République du Sénégal
Un peuple Un but Une foi
Ministère de l'éducation
Ministère délégué chargé de
l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle
Direction de l'Enseignement
Supérieur
Institut Africain de Management
B.P 15391 Dakar - 7606 Mermoz/ Tél. :00221 825 16
16
E-mail :
iam@sentoo.sn/ Site web :
www.iam.sn
Thème :
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES POUR L'OBTENTION DU MASTER 1 IN
BUSINESS ADMINISTRATION (MBA1)
Option : Finance/Banque
Présenté et soutenu par :
Encadré par :
M. Allamine Mahamat Mbodou M. Omar Bâ, Professeur de
techniques bancaires
Année académique : 2006 -
2007
Ce mémoire est dédié à mon
regretté papa, M'Bodou Mahamat, qui nous a
quitté en cette date du vendredi 16 Mai 2003 et
qui m'a toujours poussé et motivé dans mes
études. Sans lui, je n'aurais certainement pas fait d'études
longues. Ce mémoire représente donc l'aboutissement du soutien et
des encouragements qu'il m'a prodigués tout au long de ma
scolarité. Qu'ils en soient remerciés par cette trop modeste
dédicace et que la tombe lui soit légère.
Je dédie également ce travail :
ü A toi ma très chère mère
Mabrouka Hamat, que ce travail soit pour toi un début
de récompense d'amour et de souci pour la réussite de tes
enfants!
ü A toi ma grande soeur Fatimé
M'Bodou pour la confiance que tu as placée en moi et
grâce à toi je suis arrivé à ce niveau
d'études !
ü A mes frères et soeurs, Abdramane, AbbaSaleh,
Fatimé Zara, Abakar, Mahamat Djidda, Hasane et Ousmane que vous trouviez
en ce travail le fruit d'un amour fraternel !
ü A mes oncles, mes tantes mes nièces et mes
neveux !
Nous rendons grâce à ALLAH et exprimons nos
remerciements les plus sincères à tous ceux qui, de près
ou de loin, nous ont aidé, soutenu, et encouragé, bref, tous ceux
qui ont cru en nous dans la réalisation de ce travail.
Nos premiers mots de remerciement s'adressent aux enseignants
de la section de Finances auxquels, nous tenons à rendre un vibrant
hommage et, à travers eux, tous les enseignants et éducateurs que
nous avons eu la chance et l'honneur de rencontrer durant notre parcours
scolaire. Au Président fondateur de l'IAM Monsieur Moustapha Mamba
Guirassy nous manifestons solennellement notre profonde gratitude et
témoignons de notre respect et de notre considération.
Toute notre gratitude est adressée à M. Omar Ba
pour avoir dirigé et encadré la rédaction de ce
mémoire.
Je remercie de tout mon coeur mon père, ma mère,
mes oncles, mes tantes, mes frères, mes soeurs, mes cousins, mes
cousines, mes neveux et mes nièces. Je n'ai peut-être pas toujours
été à la hauteur de vos attentes individuelles ou
collectives mais votre soutien financier, moral et votre amour m'ont permis
d'arriver jusqu'à ce point. Puisse ce diplôme nous ouvrir à
tous des lendemains meilleurs.
Nous profitons de cette occasion pour penser à nos
amis, nos amis de toujours, les « compagnons de fortune et
d'infortune » et les compagnons de galère: Doloum, Hassane,
Abba sougou, Mht MouangangbayeBrahim, Ahmed Ali Hassani, Saleh, Deco, Djibrine,
Idriss, Mahamat Zene, Baba Faye, Tapha, Audret, Ahmaday, Mountassir, Ramat,
Nassir.
Un spécial remerciement à la famille Diallo
d'avoir passé avec elle un séjour agréable en leur
compagnie.
Je n'oublie surtout pas les camarades de promotion durant
toutes ces années d'écoles, surtout Ahmed Ali Hassani, un ami et
frère, qui m'a tant épaulé dans mes démarches et
à toute la communauté comorienne du Sénégal.
La liste de personnes ci-dessus, n'étant pas
exhaustive, nous réclamons l'indulgence de toutes celles qui n'y
retrouveront pas leurs noms. Nous les assurons que leur souvenir restera,
toutefois, à jamais gravé dans nos mémoires.
A tous ceux et à toutes celles dont les acronymes
n'apparaissent pas sur cette page, ils sont nombreux, qu'ils demeurent
convaincus, que nous ne les avons point oublié et qu'ils soient
assurés de notre profonde gratitude. Merci.
BCC : Banque Commerciale du Chari
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique
Centrale
BRI : Banque des Règlements
Internationaux
BVMAC : Bourse des
Valeur Mobilières de l'Afrique Centrale
CAC : Cotation Assistée en
Continu
CB : Commission Bancaire
CCR : Compte Courant de
Règlement
CEMAC : Communauté Economique de
l'Afrique Centrale
CFA : Communauté
Financière Africaine
CHF : Franc Suisse
COB : Commission des Opérations
Bancaires
COBAC : Commission Bancaire de l'Afrique
Centrale
COFACE : Compagnie Française
d'Assurance pour le Commerce Extérieur
DEV : Devise
DKK : Couronne Danoise ( Danske Kroner
en danois)
EEPCI : Esso Exploitation Production
and Corporation Inc
EUR : Euro
FCP : Fonds Commun de Placement
G7 : Groupe de 7 pays les plus
développés
JY : Yen Japonais
MATIF : Marché à Terme
International en France
NASDAQ: National Association of Securities
Dealers Automated Quotation
OPCVM : Organisme de Placement Collectif
en Valeur Mobilière
OUA : Organisation de l'Unité
Africaine
PCH : Position de Change
PE : Prix d'Exercice
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PNB : Produit National Brut
POUD : Livre sterling
SICAV : Sociétés
d'Investissement à Capital Variable
SWIFT: Society for Worldwide Interbank
Financial Telecommunication
UDEAC: Union Douanière des Etats de
l'Afrique Centrale
UEMOA : Union Economique et
Monétaire Ouest Africain
USD : Dollar des Etats-Unis
Dédicaces
...................................................................................................I
Remerciements
.............................................................................................II
Liste des sigles et abréviations
................................................................................III
Table des matières
.......................................................................................V
Avant-propos
.......................................................................................................XI
Introduction
..................................................................................................1
Première partie : Cadre théorique,
méthodologique et conceptuel
............................................3
Chapitre 1 : Fondements théoriques
....................................................................4
1. Problématique
..........................................................................................4
2. Objectif de la recherche
...............................................................................4
3. Hypothèse d'étude
......................................................................................5
Chapitre 2 : Cadre méthodologique
.....................................................................6
1. Champs de prédilection
................................................................................6
2. Délimitation du sujet
...................................................................................7
3. Revue documentaire
....................................................................................7
4. Difficulté rencontré
....................................................................................7
Chapitre 3 : Concepts et fonctionnement des marché
de change ....................................8
A. Concepts fondamentaux
..............................................................................8
1. Marchés des changes
.................................................................................8
a. Le marché au comptant
............................................................................9
b. Le marché interbancaire
...........................................................................9
c. Le marché à terme
..................................................................................9
2. Le risque de change
.................................................................................10
3. Les produits dérivés
.................................................................................10
4. L'arbitrage
...........................................................................................10
5. La spéculation
.......................................................................................10
B. Fonctionnement des marchés de change
..........................................................10
1. Les acteurs
............................................................................................10
a. Les banques
........................................................................................10
b. Les investisseurs institutionnels
.................................................................11
c. Les entreprises
.....................................................................................11
d. Les courtiers ou « brokers »
.....................................................................12
e. Les détenteurs des capitaux
......................................................................12
2. L'organisation du marché des changes
............................................................12
a. Le marché organisé ou marché
à terme de change ............................................13
b. Le marché de gré à gré
...........................................................................14
c. L'organisation des transactions sur le marché
de gré à gré ..................................14
Chapitre 4 : La gestion du risque de change de
transaction ........................................16
Section 1 : Exposition et identification du risque de
change .......................................17
I. L'exposition au risque de change
..................................................................17
1. Exposition comptable
..............................................................................18
a. La méthode du cours courant
....................................................................18
b. La méthode du fonds de roulement
.............................................................18
c. La méthode monétaire-non
monétaire
..........................................................18
d. La méthode temporelle
...........................................................................18
2. Exposition économique
............................................................................19
3. La durée d'exposition au risque de
change......................................................19
II. Identification du risque de change
.................................................................20
Section 2 : Le cadre de gestion
........................................................................21
1. Le concept de position de change
..................................................................21
2. Les objectifs fondamentaux de la gestion du risque de
change .................................21
3. Les niveaux de gestion du risque de change
......................................................21
4. Les étapes de la gestion du risque de change
......................................................22
5. Illustrations
.............................................................................................24
Section 3 : Les techniques de gestion du risque
......................................................24
A. La gestion interne du risque
.......................................................................24
1. Le choix de la devise de paiement
...............................................................24
1.1. La facturation en monnaie nationale ou en devise
..........................................24
a. La facturation en euro
...........................................................................25
b. La facturation dans la devise de l'acheteur
...................................................25
c. La facturation dans une devise tierce
.........................................................26
1.2. Le choix de la devise de facturation
..........................................................26
a. Les critères économiques
.......................................................................26
b. Les critères commerciaux
......................................................................27
c. Les critères de gestion
...........................................................................27
2. La compensation des flux
........................................................................27
3. Le termaillage
......................................................................................28
B. Les produits bancaires
.............................................................................29
C. Les produits d'assurances
.........................................................................29
1. La couverture du risque de change dans les courants
d'affaires ............................29
a. La cible
............................................................................................29
b. Les caractéristiques de la police
................................................................29
c. le fonctionnement de la police
..................................................................30
2. La couverture du risque en période de
négociation ...............................................30
a. Les caractéristiques de la police
................................................................30
b. Le fonctionnement de la police
.................................................................30
c. Un produit complémentaire utile
...............................................................31
D. Choix d'une technique de couverture
............................................................31
Deuxième partie : Cadre analytique
...................................................................33
Chapitre 1 : Couverture du risque de change par les
produits bancaires .........................34
I. Principes
................................................................................................34
1. Présentation des cours de changes
................................................................34
2. Les commissions de change
........................................................................35
3. Le calcul du cours croisé
...........................................................................35
II. La couverture à terme
................................................................................35
1. La vente à terme et le risque de change de
l'exportateur .......................................36
2. L'achat à terme et le risque de change de
l'importateur ............................................38
3. Les caractéristiques du change à terme
...........................................................39
III. L'avance et l'emprunt en devise
..................................................................39
1. L'avance en devise
..................................................................................39
2. L'emprunt en devise
.................................................................................39
3. Les avantages et inconvénients de l'avance et de
l'emprunt en devise ......................40
IV. Les options de change
..............................................................................40
1. Définition
.............................................................................................40
2. Option d'achat ou option de vente
................................................................40
3. La position de l'acheteur et celle du vendeur
....................................................41
4. Le prix
d'exercice....................................................................................41
5. Le prix d'une option de change ou prime
........................................................42
6. L'option et la couverture du risque de change
...................................................43
a. Couverture à l'import par les option de
change : option d'achat ou le « call »
............43
b. Option de vente ou le « put »
.....................................................................44
c. Les caractéristiques des options sur devises
...................................................45
d. Détermination du seuil d'amortissement et du
point mort ...................................46
7. Les avantages et inconvénients des options sur
devises .......................................48
V. La couverture par les produits dérivés
............................................................48
1. Change avec intéressement
........................................................................49
2. Change à terme flexible
............................................................................49
3. Ligne de crédit multidevises
.......................................................................49
4. Tunnel d'option
......................................................................................50
VI. La couverture par les swaps des devises
.........................................................50
Chapitre 2 : Présentation de la Banque Commerciale
du Chari ....................................51
I. Historique de la BCC
.................................................................................52
II. L'organisation de la Banque
........................................................................52
1. Administration
.......................................................................................53
2. Département des crédits et recouvrement
........................................................53
3. Département de contrôle interne
..................................................................54
4. Département des ressources humaines
d'administration et de relations extérieures .......54
5. Département des opérations
extérieures
.........................................................54
6. Département de l'informatique
....................................................................54
III. Les activités de la Banque
..........................................................................54
1. L'évolution de la Banque
...........................................................................55
2. Les activités de la Banque
..........................................................................55
3. Les objectifs de la BCC
............................................................................55
4. La forme juridique de la BCC
.....................................................................56
5. L'effectif de la Banque
.............................................................................56
IV. Fonctionnement des services de la Banque
......................................................56
1. Le service comptabilité et finance
................................................................56
2. Le service de contrôle interne
.....................................................................57
3. Le service de crédit et recouvrement
.............................................................57
4. Le service des ressources humaines et administratives
........................................57
5. Le service des opérations locales
..................................................................57
6. Le service informatique
............................................................................57
Chapitre 3 : Traitement des opérations de change
à la BCC .......................................59
I. Les opérations de change à la Direction
Etrangère de la Banque ...............................60
1. Présentation générale
...............................................................................60
2. Le traitement d'une opération de change
« front to back » ....................................60
a. La négociation
......................................................................................60
b. La tenue de position
...............................................................................60
c. La matérialisation des opérations de
change .......................................................61
3. Le contrôle ou réglementation de change
........................................................62
4. Le réseau de correspondants bancaires et les
transferts de fonds .............................62
a. Le réseau de correspondants bancaires
(correspondent banking) ...........................62
b. La communication entre correspondants
étrangers : les réseau SWIFT ....................63
c. Les transferts de fonds entre les banques
.......................................................63
II. Traitement des opérations de change à la
direction étrangère .................................65
Troisième partie : Recommandations et conclusion
................................................67
Recommandation
........................................................................................68
I. Propositions de recommandations et suggestions à la
Banque Commerciale du Chari ......68
1. Propositions de recommandations
................................................................68
2. Décisions
.............................................................................................68
II. Recommandations à l'Etat tchadien
...............................................................69
III. Recommandations aux entreprises
................................................................69
IV. Recommandations aux institutions financières
..................................................69
Conclusion
................................................................................................70
Annexes
...................................................................................................71
Le Mastère 1 en Banque et Finance (MBA in Banking and
Finance) de l'Institut Africain de Mangement (IAM) est l'un de diplôme de
troisième cycle de cette école sise à Dakar
(Sénégal).
Mais le Mastère en Banque et Finance à l'IAM a
la particularité d'être l'un des diplômes les plus
professionnalisés en Afrique au regard de la qualité de ses
enseignements, de la notoriété et ses origines diverses des
enseignants. Ces derniers proviennent d'universités et d'écoles
prestigieuses d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Afrique ou bien, sont
des professionnels en activité dans des institutions ou entreprises
internationales ou sous-régionales. A cela viennent s'ajouter la
qualité de son outil didactique et pédagogique, sa certification
ISO9001 et de l'image de ses partenaires en France (CEFAM, IDRAC, 3A Lyon,
Université de Lille), en Amérique du Nord (Université du
Québec à Chicoutimi avec laquelle l'IAM offre un diplôme
conjoint et la « Texas Southern University » aux USA,
Université Laval et UQAM au Québec) et dans les autres pays
africains (IAM Mali, IAM Tamba, Université CAD de Dakar,
Université Gaston Berger à Saint-Louis Sénégal,
« Gaston Institute of Business Science », « Lagos Business
Scholl », ISCAM au Tchad).
L'admission au programme de Mastère en Banque et
Finance se fait après un entretien très sélectif ouvert
à tous les étudiants africains. Le diplôme n'est
délivré qu'après la phase des cours théoriques et
la soutenance.
C'est ainsi que nous avons choisi un thème de
mémoire portant sur le cas de la Banque Commerciale du Chari (BCC).
Notre choix de la BCC, comme champs d'investigation, a été
motivé par le fait de son rayonnement national et de son dynamisme. Nous
avons en outre passé la moitié de la durée à avoir
des informations à la Direction Étrangère de la banque.
C'est là que nous avons achevés la rédaction du
présent document en guise de mémoire professionnel. Il porte sur
« La couverture des opérations sur le risque de change par la
Banque Commerciale du Chari».
1. Ghislaine LEGRAN et Huber MARTINI :
« Management des opérations de commerce international - Import
/ Export », 6ème édition, Dunod, Paris
2003
2. Ghislaine LEGRAN et Huber MARTINI :
« Management des opérations de commerce international - Import
/ Export », 7ème édition, Dunod, Paris
2005
3. Josette et Max PEYRARD : « Dictionnaire de
finance », 2ème édition, Vuibert, Paris
2001
Webographie
www.bcctchad.td
www.google.fr
www.memoireonline.com
www.eur-export.com
www.cambiste.info
www.vernimmen.net
www.lesechos.fr
www.fr.wikipedia.org
INtroduction
« Ce sont le goût du risque et l'esprit
d'aventure qui ont bâti le monde moderne »
Toute organisation (société, banque,
administration, association) peut être « perçue comme un
portefeuille de vulnérabilités et d'opportunités
combinées pour atteindre les objectifs d'une stratégie
déterminée par les instances dirigeante ». En
assimilant les « vulnérabilités » aux
« risques négatifs » et les
« opportunités » aux « risques
positifs », selon J.-C. Barreau, « Quelle morale pour
aujourd'hui ? », l'on peut déduire que l'univers de
l'organisation, et à fortiori de la banque, est pavé de
risques. Mais si le risque est consubstantiel à l'activité de
l'entreprise, force est de reconnaître que cette dernière ne
saurait s'accommoder de risques qui mettent en péril sa
liquidité, sa solvabilité et en définitif sa
pérennité. Il lui revient donc de gérer au mieux
l'ensemble de ses risques et en particulier son risque négatif (downside
risk), c'est le risque de voir chuter ses résultats.
Ces entreprises sont confrontées au risque de change
dés qu'elles effectuent des opérations commerciales avec
l'étranger (importations et exportations), soit des opérations
financières (transfert de fonds) etc. l'internationalisation des
activités commerciales et industrielles des entreprises a rendu les
économies interdépendantes, les mouvements des capitaux à
la recherche de la meilleure rémunération, les disparités
dans les taux d'inflation et dans les équilibres de la balance
commerciale constituent autant de raisons qui ont provoqués une
volatilité accrue des devises.
Ainsi, les firmes sont devenues plus sensibles aux risques de
change et aux risques de taux d'intérêt, dans un système de
change à grande flexibilité, flottant pour certaines devises.
En la matière, différentes méthodes de
couverture de risque de change existent. Ces méthodes se diffusent peu
à peu en Afrique par l'intermédiaire surtout des multinationales
occidentales. En Afrique subsaharienne en particulier, l'introduction des
instruments de couverture de risque de change dans les banques est encore
timide, non seulement du fait de leur complexité, de l'absence d'un
dispositif technique adéquat et parfaitement opérationnel mais
également du fait du manque de ressources humaines compétente
dans le domaine. Dans le monde bancaire, caractérisé par une
internationalisation croissante des méthodes, techniques, outils et
réglementations, il est utile d'adopter des méthodes des tels
outils pour renforcer sa gestion, sa compétitivité, garantir sa
solvabilité et assurer sa pérennité.
La Banque Commerciale du Chari (BCC) n'est pas resté en
marge de cette tendance et a, elle aussi, intégré à sa
gestion des risques commerciaux un dispositif de couverture. Au demeurant,
à l'instar des autres banques, qu'elles soient primaires ou de
développement, à caractère national, régional ou
international, la BCC reste préoccuper par le respect des standards
internationaux ce qui a valu l'introduction de la « couverture
à terme fixe » dans son dispositif de gestion de risques
financiers. La responsabilité assignée à cette fonction
est de gérer grâce à un outil moderne les risques de taux
de change puis de façon connexe le risque de liquidité. Ces deux
risques, avec le risque de taux d'intérêt, représentent
l'essentiel des risques financiers de la BCC.
Comment la BCC gère les risques de change par
l'instrument de couverture à terme ? C'est la question
à la quelle nous répondrons à travers ce document en
présentant le cadre conceptuel y afférent puis en l'illustrant
par l'exemple de la BCC.
L'objet du présent document est double :
vulgariser les techniques de couverture de risque de change et proposer
à la BCC une mesure complémentaire du risque.
Notre volonté de vulgariser des techniques
découle du constat qu'en Afrique les banques primaires tardent à
mettre en oeuvre certaines techniques de couverture dans leur gestion des
risques de changes. La littérature bancaire, la presse et les moteurs de
recherche sur Internet, bien trop pauvres en exemples africains de gestion des
risques de changes, sont là pour l'attester. Ainsi, les banques
primaires en Afrique, et celles de la zone CEMAC en particulier, peuvent
réussir une gestion pour leurs risques de change. Elles y gagneront car
la couverture optimise le couple risque/rentabilité, la
rentabilité étant le talon d'Achille des banques africaines.
En ce qui concerne la proposition de mesure que nous faisons
à la BCC, elle résulte d'un autre constat : le risque de
taux de change de cette institution pourrait être, à terme,
transféré aux emprunteurs grâce à l'indexation des
prêts sur le panier des devises d'endettement de la BCC. Nous entendons
alors proposer à la BCC une mesure de son risque de change qui en
appréciera l'impact sur la valeur patrimoniale et les fonds propres.
Cette mesure viendrait en complément de la couverture à terme
fixe, permettant ainsi de mieux cerner dans sa globalité, le risque de
change encouru par la banque.
Pour ce faire, notre travail s'articulera autour de six (6)
chapitres regroupés en trois (3) parties : dans la première,
nous aborderons le cadre théorique, méthodologique et conceptuel
du marché des changes et des risques. La seconde partie décrira
la pratique de l'instrument de couverture des opérations commerciales
sur le risque de change à la BCC et nous permettra de proposer une
solution complémentaire pour la gestion du risque de change qui sera la
troisième et dernière partie de notre travail.
1
Chapitre
Fondements théoriques
Problématique
Le système monétaire international étant
fondé sur les changes flottants, les cours des monnaies varient en
permanence sur les marchés des devises, ce qui génère un
risque de change. L'exportateur le subit dans la contre-valeur de ses ventes et
achats en devises, ce qui peut affecter sa marge.
Mais ces fluctuations de cours modifient aussi le
positionnement prix de l'offre de l'entreprise par rapport à ses
concurrents étrangers sur les marchés étrangers comme sur
le marché domestique. Il n'est ainsi pas nécessaire de payer ou
de facturer en devises pour être exposé au risque de change.
À l'aube de la mondialisation, l'Afrique est l'un des
continents à ne pas participer à l'évolution du
marché international et à toujours dépendre des anciens
« colonisateurs », subissant ainsi les mouvements
financiers.
L'intégration effective de l'Afrique dans le
système financier exige d'elle une implication systématique aux
techniques nouvelles des taux de change datant des années 1970
aux États-Unis. Or, aucune organisation (système) n'existe
en ce sens en Afrique à l'initiative du continent. Les organismes, comme
la Compagnie Française d'Assurance pour le Commerce Extérieur
(COFACE) joue le rôle de garantie dans les transactions internationales
africaine mais sont-elles adaptées aux réalités
africaines. Cette intégration ne saurait effective qu'à partir
d'une organisation interne et une réadaptation des systèmes
étrangers à nos besoins réels.
De ce fait, notre étude portera sur la gestion du
risque de change dans les transactions commerciales internationales.
1- Objectif de la recherche
Le but de notre étude est triple :
- D'abord, nous voulons montrer qu'une couverture de risque de
change est impérieusement nécessaire, non seulement pour les
entreprises dont l'activité principale est importation-exportation, mais
aussi pour celles qui seront amenées un jour à faire une
transaction internationale.
- Ensuite, aider les entreprises de la zone franc à se
performer dans les transactions financières internationales sans courir
les risques de change.
- Enfin, contribuer à la vulgarisation des certaines
techniques de couverture de risque de changes dans le milieu bancaire de la
zone CEMAC car leur pratique est encore timide dans nos pays.
Hypothèses d'étude
La situation actuelle du marché de change en Afrique
Centrale (quasi-inexistante) est loin d'être prometteuse du fait de
plusieurs raisons. C'est pour cela que notre hypothèse de travail est
partie d'un double questionnement :
- Les risques de changes sont importants et méritent
d'être maitrisés ;
- Les taux de change ont un impact direct et important dans
les opérations commerciales internationales.
Le marché de change ne semble pas constituer une
préoccupation des systèmes tels que la CEMAC et LA BEAC pour y
consacrer une politique exclusive par rapport au reste du champ
économique de l'Afrique.
2
Chapitre
Cadre méthodologique
Champs de prédilection
Si l'on s'en tient au déterminisme historique, on s'en
rend compte que les pays africains ayant accédés à
l'indépendance ont tenté de s'organiser à travers des
fédérations qui ont vite échoué à cause des
divergences politiques, idéologiques et de leadership. Ensuite, ces pays
ont tenté des organisations appuyées par l'ancienne
métropole pour résoudre les conflits internes, les
problèmes économiques et socioculturels. C'est ainsi que nous
assistons à la naissance de l'OUA, l'UEMOA, l'UDEAC..., pour
résoudre les problèmes politiques et économiques
susceptibles de menacer la stabilité des différentes
régions concernées.
Dans le cadre de l'organisation économique et
monétaire, naîtra l'UDEAC (CEMAC depuis 1994) et la BEAC sous la
supervision française dans les années 70-80 pour répondre
aux attentes économiques et financières de l'Afrique Centrale.
Ils utiliseront comme monnaie le Franc CFA (Communauté
Financière Africaine) qui aura une parité fixe avec le Franc
Français dans le temps (l'euro aujourd'hui) puisqu'il est jusqu'à
nouvel ordre garanti par le Trésor Public français.
Les entreprises de l'Afrique Centrale d'importations et
d'exportations dépendant de ce système sont tenues de se
soumettre aux réglementations qui régissent le marché de
change. L'une des réglementations est leur dépendance des banques
car elles ne peuvent accéder au marché de change que par leur
intermédiaire à cause de leur caractère agrée sur
ce type d'opérations.
Ainsi, nous situerons notre contexte d'étude au cadre
de la CEMAC puisque tout le territoire de la CEMAC est régi par la
même loi politique monétaire et commerciale d'une part.
Et d'autre part, notre réflexion portera sur les
entreprises tchadiennes exposées aux mêmes risques de change que
celles des pays de la CEMAC et qui bénéficient de la
parité de l'Euro. L'essentiel du change tchadien s'effectue avec la
monnaie Dollar ou l'Euro.
Délimitation du sujet
La plupart des entreprises susceptibles d'être
exposées au risque de change étaient des succursales
internationales, mais de plus en plus avec le développement de
l'activité commerciale et de la mondialisation, nos entreprises sont
obligées de se soumettre à la concurrence internationale.
Malgré des améliorations dans la
pénétration du marché de change par ces entreprises, il
n'en demeure pas moins qu'elles continuent à subir le poids de
l'exclusion économique et financière.
Même s'il y'a des institutions comme la COFACE pour
s'occuper de l'assurance des transactions et garantir la couverture, elle reste
française donc avec des écarts de correspondance probables.
De ce fait, nous estimons que les entreprises méritent
une place dans la sphère du marché de change et il va de
même que nous intéressions aux moyens leur accès à
ce marché avec l'assistance des banques locales.
Revue critique
Dans le cadre de notre étude, nous avons utilisé
diverses techniques qui sont :
- La recherche documentaire qui a consisté à
parcourir des documents ayant un rapport avec notre thème, à
consulter des archives. Pour avoir des données assez nouvelles, nous
avons eu recours à des sites Internet notamment celle de la BCC.
- Les entretiens pour recueillir des informations et des avis
sur le sujet auprès de particuliers car il était
nécessaire pour nous d'entrer en contact avec des personnes très
proche du marché de change.
Difficultés rencontrées
Pour atteindre notre objectif, nous avons rencontré une
difficulté majeure. Il s'agit de la confidentialité et la non
disponibilité de certaines informations auprès des banques et
entreprises visitées ; aucune institution financière n'a pu
accepter de mettre à notre disposition toutes les informations
nécessaires qui devraient nous permettre d'éclaircir tous les
problèmes liés aux risques de change et leur couverture.
Enfin, le problème de moyens financiers n'était
pas en reste. Cette situation nous a tellement porté préjudice au
niveau de la rédaction du mémoire, la collecte des informations,
des rendez-vous que l'on devrait honorer.
3
Chapitre
Concepts et
fonctionnement des marchés de
change
Concepts fondamentaux
Marchés des changes
Le marché international des changes (Forex Exchange)
est un marché non localisé permettant d'assurer la confrontation
des offres et des demandes de devises et de déterminer le cours de
chacune d'elles en monnaie nationale.
Plus de 3 000 milliard de Dollars, c'est le
montant quotidien échangé sur ce marché, tous produits
confondus, c'est à dire aussi bien pour le change classique que pour les
produits dérivés (swap de change, option de change...).Pour
situer ce volume, signalons que le montant annuel des échanges de biens
et services est de 4 300 milliards de Dollars.
Précédemment indiqué, le marché
des changes est le lieu de confrontation des offres et des demandes
(achats/ventes) de devises, c'est à dire des moyens de paiement des
différents pays. Comme sur tout marché, la rencontre de l'offre
et de la demande des différentes monnaies permet de fixer le prix d'une
des devises par rapport à l'autre, c'est à dire son cours de
change. Ce marché comprend le
change
comptant mais également le
change à
terme et implique donc un accès aux opérations de
«
trésorerie »
(prêt / emprunt) en devise ou en monnaie nationale. Ce marché
mondial, qui est essentiellement interbancaire, est le deuxième
marché financier de la planète en terme de volume globale,
derrière celui des taux d'intérêt ; c'est
néanmoins le plus liquide et le plus profond en terme de produits
traités et d'intervenants.
Son volume quotidien était en 2004 de 1 900
milliards de dollars US, soit :
· 600 milliards en transactions au comptant et
· 1 300 milliards en transactions à terme
Quasi-uniquement en transactions de gré à
gré, selon l'étude triennale de la banque des règlements
internationaux (BRI), les transactions en volume étaient :
· Pour 53% entre banque (interbancaire)
· Pour 53% entre une banque et un gestionnaire de fonds
(FCP, SICAV, SICAR...) ou une institution financière non bancaire
(Banque d'affaire, Société de factoring ou de Leasing
international)
· Et enfin pour 14% entre une banque et une entreprise
non- financière.
Ainsi sur ce marché, les monnaies flottent les unes par
rapport aux autres et leurs cours sont fixés de façon libre. En
réalité, les banques n'interviennent pas directement sur ce
marché mais le font par le truchement de leurs cambistes. En
premier lieu, un Cambiste doit satisfaire les demandes de cours émanant
de diverses contreparties. Celles-ci peuvent être des clients, d'autres
Banques voire des services internes à la Banque. Ceci bien entendu en
accord avec les diverses réglementations et sous réserve des
autorisations suffisantes. Selon la politique de l'établissement qui
l'emploie, le Cambiste adopte différents
comportements.
Les principales devises utilisées dans ces transactions
sont les suivantes :
- Le Dollar (USD) : $
- L'Euro (EUR) : €
- Le Yen Japonais (JY) :
- La Livre Sterling (POUND) : £
- Le Franc Suisse (CHF) : FS
Les marchés de change fonctionnent dans les grandes
capitales financières (New York, Londres, Paris, Francfort,....).
Le marché au comptant
Il fonctionne dans toutes les grandes places boursières
et financières. Au plan mondial, avec le jeu des décalages
horaires, il est ouvert, sauf les jours fériés, vingt-quatre
heures sur vingt-quatre. Grâce aux technologies de la communication et
aux agences d'informations spécialisées (Reuters, Agence France
Presse ...), il bénéficie d'une grande transparence en
matière d'information. Toute modification sur une place
financière est immédiatement perçue sur toutes les
autres.
Le marché interbancaire
C'est le marché sur lequel sont traitées les
opérations de trésorerie en devises sous forme d'emprunts et de
prêts à travers des règles précises de taux, de
durée et de calcul d'intérêts. C'est un marché de
capitaux à court terme sur lequel les professionnels du secteur bancaire
opèrent des transactions entre eux. C'est un compartiment du
marché monétaire dont l'accès est réservé
aux établissements de crédit et à des organismes comme le
Trésor public, la banque de France, la caisse des dépôts
et consignations, les services Financiers de La Poste. Les transactions
s'effectuent par téléphone.
Les banques excédentaires vendent leurs
excédents de dépôt à des banques
déficitaires. Un secteur très actif du marché est celui
des opérations à court terme, notamment celui des pensions
à 24 heures, qui permettent aux banques de compenser entre elles les
excédents et les déficits de trésorerie, et
d'équilibrer ainsi leurs comptes auprès de la Banque centrale. Le
taux de l'argent au jour le jour est diffusé chaque jour.
Le marché à terme
C'est le marché où les devises
s'échangent par un montant à cours immédiatement
déterminé mais livrées à une date future
prédéterminée. Ce marché paraît plus
profitable à l'exportateur qui attend d'être payé en
devises de pouvoir se prémunir dès à présent en
fixant le cours de change de son exportation afin de garantir le produit de ses
ventes en devises nationales. Cela est aussi valable pour l'importateur afin de
fixer le coût à payer de son approvisionnement. Ce marché
est un marché spéculatif lorsque les achats ou les ventes se font
à découverts. Il englobe par ailleurs les contrats de taux de
changes, à terme, les Swaps (échanges) et les Swaps de devises
qui feront l'objet d'une étude.
Le risque de change
Ils sont de perte sur une position de change non couverte du
fait de l'évolution défavorable de la devise. Le risque de change
peut être sur des opérations commerciales ou sur des
opérations financières.
Les produits dérivés
Ils sont des instruments dont la valeur dépend du prix
d'un autre produit, appelé sous-jacent, comme une devise, un titre ou un
produit de base. Les principaux produits dérivés sont les
futures, les options et les swaps. Ils peuvent être traités sur
des marchés gré à gré ou sur des marchés
organisés. Ils sont utilisés pour réduire les risques,
pour changer de sa position financière, pour réduire les
coûts de transaction, pour la spéculation et l'arbitrage.
L'arbitrage
C'est une action qui consiste à tirer profit sans
risque de différence de prix ou de cours. L'arbitrage est
effectué par un opérateur généralement
informé et assez expérimenté. C'est une opération
non spéculative.
La spéculation
C'est une opération qui a pour but de procurer un
bénéfice à court terme découlant de variations de
prix des titres ou des marchandises sur un marché, mais implique
également qu'on accepte le risque de perte.
Si l'on spécule à la hausse, on achètera
à découvert. Inversement, si l'on spécule à la
baisse on vendra à découvert.
La spéculation améliore la liquidité des
marchés financiers, elle est très importante sur le marché
à terme, les marchés de futures et d'options.
Fonctionnement du marché des changes
Les acteurs
Ils se résument essentiellement aux banques centrales
et commerciales, aux investisseurs, aux entreprises et aux courtiers.
Les banques
On distingue les banques centrales et les autres banques.
· Les banques centrales
Leur intervention sur le marché des changes est d'ordre
économique et monétaire. Elles jouent un rôle de
régulateur en maintenant les cours à un niveau ou à un
intervalle clairement préétabli par un processus d'achat ou de
vente massif de devises selon l'orientation qu'elles veulent donner aux
différents cours du marché. Elles peuvent par la même voie
rendre attrayante ou non leur monnaie nationale en pesant sur les taux
d'intervalle (d'emprunt et de placement) de celle-ci.
C'est notamment le cas de l'intervention des pays de G5 ou G7
(groupe de 5 ou groupe de 7) au cours de l'année 1987 et une partie de
1998 pour stabiliser le Dollar.
Nombre d'observateurs contestent cette capacité des
banques centrales à renverser une tendance du marché sans toute
fois minimiser l'impact psychologique et économique de leur attitude.
· Les banques en
général
Avant l'avènement des bureaux de changes, seules les
banques ayant la qualité d'intermédiaire agrée
étaient habilitées à effectuer les opérations de
change. Il faut dire que malgré la présence des bureaux de
change, les transactions commerciales restent leurs domaines de
prédilection ; ce qui leur confère le rôle
inéluctable sur le marché des changes vis-à-vis des
résidents. Elles jouent tour à tour le rôle d'arbitrage ou
de spéculatrice, mais on est loin de définir la motivation qui
dicte tel ou tel comportement transactionnel. L'activité principale des
banques commerciales reste l'arbitrage par rapport à leurs
compères dit de trésorerie qui est plus ou moins la
spéculation. Cela peut être dû à
l'impossibilité de couvrir totalement et en temps réel, toutes
les opérations qui peuvent néanmoins être suscitées
en vue de convoiter la partie de la clientèle.
Ce rôle des banques « au coeur de l'innovation
financière » est fonction de leur savoir-faire et leur
accès facile aux nombreux marchés.
Signalons finalement que les banques restent des entreprises
à statut international, ce qui leur permet d'intervenir en leur nom
propre en tant qu'investisseurs ou emprunteurs sur le marché des
changes.
Les investisseurs institutionnels
Ce sont des investisseurs importants, surnommés
familièrement « zinzin », ayant des besoins
réguliers d'investissement. Parmi eux, on peut citer les maisons de
« securities » japonaises, les « trust
funds » anglo-saxons, les grandes compagnies d'assurance en France,
les organismes de placement collectif en valeur mobilière (OPCVM) que
sont les sociétés d'investissement à capital variable
(SICAV) et les caisses de retraits.
Ils contribuent tous, à leur échelle et dans les
limites que leur imposent les réglementations locales, à la
mondialisation et à la globalisation des marchés. Ils
poursuivent, en général, simultanément deux objectifs,
à savoir la maximisation du rendement et la minimisation du risque.
Les entreprises
Exerçant une activité d'importation et
d'exportation ou de négoce libellée en devises, elles
n'interviennent sur le marché des changes que par l'intermédiaire
des banques pour des raisons réglementaires ou pratiques bien qu'elles
aient une vocation naturelle de faire une transaction. Si cela peut être
perçu comme un inconvénient, on conviendrait que l'importance
des transactions ou la nécessité d'utiliser des conseils des
avertis en permanence sur le marché dévient un besoin voire une
nécessité inhérente à la bienveillance et à
la sécurisation de l'opération en leur faveur.
Mais les banques sont-elles les intermédiaires
indiquées sachant que leur but est de réaliser des profits.
En risque de hausse ou de baisse de devises, respectivement
l'importateur et l'exportateur adopte une attitude prudente de couverture pour
couvrir systématiquement son risque de change mais se prive
automatiquement de tirer profit d'une évolution de la devise qui lui est
favorable à savoir une dépréciation ou une
appréciation.
Les courtiers ou « brokers »
Ils ne sont en principe que des intermédiaires dont le
rôle consiste à mettre en rapport deux (2) contreparties dont
l'une se porte vendeuse et l'autre acheteuse. Ils sont
rémunérés au courtage (commission fixe) calculé sur
le volume de transactions. Reliés aux banques par les
téléphones et les nouvelles techniques de communication, ils
centralisent les informations en provenance des différents participants
et les répercutent aux autres. Leur efficacité se calcule par
leur rapidité et leur fiabilité qui sont très importantes
pour ce métier.
Les détenteurs des capitaux
Ce sont les multinationales, les caisses de retraits, les
compagnies d'assurance qui cherchent à rentabiliser leurs avis de
trésorerie dans les placements de devises.
L'organisation du marché des changes
Initialement, la valeur d'une monnaie était fixée
en termes de biens et d'actifs. Aussi, pour établir le taux de change
entre deux monnaies, il suffisait de faire le rapport entre les valeurs
respectives en termes de biens et d'actifs des différentes monnaies.
Schématiquement, jusqu'en 1973, directement ou indirectement, chaque
monnaie avait une valeur fixée dans un bien de référence
qui était l'or. Depuis 1973, de manière générale,
les valeurs des différentes monnaies ne sont plus définies par
rapport à un bien de référence et elles ne sont plus le
résultat de décisions politiques, mais celui de la confrontation
de l'offre et de la demande dans les différentes devises. Actuellement,
le système monétaire international peut se caractériser
comme un système de taux de changes flottants avec quelques zones de
taux de changes fixes. Certaines monnaies sont appréciées les
unes par rapport aux autres en fonction de l'offre et de la demande alors que
d'autres sont liées par un système de taux de change fixes. Par
exemple, le cours du dollar par rapport à l'euro ou par rapport au yen
résulte de l'offre et de la demande du dollar par rapport à ces
monnaies alors que des monnaies telles que le franc CFA sont liées de
manière fixe à l'euro dans le cadre d'un système de taux
de changes fixes.
Le marché des changes est un marché de
gré à gré, c'est-à-dire que les transactions ne
sont pas officiellement standardisées. Il n'y a ni endroit précis
tel qu'une bourse où sont centralisées les transactions et les
cotations, ni autorité de tutelle. Les transactions se déroulent
entre les cambistes localisés dans les salles de marchés des
différentes banques. D'après les dernières
enquêtes des banques centrales réalisées au mois d'avril
2006, les transactions quotidiennes sur le marché interbancaire mondial
de change au comptant atteignaient un montant de 387 milliards de
dollars.
L'objet du marché des changes au comptant est
de permettre l'échange de devises instantanément. En
réalité, la livraison des devises a lieu effectivement deux jours
après sauf pour les échanges entre le dollar canadien et le
dollar américain, qui sont livrés un jour plus tard. Le prix
auquel l'échange se fait entre deux devises est le taux de change au
comptant ou le cours au comptant d'une devise exprimée en unités
de l'autre devise. Par exemple, le cours du dollar à Paris le 7 janvier
2002 était égal à 1,1168 euros.
Sur le
marché interbancaire international, toutes les monnaies sont
cotées contre le dollar américain. Par exemple, la valeur du yen
est indiquée par le nombre de yens pour un dollar
américain.
Sur les marchés nationaux de changes, le plus
souvent, les cotations sont dites « à l'incertain »,
c'est-à-dire établies en unités de monnaie locale
nécessaires pour acheter une unité de monnaie
étrangère Ainsi, à Zurich, le 7 janvier 2002, les Suisses
cotent le taux de change de la façon suivante : EUR/CHF 1,4789. En
revanche, étant donné le rôle « leader » de la
livre anglaise jusqu'au 20ème siècle, Londres cote à
l'inverse, soit au certain, c'est-à-dire en unités de monnaie
étrangère nécessaires pour acheter une livre. De
même, le Canada et l'Australie, des pays anciennement liés
à la Grande-Bretagne, cotent aussi au certain. Les Etats-Unis cotaient
au certain jusqu'en 1978 ; depuis, les cotations sont au certain aux Etats-Unis
dans le cas de transactions entre banques et clients non bancaires et à
l'incertain dans le cas de transactions interbancaires. On constate, avec
l'avènement de l'euro, que sur les places de la zone euro, les cotations
sont données au certain, c'est à dire par le nombre
d'unités de monnaie étrangère pour un euro. Il faut noter
qu'avant, sur ces mêmes places, les cotations étaient à
l'incertain.
Selon la direction de la cotation, un accroissement du
cours d'une devise signifie une appréciation ou une
dépréciation de la monnaie. Par exemple, en France, si le dollar
est coté à 0,89 USD pour 1 EUR le 12 janvier 2002 et 0,92 USD
pour 1 EUR le 13 janvier 2002, la valeur de l'euro a augmenté, il s'est
donc apprécié. En revanche, le dollar s'est
déprécié. Le taux d'appréciation de l'euro est
égal à 3,37%. En résumé, dans le cas d'une cotation
au certain, lorsque le taux de change augmente, cela signifie que la monnaie
nationale s'apprécie et que la devise se déprécie.
Le marché organisé ou marché
à terme de change
Le marché est régulé par des organes
comme la chambre de compensation qui fournit une contrepartie et surveille la
régularité des opérations effectuées et cela en se
basant sur les règles telles que :
- Seuls les opérateurs agrées ont le pouvoir de
négocier à la bourse (ou marché organisé) et les
règles de négoces (entre opérateurs agrées) qui y
sont fixées relèvent du dit marché ;
- La Commission des Opérations Bancaires (COB pour la
France) ou Commission Bancaire (CB pour les belges) veille à ce que ces
règles soient appliquées. On peut noter par exemple la
conformité des documents mis à la disposition des investisseurs.
Ce même rôle de « juge arbitre » est
joué par la chambre de compensation, mais au second plan par rapport
à la COB. Elle assure à ce que les contreparties s'acquittent de
leurs obligations de livrer et régler et vice versa : le vendeur
remet les valeurs et se fait payer, l'acheteur paye et se fait remettre les
valeurs. Elle assure entre autre du versement, de dépôt de
garantie et de l'appel de marge ainsi que la publication du cours de
compensation ; enfin du nombre suffisant d'intervenants requis pour que
l'opération ait lieu.
Il est important de souligner qu'il est quasi impossible
d'être confronté à l'insuffisance des intervenants car
jusque là il n'y a pas de critères auxquels doit répondre
une contrepartie avant de sortir de ces marchés. Il existe donc toujours
une contrepartie au sein de ces marchés organisés pour que chaque
intervenant ait la possibilité d'en sortir facilement mais tout en
respectant les normes qui subsistent.
Le marché gré à gré
Le marché gré à gré abrite des
opérations non réglementés et par conséquent plus
dangereuses pour le système financier international du fait qu'elles ne
font l'objet d'aucun contrôle, ni de dépôt de garantie ou
d'appel de marge et encore moins de la chambre de compensation. Sur ce
marché, on trouve des contrats à terme ou futures, des
opérations à terme et d'autres produits tels que les options et
les swaps.
Le marché de gré à gré se
différencie du marché organisé par le fait que les
opérations y sont décidées d'un commun accord entre les
parties concernées et donc échappent à la
transmissibilité car elles ne sont pas standardisées. Leur
incontestable avantage est leur adaptabilité à tous les cas de
figures selon le « bon vouloir des contreparties ». Par
ailleurs, le revers de cet avantage se traduit par l'opacité totale de
ce type de marché qui y croît ainsi le risque inhérent
à ce type d'opération. C'est un marché quasi impossible
à influencer.
À chaque instant, le risque pèse sur chaque
intervenant, voire sur la stabilité du système financier
international car les écarts prévisionnels échappent
complètement à une contrepartie si elle constitue un fonds
financé par des banques importantes (tout le système de
placements interbancaire sera concerné). C'est ainsi que Wall Street
journal a dû se résoudre à admettre que les échanges
de gré à gré (en anglais « over the
counter ») de produits dérivés sont à la base de
la menace de la finance internationale. Les produits dérivés sont
échangés, en effet, en dehors des structures avec un minimum de
surveillance. Enfin, les versements de prime ou de dépôt ne sont
pas une nécessité mais ne sont pas non plus interdits. Ce qui
fait du marché de gré à gré un marché libre
de toute contrainte. Un contrat est négocié et conclu dès
lors que les contreparties s'entendent sur les termes de celui-ci. Ceux-ci sont
mis sur le marché dès lors qu'une banque se porte garante de son
utilité économique.
L'organisation des transactions sur le marché de
gré à gré
Sur le marché de gré à gré, une
opération de change est l'achat de devise contre une autre à un
prix convenu et selon les modalités définies entre les
contractants.
Le billet de banque est le support de transaction le plus
connu du grand public principalement utilisé par des personnes
physiques ; la monnaie papier ne représente qu'une partie
microscopique du total des transactions de change. Les opérations de
changes sur les billets, effectuées auprès des banques ou des
changeurs, sont de faibles montants et supportent des frais
élevés. L'encaisse est en effet un actif physique (une
créance sur une Banque centrale) coûteux en manipulation, en
stockage et en assurance. Il est surcroît stérile puisqu'il ne
rapporte aucun intérêt. Cependant, c'est un support plus essentiel
des transactions de change et des virements bancaires entre comptes des
correspondants.
4
Chapitre
La gestion du risque de change de
transaction
Dans un système de taux de change flottant, dès
qu'une entreprise ou un individu réalise une opération qui
implique une entrée ou une sortie de devises dans les mois ou les
années à venir, il supporte un risque de change car l'entreprise
ou l'individu ne connaît pas à l'avance le cours de cette devise
et donc la contrepartie de ses flux en devises dans sa monnaie. Ce type de
risque de change évoqué jusqu'à présent est
désigné sous les termes « risque de change de transaction ou
de conversion ».
Les taux de change peuvent aussi avoir des impacts
sur la valeur de l'entreprise, celle-ci étant égale à la
valeur actualisée des flux qu'elle générera dans le futur.
La variation de valeur de l'entreprise due aux fluctuations des taux de change
traduit le risque de change économique. Enfin, les variations des taux
de change ont des effets sur les états comptables et, en particulier,
sur les résultats comptables des entreprises, ce qui correspond au
risque de change de traduction ou comptable.
Aussi, pour analyser les
différents types de risque, il faut définir quelle est la monnaie
de référence de l'entité considérée. Pour un
individu, la monnaie de référence est la monnaie dans laquelle il
consomme. Pour une entreprise, la monnaie de référence est, en
finance, la monnaie dans laquelle est exprimée la valeur de
l'entreprise.
Dans le cas du risque de change de transaction
analysé dans ce chapitre, le risque de change apparaît dès
lors qu'un prix en devises ou une opération financière en devises
est établi ou accepté par une entreprise. Le risque est que le
cours de la devise considérée varie par rapport au cours existant
à l'instant de la négociation.
Se couvrir contre le risque
de change permet de connaître aujourd'hui avec certitude la contrepartie
dans sa monnaie, des flux en devises futurs.
Ne pas se couvrir est le
résultat d'une décision. Deux éléments peuvent
inciter un particulier ou une entreprise à ne pas se couvrir :
- Premièrement, les prévisions des cours au
comptant futurs sont différentes des cours de change futurs garantis ;
- Deuxièmement, si les variations des taux de change
reflètent uniquement le différentiel d'inflation entre les deux
pays considérés, le risque de change est nominal.
Ne pas se couvrir implique que le risque existe toujours car il
n'est pas possible de connaître avec certitude aujourd'hui la
contrepartie des flux en devises attendus dans le futur, les prévisions
pouvant se révéler fausses. L'objet de la couverture du risque de
change, quel que soit le type de risque de change analysé, est de se
protéger contre les variations non anticipées des taux de
change.
Pour bien définir le risque de change et le gérer,
il faut, dans la mesure du possible, établir quel est le prix en
devises, quelle est la date de transaction, et quel est le montant de la
transaction. Ceci permet de définir l'exposition au risque de change,
encore nommée la position de change, qui est le nombre de devises que
l'on doit payer ou recevoir. Il existe plusieurs notions de positions de change
: au comptant, à terme et globale.
Pour les estimer, on constitue
un échéancier sur lequel sont enregistrés,
échéance par échéance, tous les paiements et
recettes en devises de l'entreprise.
La position de change est dite
« longue » si l'on détient des devises ou si l'on attend une
rentrée de devises. La position de change est dite « courte »
si l'on doit des devises au comptant ou à terme. La position de change
à terme dans une devise est le nombre de devises que l'on doit recevoir
ou payer au terme considéré. La position de change au comptant
dans une devise est le nombre de devises que l'on doit payer ou recevoir au
comptant. La position de change globale est le nombre de devises que l'on
détient ou que l'on doit, toutes échéances confondues.
Certains définissent cette position de change comme la position de
change au comptant.
En fait, la couverture du risque de change de transaction se
réalise, généralement par terme et par monnaie, ce qui
implique que les positions vraiment utiles sont les positions de change
à terme. Le seul intérêt de la position de change globale
est de donner une idée du montant global sur lequel porte le risque de
change de l'entreprise.
Vous pouvez chercher à protéger
une position longue, c'est-à-dire couvrir le risque de baisse de valeur
de devises que vous déteniez ou que vous deviez encaisser. Pour couvrir
ce risque, il faut adopter une position courte, par exemple, une vente à
terme de devises, ce qui permettra de compenser vos pertes en cas de baisse du
cours au comptant de la devise. Vous pouvez chercher à protéger
une position courte, c'est-à-dire couvrir la hausse potentielle de
valeur des devises que vous devez, par exemple, par un achat à terme de
devises.
Section1 : Exposition et identification du
risque de change
L'exposition au risque de change
Pour appréhender et gérer le risque de change,
l'exportateur doit avoir une vision claire de son exposition.
Ainsi, nous distinguons deux (2) types d'expositions :
l'exposition comptable et l'exposition économique.
L'exposition comptable
Elle fera apparaître un risque transaction (ou risque
conversion) qui est propre aux postes du bilan d'une filiale
étrangère en monnaie domestique lors de la consolidation, et le
risque transaction constitue les éléments hors bilan ainsi qu'une
mesure de l'exposition économique de l'entreprise. Cette exposition,
contrairement à celle économique, s'appuie exclusivement sur les
documents comptables.
Il existe des techniques comptables permettant de traduire les
comptes de filiales étrangères. Dans ce domaine, les entreprises
de la zone Franc ont plus de marge de manoeuvre et cela varie en fonction de la
nature des postes concernés.
La méthode du cours courant
L'opération de transaction des éléments
du bilan et les comptes de résultats s'effectuent à la date de
consolidation. Cette méthode est recommandée par « the
institute of chartered accounts of England and Wales » et
« accountants of Scotland ». Si en entreprise, les gains en
devises excédent les engagements en devise, une évaluation de
celle-ci engendra une perte pour cette entreprise et vice versa, une
réévaluation lui dégagera un profit. Cette méthode
est plus utilisée par les Britanniques.
La méthode du fonds de roulement
Elle consiste à traduire les actifs et passifs à
courts terme au cours de la clôture à la date de consolidation et
les postes du bilan à long terme à la date historique,
c'est-à-dire au cours en vigueur à la date d'acquisition de
l'avoir ou de la contraction de l'engagement. Celle-ci est beaucoup plus
utilisée par les Américains.
La méthode monétaire-non
monétaire
La transaction est basée ici sur la nature
monétaire et non comptable. Les actifs et passifs monétaires
représentent respectivement un droit de recevoir et une obligation de
payer un montant fixé en devise, alors que les actifs et passifs non
monétaires sont généralement physiques.
En résumé ; les dépréciations
et le coût d'achat des marchandises vendus sont traduits au cours
correspondant des éléments du bilan.
La méthode temporelle
Elle est similaire à la méthode
précédente, sauf pour les traitements des stocks. Dans la
méthode monétaire-non monétaire, les actifs et passifs
sont convertis au cours historique tandis que dans celle-ci, ils sont convertis
au cours de clôture à la date de consolidation, et les stocks
apparaissent au bilan à leur valeur de marché et non à
leur valeur historique.
En somme, si les fondements théoriques de la
méthode monétaire-non monétaire se trouvent dans la nature
des actifs et des passifs, dans la méthode temporelle, ils se reposent
sur l'approche utilisée pour évaluer les postes de bilan,
distinguant la valeur théorique à la valeur de marché.
L'exposition économique
Elle couvre aussi bien les opérations à terme de
devises, soit d'engagements futurs dont la réalité n'est pas
encore légale ou comptable, que la situation économique, que la
situation économique globale de l'entreprise du pays d'implantation.
Seul l'effet comptable ne saurait répondre aux exigences de la
fluctuation monétaire du marché qui modifie à part la
comptabilité, la profitabilité des filiales
étrangères hors union monétaire et rendant d'avantage
difficile aussi bien les opérations commerciales (achats, ventes) que
les décisions d'implantation d'usines.
Pour pallier à cela, l'alternative est de rester en
position de change ou couvrir les risques de fluctuations non anticipées
du cours de devises. La méthode économique assoit donc les
perspectives de modifications de la valeur de l'entreprise dans le futur
à travers une analyse du cash flow futur.
La durée d'exposition au risque de change
L'entreprise est concernée par les fluctuations de
change dès l'étude de marché. Les variations de cours
entre le moment de l'étude qui fonde la décision et la
prospection du marché étranger modifient sa position
concurrentielle. C'est toute fois une « expression » du
risque difficile à gérer. Un risque apparaît clairement en
revanche à la rédaction de l'offre commerciale.
Tant que l'acheteur n'a pas passé sa commande, le
risque de change est un risque potentiel. L'entreprise est engagée par
son offre mais, en l'absence de contrat, il n'y a pas de devises attendues donc
pas de problèmes d'écart de cours. La commande marque
l'entrée en risque certain. L'exportateur tiendra compte du risque le
plus en amont possible pendant la période du risque potentiel et devra
choisir le moment à partir du quel il gère ce risque.
La facturation par l'exportateur marque le passage du risque
économique au risque comptable. Tant que l'exportateur n'a pas
exécuté tous ses engagements contractuels, il s'expose à
un risque de variations de ses coûts en devise. La facturation marque la
naissance de la créance et l'exécution par l'exportateur de ses
obligations. L'exposition au risque de change est parfaitement
spécifiée.
La mise à disposition des fonds au crédit du
compte bancaire de l'exportateur marque la fin de l'exposition au risque de
change.
La durée d'exposition au risque de change
Étude
de marché
Conception
du produit
Catalogue
offre
commandeexpéditionfacturationMise à
disposition
des fonds
Risque
potentiel
Risque certainRisque
économiqueRisque
comptablepaiement
|
|
|
|
|
|
I- Identification du risque de
change
Une entreprise est en risque de change lorsque les gains
subissent les fluctuations du cours des devises.
Prenons l'exemple, d'une entreprise n'ayant aucune
activité exportatrice en dehors de sa zone monétaire ne peut en
conséquence être en situation de risque de change. Mais dès
lors qu'elle envisage d'étendre ses activités commerciales, elle
y est immédiatement confrontée. En outre, ce risque de change
peut conduire à une perte importante lorsque les fluctuations du cours
des devises sont importantes.
Lorsque les entreprises s'endettent, elles
préfèrent geler les taux d'intérêts en
prévision de leurs volatilités probables et du coup
réduisant la menace pour la stabilité de l'entreprise est
à mesure d'estimer son exposition au risque de change.
De l'entrée en risque de change à la
gestion du risque de change
Choisir un cours n'est pas géré le risque.
L'entreprise, qui choisit avec beaucoup d'attention un cours de conversion, se
donne les moyens de formuler une offre en devises aussi compétitive que
possible au regard de l'état du marché monétaire
international ; mais pour protéger ce cours, elle doit ensuite
mettre en oeuvre la gestion de son risque de change.
Pour cela, et pour chaque devise, il est nécessaire de
connaître :
- Le montant de l'exposition ;
- La date d'entrée en risque ;
- La date de sortie du risque de change.
Il faudra attendre la facture pour reconnaître avec une
certaine précision ces informations. Or l'entreprise est en risque de
change potentiel beaucoup plutôt. Une mise en oeuvre judicieuse de la
gestion du risque résout cette difficulté : certaines
techniques offrent des couvertures sur des durées maximum d'exposition
et sur des montants non strictement spécifiés.
Section 2 : le cadre de la
gestion
Le concept de position de change
On appelle position de change (PCH) d'une devise, à une
date donnée, la somme algébrique suivante :
Situation de trésorerie dans la devise
(trésorerie immédiate et disponible) + Somme des
montants à recevoir dans la devise
- Somme des montants à décaisser dans la devise
= PCH sur la devise
considérée
|
La position de change (PCH) mesure l'exposition
instantanée de l'entreprise sur la devise considérée.
On distingue trois (3) types de positions de change :
- Position de change fermée (PCH=0) : l'entreprise
n'est pas en risque de change ;
- Position de change longue (PCH>0) : l'entreprise est
en risque de change si le trésorier anticipe une hausse de la devise et
adopte une attitude spéculative. Il ne fait rien dans l'attente d'un
gain de change. Dans tous les autres cas, il ferme sa position de
change ;
- Position de change courte (PCH<0) : l'entreprise est
en risque de change si le trésorier anticipe une baisse de la devise et
adopte une attitude spéculative. Il ne fait rien pour pouvoir acheter
moins cher, plus tard, les devises dont il a besoin dans tous les autres cas,
il ferme sa position de change.
Les objectifs fondamentaux de la gestion de risque de
change
Les techniques de gestion du risque de change répondent
à deux (2) objectifs :
- Une position fermée supprime le risque de
change :
Un principe fondamental de la gestion du risque de change
consiste donc à aménager pour arriver, par une exposition
inverse, à une position nulle. Mais la fermeture de la position de
change prive l'entreprise de toutes les potentialités de gains de
changes ;
- Un second principe dans la gestion du risque de
change est donc la protection du cours :
L'exportateur préfère, à coût
légal, une technique qui lui garantit un cours plancher et le fait
bénéficier de tout ou partie du gain de change; l'importateur
recherche la protection d'un cours plafond qui limite la hausse du coût
de ses approvisionnements sans l'empêcher de profiter d'une
dégradation de la devise.
Les niveaux de gestion du risque de change
Chaque opération en devise ouvre une position de
change. Une offre, une commande d'un acheteur étranger, une facture en
devise représentent des devises à recevoir. Les outils de gestion
peuvent être mobilisés à ce niveau. Le concept de position
de change invite toutefois au regroupement des opérations et à la
compensation des flux de devises à encaisser (risque export) et à
décaisser (risque import).
La gestion par opération trouve ses limites avec
l'augmentation du nombre des opérations et l'accroissement de
l'ouverture internationale.
Seule la gestion en position de change avec la compensation
des flux assure une couverture à coût nul ou faible des risques de
change export et import.
Le passage d'une gestion de risque de change par
opération à une gestion en position de change nécessite
généralement un aménagement du système informatique
et des procedures de traitement des opérations commerciales.
Le trésorier en charge de calcul de la position de
change doit être parfaitement et rapidement informé de tous les
flux de devises, qu'ils soient potentiels ou certains.
L'intégration des systèmes d'information
facilite le recours aux outils informatiques pour le calcul de position de
change. Celle-ci répond aux trois (3) critères :
- La fiabilité : toutes les opérations sont
intégrés dans les plus brefs délais ;
- La clarté : la position de change est facile
à lire et à mettre à jour ;
- L'actualisation : la position de change est
recalculée chaque jour pour tenir compte de l'évolution du cours
de la devise.
Les étapes de gestion du risque de change
Étape 1 : Détermination du
degré d'exposition en identifiant le risque
Cette étape consiste à identifier tous les
secteurs dans lesquels se manifeste le risque de change au sein de
l'entreprise. On peut citer entre autres :
- Les ventes et les stocks : sont les
postes les plus sensibles au risque de change surtout lorsque l'entreprise est
exclusivement importatrice ou exportatrice ;
- Biens d'équipements : leur
valeur peut considérablement augmenter en cas de fluctuation
défavorable avant la date de livraison ;
- Approvisionnements et service : en cas
de sous-traitance en dehors de sa zone monétaire et des services
d'exploitation (frais de déplacement, télécommunication et
honoraire) ;
- Frais de financement et de
crédit-bail : les crédits dont les
intérêts sont payables en devises sont rares, par contre, il peut
arriver qu'un investisseur étranger finance un bien d'équipement
sous forme de crédit-bail ;
- La paie : les entreprises, dont les
succursales de vente ou de service se situent à l'étranger,
rémunèrent leurs employés en devises ainsi que les
paiements des ventes sur catalogues ;
- Paiement des actionnaires : c'est le
cas des entreprises étrangères cotées en bourse aux
États-Unis, au CAC 40 ou le NASDAQ dont les actionnaires
étrangers exigent d'être payés en leur monnaie
nationale ;
- Les cessions entre sociétés
affilées : en cas de cessions (vente ou achat) entre
sociétés filières installées dans des zones
monétaires différentes, elles sont toutes exposées au
risque de change qui se trouve influer par la politique étatique
(exemple : États-Unis, Canada) qui tient les entreprises
responsables de leur politique de cession.
Étape 2 : Qualification du risque
de change de fluctuation des taux de change
Après avoir décelé la source du risque de
change, il faut quantifier son ampleur. Pour cela, l'entreprise devra se poser
certaines questions : quels sont les pertes ou gains éventuels si
la devise varie de quelques cents les mois prochains ? Que
représenteraient ces pertes ou gains en pourcentage du chiffre d'affaire
et pourcentage de la marge de profit ?
Ensuite l'étude s'affinera à travers l'ampleur
des pertes de change et l'entreprise devra se pencher sur la possibilité
d'une facturation au client par le biais d'une hausse de prix tout en
anticipant la position concurrentielle et compenser par ailleurs les pertes
(protéger la marge de profit par une diminution des frais
d'exploitation). C'est d'ailleurs le cas le plus fréquent en Afrique.
Étape 3 : Détermination des
objectifs en matière de risque de change
Elle constitue l'aboutissement des deux
précédentes étapes. En effet, c'est la phase de
détermination de la place que doivent prendre les opérations de
change dans la stratégie globale de l'entreprise. C'est aussi le moment
de décider du choix de la couverture à adopter. L'atteinte des
objectifs dépend, en définitive et quelque soit le secteur
d'activité, des facteurs tels que :
- L'ampleur du risque de l'entreprise ;
- La ou les monnaie(s) de commercialisation ;
- Le choix du secteur d'activités ;
- La conception des affaires et du risque ;
- La connaissance et l'expérience des marchés et
des instruments financiers ;
- Le degré de contrôle sur la gestion
financière de l'entreprise.
Toutes ces investigations devront être
intégrées dans le document de plan d'affaires de l'entreprise.
Étape 4 : Mise en oeuvre du plan de
gestion du risque de change
Le plan d'affaire, une fois établi, fera l'objet
d'attention particulière des spécialistes pour un meilleur choix
des instruments de gestion des risques de change.
Mais il faut choisir au préalable les produits qui
correspondent le mieux aux besoins de l'entreprise. C'est alors que le
spécialiste des gestions de risque de change (cas de la Banque Royale
pour les canadiens, organisme que nous n'avons pas en Afrique) aidera à
déployer la stratégie de l'entreprise en adaptant et en concevant
les instruments qui procurent un maximum d'avantages.
Étape 5 : Assurance d'un suivi et
vérification de l'efficacité de la stratégie mise en
oeuvre
Une stratégie de la gestion de risque de change n'est
utile que si elle atteint sa cible. L'entreprise devra suivre le rendement de
chaque instrument de couverture et faire des comparaisons avec ceux qui n'ont
pas été retenus afin d'effectuer des réajustements
nécessaires. En outre, l'entreprise disposera d'une masse d'informations
qui dira si la stratégie fonctionne et le cas échéant,
indiquera ce que celle-ci épargne.
Illustrations
Comme nous l'avons dit ultérieurement, toute entreprise
exerçant une activité commerciale ou financière
internationale est exposée au risque de change. La partie qui nous
intéresse ici est celle des opérations commerciales
internationales : Importation-Exportation.
La principale source d'exposition au risque de change
liée à une opération commerciale prend en
réalité naissance dès la négociation avec le
partenaire étranger, c'est-à-dire l'offre du fournisseur
étranger à l'importation au client étranger à
l'exportation. C'est la raison pour laquelle on peut considérer que le
risque prend sa source lors de la signature du contrat et disparait lors de
l'exécution des opérations sur devises relatives au paiement.
Soit l'entreprise EEPCI a négocié un contrat
d'exportation de pétrole pour 1.000.000 USD payable à trois mois.
Au moment de la facturation le dollar US cote un euro (1 EUR= 1 USD). Son
coût de revient s'élève à 90.000. Sur cette base,
elle dégage une marge de 10% de son prix de vente soit 100.000 EUR.
Trois mois plus tard, EEPCI encaisse les 100.000 USD mais ne
reçoit que 967.000 EUR car le dollar s'est
déprécié, donc réciproquement l'euro s'est
apprécié (EUR/USD= 0.967). La marge nette de l'entreprise n'est
que de 67.000 EUR.
La variation du cours a modifié la marge
bénéficiaire de l'entreprise. EEPCI aura pu se protéger
des risques de change en se couvrant par des produits d'assurances ou des
produits de couverture bancaire.
À l'importation, les acheteurs sont confrontés
aussi au risque de variation de devises et peuvent trouver des techniques de
couverture adaptées auprès des banques.
On s'aperçoit au travers cet exemple simplifié
que l'entreprise est soumise au risque de change à l'import qu'à
l'export. Heureusement, les variations n'aboutissent pas forcement à des
pertes mais peuvent également générer des gains
substantiels.
Section 3 : les techniques de gestion du
risque
L'entreprise utilise des outils internes et des produits
proposés par les banques et les assurances pour la couverture du risque
de change.
La gestion interne du risque
Pour prévenir le risque de change, la plupart des
entreprises optent pour des méthodes comme suit :
Le choix de la devise de paiement
La devise de paiement détermine en partie
l'intensité du risque. Le choix du cours de conversion, indispensable
pour passer du prix en monnaie nationale au prix exprimé en devise, est
un élément important pour la compétitivité de
l'offre et la gestion du risque.
1.1. La facturation en monnaie nationale ou en
devise
En théorie, l'exportateur peut présenter son
offre de prix de trois (3) manières différentes : en euros,
dans la devise de l'acheteur, ou dans une devise tierce.
La facturation en euros
En facturant en euros, l'exportateur transfert le risque de
change et la charge de sa gestion sur son client étranger. Mais
l'acheteur qui reçoit une offre en euros choisit un cours de conversion
pour passer dans sa monnaie nationale, et le vendeur n'a aucune maîtrise
de ce cours. S'il est défavorable, l'offre convertie dans la devise de
l'acheteur semblera peu compétitive par rapport aux offres
formulées directement dans cette devise ; elle risque d'être
écartée.
De même, si l'acheteur refuse d'assurer le risque de
change et sa gestion, l'offre sera rejetée. La facturation en euros est
donc un handicap commercial.
La facturation dans la devise de l'acheteur
Sur le plan commercial, présenter une offre dans la
devise de l'acheteur constitue un signe de proximité
généralement apprécié. Du point de vu du prix,
l'entreprise agit comme ses concurrents locaux. Le client évalue
directement, sans avoir à faire de conversion, la
compétitivité de l'offre.
C'est l'exportateur qui choisit le cours de conversion. S'il
opte pour un cours très favorable au client, le prix sera
compétitif et l'offre aura de fortes chances d'être retenues. Mais
la marge ne sera maintenue que s'il est possible de changer, à
l'échéance, les devises à un taux égal ou proche de
ce cours de conversion.
Le calcul des prix en devises et la gestion du risque de
change sont des compétences spécifiques que l'exportateur
occasionnel, le nouvel exportateur ou la très petite entreprise ne
maitrisent pas nécessairement.
Répartition du risque de change
|
prix d'offre dans la devise de l'exportateur
Prix de l'offre dans la devise de l'acheteurCours de conversion
fixé par l'acheteurCours de conversion fixé par
l'exportateurRisque supporté et géré par l'acheteurRisque
supporté et géré par l'exportateur
|
|
|
|
La facturation dans une devise tierce
Cette hypothèse, qui fait peser le risque de change et
sa gestion sur les deux (2) partenaires, semble à priori moins
pertinente que l'une des solutions précédentes. Pourtant, il peut
arriver que ni la devise de l'acheteur, ni celle du vendeur ne puissent
être retenues.
Exemple : FORACO est une PME qui
vend des pompes télécommandées pour des installations
d'assainissement des eaux. Elle réalise prés de 40% de son
chiffre d'affaires en Afrique, dans le cadre de contrat financé par la
Banque internationale pour la construction et le développement (groupe
Banque mondiale). Le dollar américain, devise tierce pour l'acheteur et
le vendeur s'impose pour ces opérations.
1.2. Le choix de la devise de
facturation
Les critères de choix sont regroupés en trois
(3) familles, les critères économiques, commerciaux et les
critères de gestion.
Les critères économiques
Toute devise de paiement acceptée par l'exportateur
doit satisfaire aux conditions ci-après :
· La libre convertibilité sur le
marché monétaire (convertibilité externe)
Certains pays contrôlent leur situation monétaire
extérieure en réservant les opérations de change à
leurs résidents et en imposant un cours de change officiel.
L'exportateur ne saurait de telles devises en paiement.
· La disponibilité dans le pays de
l'acheteur
L'insuffisance de devise dans le pays du débiteur
entraine des difficultés et des retards lors des opérations de
paiement. Dans cette situation, l'exportateur s'expose au risque politique de
retard ou de non-transfert.
· L'appartenance à une zone
monétaire
Accompagnant le mouvement de mondialisation et de
régionalisation des échanges, des unions monétaires
régionales se constituent. Elles ont pour objectifs, soit de
créer ou de renforcer des solidarités économiques (union
économique de l'Afrique occidentale, union économique et
monétaire de l'Afrique centrale, union monétaires des
caraïbes de l'est...), soit de céder leur souveraineté
monétaire à un pays dominant qui offre sa garantie de
convertibilité (le Mexique aux États-Unis, douze États
africains à l'union européenne...). Certaines unions cumulent ces
deux objectifs.
Les zones monétaires forment des espaces
géographiques qui imposent pratiquement une devise pour les
opérations commerciales ; les unions monétaires
bénéficient d'un cadre formel qui garantit la
convertibilité. Zones et unions forment des espaces qui ne se recoupent
pas nécessairement.
· L'existence d'un marché international
monétaire et financier de la devise
Un marché monétaire et financier international
actif et important pour la devise considérée assure à
l'exportateur une mise en oeuvre aisée des techniques de gestion du
risque de change et des opérations d'emprunts en devises assurant le
financement des opérations.
En plus de ces critères quasi structurels,
l'exportateur tient compte de la situation conjoncturelle, économique et
monétaire : stabilité des taux de change, niveau des taux
d'intérêt et de l'inflation.
a- Les critères commerciaux
La devise de paiement est un élément de l'offre,
et le vendeur doit s'efforcer de satisfaire les attentes de l'acheteur. Sur les
marchés globalisés comme ceux des produits de base, des
matières premières, etc., la devise d'usage, le dollar en
général, s'impose à l'exportateur sous peine de se placer
en dehors de la compétition commerciale mondiale.
Exemple : Fort de ses succès
commerciaux et des potentialités économiques de la zone euro,
EADS-Airbus industriel tente d'introduire l'euro sur un marché
mondialisé où la devise d'usage commerciale est le dollar
américain.
b- Les critères de gestion
· Un nombre limité de devise
Chaque devise supplémentaire utilisée constitue
un nouveau facteur de risque, et celle-ci doit faire l'objet d'une surveillance
et d'une gestion spécifiques. Utiliser un grand nombre de monnaies
étrangères deviendrait donc vite difficile et coûteux.
· Des devises facilitant la mise en oeuvre des
techniques de gestion du risque
En utilisant pour les achats les mêmes devises
qu'à l'exportation, il est possible de gérer le risque de change
par la compensation des flux.
1- La compensation des flux
« La compensation est une technique de couverture
par laquelle une entreprise limite son risque en compensant les encaissements
et les décaissements dans une même monnaie ». Ainsi, le
règlement d'une créance en devise sera renvoyé au paiement
d'une dette libellée dans la même unité monétaire.
La position de change se portera alors uniquement sur le solde.
En pratique, la correspondance entre la dette et la
créance ne s'établit jamais totalement. L'écart
d'échéance introduit un problème de financement en devises
(excédent ou insuffisance) donc un risque de taux d'intérêt
mais pas un risque de change. L'entreprise fait face à un risque de
change résiduel sur l'écart de montant.
La compensation bilatérale peut
également être appliquée par les firmes dans des cas
exceptionnels. Cette compensation est possible lorsque deux (2) entreprises
sont en relations commerciales et qu'elles effectuent des ventes
réciproques. C'est le cas quand une société vend à
un client étranger des produits, ce client s'approvisionne dans cette
même entreprise.
Ainsi, comme le montre ce schéma ci-dessous, deux (2)
opérations commerciales peuvent se résumer en une seule
opération :
Sans compensation
bilatérale :
Société
B
Société
A
Doit 1.300.000 €
Doit 1.000.000 €
Avec compensation
bilatérale :
Société
B
Société
A
Doit 300.000 €
3- le termaillage
Une bonne maîtrise des dates facilite la gestion du
risque de change. D'une part, en agissant sur les dates d'encaissements et de
décaissements, il devient possible de rapprocher les dates
d'échéances et de faciliter la compensation. D'autre part, le
trésorier peut retarder un encaissement pour profiter d'une hausse de la
devise, ou chercher à accélérer en période de
dépréciation. À l'importation, il retarde le
règlement en période de baisse et, si la devise
s'apprécie, se procure en avance les fonds nécessaires.
Les principales décisions à prendre, compte tenu
de la tendance de la devise :
|
Exportation
|
Importation
|
La devise s'apprécie
|
Accélérer le paiement
|
Retarder le paiement
|
La devise se déprécie
|
Retarder le paiement
|
Accélérer le paiement
|
N.B : Les techniques visant à
mesurer l'évolution des cours de change mobilisent des ressources
importantes. La technique de termaillage, basée principalement sur cette
estimation de l'évolution des cours, n'est appréciable que dans
la mesure où chiffre d'affaires de l'entreprise à l'exportation
et les pertes potentielles liées aux variations de cours de change
justifient la mise en place d'une telle structure.
De plus le termaillage présente des limites qui soient
liées au niveau de la trésorerie de l'entreprise et aux
contraintes commerciales.
B- Les produits bancaires
Le banquier est un partenaire essentiel de l'entreprise dans
les gestions du risque de change. L'offre de la banque répond à
des besoins très diversifiés selon le type d'entreprise (PME,
grande entreprise, société ayant des filiales à
l'étranger), selon la situation de risque (risque potentiel ou certain)
et les modalités de gestion (par opération ou en position de
change). Elles reposent toutes sur un nombre limité de techniques de
base utilisées par l'ingénierie financière afin de
développer une offre de produits dérivés.
Nous reviendrons largement sur ce point aux prochains
chapitres.
C- Les produits d'assurances
À la différence de la carence d'un
débiteur ou d'un pays qu'on peut considérer comme des accidents
ponctuels, les variations de cours à l'origine du risque de change sont
la norme du marché monétaire international. À chaque
seconde, de nouveaux cours se forment et, selon les positions de change des
opérateurs en devises, occasionnent des gains et des pertes de change.
Dans un tel contexte, les produits d'assurance sont peu nombreux et
proposés aux compagnies agissant pour le compte de l'États.
L'offre des compagnies d'assurance, telle que la COFACE,
comporte deux (2) polices d'assurance correspondant l'une à la
couverture ponctuelle du risque de change potentiel, l'autre à la
couverture dans le cadre de courants d'affaires libellés en devise.
1. La couverture du risque de change dans les
courants d'affaires
a. La cible
La police d'assurance s'adresse à toutes les
entreprises qui réalisent des opérations régulières
de commerce courant à l'export libellées en devises. Elles ne
mettent toute fois pas en oeuvre une gestion du risque de change. Cette
attitude s'explique par des raisons de coût, d'absence de
compétences interne, de volonté d'externalisation.
b. Les caractéristiques de la
police
La police définit le cadre général de
l'assurance et précise les modalités de la mise en jeu de la
garantie et des règles d'indemnisation. Pour mesurer
l'intérêt de cette assurance, il faut rapprocher les besoins de
l'entreprise des caractéristiques de la police.
Analyse d'un produit d'assurance du risque de change
pour les courants d'affaires
|
Critères d'analyse du contrat
|
Exemple de la police CIME (COFACE)
|
Devises traitées
|
USD, CHF, JPY, GBP, CAD
|
Sens : exportation, importation, les
deux
|
Exportation seulement
|
Étendue de la couverture : risque
potentiel, risque certains, les deux
|
Les deux : Risque potentiel sur la base d'une
prévision des chiffres d'affaires, risque certain sur la base des
facturations effectives
|
Période contractuelle
|
Minimum six mois, maximum dix-huit mois
|
Montant minimum
|
Montant prévisionnel des ventes facturées en
devises au cours de la période contractuelle
|
Cours garanti
|
Cours convenu à la signature de la police
|
Nature de la protection : cours fixé avec
intéressement en cas d'appréciation
|
Cours fixé avec possibilité
d'intéressement (50%) par une révision du cours de la
déclaration de la facturation effective dans le cadre de l'option
CIME+
|
Quotité garantie
|
100% de la perte de change
|
Coût : pourcentage de prime et
modalités de calcul
|
Taux de prime pour chaque devise en fonction du taux
d'intéressement, de la durée à garantir, du montant
garanti
|
c. Le fonctionnement de la
police
Le montant minimum en devises et le cours garanti sont
définis lors de la mise en place de la police. Périodiquement,
l'exportateur transmet à l'assureur la liste des facteurs en devises
qu'il fait entrer dans la garantie avec leur date d'échéance.
À l'échéance, l'assureur détermine
l'écart entre les contre-valeurs au cours du jour et celles
calculées au cours garanti. Il en résulte toujours un
écart de change, positif en cas d'appréciation de la devise,
négatif en cas de dépréciation.
L'indemnité versée par l'assureur est
égale à la perte de change puisque la quotité garantie est
de 100%. En cas de dépréciation de la devise, l'assureur demande
le reversement du gain de change.
2. La couverture du risque en période de
négociation
a. Les caractéristiques de la
police
La police s'adresse à des entreprises exportatrices qui
remettent des offres ponctuelles pour des contrats généralement
importants et comportant une période de négociation assez longue.
L'objectif de la police est de couvrir un risque potentiel, affaire par
affaire, pendant toute la période de négociation
b. Le fonctionnement de la police
L'assuré effectue la demande de garantie, avant la
remise de l'offre, en indiquant qu'il souhaite garantir. L'assureur donne sa
garantie en précisant le cours retenu et les conditions de sa
révision. L'exportateur peut calculer l'offre en fonction du cours
garanti par l'assureur.
L'entreprise informe l'assureur de la signature du contrat,
ce qui met fin à la période de garantie.
À chacune des échéances, l'assureur
calcule les écarts de change. Les gains et les pertes sont
déterminés par les écarts entre les contre-valeurs
calculées au cours garanti et celles calculées au cours en
vigueur à la date de liquidation.
Analyse d'un produit d'assurance du risque de change
affaire par affaire
|
Critères d'analyse du contrat
|
Exemple de la police Négo plus
(COFACE)
|
Devises traitées
|
Une parmi : USD,CAD, GBP, DKK, JPY, CHF (d'autres devises
peuvent être couvertes sur demande)
|
Étendue de la couverture : risque
potentiel, risque certain, les deux
|
Risque potentiel : de la remise de l'offre à la
signature, prolongation jusqu'à l'entrée en vigueur du contrat
|
Montant maximum
|
100% de la part rapatriable libellée en devises
|
Période contractuelle
|
Durée prévue pour la négociation (minimum
trois mois, maximum vingt-quatre mois)
|
Cours garanti
|
Fixé par la COFACE, c'est un cours à terme pour
chacune des échéances probable de paiement
|
Possibilité de révision du cours
|
Oui, en cas d'appréciation de la devise en
période de négociation
|
Protection : cours fixé, cours fixé
avec intéressement en cas d'appréciation
|
Fixé avec possibilité d'intéressement
à 50% ou 70%
|
Quotité garantie
|
100% de la perte de change
|
Coût
|
Taux de prime fixé pour chaque devise en fonction du
taux d'intéressement, de la durée et des modalités de
révision du cours
|
c. Un produit complémentaire
utile
Une police d'assurance en période de négociation
est un produit complémentaire dans une gestion du risque de change. La
gamme des produits bancaires pour la couverture en période de risque
potentiel est limitée. Les produits (options sur devises, report
d'échéance et annulation de vente à terme) qui permettent
cette gestion du risque, exigent une très bonne maitrise des techniques
bancaires. Les contraintes de montant maximum et de coût excluent
beaucoup d'opérations.
La police d'assurance affaire par affaire pendant la
période de négociation offre au contraire une solution simple et
relativement peu couteuse. Après la signature ou l'entrée en
vigueur du contrat, l'utilisation de ce produit peut être combinée
à une technique bancaire de base. Le risque est alors bien
spécifié en termes de montant, de dates, de devises ; il est
bien plus facile à gérer.
Sur le plan commercial, la mise en place de la police
libère le commercial du souci de la prise en charge du paramètre
risque de change et évolution des devises pendant la période de
négociation.
D- Choix d'une technique de
couverture
Pour faire face au risque de change, vers quel type de
couverture se tourner ?
Reprenons les avantages et inconvénients des
différentes techniques de couverture au travers un tableau.
Techniques de couverture
|
Avantages
|
Inconvénients
|
Facturation en monnaie ou en devise
|
· Utilisation simple
· Coût nul
· Protection complète contre le risque de
change
|
· Commercialement mauvais car tout le risque est
transposé sur l'acheteur ou le vendeur
· Ne permet pas de bénéficier d'une
évolution favorable des cours de change
|
Compensation des flux
|
· Risque aléatoire (entreprise doit réussir
à compenser les flux sortant et entrant)
· Coût lié à la gestion soutenue de
la position de change
|
· Nécessité d'une gestion suivie de la
position de change de l'entreprise
· Demande un nombre limité de monnaies de
facturation
|
Termaillage
|
· Coût quasi nul
· Méthode spéculative (basé sur
l'évolution plus ou moins favorable des cours de change)
|
· Utilisation compliquée : basée sur
l'estimation de l'évolution des cours de change
· Nécessite une trésorerie saine
|
Police d'assurance de change
|
· La couverture des remises de l'offre est possible
· Possibilité de bénéficier d'un
gain de change pour certaines polices
· Risque nul
|
· Coût élevé
· Réservé aux courants d'affaires
importants
· Pas de gain de change bans la formule de base
|
N.B : Il est important de noter que la
majorité des techniques de couverture est adaptée aux offres ou
commandes importantes étant donné leur coût. Pour les
offres de faibles valeurs, l'entreprise pourra privilégier sa monnaie
nationale (quoiqu'elle soit l'inconvénient majeur de ne pas toujours
être bien acceptée d'un point de vue commercial), une clause
d'indexation ou encore choisir de ne pas se couvrir. En outre, certaines
techniques de protection contre le risque de non-paiement telles que
l'affacturage ou l'assurance-crédit permettent, moyennant coût
supplémentaire, d'obtenir une protection contre le risque de change.
1
Chapitre
Couverture de risque de change par les
produits bancaires
Principes
1- Présentation des cours de
change
Dans la pratique, une devise est caractérisée
par un cours de change et un taux
d'intérêt. Ce dernier sert de taux de
référence pour les opérations de prêt ou
d'emprunt.
Une conversion permet de s'assurer de ce qu'un cours exprime.
Elle consiste à présenter la devise de l'opération sous
forme de fraction où le dénominateur représente la
contre-valeur d'une unité de la devise présente au
numérateur.
EUR/USD signifie que le cours représente la valeur d'un
EUR en USD (on dira euro contre dollar)
· USD/JPY signifie que le cours représente la
valeur d'un USD en JPY (on dira dollar contre yen)
Un cours d'EUR/USD à 1,3275 signifie que 1 EUR= 1,3275
USD.
Le cours d'un couple de devise représente donc toujours
la contre-valeur en devise secondaire d'une unité de la devise
principale.
Exemple : un client demande
à sa banque un prix d'EUR/USD comptant (on dit aussi spot).
La banque cotera 1,3430/40 ou encore 1 EUR= 1,3030 - 1,3440
USD.
Cela signifie pour le client :
- Je peux vendre 1 EUR et recevoir 1,3430 USD ;
- Je peux acheter 1 EUR et payer 1,3440 USD.
Le côté gauche représente le cours auquel
une entreprise vend une unité de la devise principale (ici l'euro), le
côté droit représente le cours auquel un opérateur
achète une unité de la devise principale.
On remarquera que le côté gauche est toujours
inférieur au côté droit. Le côté gauche
s'appelle le côté demandé ou « bid »
(prix auquel le coteur achète), il s'agit du cours import.
Le côté droit s'appelle le côté
offert ou « ask » (prix auquel le coteur vend), il s'agit
du cours export.
L'écart entre le deux s'appelle le
« spread » et revient à la banque qui a
effectué l'opération.
Cotation à l'incertain au ou
certain
· La cotation à l'incertain :
consiste à indiquer le montant de la devise
étrangère pour une unité de monnaie nationale. Par
exemple 1 EUR est égal à 655,957 F CFA.
· La cotation au certain : est la
méthode inverse. Elle consiste à exprimer la devise
étrangère en monnaie locale. En réitérant l'exemple
précédent, nous aurons : 1 FCFA est égal à
0.005267 EUR
2- Les commissions de change
À une date donnée, les informations
financières sur les cours et taux fournis sur le dollar américain
pouvaient se résumer ainsi :
- 1 EUR = 1,3210 - 1,3218 USD, si une entreprise importe pour
300.000 USD, cela représente 300.000/1,3210 = 227.100,68 EUR ;
- Si entreprise exporte pour 300.000 USD, cela équivaut
300.000/1,3218 = 226.963,23 EUR.
À ces valeurs, il faut tenir compte de la commission de
change (par exemple un pour mille) qui diminue les recettes à l'export
et qui augmente le coût d'achat à l'import.
À l'import : dépenses
décaissées = 227.100,68 x (1,001) = 227.327,78 EUR.
À l'export : recettes encaissées =
326.963,27 x (0,999) = 226.736,26 EUR.
3. Le calcul du cours croisé
Un cours croisé est un cours de change d'une devise
contre un autre calculé à partir du cours de ces deux devises
contre une autre devise commune (généralement le dollar
américain). En effet, la plupart des monnaies sont exprimées par
rapport au dollar américain. On trouve également des cotations
pour certaines « paires » de monnaies importantes :
EUR/GBP, EUR/JPY, GBP/JPY, etc. en revanche, pour certaines autres couples, il
est nécessaire de calculer le cours en utilisant la méthode de
cours croisé, c'set à dire en se servant de
cours de chacune des devises contre une autre monnaie commune (en
général le dollar).
Exemple 1 : recherchons un cours
GBP/CHF
GBP/USD : 1,7392 et USD/CHF : 1,1540
On en tire le GBP/CHF : 1,7392 x 1,1540 = 2,0070.
Exemple 2 : recherchons un CHF/JPY
USD/CHF : 1,1540 et USD/JPY : 120,69
On en tire CHF/JPY : 120,69/1,1540 = 104,58
II. La couverture à terme
Dans le cadre d'une opération d'importation ou
d'exportation, le négociant peut signer le contrat dont le
règlement (paiement ou encaissement) peut intervenir dans un
délai ultérieur à échéance.
Pour se couvrir du risque de fluctuation, entre la devise et
sa monnaie, le négociant peut demander à sa banque de lui faire
une couverture à terme qui lui permettra de connaître dès
aujourd'hui le cours entre sa monnaie et la devise auquel le règlement
sera effectué.
La couverture à terme permet de connaître
à l'avance le cours auquel le banquier, d'une part, achètera la
devise à l'exportateur au moment de l'échéance et, d'autre
part, il vendra la devise à l'importateur au moment de
l'échéance.
Il est important de noter que ces contrats sont fermes et que
le négociant ne pourra bénéficier d'une évolution
favorable de la devise.
Au moment de l'accord aucun flux de devise n'est
échangé, seule l'échéance donne lieu à la
livraison. Toutes ces opérations sont effectuées sur la base de
la cotation de la devise appelée « cours de
change ».
1. La vente à terme et le
risque de change de l'exportateur
Exemple : la société
tchadienne TCHANDE est adjudicataire d'un marché d'exposition de 106.000
USD payables dans trois mois. Cela génère une position longue sur
le dollar.
Le trésorier ne souhaite pas prendre le risque de
change et veut renfermer cette position. Il décide de vendre à
terme à trois mois les 106.000 USD.
Il téléphone à son banquier et obtient
les données financières des marchés :
- 1 EUR = 1,0590 - 1,0600 USD
Taux d'intérêts à 3 mois
|
Devises
|
Emprunt
|
placement
|
EUR
|
3%
|
31/16%
|
USD
|
515/16%
|
6%
|
La commission de change est de 1,10 %o.
La société TCHANDE s'engage à livrer
à son banquier les 106.00 USD dans trois mois. Elle modifié ainsi
sa position de change et la met à jour.
|
Position de change après
|
La vente à terme
|
|
Position initiale
|
Devise à recevoir du client
|
106.00 USD
|
PCH > 0
Risque à la baisse de l'USD
|
Vente à terme
|
Devise à verser au banquier
|
106.000 USD
|
PCH < 0
Risque à la hausse de l'USD
|
Position de vente après la
|
Vente à terme
|
0 USD
|
PCH = 0
Pas de risque de change
|
La société a couvert son risque de change et
connaît dès maintenant la contre valeur des devises à
l'échéance : 106.000 USD/1,0600 = 100.000 EUR.
· Fixation du cours à terme par le
banquier
Avec cette opération, le banquier s'est engagé
à recevoir 106.000 USD dans trois mois. Cette position de change longue
crée un risque de change sur l'USD ; or le banquier n'a pas
vocation à prendre un risque spéculatif. Il décide donc de
changer immédiatement les 106.000 USD, mais il ne les a pas.
Les opérations suivantes seront alors
réalisées par le banquier :
1 - Il emprunte les dollars au taux de 6% pendant 90 jours,
à l'échéance le montant à rembourser
s'élèvera à :
106.000 USD + (106.000 x 90/360
x 6%) = 107.590 USD
2 - Il convertit les 106.000 USD en EUR sur la base d'un
cours de 1 EUR = 1,6000 USD
D'où : 106.000/1,0600 = 100.000 EUR
3 - Il place la somme convertie en EUR pendant 90 jours au
taux de 3%. À l'échéance, on dispose de : 100.000 EUR
+ (100.000 x 90/360 x 3%) = 100.750 EUR.
Il en tire le cours à terme :
1 EUR = 107.590/100.750 = 1.0679 USD
D'où à 90 jours : 1 EUR = 1,0679 USD
Si l'exportateur utilise la couverture à terme, 106.000
USD à 90 jours représentent 106.000/1,0679=99.261,08 EUR (hors
commission de change).
L'euro est en report par rapport à l'USD, le report
représente 79 points (1,6079 - 1,0600). Cela signifie que l'euro
s'apprécie et le dollar se déprécie.
N.B : si le taux de l'euro est
inférieur au taux de l'USD, cela signifie que l'euro est en report par
rapport à l'USD et réciproquement le dollar américain est
en déport par rapport à l'euro.
Report et déport
|
Taux d'intérêt
|
Cotation au certain
|
Cotation à l'incertain
|
Taux DEV < Taux EUR
|
L'euro est en déport contre la
devise :
Ct EUR/DEV < Cc EUR/DEV
|
La devise est en report contre
l'euro :
Ct DEV/EUR > Cc DEV/EUR
|
Taux DEV > Taux EUR
|
L'euro est en report contre la
devise :
Ct EUR/DEV > Cc EUR/DEV
|
La devise est en déport contre
l'euro :
Ct DEV/EUR < Cc DEV/EUR
|
DEV : devise Ct :
cours à terme Cc : cours au comptant
· Les avantages et inconvénient de la
vente à terme
Avantages
|
Inconvénients
|
- Simplicité (il suffit de téléphoner
à son banquier)
- Technique adaptée à la gestion par
opération
- Absence de montant minimum
- Possibilité de bénéficier de
différentiel de taux d'intérêt favorable (report de la
devise contre EUR pour l'exportateur)
|
- Nécessité de connaître
l'échéance avec certitude,
- Technique non adaptée à la couverture du
risque de change en période de risque potentiel
- Fixation du cours qui prive l'exportateur d'une
éventuelle évolution favorable de cours
- Technique peu adaptée à une gestion en
position de change.
|
En dépit de ces inconvénients, la vente à
terme est très utilisée, c'est la technique de base de toute
gestion du risque de change.
L'achat à terme et le risque de change de
l'importateur
Exemple :
Une entreprise française importe des pièces
détachées pour télécabines. La dernière
commande s'élève à 160.000 CHF payables à 60
jours.
L'importateur craint une appréciation du franc suisse
et opte pour une couverture à terme fixe.
Données financières :
1 EUR = 1,6000 - 1,6015 CHF
Taux d'intérêt à 60
jours
|
devises
|
Emprunt
|
Placement
|
EUR
|
2.15/16%
|
3%
|
CHF
|
1%
|
1.1/16%
|
Commission de change : 1,2%o.
La banque chargée de cette couverture passera
l'évaluation de ce cours à terme par quatre opérations
successives :
1- Le calcul de la contre-valeur des devises à la date
de signature du contrat :
160.000 CHF/1,6000 = 100.000 EUR
2- La banque emprunte à terme à 60 jours
des 100.000 EUR. Les 100.000 EUR sont
empruntés à 3% pendant 60 jours.
À l'échéance, le montant à rembourser
s'élève à :
100.000 + (100.000 x 3% x 60/360) = 100.500
EUR
3- Les 100.000 EUR sont convertis en CHF soit 160.000
CHF
4- les francs suisses sont placés pendant 60
jours à 1%. L'échéance, ils représentent :
160.000 CHF + (160.000 x 1% x 60/360) =
160.266,667 EUR
On en déduit le cours à terme :
160.266,667/105.500 = 1,5947.
D'où à 60 jours : 1 EUR = 1,5947 CHF.
L'euro se déprécie ou le CHF s'apprécie.
L'euro est en déport par rapport au CHF ou le CHF est en report par
rapport à l'euro. Le déport s'élève à -53
points (1,5947 - 1,6000).
L''importateur français qui opte pour un change
à terme fixe sur le CHF, bloque un cours de change et supprime le risque
de change.
Le coût de revient de son importation
s'élève à 100.452,75 (160.000/1,5947).
En résumé :
Euro
|
USD
|
CHF
|
Est-en
|
Report
|
Déport
|
Valeur report/déport
|
+79 points
|
-53 points
|
Pour l'exportateur qui facture en devises
|
défavorable
|
Favorable
|
Pour l'importateur qui est facturé en devises
|
favorable
|
défavorable
|
3- Caractéristiques du change à
terme
· Les avantages
- Le cours est garanti et connu dès la
couverture ;
- Cette technique ne nécessite pas aucun suivi
administratif ;
- Cette technique se caractérise par une souplesse
d'utilisation (échéance sur mesure, couverture pour des
nombreuses monnaies).
Il est possible de protéger, lever, liquider ou annuler
le contrat par anticipation sous certaines conditions
(pénalités...).
· Les inconvénients :
- Cette technique est peu adaptée aux risques
aléatoires ou potentiels en raison du caractère
irrévocable de l'engagement ;
- Le cours garanti n'est pas négociable ;
- Il est impossible de profiter d'une évolution
favorable des cours de la devise.
III. L'avance et l'emprunt en
devise
Le banquier accompagne l'entreprise dans ses besoins de
financement.
L'avance en devise
On parle d'avance en devise export lorsque le banquier
prête à l'exportateur un montant équivalent à la
créance détenue sur un acheteur étranger. Cette technique
apporte une couverture du risque de change et un financement à
l'entreprise.
Exemple : BREKA S.A détient une
créance de 125.000.000 Naira sur un client nigérian à
échéance au 31/10/N. Cette créance génère
une position longue sur le Naira.
La société a un besoin de trésorerie
immédiat. Elle demande à sa banque une avance en Naira, à
échéance du 31/10/N pour un montant équivalent à la
créance.
L'avance en devise ferme la position de change sur les
créances et dettes en Naira et ouvre une position de change sur la
trésorerie (les Naira empruntés). En empruntant à sa
banque, en Naira, un montant équivalent pour la même
échéance, BREKA S.A s'oblige à rembourser des Naira, ce
qui constitue une position courte et compense la position initiale.
BREKA S.A change immédiatement les Naira
empruntés contre des F CFA.
Avec cette opération, elle a fait face à ses
besoins de financement et évite d'exposer une trésorerie en Naira
au risque de change.
L'emprunt en devises
Le principe de fonctionnement de l'emprunt en devises est
strictement identique à celui de l'avance en devises mais il n'est pas
attaché à une opération d'exportation. Il contribue au
financement global de l'exploitation. L'entreprise convertit
immédiatement les devises empruntées et rembourse la banque avec
le produit de ces exportations.
Dans une gestion du risque par opération, on parle
d'avance en devises, dans une gestion en position de change, nous parlerons
d'opérations de couverture par l'emprunt en devises.
Le coût de l'avance et de l'emprunt en devises est celui
des taux d'emprunt de la devise considérée.
Les avantages et inconvénients de l'avance et de
l'emprunt en devises
Ils sont assez proches mais pas identiques à ceux de la
couverture à terme.
Avantages
|
Inconvénients
|
- Techniques d'une relative simplicité ;
- Apporte simultanément une solution de gestion du
risque de change et une solution de financement ;
- Technique adaptée à la gestion par
opération et à la gestion en position de change ;
- Pas de montant minimum ;
- Possibilités de bénéficier d'un
financement à un taux sur la devise inférieur au taux du
financement en monnaie nationale ;
- Grande souplesse dans le cadre de la gestion en position de
change.
|
- Limitation possible si la situation de l'entreprise n'est
pas bonne. L'avance ou l'emprunt est une prise de risque pour le
banquier ;
- Pour l'avance en devises, l'échéance doit
être connue avec certitude ;
- Technique peu adaptée à la gestion du risque
de change en période de risque potentiel ;
- Le cours est fixé, le négociant ne
bénéficie donc pas d'une évolution favorable du cours.
|
IV. Les options de changes
Définition
L'option est un instrument de couverture du risque de change
qui donne droit à son acquéreur de prendre livraison ou de livrer
une devise à un cours et à (jusqu'à) une
échéance connue, en lui laissant le choix de réaliser ou
non la transaction précédemment définie.
Sur le marché de change, il existe deux (2) formes
d'options : l'option américaine et l'option européenne.
Dans l'option européenne, l'exercice de l'option ne
peut se faire qu'à l'échéance, tandis que dans l'option
américaine, l'option peut être exercée pendant toute la
durée de vie du contrat jusqu'à son échéance.
Option d'achat ou option de vente
L'option sur le marché de change est un produit que
l'opérateur va acheter pour le compte de son client. Elle se
présente sous deux formules :
- Option d'achat ou
« call » : est une option
qui donne le droit, mais non l'obligation, à son acheteur
d'acheter un certain montant de devises à un prix et à une date
(ou pendant une période) déterminés à l'avance,
moyennant le versement d'une prime au vendeur de l'option.
- Option de vente ou
« put » : c'est un contrat qui donne à
l'acheteur le droit, mais non l'obligation, de vendre de devises à un
prix et à une date (ou pendant une période)
déterminés à l'avance, moyennant le versement d'une prime
au vendeur de l'option.
En échange de ce droit, l'acheteur de l'option de vente
paye au vendeur une certaine somme appelée « prime
d'option », qui est acquise au vendeur.
Le vendeur de l'option est tenu de vendre au prix d'exercice
si l'acheteur veut exercer l'option. Un acheteur d'option anticipe une baisse
(option de vente) ou un hausse (option d'achat) de la devise.
La position de l'acheteur et celle du vendeur
Il est indispensable de distinguer les positions relatives de
chaque contractant : ainsi l'acheteur d'une option verse au vendeur une
prime (calculée en pourcentage du prix d'exercice), ce qui lui donne le
droit d'exercer ou non son option ; tandis que le vendeur perçoit
la prime mais a un rôle passif, car il devra livrer ou prendre livraison
des devises selon la volonté de l'acheteur.
En fait, l'acheteur de l'option n'exercera son droit d'acheter
(ou de vendre) les devises que si cela correspond à son
intérêt.
Tandis que le vendeur s'engage de façon
irrévocable, en contre partie de la prime
encaissée, à livrer (recevoir) les devises au cours de change
convenu dès lors que l'acheteur souhaiterai exercer son option.
Le prix d'exercice
Le choix de prix d'exercice est laissé à
l'initiative de l'acheteur qui le propose au vendeur. Un prix d'exercice
ou « strike price » est alors convenu entre les deux
parties lors de l'achat de l'option ; c'est le cours de change auquel
s'échangerons les devises en cas d'exercice de l'option.
Les facteurs déterminant du niveau du prix d'exercice
|
Les conditions commerciales de l'opération
La situation sur le marché des changes à
l'échéance envisagée
Le prix d'exercice doit préserver la rentabilité
de l'opération commerciale
Un prix d'exercice beaucoup plus favorable que le cours du
marché à l'échéance est coûteux
On distingue trois situations de prix d'exercice auxquelles
les expressions doivent être parfaitement connues :
· «À la monnaie » (at the
money) : se dit d'une option dont le prix d'exercice est égal au
cours au comptant (cas de l'option américaine) ou au cours à
terme (cas de l'option européenne) ;
· Si l'acheteur de l'option choisit un prix d'exercice
qui lui est favorable que le cours au comptant, on dit que l'option est
« dans la monnaie » (in the money). Si la cotation se fait
au certain, « plus favorable » signifie que le prix
d'exercice est :
- Inférieur au cours comptant dans le cas d'un Call
EUR/Put devise (situation d'un exportateur) ;
- Supérieur au cours comptant dans le cas d'un Put
EUR/Call devise (situation d'un importateur).
· Une option est dite « en dehors de la
monnaie » (out money) dans le cas contraire.
Le tableau suivant résume les différentes
possibilités. Avec :
Prix d'exercice (PE), cours comptant (CJ) :
Cotation au certain 1EUR = x DEV
Prix d'exercice
|
Call EUR / Put DEV
|
Put EUR / Call DEV
|
PE > CJ
|
Out the money
|
In the money
|
PE = CJ
|
At the money
|
At the money
|
PE < CJ-
|
In the money
|
Out the money
|
Selon que la devise est en déport ou en report et selon
le type d'option (option européenne ou américaine), le cours de
référence n'est pas le même.
Ainsi, le cours de à terme sert de
référence dans l'option européenne, et le cours comptant
sert de référence dans l'option américaine.
Exemple : Un exportateur a
facturé 100.000 USD payable à 90 jours.
Cours comptant : 1 EUR = 0,9000 - 0,9010
Cours à terme : 1 EUR = 0,9120 - 0,9131
Si un exportateur choisit la stratégie d'option, il
choisira l'achat d'un Call EUR / Put USD
N.B : à l'importation,
l'entreprise choisirait un achat d'un Put EUR / Call USD.
Le prix d'une option de change ou prime
Sans entrer dans des considérations trop techniques, on
peut noter que le prix d'une option de change est lié à de
nombreux paramètres.
· La valeur intrinsèque
C'est la valeur minimale de la prime ; elle correspond au
gain certain que garantirait un acheteur de l'option qui effectuerait en
parallèle sur le marché ou sur le marché à
terme.
· La valeur temps
Plus l'option se rapproche de son échéance plus
sa valeur diminue.
· La volatilité
Une monnaie est dite volatile si elle connait des variations
de change importantes.
1- l'option et la couverture du risque de
change
L'acheteur d'une option est en position d'arbitrage entre
l'exercice de l'option qui lui fait bénéficier du cours convenu
et l'abandon de l'option. Par extension, on appelle prix d'exercice le cours
convenu c'est-à-dire le prix auquel l'acheteur d'une option peut vendre
ou acquérir l'actif sous-jacent.
ü Arbitrage du détenteur
d'option
· Abandon d'option : c'est le
renoncement à exercer une option. Cette décision d'abandonner se
prend à travers deux raisons :
- Première raison :
l'opération de change est devenue sans objet, dans ce cas
l'opérateur a « perdu » le coût d'achat de
l'option (prime).
- Deuxième raison : le cours au
comptant le jour de l'échéance est plus
favorable que le prix d'exercice de l'option, et par conséquent,
l'opérateur bénéficie du gain de change diminué du
coût de la prime payée.
· Exercice de l'option : c'est
l'usage du droit conféré par l'option à l'acheteur. Cette
opération consiste à acheter l'actif sous-jacent pour un call ou
à le vendre pour un put.
L'opérateur exerce l'option si le cours de change sur
le marché le jour de l'échéance est moins favorable que le
prix d'exercice. Et ceci permet à l'opérateur de profiter du
cours plancher garanti par l'option du quel il faut déduire le
coût de la prime payée.
Le cours à terme de la devise est le ours que le
marché peut garantir avec certitude. Il est fréquemment choisi
comme prix d'exercice (le cours au comptant pour l'option
américaine).
Couverture à l'import par les options de
changes : option d'achat ou le « Call »
Les importateurs peuvent acquérir des options d'achats
pour se prémunir contre la hausse de la devise de facturation ou de la
baisse de leur monnaie.
Exemple :
La société tchadienne d'importation de carburant
et de construction (STICC) importe des bois rouges. Elle a signé un
contrat commercial de 500.000 USD avec un fournisseur nigérian. Le
règlement est prévu dans 60 jours.
L'importateur veut se protéger contre une hausse de la
devise. Plus le dollar augmente, plus le coût de l'importation se
renchérit. Donc il avise sa banque, laquelle souscrit un contrat
d'option américaine put EUR / call USD aux conditions
suivantes :
-Cours comptant : 1 EUR = 0,90 USD
-Cours à terme : 1 EUR = 0,92 USD
-Prix d'exercice : 0,93 c'est-à-dire 1 EUR = 0,93
USD à 60 jours (option « in the money »)
-Prime = 5% soit 25.000 USD payable au comptant :
prime = 25.000 / 0,90 = 27.777,48 EUR
-Commission de change : 0,8%o
Cours probable à 60 jours
|
0,86
|
0,93
|
0,99
|
Prix d'exercice
|
0,93
|
0,93
|
0,93
|
Exercice de l'option
|
oui
|
indifférent
|
Non
|
Contre-valeur en euros
|
537.634
|
537.634
|
505.050,50
|
Prime payée à la mise en place de
l'option en euros
|
27.777,78
|
27.777,78
|
27.777,78
|
Dépenses nettes hors commissions de change
(D)*
|
565.412,18
|
565.412,18
|
532.828,28
|
Cours nets : 500.000USD / (D)*
|
0,8207
|
0,8843
|
0,9304
|
Commission de change : 0,8%o
|
452,33
|
452,33
|
426,26
|
Décaissement net
|
565.864,51
|
565.864,51
|
533.254,54
|
Coût d'achat maximum
|
Situation la plus favorable pour
l'importation
|
Option de vente ou le « Put »
Exemple :
Un exportateur tchadien fait une offre à un client
américain pour un montant de 150.000 USD. Il est en risque de change
potentiel sur ce montant pendant toute la durée de validité de
l'offre commerciale. Il achète un « put » USD call
EUR pour 150.000 USD. Le prix d'exercice est de 1 EUR = 1,3029 USD
Quel serait la position de l'opérateur de change si
à l'échéance le cours est en hausse de 0,7% ou en baisse
de 0,65% ?
Situation du marché des changes le jour de
l'échéance (cours soir)
|
|
Situation 1
|
Situation 2
|
|
Hausse de 0,7%
|
Baisse de 0,65%
|
Cours comptant
|
1 EUR = 1,2954 USD
|
1 EUR = 1,3130 USD
|
Rappel : prix d'exercice
|
1 EUR = 1,3029 USD
|
1 EUR = 1,3029 USD
|
commentaire
|
Dépréciation de l'euro
Appréciation du dollar
|
Appréciation de l'euro
Dépréciation du dollar
|
conséquence
|
Abandon de l'option
Vente des dollars sur le marché
|
Exercice de l'option
|
|
Contre-valeur des 150.000 USD reçus du
client
|
|
Au prix d'exercice
|
114.986,5849 EUR
|
114.986,5849 EUR
|
Au cours spot
|
115.794,3492 EUR
|
114.242,1935 EUR
|
- Dans l'hypothèse d'une appréciation du dollar
(situation 1), l'exportateur réalise un gain de 807,7646 EUR
(115.794,3492 - 114.986,5846) en abandonnant l'option (son droit mais non son
obligation de vente) et en passant par le marché. Il faut déduire
de ce gain le coût d'achat de l'option.
- En situation de dépréciation de dollar
(situation 2), l'exercice de l'option lui procure une contre-valeur de
114.986,5849 EUR contre 114.242,1935 EUR sur le marché au comptant
(+744,3914).
Pour cette garantie de cours plancher, l'opérateur a
dû acheter l'option et payer la prime.
Pour résumer de manière plus théorique,
le porteur (l'acheteur) d'une option peut exercer (c'est-à-dire valoir
son contrat) à tout moment, alors que l'émetteur s'engage
à remplir le contrat à l'échéance, sauf s'il
rachète son option avant l'échéance.
Donc l'émetteur ne peut que racheter son option pour se
débarrasser de son engagement, sauf si l'option se révèle
sans valeur intrinsèque pour le porteur qui l'abandonne. Donc, à
l'échéance, l'option perd toute sa valeur et disparait.
Les porteurs ont parfois le temps jusqu'au lendemain midi pour
exercer leur option. Celui qui a oublié d'exercer son option alors
qu'elle avait sa valeur intrinsèque positive, c'est-à-dire qui
présentait un bénéfice par la différence entre le
prix d'exercice et la valeur du sous-jacent à l'échéance,
perd tout son avantage.
Que se passe t-il si l'acheteur ne veut pas lui vendre
l'option ?
L'émetteur reste alors contraint de remplir ses
engagements. L'émetteur s'engage à remplir son contrat tant que
l'acheteur n'a ni levé, ni abandonné l'option. L'émetteur
est lié à la décision de l'acheteur. Il y'a deux parties
pour une option : la première (l'acheteur) a le droit, l'autre
(l'émetteur l'obligation d'effectuer la transaction.
Les caractéristiques des options sur devises
Neuf opérations caractérisent une
opération sur option.*
Les caractéristiques d'une opération sur
option
|
Type d'option
|
Put ou call
|
Couple de devise
Remarque
|
Une option porte une couple de devises, toutes les devises
sont traitées sur le marché des options de changes.
Un Put USD contre EUR est un Call EUR contre USD
|
montant
|
Quantité de le devise qui fait l'objet du Put ou du
Call
|
Date d'échéance
|
Toute option a une date limite de validité
|
Type d'échéance
|
Une option à l'européenne ne peut être
exercée (ou abandonnée) qu'à la date
d'échéance.
Une option à l'américaine peut être
exercée à tout moment entre la date d'achat de l'option et la
date d'échéance.
|
Prix d'exercice
|
C'est le cours garanti si l'option est utilisée
(exercice de l'option).
|
Taux de prime
|
L'acheteur de l'option paie une prime calculée en
pourcentage du montant de l'option.
|
Sens : achat ou vente
Sens : achat vente
|
Le trésorier peut en principe acheter une option ou la
vendre. Dans ce dernier cas, il encaisse la prime en contre partie de
l'obligation qu'il se donne si l'acheteur de l'option exerce son droit.
Toutefois, dans une logique de couverture du risque de change,
le trésorier est toujours acheteur de l'option qu'il s'agisse d'une
option d'achat ou d'une option de vente.
|
Cours effectivement garanti
|
Le prix d'exercice modifié pour tenir compte du
paiement de la prime.
|
a- Détermination du seuil d'amortissement et
du point mort dans l'option de change
- Le seuil d'amortissement est le niveau à partir
duquel l'opérateur couvre sa charge de prime d'option payée et se
retrouve en position de gain de change.
- Le point mort : c'est le niveau à partir duquel
l'opérateur est en position de perte de change et ne pouvant couvrir sa
charge de prime payée.
Exemple :
Soit une opération Call de 100.000 USD à
échéance de 6 mois aux conditions suivantes :
-cours comptant : 1EUR = 1,3038 USD
-cours à terme : 1EUR = 1,3040 USD
-prix d'exercice : 1 EUR = 1,3065 USD
-prime d'option : 0,4%
Le marché nous donne les prévisions du cours
cotation EUR / USD des 6 mois à venir :
Cotation/ Mois
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
EUR / USD
|
1,3045
|
1,3035
|
1,3031
|
1,3070
|
1,3125
|
1,3055
|
À quel mois l'opérateur exercera t-il son
option ?
Dans ce cas, l'opérateur déterminera, d'abord,
le seuil d'amortissement et le point mort de l'option. Cette
détermination se fait à base des calculs suivants :
-Calcul de la valeur de la prime d'option par rapport au prix
d'exercice :
Prime = 1,3065 x 0,4% = 0,005226 USD ;
-Seuil d'amortissement = cours du prix d'exercice + prime
= 1,3065 + 0,005226
Seuil d'amortissement : 1 EUR = 1,3117
USD
-Point mort = cours du prix d'exercice - prime
= 1,3065 - 0,005226
Point mort : 1 EUR = 1,3013 USD.
Une fois le seuil d'amortissement et le point mort
déterminés, l'opérateur établit la courbe
prévisionnelle de change pour déterminer le mois d'exercice de
son option d'achat.
Courbe prévisionnelle de l'option de
change
(1)
(2)
(1) : Seuil d'amortissement
(2) : Point mort
(Série 1) : Courbe
prévisionnelle
L'opérateur va exercer au cinquième mois parce
qu'il couvre sa charge de prime d'option payée et
bénéficie d'un gain de change provenant de la variation favorable
des cours de change.
N.B : Dans le cas d'une exportation, la
détermination du seuil d'amortissement et du point mort se fait
contrairement à une opération Call.
Les avantages et inconvénients des options sur
devises
Les options sur devises présentent
beaucoup d'avantages. Elles sont parfaitement adaptées à la
gestion du risque de change potentiel puisque la livraison ne constitue pas une
obligation. Elles permettent à l'exportateur de bénéficier
de l'appréciation de la devise et à l'importateur sa
dépréciation.
Les opérations se traitent, par l'intermédiaire
des banques, sur des marchés spécialisés
spéculatifs. Le marché interbancaire opère une forme de
groupage qui donne plus de souplesse à ces opérations. Les
montants minimums exigés écartent cependant nombre d'entreprises
à l'accès à ces produits.
· Avantages des options sur devises
- Garantie d'un cours minimum ;
- Possibilité de profiter d'une évolution
favorable de la devise ;
- Couverture adaptée à la gestion du risque
potentiel ;
- Possibilité de revente de l'option ;
- Instrument de gestion hors bilan, pas de modification du
ratio d'endettement.
· Inconvénients des options sur
devises
- Montant minimum exigé ;
- Échéances standards imposées par le
marché ;
- Ne constitue pas une solution de financement.
La couverture par les produits dérivés
Le produit dérivé est un instrument de
couverture dont la valeur dépend du prix d'un autre produit,
appelé sous-jacent, comme une devise, un titre ou un produit de base.
Les principaux produits dérivés sont les options, les swaps, les
futures. Ils peuvent être traités sur des marchés
gré à gré ou sur des marchés organisés.
Les produits dérivés sont utilisés
pour :
- Réduire les risques ;
- Changer la nature de sa position financière ;
- Réduire les coûts de transaction ;
- La spéculation et l'arbitrage.
Résultat de l'ingénierie financière des
banques, l'offre de produits dérivés est très
diversifiée. Elle permet d'améliorer certains
inconvénients des techniques de base. Elle s'adresse à des
opérateurs qui gèrent une véritable trésorerie
internationale, souvent multidevises, en position de change.
Voici l'objectif des principaux produits :
Les techniques de base aux produits
dérivés
|
Technique de base
|
Produits dérivés
|
Objectif du produit dérive
|
Change à terme classique
|
Change avec intéressement
|
Profiter, en partie, d'une évolution favorable de la
devise
|
Change à terme flexible
|
Affranchir de la contrainte d'échéance fixe et
prédéterminée
|
Emprunt et d'avances en devises
|
Ligne de crédit multidevises
|
Donner plus de souplesse pour la gestion de l'activité
internationale
|
Option classique
|
Tunnels d'option
|
Diminuer le coût de la mise en place de la couverture
|
Change avec intéressement
Avec une couverture à terme classique, le cours est
fixé. L'opérateur ne bénéficie pas à
l'échéance d'une éventuelle appréciation
(exportateur) ou dépréciation (importateur) de la devise.
L'offre de change avec intéressement permet de profiter
d'une partie de gain de change (le pourcentage d'intéressement) en
contrepartie d'un cours légèrement modifié au moment de la
conclusion du contrat d'achat ou de vente des devises.
Change à terme flexible
Le change à terme nécessite de fixer avec
précision et de manière irrévocable
l'échéance du contrat de vente des devises. Cette obligation est
difficile, voire impossible à satisfaire en période de risque
potentiel ou dans une gestion dynamique du risque avec l'aménagement
constant de la position de change.
Avec le change à terme flexible, l'entreprise passe un
contrat de vente à prix ferme (comme dans une vente à terme) avec
la possibilité d'utiliser tout ou partie du montant à tout
instant jusqu'à la date d'échéance du contrat.
Pour bénéficier de ce service, elle paye des
frais ou encaisse des produits calculés proportionnellement au temps
(prorata temporis) sur la partie non utilisée du contrat en
fonction du différentiel de taux d'intérêt (report ou
déport) entre les devises objets de la couverture. À
l'échéance du contrat, la totalité du montant doit
être tirée.
Ligne de crédit multidevises
Dans l'emprunt et l'avance en devises, la devise, le montant
et l'échéance sont spécifiés à la mise en
place du financement.
La ligne de crédit multidevises à court terme
permet à l'entreprise d'effectuer des tirages dans toutes les devises
disponibles au rythme de ses besoins.
C'est un outil de financement et de gestion globale du risque
de change pour une entreprise ayant un assez fort degré d'ouverture
internationale.
a- Tunnel d'option
La mise en place d'une option se révèle souvent
assez onéreuse, surtout si l'exportateur un prix d'exercice plus
favorable que le marché. L'objectif de la gestion du risque est de
protéger la rentabilité opérationnelle. Une fois celle-ci
assuré, il peut accepter de limiter la plus-value de change.
En combinant l'achat et la vente à terme d'une option
de telle façon que prime payée et prime perçue se
compense, l'opérateur met en place une couverture à prime nulle
qui lui laisse la possibilité de profiter de l'évolution des
cours entre deux bornes : cours plancher et cours plafond. Il fixe le
cours plancher qu'il considère comme acceptable en terme d'exploitation,
comme dans l'option classique. Il accepte ensuite de limiter son gain de change
en cas d'évolution favorable de la devise de telle sorte que le
coût de la mise en place du tunnel soit nul.
V. La couverture par les swaps des
devises
« Un swap est un contrat d'échange de devises
entre deux parties pour une durée déterminée ».
C'est une opération d'emprunt et de prêt simultané de
devises sur le marché au comptant et ensuite échange inverse des
mêmes devises sur le marché à terme à une date et
à un cours fixé à l'avance.
À l'origine, les swaps de devises sont des couvertures
croisées de crédits entre deux banques centrales sous formes
d'achat mutuel de devises revendues à court terme à un cours
fixé à l'avance.
Maintenant, les swaps sont pratiqués par les banques
pour les entreprises pour le court terme et le moyen terme.
C'est une technique de couverture qui permet à deux
banques de s'échanger des valeurs de règlements en devise
différentes et à la même date d'échéance de
règlement.
Exemple :
Soit une opération d'exportation de la
société A en France qui signe un contrat de 100.000 USD à
échéance de 3 mois avec son client américain.
À la même date, une société B
américaine signe un contrat d'exportation de 76.016,7236 EUR avec son
client français, payables à 3 mois.
Le cours de cotation du jour est de 1 EUR = 1,3155 USD.
Le swap consistera pour les banquiers, opérateurs de
change de la société A et de la société B, de
s'échanger les règlements que devraient payer les clients
importateurs.
Le schéma ci-dessous illustrera les swaps de
devises pour cet exemple.
FRANCE Exportateur
ETATS-UNIS Exportateur
Société B
Société A
(a)
(b)
(1)
(2)
Client importateur D
Client importateur C
(1) : Contrat de 100.000 USD à l'export entre le
client importateur C et la société A
(2) : Contrat de 76.016,7236 EUR entre la
société B et le client importateur D
(a) : A l'échéance, le client importateur C
paie à la société B 76.016,7236 EUR.
(b) : A trois mois le client importateur D paie 100.000
USD à la société A.
Ainsi, les swaps de devises apportent une couverture de risque
de change pour les deux banques.
2
Chapitre
Présentation de la
Banque Commerciale du Chari (BCC)
I. Historique de la BCC
Suite à la convention signée à Tripoli le
27 Août 1981, l'avenant signé le 30 Mars 1991, et l'accord
signé à N'Djamena le 22 Octobre 1995 entre la Grande Jamahiriya
Arabe Libyenne et la République du Tchad a été
créée une Société Anonyme, avec un Conseil
d'Administration, dénommée la Banque Tchado-Arabe Libyenne,
devenue la Banque Commerciale du Chari (BCC) le 27 Avril 1995 par
décision du Conseil d'Administration
Le capital social de la BCC est fixé a 3.000.000 FCFA
divisé en trois cent (3.000) actions de dix mille (10.000) FCFA
réparties comme suit :
· Cent cinquante (1.500) actions souscrites par la
République du Tchad, soit 50% ;
· Cent cinquante (1.500) actions souscrites par la Libyan
Arab Foreign Bank.
La BCC est administrée par un Conseil d'Administration
de six membres, ce nombre peut être modifié par un accord des deux
parties. 50% de ses membres représentent la partie libyenne et l'autre
moitié la partie tchadienne. Ils ont une durée de fonction de
quatre (4) années renouvelable.
Le président de Conseil d'Administration est
proposé par partie tchadienne et le vice-président par la partie
libyenne. Le Conseil d'Administration se réunit au moins quatre (4) fois
par an, suite à la convocation de son président.
Le Directeur général est le chef exécutif
de la Banque. Il est toujours désigné par la Libyan Arab Foreign
Bank et son adjoint désigné par l'État tchadienne.
L'Assemblée Général nomme, pour six (6)
exercices, un commissaire aux comptes et un commissaire aux comptes
suppléant. Leur rôle est de certifier la régularité
et la sincérité de l'inventaire du compte d'exploitation
générale, du compte des pertes et profits et du bilan.
L'Assemblée Générale se réunit au moins une fois
l'an dans les six (6) mois de la clôture de l'exercice social, afin de
statuer sur les comptes.
II. L'organisation de la Banque
Toute entreprise qui se veut être performante doit se
doter d'une structure animée par un personnel compètent et
dynamique. La BCC, à cette règle, a une structure qui est un
« ensemble de voies hiérarchiques du réseau de
communication entre les différents personnels constituant
l'organisation ».
1- Administration
L'administration de la BCC regroupe des services tels que la
direction, les départements opérationnels et le
secrétariat.
La BCC est administrée par:
· Un directeur générale qui est le
responsable au plus haut niveau, le décideur au dernier ressort et le
donneur d'ordre et seconde par un adjoint.
· Un directeur d'exploitation qui organise dirige,
coordonne et contrôle toutes les opérations effectuées au
sein de la Banque.
· Un chef de département de crédit
· Un responsable du service administration
· Un chef de département comptabilité qui
est chargé du suivi générale des opérations
comptables de la BCC
· Un responsable de la caisse centrale contrôle
toutes les opérations des caisses telles que les encaissements, les
décaissements. Les responsables des guichets et le responsable de
l'ensemble des opérations qui s'effectuent au niveau des guichets
· Un chef de département étranger est
chargé d'effectuer les traitements des opérations internationales
au sein de la BCC
· Un chef du département clientèle qui est
chargé du suivi général des opérations relatives au
client de la BCC
· Un responsable du service administratif est
chargé des activités administratives et des personnels de la
Banque sous le contrôle de la direction générale. La Banque
des États de l'Afrique centrale (BEAC)
2- Département des Crédits et
recouvrement
II s'occupe de tous les dossiers introduits auprès de
la banque en vue de solliciter l'octroi de tout concours (prêts,
découverts, facilites de caisse, avals, cautions, etc.)
A ce titre, il :
· Reçoit et analyse toutes les demandes de
concours sollicite par les clients;
· Instruit tous les dossiers et élaborent le cas
échéant une fiche de présentation à soumettre
à la décision du Conseil d'Administration ;
· Suit l'exécution technique et financière
des projets ayant bénéficie du concours de la BCC. ;
· Établit les statistiques sur les engagements de
la banque (l'état des risques, l'évolution des encours ...) ;
· Suit et révise éventuellement les
crédits;
· Prépare et introduit les demandes d'accord de
classement auprès de la B.E.A.C. ;
· Assure la mise en place et le suivi de l'ensemble des
engagements de la Banque.
3. Département de Contrôle
Interne
II est charge d'exercer le contrôle sur l'ensemble des
activités de la banque. II veille au respect des procédures et
réglementations qui régissent le fonctionnement
général de la banque sur les plans financier, comptable et
administratif. II assure les missions d'inspection générale, de
contrôle administratif, d'audit interne et de contrôle de gestion.
II élabore des rapports mensuels adressés à la Direction
Générale et annuels à l'intention de la Commission
Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC).
4. Département des Ressources Humaines
d'Administration et de Relations Extérieures
· II gère le personnel, tient leur dossier
administratif et un registre en conséquence. II prépare les
états de salaire, les congés, les primes de bilan et tout autre
avantage accordé au personnel. II applique le règlement
intérieur et les notes de service;
· II s'occupe de la gestion des correspondances de la
banque et de sa documentation;
· II gère également le matériel,
l'équipement et le mobilier de la Banque et assurent ses relations avec
les fournisseurs.
5. Département des opérations
Extérieures
II est chargé de toutes les transactions faites avec la
clientèle et les correspondants sur le plan international. II effectue
les transferts à l'intérieur et à l'extérieur du
pays. II s'occupe de change.
6. Département de
l'informatique
II gère le parc informatique de la Banque, et veille a
l'utilisation du pro logiciel de la Banque. II apporte son soutien et
assistance en matière d'organisation et d'informatique. II assure le bon
fonctionnement du système informatique de la Banque et la
fiabilité des informations fournies.
III. Les activités de la
Banque
Les activités de la Banque sont
réglementées par des normes applicables dans la zone
monétaire BEAC. II faut noter que le Tchad est soumis à la zone
monétaire du Franc CFA dépendante de la Banque des États
de l'Afrique Centrale (BEAC). Cette zone regroupe six pays à savoir: le
Tchad, le Cameroun, le Congo, le Gabon, la République centrafricaine et
la Guinée Équatoriale.
La BCC, dont le rôle est de fournir aux usagers un cadre
idéal de leurs activités (dépôts, crédit),
d'assurer la sécurité des biens, faciliter la transaction
commerciale, couvrir les opérations d'import et d'export, a un
réseau de correspondants qui facilitent l'exécution des
opérations à l'étranger. Ce sont entre autres :
· La Banque Intercontinentale Arabe (BIA.) -Paris;
· L'Union des Banques Arabes et Françaises (UBAF)
en France;
· La Libyan Arab Foreign Bank a Tripoli;
· Ryad Bank en Arabie Saoudite;
· CCEI Bank au Cameroun;
· Banque africaine pour le Développement et le
commerce (Libye) ;
· Arab International Bank (Egypt) ;
· North Africa Commercial Bank (Liban) ;
· La Société Générale des
Banques au Cameroun;
· La Banque Commerciale du Burkina (BCB) ;
· Arab Bank Investissement and Foreign Trade (aux
Émirats Arabes Unis) ;
· Banque Commerciale du Niger.
L'évolution de la Banque
Lors de sa cession extraordinaire tenue a Tripoli le 31
/01/2001, le Conseil d'Administration a décidé d'effectuer une
augmentation de 2.000.000.000 FCFA (deux milliards de francs CFA) sur le
capital, le portant ainsi à 3.000.000.000 F CFA (Trois milliards de
francs CFA). Cette augmentation sera souscrite à parité par les
deux partenaires et financée par les bénéficiaires
d'exploitation de la Banque.
Avec l'évolution de son chiffre d'affaires et la
confiance de sa clientèle, la BCC a ouvert trois agences au niveau
national à Abéché, au Marché Central de N'Djamena
et à Moundou.
Les activités de la Banque
La Banque Commerciale du Chari est une Banque Commerciale
comme son nom l'indique. Elle s'adonne aux traditionnelles activités
bancaires qui sont :
- Les comptes de dépôt à vue;
- Le compte de dépôt à terme ;
- L'octroi de crédit;
- Les transferts parvenant et à destination;
- La gestion des moyens de paiement;
- Les opérations de dépôt et de retrait
;
- Etc.
La BCC dispose aussi d'une structure de micro finance
permettant d'octroyer des crédits aux commerçants comme à
des particuliers.
Les objectifs de la BCC
Pour bien mener ses activités, la BCC dispose de moyens
humains, matériels et financiers lui permettant de bien concourir au
développement économique et social de la République du
Tchad.
Ses objectifs sont les suivants :
- Promouvoir la croissance et l'amélioration de ses
services Bancaires ;
- Optimiser la qualité de ses services au moyen d'un
développement accru de ses capacités informatiques à
l'exemple du nouveau logiciel DELTA BANK qui cumule toutes les
opérations Bancaires et très développées par la BCC
;
- Fournir les services de réhabilitation de projet pour
aider à résoudre les problèmes des petites et moyennes
Entreprises (P.M.E) ;
- Accentuer ses interventions dans le financement à
court terme de l'économie et le respect des risques en matière de
distribution de crédit;
- Aider les investisseurs par la mobilisation des ressources
publiques et privées internes et externes ;
- Promouvoir le développement de commerce
intérieur et international;
- Poursuivre une politique sociale attentive
d'améliorer les connaissances de ses agents à l'exemple des
stages de perfectionnement qu'elle offre à ses agents à
l'intérieur comme à l'extérieur du pays.
La forme juridique de la BCC
La Banque Commerciale du Chari est une société
anonyme (S.A) avec un capital de
3.000.000.000 divisée en 30.000 actions souscrit au
régime fiscal à l'impôt sur les sociétés et
enregistre au registre de commerce sous le numéro N° 459/93.
Son identité est la suivante :
Nom de la Banque : Banque Commerciale du
Chari (B.C.C)
Siège: N'Djamena (République du
Tchad)
BP : 757
Tel: (235) 51.52.31/51.89.58
Fax: (235) 51.62.49
Télex: 5379 KD
Internet: bcc@intnet.td
Registre de Commerce: 459/93
Forme Juridique : Société
Anonyme (S.A)
Activité : Banque Commerciale
Registre Fiscal: Entreprise soumise a
l'impôt sur les sociétés.
Actionnaires : État tchadien 50% et
Libyan Arab Foreign bank 50%
L'effectif de la Banque
L'effectif du personnel de la B.C.C est de 160 personnes
reparties suivant le tableau ci-dessous : C'est une équipe
compétente, dynamique, opérationnelle et efficace qui travaille
avec dévouement pour le meilleur devenir de la Banque.
IV. Fonctionnement des services de la
Banque
La BCC a pour activité principale, la collette des
ressources auprès de la clientèle et leur distribution sous forme
de financement à l'économie, à travers des crédits
aux autres agents économiques. Pour parvenir à ses objectifs, la
BCC traite ses opérations bancaires conformément aux
règles de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC), suivant
les services opérationnels du Département qui sont:
Le Service Comptabilité et Finance
Ce service assure le traitement des opérations
comptables. On distingue dans chaque service deux sortes de
comptabilité: la comptabilité générale et la
comptabilité auxiliaire.
- La comptabilité générale se charge du
traitement des comptes entrant dans la détermination des soldes
caractéristiques de gestion et surtout du règlement des factures
des fournisseurs dont la saisie est assurée par les agents de la
comptabilité et des traitements des opérations bancaires.
- Alors que le compte auxiliaire s'occupe des comptes clients.
Ces comptes de part leur caractère exigible sont mouvementes au fur et a
mesure, que les opérations se réalisent. Ces opérations se
font en temps réel c'est-à-dire le jour au jour et la saisie au
vu des pièces justificatives.
Le service comptabilité traite également les
opérations statistiques qui sont destinées à la banque des
États de l'Afrique Centrale (BEAC) et la Commission Bancaire de
l'Afrique Centrale (COBAC) sous forme de document périodique à
savoir la situation mensuelle détaillée qui fournit des
informations comptables sur la gestion de la Banque.
Le Service de Contrôle Interne
II est chargé de contrôler toutes les
opérations de la journée : comptes courants, pièces
comptables et les situations mensuelles. Ses activités sont
éditées par rapport à l'application des procédures
internes et des directives données par les organes dirigeants et au
respect de la réglementation éditée par l'administration
publique et par la COBAC. II est aussi charge du contrôle des
opérations de caisse.
Le service de crédit et recouvrement
II s'occupe de l'octroi des crédits (crédit
à court terme, moyen terme et le crédit à long terme), des
cautions Bancaires, des avals et garanties, des escomptes, et des
crédits de campagnes cotonnières. II octroie aussi les
crédits consortiaux et gère les crédits documentaires.
Le service de Ressources Humaines et
Administratives
II gère le personnel, l'aspect gestion des ressources
humaines: planification des besoins, descriptions des pertes et profits, la
gestion des matériels de bureau traitement des salaires et la gestion
des carrières des dossiers de formation du personnel, et les affaires
sociales. II gère aussi le stock de fournitures de bureau, planifie les
congés annuels des agents et régit les factures des frais
médicaux des agents.
Le service des opérations locales
II favorise aux usagers leurs opérations d'encaissement
et de décaissement. II s'occupe aussi de l'ouverture des comptes
courants commerciaux et particuliers, ainsi que le mouvement et les soldes des
découverts de la journée. Il s'occupe de la délivrance des
chèques certifies, chèques de guichet, les livrets des
chéquiers etc.
Ces services sont dirigés par un chef de service; sous
ses ordres se trouvent les caissiers, trieuses, agents de saisies, agent de
compensation et les agents de comptoir.
Le service Informatique
C'est un maillon qui permet à l'institution de
maîtrise au jour le jour la situation des comptes. II est chargé
des études et de la conception des programmes, de la maintenance du
logiciel, de l'exploitation du système et de l'assistance des
utilisateurs sur les applications développées à l'exemple
de logiciel Delta que la Banque possède pour le moment.
3
Chapitre
Traitement des opérations
de change à la BCC
Les entreprises sont confrontées au risque de change
dés qu'elles effectuent soit des opérations commerciales avec
l'étranger, importation exportation, soit des opérations
financières telles que des transferts de fonds.
Dans certains pays, les opérateurs importateurs ou
exportateurs sont soumis à des réglementations des changes plus
ou moins contraignants qui peuvent limiter les possibilités de choix de
devises dans les contrats commerciaux.
En effet, la notion de risque comporte deux aspects, l'un
positif et l'autre négatif. Le risque positif ou « upside
risk » représente pour une entreprise le risque de voir ses
résultats s'accroitre. Le risque négatif ou « downside
risk » est par contre le risque de voir les résultats de
l'entreprise tirés vers le bas. C'est ce dernier qui inquiète le
plus les responsables d'entreprises qui doivent gérer pour en
éviter les conséquences désastreuses.
Au Tchad, certaines entreprises effectuent des transactions
commerciales et financières sans se soucier des risques de changes dont
elles encourent. Or, pour une organisation, ne pas gérer son risque,
c'est non seulement manquer d'un outil puissant d'aide à la
décision, mais également hypothéquer la qualité de
ses résultats et mettre en péril sa solvabilité et sa
pérennité. Cette question est d'autant plus délicate qu'il
existe une multitude de risques qui peuvent se présenter sous diverses
formes. Ils sont en interrelation, les uns pouvant entrainer les autres.
La Banque Commerciale du Chari a mis en oeuvre en son sein un
instrument de couverture pour les entreprises tchadiennes conscientes des
dangers qu'apportent les risques de change.
La couverture à terme fixe est le seul instrument des
couvertures pratiqué par la BCC pour répondre aux besoins de sa
clientèle.
Et la Direction Etrangère de la Banque est le service
habilité à effectuer les opérations relatives aux changes.
En simple, la réglementation des changes est l'ensemble
des dispositions légales régissant les relations
financières entre un pays et le reste du monde. En effet, dans le cadre
de leurs échanges commerciaux (exportations, importations..) ou
financiers (transferts de capitaux...), les nations ont recours à
certains procédés monétaires dits
« opérations de changes » leurs permettant d'honorer
(de jouir) des engagements pris (reçus) dans des monnaies qui ne sont
pas les leurs. A ce titre, un certain nombre de codes sont
élaborés par les institutions financières et
économiques nationales pour encadrer ces activités.
Cette codification prend l'appellation de contrôle ou
réglementation des changes et représente l'instrument principal
de travail des banques et autres institutions financières dans le cadre
des paiements internationaux.
I. Les opérations de change à la Direction
Etrangère de la BCC
1- Présentation
générale
A l'occasion du règlement des transactions
effectuées entre partenaires commerciaux et financiers internationaux,
il est de coutume de mettre en oeuvre un certain nombre de diligences visant
à convertir une monnaie en une autre ; par exemple, un importateur
tchadien qui doit régler une facture établie par un vendeur
américain devra se procurer des dollars par l'intermédiaire de sa
banque avant d'envisager le paiement de la somme due. Cette contrainte donnera
naissance à une opération en vertu de laquelle, la BCC
achètera la devise considérée auprès d'une autre
banque et à un certain prix (cours) en lui cédant la contre
valeur dans sa monnaie locale du montant fixé. Cette technique en
apparence complexe est appelée « opération de
change » et est pratiquée par la plupart des grandes
banques internationales, par l'intermédiaire de leurs cambistes. En général, l'activité de change est
concentrée sur quatre devises « principales »
traitées contre le dollar américain : EUR, le JPY, la GBP et
le CHF et ce dans un environnement parfaitement structuré, permettant
aux acteurs d'interagir de façon efficace et d'aboutir à la bonne
fin des opérations : c'est le marché des changes.
2- Le traitement d'une opération de
change « front to back »
a. La
négociation
Le marché des changes est un
marché de gré à gré, animé par les banques
et par les brokers. Des plates-formes de négociation
électroniques telles que Reuters Dealing(plate-forme utilisée
à la BCC) ou EBS (Electronic Broking Service) sont couramment
utilisées. Ces plates-formes peuvent permettre de négocier sur un
mode conversationnel : les traders, personnes ou sociétés
qui jouent le rôle d'intermédiaire dans des opérations
financières ou commerciales (anglicisme), s'appellent,
« chattent » littéralement, puis valident leurs
deals. Ou alors elles apparient automatiquement les propositions saisies par
les participants : dans ce cas c'est le système qui crée les
deals, et les contreparties ne se connaissent qu'une fois la négociation
terminée.
b. La tenue de
position
A la BCC, le système
Front-Office enregistre tous les deals en temps réel. Les deals
négociés par téléphone sont saisis par le trader,
les deals effectués dans les plates-formes électroniques sont
transmis automatiquement. Le système de tenue de position offre les
fonctionnalités basiques suivantes, qui constituent le minimum
requis :
· Enregistrement manuel ou automatique des deals
· Validation des deals
· Contrôle des risques : risque de
contrepartie, risque de marché
· Calcul des positions en temps réel
· Calcul du résultat en temps réel
· Possibilité de générer
automatiquement des deals :
· Break-up : éclater une position
achetée ou vendue globalement en plusieurs deals (permet de
générer plusieurs deals clients à partir d'un deal
négocié avec un broker)
· Transmission du « ticket »
validé au Back Office
c. La matérialisation des opérations de
change
Le système Back - Office a pour fonction de
matérialiser les opérations négociées par le
trader:
v Vis-à-vis des contreparties :
- Émission des confirmations :
les opérations de change sont confirmées par des messages SWIFT
MT300
- Rapprochement des confirmations : étant
donné les volumes considérables d'opérations
négociées, les back-offices se dotent de systèmes de
rapprochement automatiques entre les confirmations émises et les
confirmations reçues. Cela permet de détecter les erreurs ou les
incompréhensions avant de déclencher les paiements.
- Émission des paiements :
génération d'un ordre de paiement (MT202) pour le correspondant
dans la devise payée, d'un préavis d'entrée de fonds
(MT210) pour le correspondant dans la devise reçue. Si la contrepartie
est interne (client, deal entre 2 desks), les paiements se font via la
comptabilité (débit / crédit en compte).
v Vis-à-vis de
l'établissement :
- Enregistrement comptable des opérations :
· les deals de change sont enregistrés en hors -
bilan (comptabilité d'engagement) pendant la période qui
sépare la date de négociation de la date de valeur, puis à
la date de valeur atteinte, la comptabilité de hors bilan est
extournée et les opérations sont enregistrées au bilan de
la banque.
· D'autre part les opérations de change alimentent
des comptes qui ne sont pas libellés dans la devise de tenue du bilan de
la banque. Les positions détenues alimentent des comptes de position de
change, dont la réévaluation quotidienne enregistre le risque de
change encouru par la banque.
Ainsi, l'on constate qu'une monnaie ne sort jamais de son pays
ou de son lieu d'émission : le dollar reste confiné aux USA
et ne peut être utilisé qu'auprès de banques
résidantes aux États-Unis. Il en est de même pour l'Euro
dans la zone Euro et pour toute autre monnaie dans son pays. Mais pour s'ouvrir
à l'extérieur (économiquement) et faire `'affaire'' avec
les autres pays du monde, il est nécessaire et impératif de
posséder des avoirs dans leurs monnaies ; Ces avoirs sont
appelés Réserves de change et bénéficient d'une
attention particulière des autorités monétaires (Banques
centrales) et financières locales (Ministères des finances) du
fait de leur importance dans la détermination du poids de leurs monnaies
respectives dans les échanges internationaux. Aussi, pour rationaliser
les `'sorties de devises'', ces autorités ont mis en place un ensemble
de règles devant régir les opérations de change et par
ricochet les paiements internationaux : il s'agit du contrôle ou
réglementation des changes.
3. Le contrôle ou réglementation des changes
Le contrôle des changes est constitué par
l'ensemble des règlementations visant à réguler les
transferts de capitaux de l'étranger ou en provenant. Ces
règlements ont généralement pour objectif d'interdire ou
de soumettre à une autorisation préalable les paiements
internationaux en devise. Elles sont fixées par décrets
ministériels, arrêtés ou circulaires émanant des
banques centrales et des ministères des finances. Mais, ces
administrations ne pouvant assurer dans le détail, le contrôle de
l'application des dispositions qu'elles ont élaborées
délèguent une partie de cette tache à «des
intermédiaires agrées » qui ne sont rien d'autres que
les banques ayant reçu à cet effet un agrément
spécial. Ainsi, le fait d'être agrée présente
l'avantage de pouvoir agir directement et seul dans les limites de la
réglementation, ce qui accélère les services rendus
à la clientèle.
En contrepartie de cet avantage, la Banque doit supporter un
certain nombre de contraintes :
· responsabilité de l'application rigoureuse de la
réglementation
· tenue régulière de documents de
contrôle et établissement de statistiques pour la banque
centrale.
· La réglementation des changes touche deux aspects
fondamentaux internationaux :
· les opérations commerciales (paiements des
importations, exportations et gestion des comptes en devises)
· les opérations financières [les
investissements directs à l'étranger et étranger dans le
pays considéré, les opérations de crédits et la
gestion internationale des valeurs mobilières]
En outre, pour définir le cadre d'application de sa
réglementation, Chaque nation définit un certain nombre de
termes, tels « résidents », « non
résidents », et « Etrangers ». La
signification donnée à ces termes diverge d'un pays à un
autre. Néanmoins, ils ont une importance capitale en ce qui concerne
l'application des textes légaux en matière de commerce
extérieur et de change.
4. Le réseau
de correspondants bancaires et les transferts de fonds
a- le réseau
de correspondants bancaires (Correspondent banking)
Précédemment indiqué,
une devise ne sort jamais de son pays d'origine: le dollar a cours aux
Etats-Unis seulement, l 'Euro a cours dans les pays de l 'Euroland
seulement, etc. Une banque européenne qui souhaite détenir et
échanger des dollars devra donc ouvrir un compte dans une banque
américaine. Elle devient cliente de cette banque. La banque
américaine est appelée le « correspondant » aux USA de
la banque européenne.
En général, toutes les banques disposent d'un
compte Nostro libellé dans les plus grandes devises du monde (USD, EUR,
GBP, CHF ou JPY) .Ce faisant elles ont au moins un correspondant dans les pays
Européens (France, Italie, Allemagne, Espagne...), un correspondant en
Suisse (pour le CHF), un correspondant aux USA (pour le Dollar
Américain), un correspondant en Grande Bretagne (pour la livre sterling)
etc. Ces comptes font l'objet d'un suivi régulier et donnent lieu
à des relations `' de courtoisie'' entre les différents
correspondants bancaires (échanges de Bilans annuels et d'informations
financières et économiques en général). De toutes
les formes de présence à l'étranger (Filiale, Succursale,
partenariat, bureau de représentation...), le correspondant banking est
celle qui est la plus facile à mettre en oeuvre, la moins coûteuse
et la première étape dans le processus d'internationalisation des
banques. Les comptes Nostro et Loro font régulièrement l'objet de
couvertures (ou de provisionnements) lorsqu'ils présentent un solde nul
ou proche de zéro. Enfin, la plupart des banques tiennent des fichiers
régulièrement mis à jour sur leurs correspondants
étrangers ; ces fichiers contiennent entre autre :
- La dénomination du correspondant, son adresse et
toutes ses coordonnées
- Son pays et sa monnaie nationale
- Son code Swift ou Télex
- Le solde des comptes Nostro
- Des informations financières (taille du bilan et
principaux indicateurs de rentabilité et de risque), et commerciales
(part de marché dans le secteur bancaire locale, politique commerciale,
produits etc.)
b- La communication entre correspondants
étrangers : le réseau SWIFT
Dans leurs correspondances quotidiennes, les banques ont
recours à la performance et la fiabilité du réseau SWIFT
entendez Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication.
SWIFT est une entreprise de droit belge,
dont le siège est à Bruxelles. Son rôle est de faciliter
les opérations bancaires internationales grâce à un
réseau informatique très puissant. Elle a été
fondée par 239 banques de 15 pays différents en 1973 et
aujourd'hui, plus de 7125 institutions dans 192 pays y sont abonnées.
Les adhérents sont identifiés au sein du réseau par leur
code BIC qui comprend:
· L'identification de la banque sur 4
caractères ;
· Le code pays sur 2 caractères ;
· Le code ville sur 2 caractères.
c. Les transferts de fonds entre banques
Quelque soit le moyen de paiement
utilisé (ordre de virement, lettre de change, crédit
documentaire...), la plupart des règlements internationaux est
débouclé directement sous forme de virements de comptes à
comptes entre banques par l'intermédiaire des correspondants
étrangers sans qu'il n'y ait pas manipulation d'espèces ou de
titres de paiements. Ces mouvements scripturaux peuvent se présenter
sous la forme d'un virement ou d'un rapatriement selon le sens dans lequel ils
sont effectués ; Ainsi, pour la BCC qui reçoit des fonds
provenant d'une contrepartie étrangère, l'opération sera
considérée comme un virement et pour cette contrepartie un
rapatriement.
Remarque :
· Le correspondant informe en général son
client des mouvements de fonds sur son compte en temps réel (par des
messages SWIFT MT900 et MT910), et communique obligatoirement un
récapitulatif (MT950) en fin de journée.
· Les fonds reçus par le correspondant au nom de
son client sont inscrits par lui dans sa comptabilité au crédit
du LORO du client. Simultanément le client enregistre le même
mouvement un débit du miroir NOSTRO face au crédit d'un compte de
comptabilité générale (comptabilité en partie
double).
Du point de vue de la banque, on gardera donc toujours
à l'esprit que:
- Une entrée de fonds se
matérialise en comptabilité par un Débit NOSTRO
- Une sortie de fonds se matérialise
en comptabilité par un Crédit NOSTRO
· Les banques centrales jouent un rôle essentiel
dans les transferts de fonds entre banques. En tant que « banque des
banques », la banque centrale est un point de passage obligé
lors de tout échange de fonds entre deux banques du même pays.
Tout transfert de fonds entre une banque A et une banque B, résidentes
dans le même pays, a pour effet de débiter le compte de la banque
A en banque centrale (en France le CCR, Compte Courant de Règlement), au
profit du compte de la banque B. La banque centrale est donc un correspondant
obligé dans la monnaie locale du pays dans lequel la banque est
résidente. Les avoirs en dépôt à la banque centrale
sont reflétés, dans la comptabilité de la banque, par un
compte NOSTRO, au même titre que les avoirs en dépôt chez
tous les autres correspondants.
Au terme de cette section, il apparaît clairement
qu'aucune opération bancaire avec l'étranger ne saurait
être menée à bien sans une connaissance préalable
des opérations de change et de leur aspect légal ainsi que la
détention de comptes en devises auprès de correspondants
étrangers avec lesquelles la communication doit être
régulière, professionnelle et surtout sécurisée en
vertu de la nature même de l'activité bancaire d'où le
nécessaire recours au réseau swift. Néanmoins, le
banquier, parce qu'assurant le règlement financier d'une
opération commerciale, ne doit pas en ignorer les aspects fondamentaux
au risque de se confiner dans des chiffres « muets ». C'est
dans ce contexte précis que nos abordons les opérations de
commerce internationale et leurs caractéristiques fondamentales.
II- Traitement des opérations de changes
à la Direction Etrangère
v Couverture à terme d'une opération
d'importation
La SA FATY est une entreprise tchadienne qui importe des
matériels informatiques. Elle a signé un contrat de 150.000 USD
avec son fournisseur japonais payable à quatre mois. Craintive d'une
appréciation de dollar, la SA FATY demande à sa banque qui est la
BCC de lui faire une couverture à terme fixe pour cette
opération.
v Traitement de l'opération au service de
risque à la direction étrangère de
la Banque
Le banquier, dès la réception de la demande,
entre en contact avec les données financières du marché de
change qui lui sont fournies par Reuters Dealing.
Les données sont les suivantes :
- Cours de cotation : EUR/USD = 1,2712 - 1,2719
- Taux d'intérêts à quatre mois :
Taux d'intérêts à 3 mois
|
Devises
|
Emprunt
|
placement
|
EUR
|
1,05%
|
1,12%
|
USD
|
1,08%
|
1,14%
|
- Commission de change : 1,12%o.
Ensuite les opérations suivantes sont alors
réalisées par le banquier :
1. Comme la BCC n'a pas les 150.000 USD à couvrir, elle
emprunte à quatre mois au taux de 1,12% l'équivalent des 150.000
USD (150.000 / 1,2712 = 117.998,741) en euro qu'elle déduit le
coût de l'emprunt (117.998,741 x 1,12% x 4/12 = 440,53 EUR). A
l'échéance, le montant à rembourser s'élève
à 118.439,27 EUR.
2. Les 117.998,741 EUR sont convertis en USD soit 150.000
USD.
3. Elle place les 150.000 USD à terme à quatre
mois au taux de 1,08%. A l'échéance, ils représenteront
150.540 USD soit 118.423,54 EUR.
4. Elle calcule ensuite le différentiel du taux
d'interêt qui est égal à :
118.423,54 - 117.998,74 = + 424,80 EUR.
Le différentiel de taux de change
génère un écart positif, ici, l'emprunt des EUR coute
moins cher que ne rapporte les placements des USD.
Cet écart positif (+ 424,80 EUR)
montre que l'euro est en report contre le
dollar.
5. La BCC répercute cet écart sur l'importateur,
donc la valeur de l'opération à l'échéance sera
de : 117.998,74 - 424,80 = 117.573,94 EUR.
6. Enfin, elle fait le calcul du cours à terme à
l'échéance :
1 EUR = 150.000 / 117.573,94 = 1,2758 USD
1 EUR = 1,2758 USD
A l'échéance, la BCC paie les USD livrés
par la SA FATY avec les EUR récupérés, et rembourser son
emprunt avec les USD livrés.
La commission prélevée par la BCC sur cette
opération de change est de 168 USD
La procédure décrite ci-dessus est dite à
terme sec puisqu'elle suppose que la BCC ne dispose d'aucune trésorerie
en dollar et qu'il place les euros, dont elle n'a aucun emploi, jusqu'à
l'échéance. Mais les banques ne sont jamais à terme
sec.
La BCC peut aussi couvrir la SA FATY contre le risque de
change en lui faisant un cours à terme réel.
Le cours à terme réel est un cours coté
s'établissant directement sur le marché interbancaire. Ce qui
permettra à la BCC de communiquer à l'importateur un
« cours clientèle » qui résulte du cours de
marché et de sa propre politique commerciale sur les devises.
Après cette analyse approfondie des différents
instruments de couverture du risque de change et au terme de notre
étude, nous pouvons formuler des recommandations aux acteurs du
marché des changes.
Propositions de recommandations et suggestions
à la Banque Commerciale du Chari
Propositions de recommandations
Eu égard à la couverture à terme
pratiquée par la Banque, nous proposons les quatre (4) recommandations
ci-dessous suivantes pour améliorer la gestion du risque de change
à la BCC :
- Accroitre l'effectif du service de change ;
- Améliorer le système d'information pour
disposer d'informations en temps réels ;
- Améliorer l'outil de simulation pour qu'il fournisse
davantage d'états en vue d'une meilleure gestion du risque de
change ;
- Revoir la pertinence, aujourd'hui, des seuils d'intervention
pour la couverture des risques et dont le calcul date des années 80.
La nécessité d'une saine gestion du risque de
change milite en faveur de la prise en compte des recommandations ci-dessus.
Décisions
Nous suggérons :
- Dans un premier temps, qu'il soit mis en place un
comité d'étude pour approfondir la réflexion sur la mise
en oeuvre de l'emprunt et avance en devises. Ce comité devra disposer de
tous les moyens humains, financiers et matériels. Il fera ensuite des
recommandations utiles au Directeur général de la Banque pour
prise de décision ;
- Dans un second temps, il faut mettre en place les
instruments techniques ou matériels que nécessité cette
solution, former en interne et recruter à défaut les personnes
compétentes pour une gestion du risque de change ;
- En dernier lieu, il faut utiliser de façon pleine et
entière cette méthode puis en mesurer et contrôler les
résultats de façon périodique.
Recommandations à l'État tchadien
L'État tchadien doit alléger le poids fiscal qui
pèse sur les entreprises, ainsi que la lourdeur administrative en ce qui
concerne l'implication des entreprises étrangères avec pour but
le développement du marché des changes.
Le Tchad, avec les autres pays de l'espace CEMAC, rendront
cela effectif en mettant sur place, à l'image de la BVMAC pour la bourse
et MATIF pour le marché des termes en France, un système
régulant et gérant le marché. Ainsi, ils pourront
faciliter l'accès au marché des changes et encourageront par la
même voie, les investisseurs et les entreprises à augmenter leur
volume de transactions.
I- Recommandations aux entreprises
Les entreprises, dont le volume de transaction en devises
dépasse 50% de leurs chiffres d'affaires totales, devront mettre en
place un système de gestion du risque de change bien
intégré à l'activité commerciale internationale
qu'elles exécutent.
Quant aux plus petites entreprises, elles devront se
constituer en association selon l'activité commerciale et être
sous la tutelle de l'organisme qui s'en occupe au sein de l'espace CEMAC, dont
le rôle principal sera de veiller à ce que les informations soient
à la disposition des intervenants et cela en tout lieu et en tout temps
et surtout en toute sécurité.
D'une manière générale, afin d'aider au
mieux l'entreprise à gérer le risque de change, il est
indispensable de suivre la démarche suivante :
· Appréhender le risque de change et le
mesurer ;
· Définir une politique de couverture en fonction
des objectifs et des contraintes propres à l'entreprise ;
· Choisir les moyens adéquats de couverture de
risque de change.
II- Recommandations aux institutions
financières
Il est grand temps que les institutions financières
prennent leur responsabilité et qu'elles jouent pleinement leur
rôle d'accompagnateur d'investissement et de financement. Des campagnes
doivent être menées pour galvaniser le monde de la banque qui
apparaît toujours comme du luxe en Afrique.
Elles doivent mener une politique sur les conséquences
du risques de changes et sur les bienfaits d'une couverture.
A l'aube de la mondialisation, l'Afrique ne saurait continuer
à être le lanterne rouge du monde alors qu'elle regorge de
ressources naturelles et humaines capables de relever le défi
économique et financier de ce nouveau millénaire.
Elle doit non seulement rattraper les entreprises des pays
d'Europe, d'Asie et d'Amérique du Nord qui dispose depuis les
années 70 de panoplies d'instruments des taux de change car ceux-ci
reflètent le niveau d'accroissement de la volatilité des taux
d'intérêt et des cours de change dans le monde, donc une autre
dimension de l'incertitude à devoir gérer par les Etats africains
en majorité affaiblies par les situations politiques et
économiques, mais surtout les adapter aux réalités du
continents.
Sans prétendre avoir fait une étude exhaustive
du problème du risque de change, nous avons dit dans la première
moitié de la première partie de notre mémoire qu'il a
attiré notre attention parce que le risque de change entraîne les
entreprises dans des situations pouvant mettre en péril leur
solvabilité, leur liquidité voire leur
pérennité.
Passant à la seconde moitié que nous avons
traitée et qui porte sur la gestion du risque de change, nous avons
tenté de voir comment les entreprises susceptibles à l'exposition
du risque de change peuvent gérer de manières efficaces avec les
techniques internes et celles d'assurances et bancaires.
Ceci nous a conduit à parler de la couverture sur les
opérations du risque de change proposée par la Banque Commerciale
du Chari qui est la deuxième partie de notre mémoire. Nous y
avons dit en substance que de tous les instruments de couverture du risque de
change, seul la couverture à terme est gérée à la
BCC
Compte tenu de cette situation, nous avons estimé que
la BCC peut introduire dans sa gestion du risque de change une technique de
couverture qui est l'avance et l'emprunt en devises. Cette méthode n'est
pas difficile à gérer pour la BCC qui lui suffit
d'accroître son effectif du service de change et de donner une formation
en ce sens aux personnels impliqués dans cette gestion.
Dans le présent document, nous nous sommes
intéressé à la gestion des risques de change par les
instruments de couverture. Il s'est agi de dresser le cadre conceptuel de ces
méthodes. Ce rappel théorique nous a servi de miroir pour voir
comment cette gestion se fait dans le cas spécifique de la BCC. Cela
nous a conduit à faire une analyse-diagnostic de la couverture à
terme de la BCC. Sans doute la nature de la Banque, la
spécificité de son marché et la
« complexité » de cette gestion, laissent
apparaître un gap entre théorie et pratique.
C'est pourquoi, dans le cas du risque de change, nous avons
proposé l'emprunt et l'avance en devise comme mesure
complémentaire du risque de change. La BCC, qui jusque-là
privilégiait la mesure de marge afin d'évaluer l'impact d'une
évolution adverse des taux change sur le PNB, pourrait davantage cerner
le risque de change en adoptant cette démarche.
1. Ghislaine LEGRAN et Huber MARTINI :
« Management des opérations de commerce international - Import
/ Export », 6ème édition, Dunod, Paris
2003
2. Ghislaine LEGRAN et Huber MARTINI :
« Management des opérations de commerce international - Import
/ Export », 7ème édition, Dunod, Paris
2005
3. Josette et Max PEYRARD : « Dictionnaire de
finance », 2ème édition, Vuibert, Paris
2001
Webographie
www.bcctchad.td
www.google.fr
www.memoireonline.com
www.eur-export.com
www.cambiste.info
www.vernimmen.net
www.lesechos.fr
www.fr.wikipedia.org
|