République Tunisienne
Ministère de l'Enseignement
Supérieur
Université de Sfax
Ecole Supérieure de Commerce de Sfax
MEMOIRE
En vue de l'obtention du
Diplôme de maîtrise en Hautes Etudes
commerciales
L'impact de la libéralisation financière
sur l'intermédiation bancaire
Elaborées par : Amal Ben Hassena
Encadrée par : Mme. Rahma Bouali Ben
Arab
Année Universitaire : 2005/2006
SOMMAIRE
Introduction
Générale
1
Chapitre 1 : L'intermédiation
financière et l'intermédiation bancaire
Introduction
5
Section 1 : L'intermédiation
financière
5
1-Definition de l'intermédiation
financière
5
2-L'approche théorique de
l'intermédiation financière
6
3-Les différents types
d'intermédiation financière
7
3-1)L'intermédiation du
bilan
8
3-2)L'intermédiation de
marché
9
4- Les différents types
d'intermédiaires financiers
10
4-1)Les établissements de
crédit habilité à traiter toutes les opérations de
banque
10
4-2)Les autres institutions
habilitées à effectuer des opérations de banques mais qui
sont surtout prestataires de services d'investissement
11
4-3)Le trésor
public
12
4-4)Les organismes de placement
collectif de valeurs mobilières (OPCVM)
13
Section 2 : L'intermédiation
financière des banques
13
1-Définiton de
l'intermédiation financière des banques
13
2-Les activités
d'intermédiation bancaires
14
2-1)La collecte de
l'épargne
15
2-2)L'octroi des crédits et la
création de la monnaie
15
3-Les risques bancaires
16
3-1)Le risque de contrepartie ou de
crédit
16
3-2)Le risque de
liquidité
16
3-3)Le risque de
change
17
3-4)Le risque de taux
d'intérêt
17
3-5)Le risque de
solvabilité
17
4- La gestion des risques
bancaires
17
4-1)La gestion du risque de
contrepartie ou de crédit
17
4-2)La gestion du risque de
liquidité
18
4-3)La gestion du risque de
change
18
5- La spécificité de la firme
bancaire
18
5-1)La réduction des coûts
de transactions
18
5-2)La réduction des
asymétries informationnelles
19
5-3)Un pouvoir de création
monétaire
19
5-4)La gestion des moyens de
paiement
20
Conclusion
21
Chapitre 2 : La libéralisation
financière
Introduction
23
Section 1 : Le fondement
théorique de la libéralisation financière
23
1- L'approche théorique de Mc kinnon
et Shaw
24
2- Les prolongements de Mc kinnon et
Shaw
25
3- Les caractéristiques et les
effets de la répression financière
25
3-1)Les caractéristiques de la
répression financière
25
3-2)Les effets de la répression
financière
26
Section 2 : Le processus de la
libéralisation financière
27
1- La libéralisation
financière interne
27
2- La libéralisation externe :
libéralisation des mouvements de capitaux
31
3- L'enchaînement des
réformes : ordonnancement de la libéralisation
32
4- Les conditions requises pour la
réussite de la libéralisation financière
32
Section 3 : Les conséquences
provoqués par la libéralisation financière
33
1- Les caractéristiques de la
libéralisation financière
33
1-1)La libéralisation des taux
d'intérêt
33
1-2)La libéralisation du secteur
financier
34
1-Mondialisation
34
2-Dérèglementation
34
3- Globalisation
35
1-3)La libéralisation des
banques : la
déréglementation
37
2- Les principaux risques de la nouvelle
économie financière
38
2-1)Des mouvements de capitaux
déstabilisateurs
38
2-2)Contagion internationale des crises
financières
38
2-3)Vulnérabilité et
propension aux crises du secteur financier
39
2-4)Délinquance
financière
39
2-5)Les craintes sur les conditions de
stabilité bancaire
39
Conclusion
41
Chapitre 3 : la libéralisation
financière et l'intermédiation bancaire
Introduction
43
Section 1 : l'activité
traditionnelle bancaire et les nouvelles tendances
43
1- L'affaissement relatif de
l'activité traditionnelle bancaire
43
2- La diversification des modalités
de financement et la baisse des taux
44
3- Diversification de l'activité
bancaire
45
3-1)La marchéisation des
conditions bancaires
45
3-2)Le développement des
activités hors bilans
46
3-3)La titrisation
46
Section 2 : L'activité bancaire
à l'écho des changements
47
2-1)L'accélération de la
concurrence
47
2-2)L'accélération de la
concentration bancaire
48
2-3)L'évolution des
métiers bancaires
48
2-4)L'évolution de la
rentabilité bancaire et les nouveaux revenus
49
2-5)La restructuration de l'industrie
bancaire
50
Conclusion
53
Conclusion
Générale
54
Bibliographie
Introduction Générale
Avant les années 70 l'économie est
caractérisée par une économie d'endettement, marqué
par une prédominance de l'intermédiation bancaire liée
à la faiblesse et à l'étroitesse des marchés de
capitaux, une concurrence insuffisante entre institution financière
où les circuits de financement et de collecte de l'épargne sont
étroitement cloisonnés et spécialisés et un strict
contrôle par les autorités monétaires de la distribution du
crédit et des opérations financières avec
l'étranger.
Les inconvénients de ce système financier ont
commencé à se faire sentir à la fin des années 1970
: permissivité à l'égard de l'inflation, coûts
excessifs de l'intermédiation, faible efficacité dans
l'allocation des ressources. Cette situation va être totalement
bouleversée par un vaste mouvement de réformes entreprises au
cours des années 1980 par le déclenchement de la
libéralisation financière.
En effet, la libéralisation financière se
traduit par plusieurs phénomènes : une
accélération de l'innovation financière, une ample
déréglementation, une globalisation financière...
Ces mutations constituent un processus continu qui modifie
progressivement et en profondeur les modes de circulation des fonds, les
méthodes de transferts de risque et la géographie
financière.
La déréglementation et l'innovation ont
libéré des forces considérables qui continuent à
influencer le mode de fonctionnement des banques et leurs restructurations.
Tous les systèmes financiers semblent glisser d'un système
dominé par les banques, ou la fonction principale des banques
était l'intermédiation financière, vers un système
ouvert et régulé par le marché (courtage et échange
direct de titres).
Les conséquences sont nombreuses tant sur le plan
pratique qu'au plan théorique. L'intermédiation est
déclinante qui se traduit par une diminution de son coût du fait
de l'accroissement de la pression concurrentielle à la suite de la
libéralisation financière. La banque est de plus en plus une
entreprise de service et de gestion des risques adossés au marché
de capitaux.
Depuis, le rôle des marchés de capitaux s'est
considérablement accru tant au niveau des modalités du
financement des entreprises qu'à celui des possibilités de
placements des ménages, on parle d'un passage à l'économie
de marché de capitaux
Dans cette étude on se propose d'examiner à
travers une revue de littérature le concept de l'intermédiation
financière des banques et de la libéralisation financière.
Ensuite on procèdera de mettre en relief l'impact de la
libéralisation financière sur l'intermédiation bancaire.
Problématique
Nous tenterons d'analyser le phénomène de
mutation financière, les moteurs de son développement, en
répondant aux questions suivantes :
· Comment se manifestent ces mutations financières
et comment la libéralisation financière peut-elle apporter des
éléments de réponse à cette question ?
· Quelles sont leurs incidences sur la sphère
financière et spécialement sur l'activité traditionnelle
bancaire ?
Nous procéderons tout d'abord en soulignant le
phénomène de libéralisation financière en
présentant ses grands traits, puis nous étudierons la
problématique relative à leurs conséquences sur le
fonctionnement de la sphère financière et spécialement les
réformes du secteur bancaire.
Objectifs
· Mettre en relief l'impact de la libéralisation
financière sur l'activité d'intermédiation bancaire.
· Identifier les changements qui ont marqué la
banque depuis un demi-siècle en s'intéressant plus
particulièrement à la réorientation stratégique des
banques par la mise en évidence de l'affaissement de l'activité
traditionnelle et aussi les nouveaux revenus et les nouveaux métiers.
Architecture du travail
Dans le cadre de cette recherche, nous nous proposons de
déterminer l'impact de la libéralisation financière sur
l'intermédiation bancaire.
Ce mémoire sera organisé de la manière
suivante :
- Dans le premier chapitre, nous allons présenter dans
une première section la définition du concept de
l'intermédiation financière et dans une deuxième section
nous allons mettre en relief l'intermédiation financière des
banques.
- Dans le second chapitre, nous allons analyser dans une
première section les fondements théoriques de la
libéralisation financière, dans une deuxième section le
processus de la libéralisation financière et dans une
troisième section les conséquences provoquées par cette
libéralisation.
- Dans le troisième chapitre, nous allons
présenter dans une première section l'activité
traditionnelle bancaire et ses nouvelles tendances et dans une deuxième
section l'activité bancaire à l'écho des changements en
mettant l'accent sur l'émergence de nouveaux produits et métiers
bancaires.
Chapitre 1 : L'intermédiation
financière et l'intermédiation bancaire
Introduction
Le système financier est dominé jusqu'au milieu
des années 80 par la finance indirecte qui privilégie
l'intermédiation de bilan des banques. Il fonctionne selon les principes
d'une économie d'endettement. Cette organisation se modifie
progressivement à la suite d'un ensemble de réformes
financières qui favorisent l'essor d'une économie de
marché financier.
Cette évolution est caractérisée par le
développement des marchés des capitaux qui incite les entreprises
non financières à recourir au financement par émission des
titres et les banques à faire appel à un marché
monétaire largement ouvert à tous les agents. Elle
également marqué par une désintermédiation qui se
traduit par une baisse de l'importance des crédits bancaire dans le
financement global de l'économie. Mais ce mouvement n'implique pas un
affaiblissement sensible de l'intermédiation financière. En
effet, l'expansion des marches des capitaux suscite une diversification de
l'intermédiation financière assurée par les
établissements de crédit et l'émergence de nouveaux
intermédiaires.
Dans ce chapitre, nous allons présenter dans une
première section la définition du concept de
l'intermédiation financière et dans une deuxième section
nous allons mettre en relief l'intermédiation financière des
banques.
Section 1 : L'intermédiation
financière
1-Definition de l'intermédiation
financière
La fonction de l'intermédiation financière est
l'opération qui consiste a mettre en contact des agents non financiers
ayant une capacité de financement appelés prêteurs avec
d'autres agents non financiers ayant un besoin de financement appelés
emprunteurs,afin de réaliser l'équilibre
épargne-investissement.
En effet « l'intermédiation vise à
faire coïncider les choix de portefeuilles des deux types des agents non
financiers, les emprunteurs et les prêteurs1(*) » et ceci par le biais d'un organisme
appelé intermédiaire financier qui a pour fonction de recueillir
des fonds des agents à excèdent de ressources et les transforment
auprès des agents à déficit de financement.
-Les agents à déficit de financement remettent
en échange de la monnaie perçue sous forme d'emprunt ou d'avance,
des reconnaissances des dettes, ou titres de la dette primaire (valeurs
mobilières, hypothèques, cautions, etc....).
-Les prêteurs initiaux (déposants,
épargnants) reçoivent des intermédiaires financiers
monétaires ou non monétaires des rémunérations
(taux d'intérêt) ou des titres de la dette secondaire (livret
d'épargne, carnet de pot, bon de caisse, valeur de SICAV).2(*)
Le profit de l'intermédiaire financier est
constitué par la différence entre les deux types de titres.
2-L'approche théorique de l'intermédiation
financière
Jusqu'au années cinquante, la théorie
n'intégrait pas véritablement les banques et les institutions de
crédits du faite que les agents interviennent de manière
décisive dans la transmission de l'épargne à
l'investissement ainsi que dans la création monétaire.
La mise en évidence théorique de
l'intermédiation financière s'est faite, à la fin des
années cinquante à partir de l'étude d'une économie
de marchés financiers. Les travaux de pionniers de R.W.Gold Smith en
1955 et de J.G.Gurley et E.S.Shaw en 1955 et 1956 font ressortir la
montée de l'institutionnalisation du processus de
l'intermédiation financière dans l'économie
américaine.
Dans une approche beaucoup moins récente Gold Smith
s'est interrogé sur les raisons de la complexité croissante des
systèmes financiers des économies contemporaine.
Néanmoins, cette approche n'a pas permis d'expliquer ni de justifier la
prolifération des intermédiaires financières dans les
économies en développement3(*).
Cette justification sera, par ailleurs fournis par Gurley et
Shaw (1960) dans « Money in a theory of
finance »qui, pour la première fois, analysèrent des
institutions financière par rapport à leur fonction
d'intermédiation en s'interrogeant sur le processus de financement de
l'activité économique.
En fait, la notion d'intermédiation financière a
connu une profonde mutation dans le temps suivant les définitions et les
interprétations des théoriciens et des praticiens.
En général, les économistes ont repris la
terminologie anglo-saxonne, développée par Gurley et Shaw,
à savoir « Intermédiation », qui est
définit comme le processus d'ajustement des besoins et des
capacités de financement par l'intervention d'un agent
spécifique, l'intermédiaire financier, dont le rôle
consiste à collecter l'épargne des prêteurs ultimes par
émission des titres indirects en vue de financer les emprunteurs ultimes
par acquisition des titres primaires.4(*)
Le modèle d'intermédiation financière de
Gurley et Shaw a sans doute présenté l'expression
théorique la plus synthétique de l'intermédiation et leur
cadre conceptuel demeure actuel et suscite même un regain
d'intérêt avec le développement des marchés. Ce
cadre est construit à partir de la distinction entre finance directe et
finance indirecte.
Sur la très longue période, l'évolution
de la structure financière de l'économie semblerait
marquée à la fois par un glissement de la finance directe vers la
finance indirecte de l'activité bancaire traditionnelle de crédit
et de création monétaire (désintermédiation
bancaire) au profit de la gestion collective de l'épargne.
3-Les différents types d'intermédiation
financière
D'après l'approche de Gurley et Shaw5(*), il s'avère que
l'intermédiation financière monétaire ou non
monétaire est une intermédiation de bilan qui engage d'une part
les éléments du passif de l'intermédiaire (capital +
ressources de dépôts, de souscription, de primes ou de titres) et
investi d'autre part, les éléments de l'actif de ce même
intermédiaire.
Il est vrai que le développement des marchés de
capitaux, des produits et l'émanation de la
déréglementation et la dérégulation ont totalement
transformé la notion classique d'intermédiation de bilan (finance
indirecte) où l'on parle davantage d'intermédiation de
marché (finance directe) au niveau de la bourse des valeurs
mobilières, au niveau du marché monétaire, courtage,
négoce...
De manière générale,
l'intermédiation financière est l'activité
développée par les agents financiers qui s'interposent pour
faciliter l'adéquation en quantité de l'offre à la demande
de capitaux.
On distingue donc deux types d'intermédiations
à savoir :
-L'intermédiation du bilan ; intermédiation
active ; finance indirecte.
-L'intermédiation du marché ;
intermédiation passive ; finance directe.
3-1) L'intermédiation du bilan
L'intermédiation comporte une fonction de
transformation de titres, ce qui affecte nécessairement le bilan de
l'intermédiaire, d'où l'expression
d'« intermédiation de bilan ».
Le financement intermédié, ou finance
indirecte, fait intervenir par définition des institutions ad hoc - les
institutions financières - pour servir d'intermédiaire entre les
agents à besoin de financement et ceux à capacité de
financement. Les institutions financières émettent des titres
secondaires au bénéfice des seconds (les agents à
capacité de financement cherchent par acquisition de ces titres -
« courts » et peu risqués - à rentabiliser
leur épargne liquide) pour collecter les ressources nécessaires
au financement des titres primaires offerts par les premiers (les agents
à besoin de financements).
En effet, les intermédiaires financiers n'ont pas un
rôle passif dans l'économie, leur rôle ne consiste pas
seulement à mettre en contact les offreurs et les demandeurs, mais
à réaliser un équilibre entre eux.
D'une façon plus précise, le rôle
bancaire consiste à l'acquisition des titres de « dette
primaire » (actions, obligations) des agents à besoin de
financement en émettant en contrepartie des titres de « dette
secondaire ». Les firmes ainsi que l'Etat préfèrent
s'endetter auprès des banques et autres institutions financières
spécialisées dans les prêts. Les banques qui prennent la
décision de prêter, se refinancent couramment sur le marché
interbancaire ou après de la banque centrale. Cette dernière ne
rationne pas le volume de refinancement mais l'offre au taux
d'intérêt qu'elle fixe en fonction de son objectif de taux et / ou
de réserves de change.
Il s'agit, donc, d'une économie d'endettement où
prédomine la finance indirecte. Cette économie peut être
définie de manière stricte « comme étant une
économie dans laquelle les agents non financiers ont une faculté
d'emprunt auprès des banques commerciales, qui ont à leur tour la
même faculté auprès de la banque centrale .Dès
lors, le taux d'intérêt de la monnaie centrale joue un rôle
directeur ».Ce taux monétaire est inférieur au taux
d'intérêt naturel (taux d'intérêt qui serait dans une
économie de marché financier).
3-2) L'intermédiation de marché
Le financement de marché, ou finance directe,
amène les agents à besoin de financement à offrir, en
contrepartie des capitaux qu'ils demandent, des titres au
bénéfice des agents qui sont à la recherche de
placements-« longs et risqués- pour leur capacité
de financement.
L'intermédiation peut être passive en ce sens
que le rôle de l'intermédiaire financier se limite à aider
les agents à besoin de financement à trouver les agents à
capacité de financement pour écouler les titres que les premiers
désirent offrir à long ou court terme aux seconds. C'est
« l'intermédiation de marché ».
Dans une économie de marché où
prédomine la finance directe, les banques jouent un rôle de
courtier pour faciliter l'émission des dettes sur le marché
primaire (qui est le véritable mécanisme de la finance directe,
c'est à dire d'approvisionnement des entreprises en capitaux nouveaux
par le biais d'émission des titres) et les reclassements des
portefeuilles des investisseurs sur le marché secondaire (marché
qui permet aux propriétaires des titres cotés et uniquement
à eux d'échanger ces titres contre de la monnaie donc d'assurer
leurs liquidités).
Deux principales modalités de la finance directe sont
présentées pour lever les fonds sur le marché financier
à savoir les actions et les obligations. Ces dernières sont des
titres différents, souvent négociables (achat, vente).
-Les actions : Elles représentent une fraction du
capital d'une société, ce sont des titres à revenu
variable. Le prix d'une action diffère de la valeur nominale du titre et
se fixe sur le marché selon la loi d'offre et de la demande.
-Les obligations : Ce sont des titres de créance
provenant d'un emprunt à long terme réalisé par une
société non financière, une institution financière
ou une administration publique. Elles peuvent être à taux fixe
où à taux variable et d'une durée de 7 à 15 ans
généralement. Ces nouveaux titres sont disponibles auprès
des banques et des établissements financiers et directement vendus par
eux.
On y distingue :
-Les obligations à plus de 5 ans émises par
l'entreprise.
-Les emprunts de collectivités publiques.
-Les bons du trésor.
Outre les actifs financiers traditionnels c'est à dire
les actions et les obligations, il existe d'autre modalités de la
finance directe à savoir les actifs dérivés admis dans le
MONEP (marché des options négociables) ou le MATIF (marché
à terme des instruments financiers).
Cette nouvelle forme d'intermédiation ou
désintermédiation (finance directe) représente un avantage
majeur, celui de transfert du risque de l'intermédiation vers les
marchés, remplissant, de ce fait, une fonction voisine de
l'intermédiation .Par conséquent, les institutions
financières deviennent de simples prestataires de services, les risques
étant assurés par le fonctionnement de marché.
Après avoir présenter les deux types
d'intermédiation, on peut les récapituler comme ainsi :
- Fonction de négociation
L'intermédiaire financier est un simple courtier ; il est
de titres
un acteur auxiliaire de la finance directe.
« Intermédiation de
marché »
- Fonction de transformation
L'intermédiaire financier est un acteur central de la
de titres
finance indirecte.
« Intermédiation de bilan »
4- Les différents types d'intermédiaires
financiers
4- Les différents types d'intermédiaires
financiers
4-1) Les établissements de crédit
habilité à traiter toutes les opérations de
banque
Au premier rang des intermédiaires financier, les
établissements de crédit collectent l'essentiel de leurs
ressources sous forme de dépôts et emploient les fonds ainsi
recueillis à l'achat de titres et l'octroi de crédit. Ces
établissements qui forment l'essentiel du système
bancaire « sont des personnes morales qui effectuent à
titre de profession habituelle des opérations de
banque »6(*).
· Les banques (les banques
commerciales)
Leurs ressources résultent de l'émission de
monnaie, de comptes sur livret, de plans d'épargne et d'émissions
de titres négociables. Leurs emplois sont essentiellement formés
par des crédits de trésoreries et d'investissement
accordés aux entreprises, par des crédits à la
consommation et au logement bénéficiant aux ménages et par
des achats de titres négociables.
· Les banques mutualistes et
coopératives
Les banques mutualistes et coopératives sont
constituées en quatre réseaux : le Crédit Agricole
Mutuel, le Crédit mutuel, les Banques populaires, le Crédit
Coopératif. Elles sont affiliées à des organismes
centraux : Confédération nationale du Crédit Mutuel,
Caisse Nationale du Crédit Agricole, Chambre syndical des banques,
Caisse centrale de Crédit Coopératif).
· Les Caisses d'épargne et de
prévoyance
Elles ont comme instance de direction le Central national des
caisses d'épargne et comme exécutif la Fédération
nationale des Caisses d'épargne. Elles remplissent des missions
d'intérêt général (exemple : protection de
l'épargne populaire, financement du logement social,
développement régional). Elles émettent des titres
indirects analogues à ceux des banques et des actifs spécifiques,
comme le livret A.
· Les caisses de crédit
municipal
Les caisses de crédit municipal sont
des établissements publics communaux de crédit et d'aide sociale.
Elles ont le monopole de l'octroi des prêts sur gages. Leurs ressources
proviennent de bons de caisse, de dépôts et de dotations
publiques. Elles peuvent accorder qu'exceptionnellement des prêts aux
personnes morales.
4-2) Les autres institutions habilitées à
effectuer des opérations de banques mais qui sont surtout prestataires
de services d'investissement
On cite parmi ces institutions : les
sociétés financières, les sociétés
financières spécialisées et les entreprises
d'investissement.
· Les sociétés
financières
Les sociétés financières sont des
établissements de crédit qui sont crée par des
institutions bancaires pour étendre leurs activités dans des
domaines particuliers, soit par des entreprises commerciales ou industrielles
pour effectuer le financement des achats de leurs produits. Elles effectuent
des opérations de crédit de court et de long terme avec des
ressources propres ou empruntées sur le marché des capitaux.
Elles n'ont pas accès aux dépôts du public à vue ou
à moins de deux ans de terme.
· Les institutions financières
spécialisées
Les institutions financières
spécialisées dans des crédits sectoriels bonifiés,
comme les sociétés de développement régional et le
Crédit foncier de France, sont des établissements de
crédit auxquels l'Etat a confié une mission
d'intérêt public. Ne pouvant pas recevoir de dépôts
à vue et à moins de deux ans de terme, elles sont essentiellement
alimentées par des emprunts à long terme qu'elles lancent sur le
marché obligataire et elles accordent généralement des
crédits de long terme.
· Les entreprises d'investissement
Les entreprises d'investissement sont habilitées
à assurer des services d'investissements qui concernent des
opérations sur titres. Elles sont formées par les
sociétés de bourse, des agents du marché interbancaire et
des sociétés de gestion de portefeuille.
4-3) Le trésor public
Le trésor public est l'expression financière de
l'Etat. Il est le caissier des administrations publiques dont il assure les
encaissements et les décaissements, et leur banquier. En tant que
banquier, le Trésor exerce les fonctions d'un intermédiaire
financier. Ces ressources proviennent donc de la création
monétaire effectuée par le Trésor ou à son
bénéfice et de l'épargne des agents non financiers qui, en
tant que prêteurs ultimes, souscrivent les titres émis par le
Trésor. Le Trésor utilise ces ressources pour agir sur le
financement de long terme et sur le développement économique.
4-4) Les organismes de placement collectif de valeurs
mobilières (OPCVM)
Les organismes de placement collectif de valeurs
mobilières (OPCVM) sont formés par les sociétés
d'investissement à capital variable (SICAV) et par les Fonds communs de
placement (FCP). Ils acquièrent des titres primaires sous la forme
d'actions et de titres de créances émis par les non
résidents, l'Etat, les entreprises non financière et surtout les
institutions non financière. Ils émettent des actifs secondaires
sous la forme de titres de propriété pour les SICAV et de parts
de copropriété (droit sans regard sur la gestion du fonds) pour
les FCP.
On peut ajouter à la liste de ces institutions
les sociétés d'assurances qui peuvent être
considérées comme les collecteurs d'une épargne de
précaution utilisée pour l'achat des titres primaires (placement
des provisions techniques représentant les engagements des
sociétés envers les assurés).
Section 2 : L'intermédiation
financière des banques
Sous l'impact de la pléthore des innovations
financières et suite aux mouvements avancées de l'information
financière et économique , la théorie de la banque et la
structure de son intermédiation financière ont été
complètement transformées avec des profondes mutations durant les
dix dernières années .
L'objectif recherché est de mettre en exergue les
développements récentes de la littérature de
l'intermédiation de la banque, incluant la notion de risque dans le
rôle joué par la banque dans son intermédiation.
Pour mettre cette littérature en perspective, on
commence d'abord par la présentation des principales activités de
la banque en tant qu'un intermédiaire financier et les risques
inhérents à ses fonctions. Enfin on présente la
spécificité de la firme bancaire.
1-Définiton de l'intermédiation
financière des banques
-Selon l'approche classique de Gurley et Shaw (1960) : La
banque est définie comme un intermédiaire financier
monétaire. L'activité principale de la banque est
l'intermédiation entre les agents à excédent de ressources
et les agents à déficit de financements, recevant des premiers
des dépôts liquides à vue ou à terme contre
rémunération, et octroyant aux deuxièmes des
crédits rémunérés à taux
d'intérêt débiteurs largement supérieur aux taux
d'intérêt créditeurs dont bénéficient les
déposants.
-Selon Jean Pierre Paratat : « Les
intermédiaires financiers bancaires peuvent être définis
comme des établissements bancaires qui collectent des ressources
dégagées pour des particuliers, des entreprises ou des pays
extérieurs à la métropole et les émettent à
la disposition d'autre particulier, entreprises ou pays extérieurs
à la métropole pour la couverture de leurs besoins de
financement 7(*)».
-De leur coté, Towsend (1979), Diamand et Dybing (1983)
et autres, insistent sur la particularité et l'importance des banques
dans le financement de l'économie « leur rôle
spécial décrit la réalité qu'elles fournissent la
liquidité pour leurs clients pour financer leurs projets
d'investissements8(*) ».
De ce fait , les banques jouent un rôle
d'intermédiation financière monétaire, par l'acceptation
de dépôts à vue et à terme et leur transformation
sous forme de crédits et d'engagements envers les emprunteurs .
Pour mieux comprendre la notion d'intermédiation
bancaire on doit présenter les activités d'intermédiation
d'une banque et les risques inhérents à ces activités et
la manière de les gérer.
2-Les activités d'intermédiation
bancaires
Les établissements bancaires et assimilés ont
des activités très diversifiées. Ils exercent des
fonctions traditionnelles d'intermédiaires qui se traduisent par les
opérations de banque avec leurs clients.
On parle d'intermédiation bancaire pour désigner
la fonction remplie par les banques comme intermédiaires financiers.
Elle consiste à collecter les disponibilités sous forme
d'épargne et de dépôts auprès des agents
économiques et à accorder des crédits9(*).
2-1) La collecte de l'épargne
Pour pouvoir exercer sa principale activité, à
savoir la distribution du crédit et la création de la monnaie, la
banque commerciale a besoin à collecter des ressources qui prennent
souvent la forme de dépôts à vue et à terme, de
compte d'épargne et de bon de caisse et les certificats de
dépôt.
Les comptes à vue : constituent
des ressources « gratuites » c'est-à-dire non
rémunérée par des intérêts mais
génèrent un coût de réseaux et de gestion des moyens
de paiement.
Les comptes à terme, les bons de caisses et
les certificats de dépôts : sont des ressources
théoriquement stables, mais en réalités, souvent volatiles
lors des arrivées d'échéances et surtout coûteuses
(taux proche de celui du marché monétaire) car elles sont
concurrencées par les sociétés d'investissement à
capital variable (SICAV) et les fonds communs de placement monétaire
(FCP) ou de trésorerie.
Les comptes d'épargne (livret,
épargne-logement) : sont des ressources à vue mais
structurellement stables et peu rémunérées.
Très souvent, les ressources collectées par la
banque ne suffisent pas pour couvrir les crédits accordés. Dans
ce cas la banque est obligée de se procurer le complément sur le
marché monétaire.
2-2) L'octroi des crédits et la création de
la monnaie
Il s'agit de l'activité la plus importante de la
banque commerciale. Le crédit se fait essentiellement par le biais de
l'escompte : opération qui consiste pour la banque à
acquérir des actifs financiers en contre partie du crédit qu'elle
consomme. Les crédits bancaires bénéficient aux
particuliers pour le financement de l'habitat et de la consommation et aux
entreprises non financières pour le financement des achats
d'équipements, de la trésorerie et des opérations
d'exportation.
Chaque fois qu'il y a un crédit consenti, il correspond
à une création de monnaie scripturale nouvelle par la banque.
Les crédits distribués par les banques sont
différenciées selon plusieurs critères : la
durée, l'objet, la forme et le bénéficiaire.
L'intermédiation bancaire apparaît dans le bilan
des banques de la manière suivante : les dépôts de la
clientèle dans le passif et les crédits consentis dans
l'actif.
3-Les risques bancaires
Du fait de leurs complexité et de leur
diversité, les activités des banques engendrent des risques,
s'ils sont mal gérés, entraînent des effets néfastes
non seulement pour ces institutions mais aussi pour le système financier
auquel elles appartiennent.
Les risques bancaires sont multiples, il s'agit
essentiellement du : risque de contrepartie, risque de liquidité,
risque de change, risque de taux et le risque de solvabilité.
3-1) Le risque de contrepartie ou de
crédit
Selon J.B.Bessis (1995, p15) « le risque de
contrepartie désigne le risque de défaut des clients,
c'est-à-dire, le risque des pertes consécutives au défaut
d'un emprunteur face à ses obligations ».
Ce risque de contrepartie ou de crédit est le premier
des risques auquel est confronté un établissement financier. Il
est dû à la défaillance possible des agents avec les quels
elles se sont engagées et qui constituent les contreparties. Une telle
défaillance peut se traduire par le non remboursement de crédits
par des emprunteurs privés nationaux en difficulté ou par le non
transfert du remboursement des crédits accordés en devises
à des non résidents.
L'exposition au risque de crédit est mesurée
par les montants susceptibles d'être perdus en cas de
défaut :
-Pour les opérations de bilan, le défaut de
contrepartie conduit à une perte du capital de l'opération et
à la perte des intérêts dus à la
rémunération des prêts.
-Pour les opérations de hors bilan, le risque
représente de coûts estimés du remplacement de la garantie
précédemment obtenue par les lignes de hors bilan.
3-2) Le risque de liquidité
Selon J.Bessis (1995, p16-17) « le risque de
liquidité est celui de disposer de liquidités bancaires
insuffisantes c'est-à-dire les actifs liquides disponibles ne semblent
pas suffisant pour faire face à des besoins inattendus. Dans cette
optique la liquidité est plutôt un coussin de
sécurité pour gagner du temps en présence de
difficultés ».
Le risque de liquidité est donc induit par des
difficultés qu'éprouvent des banques à faire face à
leurs engagements par la mobilisation de leurs actifs. Ce risque peut
résulter d'un retrait massif de dépôts qui traduit une
perte de confiance dans le système bancaire.
3-3) Le risque de change
Il correspond au risque de perte sur des opérations
effectuées sur des devises. C'est le risque d'observer des pertes
à cause des évolutions des taux de change. La position de change
est définie comme la quantité de monnaie détenue ou
cédée, exprimée dans une devise distincte de la monnaie
locale.
3-4) Le risque de taux d'intérêt
C'est le risque de perte représenté par une
variation des taux d'intérêt appliqué aux emplois et aux
ressources. Il provient de l'éventualité d'une baisse de
rentabilité induite pour la variation des taux d'intérêt.
Ce risque peut notamment se manifester à l'occasion d'opérations
de transformation lorsque les banques financent des crédits de long
terme à taux fixe par des ressources de court terme dont le taux
d'intérêt s'accroît soudainement.
Il touche également les portefeuilles de titres que
possèdent les banques et dont la valeur peut varier brutalement à
la suite d'une modification des taux d'intérêt
3-5) Le risque de solvabilité
Il s'agit du risque de ne pas disposer des fonds propres
suffisants pour absorber des pertes éventuelles, il résulte du
montant des fonds propres disponibles et des risques pris (risque de
crédit, de change, de taux...).
4- La gestion des risques bancaires
4-1) La gestion du risque de contrepartie ou de
crédit
Leurs gestions peuvent être à priori, lors de la
sélection des entrepreneurs, ou à posteriori au cours du suivi de
leur situation financière dans le cadre de la relation contractuelle.
La gestion à priori est fondée sur une
évaluation objective de la capacité du client à rembourser
les prêts. A cette fin, les entreprises ont tenu de fournir au minimum
les documents comptables (bilans et comptes de résultat) des derniers
exercices aux établissements de crédits.
A partir de ces documents, une analyse de quelques ratios
peut aider à détecter les bonnes et les mauvaises entreprises.
Parmi ces ratios on peut citer le ratio de liquidité qui est utile pour
faire face aux demandes de retraits et le ratio de rentabilité qui
constitue une base pour accorder les crédits.
Le risque de contrepartie peut être réduit en
exigeant des garanties qui réduisent les pertes en cas de défaut.
Le montant payé en cas de risque devient le solde du crédit
diminué de la valeur des biens fournis en garanties.
4-2) La gestion du risque de liquidité
La gestion des financements permet de contenir les besoins
dans les limites acceptables. Aussi, la gestion du risque de liquidité
fait appel à la gestion optimale des réserves bancaires que la
banque doit en disposer pour faire face aux retraits massifs des
déposants et aux paniques bancaires.
4-3) La gestion du risque de change
Le risque de change peut être géré de
deux façons soit par la neutralisation soit par la couverture :
-La neutralisation consiste à ajuster la position de
change de la banque devise par devise afin de supprimer les positions courtes
ou longues. Il s'agit d'augmenter les éléments d'actifs ou
diminuer les éléments de passifs en cas de position courte et
dans le cas d'une position longue.
-La couverture est assurée à travers les
instruments de marché (le marché de change à terme,
futures de devises, options de change et swaps de change) lorsque la
neutralisation n'est pas possible.
5- La spécificité de la firme
bancaire
L'activité traditionnelle d'une banque commerciale
consiste à collecter des dépôts à vue pour accorder
des crédits à court terme. Mais à côté de ces
fonctions primordiales, d'autres avantages s'ajoutent pour distinguer la banque
de ses institutions financiers.
5-1) La réduction des coûts de
transactions
L'intermédiation bancaire permet également de
supprimer les coûts induits par la recherche d'une enquête de
solvabilité, le suivi des emprunts, la gestion des défaillances
et des saisies financières.
Imaginons par exemple qu'il y ait 10 prêteurs et 10
emprunteurs potentiels, nous avons alors théoriquement 100 couples. Mais
si ces agents transitent tous par un seul intermédiaire nous aurons 20
couples seulement c'est-à-dire on peut aboutir au même
échange avec 20 transactions au lieu de 100 grâce à
l'intervention de la banque.
En présence de cet acteur chacun d'entre nous devrait
supporter ses coûts à titre individuel les coûts
d'information sont aussi réduit puisque la banque dispose de
précieuses informations sur la qualité des investissements issus
des opérations effectués sur leurs comptes.
5-2) La réduction des asymétries
informationnelles
La combinaison de services de paiement et
d'intermédiation confère un avantage irréductible aux
banques par rapport aux autres intermédiaires financiers dans la
réduction des asymétries d'information.
En fait, on parle d'une asymétrie d'information si
l'une des parties d'une transaction économique, ayant un comportement
opportuniste, peut tirer profit en exploitant un avantage informationnel. Ce
qui oppose véritablement les financements de marché aux
financements intermédiés, c'est l'inégalité dans
l'accès à l'information dû à l'efficience du
marché. Ceci étant lorsque le prix des titres ne reflète
pas entièrement et instantanément toute l'information pertinente
disponible, ce qui est susceptible d'orienter les décisions de
l'investisseur.
La banque s'avère alors mieux capable que le
marché de réduire l'asymétrie d'information entre
prêteurs et emprunteurs, ce qui lui permet de fonder l'efficience du
marché de crédit et ceci par la tenue des comptes des clients qui
est une source d'information continue pour la banque qu'elle peut mobiliser,
lors d'une demande de prêt, pour évaluer la solvabilité de
l'emprunteur. Ainsi la banque peut se renseigner sur la santé
financière de ces clients et disposer de l'information pertinente
nécessaire pour décider de ses transactions. Donc on peut
insister sur la spécificité de la banque non seulement en terme
de producteurs d'information, mais aussi en terme d'évaluateurs.
5-3) Un pouvoir de création
monétaire
La banque se distingue des autres intermédiaires
financiers par leurs capacités à distribuer des financements sans
collecter préalablement de l'épargne et ceci grâce à
leur pouvoir de création monétaire.
L'octroi de crédit ne se fait pas à la base des
ressources préexistantes. La banque ne se contente pas à
transformer les caractéristiques d'une épargne
préformée. Elle crée par le crédit un
dépôt bancaire au profit de l'emprunteur. Selon Garsuault et
Priami (1997) « une banque n'utilise pas les fonds collectés
pour réaliser des crédits mais adosse les prêts consentis
à l'actif aux fonds collectés au passif ».
5-4) La gestion des moyens de paiement
La gestion des moyens de paiement est une fonction importante
d'une banque qui contribue à l'efficacité et à la
sécurité du système de paiement de l'économie. Ce
système comporte un circuit des opérations de masse de petits
montants réglés notamment par chèques et par cartes
bancaires et un circuit des opérations de montants élevés
réalisées par exemple sur le marché monétaire et
sur le marché de changes.
Les règlements de ces opérations s'effectuent
selon différentes modalités. Une partie de la masse des petits
règlements utilisant les supports de papier transitent par les chambres
de compensation et une autre est automatisée (système
interbancaire de télécompensation (STT) pour les virements,
cartes bancaires, etc....
Pour les règlements de montants élevés,
une tendance semble se dégager en faveur des systèmes de
règlements bruts en temps réel qui permettent des paiements
instantanés et irrévocables, ce qui accroît la
rapidité et la sécurité des opérations (les
débiteurs doivent détenir préalablement les
liquidités nécessaires).
Conclusion
Avant les années 80, la fonction principale des banques
était l'intermédiation financière. Au sens strict du
terme, cette fonction consiste à collecter les ressources des agents
économiques disposant d'une capacité de financement pour les
mettre à la disposition des agents déficitaires ayant un besoin
de financement. En effet, l'intermédiation financière qui
consiste à ajuster l'épargne à l'investissement joue un
rôle important dans le financement de l'économie.
Au niveau des pays en développement la nouvelle
tendance d'intermédiation financière (de marché) ne fait
qu'à peine commencer .En effet avec l'émergence de nouveaux
marchés de capitaux dans les pays en développement, il y'a une
légère mutation dans la forme d'intermédiation
financière mais elle reste toutefois traditionnelle malgré les
efforts déployés pour passer d'une économie d'endettement
à une économie de marché financier.
Dans le cadre de cette transition, certaines réformes
ont été introduites. Ces dernières s'inscrivent dans la
logique de la déréglementation, de la libéralisation
financière et du désengagement de l'Etat.
Chapitre 2 : La
libéralisation financière
Introduction
Les travaux sur le rôle du système financier dans
le développement financier ont été dominés par
l'approche néoclassique de la libéralisation financière
initié par Mc kinnon et Show (1973). Ces deux auteurs présentent
la libéralisation du secteur financier comme moyen efficace et simple
pour accélérer la croissance économique des pays en voie
de développement. Cette théorie trouve rapidement un écho
favorable, tant auprès des grands organismes internationaux (F.M.I,
Banque Mondiale) qu'auprès de certains pays en voie de
développement. Elle séduit par la simplicité de sa mise en
oeuvre. Dès la fin des années 70, un certain nombre de pays
d'Amérique Latine (Argentine, Chili, Uruguay) mettent en place une
politique de libéralisation financière. Des pays du Sud-Est
Asiatique (Corée du sud, Taiwan) leur emboîtent le pas au
début des années 80.
Dans ce chapitre nous allons analyser dans une première
section les fondements théoriques de la libéralisation
financière, dans une deuxième section le processus de la
libéralisation financière et dans une troisième section
les conséquences provoquées par cette libéralisation.
Section 1 : Le fondement théorique de la
libéralisation financière
Depuis les années 70, les pays en voie de
développement souffrent de certains déséquilibres et de
certaines difficultés d'ordre économique et sociale dûes
pour certains économistes à l'intervention massive de
l'état.
L'interventionnisme étatique est apparu dans les
économies capitalistes développées à la suite de la
grande crise 1929 lors du grand crash boursier. Tout au long de la
période ayant précédé cette crise, leur
fonctionnement économique était basé sur le principe de
l'autorégulation. L'Etat n'exerce aucun contrôle et aucune
fonction régulatrice sur l'économie.
De ce fait, l'état crise était attribué
à l'incapacité du marché d'assurer une
autorégulation permettant un équilibre de plein emploi. Dans ce
cadre, selon la théorie de Keynes, l'Etat est appelé à
jouer un rôle central dans le processus de régulation et constitue
le stimulant et le moteur du développement et de la croissance
économique.
En revanche, les tenants du libéralisme (les
thèses libérales : Mc kinnon Show et Fry) ont trouvé
dans l'intervention massive de l'état des difficultés et des
déséquilibres majeurs affectant l'économie capitaliste
depuis 1970, d'où la nécessité du désengagement
total de l'Etat et de l'abondant de toutes formes d'institutionnalisme et de
toute structure de réglementation de l'activité
économique. Il s'agit en effet du passage d'une économie
basée sur le contrôle de l'Etat à une économie de
marché. Ce passage s'inscrit dans le cadre d'un processus de
libéralisation.
En effet, le succès de la libéralisation
financière n'est pas surprenant car depuis les années 1960 et les
travaux de Gurley et Shaw (1960) et de Goldsmith (1969), la communauté
économique « attendait » un instrument
théorique solide pour justifier la liaison entre le développement
financier et le développement réel dans les pays en voie de
développement.
1- L'approche théorique de Mc kinnon et Shaw
Mc kinnon et Shaw considèrent un système
économique en déséquilibre avec une abondance
d'opportunité d'investissement. Ils se placent dans le cadre de pays en
retard dans lesquels les politiques financières adaptées ne
permettent pas d'exploiter ces opportunités. En effet, ces derniers se
caractérisent par des taux d'intérêt bas et par une forte
intervention des autorités dans l'allocation des crédits
notamment par le biais des réserves obligatoires.
Dans les économies en voie de développement
oû les auteurs définissent l'inflation comme étant
élevé et stable. La politique de taux d'intérêt bas
rend alors les taux d'intérêt réels négatifs et
pousse les épargnants à préparer les biens refuge à
la monnaie. Cette répression conduit à un ralentissement de la
croissance économique.
Pour Mc kinnon et Shaw, la libéralisation
financière serait la meilleure solution pour promouvoir la croissance
économique. Cette hypothèse repose sur deux arguments :
-D'une part, le plafonnement des taux d'intérêt
à des niveaux artificiellement bas réduit l'épargne,
l'offre des fonds prêtables, ceci conduit à un rationnement de
l'investissement et un ralentissement de la croissance économique.
-D'autres part, la répression financière
entraîne une mauvaise allocation des crédits.
2- Les prolongements de Mc kinnon et Shaw
Les contributions de ceux que l'on peut qualifier
d'héritiers des deux fondateurs de l'école de la
libéralisation financière, se proposent d'étayer la
théorie originelle sans en modifier les postulats fondamentaux. Ainsi,
on trouve l'approche de :
Kapur (1976) : fût un des
premiers à compléter l'analyse de Mc kinnon et Shaw. Il conclut
qu'il est préférable d'accroître le taux nominal servi sur
les dépôts plutôt que de réduire le rythme de
croissance de la masse monétaire. En effet la première solution
permet d'atteindre simultanément deux objectifs qui sont la
réduction de l'inflation grâce à une diminution de la
demande de monnaie et la stimulation directe de l'épargne.
Galbis (1977) : construit un
modèle à deux secteurs :
-Un secteur traditionnel ou le rendement du capital est
constant. Ce secteur autofinance totalement les investissements (il n'y a pas
accès au crédit bancaire).
-Un secteur moderne ou le rendement de capital est aussi
constant mais plus élevé. Les investissements sont
financés par des prêts bancaires eux même
déterminés par l'importance des dépôts bancaires.
Dans le modèle de la libéralisation
financière, l'augmentation des taux d'intérêt fixés
sur les dépôts conduit à un accroissement de la
productivité moyenne de l'investissement dans la mesure où elle
permet un déplacement de l'épargne du secteur traditionnelle vers
le secteur moderne.
3- Les caractéristiques et les effets de la
répression financière
3-1- Les caractéristiques de la répression
financière
Globalement la situation de la répression
financière est définie par :
-un plafonnement des taux d'intérêt nominaux qui
peuvent entraîner des taux réels négatifs avec un effet
défavorable sur l'épargne financière et les
décisions d'investissement.
-Un contrôle quantitatif et une allocation
sélective du crédit vers les secteurs de production, les
régions où les activités considérées par le
gouvernement comme prioritaires (souvent à des taux
d'intérêt préférentiels).
-Des réserves obligatoires minimums constitués
sur les dépôts bancaires qui peuvent varier selon les instruments
financiers et les institutions financières permettant à l'Etat de
financer son déficit budgétaire à faible coûts.
-Un contrôle direct par l'Etat d'une partie du
système bancaire avec des décisions de prêts guidées
par des facteurs politiques plutôt que par des considérations
d'efficacité.
-Une allocation forcée des actifs ou des prêts
aux secteurs publics par les banques privées commerciales. Un exemple
courant est l'utilisation des ratios de liquidités qui obligent les
banques à détenir une proportion donnée de leurs actifs
sous la forme de dette publiques.
Cette répression financière, selon Mc kinnon et
Shaw et leurs héritiers conduit à un ralentissement de la
croissance économique.
Comme le soulignent Dornbush et Reynoso (1989) qu'une
économie financièrement réprimée se
caractériserait par le fait que « les canaux d'épargne
sont souvent sous-développés et où le rendement de
l'épargne est négatif et instable ; les
intermédiaires financiers qui collectent l'épargne n'assurent
pas une allocation optimale de celle-ci grâce à des moyens
compétitifs ; les entreprises sont découragées
à investir parce que des mauvaises politiques financières
réduisent le rendement ».
3-2- Les effets de la répression
financière
On peut aussi résumer ainsi les effets de la
répression financière : Si l'Etat fixe arbitrairement les
taux d'intérêt réels (via la fixation des taux
d'intérêt nominaux servis et/ou demandés par les banques)
au dessous de leurs valeurs d'équilibre de marché, il
réduit la croissance économique dans la mesure
où :
-cela réduit la quantité de fonds disponibles
pour l'investissement via la baisse des dépôts bancaires ;
-cela affecte la quantité de l'investissement via la
modification de comportement des intermédiaires financiers. Comme le
souligne Shaw, « les plafonnements effectifs à la baisse des
taux créditeurs réels intensifient l'aversion pour le risque et
la préférence pour la liquidité des intermédiaires.
Section 2 : Le processus de la
libéralisation financière
1- La libéralisation
financière interne
Les théoriciens de la libéralisation
financière, dont les plus connus sont Mc Kinnon et Shaw, estiment donc
qu'il suffit que la répression financière soit
éliminée pour promouvoir le développement. La
libéralisation financière interne consiste à centraliser
l'épargne entre les mains des intermédiaires financiers
officiels, centralisation qui permettra l'unification du marché
financier.
Les tenants de la libéralisation financière
estiment que dans un système financier sur-réglementé
et/ou la concurrence est limitée, les banques ressentent moins le besoin
de rechercher de nouveaux clients et d'attirer des dépôts, tandis
que les épargnants et les emprunteurs potentiels, n'étant pas
sollicités, sont amenés à se tourner vers les circuits
financiers parallèles.
La répression financière apparaît comme
une situation caractérisée par des restrictions et des
dysfonctionnements qui conduisent à une fragmentation des marchés
financières.
Parmi ces restrictions on cite :
-La structure des taux d'intérêt
reflète un profond déséquilibre:
Les taux d'intérêt réels négatifs
observés pendant de longues périodes a entraîné une
diminution de l'incitation aux placements bancaires et surtout, a
renforcé le rationnement du crédit bancaire traditionnel,
pourtant nécessaire à la dépense d'investissement
privé.
-L'endettement du Trésor auprès de la banque
centrale :
Cet endettement est lié au déficit
budgétaire et aux déficits des entreprises publiques, ce qui
crée des effets d'éviction vis-à-vis du secteur
privé, notamment des petites unités et se traduit par des
créances douteuses contraignant les banques à privilégier
des prêts à court terme et à garanties
élevées.
-La lourdeur administrative :
Les coûts de gestion et les délais de
décaissement: ceux-ci interdisent les grandes organisations d'atteindre
les acteurs produisant à petite échelle.
On peut citer comme autres formes de restrictions
imposées par le gouvernement: le contrôle des changes, les
coefficients de réserves obligatoires, la régulation de la
concurrence....
Selon M.Fry qui a adressé des critiques à
l'égard de la répression financière, l'administration des
taux à des niveaux inférieurs aux taux d'équilibre du
marché peut influencer négativement l'économie par le
biais de cinq canaux10(*) :
-Des faibles taux d'intérêt entraînent la
préférence des individus pour la consommation immédiate au
lieu de la consommation future. Ceci a pour effet la réduction de
l'épargne à un niveau inférieur de celui qui serait
optimal du point de vue de l'ensemble de la collectivité.
-Des faibles taux d'intérêt sur les
dépôts bancaires par rapport au taux des marchés financiers
informels peuvent réduire l'offre des fonds du système bancaire
et favoriser la désintermédiation.
-Les emprunteurs qui peuvent obtenir les fonds dont ils ont
besoin à des bas taux d'intérêt auront tendance à
choisir des projets relativement capitalistiques étant donnée le
coût modique de leur endettement,facteur considéré comme
abondant dans les pays en voie de développement
-Les emprunteurs potentiels sont des entrepreneurs dont les
projets sont relativement peu rentables et qui ne désirent pas de
s'engager dans des crédits à taux élevés.
-Une mauvaise allocation des fonds prétables du fait du
niveau réduit de l'intermédiation financière et du niveau
faible de responsabilisation des banques dans le quadrillage des
crédits.
Selon M.Fry, ces effets pervers de la répression et la
ferme conviction dans la relation positive entre croissance économique
et finance qui ont jalonné le paradigme de la libéralisation
financière et qui constituent l'épine dorsale de la thèse
de Mc kinnon et Show.
Dans ce contexte, libérer le secteur financier,
accroître le niveau des taux d'intérêt réels servis
sur les dépôts (par une augmentation des taux nominaux ou par une
baisse de l'inflation) va stimuler l'accumulation d'encaisses monétaires
(l'épargne) et donc permettre la croissance de l'investissement. Cela
devrait aussi permettre d'accroître l'intermédiation
bancaire ; d'où une réduction des frais
d'intermédiation entre prêteurs et emprunteurs grâce
à la réalisation d'économie d'échelle, une
meilleure diversification du risque, un accès facilité des
emprunteurs au fonds prêtables.
Pour Mc kinnon et Shaw, la libéralisation
financière a un impact positif sur la croissance économique.
Cette hypothèse repose sur deux arguments :
-D'une part, le plafonnement des taux d'intérêt
à des niveaux artificiellement bas réduit l'épargne,
l'offre des fonds prêtables, ceci conduit à un rationnement de
l'investissement et un ralentissement de la croissance économique.
-D'autres part, la répression financière
entraîne une mauvaise allocation des crédits.
D'autres modèles qui s'inspirent de la thèse de
Mc kinnon et Show, tel que celui de Bencivinga et Smith (1991), mettent
l'accent sur le rôle positif exercé par les intermédiaires
financiers dans l'amélioration de l'efficacité de
l'investissement plutôt que sur l'augmentation du volume de
l'épargne et de l'investissement qui en résulte.
Ce rôle moteur des intermédiaires financiers dans
la propulsion de la croissance est dû selon Greenwood et Javanovic
(1990), au pouvoir de collecte de l'information pertinente sur les
différents projets et à leurs fonctions de partage et de
diversification du risque qui peut aider leurs clients à faire un choix
plus judicieux des projets d'investissement ainsi leur efficacité et
leur productivité. C'est ainsi, la libéralisation
financière est considérée nécessaire pour
encourager plusieurs activités productives.
Selon Hugon (1990) le tableau suivant décrit les
avantages qu'apporterait la libéralisation financière en
comparaison avec la répression financière:
Répression financière
|
Libéralisation financière
|
Analyse
|
-Rôle favorable des taux d'intérêt
réels négatifs sur l'investissement.
-L'investissement
crée l'épargne -Dissociation épargne/crédit: les
déposants ne profitent pas des crédits liés à leurs
dépôts. -Les crédits font les dépôts.
|
-Rôle favorable des taux d'intérêt positifs
sur l'épargne.
-L'épargne crée
l'investissement.
-Les dépôts font les crédits.
|
Politique
|
-Transfert inflationniste et politique sélective du
crédit. -Pas de rémunération des dépôts
des ménages.
-L'économie non monétisée et la
rareté des liquidités suppose une centralisation de la politique.
Les gisements d'épargne ne peuvent être mobilisés. -Les
structures financières sont des préalables aux politiques
monétaires financières. -Critères enveloppe et quotas:
rationnement quantitatif.
|
-Désengagement du Trésor et politique de rigueur
monétaire. -Le seul actif financier des ménages doit
être rémunéré. -Monétiser
l'économie et créer des réseaux par la
décentralisation, Possibilité de mobiliser les encaisses
oisives. -La hausse des taux d'intérêt permet les innovations
financières. -Critère de rentabilité: rationnement par
les prix.
|
2- La libéralisation externe :
libéralisation des mouvements de capitaux
La croissance des transactions financières
internationales et des mouvements internationaux de capitaux est une des
caractéristiques les plus marquantes de l'économie de la fin du
XXe siècle. Cette croissance explosive a été
favorisée par de puissants courants, notamment la tendance à la
libéralisation économique et à la
multilatéralisation du commerce tant dans les pays industrialisés
que dans les pays en développement.
Le fait de lever toutes les restrictions qui pèsent sur
ces transactions, autrement dit de laisser les capitaux entrer et sortir du
pays sans contrôle ni entrave, est ce que l'on appelle
déréglementer les mouvements de capitaux.
Selon la théorie économique classique, la
mobilité internationale des capitaux permet aux pays qui ont des
ressources d'épargne limitées d'attirer des financements pour
leurs projets d'investissements internes, cependant que les investisseurs
peuvent diversifier leurs portefeuilles, que les risques sont plus largement
répartis et que les échanges intertemporels -- des biens
aujourd'hui en échange de biens demain -- s'en trouvent
favorisés. Plus précisément :
· Les ménages, les entreprises et
même des pays entiers peuvent emprunter lorsque leurs revenus sont
faibles et rembourser lorsqu'ils sont élevés, ce qui a pour effet
de lisser la courbe de consommation. L'aptitude à emprunter à
l'étranger peut ainsi atténuer les fluctuations du cycle
économique en évitant aux ménages et aux entreprises
d'avoir à limiter trop radicalement leur consommation et leurs
investissements et à réduire ainsi encore davantage la demande
intérieure, lorsque la production et le revenu intérieurs ont
chuté.
· En prêtant à l'étranger,
les ménages et les entreprises peuvent diversifier les risques
liés aux perturbations qui menacent uniquement leur propre pays. Les
entreprises peuvent se prémunir contre les coûts et les chocs de
productivité en investissant dans des filiales réparties dans
plusieurs pays. La mobilité du capital peut ainsi permettre aux
investisseurs d'obtenir des taux de rendement, corrigés du risque, plus
élevés. En retour, les taux de rendement plus
élevés peuvent encourager l'épargne et l'investissement
propices à l'accélération de la croissance
économique.
Les arguments classiques en faveur de l'ouverture et de la
libéralisation des marchés financiers sont multiples : elles
favorisent l'affectation plus efficace de l'épargne, de plus vastes
possibilités de diversification des risques d'investissement, une
croissance plus rapide et une atténuation des cycles conjoncturels.
3- L'enchaînement des réformes :
ordonnancement de la libéralisation
Théoriquement, un pays doté d'un système
financier intérieur entièrement libéralisé, qui a
déjà mis en place les dispositifs de protection
nécessaires pour en assurer le fonctionnement efficace, pourrait passer
presque immédiatement et en toute confiance à la
libéralisation complète des mouvements de capitaux.
Par contre, le maintien de restrictions strictes à la
plupart des formes de mouvements internationaux de capitaux jusqu'à la
libéralisation réussie et complète du système
financier intérieur n'est pas une stratégie
généralement recommandable. La libéralisation interne et
la libéralisation externe peuvent se renforcer mutuellement et
bénéficier de leur déploiement parallèle.
Lorsque la préparation interne est bien avancée,
on devrait être en mesure de procéder assez rapidement à
une libéralisation externe essentiellement complète,
c'est-à-dire en moins d'une décennie environ pour les
marchés émergents les plus avancés. Lorsque
l'infrastructure essentielle à un système financier
libéral et stable n'est pas bien développée, la
libéralisation complète, interne et externe, prendra plus de
temps.
4- Les conditions requises pour la réussite de la
libéralisation financière
Plusieurs auteurs supposent l'existence d'un ensemble de
conditions pour que la libéralisation financière puisse atteindre
les objectifs qui lui sont assignés. Mc kinnon a avancé deux
conditions essentielles pour la réussite de la libéralisation
financière à savoir :
-Un contrôle plus strict des finances publiques :
la libéralisation suppose la suppression de toutes sorte d'interventions
et de distorsions sur le système bancaire qui est asservi au financement
du déficit budgétaire et leur remplacement par d'autres sources
de financement.
-Une politique monétaire plus rigoureuse : la
libéralisation financière suppose un contrôle plus
rigoureux du crédit bancaire.
M.Fry (1997) a préconisé aussi cinq conditions
pour le succès de la libéralisation financière :
-Une régulation prudentielle et une supervision du
système bancaire.
-Un degré raisonnable de stabilité des prix.
-Une discipline fiscale qui assure l'assouplissement de la
dette publique et permet d'atténuer les pressions inflationnistes
dûes au financement du déficit budgétaire.
-Un système fiscal qui n'impose pas de mesures
discriminatoires implicites ou explicites sur l'activité des
intermédiaires financiers.
-Un comportement de maximisation du profit et une concurrence
loyale entre institutions financières.
Deux autres principes ont été
développés à la réponse relative à l'ordre
de la mise en oeuvre des réformes. Doit on commencer à
libéraliser le secteur financier avant la libéralisation du
secteur réel ou le contraire ? Doit on les libéraliser
simultanément ?
La réponse à de telles questions n'a pas
été laissée au hasard et une convention de sagesse a
été préconisée par Mc kinnon (1991) et Edwards
(1987) et se résume en deux grands principes :
-Le premier principe consiste à libéraliser les
mouvements de capitaux une fois le marché réformé et les
taux d'intérêt élevés. Ceci suppose au
préalable que le déficit budgétaire ait été
maîtrisé.
-Le deuxième principe consiste à une
libéralisation des échanges commerciaux par la réduction
des droits de douanes et la suppression des quotas qui suppose une
dépréciation du taux de change en vue de promouvoir les
exportations et comprimer les importations.
La coordination de la libéralisation, interne et
externe, est donc un point essentiel dans la réussite de ce processus
des réformes et la transition vers une économie régie par
les mécanismes du marché.
Section 3 : Les conséquences provoqués
par la libéralisation financière
1- Les caractéristiques de la libéralisation
financière
1-1) La libéralisation des taux
d'intérêt
Fisher et Smaoui (1997) constatent que la
suppression des contrôles des taux d'intérêt est
considérée comme étant l'événement central
de la libéralisation financière. La suppression du contrôle
des taux d'intérêt dans les pays caractérisés par
une répression financière s'est traduite par une hausse des taux
d'intérêt.
Les taux d'intérêt de la plupart des pays ont
été libéralisés et ne sont plus
déterminés administrativement. La libéralisation des taux
d'intérêt peut être procédée en deux
étapes : la première consiste à libéraliser
les taux créditeurs, la deuxième consiste à
libéraliser les taux débiteurs.
1-2) La libéralisation du secteur financier
Plusieurs pays ont depuis la fin des années 80 et
début des années 90 entrepris des programmes de
libéralisation du secteur financier pour : introduire les forces du
marché ; réduire la domination du secteur public sur les avoirs
et les engagements bancaires ; accroître la concurrence ; et relever
l'efficacité. Ces mesures qui ont été le plus souvent
accompagnées par la restructuration et la recapitalisation, ont
amélioré la réglementation dans le but de
réhabiliter les systèmes bancaires en crise.
§ Les réformes des marchés
financiers
Depuis une trentaine d'années, les
marchés de capitaux ont connu de profonds changements qui ont
eu pour origine d'importants déséquilibres économiques.
1-Mondialisation
Les différents intervenants sont perpétuellement
en quête de financements ou de placements bénéficiant de
conditions optimales. Ils ont donc tout naturellement cherché à
étendre leurs activités au niveau international.
2-Dérèglementation
La mondialisation évoquée ci-dessus a
entraîné la réduction progressive des obstacles entravant
la libre circulation des capitaux dans le monde. Dans certains pays, ces
contraintes ont tout simplement disparu. C'est notamment ce qui s'est
passé en France avec la suppression du contrôle des changes.
3- Globalisation
La mondialisation et la déréglementation
simultanées du paysage financier international ont entraîné
une globalisation du marché financier, en le décloisonnant pour
tendre vers un marché unifié couvrant fonctionnant
désormais à l'échelle mondiale. Les informations circulent
partout instantanément, le système de cotation est devenu continu
et les produits financiers (options, actions, etc.) ont été
standardisés : un opérateur peut désormais investir
sur les marchés internationaux 24h/24h. En fait, cette globalisation
financière a surtout permis aux spéculateurs de profiter de
l'ensemble de la sphère financière pour rentabiliser leur
capital. On parle, pour illustrer les changements survenus sur les
marchés financiers, d'une nouvelle règle ; celle des
3D :
·
Désintermédiation
La désintermédiation correspond au recul de
l'économie d'endettement (par l'intermédiaire des banques
créditrices) au profit de l'économie de marché
financier ; en clair, les entreprises se financent directement sur les
marchés financiers (en émettant des obligations, des actions,
etc.) au lieu de s'endetter en empruntant auprès des banques. On estime
ainsi que 80% des opérations de financement se déroulent
aujourd'hui directement sur les marchés financiers ; c'est
évidemment la baisse des coûts d'intermédiation qui motive
cette pratique. On parle donc de désintermédiation pour nommer la
disparition de l'intermédiaire bancaire et de son activité
classique de dépôts et de prêts au profit de l'utilisation
des produits du marché.
· Décloisonnement
Le décloisonnement correspond à la fois
à l'ouverture des marchés nationaux et à
l'élimination des barrières cloisonnant les différents
marchés nationaux de capitaux. Ainsi, alors qu'avant le début des
années 80, les circuits de financement de nombreux pays étaient
autonomes et répondaient chacun à un besoin particulier, des
passerelles entre le marché à long terme (bourse) et celui
à court terme (marché monétaire) ont été
érigées. L'accès aux divers marchés, qui
était limité, est ainsi devenu ouvert.
·
Déréglementation
Cette transformation du système financier signe la
disparition du contrôle de l'État qui était la règle
depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale jusqu'aux années 70 ou 80 et
parfois bien plus longtemps. Les systèmes financiers
contrôlés par l'État étaient fortement
réglementés et conçus pour canaliser les ressources
financières vers les secteurs et les objectifs ayant la faveur des
pouvoirs publics. La déréglementation consiste à
libérer les marchés des interférences administratives et
à supprimer les entraves freinant la concurrence entre les agents
économiques. La libéralisation financière a pour effet de
faire payer très cher aux gouvernements les errements de la politique
budgétaire ou monétaire et c'est là un des avantages
cruciaux d'un système financier soumis aux règles du
marché.
Cette déréglementation vise :
-une baisse des coûts d'obtention de capitaux ;
-une ouverture des marchés nationaux aux
non-résidents ;
-le développement d'une économie
financière parallèle internationale
non-réglementée.
§ Une nouvelle économie
financière : des bénéfices
considérables
Depuis les années 70, les réformes
économiques ont progressivement transformé les systèmes
financiers partout dans le monde et entraîné une extraordinaire
expansion du rôle des forces du marché dans la formation des prix
et l'affectation des ressources financières. Cette nouvelle
économie financière a vu éclore toutes sortes de nouveaux
instruments financiers qui désigne habituellement la révolution
des technologies de l'information et des télécommunications (TIC)
et la formidable amélioration de la productivité et du
bien-être qui en découlent. Elle se caractérise aussi par
une mondialisation rapide et un degré d'intégration sans
précédent des marchés de capitaux internationaux. Il y a
de fortes chances pour que l'intégration soit de plus en plus
poussée à mesure que la révolution financière se
poursuit.
La nouvelle économie financière engendre
d'énormes bénéfices, tant pour les ménages que pour
les entreprises. Par exemple, les particuliers qui épargnent en vue de
leur retraite ou les caisses de retraite qui gèrent les cotisations des
entreprises et de leurs salariés ont une palette bien plus large de
choix de placements entre des actifs nationaux ou internationaux, ce qui leur
permet d'obtenir de meilleurs taux de rendement. Les ressources
financières sont donc investies plus efficacement, d'où une
croissance économique plus forte et de plus hauts niveaux de la vie pour
tous. C'est pour recueillir ces bénéfices que tant de pays ont
libéralisé leurs systèmes financiers et
démantelé les restrictions aux mouvements des capitaux.
§ Développement des marchés
financiers
Pour se financer, les entreprises transnationales s'adressent
directement à l'épargne. En contournant l'intermédiation
bancaire, elles réduisent le coût des capitaux. Le
développement des marchés financiers va de pair avec la
désintermédiation bancaire. En réalité, il y a eu
un changement dans l'activité bancaire. Les grandes banques
internationales conseillent les entreprises (introduction en bourse, pertinence
d'une émission de valeurs mobilières, fusions - acquisitions)
dans le domaine du financement.
Plus précisément, les grandes entreprises
trouvent des capitaux en émettant des actions, des obligations ou
d'autres titres de créance. Ce qui importe, par rapport à la
situation d'intermédiation, c'est que ces valeurs mobilières sont
négociables. En d'autres termes le détenteur des valeurs peut
à tout moment trouver une contrepartie sur le marché secondaire.
La détention de valeurs mobilières négociables permet
constamment des arbitrages : par exemple se désengager de valeurs
fragilisées pour se positionner sur des valeurs stables (obligations
d'Etat).
Cette évolution du financement de l'économie est
l'un des moteurs de la spéculation financière.
1-3) La libéralisation des banques : la
déréglementation
A partir des années 80, la plupart des systèmes
bancaires, ont connu des vagues de déréglementation et de
libéralisation financière. Ces refontes des cadres
réglementaires semblent obéir à deux logiques
imposées par les autorités monétaires: le renforcement de
la sécurité du système bancaire et l'amélioration
des conditions de fonctionnement des marchés financiers.
Aux Etats-Unis, cette évolution a été
imposée par l'inadaptation de la réglementation antérieure
aux nouvelles conditions de l'activité bancaire.
En France, la loi bancaire du 24 janvier 1984 avait pour
objectif de créer les conditions d'une concurrence normale et de
favoriser la modernisation de l'industrie bancaire. Elle a également
pris en compte le processus de bancarisation de la société.
L'extension de la déréglementation aux autres pays s'est
opérée dans la diversité du fait des différences
significatives des structures bancaires.
La déréglementation a consisté à
réduire le nombre de procédures spécifiques et à
lever les cloisonnements et les interdictions au sein du système de
financement afin d'obtenir un marché plus ample et homogène. A
partir de 1987, on a assisté à la suppression de l'encadrement du
crédit et au développement du rôle des marchés. Une
des grandes innovations intervenues durant les années quatre-vingt a
été le mouvement de désintermédiation, qui a rendu
possible l'accès direct des agents économiques non financiers aux
marchés des capitaux. Ceci traduit donc le passage progressif d'une
économie intermédiée à une économie de
marché, notamment avec la multiplication des modalités de
financements de l'économie et l'apparition de nouveaux titres et de
nouveaux opérateurs.
2- Les principaux risques de la nouvelle économie
financière
Malgré les nombreux arguments, qu'on a
déjà cités, en faveur de la libéralisation cette
dernière présente également des risques. Les principaux
dangers de la nouvelle économie financière sont les
suivants :
2-1) Des mouvements de capitaux
déstabilisateurs
De nombreux pays émergents ont
bénéficié d'apports considérables d'investissements
directs et de portefeuille. Dans un nombre alarmant de cas, cependant, les
investisseurs, inquiétés par des déséquilibres
internes ou externes, se sont ravisés, et une hémorragie de
capitaux s'est ensuivie. Depuis 1994, ces reflux de capitaux ont
contribué aux graves crises financières qui ont touché une
grande partie de l'Amérique latine, de nombreux pays d'Asie du Sud-Est
et quelques pays en transition.
2-2) Contagion internationale des crises
financières
La mondialisation des marchés financiers a
incité beaucoup de gérants de portefeuilles à investir
dans un grand nombre de pays dans des secteurs spécifiques ou selon des
critères de risque précis. Cette stratégie a accru les
risques de contagion lorsque le marché vient soudain à manquer de
liquidité dans tel ou tel pays, non pas parce que sa situation
économique est foncièrement mauvaise, mais parce qu'il partage
certains traits avec un autre pays qui a perdu la confiance des marchés.
La contagion (et le comportement moutonnier des investisseurs) sont
particulièrement présents lorsque l'on dispose de peu
d'information sur la santé financière du pays.
2-3) Vulnérabilité et propension aux
crises du secteur financier
Les possibilités plus variées de placements
profitables qu'offre un système de libre concurrence tendent à
accroître les taux de rendement. Dans le même temps, elles exposent
les investisseurs, particuliers ou institutionnels, à de plus grands
risques, du fait notamment des bulles spéculatives. Si le surcroît
de risque n'est pas convenablement maîtrisé, les institutions
financières peuvent se retrouver vulnérables en cas
d'événements imprévus qui provoquent une chute soudaine
des prix des actifs financiers ou réels. Le jeu des forces du
marché peut donc s'assortir d'un plus grand risque de crises
systémiques, comme en témoignant les nombreuses crises bancaires
qui ont secoué tant des pays industrialisés que des pays
émergents depuis la fin des années 80. Ce problème est
particulièrement aigu durant la transition à un système de
marché, car les normes de contrôle et les capacités de
gestion des risques mettent du temps à se mettre en place.
2-4) Délinquance financière
Il risque de devenir plus facile, avec des marchés
financiers mondialisés, de blanchir des capitaux mal acquis, provenant
par exemple du trafic de drogue ou de la corruption. Il risque en outre de
devenir plus aisé d'échapper à l'impôt en
investissant dans un paradis fiscal. Enfin, il est à craindre que la
réglementation financière et les mécanismes de
surveillance des places financières extra-territoriales soient
insuffisants, ce qui peut menacer la stabilité du système tout
entier.
2-5) Les craintes sur les conditions de
stabilité bancaire
Aujourd'hui, avec les mutations structurelles de
l'environnement financier, l'accélération des intensités
concurrentielles sur les marchés financiers remet à l'ordre du
jour la question de la stabilité et de la sécurité du
système bancaire. Cette concurrence accrue qui conduit à une
fragilisation des profits bancaires suite à la baisse de l'offre des
crédits, favorise l'accroissement des risques sur les marchés
financiers, d'où une certaine crainte de l'apparition d'une concurrence
"destructrice" ainsi que la menace du risque systémique.
Selon Dietsch.M (1992) la concurrence est "destructrice"
puisqu'elle détruit les conditions de viabilité des offreurs et
engendre l'instabilité des marchés.
Par ailleurs, Geoffron.P (1993) souligne que
l'accélération de la concurrence et la tendance à la
formation de conglomérats financiers génère aussi d'autres
risques en compliquant leur surveillance. L'émergence de ces
conglomérats peut donc représenter une source d'accroissement du
risque systémique.
Dans ce contexte vivement concurrentiel, il y a
également la crainte de faillite de banques, qui par effet de contagion,
peut provoquer la rupture du système bancaire dans son ensemble. La
faillite récente des caisses d'épargne américaines s'est
traduite en effet par des coûts sociaux importants dont la charge
pèse en définitive sur les contribuables. En Europe, le nouvel
environnement financier de ces dernières années a
incontestablement fait apparaître de nouveaux risques qui rendent la
rentabilité des établissements bancaires de plus en plus
incertaine.
L'accroissement de la concurrence s'est traduit par une
érosion des marges bancaires. Ceci peut conduire à une
augmentation de la vulnérabilité des banques en Europe. Goyeau.D
et Tarazi.A (1992), ont pût identifier à l'aide d'une mesure de la
probabilité de défaillance une évolution de la
fragilité des systèmes bancaires européens au cours des
dernières années. Ces auteurs considèrent que dans la
perspective de l'Union Economique et Monétaire Européenne, un
système bancaire homogène apparaît indispensable pour
garantir des réactions analogues à d'éventuels chocs. Le
fonctionnement de l'industrie bancaire exige donc une adaptation moderne et
efficace des dispositifs réglementaires.
Conclusion
Les arguments classiques en faveur de l'ouverture et de la
libéralisation des marchés financiers sont multiples : elles
favorisent l'affectation plus efficace de l'épargne, de plus vastes
possibilités de diversification des risques d'investissement, une
croissance plus rapide et une atténuation des cycles conjoncturels.
La libéralisation financière est
inévitable pour l'ensemble des pays qui souhaitent tirer parti des
bienfaits considérables : hausse de l'investissement, croissance
plus rapide et amélioration du niveau de vie d'une participation
élargie au système économique mondial ouvert en cette
ère moderne de la technologie et des communications.
Les avantages d'une meilleure allocation des ressources et une
augmentation de l'efficacité dans le secteur financier doivent
être mis en balance avec les éventuels effets de la
déréglementation sur la stabilité financière.
L'analyse des crises individuelles suggère que des politiques
macroéconomiques inadéquates, un système prudentiel
déficient et des distorsions microéconomiques ont
contribué d'une manière importante aux troubles financiers
vécus.
Chapitre 3 : la libéralisation
financière et l'intermédiation bancaire
Introduction
La déréglementation et l'innovation ont
libéré des forces considérables qui continuent à
influencer le mode de fonctionnement des banques et leur restructuration. Tous
les systèmes financiers semblent glisser d'un système
dominé par les banques vers un système dominé par les
marchés. Les conséquences sont importantes et nombreuses tant au
plan pratique qu'au plan théorique. L'intermédiation
traditionnelle est déclinante11(*). La banque est de plus en plus une entreprise de
services et de gestion des risques adossée au marché des
capitaux. Notre objectif ici vise à caractériser les changements
qui ont marqué la banque depuis un demi-siècle. On
s'intéresse plus particulièrement à la
réorientation stratégique des banques par la mise en
évidence de l'affaissement de l'activité traditionnelle et
à identifier aussi les nouveaux revenus et les nouveaux métiers.
Section 1 : l'activité traditionnelle
bancaire et les nouvelles tendances
1- L'affaissement relatif de l'activité
traditionnelle bancaire
Les banques sont un rouage essentiel des économies
contemporaines. La définition de leur rôles au sein de ces
économies fait apparaître la notion d'intermédiation entre
agents emprunteurs et agents prêteurs.
Certes, si l'on s'en tient à une vision étroite
de l'intermédiation, en cantonnant au crédit sa contribution au
financement de l'économie, et aux dépôts sa collecte de
ressources, alors on peut conclure à son déclin. Mais cette
vision ne rend pas compte de l'évolution de l'activité bancaire.
Les banques ont, en effet, dû faire face à la mutation
financière ce qui leur a permis le passage d'une logique d'endettement
administré à une logique de marché
libéralisé12(*). Elles se sont donc adaptées au
développement des marchés en faisant le levier d'activités
nouvelles.
Loin de se réduire aux traditionnelles
activités de collecte de dépôts et d'octroi de
crédit, l'activité des banques, depuis le début des
années 1990, s'appuie de plus en plus sur les marchés financiers.
Les banques y trouvent des sources de financement, des opportunités de
placement pour leur compte propre ou pour celui de leurs clients ; elles y
interviennent en tant qu'experts financiers pour permettre l'introduction en
bourse des entreprises, réaliser des opérations de montage
financier, mettre en place des stratégies de couverture qui peuvent
reposer sur des combinaisons complexes de contrats à terme. La banque
apparaît alors de plus en plus comme une entreprise de services et de
gestion des risques adossée au marché des capitaux.
Empiriquement, ce constat se fonde sur trois évolutions
majeures : celle de la structure des bilans, celle de la structure des produits
nets bancaires et celle des métiers. Le champ de l'intermédiation
bancaire et financière s'est donc élargi et le partage du
financement de l'économie entre le marché et les
intermédiaires financiers demeure équilibré. Cet
équilibre reflète une complémentarité fondamentale
entre banques et marché que la mutation financière (globalisation
financière, innovations technologiques et financières, ...) a
paradoxalement rendu encore plus manifeste.
2- La diversification des modalités de financement
et la baisse des taux
La transformation et le développement rapide des
marchés de capitaux au cours des années quatre-vingt ont eu un
impact important sur les structures de l'activité traditionnelle des
établissements de crédits. Les effets ont été
particulièrement sensibles sur l'activité d'intermédiation
classique pour donner lieu aux phénomènes de
désintermédiation et à la " marchéisation " des
conditions de financement bancaire.
L'ère de la finance directe et des nouvelles
technologies n'a donc pas tant engendré de
désintermédiation, mais qu'un nouveau partage des rôles
dans la sphère financière. En effet, l'intensification de la
concurrence et le développement du rôle des marchés ont
conduit à une diversification des modalités de financements de
l'économie.
Avec la création de nouveaux marchés de
financement (par exemple : la création des titres de créances
négociables, la création d'un marché de financement
à court terme...), les emprunteurs et principalement les entreprises ne
dépendent plus uniquement des banques pour obtenir des fonds ou pour
gérer leurs risques de taux d'intérêt ou de change. Les
banques ont vu également s'échapper les grandes entreprises avec
le développement des financements directs, non bancaires (actions et
billets de trésoreries) ainsi qu'avec la création de banques de
groupe.
Dans ces conditions, les banques ont dû s'adapter
à ces variations brutales des besoins économiques. Elles ont
dû adapter leur offre aux nouveaux besoins de leur clientèle,
notamment en proposant de nouveaux produits. Mais, cette concurrence accrue
entre banques d'une part et entre banques et marchés financiers d'autre
part, a conduit à une baisse des taux débiteurs pratiqués
ainsi qu'à une baisse des prix des services bancaires. D'où une
certaine amélioration de la situation financière de la
clientèle des banques.
3- Diversification de l'activité bancaire
Le développement des marchés financiers ayant
fait perdre aux établissements bancaires une partie de leur
activité traditionnelle (collecte des dépôts et octroi de
crédits), ceux-ci vont pouvoir réagir notamment en diminuant les
coûts d'intermédiation, par ailleurs ils vont aller
eux-mêmes sur les marchés à la fois pour lever des fonds et
émettre des titres et pour acheter des titres, enfin ils vont
développer toute une nouvelle gamme de services liés au
fonctionnement des marchés financiers. On parle désormais de
marchéisation des conditions bancaires, développement des
activités hors bilans13(*) et la titrisation.
3-1) La marchéisation des conditions
bancaires
La marchéisation, c'est ni
plus ni moins la généralisation des financements aux prix du
marché. Il importe de noter que la marchéisation ne veut pas dire
une réduction du rôle des banques, bien au contraire ; c'est
plutôt à une mutation de leur rôle à laquelle nous
allons assister. Le développement très important des
activités bancaires dites hors bilan est le signe le plus évident
de cette transformation.
Deux phénomènes lui sont liés : d'une
part, les financements par émission de titres s'accroissent au
détriment des financements bancaires traditionnels ; d'autre part, ces
derniers sont de plus en plus affectés par les conditions des
marchés financiers.
L'un des phénomènes les plus marquants des
15 dernières années, c'est la marchéisation de
l'intermédiation financière, qui couvre deux
éléments très interdépendants :
1) l'ampleur croissante de l'intermédiation
financière assurée par les banques à des conditions qui
sont presque entièrement déterminées par le jeu des
mécanismes du marché ;
2) l'ampleur croissante de l'intermédiation
financière qui s'opère sur les « marchés » des
capitaux, sans apparaître dans les bilans des banques et des institutions
financières.
3-2) Le développement
des activités hors bilans
Les activités hors bilan sont des opérations
engagées mais non encore réalisées en matière
d'échéance qui peuvent avoir une incidence à terme sur le
bilan de l'entreprise. Un bilan présente la situation
financière d'une entreprise et l'état de son patrimoine, incluant
à l'actif tous les biens et les créances dont elle est
propriétaire et, au passif, l'ensemble de ses dettes ou engagements. Le
bilan est donc le résultat d'opérations déjà
réalisées. Par nature, les activités hors bilan ne
figurent pas au bilan, mais la défaillance de tiers pour qui une banque
s'est engagée peut entraîner des difficultés
financières et ainsi modifier son bilan à terme. C'est le cas,
par exemple, quand une banque se porte garante d'une entreprise. Cet engagement
ne figurera pas à son bilan mais la défaillance possible de
l'entreprise fera apparaître par contre une perte qui, elle, sera
enregistrée au bilan.
Les principaux « instruments financiers
dérivés », c'est-à-dire ceux que l'on peut qualifier
d'activités hors bilan, sont les suivants :
o les garanties et lettres de crédit,
o les engagements de crédits,
o les contrats de change à terme,
o les swaps de taux d'intérêt et de monnaies
étrangères,
o les ententes relatives aux taux d'intérêt
futurs (FRA ou Forward rate agreement),
o les options sur monnaies étrangères et taux
d'intérêt,
o les facilités d'émission de titres de
créances et les facilités renouvelables à prise ferme.
L'intérêt pour les institutions
financières d'utiliser ces instruments réside dans la
possibilité qu'ils offrent de segmenter les différents risques
des opérations financières et de les transférer à
d'autres. Ces instruments sont devenus de nos jours comme les instruments de
spéculation et d'arbitrage les plus prédominant dans le
marché.
3-3) La titrisation
La titrisation permet la transformation des actifs financiers
en titres négociables et donc liquides, elle est
considérée comme un produit dérivée de la
désintermédiation14(*).
Les marchés financiers fournissent la plupart du
financement aux secteurs non financiers de l'économie. Les obligations
d'entreprise et les titres commerciaux se substituent aux emprunts
bancaires ; même les prêts hypothécaires et le
crédit consommation aux particuliers sont titrisés, c'est
à dire mis en pool et revendus comme d'autres actifs sur les
marchés de dette. La collecte et l'allocation de l'épargne, le
« monitoring » des entreprises et des administrations
publiques sont conduites par les marchés financiers (les agences de
notation, banques d'affaires et investisseurs institutionnels).
Dans ce contexte, l'innovation en termes de produits
financiers commence à s'accélérer. De nouvelles formes
d'expertise et d'acteurs institutionnels apparaissent dans le champ des
marchés financiers avec des implications pour les banques. Trading,
underwriting (l'acte de garantir par exemple une émission d'actions
sur le marché boursier, en s'engageant sur l'achat des titres à
un prix donné au cas où le marché ne se porterait pas
acquéreur), conseil et gestion d'actifs prennent des places
centrales alors même que les activités bancaires traditionnelles
perdent de l'importance.
Section 2 : L'activité bancaire à
l'écho des changements
La grande volatilité des taux d'intérêt et
des taux de change qu'a connue ces dernières années le
système financier international va créer une demande pour des
« instruments financiers dérivés » et appeler des
stratégies de couverture plus efficaces. On assistera aussi à une
autre tendance : la suppression des intermédiaires. Cela
entraînera une concurrence croissante entre les banques,
phénomène qui provoquera la réduction des marges
bénéficiaires sur les opérations traditionnelles et la
nécessité de sources nouvelles de revenus. Enfin, les
modifications importantes dans la distribution géographique des flux
nets d'épargne et d'investissement au niveau international et les
changements dans le cadre réglementaire financier vont également
contribuer fortement à l'innovation
2-1) L'accélération de la
concurrence
En définitif, la principale conséquence de la
déréglementation et la libéralisation financière
des années 80 est l'accroissement de la concurrence entre institutions
financières. Cette intensification de la concurrence et le
développement du rôle des marchés, notamment avec la
diversification des modalités de financement sur les marchés, ont
induit des changements profonds dans les conditions d'exercice de la profession
bancaire.
2-2) L'accélération de la concentration
bancaire
La plupart des études sur le phénomène de
concentration bancaire ont conclu à une accélération des
opérations de fusions acquisitions entre banques
américaines15(*).
Berger, Humphrey et Smith (1993) soulignent que depuis octobre 1993, on assiste
à une importante vague de fusions entre banques américaines de
grande et moyenne tailles. Le repositionnement géographique des banques
se traduit par une recherche d'implantations stratégiques sur les
principaux centres financiers internationaux mais aussi par la recherche d'une
efficacité économique impliquant des économies de
coûts et de gain de parts de marché. Ces objectifs expliquent
l'accélération du phénomène de concentration
bancaire
2-3) L'évolution des métiers
bancaires
Certains observateurs pensent même que la
déréglementation a privé le secteur bancaire de son
rôle privilégié de collecteur d'épargne et de
fournisseur de financement aux ménages et aux entreprises. Cette
réduction du rôle des banques dans le financement de
l'économie a reçu le nom barbare de
"désintermédiation".
La désintermédiation recouvre deux
phénomènes distincts: la perte, par les banques, de parts de
marché au profit de nouveaux intermédiaires financiers; et le
remplacement du crédit bancaire comme moyen privilégié de
financement par des produits et instruments négociables. La banque ne se
cantonne plus à son métier traditionnelle d'intermédiation
de bilan, elle est désormais appelées à élargir
leurs activités et ceci en :
-Offrant, directement ou par l'intermédiaire des
filiales, des services nouveaux tel que le crédit bail (le
Leasing) ;
-Prêtant à plus long terme
(généralement sous la forme de crédits à moyen et
long terme aligné au taux de marché) ;
-Développant une activité d'ingénierie et
de montages financiers permettant de développer de nouveaux produits
(dérivées notamment) ou des techniques de traitements
spécifiques ( stratégie d'investissement, analyse de risque de la
clientèle...) destinées à promouvoir et perfectionner
les échanges entre agents économiques ;
-Prenant des participations au capital d'autres entreprises,
bancaires ou non bancaires ;
-Organisant des émissions ou des placements de valeurs
mobilières ce qui les conduit à s'engager en leur nom propre sur
les marchés financiers ;
-Gérant des fortunes ce qui les conduit notamment
à intervenir sur les marchés financiers pour le compte de leurs
clientèles.
Les liens entre la banque et son client, qui étaient
intimes jadis, se détendent donc. Dans une opération
traditionnelle de crédit, la banque est la contrepartie de l'emprunteur:
le crédit reste inscrit à son bilan jusqu'à ce qu'il soit
remboursé ou annulé. Dans les opérations sur les
instruments négociables, la banque agit en revanche comme simple
courtier: moyennant commission, elle trouve des investisseurs pour un placement
ou des placements pour des investisseurs. Même lorsqu'elle détient
une créance, cette détention est temporaire, le temps qu'il lui
faut pour trouver un acquéreur. Les créances négociables,
qui par définition peuvent être librement vendues ou
achetées, ne figurent pas à son bilan.
2-4) L'évolution de la rentabilité
bancaire et les nouveaux revenus
La hausse de la concurrence et la diversification des
activités bancaires ont pesé sensiblement sur l'évolution
de la structure des résultats, qui a été marquée au
cours de ces dernières années par la baisse des marges
d'intermédiation et la croissance relative des produits nets hors
intermédiation. En effet, la montée des pressions
concurrentielles a tiré les marges à la baisse. La marge globale
d'intermédiation a ainsi diminué depuis plusieurs années.
Cette marge est en diminution constante depuis 1986, elle passe de 2,59 points
en 1984 à 1,4 points en 1993.
Outre l'impact de pression concurrentielles, d'autres
éléments interviennent dans l'explication de la baisse des marges
bancaires: les variations de taux d'intérêt, l'évolution
des structures de bilans bancaires et l'évolution des volumes
d'activité. Toutefois, l'orientation à la baisse de la
rentabilité bancaire semble avoir largement été
déterminé par la croissance des pressions concurrentielles et le
ralentissement de l'activité économique, notamment à
partir de 1990. En effet, avec la crise économique dès le
début des années quatre-vingt-dix, on assiste à une forte
baisse du taux d'intermédiation financière liée à
la baisse de l'offre de crédit. Celle-ci s'explique principalement par
la diversification des moyens de financement et par la "marchéisation"
croissante des conditions bancaires. Les financements bancaires ont donc
emprunté de nouvelles voies.
Cette évolution défavorable résulte du
changement de comportement des agents économiques qui ont partiellement
délaissé les dépôts bancaires traditionnels au
profit des placements plus rémunérateurs et aussi liquides,
principalement les SICAV monétaires.
Par ailleurs, la part des produits nets hors
intermédiation s'est accrue au cours des dernières années.
En effet, les opérations hors intermédiation ont
généré près de la moitié du produit net
bancaire en 1993 contre 16,2% en 1984 (Rapport 1994 de la commission bancaire).
Face aux changements de l'activité bancaire,
l'apparition de nouveaux métiers génère de nouveaux
revenus autres que ceux provenant de l'activité d'intermédiation
classique à savoir les marges d'intérêt.
Les sources de revenus bancaires peuvent être
ventilées en plusieurs groupes par référence à la
nature de l'intermédiation et des produits bancaires. Elles couvrent
notamment : les marges d'intérêts, les revenus et plus-values
sur titres et participations, les primes d'assurances, les commissions
perçues sur les garanties et sur l'ingénierie ou sur les montages
financiers, les honoraires et frais recueillis en relation avec le courtage,
les conseils, la gestion de portefeuilles privés ou de fonds
institutionnels, les tarifs sur la garde des valeurs, le trafic des paiements,
la comptabilité et différents autres mandats.
Face à ce nouveau paysage, les banques sont de plus en
plus amenées à rechercher une meilleure rentabilité de
leurs activités sur les marchés financiers. Le statut de la
banque a donc évolué au cours de ces dernières
années. Elle se comporte d'une manière de plus en plus
concurrentielle.
2-5) La restructuration de l'industrie bancaire
L'accroissement de la concurrence à la suite des
mouvements de déréglementation et de libéralisation
financière des années quatre-vingt a suscité une
restructuration de l'industrie bancaire. Cette restructuration s'effectue par
l'évolution du statut de la banque : de la banque-administration
à la banque-firme et par une séries d'innovations.
· L'évolution du statut de la
banque : de la banque-administration à la banque-firme
La banque d'aujourd'hui ne se comporte plus uniquement comme
une administration qui cherche à rendre service à
l'économie et aux agents économiques. Désormais, c'est le
marché qui sanctionne la qualité des choix de la banque et de ses
stratégies. La montée des pressions concurrentielles et le
développement du rôle du marché incitent les banques
à faire des efforts supplémentaires en matière de
rationalisation de leurs activités et de recherche de
rentabilité. Les banques ont donc été amenées
à redéfinir leurs métiers. Il s'agit de passer à
une logique de la valeur ajoutée et du profit. Aujourd'hui, le
métier de banquier consiste à exploiter les activités
rentables et à rationaliser la prise de risque16(*).
· Les innovations financières
A travers l'accélération des innovations
financières au cours de ces dernières années, les banques
tentent de s'adapter en permanence à l'évolution de la demande de
la clientèle et ceci pour maintenir ou gagner des parts de marché
et pour renforcer leur position par rapport aux concurrents. On peut distinguer
entre les innovations de produit et les innovations de processus.
- Les innovations de produit : Elles concernent
l'utilisation des nouveaux actifs ou services offerts par les participants aux
marchés. Ces innovations sont encouragées par l'instauration
d'une fonction " recherche-développement " dans les
établissements de crédit et qui ont pour mission la mise au point
de nouveaux produits. Cette logique industrielle implique de la part des
banques des démarches de réflexion stratégique et
marketing et de développer une comptabilité analytique
détaillée par clientèle et par produit.
- Les innovations de processus : On a ainsi vu au cours
de ces dernières années une véritable modernisation de
l'activité bancaire et le développement de la fonction de
couverture de risques. Le passage à une logique concurrentielle n'est
pas simple. Il nécessite des grands efforts d'anticipation et
d'investissements notamment technologiques. L'approche clientèle a donc
évolué et le marketing bancaire se professionnalise. En effet,
les relations de clientèle jouent également un rôle majeur
dans le renforcement de la position de la banque sur les marchés locaux.
D'où le souci permanent d'améliorer l'image de la banque et sa
réputation. Les banques ont donc investi dans les technologies
informatiques pour mieux collecter et traiter l'information et pour mieux
répondre ainsi aux besoins de la clientèle.
Les progrès de l'informatique et de la
télématique ont favorisé la création de nouveaux
produits comme les différentes cartes bancaires, la banque à
domicile, les automates bancaires. L'utilisation des nouveaux outils de
télécommunications (internent, échanges de données
informatisées, multimédias ...) ont eu des points d'application
multiples : mode de distribution, banque à distance,...ont
entraîné l'automatisation de nombreuses tâches
administratives comme la gestion des moyens de paiement, distribution du
crédit, gestion de l'épargne. Ces nouveaux services sont
générateurs de commissions.
En effet, l'élargissement de la gamme des produits et
des services bancaires peut constituer un frein à la compétition
par les prix entre les banques. En fidélisant la clientèle par
des engagements de long terme, les banques instaurent un obstacle à la
concurrence. Cet obstacle découle des avantages informationnels que
tirent les firmes installées de cette relation durable et stable avec
leurs clients.
Le processus d'innovation s'est poursuivi, on a assisté
ces dernières années à la création de nouveaux
produits sur actions et au développement accéléré
des systèmes de négociation électronique de plus en plus
performants permet la diminution des coûts de transaction. De plus, les
opérations de gré à gré apparaissent comme plus
aptes à profiter de ces innovations. Et les produits
dérivés (futures, swaps, options ou combinaisons de ces
différents éléments) déjà utilisés
sur les marchés des matières premières, se
répandent sur les marchés des changes et les marchés des
taux17(*). Ils
s'échangent sur les marchés organisés, soit sur des
marchés de gré à gré. Ces produits
dérivés contribue à mettre en correspondance, pour les
différents agents le risque désiré et le risque
effectivement pris. Elles facilitent donc l'activité économique
et l'allocation des ressources.
Conclusion
L'évolution du système financier est
marquée par une désintermédiation bancaire qui se traduit
par une baisse de l'importance des crédits bancaires dans le financement
global de l'économie. Mais ce mouvement n'implique pas un
affaiblissement sensible de l'intermédiation financière. En
effet, l'expansion des marchés de capitaux suscite une diversification
de l'intermédiation financière assurée par les
établissements de crédit, et l'émergence de nouveaux
intermédiaires.
L'importance de la désintermédiation varie d'une
période à l'autre et d'un pays à l'autre (elle est plus
grande, par exemple, aux États-Unis qu'en Allemagne ou au Japon).
La marchéisation de l'intermédiation
financière a modifié la nature des opérations bancaires et
leurs positions dans le système financier. Les banques ne sont plus
autant qu'avant des établissements bien à part et uniques en leur
genre. À mesure que la marchéisation a progressé, elles
ont dû s'employer activement à trouver des fonds et sont devenues
plus intégrées au reste du système financier. Les
coûts des ressources des banques sont devenus aussi plus sensibles au
marché et l'écart entre les prix de demande et les prix d'offre
s'est réduit.
Par ailleurs cet alignement des banques sur les prix et les
taux pratiqués sur les marchés a induit une amélioration
des conditions de financement de l'économie avec la réduction des
charges de la dette publique et l'abaissement du coût moyen de
refinancement de l'activité bancaire et donc au total une
amélioration de la politique budgétaire.
La restructuration de l'industrie bancaire touche tous les
pays, qu'ils soient développés, émergents ou en transition
vers le marché. Elle est due à la conjugaison de plusieurs forces
difficiles à pondérer avec exactitude. La banque est de plus en
plus une entreprise de service et de gestion des risques adossés au
marché de capitaux
Conclusion Générale
En conclusion, l'objectif central était de proposer un
bilan de vingt années de travaux relatifs aux innovations
financières et d'éclairer certaines perspectives de ce champ
d'analyses. La mutation financière a désigné une phase
d'évolution profonde des structures et des systèmes financiers.
Ainsi l'apparition de nouveau contexte réglementaire et technologique
nécessite une actualisation de la théorie de
l'intermédiation financière, celle-ci peut se faire en soulignant
le rôle des intermédiaires financière dans la gestion des
risques et en montrant leurs capacité à fournir des services au
profit des agents économiques non financiers.
Les systèmes financiers poursuivent néanmoins
leur évolution : les caractéristiques structurelles des
systèmes financiers continuent de varier selon les pays de façon
notable, particulièrement en ce qui concerne l'importance relative des
marchés des titres, des banques et des institutions financières
comme sources de financement.
Toutefois, de la mutation financière naît un
paradoxe. En effet, l'innovation contribue à la fois à
définir de nouvelles plages concurrentielles (entre firmes et
marchés et entre les firmes elles-mêmes), la demande croissante de
couverture contre les risques financiers dans les années 1970 a
été à l'origine des profondes transformations des
systèmes financiers mais a généré de nouveaux
risques (fragilisation des systèmes bancaires et des marchés,
perturbations du champ monétaire) qui pèsent sur la
solidité du système dans son ensemble. En particulier, la
libéralisation excessive et le développement de produits de plus
en plus complexes peuvent être considérés comme un facteur
explicatif de la multiplication des crises récentes.
Deux conclusions ressortent particulièrement des
récentes crises financières : Pour que les forces du
marché jouent correctement, il faut d'une part que les opérateurs
comprennent beaucoup mieux les risques, et d'autre part, il est absolument
indispensable d'avoir une infrastructure financière robuste pour limiter
le risque de catastrophes financières.
Devant ces constats, la communauté financière a
mis au point un ensemble de normes internationales de bonnes pratiques pour la
conduite de la politique économique et les infrastructures
financières, que chaque pays est encouragé à faire
siennes. Le respect de ces normes devrait atténuer la nervosité
des marchés en cas d'imprévus et rendre les systèmes
financiers plus résistants aux crises.
On pense que cela pourrait être une mission du fonds
monétaire internationale (FMI) et de la Banque mondiale, qui sont des
organisations internationales qui réguleraient le marché
lorsqu'il est instable et qui ont l'avantage de regrouper presque tous les pays
du monde (183 pays membres), ces dernières sont particulièrement
bien placés pour aider les pays à évaluer et à
appliquer ces normes.
Bibliographie
1- Les ouvrages et les articles
1- Christine Lagoute (2005) : « Le paradoxe des
banques britanniques », Revue d'économie financière
n°77
2- C.Lagoutte, (2002), « la rentabilité des
banques britanniques en question : Approche théorique et
stratégique », Groupement de Recherche du CNRS,
Université de Lille III.
3- Dhafer Saïdane : « Annales
d'économies et de gestion » n°5.Octobre 1995
4- D.Saïdane, (2001) « la banque
commerciale traditionnelle est-elle en déclin », Finance et
Développement au Maghreb n° 27 ? PP 12-34.
5- Gurley et Shaw, (1974) : « la monnaie
dans une théorie des actifs financiers », Guigas.
6- Jamel Eddine Chichti : «
Intermédiation financière des banques et des
assurances ». Imprimerie officielle, 2000-446p.
7- J. Kertudo, (2001), « le système
financier face à la globalisation », Edition CFPB
8- JP.Patat., (1982) : « Monnaie, institution
financière et politique monétaire », Economica,
Paris.
9- M.Gabel., (2001), « les banques : quel
rôle, quel risque, quel avenir ? », Cahiers
français, n°301, pp 23-30.
10- M..Mokadem., (2002), « Economie
monétaire : mécanismes, politiques et
théories », Publication de l'imprimerie officielle de la
République Tunisienne.
11- R. Rajan, (1998) : « la banque est
morte ! Vive la banque ! », L'art de la finance, les Echos,
pp314-321.
12- Richard. H. Schamiat, Andreas Hackethal, M.Tymel
(1999) : « Désintermédiation et rôle des
banques en Europe une comparaison internationale », Revue
d'économie financière.
13- VAN.N-T. (1999), « Tendances récentes du
marché des produits dérivés », Lettre de la
BNP.
14-Y.Ullmo, (1988) : « intermédiation,
intermédiaire financier et marché ». Revue
d'économie politiques n°5. PP 639-654.
15- Z. Mikdashi, (1998): « les banques
à l'ère de la mondialisation », Edition Economica.
16-Article : « L'intermédiation
dans le système financier français ». La loi bancaire
de 1984
2- Les sites web
1-
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2-
http://www.imf.org/external/np/speeches/2001/111501f.htm
3-
http://www.chez.com/neapolis/chap2.htm
4-http://www.cultureco.com/blog/blog/bts.Immobilier/economie_generale
/les_mouvements_de_capitaux
5-
http://www.fao.org/docrep/V4875F/V4875F00.htm#Contents
6-
http://perso.wanadoo.fr/r.dagorn/FichesEtudiants2.html
7-
http://www.senat.fr/rap/r02-367/r02-367122.html
8-
http://www.archipress.org/ts/goldfinger.htm.
9-http://classiques.uqac.ca/contemporains/elie_bernard/evolution_systeme_financier/evolution_texte.html#Anchor-51262
10-
http://team.univ-paris1.fr/teamperso/couppey/docs/TPM2005_expos%E9%20n%B01.DOC
11-
http://www.gdrc.org/icm/french/matthieu/section-3.html
* 1 Ullmo. Y (1988) :
« intermédiation, intermédiaire financier et
marché ». Revue d'économie politiques n°5. PP
639-654.
* 2 Chichti Jamel Eddine
(2000) : « Intermédiation financière des
banques et des assurances ». Imprimerie officielle, 446p.
* 3 Chichti Jamel Eddine
(2000) : « Intermédiation financière des
banques et des assurances ». Imprimerie officielle, 446p.
* 4 Lagoute Christine
(2005) : « Le paradoxe des banques britanniques »,
Revue d'économie financière n°77.
* 5 Gurley et
Shaw (1974) : « la monnaie dans une théorie des
actifs financiers », Guigas.
*
6Article : « L'intermédiation dans le
système financier français ». La loi bancaire de 1984
* 7 Patat.JP (1982) :
« Monnaie, institution financière et politique
monétaire », Economica, Paris.
* 8 Schamiat Richard H,
Hackethal Andreas, Tymel. M (1999) :
« Désintermédiation et rôle des banques en Europe
une comparaison internationale », Revue d'économie
financière.
* 9 Mokadem.M. (2002),
« Economie monétaire : mécanismes, politiques et
théories », Publication de l'imprimerie officielle de la
République Tunisienne.
* 10
Saïdane Dhafer(1995), « Annales d'économies et de
gestion » n°5.Octobre.
* 11 Rajan. R. (1998) :
« la banque est morte ! Vive la banque ! »,
L'art de la finance, les Echos, pp314-321.
* 12 Saïdane .D
(2001) « la banque commerciale traditionnelle est-elle en
déclin », Finance et Développement au Maghreb n°
27 ? PP 12-34.
* 13 Lagoutte.C. (2002),
« la rentabilité des banques britanniques en question :
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Recherche du CNRS, Université de Lille III.
* 14 Kertudo.J. (2001),
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globalisation », Edition CFPB
* 15 Gabel.M. (2001),
« les banques : quel rôle, quel risque, quel
avenir ? », Cahiers français, n°301, pp 23-30.
* 16 Mikdashi.
Z.(1998): « les banques à l'ère de la
mondialisation », Edition Economica.
* 17 VAN.N-T. (1999),
« Tendances récentes du marché des produits
dérivés », Lettre de la BNP.
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