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L'annonce de la maladie d'Alzheimer aux aidants naturels : les facteurs influençant leur vécu


par Caroline Chapelier
Université Toulouse Le Mirail - Master Géronto-Psychologie 2008
  

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ANNEXE 8 : Analyse de contenu par entretien Entretien 1

Analyse de l'énonciation

Lors de l'analyse catégorielle de l'entretien, il nous a parut important de souligner certains aspects du discours :

-Alternance entre l'investissement personnel et la prise de distance dans la narration

L'aidant utilise dans son discours principalement les pronoms « je » et « on ». Nous pouvons mettre en évidence que le « je », démontrant l'implication personnelle du sujet, est utilisé lorsque l'aidant évoque des sujets personnels, sensibles, souvent liés à son vécu. A l'inverse, le pronom « on », témoignant d'un certain recul et d'une prise de distance, est employé pour parler de l'organisation davantage matérielle autour de la maladie du père.

- Agencement et dynamique du discours 

De manière générale, le style du discours est linéaire : nous n'observons pas de failles logiques, de pertes de contrôle ou de ruptures. Le sujet parle très vite et enchaîne rapidement les propositions, sans répondre directement aux questions. Par conséquent, cela traduit un besoin de se confier, de raconter son vécu.

Une phase du discours est néanmoins particulièrement confuse, dans la séquence 4, lorsque l'aidant évoque la réaction de son père à l'annonce. Elle se contredit de nombreuses fois au sein du même paragraphe sans savoir si son père se rend compte ou non de la maladie dont il souffre.

Interprétation de l'analyse thématique et de l'énonciation, réalisation d'un lien avec les résultats obtenus au questionnaire.

Analyse des mécanismes de défense à l'annonce, des circonstances selon lesquelles le sujet est devenu aidant, de la perception de la qualité de l'annonce et de la réaction du parent.

- Découverte de la maladie

La fille de M. A dit ne s'être jamais aperçue de la maladie de son père auparavant. Cependant elle exprime se souvenir avec du recul qu'il y avait des signes visibles comme l'agressivité ou la brutalité de son père envers son épouse. Le premier symptôme ayant réellement alerté l'aidant est un sentiment de persécution de la part de son père. Nous pouvons alors supposer que le sujet a dénié certains signes avant coureurs de la maladie d'Alzheimer de son père.

L'aidant évoque différentes étapes avant que le diagnostic de la maladie ne soit posé par le médecin. Nous pouvons nous demandé si ces étapes n'ont pas également permis à l'aidant lui-même d'accepter la maladie de son père.

- Devenir aidant

Le sujet est devenu l'aidant principal de son père sous la forme de « désignation inconsciente et naturelle ». Effectivement, même si le sujet évoque le partage des rôles dans la gestion quotidienne de son père, elle est la personne de confiance et le principal référent par rapport à la pathologie paternelle. De plus, elle gère l'organisation administrative. Nous pouvons percevoir dans le discours du sujet qu'elle ne répond pas directement à la question sur la manière dont elle est devenue aidante mais qu'elle contourne le sujet en expliquant quelle est l'organisation quotidienne mise en place.

- Perception de la qualité de l'annonce

Le médecin traitant de la famille avait visiblement déjà donné des informations sur la maladie à l'aidant. La fille de M. A explique qu'elle avait rencontré un gériatre lui ayant tout expliqué et le terme « Maladie d'Alzheimer » a été clairement annoncé lors de la consultation. L'aidant met en avant les recommandations pratiques pour l'habitation et la prise en charge en institution évoquées par le médecin et parait très satisfaite des éléments qui lui ont été transmis lors de l'annonce elle-même.

Le protocole d'annonce évoqué par R. Buckman (1994) a été mis en place tout au long du processus d'annonce de la maladie à l'aidant. Effectivement, selon les dires du sujet, le médecin a commencé à évoquer la maladie d'Alzheimer avec l'aidant en lui expliquant les raisons de certains troubles du comportement de son père. Cette étape peut être apparentée à celle des « préliminaires » selon Buckman, puisque ce moment a permis de faciliter l'annonce. [4]

L'ensemble des autres étapes ont également été suivies par le médecin : celui-ci a demandé au sujet ce qu'il voulait savoir des troubles de son parent, l'ensemble des informations liées au diagnostic ont été transmises (évolution, traitement, prises en charges...). De plus, l'aidant souligne comme le montre le questionnaire, que le médecin a répondu clairement aux questions qu'elle se posait.

D'une manière générale, l'aidant est satisfait (5/5 sur le ressenti lié à l'annonce dans le questionnaire) de la manière dont l'annonce lui a été communiquée. Cela peut être expliqué par les étapes importantes respectées par le médecin lors de l'annonce, par l'empathie dont il a fait preuve, mais peut être aussi par le fait que l'aidant semblait s'attendre à cette annonce (évoqué dans l'entretien) ainsi que par la présence d'un soutien social au moment même de l'annonce.

- Perception de la réaction du parent à l'annonce

La fille de M. A est très confuse dans son discours à ce sujet : elle se contredit de nombreuses fois lorsqu'elle explique la manière dont son père a réagit à l'annonce de sa propre maladie. Elle ne parait pas savoir, ou ne pas vouloir savoir, si son père est conscient de la maladie dont il souffre.

- Réactions, mécanismes de défenses, stratégies de coping

Le déni s'avère avoir été le mécanisme de défense principal de l'aidant avant que le diagnostic de la maladie d'Alzheimer n'ait été posé. La fille de M. A dit ne pas s'être aperçue des troubles de son père, de l'avoir trouvé agressif pendant plusieurs années mais sans associer cela à la maladie d'Alzheimer. Lorsque l'on pose la question du vécu de la personne au moment de l'annonce, celle-ci parait fuir la première fois le sujet, et expose de manière détaillée les aménagements matériels réalisés au sein de la maison après l'annonce du diagnostic. Nous pouvons nous poser la question d'une certaine « résistance » chez le sujet à évoquer ses propres sentiments et son vécu personnel au moment de l'annonce. Elle utilise d'ailleurs le pronom « on » durant toute cette partie de l'entretien, comme si elle refusait de parler en son nom.

Ce n'est qu'à la seconde reprise qu'elle répond à la question sur son vécu en utilisant le pronom « je ».

Tout d'abord, le sujet utilise lors du thème de la qualité de l'annonce de nombreuses fois une formulation négative : « je n'ai pas du tout été choqué », comme si elle cherchait à persuader l'interlocuteur ou même à se persuader elle-même qu'elle ne s'est pas effondrée à l'annonce. La présence de dénégation comme mécanisme de défense peut être envisagée ici à travers le discours de l'aidant : la fille de M. A utilise cette formulation trois fois au sein de la même phrase. Puis, à force de dire qu'elle s'attendait au diagnostic, qu'elle a connu beaucoup de personnes atteintes de cette maladie, elle commence à laisser transparaître certaines de ses émotions et son vécu autour de l'annonce.

La première phrase du discours de l'aidant se rapproche d'une étape évoquée par P. Pitaud (2006), au sujet du temps nécessaire à l'entourage pour s'approprier un diagnostic. La fille de M. A explique avoir posé plusieurs questions au médecin sur la maladie : cette étape correspondrait à la tentative de maîtriser sur le plan cognitif ce qui arrive. Le sujet cherche à donner du sens à la maladie, à comprendre sa cause pour « restaurer une continuité là où le traumatisme avait fait rupture ». [34]

La suite du discours de l'aidant se porte d'avantage sur les aspects émotionnels liés à la maladie du proche. La fille de M. A évoque de nombreuses fois le mot « dégradant » et « horrible », mots ayant une connotation négative, douloureuse. Le sujet explique d'ailleurs qu'elle préfère avoir perdue sa mère plutôt que de l'imaginer atteinte de la maladie d'Alzheimer comme son père.

En terme de coping, la stratégie adoptée par le sujet est le « coping centré sur le problème ». Face à l'annonce de la maladie, la fille de M. A parle des actions entreprises dans la maison pour la protection matérielle de son père. De même, elle évoque les éléments sur la prise en charge et l'aide quotidienne de son père ainsi que des anecdotes au sujet des troubles de celui-ci. Mais l'aidant ne parait pas essayer de revenir sur ses propres émotions, sur la façon dont elle les gère, elle ne s'intéresse uniquement aux aspects concrets et matériels de la vie familial.

Entretien 2

Analyse de l'énonciation

Cet entretien, riche d'un point de vue du flux de parole et de l'expression des affects du sujet, est marqué par certains éléments relevant de l'énonciation :

- Rythme de l'entretien 

Le flux de parole du sujet augmente au fur et à mesure de l'entretien, allant de pair avec les émotions dévoilées. Au début de l'entretien, l'aidant est assez pragmatique, expliquant la manière dont lui a été annoncée la maladie. Ensuite, les affects sont de plus en plus exprimés et le sujet parle beaucoup, comme si elle avait besoin de se libérer du poids de cette émotion, difficile à contenir : nous pouvons supposer que l'entretien est contrôlé par le sujet au début mais que l'évocation de ce sujet fait émerger des émotions, difficiles à contrôler par la suite.

- Style de l'entretien 

Un certain lyrisme peut être noté dans le style de l'entretien (M.C D'Unrug, 1974), traduisant une force d'investissement dans le thème de l'annonce du diagnostic de la maladie d'Alzheimer du père du sujet. L'entretien est ponctué de signes d'énervement (marqué par le ton de la voix) ou d'émotions vives et difficiles (pleure). [47]

Interprétation de l'analyse thématique et de l'énonciation, réalisation d'un lien avec les résultats obtenus au questionnaire.

Analyse des mécanismes de défense à l'annonce, de la manière dont le sujet est devenu aidant, de la perception de la qualité de l'annonce et de la réaction du parent.

- Découverte de la maladie

Le sujet, au cours de l'entretien, évoque plusieurs fois son déni de la situation avant que la maladie de son parent de lui soit annoncée. L'aidant prend du recul sur son vécu en expliquant clairement que certains signes étaient visible mais qu'elle n'a pas pu ou pas voulu les percevoir (« je préférais imaginer que c'était pas ça »). La découverte de la maladie de s'est ainsi pas faite progressivement mais de manière « violente », d'une part car le sujet avait refusé d'admettre les signes précurseurs et d'autre part par la manière dont l'annonce a été réalisée, c'est-à-dire au téléphone, par un médecin pensant que l'aidant était déjà au courant.

- Devenir aidant

La manière dont le sujet est devenu aidant est assez complexe. Le sujet est l'unique fille du parent atteint de la maladie d'Alzheimer : elle est de ce fait l'aidante désignée puisqu'aucun autre membre de la famille n'est proche du parent. Cependant, pour le sujet, cette désignation naturelle n'est pas aussi évidente. C'est à ce moment de l'entretien que les affects du sujet ont commencé à surgir, à prendre place au milieu des mots. Elle recherche une responsabilité symbolique, une reconnaissance de son rôle d'aidante principale et surtout un besoin de légitimité. Le fait de recevoir l'accord du juge pour devenir tutrice de son père est un fait marquant dans l'aide qu'elle lui apporte. Effectivement, cela lui permet d'avoir confiance en ses capacités d'aide envers son père : il s'agit d'une certaine justification et d'un sentiment de devoir le faire. Plusieurs de ses actes concrets dans la relation d'aide ont pu être réalisés par cette légitimité accordée par le rôle de tutrice.

- Perception de la qualité de l'annonce

L'annonce réalisée par le médecin pour informer le sujet de la maladie d'Alzheimer de son père ne comporte pas les éléments importants pour permettre l'acceptation de la part de l'aidant : aucune étape que le chercheur Buckman (1994) met en évidence ne peut être repérée lors de cette annonce. Le médecin ne savait pas que l'aidant n'était pas au courant de la maladie dont souffrait son père, il a alors évoqué celle-ci sans aucune précaution. « Les préliminaires » nécessaires avant l'annonce n'ont ainsi pas été mises en place ainsi que la recherche de ce que le sujet sait déjà ou souhaite savoir. De plus, l'annonce de la maladie a eu lieue au téléphone, ce qui ne facilité pas la gestion des réactions émotionnelles de la personne ainsi que la délivrance d'informations. [4]

La partie du questionnaire portant sur la manière dont a été perçue la qualité de l'annonce du diagnostic va dans le sens de ce que le sujet évoque lors de l'entretien. Les seuls éléments positifs de l'annonce sont l'utilisation claire du terme « maladie d'Alzheimer » et les réponses aux questions du sujet. En dehors de cela, le médecin n'a pas semblé faire preuve d'empathie envers l'aidant et n'a pas apporté d'informations concernant l'évolution de la maladie, ses troubles comportementaux, les formes de traitements ou les possibilités de prise en charge... L'aidant a jugé très mauvaises la qualité de la relation entretenue avec le médecin ainsi que la manière dont l'annonce a été réalisée.

- Perception de la réaction du parent à l'annonce

L'aidant ne parait pas savoir si son père a compris de quoi il souffrait. Au début, le sujet dit qu'il a entendu parler de la maladie d'Alzheimer mais que cela ne le concernait pas, que ce n'était pas lui qui était atteint. L'aidant pense que son père a dénié sa pathologie, du moins lors des premiers symptômes. Cependant, elle dit commencer à parler plus ouvertement de la maladie, surtout autour de son père. Cela a permis à celui-ci de demander s'il est atteint de la maladie d'Alzheimer et d'engager des discussions sur ce thème avec sa fille.

- Réactions, mécanismes de défenses

Lors de l'annonce fortuite de la maladie d'Alzheimer de son père, le sujet a eu deux réactions :

Tout d'abord, l'effondrement du déni a pu être repéré au sein du discours du sujet. L'aidant évoque qu'elle a refusé d'admettre les signes précurseurs de la maladie de son père : elle dit être consciente d'avoir occulté des éléments en sa possession mais que cela n'était pas possible à admettre à ce moment là. Lorsque le médecin lui annonce sans ménagement, c'est tout ce qu'elle a refusait d'admettre qui s'effondre et la vérité s'impose à elle. La découverte accidentelle de l'annonce a un impact traumatique important car elle n'a pas permis un accompagnement relationnel immédiat ni d'apport d'explications sur la maladie ou ses éventuelles causes, dans le but de répondre à la recherche de sens du sujet. Selon les recherches sur ce thème, ce type de découverte a un effet déstructurant pour le narcissisme du sujet puisque le déni mis en place depuis longtemps s'effondre, laissant l'aidant face à la réalité de la pathologie.

Ensuite, l'effondrement émotionnel a été une réaction importante au moment de l'annonce. L'aidant préférait imaginer que ce n'était pas la maladie d'Alzheimer et l'annonce, brutale, l'oblige à un face à face avec tout ce qu'elle comporte. L'annonce est ainsi vécue ici sur le mode d'une catastrophe, d'un effondrement : le sujet utilise le mot « assommée » pour parler de son vécu lors de l'annonce.

Une autre hypothèse sur les réactions de l'aidant peut être d'avoir attribué la fonction de « bouc émissaire » à la compagne de son père (Pitaud, 2006) : ici, l'aidant pense que celle-ci a eu un rôle à jouer dans le déclenchement de la maladie, de part son implication auprès de ses propres parents et par conséquent de l'ennuie du père qui en a découlé. La compagne, est considérée comme une des causes des difficultés. [34]

Lors du thème sur la réaction du parent à l'annonce de la maladie, l'aidant évoque de nombreuses critiques face à l'organisation du système médical (non communication des données entre praticiens, non respect de la confidentialité sur les pathologies de son père...). Le sujet parle de ce sujet avec agacement et en haussant fortement le ton. Sous cette critique, nous pouvons percevoir un besoin de contrôle de la part de l'aidant, notamment de contrôler cognitivement la prise en charge de son père. Ici, nous pouvons ainsi évoquer la mise en place d'une stratégie de coping centrée sur le problème.

Entretien 3

Analyse de l'énonciation

- Agencement et dynamique du discours 

Le discours est sobre, le sujet est engagé dans la situation de manière réelle. Ses phrases sont succinctes, il est souvent nécessaire de le relancer car il élabore peu sur les sujets proposés. Cela traduit peut-être une difficulté à parler de son vécu par rapport à la pathologie de sa mère.

Interprétation de l'analyse thématique et de l'énonciation, réalisation d'un lien avec les résultats obtenus au questionnaire.

Analyse des mécanismes de défense à l'annonce, des circonstances selon lesquelles, le sujet est devenu aidant, de la perception de la qualité de l'annonce et de la réaction du parent.

- Découverte de la maladie

Tout d'abord, un blocage parait avoir eu lieu en début d'entretien lorsque nous avons posé la question de la manière dont la maladie a été découverte : le sujet n'a pas répondu directement à la question mais a demandé « vous voulez que je dise ce que je vous ai dit en arrivant ? ». L'aidant essaye peut-être de contrôler la dynamique de l'entretien, comme s'il cherchait à faire reculer le moment où il aura à se livrer, à parler de lui et de son vécu lors. La seconde phrase évoque la volonté du sujet de se laisser aller, par « heu, je vais tout vous dire », à finalement se confier.

La découverte de la maladie d'Alzheimer a commencé par l'observation de troubles du comportement par rapport aux dépenses financières de la mère du sujet. C'est à partir de cette observation qu'il a décidé de lui faire passer un test de mémoire auprès d'un gériatre. Il s'avère que c'est l'aidant lui-même qui a découvert les troubles de sa mère (utilisation du pronom personnel « je »).

- Devenir aidant

La manière dont le sujet est devenu l'aidant principal de sa mère est particulière. Elle se situe entre la volonté propre du sujet de prendre en charge sa mère et le refus des membres de la fratrie de partager avec lui cette prise en charge, au domicile de chacun selon ce qu'il avait proposé. La mise en place de l'aide au sein de cette famille a était source de conflits dans la fratrie: il s'agit ici d'un « enfant désigné », désigné par le refus de la fratrie de gérer l'aide à ses côtés mais également choisi par le sujet lui-même puisque c'est lui qui demande la mise sous curatelle et d'habiter avec sa mère. Nous pouvons nous demander ici ( Pitaud, 2004), quelle est la structure narcissique du sujet et sa relation avec sa mère car l'aidant choisi de vivre au domicile de sa mère en disant vouloir préserver ses repères. Cependant, celui-ci quitte sa vie personnelle, et, comme un retour en enfance, revient vivre auprès de sa mère, dans le cocon familial. La responsabilité symbolique que l'aidant recherche et obtient parait ainsi lui permettre de donner un sens à son aide. [34]

- Perception de la qualité de l'annonce

Le sujet ne parait pas satisfait de la manière dont l'annonce de la maladie de sa mère lui a été faite. L'entretien révèle que certaines informations sur la pathologie lui ont été transmises mais que ce n'est pas le cas pour toutes.

L'aidant souligne que le terme « maladie d'Alzheimer » a été annoncé directement, en expliquant que la patiente était perdue dans le temps et dans l'espace en précisant l'évolution possible de la maladie. Cependant, le sujet explique que plusieurs informations n'ont pas été mentionnées, comme le rôle des médicaments ou le fonctionnement de la maladie.

Le questionnaire apporte des éléments complémentaires sur la perception de la qualité de l'annonce par l'aidant. Tout d'abord, la préparation à l'annonce (« préliminaires » selon B. Buckman) n'a pas eu lieue (aidant non mis à l'aise, pas de demande de ce que le sujet veut savoir des troubles...). Malgré le fait que les mots utilisés soient simples et à la portée de l'aidant, le médecin n'a pas répondu à toutes ses questions. Enfin, la transmission des informations n'a pas été complète : le médecin n'a pas évoqué les troubles comportementaux, la prise en charge, les différents traitements... [4]

Le questionnaire met en évidence une perception négative de la qualité de l'annonce réalisée par le médecin (1/5).

- Perception de la réaction du parent à l'annonce

L'aidant est très confus par rapport au sujet de la réaction de sa mère face à l'annonce de la maladie : il se contredit en évoquant tout d'abord l'incompréhension de sa mère face au diagnostic puis le fait qu'elle ne l'a pas entendu (liée à un problème d'audition), qu'elle a accepté la maladie ou bien à la fin qu'elle a posé des questions lors du stade léger. Nous pouvons nous demander si la confusion du sujet dans ses propos sur la réaction de sa mère n'exprime pas ses propres difficultés pour en parler avec elle.

- Réactions, mécanismes de défenses

Lorsque nous posons la question du vécu de l'annonce, l'aidant évoque immédiatement les problèmes matériels, concrets, liés à l'organisation. Il ne parle pas, au début, de son vécu propre, en rapport avec ses sentiments et ses émotions. Nous pouvons émettre l'hypothèse de l'utilisation de l'intellectualisation comme mécanisme de défense : le sujet a eu recours à la généralisation face à la situation conflictuelle évoquée par la question, qui l'angoisserait peut être trop s'il reconnaissait être impliqué affectivement.

Au fil de la réponse à la question du vécu, le sujet se livre par rapport à ses émotions lors de l'annonce. La présence d'anxiété peut être soulignée à travers son discours, il répète d'ailleurs à trois reprises « ça angoisse » au sein de la même phrase. L'anxiété du sujet n'est cependant pas mise en évidence par le questionnaire. L'aidant éprouve des inquiétudes quotidiennes depuis l'annonce de la maladie et avoir du mal à les contrôler, mais celles-ci interfèrent peu avec sa vie personnelle. Il s'avère tout de même important de préciser que le questionnaire peut provoquer un certain contrôle, plus difficile à maîtriser dans l'entretien. L'évocation « d'angoisse » par le sujet lui-même traduit tout de même son inquiétude liée à la maladie de sa mère.

Entretien 4

Analyse de l'énonciation

-Rythme de l'entretien 

L'aidante a eu un besoin manifeste par l'entretien d'exprimer de nombreuses inquiétudes par rapport à son mari, et de raconter certains événements de vie liés ou non à la maladie d'Alzheimer de son époux. Cette observation peut-être justifiée par le rythme très soutenu de l'entretien, c'est-à-dire un flux de parole très important de la part de l'aidante. De plus, les phrases ne s'enchaînent pas forcément logiquement mais selon les émotions et les pensées du sujet. Aucune relance n'a été nécessaire.

- Style de l'entretien 

L'entretien comporte une forme de « litanie », c'est-à-dire que le sujet se répète souvent, modifie ses phrases comme si elle se parlait à elle-même. Nous ne pouvons pas observer de progression réelle au cours de l'entretien mais plutôt une juxtaposition d'idées et d'affects exprimés. Cela traduit un besoin de parler pour soulager une tension, de décharger un vécu difficile (Unrug, 1974). [47]

-Elément atypique : lapsus

Au sein de la première séquence de l'entretien, l'aidante explique qu'elle a « des copines qui ont aussi leur maladie, leur mari (...) ». Le sujet a par conséquent remplacé le mot « mari » prévu par la conscience par le mot « maladie » venu s'interposer inconsciemment. Cela traduit donc certainement l'instance non maîtrisable d'une idée refoulée. L'aidante associe inconsciemment la maladie non pas uniquement au patient lui-même mais aussi à la personne qui l'accompagne. Ce lapsus exprime peut-être le vécu de la maladie de son époux comme sa propre maladie.

Un autre élément atypique est présent dans le discours de l'aidante mais qui ne représente pas réellement un lapsus : l'aidante explique que son mari lui dit « tu veux m'enterrer, heu, tu veux, tu veux plus que je fasse rien ». Au moment où le verbe « enterrer » arrive à sa conscience, le sujet exprime une certaine gêne et a du mal à expliquer ce qu'elle entend par ce terme, comme si elle aurait préférée ne pas le dévoiler. Plusieurs hypothèses peuvent être émises : l'aidante refuse cette idée « d'enterrer » son mari et cela lui évoque sa possible mort, elle est gênée de ce que ce terme signifie et sent qu'elle a dévoilé quelque chose que son mari lui a dit.

L'aidante a manifesté ses émotions durant l'entretien également physiquement : elle a eu les larmes aux yeux plusieurs fois pendant son discours ; lorsqu'un vécu douloureux était abordé. A la fin de l'enregistrement, le sujet s'est excusé de cette « montée d'émotions » mais il apparait que cela a été une source de décharge pour elle.

Interprétation de l'analyse thématique et de l'énonciation, réalisation d'un lien avec les résultats obtenus au questionnaire.

Analyse des mécanismes de défense à l'annonce, des circonstances selon lesquelles le sujet est devenu aidant, de la perception de la qualité de l'annonce et de la réaction du parent.

- Découverte de la maladie

L'aidante s'est aperçue de certaines pertes de mémoire de son mari mais elle a expliqué ce trouble par l'âge avancé de celui-ci. Son mari était visiblement suivi depuis plusieurs années (environ 4 ans) au sein du service de consultation mémoire et il lui a été demandé de l'accompagner il y a 6 mois. C'est lors de cette visite que le médecin leur a annoncé, à tous les deux, la maladie d'Alzheimer de l'époux. L'aidante a ensuite été prise à part pour lui manifester le caractère violent de la maladie de son époux.

- Devenir aidant

La question n'a pas été posée directement lors de cet entretien, mais il s'avère que la personne soit devenue naturellement l'aidante principale de son époux, car elle vit avec lui et qu'ils n'ont pas d'enfants ensemble. L'aidante se pose néanmoins la question du devenir de son mari si elle meurt avant lui et évoque l'impossibilité de sa fille de s'en occuper.

- Perception de la qualité de l'annonce

L'aidante n'a pas répondu à la question sur la qualité de l'annonce : elle était centrée sur ses émotions, son vécu, et elle a exprimé sa réaction au moment de l'annonce et non pas la qualité de celle-ci. Cela renforce le besoin de se décharger. Cependant, certaines informations sont données au sein d'autres séquences de l'entretien. Tout d'abord, le terme « Alzheimer » a été clairement prononcé et les informations sur la prise en charge médicamenteuse ont été transmises à l'aidante. Ensuite, il a été précisé le stade d'évolution de la maladie (« début d'Alzheimer ») ainsi que les troubles du comportement associés pour ce patient (Alzheimer violent).

Le questionnaire apporte d'avantage d'éléments sur l'annonce : le médecin s'est montré agréable avec l'aidante, a répondu à ses questions et a fait preuve d'empathie. Cependant, il n'a pas demandé au sujet ce qu'elle voulait connaître des troubles de son mari, ce qu'elle en savait déjà et certains éléments de la prise en charge n'ont pas été expliqués (évolution, avenir...). De manière générale, l'aidante estime tout de même être satisfaite de la manière dont l'annonce lui a été faite ainsi que de la relation entretenue avec le médecin.

- Perception de la réaction du parent à l'annonce

L'époux de l'aidante était présent pour une partie de l'annonce du diagnostic : le terme « maladie d'Alzheimer » a été posé mais les médecins ont expliqué la forme violente uniquement à l'aidante.

La perception que l'aidante a de la réaction de son mari lors de l'annonce s'avère correspondre à la personnalité antérieure de cet homme. Le patient a eu une réaction de refus actif de la maladie.

D'une part il a entendu le diagnostic et à tenté de s'en défendre. L'aidante perçoit son mari comme très volontaire et éprouve une certaine admiration pour lui.

D'un autre côté, le patient, au quotidien, refuse sa maladie en voulant à tout prix réaliser tout lui-même, ce qui lui provoque un énervement et un refus lorsqu'il échoue dans ce qu'il fait. Cette réaction est en concordance avec la personnalité antérieure du patient, car il est décrit par son épouse comme étant très exigent et très décideur auparavant, trait de personnalité accentué avec la maladie.

La dernière phrase de l'entretien est intéressante à ce sujet : l'aidante évoque tout au long de l'entretien le souhait profond de son mari de guérir et d'avancer. A la fin de l'entretien, elle précise qu'elle aussi le souhaite. Cela traduit peut être la manière dont elle rejoint son époux malgré les difficultés éprouvées autour de son refus d'admettre la maladie.

- Réactions, mécanismes de défenses, stratégies de coping

La première réaction traduite par le discours de l'aidante est le déni de la maladie : lors de la question sur ses réactions à l'annonce, celle-ci est très confuse et dit « non » six fois dans les deux premières phrases. Elle se demande « est ce que dans ma tête je... ? » mais ne finit pas sa phrase et explique qu'elle ne s'était pas rendu compte tout de suite. Après cette phase de refus de la maladie, l'aidante a pris la décision de rechercher des informations sur la maladie d'Alzheimer auprès de proches et par les médias. Cela induit que cette étape lui a permis de s'approprier la maladie et de lui donner un sens.

Tout au long de l'entretien, l'aidante exprime des inquiétudes proches des dimensions concrètes de la réalité (voyage de son époux, organisation...). Selon les explications données par Pouillon (2003) sur ce sujet, ces inquiétudes peuvent permettre de contenir les angoisses de type objectales en leur donnant un espace psychique et une représentation. De plus, l'aidante cherche à se rassurer en expliquant à maintes reprises qu'il ne s'agit qu'un début d'Alzheimer. [35]

Enfin, ce qui inquiète le plus l'aidante est la violence et l'agressivité dont fait preuve son mari de manière générale et envers elle. Il apparait qu'elle a du mal à se protéger contre cela et à trouver des solutions adéquates en réponse à cette violence. La mise en place d'un « coping évitant » parait avoir été conseillée par les médecins qui lui proposent de fuir la situation quand son mari est en proie à un énervement considérable. Cependant, un « coping vigilant » parait davantage utilisé par l'aidante qui recherche de l'information autour d'elle ainsi qu'un soutien social auprès de sa belle-fille et des ses amies vivant la même situation.

Entretien 5

Analyse de l'énonciation

-Rythme et style de l'entretien 

Les phrases du discours de cette aidante s'enchaînent de manière logique et compréhensible. Nous ne remarquons pas de coupures brusques dans l'énonciation ou de ruptures dans les idées : l'entretien est linéaire sans interpolations ni confusion.

Un élément important qui peut être noté à travers l'analyse de l'énonciation est l'énervement dont fait preuve l'aidante à plusieurs moments. Cette émotion se traduit par un haussement de la voix et une accélération du débit de parole. Cet énervement apparait lorsque le sujet aborde les critiques faites au système de santé autour de sa mère et au manque de prise en charge qu'elle observe.

Interprétation de l'analyse thématique et de l'énonciation, réalisation d'un lien avec les résultats obtenus au questionnaire.

Analyse des mécanismes de défense à l'annonce, des circonstances selon lesquelles le sujet est devenu aidant, de la perception de la qualité de l'annonce et de la réaction du parent.

- Découverte de la maladie

Ce sont des troubles cognitifs (répétitions verbales) et une désorientation spatio-temporelle qui ont alertés l'aidante sur la maladie de sa mère. Suite à ces observations, celle-ci a conduit son parent en consultation mémoire où le diagnostic de la maladie d'Alzheimer a été posé. Il s'avère que la maladie n'est pas acceptée par l'ensemble de la famille de l'aidante. Effectivement, elle évoque le déni de son entourage des troubles de sa mère et même l'accusation d'avoir elle-même la maladie d'Alzheimer, d'être « folle ». Nous pouvons voir ici que l'annonce de la maladie a perturbé la dynamique familiale. Selmés et Derouesné (2007), parle de « famille négationniste » qui pratique le déni comme moyen de défense de la maladie du proche.

- Devenir aidant

La fille de la patiente est devenue aidante principal, de la même manière que son frère. Une division des tâches a pu être mise en place entre ces deux personnes. Nous pouvons ainsi émettre l'hypothèse selon laquelle le sujet est devenu aidante naturellement. Il s'agit ici d'une « désignation inconsciente ».

- Perception de la qualité de l'annonce

L'aidante ne répond pas directement à la question de la qualité de l'annonce de la maladie de sa mère. Néanmoins, cette annonce a été de qualité : des informations ont été transmises sur la prise en charge médicamenteuse et sur l'avenir, le terme « maladie d'Alzheimer » a été clairement énoncé et l'aidante dit avoir après des choses lors de cette annonce même si elle s'attendait au diagnostic.

Le sujet évoque par contre tout au long de cette séquence les divers troubles comportementaux et cognitifs de sa mère ainsi que leur évolution.

- Perception de la réaction du parent à l'annonce

La mère de l'aidante a été mise au courant de la pathologie dont elle souffre et ceci en communiquant sur ce sujet et en annonçant sa pathologie à ses proches. Cependant, une réaction de refus des symptômes s'est installée au début de la maladie : la patiente se mettait en colère lorsqu'elle s'apercevait de ses pertes de mémoire.

- Réactions, mécanismes de défenses

La première réaction de l'aidante a été un soulagement, de pouvoir poser un mot sur le trouble dont elle s'était aperçue et d'accéder à des traitements pour sa mère. Le sujet reconnait elle-même au cours de l'entretien « ça nous fait du bien à nous » lorsqu'elle évoque l'annonce ou la prise en charge. L'entourage de l'aidante n'a pas reconnu la maladie de la patiente et ses troubles : le diagnostic médical lui permet peut-être de montrer la réalité aux autres membres.

Ensuit, après l'annonce, l'aidante dit avoir « foncé », ce qui peut traduire l'utilisation d'un coping centré sur le problème (mise en place de l'aide, organisation matérielle...). Il a pu s'agir pour elle de rechercher d'informations, d'élaborer des « plans d'actions » et des actions directes.

Entretien 6

Analyse de l'énonciation

-Rythme et style de l'entretien :

L'ensemble de l'entretien se déroule de manière logique, les idées s'enchaînent sans blocages. Le discours est fluide, nous n'avons pas besoin de relancer l'aidante car son expression est très riche.

Cependant, nous pouvons remarquer que celle-ci contrôle ses émotions pendant plus de la moitié de l'entretien et que ce contrôle est lâché de manière brutale à la question sur ses réactions au moment de l'annonce. Les larmes et le silence prennent alors place au sein de l'entretien, ce qui nous amène à arrêter l'enregistrement dans un souci de respect de la personne. De même, les pleurs resurgissent en fin d'entretien lorsque l'aidante évoque ses relations mère/fille. Nous pouvons alors émettre l'hypothèse selon laquelle le sujet libère ses émotions et diminue son contrôle au fur et à mesure de l'entretien pour finalement laisser entrevoir les difficultés affectives engendrées par l'annonce de la maladie.

- Elément atypique : le lapsus :

L'aidant évoque « un problème d'audition » en parlant de sa maman au lieu de dire un « problème de mémoire ». Le lapsus traduit l'insistance non maîtrisable d'une idée refoulée. Ici, le sujet se rend compte néanmoins juste après de son erreur. Nous pouvons nous demander si ce lapsus n'entre pas en rapport avec le fait que sa mère refuse la maladie (ce dont l'aidante parle juste après) ou s'il n'existe pas un lien avec le fait que l'aidante dénie elle-même la maladie de sa mère.

- Elément non verbal : rire.

L'aidante rit sept fois tout au log de l'entretien. En repérant les moments de l'utilisation de ce moyen de communication non verbale, nous nous sommes aperçus que le sujet riait trois fois lorsqu'elle évoque des anecdotes, une fois pour parler de sa relation mère/fille (mais elle pleure à la seconde fois où le sujet est évoqué), deux fois pour évoquer des formations professionnelles dans le milieu sociale et enfin une fois lors de son lapsus.

Nous pouvons nous demander si le rire ne permet pas à l'aidante de se détacher de son discours et surtout des affects douloureux qui y sont associés. Le rire est par exemple présent lors du thème sur les relations mère/fille alors qu'elle pleure lorsqu'elle parle de ce sujet un peu plus tard dans l'entretien : le rire traduit peut-être un moyen de dissimuler un vécu difficile.

Interprétation de l'analyse thématique et de l'énonciation, réalisation d'un lien avec les résultats obtenus au questionnaire.

Analyse des mécanismes de défense à l'annonce, de la manière dont le sujet est devenu aidant, de la perception de la qualité de l'annonce et de la réaction du parent.

- Découverte de la maladie

L'aidante s'est aperçue de troubles de la mémoire de sa mère mais a mis cela sur le compte de son âge avancé. Ces troubles ont finalement amené le sujet à prendre rendez-vous chez un gériatre pour pratiquer des examens. C'est ce dernier qui a annoncé à l'aidante la maladie d'Alzheimer de sa mère.

- Devenir aidant

Selon Lavoie (2002), des règles vont intervenir dans le choix de devenir aidant. Ici, la proximité géographique est l'explication principale dans le fait que le sujet soit devenu l'aidante principale. De plus, le thème des relations mère/fille est évoqué deux fois au cours de l'entretien, ce qui peut laisser supposer que la proximité de l'aidante et de sa mère a influencé l'assignation dans le rôle d'aidante principal. [20]

- Perception de la qualité de l'annonce

L'aidante explique qu'elle a trouvé le gériatre très professionnel lors de l'annonce de la maladie et qu'il est allé droit au but. Cependant, le sujet souligne le manque d'humanisme dans la consultation menée par le médecin : celui-ci n'a pas fait preuve d'empathie lors de l'entretien.

- Perception de la réaction du parent à l'annonce

Il s'avère que le parent souffrant de la maladie d'Alzheimer a refusé d'admettre sa pathologie. L'aidante évoque deux éléments autour de ce refus : la manière de vouloir poursuivre sa vie comme elle était antérieurement ainsi que de minimiser ses troubles de mémoire. Le déni a ainsi été le principal mécanisme de défense mis en place par le parent lors de l'annonce. Ce refus s'est basé sur l'action au sein de son quotidien.

- Réactions, mécanismes de défenses, stratégies de coping

L'aidante a eu deux réactions contradictoires lors de l'annonce de la maladie de sa mère. Tout d'abord, l'effondrement émotionnel a été la première réaction : à l'annonce, l'aidante a imaginé l'évolution de la maladie et explique avoir eu un moment très difficile à passer. L'énonciation du sujet renforce cette idée d'effondrement : le fait d'évoquer son vécu de l'annonce, l'aidante se met à pleurer et ses émotions resurgissent.

Un second sentiment s'est associé à ce vécu difficile : l'aidante a semble-t-il ressenti un soulagement de savoir de quoi souffrait sa mère et de poser les choses en terme d'organisation.

Enfin, en matière de type de coping, il apparait que l'aidante a mis en place un coping vigilant centré sur la recherche de soutien, auprès de ses fils et surtout de son époux. Le renforcement des liens familiaux autour de la grand-mère permet au sujet de s'appuyer sur ses proches.

Entretien 7

Analyse de l'énonciation

Lors de l'analyse catégorielle de l'entretien, il nous a semblé important de souligner certains aspects du discours :

- Agencement et dynamique du discours 

Tout d'abord, il est important de souligner que le discours de l'aidant est très bref. Il répond de manière succincte à chaque question, sans élaborer autour de ses émotions ou de son vécu. La fin du premier thème montre bien la volonté du sujet de maîtriser son discours et de limiter ses propos : il termine son explication sur la découverte de la maladie de son épouse par « je crois qu'il n'ya rien d'autres à ajouter là ». Cette phrase ne laisse ainsi pas la possibilité de relance. L'ensemble de l'entretien contient des propositions logiques sans failles dans le discours.

Ensuite, lors de l'analyse globale de l'entretien, nous pouvons nous apercevoir que le terme « maladie d'Alzheimer » n'apparaît pas une seule fois dans le discours de l'aidant. Le sujet évoque les symptômes de la maladie et le terme employé par le médecin « lésions irréversibles » mais pas de la maladie elle-même. Nous pouvons nous demander ce que cette absence signifie dans le discours de l'aidant : est-ce le signe du déni de la maladie de la part du sujet, même s'il est bien conscient de l'ensemble des troubles engendrés ? Ou bien la peur de ce terme et de tout ce qu'il signifie, comme lorsqu'il évoque l'appréhension de l'avenir ?

- Analyse non verbale

§ le silence : Chaque séquence se termine par un silence, parfois un peu pesant, qui oblige l'interviewer à proposer le thème suivant immédiatement. L'aidant n'a pas envie d'élaborer autour des sujets proposés et paraît réticent à parler de son vécu autour de l'annonce, de ses émotions.

§ La toux : Lorsque nous demandons au sujet d'expliquer ses réactions à l'annonce du diagnostic de la maladie d'Alzheimer de son épouse, celui-ci se met d'abord à tousser. Outre l'association à un rhume par exemple, nous pouvons nous demander si cela ne traduit pas la difficulté de l'aidant à évoquer ce sujet et si la toux ne remplacerait pas les émotions impossibles à exprimer.

Interprétation de l'analyse thématique et de l'énonciation, réalisation d'un lien avec les résultats obtenus au questionnaire.

Analyse des mécanismes de défense à l'annonce, de la manière dont le sujet est devenu aidant, de la perception de la qualité de l'annonce et de la réaction du parent.

- Découverte de la maladie

C'est la patiente elle-même qui a alerté son époux au sujet de difficulté mnésiques qu'elle éprouvait. Un rendez-vous avec le gériatre a ensuite été pris pour réaliser des tests.

- Devenir aidant

Le sujet est devenu aidant de manière tout à fait naturelle, car il vit avec la patiente et leurs enfants sont éloignés géographiquement : aider son épouse lui incombait obligatoirement.

- Perception de la qualité de l'annonce

L'aidant dit avoir la vision d'une annonce « normale » sur la forme de celle-ci, mais n'explique pas pourquoi. L'annonce du terme « maladie d'Alzheimer » n'a pas été faite clairement mais le médecin a parlé lors de la consultation de « lésions irréversibles ». Une autre séquence de l'entretien montre que le sujet a reçu des informations sur les possibilités de traitements de la maladie de son épouse.

Le discours de l'aidant ne révèle aucunes autres informations sur la qualité perçue de l'annonce.

Nous nous intéressons au questionnaire, et plus particulièrement aux questions portant sur la manière dont a été réalisée l'annonce. D'une manière générale, l'analyse de cette partie montre que le sujet a une perception positive de la manière dont s'est déroulée l'annonce de la maladie : 5/5 pour la qualité des relations avec le médecin et 4/5 pour le ressenti sur la manière dont a été réalisée l'annonce. Cependant, le médecin n'a pas évoqué clairement le nom « maladie d'Alzheimer » mais l'a remplacé par un terme peu recevable car difficile à entendre et technique : « lésions irréversibles ». Ensuite, le médecin n'a pas trop abordé la question de l'avenir, point sur lequel le sujet dit avec une appréhension. L'annonce des différentes informations a été réalisée pour une grande majorité (prise en charge, traitements, troubles...) et le médecin parait s'être montré à l'écoute.

- Perception de la réaction du parent à l'annonce

L'aidant explique que, selon lui, son épouse a réagit de façon « normale » lors de l'annonce de la maladie. Mais il n'explique pas ce qu'il entend par normal ou par personne équilibré. Il dit simplement que sa femme est consciente de ses troubles de mémoire et des « choses qu'elle avait perdu », mais ne rentre pas dans les détails de ses réactions. L'aidant n'a cependant pas mal vécu la réaction de son épouse à l'annonce.

- Réactions, mécanismes de défenses

La première réaction du sujet, même s'il s'attendait à cette annonce, a été l'effondrement émotionnel : il explique avoir été « catastrophé » par l'annonce et particulièrement inquiet pour l'avenir. De plus, le sujet évoque sa perte d'autonomie. Ses difficultés s'orientent ainsi surtout autour de la gestion quotidienne et sur les changements d'organisation et de mode de vie. L'aidant essaye de relativiser en se disant que la situation pourrait être pire mais il se rend compte que ses soucis lors de l'annonce étaient fondés.

L'acquiescement passif a pris place après la sensation de catastrophe. Le sujet évoque plusieurs fois le mot « normale » et ne parle pas du tout dans l'entretien des choses qu'il a mis en place autour de sa femme ou de la recherche d'information et de soutien face à la maladie. L'aidant parait avoir accepté la pathologie sans chercher à comprendre, à faire évoluer la situation d'une manière ou d'une autre.

Entretien 8

Analyse de l'énonciation

-Rythme et style de l'entretien 

L'entretien est linéaire, sans failles logiques ni interruptions. Le sujet explique de manière sobre son vécu concernant la découverte et l'annonce de la maladie d'Alzheimer de son époux, sans lyrisme. Cependant, les émotions transparaissent peu au niveau de l'énonciation. Un élément important peut être noté : le sujet ne répond pas à la question sur la manière dont elle est devenue l'aidante principale. Effectivement, lorsque nous abordons ce thème, elle répond en expliquant les réactions de son époux à l'annonce. Même lors de la relance, l'aidante parait ne pas entendre le thème questionné et dit à nouveau « c'était quand même un certain refus ». Le thème de l'aide est sans doute difficile à aborder par le sujet qui occulte la question pour se baser sur le refus de son mari à accepter la maladie.

Interprétation de l'analyse thématique et de l'énonciation, réalisation d'un lien avec les résultats obtenus au questionnaire.

Analyse des mécanismes de défense à l'annonce, des circonstances selon lesquelles le sujet est devenu aidant, de la perception de la qualité de l'annonce et de la réaction du parent.

- Découverte de la maladie

Ce sont des troubles de mémoire qui ont alerté l'aidante et qui l'ont poussé à prendre rendez-vous chez un médecin pour que son mari réalise des tests.

- Devenir aidant

L'aidante refuse, certainement inconsciemment, de parler de ce thème, en occultant la question et en abordant le refus de la maladie de la part de son mari. Même lorsque nous la relançons sur la manière dont elle est devenue aidante, celle-ci semble ne pas entendre et réponds par la perception de la réaction de son mari.

- Perception de la qualité de l'annonce

L'annonce s'avère s'être déroulée dans de très bonnes conditions, suivant les recommandations lors de ce type de consultation. Tout d'abord, l'aidante explique avoir été mise en confiance par le médecin et avoir reçu des explications sur les examens réalisés et sur les traitements proposés. L'analyse détaillée du questionnaire montre que la phase « préliminaire » selon Buckman (1994) a été mise en place par le médecin, en demandant à l'aidant ce qu'il voulait savoir des troubles de son mari, en utilisant des mots simples et en faisant preuve d'empathie. Les informations concernant le diagnostic, les traitements, la prise en charge ont été délivrés. Ces éléments positifs dans l'annonce sont confortés par le fait que l'aidante juge excellente les relations entretenues avec le médecin ainsi que le ressenti sur le déroulement de l'annonce. [4]

- Perception de la réaction du parent à l'annonce

Ce thème apparait comme central au sein du discours de l'aidante : celle-ci évoque le refus de la maladie par son mari en réponse à la question sur ce point mais également lors de la séquence sur la manière dont elle est devenue l'aidante principal. La récurrence de ce thème traduit l'importance qu'il a pour le sujet.

L'aidante perçoit la réaction de son époux à l'annonce comme un refus, un déni de la maladie. Elle explique ce refus du diagnostic et des symptômes par le manque d'informations et de connaissances sur la maladie d'Alzheimer. Il s'avère qu'une évolution s'est ensuite opérée dans le ressenti du patient : celui-ci a peu à peu accepté la maladie, par la prégnance de ses troubles, qu'il ne pouvait plus ignorer.

- Réactions, mécanismes de défenses

L'aidante explique son sentiment d'avoir été préparée à l'annonce par sa découverte des troubles de mémoire de son époux. Cependant, le sujet met en avant la difficulté du moment à passé lors de la consultation d'annonce, malgré les bonnes relations entretenues avec le médecin. Ce vécu difficile a très vite laissé place à un sentiment d'espoir par les recherches entreprises au mondial sur cette maladie ainsi que sur les traitements. L'aidante croit en un « médicament miracle » qui pourrait sauver son mari. Nous pouvons dire qu'elle accepte la maladie mais à la seule condition de pouvoir croire en une guérison et en les recherches actuelles.

Entretien 9

Analyse de l'énonciation

Lors de l'analyse catégorielle de l'entretien, il nous a semblé important de souligner certains aspects du discours :

- Agencement et dynamique du discours 

Le discours du sujet est linéaire, sans failles logiques. L'aidant développe ses réponses en exprimant son vécu et ses émotions, sans qu'il y ait besoin de le relancer.

Interprétation de l'analyse thématique et de l'énonciation, réalisation d'un lien avec les résultats obtenus au questionnaire.

Analyse des mécanismes de défense à l'annonce, des circonstances selon lesquelles le sujet est devenu aidant, de la perception de la qualité de l'annonce et de la réaction du parent.

- Découverte de la maladie

L'aidant s'est d'abord questionné sur les pertes de mémoire de son épouse qui l'ont poussé à se rendre en consultation mémoire. Une aggravation brutale de l'état de son épouse a été constatée il y a deux ans, avec une perte d'intérêts, une diminution des activités et un comportement agressif.

- Devenir aidant

Le sujet est l'époux de la patiente, il est ainsi devenu naturellement son aidant principal, de part son lien de mariage et de proximité géographique puisqu'ils habitent ensemble.

- Perception de la qualité de l'annonce

Le sujet ne parle pas du déroulement de l'annonce mais d'une information non délivrée par le médecin et non demandé sur le moment par l'aidant : il évoque trois fois durant l'entretien son questionnement sur l'évolution de la maladie de son épouse et se demande si les médecins le savent eux même. L'aidant regrette d'avoir oublié de poser cette question lui tenant à coeur au moment de la consultation mémoire. Il tente même d'avancer ses propres théories et réflexions sur le sujet pour répondre à sa question et se rassurer. L'analyse du questionnaire va dans le sens de ce manque en ce qui concerne l'évolution de la maladie, le sujet a effectivement répondu « pas du tout d'accord » lorsqu'on lui demande si le médecin a parlé de l'évolution lors de l'annonce.

Cependant, le questionnaire met en avant une annonce de qualité concernant les autre éléments : le médecin s'est montré à l'écoute, a utilisé des mots simples et a répondu clairement aux questions de l'aidant. Certaines informations ont été omises par le médecin, comme les modes de prises en charge, le traitement ou le questionnement sur l'avenir. Le terme « maladie d'Alzheimer » a été évoqué clairement par le médecin au cours de l'entretien. Enfin, la relation entretenue avec le médecin et la qualité de l'annonce ont été très perçu par l'aidant, et noté 5/5 lors du questionnaire.

- Perception de la réaction du parent à l'annonce

Cette question a permis de mettre à jour une certaine confusion autour de la communication au sein du couple, du moins sur le thème de la maladie de l'épouse : le sujet est relativement confus lorsqu'il évoque la réaction de sa femme à l'annonce de la maladie. La première phrase en réponse à la question de l'interviewer va d'ailleurs dans ce sens : « ah, elle sait qu'elle l'a, la maladie d'Alzheimer, non, non ». L'aidant exprime deux éléments contradictoire au sein de cette phrase, ne sachant pas si son épouse a compris de quoi elle était atteinte ou non. Cette confusion est justifiée un peu plus loin dans l'entretien par l'évocation du manque de communication par l'aidant. L'épouse parait avoir quelques notions sur sa maladie et sur les souffrances de chacun des membres du couple mais « on en parle pas, chacun reste sur ses positions ». Cette séquence est très enrichissante car elle permet à l'aidant de mettre à jour l'absence de communication dans le couple autour de la pathologie. Un autre élément du discours montre la connaissance mais le refus de la maladie d'Alzheimer par l'épouse : l'aidant évoque le refus de sa femme d'accepter une aide extérieure au sein de son domicile, ce qui traduit le malaise dans la perception de celle-ci.

- Réactions, mécanismes de défenses

Le sujet a réagit par un acquiescement passif lors de l'annonce de la maladie d'Alzheimer de son épouse. Il dit s'y être attendu et même s'être douté d'une association entre les troubles de sa femme et les symptômes de la maladie alors que les médecins refusaient d'évoque cette pathologie. L'aidant dit ne pas avoir été choqué ni frappé par l'annonce. Selon les éléments théoriques sur ce thème, cette réaction peut traduire un blocage des affects, comme si le sujet était en état de sidération mais que cela se manifestait sous forme d'acquiescement. Pouillon (2003) explique que cela peut également traduire le refus d'admettre la réalité ou une incompréhension. [35]

Entretien 10

Analyse de l'énonciation

Lors de l'analyse catégorielle de l'entretien, il nous a semblé important de souligner certains aspects du discours :

- Agencement et dynamique du discours 

Le discours de l'aidant est organisé de manière logique, sans failles ni blocage particuliers. Il apparait cependant que le sujet exerce un certain contrôle sur ses dires au début de l'entretien, en évoquant des faits de façon objective et sans laisser transparaitre ses émotions. C'est à la question sur la qualité de l'annonce que l'aidante lâche son contrôle et que les émotions liées au vécu de cette annonce peuvent apparaître. C'est à ce moment de l'entretien que les mots laissent place au silence et aux larmes. Un arrêt de l'enregistrement est alors nécessaire, par respect pour le sujet. Nous reprenons une fois qu'elle se sent plus à l'aise et que ses pleurs ont cessé. L'entretien sera coupé par la sonnerie du téléphone portable de l'aidante, sur quoi nous arrêterons l'enregistrement.

Interprétation de l'analyse thématique et de l'énonciation, réalisation d'un lien avec les résultats obtenus au questionnaire.

Analyse des mécanismes de défense à l'annonce, des circonstances selon lesquelles le sujet est devenu aidant, de la perception de la qualité de l'annonce et de la réaction du parent.

- Découverte de la maladie

La découverte de la maladie ne s'est pas faite par l'aidante elle-même, car elle se trouvait plutôt en situation de déni, mais par son époux et le médecin généraliste, ayant observé des troubles du comportement chez la patiente. L'aidante cherche d'autres causes à ces troubles, comme lorsqu'elle pense à des troubles dépressifs survenus après le décès de son père.

- Devenir aidant

Le sujet est devenu l'aidante principale au fur et à mesure de l'avancée de la maladie, et cela de manière naturelle car elle est l'unique fille de la patiente et est revenue au sein du village de sa mère depuis quelques temps. Le rapprochement géographique et le lien familial expliquent comment le sujet est devenu aidante.

- Perception de la qualité de l'annonce

Le médecin a fait preuve d'une grande empathie à l'annonce du diagnostic : l'aidante évoque la manière dont celui-ci l'a rassuré et a pris les choses en mains pour la passation de tests et des examens médicaux. Cependant, l'entretien n'apporte pas d'autres éléments sur la qualité perçue de l'annonce. Le questionnaire montre que l'annonce réalisée correspond aux recommandations des auteurs sur ce thème : le temps des « préliminaires » a été respecté et le médecin a transmis l'ensemble des informations accompagnant le diagnostic (hormis les différentes prises en charge). De plus, ces éléments sont confirmés par la perception très positive de l'aidante concernant les relations entretenues avec le médecin lors de l'annonce ainsi que la manière dont celle-ci a été réalisée.

- Perception de la réaction du parent à l'annonce

La patiente n'est pas au courant de sa pathologie, et cela sur la demande du neurologue. L'aidante a évoqué ce thème avec sa mère mais en lui expliquant qu'elle souffrait de troubles de mémoire, sans spécifier le nom de la maladie. La patiente ne pose pas non plus de questions à son entourage.

- Réactions, mécanismes de défenses, stratégies de coping

La première réaction du sujet lorsque les signes de la maladie d'Alzheimer de sa mère devenaient évidents, a été le déni. L'aidante a expliqué les troubles par la dépression de sa mère suite au décès de son mari, mais n'a pas voulu admettre le rapprochement avec la maladie d'Alzheimer.

Le déni du diagnostic est considéré par Pouillon (2003) comme le refus de la maladie et l'entourage peut demander des explications exhaustives ou même menacer le praticien d'aller chercher un deuxième avis. Ici, l'aidante s'est dit que le médecin s'était certainement trompé lors de l'annonce, qu'il s'agissait d'autre chose. La démence semblait survenir pour la fille sans qu'elle ne s'y attende : elle refuserait dans ces conditions in consciemment de se préparer à cette déchéance annoncée, il s'agirait ainsi d'une forme de déni. [35]

Au moment même de l'annonce, la réaction principale a été l'effondrement émotionnel. Le déni mis en place depuis un certain temps, et qui permettait de sauvegarder la dynamique familiale, s'écroule avec l'annonce. L'aidante explique avoir été profondément choquée par l'annonce, s'être effondrée, et accompagne ses paroles par des pleures : nous pouvons percevoir à quel point ce vécu est difficile.

Ensuite, l'aidante a fait preuve de coping centré sur le problème pour admettre la maladie et surtout pour y faire face. Sa réaction, basée sur « l'actif » a ainsi été de poser des questions, de chercher du soutien auprès de son mari, de rechercher une institution pour le placement de sa maman... Cette stratégie de coping permet la résolution du problème de manière immédiate car elle permet de ne pas penser aux affects associés à la maladie mais de se centrer sur les éléments matériels et sur l'organisation qui en découle. Ici, l'aidante élabore un plan d'action pour la prise en charge en institution, ce qui lui permet de diminuer son angoisse.

Nous pouvons également percevoir par le discours de l'aidante le vécu d'angoisses narcissiques : elle éprouve la crainte que la pathologie ne soit héréditaire et pose au praticien la question de la transmission (qui témoigne de la manière dont elle perçoit le lien à travers la filiation). Cette peur est d'ailleurs exprimée par la dernière phrase de l'entretien, qui témoigne une angoisse pour sa mère, face à l'organisation mais aussi du futur, en lien avec la possible transmission de la maladie d'Alzheimer.

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