2.2.2 Un nouveau
concept : le tourisme lent
En 1986, Carlo Petrini lance le «Slow food» pour
contrer le développement des fast food et la standardisation culinaire.
Ce mouvement vise à sauvegarder la biodiversité et le patrimoine
alimentaire mondial. Le concept est basé sur le goût,
l'authenticité et la diversité et met en valeur les produits du
terroir et le savoir-faire des artisans.
En 1999, toujours en Italie, le mouvement «Slow
cities» voit le jour. Les villes de plus de 50 000 habitants qui
souhaitent améliorer la qualité de vie des habitants en
s'appuyant sur la préservation des particularités du milieu, la
qualité de l'accueil et les bonnes pratiques environnementales.
Quelques années plus tard en Suisse, le mouvement
«Slow travel» ou «tourisme lent» fait son apparition. Le
tourisme lent repose sur deux principes : prendre son temps et s'immerger
dans le lieu visité. Il se traduit par un état d'esprit mais
aussi par les moyens utilisés pour découvrir les environs, la
façon de vivre des habitants.
Ce type de tourisme favorise le respect de l'environnement. On
préférera par exemple les transports en communs ou les transports
non motorisés aux véhicules individuels, on favorisera
également les produits de terroirs de l'épicerie locale aux
produits standards de l'hypermarché le plus proche. On appréciera
la cuisine traditionnelle plutôt qu'un steak-frites, et de boire un bon
café sur la place du village plutôt qu'un
« instantané » dans la cuisine de la location.
Ainsi, petit à petit on se fera connaître au village et les
autochtones nous donneront de bons conseils pour une balade en montagne ou un
endroit paisible pour un pique nique au bord de l'eau. La location que l'on
aura choisie sera de préférence labellisée ou conforme aux
standards de construction écologique donc peu consommatrice
d'énergie et d'eau. On deviendra donc acteurs des vacances plutôt
que spectateurs. Au lieu de se précipiter sur les lieux
« à voir absolument » dans les 100 kilomètres
à la ronde, on choisira d'apprécier ce qui est juste autour de la
location, topographie, patrimoine naturel, culturel et bâti,
particularités... pour enfin comprendre ce qui lie les hommes à
leur terre, à la nature, à leur environnement.
Le tourisme lent, c'est la redécouverte des 5 sens en
décélérant le quotidien, en oubliant la course aux
loisirs. En changeant de mode de transport et en réduisant la
mobilité, on appréciera le calme, on échappera enfin au
stress.
En 2001, l'association Mountain Wilderness Suisse lance un
projet de tourisme lent dans la région du Mont Blanc en collaboration
avec les résidents. Le projet « Butiner au Pays du Mont
Blanc » voit le jour. Inspirés du projet pilote
« Région Modèle Göschenen » lancé
par la même association en 1998, les mêmes thèmes sont
retenus, adaptés et enrichis : Alpinisme et agriculture de
montagne, alpinisme et gestion des refuges, alpinisme et transport, alpinisme
et protection des sites.
Après plusieurs semaines de travail et de
réflexion, un recensement a été effectué en 2002
pour la publication d'un dépliant avec une carte, une soixantaine de
propositions de découvertes et quelques itinéraires de
randonnée en 2003.
L'année suivante la publication est enrichie par douze
nouvelles propositions de découvertes. Deux fils conducteurs, l'un
sociologique (la montagne en relation avec l'homme) et l'autre historique
(l'histoire régionale à travers les voies de communication),
forment avec les principes du tourisme lent, un cadre pour présenter ce
tourisme dans la région du Mont Blanc côté suisse. Une
carte de la région présente les offres et les itinéraires
qui les relient. Enfin, une liste de manifestations annuelles et une petite
bibliographie sur la région complètent l'information.
Ce dépliant est un moyen de communication essentiel
mais le coeur du projet reste la création d'un réseau de
prestataires qui commence à prendre forme. A terme, le but est
l'autogestion assumée par les prestataires ou par une structure
enracinée dans la région.
Le projet a bénéficié du soutient
financier des communautés locales qui se montrent très
intéressées par le projet. En effet, pour la publication du
dépliant, une aide financière proportionnelle au nombre d'offres
sur leur territoire a été versée par les
communautés locales.
L'association ALPINE PEARLS a pour vocation la promotion du
tourisme durable avec une mobilité respectueuse de l'environnement. Elle
relie des régions et des communes partenaires sur tout l'espace alpin.
Il s'agit du résultat de deux projets européens à
l'initiative du ministère autrichien de l'agriculture et de la
forêt, de l'environnement et de l'eau. Le projet regroupe 17 communes
dans cinq pays européens : Italie, Suisse, France, Allemagne et
Autriche. L'association oeuvre pour le regroupement et l'élargissement
d'initiatives isolées dans le but de la création d'un label
assurant un minimum de critères clairement définis. Les
vacanciers bénéficient d'une mobilité organisée sur
place et du cadre de localités alpines pittoresque. Les communes n'ont
pas d'installations industrielles et d'entreprises émettant un taux
important de pollution sur leur territoire. Elle s'engage à gérer
le trafic, à mettre en place des zones piétonnes et à
déposer des décrets contre la nuisance sonore.
Les conditions pour devenir « Perle des
Alpes » sont d'être accessible 4 fois par jour en train ou en
bus, de proposer un service de bagage, des transferts des touristes vers les
circuits de randonnées pédestre et cycliste (y compris le
transport des vélos). Enfin, la localité doit être proche
d'un parc naturel.
Il s'agit une fois encore d'apporter un service complet au
client au niveau de la mobilité qui lui permettra de découvrir
à son rythme son nouvel environnement.
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