Table des matières
Liste des abréviations
Remerciements
Résumé / Abstract
Introduction
1
1 Présentation de la zone
d'étude : Est du Burkina Faso
3
1.1 Situation géographique
3
1.2 Situation physique
3
1.3 Situation administrative
4
1.4 Situation humaine et sociale
5
1.5 Situation économique
6
1.6 La société civile
6
2 Programme de Pistes Rurales à
l'Est
8
2.1 Politiques de développement en
matière de pistes rurales
8
2.1.1 Le Burkina Faso
8
2.1.2 La Suisse
8
2.2 Présentation de PrEst
9
2.2.1 Les acteurs principaux
9
2.2.2 Les acteurs du terrain et les étapes
du programme
9
2.2.3 Approche méthodologique du
programme
13
2.2.4 Objectifs secondaires
14
2.2.5 Financement des programmes de pistes
14
2.2.6 La première phase du programme
14
3 Méthodologie
16
3.1 Site et orientation de l'étude
16
3.2 Axes de recherche
16
3.3 Identification et justification des
variables
16
3.4 Méthode d'enquête
21
3.5 Echantillonnage
22
3.6 Grille méthodologique
23
3.7 Limites de la méthodologie
24
4 Description des villages d'étude
et justifications des projets de piste
25
4.1 Tantiaka
25
4.1.1 Situation géographique
25
4.1.2 Situation démographique
25
4.1.3 Situation sociale
25
4.1.4 Situation économique
25
4.1.5 Justification du projet de piste
26
4.2 Tambiga
27
4.2.1 Situation géographique
27
4.2.2 Situation démographique
27
4.2.3 Situation sociale
28
4.2.4 Situation économique
28
4.2.5 Justification du projet de piste
29
4.3 Fonghin
31
4.3.1 Situation géographique
31
4.3.2 Situation démographique
31
4.3.3 Situation sociale
31
4.3.4 Situation économique
31
4.3.5 Justification du projet
32
4.4 Conclusion de la partie descriptive
33
5 Résultats et Analyse des impacts
socio-économiques
34
5.1 Services sociaux : éducation et
santé
35
Les indicateurs
35
Prévention
35
5.1.1 Transport
35
5.1.2 Qualité
37
5.1.3 Accès financier aux services et
fréquentation des centres
37
5.1.4 Prévention
38
5.1.5 Formation
38
Indicateurs
39
5.2.1 Contact avec
l'extérieur/Mobilité/Communication et information
39
5.2.2 Cohésion sociale/Dynamique
collective
40
5.2.3 Pratiques socio culturelles/Mariages
40
5.3 Qualité de vie
41
5.3.1 Enrichissement/Accès aux nouveaux
produits
41
5.3.3 Valorisation/ Satisfaction
43
5.4.1 Immigration
45
5.5 Aide au développement
46
5.5.1 Incitation/attraction et
faisabilité
47
5.6.1 Intrants
49
5.6.2 Nouvelle production
50
5.6.3 Variation de quantité produite
50
5.6.4 Transport de la production
51
5.7 Commerce
52
5.7.1 Activité et offre
52
5.7.2 Transport
53
5.7.3 Affluence de la clientèle
54
5.8 Limites d'interprétation des
résultats
55
Conclusion
56
Liste des figures
Figure 1 Carte de la région de l'Est du
Burkina Faso
3
Figure 2 Taux de scolarisation pour l'Est et au
niveau national
5
Figure 3 Répartition des investissements par
secteur
7
Figure 4 Montage du programme Phase 1
11
Figure 5 Réalisation et projets
prévisionnels de Pistes Rurales
15
Figure 6 Tableau synthétique des variables
et indicateurs
21
Figure 7 Réseau de Balga
27
Figure 8 Réseau de Tambiga
30
Figure 9 Piste Fonghin Tilonti
31
Liste des photographies
Photographie 1 Main d'oeuvre sur les chantiers
10
Photographie 2 Chantier- école piste de
Tantiaka
13
Photographie 3 Accès à de nouveaux
produits sur le marché de Tantiaka
41
Photographie 4 Affluence de la clientèle sur
le marché de Tantiaka
54
Annexes
Annexe 1 Restitution des entretiens
60
Annexe 2 Guide d'entretiens
73
Liste des abréviations
ADCV Association pour le Développement des
Communautés Villageoises
ADP Avant projets détaillés
APE Association des parents d'élèves
BERD Bureau d'étude et de recherche pour le
développement
BuCo Bureau de Coordination, DDC
CCTP Cadre de concertation technique provincial
CGVF Comité de gestion villageois des forages
CIVGT Comité Inter Villageois de Gestion du Terroir
CIVP Comité Inter Villageois de Pistes
CSLP Cadre Stratégique de Lutte contre la
Pauvreté
CSPS Centre de Santé et de Promotion Sociale
CVG Comité de gestion villageois
CVGT Comité villageois de gestion du terroir
CVP Comité villageois de piste
DDC Direction du développement et de la
coopération suisse
DGPR Direction générale des pistes rurales
DPRA Direction provinciale des ressources animales
DRED Direction Régionale de l'économie et du
développement
FEER Fonds de l'Eau et de l'Equipement Rural
GVF Groupement villageois femmes
GVH Groupement villageois homme
HIMO Haute Intensité de Main d'oeuvre
INSD Institut national de la statistique et de la
démographie
IRD Institut de recherche en développement
ISG Intermédiation sociale du Gourma
KFW Kreditanstal Für Wiederaufbau
MED Ministère de l'économie et du
développement
MIT Moyen intermédiaire de transport
MITH Ministère des infrastructures, des transports et
de l'habitat
ONG Organisation Non Gouvernementale
OPA Organisation des Paysans pour Agriculture
PAFR Plan d'Action pour la Filière du Riz
PME Petite et Moyenne Entreprise
PpP Programme Par Pays
PrEst Programme Piste rurale - Désenclavement à
l'Est
PSP Poste de Soins Primaires
RAV Responsable administratif du village
SNTR Stratégie Nationale de Transport Rural
SOFITEX Société de Fibre Textile
SPAI Sous-Produits Agro-Industriels
Remerciements
Pour leurs contributions à notre formation et à
nos travaux de recherches de fin d'études de la formation Postgrade sur
le Développement, nous tenons à remercier très
sincèrement :
Les administrations des groupes EIER - ETSHER (Ecole
Inter-Etats des Ingénieurs de l'Equipement Rural - Ecole Inter-Etats des
Techniciens Supérieurs de l'Hydraulique et de l'Equipement Rural) de
Ouagadougou et de l'EPFL (Ecole Polytechnique Fédérale de
Lausanne). Et tout particulièrement nos encadreurs Messieurs Zakary
Bouraima et Youri Changkakoti pour leurs compétences et leur
disponibilité.
Le projet Helvetas Burkina Faso ainsi que le Programme Pistes
rurales - Désenclavement à l'Est (PrEst) à Fada qui, sur
la demande de l'EIER - EPFL, a bien voulu nous recevoir dans ses locaux, nous
encadrer, nous fournir le matériel et les facilités logistiques
nécessaires à la réalisation de ce rapport.
Nos amis stagiaires de la promotion Postgrade 2004 - 2005
pour leur soutien moral et matériel durant la formation.
Enfin, nos remerciements vont également à tous
ceux qui, de près ou de loin nous ont apporté leur soutien durant
notre séjours à Fada.
Résumé
Le Burkina, comme la plupart des pays en développement,
est confronté à des problèmes liés aux transports
en milieu rural. L'absence de routes rurales reliant les villages, les zones de
cultures et les marchés représente un frein considérable
au développement socio-économique des régions
concernées.
La thématique de l'aménagement de pistes rurales
destinées au désenclavement des villages incluant la
méthode HIMO (Haute Intensité de Main d'oeuvre) fait partie
intégrante des différentes stratégies de
développement du pays. Elle s'inscrit notamment dans le Cadre
Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) qui
considère la mobilité et la création de richesse comme une
issue de première importance et comme un élément
clé de stimulation d'activités économiques.
Le Programme Pistes Rurales - Désenclavement à
l'Est (PrEst) fondé en 2002 a réalisé, lors de la
première phase allant de 2002 à 2005, 17 km de piste dans les
provinces du Gourma et de la Gnagna. Ayant amorcé la deuxième
phase du programme, PrEst a mandaté une équipe de trois
chercheurs/étudiants du cycle postgrade sur le développement de
l'Ecole Inter-Etats des ingénieurs de l'équipement rural au
Burkina Faso (EIER) et de l'Ecole Polytechnique Fédérale de
Lausanne (EPFL) en Suisse pour mener une étude portant sur les impacts
socio-économiques de l'aménagement de pistes.
Le présent travail se penche donc sur le cas de deux
villages désenclavés par le programme dont les impacts seront
mesurés à court terme ainsi que, et afin d'apporter à
l'étude une vision des perspectives sur un plus long terme, sur un
troisième village, désenclavé depuis 5 ans.
L'étude d'impact socio-économique, conduite
auprès des populations de Tantiaka, Tambiga et Fonghin a permis de
dégager bon nombre d'aspects positifs très importants au
développement des villages, parmi lesquels l'amélioration de
l'accès aux soins et à l'éducation et l'augmentation du
flux des échanges humains et commerciaux. En effet, la présence
de la piste ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine social. En rendant
les infrastructures plus facilement accessibles, elle contribue à
l'amélioration des services et à l'augmentation de la
fréquentation de ces derniers, réduisant ainsi de manière
sensible les problèmes sanitaires et scolaire. La mobilité
engendrée par la présence de la piste influence les mouvements de
populations conférant aux déplacements un but lucratif et social
peu connu auparavant. Les impacts économiques, quant à eux,
révèlent le rôle primordial joué par la piste. Les
effets en sont inextricablement liés. La possibilité
d'acheminement des intrants, des productions et articles de commerce engendre
une dynamisation de tous les secteurs qui font l'économie des villages
contribuant au développement d'activités de rentes et non
seulement de suffisance alimentaire.
Abstract
Burkina, like the majority of the developing countries, is
confronted with problems related to transport in rural medium. The absence of
rural roads connecting the villages, the zones of cultures and the markets
represents a considerable brake with the socio-economic development of the
areas concerned.
Set of themes of the installation of rural tracks intended for
the opening-up of the villages including method HIMO (High Intensity of
Labour) formed integral part of the various strategies of development of the
country. It lies in particular within the Poverty Reduction Strategy Document
(CSLP) which regards the mobility and the creation of richness an exit of first
importance and as a key element of stimulation of economic activities.
The Program Rural Tracks - Opening-up in the East (PrEst)
founded in 2002 realized, at the time of the first phase going from 2002 to
2005, 17 km of track in the provinces of Gourma and Gnagna. Having started the
second phase of the program, PrEst elected a team of three students from the
"cycle postgrade sur le développement" of the School Inter-States of the
engineers of the rural equipment in Burkina Faso (EIER) and of the Federal
Polytechnic School of Lausanne (EPFL) in Switzerland to undertake a study
relating to the socio-economic impacts of the installation of tracks.
This work has thus leaned on the case of two villages
disenclosed by the program whose impacts will be measured in the short run
like, and in order to bring to the study a vision prospects on a longer term,
on a third village, disenclosed for 5 years.
The socio-economic impact study, led near the populations of
Tantiaka, Tambiga and Fonghin made it possible to release considerable very
important positive aspects to the development of the villages, among which
improvement of the access to the care and education and increase in the flow of
the human and financial exchanges. Indeed, the presence of the track opens new
prospects in the social field. While making the infrastructures more easily
accessible, it contributes to the improvement of the services and the increase
in the frequentation of the latter, thus reducing in a significant way the
medical and school problems. The mobility generated by the presence of the
track influences the shifts in population before conferring on displacements a
lucrative and social goal little known. The economic impacts, as for them,
reveal the paramount part played by the track. The effects are inextricably
dependent. The possibility of routing of the inputs, of the productions and
articles of trade generates a dynamization of all the sectors which make the
economy of the villages contributing to the development of activities of
revenues and not only of food sufficiency.
Introduction
Les stratégies classiques de développement ont
longtemps orienté leurs actions sur le développement
économique visant à atteindre des objectifs de croissance
à long terme. Les investissements visaient à soutenir le
développement des industries des pays en voie de développement et
l'exportation des productions. C'était sans compter sur la
libéralisation du commerce mondial ne permettant pas l'écoulement
des matières premières et de la production industrielle encore
faible en Afrique. Et ceci car les pays développés n'ont pas
tenus leurs engagements de libéralisation dans les secteurs où
les pays en voie de développement détiennent des avantages, comme
l'agriculture ou les textiles. Au contraire l'accès des productions du
Sud aux marchés du Nord se trouve contré par les subventions
massives des exportations agricoles européennes et américaines. A
cela s'ajoute le maintien d'un certain protectionnisme à l'importation
pour protéger les producteurs des pays du Nord. L'approche d'un
développement à l'occidental est clairement condamnée
puisque les grandes puissances ne jouent pas le jeux du libéralisme
d'une part et d'autre part parce que l'on ne peut greffer un
développement quel qu'il soit sans tenir compte des
réalités économiques, sociales, politiques et culturelles
différentes.
La nouvelle ère du développement, amorcée
depuis les années 90, privilégie une approche participative de
l'aide dans l'idée du "faire avec" plutôt que de "faire pour". Il
s'agit maintenant de partir de l'expression locale des besoins et sur un mode
de partenariat avec les populations afin de garantir une "évolution
sociale positive". Ceci sous-entend la prise en compte de divers facteurs
culturels, économiques, techniques, psychologiques, sociaux et
écologiques propres à la zone d'intervention. Les
développeurs ont compris l'importance de partir des besoins et du savoir
local, et d'intervenir selon/dans une stratégie de transfert de
compétence afin de rendre leurs actions plus appropriables par les
populations receveuses mais aussi plus efficaces sur la durée.
Dans un souci de développement participatif et
pérenne, le programme Pistes Rurales - Désenclavement à
l'Est du Burkina Faso - (PrEst) - tente de pallier aux problèmes
liés aux transports en milieu rural. En effet, au Burkina, comme dans la
plupart des pays en développement, l'absence de routes rurales reliant
les villages, les zones de cultures et les marchés représente un
frein considérable au développement socio-économique des
régions concernées. Le programme PrEst s'inscrit dans une triple
perspective de développement car ses objectifs englobent non seulement
la problématique de la mobilité en zone rurale mais aussi le
transfert de la maîtrise d'ouvrage accompagné de la
création d'emploi et finalement le transfert de la gestion dans une
optique de décentralisation et de déconcentration.
PrEst a récemment terminé la première
phase de son programme. La présente évaluation des impacts
socio-économiques du programme, mandatée par PrEst, est
destinée à mettre en exergue les transformations induites sur le
milieu. Nous avons, en accord avec la structure d'accueil, décidé
de privilégier l'étude d'impact elle-même, c'est pourquoi,
les termes de références portant sur les disposition minimales
à prendre pour l'entretien des piste ou encore la participation de la
population au projet feront l'objet d'études à part.
Dans le cadre de l'évaluation des impacts
socio-économiques, nous nous attacherons à identifier l'influence
des pistes sur le développement des villages en ce qui concerne
l'accès aux services sociaux de base et les échanges commerciaux.
Nous avons identifié, en accord avec le programme, trois villages
d'études dont deux désenclavés par PrEst afin de mesurer
les impacts à court terme et l'un par une autre structure afin d'obtenir
les perspectives d'impacts sur le long terme. Nous partirons de
l'hypothèse que l'aménagement des pistes a des impacts aussi bien
positifs que négatifs sur la population. Cette étude vise aussi
à identifier des indicateurs pertinents d'évaluation d'impacts
socio-économiques et propose une méthodologie à la
structure, afin que cette dernière puisse, à l'avenir,
réitérer ce type d'évaluation.
Le premier chapitre de l'étude traite de la situation
de la région de l'Est du Burkina Faso. Ce détour descriptif donne
une vision claire des principales caractéristiques et difficultés
propres à la zone d'étude.
Le second chapitre se propose de présenter le programme
de Pistes rurales à l'Est. Il s'agira de mettre en évidence les
objectifs poursuivis, les moyens de mise oeuvre des actions et le rôle de
tous les acteurs en présence.
Le troisième chapitre développe l'approche
méthodologique appliquée à l'étude d'impacts
socio-économiques de l'aménagement de pistes rurales. Cette
partie annonce les indicateurs pertinents retenus et propose ainsi une marche
à suivre pour de futures évaluations.
Le quatrième chapitre, consacré à la
description des villages étudiés, nous permettra de situer
l'étude dans son contexte géographique, social et
économique. Nous y aborderons aussi les contraintes liées au
transport rural ayant justifié l'aménagement de pistes.
Le dernier chapitre présente l'analyse des informations
collectées sur le terrain. Cette analyse permettra de dégager les
possibles impacts sociaux et économiques d'un désenclavement
à court comme à long terme.
1 Présentation de la
zone d'étude : Est du Burkina Faso1(*)
1.1 Situation
géographique
La région de l'Est est limitée au Nord-Est par
le Niger, au Nord par la région du Sahel, à l'Ouest par la
région du Centre-Est et du Centre-Nord et au Sud par le Bénin et
le Togo. Elle couvre une superficie de 46'256 km², soit 1/5 du territoire
national burkinabé. Elle est subdivisée en 5 provinces - Gourma,
Gnagna, Tapoa, Kompienga et Komondjari et 27 départements.
Figure 1 Carte de la
région de l'Est du Burkina Faso

Source : PrEst
1.2 Situation physique
L'Est appartient au domaine phyto-géographique
soudanien avec des précipitations très variables en nombre de
jours de pluies comme en quantité d'eau (entre 900 et 1100mm / an),
aussi bien spatialement que dans le temps.
On trouve des zones de trois types de
végétation : la steppe, la savane et les forêts
constituées de galeries (Pendjari). La région abrite de
nombreuses réserves de faune et de Parcs nationaux couvrant les
provinces du Gourma, de la Kompienga, de la Komondjoari et de la Tapoa.
D'importantes ressources fauniques et halieutiques se situent dans les
provinces de la Tapoa et de la Kompienga.
Les principales rivières sont la Sirba, le Dakiri, le
Samboendi, le Manni et le Boudiéri mais aucune n'est pérenne.
1.3 Situation administrative
Le processus de décentralisation envisagé comme
l'axe fondamental d'impulsion du développement et de la
démocratie au Burkina Faso entend parvenir à
- un partage des pouvoirs, des compétences et des
ressources
- la création de collectivité
- consolider la démocratie, soutenir le
développement, la bonne gouvernance et lutter contre la
pauvreté
La loi portant sur l'organisation de l'Administration du
territoire prévoit deux niveaux de décentralisation et
quatre niveaux de déconcentration nationale.
Décentralisation
1. Constitution de 13 Régions avec un conseil
régional et un président du conseil régional
(élection en 2011).
2. Constitution de 450 à 500 communes dotées
d'un conseil communal et d'un maire. A ce jour, seules 5 communes urbaines ont
été crées (Pama, Fada, Diapaga, Gayeri et Bogandé),
les communes rurales étant planifiées pour 2005-2006. De plus, il
semblerait qu'à l'exception de Fada, les autres communes connaissent des
difficultés dans leur fonctionnement en raison d'une insuffisance de
moyens humains, matériels et financiers.
Déconcentration
1. Administration de la région par un Gouverneur de
Région désigné par l'Etat.
2. Administration de la province par un Haut Commissaire et sa
conférence des cadres.
3. Administration du département par un préfet
avec son conseil départemental.
4. Administration de village par un
Délégué Administratif Villageois assisté d'un
conseil de village.
Le processus de déconcentration n'est de loin pas en
place. Cependant depuis 2000, certains villages ont créé une
Commission Villageoise de la Gestion du Terroir (CVGT) qui fait office de
structure de base répondant aux préoccupations des populations.
Cette structure permet des regroupements inter villageois (CIVGT) essentiels
à l'organisation d'actions regroupant plusieurs villages telle que la
réalisation de pistes rurales.
1.4 Situation humaine et
sociale2(*)
La population de l'Est est estimée à 853'706
habitants selon le recensement général de la population et de
l'habitation de 1996. La densité de la population était de 17,4
habitants /km² avec un taux de croissance de 2,5%. Enfin le taux de
mortalité de la région atteignait 14,7%o et 125%o pour les
enfants de 0 à 1 an.
La pauvreté dans la région est passée de
56,5% en 1994 à 40,9% en 2003. Cette réduction, de 15,6 points,
s'explique par l'augmentation des revenus provenant de l'agriculture et de
l'élevage grâce à la multiplication des acteurs de la
société civile offrant un bon encadrement et une bonne
organisation aux paysans, ainsi que par l'introduction de la culture du coton
dans la région.
L'ampleur de la pauvreté demeure cependant importante;
elle se mesure à travers différents indicateurs.
L'indice de fécondité est
particulièrement élevé avec un nombre moyen d'enfants par
femme de 7,8. Ceci explique la structure de la population
marquée par une très forte proportion de jeunes de 0 à 14
ans (49%).
Le taux de scolarisation primaire et secondaire
demeure très bas. Il s'explique principalement par le manque
d'infrastructures scolaires ainsi que par l'emploi des enfants et
particulièrement des filles aux travaux agro-pastoraux et domestiques.
Figure 2 Taux de
scolarisation pour l'Est et au niveau national

Source : DRED, 2004
La couverture d'infrastructures sanitaires est encore
insuffisante, la région compte 5 districts sanitaires qui sont Fada,
Bogandé, Pama, Gayéri et Diapaga. Les principales maladies de la
région sont le paludisme, la méningite, les affections
respiratoires, les maladies diarrhéiques, les affections de la peau, des
yeux et bucco-dentaires ainsi que les parasitoses intestinales.
Le cadre de vie est marqué par la
précarité et l'habitat par un faible accès
à l'électricité et l'inexistence de système
d'évacuation des eaux usées. Les sources d'eau sont les
puits, les forages, les cours d'eau et le réseau d'adduction d'eau. En
2002 on ne comptait que 3'739 points d'eau soit 228 habitants par point d'eau.
1.5 Situation
économique
La population est essentiellement rurale, elle
représentait, en 2000, 81% de la population totale de l'Est.
L'agriculture contribue à 40% du revenu régional
des ménages. Les principales espèces cultivées sont le
mil, le maïs, le sorgho et le riz, suivie des cultures de rentes tels que
le coton, l'arachide, le soja et le sésame.
L'élevage contribue à 19% des revenus des
ménages. Les espèces élevées sont les bovins, les
ovins, les caprins, les porcins et la volaille.
1.6 La société
civile
On note un accroissement considérable de la
présence de la société civile dans cette région de
l'Est. De nombreuses ONG se sont implantées et oeuvrent pour le
développement rural, l'alphabétisation et la lutte contre le
Sida. Une estimation du nombre de projets et programmes dans la région a
été effectuée en 20033(*). Elle dénombra 25 projets en cours
d'exécution avec un investissement d'environ 20 milliards de FCFA.
La répartition des investissements principaux pour la
région se présente de la manière suivante :
Figure 3 : Répartition
des investissements par secteur

Source : Helvetas Burkina Faso, 2003
2 Programme de Pistes
Rurales à l'Est
2.1 Politiques de
développement en matière de pistes rurales
2.1.1 Le Burkina Faso
Les interventions en matière de pistes rurales et de
désenclavement s'intègrent à trois niveaux dans la
stratégie de développement du Burkina Faso :
· Le Cadre Stratégique de Lutte contre la
Pauvreté (CSLP). Selon son axe stratégique n°3, place la
mobilité et la création de richesse comme issues de
première importance. L'amélioration du transport en milieu rural
est considérée comme un des outils privilégiés de
développement socio-économique et de lutte contre la
pauvreté.
· La Stratégie Nationale du Transport Rural
(SNTR). Elaborée en 2003, cette stratégie vise
l'amélioration de la mobilité en milieu rural. L'absence et/ou la
mauvaise qualité du transport représente une des principale
contrainte au développement en ce sens qu'elle entrave le stockage et
l'écoulement de la production, le déroulement des
activités commerciales et l'accès aux services
socio-économiques confinant ainsi les résidents ruraux dans une
agriculture de subsistance, dans des conditions de vie précaires et
l'isolement.
Dans ce cadre, la Direction Générale des Pistes
Rurales, rattachée au
Ministère des Infrastructures, des Transports et de
l'Habitat est chargée de la
définition et de l'application de la politique en
matière de pistes rurales.
· Le processus de décentralisation et de
déconcentration en cours. Il représente l'axe fondamental
d'impulsion du développement et de la démocratie au Burkina Faso.
La constitution de Commissions Villageoises de Gestion du Terroir (CVGT)
préfigure et prépare les futures communautés locales.
2.1.2 La Suisse
Le programme de la Suisse au Burkina Faso se focalise
actuellement sur la lutte contre la pauvreté. Les axes prioritaires
définis dans le cadre du Programme par Pays (PpP) touchent le
développement local, l'éducation de base, l'appui à des
organisations socio-professionnelles, à l'artisanat, aux PME et
finalement à la décentralisation. Le Département du
développement et de la Coopération Suisse (DDC) intervient au
Burkina Faso selon un principe de subsidiarité, c'est-à-dire que
les interventions se concentrent uniquement sur les domaines que les
capacités locales existantes ne peuvent réaliser seules.
2.2 Présentation de
PrEst
2.2.1 Les acteurs principaux
Dans une optique de décentralisation, le programme
PrEst a été mis sur pied en 2002 avec comme finalité la
création dans la région d'un réseau de pistes de
proximité carrossables, gérées localement et de
façon durable. Il s'inscrit dans le cadre d'un accord bilatéral
entre la Suisse et le Burkina Faso.
Mandataire
L'ONG Helvetas Burkina Faso, mandatée par le programme
de la Coopération Suisse est chargé de l'exécution. Elle
assure la maîtrise d'oeuvre du programme, la coordination des
activités au niveau national et supervise les actions de la cellule
PrEst basée à Fada. Cette dernière est responsable pour
l'organisation, l'administration, la gestion et l'appui technique des
programmes de pistes dans les provinces du Gourma, de la Gnagna et de Tapoa.
Services techniques
Le programme travaille en étroite collaboration avec un
ministère de tutelle - le Ministère de l'économie et du
développement (MED) et un ministère technique
représenté par le ministère des infrastructures, des
transports et de l'habitat (MITH) dont dépend la Direction
générale des Pistes Rurales (DGPR) et le Cadre de Concertation
Technique Provincial (CCTP) chargé d'examiner les programmes et rapports
d'activités à l'échelle provinciale avant leur validation
au niveau régional.
Bailleur
La Suisse, de son côté, est
représentée au niveau du programme par le Bureau de coordination
de la DDC (BuCo) en tant que bailleur de fonds.
Comité de pilotage
Un comité de pilotage représente le dispositif
décisionnel. Il sert de cadre de concertation entre partenaires du
programme, qui se prononce sur le programme annuel proposé et statue sur
les textes fondamentaux qui régissent le programme. Il réunit les
partenaires institutionnels : BUCO, Helvetas, et l'ordonnateur national
(Direction Générale de la Coopération, du ministère
technique et de la société civile) et des représentants
locaux : administration, secteur privé et associatif, corporation
socio-professionnelles.
2.2.2 Les acteurs du terrain et
les étapes du programme
Mise en oeuvre des interventions
Ce sont les villages qui sont les promoteurs des projets
d'aménagement de pistes. Il leur appartient de soumettre à PrEst
un dossier présentant l'importance de l'aménagement de pistes
pour le village ainsi que leurs motivations.
Une fois la demande retenue, une équipe de trois
animateurs représentant l'Intermédiation Sociale du Gourma
(ISG)4(*) ainsi que les
ingénieurs du programme établissent le diagnostic conjoint. Ce
dernier comprend :
- une analyse socio-économique du village
- les caractéristiques et le transect sur le plan de
la piste
- l'analyse des sols et des contraintes de la piste permettant
de déterminer la faisabilité de la piste.
Sur la base du diagnostic conjoint, un projet de piste est
réalisé et soumis pour avis technique au Cadre de Concertation
Technique Provincial (CCTP). Si le projet est agréé, les
études d'avant projets détaillées (ADP) sont
lancées. Une fois la faisabilité technique confirmée, le
processus de réalisation de la piste peut alors être mis en
place.


Photographie 1 : Main
d'oeuvre sur les chantiers
Réalisation de la piste
L'intermédiation sociale du Gourma (ISG )
Durant toute la durée des travaux, l'ISG intervient
sous mandat pour des actions visant :
· à renforcer la citoyenneté au niveau
villageois
· à animer le processus d'appropriation du
programme en préparant les populations à se constituer en
comité villageois de pistes
· à animer le processus de mobilisation et de
gestion des contributions financières
· à recenser des ressources humaines et
matérielles disponibles
· à organiser la main d'oeuvre et la gérer
· à appuyer les formations théoriques en
HIMO
· à appuyer le développement du concept
d'entretien
· à orienter des initiatives villageoises vers la
coordination inter-villageoise
La cellule technique de PrEst
La cellule est composée d'un conseiller en
aménagement et entretien de piste et de trois techniciens et un
ingénieur. Ils assurent la maîtrise d'oeuvre du programme.
Ils ont pour tâche la gestion des chantiers, la
coordination et la supervision des travaux. Le suivi s'effectue au moyen de
rapports journaliers, de fiches de pointage, de listes de matériels et
de listes indiquant les effectifs mobilisés. Ce cadre technique est
aussi au coeur du transfert de compétences et la diffusion du concept
technique.
Figure 4 : Montage du
programme Phase 1

2.2.3 Approche
méthodologique du programme
Le programme travaille selon la méthode HIMO (Haute
Intensité de Main d'Oeuvre). Elle fonctionne selon le principe de
recherche action misant sur la combinaison optimale de main d'oeuvre, de petits
outillages et d'équipement afin de produire à un coût
minimum des infrastructures de qualité, de maximiser l'emploi tout en
favorisant la distribution des revenus dans les zones rurales et de contribuer
ainsi à lutter contre la pauvreté.
Sur le mode participatif, cette approche implique les
bénéficiaires à toutes les étapes de
réalisation de la piste. Elle permet aussi de répondre à
l'objectif de gestion locale et durable. Pour se faire des actions favorisant
le développement local et la décentralisation ont
été menées. Cette sensibilisation se traduit de
manière concrète par des actions visant la professionnalisation
par l'apprentissage pratique à tous les niveaux de la réalisation
et par l'encadrement de services d'appui. Dans cet optique des
chantiers-écoles ont été organisés ayant comme
objectif l'apprentissage pour les populations du savoir-faire technique
à travers la réalisation de pistes rurales. En favorisant de
cette façon la maîtrise d'ouvrage locale, le programme entend
parvenir à une maîtrise déléguée aux
collectivités locale.

A moyen ou à long terme, le transfert des
compétences devrait passer par des phases à responsabilisation
croissante, allant de la régie PrEst - en passant par une co-gestion des
contrats et des fonds - vers une auto-gestion accompagnée pour
finalement atteindre l'autonomisation des comités villageois de pistes
(CVP) et leur coordination au niveau inter-villageois.
Photographie 2 : Chantier-
école piste de Tantiaka
2.2.4 Objectifs secondaires
Le programme mène en parallèle des actions sur
des thèmes transversaux tels que :
· la pauvreté. PrEst a effectué une
étude portant sur la perception de la pauvreté dans
différentes communautés villageoises à l'Est.
· le genre. L'accent a été mis, lors des
diagnostics conjoints sur le concept de genre et de développement. Une
analyse détaillée se penche sur la place et les contraintes des
femmes dans l'agriculture, l'élevage, le commerce, l'appui
extérieur et finalement sur le plan des initiatives
organisationnelles.
· le VIH/SIDA. Le programme a mis sur pied un plan
d'action en matière de lutte contre le VIH/SIDA. Ce dernier s'adresse
à l'ensemble des collaborateurs, des prestataires et des
communautés villageoises. Les actions se traduisent par la distribution
de boîte à condoms, des rassemblements d'information et de
sensibilisation ainsi que la prise charge des frais médicaux en cas de
dépistage.
· la décentralisation et la démocratie.
· l'équité sociale
· la protection de l'environnement
2.2.5 Financement des programmes
de pistes
En plus de la contribution en investissement humain, la
réalisation du projet se fait en partenariat financier avec les villages
concernés, les bailleurs. Le principe du partage des coûts est
réglementé par le Ministère des Infrastructures, des
Transports et de l'Habitat (MITH) dans le "Manuel d'exécution de la
Stratégie Nationale du Transport Rural au Burkina Faso"(2003). Il
prévoit une répartition des investissements financiers en
infrastructures rurales de la manière suivante :
En règle générale, la part contractuelle
des bénéficiaires est plafonnée à 20'000 FCFA par
personne désenclavée. Le niveau d'investissement, comprenant les
travaux et le suivi technique doit se situer entre 5 et 7 millions FCFA par
kilomètre de piste. La participation de la population
bénéficiaire s'élève en règle
générale à 150'000 FCFA par kilomètre. De plus,
afin d'amorcer le processus d'entretien, un fonds d'entretien est alors
instauré. Ce dernier devrait permettre la viabilité du projet sur
2 à 3 ans.
2.2.6 La première phase du
programme
Réalisation et évaluation
La première phase du programme s'est
déroulée de juin 2002 à septembre 2004. Elle avait pour
objectif opérationnel de développer des mécanismes de
gestion rapprochée des questions de désenclavement consistant
à
· Mettre en place le dispositif du programme
· Tester son approche lors des premières
réalisations
Cette première étape test a permis la
réalisation de près de 17 km de piste dans la province du
Gourma.
Pistes achevées
- Tambiga à Diabatou 4,2 km
- Tantiaka à Diapangou 8,5 km
Pistes partiellement achevées
- Balaga à Nayouri 1,7 km / reste 6,5 km
- Boumwana à Tanwalbougou 2 km / reste 2,9 km
Figure 5 : Réalisation
et projets prévisionnels de Pistes Rurales

Source : PrEst
Un bilan externe, effectué en mars 2004, a permis de
valider le dispositif de PrEst. Le programme est reconnu et
apprécié des autorités politiques et administratives car
il a su s'intégrer rapidement dans son milieu et dans le cadre
stratégique du pays. Le concept technique poursuivi par PrEst selon une
approche "HIMO souple" - c'est-à-dire le recours à la Haute
Intensité de Main d'Oeuvre avec une utilisation minimale et intelligente
des moyens mécanisés - est considéré comme une
réussite.
3 Méthodologie
3.1 Site et orientation de
l'étude
Etant donné la mise en oeuvre très
récente du programme PrEst, une étude des impacts
socio-économiques à long terme de l'aménagement de pistes
n'est pas réalisable. Nous avons donc décidé de travailler
sur deux pistes du programme pour lesquelles nous avons étudié
les impacts socio-économiques immédiats et à court terme.
Il s'agit de la piste reliant Tantiaka à Diapangou et celle reliant
Tambiga à Diabatou, réalisées il y a 8 mois de cela. Afin
d'apporter une vision de ce que pourrait être les impacts à long
terme de tels aménagements, nous avons sélectionné la
piste reliant Fonghin à Tilonti d'une part car elle a été
réalisée en 2000 par FEER (Fonds de l'Eau et de l'Equipement
Rural - rattaché au Ministère de l'Environnement) et d'autre part
car une piste reliant Fonghin à Lioulgou est en prévision pour la
phase deux du programme PrEst. L'étude de ce village nous permettra de
dégager les impacts à long terme, conférant à
notre travail une vision des retombées socio-économiques
possibles selon la méthode HIMO (avec ou sans) et selon la phase de
désenclavement (pendant, juste après et quelques années
après).5(*)
3.2 Axes de recherche
Nos axes de recherche s'articulent sur les impacts
socio-économiques générés par les pistes
uniquement. L'environnement socio-économique pouvant être
modifié par d'autres facteurs que l'aménagement de pistes, nous
nous sommes informés auprès de l'Intermédiation Sociale et
des villageois de la présence récente d'éventuels projets
d'aide au développement et de leurs actions. De plus, nous avons
porté une attention particulière à articuler nos
enquêtes selon les deux axes suivants :
· La situation avant les pistes
· La situation après les pistes
? Pour chaque changement observé, nous avons pris soin
de chercher à savoir quels en étaient les éléments
explicatifs.
3.3 Identification et
justification des variables
Pour conduire cette étude, nous avions initialement
définis un ensemble très large de variables (10) et d'indicateurs
(40). L'enquête de terrain a permis de retenir 6 variables sociales
comportant 16 indicateurs et 3 variables économiques comportant 7
indicateurs que nous avons jugés pertinents pour l'analyse des villages
désenclavés. L'ensemble des variables socio-économiques a
pu révéler des résultats intéressants. Cependant,
une variable ainsi que certains indicateurs se sont
révélés inutiles ou n'ont pas indiqué de
changements suite à la piste. S'ils n'ont pas permis d'obtenir de
résultats lors de la présente étude, il n'est pas
impossible qu'ils puissent mettre en évidence certains changements dans
d'autres cadres d'étude ou à long terme. Il s'agit des
indicateurs se référant aux variables suivantes :
Santé
Qualité de l'offre. Elle se mesure à travers le
niveau de formation des agents de santé, le nombre d'agents en fonction
de la population affiliée au centre et l'état de salubrité
des infrastructures.
Bouleversements sociaux
Cette variable n'a pu être vérifiée car de
tels changements mettent un certain temps à produire des effets. Ils se
traduisent par une modification des normes et des valeurs
véhiculées dans la société, du rapport entre
modernité et tradition que l'on peut déceler par l'apparition de
conflits intergénérationnels. On peut aussi percevoir, une fois
l'aménagement d'un réseau de pistes, une uniformisation
régionale qui peut être perçue par l'adoption de nouvelles
règles sociétales ou de nouveaux modes de fonctionnement. Il est
aussi possible qu'à long terme la multiplication des comités et
groupements au sein d'un village créant ainsi de nouveaux cercles
d'influence en vienne à modifier le système de pouvoir. Nous
avions également émis l'hypothèse de voir apparaître
des modifications de confessions et pratiques religieuses, explicables par un
certain brassage des populations.
Justification des variables retenues
Pour évaluer l'impact social de l'aménagement de
pistes sur la vie des villageois, 5 variables qui nous semblent être des
plus pertinentes ont été retenues. La santé,
l'éducation, la dynamique sociale, la qualité de vie, le
mouvement des populations et enfin l'aide au développement sont des
variables susceptibles de démontrer un changement des comportements des
populations induit par la piste. Voici une explication de la pertinence des
indicateurs sur les différentes variables retenues.
Santé
L'accessibilité aux centres de santé en terme de
déplacement mais aussi en terme financier représente un
changement de la fréquentation induit par la piste. Les résultats
observés au travers des indicateurs de transport, d'accès
financiers ou encore de fréquence des campagnes de
prévention/sensibilisation peuvent être révélateurs
d'une amélioration de la situation sanitaire des villages.
Education
Les indicateurs tels que le transport et l'accès
financier peuvent déterminer la fréquentation des infrastructures
scolaires. L'étude de ces indicateurs permet d'observer une augmentation
du taux de scolarisation mais aussi une amélioration de la
qualité de l'enseignement.
Dynamique sociale
La dynamique sociale d'un village peut se trouver
considérablement modifiée par l'aménagement d'une piste et
révéler des effets aussi bien positifs que négatifs. Les
indicateurs identifiés portent sur les relations avec
l'extérieur, la mobilité, la communication, la cohésion
sociale, les conflits, la dynamique collective et les pratiques
socio-culturelles.
Qualité de vie
L'ouverture vers d'autres marchés, une
éventuelle augmentation des revenus liés au développement
des activités économiques ainsi que la mobilité sont
autant d'éléments influant sur la qualité de vie des
populations. Les indicateurs à retenir sont l'enrichissement
perçu à travers l'acquisition de nouveaux biens et le sentiment
de sécurité permettant une mobilité plus libre. La
perception que le village entretient de lui-même doit aussi être
mesurée afin de déceler un éventuel sentiment de
valorisation induit par le désenclavement.
Mouvements de population
La facilité d'accès au village ainsi que les
salaires générés par la méthodes HIMO sont des
éléments découlant de la piste qui ont une influence
très importante sur le flux des populations. Il s'agit d'étudier
l'évolution de l'exode rural, de l'immigration et de l'émigration
pour s'en rendre compte.
Aide au développement
La présence de projets de développement dans un
lieu donné est parfois perçue comme une condition d'intervention
pour l'aide au développement car elle peut témoigner d'une
volonté de développement d'un village. La présence d'une
piste confère en outre une facilité d'acheminement de l'aide et
peut par là-même jouer le rôle d'un facteur incitatif de
développement.
Les impacts économiques, quant à eux, se
mesurent à travers les différentes activités des
populations. Les variables retenues sont donc l'agriculture, l'élevage
et le commerce.
Agriculture
La principale contrainte rencontrée par les
agriculteurs, générée par les facteurs physiques et
climatiques, réside dans le rendement de la production. Les indicateurs
portant sur l'introduction de nouveaux intrants, la variation de la
quantité produite, la diversification des cultures ainsi que le
transport de la production permettent de mesurer l'influence de la piste sur le
développement du secteur agricole et par là même
d'envisager la possibilité d'étendre cette activité de
subsistance à une activité économique. Ils permettent
aussi de percevoir une modification des habitudes alimentaires et une
amélioration de la qualité nutritionnelle.
Elevage
L'élevage constitue dans cette région de l'Est,
une activité très développée qui s'explique par la
situation de proximité avec le Bénin, le Niger et le Togo. Le
marché de Fada est d'ailleurs un point de commerce de bétail
très important. La facilité d'acheminement d'intrants et de
transport ou de déplacement du cheptel en direction de villages
pratiquant le commerce du bétail ou en direction de Fada constitue un
indicateur de développement de l'activité commerciale qui se
vérifie par une éventuelle augmentation du cheptel et
l'élevage de nouvelles espèces. D'une manière
générale ces éléments constituent des indicateurs
pertinents pour percevoir l'augmentation des richesses et des revenus des
populations.
Commerce
L'amélioration du transport en milieu rural est
considérée comme un outil de développement
économique. La facilité d'acheminement des marchandises vers les
différents marchés peut être un facteur influent sur le
taux d'activité ainsi que la quantité et la diversification de
l'offre générant par la même occasion une variation de
l'affluence de la clientèle.
Tableau synthétique de l'ensemble des variables et
indicateurs analysés :
Les variables sociales
Variables
|
Indicateurs
|
Santé
|
· Transport : distance et durée de
déplacement
· Accès financier
· Variation de la fréquentation des infrastructures
sanitaires
· Variation des fréquences des actions de
prévention et de sensibilisation
· Introduction et/ou développement de nouvelles
maladies
|
Education
|
· Transport
? distance et durée de déplacement
· Accès financier
? Inscriptions - fournitures
· Variation de la fréquentation des
établissements scolaires
· Qualité de l'enseignement
|
Dynamique sociale
|
· Contacts avec extérieur :
? changement dans les rapports aux personnes extérieurs
? mobilité
· Communication et information :
? accès aux informations ( officielles et informelles)
?échange des courriers
· Cohésion sociale
? changement dans les rapports des villageois
· Dynamique collective
?présence de nouveaux groupements
· Conflits
?émergences des conflits villageois et inter -
villageois
· Pratiques socio culturelles :
? variation du nombre et du type de fêtes ;
? mariages coutumiers et religieux
|
Qualité de vie
|
· Nouveaux produits/Enrichissement
? accès financier aux biens de luxe
? disponibilité de nouveaux produits
· Sécurité
? contraintes liées à la
sécurité
? sentiment d'insécurité lors des
déplacements
· Valorisation /Satisfaction
? perception du village par lui même
? perception du village par rapport à d'autres villages
enclavés
|
Mouvements de population
|
· Variation de la tendance à l'immigration
? raisons et nombre de personnes nouvellement installées
dans le village
· Variation de l'exode rural sur la population jeune et
active
? raisons et nombre de départs saisonniers
· Variation de la tendance à l'immigration
? raisons et nombre de départs définitifs
|
Aide au développement
|
· Mise en oeuvre d'actions de développement
? influence de la piste en tant que facteur incitatif
? influence de la piste en tant que facteur facilitant la
faisabilité
|
Variables économiques
Variables
|
Indicateurs
|
Agriculture
|
· Accès aux intrants
· Variation de la quantité de production
(rendement)/Moyen de production
· Espèces cultivées
· Diversification des cultures
· Transport de la production
|
Elevage
|
· Accès aux intrants :
? fourrages, foins, spai .../Prix
? soins vétérinaires ( fréquence des
visites/Prix)
· Variation quantitative du cheptel
· Espèces élevées / Diversification des
espèces
· Transport du bétail
|
Commerce
|
· Activité/Offre
· Transport (dont nouveaux moyens)
· Affluence de la clientèle/Ecoulement
· Diversification des produits
|
Figure 6 : Tableau
synthétique des variables et indicateurs
3.4 Méthode d'enquête
Nous avons utilisé la méthode active de
recherche participative (MARP) avec l'outil de triangulation qui consiste
à recueillir les points de vue de différents groupes cibles sur
une même question et à tirer une conclusion issue du croisement
des données ainsi obtenues. Pour conduire cette étude, nous avons
procédé, dans un premier temps, à des recherches
documentaires auprès de :
· l'Institut de Recherche en Développement,
(IRD)
· l'Institut National de la Statistique et de la
Démographie, (INSD)
· l'ONG Ile de Paix (cette dernière mène
actuellement des actions de développement dans les villages de Tantiaka
et de Fonghin)
Dans un deuxième temps, nous nous sommes entretenus
avec différents acteurs et partenaires au programme afin de comprendre
quel était leur rôle et d'appréhender leur vision du
programme Il s'agissait de :
· l'ONG Helvetas chargée de l'exécution du
projet
· de la cellule PrEst
· de l'Intermédiation Sociale du Gourma, (ISG)
· du Fonds de l'eau et l'équipement rural,
(FEER)
· de la Direction Générale des Pistes
Rurales, (DGPR)
· de la Direction Régionale de l'Economie et du
Développement, (DRED)
Dans un troisième temps, nous avons effectué une
immersion de trois jours dans chacun des villages. Nous y avons mené des
discussions de groupe ainsi que des entretiens de type semi-directifs
individuels nous permettant de confronter les données recueillies. Nous
avons également collecté un certain nombre d'information à
travers différents échanges informels qui ont favorisé la
création d'un climat de confiance.
Nous avons constitué un guide d'entretien commun
cherchant à vérifier nos indicateurs sociaux. Pour ce qui est des
indicateurs économiques, nous avons établi un guide d'entretien
spécifique à chaque catégorie
socio-professionnelle6(*)
(Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants)
3.5 Echantillonnage
Nous avons mené des discussions de groupe (10 à
25 personnes)7(*) avec :
· Les agriculteurs
· Les éleveurs
· Les femmes
Nous avons mené des entretiens individuels (une
à trois personnes maximum) avec :
· Le chef du village
· La direction de l'école
· Les agents de santé
· Le comité villageois de piste (CVP)
· Le comité villageois de gestion du terroir
(CVGT)
· Les commerçants
Les trois villages ne bénéficiant pas des
mêmes infrastructures, nous n'avons pu interroger l'ensemble de notre
échantillonnage dans chaque village. Voici un tableau des entretiens et
discussions menés par village :
Tantiaka
|
Tambiga
|
Fonghin
|
Chef du village, CVGT, CVP, Direction de l'école,
Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants, Femmes
|
CVP, Délégué, Direction de l'école,
Agent de santé, Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants, Femmes
|
Chef du village, Direction de l'école, Agriculteurs,
Eleveurs, Commerçants, Femmes
|
3.6 Grille
méthodologique
Points principaux
|
Indicateurs
|
Interlocuteurs
|
Outils d'enquête
|
Présentation du programme et de la zone d'étude
|
Objectifs et fonctionnement du programme PrEst
|
Direction d'Helvetas,
Coordonnateur et techniciens PrEst, animateurs de l' ISG
|
Entretiens libres, discussions, documentation reçue
|
Déterminer la zone d'étude
|
Techniciens de PrEst, Directeur de la DGPR, FEER
|
Entretiens libres, discussions,
Documentation reçue
|
Impacts/Effets sociaux
|
Santé
|
Villageois
CSPS de proximité
|
Entretiens selon guide,
Entretiens libres
|
|
Education
|
Villageois, direction de l'école
|
Entretiens selon guide
|
|
Dynamique sociale
|
Villageois
|
Entretiens selon guide
|
|
Niveau de vie
|
Villageois
|
Entretiens selon guide
|
|
Aide au développement
|
Villageois,
Ile de Paix
|
Entretiens selon guide
|
|
Mouvement de populations
|
Villageois
|
Entretiens selon guide
|
Impacts/ Effets économiques
|
Agriculture
|
Groupe des agriculteurs
|
Discussions de groupe/documentation
|
Elevage
|
Groupe des éleveurs
|
Discussions de groupe/documentation
|
Commerce
|
Commerçants, Petits commerçants, Responsables du
marché au bétail
|
Entretiens individuels
|
3.7 Limites de la
méthodologie
Certaines limites d'ordre méthodologique doivent
être soulevées.
Difficultés liées à la collecte
d'information
Le nombre élevé de personnes présentes
lors des entretiens de groupe a pu susciter la réserve de certains
villageois qui ne se sont pas exprimés librement (notamment les jeunes
en présence des plus âgés). A cela s'ajoute, une certaine
réticence à parler de certains sujets délicats notamment
pour tout ce qui a trait à la fortune, au revenu et aux maladies
infectieuses (VIH Sida).
Les informations sur la situation avant piste sont difficiles
à obtenir et à vérifier sur le terrain. Bien que nous
avons pu obtenir certains chiffres (production agricole en tonne, nombre de
têtes de bétail,...), nous émettons cependant certaines
réserves quant à leurs exactitudes car nous y avons trouvé
de nombreuses incohérences.
Une étude quantitative chiffrée permettant de
comparer la situation avant et après piste aurait été
bienvenue et un excellent outil de travail mais est malheureusement
extrêmement difficile lors d'enquêtes auprès de populations
rurales.
Difficultés liées au recours aux
interprètes
Les interprètes à notre disposition, bien que
parlant couramment français et dotés d'une réelle bonne
volonté, peuvent ne pas avoir restitué exactement ce qui a
été dit par les villageois. Le souci de simplification qu'ils
avaient parfois peut nous avoir privé d'informations précieuses.
Une certaine censure de leur part ne peut, hélas, pas être exclue.
De plus, pour certains interlocuteurs les enquêteurs durent effectuer une
double traduction : Français-Gourmantché-Moré. Nous
imaginons facilement combien la question peut ne pas avoir été
posée de la manière voulue et la réponse obtenue
différer de ce qu'elle était.
Réponses biaisées
Certaines réponses à nos questions semblent ne
pas être le reflet de la réalité mais clairement
politiques. Un discours formaté était parfois de mise :
vanter les avantages de la piste afin d'encourager la réalisation du
réseau prévisionnel de PrEst. L'étude ayant
été annoncée par l'ISG et notre arrivée dans des
véhicules portant l'emblème d'Helvetas nous priva d'une
neutralité précieuse. De plus, le fait d'être des
étrangers posant des questions en lien avec le développement,
nous avons d'emblée été assimilés par les
villageois à des personnes qui pourraient leur venir en aide. Ceci les a
probablement poussés à répondre ce qu'ils pensent
être la bonne réponse afin d'encourager une nouvelle aide
extérieure. Les longues concertations qui pouvaient avoir lieu entre eux
lors des entretiens de groupe portaient peut-être sur la mise en accord
de ce qu'était la bonne réponse à cette fin.
4 Description des villages
d'étude et justifications des projets de piste
4.1 Tantiaka
4.1.1 Situation
géographique
Tantiaka est situé sur un relief plat, au Nord-Est de
Diapangou (9 km) sur l'axe Fada - Ouagadougou, au Sud-Ouest de Balga (6 km) et
à l'Est de Tibga le chef lieu du département de Diapango (7 km).
Il se situe à 27 km de Fada.
4.1.2 Situation
démographique8(*)
Le village compte plus d'une centaine de concessions dont 288
ménages. La population, suivant le recensement de 1996, s'élevait
à 1'458 habitants dont 669 hommes et 789 femmes. Le calcul de la
population pour 2004 en fonction du taux de croissance de 2,15% donne les
effectifs suivants : 1'732 habitants dont 795 hommes et 937 femmes. Selon une
estimation effectuée par l'ISG en 2004, la population active
représente 693 personnes.
Les ethnies peuplant le village sont essentiellement
composées d'agro-pasteurs gourmantchés (les autochtones) et
mossis ainsi que d'éleveurs peuhls.
4.1.3 Situation sociale
Le village de Tantiaka dispose de six forages fonctionnels
gérés par le comité de gestion villageois des forages
(CVGF), de trois centres d'alphabétisation en Gulmu, d'une école
de trois classes allant du CP1 au CM2 ainsi que d'une chapelle et d'une
mosquée.
4.1.4 Situation
économique
L'économie du village est principalement tournée
vers le commerce, les activités agricoles et l'élevage.
L'agriculture se pratique dans un environnement marqué
par une pluviométrie peu abondante (900 à 1'100mm/an), des sols
fragiles (gravillonnaires, sablo-argileux) rendant l'activité
relativement difficile. On y pratique une agriculture de type extensif
composée principalement de sorgho, mil, riz et maïs et de cultures
de rente tels l'arachide, le sorgho rouge et le sésame. Les moyens de
production y sont très peu mécanisés et tous les efforts
de travail sont canalisés pour la réalisation de l'autosuffisance
alimentaire de la famille.
L'élevage est une activité qui procure plus de
revenu monétaire que l'agriculture. Il constitue une caisse
d'épargne et d'assurance en cas de nécessité. Le cheptel
est composé de bovins, de caprins, d'ovins et de volaille.
L'élevage dans ce village semble très emprunt de
considérations sociales - la possession de bête est en quelque
sorte synonyme de prestige et de richesse. Ces considérations sont
probablement liées à la présence d'un marché de
bétail.
Un marché a lieu tous les trois jours en rotation entre
Tibga, Diapangou et Tantiaka. Un marché de bétail a lieu en
parallèle au marché à proprement dit. Le marché du
village est un important facteur économique de par son niveau de
fréquentation et le volume des échanges notamment en ce qui
concerne la transaction de petits ruminants. On observe également la
présence d'un commerce informel, basé sur l'achat et la revente
de produits manufacturés (pièces détachées pour
vélo, motos, lampes de poche, ampoules, savons etc...). Le commerce des
femmes est tourné vers la vente de produits agricoles transformés
tels que le dolo, le soumbala, le tô ou les beignets. L'artisanat est une
activité très peu pratiquée au village. On trouve
uniquement quelques tisserands.
4.1.5 Justification du projet de
piste
Jusqu'alors, pour accéder à la route
bitumée à Diapangou, aucune piste de praticabilité
permanente n'existait. La voie directe reliant Tantiaka à Diapangou est
caractérisée par un sol de nature argileuse et elle est
traversée par des zones inondables, responsables de nombreux
ravinements, isolant totalement le village en saison pluvieuse.
La population de Tantiaka se démarque par son dynamisme
de développement. Des mesures collectives d'aide et de
développement du village sont menées par différents
groupements socio-professionnels et comités9(*) tels que la réalisation
de sites anti-érosifs sur les champs collectifs, la plantation d'arbres
de reboisement dans le village, ou encore l'organisation de campagne
d'alphabétisation.
Le projet émane d'une volonté locale. Les
porteurs du projet sont le chef du village sa majesté Yentagma, ses
conseillers, le représentant administratif du village (RAV) ainsi que la
représentante des femmes.
Selon l'expression des besoins de développement des
différents groupes sociaux au moment du diagnostic conjoint,
l'aménagement de pistes rurales destinées à
désenclaver le village figure parmi les premières
préoccupations des villageois puis vient la construction d'une retenue
d'eau et d'un poste de santé primaire. La population s'est
montrée déterminée à résoudre son
problème d'enclavement. Jusqu'alors elle menait tant bien que mal des
actions d'entretien de la voie consistant à l'empierrement des passages
d'eau et au rechargement de latérite sur les tronçons de piste
à terre argileuse. Il a cependant été confirmé lors
de l'étude technique que si aucune action n'est entreprise dans le court
terme, le degré d'endommagement sera hors de portée de toute
action d'entretien local.
Cette préoccupation liée au
désenclavement est principalement justifiée par les
activités commerciales des villageois. En effet, Tantiaka fait partie
d'un réseau de flux commerciaux relativement important où Fada
joue le rôle de centre et Diapangou le rôle de relais.
Le projet prévoit en outre l'aménagement de deux
autres pistes lors de la deuxième phase allant de 2005-2007. Il s'agit
des axes Tantiaka - Tibga (chef lieu du département et accès au
CSPS et au marché) et Tantiaka - Balga (voie commerciale et
amélioration des liens familiaux).
Figure 7 : Réseau de
Balga

Source: PrEst, conseiller technique Olivier
Siegenthaler
4.2 Tambiga
4.2.1 Situation
géographique
Le village de Tambiga est situé à 27 km de Fada
N'Gourma. On y accède par la Nationale n° 18 (route
Fada-frontière du Bénin). Après la bifurcation au
kilométrique 125, le village est situé 4.2 km à l'Est de
la voie bitumée.
4.2.2 Situation
démographique10(*)
Tambiga n'a jamais cessé, depuis sa fondation en 1958,
d'être une zone de forte immigration. Le village reçoit des
populations de la province du Kouritenga et de la Gnagna à la recherche
de terres de culture, à raison de 100 personnes par an en moyenne. En
2003, on y comptait 718 hommes et 753 femmes, soit un total de 1'471 habitants.
Tambiga n'est pas un village administratif et son chef réside dans un
autre village.
Trois ethnies sont dominantes : les gourmantchés
autochtones, les mossis migrants de la région de Koupéla et les
peuls venus de toutes les directions.
4.2.3 Situation sociale
Tambiga dispose depuis 1998 d'un poste de soins primaires
(PSP). On y traite le paludisme léger, la tou, les maux de ventres et
diarrhées, les vomissements, les plaies et les conjonctivites. La
maternité qui y est annexée s'occupe des accouchements, de la
pesée des enfants ainsi que de la sensibilisation (hygiène
corporelle et prévention). Ce PSP devrait être étendu et
acquérir la dénomination de centre de santé et de
promotion sociale (CSPS) durant l'année 2005, sous financement
français. Le CSPS le plus proche actuellement en fonction se trouve
à Natiaboani (22km).
Tambiga dispose de deux classes, une de niveau CP 1 et la
seconde de niveau CP 2, qui accueillent 81 enfants de 5 à 12 ans dont 47
garçons et 34 filles (6 proviennent de Payegou et 1 de Boungou).
L'ouverture du CP remonte à janvier 2002, mais ce n'est
qu'à partir de 2003 que les élèves peuvent disposer du
premier bâtiment et 2004 pour le second. Faute d'enseignants et de
locaux, le gouvernement burkinabé demanda à ce que les 27
élèves (100%) qui avaient terminé le CP 2 en 2004 soient
recalés. L'enseignant du CP 2, afin de ne pas effectuer strictement le
même programme que l'année d'avant, prend un peu d'avance et
qualifie le niveau enseigné de CE 1, mais se voit confronté
à un nouveau problème : les élèves du CP 1 ne
peuvent pas passer au CP 2 puisque leur niveau pratique est trop avancé.
Un nouveau bâtiment hébergeant un CE 1 et 2 va être
construit en été 2005 sous financement conjoint entre la Suisse,
la France et le Burkina Faso.
4.2.4 Situation économique
La population du village pratique une agriculture
itinérante axée sur un système extensif sur brûlis,
avec des jachères de plus en plus courtes compromettant ainsi la
restauration naturelle de la fertilité des sols. Les espèces
cultivées sont surtout les céréales, bien que les cultures
de rentes soient en progression. Le secteur agricole est sous
équipé et l'adoption des techniques modernes de production (semis
en lignes, application de fumures minérales sur coton) reste faible. La
pédologie des sols est caractérisée par la présence
de sols bruns noirâtres, de structure limo-sableux, qui se prêtent
à la cultures céréalière, tout
particulièrement du sorgho. Il existe également dans les
dépressions de terrain des sols argileux temporairement inondés
favorisant les cultures. Il y a enfin des sols gravillonnaires qui permettent
une exploitation saisonnière en arachide et en mil. Les sols du village
de Tambiga, malgré des signes évidents d'épuisement, sont
moyennement fertiles et productifs.
Tambiga est une zone pastorale importante. L'élevage
extensif qui y est pratiqué procure à la population des revenus
substantiels lui permettant de compenser les besoins en céréales
pendant les périodes de soudure. La flore herbacée est peu riche
mais certaines essences sont très adaptées pour les animaux. Le
village est traversé dans sa partie nord par un seul cours d'eau :
le Tabougou. Son écoulement est irrégulier et il se réduit
à des chapelets de mares sur le long de son parcours dès la fin
de la saison des pluies. Ces mares s'assèchent dès le mois de
mars.
Aucun marché ne se tient à Tambiga. Les
villageois se rendent régulièrement à celui de
Nagré (7km). Seuls trois boutiques existent dans le village.
4.2.5 Justification du projet de
piste
Le trajet à parcourir depuis Tambiga afin de rejoindre
Diabatou et la voie bitumée était difficile avant la
réalisation de la piste, et ce particulièrement durant la saison
des pluies. Le rapport sectoriel de diagnostic socio-économique
décrit ainsi la situation avant piste :
« Le réseau hydrographique y a laissé
son emprunte. L'entaille laissée par le cours d'eau est difficile
à franchir, particulièrement en saison pluvieuse où
l'écoulement des eaux est important. Le corollaire dans ce cas est
l'embourbement des véhicules qui s'y aventurent. La présence
d'argile collante sur des tronçons de la piste entrave aussi la
circulation. Il s'agit de formations naturelles que le tracé de la voie
n'a pas contourné. Elles rendent la piste glissante et des mottes de
terre s'agrippent aux roues des engins et véhicules. »
L'ensemble de ces informations nous ont été
confirmées par les villageois, qui n'ont pas manqué d'y ajouter
les problèmes de confort (secousses, mauvaise visibilité) et les
dépenses financières (crevaisons, pannes, roues cassées,
détérioration générale de l'engin).
Néanmoins, il était toujours possible aux
villageois de rejoindre Diabatou, et ce même au moyen de charrettes. La
distance à parcourir, de 4.2 km, n'est pas suffisante pour rendre ce
trajet particulièrement périlleux, voir impossible à
réaliser. L'aménagement de la piste a toutefois été
effectué afin de l'inscrire dans un réseau. La phase 2 du projet
PrEst prévoit de relier Tambiga à Boungou, Boungou à
Nagré, à Kodjonti ainsi qu'à Payégou,
Payégou à Kikideni.
La présence d'un PSP et de 5 groupements et
associations11(*)
fût perçue par le projet PrEst comme la marque d'un certain
dynamisme villageois. Il s'agit là probablement de la principale raison
qui motiva le projet à retenir ce village. La demande ne venait pourtant
pas de la population mais de l'ADCV (Association pour le Développement
des Communautés Villageoises), une petite association de faible
envergure dirigée par une religieuse française.
L'axe le plus fréquenté est celui allant de
Tambiga à Nagré, où se trouve le marché le plus
proche. Afin de s'y rendre, les habitants de Tambiga préfèrent
prendre au plus court à travers brousse plutôt que d'emprunter la
piste et d'effectuer un détour via Diabatou (environ 7 km au lieu de
11), et ce même en moto. La piste sera plutôt empruntée si
des marchandises lourdes doivent être transportées.
Si la piste profite incontestablement aux habitants de
Tambiga, elle ne doit pas pour autant être considérée comme
un facteur révolutionnaire de la vie du village. Ses habitants ne l'ont
d'ailleurs jamais vu comme tel, même au stade de l'avant piste. Lors
d'une enquête de l'ISG, il est ressorti que pour la majorité des
villageois la construction d'une piste est une priorité qui doit
être reléguée au dernier plan, après un forage, du
matériel agricole, l'accès au crédit, un moulin, un
périmètre maraîcher.
De plus, "Il faut noter qu'au niveau de Tambiga, l'information
et la sensibilisation développées autour de la nouvelle approche
du désenclavement des villages a été accueillie avec
réserve. Ce qui est normal pour une communauté habituée
à recevoir et toujours attentiste. "12(*)
Figure 8 : Réseau de
Tambiga

Source: PrEst, conseiller technique Olivier
Siegenthaler
4.3 Fonghin
4.3.1 Situation
géographique
Fonghin est situé à 45 km de Fada dans le
département de Diapangou. Le village est limité au nord par
Tilonti et Maoda, au sud par Tiougou, à l'Est par Louargou et
à l'ouest par Diabo.
Figure 9 : Piste Fonghin -
Tilonti

Source: PrEst, conseiller
technique Olivier Siegenthaler
4.3.2 Situation
démographique 13(*)
Le village compte une population de 2'929 habitants pour 418
ménages installés dans 13 quartiers. Elle est composée des
zohosés en majorité, les peuhls et les mossis. Au regard de ces
chiffres chaque ménage compte en moyenne 7 personnes. Sur le plan
administratif, Fonghin est géré par un responsable administratif
villageois (RAV).
4.3.3 Situation sociale
Les infrastructures sociales au niveau de Fonghin sont
très limitées. L'enquête à permis de
dénombrer une école de trois classes correspondant à six
niveaux, trois forages dont deux fonctionnels, une mosquée, une petite
église et un centre d'alphabétisation.
4.3.4 Situation
économique14(*)
Les principales activités économiques sont
l'agriculture, l'élevage et le commerce; on note aussi la
présence de quelques artisans.
L'agriculture, qui occupe plus de la moitié de cette
population, est dominée par la culture du mil, du sorgho, du maïs
et du riz. La culture du riz est possible grâce aux nombreux bas-fonds
présents sur le terroir. La culture du coton et la culture
maraîchère viennent de faire leur rentrée. En plus de ces
cultures, s'ajoute d'autres cultures comme le sésame, le soja, la
patate, et le manioc. Les types de sols rencontrés sont
hydromorphes, latéritiques et sablonneux et donc relativement favorables
à l'agriculture. Il faut noter aussi que la végétation est
de type savane arborée claire, dont les principales espèces
rencontrées sont le karité, le tamarinier, le baobab, le
néré, le nime et les eucalyptus. Cette végétation
est en proie à une dégradation accrue dont les principaux
facteurs sont les techniques culturales du type traditionnelles avec le
défrichement anarchique et les feux de brousse. Il faut signaler aussi
l'ébranchement des arbres et arbustes pour les animaux.
Fonghin est une zone propice à la production animale
compte tenu de la disponibilité du fourrage le long de nombreux bas
fonds qui traversent le village. Le cheptel est composé de bovins,
d'ovins, de caprins et de volailles.
Les équipements commerciaux sont les marchés
traditionnels autour desquels gravitent quelques boutiques (au nombre de 15
à 20) et les points de vente des détaillants. Dans la
région, les marchés ont lieu chaque trois jours à des
dates différentes de sorte que pratiquement tous les jours de la semaine
les commerçants vont de village en village pour vendre ou pour
s'approvisionner. Les principaux marchés fréquentés par
les habitants de Fonghin sont les suivants : Diabo, Diapangou, Fada,
Tantiaka, Tibga et d'autres villages environnants. Le commerce porte sur
l'achat et la vente des produits ci-après : friperies,
pièces détachées de vélos et motocyclettes,
pétrole, sucre et les semences qui sont les affaires des hommes. La
vente de la bière de mil et des beignets reste le domaine des femmes.
Les principaux produits agricoles vendus sont le bétail, le sorgho
rouge, le riz et le mil.
Sur le plan artisanal on dénombre dix tisserands et
quelques forgerons.
4.3.5 Justification du projet
Lors du diagnostique participatif, il est ressorti que ce
village regorge de nombreuses ressources dont l'exploitation contribuerait
à améliorer la situation socio-économique de la
population. Avant le désenclavement, l'évacuation du surplus de
la production vers les marchés et l'approvisionnement en intrant pour
les éleveurs et les producteurs était relativement difficile.
Sur le plan social l'absence totale d'infrastructure
routière ne permettait pas l'accès au marché de Fonghin
par les clients externes aux villages. A cet effet, les habitants ou clients
étaient obligés de se créer des chemins.
Au regard des informations collectées lors du
diagnostic et des analyses qui en ont résultées, il est facile de
conclure que les populations de Fonghin avaient placé leur
désenclavement comme priorité.
Les habitants de Fonghin avaient prouvé leur dynamisme
et leur capacité à participer activement à la
réalisation des projets de développement identifiés par le
FEER. Ils avaient eu aussi à participer financièrement à
la réalisation des premiers équipements (acquisition par achat
direct du matériel agricole) par presque toutes les exploitations ce qui
a témoigné de leur équilibre financier.
L'intervention du FEER était nécessaire afin
d'accompagner les populations dans la réalisation de leurs projets dont
les plus prioritaires étaient :
· Le désenclavement
· Les questions de santé (infrastructure
sanitaire)
· La maîtrise de l'eau (maraîchage,
riziculture et couverture des besoins dans le domaine pastorale).
4.4 Conclusion de la partie
descriptive
Ces trois villages se distinguent sur différents
facteurs. Nous en retiendrons les plus significatifs à notre
étude. Il s'agit en premier lieu des conditions physiques et des
infrastructures existantes dont dépendent les activités
économiques et par la même les sources de revenus. Le village de
Tambiga, jouissant de terres fertiles, est un hameau de culture.
L'activité commerciale n'y est pas développée,
contrairement aux villages de Fonghin et plus particulièrement de
Tantiaka dont l'économie repose principalement sur cette
activité. On notera que le village de Fonghin dispose d'un grand
marché et que ses activités agro-pastorales sont bien
développées ce qui lui confère une position
privilégiée par rapport aux deux autres villages que l'on peut
considérer de moyennement aisés. En effet, il n'y a pas de
pauvreté extrême puisque la plupart des habitants mangent à
leur faim. On remarque cependant et pour les trois villages une certaine
disparité au sein de la population.
On peut distinguer, en deuxième lieu, une
différence quant à la dynamique villageoise. Cette
dernière est déterminée par l'organisation traditionnelle
du village, incluant les forces de pouvoir en place ou encore l'histoire. Il
n'est donc pas surprenant que l'on ne perçoive pas, à Tambiga,
cet esprit communautaire, relativement marqué à Tantiaka et
Fonghin : Tambiga est un nouveaux village (création en 1958) et son chef
ne réside pas au village. Ces deux facteurs économique et social,
permettent de mieux comprendre l'adhésion ou non des populations au
développement de leur village.
Enfin, la portée du projet de piste repose sur cette
volonté des villageois à oeuvrer en faveur d'un
développement mais aussi et surtout sur la priorité et
l'importance du besoin de désenclavement. On remarque que si le projet
de piste peut sembler tout à fait justifié pour les villages de
Tantiaka et Fonghin, il semble moins pertinent pour Tambiga. Des
retombées socio-économiques ne sont pas pour autant à
exclure et seront analysées au chapitre suivant.
5 Résultats et
Analyse des impacts socio-économiques
Dans la conception du désenclavement telle que
pensée par PrEst, un des principaux objectifs est l'amélioration
des conditions de vie des populations rurales. Le présent chapitre est
consacré à la présentation et à l'analyse des
impacts socio-économiques découlant des informations obtenues sur
le terrain. Au vu des résultats et afin de limiter au maximum les
répétitions, nous avons choisi de regrouper plusieurs variables
qui se caractérisent par de nombreuses similitudes. La santé et
l'éducation seront traitées ensemble au moyen des mêmes
indicateurs; il en va de même pour l'agriculture et l'élevage.
L'analyse s'articule selon 7 axes englobant les variables
sociales - accès aux services sociaux, dynamique sociale, qualité
de vie, mouvements de population et aide au développement - ainsi que
les variables économiques: activités agro-pastorales et
commerce. Les principaux résultats pour chacun des indicateurs seront
rappelés en début de chaque partie sous forme de tableau. Le
lecteur trouvera également en annexe les tableaux de synthèse
plus détaillés pour chacun des villages.
L'ensemble des résultats apportés dans cette
partie provient de triangulation et l'on peut estimer que la marge d'erreur est
dès plus faible. Nous devons toutefois considérer certains
résultats comme des tendances qui sont liées aux premiers mois de
désenclavement et qui n'auront pas automatiquement un effet durable.
Notons également que certains résultats peuvent
parfois refléter non pas la réalité mais la perception que
les villageois entretiennent d'un certain indicateur15(*).
Le choix de ne pas faire plus recourt à une analyse
comparative, notamment entre le village de Fonghin désenclavé il
y a 5 ans et les deux autres villages désenclavés il y a
seulement 8 mois, résulte de la nature de nos résultats. Ces
derniers ne permettent pas de tirer des lignes évolutives pertinentes,
chaque village ayant certaines particularités et étant
influencés par des facteurs différents.
Voici un rappel qui permettra au lecteur de mieux identifier
chacun des villages :
Villages retenus
|
Longueur de la piste en Km
|
Désenclavé depuis
|
Importance du désenclavement
|
Recours à la méthode HIMO
|
Tantiaka
|
9.2
|
8 mois
|
forte
|
Oui
|
Tambiga
|
4.2
|
8 mois
|
Moyenne à faible
|
Oui
|
Fonghin
|
12
|
5 ans
|
forte
|
Non
|
5.1 Services sociaux :
éducation et santé
Les indicateurs
|
Tantiaka
|
Tambiga
|
Fonghin
|
Transport
|
Déplacements facilités, sûrs et rapides
|
Evacuation médicale facilitée
|
Déplacements facilités, sûrs et rapides
|
Qualité
|
Amélioration de la qualité de l'enseignement
|
Amélioration des soins médicaux
|
Amélioration de la
qualité de l'enseignement
|
Accès financier aux services
|
Augmentation de l'accès financier aux soins et aux
produits pharmaceutiques de base
Facilité d'accès aux frais d'inscription à
l'école et aux fournitures scolaires
|
Fréquentation des centres
|
Augmentation de 15% de l'effectif scolaire
|
Affluence doublée au centre de santé
|
Croissance de l'effectif scolaire: de 12 élèves
en 2000 à 135 élèves en 2005
|
Prévention
|
Pas d'influence
|
Passage d'une à deux campagnes/an à cinq/an
|
Pas d'influence
|
Formation
|
Techniques de construction de piste, mais non exploitable pour
l'heure
|
Technique culturale
|
5.1.1 Transport
La piste a un effet bénéfique sur les trois
villages du point de vue sanitaire et médical, et ce tout
spécialement pour Tantiaka et Fonghin qui ne sont pas
équipés d'un centre médical. Le déplacement ou
l'évacuation des malades est facilité, plus sûr et plus
rapide. Même si le village dispose de son propre centre de santé,
à l'instar de Tambiga, il profite ainsi de la piste.
Les villageois, dans leur ensemble et de façon
générale, sont très conscients de l'utilité de la
piste et citent souvent en premier lieu le déplacement vers les
infrastructures médicales lorsqu'il leur est demandé ce que la
piste a changé pour eux.
Pour le villageois de Tantiaka, les soins sont
dispensés au CSPS départemental de Tibga à 7 km par la
brousse. La piste n'a donc à première vue aucune influence sur ce
type de déplacement puisque les villageois ont l'obligation de se rendre
à Tibga. Il apparaît cependant que depuis l'aménagement de
la piste, les cas les plus graves soient tout de même amenés vers
Diapangou par la piste, le trajet étant plus rapide et plus aisé.
De plus, le transfert vers l'hôpital de Fada est aussi plus rapide depuis
Diapangou que depuis Tibga. La piste permet en outre l'accès aux
véhicules d'évacuation (voitures, ambulances) qui auparavant n'y
parvenaient pas, réduisant ainsi les difficultés d'acheminement
vers les structures appropriées.
Les habitants du village de Fonghin doivent se rendre à
Louargou qui est le centre de soins le plus proche (8 km). Ils empruntent la
piste durant la saison pluvieuse et coupent à travers brousse au plus
court lors de la saison sèche. Des ambulances ont déjà
dû assurer des évacuations d'urgence.
Quant a Tambiga, son PSP se voit équipé d'une
ambulance tractable (par moto) en 2000. Afin de permettre à cette
ambulance de rejoindre Diabatou et la voie goudronée, les villageois
avaient frayé un passage à travers brousse en enlevant les
souches. L'évacuation des malades était toutefois difficile
(voire impossible en cas de grosses pluies), risquée (secousses,
renversement,...) et longue.
La réalisation de la piste permet dorénavant un
déplacement facilité, plus sûr et plus rapide (1 heure en
ambulance tractable). Les villageois en profitent fréquemment, 5
à 10 autorisations de transfert étant délivrées par
mois.
De plus, l'achat de médicament est grandement
facilité par la piste (approvisionnement plus fréquent et plus
rapide en cas d'urgence). Les habitants de Fonghin, qui doivent parcourir plus
de 30 km (Tibga) pour s'approvisionner en produits pharmaceutiques, en sont
particulièrement reconnaissants.
Du point de vue de la scolarisation, l'aménagement de
la piste n'a pas d'influence sur l'accès à l'école
primaire pour les trois villages en terme de distance et de durée de
déplacement puisque cette dernière se situe au centre du
village.
Pour les élèves de Tantiaka et de Fonghin, et en
ce qui concerne l'accès au cycle secondaire situé à
Diapangou ou à Fada, on ne peut malheureusement observer de changements
significatifs pour l'heure. L'année scolaire 2003-2004 n'ayant pas pu
prodiguer l'enseignement jusqu'au niveau du CM2 par manque de personnel, aucun
élève du village n'est scolarisé à Diapangou. Le
déplacement pour les futurs élèves du secondaire de
Tantiaka et de Fonghin sera incontestablement plus rapide et plus
aisé.
Actuellement seuls deux enfants de Tambiga sont
scolarisés à Nagré et un à Fada. Les futurs
élèves du secondaire devront se rendre à Nagré qui
se trouve à une distance de 7 km, soit près de 2 heures de
marche. L'insécurité qui, selon les villageois, prévaut
dans la région décourage les parents d'élèves
à opter pour cette alternative (confusion des routes, vol, agression
physique). La piste permettra à cette nouvelle volée de se rendre
au secondaire rapidement et avec un sentiment de sécurité plus
élevé.
5.1.2 Qualité
Notons également que la piste semble augmenter les
mesures prises afin de gagner en qualité d'enseignement. Les visites
pédagogiques qui portent un regard sur le travail des professeurs,
rendues plus faciles par la piste, se sont multipliées dans les villages
de Tantiaka (passage de 1 à 6 visites/an) et de Fonghin (2/an
actuellement contre 1 tous les deux ans avant piste).
Du point de vue sanitaire, la piste semble encourager et
justifier la transformation du PSP actuel de Tambiga en CSPS, sa
fréquentation devenant plus importante.
5.1.3 Accès financier aux
services et fréquentation des centres
Le nombre d'enfants de Fonghin qui fréquente le niveau
primaire a augmenté considérablement deux ans après la
construction de la piste. L'effectif des élèves y est
passé de 20 en 2000 à 135 en 2005. Tantiaka note une augmentation
de 15% du nombre d'élèves inscrits entre 2003 et 2005 et Tambiga
doit refuser de nouveaux élèves par manque de place.
Cette forte augmentation du nombre d'élèves (la
multiplication par 7 en 5 ans du nombre d'élèves de Fonghin)
s'explique par la construction des bâtiments scolaires, par
l'augmentation des moyens financiers des parents. Ces deux facteurs sont
directement liés à la réalisation de la piste qui favorise
la mise en place ou le développement d'un système éducatif
efficace en facilitant les moyens techniques de construction des
infrastructures (acheminement des matériaux de construction et
d'équipement). Il apparaît également que les salaires HIMO
perçus par les travailleurs aient été en partie investis
pour la scolarisation de leurs enfants et dans la fréquentation des
infrastructures sanitaires.
Un troisième facteur expliquant l'augmentation de la
fréquentation scolaire peut être la prise de conscience de
l'importance de la scolarisation des jeunes. Attribuer cette augmentation
uniquement à la piste serait certes abusif, d'autres facteurs devant
être pris en compte, mais l'on aurait tort de lui refuser sa part de
responsabilité. La piste, symbole d'ouverture vers l'extérieur -
cet extérieur où la réussite professionnelle semble tant
liée à un niveau de scolarisation minimum - modifie certainement
les mentalités et encourage la scolarisation des jeunes.
Ce ne sont pas que les bancs d'école qui plient sous le
poids, mais également ceux des centres de santé. Selon nos
interlocuteurs, nous pouvons noter une tendance à l'augmentation de la
fréquentation des structures sanitaires.
L'augmentation sensible du nombre de patients (2 à
3/jour en 2003 ; 5 à 6/jour en 2004) du PSP de Tambiga peut
être expliquée par trois facteurs :
Karim Lompo déclare avoir pu sauver sa femme d'une
hémorragie grâce au salaire qu'il avait perçu lors de son
travail sur la piste en 2004. Il a pu payer avec l'aide de sa famille les
80'000 FCFA nécessaires à la prise en charge de sa femme.
|
· Les salaires dégagés durant la
construction permettent le financement des soins, alors plus difficile
auparavant.
· Le nombre de villageois a augmenté
· Les six villages aux alentours de Tambiga qui ne
disposent pas de PSP y viennent plus facilement, spécialement de nuit
(patients de Diabatou), et plus fréquemment (en transit afin de profiter
de la piste).
5.1.4 Prévention
La fréquence des campagnes de
prévention/sensibilisation (organisées soit par les CSPS soit par
l'hôpital de Fada et qui a trait à l'alimentation, à
l'hygiène et aux soins des enfants) a augmenté uniquement pour le
village de Tambiga : elle est passée d'une à deux campagnes
par année entre 2000 et 2003 à 5 en 2004. Notons qu'il est
étonnant que Fonghin, désenclavé depuis 5 ans, ne profite
pas plus de ces campagnes. Il semblerait donc que la piste ne soit pas
automatiquement synonyme d'augmentation de la fréquence des campagnes de
prévention et de sensibilisation.
5.1.5 Formation
Il est probable que l'apprentissage informel - non
institutionnalisé - et les échanges de savoir-faire se soient
généralisés par l'interaction plus fréquente avec
d'autres cercles sociaux et/ou un nombre plus important d'individus appartenant
au même corps de métier. De plus, la formation aux techniques de
la piste pour les villages de Tantiaka et de Tambiga semble avoir
été bénéfique aux travailleurs qui envisagent la
possibilité d'emploi sur d'autres pistes et par là même y
entrevoient une source de revenu potentielle. Les villages ne
dénombrent pas pour autant de cas de figure à ce stade du
programme, c'est pourquoi cette information demeure une perspective.
La piste a donc de nombreux effets positifs sur les questions
de santé et d'éducation. Les déplacements sont
facilités, plus rapides et plus sûrs. Les évacuations
médicales sont désormais possibles par tous les temps. La
qualité de l'enseignement et des soins médicaux tend à
augmenter, grâce à de nouveaux moyens et à une surveillance
plus étroite. La fréquentation des centres augmente rapidement,
notamment grâce à un nouvel accès financier. Le domaine de
la santé et de l'éducation semble donc avoir tout à gagner
du désenclavement.
Un effet pervers de la piste semble toutefois se
dégager dans le domaine de la santé. Selon les dires de certains
villageois de Fonghin, la piste jouerait le rôle d'un facteur de
prolifération de certaines maladies telles que le VIH/SIDA. Les chiffres
des centres de santé sont indisponibles, les dépistages
n'étant pas une pratique courante, et la maladie sujette à un tel
tabou qu'il est très difficile d'explorer plus en profondeur cette
hypothèse. Elle ne doit toutefois pas être écartée
pour autant.
5.2 Dynamique sociale
Indicateurs
|
Tantiaka
|
Tambiga
|
Fonghin
|
Contact avec
l'extérieur/Mobilité/
Communication et information
|
Visite plus fréquente et facilitée des
étrangers, des amis et parents, ce qui contribue à renforcer le
tissu familial et les liens d'amitiés
Plus forte mobilité des personnes
Augmentation du niveau d'information et de communication, de la
fréquence des échanges et du courrier (acheminement rapide des
messages et informations)
|
Cohésion sociale/
Dynamique collective
|
Rapprochement des villageois grâce à HIMO
|
|
Pratiques socio culturelles/Mariages
|
Mobilité sociale des personnes âgées pour
l'agrément et plus uniquement par nécessité
Beaux mariages et belles fêtes
|
5.2.1 Contact avec
l'extérieur/Mobilité/Communication et information
Les contacts avec l'extérieur se sont multipliés
depuis la réalisation de la piste pour l'ensemble des villages
étudiés. Les déplacements étant facilités et
moins inconfortables, les personnes âgées peuvent plus facilement
envisager de se déplacer et étendent ainsi leur cercle social.
Les déplacements vers les villages voisins ou à Fada
étaient limités à la nécessité et non
à l'agrément. Ils peuvent aujourd'hui se déplacer pour
participer à différentes fêtes ou cérémonies
dans la région. Les visites d'amis, de parents ou d'étrangers
sont également plus fréquentes, les risques de se perdre en
brousse étant dorénavant impossibles. Le panneau indicateur aux
bord de la voie goudronnée indique clairement au visiteur peu familier
avec l'endroit où est-ce qu'il doit quitter la route.
Du point de vue de la mobilité, la répartition
des moyens de transport démontre la prédominance des
déplacements à pied et à vélo. Une évolution
du nombre de moyens de déplacements, directement liée aux
salaires de la piste, se fait toutefois sentir à travers
l'acquisition de vélos, d'ânes et de charrettes ainsi que la
réparation de vélo (jusqu'alors non utilisés).
Tambiga devient une sorte de carrefour, les villages aux
alentours profitant de cette voie pour rejoindre Diabatou et la route
bitumée, et son arbre à palabre abrite bien des conversations et
des échanges.
|
La généralisation des contacts avec
l'extérieur du village (augmentation de l'affluence de personnes dans le
village et nouvelle mobilité des villageois) entraîne
incontestablement une amélioration des réseaux de communication
et d'information oraux. L'information arrive plus rapidement et elle peut
être vérifiée grâce aux recoupements entre les
villageois. Les villageois en profitent tout particulièrement pour les
informations qui fluctuent rapidement (cour du bétail, de la production
agricole, présence d'un transporteur et acheteur potentiel,...) ou qui
nécessitent une préparation minimale (épidémie
animale ou humaine,...). Les échanges par courrier ont également
augmentés de manière sensible.
5.2.2 Cohésion
sociale/Dynamique collective
Les travaux sur la piste, lorsqu'ils ont été
opérés avec l'approche HIMO, ont permis un rapprochement des
villageois et par là favorisé la cohésion sociale. Les
concessions étant relativement dispersées et les quartiers
distants, le regroupement des travailleurs sur la piste a créé de
nouvelles amitiés entre villageois et entre personnes des
différents villages regroupés sur le chantier.
Cette cohésion sociale renforcée est une bonne
base sur laquelle peut se développer une dynamique collective servant
d'autres ambitions. Les CVP et les CIVP, s'ils se renforcent et gagnent en
reconnaissance, pourraient devenir les instigateurs et/ou les contrôleurs
du bon suivirent d'un projet de développement.
5.2.3 Pratiques socio
culturelles/Mariages
Les salaires perçus par les villageois de Tantiaka ont
entraîné une augmentation surprenante des mariages en 2004. Il
semblerait que certains couples étaient en attente de se marier faute de
moyens financiers pour payer la dote et l'organisation du mariage. On
dénombre à Tantiaka 13 mariages célébrés
depuis les travaux en 2004. Les villageois nous ont fait part de leur
fierté de pouvoir organiser de belles cérémonies. Les
mariages et les enterrements n'ont jamais été aussi beaux par le
passé.
L'augmentation de l'intensité des contacts avec
l'extérieur et le gain en mobilité permet donc d'une part de
renforcer le tissu familial ainsi que les relations d'amitié, et de
l'autre de gagner en fréquence et en qualité d'information. Un
certain rapprochement entre villageois peut s'opérer et être
exploité en tant que dynamique collective servant divers
intérêts communs.
5.3 Qualité de vie
Indicateurs
|
Tantiaka
|
Tambiga
|
Fonghin
|
Enrichissement/ Accès à de nouveaux
produits
|
Nette tendance à l'augmentation du pouvoir d'achat, aux
investissements et à la consommation de nouveaux produits
|
Sentiment de sécurité
|
Diminution du sentiment d'insécurité
Gain de mobilité des femmes et des enfants
|
Valorisation/ Satisfaction
|
Induction d'un sentiment de fierté et de valorisation
|
5.3.1 Enrichissement/Accès
aux nouveaux produits
Le niveau de vie des villageois a pu passer à un
échelon supérieur, sans pour autant atteindre des sommets
inégalés. La question plus que délicate des revenus et de
la fortune n'a pas pu être explorée en profondeur, la culture
locale voulant qu'une certaine réticence à communiquer
l'étendue de ses biens et de son pouvoir d'achat soit de mise. Les
villageois ont toutefois consentis à admettre que la piste constitue un
apport financier et matériel non négligeable. En plus de ces
« confidences », certains indicateurs fiables
témoignent d'une augmentation de richesse (présence
récente de tôles ondulées, de maisons construites
« en dur », vélo et moto neufs, plus large
éventail de produits disponibles,...). Les quantités vendues par
les commerçants des villages ont augmentées de manière
sensible et de plus en plus de clients désirent acheter de nouveaux
produits (parfois non encore disponibles), tels que : des chambres
à air, des pneus, des rayons de vélo, des pagnes, du
matériel de cuisine, des cahiers, des ardoises, des craies, du lait en
poudre en gros, de la farine à gâteaux...

Photographie 3 : Accès
à de nouveaux produits sur le marché de Tantiaka
L'augmentation du pouvoir d'achat des villageois de Tantiaka
et de Tambiga doit principalement être attribuée aux salaires
dégagés par HIMO, alors que celle des habitants de Fonghin est
directement liée à l'existence de la piste et non à sa
réalisation. Une augmentation de richesse liée à la piste
ne peut se faire sentir les premiers mois de désenclavement. Le laps de
temps nécessaire afin d'observer une différence significative
peut prendre plusieurs saisons (mise en exploitation de nouvelles terres,
démarrage de nouvelles cultures,...). Les résultats obtenus
à Fonghin sont des plus encourageants quant à l'avenir de Tambiga
et de Tantiaka. Une fois les salaires liés à la
réalisation de la piste épuisés, une nouvelle augmentation
de la richesse devrait avoir lieu grâce à la piste, non plus
grâce à sa réalisation mais grâce au
développement économique qu'elle engendre.
La réalisation de la piste de Tantiaka a
entraîné des retombées considérables pour le
village : elle a créé 167 emplois, dont 145 hommes (86,8%)
et 22 femmes (13,2%). Les retombées financières pour la main
d'oeuvre se chiffrent à 20'404'200 FCFA ce qui a rapporté en
moyenne 12'050 FCFA par habitant.
Il serait pertinent de pouvoir définir si cette
augmentation de richesse est générale ou propre à
certaines catégories professionnelles ou sociales. Il n'est pas de notre
ambition de donner une réponse à cette question qui
mériterait une étude de longue haleine à elle seule, mais
nous pouvons toutefois nous avancer à dire que, bien que la
répartition des richesses ne soit de loin pas homogène, chaque
membre de la communauté profite financièrement des
retombées de la piste, d'une manière ou d'une autre. La
répartition salariale d'HIMO pour les villages de Tantiaka et de Tambiga
s'est faite dans cette optique, de manière à toucher le maximum
de foyers. Le point faible de la mise en pratique de cette méthode a
probablement été la plus forte rétribution des
charretiers, catégorie qui était déjà plus à
l'aise financièrement que les autres travailleurs (puisqu'en possession
d'une charrette). Le schéma capitaliste d'enrichissement des plus riches
est certes présent mais ne semble pas prédominer et chacun est en
mesure de tirer son épingle du jeu. Les quantités vendues par les
commerçants accusent une augmentation, et ce tant pour les biens de base
que pour les biens dits de luxe.
L'augmentation du pouvoir d'achat, ajouté à la
disponibilité d'une plus grande variété de produits sur le
marché a permis aux villageois d'acquérir de nouveaux produits
que l'on constate à travers une modification des achats et
investissements de la part de la population. On note des changements à
trois niveaux. Premièrement vestimentaire, deuxièmement
alimentaire dû à la possibilité d'acheter des
légumes frais venant des maraîchages de Diapangou - certaines
femmes s'adonnent désormais à la vente de légumes en
parcourant les différentes concessions du village les jours où le
marché n'a pas lieu. Et finalement, on constate une modification de
l'habitat. Certains travailleurs ont investi dans la construction de cases en
semi dur. De plus, un vidéo club a vu le jour, représentant une
petite source de revenu pour son propriétaire qui perçoit 25 FCFA
par personne et par diffusion.
5.3.2 Sentiment de sécurité
Du point de vue sécuritaire, la piste est un important
facteur de limitation du sentiment d'insécurité. Alors que des
agressions pouvaient avoir lieu avant sa réalisation, elles ne se sont
pas encore manifestées depuis. Malgré la certitude des villageois
que la fin des agressions est intimement liée à la
réalisation de la piste, nous en formulons des doutes. La piste permet
certes une meilleure visibilité, sur une plus grande distance, et une
fréquentation (passage) accrue - deux facteurs limitant les risques
d'agressions -, mais elle ne peut être considérée comme une
garantie de risque zéro. Ce qui dans tous les cas reste important est
que le sentiment de sécurité, lui, augmente bel et bien.
Un risque moins dangereux mais plus fréquent
était de se perdre à travers brousse. Les enfants, plus sujets
à ce genre de mésaventures que leurs parents, étaient
très limités dans leur liberté de déplacement. Les
femmes peuvent dorénavant emprunter la voie de nuit. La piste a donc pu
élargir l'horizon des enfants et rendre aux femmes la possibilité
de se déplacer de nuit, maintenant que le sentiment
d'insécurité a diminué.
5.3.3 Valorisation/
Satisfaction
" Mon village est très fier et très content de
la piste, elle permet le développement du village" nous rapporte Sa
majesté Yentagma, chef du village de Tantiaka
|
Selon les dires des villageois, la piste aurait induit un
sentiment de fierté et de valorisation. Le village devient un point de
passage des autres villages vers la voie goudronnée mais aussi un point
de rencontre plus fréquenté qu'auparavant. Ces
éléments font que le village gagne en importance. Nous avons
aussi décelé un sentiment de supériorité du village
envers les villages alentours provenant probablement de cette situation de
carrefour.
« La route est vraiment une joie pour nous, elle a
changé la figure de Tambiga. » Un agriculteur.
Cette impression de gagner en reconnaissance sociale peut
conférer un nouveau sentiment d'existence, d'intérêt
témoigné par l'extérieur et par là même de
renforcer l'identité des villageois. La visite à Tambiga en
début d'année du roi du Gourma - symbole d'autorité
politique - n'a fait qu'amplifier ce sentiment de valorisation. De plus, la
fierté dégagée par l'éligibilité de leur
village au désenclavement est un impact psychologique non
négligeable.
Le désenclavement d'un village se traduit par son
ouverture vers l'extérieur, vers l'altérité, vers ce qui
est identique et différent. Un réflexe de comparaison, de rapport
à soi de ce qui est différent est un mécanisme que nous ne
pouvons ignorer et qui a probablement lieu. Aussi, un village dont les contacts
avec cette altérité sont soudainement multipliés peut-il
souffrir de l'abondance des différences rencontrées ; plus
que les différences, parfois le regard que l'autre porte sur
nous-même peut-il être difficile à accepter. Prendre
conscience de son degré de pauvreté, de son
"sous-développement", de son manque d'éducation,... n'est pas
forcément chose des plus aisée pour tous. Bien que nos trois
villages d'étude ne puissent être considérés comme
totalement coupés du monde avant piste et subitement au centre de
celui-ci une fois la piste réalisée, ils ont tout de même
dus ressentir passablement d'impressions, difficilement exprimables puisque non
forcément conscientes. Afin de tenter de mesurer rapidement les
principaux effets qui pourraient influencer leur sentiment de bien-être,
nous avons posé aux villageois certaines questions qui pourraient nous
aider à dégager la vision qu'ils entretiennent d'eux-mêmes
en les comparant au monde citadin.
« A Fada, ils n'ont pas les greniers pleins. Il
faut acheter la nourriture régulièrement. Il faut aussi payer le
bois et l'eau, même les gâteaux pour les enfants qui refusent de
manger le tô. » Sita de Tambiga
|
Les réponses sont plus que variées, mais il se
dégage une tendance à considérer la ville (Fada et
Ouagadougou) comme un lieu où la réussite (qu'il faut entendre
par aisance financière) est possible mais de loin pas facile (situation
de l'emploi), où la vie est chère et pas forcément des
plus agréable et enfin comme un monde auquel ils ne se sentent pas
appartenir (nombreux sont ceux qui disent être bien plus à l'aise
dans leur village, entourés de leurs amis et parents).
« Pour aller en ville, il faut avoir les papiers
- en ordre -, savoir circuler, avoir des freins et même des phares. C'est
compliqué ! » Yentéma, agriculteur.
De façon générale, les habitants aiment
leur village et y rentrent avec plaisir s'ils ont dû s'absenter,
abrégeant généralement au plus court leur séjour.
Il semblerait donc que l'ouverture des villages sur l'extérieur ne
s'accompagne pas d'une perception dévalorisante de soi-même ni
d'un désir de quitter son village pour aller vivre en milieu urbain.
Lorsqu'ils reviennent de Fada, certains villageois sont
choqués par l'étendue du français comme langue
d'échange - eux qui ne le comprennent pas - nous confie Alex, agent de
santé de Tambiga.
L'enrichissement relatif qui semble avoir été
occasionné par la piste permet une augmentation incontestable de la
qualité de vie. Outre l'accès aux services sociaux de base comme
nous l'avons vu plus haut, il permet un accès à de nouveaux
produits de consommation. La qualité de vie se voit également
améliorée grâce à un nouveau sentiment de
sécurité qui semblait faire bien souvent défaut avant la
piste et à l'induction d'un sentiment de valorisation et de satisfaction
qui constitue un impact psychologique non négligeable.
5.4 .Mouvements de la population
Mouvements de la population
|
Tantiaka
|
Tambiga
|
Fonghin
|
Immigration
|
Nulle
|
Forte immigration de personnes à la recherche de terres
fertiles
|
Emigration
|
Forte avant la piste mais stoppée par sa
réalisation
|
Nulle
|
Exode rural
|
Forte diminution
|
Toujours présent, pas d'influence de la piste
|
5.4.1 Immigration
Pour les villages de Tambiga et de Fonghin, la piste est bien
plus un facteur d'immigration que d'émigration. Le désenclavement
de terres de relativement bonne qualité, comprenant plusieurs bas fonds,
attire de nombreux nouveaux habitants. Ce fait est particulièrement
frappant pour Tambiga où la population a sensiblement augmenté
ces dernières années. Attirées par la fertilité des
terres, par la présence d'une école, d'un dispensaire et plus
tard d'une piste, de nombreuses familles ont élu domicile à
Tambiga. Plusieurs concessions datent d'il y a seulement six mois et la piste
semble être un des facteur incitatif important. Attention toutefois
à ne pas attribuer l'immigration de Tambiga et de Fonghin uniquement
à la piste, ces deux villages ayant une importante tradition
d'immigration ; la piste n'a fait qu'accentuer cet effet. Le facteur
principal d'immigration est bien la fertilité des sols et non la
réalisation de la piste - le village de Tantiaka,
caractérisé par une pauvre fertilité des sols, n'a
révélé encore aucun signe d'immigration.
Il va de soi que l'arrivée en masse de nouveaux
habitants modifie la structure sociale du village et son équilibre, avec
toutes les conséquences que cela peut impliquer. Nous n'avons
décelé aucun conflit de type ethnique ou religieux, mais avons pu
constater que la forte immigration à Tambiga crée des conflits
entre agriculteurs et éleveurs, les nouveaux arrivants étant
principalement cultivateurs. Selon les éleveurs, les agriculteurs sont
trop nombreux et entrent en concurrence avec eux pour l'accès aux terres
et aux ressources hydrauliques.
Notons aussi que la forte immigration de Fonghin et de Tambiga
engendre des conséquences sur les terres agricoles. Elles connaissent
depuis un certain temps une pression assez marquée : les
périodes de repos sont raccourcies et les zones fragiles comme les
bas-fonds - initialement destinés au pâturage - sont mises en
valeur pour l'agriculture.
5.4.2 Emigration
Tambiga et Fonghin étant des villages récents,
nés des besoins en terres cultivables, ils n'ont encore jamais eu
à souffrir de l'émigration. Alors que Tantiaka connaissait une
émigration importante - 26 concessions entre 2002 et 2003 - aucun
départ n'a été relevé en 2004. L'emploi sur la
piste - et par conséquent les salaires versés - semble avoir
permis à ces populations de pallier aux périodes de soudure et de
stopper cette tendance à l'émigration, ne serait-ce que
momentanément.
Le départ des jeunes durant la saison sèche
à la recherche de sources de revenus reste un facteur handicapant qui a
des effets négatifs sur le rendement agricole. La crainte de certains
parents que leurs enfants ne reviennent pas au village, lui
préférant la ville ou l'étranger, se renforce d'autant
plus que ces derniers sont souvent ceux sur qui ils comptent pour envisager
leurs vieux jours de façon sereine.
L'exode rural semble avoir été largement
restreint à Tantiaka (où il était important) et à
Tambiga grâce aux salaires dégagés par HIMO. Ces sources de
revenus ont permis à de nombreux jeunes de trouver là un emploi
rémunéré sans qu'ils n'aient à quitter le village.
Fonghin semble pour sa part accuser une proportion d'exode de la part des
jeunes plus importante bien que limitée, mais le lien avec l'existence
de la piste semble être très faible.
La forte immigration qu'ont connue les villages de Fonghin et
de Tambiga ne peut donc pas être imputée uniquement à la
piste, les deux villages connaissant une immigration importante depuis leur
fondation. La piste semble toutefois exercer un effet d'intensification de
cette immigration. Le désenclavement de terres cultivables comporte
passablement d'avantages économiques certains (cf. point 5.6
) et la réalisation de la piste est un signe avant
coureur probable d'installation d'autres infrastructures qui pourraient rendre
le village plus attractif qu'un autre.
L'émigration est par ailleurs nulle pour ces deux
villages et a été stoppée net pour celui de Tantiaka.
L'exode rural a été fortement diminué à Tambiga et
Tantiaka, mais reste présent à Fonghin.
5.5 Aide au développement
Indicateurs
|
Tantiaka
|
Tambiga
|
Fonghin
|
Incitation/Attraction
|
Nulle à l'heure actuelle
|
Plusieurs projets de développement initiés depuis
la réalisation de la piste
|
Faisabilité
|
Acheminement des matériaux de construction (lourds et
volumineux)
Transport plus facile et plus rapide des produits
périssables
|
5.5.1 Incitation/attraction et
faisabilité
Le mécanisme d'incitation/attraction de l'aide est un
phénomène bien connu dans le monde du développement. Le
projet PrEst lui-même a mis dans ses critères
d'éligibilité au désenclavement la présence d'une
dynamique de développement qui a déjà fait ses preuves.
Dans chacun des villages étudiés, des projets de
développement - qu'ils soient locaux ou qu'ils relèvent de
coopérations internationales - ont laissé leurs empruntes. La
réalisation des pistes dans ces villages, de plus au moyen de la
méthode participative HIMO pour Tantiaka et Tambiga (démontrant
l'implication de la population), contribuera certainement à attirer de
nouveaux projets de développement. Le village de Tambiga est doté
d'une pompe depuis juin 2004 et des projets avancés de
développement s'inscrivent. L'association pour le développement
des communautés villageoises (ADCV) a mis sur pied un projet de
maraîchage dans un bas-fond situé à 700 mètres du
village, projet destiné à palier aux carences alimentaires des
villageois et à offrir une source de revenu monétaire aux femmes.
Le projet a débuté avec succès en janvier 2005 et
aujourd'hui un demi hectare produit des carottes, des oignons, du choux,... La
piste permettra un acheminement facilité dans les marchés du
surplus des produits maraîchers (denrées périssables).
De plus, un 3ème bâtiment scolaire va
être construit cet été à Tambiga afin d'offrir les
niveaux de CE 1 et 2. La première pierre est déjà
posée symboliquement. L'acheminement des matériaux de
construction, volumineux et lourds, ne peut souvent se faire que par camion,
d'où la nécessité d'une piste. Un camion de 10 tonnes a
déjà pu accéder à Tambiga afin d'y apporter du
ciment. Les villageois ont fait recours à la location d'un transporteur
afin d'apporter des bancs d'école. Enfin, le PSP actuel devrait durant
le courant de l'année élargir les soins dispensés et
obtenir l'appellation de CSPS.
Fonghin a également vu les projets de
développement se multiplier depuis son désenclavement. Le PAFR,
le FEER, Iles de Paix, la SOFITEX et OPA contribuent à l'accroissement
de la production à travers la formation des paysans aux nouvelles
techniques culturales (aménagement des bas-fonds et appui à la
production et à la commercialisation du riz et du coton). Ces
mêmes structures contribuent aussi à la gestion des ressources
naturelles du village et à l'alphabétisation.
Notons en dernier lieu que la piste semble faciliter et
encourager les visites de terrains d'ONG, de projets et de différentes
coopérations, tout organisme qui pourrait subvenir aux besoins
élémentaires et de développement des villageois.
5.6 Agriculture/ Elevage
Indicateurs
|
Tantiaka
|
Tambiga
|
Fonghin
|
Intrants
|
Acheminement facilité : plus rapide, plus grosses
quantités et moins coûteux (approvisionnement collectif)
Incitation à la généralisation de l'usage
des engrais, donc impact sur le rendement
Plus facile de faire venir le vétérinaire
|
Variation de quantités produites
|
Perspective d'augmentation de la production
Accroissement du cheptel
|
Tendance à l'augmentation de la production agricole
|
Augmentation générale du rendement de la
production (spécialement rizicole)
Accroissement considérable du cheptel
|
Diversification de la production
|
Perspective d'introduction de la culture rizicole et
développement de la culture cotonnière
|
Introduction et développement important de la culture
maraîchère et cotonnière
|
Introduction et développement important de la culture
maraîchère et cotonnière
Race bovine améliorée
|
Transport de la production
|
Acheminement plus rapide et moins coûteux
Certains commerçants viennent chercher la production
agricole directement sur place
Passage d'un collecteur de lait rendu possible
|
5.6.1 Intrants
Les fertilisants, les engrais (chimiques et organiques), le
son et le sel16(*) sont
généralement achetés à Fada et leur acheminement
est rendu plus facile. Il en va de même pour le fourrage qui provient de
toutes les directions. Certains agriculteurs, à l'instar du groupement
des cotonniers de Tambiga, se sont organisés afin d'envoyer une seule
personne chercher l'engrais dont la communauté à besoin. Son
acheminement en gros par camion permet de réaliser une économie
financière (transport, nourriture à Fada...) et physique
(pénibilité). Un arrangement similaire a pris place à
Tantiaka : l'accès aux véhicules transporteurs de petits
bétails a eu pour conséquence d'intensifier de manière
considérable le marché au bétail du village qui se tient
tous les trois jours. L'arrivée de ces véhicules au village a
entraîné une nouvelle organisation de l'approvisionnement en
fourrage. Un certain nombre d'éleveurs profitent de ces véhicules
pour passer commande et recevoir le fourrage au village.
La commande facile des intrants, leur coût plus bas (du
aux économies d'échelles avec l'achat et le transport en gros) et
le fait de ne plus avoir besoin de se déplacer pour les chercher
constituent certainement plusieurs éléments importants qui
encouragent les agriculteurs à y avoir recours, s'ils ne le faisaient
pas auparavant, ou à en faire un usage plus fréquent. Les impacts
positifs sur le rendement sont alors certains, tel que nous pouvons le voir
pour la culture rizicole de Fonghin17(*).
|
Avant la piste
|
Après la piste
|
Engrais utilisés
|
Fumier de ferme
|
Fumier organique, NPK et l'Urée
|
Moyens et outils
|
Daba et charrue à traction animale
|
Mécanisation en plus
|
Rendement/ha pour le riz
|
3 à 3,5 tonnes
|
4 à 5 tonnes
|
Les éleveurs profitent de la piste principalement pour
les soins vétérinaires qui doivent être apportés
à leurs bêtes. Les visites du vétérinaire sont plus
fréquentes et il est dorénavant possible de le faire venir
d'urgence (il est désormais plus facile de le chercher - plusieurs
essais sont en général nécessaires pour le trouver - et de
le faire venir, même par temps de pluie).
Notons également que l'accès aux produits
pharmaceutiques vétérinaires est facilité.
L'eau potable nécessaire pour l'absorption de certains
produits vétérinaires, lorsqu'elle fait défaut au village
de Tambiga, est cherchée à Nagré avec des bidons de 20
litres. Les villageois s'y rendent habituellement en vélo, directement
à travers brousse, et n'empruntent la piste que de nuit.
|
5.6.2 Nouvelle production
La piste tend à offrir de nouvelles perspectives au
niveau agricole et permet une diversification importante des cultures. Les
travaux de radiers le long de la piste constituent de petites retenues d'eau
permettant l'augmentation de la culture rizicole et éventuellement le
développement d'une culture maraîchère. Cette
dernière peut prendre une proportion plus importante que la production
d'autoconsommation dont elle était caractérisée
jusque-là (la piste permet un transport rapide de ces denrées
périssables). Fonghin a largement adopté le maraîchage
comme culture de contre-saison et les grossistes viennent directement sur place
s'approvisionner. Les principaux légumes cultivés sont : le
maïs frais, les choux, la tomate et les aubergines. Tambiga vient de
mettre en culture un vaste périmètre de maraîchage et les
femmes qui y travaillent pensent pouvoir en retirer un revenu substantiel dans
la mesure où elles peuvent vendre leur production à des
grossistes qui se déplaceraient.
Enfin, le coton n'étant pas cultivé sur de
grandes surfaces puisque l'accès était impossible pour les
camions de la Sofitex. Sa culture est dorénavant possible et l'ensemble
des trois villages s'y sont attelés.
Du point de vue de l'élevage, les villageois de Fonghin
se targuent d'avoir une race de bovin améliorée qui permet
d'augmenter la production. Ces croisements entre la race locale et d'autres
races exotiques a pu se faire grâce à la présence plus
régulière des agents vétérinaires et à
l'information qui en découlait.
5.6.3 Variation de quantité
produite
Les répercussions sur le rendement et la
quantité produite attendus suite aux améliorations liées
aux intrants semblent ne pas être obligatoirement au rendez-vous. Bien
que dans les villages de Fonghin et de Tambiga certains agriculteurs notent une
tendance à l'augmentation générale de la production, ceux
de Tantiaka nous ont fait part du niveau très faible de leur
dernière récolte. Ces derniers ne font pas état d'une
variation de la production influencée par la piste. Selon eux, le
facteur piste ne peut avoir que très peu à voir avec la
quantité produite, le facteur déterminant étant le climat.
Ils pensent toutefois voir à terme la production villageoise augmenter
pour deux raisons principales. D'une part grâce aux salaires de la piste,
certains agriculteurs ont pu acquérir des boeufs de labour. Le travail
de la terre par ce moyen permettrait une augmentation de la surface cultivable,
synonyme d'accroissement du rendement agricole. D'autre part, le retour au
village des jeunes jusqu'alors exilé à l'étranger
contribue à l'augmentation de l'activité. Une redistribution des
terres abandonnées semble d'ailleurs avoir été
amorcée. Ceci ne résout cependant pas les contraintes principales
de l'agriculture marquées par une pluviométrie de plus en plus
insuffisante et un fort appauvrissement des sols.
Dans certains cas précis, tel que la culture du coton,
l'influence de la piste sur le volume de production est indéniable. Le
coton est cultivé pour la troisième année
consécutive à Tambiga et sa production a pu être largement
étendue grâce à la réalisation de la piste qui
permet une évacuation par camion. Il en va de même pour
Fonghin.
Les enquêtes auprès des éleveurs ont
démontré une augmentation du cheptel. On a recensé
à Tantiaka l'acquisition d'au minimum 18 boeufs de labour, d'une dizaine
d'ânes ainsi que de plusieurs dizaines de petits ruminants. Alors que les
chiffres de Tambiga avoisinent ceux de Tantiaka, l'évolution du cheptel
de Fonghin est drastiquement plus importante, tel que nous pouvons le voir dans
le tableau ci-dessous18(*).
Espèce animale
|
Bovins
|
Ovins
|
Caprins
|
Asins
|
Volailles
|
Effectif estimé avant en moyenne par éleveur
|
15 à 17
|
20 à 25
|
10 à 18
|
5 à 6
|
40
|
Effectif estimé après en moyenne par
éleveur
|
25 à 35
|
30 à 45
|
20 à 30
|
4 à 6
|
20 à 25
|
Enfin, et bien que ce point n'a pas pu être
observé, la présence de la piste devrait pouvoir permettre une
augmentation de la production laitière à des fins de
commercialisation. Son acheminement en gros, ou le passage régulier d'un
collecteur, pourrait rendre cette activité rentable. Le son, qui est
utilisé afin d'augmenter la production laitière, peut
désormais être acheminé sans difficultés.
5.6.4 Transport de la
production
Nous venons de voir combien la question du transport est une
variable incontournable à prendre en compte avant de se lancer dans
certaines cultures de rente. La charrette n'est pas assez grosse pour contenir
le volume du coton et trop lente pour amener frais à destination les
produits du maraîchage.
La question du transport de la production agricole ne se
limite toutefois pas à ces deux domaines. Toute production qui n'est pas
consommée sur place doit être acheminée et son transport
est incontestablement facilité par la piste. Alors qu'il était
auparavant difficile d'amener un sac de mil à Fada (terre argileuse qui
se colle sous les roues, sol glissant, roues cassées,...), les
commerçants viennent aujourd'hui chercher le mil directement à
Tambiga, à la plus grande satisfaction des agriculteurs.
Les éleveurs de Tambiga ne se sont pas organisés
collectivement pour acheminer le lait à Diabatou, où il est
vendu. Leur souhait qu'un collecteur de lait vienne au village le chercher
régulièrement pourait se voir réaliser maintenant que la
piste existe. Il leur faudrait encore augmenter la production laitière
pour encourager quelqu'un à se déplacer - ceci est
facilité par la piste qui permet l'acheminement d'une plus grande
quantité de son.
Les agriculteurs estiment que c'est leur corps de
métier qui profite le plus de la réalisation de la piste. Ils
font des économies (crevaisons, roues cassées, dépenses
à Fada) tout en augmentant leur production. Les intrants peuvent
être commandés à moindres coûts, leur emploi se
généralise et aboutit à une augmentation du rendement, la
production se diversifie et son transport est grandement facilité. De
nouvelles perspectives se dessinent encore à l'horizon, telle
l'exploitation laitière désormais possible pour des
quantités rentables.
5.7 Commerce
Indicateurs
|
Tantiaka
|
Tambiga
|
Fonghin
|
Activité et offre
|
Diversification des marchandises, multiplication du nombre de
commerçant et augmentation du volume des échanges
|
Sans effet
|
Diversification des marchandises, multiplication du nombre de
commerçant et augmentation du volume des échanges
|
Transport des marchandises
|
Facilité par la piste : plus rapide, plus
fréquent, moins coûteux (quantités plus importantes)
|
Affluence de la clientèle
|
Accroissement important de la clientèle
|
Sans effet
|
Accroissement important de la clientèle
|
5.7.1 Activité et
offre
La réalisation de la piste a permit de donner un nouvel
élan aux marchés de Tantiaka et de Fonghin. Les marchandises
vendues se sont diversifiées, le nombre de commerçants a
augmenté et les boutiques se sont multipliées.
Le marché au bétail de Tantiaka a connu une
forte reprise de ses activités grâce à la piste et à
l'augmentation du pouvoir d'achat. Quelques véhicules transportant les
petits ruminants peuvent ainsi se rendre au marché sans
difficulté et y trouver une clientèle. Selon les responsables du
marché au bétail interrogés, les ventes de bétail
auraient doublé depuis l'aménagement de la piste.
Alors que par le passé le marché de Tantiaka
était un marché de petits ruminants et la vente de bovins
réservée au marché de Fada, il connaît aujourd'hui
un développement du commerce des bovins.
Marie, une commerçante de produits alimentaires de
Tantiaka, concluait avant la piste des ventes journalières de l'ordre de
2'500 à 4'000 FCFA alors que son chiffre atteint aujourd'hui un minimum
de 5'000 FCFA.
|
L'activité commerciale des femmes (notamment la vente
de galette, d'arachide et de soumbala) a connu, tout comme le commerce du
bétail, un bel essor grâce à la diversification des
produits mis en vente et à l'affluence d'une plus grande
clientèle.
Tambiga, pour sa part, dispose en tout et pour tout de trois
boutiques qui sont ouvertes depuis plusieurs années. La
réalisation de la piste n'a ni augmenté le nombre de
commerçants, ni étendu l'offre de produits sur leurs
étalages. Les commerçants ont toutefois constaté une
augmentation des ventes dégageant un bénéfice suffisant
afin de trocker leur boutique en banco ou en tôles ondulées contre
de nouvelles boutiques en ciment, projet qui devrait voir le jour cette
année.
Cette augmentation des ventes doit probablement être
attribuée aux salaires dégagés par le chantier et ne doit
pas être considérée comme durable. Alors que le petit
commerce de Tantiaka a connu l'année dernière une forte
augmentation de ses ventes, on ne note pas de reprise début 2005.
Notons par ailleurs que le désenclavement d'un village
peut exposer ses commerçants à une nouvelle concurrence avec
laquelle ils ne pourraient pas toujours être en mesure de composer.
Depuis la réalisation d'une voie d'accès pratique, de plus en
plus de villageois vont directement en ville acheter certains produits en gros
(sacs de riz de 25 kg, grosses boîtes de tomates,...), désertant
ainsi les échoppes des commerçants. Bien que les avantages pour
la population soient incontestables, tous les commerçants ne s'en
réjouissent pas forcément.
De plus, des commerçants de villages voisins peuvent
venir s'emparer de certaines parts de marché jusqu'alors
protégées.
Les commerçants de Nagré viennent plus
régulièrement à moto ou à vélo vendre
certains produits à Tambiga. Comme il s'agit principalement d'habits, de
chaussures, de pommades et de cola, ils n'entrent pas directement en
concurrence avec les boutiquiers de Tambiga, mais ils restent néanmoins
une menace non négligeable.
|
5.7.2 Transport
L'augmentation du commerce et des échanges, bien que
non attribuable uniquement à la piste, lui est intimement liée.
Seule la piste en tant que moyen de déplacement et de transport peut
attirer la clientèle et assurer un flux de marchandises diverses. Ce
constat n'est pas valable uniquement pour les deux villages dotés d'un
marché, il l'est également pour un petit village avec une
activité commerciale réduite au minimum, tel que Tambiga. Le
transport des marchandises peut se faire plus rapidement, plus
fréquemment, en plus grosse quantité et quel que soient les
conditions climatiques. Ce gain de temps et d'argent accroît la marge
bénéficiaire des commerçants.
Les commerçants de Tambiga profitent de la piste pour
l'acheminement des marchandises en louant des motos pour le trajet Fada-Tambiga
(ravitaillement deux fois par mois) ou le trajet Diabatou-Tambiga. Dans ce
dernier cas, ils profitent des transporteurs qui relient Fada à
Nagré et déchargent les marchandises à Diabatou, avant de
les acheminer par moto à Tambiga.
|
5.7.3 Affluence de la
clientèle
La diminution de l'exode et de l'émigration,
grâce à la construction de la piste, a entraîné une
augmentation de la population résidente et par là même la
reprise des activités touchant tous les types de commerce. De plus, la
facilité de trafic commercial a attiré de nouveaux
commerçants de bétail : ils proviennent de la région
(Fada, Pouytenga, Diabo, Yambie, Comyanga) mais aussi des pays voisins (Niger,
Bénin et Togo). L'accessibilité du marché depuis la voie
bitumée explique l'augmentation sensible de leur fréquentation.
Une relation dialectique entre l'augmentation et la diversification de l'offre
a eu pour effet, grâce au pouvoir d'achat des villageois, d'augmenter la
demande. Les commerçants font aussi état d'une plus forte
affluence de clients venant des villages voisins. Le marché de Fonghin
connaît la même situation et sa clientèle s'est
multipliée d'année en année.

Photographie 4 : Affluence de
la clientèle sur le marché de Tantiaka
Si la piste n'est pas au village ce que le chemin de fer fut
à l'Europe du XIXème siècle, l'idée s'en
rapproche toutefois. Les voies de communication et de transport sont
indispensables à la dynamisation d'une économie, et les villages
de Tantiaka et de Fonghin en ont fait l'expérience. Leur marché
n'a cessé de s'étendre : les boutiques se multiplient, de
nouveaux commerçants affluent et de nouvelles marchandises
s'étalent sous les yeux d'un public toujours plus nombreux. Les sources
de revenus pour les commerçants du village augmentent donc de
façon sensible. Le transport des marchandises se fait à un
coût plus faible, des denrées périssables peuvent
être acheminées et la sécurité (transport d'argent
et de marchandises) est accrue : autant de facteurs qui expliquent le
développement économique d'un village désenclavé.
Ces facteurs ne l'expliquent toutefois pas à eux seuls : Tambiga profite
également du désenclavement sans pour autant que son
économie se trouve modifiée de manière importante. Un
dynamisme économique doit exister au préalable, sans quoi la
réalisation de la piste ne sera pas suivie de conséquences dans
ce domaine précis.
5.8 Limites
d'interprétation des résultats
Malgré toutes les précautions prises, il est
possible que certains amalgames abusifs entre les impacts dus à la
pistes ou à d'autres changements, tels que le climat, l'évolution
des mentalités ou des habitudes, aient pu persister.
Un désenclavement qui date de moins d'une année
ne peut révéler des impacts à long terme. Il est possible
que certains des impacts observés ne perdurent pas et que la situation
socio-économique de Tantiaka et de Tambiga soit encore sujette à
de nombreux changements.
Conclusion
L'absence et/ou la mauvaise qualité des services
publics, notamment des transports, est l'une des principales contraintes au
développement du secteur tertiaire. Cette situation entrave très
fortement le stockage et l'écoulement de la production, le transport et
le déroulement des activités commerciales. Le potentiel de
production reste inexploité et les résidents ruraux sont
confinés dans une agriculture de subsistance dans des conditions de vie
particulièrement précaires du fait de l'isolement. C'est dans ce
contexte que PrEst a entrepris récemment la réalisation de
pistes rurales dans le but de créer des réseaux de pistes
carrossables et gérées durablement et localement. Par
l'aménagement de ces pistes, selon la méthode HIMO - impliquant
les populations à toutes les étapes du projet, PrEst entend
apporter une réponse aux problèmes de lutte contre la
pauvreté par l'aide au développement socio-économique de
villages jusque-là enclavés.
Les situations de désenclavement sont vécues
passablement différemment selon les villages. En effet, l'implantation
d'une piste, bien que toujours souhaitée, peut être plus ou moins
attendue. La réception et l'appropriation se font avec un degré
d'entrain variable. Ceci s'explique probablement par l'utilité de la
piste selon le village. Par utilité, il nous faut entendre dans un
premier temps la différence entre l'état du sentier
emprunté au préalable (durant la saison sèche et durant la
saison pluvieuse) et la piste actuelle en tant que possibilité et
pénibilité de déplacement. La longueur de la piste est
alors primordiale dans l'évaluation de cette différence. Plus
cette différence est importante et plus la piste sera utile. Dans un
second temps, la mesure de l'utilité de la piste est fonction des
besoins de déplacement des populations. Plus elle facilite
véritablement l'accès aux différentes infrastructures
(éducation, administration, santé, marché...), plus elle
peut être considérée comme utile. De même, plus un
nombre important de personnes (effectif des populations touchées) peut
bénéficier de sa réalisation, plus elle gagnera en
utilité. Les particularités de chaque village (situation
géographique, présence d'un marché, d'un centre de
santé,...) et de chaque tracé de piste impliquent des situations
de désenclavement différentes impliquant des impacts de
différentes intensités. Dans le cas précis de notre
étude, il apparaît que si le désenclavement des villages de
Tantiaka et de Fonghin ont révélés des impacts
socio-économiques de relativement grande envergure, le
désenclavement du village de Tambiga a pour sa part mis en
évidence des impacts bien moindres.
Les impacts socio-économiques que nous nous sommes
proposés d'étudier lors de ce travail sont donc intimement
liés à cette notion d'utilité. Ils ont permis de
dégager bon nombre d'aspects positifs très importants au
développement des villages, parmi lesquels l'amélioration de
l'accès aux soins et à l'éducation ainsi que
l'augmentation du flux des échanges humains et commerciaux. En effet, la
présence de la piste ouvre de nouvelles perspectives dans le domaine
social. En rendant les infrastructures plus facilement accessibles, elle
contribue à l'amélioration des services et à
l'augmentation de la fréquentation de ces derniers, réduisant
ainsi de manière sensible les problèmes sanitaires et de
scolarisation. La mobilité engendrée par la présence de
la piste influence les mouvements de populations conférant aux
déplacements un but lucratif et social peu connu auparavant. Les impacts
économiques, quant à eux, révèlent le rôle
primordial joué par la piste. Les effets en sont inextricablement
liés. La possibilité d'acheminement des intrants, des
productions et articles de commerce engendre une dynamisation de tous les
secteurs qui font l'économie des villages contribuant au
développement d'activités de rentes et non seulement de
suffisance alimentaire.
Ces éléments constituent une impulsion de
développement favorisant toutes les couches de la population. De plus,
la méthode participative a renforcé l'esprit de
responsabilisation des populations grâce à l'implication qui leur
est demandée et à l'organisation qu'elles mettent
elles-mêmes en place.
Si les impacts socio-économiques de
l'aménagement des pistes peuvent être qualifié de
réussite, certaines zones d'ombres apparaissent cependant et tendent
à remettre en cause certaines des actions ou orientations
privilégiées par le programme. Ainsi si le recours à la
méthode HIMO, en offrant des possibilités d'emploi lors des
travaux, contribue fortement à la réduction des mouvements de
population et à l'augmentation des revenus permettant aux populations
d'accéder à un niveau de vie meilleur, il n'en demeure pas moins
que ces impacts sont ponctuels. Même si l'argent dégagé par
les salaires semble avoir été investi au mieux, l'on peut se
demander si le subit arrêt de leur versement au terme de la
réalisation des pistes ne va pas entraîner un nouveau
bouleversement des conditions de vie des villageois. La question du recours
à la méthode HIMO et de ses retombées sociales feront
l'objet d'une étude spécifique portant sur l'approche sociale du
programme sur les populations bénéficiaires19(*). D'autre part, malgré
les meilleures intentions de la piste sur le plan socio-économique, elle
engendre certaines activités nuisibles sur l'environnement et par
conséquent sur la population bénéficiaire. Cet aspect plus
critique de la réalisation des pistes constituera également une
étude spécifique20(*).De plus on peut se demander de quelle manière
les impacts socio-économiques révélés par
l'étude vont pouvoir se développer sur le long terme. Les
villages sont aujourd'hui désenclavés, mais pour combien de
temps? Si un mécanisme d'entretien cohérent et efficace n'est pas
mis en place, cette situation risque de ne pas perdurer. Les perspectives
développées par la population en ce qui a trait à
entretien afin de répondre à l'objectif de
pérennité du programme feront également l'objet d'une
étude spécifique21(*).
Bibliographie
HOW J., "Impact socio-économique des interventions en
matière de transports ruraux et de réduction de la
pauvreté ", BIT 2001
BANQUE MONDIALE, "Banque Internationale pour la
Reconstruction et le Développement", Etats-Unis, Mai 2000
BANQUE MONDIALE, "Méthodologie d'évaluation
économique des routes rurales", document N°15, 1996
BEAUDOUX E., "Cheminements d'une action de
développement. De l'identification à l'évaluation".
L'harmattan, Paris, 1992
DDC, Ecrits sur le développement de la DDC. "Quelle
coopération pour quel développement ? Le rêve et la
réalité", Mai 2002
DIOU. Transports urbains et pays en développement.
Transp . Environ. Cir ; numéro 46. 1981
KUELA T., OUATTARA A., SAWADOGO O., " Projets et
programmes de développement face aux défis de la pauvreté
dans la région de l'Est ". Juin 2004
LIU Z., "Analyse économique d'un projet de route rurale
d'accès de base", Ed. Anddhra Pradesh, Inde, 2000
MAKOLO, H.B Ouedraogo, " L'appropriation des actions du
développement : une réflexion ", Série travaux
n° 15 Centre Sahel, Canada, Fév. 1990
MICHEL M., " La dimension humaine dans les projets
de développement, les variables sociologiques et culturelles ", Ed.
KARTHALA, Paris, 1998
SMITH S., « Négrologie, Pourquoi l'Afrique meurt".
Ed. Calmann-Lévy, France. Octobre 2003
Rapports
Bureau d'Etude et Recherche pour le Développement
(BERD), "Manuel de Diagnostic Conjoint pour la mise place d'infrastructures
villageoises de transport", Ouagadougou
Bureau d'Etudes ARC. Intermédiation Sociale du
Gourma « Rapport Annuel de l'Equipe d'Intermédiation
Sociale du Gourma ISG-ARC/PrEst. Septembre 2004
Bureau d'Etudes ARC. Intermédiation Sociale du
Gourma, "Diagnostic Socio - Economique du Village de Tantiaka", Fada, Juin
2004
Bureau d'Etudes ARC. Intermédiation Sociale du
Gourma, "Rapport sectoriel de diagnostic socio-économique sectoriel
du village de Tambiga", Fada, Juin 2004
FEER "Etudes de Base dans les nouveaux villages de la
campagne", II Lot 12, Village de Fonghin, 1999
HELVETAS, "Rapport final de la phase 1(juin 2002 - Août
2004) de projet", Fada N'Gourma, 2004
Iles de Paix,"Situation de référence du terroir
de Diapangou", Janvier 2005
Ministère de l'Infrastructure, des Transports et de
l'Habitat (MITH), "Manuel d'exécution de la stratégie Nationale
du Transport Rural au Burkina Faso", Ouagadougou, Octobre 2003
PrEst, "Projet de piste rurale du village de Tantiaka dans la
province de Gourma", 2002
SCHMIDT R., COMPAORE F., FREITAS H., "Rapport
d'évaluation - Pistes Rurales - Désenclavement à l'Est
: Document de programme - Phase 2 ", Ouagadougou, Fada, Juillet
2004
ANNEXES
Annexe 1 Restitution des
entretiens
Restitution entretiens village de Tantiaka
Piste Diapangou ? Tantiaka
Effets sur le social
Données obtenues par les entretiens avec
Les catégories
socio-professionnelles :Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants,Femmes
ainsi qu'avec le chef du village, le comité de suivi de la piste, la
CVGT et le directeur de l'école.
Etats des lieux/
Variables
|
Avant piste
|
Après piste
Effets piste
|
Après piste
Effets $ / HIMO
|
Santé Rattaché au CSPS
départemental de TIBGA. D'un point de vue administratif, les villageois
doivent se rendre à Tibga, avec la piste ils se rendent majoritairement
à Diap d'où ils sont transférés plus rapidement
vers Fada en cas de besoin.
|
|
|
|
- Transport
- Accès financier
- Prévention/ vaccination = le Médecin deTibga est
en charge des campagnes
|
- Transport vers Diapangou(CSPS) et Fada(Hôpital) par la
brousse?moto,charrette
= Déplacements longs, difficiles et risqués
- Aucun accès pour ambulance ou véhicule
d'évacuation en cas d'urgence
Distance = 9 km
Durée = 2 heures
|
-Transport vers Diap et Fada par la piste? ambulance,
véhicule ou charrettes
= Déplacements facilités, sûrs et
rapides
Distance 9 km
Durée = 30min - 1heure
Suivant le moyen de locomotion
Pas d'influence de la piste
|
- Augmente l'accès financier aux
soins.
|
Résultat
|
|
? ?du taux de mortalité
|
? ?du taux de mortalité ( voir Hôp Fada)
-exemple : karim lompo a pu payé les 80'000
cfa nécessaires à la prise en charge de sa femme
(hémorragie suite accouchement grâce à salaire plus
solidarité (cash grâce à salaires aussi)
|
Education
|
|
|
|
-Classes primaires Tantiaka
|
- Trois classes du CP1 au CM1
-Fréquentation
2003-2004 = 95 élèves
- Visites pédagogiques/
inspecteurs et formation = 1 ou 2 fois par année. Les
professeurs étaient peu contrôlés.
|
- Accès facilité : visite depuis début
année 2004-2005 : 5 à 6 visites
? Regard sur le travail des professeurs et suivi? de la
qualité de l'enseignement
|
- Trois classes (idem)
- ?Fréquentation
2004-2005 = 110 élèves
|
- Classes secondaires Diapangou
|
|
- Accès plus rapide à D. et
possibilité de retour à midi. Non vérifié cf ?
|
- 2003-2004 = Pas de CM2 ? pas de rentrée en secondaire
pour 2004-2005
|
Formation aux travaux de construction et de
maintien de la piste
|
- aucun
|
- savoir faire et possibilité d'emploi sur autre projets =
source potentielle de revenu
|
|
Dynamique
Sociale
|
|
|
|
- Cohésion sociale
- Dynamique collective
|
- village dispersé, concessions et quartiers distants
- mesures collectives d'aide et de développement du
village existantes.Menées par les 4 groupes socio-professionnels pour
·réalisation de sites anti-érosifs sur
champs collectifs
·plantation d'arbre de reboisement ds village
·Organisation de campagne d'alphabétisation
Les porteurs du projets sont le chef du villages (Yentagma), ses
conseillers et le RAV + la représentante des femmes.
|
|
- rapprochement des villageois dû au
travail en commun sur pistes. Amitiés crées
- effets de l'approche participative :
?création d'un comité de suivi de la piste
=
dynamique collective renforcée (pas slt
grpes socio-professionnelles) tournés vers un développement
commun de leur village. ? renfort de la cohésion sociale et des
relations entre villageois
|
- Conflits
|
- pas de conflits marquant
|
- pas de conflits avoués
|
- pas de conflits avoués
|
- Pratiques socio-culturelles
|
- mariage en cachette dus au manque de moyens financiers, ou
mariage en attente dus au manque de moyens financiers pour la dot et la
célébration -fête
|
|
- 4 mariages de femmes de T. ?entre autre effet de richesse des
familles d'appartenance
- 9 hommes ont pu se marier et célébrer de belles
fêtes
? 13 mariages célébrés suite
à salaires pistes
|
- Contacts avec extérieur
|
- difficulté de trouver le village pour
étrangers
- visites peu fréquentes d'amis ou de parentés due
à la difficulté de déplacement, pas de contact avec
l'extérieur en saison pluvieuse
|
- visite plus fréquente
d'étrangers au village
? contact avec étrangers,rapprochement
Exemple : foire de Dilembo. 2004 a permis
l'organisation de navettes régulières (fada-tant). Grande
affluence dans le village. Belle fête
- visites plus fréquentes d'amis ou
parenté résident dans la région, notamment en
saison des pluies
|
|
- Mobilité
· Raison
· Moyen
· Fréquence/jr
|
- déplacements vers Diapangou et Fada difficiles et
uniquement en cas de besoin (santé, école second, commerce)
- Par ordre de répartition
Pied - Vélo - Charrettes -moto- pas de véhicule
- Avt = ? Ne sais pas
|
-déplacements à raison sociale, de
divertissements
- déplacement des vieux pour fêtes ou autre vers
d'autres villages ou fada rendue possible
? mobilité sociale uniforme
-Jours de marché :env.
2 à 3 voitures, 40 vélo, 10 charrettes
|
- ? du pouvoir d'achat (vélos,)
- Achat par les jeunes principalement de vélo contribuant
à une indépendance vis-à-vis des parents. Achat de 10
vélos pour l'ensemble du village.?importante
= Moyens de trans. cycliste passe de 12 à 22.
- Achat ou réparation de vélo pour les
femmes pour déplacements commerciaux.
|
-communication et
information
|
- communication fonctionnant selon le système de
commissionnaires relayés, vu la mobilité difficile, village peu
au courant des nouvelles de la région (excepté radio nationale et
Tamba)
- courrier peu fréquent, acheminement long
|
- mobilité et contact vers l'extérieur permettent
de ramener des informations au sein du village plus
régulièrement
- population extérieur connaît accès
facilité au village
? augmentation des échanges par
courrier
|
|
Qualité de vie
|
|
|
|
- Valorisation/ satisfaction
|
- sentiment d'enclavement, coupé du monde
|
- grand sentiment de fierté. Le village devient un point
de passage des autres villages en direction de Diapangou
?gagne en importance
sentiment de supériorité
|
|
- Nouveaux produits
|
- achats des biens de subsistance principalement pour la
majorité des villageois
|
- disponibilité de biens de luxe
(ex : pagnes, habits), biens de consommations nouveaux
(ex : légumes) sur le marché
|
- moyens financiers d'accéder à des nouveaux biens
( vélo, tv, radios ...)
|
- sécurité
|
-Insécurité lors des déplacements dans la
brousse (coupeurs de route embusqués dans buissons). Pas de
déplacements de nuit femmes-enfants, slt en cas d'urgence homme.
Sentiment de peur
|
- Piste dégagée. Aucun cas d'agression
signalée depuis piste. Déplacements de jour et de nuit de
la population (femmes-hommes-enfants) jugés comme sûrs.
|
|
Mouvements de population
|
|
|
|
Exode rural
|
- Exode rural saisonnier des jeunes en saison sèches vers
la côte d'ivoire et autres pays limitrophes motivé par la
recherche d'emplois rénumérateurs
|
|
- Emploi générés par la piste a
fortement diminué cet exode des jeunes.
= ?de la population résidentielle
= ? de l'entraide financière et aide au
quotidien
|
Emigration
|
- Le village a connu entre 2002 et 2003 l'émigration
définitive d'environ 26 concessions pour d'autres zones plus propices
à l'agriculture et à l'élevage
|
|
-2004 : aucun départ
enregistré. Dû travail sur piste
générateur de revenu, ?de la pauvreté. ? de la population
active (jeunes). Pas besoin de recherche d'autre terres afin ? moyens de
subsistance
|
Immigration
|
- Immigration presque inexistante
|
- inchangé à ce jour
|
|
Aide au développement
|
|
|
|
- Incitation/attraction
|
- Entre 1995-2002, intervention de PFA, Ile de Paix et Tin-Tua
dans 4 projets
|
- La venue du PNGT (construction forage, aide au maraîchage
école) attribuée à la piste par les villageois
- espoir de la population d'obtenir plus d'aide car
village plus accessibles et diagnostic des besoins. Ne pas rester dans
l'oubli.
|
|
- Faisabilité
|
|
- transport de matériel lourd (pr construction)
rendu possible. (ex : construction d'un barrage
espérée)
|
|
Effets sur l'économie
Données obtenues par les entretiens avec les
différentes catégories sociales : Agriculteurs, Eleveurs,
Commerçants et les Femmes
Etats des lieux/
Variables
|
Avant piste
|
Après piste
Effets piste
|
Après piste
Effets $ / HIMO
|
Agriculture
Selon matrice de classification des besoin :piste =
priorité première
|
|
|
|
Espèces cultivées
|
Principales /secondair
- sorgho coton
- mil arachide
- riz paddy patate douc
- maïs sésame
soja
- culture maraîchère pratiquement inexistante (sauf
école en projet)
|
- Intention? de la culture du riz grâce
aux retenues d'eau découlant des radiers de la piste
- Production coton, car accès camions pr transport
- Idem (dépend de la construction d'un barrage)
? pas de nouvelles espèces cultivées
|
-Possibilité d'achat de semence pour :
- Intention? de la production de coton (pas slt
par les vieilles) comme culture de rente
|
- Commerce de produits agricoles
|
- Difficultés d'acheminement du surplus de production
destiné à la vente vers autres marchés. Petites
quantités transportées
|
- Accès aux autres marchés : facilité des
déplacements et quantités transportées facilités,
grâce à passage avec charrette
|
|
- Variation de la quantité produite = non mesurable et non
soumis à l'influence de la piste soumis à des facteurs
climatiques
|
|
-Perspective d'?de la production des cultures principales
car pas d'exode rural = acquisition des terres abandonnées par
émigrants.
|
|
- Variation du prix de vente
|
|
- Pas de changement
|
|
- Intrants
|
- agriculture itinérante sur brûlis sans
fertilisants chimiques, peu d'utilisation d'engrais organiques laissés
par les troupeaux sur champs en saison sèche (peu de fosses
fumières)
- pas d'info sur semences
|
|
- ?d'engrais organique car? du cheptel
grâce aux salaires de la piste =
|
- Moyens de production agricoles / Effets sur la production
agricole
- Transport de la production
|
- Activité agricole basée sur la force de travail
humain. Une faible partie de la population possède des boeufs de labour
pour culture
- à pied, à vélo et par les charrettes
|
- par la piste
|
- Achats de boeufs de labour facilitant le travail
agricole et ? du rendement de la production attendu par les
agriculteurs
- Achats d'ânes et de charrettes
? facilité de transport et ? de la quantité
transportée
|
Elevage
Selon matrice de classement des besoins : piste =
dernières priorité
|
|
|
|
- Composition du cheptel/ investissement de cette
catégorie
|
Quantité estimée selon recensement cheptel et ISG
en 2004
- bovins = 1000/ 1576
- ovins = 843/ 1039
- caprins =1284/ 1247
- asins = 59/ 86
- porcins = 61/ 103
- volailles = 2528/ 3753
|
|
On note une ? considérable dont ( 18 boeufs et 8
ânes) du cheptel rendue possible par les salaires.
=- ? de l'activité de l'élevage
|
- Variation du prix de vente des bêtes
|
Ex :
Boeufs de labour = 50'000CFA
|
Boeufs de labour=
75'000-125'000CFA
= pas influencé par piste
|
Impossible de savoir si la piste, l'? de l'achat est responsable
de l'? des prix!!!
|
- Intrants
Fourrage / prix
Soins vétérinaires/prix
|
- transport difficile, charrettes
- + cher
- entre 600 et 750 CFA par bête
|
- Transport avec véhicules marchands (bétails) les
jours de marché = Acheminement plus facile
- -cher / pas lié piste
- ? à 300 CFA / pas lié à piste
|
|
- Autre
|
|
- ? du vol de bétail qui transite en
parallèle à la piste
|
|
Commerce (hommes). Selon la matrice du
classement des besoins : piste = priorité première
|
- Années 80 marquées par une forte activité
commerciale, puis l'exode et l'émigration et l'ouverture du
marché de Tibga ont entraîné une baisse considérable
de l'activité commerciale touchant tous les types de commerce
|
- Depuis 2004 on note une reprise des activités
commerciales due ?
- ? de l'affluence de commerçants à
Tantiaka
- ?diversification des produits vendus car facilement
acheminés par piste
- + grande affluence - de la clientèle venue des
villages voisins
|
- ? de l'exode rural et de
l'émigration.
= ? de la clientèle du village
- ? du pouvoir d'achat
|
Commerce du bétail
- Activité
-Affluence/ Transport
- Ventes journalières (lors du marché)
|
- Tantiaka = marché à bétail de petits
ruminants
- Fada = Grand marché au bétail bovins
- Acheteurs et vendeurs de la région et occasionnellement
commerçants étrangers
|
- Développement du commerce de boeufs
à Tantiaka
- ? du prix par bête car pas le prix du transport
- Provenance de + d'acheteurs et de vendeurs de la
région (Fada, Pouytenga, Koupela, Diabo, Yambie, Comyanga).
Mais aussi de Ouaga et étranger (Bénin - Togo).
Grâce à la possibilité de venir avec
véhicule (transport des petits ruminants)
? ?importante de l'activité
commerciale
Constat général :
A doublé
|
- vente de boeufs et d'ânes aux salariés de la
piste. (+18 boeufs et + 8 ânes). + de nombreux caprins et ovins
|
Petit commerce (de pièces
détachées pour vélo, motos, lampes de
poches, ampoules, piles, savon, dentifrice, bonbons matériel scolaires
etc..)
- Activité
- Ventes journalières
|
- Faible activité due aux difficultés
d'acheminement du matériel vers T.
Peu de produits proposés
|
- ? des activités =
? de l'offre en quantité et
diversité
|
- ? des ventes en 2004 grâce aux salaires
générés par la piste
? considérable du chiffre d'affaire
|
Femmes
Selon la matrice du classement des besoins : piste =
priorité première
|
|
|
|
Activité commerciale
- Vente de produits agricoles transformés : dolo,
soumbala, beignets, repas
- Vente de produits pour la cuisine : épices,
légumes
- Ventes journalières
- Commerçantes de Diapangou
|
- activité moyenne ? dépend de l'affluence de la
clientèle
- vente de petites quantités et peu de diversité
(=peu de légumes) due aux difficultés d'acheminement des produits
? légère modification des régimes alimentaires
- entre 2'500 et 4'000CFA par jour de marché
- Fréquentaient peu le marché de Tantiaka
|
- ? de l'affluence = relance de la vente
- acheminement d'une plus grande quantité de
produits, achat de légumes à Diapangou
- 5'000 et plus par jour de marché
? grâce à affluence
- Commerce régulier des femmes de Diapangou à
Tantiaka
|
- ? des ventes dues à ? du pouvoir d'achat des
ménages
? grâce à pouvoir d'achat
|
Conclusions
|
|
L'aménagement de la piste a permis une affluence
considérable et une reprise des activités commerciales
facilité par l'acheminement des produit de T. à D et
inversement
|
? des revenus et pouvoir d'achat a ? grâce aux salaires
qui ont été déterminants et ont surtout permis de pallier
à une période de soudure due aux mauvaises récoltes
consécutives de 2003- 2004)
|
Restitution entretiens village de Tambiga
Piste Diabatou ? Tambiga
Effets sur le social
Données obtenues par les entretiens avec
Les catégories
socio-professionnelles :Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants, Femmes
ainsi qu'avec le Délégué administratif du village
(RAV),l'agent de santé, comité de suivi de la piste, la CVGT et
le directeur de l'école.
Etats des lieux/
Indicateurs
|
Avant piste
|
Après piste
Effets piste
|
Après piste
Effets Salaires HIMO
|
Santé/
PSP depuis 1998 (soins du paludisme léger, de la toux, des
maux de ventres et diarrhées, des vomissements, des plaies et des
conjonctivites ; maternité qui s'occupe des accouchements, de la
pesée des enfants et de la sensibilisation)
Projet français d'extension en CSPS pour 2005
CSPS actuel le plus proche à Natiaboani (22km)
|
|
|
|
- Transport
|
- Transport vers Natiaboani (CSPS) et Fada (Hôpital) par la
brousse en moto,charrette et ambulance tractable
= Déplacement difficile, risqué et long (en 2000,
les villageois ont frayé un passage pour l'ambulance tractable en
enlevant les souches)
|
-Transport vers Natiaboani et Fada par ambulance ou
véhicule
= Déplacement facilité, sûr et rapide (1
heure en ambulance tractable)
5 à 10 autorisations de transfert sont
délivrées par mois
6 villages alentours qui n'ont pas de PSP viennent plus
facilement à Tambiga
Augmentation du nombre de patients 2 à 3/jour en
2003 ; 5 à 6/jour en 2004
Augmentation de la fréquence des campagnes de
prévention/sensibilisation
Achat de médicament facilité
|
- Augmente l'accès financier aux soins.
|
Education
|
|
|
|
Deux classes : CP1 et 2 ; 81 enfants
|
Se rendre à Nagré (7 km) pour scolarisation
|
Construction de bâtiments scolaires facilité
(acheminement des matériaux)
|
Frais de scolarités plus accessibles
|
Formation
|
|
|
|
Formation aux travaux de construction et de maintien de la
piste
|
- aucun
|
|
- savoir faire et possibilité d'emploi sur autre projets =
source potentiel de revenu
|
Dynamique sociale
|
|
|
|
Contacts avec extérieur
-Communications et
information
|
- difficulté de trouver le village pour
étrangers
- visite peu fréquente d'amis ou de parents
- peu d'informations
|
Visites plus fréquentes d'amis et de parents
Informations plus variées et plus rapides
|
|
Qualité de vie
|
|
|
|
- Valorisation
- Sécurité
- Enrichissement
|
Peu de visibilité à distance, risques de se perdre
ou de se faire agresser
|
Sentiment de fierté, de reconnaissance sociale.
Diminution du sentiment d'insécurité
|
Augmentation du pouvoir d'achat
Investissements (bétail, semis) et gros achats
(vélos, motos, tôles)
|
Mouvements de population
|
|
|
|
- Emigration
- Immigration
|
|
Arrivée de nouveaux agriculteurs, donc concurrence avec
éleveurs pour place, nourriture et eau
|
Jeunes hommes n'ont pas eu besoin de partir à la recherche
d'argent pour finacer leur mariage
|
Aide au développement
|
|
|
|
- Incitation/attraction
- Faisabilité
|
|
Projet de maraîchage
Bâtiments scolaires
Passage de PSP à CSPS
Acheminement sur les marchés des produits
maraîchers
Acheminements des matériaux de construction pour les
bâtiments scolaires et médicaux
|
|
Effets sur l'économie
Données obtenues par les entretiens avec les
différentes catégories sociales : Agriculteurs, Eleveurs,
Commerçants et les Femmes
Etats des lieux/
Indicateurs
|
Avant piste
|
Après piste
Effets piste
|
Après piste
Effets Salaires HIMO
|
Agriculture
|
|
|
|
Intrants
|
Chacun cherche individuellement son engrais
|
Organisés collectivement afin de déléguer
une personne qui va aller chercher l'engrais en gros à Fada: gain
financier et de temps
|
|
Production
|
Chacun devait apporter sa production à Nagré ou
Fada
|
Augmentation de la production agricole en général
et particulièrement du coton (évacuation par camion)
Commerçants viennent chercher la production directement
sur place
|
Exode rural limité : jeunes hommes, indispensables
aux travaux champêtres et influents sur le rendement, sont moins
partis
achat de semis et extension du domaine exploité
|
Elevage
|
|
|
|
Intrants (son, sel)
Soins vétérinaires
|
|
Transport facilité
Plus facile de chercher et faire venir le
vétérinaire, spécialement durant la saison des pluies
Possibilité de faire venir un collecteur de lait
|
Achat de nouvelles têtes de bétail
|
Commerce
|
|
|
|
Trois boutiques
|
|
Augmentation des ventes
Transport facilité des marchandises
Risque de perdre de la clentèle qui va plus souvent au
marché et qui achète en gros
Plus forte menace des commerçants ambulants
|
Augmentation des ventes
|
Restitution entretiens village de Fonghin
Piste Tilonti - Fonghin
Effets sur le social
Données obtenues par les entretiens avec.
Les catégories socio-professionnelles :
Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants, Femmes, ainsi qu'avec le chef du
village et le Directeur de l'école.
Etats des lieux/
indicateurs
|
Avant piste
|
Après pistes
|
Santé
|
- Absence de centre de santé
- Difficulté d'accès aux centres de soins
- Moyen de déplacement rudimentaire : vélos,
charrettes azine
- Distances respectives : 8, 22 ; 35Km correspondant
à Louargou, Tibga et Diabo
|
- Absence de centre de santé
- Facilité d'accès
- Moyen de déplacement. vélos, motos et
véhicules
- Selon les villageois l'introduction des nouvelles maladies
- Les distances restes les mêmes.
|
Education
|
- Absence de l'école
|
- Construction de l'école et de la piste dont
l'acheminement des matériau' a été facilité par le
projet routier
- Croissance de l'effectif au fil des années : 12
élèves en 2000 et 135 en 2005
|
Formation
|
- Aucune
|
- Alphabétisation en moré
- Formation en technique culturale. Semi en ligne,
amélioration de l'utilisation des intrants
- Formation en technique de lutte anti érosive
|
Dynamique sociale
|
|
|
Cohésion sociale
|
|
- Renforcement du tissu familial par la fréquence des
visites
|
Contact ave l'extérieur
|
- moyen de contact
|
- Contact avec toutes sortes de personnes
- Acquisition des nouvelles connaissances
|
Communication/ information
|
- Accès difficile aux informations
- Difficulté de réceptionner les courriers et
message
|
- Accès facile aux informations
- Réception des courriers et messages
|
Mobilité
|
- Déplacement difficile
|
- Augmentation de la mobilité
|
Sécurité
|
- Sentiment d'insécurité
|
- Renforcement de la sécurité
|
Qualité de vie
|
|
|
Nouveaux produits
|
- Accès difficile aux différents produits
|
- Facilité d'accéder à tous les produits
|
Enrichissement
|
|
- Augmentation des revenus de façon considérable
|
Mouvements de la population
|
|
|
Immigration
|
- Village constitué des migrants
|
- Augmentation considérable du nombre de migrant
|
Emigration
|
- Aucun départ n'a été signalé
|
- Aucun départ aussi
|
Exode rural
|
- Cas d'exode signalé
|
- Aucune influence de la piste sur ce phénomène
|
Aide au développement
|
|
|
|
- Présence de FEER
|
- Augmentation du nombre de partenaires. PAFR ; Iles de
Paix ; et SOFITEX
- Rôle .Aménagement des bas fonds et appui
à la production du riz
- Appui à la production et à la commercialisation
du coton
|
Effets sur l'économie
Données obtenues par les entretiens avec les
Agriculteurs, Eleveurs, Commerçants et Femmes
Agriculture.
|
- Utilisation de fumier de ferme
- Cultures : le riz, le mil, le sorgho et le maïs
|
- Utilisation du fumier organique (compostage)
- Arriver de nouveaux intrants. NPK et Urée
- Nouvelles cultures (coton) et le maraîchage
- Augmentation des rendements
- Acquisition des nouvelles techniques culturales à
travers les projets d'aménagement
|
Elevage.
|
- Difficulté d'acheminement des intrants
- Accès difficile aux produits vétérinaires
|
- Accroissement considérable du cheptel
- Facilité d'acheminer les intrants
- Accès facile aux produits vétérinaires
|
Commerce.
|
- Un nombre limité de produits
- Peu de commerçant
- Absence des intrants
|
- Diversification des produits et marchandises
- Augmentation accrue des commerçants
- Multiplication des boutiques et kiosques
- Facilité d'écouler les produits et
marchandises
- Augmentation de la clientèle
- Facilité d'accès au marché
- Augmentation des revenus de façon considérable
|
Annexe 2 Guide
d'entretiens
Guide d'entretiens
Nom et Prénom de
l'enquêteur________________________________________
Date de l'enquête _____/_______/_______
Informations générales
1. Province______________________
2. Département___________________
3. Village________________________
4. Activité socio-professionnelle
_______________________
5. Nombre de personnes présentes______________________
Impacts de la piste sur les variables
sociales
Santé
1. Infrastructures médicales au sein du village, dans les
villages avoisinants
2. Lieu de consultations médicales
o Durée / distance / contraintes ? Avant - Après
piste
3. Choix de l'infrastructure médicale en fonction du
problème
o Avant piste - Après piste
4. Moyens de transport utilisés
o Avant piste - Après piste
5. Accès aux médicaments
o Lieu de distribution, prix ? Avant piste - Après
piste
6. Campagne de vaccination / prévention
o Fréquence ? Avant piste - Après piste
7. Maladies virales
o Nombre et type ? Avant piste - Après piste
8. Argent investi pour la santé
o Avant piste - Après piste
9. Nombre d'agents de santé par infrastructure
médicale
o Avant piste - Après piste
10. Niveau de formation des agents de santé
o Avant piste - Après piste
11. Etat de salubrité
o Avant piste - Après piste
12. Travaux de réfection du centre ou construction d'un
centre depuis la piste
13. Fréquentation
o ? ou ? ? Avant piste - Après piste
Education/Formation
1. Infrastructures présentes au sein du village, dans les
villages avoisinants
2. Lieux de scolarisation primaire - secondaire
o Durée / distance / contraintes ? Avant - Après
piste
3. Moyens de transport utilisés
o Avant piste - Après piste
4. Argent investi pour l'éducation
o Avant piste - Après piste
5. Nouveaux élèves inscrits - nombre
6. Fréquentation de l'école
o ? ou ? ? Avant piste - Après piste
7. Qualité de l'enseignement
o Avant piste - Après piste
Dynamique sociale
1. Contacts avec l'extérieur
o Raison / Fréquence / Qui se déplace / Où ?
Avant piste - Après piste
2. Communication et information
o Moyens - Fréquence ? Avant piste - Après piste
3. Cohésion sociale
o Rapports entre villageois ? Avant piste - Après piste
4. Dynamique collective
o Nombre de groupements présents, objectifs ? Avant piste
- Après piste
5. Conflits
o Identification des conflits - raisons ? Avant piste -
Après piste
6. Pratiques socio-culturelles
o Nombre, type et description des fêtes et
cérémonies ? Avant piste - Après piste
Bouleversements sociaux
1. Normes et valeurs fortes dans le village
o Avant piste - Après piste
2. Rapports intergénérationnels
o Obéissance / Conflits / Aide / Respect ?Avant piste -
Après piste
3. Tendance à faire comme les autres villages
o Avant piste - Après piste
4. Position des forces au pouvoir (chef du village, conseil)
o Respect du chef ? Avant piste - Après piste
o Nombre et influence des comités villageois ? Avant
piste - Après piste
5. Pratiques religieuses
o Religion dominante ? Avant piste - Après piste
o Si modification ? définir les raisons
Qualité de vie
1. Produits disponibles au village
o Avant piste - Après piste
2. Type d'achat
o Avant piste - Après piste
3. Contraintes liées à la sécurité
o Avant piste - Après piste
4. Perception du village par lui-même
o Avant piste - Après piste
5. Perception du village par les autres villages
o Avant piste - Après piste
Mouvements de population
1. Habitude d'accueillir de nouveaux habitants dans le village
2. Raisons et nombre approximatif de personnes s'installant dans
le village
o Avant piste - Après piste
3. Habitude de voir des habitants quitter le village
définitivement
4. Raisons et nombre approximatif de personnes quittant le
village
o Avant piste - Après piste
5. Habitude de voir des habitants partir durant la saison
sèche
6. Raisons et nombre approximatif de personnes quittant
temporairement le village
o Avant piste - Après piste
Aide au développement
1. Nombre de projets d'aide au développement intervenus
depuis la piste
2. Raisons de ces interventions
3. Perspectives de développement du village
Fin de l'entretien commun
Impacts de la piste sur les variables
économiques
Agriculture
1. Type de cultures pratiquées
o Avant piste - Après piste
2. Quantité produite
o ? ou ? ?Avant piste - Après piste
3. Transport de la production
o Avant piste - Après piste
4. Moyens de production
o Avant piste - Après piste
5. Types et quantité d'intrants utilisés /
Acheminement
o Avant piste - Après piste
6. Quantité de production vendues / Prix
o Avant piste - Après piste
7. Modification des revenus
o Type d'investissements ? Avant piste - Après piste
Elevage
1. Espèces élevées
o Avant piste - Après piste
2. Quantité de bétail
o Avant piste - Après piste
3. Transport du bétail
o Avant piste - Après piste
4. Types et quantité d'intrants utilisés /
Acheminement
o Avant piste - Après piste
5. Modification des revenus
o Type d'investissements ? Avant piste - Après piste
Commerce
1. Type et nombre de commerces au sein du village
o Avant piste - Après piste
2. Nombre de commerçants
o Avant piste - Après piste
3. Offre de produits
o Avant piste - Après piste
4. Affluence de la clientèle
o Nombre de clients ?Avant piste - Après piste
5. Ecoulement des marchandises (Quantités vendues)
o Avant piste - Après piste
6. Transport des marchandises
o Avant piste - Après piste
7. Modification des revenus
o Type d'investissements ? Avant piste - Après piste
* 1 Chiffres tirés des
documents suivants :
T. Kuela, A. Ouattara, O. Swadogo, «Projets et programmes
de développement face aux défis de la pauvreté dans la
région de l'Est» Contribution de la DRED de l'Est à
l'Assemblée Régionale des Chefs de projets 2004
Helvetas - Burkina Faso, "Rapport final de phase de projet,
Programme « Pistes rurales à l'Est »
République du Burkina Faso - Phase 1 " Août 2004
Helvetas - Burkina Faso, " Pistes rurales -
Désenclavement à l'Est, Synthèse du Document de Programme
de la phase 2 "
* 2 T. Kuela, A. Ouattara, O.
Swadogo, «Projets et programmes de développement face aux
défis de la pauvreté dans la région de l'Est»
Contribution de la DRED de l'Est à l'Assemblée Régionale
des Chefs de projets 200
* 3 Helvetas - Burkina Faso,
" Pistes rurales - Désenclavement à l'Est, Synthèse
du Document de Programme de la phase 2 ". Juin 2004
* 4 L'ISG travaille selon une
approche méthodologique basée sur la recherche - action
utilisant les outils appropriés de collecte de données de la
MARP. Ces outils favorisent les échanges dynamiques avec la population
et contribue aussi à la validation et à l'appropriation des
résultats du diagnostic.
* 5 Voir carte topographique
* 6 Voir guide d'entretien en
annexe
* 7 Notre intention initiale
était de réunir 5 à 10 personnes. Notre présence
dans les villages semble avoir attiré une population
intéressée, dynamique et très participante.
* 8 Source : Direction
régionale de l'économie et du développement (DRED), Fada,
2004
"Situation de référence du terroir de
Diapangou", ONG Ile de Paix, Janvier 2005
* 9 On dénombre 6
comités ou groupements dans le village :
- le comité villageois de gestion du terroir (CVGT)
- le comité de gestion villageois (CVG)
- le comité de gestion villageois des forages
(CGVF)
- le groupement villageois homme (GVH)
- le groupement villageois femmes (GVF)
- l'association des parents d'élèves (APE)
* 10 Source: Rapport sectoriel
de diagnostic socio-économique sectoriel du village de Tambiga.
* 11 Organisation Lampougouri,
groupement des éleveurs, des cotonniers, des femmes
maraîchères et l'association des parents
d'élèves.
* 12 Rapport sectoriel de
diagnostic socio-économique sectoriel du village de Tambiga, p.20.
* 13 Sources : Etudes de
base dans les nouveaux villages de la campagne, FEER, 1999
Situation de référence de terroir
de Diapamgou ; Iles de Paix ; janvier 2005
* 14 Etudes de base dans les
nouveaux villages de la campagne, FEER ,1999
* 15 Nous parlerons alors, par
exemple, de sentiment de sécurité plutôt que de
sécurité en tant que telle.
* 16 Selon le groupe
interrogé, et en moyenne, un éleveur a besoin de 100 kg de son
par an et de 50 kg de sel.
* 17 Source : Etudes de
base dans les nouveaux villages de la campagne 1999 du FEER II et situation de
référence du terroir de Diapangou, Iles de Paix, janvier 2005.
* 18 Source : Etudes de
base dans les nouveaux villages de la campagne 1999 DU FEER II et situation de
référence du terroir de Diapangou, Iles de Paix, janvier 2005
* 19 Christel Jost, "L'approche
sociale de projets de développement. Le cas de l'aménagement
d'une piste rurale dans le village de Boumwana par PrEst."
* 20 Mamady Diané,
"Impacts environnementaux des pistes rurales."
* 21 Julien Matter, "De
l'élaboration d'un processus efficace d'entretien comme gage de la
pérennité du projet de désenclavement. Le cas de la piste
rurale Tantiaka - Diapangou dans la province de l'Est du Burkina Faso."
|