UNIVERSITE DE LUBUMBASHI
DEPARTEMENT DES SCIENCES POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES
L'élection des gouverneurs aux Etats-Unis
d'Amérique
Par
JEAN-LUC MALANGO KITUNGANO
Gradué en philosophie,
Gradué en sciences politiques et Administratives
Travail présenté dans le cadre du cours
de systèmes politiques comparés
Dirigé par
M . MUDIMBI DJEFF
Chargé de cours.
Faculté des sciences sociales,
politiques et administratives
UNIVERSITÉ DE LUBUMBASHI
Année académique 2006-2007
AVERTISSEMENT
Ce travail a été présenté dans le
cadre du cours de Systèmes politiques comparés en première
année, niveau master (Licence selon la RDCongo). Il ne s'agit nullement
d'un mémoire mais plutôt d'une synthèse des lectures sur le
système d'élection des gouverneurs aux Etats-Unis. Il s'agit
d'une synthèse des livres et articles sur le sujet demandé comme
Travail pratique par le Chargé de Cours Monsieur Mudimbi Djeff, de la
Faculté des sciences sociales politiques et Administratives. Je remercie
spécialement, l'assistant Lisongomi André, sociologue politique,
qui avait accepté de le corriger avant sa finalisation. Nous vous
remercions de le citer comme source dans vos travaux de recherches.
Jean-Luc MALANGO
INTRODUCTION
En rapport avec l'un des objectifs du cours de systèmes
politiques comparés, à savoir créer l'esprit de recherche
chez les étudiants auxquels le cours est destiné,
l'opportunité nous a été offerte d'étudier en
profondeur l'élection des gouverneurs aux Etats-Unis.
Les Etats-Unis étant un Etat fédéral,
chaque Etat fédéré fonctionne comme une entité
autonome pour les matières qui ne relèvent pas de l'Etat
fédéral. A ce titre, chaque Etat fédéré est
doté d'un exécutif, chapeauté par le gouverneur, d'un
pouvoir législatif représenté par deux chambres : la
chambre des représentants et le Sénat (sauf le Nebraska qui en a
une seule).
Pour le peuple américain, démocratie est
synonyme d'élection. Les opérations électorales sont
généralement bloquées sur un seul et même jour de
façon à favoriser la participation électorale. La
contrepartie est que les électeurs subissent plusieurs campagnes
électorales à la fois : pour l'élection du
Président, du gouverneur de leur Etat, des représentants de cet
Etat au Congrès, des juges, des détenteurs du pouvoir dans les
comtés et dans les communes, etc.
Le système électoral américain est
complexe par le fait que la législation électorale, même
pour les élections nationales, relève largement des Etats
fédérés. On rencontre donc des règles
différentes à travers les Etats, ce qui ne facilite pas la
présentation aisée du système et surtout l'accès
aux les données. On peut cependant noter que le scrutin majoritaire
uninominal à un tour est largement dominant, il appelle le vote utile et
entraîne la consécration du bipartisme.
Les quelques préalables étant posés,
analysons en profondeur le déroulement de l'élection des
gouverneurs aux Etats-Unis à partir de quelques cas concrets.
1. DURÉE DU MANDAT, ÉLIGIBILITÉ ET
DU DÉROULEMENT DES SCRUTINS
Le mandat de gouverneur est de 4 ans dans 47 Etats et de 3
ans dans les Etats de New Hampshire, de Rhodes Island et du Vermont. A l'instar
du président des Etats Unis, le gouverneur ne peut être
réélu qu'une seule fois. La durée du mandat ne peut donc
dépasser 8 ans au total.
De manière générale, dans
différents Etats fédérés, pour se présenter
comme candidat à l'élection du gouverneur, il faut
obligatoirement être citoyen des Etats-Unis d'Amérique, avoir plus
de 30 ans et résider dans l'Etat où l'on postule durant cinq ans
avant l'élection1(*).
L'élection du gouverneur est un long processus qui commence par une
sélection des candidats au sein des partis et l'inscription sur les
listes électorales des candidats aussi bien des partis que les
indépendants.
Dans l'Etat de Californie, il faut remplir en outre les
conditions suivantes : rassembler 65 signatures de soutien des
électeurs inscrits sur les listes électorales et déposer
un chèque de 3500 dollars comme caution.
Dans l'Etat de Georgie, le candidat qui avait obtenu au moins
20 % des suffrages dans l'élection la plus récente a
automatiquement le droit de participer à l'élection suivante. Les
candidats qui ne remplissent pas ce critère devront obtenir au moins les
signatures d'au moins 5% des électeurs inscrits sur les listes
électorales2(*).
L'élection proprement dite a souvent lieu au mois de
novembre. Celle-ci consiste en un scrutin majoritaire uninominal à un
tour : l'électeur doit choisir un candidat parmi plusieurs. On
compte alors le nombre de voix obtenues par chaque candidat. Celui qui
recueille le plus de voix (majorité relative) remporte les
élections.
Il n'y a pas de loi fédérale qui régit la
conduite des élections dans tous les Etats fédérés.
En fait, les États n'administrent pas non plus le processus
électoral au jour le jour. Cette tâche incombe à
l'échelon inférieur, qui est le comté. Donc, pas de haute
autorité électorale aux États-Unis, mais trois mille deux
cents autorités électorales dans l'ensemble du pays qui sont
chargées d'organiser toutes les élections dans leurs
comtés respectifs, que ce soit pour les élections à la
présidence du pays ou à des fonctions strictement locales de
portée infiniment plus modeste3(*).
Aux États-Unis, chaque bureau de vote fait appel
à des surveillants électoraux qui sont chargés de garantir
le déroulement du scrutin dans de bonnes conditions, de protéger
les droits des électeurs et de faire appliquer la loi et les
règlements. Les conditions à remplir pour accéder à
un tel poste varient d'un État à l'autre, mais tous exigent que
ces personnes soient inscrites sur les listes électorales4(*).
Les surveillants électoraux suivent un stage de
formation avant le jour du scrutin afin de se familiariser avec la
procédure et le type de machines à voter. Ils apprennent à
venir en aide aux électeurs sans les influencer ni compromettre le
secret des urnes. L'impartialité est en effet une condition sine qua non
de leurs fonctions. Ils n'ont pas le droit de favoriser quelque candidat que ce
soit et ils ne doivent pas non plus arborer le moindre signe qui
révélerait leur soutien à un candidat ou à un parti
politique quelconque.
La Commission électorale fédérale, en
plus de la surveillance du financement des campagnes électorales, aide
les Etats à améliorer les lois électorales dont ils se
dotent d'une part, et soutient les responsables électoraux locaux
à améliorer leur administration du processus électoral, en
adoptant de nouvelles techniques et des procédures pour empêcher
la fraude, ou pour rendre l'opération plus efficace et plus
économique, d'autre part.
Le spécialiste américain du droit
constitutionnel, Jamin RASKIN critique de manière acerbe l'absence d'une
commission électorale nationale en ces termes : « il n'y
a pas de commission électorale nationale dont la tâche est de
garantir l'impartialité des élections et de protéger le
droit à la participation électorale. Au lieu de cela, nous avons
des milliers de responsables désignés par les partis au niveau
des États ou au niveau local - des gens comme le Secrétaire
d'État de Floride en 2000 - Katherine Harris - co-présidente du
comité de soutien à George Bush dans cet État. Nous
n'avons pas de scrutin national, mais un labyrinthe de scrutins locaux. Nous
n'avons pas de système électoral unifié - les moyens
techniques mis en oeuvre allant des cartes perforées à la lecture
optique des bulletins, sans oublier les ordinateurs « boîtes noires
», qui ne délivrent pas de confirmation écrite (...). Ces
systèmes de vote sont en général conçus non pas par
des organismes publics, mais par des entreprises privées, dont beaucoup
sont dirigées par des individus très engagés
politiquement. Le PDG de Diebold Corporation, le principal fabriquant des
nouvelles machines à voter, a récemment passé un week-end
au ranch du Président Bush et a écrit une lettre de soutien dans
laquelle il s'engageait à faire gagner Bush dans l'Ohio. Dans cette
jungle électorale, le droit de vote est affaibli... »5(*)
Les gouverneurs élus entrent en fonction le premier
lundi suivant le premier janvier après leur élection. Ils peuvent
perdre leurs fonctions soit après une procédure
d' « empeachment » votée par l'assemblée
et un vote de deux tiers du sénat, soit encore après des
pétitions formulées par les votants suivant une procédure
de « recall » qui fut utilisée en 2003 en Californie
contre le démocrate,
Gray Davis
destitué par 55,4% des électeurs.
2. DE LA CAMPAGNE ELECTORALE ET DES PARTIS
POLITIQUES
En ce qui concerne la campagne électorale, celle-ci
commence à partir du Labor Day (Fête du travail), soit le
premier Lundi de Septembre. Les bénévoles sont des acteurs
importants lors des campagnes. Certains se pointent très tôt
à l'état-major des candidats afin d'y retirer des
prospectus, des dépliants et des affiches qu'ils iront distribuer du
porte-à-porte jusqu'au dernier jour de la campagne.
D'autres se rendent directement dans les
cafétérias, les gymnases et les centres communautaires qui
servent de bureaux de vote. Là, ils aideront à vérifier
que les électeurs sont effectivement inscrits sur les listes, à
mettre en place les isoloirs et à veiller au déroulement du
scrutin conformément aux lois et aux règlements applicables.
Des mois avant l'élection, ces militants commencent
à distribuer des pancartes ou des affichettes que les gens peuvent
placer sur les vitres de leur maison ou dans leur cour ainsi qu'à
distribuer des prospectus aux arrêts d'autobus et à la sortie des
stations de métro. Ils participent à des rassemblements et
à diverses manifestations visant à mobiliser des fonds ; ils
portent des T-shirts qui font pratiquement lieu d'affiches publicitaires ;
ils accrochent un drapeau sur leur voiture et collent des affichettes sur les
pare-chocs. Le but visé est toujours le même : exprimer leur
soutien au candidat de leur choix. Ces bénévoles sont un maillon
indispensable à toute la campagne électorale aux
États-Unis
Pendant les campagnes électorales, les candidats
reçoivent généralement le soutien des partis et celui du
président des Etats-Unis issu du même parti que lui ou encore des
personnalités éminentes (artistes, hommes d'affaires...).
Malgré ce soutien, ils doivent convaincre
l'électorat à partir d'un débat public entre candidats au
poste de gouverneur. Le cas de la Californie par exemple : Favori dans
les sondages, à la suite du seul débat public de la campagne, le
24 septembre
2003, Arnold Schwarzenegger a
également surfé sur l'immense vague d'impopularité du
gouverneur sortant, pourtant soutenu par l'ancien président
Bill Clinton, pour
battre campagne.
Il avait en outre, usé de sa puissance
financière (millionnaire), de sa célébrité d'acteur
de Cinéma et du marketing. Ces éléments avaient
dominé la campagne électorale, au détriment des
idées politiques suffisamment argumentées. Le programme de
Schwarzenegger étant, du reste, essentiellement basé sur la
dénonciation des excès de dépenses et de taxes
attribués au gouverneur sortant. La procédure du "recall" est,
par ailleurs, apparue comme une manoeuvre des républicains pour prendre
le contrôle du poste de gouverneur d'un des États les plus
importants de l'Union, dans la perspective de l'élection
présidentielle fédérale de 20046(*).
Comme au niveau de l'élection du président des
Etats-Unis, le paysage politique américains est, dans les
différents Etats fédérés, dominé par les
deux grands partis : le parti démocrate, symbolisé par
l'âne et le parti républicain représenté par
l'éléphant. Il existe aussi des partis tels the
Communist
Party USA,
Parti
indépendantiste portoricain (Parti Vert),
Progressive
Party (Parti progressiste du Vermont),
Peace
and Freedom Party (Parti Paix et Liberté).
Le candidat gouverneur représente donc la coalition des
intérêts regroupés dans les deux grands partis. Les
candidats indépendants sont aussi admis à la course
électorale pour devenir gouverneur7(*).
CONCLUSION
Dans l'analyse du mode d'élection des gouverneur
américains, nous avons posés quelques préalables à
savoir que le système électoral américain est complexe par
le fait que la législation électorale, même pour les
élections nationales, relève largement des Etats
fédérés et qu'on y rencontrait une multitude de
règles différentes selon les Etats à travers le pays.
Parmi ces règles différentes, nous avons montré que dans
l'Etat de Californie, il fallait rassembler, en plus des conditions de la
nationalité et de la résidence dans l'Etat où l'on
postule, 65 signatures de soutien des électeurs inscrits sur les listes
électorales et déposer un chèque de 3500 dollars, alors
que dans l'Etat de Georgie, il fallait réunir la signature d'au moins 5%
des électeurs inscrits sur les listes électorales. Nous avons
illustré le mode d'élection de gouverneur dans l'Etat de
Californie sans épuiser le thème avec le cas du
Républicain Arnold Schwarzenegger contre le démocrate Gray Davis
en 2003.
Cependant nous avons noté que le scrutin majoritaire
uninominal à un tour est largement dominant et a lieu le plus souvent au
moins de novembre. Les deux partis, démocrates et républicains
restent dominants.
Pour ce qui est de l'éligibilité, de la
durée du mandant et du mode de scrutin, nous avons relevé dans le
corps du travail que pour être éligible, il fallait être de
nationalité américaine, résider dans l'Etat ou l'on
postule depuis plus ou moins de 5 ans.
Pour ce qui est de la campagne électorale et des partis
politiques, les candidats gouverneur reçoivent un soutien de
présidents des Etats unis sortant de leur parti ainsi que des
personnalités éminentes (artistes, hommes d'affaires...), ils
doivent néanmoins convaincre les électeurs lors du débat
public entre candidats. Les partis dominants restent les démocrates et
les Républicains.
ANNEXES : Échantillon de l'élection
des gouverneurs selon les partis (1972, 1974, 2002)
Gouverneurs avant les élections de 19728(*)
|
Parti
|
Nombre
|
Ceux soumis à la réélection
|
Observation
|
Démocrates
|
30
|
10
|
|
Républicains
|
20
|
8
|
|
Gouverneurs après les élections de
1972
|
Parti
|
Nombre
31
19
|
Observation
|
Démocrates
|
+1
|
Républicains
|
-1
|
Gouverneurs avant les élections de
1974
|
Parti
|
Nombre
|
Ceux soumis à la réélection
|
Observation
|
Démocrates
|
32
|
23
|
|
Républicains
|
20
|
12
|
|
Gouverneurs après les élections de
1974
|
Parti
|
Nombre
36
13
|
Observation
|
Démocrates
|
+4
|
Républicains
|
-5
|
Indépendant
|
1
|
+1
|
Gouverneurs lors de l'élection du 5 novembre
20029(*)
|
Parti
|
Nombre
24
26
|
Observation
|
Démocrates
|
|
Républicains
|
|
Commentaire :
Le tableau pris à titre exemplatif et de manière
aléatoire montre la persistance du bipartisme.
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
C.T. MUDIMBI, Systèmes politiques
comparés, L1SPA, Université de Lubumbashi,
année académique, 2006-2007. Cours,
inédit.
VERGNIOLLE DE CHANTAL, F., Les
élections de mi-mandat aux Etats-Unis (5 novembre
2002), Centre Français sur les Etats-Unis/ Institut français
des relations internationales, 15 janvier 2003, p. 3.
CADART, J., Institutions politiques et droit
constitutionnel, Paris, Economica, 1990.
RASKIN, J., « La République en Lambeaux, la
faiblesse de la démocratie politique aux Etats-Unis »,
in En temps réel, Cahier 17, Octobre 2004, p.9.
MASSIANI-FAYOLE, M., P., Vie politique et
société américaine, Paris, PUF, 1999
KIMBERLING, W., « La surveillance des contributions
aux campagnes électorales » in
Revues électroniques de l'USIA, volume 1,
numéro 13, septembre 1996, interview de william kimberling de
la commission électorale fédérale, Verson Web:
http://usinfo.state.gov/journals/itdhr/0996/ijdf/frhr0302.htm
* 1 Constitution de l'Etat du
Texas, section 4, Source :
Http://tarlton.law.utexas.edu/constitutions
* 2 RASKIN, J., « La
République en Lambeaux, la faiblesse de la démocratie politique
aux Etats-Unis », in En temps réel, Cahier
17, Octobre 2004, p.15.
* 3 La surveillance des
contributions aux campagnes électorales, interview de
KIMBERLING ? W., de la commission électorale
fédérale, Cfr :
http://usinfo.state.gov/journals/itdhr/0996/ijdf/frhr0302.htm
* 4
http://usinfo.state.gov
* 5 RASKIN, J., « La
République en Lambeaux, la faiblesse de la démocratie politique
aux Etats-Unis », in En temps réel, Cahier
17, Octobre 2004, p.9.
* 6 Nous tirons les
éléments sur l'Etat de Californie de :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Arnold_Schwarzenegger
* 7 MASSIANI-FAYOLE, M., P.,
Vie politique et société américaine, Paris, PUF,
1999, p.53.
* 8 Sources des statistiques,
Herald tribune cité par Jacques Cadart,
Institutions politiques et droit constitutionnel, Paris, Economica,
1990. p.583.
* 9 François Vergniolle
de Chantal, Les élections de mi-mandat aux
Etats-Unis (5 novembre 2002), Centre Français sur
les Etats-Unis/ Institut français des relations internationales, 15
janvier 2003, p. 3.
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