5.1.2.3 Des
disparités spatiales de croissance révélatrices du
rôle des autoroutes
Trois phases marquent la croissance des créations de
zones d'activités, dont la date de création est
renseignée, sur l'espace d'étude. D'abord modeste entre 1950 et
1979 (+9), elle s'amplifie de 1980 à 1986 (+10) puis explose de 1987
à 2006 (+55). Cette croissance progressive s'exprime différemment
sur l'espace, révélant alors des disparités
marquées. Mais avant de commencer, il convient de rappeler que sur les
110 zones d'activités recensées, seulement 74 d'entre elles sont
renseignées quant à leur date de création, soit 36 zones.
Sur ces 36 zones sans date de création, 31 sont situées dans le
département du Rhône, soit plus de la moitié du stock
rhodanien, de l'espace d'étude, en zones d'activités. Face
à ce constat, il parait nécessaire, dans un souci de
cohérence de l'analyse, d'écarter le département du
Rhône pour ne s'intéresser qu'à celui de la Loire, pour
lequel sont connus les dates de créations de 47 des 53 zones
d'activités. Malgré une appréhension partielle des
disparités spatiales de la croissance des créations de zones
d'activités, la partie ligérienne de l'espace d'étude
présente des évolutions spatio-temporelles intéressantes,
révélant ainsi le rôle multiplicateur de l'axe A89
Noirétable - Balbigny, en service depuis 1985, ainsi qu'un
phénomène de diffusion spatiale.
Carte 2.8 : les créations de
zones d'activités par période, de 1950 à 2006
En effet, la croissance de l'offre en terrains à
vocation économique sur les territoires ligériens de l'espace
d'étude n'a pas réagit avec les mêmes
périodicités. Les rythmes de croissance en création de
zones d'activités sur le tronçon Noirétable - Balbigny,
puis Balbigny - Tarare Ouest présentent une légère
inversion sur les périodes 1979-1987 puis 1987-2006 (tableau 2.5). En
passant de deux zones d'activités en 1979 à huit en 1987, les
territoires du tronçon Noirétable - Balbigny présente un
nombre de zones d'activités multipliées par quatre sur la
période. Cette hausse se poursuit sur la période 1987-2006, mais
plus modestement avec une multiplication par 1,5. Ce constat est inversé
pour les territoires du tronçon Balbigny - Tarare Ouest, avec une
multiplication par deux du nombre de zones d'activités sur la
période 1979 - 1987, tandis que de 1987 à 2006, la croissance
s'amplifie avec une multiplication par 3,5. Or, le tronçon A89
Noirétable - Balbigny (anciennement A72) est en service depuis 1985 ce
qui suggère, une fois encore, que l'autoroute a été un
puissant multiplicateur de l'offre en terrain d'accueil pour l'activité
économique. La même conclusion peut être avancée pour
le tronçon Balbigny - Tarare Ouest, pour lequel c'est l'annonce du
projet A89 en 1987 qui a joué le rôle de multiplicateur d'offre.
Sur l'espace d'étude, les dynamiques de création de zones
d'activités sont donc progressives à la fois spatialement et
temporellement, car l'effet multiplicateur lié à la mise en
service ou à l'annonce de l'autoroute est d'abord constaté sur le
tronçon Noirétable-Balbigny sur la période 1979 - 1987,
puis il se diffuse vers l'Est sur le tronçon Balbigny - Tarare Ouest sur
la période 1987 - 2006.
Tableau 2.5 : Les
variations du nombre de zones d'activités par
tronçon de 1979 à 1987, puis de 1987 à 2006 dans la partie
ligérienne de la zone d'étude
Source : Tableau ZA 2007
Parallèlement à l'incidence de l'autoroute sur
les disparités spatiales en terme de croissance de création des
zones d'activité, c'est en changeant d'échelle d'observation, des
territoires des tronçons vers les communes, qu'un
phénomène de diffusion spatio-temporelle des communes urbaines
vers les communes rurales est constaté (voir tableau 2.6). En effet,
entre 1979 et 1987, la croissance des communes urbaines est déjà
soutenue, avec 7 créations de zones d'activités durant cette
période. Cette hausse s'amplifie ensuite de 1987 à 2006, avec 20
créations. Sur les communes urbaines aussi le rythme de croissance
s'accélère, mais plus modestement, avec 3 créations entre
1979 et 1987, puis 10 entre 1987 et 2006. Progressivement, le nombre de zones
d'activités implantées sur des communes rurales dépasse
celles localisées en communes urbaines : alors qu'en 1979, les
zones d'activités des communes rurales représentaient 28,6% de
l'ensemble des zones d'activités prises en compte, elles pèsent
61,7% en 2006.
Source : Tableau ZA 2007
Tableau 2.6 : Les
variations du nombre de zones d'activités dans
les communes rurales et urbaines de 1979 à 1987, puis de 1987 à
2006 dans la partie ligérienne de la zone d'étude
Les zones d'activités les plus anciennes sont
localisées pour la plupart dans l'agglomération roannaise (carte
2.8). A partir de 1979, plusieurs communes du Forez, comme
Saint-Martin-la-Sauveté, du roannais, à Cremeaux, et de la plaine
du Forez, comme Balbigny, s'équipent en zones d'activités,
très probablement motivées par la mise en service de l'autoroute
A72 (actuelle A89 de Clermont-Ferrand à Balbigny) en 1985. Puis, de 1987
à 2006, les créations de zones d'activités s'intensifient
surtout dans les communes rurales, autour de Boën et de Noirétable,
dans la plaine du Forez, mais aussi dans l'agglomération roannaise. La
diffusion spatiale et temporelle concernant les créations de zones
d'activités des communes urbaines vers les communes rurales est donc
avérée, comme cela a été montré sur les
territoires de la bande d'étude de l'autoroute A89 entre Bordeaux et
Clermont-Ferrand. Toutefois, la mise en service de l'A72/A89 en 1985 a sans
doute accéléré cette dynamique, confirmée ensuite
par l'annonce du projet A89 en 1987.
Dés lors, on peut s'interroger sur la pertinence et la
cohérence de ces créations motivées par la mise en
service, puis par l'annonce d'autoroutes : répondaient-elles
à un réel besoin justifié par une conjoncture
économique favorable et à une forte demande de la part des
entreprises? Autrement dit, les « effets » induits,
considérés comme immanquablement positifs sur les
économies locales, ont ils été au rendez-vous, même
avant la mise en service du futur « barreau »? Afin de
répondre à ces questions, l'analyse du remplissage, de l'emploi
et de l'activité économique en général de ces zones
d'activités va être menée. Celle-ci permettra aussi de
compléter l'état des lieux concernant les zones
d'activités de l'espace d'étude.
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