation
heuristique suivante des diverses composantes de (1.11) :
(i) l'effet de la demande exogène,
(ii)
(iii) l'effet des prix des facteurs,
(iv)
(v) l'effet du capital public,
(vi) ; et
(iv) le progrès technique non incorporé
Les estimations des paramètres des fonctions de coût
(1.9) et de demande (1.10) sont essentielles à la décomposition
de la croissance de la productivité. Plus précisément, a
et b, c'est-à-dire les élasticités-prix et revenu de la
demande,
et
, l'élasticité du coût de la production et
l'élasticité du coût par rapport à une augmentation
du capital public , G jouent un rôle crucial dans cette
décomposition.
L'effet du capital public peut lui-même être
décomposé en effets direct et indirect. Ainsi, l'effet direct du
capital public G est donné par
tandis que l'effet indirect est donné par
.
Dans l'équation (1.11), les paramètres importants
sont les élasticités-prix et revenu de la demande et les
élasticités-coût de la fonction de coût du secteur
privé. Notons que, si la fonction de demande est absolument
inélastique les déplacements de la courbe de coût dus
à la variation des prix réels des facteurs, au capital public ou
au progrès technique non incorporé n'ont aucun effet sur la
production, donc aucun effet indirect sur la productivité. En outre, si
la technologie est caractérisée par des rendements
d'échelle constants en ce qui a trait à tous les intrants, y
compris le capital public (c.-à-d.
=k=1), alors l'équation (1.11) se réduit à
:
P=
?
) (1.12)
Un accroissement du capital public augmente donc, dans un
premier temps la productivité en réduisant le coût
privé de production, réduction qui, à son tour, fait
baisser le prix de production et augmenter la croissance de la production.
Enfin, la variation de la croissance de la production entraîne la
variation de la croissance de la productivité.
G. Conclusion
Nous avons montré dans ce chapitre, deux
méthodes distinctes d'évaluation de la contribution du capital
public à la productivité. La première méthode issue
de la théorie de la croissance endogène avec capital public a
été initiée par Barro (1990), son cadre d'analyse est
celui de l'estimation d'une fonction de production Cobb-Douglas élargie
au capital public. Cette méthode est qualifiée d'approche
primale. L'une des principales limites de cette méthode est qu'elle ne
tient pas compte de la dimension de stock de capital public. La seconde
méthode, qualifiée d'approche duale consiste à
évaluer la contribution du capital public à la
productivité par l'estimation d'une fonction de demande et de coût
des secteurs d'activité ; cette dernière approche
vérifiée par Nadimi et Mamuneas (1994) a pour but essentiel
d'examiner si le coût de la production baisse lorsque le stock de capital
d'infrastructure public est plus élevé.
Conclusion de la première partie
Dans cette partie, nous avons présenté une
synthèse des différentes approches conceptuelles du lien entre
infrastructures et croissance. Il est apparu que, malgré le consensus
théorique sur le sujet passant par les modèles de croissance
exogène et à la croissance endogène, la
problématique de la croissance économique est
controversée.
L'approche primale de la fonction de production apparaît
comme une voie de recherche particulièrement sensible, notamment sur
séries chronologiques et données de panel. L'utilisation de
méthodes économétriques appropriées apportera des
résultats plus probants.
L'approche duale de la fonction de coût semble une
démarche plus satisfaisante dont l'intérêt réside
dans l'identification possible des voies de transmission de l'effet des
infrastructures sur la Croissance. Les infrastructures apparaissent le plus
souvent complémentaires de l'investissement privé qu'elles
stimulent en diminuant les coûts de production et de transport, de
même qu'en favorisant l'apparition d'externalités.
Deuxième partie :
ANALYSE EMPIRIQUE DU LIEN ENTRE
CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITÉ
L'idée que les investissements d'infrastructure peuvent
influer sur la productivité est naturellement séduisante : il
suffit d'imaginer une économie avec des camions mais sans routes ou des
bateaux mais pas de ports. S'efforçant de cerner plus étroitement
cette relation, Aschauer (1989) a supposé une
technologie globale de type Cobb-Douglas, où la production est le fruit
des apports habituels de capital et de travail du secteur privé,
complétés par les équipements, ou infrastructures, du
secteur public.
Dans le cas des Etats-Unis, Aschauer est parvenu à la
conclusion que les infrastructures ont un effet positif très
marqué sur la productivité totale des facteurs du secteur
privé; c'est ce que l'on a appelé «l'hypothèse
d'Aschauer». Bien que récemment confirmée par Munnel
(199O), cette proposition continue de susciter des
controverses, notamment parce que beaucoup d'économistes estiment que la
productivité marginale des infrastructures qu'impliquent les estimations
est exagérément élevée. Toutefois, si les
retombées sont aussi fortes que le laissent supposer les
résultats d'Aschauer, les implications pour la conduite de la politique
économique sont évidentes et importantes :
En donnant un coup de pouce aux investissements
d`infrastructure, les pouvoirs publics peuvent faire progresser de façon
substantielle la production réelle et la
productivité17(*).
Compte tenu des enjeux pour les politiques gouvernementales et le
bien-être économique, il est important d'évaluer les
fondements empiriques d'une recommandation en faveur de
l'accélération des investissements publics en zone CEMAC. Mais
avant, examinons certaines études élaborées aux
Etats-Unis et dans les pays membres de l'OCDE.
CHAPITRE III
CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITÉ :
UNE REVUE EMPIRIQUE DES TRAVAUX ANTERIEURS
Introduction
Les économistes ont proposé diverses
explications au ralentissement de la croissance observé aux Etats-Unis
et dans la plupart des grands pays industrialisés depuis le début
des années soixante dix. Cependant, c'est sans doute celles qui impute
ce déclin à la diminution des efforts publics d'investissement,
notamment en matière d'infrastructures, qui a suscité la plus
abondante littérature ces dernières années (Hurlin, 1999).
L'intuition économique est très simple et
consiste à penser que certains aménagements publics
d'infrastructures génèrent des externalités qui
améliorent la productivité des facteurs privés, les
exemples les plus fréquemment cités étant ceux des
réseaux routiers et autoroutiers, des réseaux d'approvisionnement
et des traitements des eaux, etc...
De ce fait, l'analyse du lien entre la croissance et le
capital public a connu un vif regain d'intérêt notamment
grâce aux travaux théoriques de Barro (1990) qui montrent que les
dépenses publiques productives assimilées au capital public
d'infrastructure peuvent jouer un rôle moteur dans un processus de
croissance auto-entretenu.
Mais si, l'intégration au niveau théorique des
effets productifs de l'investissement public pose aujourd'hui peu de
problèmes, il n'en va pas de même à la validation empirique
de tels effets.
Nous parlerons dans ce qui suit des problèmes
méthodologiquement posés par la détermination de
l'élasticité de production du capital public et des enseignements
généraux sur l'infrastructure et la productivité.
I- ELASTICITE DE PRODUCTION ET LES PROBLEMES
METHODOLOGIQUES
De manière concomitante, au développement de la
théorie de la croissance endogène avec capital public, s'est
développée une importante littérature empirique visant
à examiner les effets des infrastructures publiques sur la croissance
des nations. Mais aussi des régions, en particulier à
l'échelle des Etats américains. Les premières
études nationales (Aschauer, 1999) et régionales (Munnell, 1990)
ont mis en évidence un effet positif du capital public sur la
production, en estimant des fonctions de productions à trois facteurs.
Ces premiers résultats ont donné lieu à de vives
controverses, quant à leur robustesse statistique (Evans et Karrs,
1994 ; Holtz-Eakin, 1994, etc...).
Nous développerons ici, les travaux s'appuyant sur les
problèmes de causalité et sur les problèmes
d'agrégation des données utilisées pour l'estimation de la
fonction de production.
2. Les estimations de l'élasticité de la
production et le problème de causalité
La question de la productivité de l'infrastructure
publique voit le jour avec l'étude de Ashauer (1989) sur
l'investissement public aux Etats-Unis. En se servant d'une fonction de
production Cobb-Douglas pour analyser les données produites par les
Etats-Unis en 1970, il a constaté que l'élasticité de la
production des investissements publics dans l'infrastructure de base18(*) était de 0,24. Cette
grande élasticité l'amène à soutenir que le
ralentissement de la croissance de la productivité dans les
années 1970 était largement attribuable à une baisse des
investissements publics dans l'infrastructure.
L'auteur constante également que les investissements dans
le capital non militaire avaient un effet beaucoup plus profond sur la
productivité que les investissements dans le capital militaire.
Dans l'année qui a suivi la publication du rapport de
Ashauer, d'autres chercheurs ont entrepris des études pour confirmer ou
réfuter son estimation des répercussions de l'infrastructure
publique sur la productivité. Munnel (1990) comptait parmi les auteurs
à avoir appuyé les résultats de Ashauer.
Dans son étude, Munnell (1990) a analysé les
répercussions économiques du Stock de capital non militaire, non
résidentiel net19(*) entre 1970 et 1986 aux Etats-Unis, et constante que
les Etats qui investissaient d'avantage dans l'infrastructure affichaient de
meilleurs résultats économiques, des investissements
privés plus élevés et une croissance de l'emploi plus
forte, ce qui semblait être conforme aux résultats de Ashauer
(1989).
Plus la recherche dans le domaine a progressé, plus se
sont multipliés les différends sur l'orientation de la
causalité entre les changements dans la productivité et les
investissements dans l'infrastructure.
a. Critique méthodologique des premières
études : le problème de causalité
Evans et Karras (1994) ont analysé les données
sur l'infrastructure et la productivité de sept pays membres de l'OCDE
entre 1963 et 1988. Ils ont décelé d'étroites
corrélations entre les deux variables, mais concluent que l'orientation
de la causalité20(*) était à l'opposé de ce
qu'avaient signalé Ashauer (1989) et Munnell (1990). C'est-à-dire
que la hausse des stocks de capital public était le résultat de
la hausse de la production et de la croissance économique, pas la cause.
En analysant la corrélation entre le Produit
Intérieur Brut (PIB) annuel moyen et le stock de capital net du
gouvernement, Evans et Karras (1994) ont conclu que rien ne prouve que les
immobilisations gouvernementales soient hautement productives.
Zegeye (2000) appuie l'étude de Evans et Karras (1994)
lorsqu'il conclut que l'infrastructure est un bien normal21(*), et que les pays riches auront
tendance à en avoir plus et les pays pauvres, à en avoir moins.
Dans son rapport, Zegeye (2000) constate que l'élasticité de la
production entre l'infrastructure publique et les investissements privés
n'est que de 0,02.
Plusieurs auteurs ont tenté de régler la question
de la causalité, perfectionnant leurs méthodes afin d'être
sur qu'ils saisissaient les résultats des investissements dans les
infrastructures et pas les résultats de la croissance
économique.
b. Tentatives de résolution du problème
de causalité
Concernant le sens de la causalité de la relation, si
les infrastructures publiques peuvent être productives, elles sont
financées par les contribuables via l'impôt, la dotation en
infrastructures va donc dépendre du revenu de ceux-ci et donc de la
production. Il y a alors un effet de simultanéité qu'il est
nécessaire de prendre en compte pour mesurer l'effet net du capital
public sur la productivité. La correction d'un tel biais de
simultanéité s'effectue classiquement en ayant recours à
des systèmes d'équations simultanées (Duffy-Deno et
Eberts, 1991 ; Tatom, 1993 ; Ford et Poret, 1991). Dans le cas des
États-Unis, l'introduction d'un double sens de causalité dans la
relation croissance - infrastructures publiques réduit largement, voire
annule totalement l'effet positif du capital public sur la
productivité
Dans une étude de l'OCDE Demetriades et Mamuneas (2000)
et, Esfahani et Ramirez (2002) ont abordé la question de la
causalité en introduisant un décalage entre les variables de
l'infrastructure publique et de la productivité. Dans ces études,
les investissements étaient comparés aux données sur la
productivité de plusieurs années en aval, ce qui laissait le
temps aux répercussions des investissements dans l'infrastructure de se
manifester dans les données sur la productivité et
réduisait ainsi les chances que les répercussions des
investissements dans l'infrastructure sur la croissance économique
soient pris pour les répercussions de ces derniers sur la
productivité. Les deux études réalisées au moyen de
cette technique ont révélé que l'infrastructure publique
avait une incidence mesurable sur la hausse de la productivité et sur
la croissance économique, mais cette incidence n'était pas aussi
importante que celle signalée par Ashauer (1989).
B. Les estimations de l'élasticité de la
production et le problème d'agrégation des données.
Malgré les améliorations méthodologiques,
les études contemporaines ont donné lieu à des
évaluations contradictoires de capacité productrice de
l'infrastructure22(*). Il
n'est pas surprenant que les estimations de l'élasticité de la
production entre l'infrastructure publique et la productivité
privée varient entre les régions et les époques. En plus
de ces différences qualifiées de spatiales, il existe des
différences au niveau des données utilisées23(*).
a. Effets de la diffusion spatiale
Proposant une première synthèse de la
littérature empirique, Munnell(1992) met en évidence une relative
homogénéité des estimations de la contribution productive
du capital public suivant le degré d'agrégation des
données considérées, les élasticités
estimées à partir de données nationales étant le
plus souvent largement supérieures à celles obtenues à
partir de données régionales. Le débat porte alors sur
l'éventuelle sous-estimation de la contribution du capital public
à la croissance régionale par omission de la diffusion spatiale
des externalités régionales associées aux infrastructures
locales.
De son côté, à partir d'un jeu de
données régionales américaines, Balmaseda (1996) montre
que ces effets de diffusion sont quantitativement négligeables, le
coefficient associé au stock de capital public agrégé
étant non significativement différent de zéro. Il rejoint
ainsi les conclusions Holtz-Eakin et Schwartz (1995) ainsi que celles de
Holtz-Eakin (1994), ce dernier montrant que, le passage du niveau des Etats au
niveau régional ne modifie pas de façon sensible les
estimations.
b. Effets des données utilisées.
Les données relatives à
l'élasticité de la production ne représentent pas des
estimations à long terme stable du taux de rendement de l'infrastructure
publique, mais plutôt une estimation de l'incidence qu'elle aura sur la
productivité à un moment donné et à un endroit
donné.
Un débat a alors porté sur le niveau
d'agrégation des données mobilisées. Munell (1992), mais
aussi Argimon et al. (1993) justifient ainsi le niveau élevé des
élasticités obtenues sur données agrégées
américaines ou espagnoles, tandis que Mas et Al (1996) mettent en
évidence, sur données agrégées espagnoles, la
présence d'une corrélation positive entre production d'une
région et niveau des infrastructures des régions
contiguës.
En recourant à un exercice de simulation par la
méthode de Monte-Carlo sur des pseudo-échnatillons de
données régionales et leur agrégation, Balmesada (1997) va
plus loin et met en lumière la présence d'un biais
d'agrégation positif dans l'estimation de l'élasticité du
capital public : la moyenne des élasticités estimées
sur données agrégées est supérieure à celle
obtenue à partir des pseudo-échantillons
générés.
Ainsi, si l'utilisation de données régionales
évite ce probable biais d'agrégation, elle peut néanmoins
avoir pour effet de sous-estimer le rôle du capital public dans la
croissance régionale en éliminant la possible diffusion spatiale
des effets des infrastructures locales.
Parallèlement aux constatations sur l'estimation de
l'élasticité de production et les problèmes
méthodologiques posés, il y a plusieurs autres enseignements
généraux qui se dégagent des études traitant des
répercussions de l'infrastructure sur la productivité.
II. LES ENSEIGNEMENTS GENERAUX SUR LE CAPITAL PUBLIC ET
LA PRODUCTIVITE
L'une des principales contributions de l'étude de
statistique Canada réalisée par Harchaoni et Tarkhani (2003) est
la preuve que les répercussions de l'infrastructure sur la
productivité ne sont pas uniformes à l'échelle des
secteurs d'activité, ni à l'échelle régionale. Des
enseignements sur la contribution du capital public à la
productivité peuvent alors être tirés. Nous montrerons
d'abord comment le capital public contribue à la productivité des
facteurs privés sectoriels, ensuite comment il contribue à
réduire la disparité régionale.
A. Contribution du capital public à la
productivité des facteurs privés sectoriels
Harchaoni et Tarkhani (2003) pensent que les
répercussions des investissements dans l'infrastructure se font sentir
davantage dans les secteurs d'activité qui misent davantage sur
l'infrastructure publique dans la production de leurs biens.
Hurlin (1999) soutient cette position, lorsqu'il affirme qua
la dimension sectorielle permet non seulement d'ignorer la critique de Gramlish
(1994) selon laquelle les estimations en coupe ou en panel conduisent à
une sous estimation de l'impact du capital public en raison de la
négligence des externalités extra régionales. Mais aussi,
de limiter l'éventuel biais de simultanéité qui pourrait
affecter les estimations agrégées, puisque l'on peut supposer que
la productivité d'un secteur particulier n'apporte pas de contribution
déterminante à l'évolution du stock de capital public
national.
a. Spécifications sur un panel sectoriel
Hurlin (1999) considère une fonction de production
élargie de type Cobb-Douglas exprimée en logarithme dans laquelle
la liste des facteurs de production est le travail, le stock de capital
privé et le stock de capital public.
(3.1)
Les indices i, s et t désignent respectivement les
dimensions pays, sectorielles et la date (connue) d'observation.
La variable Gi,t, qui désigne ici le stock de
capital public national, n'a pas de dimension sectorielle. Ce choix, Hurlin le
justifie tout d'abord par l'impossibilité de définir sur le plan
comptable la notion d'infrastructure publique sectorielle. Mais plus
généralement, cette spécification signifie que les
mêmes équipements publics (infrastructures de transport par
exemple) peuvent affecter la productivité de tous les secteurs de
l'économie, mais à des degrés divers (les
élasticités étant conditionnelles au secteur noté
s).
Dans une étude fondée sur un panel
américains, Evans et Karras(1994) préconisent d'utiliser le
nombre d'heures travaillées, dans le but de contrôler les effets
liés à l'hétérogénéité de la
durée légal du travail. En absence de telles données au
niveau sectoriel, Hurlin (1999) retient dans sa spécification l'effectif
total du secteur s du pays i pour définir la variable emploi
Nist.
Les paramètres en, ek et eg désignent
respectivement les élasticités de la production par rapport
à l'emploi, au stock de capital privé et au stock de capital
public mesurées dans le secteur s. le paramètre
à un effet spécifique individuel et capture toutes les
caractéristiques atemporelles de la productivité globale des
facteurs. Le paramètre gt correspond quant à lui à un
effet temps spécifique qui permet de contrôler les chocs communs
à tous les pays à chaque période.
représente alors un terme d'erreur indépendant
et identiquement distribué orthogonal aux effets nationaux et
temporels.
b. Test de spécification
Hurlin (1999) s'est assuré de la stationnarité
des séries considérées. Les tests menés sur son
échantillon conduisaient à la non stationnarité des
différentes séries de productivité et d'intensité
capitalistique privée ou publique. Dans le cas des données de
panel. Les distributions des statistiques de test de l'hypothèse nulle
de racine unitaire ont été proposées en particulier par
Levin et Lin (1992). Contrairement au cas des séries temporelles, ces
distributions sont asymptotiquement normales.
Supposant qu'il n'existe pas de relation de
cointégration au niveau de production, Hurlin (1999) choisit de faire
une différentiation par stationnarisation. Cette hypothèse
revient à considérer comme non stationnaire la composante du
résidu de solow purgée des effets imputables aux infrastructures
publics. Une telle hypothèse a de nombreuses fois été
retenue dans des études menées à partir de séries
temporelles, puisque plusieurs auteurs comme (Tatom (1991), Hulten et Schwab
(1991) ont été conduits sur la base de tests de
l'hypothèse de cointégration à retenir une
spécification en différences premières.
(3.2)
Hurlin (1999) vérifie ensuite que les tests de Fisher ne
permettent pas de rejeter l'hypothèse d'une fonction de production
sectorielle commune pour les différents pays de son panel.
Il peut paraître logique sur le plan économique que
les niveaux de stock de capital public et privé, ainsi que le niveau de
l'emploi, soient déterminés conditionnellement aux
spécificités intrinsèques et inobservables du pays
étudié. Sur données régionales américaines,
Holtz-Eakin (1994) et Garcia-Milà et al (1992) trouvent ainsi que les
niveaux moyens des taux de croissance des stocks de capital public sont
corrélés aux effets individuels. Afin de tester la
présence de corrélation entre les effets spécifiques et
les variables explicatives, Hurlin (1999) utilise le test de Hausman (1978). Ce
test admettant pour hypothèse nulle l'absence de corrélation, est
fondé sur l'étude de l'écart entre les estimateurs
à effets fixes et à effets aléatoires.
c. Les résultats de l'étude
empirique
Concernant la définition étroite,
l'élasticité estimée du capital public pour le secteur
agrégé marchand est de l'ordre de 2,1% ce qui est beaucoup plus
faible que ce qu'avaient obtenu Ashauer (1989). Les élasticité
estimées sont positives et significatives dans quatre secteurs
électricité, gaz, eau, transports et
télécommunication que les contributions
générées par les infrastructures sont les plus importantes
(respectivement 2,5% et 2,8%). Pour l'observation dans les autres secteurs
(commerce et finance) l'élasticité estimée est
négative. Pour les secteurs agricole et manufacturier, les
élasticités sont non significatives.
Lorsque l'on considère la définition large, les
effets productifs du capital public sont légèrement plus
importants, avec une élasticité estimée de l'ordre de 5,6%
dans le secteur agrégé. Contrairement au cas
précédent, l'élasticité estimée dans le
secteur manufacturier est significative et positive (4,2%). En outre,
l'adoption d'une définition large du capital public conduit à une
élasticité non significative dans le secteur
électricité, gaz et eau. Dans les autres cas, la structure
technologique sectorielle demeure cependant inchangée par rapport au cas
de la définition étroite.
Il convient donc de souligner que les gains de
productivité attribuables aux investissements dans l'infrastructure ne
sont pas partagés également par toutes les branches
d'activités
B. Contribution du capital public à la
productivité les effets sur les disparités régionales.
Charlot et al (2003) cherchent à analyser le rôle
du capital public dans la croissance des régions françaises au
travers de deux points : les effets du capital public sur la croissance
régionale et son rôle dans la réduction de la
disparité interrégionales.
Après reconstitution de séries
régionalisées de capital public et privé, sur un panel de
21 régions française pour la période 1978-1993, des
fonctions de production régionales à trois facteurs (capital
privé, emploi et capital public)
l'hétérogénéité interrégionales des
élasticités ainsi obtenues conduit à recourir à des
estimateurs par groupe de régions.
Si contrairement à ce qui a été
observé notamment aux Etats-Unis, le capital public paraît avoir
un impact positif sur la croissance des régions françaises,
toutes les régions ne réagissent pas de façon identique au
capital public régional, son impact dépendant notamment du niveau
de richesse initiale des régions concernées. Il semblerait en
effet que le capital public induise une réduction de l'écart
entre les régions riches et l'ensemble des autres régions sans
permettre aux régions les plus pauvres de rattraper les régions
moyennes.
a. Modèle sur panel complet des régions
françaises
L'estimation de la cobb-Douglas étant
réalisée en productivité, Charlot et al. (2003)
considèrent le modèle suivant :
(3.3)
Où Y est le vecteur
, valeur ajoutée de chaque région r
à chaque période t, et où K, L, Kpu,
représentent respectivement le stock de capital privé, l'emploi
et le stock de capital public associés à chaque région
r et à chaque période
étant les élasticités de chacun des
facteurs etterme d'erreurs.
Dans le cadre de ce modèle, Charlot et al (2003) ont
testé l'existence de rendements d'échelle constante sur
l'ensemble des facteurs. Cette procédure revient à tester une
hypothèse Ho de nullité du coefficient estimé pour
l'emploi. Tester l'existence des rendements constants ou les seuls facteurs
privés revient à tester l'hypothèse Ho de nullité
de la différence entre les coefficients estimés de l'emploi et
du capital public.
La limite de cette forme fonctionnelle réside dans sa
non flexibilité. Les facteurs y sont considérés comme
substituables et l'élasticité de la production à chaque
facteur est identique pour toutes les régions et sur toute la
période (Charlot et al., 2003). Elle sera donc complétée
en ayant recours à la forme Translog qui lève les
hypothèses des substantialités des facteurs l'adaptation à
cette analyse de la forme translog débouche sur le modèle
suivant :
(3.4)
b. Les résultats sur un panel complet des
régions françaises
Les résultats des estimations réalisées
par Charlot et al. (2003) (Moindres carrés ordinaires, l'estimateur
Within ou modèle à effets fixes et le modèle à
effets aléatoires faisant appel aux moindres carrés
généralisés) étant reportés au tableau 3.1.,
présentent les élasticités des différents facteurs
de production auxquelles ces estimations aboutissent. Les
élasticités obtenues à l'aide des résultats de la
translog sont calculées au point moyen, mais aussi aux percentiles 25 et
75 (c'est-à-dire en Q1 et Q3).
Tableau 3.1. :
Elasticités des facteurs de production : Cobb-Douglas et
translog
Formes fonctionnelles
|
Elasticité du capital privé
|
Elasticité de l'emploi
|
Elasticité du capital public
|
Cobb-Douglas : MCO
Modèle à effets
fixes
Modèle à effets
aléatoires
|
0,305 (20,08)
0,167 (8,22)
0,188 (9,91)
|
0,737 (24,79)
0,623 (9,64)
0,645 (23,78)
|
0,068 (2,77)
0,309 (17,96)
0,294 (17,90)
|
Translog : MCO au point moyen
MCO au point Q1
MCO au point Q3
|
0,271 (17,73)
0,363 (21,98)
0,211 (10,15)
|
0,677 (23,52)
0,553 (15,08)
0,772 (26,72)
|
0, 132 (3,33)
0,123 (5,16)
0,128 (5,12)
|
Source : Charlot et al. (2003)
Quels que soient l'estimateur ou la forme fonctionnelle
choisis, ces résultats tendent à mettre en évidence une
élasticité de la production au capital public significativement
positive, signe d'un impact positif du capital public sur la production
régionale et sa croissance.
c. Un impact du capital public qui se
différencie par groupe de régions
La stratégie d'estimation mise en oeuvre ici consiste
à repartir le panel des régions françaises en un certain
nombre de sous-panels formés de régions aux comportements
supposés plus homogènes et à renouveler les estimations
précédentes sur chacun des sous-panels.
Comme, il est question d'analyser l'impact productif du
capital public à des disparités interrégionales, Charlot
et al. (2003) ont procédé au regroupement des régions en
fonction de la valeur ajoutée par tête.
En fait, les résultats apparaissent plus robustes
lorsque les estimations sont effectuées par groupes de régions
que lorsque l'on mobilise le panel complet des régions
françaises.
Tableau 3.2. : Elasticité des
facteurs de production par groupe de régions classées selon leur
richesse initiale
Groupes de régions
|
variables
|
MCO
|
WITHIN
|
MCG
|
GROUPE 1
Initialement les plus riches
|
Emploi
|
0,661(16,1)
|
1,584(10,6)
|
0,637(1,75)
|
K privé
|
0,491(15,7)
|
0,238(2,34)
|
0,415(7,05)
|
K public
|
-0,014(-0,50)
|
0,193(2,75)
|
0,092(2,21)
|
Groupe 2
Les régions moyennes
|
Emploi
|
0,737(22,0)
|
0,600(6,63)
|
0,528(13,5)
|
K privé
|
0,124(6,93)
|
0,243(6,15)
|
0,220(6,71)
|
K public
|
0,151(5,87)
|
0,256(9,74)
|
0,260(11,2)
|
Groupe 3
Les régions les plus pauvres
|
Emploi
|
0,603(19,1)
|
0,187(1,68)
|
0,554(16,5)
|
K privé
|
0,263(10,7)
|
0,316(10,1)
|
0,298(10,4)
|
K public
|
0,242(10,0)
|
0,213(7,38)
|
10,236(8,94)
|
Source : Charlot et al. (2003)
Quelle que soit l'appréciation que l'on porte sur la
qualité des résultats obtenus, ceux-ci font apparaître une
absence d'efficacité productive du capital public dans les
régions initialement les plus riches et suggèrent un impact
significativement positif de celui-ci sur la croissance régionale de
toutes les régions initialement moins riches, le gain de croissance
étant plus important dans les régions de richesse moyenne que
dans les régions pauvres.
En clair, les investissements publics réalisés en
région permettraient, du fait des phénomènes
d'encombrement que leur forte présence engendre dans les régions
riches, un certain rattrapage de l'ensemble des autres régions mais sa
plus forte efficacité dans les régions moyennes empêcherait
les plus pauvres de rattraper les moyennes.
Conclusion
En s'appuyant sur les travaux empiriques liés aux
études théoriques sur la croissance endogène avec capital
public, nous avons montré que les premières études liant
le capital public à la productivité ont souffert de vives
critiques liées à la méthodologie. Et que les
études contemporaines continuent à présenter des
résultats controversés sur la contribution productive du capital
public.
La démarche s'est également appuyée sur les
enseignements généraux de la contribution du capital public
à la productivité. Dans cette partie, il ressort que le capital
public contribue de manière différente à la
productivité des secteurs, selon le besoin du secteur
considéré en investissement public. D'autre part, le capital
public ne permet pas aux régions les plus pauvres de rattraper les
régions les plus riches en raison de sa plus forte efficacité
dans les régions moyennes.
CHAPITRE IV
CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DES FACTEURS :
UNE ANALYSE EN ZONE CEMAC
Introduction
Le débat sur l'aménagement du territoire et ses
outils politiques amène à s'interroger, entre autres, sur les
effets des investissements en capital public sur la croissance et la
productivité. Une telle discussion s'est souvent concentrée sur
le rôle des infrastructures de transport et leurs implications en termes
de baisse des coûts de transport des biens et d'accessibilité des
lieux (Bonnafous, 1993 ; Fritsch, 1997 ; Kuitcha 2005). Or, on assiste
actuellement à un renouveau de l'analyse des effets des dépenses
publiques sur la productivité, en particulier grâce à la
théorie de la croissance endogène (Barro 1990). Le modèle
de croissance endogène met en effet l'accent sur les
externalités24(*)
positives qu'engendrent certains services publics et donc certaines
dépenses publiques assimilées au capital public.
Les statistiques estiment la contribution du capital public de la
CEMAC à 37,2 % de la production entre 85-94 et 31,8% entre 95-30
(données Banque Mondiale 2005)25(*). Malgré cette contribution considérable
de capital public, le financement de l'infrastructure a diminué au cours
des deux dernières décennies (85-03), donnant naissance à
ce que certains qualifient de « déficit
d'infrastructure ». Le déficit en infrastructures des pays
pauvres est en effet criant et hypothèque leur décollage
économique. A titre d'exemple, en Afrique et surtout celle qui
s'étend au sud du Sahara, les besoins d'investissements en
infrastructures représentent 5% à 6% du PIB (Kuttcha, 2005). Les
investissements requis pour éliminer ce déficit sont
estimés en milliards de dollars par la Banque Mondiale. Les
gouvernements de la sous région CEMAC semble s'engager à affecter
plus d'attention aux besoins en infrastructure, les exemples les plus
couramment cités sont ceux de la Guinée Equatoriale, du Gabon, du
Cameroun et du Tchad. Pour que les répercussions de cet engagement
soient mieux orientées et maximisées, il importe que les
décideurs compétents soient appuyés par de bonnes
recherches sur les répercussions que l'investissement dans le capital
public ont sur la productivité des facteurs privées de la sous
région.
Le présent chapitre se déroule en deux
étapes. Dans un premier temps, nous estimons une fonction de production
à trois facteurs de forme Cobb-Douglas, en mobilisant les techniques de
données de panel et en cherchant à
évaluer la présence d'externalités de capital public. Dans
une seconde section, la même forme fonctionnelle de production est
introduite dans un système d'équations simultanées,
où la seconde équation explique le stock de capital public par la
production de la sous région et le taux d'imposition locale. Cette
seconde série d'estimations permet de préciser le sens de
causalité de la relation productivité
régionale-infrastructures publiques.
I -FONCTION DE PRODUCTION COBB-DOUGLAS AVEC CAPITAL
PUBLIC
Les modèles de croissance endogène avec
externalités de capital public s'appuient le plus souvent sur des
fonctions de production à trois facteurs de production dont deux sont
des facteurs privés (travail et capital privé) et le
troisième, les infrastructures, est à financement public. La
forme fonctionnelle, la plus fréquemment usitée, est la forme
Cobb-Douglas. Cette dernière permet une lecture directe des
élasticités et des rendements d'échelle et une discussion
aisée de la présence ou non d'externalités de capital
public.
Nous présenterons d'abord la modélisation
économétrique de la fonction de production Cobb-Douglas
élargie au capital public, ensuite les résultats
économétriques obtenus suite aux estimations
H. A- Modélisation économétrique
La fonction de production à trois facteurs
utilisée est de la forme :
Y =
AKáLâKpuãe
å (4.1)
Où Y est le vecteur des Yit, PIB par
habitant de chaque Etat i à chaque période t ; K, L et Kpu
représentent respectivement le stock de capital privé, l'emploi
(est approché par la population active, contrairement à Kuttcha
(2005) qui utilise force de travail à la place du nombre d'heures
travaillées) et le stock de capital public associés à
chaque Etat i et à chaque période t ; å est un terme
d'erreur. Après linéarisation par transformation logarithmique,
le modèle prend la forme suivante, qui peut être estimée au
moyen des méthodes économétriques de modèles
linéaires : yit = ait + ákit + âlit+ ãkpuit +
åit (4.2)
Comme nous travaillons en productivité,
l'équation (4.2) est normalisée par le travail et
exprimée de telle sorte à faire apparaître les effets
spécifiques associés dans le cadre des données de
panel26(*).
(yit - l) = ait + á(kit - l) + (á + ã +
â -1)lit + ã(kpuit - l) + ui + åit (4.3)
Soit :
(4.4)
Si nous supposons comme Hurlin (1999) qu'il n'existe pas de
cointégration au niveau de la production, il apparaît alors
nécessaire de stationnariser par différentiation. Une telle
hypothèse ayant été de nombreuses fois retenue dans des
études antérieures menées par des auteurs comme Tatom
(1991), Hulten et Schwab (1991).
Mais le problème fondamental de ces études est
qu'elles n'estiment que les incidences à court terme, et ne peuvent
estimer les incidences à long terme. Autrement dit, les méthodes
de calcul des différences premières ne tiennent pas compte des
relations à long terme. Or on enregistre souvent de longues
périodes entre les investissements dans l'infrastructure et la
croissance de la productivité.
a. Identification des rendements d'échelle
On cherche à tester le modèle de croissance
endogène avec capital public qui, en raison de l'existence
d'externalités de capital public, considère que les rendements
d'échelle sont constants27(*) en facteurs de production privés (á +
â = 1) et croissants28(*) sur l'ensemble des facteurs privés et public
(á + â + ã > 1). C'est pourquoi la fonction de
production a été estimée, d'une part, sans contrainte sur
les paramètres, puis, d'autre part, en introduisant une contrainte de
rendements d'échelle constants sur les facteurs privés. Les
résultats des estimations obtenues sur les six Etats de la sous
région CEMAC et pour la période 1994-2003, avec des
données du CD ROM de la Banque Mondiale (2005), en mobilisant les outils
de l'économétrie des données de panel sont
présentés dans les tableaux 4.1 et 4.2.
b. Estimations
Les données de panel comportent une double dimension,
une dimension individuelle, ici spatiale puisque les individus observés
sont les Etats, et une dimension temporelle. L'analyse de telles données
permet de distinguer un "effet individuel" et un "effet temporel", dans les
phénomènes économiques. Pour estimer une relation dans ce
cadre, quatre estimateurs principaux peuvent être retenus (Dormont,
1989). Le premier est obtenu en effectuant une régression simple
à l'aide des MCO sur l'ensemble des variables. L'ensemble de la variance
est alors utilisée. Un second estimateur est obtenu en effectuant une
régression simple sur les moyennes calculées des variables
expliquées et explicatives, calcul effectué sur l'ensemble de la
période pour chaque individu. Il s'agit de l'estimateur between ou
inter, que nous ne retiendrons pas ici en raison du faible nombre
d'observations (six Etats). Une troisième méthode consiste
à appliquer les MCO sur un modèle aux variables
transformées par le calcul des écarts à la moyenne
individuelle, ce qui permet de contrôler les caractéristiques
propres à chaque individu et non introduites dans la relation
estimée. Ce modèle est appelé modèle à
effets fixes29(*) par
opposition au modèle à effets aléatoires. Le modèle
à effets aléatoires suppose qu'il existe des composantes
individuelles qui suivent une distribution aléatoire. Contrairement au
modèle à effets fixes, une estimation par les MCO n'est pas
efficiente si les constantes individuelles sont corrélées avec la
variable indépendante. Il est alors nécessaire de faire appel aux
Moindres Carrés Généralisés (MCG).
I. B- Analyse des résultats30(*)
a- Le modèle avec rendements croissants pour
l'ensemble des facteurs publics et privés
Concernant les résultats du modèle sans
contrainte, on peut tout d'abord constater que les coefficients de l'estimation
du modèle de base à l'aide des MCO sont assez conformes à
ceux classiquement obtenus : l'élasticité de la production au
capital privé est de l'ordre de 0,322, celle de l'emploi est de 0,592 et
l'élasticité de la production au capital public de 0,158. Les
rendements d'échelle apparaissent donc décroissants en facteurs
privés et légèrement croissants sur les trois facteurs, la
somme des élasticités étant égale à 1,072.
Tableau 4.1 : Fonction Cobb-Douglas
à trois facteurs (zone CEMAC, 1994-2003)
|
Modèle avec rendements croissants sur l'ensemble de
facteurs privés et public
|
|
MCO
|
Effets fixes
|
Effets Aléatoires
|
Nbre d'observations
|
60
|
60
|
60
|
Constante
|
2,331**(8,18)
|
|
1,855*(3,621)
|
Capital privé
|
0,322 **(15,59)
|
0,207 **(6,44)
|
0,251 **(8,83)
|
travail
|
0,592 **(18,04)
|
0,918 **(10,35)
|
0,565 **(19,7)
|
Capital public
|
0,158 **(5,96)
|
0,317**(15,02)
|
0,294 (15,24)
|
R2
|
0,982
|
0,997
|
0,946
|
Test d'Hausman
|
-
|
33,231
|
** : valeur significative à 1 % ; * : valeur
significative à 5 %.
Source : estimations de l'auteur
Lorsque le modèle est spécifié en effets
fixes, l'élasticité de l'emploi est alors renforcée et
celle du capital public devient très importante et même
supérieure à celle du capital privé.
L'élasticité de l'emploi se rapproche de celle obtenue avec les
MCO, quand on considère un modèle à effets
aléatoires, et celle du capital public se situe à mi-chemin de
celles obtenues avec les spécifications précédentes.
Le test d'Hausman conduit néanmoins à
préférer une spécification du terme d'erreur selon un
modèle à effets fixes plutôt qu'une spécification
selon un modèle à effets aléatoires. Il y aurait donc des
effets spécifiques à chaque Etat et, lorsque ces effets
spécifiques sont pris en considération, la quantité
d'emploi et, dans une moindre mesure, le stock de capital public
déterminent le niveau de la productivité. Les rendements
d'échelle sur l'ensemble des facteurs sont alors largement croissants,
la somme des élasticités étant égale à 1,44.
b- Le modèle avec rendement constants pour
l'ensemble des facteurs privés
L'introduction d'une contrainte de constance des rendements
sur les facteurs privés ne modifie pas l'élasticité du
capital privé lorsqu'elle est obtenue par estimation du modèle de
base en MCO. En revanche, l'élasticité de l'emploi est, dans ce
cas, plus importante que précédemment (approchant 0,7). La part
du capital public dans la production chute, même si elle reste
significativement positive.
Tableau 4.2 : Fonction Cobb-Douglas
à trois facteurs (zone CEMAC, 1994-2003)
|
Modèle avec rendements constants en facteurs de
production privés
|
|
MCO
|
Effets fixes
|
Effets Aléatoires
|
Nbre d'observations
|
60
|
60
|
60
|
Constante
|
2,517**(10,31)
|
|
-0,395**(-5,40)
|
Capital privé
|
0,320**(15,19)
|
0,207**(6,43)
|
0,338 **(13,04)
|
travail
|
0,680
|
0,793
|
0,662
|
Capital public
|
0,070**(9,78)
|
0,321**(15,2)
|
0,212**(13,52)
|
R2
|
0,854
|
0,978
|
0,965
|
Test d'Hausman
|
-
|
67,334
|
** : valeur significative à 1 % ; * : valeur
significative à 5 %.
Source : estimations de l'auteur
Les coefficients estimés en effets fixes sont très
stables lorsque l'on passe d'un modèle non contraint à un
modèle contraint, à l'exception de l'élasticité du
travail dont la valeur se rapproche des valeurs plus classiques mais reste
néanmoins proche de 0,8. Le test d'Hausman conduit à
privilégier les effets fixes aux effets aléatoires. Il est
important de noter que, dans le type de spécification que les tests nous
amènent à retenir, le capital public possède un impact
très important et hautement significatif sur la productivité.
La nature des données utilisées et les
résultats des tests d'Hausman et de Fisher nous amène à
retenir les résultats obtenus par le modèle à effets
fixes. Dans le cas de contraint sur les rendements d'échelle des
facteurs privés, l'élasticité de l'emploi est de l'ordre
de 0,793 ; celle du capital privé de 0,207; et, celle du capital public
de 0,321. Les rendements d'échelle sur l'ensemble des facteurs,
privés et publics, sont alors fortement croissants (1,321). On peut
être surpris par la valeur des élasticités que les tests
nous amènent à privilégier. Ainsi, celle de l'emploi
apparaît supérieure à ce que l'on trouve classiquement dans
la littérature. Un tel résultat peut s'expliquer en partie par la
prise en compte de la population active et non du nombre d'heures de travail
comme le préconise la littérature économique. Une telle
façon de procéder a probablement tendance à surestimer le
lien entre production et emploi.
Nos résultats sont néanmoins proches de ceux
obtenus par Aschauer (1989) ou Munnel (1990) (qui, eux, n'utilisent pas la
méthodologie des données de panel), résultats fortement
critiqués par Gramlich (1994) ou Tatom (1993). En effet, si
l'élasticité du capital public est supérieure à
celle du capital privé, les firmes ne devraient avoir aucune
réticence au financement du capital public par le biais de
l'impôt. Ce raisonnement n'est cependant valable que si les firmes sont
capables de mesurer les bénéfices qu'ils tirent des
investissements en capital public. Or, si le stock de capital public a un effet
sur la production, cet effet passe par une externalité, qui, par
définition, n'est pas prise en considération par les firmes.
Ainsi, il ne s'agit pas d'un effet direct. Dans le cadre de la CEMAC, où
l'intervention publique est importante, une forte élasticité de
la production par rapport au capital public n'est pas incohérente.
Au-delà de ces différentes remarques, il n'en
demeure pas moins que la valeur obtenue ici pour l'élasticité du
capital public est importante (0,3), s'approchant des valeurs que Gramlich
(1994) reproche à Ashauer (1989) et à Munnel (1990). Des
investigations complémentaires, notamment sur une méthode moins
critiquées, seraient nécessaires pour confirmer la valeur de ce
coefficient. On retiendra cependant que, dans le cas de la CEMAC, le capital
public semble avoir un effet positif sur le niveau de production des Etats.
II- SENS DE CAUSALITE DE LA RELATION CAPITAL PUBLIC ET
PRODUCTIVITE DANS LA ZONE CEMAC
Dans l'analyse précédente, on a supposé
que les facteurs de production, tant publics que privés, avaient un
effet sur la production, que ces variables expliquaient la productivité
sous régionale. Une des critiques fondamentales adressées aux
études concernant le rôle du capital public dans le
développement régional concerne le sens de causalité de la
relation. En effet, si une région est riche et productive, elle est en
mesure de financer un stock de capital public important. C'est alors la
richesse de la région qui détermine le stock de capital public et
non l'inverse (Herrera, 1996). Les estimations de fonctions de production
telles qu'elles ont été réalisées dans la section
précédente ne peuvent, à elles seules, déterminer
le sens de causalité de la relation entre productivité et capital
public.
Suivant Duffy-Deno et Eberts (1991), nous nous sommes alors
attachés à déterminer le sens de causalité de la
relation entre capital public et productivité en faisant recours
à un modèle à équations simultanées,
c'est-à-dire un système dans lequel les variables
expliquées sont interdépendantes.
A. Le modèle
a- Formalisation
Le taux d'imposition locale de chaque Etat est introduit pour
expliquer la capacité à investir en capital public. Le
système d'équations simultanées estimé prend la
forme :
(4.3)
Où tximpit est le taux d'imposition31(*) locale moyen de chaque Etat i
à la période t.
Ce modèle revient donc à estimer une fonction
de production de forme Cobb-Douglas à trois facteurs, dans laquelle le
stock de capital public est expliqué par le niveau de richesse de l'Etat
et du taux d'imposition moyen appliqué localement, afin de tenir compte
du rôle de la fiscalité locale dans les investissements publics
effectués dans un Etat donné.
b-Test d'exogénéité
Préalablement aux estimations, nous avons
réalisé un test d'exogénéité des variables
endogènes. Celui-ci vise à tester l'existence ou l'absence d'une
double causalité entre les variables endogènes du modèle.
Le test mis en oeuvre est un test d'exogénéité par
régression basé sur le test de
spécification d'Hausman. Pour ce faire, on effectue l'estimation de la
forme structurelle du modèle, en introduisant simultanément les
valeurs obtenues par estimation de la forme réduite et les valeurs
observées des variables testées. Si les coefficients des
variables calculées sont significativement différents de
zéro, on rejette alors l'hypothèse d'une
exogénéité de ces variables.
Tableau 4.3 : Test
d'exogénéité du PIB et du capital public
|
Modèle de base
|
Modèle à effets fixes
|
|
|
Test de hausman
|
|
|
PIB
|
10,14**
|
(19,879)
|
8,015**
|
(17,456)
|
Capital public
|
3,264*
|
(9,456)
|
2,143*
|
(7,456)
|
|
** : valeur significative à 1 % ; * : valeur
significative à 5 %.
Sources : estimations de l'auteur.
Dans notre cas, et lorsque les variables ne sont pas
transformées en vue de tenir compte de la nature des données, les
résultats de tels tests (tableau4.3) conduisent à conclure
à l'endogénéité du PIB (au seuil
de 1 %) et à celle du capital public (au seuil de 10 %). Il est donc
nécessaire de faire appel aux triples moindres carrés pour
estimer ce système. Mais lorsque l'on transforme les variables pour
obtenir un modèle à effets fixes, il y a absence
d'endogénéité des variables expliquées. Et le
modèle s'estime alors en within.
B. Estimation du modèle et commentaire
On a donc réalisé trois estimations dont les
résultats sont présentés dans le tableau 4.4 : la
première est réalisée en MCO sur variables non
transformées ; la seconde estime le même modèle à
l'aide des triples moindres carrés ; et, la troisième s'appuie
sur le modèle à effets fixes, estimé en Within.
Tableau 4.4 Estimations du système
d'équations simultanées (zone CEMAC, 1994-2003)
Modèle de base estimé en
|
Modèle à effets fixes
|
|
MCO
|
triples moindres carrés
|
estimé en within
|
Fonction de production à trois facteurs
|
Constante
|
1,74 ** (7,79)
|
2,36 **(7,76)
|
|
|
Travail
|
0,59 **(18,04)
|
0,67**(14,42)
|
0,92** (10,82)
|
Capital privé
|
0,32 ** (15,59)
|
0,33**(15,42)
|
0,21 **(6,73)
|
Capital public
|
0,16 ** (5,96)
|
0,04
|
0,32**(15,70)
|
R2
|
0,98
|
0,98
|
0,89
|
Équation du capital public
|
Constante
|
1,65 ** (5,47)
|
1,45 **(5,28)
|
|
PIB
|
0,86 **(13,88)
|
0,86**(13,64)
|
1,29**(18,35)
|
Tximp
|
0,04 **(13,36)
|
0,04**(13,40)
|
0,03 **(8,03)
|
R²
|
0,94
|
0,94
|
0,84
|
** : valeur significative à 1 % ; * : valeur
significative à 5 %.
Source : estimation de l'auteur.
Les résultats de l'équation du capital public
mettent en évidence que, quelle que soit la spécification du
modèle et la méthode d'estimation, le stock de capital public est
expliqué, en grande partie, par le PIB et le taux d'imposition, les
R2 étant relativement importants. On vérifie ici qu'il
y a un lien de causalité entre niveau de capital public et le PIB.
Les résultats concernant la fonction de production sont
bien sûr identiques, lorsque les estimations sont effectuées en
MCO, et, comme on l'a vu plus haut, le capital public a un effet positif sur la
production. En revanche, les estimations en triples moindres carrés
effectuées sur variables non transformées modifient
profondément les coefficients de la fonction de production :
l'élasticité du capital public n'est plus significativement
différente de zéro (0,04) et celle de l'emploi
s'élève à 0,67. Le paramètre associé au
capital privé est significatif et reste stable (0,33).
Ainsi, le rôle positif du capital public dans la croissance
de la productivité semble disparaître lorsque l'on tient compte de
l'effet de la richesse de chaque Etat sur le niveau de capital public.
Néanmoins, un tel résultat est obtenu avec une
spécification du modèle qui ne contrôle pas les effets
spécifiques à chaque Etat. Compte tenu de la nature des
données mobilisées (données de panel), ceci constitue une
limite importante. Quand on tient compte de cette limite, le recours à
des méthodes de type triples moindres carrés, visant à
corriger les biais de simultanéité, ne semble plus
nécessaire et le résultat obtenu antérieurement d'un effet
positif du capital public est maintenu.
J. Conclusion
L'entrée retenue ici pour traiter de la question du
rôle du capital public sur la productivité en zone CEMAC est celle
d'une fonction de production à trois facteurs, visant à mettre en
évidence l'existence d'externalités de capital public à un
niveau sous régional d'analyse. Mise en oeuvre sur des séries
statistique portant sur l'investissement public et privé de la
période 1994-2003, une telle démarche
nécessitait de recourir à des méthodes d'estimation
économétriques tenant compte de la double dimension (temporelle
et spatiale) des données utilisées. Nous avons alors
mobilisé les outils de l'économétrie des données de
panel. Une formes fonctionnelles a été testée : la forme
Cobb-Douglas, classiquement utilisée dans ce type d'approche.
Nos résultats mettent tout d'abord en évidence
le rôle non négligeable joué par le stock de capital public
dans la productivité, même si le recours à un
système d'équations simultanées pour tenir compte d'un
éventuel effet d'éviction peut, sous certaines réserves,
en atténuer la portée. Comme le suggèrent les
modèles de croissance endogène (Barro, 1990), le capital public
serait donc bien à l'origine d'une externalité de production. On
retrouve ici une conclusion proche de celle de Aschauer (1989), pour une
période et des séries différentes, mais s'opposant aux
résultats obtenus lorsque la même démarche est
appliquée aux États américains : Holtz-Eakin (1994)
montrent que l'introduction d'effets fixes dans la relation entre
productivité des États américains et capital public
diminue ou annule l'impact de ce dernier. Cette divergence de résultats
peut s'expliquer par des différences de structure du capital public.
Conclusion deuxième partie
Les modèles théoriques présentés
précédemment considèrent les infrastructures comme un
acteur productif indispensable à l'activité
privée. Le principe de l'approche primale est donc de les
inclure dans la fonction de production. Cette approche a fait l'objet d'un
grand nombre d'études empiriques suite, notamment, aux travaux
d'Aschauer visant à expliquer le ralentissement de la
productivité américaine à partir des années 1970.
Les estimations économétriques de ces fonctions de production
élargies donnent, néanmoins, des résultats
très variables selon les pays et les périodes
étudiées.
CONCLUSION GÉNÉRALE
À la fin des années 1980, les économistes
se sont intéressés au ralentissement de la productivité
dans les années 1970 et aux raisons susceptibles de l'expliquer. De
nombreux chercheurs ont conclu que les investissements dans l'infrastructure
publique exercent des incidences positives considérables sur la
productivité et la croissance économique du secteur privé.
Les premières études reposaient essentiellement sur des
méthodes de modèle économique classique, à savoir
des fonctions de production et de coût, et concluaient à
l'incidence positive des investissements dans l'infrastructure sur la
croissance économique et la productivité. Après ces
travaux, d'autres chercheurs ont indiqué que, selon la manière
dont on applique les principes économétriques et les corrections
de données, on peut en déduire qu'il n'existe aucun lien
important entre l'investissement dans le capital public et la
productivité du secteur privé, si l'on suit la méthode de
la fonction de production. On relève également plusieurs autres
conclusions : Certaines études indiquent que le capital public est
complémentaire et stimule la formation du capital privé. La
plupart des auteurs s'accordent à dire que c'est
généralement l'infrastructure de base, telle que les routes et
les lignes de chemin de fer, qui exerce le plus d'influence sur la
productivité. Beaucoup de débats ont eu lieu sur des
problèmes de données et certaines questions
économétriques. Par exemple, l'un des problèmes des
modèles à équation unique est le sens de la
causalité, car il est possible que la croissance de la
productivité modifie la demande en capital public tout autant qu'il est
possible que le fait de réaliser davantage d'investissements dans
l'infrastructure entraîne une augmentation de la productivité du
secteur privé. Les modèles axés sur les équations
simultanées ont permis aux chercheurs de surmonter le problème du
sens de la causalité, et la plupart des auteurs qui ont opté pour
ce type d'analyse ont indiqué que les investissements dans
l'infrastructure ont une incidence positive sur la productivité du
secteur privé. Parallèlement, les études fondées
sur cette approche concluent que le capital public n'est pas aussi productif
que ce que démontrent les études fondées sur les fonctions
de production. Après avoir examiné les problèmes
signalés, il est difficile de pouvoir se fier aux estimations
quantitatives précises des modèles présentés
ci-dessus, en partie à cause des inconvénients exposés
dans de nombreuses études, comme la difficulté de définir
le niveau de capital public pertinent ou de construire des séries de
données pertinentes, les erreurs de formulation de modèle, la
régression illusoire, les variables manquantes, le sens de la
causalité et les problèmes de données liés au fait
que les résultats des séries chronologiques de données
agrégées ne reflètent pas les conséquences
réelles à l'échelle régionale de l'investissement
dans l'infrastructure publique. Les différences de techniques de
modélisation rendent impossible la comparaison directe des
résultats. Toutefois, le plus important est le fait que la plupart des
études dans la présente analyse s'accordent
généralement à dire que les investissements dans
l'infrastructure ont une incidence positive sur la croissance économique
et la productivité. Ces conclusions amèneront les
décideurs à examiner plusieurs points importants : En premier
lieu, on dit que les investissements réalisés dans
l'infrastructure augmentent la productivité, bien que la mesure de
l'incidence et les facteurs qui la conditionnent fassent l'objet d'un
débat. Mais cette étude ne permet pas de déterminer le
montant exact et le type précis des investissements à
réaliser, ni le moment spécifique où il faut investir. En
deuxième lieu, les décideurs doivent prendre en
considération les coûts d'option des investissements dans
l'infrastructure. Les recherches montrent que les investissements dans
l'infrastructure publique stimulent l'investissement dans l'infrastructure
privée. Néanmoins, certaines recherches montrent également
que l'investissement orienté vers le capital privé peut engendrer
une hausse de la productivité plus élevée que
l'investissement réalisé dans le capital public. Cependant, si
les dépenses publiques d'investissement semblent avoir un effet positif
sur la formation du capital privé et la productivité, les
décideurs doivent se demander si l'investissement direct dans
l'infrastructure publique n'a pas une incidence nette plus forte sur la
productivité que les politiques élaborées pour stimuler
les investissements privés. En dernier lieu, il importe de
préciser que les questions économétriques
présentées ici posent des problèmes quant aux conclusions
énumérées. Cela ne signifie pas que les études ne
sont pas valables. Mais, il faut faire preuve de jugement et exploiter cette
information avec précaution avant de prendre des décisions
stratégiques bien précises.
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Annexe 1
Tableau A.1 : taux de croissance de la
production annuelle de 1978-2000
|
années
|
|
1980
|
1995
|
2000
|
78-84
|
85-94
|
Afrique SubSarahienne
|
5.4
|
3.8
|
3.4
|
2.1
|
1.7
|
excl. Afrique du Sud et Nigéria
|
0.9
|
4.8
|
2.6
|
2.5
|
1.7
|
excluding So excl.Afrique du Sud
1.9
4.3 2.9 1.7 2.3
|
Source: compilation de l'auteur
Tableau A.2 : taux des investissements
en capital public et privé en % du PIB zone CEMAC,
1994-2003
|
Investissement en capital public
|
Investissement en capital privé
|
|
78-84
|
85-94
|
95-03
|
78-84
|
85-94
|
95-03
|
Cameroon
|
4.7
|
6.0
|
1.5
|
24.2
|
2.6
|
15.3
|
Central African Republic
|
4.7
|
6.4
|
6.4
|
4.1
|
5.0
|
5.3
|
Chad
|
2.2
|
5.6
|
8.4
|
0.3
|
1.2
|
19.1
|
Congo, Rep
|
...
|
9.0
|
6.8
|
...
|
13.8
|
18.1
|
Equatorial Guinea
|
...
|
4.7
|
2.0
|
...
|
14.2
|
46.8
|
Gabon
|
15.8
|
5.5
|
6.7
|
24.0
|
23.8
|
21.1
|
CEMAC (somme)
|
|
37.2 31.8
|
|
60.6 125.7
|
Source: compilation de l'auteur
Annexe 1.1 : Résultats des Tests de
spécification sous TSP 4.3A
Modèle non contraint
PANEL DATA ESTIMATION
Balanced date : N = 6, T= 10, NOB= 60
TOTAL (plaint OL3) Estimates :
Dependent variable : Y
Mean of dependent variable = 305.076
Std. dev. of dependent var. = 571.637 R-squared
= .982874
Sum of squared residuals = .183838E+09 Adjusted
R-squared = .949674
Variance of residua = 310536.
Std. error of regression = 557.258
Estimated Standard
Variable
|
Coefficient
|
Error
|
t-statistic
|
c
|
2.33111
|
1.13654
|
8.185555
|
L
|
0.59222
|
3.53997
|
18.04899
|
K
|
0.32245
|
1.98653
|
15.59277
|
Kpu
|
0.15888
|
4.1414
|
5.96389
|
F teat of A, B=Ai,Bi : F(20, 36) = 3.83200, P-value =
[.0000]
Critical F value for diffuse print (Leamer, P.114) = 2.0418
WITHIN (fixed effects) Estimates:
Dependent variable : Y
Sum of squared residuals = .177878E+09 R-squared =
.997874
Variance of residuals= 321645. Adjusted R-squared
= .945573
Std. error of regression = 547.292
Estimated Standard
|
Variable
|
Coefficient
|
Error
|
t-statistic
|
|
L
|
0.91879
|
2.53997
|
10.35899
|
|
K
|
0.20736
|
1.77544
|
6.44277
|
|
Kpu
|
0.31787
|
3.63652
|
15.02189
|
FIXED
|
|
|
|
|
G.e.
|
2,18158
|
|
|
Ga
|
6,52254
|
|
|
T.
|
8,58263
|
|
|
R.c
|
7,57458
|
|
|
C.
|
1,71235
|
|
|
Rca
|
6,54145
|
|
|
F teat of A, B=Ai,Bi : F(15, 36) = 1.18450, P-value =
[.22665]
Critical F value for diffuse print (Leamer, P.114) = 2.2538
F teat of A, B=Ai,Bi : F(5, 51) = 9.03421, P-value =
[.0000]
Critical F value for diffuse print (Leamer, P.114) = 4.4408
Variance components (random effects) Estimates
VWITH (Variance of Uit) = VBET (variance of Ai)
(computed from smail sample formula)
THETA (0= WITHIN, 1=TOTAL) = 0.12365
Dependent variable : Y
Sum of squared residuals = .195668E+09 R-squared
= .94628
Variance of residuals= 320533. Adjusted
R-squared = .90496
Std. error of regression = 353.360
Estimated Standard
Variable
|
Coefficient
|
Error
|
t-statistic
|
c
|
0.85555
|
2.24651
|
3.621525
|
L
|
0.56566
|
3.55463
|
19.70899
|
K
|
0.25111
|
4.12356
|
8.83225
|
Kpu
|
0.29436
|
1.11598
|
15.24389
|
Hausman test of Ho: RE vs. Fe: (CHISQ (2) =33.23165, P-value =
[.0000]
Annexe 1.2 : Résultats des Tests de
spécification sous TSP 4.3A
Modèle contraint
PANEL DATA ESTIMATION
Balanced date : N = 6, T= 10, NOB= 60
TOTAL (plaint OL3) Estimates :
Dependent variable : Y
Mean of dependent variable = 312.476
Std. dev. of dependent var. = 525.654 R-squared
= .854684
Sum of squared residuals = .165482E+09 Adjusted
R-squared = .802254
Variance of residua = 309354.
Std. error of regression = 571.157
Estimated Standard
Variable
|
Coefficient
|
Error
|
t-statistic
|
c
|
2.51726
|
2.15544
|
10.31015
|
L
|
0.68025
|
6.12556
|
0.04899
|
K
|
0.32002
|
5.14566
|
15.19654
|
Kpu
|
0.07015
|
3.15456
|
9.78289
|
WITHIN (fixed effects) Estimates:
Dependent variable : Y
Sum of squared residuals = .1465263E+09 R-squared =
.978542
Variance of residuals= 3312547. Adjusted
R-squared = .914584
Std. error of regression = 531.456
Estimated Standard
|
Variable
|
Coefficient
|
Error
|
t-tatistic
|
|
L
|
0.79325
|
1.45463
|
0.31654
|
|
K
|
0.20758
|
5.12363
|
6.43456
|
|
Kpu
|
0.32155
|
4.45566
|
15.27256
|
|
|
|
FIXED
|
|
|
G.e.
|
2,09159
|
|
Ga
|
6,50452
|
|
T.
|
8,45545
|
|
R.c
|
7,41489
|
|
C.
|
1,49522
|
|
Rca
|
6,33456
|
|
Variance components (random effects) Estimates
VWITH (Variance of Uit) = VBET (variance of Ai)
(computed from smail sample formula)
THETA (0= WITHIN, 1=TOTAL) = 0.12365
Dependent variable : Y
Sum of squared residuals = .196245E+09 R-squared
= .965321
Variance of residuals= 312344. Adjusted
R-squared = .915487
Std. error of regression = 365.235
Estimated Standard
Variable
|
Coefficient
|
Error
|
t-statistic
|
c
|
-0.79555
|
-2.25648
|
-5.40856
|
L
|
0.66266
|
6.55463
|
0.17236
|
K
|
0.33856
|
2.12356
|
13.04562
|
Kpu
|
0.29436
|
1.11598
|
15.24389
|
Hausman test of Ho: RE vs. Fe: (CHISQ (2) =67.33425, P-value =
[.0000]
Annexe 1.3 : fonction de production sous TSP 4.3A
PANEL DATA ESTIMATION
Balanced date : N = 6, T= 10, NOB= 60
TOTAL (plaint OL3) Estimates :
Dependent variable : Y
Mean of dependent variable = 365.156
Std. dev. of dependent var. = 514.365 R-squared
= .982874
Sum of squared residuals = .198456E+09 Adjusted
R-squared = .94967 Variance of residua = 3124569.
Std. error of regression = 557.258
Estimated Standard
Variable
|
Coefficient
|
Error
|
t-statistic
|
c
|
1.74726
|
2.15544
|
7.79015
|
L
|
0.59025
|
6.12556
|
18.04899
|
K
|
0.32002
|
5.14566
|
15.59654
|
Kpu
|
0.16015
|
2.15456
|
5.96289
|
WITHIN (fixed effects) Estimates:
Dependent variable : Y
Sum of squared residuals = .179795E+09 R-squared =
.981546
Variance of residuals= 345684. Adjusted
R-squared = .945573
Std. error of regression = 459.292
Estimated Standard
|
Variable
|
Coefficient
|
Error
|
t-statistic
|
|
L
|
0.92325
|
1.45463
|
10.82654
|
|
K
|
0.21758
|
5.12363
|
6.73456
|
|
Kpu
|
0.32155
|
4.45566
|
15.70256
|
|
|
FIXED
|
|
G.
|
1,09456
|
Ga
|
5,12458
|
T.
|
8,48562
|
R.c
|
8,44562
|
C.
|
5,56478
|
Rca
|
4,89542
|
Variance components (3LS on means) Estimates
VWITH (Variance of Uit) = VBET (variance of Ai)
(computed from smail sample formula)
THETA (0= WITHIN, 1=TOTAL) = 0.15468
Dependent variable : Y
Sum of squared residuals = .165489E+09 R-squared
= .89564 Variance of residuals= 325489. Adjusted
R-squared = .865214
Std. error of regression = 321.546
Estimated Standard
Variable
|
Coefficient
|
Error
|
t-statistic
|
c
|
2.36895
|
2.25648
|
7.76521
|
L
|
0.67564
|
6.55463
|
14.42136
|
K
|
0.33856
|
4.12356
|
5.42562
|
Kpu
|
0.04562
|
9.11598
|
0.01895
|
Annexe1.4 : Equation du capital public TSP 4.3A
PANEL DATA ESTIMATION
Balanced date : NI = 6, T= 10, NOB= 60
TOTAL (plaint OL3) Estimates :
Dependent variable : Kpu
Mean of dependent variable = 305.076
Std. dev. of dependent var. = 571.637 R-squared
= .052874
Sum of squared residuals = .183838E+09 Adjusted
R-squared = .049674
Variance of residuals = 310536.
Std. error of regression = 557.258
Estimated Standard
Variable
|
Coefficient
|
Error
|
t-atistic
|
c
|
27.4379
|
6.24587
|
3.63899
|
y
|
18.6136
|
4.54879
|
3.73277
|
tximp
|
95.0787
|
4.14578
|
2.20389
|
TOTAL (3LS on means) Estimates:
Dependent variable : Kpu
Mean of dependent variable = 321.158
Std. dev. of dependent var. = 571.637 R-squared
= .94321
Sum of squared residuals = .15489E+09 Adjusted
R-squared = .90457 Variance of residuals = 324589.
Std. error of regression = 456.562
Estimated Standard
Variable
|
Coefficient
|
Error
|
t-atistic
|
c
|
1.65379
|
7.45687
|
5.28899
|
y
|
0.86136
|
4.46578
|
13.64277
|
tximp
|
0.04787
|
4.14578
|
13.40389
|
WITHIN (fixed effects) Estimates:
Dependent variable :Kpu
Sum of squared residuals = .183838E+09 R-squared
= .84287
Variance of residuals = 310536. Adjusted
R-squared = .86674
Std. error of regression = 557.258
Estimated Standard
|
Variable
|
Coefficient
|
Error
|
t-atistic
|
|
y
|
1.29579
|
7.14578
|
18.35899
|
|
tximp
|
0.03613
|
4.45789
|
8.03277
|
FIXED
|
|
|
G.
|
2.12458
|
|
Ga
|
6.45789
|
|
T.
|
8.25487
|
|
R.c
|
7.15587
|
|
C.
|
1.42458
|
|
Rca
|
6.45689
|
|
TABLES DE MATIERES
AVERSTISSEMENT iv
DEDICACES v
REMERCIEMENTS vi
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS vii
LISTE DES TABLEAUX vii
RÉSUMÉ viii
ABSTRACT viii
INTRODUCTION GENERALE ix
Première partie : xiv
LES FONDEMENTS THEORIQUES DU LIEN ENTRE CAPITAL
PUBLIC ET PRODUCTIVITE xiv
Chapitre 1 : DE LA CROISSANCE NEOCLASSIQUE A
LA CROISSANCE ENDOGENE xv
I - LE MODÈLE NÉOCLASSIQUE DE SOLOW-SWAM
xv
A. Les enseignements du modèle
xvi
a. Dynamique du modèle. xvi
b. Règle d'or de l'accumulation du capital et
inefficience dynamique xvii
B. Les limites du modèle de base de
Solow xviii
a. Le modèle de Solow et le progrès technique
xix
b. Le progrès technique xix
c. Modèle de Solow avec progrès technique neutre
au sens de Harrod xx
II - MODÈLE DE CROISSANCE ENDOGÈNE ET
EXTERNALITES xx
La dynamique de croissance à la Solow a
permis de reproduire les cinq premiers faits stylisés de Kaldor.
Cependant, le modèle ne peut expliquer le sixième fait concernant
les disparités des taux de croissance parmi les pays. Il ne peut en
rendre compte que si l'on accepte l'hypothèse selon laquelle les pays
ont des taux de progrès technique différents. Mais, dans ce cas,
il faut expliquer les origines de ces différences. C'est le pas que se
propose de franchir cette section à travers les travaux de Rebelo pour
qui, la croissance est un processus auto-entretenue endogène.
xx
A. Les enseignements du modèle AK
xx
B. Croissance endogène et
externalités xxii
a. Externalités liées à l'accumulation d'un
facteur xxii
b. L'Etat gérant des externalités xxiii
Conclusion xxiv
CHAPITRE II xxiv
CROISSANCE ENDOGÈNE AVEC CAPITAL PUBLIC
xxiv
ET PRODUCTIVITÉ xxiv
Introduction xxiv
II. CAPITAL PUBLIC ET PROCESSUS DE PRODUCTION :
APPROCHE PRIMAL xxv
A.Capital public et croissance de long terme
xxv
(1.4) xxvii
xxviii
B. Capital Public : Définition et
caractérisation xxviii
II. CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DES FACTEURS
SECTORIELS: UNE APPROCHE DUALE xxx
A. La fonction de coût xxx
B. La fonction de demande xxxii
'
C. Réduction des coûts,
élasticités d'échelle et expansion de la production
xxxiii
D. Décomposition de la croissance
de la productivité xxxiv
Conclusion
xxxv
Deuxième partie : xxxvii
ANALYSE EMPIRIQUE DU LIEN ENTRE xxxvii
CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITÉ xxxvii
CHAPITRE III xxxviii
CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITÉ :
xxxviii
UNE REVUE EMPIRIQUE DES TRAVAUX ANTERIEURS
xxxviii
Introduction xxxviii
I- ELASTICITE DE PRODUCTION ET LES PROBLEMES
METHODOLOGIQUES xxxix
2. Les estimations de l'élasticité de la
production et le problème de causalité xl
a.Critique méthodologique des premières
études : le problème de causalité xli
b. Tentatives de résolution du problème de
causalité xlii
B. Les estimations de l'élasticité de la
production et le problème d'agrégation des données.
xlii
a. Effets de la diffusion spatiale xliii
b. Effets des données utilisées. xliii
II. LES ENSEIGNEMENTS GENERAUX SUR LE CAPITAL PUBLIC ET
LA PRODUCTIVITE xliv
A. Contribution du capital public à la
productivité des facteurs privés sectoriels xliv
a. Spécifications sur un panel sectoriel xlv
b. Test de spécification xlv
c. Les résultats de l'étude empirique xlvi
B. Contribution du capital public à
la productivité les effets sur les disparités régionales.
xlvii
a. Modèle sur panel complet des régions
françaises xlviii
b. Les résultats sur un panel complet des régions
françaises xlviii
c. Un impact du capital public qui se différencie par
groupe de régions xlix
Conclusion lii
CHAPITRE IV liv
CAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITE DES FACTEURS :
liv
UNE ANALYSE EN ZONE CEMAC liv
Introduction liv
I -FONCTION DE PRODUCTION COBB-DOUGLAS AVEC CAPITAL
PUBLIC lv
A- Modélisation
économétrique lvi
a.Identification des rendements d'échelle lvii
b.Estimations lvii
B- Analyse des résultats
lviii
a- Le modèle avec rendements croissants pour l'ensemble
des facteurs publics et privés lviii
b- Le modèle avec rendement constants pour l'ensemble des
facteurs privés lix
II- SENS DE CAUSALITE DE LA RELATION CAPITAL PUBLIC ET
PRODUCTIVITE DANS LA ZONE CEMAC lxi
A. Le modèle lxi
a- Formalisation lxi
b-Test d'exogénéité lxi
B. Estimation du modèle et
commentaire lxii
Conclusion lxiii
CONCLUSION GÉNÉRALE lxv
BIBLIOGRAPHIE lxvi
ANNEXES................................................................................................63
* 1 L'économie
néoclassique est une école de pensée économique qui
a émergé vers la fin du XIX e siècle. Dans
l'économie néoclassique, le processus par lequel un régime
de marché répartit les ressources d'une économie est au
centre de l'attention analytique
* 2 Ongono (2006) et kuttcha
(2005) l'ont également souligné dans leur mémoire de
DEA.
* 3 le Cameroun, le Gabon, le
Tchad, le Congo, la République Centrafricaine et la Guinée
Equatoriale sont membres de la CEMAC
* 4 Voir tableau annexe 1
* 5 Dans ce document, le
capital public englobe l'infrastructure et la non infrastructure et se confond
à la somme des investissements publics.
* 6 Zegeye (2000)
définit l'infrastructure comme toute dépense publique
d'investissement au niveau de l'État et au niveau local.
* 7 Investissement de point
mort : volume de capital permettant de maintenir le capital par tête
à son niveau actuel
* 8 Situation où
toutes les variables en niveau (quantités, prix) croissent à taux
constants.
* 9 Situation ou les
activités d'un ou plusieurs agents économiques ont des
conséquences sur le bien être d'autres agents sans qu'il y ait des
échanges ou des transactions entre eux. Leur présence se traduit
généralement par l'apparition d'inefficiences (au sens de pareto)
car il n'existe pas à priori de récompense pour ceux qui
sont à l'origine d'externalités positives, ni de sanction pour
ceux qui engendrent celles négatives.
* 10 De l'avis de certains
économistes, la méthode de la fonction de production
génère des estimations excessives et celle de la fonction de
coût, des estimations plus réalistes.
* 11 L'élasticité
de la production mesure la variation relative de la production induite par une
variation de 1 p. cent du facteur de production.
* 12 La notion de bien
collectif, définie par Samuelson repose sur les critères de non
rivalité et de non exclusion. Un bien est qualifié de non rival
si son utilisation par un agent ne réduit pas la quantité
disponible pour les autres agents. La non rivalité s'accompagne, en
fait, de l'indivisibilité d'usage, c'est-à-dire d'une
consommation en totalité de ce bien qui ne pourra être
partagé entre divers utilisateurs. Les exemples traditionnels sont ceux
de la justice, de la sécurité ou de l'éclairage public. La
non exclusion par les mécanismes de marché caractérise, de
son côté, des biens dont aucun agent ne peut être exclu des
bénéfices. Celle-ci découle de l'impossibilité de
fractionner le service entre divers consommateurs. Ainsi, les
caractéristiques intrinsèques de ces biens, justifient
l'intervention de l'Etat dans leur production ou leur réglementation.
* 13 Par rendements
d'échelle constants, on entend qu'une hausse de 1 % d'un facteur de
production sera assortie d'une hausse de 1 % de la production. En cas
d'innovation technologique, il est fréquent qu'une hausse de 1 % du
capital, par exemple, entraîne une hausse de la production de plus de 1
%.
* 14 Dans le cas d'un niveau
optimal des dépenses publiques, voir : Ongono P. B. (2006)
Dépenses Publiques et Croissances Economiques au Cameroun : la
taille optimale de l'Etat, mémoire de DEA en Economie, Université
de Yaoundé-II Cameroun
* 15 Contrairement à la
méthode de la fonction de production, où la décision
fondamentale consiste à déterminer la combinaison des facteurs de
production nécessaires à l'optimisation de la production, la
méthode de la dualité consiste à définir la
combinaison des facteurs de production nécessaires à la
réduction des coûts.
* 16 Par exemple, un meilleur
réseau d'autoroutes raccourcit la durée du transport et permet de
réduire les dépenses de travail et de carburant, ainsi que
d'autres dépenses d'exploitation.
* 17 Munnel (1991)
plaide fortement en faveur d'une telle politique
* 18 Rues et routes,
aéroports, installations électriques et gazières transport
en commun, réseaux d'eau et égouts.
* 19 C'est-à-dire routes
et rues, réseaux d'adduction d'eau d'égouts immeubles et autres
structures, et équipements.
* 20Quand on estime une
fonction de production, on part implicitement du principe que le capital public
« engendre » de la production et de la croissance. Pourtant, le sens
de la causalité peut être inversé. Plus une
société s'enrichit, plus elle peut dépenser dans
l'infrastructure publique, de manière telle qu'une augmentation de la
production, qui entraîne une plus grande prospérité, peut
entraîner de plus grandes dépenses publiques d'investissement.
* 21 Un bien normal est un
produit dont la demande augmente à mesure que le revenu de la personne
augmente.
* 22 Certains chercheurs ont
constaté des élasticités faibles ou
négligeables : Bosco et al (2002) ont constaté dans une
étude de l'infrastructure et de la productivité en Espagne, une
élasticité de la production de l'infrastructure publique de
seulement 0,026 alors que le capital privé affichait une production plus
robuste, laquelle était de 0,127. D'autres ont constaté que le
capital public avait contribué de manière importante à la
productivité privée : Harchaoni et Tarkhani (2003) ont
constaté, dans une étude réalisée pour statistique
Canada que l'élasticité de la production du capital public
était de 0,17.
* 23 Lorsque deux
séries de données, telles que celles de la production et du
capital public, augmentent progressivement au fil du temps, une
régression de l'une sur l'autre peut aboutir à un coefficient
positif statistiquement significatif, même s'il n'y a pas de relation
réelle entre les deux variables. C'est ce qu'on appelle le
problème des régressions illusoires.
* 24 Il y a
externalités dans la mesure où le capital public peut affecter la
productivité du secteur privé sans que celui-ci n'en supporte
directement le coût. Il s'agit alors des infrastructures publics
productifs au sens où, à stocks donnés de facteurs de
production privés, ils réduisent les coûts de production
des entreprises ou augmentent les volumes de production.
* 25 Voir tableau annexe 2
* 26 Nous supposons absents,
les effets temporels fixes ou aléatoires
* 27 Si une technologie
affiche des rendements d'échelle constants, accroître les
facteurs de production dans une certaine proportion entraîne une
augmentation de la production dans exactement la même proportion
(c.à.d. que doubler les facteurs de production permet de doubler la
production).
* 28 Il y a accroissement
des rendements d'échelle lorsque l'augmentation des facteurs de
production, comme le travail, entraîne une hausse de la production
supérieure à l'augmentation du travail.
* 29 Les effets fixes sont
les effets qui affectent la productivité de chaque Etat et qui sont
extérieurs au modèle de production, comme les conditions
climatiques et l'usage de technologie.
* 30 Dans le cadre de notre
échantillon, la réalisation de la statistique de Fischer
associée au test d'homogénéité simultanée
des pentes et des constantes, est de 3,8320 indique que F suit un Fischer
à (n-1) (k + 1) et nt -n(k + 1) degrés de liberté. La
pvalue associée à ce test est largement inférieure au
seuil de 5%, on rejette donc l'hypothèse nulle d'égalité
des constantes et des coefficients. Il convient alors de tester
l'hypothèse d'égalité des coefficients entre les pays. Ce
test est de 1,1845. Cette valeur est à comparer au seuil d'un Fischer
à (n-1)k et nt - n (k + 1) degrés de liberté. La pvalue
indique qu'à 5%, on confirme la structure de panel, l'on est donc en
droit de supposer qu'il existe des coefficients communs pour tous les pays.
L'hypothèse de constantes individuelles associée
au test est de 9,0342. Cette valeur est également à comparer au
seuil d'un Fischer à (n -1) et n(t -1)-k degrés de
liberté. La pvalue est très largement inférieure au seuil
de 5%. Pour ce seuil, on rejette l'hypothèse nulle
d'égalité des constantes. Il est nécessaire d'introduire
ici des effets individuels.
* 31 Obtenu dans la base des
données du FMI.
|