Remerciements
Je tiens à remercier Isabelle Gavillet d'avoir
accepté d'être la tutrice de ce Travail d'Etude et de Recherche et
de m'avoir accordé de son temps.
Merci également à Pierre Morelli, Responsable
de la formation Master 2 professionnel Conception de Produits
Médiatiques, pour son encadrement tout au long de l'année
universitaire, son écoute et ses conseils avisés.
Enfin, je remercie Bertrand Dupuich, webmaster de France Bleu
Sud Lorraine, pour son opinion et le temps qu'il m'a consacré. Merci
à Claude Hemmer, Directeur de France Bleu Sud Lorraine, pour m'avoir
fait découvrir le milieu passionnant qu'est celui de la radio, en
m'acceptant comme stagiaire en 2004.
Table des
matières
REMERCIEMENTS
1
TABLE DES MATIÈRES
2
INTRODUCTION
4
HISTORIQUE DE LA RADIO ET TENDANCES
D'ÉVOLUTION
6
LES ATOUTS DE LA RADIO SUR LE MÉDIA
AUDIOVISUEL QU'EST LA TÉLÉVISION
9
LA RADIO : UN AVANTAGE ÉCONOMIQUE
INDÉNIABLE
11
INTERNET DANS LES FOYERS FRANÇAIS EN
2006
12
1. ANALYSE DE L'EXISTANT
15
1.1 ANALYSE QUANTITATIVE
15
1.1.1. Classement des radios les plus
écoutées en France
15
1.1.2. Analyse des adresses de sites
internet
16
1.1.3 Les rubriques des sites les plus
fréquentes
18
1.2 ANALYSE QUALITATIVE : TROIS RADIOS AU BANC
D'ESSAI
19
1.2.1. Analyse des ressemblances
19
1.2.2. L'adaptation du site à la charte
graphique
23
1.2.3. L'influence de la construction
esthétique du site sur l'internaute
24
2. LES CHANGEMENTS DE CONSOMMATION DU
MÉDIA RADIO ET SON LIEN AVEC INTERNET : LES ÉVOLUTIONS DU
CÔTÉ DES AUDITEURS
27
2.1 LES PERSPECTIVES OFFERTES PAR L'ARRIVÉE
DE LA TECHNOLOGIE INTERNET
27
2.1.1. La mondialisation de la radio
27
2.1.2 Un usage plus libre de la radio, en
situation professionnelle
28
2.1.3. Donner la parole à ceux qui
n'osent pas le faire à l'antenne
29
2.2. L'ADAPTATION AU NOUVEAU MODE DE VIE DES
AUDITEURS
30
2.2.1. L'informatisation de la
société de consommation
30
2.2.2. Le prolongement utilitaire pour
répondre aux besoins de l'auditeur
31
2.3. LES INCONVÉNIENTS DE L'ASSOCIATION
RADIO - SITE INTERNET
35
2.3.1. L'écoute de la radio par le flux
numérique sur Internet : la perte de mobilité et
flexibilité
35
2.3.2 Le risque du mélange des
repères dans l'usage des médias radio et internet
36
3. TRANSFORMATION DE LA COMMUNICATION DES
RADIOS PAR L'INSTAURATION D'UN SITE INTERNET : DU CÔTÉ DU
MÉDIA
39
3.1. RENFORCEMENT DE L'IDENTITÉ VISUELLE DES
RADIOS ET INSERTION DE L'IMAGE DANS LA RELATION : QUELLES
PARTICULARITÉS POUR UN MÉDIA AUDIO ?
39
3.1.1. Un média qui se transforme et
développe ses compétences techniques et humaines
39
3.1.2. L'impact d'un site internet sur
l'imagination de l'auditeur
41
3.1.3. Une autre forme de communication vers le
public
44
3.2. LES TECHNOLOGIES DE L'INTERNET POUR UNE
MEILLEURE INTERACTIVITÉ
45
3.2.1. Un autre type de discours
45
3.2.2. L'interactivité au service de
l'audience : pour une meilleure définition de la cible
47
3.3. DIVERSIFICATION DE LA RADIO : DES
HORIZONS NOUVEAUX POUR LES ACTIVITÉS ANNEXES
48
3.3.1. De nouveaux usages grâce au
développement de la technologie
48
3.3.2 Un partenariat intensifié avec
certains services
51
CONCLUSION
53
INTERNET : UN CHANGEMENT RADICAL QUI SIGNE LA
FIN DES TRANSISTORS ?
53
PREMIER BILAN : ENRICHISSEMENT OU DISPERSEMENT
DU MÉDIA RADIO ?
54
BIBLIOGRAPHIE
57
OUVRAGES
57
DOCUMENTS NUMÉRIQUES
58
ANNEXES
59
ANNEXE 1 : INTERVIEW DE BERTRAND DUPUICH,
WEBMASTER CHEZ FRANCE BLEU SUD LORRAINE
60
ANNEXE 2 : EXTRAIT DU COMPTE-RENDU DE
MÉDIAMÉTRIE SUR LES NOUVELLES FAÇONS D'ÉCOUTER LA
RADIO
63
Introduction
Depuis la fin des années 1990, l'utilisation
d'Internet s'est généralisée dans les foyers comme dans
les entreprises. Elle a très vite dépassé les
espérances des professionnels des technologies numériques et
l'accès à Internet est devenu un élément de plus en
plus classique de la liste des équipements technologiques des
Français, au même titre que la chaîne hi fi ou le lecteur de
DVD...
Devant cet engouement technologique et commercial, synonyme de
démocratisation de l'usage internet, nombre d'entreprises privées
et publiques se sont lancées dans cette aventure en créant leur
propre site, dédié à leurs marques, à leur
philosophie, aux services proposés à leurs clients. Internet est
devenu un passage obligé pour assurer sa présence et permettre de
nouveaux services aux internautes. Considéré encore en 2000 comme
un hors média par les professionnels de la communication et les
chercheurs, cette nouvelle toile s'est peu à peu imposée,
à un point tel qu'elle est aujourd'hui devenue un média à
part entière, rejoignant les médias plus
« classiques » comme la presse, la
télévision, ou encore la radio, deuxième média
à avoir fait historiquement son apparition après la presse.
Nous avons choisi de nous pencher justement sur le croisement
de ces deux médias que sont l'internet et la radio. Une radio est, avant
d'être bien sûr un média, une entreprise, privée ou
publique selon le cas. En tant qu'entreprise, elle a eu l'occasion d'aborder la
question du passage à Internet dans une possible élaboration de
son site. Nous pouvons nous interroger sur la façon dont elle a
appréhendé cette construction d'un média censé
être au service du propre média qu'elle est, et dans quelle mesure
l'a-t-elle réalisée.
Plus précisément, nous devons nous poser la
question de savoir ce que cela a changé dans les relations que
l'entreprise radio entretient avec ses consommateurs, c'est-à-dire ses
auditeurs : l'évolution des relations entre ces deux protagonistes,
la réaffirmation de l'identité de la radio aux yeux des
internautes et auditeurs via le développement de son
identité visuelle grâce au site internet, la multiplication des
possibilités d'écoute de la radio, la nouvelle
interactivité qu'offre le web ... Quelles sont les nouvelles approches
d'analyse du succès d'un média radio ? A ses débuts
et jusqu'à la fin du XXème siècle, à l'aube de
l'âge d'or d'internet, une radio était jugée d'après
les programmes qu'elle diffusait et les catégories auxquelles
appartenaient ses auditeurs.
Désormais, une autre façon d'analyser une radio
et son influence est de prendre en considération d'autres
éléments comme son site internet, ses modalités techniques
de diffusion, le profil des internautes qui consultent le forum, les relations
qu'elle entretient avec ces derniers, etc.
Nous nous interrogeons donc sur ce que la construction d'un
site internet peut apporter à une radio et sur l'hypothèse qu'un
site web complète une radio sans remplacer le média qu'elle est
et sans risquer de l'altérer dans sa politique de communication en la
diversifiant dans trop d'activités différentes. Nous
établissons l'hypothèse qu'un site internet est, pour une radio,
une opportunité en termes de communication, et non un risque de
dispersion.
Pour traiter ce sujet, c'est-à-dire si cette
démarche d'adoption d'un site complète ou diversifie
l'activité d'une radio dans le sens où elle la transforme
radicalement, il paraît intéressant de se pencher tout d'abord sur
l'histoire de la radio en elle-même. Ses avancées, la progression
de sa part dans la consommation des français et dans leur mode de vie,
ses innovations vont nous permettre de synthétiser les grandes
étapes de l'histoire de la radio afin de mieux saisir la tendance
d'évolution de ce média audio. A travers l'analyse quantitative
et qualitative de plusieurs sites internet de radios, parmi celles les plus
écoutées en France sur l'année 2003-2004, nous
établirons une étude comparée de la construction de ces
pages web, de façon esthétique et/ou ergonomique. Nombre de
rubriques, proposition de téléchargement de contenus
radiophoniques et thèmes portant sur l'institutionnel dresseront un
portrait général de la plupart des sites de radio,
c'est-à-dire les points communs et inévitables de construction
lorsque l'on souhaite élaborer un site pour un annonceur aussi complexe
dans son statut.
Puis, nous démontrerons les différences
qu'apporte un site internet dans la relation avec les auditeurs avant de
traiter des changements vus côté gestion de la radio. Prendre la
décision de construire un site pour répondre aux besoins des
auditeurs engendre une structuration et un point de vue différents dans
la communication tournée vers son public et consommateur, que ce soit
envers les annonceurs publicitaires potentiels qui permettent d'augmenter les
revenus d'une radio ou envers les nouveaux auditeurs qui cherchent à
connaître davantage le média qu'ils n'ont écouté que
peu de fois et qui souhaitent se retrouver dans le site pour adopter à
long terme cette radio. Il s'agira là d'une relation proche de la
relation de clientèle.
Enfin, nous nous interrogerons sur la façon dont les
théoriciens de la communication avaient vu venir ce
phénomène avant de faire un premier bilan sur le passage
obligatoire par la case Internet par les radios au début du
XXIème siècle. La majorité d'entre elles, en tout cas dans
les radios les plus écoutées, sont-elles arrivées à
en faire une force et un soutien à leur stratégie de
communication ?
Historique de la radio et tendances d'évolution
« De tous les travaux consacrés à la
radio, les recherches historiques sont de loin dominantes, comme si ce
média appartenait au passé. »1(*). Cette réflexion, de
Jean-François Tétu, traduit bien le manque d'études
consacrées à la radio, en comparaison de celles
réalisées pour la télévision.
L'histoire de la radio débute en 1890 lorsque le
français Édouard Branly crée, en 1890, le premier
détecteur d'ondes radio permettant de s'éloigner de quelques
dizaines de mètres de l'émetteur. Peu de temps après,
Alexandre Popov invente l'antenne permettant d'accroître la portée
jusqu'à 200 mètres. Le 2 juin 1896, l'inventeur Marconi
dépose le brevet de la TSF en Grande-Bretagne. Malgré ces
découverts technologiques, on peut dire que la radiodiffusion moderne
est réellement née avec l'apparition de la lampe radio de Lee De
Forest en 1907. Dès les années 1920, quelques stations de radio
privées, font leur apparition sur les ondes et, élément
étrange, sont toutes liées à des quotidiens (un peu
comme aujourd'hui Internet représente un nouveau souffle pour la radio
au système « classique ?». Ainsi, par exemple
Radio-37 liée à Paris-Soir. Les rubriques majeures du genre
radiophonique se distinguent peu à peu : reportages sportifs,
journaux parlés, radios-concerts, etc. s'entendent sur les ondes.
L'entre-deux-guerres peut être défini comme l'âge d'or de la
radio, puisque les ventes explosent : le nombre de postes
récepteurs évolue aux Etats-Unis, se multipliant par 2000 !
De 50 000 postes en 1921, on en arrive à 10 millions en 1929,
année de crise économique. En Europe, c'est le même
succès : en novembre 1922, la tour Eiffel permet de diffuser le
premier journal radiophonique français.
Dans les pays totalitaires (Allemagne, URSS, etc.) on pense
que la radio est idéale pour transmettre la politique propagandiste,
c'est ce qui fera son succès et le développement de son
utilisation durant la Seconde Guerre Mondiale. Cependant, jusqu'au début
des années 1950, le développement de la radio concerne surtout
les pays occidentaux.
En France, l'ordonnance du 23 mars 1945 retire toutes les
autorisations accordées avant-guerre aux radios privées,
remettant en quelque sorte le compteur à zéro. Si l'on se
concentre sur le paysage radiophonique géographiquement proche de la
France, on note que c'est en 1955 que l'apparition d'Europe 1 bouleverse la
façon d'écouter la radio : le divertissement fait son
entrée. La radio devient moins formelle, notamment par la
création dans la même période de Radio-Luxembourg,
Radio-Monte-Carlo et Sud-Radio.
Les premières radios libres, celles que l'on surnomme
« pirates », apparaissent en France dans les années
1970, période durant laquelle, simultanément, les radios vont
subir la concurrence de la télévision, grande avancée de
l'époque. Vers la fin des années 70, plus de 1500 radios pirates
existent, mais le statut de ces médias pose problème et les
opinions des français sont partagées sur ce point. Le
débat prend fin quand, en 1981, François Mitterrand arrivé
au pouvoir, permet la libéralisation de la communication
radiodiffusée grâce à la loi du 29 juillet 1982.
L'Etat est toujours force de décision dans le fait d'autoriser ou non
des fréquences, mais les radios sont davantage favorisées dans
leur création. C'est ainsi que différents types de radios vont se
développer sur la bande FM : des radios communautaires, tels que
Radio Notre Dame, des radios thématiques (musique, culture, information
diffusée en continu) et des radios franchisées. Jusqu'en 1984, le
seul frein à la création de nouvelles stations FM est le fait que
les radios libres ne sont justement pas si libres que ça en termes de
revenu : elles sont soumises à certaines restrictions et ne peuvent
pas percevoir de recettes publicitaires.
Cinq ans plus tard, en 1989, un organisme est chargé
par l'Etat de faire respecter l'ordre et les lois sur les ondes : il
s'agit du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, le CSA.
En 2005, environ 1400 radios privées sont
présentes sur les ondes françaises. Pour sa
réglementation, le CSA les divise en cinq catégories :
- les radios commerciales nationales
généralistes (RTL, Europe 1, RMC, etc.)
- les radios commerciales nationales thématiques (NRJ,
Fun Radio, Nostalgie...)
- les radios non commerciales privées (communautaires,
etc.)
- les radios commerciales locales ou régionales
indépendantes
- les radios commerciales locales rattachées à
un réseau national (radios franchisées).
En France, grâce à la multiplication des types
de récepteurs (autoradio, baladeur, etc.), le taux d'équipement
en postes de radio est proche de 100 %. D'après une étude
Médiamétrie parue le 19 juillet 2006 sur l'équipement
radio des foyers en 20062(*), « la quasi-totalité (98,3%) des
personnes âgées de 13 ans et plus possède dans leur foyer,
y compris la voiture, au moins un appareil permettant d'écouter la
radio. Ces personnes vivent dans des foyers équipés de
près de six appareils en moyenne (5,8) leur permettant d'écouter
la radio.
Ce niveau d'équipement très élevé
prend en compte à la fois les équipements classiques de
réception de la radio (autoradio, radioréveil, mini chaîne
et chaîne Hi-fi, radio K7, lecteur CD, transistor, baladeur) et aussi les
nouveaux équipements. A noter pour la première fois l'apparition
dans ces équipements des baladeurs MP3 et des téléphones
mobiles recevant la radio. L'ordinateur connecté à Internet et
les téléviseurs permettant de recevoir la radio ont
également fait leur entrée dans les foyers
français. »
* par convention, 1 seul ordinateur connecté à
Internet a été pris en compte dans ces foyers
** en état de marche
Les radios utilisent également de plus en plus
Internet comme moyen de diffusion. Par ce biais, elles peuvent diffuser
à travers le monde entier. On peut par conséquent écouter
des radios comme NRJ ou Oui fm sans pour autant être dans le
périmètre géographique couvert par les ondes
françaises de ces deux médias. Le taux d'écoute s'en
trouve multiplié. D'après l'Institut Médiamétrie,
« l'écoute de la radio via Internet peut s'effectuer
de deux façons :
- en streaming, les internautes peuvent
écouter une radio en direct ou en différé. Ce principe
permet d'écouter un contenu audio (ou vidéo) sans le
télécharger ou le stocker. Il se différencie ainsi de la
diffusion par téléchargement qui nécessite de
récupérer l'ensemble des données d'un son avant de pouvoir
l'écouter.
- le podcasting permet aux internautes, sur
abonnement, d'automatiser le téléchargement d'émissions
audio (ou vidéo), notamment pour leur baladeur numérique, sur le
disque dur de leur ordinateur personnel, pour une écoute
immédiate ou ultérieure ».
Les atouts de la radio sur le média
audiovisuel qu'est la télévision
Bien qu'elle soit concurrencée par la
télévision dans les pays les plus développés, la
radio reste un média populaire et à l'image moins entachée
que cette dernière.
En effet, si l'on pense à la réputation des
deux médias, la radio jouit d'une crédibilité plus
importante devant son public. Dans la société d'incertitude et de
méfiance à l'égard de la presse écrite et
télévisuelle, la radio fait encore bonne figure. On ne peut pas
mettre cette différence avantageuse sur le compte de la
longévité historique : la radio est plus jeune que la presse
écrite. Peut être peut-on la mettre sur le compte de l'absence
d'image et ce pour deux raisons :
- le fait d'avoir moins d'images engendre moins de traces et
donc moins de risques courus par rapport aux auditeurs qui peuvent manifester
leur mécontentement. Un document écrit au contraire, contient
plus de risques : un magazine laissé en évidence sur un lieu
de passage, par exemple dans une salle d'attente d'un cabinet médical,
est un exemplaire feuilleté par davantage de personnes
différentes et environ trente fois plus (quotidiennement) qu'un autre
exemplaire de ce même magazine disposé chez un particulier dans
son salon...
- Un seul des cinq sens est concerné par la radio, si
l'on ne tient pas compte bien sûr de l'écoute par Internet qui
engage sens du toucher (de la souris), sens visuel et sens auditif (tout cela
ajouté à l'interactivité). Comme ce seul sens auditif est
sollicité et que par conséquent toute l'attention est
focalisée dessus, l'équipe de conception de la ligne
éditoriale de la radio ou la rédaction qui en est consciente est
plus vigilante devant ce qui est transmis par les ondes. Dans l'exemple d'un
journal, l'équipe de rédaction à la
télévision fait peut être plus attention aux images
diffusées qu'au discours tenu, et les spectateurs en sont conscients
à la longue. Ils accordent de moins en moins de crédit à
ce qui est dit et montré. A la radio, l'équipe de radio se
concentre uniquement sur le discours. Il y a davantage de focalisation et,
à la diffusion, une hausse de la fiabilité.
Les grandes tendances d'évolution de la radio sont
finalement et globalement à la hausse : depuis sa création
et malgré l'évolution de la société de
consommation, la radio est un média qui s'en est plutôt bien sorti
jusqu'à présent. Pourtant, ça n'est pas facile pour un
média classique de s'adapter aux progressions de la technologie si
celles-ci lui font concurrence. Dans le cas de la télévision par
exemple, l'arrivée du petit écran sur le marché en
1935 et dans la majorité des ménages quelques années
plus tard aurait pu desservir et anéantir la consommation radiophonique.
Après tout, on passait du « simple son » au
« son et image » puis au « son et images
couleurs ».
Cette avancée technologique aurait pu nuire, et
à long terme, sur le média audio, puisqu'elle représentait
un avantage certain par rapport au poste qui ne produisait que du son. Guy
Lochard et Henri Boyer dressent dans leur ouvrage un constat sur la concurrence
entre ces deux médias : « Condamnée par certains
lors de l'apparition de la télévision, la radio témoigne
d'une grande capacité de résistance, expliquant qu'elle demeure
le média le plus pratiqué dans le monde (un milliard de
récepteurs) et le plus présent dans les foyers (98% en sont
équipés en France et aux Etats Unis) »3(*).
Une fois que la télévision s'est
implantée dans tous les ménages possédant
déjà une réception des ondes, ce n'est pas pour autant que
l'écoute de la radio s'est raréfiée. Si elle a pu, dans un
premier temps, diminuer, elle s'est maintenue ensuite à bon niveau
d'utilisation car la radio s'écoute à des endroits plus nombreux
que la télévision, qui reste limitée à la
pièce principale du type salon ou à la chambre d'un lieu
d'habitation. Un poste de radio peut, lui, être mobile et grâce
à trois atouts :
- la légèreté du poste (comparé
à celui de la télévision, il est très léger
et peut s'emporter partout. Par exemple, le cliché des
« jeunes » des années 80 qui se baladaient dans les
rues, le poste de radio sur l'épaule.
- l'autonomie énergétique : une
télévision est consommatrice d'une grande quantité
d'énergie, et même si elle peut fonctionner à piles, elle
reste moins « nomade » qu'une radio.
- la disponibilité de l'auditeur : un
téléspectateur est absorbé auditivement et visuellement et
se retrouve coupé du monde extérieur, comme dans une bulle. Il
peut difficilement y associer une autre activité. En revanche, la radio
laisse l'esprit plus disponible puisqu'il n'est nécessaire de se
concentrer que sur le son (et non également l'image). Preuve en est
l'existence des radios à bord des voitures : on peut conduire et
écouter la radio en même temps sans problème.
La radio : un avantage économique
indéniable
On peut ajouter à ces atouts l'argument
économique, celui du coût financier d'un poste de radio
comparé à celui d'une télévision, ainsi que le
coût global : mise à part l'électricité, aucune
taxe du type redevance n'est exigée. La radio a été le
premier média de grande échelle à avoir l'avantage
d'être gratuit pour l'auditeur. En 2002, la presse écrite gratuite
autre que les journaux de petites annonces (créés dans les
années 70) a commencé à faire son apparition. Elle a
très vite connu le succès. Quatre ans plus tard, elle concurrence
la presse généraliste (les créations de journaux gratuits
du type metro ou 20 minutes
« fleurissent » chaque année).
Internet est apparu, à l'échelle de consommation du grand public,
vers le milieu des années 90. La radio quant à elle n'a pas
attendu cette période. Elle est le premier média, historiquement
parlant, à être aussi économiquement accessible pour ses
auditeurs.
Si l'on en revient au site internet, cet avantage de la
gratuité se retrouve en partie seulement : pour être
connecté, il faut payer le prix de la connexion. A ce chiffre s'ajoute
celui de l'équipement de départ (que l'on peut assimiler à
un coût d'investissement incluant l'ordinateur, le modem et la ligne
téléphonique) si l'on souhaite consulter les sites de radio sans
souscrire aux propositions commerciales. L'écoute de la radio par
Internet donne le même service que si on écoute la station par un
poste de radio, plus classique, puisque lorsque l'on choisit, sur le site,
d'écouter le programme musical actuel par exemple, on a la
possibilité d'écouter ce qui passe simultanément dans la
diffusion radiophonique. Néanmoins, les propositions de
télécharger un morceau de musique ou une émission
antérieure affluent et sont pratiquement toujours payantes. Elles
représentent un choix supplémentaire de consommation et une autre
façon de « consommer » la radio. Dans ce cas, si au
premier abord l'écoute d'une radio par Internet semble gratuite et
anodine, elle apparaît vite au second abord comme une opportunité
« d'appâter » commercialement l'internaute.
Internet dans les foyers français en 2006
Pour consulter les sites des radios et surtout pouvoir
écouter la radio par Internet, il faut être connecté en
haut débit. D'après l'institut Médiamétrie4(*), 17 983 000 personnes
sont connectées à domicile en haut débit en juin 2006,
soit une augmentation de « 35% par rapport à juin
2005 ». 88,1% des internautes français sont par
conséquent susceptibles d'écouter la radio par Internet sans
souci technique. Dans un autre document de Médiamétrie5(*), l'institut cite les nouvelles
formes d'écoute utilisées par les auditeurs. Ainsi,
« Internet via un ordinateur à domicile est
le plus répandu : plus de 4 personnes sur 10 (43,2 %
des 13 ans et plus) disposent aujourd'hui de l'équipement
nécessaire, déjà plus de 1 sur 10 (11,7 %) l'ont
utilisé et 3 % le font régulièrement à domicile.
Aujourd'hui 1 personne sur 4 peut écouter la radio via la
télévision numérique à son domicile. Près
d'1 personne sur 10 (9,8%) a déjà utilisé ce mode
d'écoute et 2,5 % le font régulièrement, tous les jours ou
presque. Ecouter la radio en direct sur Internet est une pratique de plus
en plus courante en France : 17,8 % des personnes âgées de 13 ans
et plus en ont déjà fait l'expérience, tous lieux
confondus (que ce soit à leur domicile, au travail, chez des amis...).
Au premier semestre 20046(*), il existait déjà plus de 5,45 millions
de radionautes, terme créé par Médiamétrie
pour définir ces internautes qui écoutent la radio grâce au
web.
Ce nouvel usage concerne en particulier les 13-24 ans pour
28,7 % d'entre eux, les 25-34 ans (26,5 %), les CSP+ (27,5 %) et les personnes
ayant fait des études supérieures (environ 32 %). L'écoute
de la radio en différé via Internet se développe
: 8,3 % des 13 ans et plus ont déjà écouté une
émission de cette façon, quel que soit le lieu. Là encore,
il s'agit principalement de CSP + (13,8 %) et de personnes ayant un niveau
d'études « Bac+3 ou plus » (23,2 %).»
Ce type d'écoute, qui mêle l'utilisation par
streaming ou par podcasting, est de plus en plus
utilisé, même s'il ne concerne qu'une petite partie de la
population connectée. Le profil de la personne la plus susceptible
d'être intéressée par l'écoute de la radio par
internet peut ainsi être dressé au vu de ces statistiques :
un(e) étudiant(e) ou un cadre d'un niveau au moins
« bac+3 », âgé(e) de 25ans, donc une cible
assez jeune, connaissant bien les nouvelles technologies, avec un revenu
aisé, suffisant pour posséder un ordinateur et la connexion
nécessaire au web. Car il y a également l'élément
financier. En citant la télévision et ses évolutions,
comparables au phénomène de numérisation des médias
nécessitant un rééquipement de la personne, Philippe
Chantepie et Alain Le Diberder 7(*) évoquent ce problème concernant chaque
personne susceptible de vouloir passer le cap du numérique :
« Pour le consommateur, le résultat est ambigu : d'un
côté, une concurrence renouvelée provoque d'importantes
baisses de prix (exemple : lecteurs de DVD, écrans plats...) mais,
de l'autre, le passage de la filière analogique à la nouvelle
chaîne numérique se traduit par un effort de
rééquipement important. »
Une fois la difficulté financière de
l'équipement dépassée, on accède au choix de
connexion. Ayant la possibilité de se connecter en haut débit
à Internet, l'internaute qui souhaite écouter une radio va faire
un choix explicite du site sur lequel il va se rendre pour avoir accès
à sa diffusion de la radio par internet. C'est ce qui constitue
l'étape suivante. Au contraire, une personne qui entre dans une voiture
où la radio et le moteur s'allument simultanément, va
« tomber » sur une fréquence peut-être sans
connaître la station qui lui correspond. Elle va entendre un morceau de
musique, mais sans savoir si elle est en train de recevoir RTL ou Europe 1
(dans le cas où la programmation musicale est similaire à ce
moment là). Dans ce contexte, la possibilité d'écouter une
radio par Internet offre davantage de repères et d'identification.
1. Analyse de l'existant
1.1 Analyse quantitative
1.1.1. Classement des radios les plus écoutées en
France
Pour pouvoir analyser au mieux les sites Internet des radios
françaises, nous devons dans un premier temps délimiter un nombre
de radios sur lesquelles construire notre étude de site Internet. Pour
cela, le choix le plus pertinent est de partir de la classification
utilisée par l'Institut Médiamétrie dans ses études
d'audience dans le cadre de l'année 2006. Voici la liste des radios sur
la période avril-juin 2006, utilisée pour mesurer l'audience
radiophonique en France Métropolitaine. Ce document8(*) a été
diffusé par cet institut en juin 2006 : dans le tableau regroupant
les données mesurées par Médiamétrie (audience
cumulée, durée d'écoute par auditeur, part d'audience),
les noms des radios sont classés par ordre alphabétique. S'il a
semblé préférable, dans un souci de clarté, de
conserver la classification en fonction des types de programmes proposés
dans chaque radio, nous avons reclassé les radios en fonction
également des parts d'audience obtenues, allant de la plus forte
à la plus faible.
Le chiffre de part d'audience utilisé correspond
à la période de Mai à Juin 2006, du lundi au vendredi, sur
la tranche horaire de 5h00 du matin à minuit (donc sur 19 heures
quotidiennes de diffusion de programmes en continu).
Programmes généralistes
|
Part d'audience
|
RTL
Europe 1
France Inter
France Bleu
RMC
Sud Radio
|
11,6 %
7,9 %
7,9 %
5,2 %
4,2 %
0,8 %
|
Programmes musicaux
|
|
NRJ
Nostalgie
Skyrock
Chérie FM
RFM
Fun Radio
RTL 2
Europe 2
Rires et Chansons
MFM
|
7,7 %
5,8 %
4,5 %
4,1 %
4,1 %
3,3 %
2,7 %
2,5 %
1,6 %
1,2 %
|
Programmes thématiques
|
|
France Info
Radio Classique
France Musique
France Culture
|
3,6 %
1,1 %
1,0 %
0,8 %
|
1.1.2. Analyse des adresses de sites internet
Depuis 2003, les radios ont, toutes, construit leurs propres
sites internet. Aussi, une analyse uniquement quantitative sur le nombre de
radio (parmi les plus écoutées) n'apporterait pas de
résultats pertinents. En revanche, nous pouvons nous pencher sur le
nombre de sites, sur la sélection du tableau précédent,
qui ont une adresse Internet éponyme. C'est une première
approche.
Comme nous pouvons le constater sur le tableau de classement,
les adresses mail des sites sont de deux sortes :
- une adresse explicite et menant directement au site (par
exemple
www.europe2.fr), avec un nom de
domaine qui correspond simplement au nom du média ;
- une adresse plus complexe, qui concerne uniquement les sites
des radios du groupe de médias publics Radio France (par exemple
http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/sommaire/
pour France Culture).
Le second type d'adresse internet, composée notamment
du nom de domaine de Radio France, exprime l'appartenance au groupe de service
public. Ainsi, que l'on soit tenté de visiter le site de France Culture
ou que l'on soit plutôt attiré par celui de France Bleu, qui joue
davantage sur la proximité en régions, l'obligation est de passer
par le site global, regroupant toutes les branches radiophoniques de Radio
France. Ce site est utilisé pour rappeler l'appartenance de toutes ces
radios à un seul et même organisme. De cette façon,
l'adresse internet est utilisée comme moyen de communication : elle
fait passer le message que France Info par exemple fait partie de Radio France,
simplement à travers le chemin d'accès de l'internaute au site de
France Info, via
www.radiofrance.fr.
1.1.3 Les rubriques des sites les plus fréquentes
Dans l'hypothèse que l'adoption d'un site internet par
une radio apporte une autre relation avec l'auditeur, nous pouvons nous pencher
sur les rubriques proposées à l'internaute lors de sa visite du
site, comme un message et une nouvelle offre de la radio vers son auditeur
potentiel. Pour cela, nous reprenons la liste des radios citées comme
étant les plus écoutées du lundi au vendredi selon
Médiamétrie et nous établissons un constat sur les
similitudes des rubriques.
|
Part d'audience
|
Nombre de rubriques sur la radio
|
Nombre de rubriques sur des services proposés à
l'internaute et rubriques thématiques
|
Offre d'écoute de la radio par Internet
|
Vision de l'antenne par webcam
|
Offre de podcast
|
Programmes généralistes
|
RTL
Europe 1
France Inter
France Bleu
RMC
Sud Radio
|
11,6 %
7,9 %
7,9 %
5,2 %
4,2 %
0,8 %
|
1
3
1
3
2
En travaux
|
6
7
5
11
8
En travaux
|
oui
oui
oui
Oui
Oui
Oui
|
non
oui
non
Non
Non
non
|
oui
oui
oui
oui
oui
oui
|
Programmes musicaux
|
NRJ
Nostalgie
Skyrock
Chérie FM
RFM
Fun Radio
RTL 2
Europe 2
Rires et
Chansons
MFM
|
7,7 %
5,8 %
4,5 %
4,1 %
4,1 %
3,3 %
2,7 %
2,5 %
1,6 %
1,2 %
|
1
1
1
1
1
1
1
2
2
3
|
9
9
10
10
8
4
5
8
7
4
|
oui
oui
oui
Oui
oui
oui
oui
oui
oui
oui
|
non
non
Non
Non
Non
Non
Non
non
oui
non
|
oui
oui
non
oui
oui
oui
Oui
oui
non
non
|
Programmes thématiques
|
France Info
Radio Classique
France Musique
France Culture
|
3,6 %
1,1 %
1,0 %
0,8 %
|
2
3
3
3
|
4
3
3
10
|
oui
oui
oui
oui
|
non
non
non
non
|
oui
non
non
oui
|
Sur ce tableau, nous constatons de grandes disparités
entre les sites de radios, au niveau du nombre de rubriques consacrées
à la radio elle-même (comme les fréquences, les animateurs,
les communiqués ou les programmes) et les services proposés
(jeux, événements, informations sur les artistes, blogs, dates de
concerts... et partenariats). La répartition des rubriques entre ces
différents thèmes se retrouve plus ou moins en fonction du type
de cible. Sur les sites de radios destinées à la cible
« jeune » (15-25 ans) comme Skyrock, les
« chapitres » sont tellement nombreux et répartis
sur toute la page internet que cette dernière se retrouve
surchargée. En revanche, sur des sites d'une radio publique ou à
destination d'une cible moins jeune, plus « stable », comme
France Culture ou Radio Classique, les rubriques sont moins nombreuses, plus
concentrées ; surtout, il y a moins de publicités.
La proposition d'utiliser le podcasting s'est
développée, mais n'est pas pour autant sur tous les sites :
ceux de Skyrock, Rires & Chansons, MFM, Radio Classique et France Musique
en sont dépourvus, pour des raisons d'adaptation à la cible ou
faute de moyens.
La webcam n'est pas très utilisée : la
radio est un média audio auquel on ajoute, grâce au site internet,
un support visuel. Seuls Europe 1 et Rires et Chansons franchissent le pas de
lui donner la vidéo en plus. Pourtant, c'est une opportunité
d'établir un lien supplémentaire avec l'auditeur-internaute, et
le coût économique n'est pas très important. Il est vrai,
cependant, que lorsqu'on introduit une webcam dans le studio radiophonique, on
demande alors à une équipe de changer son comportement, son
organisation, puisque tout est filmé. C'est un changement qui peut se
révéler difficile, et cela transforme la relation avec les
auditeurs.
1.2 Analyse qualitative : trois radios au banc
d'essai
1.2.1. Analyse des ressemblances
Nous avons eu un premier aperçu des sites de radios
par l'analyse quantitative. Pour mieux cerner ce qu'apporte un site internet
à ce média, nous allons étudier trois sites parmi les plus
écoutés selon l'enquête Médiamétrie de juin
2006 et dans chaque catégorie. Ces trois radios auront des cibles
très différentes pour que l'on puisse apprécier
l'adaptation selon la tranche d'âge, le sujet, etc.
Pour la programmation généraliste, nous
choisissons RTL. Pour la programmation musicale, nous optons pour NRJ. Enfin,
pour la programmation thématique, C'est France Info dont le site sera
analysé. Ainsi, nous avons deux radios privées et commerciales,
et une radio de service public.
RTL
NRJ
France Info
Concernant les ressemblances, elles se font dans les
thèmes de la page web ainsi que dans l'ergonomie du site. Les trois
pages d'accueil ont repris les règles de bases de la presse
écrite pour se structurer : par exemple, le logo de la radio est
situé à chaque fois dans le coin supérieur gauche. Il
rappelle tout de suite à l'internaute sur quel site il se connecte. La
« Une », terme repris du domaine journalistique, se
positionne dans la zone centrale de la page telle qu'elle apparaît
à l'écran (c'est-à-dire quand le visiteur n'a pas encore
descendu le curseur de sa fenêtre internet pour lire le bas de la page).
La zone est au centre, verticalement et horizontalement. Les informations qui y
sont données s'adaptent à la ligne éditoriale de la
radio : les infos nationales et internationales sur France Info, les
« news » musicales sur NRJ, et les informations ayant le
plus de succès auprès des auditeurs de RTL, au moment de la
capture d'écran, celles relatives au football, sur le site de la
première radio dans le classement des parts d'audience. En fait, la
ligne éditoriale est ce qui doit apparaître en premier lieu
à l'internaute qui consulte le site. C'est l'identité de la radio
qui est retranscrite, par des éléments visuels et non plus
uniquement sonores comme c'est le cas pour la diffusion par les ondes.
Un phénomène mimétique est
néanmoins présent sur les sites des radios, comme l'observe Jean
Cluzel9(*) :
« Au-delà d'un certain effet d'attraction culturelle, qui
engendre une sorte de mimétisme - au niveau des maquettes de journaux
par exemple -, Internet devrait apporter un changement radical. ».
Cela n'empêche pas d'avoir un effet sur l'internaute, car une radio a une
identité suffisamment définie et propre à elle-même
pour réussir à se démarquer des autres fréquences
concurrentes malgré une ressemblance de sites entre eux et avec des
journaux de la presse. Elle compte majoritairement sur sa programmation pour se
démarquer, ce qui s'en ressent à travers la vitrine que constitue
le web.
On remarque également une autre ressemblance : la
construction des éléments du site en rubriques. Sans doute pour
une facilité de lecture visuelle, les thèmes ont
été annoncés dans une sorte de barre des tâches
à côté du logo. Ainsi, l'internaute sait d'emblée
où chercher les éléments qu'il aimerait obtenir en se
connectant au site. C'est un point de repère, et on observe cet
assemblage dans les deux pages web d'accueil sur le site de NRJ et de RTL. En
revanche, la page d'accueil de France Info donne moins la priorité au
site de Radio France que les autres sites du groupe. Il est clairement
tourné vers les infos, et chaque mot le rappelle.
1.2.2. L'adaptation du site à la charte graphique
La première impression, lorsque l'on se connecte
successivement à ces trois sites, est la différence de
présentation. Celle-ci a été pensée pour
correspondre aux attentes des internautes ciblés. Un des objectifs d'une
radio qui souhaite créer son site est de profiter de cette fenêtre
sur le web qui lui est destinée pour se construire une
« vitrine ».
Cette vitrine, la radio la réalise en créant
les éléments plus élaborés pour sa charte
graphique, en l'adaptant, en trouvant des variantes de présentation
visuelle, une identité qui reste reconnaissable et qui vient même
se renforcer. Le but de cette démarche : partir d'une charte
graphique peu développée pour arriver à un site internet
qui doit plaire aux auditeurs habituels tout en séduisant les auditeurs
potentiels, c'est-à-dire les internautes qui par curiosité
visitent le site mais ne sont pas habitués à écouter la
radio (de façon traditionnelle ou par le web) et les internautes qui,
eux, entretiennent une relation de fidélité avec leur radio et
souhaitent la reconnaître lorsqu'ils naviguent sur le site. Dans ce
contexte, le site a besoin d'accrocher le regard de son visiteur, tout en
correspondant aux contraintes liées à l'identité visuelle
du média plus classique qu'il représente.
Autre contrainte de l'adaptation du site : avoir
cependant une touche d'originalité dans la construction pour rester
attractif auprès de l'internaute. Il s'agit alors d'avoir un effet sur
ce dernier en premier lieu par le côté visuel et,
éventuellement en second lieu, par un effet sonore (puisqu'un site peut
être programmé pour produire des sons ou musiques lors de
l'affichage de la page sur l'écran).
On passe dans ce cas à une autre traduction de
l'identité de la radio si le son ou la musique produite est la
traduction de la représentation sonore de la radio. Comme c'est un
média audio, une identité musicale existe. On sait, en tant
qu'auditeur, sur quelle fréquence on a allumé le poste de radio,
lorsque l'on entend ce son, souvent nommé un jingle. Le site
est, en dehors de la télévision et du cinéma, le seul
média auquel peut faire appel une radio pour communiquer avec du son,
hors diffusion des ondes (nous ne prenons pas en compte les
téléphones mobiles qui ne sont pas considérés comme
média). La publicité dans la presse traditionnelle ne permet pas
ce genre de reconnaissance sonore que la cible peut percevoir et assimiler
à l'image de la radio correspondante en entendant simplement la
mélodie d'un jingle. Un site internet, lui, le permet.
Certaines radios font un autre usage de cette possibilité technologique
en en faisant profiter l'un de ses annonceurs par exemple afin qu'il ait
davantage d'impact et qu'il soit, par conséquent, poussé à
lui verser une somme plus importante pour l'autorisation de diffuser ses
publicités.
Tous ces éléments insérés dans le
site internet, qu'ils soient visuels ou sonores, ont pour but d'introduire une
touche d'imagination dans la construction pour séduire l'internaute et
le pousser à rester le plus longtemps possible sur le site. C'est
l'idée selon laquelle la construction esthétique du site
influence le comportement de l'internaute.
1.2.3. L'influence de la construction esthétique du
site sur l'internaute
Nous avons traité l'idée de l'adaptation de la
charte graphique de la radio sur son site internet. Abordons maintenant le
sujet de l'influence de l'apparence de la page d'accueil du site sur
l'internaute. Si nous délimitons l'analyse à la page d'accueil,
c'est parce que cette page est la première image qui se fixe dans
l'esprit de l'internaute au moment de sa connexion. C'est la partie du site
qu'il verra a priori le plus souvent (excepté bien sûr
s'il a inscrit une autre page du site dans les liens favoris). C'est sur cette
home page qu'il devra aller s'il souhaite écouter la radio sur
son ordinateur (en streaming), puisque les radios ont, toutes,
installé le lien qui permet de débuter le
téléchargement de la mémoire tampon nécessaire
à son utilisation sur la page d'accueil, ainsi que de nombreux liens
menant à des services proposés aux visiteurs du site.
La page d'accueil se doit d'être attractive et
agréable à l'oeil de l'internaute. Sans désir de rester
sur ce site qui le séduit, l'internaute ne conçoit pas la raison
pour laquelle il y resterait à naviguer. Dans ce cas, le site ne remplit
pas son rôle. Il doit séduire le regard, l'ouïe s'il diffuse
de la musique, la curiosité pour pousser le visiteur à cliquer
sur d'autres liens de sa page d'accueil. On peut rapprocher cette relation d'un
livre : c'est en appréciant la couverture et/ou le
résumé au dos de l'ouvrage que l'on est poussé à
lire, à rentrer dans le livre et à tourner les pages au fur et
à mesure. Un site doit provoquer les sens de l'internaute et
interpeller, simplement par les images et éventuellement le son. Les
premières influences que doit avoir une page d'accueil se
résument en quelques points :
- interpeller l'internaute pour empêcher un effet de
« zapping » sur d'autres sites ;
- lui donner envie de rester et de cliquer sur une rubrique,
quelle qu'elle soit ;
- faire cliquer l'internaute sur le lien qui permet
d'écouter la radio, en streaming ou en
podcast ;
- pousser à l'interactivité
Par la suite, les objectifs sont surtout d'influencer la
personne qui se connecte au site afin :
- d'établir une relation plus durable avec l'internaute
pour qu'il ait envie d'écouter la radio plus fréquemment et
régulièrement
- de pousser cette relation jusqu'à fidéliser la
cible et s'assurer un auditeur supplémentaire à long terme.
Ajoutons à ces éléments celui de
l'identification. La page d'accueil permet de fixer plus facilement dans
l'esprit du visiteur, qui ne connaît pas beaucoup la radio, son
identité visuelle. Cette apparence a son importance car, grâce
à elle, la radio peut fixer son image, un peu comme une emprunte
visuelle. Pour un média audio, c'est une révolution : il y a
une autre perspective de communication (hypothèse que nous
développerons par la suite).
Grâce au numérique, un média traditionnel
comme la radio se transforme et atténue sa différence par rapport
à la télévision ou la presse : elle peut faire passer des
images, des textes, en plus bien sûr des sons qu'elle produit. Elle
devient un multimédia au sens originel du terme.
Conséquence directe de cette transformation, la relation que la radio
entretient avec son auditeur lambda devient, s'il se connecte
régulièrement au site de la radio, approfondie et adopte une
autre dimension. Elle n'est plus uniquement auditive. Elle sollicite alors le
sens visuel et l'interactivité avec l'auditeur.
De plus, grâce aux éléments visuels
ajoutés dans cette relation, des besoins des auditeurs-internautes sont
satisfaits. En introduisant un site internet pour la radio, on permet à
celles-ci de développer de nouveaux services. C'est ce qu'elle fait
à travers les rubriques exposées sur le site. Lorsqu'un
internaute arrive sur la page d'accueil de France Info, il a alors la
possibilité de :
- consulter les articles rédigés par les
journalistes de la radio
- écouter le dernier flash info
- télécharger des photos de l'actualité
(mises en ligne par France Info)
- écouter les chroniques
- consulter les archives
- lire les dossiers pour les sujets essentiels de
l'actualité
- s'abonner au podcast
- ... etc.
Et il lui est même proposé de créer sa
propre radio ! Tous ces services proposés à l'internaute
n'auraient pas pu se faire sans Internet. Les médias, quels qu'ils
soient, le savent et désormais, plus un seul organe de presse, plus une
seule chaîne de télévision ou une seule radio est
dépourvue de site web.
2. Les changements de consommation du média
radio et son lien avec Internet : les évolutions du
côté des auditeurs
2.1 Les perspectives offertes par l'arrivée de la
technologie Internet
2.1.1. La mondialisation de la radio
Jusqu'à l'arrivée d'Internet dans les foyers
français, écouter sa station préférée de
radio impliquait que l'on ait la bonne fréquence au bon endroit. Deux
conditions à remplir :
- être dans une zone géographique recevant les
ondes radiophoniques nécessaires
- connaître ou réussir à trouver la
fréquence correspondant à sa radio préférée
(sous condition que cette fréquence précise soit captée
dans la zone)
Une des avancées majeures de la venue d'Internet pour
les radios est cette capacité à pouvoir diffuser à
n'importe quel moment et n'importe quel endroit dans le monde. Pour les
auditeurs, c'est un grand changement : désormais, les
français qui s'expatrient, que ce soit aux Etats-Unis ou en Afrique,
peuvent rester en lien avec leur radio favorite, continuer à
l'écouter sans se soucier de savoir si « on capte »
ou si on a la bonne fréquence. Ce progrès les fait
également rester en lien avec l'actualité du pays qu'ils ont
quitté : actualité politique, mais aussi musicale,
culturelle...ils savent qu'à partir de l'instant où ils sont
connectés au web, ils peuvent écouter la radio sans
problème. Ainsi, chaque radio est désormais certaine d'être
écoutée dans le monde, dans d'autres pays que son pays
émetteur. Cela dépasse le côté purement pratique
dans certains cas pour atteindre jusqu'au côté émotionnel,
en ce qui concerne les auditeurs qui ont le mal du pays...
Bertrand Dupuich, webmaster de France Bleu Sud Lorraine, cite
l'exemple d'une femme, ex nancéienne expatriée en Australie
depuis quelques années, qui continue à écouter cette radio
lorraine grâce à sa connexion Internet. Ce moyen de
réception lui permet de suivre l'actualité de sa région
natale, mais aussi d'avoir le sentiment de maintenir un lien avec une partie
des proches qu'elle a quittés et qui sont restés à Nancy,
même si ce n'est qu'une impression. Ecouter France Bleu Sud Lorraine
compense le sentiment d'abandon qu'elle éprouve parfois lorsqu'elle
repense à sa région, même si nous sommes ici dans un cas
particulier de « mal du pays ». Il y a alors un argument
psychologique à l'écoute du média, qui dépasse la
seule notion de divertissement.
La « mondialisation » de la radio
grâce à Internet permet à l'auditeur d'entretenir avec elle
une relation de fidélité sans que ce dernier ne soit
gêné par le côté pratique de la réception des
ondes. De plus, ce phénomène conduit à penser que l'on
peut développer l'audience d'un média audio au-delà des
frontières. En effet, la radio devenant accessible (en termes
d'écoute) sur d'autres territoires qu'initialement, elle gagne par ce
moyen des auditeurs-internautes. Cela sous-entend que les internautes aient eu
connaissance de la radio ou de ses partenariats, actions... avant de se
connecter sur le site, pour avoir l'idée de télécharger en
streaming ou podcasting. Au final, un nombre plus
élevé d'internautes écoutant la radio via
Internet conduit à une augmentation d'auditeurs et donc de l'audience
générale. Malheureusement, il est difficile de déterminer
un nombre précis d'auditeurs qui écoutent la radio en
étant dans d'autres pays. Le phénomène étant
pourtant croissant, une étude va sans doute être un jour
réalisée par l'Institut Médiamétrie.
2.1.2 Un usage plus libre de la radio, en situation
professionnelle
Il est de coutume dans certaines entreprises d'écouter
la radio pendant les horaires de travail. Dans ce cas, à moins de
posséder un équipement du type baladeur avec radio
intégrée, il est difficile de pouvoir profiter de ce qui est
diffusé sans contraindre les autres personnes de la pièce au
même choix. Avec l'introduction généralisée de
l'accès à Internet sur chaque ordinateur et la possibilité
d'écouter la radio grâce au web, l'usage de la radio au travail
s'est personnalisé, puisqu'individualisé. Dans les lieux
professionnels où plusieurs ordinateurs occupent une même
pièce, chacun peut être tenté désormais de se
connecter à un site de radio pour travailler dans une ambiance musicale
sans culpabiliser pour autant, ou contraindre les collègues à son
choix d'écoute. En ce sens, l'accessibilité par le web a
été un fournisseur de davantage de liberté individuelle.
Ceux qui amènent leurs écouteurs pour les brancher au
matériel informatique en prévision de la consommation
radiophonique sont libres de choisir leur station de radio sans risquer de
déranger l'ambiance studieuse nécessaire à ceux qui ont
l'habitude de travailler dans le silence par exemple.
Le choix de la diffusion dans la pièce pour une
ambiance conviviale reste néanmoins possible puisque lorsqu'on le veut,
on peut rendre publique l'écoute que l'on avait
préféré garder pour son utilisation personnelle (c'est ce
qui se passe dans beaucoup d'agence de création publicitaire où
l'équipe a pour habitude de travailler dans la musique ou
l'écoute d'émissions de radio). De plus, utiliser son poste
d'ordinateur pour suivre avec ses écouteurs son émission
préférée à la radio reste discret.
2.1.3. Donner la parole à ceux qui n'osent pas le faire
à l'antenne
Une autre opportunité que peut représenter un
site pour une radio est la facilitation de la participation de l'internaute aux
émissions créées. Le site permet de donner une adresse
mail, un lien hypertexte intitulé « contact », au
visiteur de la page.
En cas d'émission dans laquelle l'animateur sollicite
la participation de l'auditeur, Internet rend la démarche plus facile
pour l'internaute, car écrire un mail est moins intimidant pour lui que
composer le numéro d'appel du standard et affronter son stress de passer
à l'antenne. C'est comme écrire un SMS de son portable, autre
technique utilisée en parallèle du mail : l'auditeur
hésite moins à contacter la radio et à assumer par la
suite son point de vue sur le sujet sur lequel il est demandé de
réagir s'il sait qu'il ne sera pas obligé de parler en direct. Il
peut s'exprimer et faire le choix de son passage ou non à l'antenne.
Cette timidité pouvait constituer un frein avant l'arrivée
d'internet et de l'utilisation des SMS, mais désormais, ce n'est plus le
cas. Une personne timide, qui se sent exclue du grand public, par l'opinion
qu'elle a, a moins tendance à ne pas s'exprimer. Au contraire, elle aura
peut-être envie de laisser un mail sur la messagerie de l'émission
alors que quelques années plus tôt, elle n'aurait
vraisemblablement pas osé laisser entendre son point de vue.
De plus, le site permet à cette personne, grâce
à l'éventuel présence d'une rubrique de tchat, de
rencontrer d'autres personnes ayant les mêmes affinités qu'elle
avec la station radiophonique. Discussions qui vont l'inciter à
participer à la formation progressive d'une micro-communauté (de
par sa taille comparée à celle du groupe global d'auditeurs de la
radio). On peut ici reprendre l'idée de Jean-Jacques Cheval10(*) : « L'espoir
placé dans les radios libres, écrit-il, était qu'elles
permettent à des minorités, à des groupes, à des
communautés spécifiques, par qui et pour qui elles auraient
été conçues, d'avoir accès à des
médias qui leur soient propres, qui leur permette de cultiver leurs
identités tout en les faisant connaître aux autres (...) Il
s'agissait de rendre la parole aux exclus, à ceux qui jusque là
se taisaient. » Cette idée est par ailleurs reprise par
Jean-François Tétu11(*) dans un bilan sur le parcours de la radio. Du moment
qu'il a la capacité de faire naître un dialogue entre internautes,
chaque site de radio peut ainsi être le « lieu » de
rassemblement, par la toile, d'auditeurs exprimant une même opinion, une
même passion, ou également aucun point commun. Il s'agit
simplement de créer du dialogue entre visiteurs d'un site d'une
même radio. Pour exemple, nous pouvons parler du site de Skyrock :
cette radio à cible jeune héberge sur son site des milliers de
« skyblogs », ces « espaces
perso » qui connaissent un très grand succès
auprès des 15-25 ans pour s'exprimer et parler de soi sur Internet. Il y
a bien là un sentiment de communauté très intense.
2.2. L'adaptation au nouveau mode de vie des auditeurs
2.2.1. L'informatisation de la société de
consommation
L'équipement des foyers français s'est
transformé avec la généralisation de l'utilisation des
ordinateurs. Les loisirs sont devenus peu à peu technologiques, et les
occupations les plus diverses faisant appel à un équipement
informatique et numérique se sont popularisées. Même si
l'utilisation d'Internet nécessite, nous l'avons vu
précédemment, des moyens financiers allant avec le prix de
l'unité centrale, de l'écran et de l'abonnement, il est dans une
grande part des foyers. Tout ou presque peut se faire par le web : en
ligne, on peut maintenant faire ses courses, gérer ses comptes
bancaires, commander ses vêtements, lire son journal, faire des
rencontres... A première vue, tout est gérable depuis la
« toile », sans que l'on ait besoin de sortir de chez soi.
Internet à domicile est devenu un outil aux fonctions bien plus
diversifiées que ce que l'on imaginait à ses débuts.
Aussi, dans cette nouvelle société, la radio
à diffusion numérique par internet apparaît comme une
façon naturelle de consommer autrement le média radio
traditionnel. On peut penser à une sorte de « seconde
naissance » de ce dernier. D'ailleurs, Anne Coutard, dans son rapport
remis à la Ministre de la Culture et de la Communication en septembre
2001, utilisait déjà cette référence :
« À certains égards, la naissance de la radio sur
l'internet a pu rappeler des souvenirs aux premiers combattants de la FM :
même plaisir retrouvé de s'adresser à un public multiple,
passionné, réactif. La liberté d'entreprendre, sans
autorisation préalable, sans limitation de ressource en
fréquences, sans investissement initial important, y est même plus
grande et le marché spontanément
international »12(*). Internet représente non seulement une
nouvelle opportunité de diffusion à très grande
échelle et à destination de nouvelles cibles pour la radio, mais
également une chance de renouveler l'offre proposée aux
radionautes à travers les services que l'on peut avancer grâce
à cette utilisation intense du web que produit la Société.
Le comportement de l'auditeur commence à changer pour devenir, en plus,
radionaute, sans disparaître pour autant (l'écoute en
streaming ou podcasting n'est pas prête de remplacer
l'écoute traditionnelle à travers un récepteur). Devant le
développement du multimédia, les radios ne peuvent rester de
marbre et tentent de s'adapter à ce nouveau marché. Internet
représente une nouvelle vitrine à adapter à l'internaute
pour le séduire et le faire devenir radionaute du site.
2.2.2. Le prolongement utilitaire pour répondre aux
besoins de l'auditeur
Un site Internet, pour une radio, est avant tout une
fenêtre sur le monde multimédia, un élément constant
pour un média qui se vit « en direct ». Le flux de
communication émis par ce média audio est sans cesse
renouvelé, en mouvement. Or, Internet représente la base solide
sur laquelle la radio peut s'appuyer pour établir ou renforcer un plus
grand lien avec ses auditeurs. Grâce au site, elle peut permettre aux
auditeurs d'accéder à un support d'émission disponible 24
heures sur 24, 7 jours sur 7.
Pour exemple, prenons l'émission gastronomique
« Balade gourmande » de l'animateur Jean-Luc Petitrenaud
sur Europe 1. Dans cette chronique du week-end, diffusée deux fois le
samedi et deux fois le dimanche, l'animateur expose ses
préférences et ses conseils pour découvrir une ville, une
région, à travers sa couleur gastronomique. Il donne à
l'antenne des noms de restaurants, de spécialités locales
gourmandes à ne pas rater, des indications pratiques pour une
virée culinaire réussie. La chronique ne dure pas
longtemps : six à huit minutes à peine... Et les auditeurs
qui souhaitent prendre des notes sur les conseils prodigués ont
intérêt à avoir stylo et papier à portée de
main et à écrire vite, s'ils veulent retenir les indications
fournies par l'animateur. Un changement a permis le succès de cette
émission : la mise en ligne, sur le site d'Europe 1, des
informations données par Jean-Luc Petitrenaud (présentation
ci-dessous)
Plus besoin de s'arrêter sur le bord de la
chaussée quand on écoute l'émission en conduisant et que
l'on souhaite mémoriser les conseils donnés : l'auditeur
sait désormais qu'il n'a plus qu'à se connecter sur Internet pour
obtenir tous les renseignements fournis lors de l'émission. Il peut
réécouter la chronique s'il le désire, mais peut aussi
tout simplement reprendre les coordonnées complètes des lieux
conseillés (plus complètes d'ailleurs que ce qui est dit à
l'antenne, où seul le nom de l'établissement de restauration est
cité). Numéro de téléphone, adresse, nom du chef
cuisinier, tout est mis à disposition de l'internaute, et
réactualisé pour chaque chronique. A proximité de ces
indications, sur la page web, on peut également consulter une
présentation de l'animateur avec son parcours professionnel ainsi qu'un
énoncé résumant le concept de l'émission. Toutes
ces informations n'auraient bien sûr pas pu être données
à l'antenne, faute de temps et d'intérêt. Cependant, les
personnes appréciant la chronique savent, car Jean-Luc Petitrenaud le
précise à l'antenne plusieurs fois dans l'émission,
qu'elles peuvent avoir toutes ces précisions sur Internet. C'est selon
la volonté de l'auditeur, s'il a suffisamment d'affinités avec la
chronique ou non pour choisir d'aller plus loin en se connectant sur le site
d'Europe 1.
Les informations annexes des émissions, qui sont mises
à disposition des internautes sur les sites de radio, répondent
à un besoin pratique mais aussi à un désir de l'auditeur
d'avoir rapidement et de façon efficace les moindres précisions
qu'il souhaiterait obtenir en écoutant la radio. Bien plus que de
simples renseignements, ces indications permettent à la radio de
garantir, à celui qui l'écoute, une qualité des annexes de
même valeur à celle de l'émission. Cette garantie peut
être utilisée comme argument de « vente » par
la radio pour inciter les auditeurs occasionnels à devenir auditeurs
réguliers, mais également comme une chance, une
opportunité de renforcer le lien avec l'auditeur-internaute (pas
toujours radionaute). Une personne qui écoute une station par hasard
(prenons pour exemple France Bleu) « tombe » sur une
émission, un sujet qui l'intéresse. Intriguée, elle entend
l'animateur lui dire qu'elle peut trouver ces renseignements, et d'autres
encore, sur le sujet, sur le site internet de France Bleu. Une fois chez elle,
ou à son bureau, devant son ordinateur relié à Internet,
la personne va se souvenir, surtout si elle l'a noté, de cette
émission et se rend sur le site de la radio publique régionale.
Une fois sur la page d'accueil, l'architecture visuelle et thématique
est conçue pour solliciter l'attention du visiteur, quel que soit son
centre d'intérêt. Ce dernier est poussé à cliquer
sur des liens, de partenaires ou d'autres pages du site de la radio. Peu
à peu, une autre image, plus forte et sympathique, s'instaure. Le
visiteur, s'il ressent des affinités avec les sujets qui lui ont
été montré, est poussé à revenir se
connecter. Une relation de confiance et de connaissance de la radio se
construit visite après visite, et au bout d'un certain temps,
l'internaute est tenté d'établir une relation de
fidélité avec ce média (la radio sur laquelle il est, un
jour, tombé par hasard) qu'il ne connaissait pas il y a encore quelques
mois, voire quelques semaines. Le site a donc une fonction de publicité
et de construction de lien avec l'internaute, d'autant plus que cela peut se
faire, contrairement au média qu'il plébiscite, à toute
heure et à tout moment de l'année.
De plus, au niveau de l'apparence, avoir un site performant
et élaboré en termes d'éléments visuels et/ou
multimédias, c'est pouvoir montrer à l'internaute une image (de
la radio) moderne, actuelle, et soucieuse du confort de ses auditeurs. Une
radio pour « jeunes » de 15 à 25 ans,
c'est-à-dire qui s'adresse à une cible de la
« génération Internet », se doit d'avoir un
site web à la hauteur, contenant des possibilités de
téléchargement, de « tchat », des animations
Flash... Cette population a en effet été habituée à
utiliser l'ordinateur et la toile, elle sait reconnaître un site de
qualité et ne se sentirait pas prise en considération si le site
Internet de sa radio était trop peu développé dans sa
construction et son esthétique visuelle (et éventuellement
audio). Il s'agit aussi de s'adapter pour répondre aux exigences des
auditeurs ciblés afin que ces derniers ne soient pas déçus
du site de la radio à laquelle ils se sont identifiés.
Enfin, le site peut également répondre à
l'un des sentiments agaçants que peut éprouver l'auditeur
fidèle ou régulier qui souhaite écouter une
émission en particulier : la frustration. N'ayant pu, par aucun
moyen technique, suivre l'émission qui l'intéressait vivement,
celui-ci se retrouve frustré d'avoir « raté »
la séquence qu'il souhaitait écouter. La radio étant un
média s'écoutant en direct ; les passages de rediffusion
sont assez rares sur la plupart des stations, proportionnellement au temps
total de diffusion sur la semaine. Heureusement, il y a Internet... Grâce
au web, plusieurs solutions s'offrent à l'auditeur qui souhaite
malgré tout rattraper cette impossibilité d'avoir pu
écouter l'émission qui l'intéressait.
- Le téléchargement, en podcast, de
l'émission passée
- Les informations fournies, par l'animateur, sur le sujet
traité
- Le téléchargement en streaming de la
chronique
- La lecture du compte rendu/résumé de
l'émission, écrit suite à la diffusion
- L'indication des horaires de rediffusion, s'il y en a, de
l'émission
Ces services de « rattrapage »
dépendent de la politique établie par la radio et de sa
compétence en matière de gestion du site Internet. Tous les sites
de radio ne peuvent proposer un téléchargement de
l'émission (si l'auditeur n'a pas pu l'entendre) en parallèle de
la possibilité d'écouter selon ce même
procédé technique, la radio en direct. De ce point de vue
technique, le site le plus élaboré est sûrement celui
d'Europe 1, puisque ce dernier propose des téléchargements des
dernières chroniques et émissions, ainsi que la vision par webcam
de l'émission en cours.
Enfin, la compétence technique n'empêche pas la
radio de garder le monopole sur les plus importants de ses programmes et de
faire les choix de mise en ligne. On peut penser au premier abord qu'une radio
possédant un site riche en possibilités techniques mette tous les
éléments de sa programmation radiophonique à disposition
des internautes pour les fidéliser. En réalité, un
choix est fait. Dans le cas d'un concert diffusé sur les ondes,
même s'il n'est pas retransmis sur internet en podcasting, les
informations concernant sa diffusion sont inscrites sur le site. Les auditeurs,
en se connectant, peuvent avoir les renseignements voulus sur l'heure de
diffusion, sans pour autant pouvoir télécharger, autrement qu'en
streaming, et en direct, le concert auxquels ils se rapportent.
2.3. Les inconvénients de l'association radio - site
internet
2.3.1. L'écoute de la radio par le flux
numérique sur Internet : la perte de mobilité et
flexibilité
Bien sûr, écouter la radio par Internet a des
avantages considérables, que nous avons vu précédemment.
Néanmoins, l'écoute par flux numérique sur Internet n'est
pas prête de remplacer l'écoute grâce au récepteur
traditionnel, et ce pour plusieurs raisons :
- Avoir une connexion internet qui permette d'écouter
la radio par ce biais implique de posséder un ordinateur, et par
conséquent une perte de mobilité. Je ne parle pas ici des
nouvelles capacités des téléphones mobiles qui peuvent se
relier au web et, à moyen terme, avoir la capacité de recevoir la
radio en passant par du streaming. L'avantage des récepteurs de
radio traditionnels est leur présence : les voitures,
l'intérieur des magasins, les « baladeurs » et
lecteurs mp3... sont tous équipés pour recevoir les ondes et
diffuser les sons sans problème. C'est ce qui permet
l'omniprésence de la radio. Et c'est pour cette raison, d'ailleurs,
qu'en cas de catastrophe majeure comme par exemple l'explosion d'une
réserve de gaz ou la détection d'un nuage radioactif sur un
périmètre précis, l'une des consignes de gestion de crise
et d'urgence est de rester enfermé dans l'établissement où
l'on est (entreprise, domicile, établissement public comme les
écoles) et d'écouter attentivement la radio pour se tenir au
courant de la situation gérée par les pouvoirs publics. Cet
exemple montre bien que la radio est, comme la télévision et
même davantage, un média essentiel et constamment accessible.
- Une exception cependant : dans les zones
géographiques françaises assez éloignées des
territoires urbains, les ondes ne sont pas captées, ou uniquement de
façon limitée. Par exemple, dans les Vosges du Nord, à dix
kilomètres de la ville de Senones, il n'est possible que de recevoir une
seule station : Skyrock. Le choix est restreint... Et dans ce cas,
l'ordinateur relié à Internet reprend l'avantage.
- Autre inconvénient : avec l'ordinateur, on perd
de la mobilité mais aussi de la flexibilité au niveau des
activités en parallèle. On peut bien sûr, en
écoutant la radio par streaming ou podcasting,
travailler en parallèle. En revanche, on ne peut pas conduire ou faire
du sport en même temps, se promener en ville, etc. Il y a donc un aspect
pratique qui ne peut pas encore faire craindre le remplacement de la radio en
réception classique par la réception numérique
via Internet. Dans ce cadre, même si le site remplit des
fonctions essentielles pour le média qu'est la radio, il ne risque pas
pour autant de fournir le remplacement des récepteurs par les ondes, qui
ont leurs rôles précis dans la mobilité et l'usage habituel
que l'on fait de la radio. Site et radio sont complémentaires au niveau
des services proposés à l'auditeur, mais ne risquent pas encore
de se confondre l'un l'autre dans leur utilisation. La radio traditionnelle
reste encore indispensable.
2.3.2 Le risque du mélange des repères dans
l'usage des médias radio et internet
Avec les possibilités multipliées
d'écouter la radio, et la construction par chacune d'elle de sites
internet correspondants, si en premier lieu on peut estimer que cela
développe la présence de la radio, on peut également, en
second lieu, craindre que la radio et le site internet confondent leurs
auditeurs au niveau des repères médiatiques.
La radio se caractérisait par son importance de
sollicitation du sens auditif. En se connectant sur le site, on utilise un
autre média, Internet, pour obtenir l'écoute de cette radio. Or,
Internet mélange interactivité, sons et images, et va par
conséquent plus loin que la simple diffusion de sons. En fin de compte,
lorsqu'un internaute se connecte sur le site et choisit d'écouter la
radio par streaming, il peut continuer à visiter ses pages et
rubriques en même temps. Mais considère-t-il qu'il utilise le
média radio ou le média internet ? Certes, l'un
n'empêche pas l'autre : on peut lire un journal tout en
écoutant la radio... mais l'un ne se confond pas dans l'autre comme
ça peut être le cas pour la radio envers le site à partir
du moment où elle y prévoit l'écoute de ce qu'elle
diffuse.
On peut avancer l'idée que la radio garde
néanmoins sa particularité de produire des sons sans
images : même en écoutant une émission par internet,
on ne voit pas pour autant d'images animées de l'animateur et de ses
éventuels invités ou chroniqueurs, excepté si la salle
d'enregistrement est filmée (par une webcam par exemple). Elle peut
être retransmise en direct grâce aux possibilités de la
technologie numérique qui peut diffuser des images sur un site web. Dans
ce cas on entre dans une autre forme de relations avec l'auditeur et de
définition de ses propres médias. Dans l'analyse des sites et
rubriques que nous avons réalisée, nous constatons que ce type de
diffusion d'images vidéo en direct est proposé par deux
radios : Europe 1 et Rires et Chansons. Rires et Chansons a fait ce choix
pour correspondre à sa ligne éditoriale. Cette radio se
positionne sur l'humour, la diffusion de sketchs, et ce type de spectacle, s'il
peut être apprécié en seule écoute, a aussi sa
chance de plaire davantage aux auditeurs-internautes s'il a sa diffusion en
mode vidéo. De plus, l'ambiance d'un studio de radio est retranscrite
d'autant mieux par un mode visuel, surtout dans le cas de l'humour : c'est
pour cette raison que la radio RTL invite le public à assister à
l'émission des « Grosses têtes » depuis des
années, et que Rires et Chansons a souhaité instaurer cette
proposition à destination de l'internaute.
Dans le cas d'Europe 1, c'est, nous pouvons avancer
l'idée, une façon d'impliquer davantage l'internaute
fidèle dans les émissions de la radio, et d'éveiller sa
curiosité, ainsi que sa connaissance d'Europe 1 pour, ensuite, le
fidéliser plus facilement. De plus, on a ainsi l'impression d'être
traité en privilégié par la radio puisque cette
dernière propose de visualiser ses coulisses et tous ses studios
d'enregistrement.
Pour les auditeurs, un studio d'enregistrement de radio a
toujours une certaine part de mystère, car c'est ce qui reste dans
l'ombre en général lors d'une émission, et il est rare
qu'on puisse le visiter. C'est un lieu qui n'est accessible, dans la plupart
des cas, que pour le personnel de la radio et les interlocuteurs
sollicités (par exemple des hommes politiques dans le cas des
interviews, ou des chroniqueurs travaillant avec plusieurs radios). L'auditeur
sent qu'il n'y a pas sa place. Or, avec l'installation des webcams, cela change
tout : l'internaute visionne le studio filmé par la webcam et c'est
un avantage supplémentaire qu'il détient par rapport à un
auditeur qui ne possède pas internet ou qui ne se connecte pas au site.
Il a un statut privilégié de pouvoir voir ce qui se passe en
studio, c'est ce sentiment que la radio cherche à provoquer chez lui.
Du côté de l'animateur, la proposition de
visionner le studio radiophonique est un argument pour obtenir la connexion et
la participation éventuelle de l'auditeur à l'émission.
C'est ce que rappelle souvent à l'antenne les présentateurs sur
Europe 1, mettant en avant cette capacité que les autres radios n'ont
pas...
Enfin, toutes ces possibilités techniques permises par
Internet et les nouvelles technologies du multimédia orientent la radio
vers une nouvelle dimension. D'une part, c'est un autre type de
réception, de lecture : l'internaute est sollicité
visuellement et au niveau auditif. En se connectant au site, on a une approche
ludique, un sentiment de découverte (si c'est la première fois
qu'on se connecte) par rapport à ce qu'on pouvait connaître de
cette radio, en tant qu'auditeur régulier. D'autre part, en choisissant
d'écouter la radio par le site internet, on transforme ce média
en le rapprochant d'un mélange presse et radio ou presse et
télévision (dans le cas où l'on décide de suivre
l'évolution de l'émission grâce à la webcam). En
effet, l'internaute se retrouve à lier une action de lecture de mots, de
formes, de couleurs (par l'architecture esthétique de la page web, par
la charte graphique qui est appliquée et conçue pour donner envie
de regarder et rester sur le site), à une action d'écoute (de la
radio) associée éventuellement à une action de visionnage
(dans le cas de la vidéo). Tous les sens sont sollicités, au
point que l'internaute peut avoir le sentiment de ne plus savoir quel
média il utilise... Dans ce contexte, difficile de s'y retrouver. Or,
tous ces éléments participent à la stratégie de
communication élaborée par la radio pour être attractive
aux yeux (et aux oreilles) de l'internaute. L'objectif est que celui-ci reste
le plus longtemps possible sur ce site et satisfasse, par la même
occasion, les partenaires publicitaires qui souhaitent s'exposer à
l'internaute, en échange d'un achat d'espace auprès de la radio
(qui fait ainsi rentrer des fonds financiers). Nous allons maintenant aborder
les perspectives qu'apportent la construction d'un site internet à une
radio, dans sa communication et son offre.
3. Transformation de la
communication des radios par l'instauration d'un site Internet : du
côté du média
3.1. Renforcement de
l'identité visuelle des radios et insertion de l'image dans la
relation : quelles particularités pour un média audio ?
3.1.1. Un média qui se
transforme et développe ses compétences techniques et
humaines
La radio, telle que nous la connaissons et telle qu'elle a
toujours été, est un média à dimension uniquement
sonore, dans le sens où elle ne produit que des sons, aucune image,
vidéo, ou autre élément. N'ayant que cet aspect à
mettre en avant, l'esthétique sonore a son importance tant pour la radio
que pour l'auditeur. De la même façon qu'un journal soignera au
maximum sa présentation visuelle, une radio se concentrera sur sa
présentation sonore. Cette idée, Bernard Lamizet13(*), auteur de
« l'Histoire des médias audiovisuels » l'a bien
cernée : pour lui, « Les médias sonores
constituent un double champ : d'une part, ils contribuent à
l'extension du champ de l'information médiatée, en rendant
possible la structuration d'un usage sonore de l'information ; d'autre
part, ils contribuent à la naissance d'un nouveau champ
esthétique : celui de l'esthétique de la diffusion musicale,
qui va connaître un développement considérable. Les
premières logiques de diffusion et d'écoute de la communication
médiatée sonore évoluent ainsi d'un usage personnel
(communication interpersonnelle par radio) à un usage esthétique
(communication de programmes musicaux et sonores de divertissement et
d'information). ». Il montre ainsi la caractéristique
essentielle de la radio, le son, traité pour répondre aux besoins
des auditeurs à travers l'information et la diffusion musicale, et
autres programmation élaborées par la radio.
Or, à cet existant sonore installé depuis des
années, on instaure un site Internet, élément du
multimédia. C'est un changement conséquent pour une radio :
elle ne doit plus gérer uniquement le son, mais désormais l'image
et, éventuellement, l'interactivité. En ajoutant le prolongement
permis par le site internet, on obtient un nouveau champ esthétique
délimité par l'image, qui vient par conséquent
compléter le champ esthétique sonore déjà
établit. Un champ visuel qui doit satisfaire deux contraintes :
- l'identité visuelle, en développant la charte
graphique (peut-être peu élaborée jusqu'à la
création du site)
- l'ergonomie visuelle avec des éléments
attractifs pour les internautes destinés à se connecter au
site.
Le site Internet d'une radio renforce l'identité
visuelle d'un média qui, initialement, ne se destine qu'au champ
esthétique auditif.
Pour répondre à cette nouvelle exigence,
inévitable, la radio se diversifie dans ses compétences.
Techniquement et humainement, elle fait appel à d'autres moyens qu'elle
gérait jusqu'à la construction de son site Internet. Les
webmasters font leur apparition dans l'organisation radiophonique et
vont même plus loin que la simple gestion du site, en travaillant en
partenariat avec les animateurs de la radio, pour des émissions couplant
radio et Internet. C'est désormais fréquent de trouver sur les
ondes des incitations à envoyer des mails pour participer à
l'émission, puisque désormais, les présentateurs
disposent, au sein du studio d'enregistrement, d'un ordinateur relié
à « la toile ». Cet outil leur donne l'occasion de
compléter les recherches présentées sur un sujet
lambda à l'auditeur, si celui-ci exige des précisions,
et leur donne surtout l'opportunité de lire des mails en direct, voire
de participer en parallèle à des sessions de
« tchat ». Ils deviennent en quelque sorte
« présentateurs multimédias », leur
activité ne se limitant plus à l'interactivité
radiophonique. Dans ce sens, la radio a totalement bouleversé son
organisation. Ses productions se sont transformées, impliquant
désormais la « dimension Internet ». Certaines
stations utilisent le web fréquemment, voire n'hésitent plus
à l'impliquer dans la plupart des émissions
réalisées.
Devant cette diversification, on pourrait craindre à
nouveau une perte de repères comme nous l'avons suggéré
précédemment. Mais comme l'explique Anne Coutard, auteure d'un
rapport sur la radio numérique14(*), la diversification de la radio dans le monde du web
n'a pas pour autant suspendu la suprématie du son : « La
radio élargit ainsi son savoir-faire d'élection, le domaine du
son, à la maîtrise d'autres métiers plus proches de
l'écrit ou de l'image : apprentissage du graphisme, de la mise en forme
textuelle, du reportage multimédia (les « web
trotters » de Radio France). Mais l'audio demeure la base de son
activité, ne serait-ce qu'en raison de la persistance des habitudes des
auditeurs, qui dans certaines situations (par exemple au volant !)
préfèrent l'audio. Il faut en effet se poser la question des
usages possibles de ces nouveaux contenus. ».
Ces nouveaux contenus, justement, permettent à la
radio, par la diversification, de se trouver une nouvelle offre, un nouvel
avenir, une nouvelle façon de gérer la relation avec les
auditeurs en développant l'utilisation d'Internet, ce moyen de
communiquer, entre autres, visuellement.
3.1.2. L'impact d'un site
internet sur l'imagination de l'auditeur
Selon Bertelson et Radeau, la vision est
privilégiée par rapport à l'audition. Ce sont les effets
sonores qui viennent travailler l'image. L'auditeur se concentre uniquement sur
ce qu'il entend, lorsqu'il allume la radio. Ce processus est modifié
lorsqu'il devient internaute du site de radio, car au moment où il
arrive sur la page d'accueil, il perçoit en premier lieu les
éléments visuels, et, dans un second temps, les
éléments sonores s'il y en a. C'est par conséquent un
autre processus de perception sensorielle qui se met en place.
Le site internet d'une radio transforme les effets de ce
média dans le sens où il provoque moins l'imaginaire de
l'auditeur au moment où il se connecte sur le site. Donner un ensemble
visuel à une radio qui n'utilise à la base que des
éléments auditifs, c'est diminuer la stimulation imaginaire du
récepteur, puisque celui-ci a moins à imaginer en se basant sur
ce qu'il écoute. Un exemple : un auditeur qui n'a jamais vu le site
d'une radio mais qui est fidèle à ce média audio entend
tous les jours la même voix animer l'émission qu'il écoute
le matin en se levant. Il s'est forcément, au moins une fois, poser la
question de savoir quel est le visage qui se cache derrière cette voix,
comme toutes les personnes qui écoutent la radio... Sans la vision
directe de l'émetteur que constitue l'animateur de la radio, l'auditeur
a tendance à construire une image de cette personne à partir des
caractéristiques de sa voix. Il s'imagine un homme, mais se
demande : brun ou blond ? Petit ou grand ? En se basant sur la
voix, il peut même être tenté d'imaginer que c'est un homme
jeune, au « look » actuel, ... etc.
Bien souvent, l'image que l'auditeur peut se faire de
l'animateur radio est à l'opposé de sa
« vraie » physionomie. Avec Internet, les radios mettent
en ligne les photos de leurs animateurs. Deux attitudes alors : soit la station
de radio prend en compte cette possibilité, presque un "devoir"
d'après le nombre de radios qui exercent cette pratique, et choisit
aussi son animateur de façon à pouvoir le « mettre en
valeur » sur le site, soit elle n'en tient pas compte et là,
c'est l'auditeur qui éprouve un sentiment de déception lorsqu'il
découvre la photo de son animateur favori sur le site et que ce dernier
ne répond pas aux critères que l'auditeur s'était
imaginé...Il y a désormais presque une contrainte
« physique » pour les animateurs de radio, alors que c'est
un média qui, par définition, ne diffuse pas d'image !
Cependant, l'exposition photographique des
présentateurs d'émissions sur le site d'une radio a ses
avantages. Au fond, un phénomène de familiarisation s'exerce.
L'auditeur qui a vu le visage de celui dont il entend la voix
quotidiennement a un réflexe : la photo vient à l'esprit
lorsque l'animateur est annoncé à la radio. Il s'établit
alors une sorte de relation de complicité avec ceux qui connaissent son
physique, les internautes qui ont vu la page du site, par rapport aux auditeurs
qui n'ont pas été voir le site de la radio et qui, par
conséquent, ignorent le visage de celui qui leur parle à
l'antenne. On en revient ici aux idées de fidélisation et de
privilèges des internautes, concepts que l'on a abordés dans la
présentation du phénomène de filmer le studio
d'enregistrement.
Avec l'apparition d'Internet dans la communication des
radios, on agit davantage sur le concret. Moins d'imagination mais davantage
d'attractivité, en cernant ce qui plaît visuellement à
l'internaute par les statistiques de fréquentation du site, et en
développant un espace internet correspondant à l'identité
de la cible. Nous allons développer cette idée par la suite, mais
force est de constater que pour adapter le média (c'est-à-dire sa
politique de programmes) à la cible visée, internet apporte un
type de baromètre efficace. En effet, habituellement, les radios n'ont,
pour tout moyen de mesure d'audience (hors, évidemment, la mesure de
participation téléphonique aux jeux), que les chiffres
donnés par l'Institut Médiamétrie à chaque
trimestre. Difficile d'être réactif à très court
terme si on ne connaît pas le succès de chaque émission en
dehors de ces données ...
Dans cette situation, Internet, par deux moyens, facilite la
réactivité par rapport à la conception des
émissions proposées :
- l'observation de la fréquence d'envois de mail, ou de
discussions sur un tchat, c'est-à-dire la participation des
radionautes à l'émission diffusée (et
éventuellement leurs commentaires, puisque les mails ne sont pas tous
lus à l'antenne et sont sélectionnés par l'animateur)
- la prise en compte du nombre de connexions sur le site au
moment de l'émission. Par exemple, si lors d'un programme à grand
succès, l'animateur introduit Internet comme sources d'informations
complémentaires, ou d'activités proposées en rapport avec
l'émission, il a un grand nombre de connexions, mesuré
grâce à un programme informatique basique. Lors d'une nouvelle
émission où l'on sollicite également les internautes, la
radio peut comparer le nombre de connexions par rapport au programme
connaissant une forte audience. Les chiffres sont analysés et l'on
conclut, au terme de quelques études, si l'on doit modifier ou non le
concept de l'émission. Cela peut se faire à un terme plus court
que celui nécessaire à l'obtention des résultats de
Médiamétrie. Dans ce sens, posséder un site permettant
bien sûr une relation d'interactivité entre les internautes et la
radio, permet d'être plus réactif au niveau de la programmation et
de la cible visée.
3.1.3. Une autre forme de
communication vers le public
Outre les différences d'utilisation d'une radio et ses
offres, apparaissant avec l'introduction d'un média comme Internet au
service des auditeurs, nous pouvons souligner également les dimensions
visuelles et sonores qui se créent et créent, par
conséquent, un nouvel espace. Celui-ci établit une ambiance
esthétique (en accord avec l'identité de la radio), mais pas
seulement dans le but de correspondre visuellement au média auquel il se
rapporte. L'effort fourni est à destination de l'internaute et de ceux
qui souhaitent les viser : les annonceurs publicitaires. C'est en effet
grâce au commerce de ces espaces sur toutes les pages du site que la
radio privée (catégorie où la subvention est minime s'il y
en a une) peut récupérer un revenu conséquent.
D'après Guy Lochard et Henri Boyer15(*), « trois composantes essentielles doivent
donc être distinguées dans la production médiatique :
- l'information proprement dite (les pages
rédactionnelles des journaux, les émissions
informatives) ;
- la publicité (les pages d'annonce dans la presse
écrite, les spots à la radio et à la
télévision). A celles-ci, il faut rajouter, pour les
médias audiovisuels,
- les produits de divertissement.
Ces trois composantes relèvent en fait de deux
marchés distincts : celui des usagers et des annonceurs. Mais ces
deux marchés sont dans les faits étroitement
interdépendants, animés l'un et l'autre par une recherche
d'audience maximale. »
Le site internet apporte un soutien à la radio dans le
sens où il permet une autre rentrée d'argent, en parallèle
de celle de la diffusion de sports publicitaires sur les ondes. De la
même façon que du temps de diffusion sonore est vendu à des
annonceurs sur les ondes de Skyrock par exemple, de l'espace publicitaire est
vendu sur le site internet
www.skyrock.fr. Cela ne veut pas
dire pour autant que ce soient les mêmes annonces (une campagne de
publicité pour le(s) même(s) produit(s)) mais ça peut
être une opportunité pour les acheteurs d'espaces de renforcer une
campagne audio par une déclinaison sur le web, si cela n'a pas
déjà été envisagé. Dans ce cas, c'est
également un argument supplémentaire de vente d'espaces pour la
régie publicitaire de la radio ou du groupe dont elle dépend.
Enfin, autre force de la diffusion d'annonces sur le site
internet, pour les acheteurs d'espaces : la mise en page. Une radio peut
donner le choix des jours de diffusion et des tranches horaires pour la
retransmission de la publicité sur les ondes ; pour son site
internet, elle propose, en plus de la durée de la campagne puisque le
site est accessible 24 heures sur 24, une flexibilité au niveau de la
disposition sur la page web (ou le site si plusieurs pages sont
demandées). Tout en gardant son site comme moyen de communication pour
ses propres messages à destination des internautes ou radionautes, la
radio peut en parallèle l'utiliser comme produit commercial pour les
annonceurs et donc revenu supplémentaire. Ceci toutefois en pouvant
garder un oeil sur les publicités diffusées.
3.2. Les technologies de
l'internet pour une meilleure interactivité
3.2.1. Un autre type de
discours
Grâce au site internet qu'elle entretient en relation
avec les animateurs et en direct, la radio introduit une forme interlocutive
dans le discours qui, au départ, est monolocutif (excepté dans
les cas où l'auditeur participe par intervention
téléphonique). Hormis ces émissions où les
auditeurs donnent leur avis ou participent à des jeux en discutant avec
les intervenants, l'animateur est en grande partie dans une forme de discours
où il parle seul. Aussi, un forum de discussion auquel il participe en
répondant aux questions des radionautes tout en les citant à
l'antenne donne une autre dimension. Il peut répondre à plusieurs
personnes à la fois, transforme de cette façon le mode du
discours, puisqu'il n'est plus monolocutif. Comme l'expliquent Guy Lochard et
Henri Boyer dans le livre « La communication
médiatique »16(*), « la dimension très
problématique de la réception des médias tient au fait
qu'elle est monologale. On dit d'une communication qu'elle est d'ordre
monologal lorsque le destinataire n'est pas présent sur le lieu et dans
le moment de la production du message par un destinateur. Elle est d'ordre
dialogal si destinateur et destinataire sont en situation d'échange
immédiat (conversion en face à face ou au
téléphone) ou différé (correspondance
épistolaire). ». Or, avec l'utilisation maintenant courante
d'Internet par la radio, on transforme cette relation avec le média
audio. Par exemple, un animateur faisant appel aux technologies mises en avant
par le site de sa radio, se dote d'un moyen de « redonner un coup
d'énergie » à l'émission, en y ajoutant de la
réaction et de la réactivité dans la seconde, tant de sa
part en répondant sur le forum ou à l'antenne aux questions des
internautes que de la part des personnes qui interviennent sur le forum. En
fait, dans cette situation, l'animateur met en avant le sentiment des
radionautes, normalement proche de celui des auditeurs en
général, et leur attribut un statut que l'on pourrait comparer
à celui d'un invité ou un intervenant lambda. En
changeant simplement son mode de discussion avec les radionautes et
internautes, il en vient à modifier toute une facette de sa
présentation et de son discours.
Par ailleurs, Internet est en quelque sorte un média
proche de la radio par des points communs dans la gestion de
l'interactivité.
- De la même façon qu'une radio peut interrompre
son programme pour une page d'information, son site internet peut changer en
quelques secondes. Il vient alors soutenir la caractéristique de
l'instantanéité de la radio.
- Autre point commun : « L'énonciation
radiophonique se caractérise par sa continuité temporelle. Elle
se déploie encore davantage que la télévision comme un
flux ininterrompu, qui se structure en genres et en contenus en fonction de la
temporalité supposée (journalière, hebdomadaire) de ses
audiences. » Cette notion de la continuité de flux a
été soulevée par Guy Lochard et Henri Boyer17(*). Dans l'idée de flux
ininterrompu, un site internet de radio y répond aussi, puisqu'il est
disponible à toute heure, et qu'il diffuse les émissions de la
radio en streaming, faisant ainsi écho à sa
sélection de programmes en fonction des audiences. Il répercute
donc la caractéristique de continuité de la radio tout en
garantissant un contenu un peu plus stable pour l'internaute (mais dans une
certaine limite néanmoins puisqu'il est renouvelé
régulièrement pour palier au risque que l'internaute se lasse des
informations s'il vient se connecter fréquemment).
Cette amélioration de l'interactivité, possible
grâce au site internet, donne des opportunités à la radio
dans la communication et le dialogue avec ses auditeurs, mais permet
également un meilleur ciblage.
3.2.2. L'interactivité
au service de l'audience : pour une meilleure définition de la
cible
« La propriété caractéristique
d'Internet est d'être un média interactif. Parfaitement
adapté au marketing direct, il est l'outil idéal pour identifier
et solliciter, non pas des cibles statistiques, mais des individus
concrets »18(*).
Cette phrase de Louis Chamming's, trouvée dans les Dossiers de
l'Audiovisuel, mêle deux idées sur l'usage d'internet dans le
marketing.
- Première idée : grâce à
l'interactivité du web, on peut instaurer un dialogue davantage
personnalisé, donc correspondant à ce que recherchent les
techniques de marketing direct.
- Deuxième idée : de par cette
connaissance, on arrive à aller plus loin dans le marketing, puisque
l'on se s'adresse plus à une cible définie par des chiffres
(comme l'âge, le revenu, le nombre de personnes dans le foyer, etc. ce
qu'il appelle une « cible statistique ») mais à une
personne dont on sait un peu plus de choses, c'est-à-dire si elle aime
tel ou tel sujet, navigue souvent sur un site particulier, si elle est
célibataire (dans le cas où elle se connecte souvent sur
www.meetic.fr) ou si elle aime
voyager (en allant régulièrement sur le site de la SNCF) etc. En
terme de marketing, on arrive à en savoir beaucoup plus sur
l'internaute, comme des éléments qualitatifs et non plus
seulement quantitatif.
Il est vrai qu'Internet est le média qui agit le plus
en partenariat avec les techniques de marketing direct, parce que, d'une part,
il est comme nous l'avons dit, interactif, donc susceptible d'établir un
dialogue avec l'utilisateur (l'internaute) et parce que, d'autre part, Internet
rend les choses plus faciles grâce à la possibilité de
connaître les antécédents, du point de vue du web, de
l'internaute : ses sites déjà visités, autant les
sites réguliers qu'occasionnels, ses durées de connexions...
Josiane Jouet19(*) décrit bien ce phénomène qui
fait de l'internaute son propre « identificateur
marketing » : « Traqué sur le réseau des
réseaux, suivi, profilé, l'internaute serait devenu transparent.
En se branchant, il tisse lui-même les fils de sa reconnaissance (ses
connexions en fréquence et en durée, ses types d'utilisation
d'Internet, ses sites favoris, ses trajectoires sur la toile). Aucun
média n'a jamais permis d'en savoir tant à l'insu même de
son auditoire. » En se connectant sur la toile, sans même le
savoir, l'utilisateur d'Internet va établir son profil par son parcours
sur les différents sites. Pour une radio, il est facile, une fois le
côté technique résolu, de savoir sur quels endroits du web
son radionaute ou internaute s'est rendu. Une fois qu'elle a connaissance de
cela, elle peut dresser un portrait plus précis de ses auditeurs et
construire par exemple des actions de partenariats avec les sites
visités.
3.3. Diversification de la
radio : des horizons nouveaux pour les activités annexes
3.3.1. De nouveaux usages
grâce au développement de la technologie
Ainsi, Internet permet de mieux appréhender l'auditeur
qui se connecte sur le web, tant par les caractéristiques qualitatives
que ce dernier dégage via son parcours sur la toile, que par le
dialogue qu'il peut entretenir avec la radio. D'une part, en prenant
connaissance des internautes, on peut adapter le site et son contenu ainsi que
la radio en conséquence, même si l'internaute reste quand
même opaque puisqu'il reste derrière une masse de chiffres et
données informatiques. D'autre part, la radio est un média
immatériel, dans le sens où, comparé à la presse ou
à la télévision par lesquels on perçoit des images,
il n'envoie « que » des sons. Internet apporte un
complément car il permet à la radio de donner, d'elle-même,
un aperçu visuel de son identité, un soutien imagé.
Grâce à cet aperçu visuel et à la meilleure
définition de ce que désirent les internautes et auditeurs, de
nouveaux services sont créés sur le site : inscriptions
à des tirages au sort, invitations à des spectacles,
retransmission de concerts privés, forum de discussions entre
internautes (hors cadre d'une émission), etc. On arrive à une
diversification des activités annexes, avec des horizons nouveaux dans
la gestion des services. La radio ne s'occupe plus seulement de gérer ce
qui est transmis par les ondes, elle développe ses compétences
autour de pôles différents comme l'événementiel par
exemple, en passant par le contenu du site.
Autre exemple, cette fois en terme de communication : un
site internet permet, dans le cadre d'une stratégie de communication, de
faire parler les auditeurs et internautes entre eux sur un
événement important qui est diffusé, comme un concert par
exemple, mais tout en s'assurant de la primauté de la radio sur le
média qu'est Internet par le choix de ne pas, ensuite, le mettre en
téléchargement sur le site. L'unique retransmission du concert en
exclusivité sur les récepteurs radio ou en streaming
assure au média d'avoir une forte audience à un moment
donné. Le concert garde l'exclusivité de la seule diffusion en
direct. Dans ce cas, la diversification des activités ne concerne qu'en
partie les services proposés aux auditeurs, elle fait aussi partie de la
stratégie de communication mise en oeuvre par la radio. La
diversification est par conséquent utilisée à tous les
niveaux. Jean Cluzel20(*)
cite cette multiplication des utilisations possibles :
« Internet est porteur d'usages multiples susceptibles de faire
concurrence à beaucoup d'autres moyens de communication. On n'est pas
encore en mesure d'apprécier l'ampleur du phénomène, pas
davantage que son impact sur les services traditionnels. ». Or dans
cet exemple, nous voyons qu'internet sert aussi bien à développer
l'offre pour les internautes que participer à la stratégie
marketing mise en place. Il est un support et un moyen au service de la radio.
Dans l'exemple où le concert est uniquement retransmis sur les ondes, la
radio garde sa « suprématie » et ne craint pas la
concurrence d'un média qui, depuis quelques années, se met
à son service.
Le premier bilan que dresse Bertrand Dupuich, webmaster de
France Bleu Sud Lorraine, est d'ailleurs très positif : outre le
meilleur ciblage possible, le site permet à la fois d'établir une
sorte d'audit sur la façon dont les internautes appréhendent la
radio, mais aussi l'inverse, un ressenti des auditeurs sur le site. De plus,
celui-ci apporte un complément d'informations qui, annexes à des
émissions ou ne rentrant pas dans le programme prévu, auraient pu
ne pas être données aux internautes : par exemple la
présentation des animateurs, les résultats des courses, etc. Des
informations pratiques qui, l'air de rien, se sont
révélées être indispensables sur le site, puisque
désormais, compte tenu de l'habitude qui a été prise de
les diffuser, les internautes les exigent. Nous sommes, dans ce cas, presque
dans une situation où c'est l'offre qui a créé la
demande... Cependant, l'offre peut ne pas se limiter à la transmission
d'informations ou aux forums. France Culture a, sur son site,
créé deux webradios, avec leurs propres programmes,
indépendants de ceux diffusés par la radio culturelle de service
public. France Culture a ainsi triplé son offre, grâce aux
technologies numériques et à Internet.
Guy Lochard et Henri Boyer21(*) perçoivent cette multiplication des usages de
façon sociale mais aussi de façon plus commerciale :
« Reconfigurée aujourd'hui autour de ces nouvelles fonctions
sociales, la radio apparaît ainsi comme une forme de communication
très plastique, disponible pour de nouveaux usages, toujours plus
spécialisés. [...] L'apparition de nouvelles technologies
(numérisation du son, essor de réseaux) permet aussi d'envisager
le développement de véritables "radios à péage"
(sous la forme de télédiscothèques à domicile),
même si aujourd'hui les limites des ressources publicitaires
hypothèquent leur croissance. ». Dans ce sens, il est vrai que
la diversification de l'offre fournie aux internautes est aussi source de
bénéfices supplémentaires. C'est en achetant les
programmations vendues sous forme de podcasting que l'internaute donne
à la radio l'opportunité de sortir de la diffusion gratuite...
3.3.2 Un partenariat
intensifié avec certains services
Autre forme de diversification : celle qui concerne les
services proposés par le site internet de la radio, mais
dépendant d'autres prestataires sur la toile. Ces rubriques sont
annoncées par des liens intégrés au site, dans la
même charte que les liens menant par exemple aux présentations des
émissions, mais ne sont que des interfaces pour l'accès vers le
site émetteur, la source du service, qui n'a aucun rapport avec la
radio. On va ainsi voir une rubrique « emploi »,
« jeux », ou encore
« météo » s'afficher sur la page d'accueil
internet de la radio, et lorsque l'internaute clique sur le lien, il est
redirigé vers un autre site, en fonction de ce qu'il a choisi comme
rubrique.
C'est en quelque sorte un fonctionnement de partenariat entre
la radio émettrice du site web et le site de service. Plusieurs exemples
peuvent être cités :
- RFM, dans sa rubrique « rencontres »,
affiche un lien pour le site de rencontres,
www.meetic.fr .
- RTL2, dans sa rubrique « emploi »,
insère un lien vers le site
www.regionsjob.com
Les deux protagonistes trouvent, chacun, des avantages dans ce
type de partenariat : la radio a la possibilité d'enrichir son site
en services pour l'internaute et donne ainsi l'image d'un site qui a le souci
de répondre aux besoins du visiteur et qui exploite les
possibilités offertes par le web. Pour le partenaire, cela fait
davantage d'internautes qui arrivent sur le site et prennent connaissance de la
marque de l'annonceur (par exemple
www.cadremploi.fr). De plus,
montrer que l'on est lié à un média (la radio
émettrice), c'est montrer que l'on a une certaine confiance, cela vaut
presque pour recommandation... et on obtient du crédit de la part de
l'internaute qui a été redirigé par rapport à son
site de départ (celui de la radio). Néanmoins, nous pouvons
formuler une critique vis-à-vis de ce type de fonctionnement (dans
l'hypothèse où il n'y a pas de problème
d'illégalité dans le site partenaire de la radio, comme cela
pourrait être le cas pour des sites de jeux en ligne) : c'est dans
ce type de traitement qu'un site internet de radio devient
généraliste, presque trop diversifié. En proposant
toujours plus de services, avec des liens vers des sites extérieurs
toujours plus nombreux, on risque de faire de ce site un
« annuaire » de liens et de placer dans l'ombre toute la
partie, de plus en plus discrète, qui concerne la radio elle-même
et ses programmes. La radio doit donc veiller à cet équilibre
entre rubriques la concernant et liens menant à d'autres sites, sans
rapport premier avec son objectif de communication. Il n'en reste pas moins que
ce type de partenariat est bénéfique pour elle s'il concerne un
annonceur bénéfique pour son image et pour des actions qu'ils
pourraient, ensemble, mettre en place. Par exemple, un lien vers un site
d'emploi qui mènerait, à long terme, à une association de
la radio ciblée « jeune » comme Fun Radio avec cet
organe partenaire pour créer un forum de l'emploi pour les jeunes. Cette
manifestation mettrait les deux organisateurs à l'avant de la
scène et, du point de vue retombées, serait très
avantageuse pour la radio et son partenaire.
Conclusion
Internet : un
changement radical qui signe la fin des transistors ?
Dans la fin des années 1990, Jean Cluzel
émettait l'idée selon laquelle, « Au-delà d'un
certain effet d'attraction culturelle, qui engendre une sorte de
mimétisme - au niveau des maquettes de journaux par exemple -, Internet
devrait apporter un changement radical. »22(*). Effectivement, nous ne
pouvons pas nier l'importance qu'a prise la « toile » dans
la communication des entreprises, médias compris. En se penchant
davantage sur la mise en page et l'effet de mimétisme soulevé par
Jean Cluzel, nous nous rendons compte que la majorité des sites de
radios sont construits de façon similaire. Est-ce parce que toutes se
sont penchées sur un même modèle ou est-ce parce que cette
présentation, mêlant mise en page de magazine et affichage
traditionnel, s'est révélée être la plus ergonomique
et ludique pour l'internaute ? Les deux idées sont
vraisemblablement liées. Pour un site internet, plus
particulièrement de radio (donc avec des possibilités techniques
autres que celles d'un site « classique »), la construction
doit être un mélange de ces exigences suivantes :
attractivité, lisibilité, cohérence (par rapport à
l'identité de la radio), ergonomie et facilité de navigation...
autant de critères du multimédia qui ont fait leur entrée
dans le monde de la communication. En ce sens, nous pouvons dire que Jean
Cluzel, en annonçant l'hypothèse d'un changement radical, avait
raison : Internet est entré dans les moeurs de la communication, et
est devenu une vitrine incontournable.
En revanche, la possibilité qu'il a de pouvoir
émettre des programmes, d'offrir un autre type de diffusion à la
radio, ne menace pas pour autant (pour le moment) la diffusion traditionnelle.
Jean Cluzel énonçait cette problématique tout en gardant
une part de réserve : « A priori, on
peut douter qu'Internet se substituera à l'offre audiovisuelle
traditionnelle : est-ce parce que l'ordinateur permettra d'écouter
la radio que l'on n'aura plus besoin de transistors ? »23(*). La force de ces transistors
est dans leur omniprésence matérielle, je ne pense pas que dans
les années qui viennent, malgré le développement
impressionnant des technologies numériques et de leurs
récepteurs, ces derniers remplacent les postes traditionnels de
réception des ondes. Dans son rapport de 2001 au Ministre de la Culture
et de la Communication, Anne Coutard évoque cette idée24(*). « C'est la «
politique du coucou » qui a fait son succès : les
récepteurs de radio sont omniprésents et ont envahi les
réveils et les autos, garantissant à la radio ses deux pics
d'audience journaliers ». Les récepteurs numériques et
de haute technologie comme les Ipods, les téléphones
portables, etc... constituent des compléments de réception de la
radio mais ne sont pas encore au stade de la diffusion qui provoque chez
l'utilisateur une « écoute réflexe »,
c'est-à-dire une mise en marche de l'appareil d'écoute de la
radio presque inconsciente, habituelle. Par exemple comme c'est bien souvent le
cas lorsqu'une personne rentre dans sa voiture et met le moteur en marche en
même temps que la radio. Internet est donc un changement radical mais qui
ne signifie pas pour autant la fin des transistors.
Premier bilan :
enrichissement ou dispersement du média radio ?
« Internet aurait pour conséquence d'abattre
toutes les frontières traditionnelles, celles du média et du
hors-médias, celle des mass médias et des médias
adressés, celle, enfin, de la communication et de la distribution. Avec
Internet, tous ces domaines s'imbriquent : la publicité, le
marketing, se fondent dans le commerce électronique. D'ores et
déjà, on peut parler, comme certains publicitaires, de
métissage. »25(*). Internet, nous l'avons vu, est un mélange de
toutes les formes actuelles de communication :
- le site mélange diffusion audio et articles mis en
pages, comme une combinaison de presse magazine, de radio, d'affichage, et
éventuellement de télévision (par les animations de type
Flash),
- grâce aux techniques de marketing et de communication
personnalisée que nous avons expliquées, un site est un alliage
de communication médiatique (un petit nombre d'individus qui s'adresse
à un grand nombre d'individus) et de communication personnalisée
(grâce à l'interactivité de la toile),
- on est face à une communication orale et
écrite en même temps, une diffusion de signaux visuels mais
également auditifs, qui ne sont pas forcément liés l'un et
l'autre à un même message.
Par l'établissement de ces constats, on rejoint
l'hypothèse que Pierre Levy26(*) avait émise en 1995, début de la grande
épopée Internet auprès du grand public. D'après
lui, dans son ouvrage « Qu'est ce que le virtuel ? »,
« ce changement de mode de diffusion inaugure peut-être une
nouvelle ère de la communication, car ce texte dynamique reconstitue,
mais autrement et à une échelle infiniment supérieure, la
coprésence du message et de son contexte vivant qui caractérise
la communication orale ». Nous sommes effectivement dans une phase
nouvelle de la communication. Avec Internet, les radios ont été
poussées à davantage réfléchir leur
stratégie de communication à travers divers
éléments comme leur positionnement, leur cible, leur message et
leur identité visuelle (avec un renforcement de l'identité en
général).
Finalement, loin de l'hypothèse de remplacement que
nous avions soulevée au début de cette étude, le site
internet d'une radio amène un complément considérable
à la radio. Les radios sont de deux types : il existe des radios
thématiques et des radios généralistes, avec, bien
sûr, une stratégie propre à chacune, qu'il s'agisse de
stratégie de communication, ou de programmation, etc. Or, toutes ces
radios ont l'opportunité, avec Internet (support nécessitant peu
de frais donc accessible aux radios associatives), de se diversifier et
d'apporter un soutien visuel à leur activité radiophonique. C'est
une nouvelle ère d'évolution pour elles, puisque cet outil permet
à la fois de renforcer leur acquis (positionnement, partenariats...) et
de donner un nouvel élan à leur identité, leur
communication, et même leur offre, si on parle de la diffusion. Comme il
est écrit dans l'ouvrage « Odyssée Internet, enjeux
sociaux »27(*),
« Internet ouvre à la radio traditionnelle de nouveaux
horizons de diffusion à l'échelle de la planète et rend
cette diffusion indépendante des contraintes temporelles
d'agenda. ». C'est une nouvelle forme de conception du média
audio, en collaboration avec les possibilités de l'Internet, qui s'est
mise en place depuis les années 2000 et qui ne cesse d'évoluer.
Avec le développement des technologies numériques et de leur
utilisation, nous pouvons penser que c'est une seconde vie qui s'offre aux
radios, et que celles-ci, en choisissant la carte de l'interactivité,
ont compris où était leur intérêt (en termes
d'offre, de communication, de relations avec leurs auditeurs...). Les radios
ont réussi leur passage sur la toile, et s'apprêtent à
suivre les évolutions futures de ces technologies pour en tirer parti.
Dans le monde des médias, si la presse connaît de plus en plus de
difficultés pour se développer, la télévision et la
radio ont saisi les opportunités offertes par Internet et se sont mieux
adaptées, prêtes à évoluer pour renforcer leur poids
sur le marché médiatique.
Bibliographie
Ouvrages
- Tétu J-F., 2004, La radio, un média
délaissé, Hermès 38, Les sciences de l'information et
de la communication, savoirs et pouvoirs, CNRS Editions
- Lochard G. et Boyer H., 1998, La communication
médiatique, collection mémo, éditions du Seuil,
Paris
- Chantepie P. et Le Diberder A., 2005, Révolution
numérique et industries culturelles, Editions La Découverte,
Paris
- Cluzel J., 1998, A l'heure du numérique,
Collection Regards sur l'Audiovisuel, Tome XII, Editions LGDJ
- Cheval J-J., 1997, Les radios en France, Histoire,
état et enjeux, Rennes, Apogée
- Lamizet B., 1999, Histoire des médias
audiovisuels, édition Ellipses
- Chamming's L., mai-juin 2002, Peut-on parler d'audience
sur Internet ?, les Dossiers de l'Audiovisuel, n°103
- Jouet J., 2003, Hermès 37, L'Audience, presse,
radio, télévision, Internet, CNRS Editions, page 209
- Levy P., 1995, Qu'est ce que le virtuel ?,
collection « Sciences et Société », La
Découverte, Paris
- Sous la direction de Lajoie J. et Guichard E., 2002,
Odyssée Internet, enjeux sociaux, Presses de
l'Université du Québec
Documents
numériques
- Institut Médiamétrie, Equipement
Radio en 2006, document PDF, 19 juillet 2006 [consulté le 26
juillet 2006].
Disponible sur :
http://www.mediametrie.fr/resultats.php?rubrique=rad&resultat_id=290
- Institut Médiamétrie, L'audience de
l'Internet en France, document PDF, 27 juillet 2006 [consulté le 29
juillet 2006].
Disponible sur :
http://www.mediametrie.fr/resultats.php?rubrique=rad&resultat_id=290
- Institut Médiamétrie, L'audience de
la radio en avril-juin 2006, document PDF, 18 juillet 2006
[consulté le 26 juillet 2006]
Disponible sur :
http://www.mediametrie.fr/resultats.php?rubrique=rad&resultat_id=290
- Acte de Colloque, Le numérique, révolution
de la radio, document PDF, 27 janvier 2005 [consulté le 13 avril
2006]
- Coutard A., septembre 2001, L'avenir de la radio
à l'ère du numérique, rapport ministériel,
document PDF, [consulté le 29 mars 2006], téléchargeable
sur le lien suivant
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/014000719/index.shtml
Annexes
Annexe 1 : interview de Bertrand Dupuich, webmaster chez
France Bleu Sud Lorraine
Annexe 2 : extraits du compte-rendu de
Médiamétrie sur les nouvelles façons d'écouter la
radio
Annexe 1 : interview
de Bertrand Dupuich, webmaster chez France Bleu Sud Lorraine
(Interview réalisée le 16 août 2006 au
sein de la station France Bleu Sud Lorraine)
Quand s'est décidée la construction du site
internet de France Bleu Sud Lorraine ?
La décision de construction date de l'année
2004 et provient de Claude Hemmer, Directeur de la Station. Il l'a
suggérée et voulue dès son arrivée. Par la suite,
l'idée a été reprise en national par le département
Multimédia de Radio France, dont la politique pouvait se résumer
ainsi : « on ne peut pas être une radio sérieuse
sans site internet. » Le projet était en gestation depuis un
moment, il y avait une réelle demande d'interactivité de la part
des auditeurs depuis plusieurs mois.
Finalement, une structure « type » de site
web a été adressée aux antennes régionales de
France Bleu, dans un envoi qui ne s'est pas passé au même moment
pour toutes. La distribution des sites a été progressive. De son
côté, notre site s'est construit au fur et à mesure.
L'avantage de cet outil qui nous a été envoyé est bien
sûr la possibilité offerte à l'internaute d'écouter
la radio sur le net. Certains de nos auditeurs restent liés à la
région Lorraine malgré la nécessité par exemple de
faire des allers-retours à Paris pour leur vie professionnelle. Le fait
de pouvoir écouter France Bleu Sud Lorraine sur le web leur permet de
garder le contact.
Comment se sont définies les
rubriques ?
Une fois le modèle de site reçu, chaque
webmaster local a choisi les rubriques à intégrer ou à
privilégier (comme les pronostics par exemple). Le choix
éditorial se fait en fonction du Directeur de la station.
Et qu'en est-il de la mise en page ?
La présentation visuelle a été
pensée par Radio France. Une fois en ligne, le webmaster (un volontaire
de la station qui accepte de suivre une formation) vérifie la mise en
page, notamment au niveau de l'insertion d'images pour veiller à
respecter le droit à l'image. Hormis cette attention
particulière, le site ne possède pas de contraintes.
Grâce à l'instauration du site, quelles
perspectives ont pu être développées ?
Je pense tout de suite bien sûr à la
possibilité d'écouter France Bleu partout dans le monde. Nous
avons d'ailleurs des auditeurs qui nous contactent d'Australie ou d'Afrique
pour nous raconter leurs vacances ou leur nouvelle vie si c'est une
installation. Ils écoutent la radio grâce au web et nous appellent
ensuite.
Autre avantage, Internet permet de mettre en ligne rapidement
des informations, d'actualiser des éléments en fonction des
émissions. C'est une plus-value informative.
Le site remplit également le rôle de
« vitrine » de la radio, ainsi qu'une ouverture
différente vers l'internaute. On peut installer des jeux avec des
indices, une interactivité réalisable sur le site web. La
communication avec l'auditeur se fait aussi plus facilement, certains sont
timides et ne peuvent réagir à une émission que par mail,
sans passer à l'antenne. Et nous pouvons aussi mettre un livre d'or
multimédia, plus facile à faire signer sur internet.
Quelle a été la réaction des
auditeurs devant le site ?
Le démarrage a été un peu
compliqué, mais rapidement, les gens s'y sont peu à peu
intéressés, et les animateurs les ont poussés à se
connecter. Un site de radio comme celui-ci « vit des deux
côtés » : celui des animateurs et celui des
auditeurs.
Les auditeurs se sont vite rendus compte des avantages comme
celui de la diffusion hors de la zone lorraine. Cela a élargit le
public : certains, qui n'ont jamais habité en Lorraine, sont
tombés par hasard sur les programmes de France Bleu Sud Lorraine en
allant sur le site de Radio France, et sont depuis devenus des auditeurs
fidèles.
Nous avons aussi remarqué une forte affluence lors des
événements sportifs. On joue d'ailleurs dessus pour la
programmation sportive. Les supporters de l'ASNL (Association Sportive de Nancy
Lorraine) expatriés dans d'autre pays continuent à soutenir leur
équipe grâce au site !
Une fois habitués au site, les auditeurs deviennent
des internautes exigeants. Le site est parfois difficile à gérer,
au niveau de l'organisation et de son contenu, mais il est devenu un maillon
important dans la communication avec les auditeurs, et on doit l'entretenir.
Je pense que de toute façon, le site est un moyen
supplémentaire d'écouter France Bleu Sud Lorraine mais n'est pas
France Bleu Sud Lorraine... Il ne remplacera jamais la radio. C'est un
complément à part entière et un prolongement de l'antenne.
Avec la radio, on est dans l'instant. Avec le web, on est dans le libre service
et on prend le temps.
Annexe 2 : extrait du
compte-rendu de Médiamétrie sur les nouvelles façons
d'écouter la radio
* 1 Tétu J-F., 2004,
La radio, un média délaissé, Hermès 38,
Les sciences de l'information et de la communication, savoirs et pouvoirs, CNRS
Editions, page 63
* 2 Institut
Médiamétrie, Equipement Radio en 2006, document
PDF, 19 juillet 2006 [consulté le 26 juillet 2006]
Disponible sur :
http://www.mediametrie.fr/resultats.php?rubrique=rad&resultat_id=290
* 3 Lochard G. et Boyer H.,
1998, La communication médiatique, collection mémo,
éditions du Seuil, Paris, page 65
* 4 Institut
Médiamétrie, L'audience de l'Internet en France,
document PDF, 27 juillet 2006 [consulté le 29 juillet 2006]
Disponible sur :
http://www.mediametrie.fr/resultats.php?rubrique=rad&resultat_id=290
* 5 Institut
Médiamétrie, L'audience de la radio en avril-juin
2006, document PDF, 18 juillet 2006 [consulté le 26 juillet
2006]
Disponible sur :
http://www.mediametrie.fr/resultats.php?rubrique=rad&resultat_id=290
* 6 Acte de Colloque, Le
numérique, révolution de la radio, document PDF, 27 janvier
2005 [consulté le 13 avril 2006]
* 7 Chantepie P. et Le
Diberder A., 2005, Révolution numérique et industries
culturelles, Editions La Découverte, page 18
* 8 Institut
Médiamétrie, L'audience de la radio en avril-juin
2006, document PDF, 18 juillet 2006 [consulté le 26 juillet
2006]
Disponible sur :
http://www.mediametrie.fr/resultats.php?rubrique=rad&resultat_id=290
* 9 Cluzel J., 1998, A
l'heure du numérique, Collection Regards sur l'Audiovisuel, Tome
XII, Editions LGDJ, page 61
* 10 Cheval J-J., 1997,
Les radios en France, Histoire, état et enjeux, Rennes,
Apogée
* 11 Tétu J-F, 2004,
La radio, un média délaissé, Hermès 38,
Les sciences de l'information et de la communication, savoirs et pouvoirs, CNRS
Editions, page 66
* 12 Coutard A., septembre
2001, L'avenir de la radio à l'ère du numérique,
rapport ministériel, document PDF, [consulté le 29 mars 2006],
téléchargeable sur le lien suivant
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/014000719/index.shtml
* 13 Lamizet B., 1999,
Histoire des médias audiovisuels, édition Ellipses, page
19
* 14 Coutard A., septembre
2001, L'avenir de la radio à l'ère du numérique,
Rapport à Madame la ministre de la culture et de la communication, page
46
* 15 Lochard G. et Boyer H.,
1998, La communication médiatique, collection mémo,
éditions du Seuil, Paris, page 8
* 16 Lochard G. et Boyer H.,
1998, La communication médiatique, collection mémo,
éditions du Seuil, Paris, page 9
* 17 Lochard G. et Boyer H.,
1998, La communication médiatique, collection mémo,
éditions du Seuil, Paris, page 62
* 18 Chamming's L., mai-juin
2002, Peut-on parler d'audience sur Internet ?, les Dossiers de
l'Audiovisuel, n°103.
* 19 Jouet J., 2003,
Hermès 37, L'Audience, presse, radio, télévision,
Internet, CNRS Editions, page 209
* 20 Cluzel J., 1998, A
l'heure du numérique, Collection Regards sur l'Audiovisuel, Tome
XII, Editions LGDJ, page 25
* 21 Lochard G. et Boyer H.,
1998, La communication médiatique, collection mémo,
éditions du Seuil, Paris, page 65
* 22 Cluzel J., 1998, A
l'heure du numérique, Collection Regards sur l'Audiovisuel, Tome
XII, Editions LGDJ, page 61
* 23 Cluzel J., 1998, A
l'heure du numérique, Collection Regards sur l'Audiovisuel, Tome
XII, Editions LGDJ, page 25
* 24 Coutard A., septembre
2001, L'avenir de la radio à l'ère du numérique,
rapport ministériel, document PDF, [consulté le 29 mars 2006],
téléchargeable sur le lien suivant
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/014000719/index.shtml
* 25 Cluzel J., 1998, A
l'heure du numérique, Collection Regards sur l'Audiovisuel, Tome
XII, Editions LGDJ, page 61
* 26 Levy P., 1995,
Qu'est ce que le virtuel ?, collection « Sciences et
Société », La Découverte, Paris
* 27 Sous la direction de
Lajoie J. et Guichard E., 2002, Odyssée Internet, enjeux
sociaux, Presses de l'Université du Québec, page 31
|
|