1.3 Les problèmes posés par les transports de
passagers
Comme nous l'avons vu auparavant, les transports sont moteurs
de développement économique, contribuent au désenclavement
et sont nécessaires au tourisme mais ils posent également de
nombreux problèmes, notamment en terme de pollutions. D'après
l'OCDE, l'UNESCO et le PNUE, 22% de l'effet de serre serait dû aux
émissions que produisent les déplacements de loisirs.
Un manque de développement harmonieux des politiques
communes de transports a mené à une croissance inégale des
différents modes de transport, à des embouteillages et a eu un
impact nuisible sur l'environnement comme le souligne le livre blanc de la
commission européenne sur la politique de transport de septembre
2001.
La voiture et l'avion sont les moyens de transports les plus
utilisés pour se rendre en vacances mais ce sont aussi les moyens de
transports les plus polluants. Les nuisances occasionnées ont un
coût externe. En 2000, les coûts externes actuels du transport
aérien ont été estimés à 90,924 milliards
d'€ par an, soit 52,5€/1000 passager-km. Ce chiffre donne une
idée de ce qu'il faudrait ajouter au prix du billet pour un voyage
d'environ 1000 km, un aller retour Londres-Berlin par exemple, de façon
à internaliser les coûts.
Intéressons-nous à ces nuisances, quelles sont
elles et quelle est leur importance ?
1.3.1 Pollution de l'air
Les transports, avions, voitures et autres, ont besoin
d'énergie pour fonctionner. Cette énergie est produite pour quasi
tous les véhicules par la combustion de carburants. Outre le fait que
les ressources pétrolières s'amenuisent, la combustion de ces
carburants produit des gaz et des particules qui sont rejetés dans
l'air. Ces gaz et particules ne sont pas sans conséquences sur la
santé humaine et sur la planète en général.
Les principales émissions des moteurs sont le dioxyde
de carbone (CO2), l'oxyde d'azote (Nox), l'Hydrocarbure (Ho), les hydro
fluocarbures (HFC), et les particules.
Le rejet de ces gaz est en partie responsable de l'effet de
serre. L'effet de serre est un phénomène naturel qui est
aujourd'hui amplifié par l'émission de gaz rejetés par les
véhicules à moteur. Cette amplification pourrait avoir de graves
conséquences sur notre planète puisque certains experts affirment
que nous sommes aujourd'hui dans une phase de réchauffement climatique
rapide qui est d'après eux, d'origine anthropique.
Les gaz et particules ont également des impacts
très négatifs sur la santé humaine et sont responsables de
nombreuses infections respiratoires, de nombreuses formes d'asthme et du
développement de certains cancers.
Les différents types de véhicules ne consomment
pas les mêmes quantités de carburants et n'émettent donc
pas les mêmes quantités de gaz et particules. Comme le montre les
schémas suivants, l'avion est sur la première marche du podium en
terme de consommation et de pollution puisqu'il est le plus gros consommateur
et aussi le plus pollueur.
Consommation et taux moyen d'occupation par
différents types de transport
Source : OFS, 2002
Comme le montre ce graphique, l'avion est le mode de transport
le plus gros consommateur de carburants. Cette consommation est plus importante
pour les courts trajets puisque le décollage et l'atterrissage qui sont
gros consommateurs sont répartis sur moins de kilomètres.
La voiture est le transport utilisé avec le plus faible
taux d'occupation avec 37% contre 45% pour le train et 66% pour l'avion. Avec
une moyenne de 1,85 personnes par véhicule en moyenne.
Enfin, le train est le moyen de transport le plus
économique en terme de consommation de carburants mais avec seulement
45% de taux d'occupation.Emissions de CO2, en
kg/km/personne
Source : Environnement Suisse, politiques et
perspectives, Office fédéral de l'Environnement (Ofefp),
2002.
L'avion est le plus gros pollueur en terme d'émissions
de CO2 par km et par personne. Les vols courts sont les plus gros consommateurs
mais aussi les plus polluants par rapport à la distance parcourue :
les émissions très importantes dégagées lors du
décollage et de l'atterrissage sont réparties sur moins de
kilomètres.
La voiture est également très polluante
puisqu'elle émet presque autant de CO2 qu'un avion long courrier.
Le train est de loin, le moins polluant des modes de
transports.
Efficacité des transports
Source: Energy: A Guidebook, Janet Ramage, 1997
Légende : Passenger kilometers per
liter : Kilomètres-passager par litre ; Private
jet : avion privé (a réaction) ;
Commercial aircraft : Avion de ligne ; Steam
train :Train à vapeur ; Diesel
train : Train Diesel ; Electric Intercity
Train : Train Intercity électrique ; Electric
commuter train : Train régional électrique (RER, TER) ;
Single decker bus : Autobus ; Double-decker bus : Autobus
à étage ; Long-distance coach : Autocar longue
distance ; Medium diesel car :
Voiture moyenne Diesel ; Large car : Grosse
voiture ; Medium car : Voiture Moyenne ; Small
car : Petite voiture
Ce tableau démontre le rendement relatif des
différentes formes de transport (avec un taux moyen d'occupation), en
prenant en compte le nombre de passagers transportés (c'est pour
ça que les autobus sont meilleurs que les voitures) et l'énergie
nécessaire pour se déplacer d'un kilomètre (d'où le
mauvais résultat des avions).
Prendre l'avion pour se rendre à une destination
touristique est donc le premier et le plus important geste polluant que nous
effectuons avant même de commencer à apprécier notre
destination et notre activité touristique.
Faisons le point sur les émissions que
représente un mois de vacances pour nous donner une idée de la
part des transports dans ces émissions.
Emissions en gaz à effet de serre pour un mois
de vacances
- randonnée à vélo (départ en
train) : 80 kg d'équivalent carbone
- camping sous tente : 91 kg d'équivalent
carbone
- séjour dans une maison ancienne : 118 kg
d'équivalent carbone
- camping en caravane : 162 kg d'équivalent
carbone
- séjour en location : 188 kg d'équivalent
carbone
- séjour en résidence secondaire
récente : 468 kg d'équivalent carbone
- séjour aux sports d'hiver (voyage en voiture) :
580 kg d'équivalent carbone
- séjour en hôtel au Maroc (voyage en
avion) : 1 056 kg d'équivalent carbone
Source : L'écologie de paresseuses,
Sophie Derek, édition Marabout, avril 2006
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