![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny1.png)
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny2.png)
ENTREPRISES ET ZONES D'ACTIVITES DU HAUT FOREZ A
L'OUEST LYONNAIS :
ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES
Examen de la situation antérieure à la
construction du tronçon autoroutier A89 Balbigny -
La-Tour-de-Salvagny
MEMOIRE DE GEOGRAPHIE
Vincent VANDAELE
Directeur de recherche :
Septembre 2007
Stéphane HERITIER
Mes premiers remerciements sont adressés à
Mr Stéphane Héritier qui, par sa disponibilité, ses
conseils avisés et son soutien tout au long de la réalisation de
ce mémoire, m'a permis de mener à bien cette étude.
Je souhaiterais également remercier Mr Jean Varlet,
directeur de l'observatoire A89, qui m'a transmis de nombreux documents
très utiles, et qui nous a conviés en juin 2007, moi ainsi que
Sébastien Pailler, au rassemblement annuel des chercheurs de
l'observatoire A89. Ces deux journées d'exposés et
d'échanges furent très enrichissantes.
Durant la réalisation de ce mémoire, des
organismes et des collectivités locales m'ont ouvert leurs portes et
m'ont permis d'accéder à de nombreuses informations essentielles
pour cette étude. Je tiens à les remercier sincèrement,
car sans eux, les bases analytiques de ce mémoire auraient
été fragiles.
Enfin, je voudrais adresser mes derniers remerciements
à mes parents, pour leur soutien constant, mais aussi à ma
compagne Annelyse, patiente correctrice et juge rigoureuse, ainsi que ses
parents qui m'ont bien souvent accueilli, et chez qui la rédaction de ce
mémoire fut un plaisir.
Vincent Vandaele
TABLE DES MATIERES
Liste des acronymes 7
INTRODUCTION 8
Première partie :
INFRASTRUCTURE AUTOROUTIERE ET TERRITOIRES
1 L'AUTOROUTE COMME OBJET D'ETUDE 20
1.1 Les enjeux de l'infrastructure 20
1.1.1 L'infrastructure autoroutière :
Définition et historique 20
1.1.2 Quel rôle pour l'autoroute : L'exemple
français 22
1.1.2.1 La
construction d'un réseau 22
1.1.2.2 L'autoroute comme outil de
rééquilibrage 25
1.2 Acquis et limites des recherches 30
1.2.1 Une problématique d'abord traitée par les
économistes spatiaux 30
1.2.2 La mise en place des observatoires et leurs apports
32
1.2.3 Des limites infranchissables? 35
2 DEMARCHE METHODOLOGIQUE ET DETERMINATION DE L'ESPACE D'ETUDE
39
2.1 La nécessité d'une méthodologie
précise 39
2.1.1 La conjonction de méthodologies 39
2.1.1.1 De récents renouvellements
méthodologiques 39
2.1.1.2 Elaboration d'un modèle systémique
41
2.1.2 Utilité et pertinence de l'information
géographique numérique 45
2.1.2.1 Un puissant outil d'analyse et de traitement
45
2.1.2.2 Mise en place et construction du système
d'information géographique 46
2.2 Modalités d'acquisition des données et
détermination des critères et des
Indicateurs 48
2.2.1 Une complexe et difficile collecte 48
2.2.2 Les données brutes et les données
statistiques 52
2.2.3 Enquête et entretiens : modalité de
réalisation et méthodologie de traitement 54
2.2.4 Des critères aux indicateurs : formalisation
pratique 55
2.3 La question des échelles et des entités
administratives dans la détermination de
l'espace d'étude 58
2.3.1 Quel espace d'étude ? 58
2.3.2 Une démarche multi scalaire 59
2.3.3 La trame des entités administratives comme support
« par défaut » 60
2.3.3.1 Le niveau de base : la commune 60
2.3.3.2 L'échelon de référence :
les établissements publics de coopération
Intercommunale 60
2.3.3.3 Bassins de vie, zones d'emploi et aires urbaines
64
3 LES TERRITOIRES DU « BARREAU A89 » 68
3.1 Les contrastes socio-économiques des
territoires 68
3.1.1 Identité et spécialisation des territoires
68
3.1.1.1 Les territoires à dominante urbaine
69
3.1.1.2 Les territoires à dominante rurale 71
3.1.2 Caractéristiques démographiques
74
3.2 Mobilité et dynamiques de la zone
d'étude 78
3.2.1 Réseaux routiers et mobilité 78
3.2.2 Armature urbaine et aire d'influence 82
Seconde partie :
ENTREPRISES ET ZONES D'ACTIVITES : ETAT DES LIEUX ET
ANALYSE DES DYNAMIQUES TERRITORIALES
4 ENTREPRISES ET LOGIQUES DE LOCALISATION 85
4.1 Démographie des entreprises de la zone
d'étude 85
4.1.1 Un nombre important d'entreprises, mais
inégalement reparties 85
4.1.1.1 Le poids de l'Ouest lyonnais et du Grand Roanne
89
4.1.1.2 Les pôles secondaires de Tarare, Feurs et
d'Amplepuis - Thizy - Cours-la-Ville 89
4.1.1.3 Les entreprises des territoires à dominante
rurale : concentration dans les
bourgs-centre 90
4.1.2 L'hétérogénéité des
secteurs d'activités 91
4.1.2.1 Le secteur industriel : une spécialisation
des territoires 93
4.1.2.2 Le secteur tertiaire : concentration dans les
pôles urbains et les bourgs-centre 94
4.1.2.3 Les entreprises de transport et de construction
96
4.1.3 Dynamiques de créations d'entreprises
98
4.2 Stratégies de localisation des entreprises
99
4.2.1 Quels facteurs de localisation ? 100
4.2.1.1 Les facteurs jugés importants 100
4.2.1.2 Des facteurs globalement secondaires, mais à
l'importance variable
Individuellement 103
4.2.1.3 Les facteurs pas ou peu importants 104
4.2.2 Les effets escomptés ou attendus du futur axe A89
104
4.2.2.1 L'amélioration des échanges
d'affaires 105
4.2.2.2 Image de marque du territoire et de l'entreprise
105
4.2.2.3 L'accroissement de la compétitivité
et de la concurrence 105
4.2.2.4 Gains sur les délais de livraisons et
d'approvisionnements, mais pas sur les prix
de revient et le stockage 106
4.2.2.5 Une amélioration de la productivité
et l'élargissement des zones de diffusion
des produits et d'approvisionnement jugés
limités 106
5 LES ZONES D'ACTIVITES REVELATRICE DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
109
5.1 Etat des zones d'activités en 2007
111
5.1.1 Le stock de zones d'activités 111
5.1.1.1 En nombre de zones d'activités 111
5.1.1.2 En superficie 113
5.1.2 Un important développement du nombre de zones
d'activités 115
5.1.2.1 Une importante croissance 115
5.1.2.2 Un nouvel exemple accréditant la
vraisemblance d'un modèle d'évolution temporelle 117
5.1.2.3 Des disparités spatiales de croissance
révélatrices du rôle des autoroutes 118
5.2 Les zones d'activités : un marqueur de
développement économique ? 121
5.2.1 Le remplissage des zones d'activités
121
5.2.1.1 Quelle occupation des zones? 121
5.2.1.2 Les disparités spatiales du remplissage des
zones d'activités 123
5.2.2 Les disparités spatiales des prix des terrains en
zone d'activités et des taux de taxe professionnelle 128
5.2.2.1 La hiérarchisation spatiale du prix des
terrains en zones d'activités 130
5.2.2.2 Une hiérarchisation spatiale des taux de taxe
professionnelle moins prononcée 131
5.2.3 L'activité économique des zones
d'activités 133
5.2.3.1 L'emploi des zones d'activités 133
5.2.3.2 Les établissements et les secteurs
d'activités 135
6 LE ROLE DETERMINANT DES ACTEURS DANS L'ANTICIPATION DES «
EFFETS »
INDUITS 140
6.1 Acteurs et valorisation de l'opportunité
autoroutière 141
6.1.1 Les stratégies mises en oeuvre pour valoriser
l'autoroute 142
6.1.1.1 Les acteurs concernés par la valorisation
autoroutière et leur cadre d'action 142
6.1.1.2 Les différents types de stratégies
143
6.1.1.3 Conditions de réussite des politiques mises
en oeuvre 144
6.1.2 Des actions inscrites sur le long terme, qui
dépendent de l'opinion et de la
perception des acteurs locaux 146
6.1.2.1 Le facteur temps : des effets d'annonces aux effets
de valorisation? 146
6.1.2.2 Acteurs institutionnels et acteurs
économiques : la question de l'opinion et
de la perception 149
6.2 Quel engagement des structures intercommunales dans
l'anticipation des
« effets » induits ? 151
6.2.1 Les EPCI de l'espace d'étude 152
6.2.2 Les politiques intercommunales de valorisation de
l'autoroute 154
6.2.2.1 Une forte anticipation et une politique volontariste
154
6.2.2.2 Une volonté de limiter l'extension urbaine de
l'agglomération lyonnaise 157
6.2.2.3 L'absence de mesure de valorisation 158
6.2.3 Relations et partenariats entre intercommunalités
159
Troisième partie :
ESSAI DE FORMALISATION PRATIQUE ET
PROSPECTIVE
7 ESSAI D'ANALYSE COMPARATIVE ET PROSPECTIVE 162
7.1 La modification des dynamiques de localisation
engendrée par une nouvelle
Autoroute 163
7.1.1 Action de la mise en service de l'autoroute sur le
système de localisation 163
7.1.2 Différents types d'actions pour des processus et des
dynamiques territoriales
différenciés 165
7.2 Les influences potentiellement induites par la mise en
service de l'autoroute 167
7.2 .1 Quel développement économique ?
167
7.2.1.1 Caractéristiques des effets
économiques engendrées par l'autoroute A71 168
7.2.1.2 Le développement des territoires de l'espace
d'étude 169
7.2.2 Délocalisation et redistribution des
activités? 171
7.2.2.1 Des processus récurrents 171
7.2.2.2 Le cas des territoires de l'espace d'étude
174
7.2.3 Attractivité et politiques de valorisation
économique 178
8 DE L'UTILISATION ET DE L'UTILITE DE CETTE ETUDE
182
8.1 Une étude universitaire « support » de
futurs travaux de recherche 183
8.1.1 Le cadre de réalisation de cette étude
183
8.1.2 Des indicateurs révélateurs des
évolutions territoriales 183
8.1.3 Le SIG, un support d'étude à long terme
187
8.2 ...aussi à destination des acteurs
188
8.2.1 Une étude destinée aux acteurs des
territoires 189
8.2.2 Des supports et outils d'aide à la décision
de diverses formes 190
8.2.3 Le SIG'Obs A89 192
CONCLUSION 195
Table des illustrations 199
Bibliographie 201
ANNEXES 205
ANNEXE 1 : Entretiens réalisés 205
ANNEXE 2 : Grille d'entretien acteur 206
ANNEXE 3 : Grille d'enquête entreprise 207
ANNEXE 4 : Tableau ZA 2007 212
Liste des acronymes :
§ ASSEDIC : l'Association pour l'Emploi Dans
l'Industrie et le Commerce
§ ASF : Autoroutes du Sud de la France
§ BGCA : Bâtiment et Génie Civil
Agricole
§ CDE : Comité de Développement
Economique
§ CDT : Contrat Territorial de Développement
§ COL : Contournement Ouest de Lyon
§ DRE : Direction Régionale de L'Equipement
§ DUP : Déclaration d'Utilité Publique
§ EPCI : Etablissement Public de Coopération
Intercommunale
§ INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes
Economiques
§ LOADDT : Loi d'Orientation de l'Aménagement et
du Développement Durable du Territoire
§ LOTI : Loi d'Orientation des Transports
Intérieurs
§ NES : Nomenclature Economique de Synthèse
§ SAPRR : Société des Autoroutes
Paris-Rhin-Rhône
§ SCOT : Schéma de Cohérence
Territorial
§ SDRN : Schéma Directeur Routier National
§ SIG : Système d'Information Géographique
§ TIC : Technologies de l'Information et de la
Communication
§ TPU : Taxe Professionnelle Unique
§ ZA : Zone d'Activités
§ ZAUER : Zonage en Aires Urbaines et en aires d'Emploi
de l'espace Rural
INTRODUCTION
En 1971, au moment de l'arrivée sur le territoire
bourguignon de l'autoroute A6, le Comité d'Expansion de la
Côte-d'Or se demandait : « L'autoroute se
comportera-t-elle comme un torrent qui érode le sol et lui arrache ses
sédiments fertiles sans étancher sa soif ou, au contraire,
aura-t-elle l'effet bienfaisant de ces rivières et de ces fleuves dont
le cours régulier et les eaux limoneuses apportent la fertilité
et la richesse ?...Saône ou Durance ? 1(*)». Cette question,
posée il y a plus de 35 ans, reflète bien les attentes et les
craintes que suscite l'arrivée d'une nouvelle autoroute. Cette
interrogation relative aux « effets » qu'induit la mise en
service d'une autoroute sur les territoires qu'elle dessert est toujours
d'actualité, car même si depuis, de nombreux chercheurs et organes
de recherches se sont attelés spécifiquement à cette
question, beaucoup d'interrogations demeurent.
Il est vrai que l'autoroute est une infrastructure
particulière comparativement aux autres types de routes. La loi du 18
avril 1955 portant statut des autoroutes les définit comme des
« voies routières à la destination spéciale,
sans croisement, accessibles seulement en des points aménagés
à cet effet et essentiellement réservées aux
véhicules à propulsions mécaniques2(*) », c'est-à-dire
automobiles, motos et poids lourds. Ses chaussées son
généralement en 2x2 voies ou plus, séparées par un
terre plein central, et destinées à chaque sens de circulation.
Le but premier d'une autoroute est d'assurer des conditions de circulation et
de sécurité optimales. Ce sont ces caractéristiques qui
différencient l'usage et la vocation des autoroutes par rapport à
d'autres types d'infrastructures routières. Dans ce mémoire,
l'intérêt sera porté sur le futur axe A89 Balbigny -
La-Tour-de-Salvagny et sa potentielle influence sur la structuration
économique des territoires bientôt desservis. Il paraît
nécessaire, avant d'étayer la problématique de cette
étude, de présenter l'autoroute A89 à petite
échelle, puis ensuite à plus grande échelle et ainsi
d'aborder les caractéristiques des territoires que le futur
tronçon desservira.
L'autoroute A89 a été inscrite au Schéma
Directeur Routier Nationale (SDRN) en 1987. Dénommée
« la transversale », elle doit relier Bordeaux à
Lyon via Clermont-Ferrand. Aujourd'hui, cette autoroute est en service sur
pratiquement toute sa longueur, hormis entre Thenon et Terrasson-Lavilledieu,
en construction, et entre Balbigny et La-Tour-de-Salvagny, tronçon qui
devrait normalement être ouvert à la circulation en 2012 (carte
Int.1). Communément, on nomme « barreau » un
tronçon autoroutier de taille restreinte et destiné à
joindre plusieurs autres axes. Le futur tronçon Balbigny -
La-Tour-de-Salvagny sera le « barreau » terminal de
l'autoroute A89. Il fera la connexion entre cette autoroute et le réseau
autoroutier du Sud-est de la France, ce qui à terme permettra de
réaliser le trajet Bordeaux - Genève sans quitter l'autoroute.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny3.png)
Carte Int.1 : l'autoroute A89 dans
l'espace national
Réalisation : Vandaele V. - 2007
A plus grande échelle, le futur tronçon de 53
kilomètres traversera, d'Ouest en Est, le département de la Loire
puis le département du Rhône, permettant ainsi d'assurer la
liaison entre la plaine du Forez et la vallée du Rhône (carte
Int.2). Le tronçon terminal de l'A89 a eu une histoire
« mouvementée ». Inscrit au SDRN en 1987, au
même titre que l'ensemble de l'autoroute, il aurait du être
construit dans les mêmes délais. Mais alors qu'en 1995 une
première définition du tracé est validée (bande des
300 mètres), la commission européenne impose à la France
de reprendre la procédure d'attribution du concessionnaire (ASF), ce qui
provoque en 1997 la suspension du projet. Puis, en 2000, une décision
favorable de la cour européenne de justice permet de relancer le
dossier, qui aboutit le 17 avril 2003 à la Déclaration
d'Utilité Publique (DUP), et avec elle, la certitude de sa mise en
service. En 2007, le tracé précis a été
dévoilé par ASF et les travaux devraient commencer en 2008 pour
une mise en service programmée en 2012.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny4.png)
Carte Int.2 : le futur
« barreau » A89 à échelle
interdépartementale
Réalisation : Vandaele V. - 2007
Le tronçon terminal de l'autoroute A89 traversera un
espace aux caractéristiques physiques diversifiées, tout comme
les territoires, qui présentent une grande
hétérogénéité socio-économique.
Venant de Clermont-Ferrand, l'axe A89 (anciennement A72) passe au nord des
monts du Forez, à proximité de Noirétable, pour aboutir
dans la Plaine du Forez à Balbigny. Descendant vers le Sud en direction
de Saint-Etienne, l'autoroute A72 dessert notamment la ville de Feurs. De
Balbigny, le futur « barreau A89 » traversera par un
tunnel, à Violay, les monts du Tararois, qui avoisinent les 1 000
mètres d'altitude, pour aboutir à Tarare. De là, en
suivant l'étroite vallée de la Turdine, l'autoroute ira desservir
La-Tour-de-Salvagny, ou elle se terminera. Une antenne de quelques
kilomètres est également prévue pour desservir l'Arbresle
(carte Int.3). Les monts du Tararois constituent une véritable coupure
géographique autant physique qu'humaine entre les départements du
Rhône et de la Loire. En effet, dans le département de la Loire,
Saint-Etienne et Roanne sont les plus grosses agglomérations. Mais un
antagonisme marqué différencie le Sud du département
porté par Saint-Etienne, et qui se révèle relativement
dynamique, et le Nord où la crise industrielle des années 1980
est latente. De plus, les territoires situés au nord du
département de la Loire ressentent fortement un enclavement à
mettre au compte d'une mauvaise accessibilité, ce qui explique une forte
attente vis-à-vis du futur barreau A89. La situation est à peu
près similaire pour Tarare qui a connu également ces
dernières décennies un net déclin de son industrie
textile, soumise à la concurrence internationale. L'enclavement est
aussi très marqué pour cette région, ce qui s'explique
à la fois géographiquement car elle se situe en plein coeur des
Monts du Tararois, mais aussi par rapport aux infrastructures routières.
En effet, la route nationale qui traverse en plein coeur la ville de Tarare est
souvent saturée, car actuellement, il s'agit du seul axe d'importance
pour réaliser le trajet Lyon - Roanne. Cette situation explique sans
doute que l'aire d'influence de la métropole lyonnaise ne parvienne par
jusqu'à cette région. Toutefois, dans le Rhône, la capitale
régionale est véritablement le pôle fort de l'espace. Elle
est un des facteurs qui conditionne sur son ouest les dynamiques territoriales,
notamment en raison du phénomène de périurbanisation, qui
semble s'étendre inexorablement.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny5.png)
Carte Int.3 : caractéristiques
topographiques de l'espace bientôt traversé par le
« barreau » A89
Réalisation : Vandaele V. - 2007
C'est donc dans ce contexte, partiellement décrit ici,
que sera mis en service le futur tronçon terminal de l'A89. Comme nous
l'avons vu, sa vocation principale sera celle de désenclaver des
territoires mal desservis. Toutefois, on peut se demander si d'autres
prérogatives accompagnent la mise en service d'un tel axe autoroutier.
Les autoroutes ne sont elles pas aussi construites dans un but de
revitalisation économique? Dans quelles mesures cet objectif est-il
justifié? Afin de répondre à ce questionnement, il
convient de se pencher sur le rôle et l'influence attribués aux
autoroutes sur l'économie, notamment dans les discours politiques, puis
sur les études déjà menées sur ce sujet.
La construction du premier réseau autoroutier
d'envergure national en Allemagne dans les années 1930 a
été initiée dans un but de stratégie militaire,
afin d'acheminer rapidement troupes et matériels vers le front. Au
lendemain du second conflit mondial, lorsqu'en France, les premières
trames d'un réseau autoroutier sont construites, c'est aussi dans un but
stratégique, mais cette fois de « ce qu'il est convenu
d'appeler le calcul économique3(*) ». En effet, la spectaculaire croissance
économique des trente glorieuses révèle rapidement
l'incapacité du réseau routier traditionnel à supporter
les échanges de plus en plus soutenus. C'est dans ce contexte d'urgence
que des axes autoroutiers de dimension nationale sont construits, sans que de
réelles interrogations quant aux « effets » de
l'infrastructure soient posées. A partir des années 1970, des
discours basés sur le développement économique et la
décentralisation générée par l'autoroute commencent
à émerger. C'est ce que R. IZQUIERDO qualifie de
« paradigme politique basé sur les potentiels de
développement régional et d'effets structurants des
infrastructures4(*) ». Transposé de la sphère
politique à la sphère scientifique, ce paradigme ne
résiste pas longtemps. Les effets d'entraînements
mécaniques, attribuant systématiquement à l'autoroute des
fonctions bénéfiques sont rapidement décriés et
laissent la place à une approche plus nuancée, notamment
dès 1977 par F. PLASSARD dans un ouvrage référence :
les autoroutes et le développement régional. En contestant
le modèle mécaniste simple promu par le discours politique, son
objectif est de ne plus considérer l'autoroute comme seul objet
d'étude. Les recherches doivent porter sur d'autres domaines comme
l'économie ou la gestion des territoires traversés.
L'infrastructure n'est plus seule en scène, elle est une partie d'un
tout qui doit aussi faire l'objet de recherches. F. PLASSARD a
véritablement initié une approche aujourd'hui encore
paradigmatique. C'est dans cette continuité que s'inscrit ce
mémoire.
Cette étude a pour objectif d'évaluer
l'influence du futur axe terminal de l'A89 entre Balbigny et
La-Tour-de-Salvagny sur la géographie économique des territoires
bientôt desservis. Pour cela, et faute de ne pouvoir appréhender
tous les aspects relatifs à l'économie en général,
il est apparu pertinent de s'intéresser à la localisation des
entreprises et des zones d'activités, considérée comme
susceptible de révéler sur le moyen et long terme l'influence
spatiale d'une infrastructure autoroutière.
L'entreprise, définie comme « une
unité économique, juridiquement autonome, organisée pour
produire des biens ou des services pour le marché5(*) », est une
entité fondamentale du fonctionnement économique. Celle-ci
présente de grandes diversités selon son secteur
d'activité, son effectif salarié, son organisation productive et
logistique, etc. L'entreprise peut être appréhendée comme
une entité vivante, dans le sens où elle née et peut aussi
disparaître, elle évolue, elle est susceptible de migrer. Le
fonctionnement d'une entreprise est assuré par un ou plusieurs acteurs,
que nous désignerons acteurs économiques. Cet acteur, ou ces
acteurs, qui dirigent et commandent l'entreprise peuvent être le patron,
le chef d'entreprise, une équipe dirigeante ou encore un collège
de cofinanceurs comme des actionnaires par exemple. Ce sont eux qui prennent
les décisions déterminantes quant à l'évolution de
l'entreprise. Dès lors, l'intérêt porté à
celles-ci ne peut se faire indépendamment des acteurs qui les dirigent.
Cette logique d'acteur est aussi fondamentale concernant les zones
d'activités. Classiquement, on définit les zones
d'activités (ZA) comme « un espace aménagé selon
une démarche volontariste par un agent (ou acteur) en vue d'être
commercialisé, c'est-à-dire vendu ou loué, à des
entreprises ou à des organismes, afin que ceux-ci puissent exercer leur
activité économique 6(*)». Il existe différents types de zones
d'activités, déterminées par leurs caractéristiques
et/ou le secteur d'activité des entreprises susceptibles de s'y
implanter. Les parcs d'activités sont destinés aux entreprises
non nuisantes de toutes catégories (production, bureaux,
entrepôts, commerces). Les zones industrielles (ZI) accueillent quant
à elles des établissements dits « classés pour
la protection de l'environnement7(*) », elles sont souvent de taille importante
pour l'implantation d'industries lourdes ou plus modestes. On trouve
encore des parcs technologiques, qui sont des sites réservés
à des activités à forte valeur ajoutée dans les
domaines de la haute technologie ou encore des zones artisanales,
généralement de petite taille et qui accueillent des
activités artisanales de proximité. Dans le cadre de ce
mémoire, le terme de zone d'activités sera la plupart du temps
employé pour désigner ces différents types de sites
destinés à l'accueil des entreprises. La zone d'activités
est un outil majeur de la politique de développement économique
des collectivités, dont la finalité doit être de
répondre au mieux aux besoins des entreprises autant pour les fixer
durablement sur le territoire que pour les attirer lors de leur recherche d'un
site d'implantation. La création et la gestion d'une zone
d'activités relèvent donc d'une logique d'acteurs, mais cette
fois institutionnels, et la plupart du temps d'envergure locale. Et comme pour
les entreprises, il paraît impossible d'aborder les zones
d'activités sans se pencher sur « l'implicite » qui
l'accompagne, c'est-à-dire l'action de ces acteurs, les motivations qui
les ont conduit à implanter tel type de zone à tel endroit de
leur territoire. Se pose alors la question du processus de localisation des
entreprises et des zones d'activités.
Le terme localisation désigne en premier lieu la
position d'un objet dans l'espace « à l'aide d'un
système de référence explicite, qui est souvent celui des
coordonnées géographiques ». Il s'agit de la
localisation absolue, qui demeure statique comme le rappelle D.
PUMAIN8(*). Dans cette
étude, nous nous intéresserons à la localisation
relative, ou situation géographique, des entreprises et des zones
d'activités. Il s'agit d'une notion dynamique qui « doit être
redéfinie en permanence en tenant compte des évolutions à
la fois des autres lieux considérés comme
référence, et des accessibilités qui sont toujours
mesurées dans un rapport espace temps particulier ». Ainsi, la
localisation décrit à la fois une situation absolue dans
l'espace, mais aussi le résultat de l'action qui consiste à
choisir « de localiser un objet en un lieu, compte tenu des avantages
relatifs que ce lieu représente ». La réflexion qui
précède ce choix suppose la mobilisation d'une grande
variété de facteurs parmi lesquels certains ont une dimension
explicite. Pour les entreprises, la localisation dépend en partie des
coûts de transport des ressources, matérielles et
immatérielles nécessaire à la production, aussi
appelées intrants, et de l'acheminement de ces biens ou de ces
services, les extrants. La localisation des concurrents, mais aussi
des marchés sont aussi des éléments déterminants.
Concernant les zones d'activités, le choix de leur localisation est fait
selon les facteurs déterminants pour les entreprises, étant
donné qu'elles leurs sont destinés. Toutefois, les
collectivités locales désireuses d'implanter une zone
d'activités doivent acquérir des terrains constructibles, ce qui
nécessite d'élaborer et de mettre en oeuvre des politiques
foncières. Les facteurs de localisation précédemment
cités peuvent être qualifiés d'objectifs, mais à
ceux-ci s'ajoutent des facteurs moins objectifs liés aux
représentations spatiales que se font les acteurs de ces localisations
relatives. En effet, en considérant « qu'aucun acteur [...] ne
bénéficie d'une totale transparence des processus
économiques et des données spatiales »,
« toute décision aux conséquences spatiales est donc
influencée par la façon dont l'acteur économique se
représente le contexte spatial9(*) ». Ainsi, l'appréhension des dynamiques et
des logiques de localisation nécessite l'analyse de facteurs concrets,
liés aux caractéristiques des territoires, aux réseaux
routiers ou encore aux coûts des terrains et des locaux et à leurs
disponibilités, mais aussi à des facteurs moins objectifs
relatifs à la perception spatiale des acteurs.
Les définitions de ces notions nous permettent de
considérer que les entreprises formalisent des demandes de
localisations. L'action des acteurs institutionnels locaux et les projets de
zones d'activités qu'ils mettent en oeuvre, en fonction des
caractéristiques des territoires, formalisent des offres de
localisations. L'annonce, puis la mise en service d'un axe autoroutier dans ce
contexte est donc susceptible d'influencer les logiques de localisation, mais
aussi dans les moyen et long termes, de générer de franches
évolutions de la géographie économique des territoires
auparavant dépourvus d'une telle infrastructure. Car comme le rappelle
R. BRUNET10(*), les
territoires changent ou se créent tous les jours et cela à toutes
les échelles d'observation. Tous les jours, il y a des activités
qui disparaissent, d'autres qui apparaissent, d'autres qui se déplacent,
etc. L'amélioration de l'accessibilité qu'engendre la mise en
service d'une autoroute est un facteur qui peut s'avérer fondamental
dans ces processus d'évolutions territoriales, on peut dès lors
se demander dans quelles mesures?
La mise en service d'une autoroute représente une
nouvelle caractéristique de l'offre territoriale de localisation. Pour
une entreprise, l'intérêt de se localiser à
proximité d'une telle infrastructure peut être motivé par
les gains de temps qu'elle permet, évalués
généralement de 40% à 50%11(*), mais aussi par la baisse des coûts de
transport qui serait de l'ordre de 15%12(*). L'effet vitrine est également à
prendre en compte, car située en bordure d'une autoroute, une enseigne
peut être bien mise en valeur et bénéficier ainsi d'une
publicité visible depuis l'infrastructure. Toutefois, il convient de
souligner que la localisation à proximité d'une autoroute
dépend aussi du secteur d'activité de l'établissement
économique considéré. Par exemple, il paraît
évident qu'une entreprise de transport a plus intérêt
à se localiser à proximité d'une autoroute qu'un petit
commerce. Les acteurs institutionnels locaux se doivent également de se
positionner face à la mise en service d'une autoroute, en mettant en
place des politiques spécifiques. « Pour eux, un enjeu majeur
de développement local apparaît : comment transformer des gains
d'accessibilité par l'autoroute en facteur d'attractivité
socio-économique ?13(*) » Pour répondre à cette
problématique, la mesure la plus couramment employée est la
création de zones d'activités, situées non loin des
diffuseurs autoroutiers ou en bordure de l'axe. Il s'agit donc pour ces
collectivités de valoriser l'autoroute à l'échelle
territoriale considérée, afin de répondre aux demandes de
localisation des entreprises en intégrant cette nouvelle
caractéristique de leur territoire. Ainsi, l'autoroute peut être
perçue comme un atout pour le développement. Les
collectivités locales sont donc susceptibles de profiter de
l'accessibilité de la nouvelle infrastructure, et ainsi
d'accroître l'attractivité de leurs territoires en créant
de nouvelles zones d'activités. Toutefois, la réussite de ces
politiques de valorisation n'est pas assurée par la seule
présence de l'axe, car la situation géographique du territoire
par rapport à l'axe, la cohérence territoriale et des
différents projets, le profil des actions menées pour valoriser
l'autoroute, l'aspect organisationnel des collectivités locales,... sont
autant de facteurs fondamentaux à prendre en compte quant aux probables
retombées positives induites par une telle infrastructure.
La question de l'influence sur la géographie
économique d'une infrastructure telle qu'une autoroute est
délicate et complexe de part la multitude des facteurs qui intervient
dans ces processus. Il est donc nécessaire pour déterminer la
problématique, puis pour élaborer l'approche
méthodologique, d'aborder tous ces facteurs et de les appréhender
globalement, c'est-à-dire en prenant en compte les interactions qui les
unissent.
Le questionnement initial de cette étude est le
suivant : dans quelles mesures le futur axe A89 de Balbigny à
La-Tour-de-Salvagny est-il susceptible d'engendrer une évolution de la
géographie économique des territoires qu'il desservira ?
Afin de répondre à ce questionnement, plusieurs
hypothèses sont émises, à partir desquelles la
problématique centrale de cette étude sera
établie :
- Tout d'abord, nous ferons l'hypothèse que cet axe
autoroutier aura une influence sur la structuration socio-économique des
territoires qu'elle desservira.
- Ensuite, nous partirons du principe que la localisation des
entreprises et des zones d'activités est un élément
susceptible de révéler l'attractivité induite par le futur
axe autoroutier.
- Enfin, est émise l'hypothèse selon laquelle le
rôle, le jeu et les stratégies d'acteurs des territoires sont
déterminants dans les processus de localisation des entreprises et des
zones d'activités.
Il convient ici de rappeler que cette étude est
inscrite dans la durée, car menée cinq années avant la
mise en service du futur « barreau » terminal de l'A89. La
problématisation, puis l'approche et les méthodes
élaborées pour y répondre seront donc construite autour de
cette situation dans la temporalité de l'autoroute.
La problématique centrale de ce mémoire
est la suivante :
Quelle sera l'influence de la mise en service du futur
axe A89 de Balbigny à La Tour-de-Salvagny sur la structuration
territoriale des entreprises et des zones d'activités ?
Elle se décline en plusieurs sous
problématiques :
Comment se caractérise actuellement la
structuration territoriale des entreprises et des zones
d'activités ? Il paraît en effet essentiel de
dresser un état des lieux concernant les zones d'activités et les
entreprises pour asseoir les analyses qui seront menées dans ce
mémoire, mais aussi dans le cadre de futures études. La
structuration territoriale est appréhendée ici comme la
disposition globale des localisations des zones d'activités et des
entreprises.
Quel est le rôle des acteurs institutionnels
locaux et des acteurs économiques dans ces dynamiques de
localisation ? Ce sont les acteurs qui sont à l' origine
des choix d'implantation des zones d'activités ou d'entreprises.
Dès lors, il semble essentiel d'évaluer leur rôle et leur
cadre d'action pour répondre à la problématique.
Quels sont les facteurs de localisation les plus
importants pour les entreprises ? Cette question est importante,
car elle nous permettra d'appréhender l'importance de multiples
facteurs, dont la proximité de l'autoroute.
Quels sont les profils des actions envisagées
ou d'ores est déjà menées par les acteurs institutionnels
locaux pour valoriser le futur axe autoroutier ? Des mesures de
valorisation sont d'ores et déjà élaborées et mises
en oeuvre. Il s'agira donc de déterminer leur nature, et plus
particulièrement la création ou l'extension de zones
d'activités
Comparativement aux autres études menées
sur la même thématique, quelles seront les
« effets » économiques susceptibles de se
produire ? La comparaison avec d'autres études
menées sur la même thématique va nous permettre
d'évaluer l'influence du futur axe sur la structuration territoriale des
zones d'activités et des entreprises.
Quel sont le rôle et l'utilité de cette
étude ? Comment peut-elle servir de support à de futures
investigations ? Le cadre de réalisation de ce
mémoire ainsi que sa vocation à servir de référence
à de futures études impliquent ce questionnement. Il semble aussi
que les informations et données recueillies puissent avoir une
utilité et un intérêt pour les acteurs institutionnels et
économiques.
Ce mémoire a donc pour objectif principal
d'évaluer l'influence de la mise en service du futur axe A89 de Balbigny
à La-Tour-de-Salvagny sur la structuration territoriale des entreprises
et des zones d'activités. Il répond à la demande de
l'observatoire de l'environnement et des territoires de l'autoroute A89
faite auprès de l'université Jean Monnet afin que plusieurs
étudiants s'attellent à l'analyse, antérieurement à
la mise en service de la future infrastructure, de plusieurs thématiques
en rapport avec la future infrastructure. Cette étude se situe cinq
années avant la mise en service prévue de ce tronçon, et
s'inscrit ainsi dans une méthodologie d'analyse « avant -
après », ou ex ante - ex post, qui permet de
présenter des comparaisons d'évolutions entre variables
examinées à chacune de ces périodes. Même si cette
approche est critiquable, elle apporte certains avantages, comme la
quantification des évolutions par exemple. L'approche
développée sera donc empirique et locale, contingente à un
espace délimité. Sa fonction sera donc de fournir « un
état de lieux » ou encore « un état
référence » relatif aux zones d'activités et aux
entreprises localisées sur les territoires de la zone d'étude qui
sera déterminée. Cet état des lieux pourrait
apparaître statique, prenant davantage la forme d'un rapport que d'une
véritable étude. Pourtant, il va permettre d'appuyer un certain
nombre d'analyses, qui sans cet état des lieux auraient
été impossibles, notamment celle de prospective par comparaison.
Aussi, le cadre de réalisation de cette étude implique une
réutilisation de cet état référence pour le
comparer à une situation ultérieure, certainement au moment de la
mise en service de cet axe. Afin d'assurer une exploitation optimale de cette
étude pour de futures investigations, trois
« outils » ont été construits. Tout d'abord,
il s'agit d'une base de données concernant les zones d'activités
et renseignant sur une multitude de leurs caractéristiques (cf. annexe
4). Aussi, des indicateurs pertinents ont été
déterminés dans différents domaines afin, en les comparant
lors d'une prochaine campagne d'étude, d'évaluer les
évolutions à mettre au compte, ou non, de l'infrastructure
nouvellement mise en service. Puis, en s'inspirant des travaux de S. LE
CORRE14(*), il est apparu
pertinent de construire un Système d'Information Géographique
spécifique au thème d'étude de ce mémoire.
Cette étude est donc inscrite dans la durée pour
examiner de manière concrète non pas tant les
« effets autoroutiers », vision trop mécaniste
et déterministe, mais plutôt les interactions multiples et
diverses entre la mise en service d'une autoroute et une économie
territorialisée, comprenant ses propres acteurs économiques et
institutionnels. Ainsi, le rôle structurant de ce type d'infrastructures,
porté par les hommes politiques notamment, s'estompe et donne toute sa
place aux rôles et à la stratégie des acteurs locaux,
publics et privés. Dés lors, pour mener à bien cette
étude, il est apparu important d'appréhender globalement les
processus de localisation des activités économiques grâce
à une approche systémique inspirée des travaux d'E.
FAIVRE15(*). Cette
approche permet de se détacher du rôle de la seule infrastructure
autoroutière pour prendre en compte les entreprises, les zones
d'activités, les caractéristiques des territoires et l'action
des acteurs institutionnels locaux. Concernant ces derniers, et plus
particulièrement dans le cadre des intercommunalités, une
série d'entretiens a été réalisée pour
évaluer les mesures de valorisation d'ores et déjà
élaborées.
Cette étude s'organise en trois parties. Dans la
première, nous rappellerons les motivations qui ont conduit à la
construction de grands réseaux autoroutiers, puis nous aborderons les
études qui ont été menées à leur sujet pour
évaluer leurs effets sur les territoires. Etant donné la
complexité des processus étudiés, il est apparu
nécessaire de consacrer une sous partie à la description de la
méthodologie qui sera employée. Cette méthodologie
concernera un espace d'étude délimité, dont les
caractéristiques seront décrites à la fin de cette
première partie.
La seconde partie sera quant à elle consacrée
à l'état des lieux. Ce sont tout d'abord la structuration
territoriale et les caractéristiques des entreprises qui seront
abordées, puis celles des zones d'activités. Enfin, les mesures
et politiques de valorisation déjà élaborées seront
exposées.
Pour terminer, la troisième partie sera
consacrée à un essai de formalisation pratique et prospective.
Dans un premier temps, nous tenterons d'évaluer l'influence potentielle
du futur axe autoroutier sur le système de localisation des
activités, puis sur les économies locales, comparativement
à d'autres cas. Puis, dans un second temps, nous décrirons quelle
pourra être l'utilité de ce mémoire pour de futures
études, mais aussi pour les acteurs institutionnels locaux et
économiques.
Première
partie :
INFRASTUCTURE AUTOROUTIERE
ET TERRITOIRE
1 L'AUTOROUTE COMME OBJET D'ETUDE
1.1 les enjeux de
l'infrastructure
1.1.1 L'infrastructure autoroutière :
Définition et historique
Dans sa définition courante, l'autoroute est une
infrastructure de transport terrestre de type routier, sa vocation principale
est d'assurer le déplacement rapide et sure d'engins
motorisés : voitures, poids lourds, motos, etc. Ses
particularités, en comparaison au réseau routier classique,
résident dans des sens de circulations séparés par un
terre plein central, un rayon de courbure de 1000 mètres minimum, des
pentes faibles, de l'ordre de 6 à 7% mais surtout, et c'est là sa
caractéristique majeure, il n'y existe pas d'intersection à
niveau avec la voirie, car son accessibilité est limité aux lieux
aménagés : les échangeurs, ou diffuseurs qui
permettent d'entrer et de sortir du réseau. Cette configuration permet
effectivement le déplacement rapide d'un grand nombre de
véhicules. Néanmoins, cette faculté s'acquiert aux
dépens de l'accessibilité à l'infrastructure, car d'une
façon générale les diffuseurs sont distants de plusieurs
dizaines de kilomètres.
La définition classique donnée ici a
évolué avec le temps et le développement de ce qui
n'était qu'un concept. Celui-ci naît en Allemagne, en 1909, sous
l'impulsion de la société AVUS16(*), qui construit dans un faubourg de l'ouest berlinois
une route automobile de dix kilomètres, à deux voies
séparées et qui sera mis en service le 25 septembre 1921. Mais
c'est en 1910, sur l'Ile de Long Island aux Etats-Unis, que la mise en service
d'un tronçon de type autoroutier intervient pour la première
fois. Long de 65 kilomètres, cet axe dessert des résidences
d'hommes d'affaires qui l'ont financé en grande partie. En 1923,
l'ingénieur italien Piero Puricelli, proche de Mussolini, fait
évoluer le concept en introduisant des croisements à niveaux
séparés. Fondateur de la société
autoroutière Strade et Cave, sa première
réalisation est un axe de 2x1 voies d'une longueur de 85
kilomètres reliant Milan à Varèse. Mais le grand tournant
autoroutier est amorcé par l'Allemagne à partir de 1933 avec
l'arrivée d'A. Hitler au pouvoir. Deux motivations amènent les
nazis à construire un réseau autoroutier de dimension nationale.
D'une part, l'emploi que ces grands chantiers génèrent alors que
l'économie se remet difficilement du crack boursier de 1929, mais
surtout pour des raisons stratégiques. En effet, dans sa logique de
conquête « d'espace vital », le régime nazi
construit un réseau autoroutier capable d'acheminer rapidement de
lourdes charges et de nombreuses troupes vers les théâtres
d'opérations. A l'issue du conflit, l'Allemagne possède 2000
kilomètres de réseau autoroutier. 17(*)
Après la seconde guerre mondiale, une définition
internationale de l'autoroute est donnée lors d'un congrès des
routes (A.I.P.C.R), puis admise lors d'un rassemblement des ministres des
transports européens (C.E.M.T) en 1957. Les caractéristiques
techniques de l'autoroute deviennent alors communes à toute l'Europe, et
c'est la même année qu'apparaît en France le terme
"autoroutier". Notre définition actuelle de l'autoroute n'a pas
changé depuis près de 50 ans, pourtant, on utilise habituellement
le terme pour qualifier l'échange, le transfert rapide et en masse.
Couramment, on peut entendre parler « d'autoroute de
l'information » ou encore « d'autoroute
numérique18(*) ».
L'autoroute s'est imposée au cours de près d'un
siècle d'évolution comme un support de transport et
d'échanges majeure, autant en ce qui concerne l'infrastructure que le
concept appliqué aux Technologies de l'Information et de la
Communication (T.I.C.).Mais au delà de ses caractéristiques
techniques, ses particularités physiques, qu'attend t'on d'un axe, d'un
réseau autoroutier? Quel rôle lui attribue-t-on?
1.1.2 Quel rôle pour l'autoroute : L'exemple
français
La mise en place de plusieurs axes, puis du réseau
d'autoroute française fut réalisée en plusieurs
étapes. Après une phase de rattrapage vis-à-vis des autres
pays européens, mais qui fut aussi celle de l'urgence économique
(1950-1975), une nouvelle période de
« rééquilibrage » lui succéda (1975 -
... ). Aujourd'hui, on peut considérer que cette étape arrive
à terme. Mais quelle furent les motivations des politiques et des
aménageurs? Qu'attendaient-ils de la mise en place d'un tel
réseau ?
1.1.2.1 La construction d'un
réseau
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'Etat
Français commence à percevoir l'intérêt de telles
infrastructures, bien que le tournant ne fut pas facile à
prendre...Néanmoins, l'autoroute est devenue au cours de son histoire en
France un véritable enjeu politique et socio économique.
Avant la seconde guerre mondiale, la question de la dotation
du territoire national en infrastructure autoroutière était
déjà posée. Pourtant, celle-ci ne semblait pas de toute
urgence pour les aménageurs de l'époque, et ceci pour plusieurs
raisons 19(*). Tout
d'abord, la France possédait un réseau routier très dense,
sans commune mesure avec les autres Etats d'Europe et même du monde,
ainsi qu'un grand nombre d'axes de dimensions nationales. Le transport
ferré était également un critère à prendre
en compte car il a représenté jusqu'à 92% du transport de
voyageurs et près de 60% des marchandises dans la période 1850 -
192020(*). Dans ce
contexte, il ne semblait pas indispensable de construire un réseau
autoroutier d'échelle nationale, le réseau existant étant
jugé suffisant. D'autant plus qu'un tel réseau était
considéré comme un élément de concurrence directe
au rail, que les politiques de l'époque voulaient préserver.
Aussi, les administrations des Ponts et Chaussées étaient
décentralisées, ce qui ne permettait pas d'avoir une grande
cohérence nationale dans les politiques d'aménagements routiers.
Mais finalement, c'est surtout le coût énorme de tels chantiers
qui poussèrent les politiques nationales à se contenter du
réseau existant, considéré comme étant en
adéquation avec les besoins des usagers et de l'activité.
Au lendemain du conflit, alors que la France devait amorcer
une véritable reconstruction de son territoire, les
premières politiques clairement favorables à la construction
d'axes autoroutiers, et donc à terme d'un véritable
réseau, s'affirmèrent dans les années 1950. La
première section autoroutière française fut ouverte en
1946, dans la banlieue Ouest de Paris et jusqu'en 1960, seulement quelques
tronçons étaient en service sur le territoire national21(*). Dans cette période de
prospérité, l'activité économique est
bouillonnante. On assiste aux débuts de la consommation de masse, avec
la démocratisation, entre autres, de l'électroménager ou
encore de l'automobile. Cette nouvelle donne économique montre
rapidement les faiblesses du réseau routier en place, notamment celui
des routes nationales trop étroites22(*) et de moins en moins adaptées. Face à
l'incapacité du réseau routier national d'absorber des flux
d'échanges grandissants, l'Etat va se retrouver dans une posture
d'urgence et de « rattrapage »23(*) afin de pouvoir maintenir un
développement économique rapide et soutenu. C'est pourquoi les
grands bassins productifs sont desservis en priorité. C'est entre 1960
et 1970 que le premier axe d'échelle nationale est mis en service. Il
dessert la région lilloise jusqu'au bassin parisien, puis le lyonnais,
pour enfin se terminer à Marseille. On peut parfois entendre parler de
« continuité économique »24(*) pour désigner cette
période où l'autoroute a été construite dans un
souci d'efficacité, de support pour l'activité économique.
On touche ici aux véritables motivations politiques, au rôle
premier attribué à l'autoroute, c'est-à-dire celui
d'assurer le développement, le rattrapage économique d'un Etat en
pleine expansion.
Bien sûr, la constitution de telles infrastructures ne
peut se réaliser sans une « trame réticulaire de
base »25(*),
c'est-à-dire l'entrée dans la législation de textes
prévoyant et encadrant la construction du réseau. En ce qui
concerne les décennies 1960 et 1970, il s'agit du « plan
Directeur Routier » de 1960, qui prévoit la construction de 3
558 kilomètres d'autoroutes et plus de 100 000 kilomètres de
routes nationales. Puis du « schéma directeur des grandes
liaisons routières » de 1971 qui envisage 27 500
kilomètres de grandes liaisons autoroutières, et enfin le
"schéma d'aménagement à long terme du réseau
national" qui prévoit la réalisation de 7 500 km d'autoroutes au
sens strict et plus 6 800 km de routes à chaussées
séparées, dont 2 000 km à caractéristiques
autoroutières26(*).
Cet encadrement législatif va être croissant et concerner d'autres
prérogatives connexes à l'autoroute au court des décennies
suivantes, comme par exemple l'évaluation et l'accompagnement des
« effets » induits.
Figure 1.1 : le réseau
autoroutier France depuis 1960 : un demi-siècle de
construction
Source :
www.canal-u.education.fr/canalu/affiche_programme.php?sequence_id=634646086&programme_id=1140704073&num_sequence=0&format_id=11085
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny6.png)
Durant la décennie 1970, prés de 5 000
kilomètres d'autoroutes ont été construits (figure 1.1)
constituant les premières trames d'un réseau qui va en se
densifiant. Cette décennie est également celle d'une
évolution majeure des grandes politiques d'aménagements routiers.
En effet, les années 1970 ont été vecteur d'une
véritable réflexion autours du rôle, de l'utilité de
l'autoroute. C'est d'abord la configuration du réseau, polarisé
par la région parisienne, mais également la « vieille
idée » selon laquelle la mise en service d'un axe de
communication majeur est vecteur d'activité économique, qui va
faire naitre une nouvelle orientation politique. Après avoir construit
l'autoroute dans l'urgence, en reliant les plus grands pôles industriels
dans un souci de continuité économique, « sans vraiment
réfléchir » déclare S. LE CORRE27(*), celle-ci va devenir un enjeu
de développement majeur. Les aménageurs commencent à
percevoir en elle une véritable potentialité en termes de
développement économique, si bien que les politiques
autoroutières vont désormais être envisagées,
pensées comme un outil de rééquilibrage, de
nivèlement et d'égalité entre les territoires...
1.1.2.2 L'autoroute comme outil de
rééquilibrage
Ce tournant de la politique autoroutière va
désormais orienter la construction du réseau vers de nouveaux
objectifs : assurer une desserte maximale de l'ensemble du territoire
métropolitain en partant du postulat : l'autoroute
génère de l'activité économique. Cette nouvelle
orientation va susciter beaucoup de réactions, des politiques
eux-même, mais aussi de la sphère universitaire et d'une
façon générale de toute la société
civile.
Tout d'abord, ce discours de l'Etat va assurer, jusqu'à
aujourd'hui, une forte attente sociale, une forte demande des territoires
à l'activité économique moribonde. Beaucoup d'acteurs
institutionnels et économiques espèrent l'autoroute et
perçoivent en elle l'espoir d'un renouveau économique, un
réel support de l'activité économique. En ce qui concerne
le futur axe A89 Balbigny - La Tour de Salvagny, on peut lire dans plusieurs
périodiques et quotidiens régionaux : « l'A89 est
nécessaire »28(*), « Elle est magnifique à
l'égal des paysages »29(*) ou encore, « l'Autoroute Espérance
économique »30(*). Robert Lamy, Maire de Tarare, déclare aussi
« notre grand espoir, c'est l'économie »,
« L'A89 [...], c'est une
nécessité ! »31(*). Même si le projet suscite de nombreuses
oppositions, c'est souvent dans les domaines environnementaux que
l'argumentation est la plus véhémente, comme si en terme
« d'effets » économiques et sociaux, les bienfaits
d'une autoroute étaient considérés comme incontestables.
Ce constat, déjà bien mis en lumière32(*), appelle d'autres
questionnements qui seront abordés plus loin.
Source : Dossier d'enquête préalable
à la déclaration d'utilité publique de l'autoroute A89
Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, et à la mise en compatibilité des
plans d'occupation des sols, septembre 2001, Ministère de
l'Equipement, des transports et du logement/Direction des routes.
Figure 1.2 : L'étude d'un projet
autoroutier, une démarche progressive
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny7.png)
Cette nouvelle politique autoroutière ambitieuse
implique un coût financier énorme, par exemple, le futur axe A89
nécessite prés de 5,2 milliard de francs 1994 (807 millions
d'euros 1994)33(*), soit
15 millions d'euros au kilomètre pour cet axe qui en fait 53. L'Etat
maître d'ouvrage ne va rapidement plus être en mesure de financer
en totalité ces grands travaux, et va devoir faire appel aux capitaux
privés. Jusqu'en 1970, même si la concession et la mise en
péage de l'autoroute étaient autorisées34(*), l'Etat a maintenu un
contrôle important sur l'ensemble du système. Il restait
maître des financements, de la réalisation et de la maintenance de
l'infrastructure, les 5 sociétés concessionnaires qu'il avait
créées étaient d'économie mixte, au capital
très faible. Sous ce régime, la France à construit 100
kilomètres d'autoroutes par an de 1955 à 1970. C'est la
réforme35(*) des
années 1969-1970 qui permet aux sociétés concessionnaires
d'acquérir de véritables responsabilités dans le
domaine de la construction, de la gestion et de l'exploitation. Ces
sociétés, dotées d'une direction générale et
de moyens propres, ont eu un rôle redéfinit vis-à-vis de
l'Etat tout au long d'une procédure de réalisation
refondée, puis révisée jusqu'à aujourd'hui (figure
1.2). Plusieurs sociétés concessionnaires sont
créées à cette occasion, comme AREA36(*) et COFIROUTE37(*). Ces dispositions de
financement, de construction, de gestion sont délicates à mettre
en oeuvre et peuvent également sembler contradictoire avec la mission de
service public que s'est fixé l'Etat. D'autant plus que la
« loi d'orientation sur les transports intérieurs »
(LOTI) du 30 décembre 1982, fondamentale dans l'organisation des
services publics de transports, impose un schéma directeur qui
prévoit que sur l'ensemble du territoire métropolitain, les
usagers doivent pouvoir accéder à une voie express38(*) en moins de 30 minutes. Dans
le cadre d'une procédure de mise en concession, l'Etat signe un contrat
avec la société, qui pourra exploiter pendant plusieurs
décennies un axe, ou une partie du réseau, afin qu'elle puisse
rembourser l'investissement initial, mais également dégager un
bénéfice. Or, si l'autoroute est un outil d'aménagement,
tout le territoire se doit d'être desservi, même dans les
territoires où le trafic ne pourrait être assez conséquent
pour permettre à la société exploitante de rentrer dans
ses fonds. La procédure de mise en concession s'est vite heurtée
à la logique économique, si bien que l'Etat à du se
réinvestir, avec une forte inversion de tendance au cours de la
dernière décennie. Alors qu'entre 1980 et 1990, 80% du
réseau était concédé, en 1995, 50% est
assumé par l'Etat car beaucoup sont peu rentables39(*). Même si pour assurer
l'amortissement financier, de plus longues périodes de concession sont
négociées, l'Etat se doit « d'assumer » sa
politique autoroutière.
C'est pourquoi aujourd'hui en France, l'axe A75
Clermont-Ferrand - Montpellier entre autres, est gratuit sur son
intégralité. Il s'agit d'une « liaison
assurant la continuité du réseau autoroutier »
(L.A.C.R.A.40(*)),
financée par l'Etat et les collectivités territoriales,
car même si le trafic autoroutier est en forte hausse depuis
1970 sur l'ensemble du réseau (tableau 1.1), même s'il tend
à décroitre depuis 1985, il se concentre avant tout sur les axes
nord - sud et ceux du Midi notamment. D'où la nécessité
pour l'Etat d'assurer, d'assumer ces tronçons peu
fréquentés, mais nécessaires pour assurer le maillage
prévu par les schémas directeurs.
Tableau 1.1 : Evolution du trafic
autoroutier de 1985 à 1998
|
Moyenne annuelle 1985 - 1990
|
Moyenne annuelle 1990 - 1995
|
Moyenne annuelle 1995-1998
|
Autoroutes concédées
|
+ 10,50%
|
+ 5,00%
|
+ 3,30%
|
Autoroutes non concédées
|
+ 5,50%
|
+ 4,80%
|
+ 5,10%
|
TOTAL AUTOROUTES
|
+ 8,50%
|
+ 4,90%
|
+ 4,00%
|
Source : Ministère de Ministère de l'Equipement, des
transports et du logement
Ces modalités de mises en oeuvre du réseau, qui
sont encore pleinement d'actualité, comme le montre les
fréquentes « consolidations » de la LOTI41(*), ont permis de réaliser
rapidement un réseau autoroutier de grande qualité. Sans le
recours à la concession et aux capitaux privés, il aurait
certainement été impossible de réaliser une telle
entreprise : presque 11 000 kilomètres de réseau
autoroutier construit en plus de 60 ans. Ainsi, à l'heure actuelle, on
peut considérer que l'objectif d'accessibilité de la LOTI qui
fixait l'accès à une voie express en moins de 30 minutes est
rempli. « L'heure de gloire » de l'autoroute est donc
désormais révolue, la construction d'axes autoroutiers se limite
à la continuité autoroutière, à des barreaux
autoroutiers, comme c'est le cas pour le futur tronçon A89 Balbigny - La
tour de Salvagny.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny8.png)
Figure 1.3 : Evolution de la
répartition modale du transport de voyageurs et de marchandises de 1995
à 2005
Comme nous l'avons vu, la hausse du trafic a été
soutenue et constante depuis les années 1980 sur le réseau
autoroutier, surtout en ce qui concerne le transport de marchandises (Figure
1.3), réalisé à plus de 80% par voies routières. On
peut dés lors considérer que la capacité concernant le
flux de véhicules est, aujourd'hui, adaptée à la situation
des années 1990. Certains axes, surtout en milieu périurbain,
posent des problèmes de calibration42(*), et doivent, ou devraient être élargis
pour absorber la circulation actuelle.
L'autoroute a donc changé de statut au cours de son
histoire, passant d'un support déterminant et nécessaire pour
l'activité économique, à un véritable outil de
rééquilibrage économique pour l'ensemble du territoire
national. Dans les années 1980, avec la L.O.T.I de 1982 et le plan
Méhaignerie en 198643(*), ces nouvelles préoccupations amènent
à réglementer très précisément ces
infrastructures, qui contraignent l'Etat ou le concessionnaire à rendre
des comptes pendant la construction, et après la mise en service de
l'infrastructure (Bilans LOTI - Voir figure 1.2).
Ces nouvelles modalités législatives vont bien
sur amener les chercheurs et universitaires à prendre part à
cette évaluation, aux seins d'organismes d'évaluations
spécifiquement créés par le concessionnaire ou l'Etat
maître d'ouvrage : les observatoires autoroutiers. Mais bien avant
la création de ces observatoires, la question de la localisation des
activités économiques, en lien avec les grandes infrastructures
de transports et leurs influences sur la géographie économique
étaient déjà d'un intérêt certain pour
beaucoup de chercheurs, et ce dès le début du XIXème
siècle...
Figure 1.4 : Relation entre
l'évolution de la politique autoroutière française et les
observations liées aux infrastructures
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny9.png)
Source : LE CORRE S.,
2000, « Intégration et évaluation de l'Information
Géographique Numérique dans le cadre des procédures des
observatoires autoroutiers. Démarche appliquée à l'A20 et
à la RN88 », p. 26
1.2 Acquis et limites
des recherches
1.2.1 Une problématique d'abord traitée par les
économistes spatiaux
L'analyse géographique de l'économie passe par
l'analyse des localisations des activités, qu'il s'agisse de grands
sites productifs ou de commerces familiaux. En ce qui concerne un axe
autoroutier, l'analyse du géographe se porte avant tout sur l'influence
qu'elle peut avoir sur la structuration des territoires traversés, les
dynamiques qu'elle génère ou qu'elle modifie, etc. En ce qui
concerne le domaine économique, il convient donc pour le
géographe d'expliquer, de formaliser sans déterminisme
préalable, le rôle exact d'une telle infrastructure sur les
dynamiques spatiale et territoriale de l'économie. Il s'agit là
de la mission contemporaine du géographe, qui pourtant, pendant de
longues décennies, ne lui était pas destinées. En effet,
elle a d'abord été traitée par les économistes, et
notamment les économistes spatiaux.
Depuis plus de deux siècles, l'étude de la
localisation des activités économiques est un sujet
d'étude classique, qui a d'abord concerné l'activité
industrielle, naissante à l'époque. Dans la première
moitié du XIXéme siècle, cette analyse se basait sur le
type d'activité des sites de productions (minier, etc.) et sur le
secteur industriel (industrie textile, métallurgie, etc.) comme
principaux « paramètres explicatifs »44(*) d'une localisation.
Secondairement, des coïncidences spatiales entre géographie
industrielle et distribution des ressources, des réseaux, et de
différents phénomènes démographiques ou encore
historico-politiques, étaient mises en lumière. Cette
démarche dressait une série de liens de causalités directs
et évidents entre secteurs industriels et localisation, tant les besoin
de ces sites de production étaient localisés45(*). Mais dans un monde en rapide
évolution, ces d'analyses, qui s'avéraient complexes tant les
explications pouvaient être multiples et difficilement
hiérarchisables, ne put être menées qu'en écartant
un grand nombre de paramètres en les rendant invariables,
ceci afin de fermer le champ de recherche au seul élément
visé. Tel est le cas pour Weber en 1909, qui étudie
spécifiquement le rôle joué par la distance et le
coût des transports, et qui propose une véritable théorie
de la localisation des industries. Retenant les hypothèses
préalables du modèle économique libéral de
transparence des marchés et de l'information, de la rationalité
parfaite des acteurs, son étude est une véritable
« projection de l'économie pure dans le domaine
spatial »46(*).
Ainsi, c'est sur la détermination du moindre coût de transport et
de fabrication, par la mise en place d'indices matériels47(*) puis des isodapanes48(*), que se fonde sa
théorie. Longtemps référence en la matière,
l'analyse webernienne a été affinée par ses successeurs et
même rendue opérationnelle par les travaux d'Isard en
195649(*). La
théorie wébérienne est cependant rapidement remise en
cause, notamment pas Lösch en 1940 qui la juge
« illusoire » car ne s'attachant qu'aux localisations
individuelles, sans proposer de théorie générale...
Les travaux de Weber, de Lösch puis d'Isard ont ainsi
constitué les bases des champs de recherches en ce qui concerne la
localisation des activités économiques. Leurs approches ont
toutefois montré leurs limites, notamment parce qu'elles se fondaient
sur les hypothèses préalables du modèle libéral en
écartant nombre de facteurs jugés invariables.
Dés les années 1960, alors que le réseau autoroutier
était en pleine expansion, le besoin d'affiner ces théories,
notamment en recentrant les questionnements sur le rôle et les
« effets » de ces infrastructures se fit ressentir. Durant
cette période, l'autoroutière était en effet
considérée comme un véritable outil de
développement, qui immanquablement induisait des
« effets » positifs sur le fonctionnement des
entreprises, sur la croissance de l'activité économique des
régions traversées (amélioration de la productivité
et de rentabilité, création d'emplois) »50(*). Ce lien de cause à
effet autoroute = développement économique est
resté incontesté jusqu'aux travaux de l'économiste
François PLASSARD durant les années 1970. Il démontre dans
son ouvrage Les autoroutes et le développement
régional51(*),
véritable référence en la matière, que cette
approche est caduque, réductrice et inopérante.
Cette approche mécaniste simple trouve notamment son
explication dans les politiques autoroutières menées en France
dans les décennies 1960 et 1970, sous tendu par la volonté de
développement et de rattrapage du retard économique. Cette
logique « d'effets économiques »,
« d'effets structurants » était fondée sur
les conclusions des travaux menés par les économistes spatiaux
évoqués plus haut, et selon lesquelles l'abaissement du
coût du transport engendré par une infrastructure
autoroutière induit des conséquences positives sur
l'économie des régions concernées. Ce modèle
mécaniste est contesté par F. PLASSARD qui démontre que
cette théorie des effets est inopérante, et que par
conséquent l'automaticité de ces effets est caduque. Plus
récemment, un article de J.M. OFFNER52(*) à mis en évidence l'inertie de cette
théorie des effets, autant dans les travaux des chercheurs que dans les
discours des politiques. Il montre ainsi que les « effets
structurants », censés être induits immanquablement par
la mise en service de grandes infrastructures de transport, ne sont que
« mythe politique et mystification scientifique »....
Secondairement, F. PLASSARD souligne dans cet ouvrage le
« rôle de la psychologie » des acteurs, notamment
celle des chefs d'entreprises enquêtés au sujet de la localisation
de leurs entreprises. Il montre ainsi que, en fonction de la localisation
initiale de leurs activités mais aussi de leur région d'origine,
les chefs d'entreprises n'ont pas la même perception de l'axe
autoroutier, ce qui va donc clairement influencer leurs choix. Ce constat, qui
ne concerne que quelques lignes dans cet ouvrage, présente
néanmoins un grand intérêt. Il met en avant le rôle
et l'importance de l'analyse de la perception qu'ont les acteurs,
institutionnels ou privés, de l'espace et des territoires, ce qui
conditionne sans aucun doute leurs choix, leurs décisions.
Cet ouvrage référence de F. PLASSARD à
donc permis de faire évoluer les démarches scientifiques quant
aux études concernant les « effets » des grandes
infrastructures de transport. Ses conclusions ont constitués un socle
nouveau qui symbolise une avancée majeure dans ce domaine. Plus tard, ce
sont les observatoires autoroutiers qui vont faire évoluer les approches
et les méthodologies d'évaluations concernant l'influence de ces
grandes infrastructures. D'abord compétence unique des
économistes, et notamment des économistes spatiaux, ces questions
vont vite devenir l'attribut des géographes qui ne perçoivent pas
en l'espace une surface abstraite et isotrope, mais au contraire tentent
d'appréhender globalement la complexité et la diversité
des processus qui s'y déroulent. Le cadre des observatoires autoroutiers
vont leur permettre de démontrer leurs pertinences....
1.2.2 La mise en place des observatoires et leurs apports
Les observatoires autoroutier sont nés, indirectement,
de la LOTI en 1982. Cette nouvelle législation répondait aux
questionnements des acteurs institutionnels et économiques sur
l'influence réelle d'une telle infrastructure sur les dynamiques
territoires et sur l'économie régionale : L'autoroute
est-elle vraiment utile ? L'impact d'une autoroute est t-il
mesurable ? Comment appréhender ses « effets »
néfastes ou bénéfiques ? La LOTI a donc imposé
aux sociétés en charge de grands projets d'infrastructure
« d'évaluer l'efficacité économique et sociale
de ceux-ci dans les trois à cinq ans avant et après leurs mise en
service (« bilan LOTI » - Voir figure 1.2), en
élargissant la connaissance au-delà des aspects de
rentabilité économique et financière en
s'intéressant davantage aux effets induits sur l'économie
régionale »53(*). Les sociétés concessionnaires prirent
rapidement la mesure de l'intérêt de telles études, car
elles peuvent être d'un intérêt stratégique pour
optimiser la synergie nécessaire entre l'autoroute (et sa gestion) et
les territoires qu'elle dessert. D'autant plus que les acteurs locaux sont
très demandeurs d'informations solides pour appuyer et fonder les
politiques qu'ils comptent mettre en oeuvre pour
« accueillir » l'autoroute. Si bien que les
sociétés concessionnaires ont dépassées le cadre
législatif de la LOTI pour créer des observatoires autoroutiers,
dont la fonction principale est de mesurer l'impact réel des autoroutes
sur les territoires desservis. D'embler, cette mission d'évaluation a
été confiée à des universitaires qui paraissaient
les plus à même de mener ce genre d'étude et
d'établir les méthodologies appropriées, et plus
particulièrement des géographes.
Le premier observatoire autoroutier à été
celui de l'autoroute A71, qui relie Clermont-Ferrand à Paris. Il
à été crée en 1985 pour répondre aux
attentes des acteurs locaux, très favorables à la mise en service
de ce tronçon, et qui se sont rapprochés de la
société des autoroutes Paris-Rhin-Rhône (SAPRR) afin, dans
un premier temps, d'assurer aux entreprises locales de travaux publics de
participer au chantier. Les liens privilégiés entre les acteurs
locaux et la SAPRR ont permis d'élargir l'examen des
« effets » du futur axe sur l'économie
régionale « que l'autoroute en construction, puis en
exploitation étaient destinées à
apporter »54(*).
L'Observatoire des Effets Economiques de l'A71 a initié une
démarche méthodologique, aujourd'hui encore pleinement
d'actualité.
Les effets économiques d'une autoroute relèvent
de deux grands types principaux : les effets directs et les effets
indirects, ou induits. En ce qui concerne les effets directs, on distingue les
effets micro-économiques direct, c'est-à-dire ceux qui
bénéficient directement au client, qui, en s'acquittant du
péage, profite d'un gain de sécurité mais aussi de la
rapidité des déplacements, puis les effets
macro-économiques directs qui concernent plus spécifiquement les
emplois et les retombées économiques
générées par les chantiers de construction, puis par
l'exploitation de l'autoroute. Les effets directs sont facilement
appréhendables dans la mesure où, par exemple, le gain de temps
permis par l'axe est facilement déterminable, tout comme le nombre
d'emplois nécessaires pour le chantier ou pour l'exploitation
(péage, agents de services, gendarmes, etc.). Les effets indirects, ou
induits, soulèvent quant à eux « de très
redoutables problèmes de méthode ». La démarche
pour tenter d'évaluer les effets de l'autoroute sur l'économie
régionale consiste à comparer deux situations, avant (ex
ante) et après (ex post) la mise en service de
l'infrastructure. Les domaines économiques régionaux
concernés par d'éventuels effets induits ont d'abord
portés sur le secteur agricole, les activités de transport
routier et de logistique, les entreprises et les zones d'activités,
l'évolution du marché foncier et le secteur touristique.
L'évaluation des effets induits par l'autoroute a
révélé plusieurs problèmes de méthodes, qui
aujourd'hui encore restent posés. En premier lieu, il s'agit d`une
limite inhérente à l'espace d'étude : sur quel espace
étudier les effets de l'infrastructure ? Même si il parait
vraisemblable que ces effets seront plus importants « au
large » des diffuseurs, il a été montré que des
secteurs plutôt éloignés de l'autoroute et de ses
diffuseurs connaissaient des évolutions, même
légères, mais en lien avec l'autoroute. En second lieu, se pose
le problème de la temporalité : sur quels délais
l'autoroute a-t-elle un impact économique direct ? Bien sur, pour
évaluer ce délai, les observations devraient être
menées sur un temps le plus long possible. Toutefois, l'amorçage
des études menées par les observatoires se doit d'intervenir le
plus tôt possible, afin d'embrasser la totalité des effets pour
appréhender plus nettement, par exemple, les anticipations
foncières, mais également pour évaluer les politiques de
valorisation d'opportunités menées par les collectivités
territoriales. Enfin, le troisième gros enjeu méthodologique
concerne la part des événements observés, imputables
à l'infrastructure...Il s'agit là d'une limite qui semble
infranchissable, tant il parait difficile d'évaluer
précisément le rôle de l'infrastructure sur les
économies régionales. Toutefois, les approches
développées récemment permettent d'attribuer plus
précisément le rôle effectif de l'infrastructure, par
exemple en ce qui concerne les relocalisations d'entreprises, auxquelles les
chefs d'entreprises expriment leurs, motivations en relation ou non avec
l'autoroute, bien qu'elles ne soient pas toujours objectives...Les
résultats de l'observatoire A71 on été livrés
auprès des responsables socio-économiques des territoires
concernés entre 1993 et 1994. L'année suivante, l'observatoire
A71 prenait fin après dix ans d'études...
La SAPRR a par la suite constitué un nouvel
observatoire en 1992, celui de l'autoroute A39, entre Dole et Bourg-en-Bresse.
Puis, la société des Autoroutes du Sud de la France (ASF) a
également mis en place deux observatoires autoroutiers, celui de
l'autoroute A20 et celui de l'autoroute A89. L'observatoire A89 est de type
éco-éco, c'est-à-dire qu'en son sein sont menées
des études visant à évaluer l'influence sur la
structuration socio-économique des territoires, mais également
afin d'appréhender les conséquences d'une telle infrastructure
sur les milieux « naturels » qu'elle traverse. Le
président de l'observatoire A89, Mr J. VARLET, a grandement
participé aux renouvellements méthodologiques de ce type
d'étude grâce à l'expérience qu'il possède en
la matière (participation à l'observatoire A71). Entre autres
avancées, Mr J. VARLET a récemment initié une nouvelle
thématique, celle des effets d'annonces, et qui permet
d'appréhender les processus d'anticipations des acteurs locaux
dès l'annonce d'une autoroute. Cette thématique sera
évidemment utilisée dans ce mémoire, qui aborde
l'étude du futur tronçon A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny dont
la mise en service devrait intervenir courant 2012.
La mise en place d'observatoires autoroutiers a donc permis
d'établir des méthodologies d'analyses spécifiques, mais
également de fournir des résultats, des réponses
concrètes quant aux incidences de l'annonce, puis de la mise en service
d'un axe autoroutier, autant en ce qui concerne la structuration
socio-économique des territoires que sur les milieux
« naturels ». Toutefois, malgré les avancés
permissent par ces structures d'observations, beaucoup de limites
méthodologiques restent prégnantes...
1.2.3 Des limites infranchissables?
Dans un article des cahiers scientifiques du transport, G.
JOIGNAUX et J.F LANGUMIER55(*) reviennent sur les limites récurrentes que
rencontrent les chercheurs en ce qui concerne les protocoles d'observation et
de suivi socio-économique des autoroutes. En se basant sur leurs
constats, qui présentent les limites « reconnues sans
discussion par la grande majorité des spécialistes du
domaine », il sera fait état ici des solutions envisageables,
proposées par nombre d'auteurs, pour y pallier.
En premier lieu, ce sont les termes
« d'effet transport » et « d'effet
structurant », employés couramment dans ce type de travaux,
que certains auteurs remettent en cause. Déjà en 1977, F.
PLASSARD55(*) conteste la
notion « d'effet structurant » qui fait
référence à un modèle mécaniste, à
une logique d'effets linéaire et direct. Il propose alors un
modèle plus souple basé sur la notion de facteur
déclenchant ou permissif entrainant des réactions en
chaîne. Toutefois, cette notion d' « effet » n'a
pas pour autant disparu des discours politiques, ni même des travaux
menés sur les relations entre infrastructures de transports et
territoires. Il semble en effet plutôt délicat d'adopter une autre
terminologie pour décrire, pour formaliser l'influence d'une autoroute
sur les territoires qu'elle traverse. J.M. OFFNER, dans un article qui a fait
date, en vient même à contester le principe initial de
« l'effet », en considérant celui-ci comme
« un mythe politique » et « une mystification
scientifique »56(*). Il propose alors le terme de congruence,
qui selon sa définition arithmétique, désigne une
relation entre deux éléments. Le terme de congruence
viendrait formaliser la relation entre infrastructure de transport et
territoires, mais en évinçant tous liens mécaniques en
décrivant plutôt un « parallélisme
d'évolution des structures » ou « un modèle
d'adaptation réciproque ». Bien que ce terme ne soit pas
devenu courant pour les chercheurs qui mènent ce type d'étude, il
décrit néanmoins une démarche maintenant paradigmatique
selon laquelle « il y a plutôt interaction entre
infrastructure et territoire ou encore concomitance ou congruence entre
plusieurs variables déterminantes, l'autoroute ne pouvant être
qu'une variable subordonnée ».
En second lieu, les deux auteurs reviennent sur les limites
d'une méthodologie d'analyse classique de type
« avant-après » ou ex-post, qui consiste
à comparer deux états, avant puis après la mise en service
de l'infrastructure. Bien sûr, dans la mesure où on ne
considère plus l'infrastructure de transport comme
génératrice « d'effets » directs et
linéaires, cette méthodologie se montre limitée tant elle
est centrée sur l'élément
« autoroute ». Elle semble ignorer d'autres variables qui
continuent à évoluer sans forcement de relations directes avec
l'infrastructure. Toutefois, cette méthodologie d'évaluation ne
saurait être remise en cause car elle constitue une base analytique
primordiale. Les observatoires autoroutiers ont repris à leur compte
cette méthode, mais en l'affinant constamment pour tendre vers un
« continuum d'observations permettant de suivre dans la
durée l'évolution de plusieurs variables
stratégiques ». S. LE CORRE57(*) par exemple, démontre dans sa thèse
l'intérêt de l'information géographique numérique
pour formaliser ce continuum. L'outil paraît en effet être
idéal en termes de représentation des évolutions spatiales
tout en permettant de réaliser une multitude d'analyses. Plus
récemment, E. FAIVRE58(*) a proposé une méthodologie novatrice,
basée sur un modèle systémique et prenant en compte une
centaine de critères qui interagissent. Toutefois, il semble
évident qu'un continuum d'observations nécessiterait des moyens
considérables, autant humains que financiers et dont la mise en oeuvre
paraît impossible. S. LE CORRE annonce ainsi dans sa thèse que la
mise à jour de son système devrait être annuelle, ce qui
dans l'état actuel des missions menées par les observatoires
semble irréalisable. De ce point de vue, la méthodologie
proposée par E. FAIVRE, en formalisant des états de son
système de localisation (figure 1.5) peut permettre d'envisager divers
changements et évolutions de dynamiques à partir de quelques
variables observées. Elle permet ainsi, grâce à une solide
structuration, d'envisager globalement l'état et l'évolution du
système sans mener des lourdes campagnes d'évaluation. Pour
pallier partiellement à cette problématique, la solution serait
d'avoir en référence une « zone test, similaire quant
à ses constituants aux autres zones analysées, mais
situées hors de l'influence de l'autoroute. Certains experts
préconisent une comparaison entre zones similaires mais
influencées par l'infrastructure et non plus hors de son champ».
Cette démarche, qui peut être très prometteuse, est
néanmoins très délicate à mener. Il est en effet
compliqué, en terme analytique, de confronter deux zones dans la mesure
où chaque territoire, chaque espace possède une dynamique unique
qui lui est propre.
Source : E. FAIVRE, Autoroute et développement local.
L'autoroute attire-t-elle des activités économiques ? Oui,
mais...
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny10.png)
En troisième lieu, les auteurs rappellent le
caractère souvent « arbitraire » des
délimitations de l'aire géographique d'analyse. En effet,
celle-ci est d'abord centrée par les diffuseurs autoroutiers
« alors qu'il conviendrait de prendre en considération des
espace plus larges ». De ce constat, J. VARLET rappelle les limites
inhérentes aux études autour d'un tronçon autoroutier en
particulier. Il rappelle ainsi que ces analyses devraient être
menées aussi à plus petite échelle en combinant
« une logique de tronçons et une logique de
réseaux59(*) ». En ce qui concerne l'évaluation
de l'évolution des dynamiques spatiales que pourrait engendrer la mise
en service d'une autoroute, un cadre spatial
« méso-scalaire » paraît toutefois bien
adapté. D'abord parce qu'il « est connu que les autoroutes
tendent à concentrer à leurs proximités les
activités ». Ce constat généralisé se retrouve
notamment dans l'étude de M. DUBOIT60(*), sous la direction de C. JAMOT et de J.C. EDOUARD,
où les diffuseurs sont considérés comme de
véritables « catalyseurs » de l'activité
économique. Toutefois, il convient de caractériser la nature des
implantations qui peuvent être des créations pures, d'origine
endogène ou exogène, ou Figure 1.5 : Le
système de localisation des activités proposé par E.
FAIVRE
des relocalisations motivées par la mise en service de
l'autoroute. Il semble donc nécessaire, pour mettre en lumière
ces dynamiques de localisation, d'analyser leurs ressorts. La consultation des
entreprises elles-mêmes peut être un moyen efficace de
répondre à cette problématique, afin de cerner les
« objectifs visés, les conditions de leurs nouvelles
localisations, les effets attendus ou obtenus sur la productivité
globale ou d'autres paramètres d'efficacité tels que la
flexibilité de l'organisation productive, etc. ». Beaucoup
d'enquêtes de ce type ont été menées, mais nous
soulignerons dans cette étude les travaux d'E. FAIVRE qui
présentent des résultats qui peuvent étonner et qui seront
abordés plus loin....
Enfin, un dernier reproche est fait, de façon
récurrente, aux études qui abordent les relations entre
infrastructures de transports et territoires. Il s'agit de la démarche,
souvent jugée « trop empirique, contingente, dépendante
des terrains observés et par conséquent incapable
d'établir des lois plus générales de transformation
susceptibles d'être vérifiées ailleurs ». Ce
constat s'oppose, comme cela a été souligné plus haut, au
caractère unique, sans reproduction possible des dynamiques
« socio-géo-économiques » des territoires.
Une nouvelle fois, l'étude d'E. FAIVRE peut être citée en
exemple. La base systémique de son étude, fondée sur
l'offre et la demande de localisation, part de l'hypothèse qu'il existe
une trame invariable « autorisant quelques conclusions sur les
facteurs susceptibles d'exercer une influence plus ou moins favorable quant au
mode d'appropriation de l'infrastructure par les acteurs ».
L'infrastructure autoroutière à maintenant
près d'un siècle d'histoire. C'est à partir des
années 1930, d'abord dans un intérêt stratégique,
que de grands réseaux autoroutiers d'envergures nationales ont
été construits. Au lendemain du second conflit mondial, la
prospérité économique des « trente
glorieuses » a imposé en France la nécessité de
doter le territoire de telles infrastructures. D'abord considérée
comme un support essentiel de l'activité économique, l'autoroute
est devenue, au fur et à mesure, un véritable outil de
nivellement et de rééquilibrage entre les territoires.
Parallèlement, alors que le cadre législatif encadrant la
construction et la gestion d'autoroutes s'enrichissait, des chercheurs furent
amenés à affiner les observations relatives à l'influence
d'un axe autoroutier sur les territoires qu'il dessert. Ceux-ci
nuancèrent très largement l'idée commune selon laquelle
l'autoroute induit immanquablement des effets positifs et affinèrent
continuellement leurs démarches, notamment grâce au cadre offert
par les observatoires autoroutiers.
Après avoir présenté les principales
limites inhérentes à ce type d'études, la
méthodologie et les outils qui vont être mis en oeuvre et
utilisés dans ce mémoire seront définis. Les
éléments mis en lumière précédemment seront
bien sur intégrés à la réflexion qui consistera
à établir la structure et le cadre méthodologique de cette
étude
2 DEMARCHE METHODOLOGIQUE ET DETERMINATION DE L'ESPACE
D'ETUDE
2.1 La
nécessité d'une méthodologie précise
Depuis la création des observatoires autoroutiers, les
méthodologies d'analyses des « effets » induits
n'ont cessé d'évoluer et de s'affiner. Dans le cadre de ce
mémoire, la méthodologie développée et mise en
oeuvre s'est construite à partir de celles élaborées dans
les mêmes types d'études, pour la plupart d'entre elles dans le
cadre d'observatoires autoroutiers. Toutefois, deux études on plus
particulièrement retenu mon attention pour leurs praticités,
leurs pertinences et leurs aspects innovateurs. Il s'agit des thèses de
doctorat d'E. FAIVRE, Infrastructure autoroutière,
mobilité et dynamiques territoriales et de S. LE
CORRE, Intégration et évaluation de l'Information
Géographique Numérique dans le cadre des procédures des
observatoires autoroutiers. Démarche appliquée à l'A20 et
à la RN88. De ce fait, ces travaux on particulièrement
orienté la réalisation de ce mémoire, notamment sur ses
aspects méthodologiques.
2.1.1 La conjonction de méthodologies
2.1.1.1 De récents renouvellements
méthodologiques
La thèse de doctorat en géographie d'Emmanuel
FAIVRE61(*),
réalisée dans le cadre de l'observatoire A39, présente une
démarche théorique et méthodologique, efficace et
novatrice. Les questionnements initiaux et la problématique qui fondent
son étude reprennent ceux développés depuis plus de trente
ans, c'est-à-dire : L'autoroute attire-t-elle l'activité
économique ? Et donc, génère-t-elle une
restructuration territoriale ? Afin de répondre à ces
questionnements, E. FAIVRE a mené une enquête, en deux volets,
pour évaluer l'importance de la proximité de l'autoroute,
destinée à appréhender les facteurs de localisation des
entreprises et l'effet ressenti de celles-ci vis-à-vis de l'autoroute.
Sa démarche et ses résultats sont surprenants, tout d'abord parce
qu'ils permettent d'appréhender les comportements individuels et globaux
des établissements. Il détermine ainsi des facteurs discriminants
ou non en fonction des caractéristiques des entreprises. Par exemple, la
taille, le secteur d'activité et le contexte territorial dans lequel
sont inscrites les entreprises ne sont pas des facteurs discriminants par
rapport à l'importance qu'elles accordent à la proximité
de l'autoroute, contrairement à l'aire géographique des
réseaux d'échanges et à l'organisation et
l'intensité des activités de transport des établissements
qui sont, quant à eux, des facteurs discriminants.
Une enquête similaire a été menée
dans le cadre de ce mémoire. Elle reprend en grande partie celle
élaborée par E. FAIVRE, au moins dans son premier volet, qui
consiste à appréhender les facteurs décisifs dans le choix
de localisation des entreprises. Le second volet, quant à lui, consiste
à évaluer les effets escomptés ou attendus du futur axe
A89. Cette enquête est donc un élément
méthodologique important de cette étude, d'abord parce que ses
résultats contribuent à mener l'analyse des dynamiques spatiales
de l'activité économique sur l'espace étudié, mais
aussi parce qu'ils formalisent l'état des lieux en ce qui concerne les
comportements de localisation des entreprises. Cette enquête sera
également directement confrontée aux résultats mis en
évidence par E. FAIVRE, alors que l'autoroute en question (A39 Dole -
Bourg-en-Bresse) était déjà en service depuis plusieurs
années. Par ailleurs, plusieurs échanges
téléphoniques avec des chefs d'entreprises ont eu lieu en
réalisant l'enquête. Il s'agissait de discussions, plus ou moins
orientées, menées sans cadre formel, mais qui permettent
d'appréhender la perception de ces acteurs en ce qui concerne leur
opinion sur le tissu économique local, leurs sentiments sur
l'intérêt du futur axe A89, etc.
En ce qui concerne la formalisation de l'état des
lieux, dont la mise en place est nécessaire dans une étude visant
à évaluer les effets induits d'un axe autoroutier, la
méthodologie proposée par P. BERION62(*) a servi de véritable
base, sans toutefois suivre intégralement sa démarche. En premier
lieu, c'est la mise en place d'indicateurs précis qui constitue la
première étape de formalisation d'un état des lieux, ceci
afin de mettre en corrélation leurs évolutions, qui,
constatées sur un temps t+1 avec la mise en service de l'axe
autoroutier, pourrait révéler ses « effets »
sur la structuration socio-économique des territoires. Ces indicateurs
concernent les segments qui paraissent les plus à même de
concourir à la structuration socio-économique de l'espace
d'étude, car chacun peut être influencé, à des
degrés divers, par la mise en place de l'autoroute. C'est pourquoi, loin
de se limiter aux entreprises et aux zones d'activités, un bilan
socio-économique des territoires sera établi, à des
échelles diverses afin d'appréhender globalement les dynamiques
de l'espace d'étude.
En ce qui concerne plus spécifiquement les zones
d'activités, une base de données à été
réalisée (voir annexe 4). Elle reprend la structure de celle
établie par J. VARLET et S. CHATARD63(*) dans le cadre de l'observatoire A89 en renseignant,
pour chaque zone d'activités, sur une série de données et
d'indicateurs comme la surface totale, la surface occupée, le prix au
mètre carré, le volume d'emploi pour chacune d'elle, le nombre
d'entreprises, leur secteur d'activités, etc. Cette base de
données, dont la réalisation fut longue et laborieuse, est
néanmoins essentielle à cette étude. Elle permet
d'évaluer précisément la répartition, les
caractéristiques de l'offre en surface d'accueil pour les entreprises en
mettant en évidence ses particularismes sur l'espace d'étude.
Aussi, et c'est là son intérêt majeur, elle constitue une
véritable base de travail pour les travaux qui pourraient suivre et qui
consisteraient à mettre en évidence une éventuelle
évolution des dynamiques territoriales sur la zone
étudiée.
Autre élément souligné par P. BERION, la
nécessité de prendre en compte les effets d'option ou de
valorisation d'opportunités qui résultent des
éventuelles actions mises en place par les décideurs
économiques et politiques pour valoriser au mieux la potentialité
que représente le nouvel axe. Cette thématique, initiée
par J. VARLET, a fait l'objet d'un mémoire universitaire mené par
I. LACHARME64(*). D'un
grand intérêt, la prise en compte des effets d'annonce, des effets
de valorisation tout comme la définition des gouvernances locales permet
d'établir les bases d'un essai de formalisation prospective, tout en
permettant d'évaluer, quelques années après la mise en
service du tronçon autoroutier, les politiques et les actions porteuses
et bénéfiques, ainsi que celles qui n'ont au contraire pas
rencontré le succès. Dans le cadre de ce mémoire,
l'intérêt est surtout porté sur l'identité, le
fonctionnement et les politiques de valorisation des structures
intercommunales, car ce sont elles qui, aujourd'hui, possèdent les
compétences majeures en matière de développement
économique local. Huit « interviews » ont donc
été menées selon un guide d'entretien (cf. annexe 1 et 2)
destiné à évaluer les politiques en matière de
développement économique, les fonctionnements, mais aussi les
attentes et projets en rapport, ou non, avec le futur axe A89.
Toutes ces données, toutes ces informations constituant
l'état des lieux peuvent paraîtres abstraites si elles sont
appréhendées individuellement. C'est pourquoi il semble
nécessaire de les intégrer dans un modèle global qui
formaliserait les modalités de localisation des entreprises. Pour
réaliser ce modèle et le rendre opératoire, l'approche
systémique semble être des plus à même....
2.1.1.2 Elaboration d'un modèle
systémique
Bien que cet exercice ne soit pas nouveau65(*), E. FAIVRE propose un
système de localisation des activités (figure 1.5)
qui semble dépasser les critiques récurrentes de ce type
d'étude, selon lesquelles elles seraient « trop empiriques,
contingentes, dépendantes des terrains observés et par
conséquent incapables d'établir des lois plus
générales de transformation susceptibles d'être
vérifiées ailleurs »66(*). Aussi, « cette approche considère
qu'il n'existe pas d'automaticité, ni de relation causale
linéaire et stricte mais plutôt une probabilité plus
ou moins forte de développement local autour de l'autoroute ».
Les logiques d'interactions sont donc mises en avant, formalisées par le
système.
C'est pourquoi, en s'inspirant largement des travaux d'E.
FAIVRE, il est apparu nécessaire dans le cadre de ce mémoire de
réaliser un système de localisation des activités (Figure
1.6). Tout d'abord, son aspect didactique permet d'appréhender en
quelques minutes de lecture les ressorts de la localisation des
activités, et c'est en ce sens un efficace moyen de rendre abordable la
complexité de tels processus. De plus, ce système est un
véritable support de ce travail, car chacune de ses entités, et
de leurs composantes, peut être renseignée par les critères
et indicateurs déterminés dans le cadre de la formalisation de
l'état des lieux. Dés lors, l'aspect inerte que pourrait prendre
cet état des lieux acquiert grâce à ce système une
dimension dynamique. Il pourrait donc être possible, si une variation
d'un de ces critères était mise en évidence,
d'appréhender globalement l'incidence que cela aurait sur l'ensemble du
système. Cette fonction répondrait ainsi de façon pratique
à l'objectif initial de ce mémoire, c'est-à-dire
formaliser un état des lieux pour évaluer, après la mise
en service de l'axe, les dynamiques induites par celui-ci.
Il convient néanmoins de préciser que ce
système, formalisant globalement les dynamiques de localisation des
entreprises, ne peut toutefois être opérant, à grande
échelle, que si on l'utilise dans le cas précis d'une entreprise
désirant s'installer sur un territoire particulier. Cet exercice, qui
semble efficace et qui pourrait être intéressant, ne sera pas
mené dans le cadre de ce mémoire. D'une part parce que plusieurs
limites méthodologiques apparaissent (confirmation théorique de
la démarche, opérabilité pratique). D'autre part,
l'approche développée dans ce mémoire est avant tout
« globale », d'où un intérêt pour les
cas particuliers qu'il convient de relativiser ici...
Figure 1.6 : Le système de
localisation des activités
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny11.png)
« La prise de conscience de plus en plus profonde de
la complexité et de l'incertitude du monde contemporain conduit à
la diffusion lente mais inéluctable du paradigme systémique.
Seule cette vision permet de prendre en considération et traite de
façon adéquate, non seulement complexité et incertitude,
mais aussi ambigüité, flou, hasard... » (D. DURAND, 2002,
la systémique, Paris, PUF, collection « Que
sais-je ? », 125p.)
Au delà des simples relations linéaires du type
« le phénomène A a un effet sur le
phénomène B », les liens entre les deux
phénomènes A et B prennent le plus souvent la forme de boucle de
rétroaction (feedback), formant ainsi un système complexe.
L'approche systémique permet donc la compréhension globale du
fonctionnement d'un système reconnu comme complexe. Ainsi, elle
constitue un bon support pour une réflexion logique, et permet,
grâce à une vision globale, d'appréhender les interactions
(actions et rétroactions) que l'on perçoit de manière
très fragmentaire avec une démarche analytique qui
s'intéresse plus aux éléments composant un objet qu'aux
interrelations entre eux.
Cette démarche repose sur la construction de
modèles (représentation et réalité) où le
système est la représentation d'un objet d'étude. Souvent
flou, élaboré de manière incomplète et recouvrant
nécessairement des imprécisions et des incohérences, le
modèle systémique aide donc à structurer l'ensemble des
informations (les composantes et les relations du système) en
réfléchissant de manière globale aux problèmes
posés.
Dans une synthèse de ses travaux67(*), E. FAIVRE définit
comme suis le fonctionnement et l'intérêt d'un tel
système :
Ce système fonctionne selon le mécanisme de
l'offre et de la demande afin de formaliser le marché du foncier. Il
comprend quatre entités :
Figure 1.7 : Le territoire,
entité centrale des dynamiques de localisations
- Le territoire, avec ses atouts et ses
faiblesses au regard des besoins de localisation des entreprises.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny12.png)
- Les acteurs institutionnels locaux
(principalement au sein d'intercommunalités), qui cherchent
à attirer des entreprises
- Les zones d'activités,
créées et gérées par les acteurs locaux,
elles sont des matérialisations de l'offre proposée par
ceux-ci.
Source : E. FAIVRE, Autoroute et développement
local. L'autoroute attire-t-elle des activités économiques ?
Oui, mais...
- Les entreprises : à la
recherche de lieux d'implantations, elles sont « toutes
puissantes » dans leur choix de localisation
Ces quatre entités actrices du système68(*) forment un système
territorial complexe dans la mesure où leur fonctionnement influence sa
dynamique. La structure centrale de ce système est le territoire (figure
1.7), considéré comme support du marché foncier. Pour les
entreprises, il porte un potentiel d'attraction plus ou moins fort, que les
acteurs locaux cherchent à valoriser (avec la création de zones
d'activités par exemple). Les acteurs locaux
élaborent des projets de zone
d'activités, tout en étant contrains par le
territoire qu'ils sont donc amenés à
modifier. Les entreprises, de part leurs demandes, influencent l'offre
tout en étant contraintes par celle-ci. Les quatre entités du
système sont contenues dans un environnement
(population, acteurs institutionnels nationaux et
européens, conjoncture économique générale,
etc.), avec qui ils entretiennent d'étroites relations. A titre
d'exemple, les différentes lois sur l'intercommunalité
conditionnent le comportement des acteurs locaux, tout comme certaines normes
(par exemple, le label « qualité Loire »)
régissent le niveau de prestation des zones d'activités.
L'autoroute elle-même, en tant qu'infrastructure, prend
place dans l'entité caractéristique du
territoire. Elle constitue un élément définissant
l'accessibilité de celui-ci. Bien qu'elle soit la composante
d'étude principale de ce mémoire, l'approche systémique
développée ici permet d'appréhender globalement les
processus de localisation sans que l'autoroute soit considérée
comme un élément fondamental de ceux-ci.
Véritable support d'étude, ce système
décrit les mécanismes de ces processus. En complément de
cette approche, il est apparu nécessaire de développer un
Système d'Informations Géographiques (SIG) qui servirait à
la fois d'outil d'analyse et de production cartographique, mais
également comme un « support » des données
recueillies pour établir l'état des lieux, et
ultérieurement pourvoir efficacement évaluer leurs
évolutions.
2.1.2 Utilité et pertinence de
l'information géographique numérique
2.1.2.1 Un puissant
outil d'analyse et de traitement
L'approche développée par S. LE
CORRE69(*) dans sa
thèse de doctorat en géographie consiste, grâce à
l'utilisation de l'information géographique numérique, à
affiner les processus d'évaluation des observatoires. Sa
démarche, qui présente également un grand
intérêt théorique et méthodologique, reste
comparative. Elle consiste à recueillir des données, à des
échelles plus fines, et en multipliant les sources et la
fréquence de leurs mises à jour. Les données brutes, comme
par exemple celles relatives aux zones d'activités, ainsi que les
données statistiques, fournies par divers organismes, se doivent
d'être spatialisées « pas uniquement sous forme de carte
mais aussi à partir d'une liaison avec le terrain, permettant de mesurer
les transformations rapidement, afin d'offrir des éléments
d'analyses pertinents »70(*).Aussi, est proposé l'utilisation
combinée du SCAN 25(c), mis à jour tous les dix ans, de photos
aériennes, renouvelées tous les cinq ans et également les
indispensables relevés de terrains, idéalement
répétés tout les ans. Cette combinaison permet ainsi de
maintenir la pertinence du système grâce à la mise à
jour des informations géographiques. Elle introduit la notion de
temps de réaction du système, essentielle pour
établir sa valeur analytique et d'aide à la décision...
L'exploitation et l'apport d'une telle démarche
dépendent de son adaptation aux « contraintes »
méthodologiques des observatoires, c'est-à-dire la configuration
de l'espace d'étude, qui influence le niveau scalaire d'analyse, mais
aussi la fréquence de mise à jour des données
(degré de pertinence du système). Dans le cadre de ce
mémoire, l'espace d'étude a été déterminer
classiquement, c'est-à-dire qu'une zone de 20 à 30
kilomètres a été retenue de part et d'autre de l'axe A89
Noirétable - Balbigny, puis du futur axe A89 Balbigny -
La-Tour-de-Salvagny, mais en respectant une cohérence territoriale
nécessaire (les établissements publics de coopération
intercommunale, cadre de référence). La fréquence de mise
à jour des données reste, quant à elle,
indéterminée. Elle dépend en grande partie de
l'intérêt que pourrait susciter cette étude, mais
également des moyens mobilisables par l'observatoire A89 pour mettre
à jour les données.
L'utilisation de l'information géographique
numérique présente donc des avantages indéniables pour les
travaux menés par les observatoires autoroutiers. L'association de ces
informations au sein d'un système (supporté par un logiciel
spécifique) permet, tout d'abord, d'avoir une vision globale des
entités constituantes de l'espace d'étude : limites des
Etablissement Public de Coopération Intercommunale (EPCI), des communes,
localisation des zones d'activités, géométrie des
réseaux de transports, etc. Aussi, la quasi infinité des
traitements de données rend possible une perception nuancée, et
donc de tendre vers une pertinence accrue lors de restitutions cartographiques
et des analyses. Ensuite, les traitements d'analyses spatiales permettent, par
exemple en ce qui concerne l'analyse des localisations, de formaliser
précisément celles-ci, vis-à-vis des réseaux
routiers notamment. Enfin, et c'est là son intérêt
fondamental, le système ainsi constitué pourrait servir de
véritable support pour les éventuelles études qui seront
menées ultérieurement afin de déterminer les
évolutions territoriales, en liens ou non avec la mise en service du
futur axe.
Au regard des avantages offerts par l'utilisation de
l'information géographique numérique dans ce type d'étude,
la mise en place d'un système d'informations géographique est
apparue pertinente et d'une grande utilité...
2.1.2.2 Mise en
place et construction du SIG
L'approche
développée par S. LE CORRE a pu être suivie, au moins
partiellement, grâce à la mise à disposition d'outils de
traitement, de gestion et d'analyse de l'information géographique
numérique par l'université Jean Monnet de Saint-Etienne,
pôle de formation en géomatique, mais aussi grâce aux
formations suivies dans le cadre du Master 1 Territoire, Patrimoine et
Environnement (TPE).
La démarche adoptée ici se révèle
beaucoup plus modeste que celle mise en place par S. LE CORRE, ceci avant tout
par la méconnaissance de certains outils, et de certaines
fonctionnalités de ceux-ci. Aussi, les moyens engagés ne sont pas
comparables, déjà parce qu'il s'agit ici d'une mise en pratique
dans le cadre d'un mémoire universitaire de Master, dont les
délais de réalisation sont courts (de 6 à 8 mois), mais
également parce que l'investissement mobilisable pour
d'éventuelles acquisitions de données (Route 500(c), BD TOPO(c)
par exemple) n'est pas suffisant. Ainsi, seul le fond cartographique SCAN25(c)
a été utilisé, mais couplé ponctuellement aux
photos aériennes mises à disposition sur plusieurs portails
internet71(*). Le
système d'information géographique réalisé dans ce
cadre a donc été conçu intégralement.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny13.png)
Figure 1.8 : Capture d'écran
de l'interface de travail, sous Arcgis 9.1(c). Ici,
les zones d'activités du Grand Roanne
Les bases de ce SIG ont pris forme sous le logiciel Mapinfo
7.5(c). Premier élément indispensable à ce type
d'exercice, récupérer des fond cartographiques assez
précis et récents pour constituer le support, au sens propre et
figuré, du système. Un fond cartographique au 25\1000 a d'abord
été constitué à partir du site
Géoportail par des manipulations de capture
d'écran-copier-coller et de reconstitution visuelle sous Adobe
Illustrator 10(c). Cette démarche, longue et fastidieuse a
néanmoins porté ses fruits et a constituée la
première ébauche de ce SIG. Le support raster ainsi
créé fut géoréférencé, toujours
grâce à la banque de données disponible sur le site de
l'IGN72(*), puis les
entités territoriales (les communes et les Etablissement Publics de
Coopération Intercommunale - EPCI), ainsi que quelques zones
d'activités furent numérisées. Cette première phase
a permis de confirmer la pertinence d'une telle démarche dans le cadre
de ce mémoire, autant pour la formalisation de l'état des lieux,
que pour la production cartographique, l'analyse spatiale et surtout pour
l'utilité que ce SIG pourrait avoir pour les études qui
susceptibles d'être menées ultérieurement.
La constitution de ce S.I.G. est entrée dans une
seconde phase en passant de l'interface Mapinfo 7.5(c) au logiciel Arcgis
9.1(c), mais aussi grâce à la récupération de fonds
cartographiques beaucoup plus étendus. Ce nouveau fond a permis
d'intégrer dans le système l'ensemble de la zone d'études,
et a dès lors englobé l'agglomération roannaise au Nord,
mais aussi et surtout l'axe A72 de Noirétable à Feurs à
l'Ouest.
L'interface et les fonctionnalités du logiciel Arcgis
9.1(c) me sont apparues davantage intuitives et efficaces, ce qui en terme de
numérisation des entités spatiales, de gestion des bases de
données ou encore de restitution cartographique ont sensiblement
amélioré la réalisation de ce SIG. C'est donc beaucoup
plus rapidement que les communes ainsi que les EPCI du nouvel espace
intégré au système furent numérisés. Puis,
le réseau routier départemental, national et autoroutier furent
à leurs tour tracés, ceci afin de pouvoir formaliser plus
efficacement la localisation des zones d'activités, qui elles aussi
furent numérisées au fur et à mesure de la
réalisation de la base de données les concernant. Enfin, pour
affiner au maximum la formalisation de l'état des lieux et la
spatialisation des données brutes et des données statistiques qui
le constituent, les aires urbaines, les bassins de vie ainsi que les zones
d'emploi furent également vectorisés.
Ce SIG a pour objectif principal de constituer un support
spatial de l'état des lieux, des données et des critères
qui lui sont associés et qui le formalisent. Non seulement ce
système permet de produire des cartes, mais également
d'établir une liaison essentielle et nécessaire avec le terrain,
la zone d'étude. C'est pourquoi, après avoir
détaillé la démarche méthodologique de cette
étude et les modalités de construction et d'utilisation du SIG
mis en oeuvre dans ce mémoire, il convient de préciser quels sont
les données retenues, constituantes des critères et des
indicateurs, leurs modalités d'acquisition ainsi que l'espace
d'étude déterminé pour mener à bien ce
mémoire...
2.2
Modalités d'acquisition des données et détermination des
critères et des indicateurs
La thématique d'étude de ce mémoire
nécessite l'acquisition d'un grand nombre de données
hétéromorphes et hétéroclites, qui,
formalisées en indicateurs puis en critères, constituent les
bases de l'état des lieux, puis des analyses qu'il permet. Dans le cadre
de cette étude, le recueil de ces données ne fut pas toujours
évident. Celles-ci sont de nature quantitative (recensements
généraux de la population, démographie des entreprises,
etc.), mais aussi qualitative, c'est-à-dire issues d'entretiens avec des
acteurs territoriaux, institutionnels ou privés.
2.2.1 Une complexe et difficile
collecte
L'objet d'étude de ce mémoire, qui consiste
notamment à dresser un état des lieux formalisant la situation
initiale de localisation et des caractéristiques des entreprises et des
zones d'activités avant la mise en service du futur axe A89 Balbigny -
La-Tour-de-Salvagny, nécessite d'intégrer préalablement
une masse importante de données hétérogènes, qui
après leur traitement, serviront à constituer des indicateurs
puis des critères valables et pertinents.
La réalisation de ce type d'étude met le
chercheur qui la mène en position de demandeur vis-à-vis de
divers organismes et collectivités territoriales productrices de
données. Cette position « peu enviable »
nécessite de « séduire 73(*) » ces organismes et ces
collectivités afin d'exploiter leurs sources de données, alors
que l'étude en elle-même peut empiéter sur le domaine de
compétences de nombreux services. La constitution de cette banque de
données formalise la première phase de réalisation de
l'état des lieux, la seconde consiste au traitement, à l'analyse
puis à la restitution de ces données.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny14.png)
Figure 1.9 : Position de
l'étude dans l'espace d'analyse lié à l'autoroute
Ce statut de « consommateur de
données » rend le chercheur dépendant et largement
tributaire des fournisseurs de données. Il est nécessaire pour
lui de construire un réseau relationnel avec certains détenteurs
de données (plus particulièrement les collectivités
territoriales, les organismes consulaires ou encore les agences de
développement économique) qui travaillent le plus souvent de
façon autonome. Le besoin d'analyse globale de ce type d'étude
donne à celle-ci un rôle centralisateur, « qui se trouve
alors être le noeud [...] en relation avec les producteurs de
données »74(*) (figure 1.9).
Dans le cadre de cette étude, des données
qualitatives et quantitatives ont été recueillies. En ce qui
concerne ces dernières, qui peuvent être brutes ou statistiques,
elles ont été récupérées auprès des
organismes nationaux, comme l'Institut National de la Statistique et des Etudes
Economiques (INSEE) et l'Association pour l'Emploi Dans l'Industrie et le
Commerce (ASSEDIC), mais aussi auprès des administrations d'état
comme la Direction Départementale de l'Equipement (DDE) et la Direction
Régionale de l'Equipement de Rhône Alpes (DRE), également
auprès d'associations spécialisées dans le
développement économique (Agence d'expansion économique de
la Loire - Expansion 42) et enfin, dans une moindre mesure, auprès
d'organismes consulaires comme les Chambres de Commerce et d'Industrie (CCI).
Le recueil de données quantitatives s'est avéré certes
long, mais plutôt aisé. En effet, l'INSEE, l'ASSEDIC et la DRE de
Rhône Alpes mettent à disposition un grand nombre de
données via leur portail internet, que ce soit sous forme de cartes ou
de tableaux numériques. La DDE de la Loire, puis la mairie de Violay,
ont quant à elles ouvert leurs portes et permis la consultation du
très riche Dossier d'enquête préalable à la
déclaration d'utilité publique de l'autoroute A89 Balbigny -
La-Tour-de-Salvagny, et à la mise en compatibilité des plans
d'occupation des sols (septembre 2001, Ministère de l'Equipement, des
transports et du logement / Direction des routes)
La réalisation de la base de données concernant
les zones d'activités a été construite grâce aux
relations établies directement avec les collectivités
territoriales entre janvier et juin 2007, la plupart du temps les EPCI et plus
ponctuellement les communes. Une grande différence en termes
d'agrégation de données a été notée entre le
département de la Loire et celui du Rhône, c'est-à-dire que
les EPCI de la Loire ont fournis la plupart du temps des données
précises et complètes, tandis que dans le Rhône, plusieurs
intercommunalités ne pouvaient mettre à disposition que des
informations parcellaires et incomplètes. Cette dichotomie
départementale trouve une explication, en premier lieu, par la
présence dans le département de la Loire d'une agence de
développement économique, qui, depuis plusieurs années,
recueille auprès des EPCI des informations relatives aux
caractéristiques de leurs zones d'activités. Récemment,
cette agence m'a permis d'accéder à leur base de données
frôlant l'exhaustivité pour les données relatives aux zones
d'activités, si bien qu'en ce qui concerne le département de la
Loire, la base de données est presque complète. Aucune agence de
ce type ne fédère ce genre de données dans le Rhône,
hormis les CCI. Toutefois, les données fournies par celles-ci se sont
révélées toujours parcellaires, et souvent absentes,
d'où un intérêt très limité pour
l'étude. En second lieu, cette différenciation Loire-Rhône
peut également trouver une explication, pour quelques
intercommunalités, dans l'opposition des populations et des acteurs
institutionnels locaux au futur axe A89. En effet, dans l'ouest lyonnais, les
projets d'infrastructures routières sont très mal perçus
et reçus, car ils sont considérés comme des supports
d'extension de la couronne périurbaine lyonnaise, vouée à
dégrader un environnement
« préservé ». Dès lors, fournir des
données pour une étude concernant l'évaluation des
éventuels « effets » induits du futur axe
autoroutier peut être considéré comme une acceptation
tacite de celui-ci...La base de données concernant les zones
d'activités présente ainsi de grandes différences,
notamment en ce qui concerne la précision des données, entre les
zones situées dans la Loire et celles situées dans le
Rhône.
Cette antagonisme Loire-Rhône s'est également
fait ressentir, mais dans une moindre mesure, dans le recueil de données
qualitatives, c'est-à-dire issues d'entretiens avec les acteurs
institutionnels locaux. Même si la plupart des intercommunalités
contactées m'ont ouvert leurs portes, je me suis heurté
ponctuellement à des réorganisations structurelles d'EPCI ne me
permettant pas de rencontrer un acteur susceptible de pouvoir répondre
à mes questions, mais également à un certain
« mutisme », probablement lié à l'opposition
au futur axe, sans pour autant qu'il s'agisse d'une certitude...
Comme le rappelle S. LE CORRE75(*), deux attitudes antagonistes peuvent se
révéler au sein des organismes susceptibles de fournir des
données. Les premiers s'appuient sur des facteurs limitant, ce sont les
« passifs » pour qui la réalisation de ce type
d'étude apparaît comme inutile ou dérangeante, et ne
favorise pas l'accès aux données. Les seconds peuvent être
qualifiés « d'actifs », car ils perçoivent de
l'intérêt à une telle étude, et permettent donc
l'accès aux données. En ce qui concerne le recueil de
données lié à la réalisation de ce mémoire,
les personnes et organismes contactés ont pour la plupart montré
un intérêt certain pour cette étude, si bien que les
échanges établis furent enrichissants et constructifs. Pour
terminer, il convient de souligner la légitimité apportée
par le cadre universitaire dans lequel est réalisée cette
étude, même si le lien entre université -observatoire A89 -
ASF ne facilita pas toujours une relation de confiance.
Le recueil de données fut donc difficile et complexe,
d'abord parce que les fournisseurs ont été nombreux, qu'il
s'agisse des organismes et des administrations d'états ou encore des
collectivités territoriales. Aussi, la nature
hétérogène de ces données a nécessité
une attention particulière quant à leur hiérarchisation
préalable à l'analyse, si bien que l'acquisition et le traitement
de ces données ont nécessités un temps important. Enfin,
les relations tissées avec les acteurs institutionnels locaux,
même si pour la plupart d'entre elles se sont avérées
enrichissantes et constructives, ont parfois révélé le
désintérêt pour ce type d'étude, ou encore
l'opposition au futur axe autoroutier.
Après avoir décrit les modalités
d'acquisition de ces données, il convient de préciser leur
nature, leur forme, leur utilité et les limites qu'elles introduisent
dans la création des critères, puis des indicateurs.
2.2.2 Les données brutes et les
données statistiques
La plupart des données quantitatives recueillies est
directement issue des organismes et administrations d'Etat, ainsi que des
collectivités territoriales. Une première distinction est
possible entre données brutes et données statistiques. Pour les
premières, aucune manipulation n'est opérée et elles sont
appréhendées comme telles. Les données statistiques sont
au contraire issues de traitements mathématiques spécifiques.
Toutes ces données présentent toutefois des limites quant
à leur pertinence, qu'elles soient dues aux périodes de
renouvellement ou aux modes d'acquisition de celles-ci.
Les données brutes exploitées dans cette
étude concernent tout d'abord la fiscalité appliquée aux
activités économiques. Ici, c'est le taux de la taxe
professionnelle qui sera retenu ainsi que les modalités d'application de
celle-ci, c'est-à-dire l'échelle spatiale concernée,
qu'elle soit d'envergure communale ou intercommunale. Ensuite, la base de
données relative aux zones d'activités renseigne directement sur
les caractéristiques de celles-ci : surface totale, surface
occupée, prix au mètre carré, le nombre d'emplois et
d'entreprises par secteur d'activité. La validité de ces
données reste assez bonne dans la mesure où elles correspondent
à une période précise. Celles-ci ont été
recueillies entre février et juin 2007, on peut donc considérer
que leurs valeurs descriptives, pour cette période, sont plutôt
bonnes.
Les données statistiques sont plus largement
utilisées. Elles correspondent en premier lieu aux résultats des
grandes campagnes de recensement de 1968, 1975, 1982, 1990 et 1999.
L'évaluation de la population déterminée durant ces cinq
campagnes est ici exploitée. En ce qui concerne le recensement de 1999,
les volets « activité » et
« formation » sont utilisés à la fois de
façon descriptive, mais servent aussi d'indicateur susceptible
d'évoluer. La campagne de recensement de 1999 reste et restera, a
priori, la dernière du genre. L'INSEE a en effet
décidé de mener annuellement le renouvellement de ces
données pour des raisons budgétaires, selon une méthode
par sondages. Ces nouvelles modalités ne sont pas favorables à ce
type d'étude, car la précision de ces données n'est
qu'indicative, surtout lorsque l'on considère les délais de
rafraichissement de celles ci, proche de dix années...Dès lors,
la pertinence de ces données reste relative, et il est
préférable de les considérer comme un ordre de grandeur.
Ensuite, viennent les données concernant les entreprises. Celles
recueillies ici renseignent sur la démographie des entreprises,
c'est-à-dire leur nombre par secteur d'activités, selon les
Nomenclatures Economiques de Synthèses (NES) en quatre ou seize postes,
ainsi que sur les créations annuelles d'entreprises. Ces données
renseignent également sur l'effectif salarié, par tranches, de
ces entreprises. Les chiffres concernant les entreprises sont eux aussi
à considérer comme ordre de grandeur car ils sont
déterminés selon les registres du commerce et des métiers.
Or, lorsqu'une entreprise cesse sont activité, la suppression de
celle-ci des registres du commerce et des métiers peut intervenir
après plusieurs années. De ce constat, S. LE CORRE76(*) propose d'affiner ces chiffres
par consultation des pages jaunes. Mais dans le cadre de ce
mémoire, le vaste espace d'étude et la périodicité
de sa réalisation n'ont pas permis d'appliquer cette méthode.
Puis la base de données du rapport INSEE pour la
DATAR77(*),
réalisé en 2002, a également été
exploitée. Cette dernière met à disposition un grand
nombre de données qui concernent la démographie, les
caractéristiques agricoles, les niveaux d'équipement ou encore
l'accessibilité des bassins de vie. Ces chiffres se
révèlent très intéressants, mais pour eux aussi il
convient de relativiser leur précision, car ils sont issus
d'études menées entre 1999 et 2002...Pour terminer, des
données indiquant le volume des migrations alternantes et
résidentielles entre aires urbaines ont aussi été
exploité. Elles renseignent efficacement sur l'attractivité des
aires urbaines qui pourrait évoluer avec la mise en service du futur axe
autoroutier A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny. Toutefois, ces données
sont issues du recensement de 1999.
Les données quantitatives recueillies présentent
un intérêt certain pour caractériser et comprendre les
territoires. Toutefois, l'appréhension de ces données
nécessite la prise en compte de leurs limites, qui sont
inhérentes à la période à laquelle ils
correspondent ainsi qu'à leur mode d'acquisition et de traitement.
Aussi, ces données seules ne renseignent que partiellement sur les
territoires et leurs dynamiques, si bien qu'il est nécessaire de les
associer à des données qualitatives issues d'enquêtes et
d'entretiens.
2.2.3 Enquête et entretiens :
modalité de réalisation et méthodologie de traitement
« Le territoire n'est pas seulement un objet
matériel posé face à soi, dénué de sens de
forme, de symbole, de représentation. Il est aussi un objet
immatériel, objet « idéel », à la fois
l'un et l'autre, en permanence co-construit, c'est un objet social, objet
d'appropriation et approprié par les acteurs »78(*). Comprendre les dynamiques
territoriales implique nécessairement de prendre en compte et de
comprendre l'action menée par les acteurs du territoire, et dans le
cadre de ce mémoire, nous nous sommes intéressé aux
acteurs institutionnels locaux, qui fondent et appliquent les politiques
territoriales, ainsi qu'aux acteurs économiques, et plus
particulièrement les chefs d'entreprises.
En ce qui concerne les acteurs institutionnels locaux, des
contacts ont été établis avec les administrations
économiques des EPCI afin d'évaluer le profil des actions
menées en rapport ou non avec la mise en service du futur axe A89, le
degré de collaboration entre structures intercommunales, leur poids et
leur rayonnement, les moyens mis en oeuvre pour attirer les entreprises mais
également leurs attentes vis-à-vis du futur tronçon
autoroutier. Il est apparu naturel de questionner directement les EPCI, tout
d'abord parce qu'ils couvrent l'ensemble de l'espace d'étude et qu'ils
se sont constitués pour la plupart il y a plus de dix années,
mais aussi, et surtout car ils possèdent les plus grandes
compétences en matière de développement économique
local. Un guide d'entretien de type semi-directif a donc été
élaboré (cf. annexe 2). Les contacts établis avec ces
structures ont permis de réaliser une série d'entretiens avec le
Maire de Balbigny, le président de la communauté de communes des
Montagnes du Forez, la secrétaire générale de la
communauté de communes du Beaujolais - Val d'Azergues, les
chargés du développement économique des communautés
de communes de Feurs en Forez, du Pays d'Amplepuis-Thizy, du Pays de Tarare, du
Pays entre Loire et Rhône et du Pays de l'Arbresle (cf. annexe 1). A
l'issue de ces entretiens, les échanges ont été
reportés sur un outil de traitement de texte, puis leurs réponses
hiérarchisées en fonction du caractère de celles-ci, c'est
à dire le plus souvent en tentant de trouver des similitudes entre
elles. Suite à ce traitement, une typologie a été mise en
place et a révélé, notamment, un net antagonisme entre
l'Est (des Montagne du Haut Forez au Pays de Tarare) et l'Ouest (Pays de
l'Arbresle et les structures voisines) relatif à l'attente
vis-à-vis du futur axe A89, ce qui se traduit par des politiques
économiques d'orientations différentes.
Les chefs d'entreprise ont quant à eux
été soumis à une grille d'enquête de type directif
en deux volets, qui leur a été transmise par courrier ou par
courriel. Le premier volet visait à déterminer les principaux
facteurs de localisation de leurs entreprises. Une série de facteurs
était proposée, concernant les locaux et le site d'implantation,
les finances, l'économie d'agglomération et les infrastructures
de transport. Une réponse devait être attribuée à
ces facteurs selon leur degré d'importance pour l'enquêté.
Le second volet avait quant à lui pour but d'appréhender les
effets escomptés ou attendus sur leur activité dans l'optique de
la mise en service du futur axe A89. De la même façon, une
série de facteurs était proposée, à laquelle il
était demandé d'attribuer une note selon l'importance
considéré. Cinquante entreprises ont été
initialement sélectionnées, et afin d'assurer une grande
diversité, elles furent choisies en fonction de leurs secteurs
d'activité, de leurs effectifs salariés, de leur localisation sur
l'espace d'étude et de leurs sites d'implantation, en zone
d'activités ou non. Malheureusement, malgré de multiples
relances, seulement huit enquêtes sont revenues. Les résultats se
sont révélés intéressants, mais ce petit nombre de
retour n'ont pas permis de les considérer comme
révélateur. Toutefois, en comparaison des résultats
obtenus sur le même type d'enquête par E. FAIVRE, il n'est pas
apparu de grosses incohérences, si bien que ces résultats
apparaissent tout de même exploitables, dans la mesure où sont
prises en compte leurs limites, inhérentes au mode d'acquisition et au
nombre de réponses recueillies.
La masse de données ainsi recueillie présente
une grande hétérogénéité, qu'elles soient
qualitatives ou quantitatives, brutes ou issues de traitements statistiques, ou
qu'elles correspondent aux entités spatiales communales,
intercommunales, des bassins de vie ou des aires urbaines. Pour leur traitement
et leur analyse, il est donc nécessaire d'organiser et de
hiérarchiser ces données en indicateurs puis en critères,
selon les entités spatiales auxquelles elles correspondent.
2.2.4 Des critères aux
indicateurs : formalisation pratique
Il s'agit là de valoriser les données
recueillies. Dans un premier temps, il convient de fédérer et
d'homogénéiser les informations et les données acquises
auprès de différentes structures (INSEE, ASSEDIC, DDE de la Loire
et du Rhône, DRE de Rhône Alpes, CCI, Expansion 42,
collectivités territoriales, etc.). Cette homogénéisation
s'opère tout d'abord par une hiérarchisation selon l'envergure
spatiale des ces données, de l'infra communal aux zones d'emploi. Ces
données sont ensuite organisées en fonction des six
critères retenus : démographique, socio-économique,
zone d'activités, entreprise, mobilité et accessibilité,
gouvernance et administration territoriale. Enfin, les données ainsi
hiérarchisées et organisées permettent de
déterminer des indicateurs ayant pour but, selon leurs évolutions
pendant et après la mise en service du futur axe A89 Balbigny -
La-Tour-de-Salvagny, de révéler le rôle de la nouvelle
infrastructure dans les dynamiques socio-économiques territoriales et,
plus particulièrement en ce qui concerne les entreprises et les zones
d'activités. (Figure 1.10 et 1.11)
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny15.png)
Figure 1.10 : hiérarchisation
des critères, indicateurs et données
Une telle hiérarchisation des données est
nécessaire car elle permet de formaliser une base pratique et efficace
pour l'étude. Les critères, en tant que première
référence d'homogénéisation des données,
correspondent à plusieurs variables caractéristiques de la
structuration territoriale. L'objet d'étude de ce mémoire, qui
vise à évaluer l'évolution potentielle de la structuration
des entreprises et des zones d'activité sur l'espace que pourrait
engendrer la mise en service du « barreau » A89, rend
indispensable la prise en compte des critères concomitants. Ainsi, les
critères démographique, socio-économique,
mobilité et accessibilité ainsi que gouvernance et
administration territoriale sont nécessaires pour
appréhender globalement les termes de cette potentielle
évolution, l'approche systémique retenue pour mener à bien
cette étude indique en effet efficacement les relations et
interrelations qui unissent, par exemple, les critères gouvernance
et administration territoriale (entité du système
acteurs locaux institutionnels) et le critère zone
d'activités (entité du système du même nom).
Figure 1.11: structuration des
données selon leurs critères, leurs niveaux scalaires et
détermination des indicateurs
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny16.png)
La démarche méthodologique retenue, qui s'appuie
notamment sur un système de localisation des activités
économiques, requiert le recueil et la structuration de données
hétérogènes et hétéromorphes. De celle-ci,
des indicateurs susceptibles d'évoluer avec la mise en service du futur
axe A89 sont déterminés. La particularité de ces
données, et donc des indicateurs, réside dans des niveaux
scalaires variables selon l'entité administrative ou la zone
d'étude à laquelle elle correspond. Ici, six niveaux scalaires
sont retenus : infra communal, communal, intercommunal (EPCI), bassin
de vie, aire urbaine et zone d'emploi. Ces échelles
s'organisent en fonction de leur envergure spatiale, de la plus petite à
la plus grande. Ces niveaux scalaires ont servis de référence
pour déterminer la zone d'étude sur laquelle portera l'ensemble
des analyses menées dans ce mémoire...
2.3 La question des
échelles et des entités administratives dans la
détermination de l'espace d'étude
2.3.1 Quel espace
d'étude ?
Le futur tronçon terminal de l'A89 Balbigny -
La-Tour-de-Salvagny traversa d'Ouest en Est les départements de la Loire
et du Rhône. Cette configuration particulière a grandement
orienté la détermination de l'espace d'étude.
Tout d'abord, c'est la question des entités
départementales qui a été posé : est-il
pertinent d'intégrer l'ensemble de ces deux départements dans
l'espace d'étude? En ce qui concerne la Loire, la dichotomie entre le
Nord, polarisé par Roanne, et le Sud avec Saint-Etienne, a
révélé le peu d'intérêt qu'il y aurait
à intégrer ce département dans son ensemble. De plus,
l'axe A47 entre Saint Etienne et Lyon, auquel il faut ajouter le projet A45 qui
pourrait doubler cette liaison, révèle une structuration
Est-Ouest plutôt que Nord-Sud, si bien que pour le Sud de la Loire, le
futur axe A89 ne présente qu'un intérêt limité. Il
en est tout autrement pour le roannais, qui cherche de plus en plus à
consolider ses relations avec le lyonnais. Dés lors, seul le Nord du
département de la Loire est intégré dans l'espace
d'étude. Pour le Rhône, c'est l'antagonisme Est-Ouest, très
sensible en ce qui concerne les infrastructures routières, qui a
déterminé le choix de n'intégrer ce département que
partiellement. Aussi, à plus grande échelle,
l'agglomération lyonnaise présente la même dichotomie,
à la fois infrastructurelle et socio-économique, avec une
différenciation entre l'Est de Lyon très urbanisé, et son
ouest, plus accidenté et moins urbanisé. Il est dès lors
apparu peu pertinents d'intégrer globalement ces deux
départements, tant leurs structurations internes sont
différenciées.
Ce futur axe sera le tronçon terminal de l'autoroute
A89. En 2006, l'autoroute A72 qui relie Clermont-Ferrand à Balbigny a
été renommée A89, dans un souci de cohérence
évident. En service dans sa totalité depuis 1985, l'ancienne A72
n'a pas fait l'objet d'études d'impacts. Seul un rapport
thématique de l'observatoire A89 s'est intéressé aux
tronçons A72 et RN89 entre Clermont-Ferrand et
Noirétable79(*).
Dès lors, dans un souci de continuité des études
menées par l'observatoire, il est apparu nécessaire
d'intégrer l'axe A89 Noirétable - Balbigny dans l'espace
d'étude. Outre cette volonté de cohérence globale, la
prise en compte de ce tronçon présente un intérêt
tout autre, car il permettrait d'être le support d'une
problématique complémentaire : dans quelles mesures la mise
en service d'un tronçon terminal, un barreau autoroutier, est il
susceptible d'engendrer des évolutions socio-économiques sur les
territoires situés en amont et déjà desservis par une
autoroute ? L'aspect innovateur de ce questionnement, permis par la
configuration particulière du réseau et de l'aménagement
autoroutier de ce secteur, pourrait se révéler d'un grand
intérêt. C'est pour cela que ce tronçon et les territoires
qu'il dessert ont été intégrés dans l'espace
d'étude. Il s'agira maintenant de confirmer ou non la pertinence de ce
choix...
Pour finir, c'est « classiquement » que
l'envergure de l'espace d'étude a été
décidée. De part et d'autre de l'axe autoroutier A89
Noirétable - Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, une zone de quinze à
trente kilomètres a été retenue, comme dans la plupart des
études de ce type. Puis, les caractéristiques des territoires
ainsi que le dessin des entités intercommunales on finalisées la
détermination de l'espace d'étude dans un souci de
cohérence structurelle.
Les caractéristiques de l'espace d'étude
déterminent nécessairement l'échelle d'analyse. Dans le
cadre de ce mémoire, l'approche multi scalaire a été
privilégiée...
2.3.2 Une démarche multi scalaire
Afin de tendre vers une plus grande finesse d'analyse, une
approche multi scalaires paraît indispensable. Elle se justifie tout
d'abord par la variabilité des niveaux scalaires des données, qui
vont de l'infra-communal, pour la plus grande échelle, aux zones
d'emploi pour la plus petite. Aussi, certains découpages peuvent
s'avérer limitant, c'est le cas par exemple pour la trame communale,
bien appropriée pour l'analyse globale, mais handicapante en ce qui
concerne certains mouvements et certaines évolutions infra-communales,
comme le suivi des zones d'activités, qui, sans une échelle
d'analyse plus grande, ne peut révéler précisément
l'évolution susceptible de les toucher avec la mise en service du futur
axe A89 (notamment les extensions).
Cette approche multi scalaires est permise notamment par le
système d'information géographique réalisé dans le
cadre de ce mémoire. Cet outil permet une visualisation de l'ensemble de
la zone d'étude, pour une analyse globale, jusqu'à la très
grande échelle infra communale, bien adaptée pour les
études spécifiques concernant les zones d'activités.
La
zone d'étude déterminée facilite cette approche multi
scalaires. Toutefois, chaque entité, administrative ou statistique doit
être clairement identifiée et définie pour assurer la
pertinence des analyses qui seront menées.
2.3.3 La trame des entités
administratives comme support « par défaut »
2.3.3.1 Le niveau
de base : la commune
La France se caractérise par le nombre
élevé de ses communes, 36 779 au recensement de 1999, ce qui
représente plus de 40 % de l'ensemble des communes de l'Union
européenne des 25. Parmi ces communes, près de 32 000 comptent
moins de 2 000 habitants et près de 70 % sont en deçà des
700 habitants. Ce morcellement communal est un véritable marqueur
historique de la construction territoriale de la France
La commune correspond à la plus petite entité de
gestion et d'administration du territoire. C'est une entité fondamentale
pour l'analyse territoriale. Par exemple, les recensements de populations ont
comme entité de base la commune. Il en est de même pour de
nombreuses autres études statistiques mises à profit dans ce
mémoire. L'échelle communale est donc incontournable pour mener
à bien ce type d'étude. L'ensemble des 206 communes de l'espace
d'étude permet l'appréhension globale de celui-ci, mais
présente toutefois plusieurs limites. Tout d'abord, dans la
structuration des territoires, les entités communales connaissent
souvent des dynamiques d'envergure régionale, nationale voire mondiale,
si bien que l'échelle communale appréhendée en tant que
telle ne semble pas être un référentiel pertinent en toutes
circonstances. Aussi, la commune ne doit pas être la plus grande
échelle d'analyse pour ce type d'étude, ce qui s'avérerait
handicapant. Le niveau infra-communal est donc indispensable pour
appréhender plus finement l'évolution des territoires en lien ou
non avec la mise en service du futur axe autoroutier.
L'échelle communale constitue toutefois le niveau de
base de cette étude. Malgré les limites qu'elle implique, elle
permet d'appréhender globalement les territoires étudiés,
de part sa fonction de gestion et d'administration du territoire, mais aussi en
ce qui concerne le grand nombre de données brutes et statistiques
disponibles les concernant. Néanmoins, le morcellement communal de la
France a rendu nécessaire de rendre la gestion du territoire plus
efficiente, notamment par le développement de la coopération
intercommunale.
2.3.3.2
L'échelon de référence : les Etablissements Publics
de Coopération Intercommunale
Les établissements publics de coopération
intercommunale sont aujourd'hui les premiers territoires d'action en
matière de développement économique local, mais cette
fonction reste récente. C'est à partir de 1982 que les
premières politiques de décentralisation sont mises en place avec
les lois Defferre, qui donnaient aux régions de nouvelles
compétences. A l'échelle locale, en l'absence d'une refonte
totale de la carte territoriale, l'intercommunalité s'est posée
comme une réponse face à cet émiettement communal en
mettant en place un maillage du territoire plus pertinent avec les
réalités locales. La loi du 6 février 1992 sur
l'administration territoriale de la République permet à
l'intercommunalité de prendre un tournant décisif, avec la
multiplication par six des groupements de communes entre 1992 et 1999. Le fait
intercommunal s'est diffusé inégalement sur le territoire
français, et il a été surtout sensible en milieu rural. En
1999, La Loi d'Orientation pour l'Aménagement et le Développement
Durable du Territoire80(*)
(LOADDT), qui introduit la notion de « projet de
territoire », puis la loi relative au renforcement et à la
simplification de la coopération intercommunale81(*), dite « loi
Chevènement », ont permis un nouvel essor de
l'intercommunalité en ramenant à trois types de groupement les
structures à fiscalité propre, tout en la promouvant en milieu
urbain.
L'intercommunalité répond à plusieurs
objectifs, c'est à la fois un instrument d'organisation rationnelle des
territoires face à l'émiettement communal, mais aussi un outil de
développement économique local et de relance des politiques
d'aménagement du territoire. Le terme d'intercommunalité
désigne les différentes formes de coopération existant
entre les communes. Elle permet aux communes de se regrouper au sein d'un
Etablissement Public (EP), soit pour assurer certaines prestations (ramassage
des ordures ménagères, assainissement, transports urbains, etc.),
soit pour élaborer de véritables projets de développement
économique, d'aménagement ou d'urbanisme. Les
établissements publics de coopération intercommunale constituent
la forme institutionnelle de l'intercommunalité. À la
différence des régions ou des communes, les structures
intercommunales n'ont que des compétences limitées (principe de
spécialité). Les communes leur transfèrent les
attributions nécessaires à l'exercice de leurs missions et elles
se trouvent investies, à leur place, des pouvoirs de décision
(principe d'exclusivité).
On distingue deux types d'intercommunalité :
- La forme souple ou associative (dite sans fiscalité
propre), financée par les contributions des communes qui en sont
membre.
- La forme approfondie ou fédérative (dite
à fiscalité propre), caractérisée par l'existence
de compétences obligatoires et par une fiscalité propre.
Figure 1.12 : les différentes
formes d'EPCI
Source : MERICSKAY B., 2007
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny17.png)
Les communautés de communes peuvent également
adopter une fiscalité additionnelle sur les quatre impôts directs
locaux (taxe professionnelle, taxe d'habitation et deux taxes foncières
: foncier bâti et foncier non bâti), ou choisir la Taxe
Professionnelle Unique (TPU).
Le fonctionnement d'un EPCI est assuré par un
président, élu parmi les délégués des
communes, et par une assemblée délibérante appelée
conseil communautaire qui rassemble les délégués des
communes désignés par leur conseil municipal respectif.
Après approbation par le bureau communautaire, les projets de la
communauté sont soumis au vote du conseil. Le bureau communautaire est
composé du Président et de Vice-présidents,
désignés dans l'ordre d'importance de la population de chaque
commune. Le bureau statut sur les dossiers qui lui sont soumis par les
commissions. Ces dernières sont structurées autour de commissions
thématiques et fonctionnelles. Présidée par un
Vice-président, chaque commission est créée autour d'une
compétence ou de compétences regroupées dans un même
domaine d'activité.
Carte 1.1 : communes et
intercommunalités de l'espace d'étude
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny18.png)
L'espace d'étude compte 19 communautés de
communes, une communauté d'agglomération, celle du Grand Roanne,
et une communauté urbaine, celle du Grand Lyon. Le fait intercommunal y
est très bien représenté, car seule la commune des Salles
ne fait pas partie d'une structure intercommunale. Cette disposition,
associée aux compétences majeures concernant le
développement local, fond de ces structures l'échelon de
référence de cette étude (Carte 1.1).
2.3.3.3 Bassins de
vie, zones d'emplois et aires urbaines
Contrairement aux communes et aux EPCI, qui sont des
territoires de pouvoirs et d'actions, les bassins de vie, aires urbaines et
zones d'emploi sont des zones d'études statistiques mises en place par
l'INSEE. Dés sa création en 1946, l'INSEE s'intéresse
à la structuration du territoire. Sur la base des travaux d'H. BUNLE en
1934, qui, selon la notion de continuité de l'habitat, regroupait des
communes en unités urbaines. L'INSEE adopte cette délimitation en
195482(*). Mais avec
l'émergence de la périurbanisation, les limites de la ville sont
devenues floues, d'où l'adoption des Zones de Peuplement Industriel et
Urbain (ZPIU) puis des Aires Urbaines (AU) dans les années
quatre-vingt-dix. L'objectif principal de cette entité est de
déterminer jusqu'ou s'exerce l'influence socio-économique des
villes, pour ainsi permettre une approche fonctionnelle du territoire. Ce
zonage, redéfini régulièrement, constitue une
référence intéressante pour l'appréhension de la
structuration du territoire, de plus, de nombreuses données sont
disponibles les concernant. L'espace d'étude déterminé
dans le cadre de ce mémoire compte quatre aires urbaines : Feurs,
Tarare, Roanne et Lyon. Ces aires présentent toutefois de grandes
différences structurelles et socio-économiques qu'il conviendra
de souligner.
Les bassins de vie ont été mis en place afin
« de définir un maillage géographique pertinent pour
l'étude des conditions de vie »83(*). Pour les déterminer,
une étude a été conduite par un groupe de travail
pluridisciplinaire réunissant l'Institut National de la Recherche
Agronomique (INRA), le ministère de l'Agriculture, l'Institut
Français de l'Environnement (IFEN) et l'INSEE. Toutefois, les grandes
agglomérations et leurs périphéries immédiates
n'ont pu se prêter à ce zonage, si bien que les 171
agglomérations de plus de 30 000 habitants, qui comptent
près des deux tiers de la population française, n'ont pas
été partitionnées. Les bassins de vie concernent donc
avant tout les espaces ruraux, et permettent de rendre compte de leurs
structurations. Les données relatives aux bassins de vie, mises à
disposition par l'INSEE, sont également nombreuses, ce qui permet, en
dehors des zones les plus urbanisées, de caractériser
relativement précisément ces entités fonctionnelles.
Carte 1.2 : Bassin de vie, aires
urbaines et zones d'emploi de l'espace d'étude
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny19.png)
Pour terminer, les zones d'emploi seront également
utilisées mais dans une moindre mesure. Ce zonage a été
initié au début des années quatre-vingt afin de
répondre aux exigences de la politique de l'emploi conduite durant cette
période. Institué en 1983, ce découpage a
été effectué conjointement par les directions
régionales du travail et de l'emploi et par les directions
régionales de l'INSEE. Ce zonage couvre l'ensemble du territoire
français. Il respecte, dans la mesure du possible, certaines
règles et certains critères :
l'homogénéité et les solidarités
économiques, les migrations pendulaires ou alternantes, une taille
minimum d'au moins 40 000 actifs et le respect des limites
administratives. Ce zonage d'étude constitue également un cadre
de référence pour les acteurs locaux de l'emploi et de la
formation. Les zones d'emploi sont donc pertinentes pour évoquer les
questions de l'activité, de l'emploi et de la formation. Toutefois, ces
zones couvrent un vaste espace (deux zones d'emploi sur l'ensemble du
Rhône) qui les rendent peu opératoires dans le cadre de cette
étude. Les bassins d'emploi auraient sans doute été des
entités plus appropriées, mais peu de données ont
été récoltées les concernant, d'où
l'impossibilité de les utiliser dans le cadre de ce mémoire.
L'approche développée pour mener à bien
cette étude se veut multi-scalaire. En effet, la finesse d'analyse
requise impose d'embler cette démarche, certes complexe, mais qui trouve
dans le SIG réalisé parallèlement un support efficace, un
véritable outil de traitements et d'exploitation de données, qui
correspondent à des entités territoriales
hétéromorphes et hétérogènes...
Cette étude, qui vise d'une part à
évaluer la structuration territoriale des entreprises et des zones
d'activités pour ensuite tenter d'appréhender l'influence
potentille de la mise en service du futur axe A89 Balbigny -
La-Tour-de-Salvagny, nécessite une méthodologie spécifique
et adaptée relativement complexe, ce qui a justifié d'exposer ses
caractéristiques dans le corps de ce mémoire. En effet, les
processus de localisation des entreprises et des zones d'activités
répondent à des logiques d'interaction entre différentes
variables, telle que les caractéristiques des territoires ou encore
l'action des acteurs intentionnels locaux. Dès lors, en partant des
conclusions émises par F. PLASSARD, et en se basant sur les travaux d'E
FAIVRE, un système de localisation des activités a
été construit. Ce système constitue la base de travail de
cette étude, autant en termes analytiques qu'en ce qui concerne la
réalisation de l'état des lieux. Pour ce dernier, la
méthodologie employée a été élaborée
à partir des travaux de P. BERION dans le cadre de l'observatoire A39.
Un SIG a également été intégralement
réalisé en s'inspirant partiellement des travaux de S. LE CORRE.
En plus des capacités de ce système à réaliser tous
types d'analyses, celui-ci a permis de produire les cartes thématiques,
nécessaires aux démonstrations de cette étude. Une fois
les bases méthodologiques déterminées et l'outil SIG
réalisé, il a été nécessaire pour
réaliser ce mémoire de déterminer un espace d'étude
pertinent. Celui-ci s'étend de Noirétable à l'Ouest de
l'agglomération lyonnaise, soit une longueur d'environ 80
kilomètres sur une largeur variant entre 15 et 40 kilomètres de
part et d'autre de l'axe A89 actuel et du futur
« barreau ». Puis, il a fallu acquérir un grand
nombre de données hétérogènes et
hétéromorphes, ce qui ne fut pas toujours évident. Afin de
valoriser ces données, celles-ci ont été
hiérarchisées en fonction des entités spatiales auxquelles
elles correspondent, comme les communes ou encore les bassins de vie, puis en
critères : zone d'activités ou encore gouvernance et
administration territoriale, et enfin 21 indicateurs ont été
déterminés. Ces derniers ont pour vocation, dans la perspective
de futures études sur la même thématique, de mesurer
l'influence effective du futur axe autoroutier sur les différents
critères déterminés.
Les bases méthodologique et pratique de ce
mémoire ainsi déterminées concernent un espace
d'étude composé de territoires aux caractéristiques,
à des héritages et à des fonctionnements qui leurs sont
propres. Ainsi, avant d'aborder concrètement la thématique
d'étude de ce mémoire, il est nécessaire
préalablement de décrire les particularités des
territoires de l'espace d'étude en plusieurs temps. Les contrastes
sociaux-économiques seront abordés préalablement, puis
ensuite, sera décrite la dynamique des territoires de la zone
d'étude, en abordant notamment la dotation actuelle en infrastructure
routières et la mobilité sur ces territoires.
3 LES TERRITOIRES DU « BARREAU A89 »
3.1 Les contrastes
socio-économiques des territoires
Les territoires de l'espace d'étude présentent
une grande hétérogénéité. Dans le volet
socio-économique du Dossier d'enquête préalable
à la déclaration d'utilité publique et à la mise en
compatibilité des plans d'occupation des sols, on peut lire que
« ce secteur présente une absence de cohésion,
lié à l'obstacle des monts du Tararois ». Il est vrai
que la rupture, qui correspond à la limite entre les départements
du Rhône et de la Loire, est sensible entre le secteur Ouest,
tourné vers Roanne et la plaine du Forez, et le secteur Est,
naturellement tourné vers l'agglomération lyonnaise. Toutefois,
les caractéristiques topographiques ne suffisent pas à expliquer
cet antagonisme, qui se retrouve à la fois dans l'identité, la
spécialisation ainsi que dans l'évolution démographique
des territoires.
3.1.1 Identité et
spécialisation des territoires
L'hétérogénéité des
territoires de l'espace d'étude se caractérise tout d'abord par
leurs identités rurales ou urbaines. Cet aspect détermine
partiellement les activités économiques qui s'y sont
développées. Afin de définir et d'appréhender la
diversité socio-économiques de cet espace, de multiples sources
et données sont utilisées. La première d'entre elles nous
est fournie par l'INSEE, il s'agit de la catégorie d'appartenance au
Zonage en Aires Urbaines et en aires d'Emploi de l'espace Rural (ZAUER)
établie à l'issue du recensement de 1999.
Avant toute chose, il convient de préciser quelles sont
les modalités d'emploi des termes urbain et rural dans cette
étude. La définition stricte de l'urbain et du rural est
ancienne, mais elle est toujours d'actualité et reste à la base
de nombreux découpages, dont celui de la ZAUER. Classiquement, c'est le
seuil des 2 000 habitants qui distingue une commune urbaine, ou une
unité urbaine, d'une commune rurale. Toutefois, toutes les communes de
plus de 2 000 habitants ne sont pas urbaines, et inversement (577 communes
en France ont plus de 2 000 habitants et sont considérées
comme rurales84(*)). Au
milieu des années 1990, l'INSEE élabore le Zonage en Aires
Urbaines (ZAU). Dans ce cadre, est ajoutés aux notions d'urbain et de
rural au sens strict les notions d'espaces à dominante urbaine
et d'espaces à dominante rurale. Une aire urbaine
« est un ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave,
constituée par un pôle urbain, et par des communes rurales ou
unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40% de la
population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou
dans des communes attirées par celui-ci. Un pôle urbain est une
agglomération de communes offrant 5 000 emplois ou plus». Les
communes dont 40% des actifs occupés vont travailler, non pas dans une
mais dans deux ou plusieurs aires urbaines, sont appelées les communes
multi-polarisées. La ZAU reste à la base des classifications
élaborées par l'INSEE. Néanmoins, les espaces à
dominante rurale n'y présentent pas de distinction particulière,
d'où le passage en 2002 de la ZAU à la ZAUER. Ainsi, en ce qui
concerne les espaces à dominante urbaine, ce nouveau zonage distingue
les communes appartenant à un pôle urbain et, les celles
appartenant à une couronne périurbaine, qui font partie
intégrante d'une aire urbaine ainsi que les communes
multi-polarisées. Les espaces à dominante rurale sont quant
à eux divisés en trois catégories de communes :
celles qui appartiennent à un pôle d'emploi de l'espace rural,
celles qui forment les couronnes des pôles d'emploi de l'espace rural, et
enfin les autres communes de l'espace rural.
Ainsi, dans un souci de cohérence vis-à-vis des
classifications et zonages établis pas l'INSEE et qui seront
exploités dans cette étude, les territoires
désignés de ruraux ou d'urbains reprennent les définitions
et distinctions établi par l'INSEE.
3.1.1.1 Les
territoires à dominante urbaine
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny20.png)
Carte 1.3 : le Zonage en Aires
Urbaines et en aires d'Emploi de l'espace Rural de l'espace
d'étude
L'espace d'étude compte quatre aires urbaines. La
première d'entre elles, celle de Lyon, est la plus importante, autant en
ce qui concerne sa population, avec 1 648 216 habitants en 1999, que la
diversité de son activité économique. L'aire urbaine de
Lyon est partiellement représentée sur la carte 1.3, car elle
s'étend sur un espace beaucoup plus large à l'Est. Aussi, elle
déborde sur trois départements : l'Ain au Nord-est,
l'Isère au Sud-est et sur une commune de la Loire au Sud-ouest. Les
communes du pôle urbain de l'aire urbaine lyonnaise concentrent tous les
types de secteurs, avec une grande dominance du tertiaire qui concerne
près de 60% des emplois de ces communes, plus particulièrement
dans le commerce et le service aux entreprises. La Techlid85(*), pôle économique
Ouest du grand Lyon, couvre les communes de Champagne-au-Mont-d'Or,
Charbonnière-les-Bains, Dardilly, Ecully, Limonest, Tassin-la-Demi-Lune,
La-Tour-de-Salvagny. Ce territoire regroupe de nombreuses entreprises de
service et accueille plusieurs grandes écoles, si bien que, sur
l'ensemble de la zone d'étude, il s'agit du territoire le plus dynamique
et qui présente l'activité la plus dense après Roanne. Au
sud de ce territoire, le val d'Yzerdon présente une densité
d'activité moindre, et un caractère urbain moins prononcé.
Toutefois, ce territoire est clairement positionné sur le secteur de la
pharmacie et de la parachimie, portée par la commune de Marcy-l'Etoile
où sont situés les deux plus gros employeurs de ce
territoire : les entreprises Sanofi-Pasteur et bioMérieux. Les
communes situées au Nord du pôle urbain ainsi que les communes de
la couronne périurbaine de l'aire urbaine lyonnaise présentent
quant à elles une forte dominance de l'économie
résidentielle. Il s'agit en effet de territoires directement soumis au
phénomène de périurbanisation, où de plus en plus
d'actifs de l'agglomération lyonnaise viennent y établir leur
résidence principale.
Cette influence porte jusqu'à la limite Est de l'aire
urbaine de Tarare, qui jusqu'à présent reste
épargnée par cette dynamique de périurbanisation issue du
pôle urbain lyonnais. 17 741 habitants occupaient l'aire urbaine de
Tarare en 1999, dont le secteur industriel reste dominant, notamment dans le
textile. Toutefois, cette industrie a connu à l'échelle nationale
un net déclin depuis maintenant deux décennies, le Tararois n'a
pas été épargné. Ce territoire « qui
souffre »86(*)
possède encore quelques fleurons industriels, et le textile reste une
activité dominante, mais la reconversion de son tissu économique
local est difficile, si bien que le futur axe A89 y est perçu comme
garant de la relance économique....
Au Sud-ouest des monts du Tararois, L'aire urbaine de Feurs
présente quant à elle un certain dynamisme. Située sur un
carrefour routier au nord de la plaine du Forez, cette entité de
10 133 habitants en 1999 est clairement tournée vers
l'agglomération Stéphanoise au sud. Feurs et son aire urbaine ne
présentent pas de spécialisation particulière. Le secteur
industriel y est bien représenté, notamment la métallurgie
avec l'entreprise Feurs Métal, qui compte près de 500
employés. Le secteur agricole et agro-alimentaire est également
bien présent avec l'entreprise Nigay, leader européen du caramel,
ainsi que l'entreprise SICA CBA (Groupe EUREA), spécialisée dans
le commerce de céréales et d'aliments pour bétail, et qui
compte aussi près de 500 employés.
L'aire urbaine de Roanne est également partiellement
représentée sur la carte 1.3, elle s'étend au nord
jusqu'à la limite du département de la Saône-et-Loire.
Cette entité comptait 104 892 habitants en 1999, son poids et son
influence la place donc en seconde position, sur l'espace d'étude,
après l'aire urbaine de Lyon. Le roannais est traditionnellement un
pôle industriel important, notamment dans les secteurs de l'industrie
textile qui reste la première activité, mais aussi de l'armement
et des activités induites de sous-traitance en métallurgie et en
mécanique. Ce territoire en mutation a subi également de plein
fouet la crise industrielle. Classé dès 1983 en bassin de
reconversion industriel, le roannais a perdu plus de 10 000 emplois en 15
ans. Ceci aussi bien dans le secteur de l'armement, l'entreprise GIAT a
réduit ses effectifs de 7 000 salariés entre 1995 et 1998,
que dans le secteur textile soumis à la concurrence des marchés
asiatiques. Toutefois, le district de l'agglomération roannaise
(aujourd'hui communauté d'agglomération du grand Roanne) a
établi au milieu des années 1990 un partenariat avec France
Telecom, et a créé un centre de ressources dans les
téléservices. Aujourd'hui, l'agglomération du Grand Roanne
investie largement dans la formation et l'enseignement, ainsi que dans les
Nouvelles Technologies de l'Information (NTIC) avec la création
récente d'un télépôle. Aussi, le secteur de
la logistique est en plein essor depuis la déclaration d'utilité
publique relative au futur axe A89, avec l'implantation déjà
effective des activités logistiques de Michelin, et la construction
d'une plateforme logistique « froide » destinée au
secteur agro-alimentaire. Toutefois, les communes de la couronne
périurbaine au Sud de l'aire urbaine de Roanne peinent davantage
à prendre le tournant de la reconversion, et le futur axe A89 est
certainement plus attendu dans celles-ci...
Les espaces à dominante urbaine présente donc
une grande hétérogénéité en termes de
spécialisation et de conjoncture économiques locale. Il en est de
même pour les territoires à dominante rurale.
3.1.1.2 Les
territoires à dominante rurale
Le ZAEUR distingue, dans les territoires à dominante
rurale, les pôles d'emploi de l'espace rural, c'est-à-dire les
communes comptant au minimum 1 500 emplois, des autres communes de
l'espace rural. Une approche par les bassins de vie peut ici être
pertinente, car elle permet d'appréhender la structuration des communes
rurales. Sur la zone d'étude, les bassins de vie de Boën,
Amplepuis, Thizy et Cours-la-Ville sont des pôles d'emploi de l'espace
rural. Toutefois, ces communes présentent des structurations et des
spécialisations différentes.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny21.png)
Carte 1.4 : ZAUER et orientation
économique des bassins de vie
Au Sud-ouest de la zone d'étude, Boën,
Saint-Etienne-le-Molard, Sainte-Agathe-la-Bouteresse et Trelins forment un
pôle d'emploi de l'espace rural au sein du bassin de vie auquel elles
appartiennent. Celui-ci présente une relative autonomie, comme le montre
la faiblesse des flux économiques exogènes qui
l'atteignent87(*), mais
profitent toutefois d'une conjoncture relativement favorable. L'activité
industrielle est dominante sur ce territoire et relativement
diversifiée, les principaux secteurs sont la métallurgie et les
équipements mécaniques.
Les bassins de vie d'Amplepuis, Thizy et Cours-la-ville sont
situés au Nord-ouest du département du Rhône. Contrairement
aux territoires localisés au Sud de l'espace d'étude, ceux-ci
débordent largement sur le département de la Loire, d'où
une délimitation départementale peu pertinente dans ce secteur
concernant la structuration territoriale. L'activité principale dans ces
trois bassins de vie est très largement industrielle, avec des taux
d'emplois qui se situent entre 60 et 80%. Le secteur textile, en déclin,
perdure sur le bassin de vie de Cours-la-Ville, associé à la
métallurgie et la mécanique. Le bassin de vie de Thizy est
spécialisé dans l'industrie des biens d'équipement tout
comme à Amplepuis où le textile reste une activité
significative. L'importance du secteur industriel sur ces territoires, ainsi
que l'enclavement et leur situation « à cheval »
entre les deux départements sont des facteurs fragilisant quant aux
évolutions économiques locales et globales, mais également
vis-à-vis de la mise en service prochaine du
« barreau » A89...
A l'Ouest de l'espace d'étude, les bassins de vie de
Saint-Germain-Laval et de Noirétable sont à dominante rurale.
Pour ce dernier, sa situation de station d'altitude et le récent casino
qui s'y est implanté devrait amplifier la fréquentation
touristique. Aussi, l'économie du bois y est en plein essor. Plus
à l'Est, le bassin de vie de Balbigny est aussi à dominante
rurale. Toutefois, l'activité industrielle y est bien présente.
On pourrait citer par exemple le Groupe Duarig, équipementier de clubs
de ligue 2 (Sedan, Istres, Tours, etc.) et anciennement celui des
« verts », l'équipe de football de Saint-Etienne.
Duarig a implanté dés 1927 son siège social et son
unité de production à Balbigny. Toutefois, le tissu
économique local pourrait évoluer rapidement sur ce territoire,
car il se situera au futur carrefour autoroutier entre A89 et A72. Les derniers
bassins de vie à dominante rurale sont, d'Est en Ouest, les bassins de
vie de Panissiéres, Saint-Laurent-de-Chamousset et
Sainte-Foy-l'Argentiére. Comme pour Balbigny, l'activité
industrielle est bien développée sur ces communes et est
relativement diversifiée. A noter pour la communauté de communes
de Chamousset en lyonnais une forte présence d'entreprises de
biotechnologie, dont la dynamique pépinière d'entreprises
Axone88(*) favorise
l'accueil sur ce territoire.
La diversité est donc de mise pour les territoires de
la zone d'étude, autant pour les espaces à dominante rurale
qu'urbaine. Alors que les aires urbaines de Roanne et Tarare, suite au
déclin de l'industrie textile, peinent à accomplir leur
reconversion, celles de Feurs et surtout Lyon montrent un relatif dynamisme
économique, qui peut s'expliquer par la diversité des secteurs
économiques qui les animent. Les espaces à dominante rurale
présentent quant à eux « une économie
résidentielle et souvent industrielle »89(*), plus particulièrement
pour une large bande de part et d'autre du département du Rhône et
de la Loire, et aussi pour le pôle d'emploi de Boën. Les dynamique
démographique de ces territoires sont largement influencées par
les conjonctures économiques locales, d'où un parallélisme
d'évolutions entre ces deux variables...
3.1.2 Caractéristiques
démographiques
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny22.png)
Les caractéristiques démographiques peuvent
souvent être considérées comme des indicateurs efficaces de
la vitalité et de la structuration des territoires. La grande
hétérogénéité générale de la
zone d'étude s'explique en partie par des dynamiques de peuplement
très différenciées, liées d'une part à
l'identité des territoires, ruraux ou urbains, mais également
à leurs caractéristiques économiques et aux conjonctures
locales. Les données relatives à la population son issues du
recensement de population de 1999, faute de chiffres plus récents.
Carte 1.5 : Population brute des
communes de l'espace d'étude en 1999
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny23.png)
Carte 1.6 : Répartition de la
population des communes en 1999, par valeur de point
La population totale de l'espace d'étude est de
891 170 habitants au recensement de 1999, ce qui sans la commune de Lyon
est ramené à 425 870 habitants, soit 47,8% de l'ensemble. Le
poids démographique de la capitale rhônalpine rend peut pertinente
son intégration à l'analyse des caractéristiques
démographiques menée ici. Dès lors, celle-ci ne sera pas
prise en compte, si bien que la population totale de l'espace d'étude
qui sera utilisée par la suite ne comprend pas la commune de Lyon. C'est
bien l'Ouest lyonnais90(*)
qui présente la plus importante population: 195 360 habitants, soit
45,9 % de la population totale. La densité dépasse sur ces
territoires les 300 habitants au kilomètre carré. Celle-ci
augmente progressivement à l'approche de Lyon (Carte 1.6). La seconde
plus importante concentration de population se trouve dans le roannais. La
communauté d'agglomération de Roanne, ainsi que la
communauté de communes de l'Ouest roannais comptent 83 521
habitants, soit 20,6% de l'ensemble de la population. Puis viennent les
communautés de communes de Tarare, avec 20 901 habitants, soit 4,9%
de l'ensemble, et la communauté de communes de Feurs en Forez qui compte
14 392 habitants, soit 3,4 % du total. La densité de population de
ces territoires est significative. A dominante urbaine, ce sont les pôles
les plus importants, avec 314 174 habitants, soit 73,8% de l'ensemble de
la population de l'espace d'étude. Les 26,2% restant sont
répartis sur les territoires à dominante rurale, avec pour eux
également, de nettes différences.
La communauté de communes d'Amplepuis-Thizy est
l'entité à dominante rurale la plus peuplée de l'espace
d'étude, avec 20 595 habitants. La structuration de ce territoire
est « tripolaire » avec une concentration de la population
dans les communes de Thizy - Bourg-de-Thizy (5 153 habitants), Amplepuis (4 948
habitants) et Cours-la-Villes (4 241 habitants). La communauté de
communes du Pays d'Astrée compte quant à elle 11 475
habitants, alors que la communauté de communes du Pays de Balbigny en
compte 9 652. La population de ces trois territoires s'élève
à 41 722 habitants, soit 9,8% de la population totale. Enfin,
près de 69 842 habitants, soit 16,4% du total de la population, se
repartissent sur les communautés de communes des Montagnes du Haut
Forez, du val d'Aix et d'Isable, du Pays entre Loire et Rhône, du Pays de
Perreux, des collines du matin, de Chamousset en lyonnais et du Pays du Bois
d'Oingt.
L'espace d'étude présente donc une population
importante, mais inégalement repartie. A l'Est, l'agglomération
lyonnaise prédomine, tandis qu'à l'Ouest, c'est celle de Roanne
qui est prépondérante. Tarare et Feurs sont quant à elles
des unités urbaines intermédiaires. Les territoires à
dominante rurale, aux faibles densités, sont beaucoup moins
peuplés à l'Ouest de la Loire.
Sur l'ensemble de la zone d'étude, l'évolution
démographique est globalement positive. Toutefois, des disparités
spatiales sont ici aussi notables (carte 1.7).
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny24.png)
Carte 1.7 : Variation annuelle de la
population par période intercensitaire
L'Ouest de Lyon présente une nouvelle fois les taux
d'évolution les plus élevés, associés à une
diffusion progressive vers l'Ouest de 1968 à 1999. Cette hausse
s'explique par le desserrement d'actif de l'agglomération lyonnaise, il
s'agit d'une population à la recherche d'un cadre de vie plus rural, et
qui n'hésite pas à faire d'importants trajets pour rejoindre leur
lieu de travail. C'est plus particulièrement le cas pour les cantons de
l'Arbresle, d'Anse, du Bois-d'Oingt et de Vaugneray avec des évolutions
comprises entre 10 et 25% entre chaque période intercensitaire, avec une
demande de plus en plus forte de résidences principales sur ces
territoires91(*). En ce
qui concerne le Tararois, la population reste stable malgré la crise du
textile, avec un glissement de population de la commune de Tarare vers les
communes voisines. Dans l'Ouest du Rhône, la tendance est donc à
la hausse, portée par la dynamique de périurbanisation de
l'agglomération lyonnaise qui s'étend toujours plus à
l'Ouest.
Dans le Nord de la Loire, les évolutions sont plus
complexes. Entre 1990 et 1999, le bassin de vie de Balbigny a connu une
évolution positive par excédent migratoire, tout comme celui de
Feurs qui présente une évolution positive par excédent
naturel et migratoire. Sur la même période, les bassins de vie de
Saint-Germain-Laval, Boën et Noirétable ont quant à eux
connu une évolution à la baisse par déficit naturel. La
situation est plus difficile pour les bassins de vie de Cours-la-ville, Thizy
et Amplepuis, avec une nette tendance à la baisse par déficit
naturel et migratoire, dont la crise industrielle est certainement le vecteur
principal. Le constat est sensiblement similaire pour le roannais, en crise
démographique. Là aussi, le déclin industriel a
entrainé de lourdes pertes d'emplois, ce qui a
généré un départ massif de population. Aujourd'hui,
la population du roannais peine à se renouveler et présente un
vieillissement inquiétant.
Les caractéristiques démographiques de l'espace
d'étude peuvent trouver une explication dans l'identité et la
spécialisation des territoires. Toutefois, leur situation
géographique est également un élément fondamental
de ces dynamiques démographiques. Aussi, la dotation en infrastructures
de transport et les mobilités qu'elles permettent sont des facteurs
à prendre en compte dans l'appréhension des dynamiques
territoriales...
3.2 Mobilité
et dynamiques de la zone d'étude
3.2.1 Réseaux routiers et
mobilité
Sur l'ensemble de l'espace d'étude, on distingue trois
grands types de réseaux routiers aux caractéristiques
différentes : autoroutier, national et départemental. A ceux-ci
s'ajoute le réseau ferroviaire, qui se différencie toutefois par
une dominance du transport de voyageur. Sur cet espace, et plus
particulièrement à l'Est de la zone d'étude, les
infrastructures de transport sont considérées comme mal
adaptées, car souvent saturées et n'assurant pas une desserte
optimale. Cette impression généralisée aboutit à un
sentiment d'enclavement.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny25.png)
Carte 1.8 : Les réseaux
d'infrastructures de transport de l'espace d'étude
La carte 1.8 montre tout d'abord la grande densité du
réseau routier départemental. Il s'agit de routes assurant une
desserte locale, et dont les caractéristiques sont variables. En effet,
certaines présentent une largeur ne dépassant pas les trois
mètres et dont le revêtement laisse à désirer,
tandis que d'autres s'élargissent parfois en 1x2 voies, la plupart du
temps lorsqu'elles abordent de franches montées. Aussi, ce réseau
présente une grande variabilité, concernant les flux selon les
axes. A titre d'exemple, alors que de nombreux axes ont un trafic inferieur
à 200 véhicules par jour92(*), notamment dans les monts du Forez, la Route
Départementale 8 (RD8) qui relie Ternand à Dommartin, où
s'effectue la jonction avec la Route Nationale 7 (RN7), compte de 15 000
à 21 000 véhicules par jour.
Le réseau routier national assure quant à lui
une fonction de desserte, mais aussi de transit. Les axes de la zone
d'étude présentent également des caractéristiques
variables, avec quelques sections en 2x2 voies, comme par exemple sur la
RN7,entre Roanne et L'Hôpital-sur-Rhins, disposition qui devrait aller
jusqu'à Balbigny en 2012, avec la mise en service du barreau A89.
Toutefois, la plupart du temps, les sections sont en 2x1 voie. Le réseau
national est d'une grande importance pour les déplacements sur la zone
d'étude. Il s'agit de routes historiques, dont le rôle structurant
n'est pas contestable, comme l'attestent les concentrations de population sur
leurs abords (carte 1.6). Comme pour le réseau départemental, la
fréquentation des axes nationaux est très variable. La RN7 se
distingue notamment par une nette différence de trafic entre Roanne et
Tarare, avec en moyenne de 5 000 à 15 000 véhicules par
jour, et entre Tarare et La-Tour-de-Salvagny, où circulent
quotidiennement plus de 20 000 véhicules par jour (Figure 1.13).
Cet axe est souvent saturé aux abords de Lyon. De plus, il traverse la
ville de Tarare en plein coeur, ce qui provoque des désagréments
pour les riverains, et plus particulièrement pour les commerces, qui se
plaignent d'une fréquentation moindre.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny26.png)
Figure 1.13 : Schéma de
répartition du trafic le long de la RN7 de Roanne à Lyon
La RN7 est donc une « radiale
structurante 93(*)» très urbanisée et très
fréquentée de Tarare à l'agglomération lyonnaise,
même si les conditions climatiques hivernales peuvent être
contraignantes (col du Pin). Les deux autres axes d'envergure nationale, la
RN82 et la RN89 sont également des liaisons d'importances de l'espace
d'étude.
La RN82 relie Saint-Etienne à Roanne, en desservant
notamment la ville de Feurs. Cette route est très empruntée
quotidiennement par des actifs habitant les communes rurales situées le
long de cet axe, mais conserve toutefois une vocation de transit. La RN89 est
orientée quant à elle Ouest-Est. De Noirétable à
Feurs, elle assure principalement la desserve locale, car depuis 1985 elle est
doublée par l'autoroute A89 Clermont-Ferrand - Balbigny. Ainsi, cet axe
a changé de vocation avec la mise en service de l'autoroute, aujourd'hui
utilisée par plus de 80% des entreprises interrogées dans le
cadre d'une enquête, et qui sont localisées sur les territoires
desservis par cet axe94(*). La RN89 est dès lors considérée
aujourd'hui « comme impraticable »95(*). De Feurs à
l'agglomération lyonnaise, la RN89 peut être
considérée comme « la doublure » de la
RN7, bien qu'elle soit moins empruntée car elle dessert des territoires
ruraux. Sa fonction est donc avant tout celle de desserve.
Toutefois, les axes routiers à l'Ouest de la zone
d'étude présentent une saturation notable, plus
particulièrement à l'approche de l'agglomération lyonnaise
(Figure 1.13). Dans ce contexte, le futur tronçon A89 pourrait soulager
la RN7, bien que le tracé actuel ne prévoit pas de le relier
à l'autoroute A6. La situation future des flux de transport dans ce
secteur dépendent fortement du projet de liaison A89 - A6,
très contesté. En l'absence de cette liaison, il paraît
vraisemblable que les problèmes de circulation récurrents sur ces
territoires ne feraient qu'être déplacés, ou plutôt
concentrés au niveau des diffuseurs Est. Afin d'approfondir la question
des flux de transport dans l'ouest lyonnais, il est conseillé aux
lecteurs de consulter le mémoire universitaire de S. PAILLER96(*) qui traite
spécifiquement de cette problématique.
Les axes routiers présentés ici constituent
ainsi un dense réseau de communication. Ceux-ci se différencient
toutefois de part leur utilisation de transit ou de desserte, mais aussi de
part leur envergure, nationale ou locale. Ces grands axes ont pour vocation
principale de connecter les bourgs et les villes afin d'assurer communications
et échanges entre territoires, qui présentent toutefois un
tropisme différencié. Dès lors, comment se
caractérise l'armature urbaine sur la zone d'étude? Qu'en est-il
de l'influence urbaine ?
3.2.2 Armature urbaine et aire
d'influence
Les villes de l'espace d'étude présentent de
grandes différences, d'abord relatives à leur poids
démographique, comme cela a été montré plus haut,
mais aussi concernant l'influence qu'elles exercent, et plus
précisément l'extension de leur aire d'influence sur les communes
qui les entourent. Préalablement, il paraît nécessaire
d'établir une typologie des unités urbaines en fonction de leur
importance démographique afin de mieux appréhender la nature de
l'armature urbaine de l'espace d'étude. Puis, grâce à la
cartographie des communes les plus fréquentées mise à
disposition par l'INSEE (Carte 1.9), nous tenterons d'évaluer l'aire
d'influence de ces villes. On différenciera ainsi la métropole
régionale, les villes moyennes, les villes intermédiaires et les
petites villes.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny27.png)
Carte 1.9 : la fréquentation
des communes de l'espace d'étude
Lyon, capitale régionale de Rhône Alpes est bien
sûr la ville la plus importante de l'espace d'étude.
L'agglomération lyonnaise est, démographiquement, en seconde
position au niveau national après l'agglomération parisienne.
Ainsi, elle domine largement comparativement aux autres villes de l'espace
d'étude. De plus, l'activité économique y est dense est
diversifiée, notamment dans le secteur tertiaire, ce qui fait de la
ville de Lyon le pôle de service régional. Son influence
s'étend très largement sur l'ensemble du département du
Rhône, et plus particulièrement à l'Est et au Sud.
L'attractivité lyonnaise touche également des communes
ligériennes et Iséroises, ce qui démontre une influence
d'envergure régionale.
Les villes moyennes de l'espace d'étude sont Roanne et
Tarare et Feurs, bien que cette première soit beaucoup plus
peuplée que la seconde. Ces deux communes urbaines sont également
des pôles tertiaires, mais d'envergure départementale. Roanne est
en effet la sous préfecture de la Loire, tandis que Tarare, de part
l'autonomie relative de sa région, constitue une ville d'importance.
Puis, les villes intermédiaires sont Feurs, l'Arbresle,
Amplepuis, Thizy et Cours-la-Ville. Concernant Feurs, sa situation à
« mis chemin » entre Saint-Etienne et Roanne ainsi que son
poids démographique, ne permettent pas de l'inclure dans les villes
moyennes. Toutefois, Feurs peut être considérée comme la
capitale historique du Forez. Son influence dans ce secteur est
également notable, surtout pour les communes situées à
l'Est, ce qui lui confère une certaine importance dans cette zone.
L'Arbresle est quant à elle « complètement incluse dans
les dynamiques de l'agglomération lyonnaise »97(*), comme le suggère le
grand nombre de mouvements journaliers domicile - travail. Néanmoins,
elle garde sa spécificité et son autonomie, notamment politique.
Les villes d'Amplepuis, Thizy et Cours-la-Ville peuvent être
abordées ensembles, car elles forment les « points
forts » de la communauté de communes du Pays d'Amplepuis -
Thizy, qui fonctionne autour de ce « tripole ». Il s'agit
des plus petites communes urbaines intermédiaires, car leur population
respective ne dépasse pas 6 000 habitants. Pourtant, elles
constituent les pôles de services intermédiaires pour les communes
avoisinantes. Toutefois, ces trois communes restent tournées vers
Roanne.
Enfin, la seule petite ville de l'espace d'étude est
Boën. Il s'agit d'un pôle d'emploi, plutôt industriel, et de
services de l'espace rural. La carte 1.9 montre bien que cette commune rayonne
sur un espace relativement étendu, notamment à l'Est et au
sud.
L'armature urbaine de l'espace d'étude est donc
dominée par la capitale rhônalpine, attractive pour des communes
éloignées. Puis, les villes de Roanne et Tarare peuvent
être considérées comme des villes moyennes d'importance
départementale. Pour la première, son influence est notable sur
tout le nord du département de la Loire et même au delà
comme pour les communes d'Amplepuis, Thizy et Cours-la-Ville, tandis que pour
la seconde son rayonnement est plus restreint. Ensuite, les villes
intermédiaires de Feurs, L'Arbresle, Amplepuis, Thizy et Cours-la-Ville,
ainsi que la petite ville de Boën rayonnent sur un espace plus restreint,
mais conservent une forte attractivité pour les communes avoisinantes
(figure 1.14)
Figure 1.14 : Structure urbaine et
dynamiques spatiales de l'espace d'étude
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny28.png)
Cette première partie nous a permis de souligner
plusieurs points importants pour la suite de l'étude. Tout d'abord, nous
avons pu appréhender les motivations principales à la mise en
place d'un réseau autoroutier d'envergure nationale. D'abord construits
dans l'urgence, les premières études visant à
évaluer concrètement les « effets
structurants » de ces grands axes ont rapidement contesté le
lien causal entre autoroute et développement économique. Au
contraire, une multitude de facteurs intervient dans ces processus, ce qui
nécessite d'étudier parallèlement à l'axe
autoroutier d'autres caractéristiques du territoire, comme le tissu
économique mais aussi le rôle des acteurs, considéré
comme fondamental. L'étude des « effets »
autoroutiers est devenue, avec la LOTI, une obligation légale. C'est
pour cela que les sociétés concessionnaires d'autoroute ont
développé des observatoires autoroutiers afin d'évaluer
sur le long terme l'influence potentielle de ces grandes infrastructures. La
méthodologie de ces observatoires est de type « avant -
après », ce qui nécessite de renouveler plusieurs
campagnes d'observation pour appréhender les évolutions
territoriales induites par l'infrastructure. Même si cette approche est
critiquable, notamment parce qu'elle ne concerne qu'un espace d'étude
restreint, ou encore parce qu'elle ne permet pas d'établir de grands
modèles généraux évolutions, elle reste utile pour
quantifier les évolutions observées, mais aussi pour fournir aux
acteurs des informations et des données qui peuvent leur être
utiles.
C'est à partir de ces constats que la
méthodologie de cette étude a été
déterminée. Afin d'appréhender globalement la multitude de
facteurs intervenant dans les processus de localisation des activités,
un système a été construit en s'inspirant des travaux d'E.
FAIVRE. A partir de celui-ci et des propositions méthodologiques de P.
BERION, la démarche pour établir l'état des lieux a
été déterminée. Il est apparu également
pertinent d'élaborer un SIG, à la fois pour assurer la production
cartographique de cette étude, mais aussi comme le propose S. LE CORRE
pour fournir un outil d'observation efficace et évolutif. Puis
après avoir décrit les données acquises pour mener
à bien ce mémoire, l'espace d'étude a été
déterminé de façon classique, c'est-a-dire sur une largeur
de 15 à 40 kilomètres de part et d'autre du futur axe
autoroutier. Le tronçon de l'autoroute A89 Noirétable-Balbigny a
également été intégré dans cet espace
d'étude, pour assurer à la fois la continuité dans les
travaux de l'observatoire A89, mais aussi parce qu'il est apparu
intéressant de s'intéresser à la potentielle influence du
futur « barreau » sur cet axe situé en amont.
Une fois la démarche méthodologique
déterminée, il a été nécessaire de
décrire les caractéristiques des territoires de la zone
d'étude, qui s'avèrent très diversifiés sur le plan
socio-économique. La roannais et le tararois sont des territoires
enclavés, pour des rasions différentes, mais soumis depuis
près de deux décennies au déclin économique de
l'activité textile. La plaine du Forez et l'agglomération
lyonnaise, tout comme les territoires limitrophes, présentent quant
à eux un certain dynamisme probablement du à la diversité
des activités économiques qui y sont localisées.
On peut ainsi se demander comment se caractérise la
structuration territoriale des entreprises sur l'espace d'étude en
ce qui concerne leur nombre, leur taille, leur secteur d'activité?
Aussi, qu'en est-il de la structuration territoriale des zones
d'activités concernant leur rythme d'implantation, leur nombre, leur
taille, leur remplissage, les prix de vente des terrains. Aussi, face à
la mise en service du futur barreau A89 programmé en 2012, des mesures
de valorisation sont-elles d'ores et déjà élaborées
et/ou mises en oeuvre ?
Seconde partie :
ENTREPRISES ET ZONES D'ACTIVITES : ETAT DES LIEUX ET ANALYSE
DES DYNAMIQUES TERRITORIALES
4 ENTREPRISES ET LOGIQUES DE LOCALISATION
4.1
Démographie des entreprises de la zone d'étude
L'analyse du tissu d'entreprise de l'espace d'étude qui
va être menée ici se fonde sur une base de données mise
à disposition par L'INSEE, selon la classification en NES16. Cette base
de données renseigne sur les entreprises de chaque commune en
activité au 1er janvier 2005.
4.1.1 Un nombre important d'entreprises,
mais inégalement reparties
54 757 entreprises sont présentes sur l'ensemble
de la zone d'étude, dont 33 082 sur la seule commune de Lyon.
Cette disproportion de la capitale rhônalpine par rapport au reste de
l'espace rend peu pertinente sa prise en compte dans l'analyse qui sera
menée dans cette partie. Dès lors, le nombre total d'entreprises
à partir duquel les pourcentages seront établis sera de
21 675, c'est-à-dire sans les entreprises lyonnaises.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny29.png)
Carte 2.1 : Nombre total d'entreprises
de l'espace d'étude et nombre d'entreprises dont l'effectif
salarié et supérieur à 99, en 2005
4.1.1.1 Le poids de
l'Ouest lyonnais et du Grand Roanne
L'Ouest lyonnais domine largement de part le nombre
d'entreprises qui y sont localisées. Les 19 communes de la frange Ouest
de la communauté urbaine du Grand Lyon représentées sur la
carte 2.198(*) comptent 6
101 entreprises, soit 28,1% de l'ensemble des entreprises de l'espace
d'étude. Parmi celles-ci, le plus grand nombre d'entreprises est
localisé sur les communes d'Ecully, de Tassin-la-Demi-Lune et de
Dardilly, avec respectivement 961, 868 et 719 établissements. Si l'on
élargit cet espace aux communautés de communes des Vallons du
lyonnais, du Pays de l'Arbresle, de Beaujolais - Val d'Azergues et des Monts
d'Or - Azergues, le nombre d'entreprises passe à 9 391, soit 43,3% du
total. En plus de concentrer près de la moitié des entreprises de
la zone d'étude, les 83 établissements dont l'effectif
salarié est supérieur à 99 sont localisés sur cet
espace, soit 59,7% des 139 entreprises de la zone d'étude qui emploient
plus de 99 salariés.
La communauté d'agglomération du Grand Roanne
concentre également un grand nombre d'entreprises. Les six
communes99(*) de ce
territoire comptent 3925 entreprises, soit 18,1% de l'ensemble des
établissements de la zone d'étude. 2 601 entreprises sont
localisées sur la seule commune de Roanne, qui compte donc 66,2% des
établissements du Grand Roanne. Parmi les entreprises de cet EPCI, 23
emploient plus de 99 salariés, ce qui représente 16,5% de
l'ensemble de ces grands établissements localisés sur la zone
d'étude.
Sur l'ensemble de l'espace d'étude, l'activité
économique est la plus dense dans l'Ouest de Lyon, puis sur le
territoire du Grand Roanne. Ces deux espaces regroupent 61,4% du total des
entreprises de la zone d'étude et 76,2% des établissements donc
l'effectif salarié est supérieur à 99. L'Ouest lyonnais et
le Grand Roanne constituent les territoires urbains les plus importants de
l'espace d'étude, ce qui explique cette concentration d'entreprises.
D'autres espaces à dominante urbaine forment toutefois des
« pôles secondaires » concernant la concentration de
l'activité économique.
4.1.1.2 Les
pôles secondaires de Tarare, Feurs et d'Amplepuis - Thizy -
Cours-la-Ville
Les villes de Tarare et Feurs comptent environ le même
nombre d'entreprises, c'est-à-dire 548 pour Tarare, et 583 pour Feurs.
Malgré ces chiffres assez proches, ces deux communes urbaines n'ont pas
le même poids démographique, car Tarare comptait 10 420
habitants en 1999, tandis que Feurs en comptait 7 669. Ce constat quelque
peu paradoxal est il la cause de conjonctures économiques locales
nettement différenciées, ou le tissu d'entreprises est il
Tableau 2.1 : Nombre d'entreprises par
classe d'effectif salariés des villes de Feurs et Tarare
sensiblement différent entre ces deux villes ?
|
|
|
Total
|
0
|
1
|
2 à 5
|
6 à 9
|
10 à 19
|
20 à 49
|
50 à 99
|
100 à 199
|
200 à 499
|
+ 500
|
Feurs
|
583
|
230
|
58
|
178
|
53
|
34
|
22
|
4
|
3
|
1
|
0
|
Tarare
|
548
|
212
|
40
|
201
|
40
|
24
|
17
|
9
|
3
|
2
|
0
|
Source : INSEE - 2005
Le tableau 2.1 ne montre pas de différences majeures
quant à la répartition des entreprises par classe d'effectif
salariés entre les deux villes. Malheureusement, sans données
plus ancienne permettant d'établir une évolution du nombre
d'entreprises de chacune de ces villes, il est difficile de tirer des
conclusions. Toutefois, la crise du textile qui ébranle le Tararois
depuis maintenant plus de deux décennies, et qui a entrainé de
nombreuses fermetures d'usines, peut expliquer un tissu d'entreprises
très proche de celui de Feurs, malgré un différentiel
démographique de près de 2 500 habitants, alors que cette
dernière bénéficie d'une conjoncture plutôt
positive.
La communauté de communes d'Amplepuis - Thizy se
distingue par un nombre important d'entreprises, qui contrairement à
Tarare et Feurs, ne sont pas concentrées sur une seule entité
urbaine. 716 entreprises se repartissent entre les communes d'Amplepuis (220),
Thizy (115), Bourg-de-Thizy (118) et Cours-la-Ville (223). Sur le territoire
intercommunal, sept entreprises ont un effectif salarié supérieur
à 99, ce qui place cette entité, en terme de densité du
tissu économique, à la hauteur de la communauté de
communes du Pays de Tarare et de Feurs en Forez.
Les villes de Tarare et Feurs, ainsi que le
« tripole » d'Amplepuis, Thizy-Cours-la-Ville comptent 1847
entreprises, soit 8,5% de l'ensemble des établissements de la zone
d'étude. Avec seize entreprises qui emploient plus de 99
salariées, ces trois entités présentent un tissu
d'entreprise relativement dense. Les entreprises localisées sur ces
territoires, ainsi que celles de l'Ouest de Lyon et du Grand Roanne
représentent 69,9% de l'ensemble des entreprises de la zone
d'étude. Les 6509 établissements restants se repartissent sur les
territoires ruraux, dont certaines communes où elles se concentrent.
4.1.1.3 Les
entreprises des territoires à dominante rurale : concentration dans
les bourgs-centre
515 entreprises sont localisées sur la
communauté de communes du Pays d'Astrée, dont 219 sur la commune
de Boën. Ce territoire, qui jouit d'une relative autonomie, conserve un
tissu d'entreprises relativement important. La communauté de communes de
Balbigny compte quant à elle 316 entreprises, dont 138 localisées
sur la commune même de Balbigny. Sur ce territoire, l'entreprise textile
Linder, localisée sur la commune de Violay, emploie plus de 200
salariés. Les communautés de communes du Pays d'Urfé, des
vals d'Aix et d'Isable et des Montagnes du Haut Forez comptent 650 entreprises,
dont 91 sont localisées à Saint-Just-en Chevalet, 97 à
Saint-Germain-Laval et 118 à Noirétable.
Dans le département du Rhône, la
communauté de communes de Chamousset en lyonnais compte 588 entreprises,
dont 102 sont localisées sur la commune de Saint-Laurent-de-Chamousset
et 94 à Sainte-Foy-l'Argentiére.
4.1.2
L'hétérogénéité des secteurs
d'activités
Les entreprises localisées sur l'espace d'étude
se distinguent à la fois par une concentration plus ou moins importante
selon les territoires, mais aussi par des tailles variables en termes
d'effectifs salariés. Cette inégale répartition sur
l'espace ne concerne pas seulement le volume d'entreprises, mais aussi leur
secteur d'activité. Précédemment, il a été
montré que les territoires de l'espace d'étude étaient
spécialisés dans le textile, ou encore la biochimie. Afin
d'affiner ces premières observations, comment se caractérise la
répartition des entreprises en ce qui concerne leurs secteurs
d'activités?
Préalablement, il convient de préciser que
l'analyse menée ici se base sur diverses sources. D'abord, la base de
données mise à disposition par l'INSEE, qui indique le nombre
d'entreprises par activité principale, et regroupées selon la NES
16 au 1er janvier 2005 sera exploitée. Puis une base de
données, fournie par l'ASSEDIC, sera également utilisée.
Celle-ci indique le nombre de salariés de chaque commune pour chaque
catégorie de la NES 16 au 1er janvier 2004. Enfin, une carte
tirée du Dossier d'enquête préalable à la
déclaration d'utilité publique de l'autoroute A89
Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, et à la mise en compatibilité des
plans d'occupation des sols, qui localise les grands établissements
industriels en 1996 sera exploitée. Ces données et documents ne
permettent malheureusement pas d'établir l'évolution temporelle
précise du nombre d'entreprises des communes selon leur secteur
d'activité. De plus, l'ancienneté de ces données peut
rendre caduque cette analyse. Toutefois, celle-ci conserve un certain
intérêt dans la mesure où elle fournit un ordre de
grandeur, des indications dont il faudra toutefois relativiser la
précision.
Les secteurs industriels
sont très présents sur l'ensemble de la zone d'étude.
Toutefois, chaque territoire présente une concentration d'entreprises
spécialisées dans un ou plusieurs secteur, que ce soit
l'industrie textile, la métallurgie et la transformation des
métaux ou encore les équipements mécaniques.
Carte 2.2 : L'industrie sur la zone
d'étude, les grands établissements en 1996
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny30.png)
Diversifiées
Textile
Métallurgie et transformation des
métaux
Equipements mécaniques
Source : Dossier
d'enquête préalable à la déclaration
d'utilité publique de l'autoroute A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, et
à la mise en compatibilité des plans d'occupation des
sols
4.1.2.1 Le secteur
industriel : une spécialisation des territoires
Sur l'ensemble de la zone d'étude, des territoires se
caractérisent par une prédominance de certains secteurs
industriels (carte 2.2). C'est le cas pour une vaste zone qui s'étend de
Tarare à Roanne, où l'industrie textile est dominante. A Tarare,
près de 13 entreprises textiles, dont l'effectif salarié
dépasse 50 employés, étaient localisées sur cette
commune en 1996. Mais d'autres types d'activités industrielles y sont
installés, notamment ceux des équipements mécaniques.
Puis, vers l'Ouest, l'industrie textile est présente dans de petites
villes ou bourgs, comme Saint-Jean-la-Bussiére, Sevellinge, Violay,
Saint-Victor-sur-Rhins, Régny ou encore Fourneau. Thizy et
Bourg-de-Thizy accueillaient également d'importantes entreprises
textiles en plus d'établissements industriels producteurs
d'équipements du foyer. Puis vient le pôle Roannais, où
l'industrie textile reste une activité majeure. A titre d'anecdote,
somme toute révélatrice, on peut entendre sur les marchés
du roannais des vendeurs d'habillements scandés comme un atout la
provenance de certains de leurs produits « fabriqués à
Roanne mesdames, messieurs !! 100(*) ». Roanne est un bassin industriel relativement
diversifié, de grosses entreprises, comme Michelin,
célèbre fabriquant de pneu et premier employeur privé de
l'agglomération, ou encore NEXTER (anciennement GIAT), groupe industriel
d'armement qui a d'importants sites de production à Roanne. L'industrie
textile, implantée depuis plus d'un siècle sur ces territoires,
reste une activité dominante.
L'industrie des équipements mécaniques, qui est
souvent induites par d'autres industries, est présente à Roanne,
mais également sur un espace englobant Roanne, Cours-la-Ville puis
s'étendant au nord.
La plaine du Forez se caractérise par d'importantes
industries métallurgiques et de traitement des métaux. Cette
activité concerne Montbrison, hors zone d'étude, Feurs, Boën
puis dans une moindre mesure, Epercieux-Saint-Paul. Pour cette industrie, il
s'agit également d'une activité induite par d'autres productions
industrielles.
Enfin, les industries de l'Ouest de Lyon sont
diversifiées, on y retrouve quelques sites de production d'articles
textiles, comme à Ecully, de métallurgie ou encore
pharmaceutique, comme à Marcy-L'Etoile.
Pour beaucoup de petits bourgs et petites villes, le secteur
industriel reste dominant. C'est le cas parfois pour plus de 60% de l'emploi
des communes (carte 2.3). Ce constat concerne plus particulièrement une
large bande de part et d'autre de la limite départementale entre Loire
et Rhône. Ces communes rurales où l'activité
économique est peu diversifiée, peuvent être
considérées comme sensibles, car très dépendantes
des activités industrielles qui maintiennent de l'emploi sur leur
territoire.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny31.png)
Carte2.3 : L'emploi industriel brut
et relatif des communes de l'espace d'étude
A l'approche de l'agglomération lyonnaise, le poids du
secteur industriel concernant l'emploi tend à diminuer. Même si
l'activité industrielle reste bien présente sur ces territoires,
le secteur tertiaire est globalement largement dominant
4.1.2.2 Le secteur
tertiaire : concentration dans les pôles urbains et les
bourgs-centre
Les services aux entreprises et aux particuliers, le commerce,
les activités immobilières et le transport constituent le secteur
tertiaire. A échelle nationale, celui-ci a pris une place de plus en
plus importante au cours du dernier quart de siècle, pour constituer
aujourd'hui près de 60% des emplois à échelle nationale.
Les entreprises tertiaires se concentrent souvent dans les
agglomérations et les bourgs-centre, même si dans la plupart des
communes, au moins un commerce ou une autre entreprise de ce secteur y est
implanté.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny32.png)
Carte 2.4 : nombre d'entreprises des
communes par secteur d'activité
A cet égard, la carte 2.4 est
révélatrice. Les plus importantes concentrations d'entreprises
tertiaires se trouvent à Roanne et sur les communes limitrophes de
l'agglomération lyonnaise. Il s'agit en effet des agglomérations
les plus densément peuplées de l'espace d'étude. Aussi, le
statut de ces agglomérations dans la hiérarchie urbaine,
c'est-à-dire sous-préfecture de la Loire pour Roanne, et capitale
régionale en ce qui concerne Lyon, explique ces concentrations.
Puis, ce sont les villes de Feurs et de Tarare qui se
distinguent, avec respectivement près de 500 entreprises tertiaires. Il
s'agit en effet de véritables pôles de services, et qui sont
à cet égard très fréquentés par les
populations des communes rurales limitrophes comme l'atteste la carte 1.9.
Boën, Amplepuis, Thizy et Cours-la-Ville sont des petites villes qui
concentrent les services, il s'agit de « villes-centre »
qui, elles aussi, attirent de part leurs activités.
4.1.2.3 Les
entreprises de transport et de construction
Les entreprises spécialisées dans le transport
présentent les plus grandes concentrations dans l'agglomération
lyonnaise et roannaise. Ces établissements sont également bien
représentés autour des communes de Feurs, Tarare, Boën,
Amplepuis, Noirétable, Saint-Laurent-de-Chamousset, Thizy et
Cours-la-Ville, qui sont toutes des pôles d'emplois et
d'activités. Toutefois, la concentration de ces entreprises est moins
marquée que pour celles spécialisées dans le tertiaire ou
l'industrie, car sur de nombreuses communes, aucun établissement de ce
type n'est recensé. On peut en effet constater que, logiquement, ce sont
les communes situées à proximité, ou desservies par des
axes de communication majeurs, qui accueillent de façon
privilégiée les entreprises de transport.
Les entreprises de construction sont quant à elles
beaucoup plus dispersées sur l'espace d'étude. Celles-ci
présentent toutefois de plus fortes concentrations dans les villes les
plus importantes, c'est-à-dire l'agglomération roannaise et
lyonnaise, Feurs et Tarare. Cette répartition relativement uniforme sur
l'espace, mais qui correspond aussi à la hiérarchisation urbaine,
s'explique par la demande localisée à laquelle elles sont
soumises. Contrairement aux entreprises de transport, dont la proximité
des axes de communication est privilégiée dans leur logique de
localisation, les entreprises de construction se doivent d'être proches
de la demande qui existe dans chaque commune.
Après avoir décrit la répartition des
entreprises par secteur d'activité sur l'ensemble de l'espace
d'étude, nous avons pu observer que, généralement, et quel
que soit le secteur, les plus fortes concentrations sont constatées dans
et autour des villes les plus importantes. Toutefois, des nuances sont
perceptibles selon le secteur d'activité, avec les plus fortes
concentrations en ville pour les entreprises tertiaires et industrielles. Ces
dernières sont toutefois bien représentées dans de
nombreuses communes rurales, et constituent parfois la majorité de
l'emploi des communes. Les entreprises de transport sont quant à elles
surtout localisées dans les communes desservies par les axes de
transport routier les plus importants, tandis que les entreprises de
construction sont davantage dispersées. Au regard de cette
répartition, on peut se demander comment se caractérisent
spatialement les créations d'entreprises.
4.1.3 Dynamique de créations
d'entreprises
Faute d'avoir des données concernant le nombre
d'entreprises par commune, antérieures à l'année 2005, ce
qui aurait permis d'appréhender l'évolution numéraire des
entreprises, il est apparu intéressant de se pencher sur des
données relatives aux créations d'entreprises. L'INSEE met
à disposition un tableau qui indique par commune le nombre de
créations d'entreprises, qu'il s'agisse de créations pures, de
réactivations ou encore de reprises, selon les secteurs de la NES4
(industrie, construction, commerce et réparation, autres services). Le
concept de « création d'établissement »
englobe tous les mouvements qui conduisent à la prise d'activité
économique. L'entreprise peut être créée, et donc
réellement nouvelle, réactivée, c'est-à-dire remise
en exploitation après une cessation temporaire d'activité ou
encore reprise par un autre exploitant. Afin de ne pas confondre les
différents types de prise d'activité économique, nous
parlerons d'entreprises « nouvellement actives » pour
évoquer ensemble les différents types de créations
d'entreprises.
La carte 2.5, qui concerne les entreprises nouvellement
actives des secteurs industriel et tertiaire montre bien la différence
numéraire des nouvelles activations dans ces deux secteurs. En effet,
les entreprises industrielles nouvellement actives ne concernent que des
communes dans lesquelles les activités industrielles sont
traditionnelles, et qui accueillent déjà plusieurs
établissements de ce secteur. On observe ainsi dans et autour de
l'agglomération roannaise de une à quinze créations,
reprises ou réactivations en 2005. La commune de Boën et plusieurs
autres contigües à cette première ont aussi connu entre une
et cinq nouvelles activations, ce qui est très similaire de ce qui a
été observé dans la plaine du Forez, entre
Saint-Laurent-la-Conche et Balbigny. Puis, des monts du Tararois à
l'agglomération lyonnaise, de nouvelles activations d'entreprises
industrielles se disséminent sur plusieurs communes, sans toutefois
dépasser cinq créations, reprises ou réactivations. Enfin,
une plus forte concentration de nouvelles activations est constatée dans
les communes de l'Ouest mais aussi située au Nord de
l'agglomération lyonnaise. Les créations d'entreprises
industrielles, au sens de l'INSEE, étaient modestes en 2005. Ceci
s'explique par un net déclin des activités industrielles depuis
plus de 20 ans au niveau national, ce secteur est en effet soumis à une
forte concurrence internationale.
Les créations, réactivation ou reprises
d'entreprises tertiaires étaient quant à elles beaucoup plus
nombreuses en 2005. Sur la majorité des communes de l'espace
d'étude, au moins un établissement du secteur tertiaire
recensé en 2005 était nouvellement actif. Toutefois, les plus
fortes concentrations se trouvent dans les pôles urbains de l'espace
d'étude, c'est-à-dire par ordre décroissant et l'Ouest
lyonnais mis à part, Roanne (plus de 200), Feurs (prés de 100)
et Tarare (environs 80). Les petites villes comme Boën, Balbigny,
Amplepuis, Thizy et Cours-la-Ville ont également connu entre 20 et 40
nouvelles activations d'entreprises tertiaires. Les créations
d'entreprises tertiaires, au sens de l'INSEE, sont les plus nombreuses dans
l'Ouest lyonnais.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny33.png)
Carte 2.5 : Reprise,
réactivation et création pure d'entreprises du secteur tertiaire
et industriel sur l'espace d'étude, en 2005
Logiquement, les entreprises nouvellement actives sont
beaucoup plus nombreuses et davantage reparties sur l'ensemble des communes de
l'espace d'étude pour celles du secteur tertiaire. On peut
également constater que les créations, réactivations et
reprises d'entreprises du secteur industriel se localisent surtout dans les
communes étant traditionnellement spécialisées dans ce
secteur. Pour les établissements tertiaires, les nouvelles activations
sont plus importantes aux abords et dans l'agglomération lyonnaise puis
dans les villes petites et moyennes. Mais ces données ne renseignent pas
sur l'évolution temporelle du nombre d'établissements par
commune, elles permettent juste d'appréhender la localisation des
créations d'entreprises, sans pour autant indiquer les communes dans
lesquelles le nombre d'entreprises est en baisse. Toutefois, après avoir
analysé les dynamiques de créations d'entreprises sur l'espace
d'étude, se pose la question des facteurs de localisation de ces
entreprises nouvelles, reprises ou réactivées. L'enquête
adressée aux entreprises qui a été réalisée
dans le cadre de ce mémoire peut nous permettre d'y répondre
4.2
Stratégies de localisation des entreprises
Connaitre les facteurs les plus importants de la localisation
des entreprises, c'est comprendre les caractéristiques de la demande de
localisation de celles-ci. L'objet d'étude de ce mémoire, qui
vise à appréhender le rôle et l'influence du futur
tronçon autoroutier A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny sur la
structuration des entreprises et des zones d'activités, nécessite
de comprendre globalement quels pourraient être les facteurs les plus
importants de la localisation des entreprises afin de ne pas figer l'analyse
dans une posture déterministe vis-à-vis de l'autoroute. Cette
approche préliminaire constitue le premier volet de l'enquête
entreprise. Toutefois, afin de cerner le rôle attribué plus
spécifiquement à l'autoroute par les entrepreneurs, le second
volet vise à évaluer les effets escomptés et attendus du
futur tronçon terminal de l'A89. Dans l'approche systémique
développée dans le cadre de ce mémoire, cette
enquête fournit des informations qui renseignent à la fois sur
l'entité entreprise, mais qui formalisent également la relation
entre demande et offre de localisation.
Cette enquête, transmise initialement à 50
entreprises de toutes tailles, de tous secteurs et reparties sur l'ensemble de
l'espace d'étude, n'a été remplie que par huit
établissements. Ce volume de réponses ne permet pas de donner aux
résultats de cette enquête une grande valeur informative, ceux-ci
ne peuvent être considérés comme révélateur
d'une opinion générale. Il convient donc de les relativiser et de
considérer ses résultats comme indicatifs. De plus, au regard du
peu de réponses reçues, il paraît impossible
d'établir des facteurs discriminants ou non vis-à-vis de la
notation du facteur proximité de l'autoroute, en fonction du
type d'entreprise, de son organisation logistique, etc. Néanmoins, cette
enquête apporte des informations intéressantes qu'il convient de
traiter, tout en soulignant les limites inhérentes à son mode de
réalisation et au volume de réponses restituées
Pour chacun des facteurs et pour chacune des propositions, il
a était demandé à l'entrepreneur de répondre en
fonction du degré d'importance qu'il y accorde selon le barème
suivant :
1 = Pas important
2 = Peu important
3 = Important
4 = Très important
Puis, des moyennes ont été établies pour
chaque proposition/facteur afin de déterminer globalement les plus et
les moins importants, ainsi que les « effets »
potentiellement les plus marqués. C'est à partir de ce traitement
que l'analyse des résultats de cette enquête va être
menée.
4.2.1 Quels facteurs de
localisation ?
Tableau 2.2a : Des facteurs plus ou
moins déterminants dans le choix de localisation des entreprises
enquêtées
FACTEURS DETERMINANTS DANS LE CHOIX DE
LOCALISATION
|
MOYENNE
|
Prix du terrain et des locaux
|
3,50
|
Qualité de l'environnement
|
3,50
|
Possibilité stockage/stationnement/extension
future
|
3,38
|
Disponibilité de la main d'oeuvre
|
3,38
|
Qualité des locaux
|
3,25
|
Image du site
|
3,00
|
Proximité de l'A72 ou du futur axe A89
|
3,00
|
Taux de la taxe professionnelle
|
2,75
|
Tissu industriel existant
|
2,38
|
Proximité des fournisseurs
|
2,13
|
Service aux entreprises
|
2,13
|
Existence d'aides publiques
|
2,00
|
Proximité d'un centre urbain
|
2,00
|
Desserte ferrée
|
1,75
|
Proximité de la clientèle
|
1,63
|
4.2.1.1 Les
facteurs jugés importants
Le prix du terrain et des locaux, la possibilité de
stockage, de stationnement, d'extension future et la qualité
des locaux sont les facteurs parmi les mieux notés. Ceux-ci sont
clairement liés à l'offre territoriale en terrain d'accueil pour
les entreprises : les zones d'activités. Les
caractéristiques de ces espaces concernant le prix du terrain, des
locaux et de leur qualité dépendent en grande partie des
politiques, puis des actions qu'entreprennent les collectivités
territoriales pour l'accueil des entreprises. Toutefois, le marché du
foncier, qui peut varier fortement d'un espace à l'autre, par exemple
entre l'Ouest de Lyon et le Roannais, détermine aussi le prix des
terrains et des locaux, même si parfois le prix du terrain est
volontairement fixé sous le seuil du marché dans un but
incitatif. Aussi, la situation spatiale d'un territoire rend plus ou moins
grande son attractivité, ce qui détermine dés lors
l'occupation des zones d'activités et donc les possibilités
de stockage, stationnement et d'extension future. Les facteurs liés
aux terrains et aux locaux sont donc soumis à de nombreuses variables
géographiques, de gouvernance et économique qui donnent à
chaque territoire des caractéristiques qui leur sont propres dans ce
domaine.
La qualité de l'environnement et l'image
du site constituent des facteurs de première importance quant
à la localisation des entreprises. Ces éléments font
référence aux caractéristiques du territoire, mais sont
également relatifs à la perception qu'ont les entrepreneurs de
ceux-ci. La représentation spatiale des entrepreneurs reste une variable
importante dans leurs choix de localisation, comme le rappelle B. DEBARBIEUX
qui préfère « faire primer le rôle du sujet
percevant et agissant sur l'espace économique dans l'explication des
localisations101(*) ». En effet, il a été
prouvé « qu'aucun acteur économique ne
bénéficiait d'une totale transparence des processus
économiques et des données spatiales. Toute décision aux
conséquences spatiales est donc influencée par la façon
dont l'acteur économique se représente le contexte
spatial 102(*)». Or, Il convient de souligner la grande
variabilité de ces perceptions selon l'origine géographique de
l'entrepreneur. Par exemple, Roanne est jugée majoritairement
défavorable pour une localisation par les industriels de la
région de Grenoble (carte 2.6). Toutefois, un entrepreneur de la
région de Roanne affirmait lors d'un entretien
téléphonique103(*), que même s'il était conscient et
contraint par l'enclavement de cette région, il croyait en ses
potentialités et ne délocaliserait sous aucun prétexte.
Ainsi, la qualité de l'environnement ainsi que l'image du
site sont des facteurs déterminants dans le choix de localisation
des entreprises, ce qui peut surprendre tant il s'agit de facteurs qui semblent
secondaires dans la recherche de la meilleure efficacité
économique liée à la localisation. Toutefois, ceux-ci
rappelle l'importance de la perception des acteurs économiques dans
leurs choix de localisation.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny34.png)
Carte 2.6 : l'attractivité des
villes du centre-est de la France selon des industriels de la région de
Grenoble (réponses à la question : « Que
pensez-vous de chacune de ces villes en terme de localisation
industrielle ?)
Source : DEBARBIEUX B., 1993.
La disponibilité de la main d'oeuvre est
également un facteur important concernant la localisation des
entreprises. La notation élevée de ce facteur ne surprend pas
dans la mesure où pour la plupart des entreprises, leur fonctionnement
dépend de la disponibilité et de la qualification de la main
d'oeuvre. Aussi, les résultats de l'enquête mettent en
évidence l'inexistence d'un lien direct entre la
disponibilité de la main d'oeuvre (note : 3,38 - Important) et
la proximité d'un centre urbain (note : 2 - peu
important). Ce constat peut s'expliquer par la spécialisation
très industrielle des territoires à dominante rurale, notamment
sur la partie centrale de l'espace d'étude.
La proximité de l'autoroute est ici jugée
importante, mais ne constitue pas le facteur le mieux noté. Ce
résultat, déjà mis en évidence par E.
FAIVRE104(*), va
à l'encontre du rôle attribué classiquement à
l'autoroute et selon lequel elle engendrerait immanquablement des
retombées positives sur l'économie locale. Le fait que la
proximité de l'autoroute ne soit pas le facteur le mieux
noté tend à relativiser cette opinion, car pour les entrepreneurs
enquêtés, ce facteur n'est pas primordial. Cette notation
souligne que l'accessibilité ne constitue pas à elle seule
l'attractivité d'un territoire, bien au contraire. Les notations
supérieures attribuées à l'image du site,
à la qualité de l'environnement, au prix du terrain
et des locaux, aux possibilités de stockage, stationnement et
d'extension future ainsi que de la disponibilité de la main
d'oeuvre semblent correspondre aux facteurs primordiaux relatif à
l'attractivité d'un site, d'un territoire. La proximité
autoroutière, élément d'accessibilité, se conjugue
alors à ces facteurs pour constituer l'attractivité des
territoires.
4.2.1.2 Des
facteurs globalement secondaires, mais à l'importance variable
individuellement
L'existence d'aide publique, ainsi que le taux de
la taxe professionnelle sont des facteurs intéressants pour les
entreprises, mais qui ne sont pas primordiaux quant leur implantation. Le
taux de la taxe professionnelle dépend largement des
politiques économiques des collectivités territoriales, ainsi, il
est donc variable selon les territoires.
En ce qui concerne le tissu industriel existant ainsi
que le service aux entreprises, ces facteurs se révèlent
secondaires, mais sont toutefois notés différemment selon le
secteur d'activité des entreprises et leurs organisations productives.
Par exemple, le chef de l'entreprise SOTEXPRO CROCFEU localisée sur la
commune de Pannisiéres (42) et spécialisée dans la
production de textile ignifugés, juge le tissu industriel existant
très important quant à la localisation actuelle de son
entreprise. Par contre, le patron de l'entreprise MATHELIN, située sur
la commune de Chessy (69) et spécialisée dans l'ennoblissement
textile, considère quant à lui le tissu industriel existant comme
peu important vis-à-vis de sa localisation. Ces deux facteurs
revêtent donc une importante différence selon l'entreprise
considérée, si bien qu'il convient de relativiser la moyenne
attribuée à ceux-ci dans le cadre de cette enquête pour se
pencher davantage sur l'individualité des entreprises.
La proximité d'un centre urbain n'est pas de
toute importance pour les entreprises. Pour ce facteur aussi, la notation se
révèle variable selon le secteur d'activité de
l'entreprise. Dans le cadre de cette enquête, le patron de l'entreprise
RAISONNANCE S.A., située a Dardilly (69) et spécialisée
dans le commerce de gros d'ordinateurs, d'équipements informatiques
périphériques et de progiciels, considère ce facteur comme
important, tandis que le chef de l'entreprise MATHELIN
précédemment citée, le juge quant à lui pas
important.
4.2.1.3 Les
facteurs pas ou peu importants
La desserte ferrée est
considérée comme un facteur peu important. Le fret par le rail
est en effet en perte de vitesse à échelle nationale, il est
durement concurrencé par le transport de marchandises par route qui se
révèle à la fois moins couteux et plus souple. Toutefois,
ce constat est susceptible d'évoluer face à l'augmentation du
coût des énergies fossiles, mais aussi parce qu'il constitue un
enjeu politique en terme de développement durable...
La proximité de la clientèle est
unanimement considérée comme peu importante, ce qui peut
s'expliquer tout d'abord par les grandes capacités actuelles du
transport, mais également vis-à-vis du coût de celui-ci et
qui se révèle encore bas.
4.2.2 Les effets escomptés ou
attendus du futur axe A89
Le facteur proximité de l'autoroute n'est pas
le mieux noté dans cette enquête, mais il reste néanmoins
considéré comme important. Le second volet consacré aux
effets escomptés et attendus du futur axe A89 nous permet
d'éclaircir et de mieux comprendre quel rôle porte l'autoroute
pour les entrepreneurs qui ont répondu à cette enquête
Tableau 2.2b : Les effets
escomptés ou attendus du futur axe A89
EFFETS ESCOMPTES OU ATTENDUS DU FUTUR AXE A89
|
MOYENNE
|
Amélioration des échanges
d'affaires
|
3,25
|
Amélioration de l'image de marque des
territoires
|
3,00
|
Gain sur les délais de livraisons
|
2,88
|
Amélioration de l'image de marque de
l'entreprise
|
2,75
|
Accroissement de la compétitivité et de la
concurrence
|
2,63
|
Gain sur les délais
d'approvisionnements
|
2,50
|
Amélioration de la productivité de
l'entreprise
|
2,00
|
Elargissement de la zone de diffusion des
produits
|
2,00
|
Elargissement de la zone d'approvisionnements
|
1,88
|
Gain sur les prix de revient
|
1,75
|
Gain sur le stockage
|
1,63
|
4.2.2.1
L'amélioration des échanges d'affaires
L'amélioration des échanges
d'affaires est considéré par les entrepreneurs ayant
répondu à cette enquête comme un avantage significatif
lié à la proximité de l'autoroute. Comparativement aux
résultats obtenus par E. FAIVRE105(*), cet effet est bien mieux noté. Cette
différence peut s'expliquer par les difficultés de circulation de
la zone d'étude et qui rendent les déplacements longs et
contraignants, surtout en direction de Lyon. Ces contraintes liées aux
déplacements, associées à la situation de certains
territoires en « centre de maille », comme le Tararois, le
roannais ou encore le secteur d'Amplepuis - Thizy, génèrent un
sentiment d'enclavement géographique et des carences infrastructurelles
pour les entrepreneurs de ces territoires.
4.2.2.2 Image de
marque du territoire et de l'entreprise
L'autoroute est considérée comme
améliorant l'image de marque des territoires en premier lieu, puis des
entreprises qui se localisent sur ceux-ci en second lieu. Dans le premier
volet de l'enquête, l'image du site est considérée
comme un facteur de première importance, au même titre que la
proximité de l'autoroute. Or, comme l'autoroute est
considérée comme améliorant l`image de marque du
territoire et de l'entreprise, celle-ci peut être
considéré comme un facteur concomitant en terme de localisation
et de l'image qu'elle donne au site et au territoire, c'est-à-dire que
l'entrepreneur localisé à proximité de l'autoroute ne
bénéficierait pas seulement des avantages liés à
l'infrastructure en elle-même (gain d'accessibilité), mais
également de l'image que celle-ci donne au site et au territoire.
Dès lors, l'infrastructure autoroutière est à la fois un
facteur de localisation concret et matériel, mais aussi lié
à la perception et à l'idéel.
4.2.2.3
L'accroissement de la compétitivité et de la concurrence
Il s'agit là d'un « effet »
classique attribué à l'autoroute, car en rapprochant les
territoires, en compressant l'espace-temps, elle semble favoriser logiquement
la compétitivité et la concurrence économique. Dès
lors, les entreprises les plus éloignées d'un axe autoroutier
peuvent redouter leur évincement au profit d'entreprises plus proches.
De la même façon, les entreprises situées à
proximité de l'infrastructure peuvent quant à elle redouter
l'appropriation de leur marché par des entreprises qui jusqu'alors,
avant la mise en service de l'axe autoroutier, ne cherchaient pas à
étendre leurs diffusion sur les territoires nouvellement desservis.
Cette question se révèle très sensible sur l'ensemble des
territoires de la zones d'étude, autant pour les entreprises qui ne
bénéficieraient pas immédiatement de l'autoroute de par
leur proximité, comme par exemple dans le territoire de la
communauté de communes d'Amplepuis - Thizy. Les entreprises
situées à l'Ouest des monts du Tararois peuvent également
redouter une compétitivité accrue de la part des entreprises du
lyonnais, et même de l'Est de la région Rhône Alpes, car au
regard des meilleures conditions de circulation, celles-ci pourraient
être tentées d'accroitre leur zone d'influence, leurs
marchés dans ce secteur. Toutefois, évaluer dans quelle mesure le
futur axe A89 pourrait accroitre la compétitivité et la
concurrence économique semble très compliqué, voire
impossible. Seule des suppositions peuvent être émises, qu'il
convient de considérer en tant que telles...
4.2.2.4 Gains sur
les délais de livraisons et d'approvisionnements, mais pas sur les prix
de reviens et le stockage
Les gains sur les délais de livraisons et
d'approvisionnements sont des conséquences logiques de la mise
en service d'un axe autoroutier, d'où la notation élevée
de ces propositions. En effet, le gain de temps que permet l'infrastructure
induit nécessairement une amélioration quant aux délais
d'acheminement à la fois des intrants, les approvisionnements, et des
extrants, les livraisons.
Toutefois, l'autoroute n'est pas considérée
comme favorisant les gains sur le stockage. La notation de cette
proposition, entre pas et peu importante, peut être attribuée au
fait que la moitié des entreprises fonctionnes en flux tendu, dès
lors, l'autoroute ne favorise en rien, pour elles, des gains sur le stockage.
Néanmoins, les notations ne sont guères supérieures pour
les entreprises qui ne fonctionnent pas en flux tendu, car la mise en service
du futur tronçon A89 ne semble pas remettre en cause leur organisation
logistique, d'où un gain sur le stockage qui paraît
réduit.
En ce qui concerne le gain sur les prix de revient des
produits, cette notation peut s'expliquer par le fait que l'autoroute, qui
est censée faire baisser d'environ 5% le coût du
transport106(*), ne
suffit pas à rendre plus abordable les produits nécessaires
à la production. De plus, le coût du futur axe A89, estimé
à 1,4 Milliards d'euros laisse à penser qu'il convient de
relativiser son impact sur le prix du transport, car emprunter cet axe pourrait
s'avérer assez onéreux. Toutefois, les coûts de
péage n'étant pas encore fixés, il ne s'agit là que
de suppositions.
4.2.2.5 Une
amélioration de la productivité et l'élargissement des
zones de diffusion des produits et d'approvisionnement jugés
limités
L'autoroute n'est pas considérée comme
améliorant la productivité. La présence d'une telle
infrastructure à proximité d'une entreprise semble en effet
être un facteur mineur quant à sa productivité, car
celle-ci dépend largement de la demande, et donc de la conjoncture
économique. Aussi, les modes de production adoptés par
l'entreprise sont également un élément
déterminant.
La notation relativement basse attribuée au facteur
élargissement de la zone de diffusion des produits tient
à la logique de coût et de performance du transport à
toutes les échelles. En effet, les moyens de communication modernes,
comme internet notamment, permettent de s'affranchir des limites physiques de
l'espace. A n'importe quel point du globe, des particuliers et des
professionnels peuvent prendre connaissance de la production d'une entreprise.
Le même raisonnement peut être appliqué pour le facteur
élargissement de la zone d'approvisionnement. Il
également important de rappeler que les notations attribuées a
ces facteurs peuvent s'expliquer par la longueur restreinte de cet axe, de
seulement 53 kilomètres, et qui dès lors n'ouvre pas les
territoires à des espaces jusqu'alors méconnu ou
inexploités.
Cette enquête révèle les facteurs
prépondérants de la localisation des entreprises qui rendent
d'autant plus pertinente la formule selon laquelle l'attractivité ne
dépend pas seulement de l'accessibilité. En effet, le facteur
proximité de l'autoroute n'est pas le mieux noté, il est
même devancé par l'image du site et le prix du
terrain et des locaux. Toutefois, les entrepreneurs ayant répondu
à cette enquête perçoivent en elle des potentialités
relatives à l'image de marque de l'entreprise et des
territoires, ainsi qu'en ce qui concerne les gains sur les
délais de livraison et d'acheminement des produits. La question
relative à la hausse de la concurrence et de la
compétitivité reste sensible, car même si le futur
tronçon reste court, le gain en termes d'accessibilité et de
mobilité dans ce secteur où les déplacements restent
contraignants rend d'autant plus prégnant ce sentiment.
Les entreprises de L'espace d'étude ne sont pas
uniformément reparties. Les plus grosses concentrations se superposent
à l'armature urbaine. Ainsi, dans l'Ouest lyonnais, près de la
moitié des entreprises de la zone d'étude sont localisées.
Puis, vient L'agglomération roannaise, suivie par Tarare et Feurs.
Plusieurs communes à dominante rurale concentrent également
beaucoup d'entreprises, notamment Amplepuis, Thizy, Bourg-de-Thizy, Cours la
Ville et Boën. Dans ces communes, l'activité industrielle est
traditionnelle. A cet égard, nous avons pu constater que les
territoires présentent des spécialisations dans le secteur de
l'industrie. De Roanne à Tarare, c'est dans le textile, tandis qu'autour
de Boën et Feurs, l'activité industrielle dominante est le
traitement des métaux. Enfin, dans l'Ouest lyonnais, les
activités industrielles sont diversifiées. La répartition
des entreprises par secteur d'activité montre une nette dominance du
tertiaire, présent dans la quasi-totalité des communes de
l'espace d'étude. Dans ce secteur, les plus fortes concentrations sont
observées dans les villes importantes, comme Roanne, Feurs et Tarare, et
dans l'Ouest lyonnais. Cette répartition correspond aussi pour les
entreprises de construction, et dans une moindre mesure pour les entreprises de
transport, qui se localisent de façon privilégiée dans les
communes proches ou traversées par les axes de transport routier
d'envergure nationale.
Cette répartition nous amène à aborder la
question relative aux logiques de localisation des entreprises, et aux effets
escomptés ou attendus du futur « barreau » A89.
L'enquête réalisée dans ce mémoire nous apprend que
les facteurs de localisation de première importance sont : le
prix des terrains et des locaux, la possibilité de stockage, de
stationnement, d'extension future, et la qualité des locaux. Puis,
deux facteurs concernant la perception sont également jugés
importants : il s'agit de la qualité de l'environnement et
l'image du site. Ces résultats soulignent donc que, dans le
processus de localisation, les facteurs objectifs sont aussi importants que
ceux moins objectifs, relatifs à la perception de l'espace. La
proximité de l'autoroute est également un facteur
important, mais pas le mieux noté, ce qui tend à remettre en
cause la forte attractivité qu'on lui attribue souvent. Les effets
escomptés ou attendus du futur axe A89 sont l'amélioration
des échanges d'affaires et les gains sur les délais de
livraison et d'approvisionnement d'une part, qui sont des effets concrets
et objectifs, et l'amélioration de l'image de marque des territoires
et de l'entreprise d'autre part, qui sont davantage relatifs à la
perception de l'espace.
Au regard des facteurs de localisation, les zones
d'activités semblent être des emplacements
privilégiés, dans la mesure où elles ne sont pas pleines,
que les prix des terrains et des locaux soient bas et qu'elles se situent au
plus près d'une autoroute ou du tracé du futur barreau
autoroutier. Dès lors, qu'en est-il du stock de zones d'activités
sur la zone d'étude? Quelles sont leurs caractéristiques? Comment
se repartissent-elles?
5 LES ZONES D'ACTIVITES REVELATRICES DU
DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
L'étude des zones d'activités est une
thématique classique des observatoires autoroutiers. En ce qui concerne
l'autoroute A89, l'analyse du stock et de l'évolution des zones
d'activités entre Bordeaux et Clermont-Ferrand a été
menée par J. VARLET107(*) dans le cadre de l'Observatoire A89. Cette
étude, qui permet de « mieux cerner les
caractéristiques économiques, les recompositions spatiales [...]
et les stratégies et/ou le jeu des acteurs locaux » sera, dans
le cadre de cette partie, utilisée comme support méthodologique
et pratique de l'analyse des zones d'activités de l'espace
d'étude, c'est-à-dire de Noirétable à
La-Tour-de-Salvagny.
L'intérêt porté sur les zones
d'activités se justifie, tout d'abord, géographiquement. L'axe
autoroutier autour duquel est mené ce mémoire correspond au
tronçon terminal de la transversale A89 qui reliera, normalement en
2012, la plaine du Forez à l'Ouest de Lyon. Afin d'appréhender
l'influence de ce futur axe autoroutier sur la géographie
économique des territoires qu'il desservira, il semble nécessaire
d'établir un état des lieux concernant la localisation, mais
aussi les caractéristiques principales des zones
d'activités : leurs surfaces, leurs taux d'occupation,
l'activité qu'elles accueillent.
Certains territoires qui seront bientôt desservis
souffrent d'un déclin industriel latent et d'un enclavement lié
à la fois à leurs situations géographique, mais aussi
à la saturation des infrastructures routières qui les desserts.
Dés lors, va-t-on assister, dans ce contexte original, à des
phénomènes de multiplications du nombre de zones
d'activités et à une augmentation de l'occupation de ces
zones? Aussi, un tel phénomène est t'il déjà
observable depuis l'inscription de l'A89 au Schéma Directeur
Routier National (SDRN) en 1987 ? Méthodologiquement, cette étude
consiste à établir un état des lieux antérieur
à la mise en service du futur tronçon. Dès lors,
constituera-t-elle un élément contribuant à confirmer le
modèle dégagée par les études antérieures
relative aux zones d'activités108(*) ? Enfin, l'analyse menée ici trouve
également une justification dans le rôle qu'elle pourrait avoir
auprès des acteurs locaux en tant qu'outil d'aide à la
décision. Car après un gros travail de collecte de
données, puis de traitement et d'interprétation, cette
étude pourrait fournir aux acteurs qui ne disposent pas d'une telle
synthèse les éléments nécessaires à leurs
réflexions. Cette question fondamentale, relative au rôle et
à l'utilité de ce mémoire, sera abordée dans la
troisième partie de ce mémoire.
Cette analyse s'appuie essentiellement sur la base de
données des zones d'activités dont les modalités de
réalisation ont été décrites plus haut. Celles ci y
sont classées dans un ordre géographique d'Ouest
(Noirétable) en Est (Ouest de Lyon) selon une logique de
tronçon : Noirétable - Balbigny, puis Balbigny - Tarare
Ouest et enfin Tarare - La-Tour-de-Salvagny. Pour chacun de ces
tronçons, un premier traitement indiquant les totaux et/ou les moyennes
a été appliqué pour faciliter l'appréhension
globale des données. Cette base de données prend la forme d'un
tableau (cf. annexe 4) qui fournit en lignes des éléments pour
chaque zone d'activités recensée :
- des caractéristiques d'offre (8 colonnes)
: sa commune, son appartenance à une structure intercommunale, son
nom, l'année de sa création, son mode de gestion communal ou
intercommunal, ses superficies totale, occupée et libre ainsi que son
taux d'occupation ;
- des aspects financiers (2 colonnes) : le prix du
mètre carré et le taux de la taxe professionnelle de la
commune ;
- des éléments économiques (25
colonnes) : le nombre d'emplois repartis en 7 secteurs d'activités
(primaire, industrie, industrie textile, bâtiment et génie civil
agricole, commerce, transport et télécommunications, autres
services), la classe d'effectif du nombre de salarié sur zone, la part
de chaque secteur et le nombre d'établissements.
La base de données ainsi structurée constitue un
produit original, inexistant jusqu'à ce jour, et dont la vocation est
bien de renseigner les institutions et organismes concernés. Une
exploitation statistique, graphique et cartographique a été
effectuée à propos du nombre de zones d'activités, de
leurs évolutions et de leurs remplissages, ce qui, après la mise
en service du futur axe A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, pourra constituer
une base pour étayer la corrélation entre projet autoroutier,
réaction des acteurs publics et développement
économique.
Le système de localisation des activités,
appréhendé comme une base de travail de cette étude,
comprend une entité zone d'activités. Cette entité
fondamentale formalise, en interaction avec les entités
caractéristiques du territoire et acteurs institutionnels
locaux, l'offre en localisation économique des territoires. Ainsi,
cette partie sera consacrée à décrire les prestations
internes des différentes zones d'activités, leurs modes de
gestion, leur cohérence et leur l'inscription territoriales. Ces aspects
seront néanmoins abordés indirectement, ceci dans un souci de
cohérence et d'une certaine logique d'approche.
5.1 Etat des zones
d'activités en 2007
5.1.1 Le stock de zones
d'activités
5.1.1.1 En nombre
de zones d'activités
Sur la zone d'étude retenue, longue de 80
kilomètres et large d'environs 30 à 40 kilomètres, le
nombre de zones d'activités recensées, selon les modalités
précédemment explicitées, s'établit en 2007
à 110. A titre de comparaison, « la bande d'étude d'A71
entre Vierzon et Riom en contenait 195 en 1996 [...] dispersées sur une
bande d'environs 200 kilomètres »109(*), tandis que pour l'A89, 203
ont été recensées entre 1998 et 1999 sur une bande longue
de 380 kilomètres. Ces différenciations notables traduisent les
« différentiels de pression démographiques et
économiques »110(*).
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny35.png)
Tableau 2.3 : Répartition du
nombre de zones d'activités sur l'espace d'étude
Source : Tableau ZA 2007
Dans l'espace d'étude, le département du
Rhône compte six zones d'activités de plus que celui de la Loire
(52 zones d'activités), alors que celui de la Loire présente une
surface plus importante. Cette légère différence
s'explique par la présence dans l'espace d'étude de la frange
Ouest de l'agglomération lyonnaise, qui concentre un nombre important de
zones d'activités, tandis que le département de la Loire
présente d'avantage d'espaces à dominantes rurales, moins fournis
en zones d'activités.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny36.png)
Carte 2.7 : Nombre des zones
d'activités de l'espace d'étude en 2007
(par commune)
La répartition par tronçons présente,
d'Ouest en Est, un nombre de zones d'activités qui va croissant à
l'approche de l'agglomération lyonnaise :
- Le tronçon Noirétable - Balbigny, qui comprend
les communautés de communes des Montagnes du Haut Forez, du Pays
d'Urfé, du Pays d'Astrée, des Vals d'Aix et d'Isable et de
l'Ouest roannais, compte 19 zones d'activités, soit 16,8% du total.
L'offre de ces territoires ruraux montre bien que les zones d'activités
y sont perçues comme un potentiel en termes de développement
économique. Néanmoins, la plus grande concentration de ces sites
d'accueils se localise autour de Boën, ce qui s'explique par la
prédominance du secteur industriel dans ce pôle d'emploi de
l'espace rural.
- Puis, le tronçon Balbigny - Tarare Ouest, qui
concerne les communautés de communes du Pays de Balbigny, de Feurs en
Forez, du Pays Entre Loire et Rhône, du Pays de Perreux, du Pays des
Collines du Matin et la communauté d'agglomération du Grand
Roanne, compte 33 zones d'activités, soit 29,2% de l'ensemble des zones
d'activités de la zone d'étude. Sur ce tronçon, les
espaces urbains présentent des concentrations en zones d'activité
les plus importantes, avec l'agglomération roannaise qui compte
prés de la moitié de ces zones (16), suivi par Feurs (6)
- Enfin, c'est sur le tronçon Tarare Ouest -
La-Tour-de-Salvagny qu'une majorité de zones d'activités est
localisée. Avec 58 espaces d'accueils, soit 53% de l'ensemble des zones
d'activités recensées, repartis sur les communautés de
communes du Pays d'Amplepuis-Thizy, du Pays de Tarare, de Chamousset en
Lyonnais, du Pays du Bois d'Oingt, du Pays de l'Arbresle, de Beaujolais - Val
d'Azergues et le pôle économique de l'Ouest lyonnais, ou la
Techlid. Il s'agit là d'un tronçon très urbanisé et
industrialisé, structuré par la RN7. Toutefois, le territoire de
la communauté de communes de Chamousset en lyonnais compte 25 sites
d'accueils, soit un peu plus d'un tiers des zones d'activités de ce
tronçon. Ce constat doit cependant être affiné, car 12 de
ces zones présentent une surface située entre 0,3 et 2,5
hectares....
Ce découpage par tronçons successifs montre
à la fois une dispersion des zones d'activités sur l'ensemble de
la zone d'étude, et une irrégularité de distribution en
corrélation avec la trame urbaine. En effet, on constate, d'Ouest en
Est, une progression du nombre de zones d'activités en même temps
que l'identité urbaine des territoires s'accentue à l'approche de
l'agglomération lyonnaise, tandis qu'à partir de Balbigny, les
pôles urbains de Roanne au nord, et Feurs au sud pèsent le plus
lourd. Mais le nombre de zones d'activités n'indique que partiellement
les capacités d'accueil réelles, il convient donc de
compléter ce constat par l'analyse des superficies offerte dans chacun
de ces sites.
5.1.1.2 En
superficie
Aux 110 zones d'activités de l'espace d'étude
correspond une superficie totale de 1 231,8 hectares. 60,2% de ce stock est
situé dans le département de la Loire, soit 742 hectares, ceci
malgré un nombre inferieur en zones d'activités que dans le
Rhône. Il convient toutefois de rappeler que les données relatives
aux zones d'activités manquent pour trois communautés de communes
de l'Ouest de Lyon.
Source : Tableau ZA 2007
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny37.png)
Figure 2.1 : Part des superficies
offertes sur la zone d'étude en 2007, par tronçon
Plus précisément, les tronçons les mieux
dotés sont ceux de Balbigny - Tarare Ouest et Tarare Ouest -
La-Tour-de-Salvagny qui regroupent 1 088,74 hectares, soit 88,4% du stock total
en surface d'accueil.
Avec 1231,8 hectares comptabilisés pour un total de 110
zones d'activités, une superficie moyenne de 11,2 hectares est
enregistrée, mais cette valeur n'a que peu de signification tant les
tailles des zones d'activités de la zone d'étude
présentent une grande variabilité. En effet, le plus petit site
d'accueil ne dépasse pas 0,3 hectares (ZA le Grand Prés, aux
Halles) tandis que le plus grand s'étale sur 120 hectares (Parc
d'Activité de Bonvert, à Mably). Le tableau 2.4 montre en effet
un degré élevé de concentration des surfaces dans certain
type de site.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny38.png)
Tableau 2.4 : superficie et nombre de
zones d'activités
Source : Tableau ZA 2007
- Prés de la moitié des zones d'activités
recensées (51) ont moins de cinq hectares, alors qu'elles n'offrent que
8,5% des superficies (124,23 hectares). Pour la plupart, elles se situent dans
des communes rurales.
- Les zones inferieures à 10 hectares fournissent 24,7%
des superficies offertes sur l'ensemble de la zone d'étude (304,5
hectares), alors qu'elles représentent prés de 70% du nombre de
zones d'activités (75).
- Les superficies les plus importantes sont fournies par les
zones d'activités comprises entre 10 et 60 hectares. En effet, celles-ci
représente 59,3% de la superficie totale de ces zones (503,1 hectares),
alors qu'elles ne représentent que 30% du nombre total des zones
d'activités recensées (33).
- Seulement deux zones d'activités, comprise entre 60
et 120 hectares ont été recensées sur l'ensemble de
l'espace d'étude. Celles-ci présentent une superficie
cumulée de 195 hectares, soit 15,9% de la superficie totale des zones
d'activités.
Nombreuses et diversifiées sont les zones
d'activités recensées sur l'ensemble de l'espace d'étude.
En effet, une franche majorité d'entre elles ne dépassent pas les
dix hectares, alors qu'en termes de superficie elles ne représentent
qu'un quart du nombre de zones d'activités recensées. Ce constat
révèle une grande différenciation spatiale en ce qui
concerne la localisation de ces sites d'accueil, les plus petits concernant
d'abord les communes rurales, tandis que les plus grands se concentrent avant
tout dans les espaces urbains.
5.1.2 Un important développement
du nombre de zones d'activités
5.1.2.1 Une
importante croissance
Afin d'évaluer le développement temporel des
zones d'activités, l'année de création de celles-ci
à été systématiquement demandé auprès
des collectivités territoriale. Mais pour seulement 74 de ces zones
cette information à été renseignée. Malgré
ce nombre restreint, l'analyse menée ici se basera sur les informations
disponibles en considérant qu'elles fournissent tout de même une
base fiable, même s'il convient de relativiser les conclusions qui
pourront être établies pour les considéré d'abord
comme indicatives.
Figure 2.2 : évolution du
nombre des zones d'activités de l'espace d'étude
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny39.png)
- 1950 à 2007 -
Source : Tableau ZA 2007
Par rapport aux 74 zones d'activités, recensées
sur l'espace d'étude et dont la date de création est disponible,
la comparaison avec 1987, année de l'annonce du projet de l'autoroute
A89 au Schéma Directeur Routier National, est impressionnant puisque ce
nombre n'était, au minimum, que de 21 ! Entre 1987 et 2007, on
assiste donc à une croissance spectaculaire du nombre de zones
d'activités, car au moins 53 ont été crées, soit
plus du triplement de leurs quantité (+252%).
La courbe cumulée des créations de zones
d'activités dans l'espace d'étude est particulièrement
évocatrice de l'ampleur du phénomène et de la nette
brutalité de croissance à partir de la fin des années
1980. Le lien avec l'annonce du projet A89 semble très fort, à
tel point que l'on pourrait considérer que ces zones d'activités
matérialisent un des premiers effets d'annonce du projet autoroutier.
Cet essor impressionnant semble très vraisemblablement traduire la
volonté des collectivités territoriales de profiter de
l'arrivée de l'infrastructure pour permettre, ou espérer, un
développement économique. Il s'agit là d'anticipation et
de mesures de valorisations vis-à-vis de la mise en service de la future
autoroute, pourtant bien éloignée dans le temps111(*), afin de favoriser les
potentiels « effets » positifs. En effet,
l'amélioration de l'offre en terrains à vocation
économique est un des leviers préféré des acteurs
locaux, car concret et rapide.
Trois phases d'équipement peuvent être
distinguées sur les 57 dernières années, marquées
par un rythme de création de zones d'activités de plus en plus
soutenu, mais inégalement reparti sur l'espace :
- La période 1950 - 1979 enregistre une croissance
inferieure à une zone d'activités par an, ce qui donne un total
de neuf zones d'activités en 1979. Leur localisation concerne presque
exclusivement des sites industriels, sur Roanne pour la plupart.
- Entre 1980 et 1986, la croissance s'amplifie, avec la
création de dix zones d'activités, soit une multiplication par
deux avec un rythme de croissance qui dépasse une zone
d'activités par an. Ce mouvement correspond à un
phénomène de diffusion spatiale aux niveaux inferieurs de la
hiérarchie urbaine, les petites villes et bourgs-centre.
- Puis, de 1987 à 2006, la croissance du nombre de
zones d'activités explose littéralement. De 19 zones
d'activités, on passe à 74, soit une multiplication de leur
nombre par 4 (x3,8). Cette dernière période coïncide avec
l'annonce du projet autoroutier A89, qui apparait comme un puissant facteur de
multiplication de l'offre et ce, bien avant sa mise en service,
c'est-à-dire prés d'un quart de siècle! Cette forte
croissance, probablement liée à une précoce anticipation
de la part des acteurs locaux, semble confirmer les modèles
d'évolutions temporelles révélés par les
études de plusieurs observatoires autoroutiers.
5.1.2.2 Un nouvel
exemple accréditant la vraisemblance d'un modèle
d'évolution temporelle
L'explosion de l'offre de terrain à vocation
économique constaté sur la période 1987 - 2006 semble
confirmer l'existante d'un modèle d'évolution temporelle mis en
lumières par plusieurs études menées par des observatoires
autoroutier.
En effet, c'est d'abord dans le cadre de l'observatoire A71
qu'un tel modèle fut mis en lumière : « à
la fois en nombre et en superficie, les zones d'activités ont connu un
mouvement de création d'une ampleur inégalée
auparavant : 92 zones d'activités supplémentaires [...]
portant leur nombre à 233 en 1996, contre 141 en 1988, soit une
croissance spectaculaire des 2/3 ! »112(*). Puis, c'est dans le cadre
de l'observatoire A39 que le même constat fut établit :
« depuis 1989, date de l'adoption définitive du tracé
(définition du fuseau de un kilomètre), le nombre de zones
d'activités a été multiplié par deux, passant de 62
à 128 »113(*). Enfin, les études menées dans le
cadre de l'observatoire A89 ont révélées, sur une bande
d'étude allant de Bordeaux à Clermont-Ferrand, que « de
1985 à 1998, [...] le nombre total de zones fait un peu plus que
tripler. De 64 zones d'activités, on passe à 203, ce qui donne
une augmentation moyenne de 10 zones d'activités par
an ! »114(*). Dés lors, comment ne pas s'interroger sur la
similitude des faits constatés dans le cas de l'A71, de l'A39 et de
l'A89 ?
Plusieurs hypothèses peuvent être avancées
pour expliquer ces similitudes :
- Tout d'abord, cette étonnante croissance correspond
t-elle à une amélioration de la conjoncture économique qui
a marqué la seconde moitié des années 1980115(*)? Cette relative et courte
euphorie économique qui a marqué cette période explique
sans doute partiellement cette croissance de l'offre en terrains à
vocation économique, même si cette hausse se poursuit selon le
même rythme sur plus de 20 ans...
- Aussi, cette croissance peut-elle s'expliquer par
l'anticipation au remplissage presque complet du stock de zones
d'activités préexistantes ? C'est surement le cas dans
l'agglomération roannaise, de Tarare et dans l'Ouest de Lyon. Le lien
avec l'essor des hypermarchés et surtout des grandes surfaces diverses
est certainement fort.
- La poursuite d'un processus de diffusion spatiale des zones
d'activités qui a atteint de nombreuses communes rurales et
bourgs-centre, peut également expliquer cette spectaculaire
croissance.
- Pour terminer, la forte accentuation de cette croissante,
qui débute dans les années 1987 et 1988, peut être le signe
d'un premier effet d'anticipation lié à l'annonce du projet A89,
J. VARLET affirme que « c'est pratiquement un fait
certain »116(*)...
L'étalement de cette croissance sur près de
deux décennies reste cependant particulière à l'espace
d'étude de ce mémoire, car pour l'A71 comme pour l'A89
Bordeaux-Clermont-Ferrand, celle-ci finit par s'essouffler de 5 à 10
années après le début de la hausse. Ce constat peut
s'expliquer par le fort dynamisme de l'agglomération, mais très
partiellement et seulement dans l'aire urbaine de Lyon, car pour le Tararois et
le roannais, ces vingt dernières années sont synonymes de crise
économique...
Les éléments mis en évidences concernant
la forte croissance de l'offre en zones d'activités sur l'ensemble de
l'espace d'étude, même si il ne concerne que 74 des 110 zones
recensées, semble accréditer la vraisemblance d'un modèle
temporel généralisé et généralisable. En
effet, autant dans le cas de l'A71, de l'A39 et de l'A89 Bordeaux -
Clermont-Ferrand il a été constaté que l'infrastructure
initiait une forte croissance de l'offre en terrains d'accueil à
vocation économique. Cette précocité d'anticipation,
associée aux 25 années qui séparent l'annonce du projet et
la mise en service effective du futur tronçon A89 « Balbigny -
La-Tour-de-Salvagny laisse à penser que d'ici 2012, la croissance
devrait se tasser en ce qui concerne les créations de zones
d'activités sur l'espace d'étude.
5.1.2.3 Des
disparités spatiales de croissance révélatrices du
rôle des autoroutes
Trois phases marquent la croissance des créations de
zones d'activités, dont la date de création est
renseignée, sur l'espace d'étude. D'abord modeste entre 1950 et
1979 (+9), elle s'amplifie de 1980 à 1986 (+10) puis explose de 1987
à 2006 (+55). Cette croissance progressive s'exprime différemment
sur l'espace, révélant alors des disparités
marquées. Mais avant de commencer, il convient de rappeler que sur les
110 zones d'activités recensées, seulement 74 d'entre elles sont
renseignées quant à leur date de création, soit 36 zones.
Sur ces 36 zones sans date de création, 31 sont situées dans le
département du Rhône, soit plus de la moitié du stock
rhodanien, de l'espace d'étude, en zones d'activités. Face
à ce constat, il parait nécessaire, dans un souci de
cohérence de l'analyse, d'écarter le département du
Rhône pour ne s'intéresser qu'à celui de la Loire, pour
lequel sont connus les dates de créations de 47 des 53 zones
d'activités. Malgré une appréhension partielle des
disparités spatiales de la croissance des créations de zones
d'activités, la partie ligérienne de l'espace d'étude
présente des évolutions spatio-temporelles intéressantes,
révélant ainsi le rôle multiplicateur de l'axe A89
Noirétable - Balbigny, en service depuis 1985, ainsi qu'un
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny40.png)
phénomène de diffusion spatiale.
Carte 2.8 : les créations de
zones d'activités par période, de 1950 à 2006
En effet, la croissance de l'offre en terrains à
vocation économique sur les territoires ligériens de l'espace
d'étude n'a pas réagit avec les mêmes
périodicités. Les rythmes de croissance en création de
zones d'activités sur le tronçon Noirétable - Balbigny,
puis Balbigny - Tarare Ouest présentent une légère
inversion sur les périodes 1979-1987 puis 1987-2006 (tableau 2.5). En
passant de deux zones d'activités en 1979 à huit en 1987, les
territoires du tronçon Noirétable - Balbigny présente un
nombre de zones d'activités multipliées par quatre sur la
période. Cette hausse se poursuit sur la période 1987-2006, mais
plus modestement avec une multiplication par 1,5. Ce constat est inversé
pour les territoires du tronçon Balbigny - Tarare Ouest, avec une
multiplication par deux du nombre de zones d'activités sur la
période 1979 - 1987, tandis que de 1987 à 2006, la croissance
s'amplifie avec une multiplication par 3,5. Or, le tronçon A89
Noirétable - Balbigny (anciennement A72) est en service depuis 1985 ce
qui suggère, une fois encore, que l'autoroute a été un
puissant multiplicateur de l'offre en terrain d'accueil pour l'activité
économique. La même conclusion peut être avancée pour
le tronçon Balbigny - Tarare Ouest, pour lequel c'est l'annonce du
projet A89 en 1987 qui a joué le rôle de multiplicateur d'offre.
Sur l'espace d'étude, les dynamiques de création de zones
d'activités sont donc progressives à la fois spatialement et
temporellement, car l'effet multiplicateur lié à la mise en
service ou à l'annonce de l'autoroute est d'abord constaté sur le
tronçon Noirétable-Balbigny sur la période 1979 - 1987,
puis il se diffuse vers l'Est sur le tronçon Balbigny - Tarare Ouest sur
la période 1987 - 2006.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny41.png)
Tableau 2.5 : Les
variations du nombre de zones d'activités par
tronçon de 1979 à 1987, puis de 1987 à 2006 dans la partie
ligérienne de la zone d'étude
Source : Tableau ZA 2007
Parallèlement à l'incidence de l'autoroute sur
les disparités spatiales en terme de croissance de création des
zones d'activité, c'est en changeant d'échelle d'observation, des
territoires des tronçons vers les communes, qu'un
phénomène de diffusion spatio-temporelle des communes urbaines
vers les communes rurales est constaté (voir tableau 2.6). En effet,
entre 1979 et 1987, la croissance des communes urbaines est déjà
soutenue, avec 7 créations de zones d'activités durant cette
période. Cette hausse s'amplifie ensuite de 1987 à 2006, avec 20
créations. Sur les communes urbaines aussi le rythme de croissance
s'accélère, mais plus modestement, avec 3 créations entre
1979 et 1987, puis 10 entre 1987 et 2006. Progressivement, le nombre de zones
d'activités implantées sur des communes rurales dépasse
celles localisées en communes urbaines : alors qu'en 1979, les
zones d'activités des communes rurales représentaient 28,6% de
l'ensemble des zones d'activités prises en compte, elles pèsent
61,7% en 2006.
Source : Tableau ZA 2007
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny42.png)
Tableau 2.6 : Les
variations du nombre de zones d'activités dans
les communes rurales et urbaines de 1979 à 1987, puis de 1987 à
2006 dans la partie ligérienne de la zone d'étude
Les zones d'activités les plus anciennes sont
localisées pour la plupart dans l'agglomération roannaise (carte
2.8). A partir de 1979, plusieurs communes du Forez, comme
Saint-Martin-la-Sauveté, du roannais, à Cremeaux, et de la plaine
du Forez, comme Balbigny, s'équipent en zones d'activités,
très probablement motivées par la mise en service de l'autoroute
A72 (actuelle A89 de Clermont-Ferrand à Balbigny) en 1985. Puis, de 1987
à 2006, les créations de zones d'activités s'intensifient
surtout dans les communes rurales, autour de Boën et de Noirétable,
dans la plaine du Forez, mais aussi dans l'agglomération roannaise. La
diffusion spatiale et temporelle concernant les créations de zones
d'activités des communes urbaines vers les communes rurales est donc
avérée, comme cela a été montré sur les
territoires de la bande d'étude de l'autoroute A89 entre Bordeaux et
Clermont-Ferrand. Toutefois, la mise en service de l'A72/A89 en 1985 a sans
doute accéléré cette dynamique, confirmée ensuite
par l'annonce du projet A89 en 1987.
Dés lors, on peut s'interroger sur la pertinence et la
cohérence de ces créations motivées par la mise en
service, puis par l'annonce d'autoroutes : répondaient-elles
à un réel besoin justifié par une conjoncture
économique favorable et à une forte demande de la part des
entreprises? Autrement dit, les « effets » induits,
considérés comme immanquablement positifs sur les
économies locales, ont ils été au rendez-vous, même
avant la mise en service du futur « barreau »? Afin de
répondre à ces questions, l'analyse du remplissage, de l'emploi
et de l'activité économique en général de ces zones
d'activités va être menée. Celle-ci permettra aussi de
compléter l'état des lieux concernant les zones
d'activités de l'espace d'étude.
5.2 Les zones
d'activités : un marqueur de développement
économique ?
5.2.1 Le remplissage des zones
d'activités
5.2.1.1 Quelle
occupation des zones?
L'offre en terrain à vocation économique,
analysée dans la partie précédente, pose la question de
l'adéquation entre offre et demande. L'occupation des 110 zones
d'activités recensées sur la zone d'étude y répond
partiellement.
Sur l'ensemble des zones d'activités de la zone
d'étude, le remplissage moyen, ou le taux d'occupation,
s'élève à 59,8%, soit 736,92 hectares occupées sur
les 1 231,8 hectares. En l'absence d'une moyenne nationale, il est
difficile d'effectuer une comparaison valable. Toutefois, ce taux d'occupation
est de quatre points supérieur à celui constaté dans le
cas de l'autoroute A89 Bordeaux - Clermont Ferrand en 1998, c'est-à-dire
de 55,7% (ces agglomérations étant exclues), mais il est
néanmoins similaire à celui constaté dans le cas de l'A71
entre Vierzon et Clermont-Ferrand (59,8%)117(*).
Tableau 2.7a : le
remplissage des zones d'activités en 2007, par tronçon
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny43.png)
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny44.png)
Tableau 2.7b :
synthèse du remplissage des zones d'activités en
2007, en pourcentage et par tronçon
En 2007, plus de la moitié des zones d'activités
est d'ores et déjà occupée et ceci bien avant l'ouverture
du futur « barreau » A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny.
L'anticipation des acteurs locaux, comme on a pu le voir
précédemment, semble coïncider à celle des acteurs
économiques. Toutefois, il convient de relativiser ce constat pour ne
pas attribuer à la seule annonce de l'autoroute le remplissage des ces
zones. Celle ci peut être la conséquence de multiples facteurs,
comme le dynamisme engendré par la proximité de la
métropole lyonnaise, au moins pour les territoires de la couronne
périurbaine, ou encore une conjoncture économique favorable. De
plus, les disparités spatiales du remplissage de ces zones ne permet pas
d'affirmer que l'annonce de l'autoroute est le seul facteur de l'occupation de
celles ci, les contextes locaux expliquent aussi beaucoup de ce constat. Pour
finir, en l'absence d'études antérieures, il est impossible de
comparer dans le temps une quelconque variation du taux d'occupation de ces
zones d'activités, et dans le cas de cet axe autoroutier, dont l'annonce
a été faite en 1987, ces études auraient été
précieuses pour tirer des conclusions plus tranchées sur le
sujet.
La notion de remplissage, ou le taux d'occupation moyen, n'est
ici pas trop éloigné de la réalité, car sur chaque
tronçon il se situe entre 50 et 67%. Les zones vides en 2007 sont au
nombre de sept, soit 5,5% du stock total, et ne regroupent que 2,9% des
superficies (35,77 hectares) (tableaux 2.7a et b). Ainsi, l'intense
équipement des territoires de l'espace d'étude en zone
d'activités observé depuis 1987, n'est globalement pas un
échec puisque prés de 95% des zones sont concernées par
des implantations d'établissements économiques. Toutefois,
l'occupation de ces zones est variable sur l'espace.
5.2.1.2 Les
disparités spatiales du remplissage des zones d'activités
Le remplissage moyen de 59,8% cache en effet de nombreuses
disparités spatiales. Comme le montre la figure 2.2, on distingue
nettement une progression continue d'Est en Ouest le long de l'axe A89
Noirétable -Balbigny et du futur « barreau »
Balbigny - La-Tour-de-Salvagny.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny45.png)
Figure 2.3 : taux d'occupation, part
de la superficie totale et occupée totale des zones d'activités
en 2007, par tronçons
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny46.png)
Carte 2.9 : Occupation et surface des
zones d'activités de l'espace d'étude en 2007
Nous pouvons remarquer une augmentation très nette du
taux d'occupation des zones d'activités de l'espace d'étude d'Est
en Ouest, de 51,94% à 66,5%. La carte 2.9 nous permet d'affiner ce
constat en définissant sept zones, sur l'espace d'étude,
caractéristiques de part les zones d'activités qui y sont
localisées. Ces zones seront abordées d'Est en Ouest.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny47.png)
Carte 2.10 : zones retenues pour
l'analyse des taux d'occupation des zones d'activités de l'espace
d'étude
1 - La première zone regroupe les communautés de
communes des Montagnes du Haut Forez, du pays d'Astrée, du Pays
d'Urfé et du Val d'Aix et d'Isable. Il s'agit de territoires ruraux peu
densément peuplés, mais desservis par l'autoroute A89 depuis
1985. Les 16 zones d'activités de cet espace présentent une
surface totale cumulée de 111,76 hectares, dont 68,08 hectares sont
occupés, soit un taux d'occupation de 60,9%. Ces zones
d'activités présentent toutefois des superficies modestes, la
plus grande étant la ZA des Places, à Sail-sous-Couzan, d'une
superficie totale de 16 hectares. Il a été montré
précédemment que la grande majorité de ces zones furent
créées au moment de la mise en service de L'A89 Clermont-Ferrand
- Balbigny en 1985, et que l'autoroute aurait donc joué le rôle
d'un puissant multiplicateur d'offre en terrains d'accueils à vocation
économique. Le remplissage aux 2/3 de ces zones suggère ainsi que
l'infrastructure à indéniablement favoriser, parmi d'autres
facteurs, la localisation d'établissements économiques dans les
zones d'activités de cet espace.
2- La seconde zone définie concerne les
communautés de communes de l'Ouest Roannais, du Pays de Perreux, du Pays
d'Amplepuis - Thizy et la communauté d'agglomération du Grand
Roanne. Les 22 zones d'activités de cet espace présentent une
superficie cumulée de 534,9 hectares pour une superficie occupée
de 315,15 hectares, soit un taux d'occupation de 58,9%. Les zones
d'activités du Grand Roanne sont les plus importantes avec une
superficie totale cumulée de 448,51 hectares. Le parc d'activité
de Bonvert, localisé à Mably, est la plus grande zone
d'activités recensée, avec une superficie totale de 120 hectares.
Toutefois, son taux d'occupation de 11,9% est représentatif de la crise
économique qui touche depuis plus de 20 ans ce bassin industriel. En
effet, le déclin de l'industrie textile et de l'armement (GIAT) ont
généré des fermetures de sites, libérant ainsi de
l'espace sur certaines zones d'activités de l'agglomération
roannaise. Néanmoins, ce constat n'est pas à
généraliser, car les zones de l'Arsenal 1 et 2, du coteau ou
encore de Mâtel, créées entre 1950 et 1978
présentent des taux d'occupation allant de 93 à 98%. Les trois
zones d'activités de la communauté de communes de l'Ouest
roannais présentent quant à elles un taux d'occupation de 34%,
tandis que celles de la communauté de communes du Pays d'Amplepuis -
Thizy ont un taux d'occupation de 74%.
3 - La troisième zone concerne la plaine du Forez, avec
les communautés de communes du Pays entre Loire et Rhône, du Pays
de Balbigny et de Feurs en Forez. Cet espace, à dominante rurale au Nord
et urbaine au Sud, avec Balbigny puis Feurs, est desservie depuis 1985 par
l'Autoroute A89 et A72 (Balbigny - Saint-Etienne). Les 12 zones
d'activités de cet espace présentent une superficie
cumulée de 93,3 hectares pour une superficie occupée de 53,3
hectares, soit un taux d'occupation de 57,1%. La mise en service de l'A72/A89
entre Clermont-Ferrand et Saint-Etienne à très certainement
favorisé le remplissage des zones d'activités de ces territoires,
notamment à Feurs, mais une fois encore, « l'effet »
de l'infrastructure est sans nul doute à conjuguer avec d'autre
facteurs, comme la conjoncture économique locale favorable de la plaine
du Forez, dont la frange nord présente un dynamisme certain. Le futur
Contrat Territorial de Développement (CTD) qui concernera ces trois
communautés de communes, plus celle du Pays de collines du Matin,
suggère que la situation actuelle en terme d'offre en terrains à
vocation économique est appelée à changer durant les cinq
années qui nous sépare de la mise en service du futur
« barreau » A89, et plus particulièrement sur la
commune de Balbigny, considérée comme un véritable
« pôle de développement stratégique
potentiel118(*) ».
4 - La quatrième zone définie concerne les
communautés de communes du Pays des Collines du Matin et de Chamousset
en Lyonnais, situées toute deux au Sud de la zone d'étude, de
part et d'autre du département de la Loire et du Rhône. Les 30
zones d'activités de ces territoires ruraux présentent une
superficie totale cumulée de 143,94 hectares, pour une superficie
occupée de 80,47 hectares, soit un taux d'occupation moyen de 55,9%.
Parmi ces zones, cinq sont vides et se situent sur le territoire de la
communauté de communes de Chamousset en lyonnais qui en compte 25. Parmi
les zones d'activités de ce territoire, 19 présentent une
superficie inférieure à 5 hectares.
5 - Le cinquième secteur concerne exclusivement la
communauté de commune du Pays de Tarare, car il s'agit d'un territoire
relativement autonome et isolé géographiquement. Ce territoire,
traditionnellement spécialisé dans l'industrie textile, compte
sept zones d'activités pour une surface totale de 59,6 hectares et une
surface occupée de 33,9 hectares, soir un taux d'occupation de 56,9%.
Sur ce territoire, la RN7 détermine fortement la localisation des zones
d'activités qui sont toutes localisées à moins de quatre
kilomètres de cet axe majeur. Comme pour l'agglomération
roannaise, la crise de l'industrie textile a durement touché le
Tararois, avec de nombreuses fermetures de sites, de lourdes pertes d'emplois
et une reconversion difficile.
6 - La sixième zone définie concerne les
communautés de communes de l'Arbresle et du Beaujolais - Val d'Azergues.
Il s'agit de territoire à dominante résidentielle, du fait de la
proximité de l'agglomération lyonnaise, et industrielle. Les 16
zones d'activités recensées sur ces territoires présentent
une superficie totale de 142,6 hectares pour une superficie occupée de
135,5 hectares, soit un taux d'occupation de 95% ! La saturation des zones
d'activités de ce territoire est clairement le fait de la
proximité de l'agglomération lyonnaise. En effet, sur les
territoires de la Techlid, les zones d'activités sont pleines depuis
plusieurs années, ce qui à engendré une diffusion vers
l'Ouest des localisations économiques sur les zones d'activités
des deux communautés de communes de ce secteur. Actuellement,
l'administration de la Techlid négocie directement avec l'ensemble des
territoires de l'Ouest lyonnais pour répondre aux nombreuses demandes de
localisation économique.
7 - Pour terminer, la septième et dernière zone
définie concerne la communauté de communes du Pays du Bois
d'Oingt. Les 7 zones d'activités de ce territoire rural
présentent une superficie totale de 145,7 hectares pour une superficie
occupée de 50,5 hectares, soit un taux d'occupation moyen de seulement
34,2%. Ce taux peut s'expliquer par la création récente de ces
zones qui ont toutes moins de 10 ans. Ce constat est confirmé par le
l'occupation totale de la ZA de Saint-Vérand, créée en
1999, alors que la Z.A. de Frontenas, créée en 2005, demeure
vide...Quoi qu'il en soit, le potentiel de remplissage est important pour les
zones d'activités peu occupées de ce territoires, d'autant plus
au regard de l'extrême saturation des zones d'activités de la
Techlid et de la communauté de communes du Pays de l'Arbresle.
On pourra regretter le manque de données concernant les
communautés de communes des Monts d'or - Azergues, de Beaujolais
Saône Pierres dorées et des Vallons du Lyonnais, qui auraient
d'avantage étayées l'analyse de l'occupation de zones
d'activités des territoires à l'Ouest de Lyon. Toutefois, les
taux d'occupation progressifs d'Ouest en Est révélés par
cette analyse montrent bien l'incidence de la proximité de
l'agglomération lyonnaise sur le remplissage des zones
d'activités, qui semble générer une forte demande en
localisation économique sur ces territoires, Dans ce contexte, la mise
en service du futur axe A89 va t'elle accentuer cette pression sur les
territoires de l'Ouest de Lyon? Quelle va être sont influence sur les
zones d'activités situées plus à l'Est ?
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny48.png)
Tableau 2.8 : tableau de
synthèse de l'occupation des zones d'activités en 2007, par
secteurs établis pour l'analyse
Source : Tableau ZA 2007
Comme nous l'avons observé auparavant (partie 4.2), le
prix du terrain et le taux de la taxe professionnelle sont des facteurs de
localisation importants pour les entrepreneurs, surtout en ce qui concerne le
prix du terrain et des locaux, qui figure en première position dans le
classement des facteurs de localisations établis par l'enquête
entreprise. En ce qui concerne ces attributs, les disparités sur
l'espace sont également nombreuses.
5.2.2 Les disparités spatiales
des prix des terrains en zone d'activités et des taux de taxe
professionnelle
Ces informations, pourtant considérées comme
importantes dans le choix des localisations des établissements
économiques, ne sont que rarement abordées et analysées
dans les études concernant les « effets » induits
des infrastructures autoroutières. Aussi, de multiples recherches n'ont
pas permis d'accéder à une cartographie quelconque concernant les
taux de taxe professionnelle des communes ou des EPCI. Toutefois, dans la cadre
de la réalisation de la base de données des zones
d'activités, ces informations ont été acquises, elles nous
permettent d'avoir un regard global sur le prix des terrains dans les zones
d'activités de l'espace d'étude et sur le taux de taxe
professionnel des communes et des EPCI. La cartographie réalisée
sur ce thème révèle de nettes disparités, ainsi
qu'une forme de hiérarchisation spatiale.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny49.png)
Carte 2.11 : Taxe professionnelle des
communes et prix des terrains des zones d'activités de l'espace
d'étude en 2007
5.2.2.1 La
hiérarchisation spatiale du prix des terrains en zones
d'activités
Il a été montré
précédemment que l'occupation des zones d'activités est
progressivement plus importante d'Est en Ouest, et qu'à proximité
de l'agglomération lyonnaise, la saturation de celles-ci est manifeste.
En ce qui concerne le prix des terrains en zones d'activités, le constat
est similaire. Toutefois, il apparait que les territoires urbains jouent
également un grand rôle.
Les prix des terrains, d'une marnière
générale, sont déterminés par une logique de
marché, c'est-à-dire qu'ils sont fixés en fonction du
rapport entre offre et demande de foncier, associés à d'autre
facteurs, comme la disponibilité effective de terrains, les contraintes
topographiques sur certains territoires ou encore leurs valeurs idéelles
collectives, en tant qu'éléments déterminés par la
perception de l'espace. Toutefois, les zones d'activités sont les
matérialisations de politiques économiques locales, si bien que
les prix des terrains peuvent y être vendus sous le seuil des prix du
marché dans un but incitatif.
La carte 2.11 montre assez nettement les termes de la
hiérarchisation spatiale des prix des terrains en zone
d'activités. Pour appuyer ce constat, des coupes ont été
effectuées, du Nord au Sud (1) puis d'Ouest en Est (2). La
première coupe, qui part du Nord de l'agglomération roannaise, en
passant par Balbigny pour se terminer au Sud de la communauté de
communes de Feurs en Forez, montre clairement le rôle joué par les
agglomérations dans le niveau des prix des terrains en zones
d'activités. En effet, les terrains des zones d'activités de
l'agglomération roannaise présentent tous un prix par
mètre carré allant de 10 à 20 euros. Puis, à partir
de la communauté de communes du Pays de Perreux, ceux-ci descendent sous
la barre des 10 euros par mètre carré, ceci jusqu'à la
communauté de communes de Balbigny, pour ensuite, dans la
communauté de communes de Feurs en Forez, passés de 9 à 25
euros par mètre carré. Ce constat peut s'expliquer tout d'abord
par les différenciations spatiales des marchés du foncier entre
espaces ruraux et urbains, mais aussi de par l'aspect incitatif, pour les
espaces ruraux, que représentent des prix bas, et qui peuvent alors
motiver les localisations économiques.
La seconde coupe, d'Ouest en Est ne diverge pas du constat
précédemment établi, même si les écarts sont
plus importants. Partant de la communauté de communes du Haut Forez, le
tracé passe par Neulise, puis traverse la communauté de communes
du Pays de Tarare et celle du Pays de l'Arbresle pour se terminer à
Lozanne. Les prix du terrain en zones d'activités y sont égaux ou
inférieurs à 10 euros par mètre carré
jusqu'à la communauté de communes de Tarare où ceux-ci
connaissent une première hausse en se fixant entre 15 et 20 euros par
mètre carré. Les quelques zones d'activités de la
communauté de communes du Pays de l'Arbresle qui proposent encore des
terrains à la vente119(*) sont eux aussi situés dans les mêmes
niveaux. Puis, les prix explosent sur la zone d'activité des Prés
Secs, à Lozanne, en se fixant à 37 euros par mètre
carré. Les prix élevés des terrains des zones
d'activités constatés à l'Est de la seconde coupe
s'expliquent d'abord par la situation de saturation de celles-ci, car selon la
logique de marché, si l'offre en foncier est restreinte alors que la
demande est soutenue, les prix grimpent inexorablement. Aussi, il s'agit de
territoires directement soumis à la pression foncière de
l'agglomération lyonnaise, très bien perçue par les
entrepreneurs pour la localisation économique (Carte 2.6)
La localisation des activités économiques se
monnaye donc plus ou moins lourdement selon le site choisi et sa position sur
l'espace. Les prix des terrains en zone d'activités se
hiérarchisent donc selon le caractère urbain ou rural des
territoires sur lequel elles sont implantées, répondant ainsi
à une logique de marché qui s'avère plus ou moins tendu
selon l'agglomération concernée. Le taux de la taxe
professionnelle est également un facteur de localisation important quant
à la localisation des activités économique, assiste-t-on
à une logique similaire les concernant?
5.2.2.2 Une
hiérarchisation spatiale des taux de taxe professionnelle moins
prononcée
Les taux de taxe professionnelle sont fixés selon des
logiques complexes à la fois relatives aux politiques et aux
conjonctures économiques territoriales. Il s'agit en effet d'un
déterminant stratégique de la politique de développement
économique d'un territoire. Dans le cadre des EPCI, cette taxe peut
être unique à toutes les communes membres de
l'intercommunalité (TPU), sa détermination est donc assujettie au
consensus entre communes. Aussi, dans le cas d'une fiscalité
additionnelle, chaque commune possède sont propre taux de taxe
professionnelle, mais qui reste soumise, la plupart du temps, à un
logique d'homogénéisation au sein de l'intercommunalité.
De plus, il existe des taxes professionnelles de zones, qui concernent
exclusivement une zone d'activités pour accentuer son
attractivité, souvent dans des cas ou la taxe professionnelle communale
est jugée trop élevée. Sur l'ensemble de l'espace
d'étude, les taux de taxes professionnelles se situent, en 2007, entre 7
et 27%. Ceux-ci présentent une hiérarchisation spatiale similaire
à celle constatée pour le prix des terrains en zones
d'activités, quoique moins prononcée.
Les communes traversées par la première coupe
Nord - Sud présente des taux de taxe professionnelle compris entre 9 et
19%. De la communauté de communes de Feurs en Forez jusqu'à celle
du Pays de Perreux, les taux se situent entre 9 et 12%120(*). Puis, sur le territoire de
l'agglomération du Grand Roanne, ce taux grimpe à 17,7%. La
hiérarchisation spatiale est donc également de mise en ce qui
concerne les taux de taxe professionnel, même si dans le cas de cette
coupe, et contrairement aux prix des terrains en zones d'activités, un
taux supérieur est constaté seulement dans l'agglomération
roannaise. Il convient une nouvelle fois de rappeler les conditions de
détermination des taux de taxe professionnelle, soumis à de
nombreux facteurs à la fois conjoncturels et politiques, et dont la
détermination diffère largement des prix fixés pour les
terrains en zones d'activités.
La seconde coupe révèle une
hiérarchisation spatiale similaire, avec des taux de taxes
professionnelles inférieurs dans les territoires ruraux part rapport
à ceux appliqués dans les territoires urbains. Ici, ces
différences s'expriment par une élévation progressive
d'Ouest en Est. En effet, les taux appliqués dans les communautés
de communes des Montagnes du haut Forez, des vals d'Aix et d'Isable et du Pays
entre Loire et Rhône, ils se situent respectivement à 9,67%, 11,8%
(moyenne des deux communes concernées121(*)) et 8,51%122(*), puis il grimpe sur les territoires de la
communauté de communes du Pays de Tarares (14,91%). et du Pays de
l'Arbresle (14,45%). C'est dans les communes de la communauté urbaine du
Grand Lyon, sur le territoire de la Techlid que les taux de taxe
professionnelle atteignent leur apogée, avec une moyenne de
24,46%123(*). La
progression régulière des taux de taxe professionnelle est donc
parallèle à celle des prix du terrain en zone d'activités,
car l'agglomération lyonnaise engendre sur les territoires qui lui sont
périphériques une élévation progressive des prix du
foncier et des taux de taxe professionnelle.
Les taux de taxe professionnelle et les prix du foncier en
zone d'activités répondent donc à la densité de
l'activité économique, à la conjoncture économique
locale des entités territoriales, mais aussi aux stratégies
locale en termes de développement économique. Ces
modalités s'expriment sur l'espace par une hiérarchisation
spatiale de ces variables entre les territoires urbains et ruraux. Ceci surtout
pour les prix des terrains en zone d'activités, car en ce qui concerne
les taux de taxe professionnelle, ce constat est à nuancer. En effet, ce
dernier est davantage déterminé dans une optique
stratégique. Le pôle lyonnais révèle une nouvelle
fois sont influence sur les territoires qui lui sont
périphériques, en jouant le rôle de catalyseur.
Les prix des terrains en zone d'activités sont donc
bien des révélateurs de l'activité économique des
territoires sur lesquelles elles sont situées, tout comme les taux de
taxe professionnelle qui y sont fixés. Ces deux variables se
révèlent en effet plus élevées sur les territoires
les plus denses économiquement, c'est-à-dire les territoires
urbains. Pour vérifier ce constat, il convient d'analyser l'emploi et
les établissements localisés sur ces zones d'activités en
tant que révélateur de l'activité économiques
locale
5.2.3 L'activité
économique des zones d'activités
Le stock d'emplois et d'établissements des
zones d'activités de l'espace d'étude correspondent en partie aux
résultats d'opérations d'aménagement destinées
à accueillir préférentiellement les implantations
nouvelles depuis une cinquantaine d'année. Toutefois, il convient de
rappeler que ces valeurs concernent seulement les zones d'activités et
non l'ensemble de l'activité économique.
En ce qui concerne le stock d'emplois et
d'établissements des zones d'activités les données
fournies sont partielles. Ceci s'explique par la difficulté de
recensement des emplois de chaque zone d'activités, qui
nécessite, lorsque ces informations ne sont pas fournies par un
organisme ou une collectivité territoriale, de contacter chaque
entreprise sur une zone pour lui demander son effectif salariés. Ainsi,
la base de données renseigne sur le stock d'emploi de seulement 44 des
110 zones d'activités de l'espace d'étude. Pour 53 d'entre elles,
une classe d'effectif à pu être établie, mais sans
précision sur le secteur d'activité des emplois. Le nombre
d'établissements par zone d'activités est renseigné quant
à lui sur 70 des 110 zones d'activités. Dès lors,
l'analyse des emplois et des établissements des zones d'activités
de l'espace d'étude se révèle parcellaire, toutefois, elle
nous permet d'appréhender la teneur de l'activité, sans pour
autant servir de référentiel.
5.2.3.1 L'emploi
des zones d'activités
Au regard des données disponibles concernant les stocks
d'emplois des zones d'activités, et afin d'en faciliter l'analyse,
celles ont été hiérarchisées en fonction de 8
classes :
- de 1 à 10 emplois
- de 11 à 20 emplois
- de 21 à 50 emplois
- de 51 à 100 emplois
- de 101 à 200 emplois
- de 201 à 500 emplois
- de 500 à 1 000 emplois
- de 1 000 à 1 500 emplois
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny50.png)
Carte 2.12 : l'emploi des zones
d'activités en 2007
Plusieurs secteurs se distinguent sur l'espace d'étude
en termes de volumes d'emploi. Tout d'abord dans le Roannais. Sur les six zones
d'activités représentées sur la carte 2.12, trois ont un
effectif salariés compris entre 20 et 200, les trois sont comprises dans
les classes 201 - 500124(*), 501 - 1000125(*) et 1 001 - 1 500126(*). Le manque d'information ne nous permet pas de mener
plus loin l'analyse de l'emploi des zones d'activités du roannais,
toutefois, celles qui y sont localisé représentent un stock
d'emploi important.
En ce qui concerne les 14 zones d'activités des
communautés de communes du Pays de l'Arbresle, une classe d'emploi
à été fixée pour chacune. Cinq comptent entre 21 et
50 emplois127(*), la ZA
des Garelles entre 51 et 100 emplois, quatre entre 101 et 200 emplois128(*). Puis viennent les ZA de
Montepy, avec un volume d'emploi situé entre 201 et 500, la ZA des
Oncins, entre 51 et 1 000 emplois, et enfin la ZA de la
Ponchoniére, qui accueille le plus gros volume d'emplois, avec un stock
situé entre 1 001 et 1 500 emplois. Ainsi, avec
l'agglomération roannaise, les zones d'activités de la
communauté de communes du Pays de l'Arbresle constituent les pôles
les plus importants de l'espace d'étude en termes de volume d'emplois.
Le volume d'emplois des zones d'activités de la communauté de
communes du Pays de Tarare doit également être très
important, mais faute d'informations suffisantes, ceci ne peut être
étayée.
Les six zones d'activités de la communauté de
communes de Feurs en Forez comptent 418 emplois en 2007. Mais ces zones
n'accueillent pas toutes le même volume d'emplois, car parmi celles-ci,
la ZA de pré coton compte 5 emplois tandis que la ZA Forum I en compte
169. Le volume d'emplois des zones d'activité est à peu
prés similaire sur la communauté de communes du Pays
d'Astrée, avec au total 496 emplois. Sur ce territoire également
les zones accueillent des volumes d'emplois différents, avec le minimum
sur la ZA de la Varenne, qui compte moins de 5 emplois, et la maximum pour la
ZA des Places sur laquelle sont localisés 244 emplois. Le volume
d'emplois des zones d'activités de la communauté de communes du
Pays de Balbigny s'avère cependant légèrement
supérieur, avec au total 537 emplois repartis sur les trois zones
d'activités de la communauté de communes.
Les trois zones d'activités recensées sur le
territoire de la communauté de communes du Pays entre Loire et
Rhône ne dépasse pas 100 emplois chacune. Puis, les neuf zones
d'activités des communautés de communes des Montagnes du Haut
Forez, du Val d'Aix et d'Isable et du Pays d'Urfé se
révèlent moins bien dotées en emplois, car il s'agit en
effet de territoires peu densément peuplés, dont
l'activité économique est moindre. Ainsi, trois zones comptent
moins de 10 emplois chacune129(*), trois comptent de 10 à 50 emplois
chacune130(*). La ZA de
la Pra, avec 143 emplois, ZA des Grandes Terres, qui compte 93 emplois, et la
ZA de Pralong, qui en compte 118, sont les zones d'activités les mieux
fournies en emplois.
L'emploi des zones d'activités est donc
révélateur d'un certain développement économique.
Plusieurs territoires peuvent ici être différenciés du
point de vu des volumes d'emplois des zones d'activités qui y sont
localisées. D'abord les mieux fournies en emploi, c'est-à-dire
les communautés de communes du Pays de Tarare, du Pays de l'Arbresle et
du Grand Roanne. Il s'agit de territoires urbains, ou l'activité
économique est dense, et comme cela a été souvent
constaté dans cette partie, il s'agit des pôles forts de l'espace
d'étude. Puis viennent les territoires
« intermédiaires », qui comptent sur leurs zones
d'activités de nombreux emplois (autour de 500 totalisés pour
chacune de ces collectivités). C'est le cas pour la communauté de
communes de Feurs en Forez, du Pays d'Astrée et de Balbigny. Enfin, les
emplois localisés sur les zones d'activités des territoires
ruraux sont logiquement plus restreint.
5.2.3.2 Les
établissements et les secteurs d'activités
Comme pour l'emploi des zones d'activités, les
données relatives au établissement économiques et à
leurs secteurs d'activités sont restreintes. Toutefois, l'analyse des
informations disponibles révèle de nettes disparités
numériques et spatiales selon le secteur considéré.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny51.png)
Carte 2.13 : Nombre et secteur
d'activité des entreprises localisées sur les zones
d'activités de l'espace d'étude en 2007
Deux secteurs d'activités dominants se distinguent sur
les zones d'activités de l'espace d'étude. Il s'agit tout d'abord
de l'industrie. Concernant ce secteur, les disparités spatiales sont
très importantes, car sur une grande majorité de zones
d'activités de l'espace d'étude, au moins un établissement
de ce type a été recensé. Etant données la
spécialisation de certains territoires de l'espace d'étude, les
entreprises industrielles textiles ont fait l'objet d'une attention
particulière. Ce sont sur les territoires de la communauté
d'agglomération du Grand Roanne et des la communauté de communes
du Pays de Balbigny et de Feurs en Forez que les entreprises industrielles sont
les plus nombreuses dans les zones d'activités. Puis, dans les
territoires limitrophes des communautés de communes du Pays
d'Astrée, du Pays des collines du Matin et des Vals d'Aix et d'Isable,
elles sont également bien présentes. Il s'agit en effet de
territoires traditionnellement spécialisées dans l'industrie,
comme cela a été mis en évidence plus haut. En ce qui
concerne la communauté de communes du Pays de Tarare, les entreprises
industrielles localisées sur les zones d'activités sont
nombreuses, mais faute de données précises, il est impossible de
caractériser précisément leur nombre. Puis, sur les zones
d'activités de la communauté de communes du Pays de l'Arbresle,
l'industrie textile est dominante. Il s'agit d'entreprises qui produisent des
tissus spéciaux pour utilisation industrielle ou encore médicale.
L'industrie textile est aussi bien représentée sur les zones
d'activités du Grand Roanne, il s'agit en effet d'un secteur
traditionnel sur ces territoires, qui reste encore un secteur d'importance.
Les entreprises de commerces dominent aussi sur les zones
d'activités de l'espace d'étude. Celles-ci sont souvent
concentrées dans des zones d'activités
spécialisées, comme c'est le cas sur la ZA de Forum I de Feurs
où 19 ont été recensées. Une concentration
importante est également mise en évidence sur les zones
d'activités du Grand Roanne. En effet, les commerces se localisent la
plupart du temps à proximité de la clientèle potentielle,
d'où une localisation privilégiée dans les
agglomérations et les bourgs-centre.
Seules deux entreprises du secteur primaire localisées
sur zones d'activités ont été recensées, à
Feurs et à Boën. Il s'agit d'un secteur très minoritaire.
Les entreprises du bâtiment et de génie civil agricole (BGCA) ne
présentent pas une localisation déterminées, on les
retrouve sur plusieurs zones d'activités, notamment sur celles
situées sur les territoires des communautés de communes du Pays
d'Astrée et de Feurs en Forez.
Les entreprises de transport de localisent quant à
elles sur les zones d'activités proches d'axes routiers d'importance.
Sur le territoire de la communauté de communes du Pays d'Astrée,
ces entreprises sont concentrées autour de la RN89, alors que sur les
zones d'activités des communautés de communes des Montagnes du
Haut forez et des Vals d'Aix et d'Isable, c'est sur les abords de l'A89
Clermont-Ferrand - Balbigny que sont localisées les entreprises de
transport. La même organisation spatiale est observée les long de
La RN7 et de la RN82.
Pour terminer, les entreprises d'autres services, les garages
automobiles, ou encore les entreprise spécialisées dans la
publicité, se repartissent d'une façon similaire aux commerces.
Ainsi, elles se concentrent dans les agglomérations ou les
bourgs-centre, même si il convient de nuancer ce constat, car quelques
communes rurales accueillent ce type d'entreprises.
Selon les secteurs d'activité considérés,
une logique de localisation est mise en avant, ce qui confirme les constations
effectuées plus haut. Pour les entreprises industrielles, leurs
localisations dépendent largement de l'histoire industrielle des
territoires. Sur l'espace d'étude, l'industrie textile est très
présente depuis plus d'un siècle, ce qui explique une
densité importante d'entreprises industrielles sur les zones
d'activités des territoires des monts du Lyonnais, du Tararois, de la
plaine du Forez ou encore du roannais. Les entreprises de transport se
localisent quant à elle de façon privilégiée dans
les zones d'activités situées à proximité d'axes
routiers d'importance, c'est-à-dire l'A89, la RN7, la RN88 et la RN82.
Pour les commerces et les entreprises « d'autres
services », leurs localisations dépendent d'une part de la
densité de population des communes ou des agglomérations, mais
aussi de la spécialisation des zones. Quant aux entreprises du secteur
primaire, elles sont très peu représentées, mais se
situent dans les zones d'activités localisées dans des
territoires ruraux, ou à proximité de ceux-ci.
Les zones d'activités recensées se repartissent
sur l'espace d'étude de façon progressive d'Est en Ouest, selon
les trois tronçons considérés. C'est aux abords de
l'agglomération lyonnaise qu'elles sont les plus nombreuses, mais aussi
où l'espace disponible est le plus restreint. En effet, les zones
d'activités des communautés de communes du Beaujolais - Val
d'Azergues et du Pays de l'Arbresle sont remplies à près de 95%,
tandis que dans la plupart des autres territoires, ce taux de remplissage
avoisine les 50%. D'une manière générale, les zones
d'activités de l'espace d'étude sont bien remplies, ce qui
confirme qu'elles ont une réelle cohérence vis-à-vis de la
demande de localisation. Nous avons pu constater, durant cette analyse, que
l'annonce du projet A89 a véritablement joué le rôle de
multiplicateur de zones d'activités, car dès 1987, leurs nombres
s'accroît d'une façon spectaculaire. Bien sûr, ce
phénomène n'est à mettre au compte du seul fait de
l'annonce de l'autoroute, mais son rôle est quasiment certain. Ce constat
accrédite la vraisemblance de l'existence d'un modèle
d'évolution temporel déjà mis en évidence dans le
cadre des observatoires des autoroutes A71, A39 et A89.
Concernant les aspects financiers, nous avons pu constater que
le prix des terrains en zones d'activités et le taux de la taxe
professionnelle des territoires sont supérieurs dans les espaces
à dominante urbaine. Ce constat est d'autant plus flagrant sur les
territoires situés à proximité de l'agglomération
lyonnaise. On constate en effet, d'Ouest en Est, que les prix des terrains et
les taux de taxe professionnelle augmentent progressivement à l'approche
de la capitale régionale. Ceci souligne une nouvelle fois le poids de
l'agglomération lyonnaise sur les territoriales limitrophes.
A l'issue de cette analyse, nous pouvons regretter le manque
de données concernant certains aspects des zones d'activités, et
plus particulièrement dans la partie rhodanienne de la l'espace
d'étude. Par exemple, l'emploi et le nombre d'établissements des
zones d'activités auraient permis d'étayer cette étude.
Une zone d'activités est « un espace
aménagé selon une démarche volontariste par un agent (ou
acteur) en vue d'être commercialisé, c'est-à-dire vendu ou
loué, à des entreprises ou à des organismes, afin que
ceux-ci puissent exercer leur activité économique 131(*) ». La plupart du
temps, le choix d'implanter une zone d'activités se fait dans le cadre
de collectivités territoriales. Face à la mise en service
programmée d'un axe autoroutier, il s'agit d'une des mesures favorites
pour valoriser économiquement l'infrastructure dans les territoires
qu'elle dessert. Afin d'appréhender le rôle des acteurs
institutionnels dans l'élaboration puis la mise en oeuvre de mesures de
valorisation, il est apparu intéressant de contacter les
intercommunalités de l'espace d'étude afin de déterminer
les politiques de valorisation d'ores et déjà
élaborées
6 LE RÔLE DÉTERMINANT DES ACTEURS DANS
L'ANTICIPATION DES « EFFETS » INDUITS
La création d'une autoroute est une entreprise longue
qui implique de nombreuses étapes (première partie). Au cours de
ce processus, une multitude d'acteurs intervient, à tous les niveaux et
selon des logiques diversifiées inhérentes, au cadre dans lequel
ils interviennent. Les schémas d'action de ces acteurs se
révèlent donc complexes et mouvants, si bien qu'il semble
impossible d'établir des « processus types », qui
auraient valeur de référence pour aborder les logiques d'acteurs.
Avec la mise en service d'une autoroute, un enjeu majeur de
développement local apparait : comment transformer des gains
d'accessibilité apportés par l'autoroute en facteur
d'attractivité socio-économique ? Il s'agit donc, dans le cadre
de cette étude, de tenter d'analyser le rôle des acteurs du
territoire dans l'anticipation et la valorisation du futur axe autoroutier A89
Balbigny - La-Tour-de-Salvagny concernant le développement
économique local. L'analyse menée ici s'inscrit dans l'approche
systémique en renseignant sur l'entité acteurs
institutionnels locaux. Il s'agira donc de déterminer le profil des
actions menées, les moyens mis en oeuvre pour attirer les entreprises,
le degré de collaboration, le poids et le rayonnement des acteurs. Cette
entité est fondamentale dans le fonctionnement du
système de localisation des activités, car ce sont les acteurs
qui formalisent concrètement le lien entre entreprises et territoires,
et donc à un certain degré, entre offre et demande de
localisation. Mais avant toute chose, il convient de préciser l'approche
qui sera développée ici, tout en situant la place
considérée de l'acteur dans les processus de dynamique
territoriale.
« L'arriver » d'une autoroute sur un
territoire modifie le fonctionnement, les dynamiques de celui-ci. Afin
d'appréhender les processus qu'implique le projet, puis la mise en
service de l'infrastructure autoroutière relatif à l'action des
acteurs concernant les projets de développement économique, la
notion de territoire semble peu opératoire. En effet, le territoire est
« un résultat, une réalité ». Il
s'agit, lorsque l'on évoque le territoire, de donner ses
caractéristiques majeures en termes d'identité, de gouvernance ou
encore de décrire les systèmes productifs locaux. Ainsi, le
territoire abordé en tant que tel semble « inerte »,
représentatif d'une situation à un moment donné, et l'on
perçoit difficilement les dynamiques qui l'animent, et qui sont souvent
présupposées sans que la notion permette de les expliciter. Si
bien que, comme le suggère B. PECQUEUR132(*), nous préférerons ici utiliser la
notion de territorialité, qui véhicule une dimension
dynamique absente dans la notion de territoire : celle-ci « est
l'expression des comportements des acteurs qui font le territoire ».
Ainsi, c'est l'action et la perception des acteurs qui se trouve au centre des
dynamiques territoriales, ou de la territorialité, et plus
spécifiquement pour cette étude « les processus de
développement et de création de valeurs ». Selon
l'approche de B. PECQUEUR, ce sont donc les dynamiques territoriales, plus que
les territoires, qui sont confrontées aux mutations économiques.
La notion de tectonique des territoires qu'il introduit alors tente de
représenter la complexité des dynamiques territoriales. Il s'agit
« de mouvements longs et souterrains, générateurs
d'événements dont la nature n'est pas purement économique
mais aussi culturelle, sociale et politique et dont il faut porter l'attention
pour pouvoir appréhender le fait économique
territorial ». En association avec cette notion, B. PECQUEUR
évoque l'intermédiation territoriale, qui fait de ces
territoires « des lieux de manifestation et de concrétisation
des processus d'acteurs ». Le territoire devient donc le support
d'intermédiations entre de multiples « trajectoires
d'acteurs », ce qui permet ainsi de lier local et global. Dans cette
perspective, le territoire n'est pas un lieu géographique limité
avec des caractéristiques données, mais une entité
mouvante dans l'espace et dans le temps, dont l'acteur « est
considéré comme l'un des éléments centraux [...] au
point de ne faire qu'un avec celui-ci »133(*).
Il s'agit donc de s'interroger sur « les implicites
qu'accompagnent nécessairement le recours au concept de
territoire », et donc des dynamiques qui l'animent :
« le territoire est une scène où se jouent des
représentations en plusieurs actes : l'acteur y est donc
omniprésent »134(*). L'impact sur les dynamiques territoriales qu'induit
la mise en service d'une autoroute relève donc entièrement de
logiques d'acteurs. Mais qui sont les acteurs qui interviennent et qui agissent
quant à la détermination, puis à l'application des
politiques mises en place afin de valoriser l'opportunité qu'apporte une
infrastructure autoroutière ? Quelles formes prennent ces projets,
ces actions concernant le développement économique local ?
Par quels acteurs, et dans quels cadres, sont-ils animés ?
6.1 Acteurs et
valorisation de l'opportunité autoroutière
Les études faites sur les apports des infrastructures
se limitent fréquemment à des conclusions d'ordres statistiques.
Pourtant, on n'étudie pas toujours simultanément les
résultats et les mesures d'accompagnements nécessaires pour y
parvenir. Car étudier les seuls apports d'une infrastructure fait courir
le risque de croire que celle-ci a automatiquement un effet sur le territoire
qu'elle dessert. Il convient donc de comprendre comment les effets
observés ont pu se produire. Ceci nécessite de soulever la
question du rôle et des jeux d'acteurs. « Il s'agit de
comprendre le processus de formation de « l'effet »
transport, en mettant en relation les résultats observés et les
mesures qui ont pu les provoquer »135(*). Ainsi, à l'étude des résultats
s'ajoute celui des mécanismes. C'est ce qui sera tenté dans cette
partie, en essayant d'appréhender le rôle des acteurs au travers
des politiques de valorisation qu'ils mettent en oeuvre pour attirer ou garder
les entreprises sur leur territoire.
6.1.1 Les stratégies mises en
oeuvre pour valoriser l'autoroute
6.1.1.1 Les acteurs
concernés par la valorisation autoroutière et leur cadre d'action
L'hétérogénéité spatiale
repérée sur les territoires, tout comme les disparités qui
se révéleront après la mise en service du futur
« barreau » A89, trouve, et trouvera ses explications dans
l'action menée par les acteurs des territoires136(*). Les acteurs territoriaux
qui prennent part dans la valorisation de l'autoroute se situent à la
fois très en amont de la mise en service de l'autoroute, durant la phase
de projet et de construction, et en aval, c'est-à-dire après son
ouverture (figure 2.4).
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny52.png)
Figure 2.4 : Les acteurs
concernés par la valorisation de l'autoroute
Il paraît peu pertinent, dans le cadre de ce
mémoire, de décrire le rôle et le champ d'action de chacun
de ces acteurs, car nous porterons plus particulièrement notre attention
sur les acteurs locaux, dans la mesure où ce sont eux qui affichent la
plus grande volonté de valoriser les territoires desservis par
l'autoroute. Car en plus d'être les premières concernées,
ce sont en effet les collectivités territoriales qui fondent les plus
grands espoirs quant aux retombées économiques potentielles de
l'autoroute. Dés lors, ce sont surtout les actions entreprises dans le
cadre des intercommunalités qui seront abordées ici, car sur
l'ensemble de l'espace d'étude se sont formés des EPCI dont la
vocation est, entre autres, d'assurer le développement économique
du territoire en créant et en gérant, par exemple, des
pépinières d'entreprises ou encore des zones d'activités
d'importance.
Les stratégies initiées autour de l'autoroute se
révèlent complexes, notamment en raison des nombreuses
dispositions réglementaires et législatives, qui, depuis le
début des années 1980 et les grandes lois de
décentralisation, ont modifié régulièrement les
systèmes d'action sur les territoires137(*). Les principaux textes sont : la loi dite
« Bouchardeau », en 1983, préconise une consultation
démocratique du public en amont, puis la circulaire dite
« Bianco », en 1992, insiste sur la concertation des
maîtres d'ouvrage. La loi dite « Barnier », en 1995,
est axée quant à elle sur la protection de l'environnement. La
même année, la loi dite « Pasqua » a
créé les Schémas Nationaux et Régionaux
d'Aménagement du Territoire, remplacé en 1999 pas les
schémas de services collectifs. La LOADDT, dite « loi
Voynet », en 1999, intègre quant à elle les contraintes
liées au développement durable138(*)...Autant de dispositions législatives qui
contraignent les politiques d'aménagement des territoires
initiées à toutes les échelles, qu'elles soient
d'envergure régionale ou intercommunale.
Mais le cadre législatif, décrit partiellement
ici, ne détermine pas pour autant les stratégies mises en oeuvre
par les acteurs locaux pour développer, aménager, maîtriser
la potentialité offerte par l'autoroute. Celles-ci prennent diverses
formes et touchent plusieurs domaines.
6.1.1.2 Les
différents types de stratégies
C'est pour profiter au maximum des opportunités
offertes par l'autoroute que les collectivités territoriales mettent en
oeuvre des mesures d'accompagnement vis-à-vis du futur axe autoroutier.
Celles-ci s'articulent principalement autour de trois points139(*) :
Dans un premier temps, les projets visant à
développer le tourisme, qui consistent d'une part à
accroître la lisibilité des potentialités touristiques des
territoires, et passant la plupart du temps par des actions sur les
capacités d'hébergements, mais aussi de communication. Ensuite,
ce sont des actions de promotion de la ville, de la région, de
l'infrastructure qui sont menées. Elles s'apparentent la plupart du
temps à du marketing territorial, c'est-à-dire une franche
promotion, basée sur une communication volontariste. Enfin, ce sont les
actions économiques en faveur des entreprises qui retiendront ici
particulièrement notre attention. Celles-ci passent la plupart du temps
par des créations ou des extensions de zones d'activités. La mise
en place de mesures d'accueil pour les entreprises est également requise
et concerne la qualité de l'accueil humain, les aides
financières, etc.
La création ou l'extension de zones d'activités
est l'effet de valorisation d'un axe autoroutier le plus évident. En
effet, elles matérialisent territorialement et stratégiquement
les actions menées par les acteurs locaux. A ce titre, il est couramment
admis qu'un territoire sans offre performante en la matière pourrait
gâcher les avantages qui pourraient être liées à sa
situation stratégique ou à sa bonne accessibilité
nouvelle, acquise grâce à la proximité
autoroutière140(*). Il convient donc pour les acteurs de positionner
leur territoire sur le marché du foncier économique,
c'est-à-dire « de mettre en valeur son capital
économique et, compte tenu de la concurrence en la matière, de
mettre en évidence ses spécificités par rapport aux
territoires rivaux. Ainsi, un positionnement réussi correspond à
une bonne adéquation entre des avantages recherchés par les
entreprises et ceux proposés par les acteurs
territoriaux »141(*).
La mise en service d'un axe autoroutier est donc une
opportunité à saisir pour valoriser les territoires desservis, et
faciliter ainsi un développement cohérent. Mais ces mesures, pour
être efficaces, nécessitent plusieurs conditions...
6.1.1.3 Conditions
de réussite des politiques mises en oeuvre
Les études réalisées dans le cadre de
l'observatoire A39 nous apportent de nombreuses réponses quant aux
conditions de réussite des politiques de valorisations
autoroutières. Il s'agit des thèses d'E. FAIVRE142(*) et de M.A.
LANNEAUX143(*), et du
rapport d'étude de BERION P. et de MATHIEU P144(*). Ces études mettent
en évidence deux paramètres majeurs qui s'avèrent
prépondérants dans la réussite des stratégies de
gouvernance menées par les acteurs locaux.
- Leurs capacités à collaborer
localement : l'élaboration de projets communs est en effet
primordiale quant à l'efficacité et à la cohérence
des actions menées. La loi 1% paysage et développement,
votée en 1995, en est le parfait exemple. En mobilisant 1% du montant
des investissements nécessaires à la construction de l'autoroute,
l'Etat et le concessionnaire participent au financement d'actions
paysagères et économiques. Cette loi incite au partenariat entre
collectivités locales, puisque seules les actions à
caractère intercommunal sont financées. Ainsi, le recours
à des structures collectives et les représentations que se font
les différents acteurs de leur engagement commun (justification et
intensité qu'ils attribuent à ces actions) donneront naissance
à plusieurs types d'action de valorisation de l'autoroute dont
dépend en partie la capacité d'attirer des entreprises.
- Leurs capacités à être soutenues par
des acteurs leader : « Un acteur leader est un acteur
capable de porter dans le temps un projet tant institutionnel que politique, et
ce, aux différentes échelles de décision. Pour mener
à bien le projet, il va adopter une position conforme au rôle pour
lequel il est reconnu, quitte à jouer sur de nouveaux registres de
l'action ou de s'inscrire dans une autre perspective territoriale que celle qui
est, à l'origine, la sienne »145(*). La présence d'un
acteur autour duquel se noue un consensus des différents acteurs est
primordial, mais son envergure doit être à la fois nationale et
locale. Sa capacité à activer ses réseaux de relation avec
différents partenaires politiques, institutionnels mais également
économiques matérialise son influence. Ces processus sont
extrêmement importants dans la mesure où « le plus dur
est d'accéder aux sphères décisionnelles centrales et
seuls les réseaux le permettent »146(*). Toutefois, dans certain cas
l'hégémonie d'un acteur local fort peut faire
« exploser » le consensus, mais il paraît clair que
sa présence est source de réussite.
Mais ces conditions seules, abordées intemporellement
par rapport au processus d'annonce puis de la construction de l'autoroute, ne
suffisent pas à garantir le succès certain des actions et projets
entrepris par les acteurs locaux. Car à plus petite échelle
spatiale, et sur la période annonce - mise en service de l'autoroute,
les acteurs doivent faire preuve d'un certain volontarisme et éviter
l'attentisme. En effet, lors du processus décisionnel de la
création de l'infrastructure, le dialogue et la concertation entre tous
les acteurs permettront déjà une meilleure coopération
ultérieure. Puis, lors de l'élaboration précise du
tracé, les anticipations sur les documents d'urbanisme, comme la
détermination d'une réserve foncière en vue de
l'implantation d'une future zone d'activité, s'avère
également d'une grande importance quant aux stratégies
territoriales. Lors de la phase de valorisation, la coopération et
l'influence d'un acteur fédérateur engendrent
généralement une bonification des projets et du territoire.
Les acteurs plus ou moins concernés par la nouvelle
infrastructure influencent donc considérablement la réussite des
projets de valorisation de l'autoroute. Les actions qu'ils mènent sont
inscrites dans le long terme, c'est-à-dire à la fois très
en amont de la création de l'infrastructure, jusqu'à la phase de
valorisation. La perception et l'opinion des acteurs locaux, qu'ils soient
institutionnels ou économiques, vis-à-vis du futur axe sont
également d'une grande importance car ils conditionnent grandement les
actions ou « non-actions» qu'ils entreprennent.
6.1.2 Des actions inscrites sur le long
terme, qui dépendent de l'opinion et de la perception des acteurs
locaux
6.1.2.1 Le facteur
temps : des effets d'annonces aux effets de valorisation?
Les actions menées par les acteurs locaux pour
valoriser l'opportunité de l'infrastructure répondent donc
à une logique temporelle. Afin de faciliter l'appréhension de ces
périodicités, nous différencierons ici les actions
menées suite à l'annonce de la création de
l'infrastructure autoroutière (effets d'annonce), et celles
consécutives à la déclaration d'utilité publique
(DUP), qui confirme la construction et précise le tracé de la
future infrastructure (effets de valorisation), même si depuis 1987, ces
phases se sont répétées successivement...
Le thème des effets d'annonce a
été initié par J. VARLET dans le cadre de l'observatoire
A89. Il s'agissait d'étudier « les effets provoqués par
l'annonce d'un projet de construction d'une autoroute, qui se produisent entre
le moment ou sa création est officialisée et le début des
travaux de construction147(*) ». Or, en ce qui concerne le
« barreau » A89 et durant la période de
réalisation de cette étude, les projets et actions entreprises
par les acteurs locaux, destinés à valoriser le tronçon
autoroutier, ne répondent plus aux effets d'annonce. Il s'agirait
plutôt d'effets de valorisation.
La temporalité des actions menées autour du
futur tronçon A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny est
particulière. Elle est liée à la fois aux particularismes
territoriaux, mais aussi aux contextes politiques locaux et globaux :
« la vie de la portion d'autoroute entre Balbigny et
La-Tour-de-Salvagny n'est décidément pas un long fleuve
tranquille »148(*). En effet, lorsqu'en 1987 l'autoroute transversale
A89 est inscrite au schéma directeur routier national (SDRN), il
était prévu que le « barreau » A89 devait
être mis en service dans les mêmes délais que l'ensemble de
l'autoroute. Mais en 1995, alors que le choix de la bande des 300 mètres
est validé après consultation des élus, associations et
services, la commission européenne impose à la France de
reprendre la procédure d'attribution de la concession de cet axe
à ASF, ce qui provoque en 1997 la suspension du projet. En 2000, une
décision favorable de la cour européenne de justice permet de
relancer le dossier, qui aboutit le 17 avril 2003 à la
déclaration d'utilité publique149(*).
Comme nous avons pu l'observer, l'annonce du projet A89 a
engendré une multiplication de l'offre en terrain d'accueil pour les
entreprises sur l'ensemble des territoires de l'espace d'étude, et ceci
jusqu'en 2006, comme cela a été observé tout au long de
l'axe A89 de Bordeaux à Clermont-Ferrand150(*), ce constat confirmant ainsi
une nouvelle fois la vraisemblance d'un modèle d'évolution
temporelle. Pourtant, malgré l'incertitude quant à la
réalisation de ce tronçon entre 1997 et 2000, le rythme de
création de zones d'activités est resté le même que
celui observé depuis 1987 (figure 2.2). Ceci suggère que la
croissance de l'offre en terrain à vocation économique ne
répondait pas seulement à l'effet d'annonce de l'autoroute, mais
que les actions entreprises par les collectivités territoriales dans la
création de zones d'activités semblaient vouées à
satisfaire les demandes de la part d'entrepreneurs. Ainsi, il convient une
nouvelle fois de relativiser une relation que l'on pourrait penser
linéaire entre annonce de l'autoroute et créations de zones
d'activités, car même si l'effet d'annonce semble
indéniable, il se conjugue à de multiples facteurs dont
l'importance est variable selon les périodes
considérées.
Afin d'accompagner économiquement le
« barreau » A89 et d'éviter les effets
négatifs attribués à l'autoroute, c'est-à-dire en
tant « qu'accélérateur de tendance en favorisant les
zones préalablement dynamiques au détriment des zones en
déclin151(*) », les services de l'Etat avaient
incité les collectivités locales du département du
Rhône à établir un plan de développement
économique. Ainsi, en 1994, un comité de développement
économique (CDE) d'A89 a été mis en place. Situé
à Villefranche-sur-Saône, il a été
créé à la demande du préfet du Rhône afin
« de mobiliser les acteurs économiques en fournissant des
informations et en lançant des réflexions pour susciter des
dynamiques, suggérer des idées en livrant aux
collectivités locales le contenu d'études subventionnées
par l'Etat, et proposer les prestations de services de l'Etat aux
collectivités locales compétentes en matière
d'aménagement de l'espace et de développement économique,
afin de les aider à formaliser leur réflexion et de les
transformer en plan d'action152(*) ». Ce comité regroupait les
communautés de communes du Pays du Bois d'Oingt, du Pays d'Amplepuis -
Thizy, du Pays de l'Arbresle, du Pays de Tarare, du Beaujolais - Val
d'Azergues, du Beaujolais - Saône - Pierres Dorées, de la Haute
vallée d'Azergues, des Monts d'or - Azergues et la communauté
d'agglomération de Villefranche-sur-Saône. En septembre 1996, ce
comité a évolué pour devenir un syndicat mixte. Ce
syndicat mixte, qui regroupait des collectivités locales aux
intérêts divergents, et face aux incertitudes quant à la
mise en service, entre 1995 et 2000, du « barreau A89 »,
semble s'être essoufflé. En effet, les entretiens
réalisés avec les responsables du développement
économique des communautés de communes du Rhône n'ont que
rarement révélé l'action et le rôle de ce syndicat
vis-à-vis du futur axe autoroutier. Aussi, seul G. LASALLE, le
responsable du développement économique de la communautés
de commune du pays de l'Arbresle a rapidement évoqué son
existence, sans pour autant insister sur les actions menées dans son
cadre qui concernant la valorisation ou des mesures d'accompagnement relatives
au futur axe A89. De plus, les recherches effectuées sur les actions
actuelles de ce syndicat mixte n'ont rien donné, et il est impossible
ici de préciser ce qu'il en est exactement. Nous savons juste que deux
projets de schéma de cohérence territoriale153(*) (SCOT) sont actuellement
à l'étude.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny53.png)
Figure 2.5 : effets d'annonce et
d'anticipation du « barreau » A89
L'effet d'annonce constaté par la hausse des
créations de zones d'activités depuis 1987, associé
à l'existence « trouble » du syndicat mixte qui
regroupait les EPCI du Rhône, semble révéler des
périodicités particulières quant aux actions des acteurs
locaux pour valoriser l'autoroute (figure 2.5). En effet, entre 1987 et 1994,
des effets liés à l'annonce de l'autoroute sont constatés
(croissance des créations de ZA), clôturés par la
création du comité d'expansion économique de l'A89 qui
symbolise l'entrée dans une période d'effets de valorisation.
Puis, entre 1995 et 2000, une phase d'incertitude s'installe quant à la
mise en service effective du « barreau » A89 avec la
suspension du dossier en 1997, mais le projet se poursuit en 2000. Une nouvelle
période d'effets d'annonce est alors constatée de 2000 à
2003, année de la DUP. Depuis, les actions et projets entrepris par les
acteurs des collectivités locales sont véritablement inscrits
dans une phase de valorisation, car la mise en service du futur tronçon
est maintenant assurée.
Depuis l'inscription de l'A89 au SDRN en 1987, les actions et
démarches entreprises par les acteurs locaux se divisent en deux phases
d'effets d'annonce puis en deux phases d'effets de valorisation,
entrecoupées par une période d'incertitude quant au projet du
« barreau » A89. La « vie
mouvementé » du projet A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny a
ainsi grandement influencé les politiques de valorisation, notamment en
ce qui concerne les coopérations intercommunales dans le
département du Rhône. Toutefois, de nombreuses informations
manquent pour pouvoir étayer davantage ce constat, et il conviendrait
d'affiner cette analyse.
Lors de la phase d'acquisitions de données
auprès des collectivités territoriales de l'espace
d'étude, plusieurs structures intercommunales se sont montrées
méfiantes, et l'échange n'a jamais été possible,
particulièrement pour celles contigües à l'ouest de
l'agglomération lyonnaise. Nous supposions plus haut que ceci devait
être en partie le fait d'une opinion défavorable vis-à-vis
du futur axe A89, mais qu'en est-il réellement?
6.1.2.2 Acteurs
institutionnels et acteurs économiques : la question de l'opinion
et de la perception
L'opinion et la perception des acteurs institutionnels locaux,
c'est-à-dire les élus, qui conditionnent les politiques
menées par les cadres responsables du développement
économique au sein des collectivités territoriales, influencent
fortement les actions de valorisation liées au tronçon A89. De la
même façon, les acteurs économiques auront un comportement
vis-à-vis du futur « barreau » grandement
conditionné par l'opinion et la perception qu'ils en ont. Ces aspects se
révèlent primordiaux, comme l'a montré l'étude de
B. DEBARBIEUX au sujet de l'axe Grenoble - Genève154(*). Afin d'appréhender
l'opinion et la perception des acteurs locaux institutionnels et des acteurs
économiques, deux sources vont être exploitées. Il s'agit
tout d'abord des comptes rendus d'entretiens réalisés avec les
responsables du développement économique des EPCI (cf. annexe 1
et 2) et quelques chefs d'entreprises, mais aussi de la presse
écrite.
Les acteurs économiques, c'est-à-dire
principalement les chefs d'entreprises, ont un avis très globalement
similaire vis-à-vis du futur axe A89 Balbigny -
La-Tour-de-Salvagny : pour eux, l'attente et l'espérance est
grande. Le témoignage d'un patron d'une entreprise de transport,
localisée à Noirétable155(*), est significatif à cet égard.
Celui-ci attend beaucoup du futur tronçon, car en direction de Lyon,
l'itinéraire A89/A72 puis A47 se révèle souvent
saturé (bouchons au niveau de Givors). Aussi, sur les réseaux
secondaires, les interdictions de transits dans de nombreux bourgs ne
facilitent pas l'accès à la capitale régionale. De plus,
cet axe favorisera grandement les relations avec ses clients et apportera des
« gains de temps énormes ». Cet entretien
s'avère très intéressant dans la mesure où il
confirme que les acteurs économiques attendent beaucoup du futur axe,
même à l'extrémité Ouest de la zone d'étude,
pourtant desservie depuis 1985 par l'A72/A89. De plus, il permet
d'appréhender l'opinion, plutôt favorable, et la perception de ce
futur axe, qui devrait apporter gains de temps et facilités de relations
avec la clientèle. Ce dernier point est confirmé par
l'enquête menée auprès des chefs d'entreprises, qui jugent
l'amélioration des échanges d'affaires comme l'effet potentiel le
plus vraisemblable.
Si les acteurs économiques ont une opinion globalement
favorable quant au futur « barreau » A89, le constat est
très différent pour les acteurs institutionnels locaux. Un
clivage très net est perceptible entre les territoires de l'Ouest de la
zone d'étude, de Noirétable à Tarare, de ceux
situés à l'Ouest de l'agglomération lyonnaise. En effet,
l'association ALCALY (Alternatives au Contournement Autoroutier de
Lyon)156(*) est un
exemple significatif de l'opposition à la construction de nouvelles
infrastructures de transport routier. Cette association regroupe, entre autres,
les communes de Dommartin, de La-Tour-de-Salvagny ou encore Limonest, mais
aussi plusieurs communautés de communes dont celle des Vallons du
Lyonnais ainsi qu'une trentaine de conseillés municipaux,
généraux et régionaux. Très opposée
à la future autoroute, cette association avait, en 2005,
déposé un recours auprès du Conseil d'Etat pour s'opposer
au tracé du « barreau A89 », mais celui-ci à
été rejeté en Mars 2006157(*). Cette action fut le dernier recours de cette
association pour s'opposer à ce tronçon autoroutier.
Actuellement, elle s'oppose vivement au projet de raccordement du futur
« barreau » à l'A6, mais aussi plus
généralement au projet du contournement Ouest de Lyon (COL)...
Mais à l'heure à laquelle est
rédigé ce mémoire, il convient de souligner que la DUP
relative au tronçon Balbigny - La-Tour-de-Salvagny date de 2003, et il
semble que le projet ne serait, et ne pourrait plus être remis en cause.
G. LASALLE exprime assez nettement ce sentiment : « Au
départ, les élus et habitants n'étaient pas vraiment
favorables...Puis ils s'y sont fait ». Dés lors, il s'agirait
donc de déterminer quelles politiques de valorisation les acteurs et
collectivités qui étaient opposés au
« barreau » A89 vont mettre en oeuvre...
L'ensemble des territoires de la partie ligérienne de
la zone d'étude, mais aussi les territoires de la région de
Tarare sont très favorables au futur « Barreau »
A89, unanimement considéré comme « un ruban de
promesse »158(*). Pour J. BOURRAT, maire de Balbigny, il s'agit d'un
axe « très important », auquel il est
« très favorable ». A. DAVAL, Coordinatrice
Développement Economique et Tourisme de la communauté de communes
du Pays entre Loire et Rhône, exprime également un grand espoir
vis-à-vis du futur tronçon autoroutier, notamment « une
forte attente d'implantation d'entreprises exogènes ». Le
sentiment exprimé par G. CORTEY, responsable des questions
économiques à la communauté de communes du Pays de Tarare,
est similaire : le Tararois est « un territoire qui
souffre, la communauté compte beaucoup sur l'A89 pour revitaliser et
diversifier l'activité économique ». Dans plusieurs
quotidiens régionaux, l'engouement des acteurs locaux vis-à-vis
du futur « barreau » A89 est également bien
relayé. Par exemple, L. VAGINAY, députée UMP de la
sixième circonscription de la Loire, « se réjouit pour
le bassin de Roanne et ses 150 000 habitants »159(*) de la confirmation du projet
A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny. R. LAMY, député-maire de
Tarare, est lui aussi très favorable au futur tronçon. Il s'est
exprimé ainsi devant la commission des affaires économiques le 23
février 2006 : « Ce maillon de 53 kilomètres
représente un immense enjeu pour notre territoire qui a besoin de cette
liaison rapide avec Lyon pour être irrigué économiquement
et bénéficier pleinement de la dynamique de
Rhône-Alpes »160(*).
L'opinion des acteurs économiques vis-à-vis du
futur tronçon A89 est unanimement favorable. Ceux-ci perçoivent
en lui, notamment, les capacités de favoriser les relations avec leur
clientèle. Pour les acteurs institutionnels locaux, une
différenciation spatiale est perceptible sur la zone
d'étude : de l'extrémité Ouest à la
région de Tarare, l'opinion est très favorable, et l'autoroute y
est perçue comme un enjeu économique majeur pour les territoires.
Par contre, en ce qui concerne les territoires de l'Ouest Lyonnais, l'autoroute
est mal considérée, et sa mise en service prochaine est d'abord
perçue comme génératrice de pollutions visuelle, sonore et
atmosphérique. Ces opinions et ces perceptions semblent influencer
grandement les mesures de valorisation d'ores et déjà
initiées par les collectivités territoriales, notamment au sein
des communautés de communes...
6.2 Quel engagement
des structures intercommunales dans l'anticipation des
« effets » induits ?
Afin d'appréhender les projets d'aménagement et
les politiques de valorisation vis-à-vis du futur axe A89 d'ores et
déjà élaborées et/ou mises en oeuvre par les
collectivités territoriales, sept entretiens ont été
réalisés en avril et en mai 2007 avec les responsables du
développement économique de plusieurs structures intercommunales
(cf. annexe 1 et 2). Sur l'ensemble de la zone d'étude, les
intercommunalités sont nombreuses (21) et couvrent pratiquement tout
l'espace. De plus, celles-ci se sont formées il y a plus de 10 ans. Ces
structures sont toutes compétentes pour l'action de
développement économique, c'est-à-dire le soutien des
activités industrielles, commerciales, de l'emploi ou encore des
activités agricoles et forestières, mais aussi pour la
création, l'aménagement, l'entretien et la gestion de zones
d'activités. Dés lors, les EPCI sont à l'heure actuelle
les premières structures territoriales compétentes en ce qui
concerne l'aménagement et le développement économique
local. C'est pour cela qu'un intérêt particulier à
été porté sur les politiques de valorisations mise en
oeuvre dans leur cadre.
6.2.1 Les EPCI de l'espace
d'étude
Sur l'ensemble de l'espace d'étude, une seule commune
n'a pas intégré de structure intercommunale, il s'agit de la
commune des Salles. Le refus de cette commune d'adhérer à une
structure intercommunale « s'explique par sa large autonomie
financière née de l'autoroute A72 ». De plus,
« des rivalités existent [...] entre le Maire de
Noirétable et celui des Salles »161(*). Cet exemple est
significatif quant au rôle de l'autoroute sur la structuration
territoriale, mais le cas de la commune des Salles reste anecdotique, car sur
l'ensemble de l'espace d'étude, les intercommunalités sont
nombreuses et relativement anciennes.
Sur les 21 EPCI de l'espace d'étude, des entretiens ont
été réalisés dans sept d'entre elles. Une
série d'entretiens a été effectuée, la plupart du
temps avec les responsables des questions économiques de ces structures,
nous permettant ainsi d'appréhender notamment le fonctionnement et
l'histoire de ces coopérations intercommunales. En ce qui concerne la
communauté de communes de Balbigny, le mémoire universitaire de
V. CLADET162(*) se
consacre spécifiquement à cette structure afin d'évaluer
son positionnement vis-à-vis du futur axe A89, les politiques de
valorisation qu'elle compte mettre en oeuvre, etc. Ainsi, son cas ne sera pas
particulièrement évoqué ici, il est dés lors
conseillé, pour ceux s'intéressant à cette
intercommunalité considérée comme pôle
stratégique potentiel, d'aller consulter cette étude.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny54.png)
Tableau 2.9 : type, date de
création et fiscalité des EPCI de l'espace d'étude,
Les communautés de communes du Pays de Tarare, du Pays
de l'Arbresle et du Pays entre Loire et Rhône ne se sont pas
créées sans coopérations intercommunale antérieure.
Pour ces trois structures, l'intercommunalité en EPCI a
succédée à des SIVOM (Syndicat Intercommunal à
vocations multiples) crées à partir des années 1970, et
qui concernaient les mêmes communes. Ceci révèle une
coopération intercommunale relativement ancienne et bien ancrée.
Ces structures se sont formées, la plupart du temps, dans un but
précis. En ce qui concerne la communauté de communes du Pays
entre Loire et Rhône, A. DAVAL nous apprend quel SIVOM s'est
constitué, au début des 1980, pour faire face à la crise
économique qui a « sinistré les
territoires ». En ce qui concerne la communauté de communes du
Pays de l'Arbresle, c'est l'implantation d'un site de production Renault Truck,
dans les années 1970, qui a poussé à la coopération
intercommunale, car le site choisi se situait à cheval sur deux communes
(ZA de la Pontchonnière).
Les communautés de communes de Feurs en Forez et des
Montagnes du Haut Forez se sont quant à elles constituées ex
nihilo, surtout pour donner une cohérence territoriale aux projets
entrepris, mutualiser les investissements et donc les risques. Mais il convient
de souligner que la coopération intercommunale est très fortement
incitée par L'Etat (exemple de la loi 1% paysage et
développement).
Le regroupement de communes au sein de structures assurant de
nombreuses compétences territoriales est donc souvent suscité par
un projet ou un destin commun. Toutefois, les créations d'EPCI peuvent
aussi être le résultat d'une volonté de mutualisation des
investissements et des risques, tout en permettant de donner une
cohérence territoriale aux projets communs. La mise en service d'une
autoroute peut donc tout aussi bien susciter, ou diluer les volontés de
regroupements communaux, comme le montre le cas de la commune des Salles. Mais
en ce qui concerne les structures intercommunales de l'espace d'étude,
celles-ci se sont constituées durant la phase d'annonce de l'autoroute
A89, mais aucun élément ne nous permet de dire si elle a
été un des éléments initiateur. Quoiqu'il en soit,
nombreuses et anciennes sont les EPCI de l'espace d'étude. Mais quelles
politiques de valorisation de l'autoroute sont élaborées, et
mises en oeuvre au sein de ces structures? Plus spécifiquement, comment
comptent-elles attirer et garder les entreprises localisées sur leurs
territoires?
6.2.2 Les politiques intercommunales de
valorisation de l'autoroute
Les positionnements des intercommunalités
vis-à-vis de la mise en service prochaine du
« barreau » A89 présentent des nettes
disparités spatiales. Concernant les mesures d'accompagnement
économique, celles-ci se traduisent toujours par des actions
foncières concernant les zones d'activités : création
ou extension. Pourtant, leurs ampleurs sont variables, et l'anticipation n'est
pas la même partout. Ainsi, trois types de comportement ont pu
être observés : une forte attente conjuguée à
des politiques d'ores et déjà élaborées, une
volonté de restreindre l'extension urbaine qui pourrait accompagner la
mise en service de l'autoroute, et enfin un attentisme latent sans projet ni
politique particulière vis-à-vis du futur axe.
6.2.2.1 Une forte
anticipation et une politique volontariste
Trois structures intercommunales ont déjà
initié des projets et des actions de valorisation du futur axe
autoroutier. Il s'agit des communautés de communes de Feurs en Forez, du
Pays entre Loire et Rhône et du Pays de Tarare.
En ce qui concerne la communauté de communes de Feurs
en Forez, l'entretien s'est réalisé avec Mme A. RAOULT,
responsable du développement économique. Tout d'abord, une
demande de localisation est perceptible sur le territoire intercommunal, plus
particulièrement sur Civens et Feurs Sud, mais il s'agit
« d'un développement d'abord endogène, mais avec de
plus en plus de demandes exogènes ». Mais le rôle de
l'A89 vis à vis de cette demande croissante semble être impossible
à déterminer. Dés lors, afin de répondre à
cette demande, plusieurs extensions de zones d'activités sont
prévues. La ZA de Pré Coton, située à
Pouilly-Lès-Feurs, présente un potentiel important, mais
l'extension apparaît comme très hypothétique, car
même si la volonté est forte et que l'intercommunalité est
propriétaire des terrains, ils se situent en zone inondable dans un
secteur classé Natura 2000163(*). Sur la ZA des places, une extension de huit
hectares est prévue, sachant qu'il existe un potentiel
supplémentaire de dix hectares. Enfin, les ZA de Forum I & II
connaissent actuellement un « gros boum », avec une
possibilité de développement de 10 hectares d'ici 10 à 15
ans. La création d'une nouvelle ZA n'est donc pas à
l'étude sur la communauté de communes de Feurs en Forez, mais des
extensions de zones sont surtout privilégiées. Mr J.C. FRECON,
Maire de Pouilly-lès-Feurs et sénateur, est l'acteur
fédérateur de ce territoire. Il « met à
disposition un réseau de relations à échelle
nationale ». Les projets sont nombreux pour cette
intercommunalité dynamique, même si pour l'instant leur but est
avant tout de répondre à une demande de localisation croissante,
dans laquelle le rôle du « barreau » A89 semble
difficile à déterminer. Ces projets se traduisent principalement
par des extensions de zones d'activités.
Pour la communauté de communes du Pays entre Loire et
Rhône, c'est Mme A. DAVAL, Coordinatrice Développement Economique
et Tourisme, qui a répondu à mes questions. Nous avions vu qu'une
forte attente vis-à-vis du futur axe A89 anime cette
intercommunalité aux « territoires
sinistrés ». Elle se traduit par une « grosse
politique de réserve foncière ». La ZA des Jacquins,
située à Neulise, est le principal « levier de
développement exogène » de la communauté de
communes, qui oriente ce type d'entreprises sur cette zone. « Cette
stratégie s'applique également aux entreprises locales qui
souhaitent s'implanter sur les ZA de la communauté de communes, mais
celles-ci sont orientées vers les autres ZA du territoire ».
L'extension de la ZA des Jacquins en est actuellement à la
troisième tranche habilitée, une quatrième est en cours
tandis qu'une cinquième, et dernière, est prévue, car les
terrains seront alors épuisés. Aussi, une
« réflexion est lancée » concernant la
création d'une zone d'activités le long de la RN7. En plus de ces
mesures foncières, l'intercommunalité mène une politique
d'aide et d'accueil pour les entreprises, qui consiste à favoriser
« le portage immobilier pour les entreprises laissées pour
compte par les banques, mais qui semble porteuse ». De plus,
« La création de locaux partagés est en cours, avec des
prestations matérielles et immatérielles, du type
pépinière d'entreprises ». La communauté de
communes du Pays entre Loire et Rhône est d'ores et déjà
impliquée politiquement dans l'anticipation du futur axe A89.
Animée par une forte attente, cette structure mène
parallèlement des mesures foncières, mais aussi d'aide et
d'accueil pour les entreprises. La ZA des Jacquins est véritablement
« la vitrine » de ce territoire aux potentialités
importantes.
Mr G. CORTEY, responsable des questions économiques de
la communauté de communes du Pays de Tarare, m'a reçu pour
évoquer la situation et les politiques de valorisation
envisagées, ou d'ores et déjà mises en oeuvre, sur le
territoire intercommunal. Pour ce groupement de communes, l'attente
vis-à-vis du futur axe autoroutier est forte, d'où une
« grande anticipation » : « nous
envisageons à la fois un développement endogène et
exogène, ce qui explique la mise en place de projets
conséquents ». En effet, des demandes d'entreprises locales,
souhaitant se déplacer vers le diffuseur de Tarare Ouest, ont
déjà été enregistrées. Ainsi, « un
gros projet » de création de zone d'activités, d'une
superficie proche de 100 hectares, est déjà initiée,
malgré une mise en « stand bye » justifiée
par la proximité des élections municipales. Toutefois, elle
devrait voir le jour d'ici 2010 à proximité du diffuseur de
Saint-Romain-de-Popey. En ce qui concerne l'aide et l'accueil des entreprises
sur le territoire, le cadre d'un contrat de revitalisation économique va
permettre la mise en place d'une pépinière d'entreprises. R.
LAMY, maire de Tarare, et ancien député (lui a
succédé P. VERCHERE en juin 2007) est l'acteur leader de ce
territoire. Mais celui-ci aurait émis le souhait de ne pas se
présenter aux prochaines élections municipales, en 2008, et on
peut dès lors s'interroger sur son rôle et son influence futur.
D'importants projets sont donc menés sur cette communauté de
communes pour valoriser la potentialité du futur axe autoroutier.
Toutefois, la proximité des élections législatives et les
remaniements qu'elle pourrait engendrer sont susceptibles de modifier les
orientations politiques et la nature de ces projets.
L'anticipation de ces trois communautés de communes est
forte. Elle se traduit par des mesures de valorisation du futur axe A89 qui
consiste d'une part à satisfaire les demandes de localisations
d'entreprises, déjà perceptibles, mais aussi par la mise en place
de politiques d'aide et d'accueil pour les établissements souhaitant se
localiser sur leurs territoires. Le rôle des acteurs leaders est mis en
avant pour les communautés de communes du Pays de Tarare et de Feurs en
Forez, mais toujours en comparaison avec P. CLEMENT, ancien Garde des Sceaux et
président de la communauté de communes du Pays de Balbigny qui
s'est grandement impliqué pour appuyer le projet autoroutier. Ces
communautés de communes présentent donc une forte volonté
de profiter des « effets » qui pourrait être induits
par le futur axe autoroutier, et pour cela, elles mettent d'ores et
déjà en place des politiques volontaristes. En ce qui concerne la
communauté de communes de l'Arbresle, des mesures de valorisation sont
déjà prises, mais leur finalité n'est pas la
même...
6.2.2.2 Une
volonté de limiter l'extension urbaine de l'agglomération
lyonnaise
Mr G. LASALLE, responsable du développement
économique de la communauté de communes du Pays de l'Arbresle, a
répondu à mes questions concernant le positionnement de cette
structure intercommunale vis-à-vis du futur axe autoroutier.
Préalablement, nous avions souligné l'opposition initiale de
cette intercommunalité au projet autoroutier. Aujourd'hui, c'est surtout
un sentiment de résignation qui domine, avec toutefois des
interrogations : « Pourquoi un si grand nombre de diffuseurs sur
le secteur, pourquoi un tel projet de raccordement à l'A6,
déjà saturé ? »....
Il convient tout d'abord de rappeler l'extrême
saturation des zones d'activités de la communauté de communes,
avec un taux de remplissage de 95%! En ce qui concerne la valorisation de
l'infrastructure, des mesures relatives aux zones d'activités sont en
cours d'analyse. Des études de faisabilités pour l'extension des
ZA de Charpenay, de Montepy, de la Pontchonnière, de la Plagne et de la
Noyeraie son en cours, mais destinées essentiellement au
développement endogène. Une zone d'activités devrait
également voir le jour sur la commune de Dommartin, « qui sera
une véritable vitrine du territoire ». L'aménagement de
cette zone se voudra exemplaire, « de haute qualité
environnementale, avec des innovations... ». Cette zone sera surtout
destinée à accueillir les entreprises ayant sollicité la
Techlid pour leur implantation, car, rappelons le, les zones d'activités
du territoire de la Techlid sont complètes depuis plusieurs
années, ce qui incite cet organisme à proposer des implantations
toujours plus vers l'Ouest en négociant directement avec les
collectivités locales. Les projets d'extension de ZA sont
destinés avant tout à satisfaire les demandes de localisations
endogènes, qui se heurtent à la saturation de ces sites
d'accueil. Dés lors, la relation de ces projets avec la mise en service
du futur axe n'est pas évidente. Toutefois, le projet de la future zone
d'activités de Dommartin est bel est bien à mettre au compte d'un
effet d'anticipation. Mais celle-ci sera volontairement limitée par sa
taille, mais se voudra d'une grande qualité. Il s'agit en effet d'un
positionnement vis-à-vis du futur axe qui essayera d'en dégager
les « effets » positifs, tout en tentant de
« limiter le phénomène de périurbanisation, qui
semble inévitable ». Dès lors, la volonté de ne
pas proposer des surfaces d'accueil pour les entreprises trop importantes est
« un garde fous », une mesure politique destinée
à ralentir l'extension urbaine vers l'Ouest de l'agglomération
lyonnaise. Mr F. BARADUC, maire de Fleurieux-sur-l'Arbresle, conseiller
général du canton de l'Arbresle et président de la
communauté de communes, est considéré comme
« l'acteur leader, le sage », « c'est lui qui
porte les projets et qui apporte l'équilibre ».
Le positionnement de la communauté de communes de
l'Arbresle est donc délicat, la volonté de profiter des
« effets » induits est là, avec la création
d'une ZA vitrine du territoire, mais pour ce territoire, se protéger
contre le phénomène de périurbanisation est d'autant plus
fort. En effet, le futur axe autoroutier pourrait inciter les actifs de
l'agglomération lyonnaise à s'installer plus à l'Ouest,
sur des communes ayant gardé un caractère rural. L'autoroute
serait ainsi le « guide » du desserrement d'actif de
l'agglomération lyonnaise, et dans ce contexte, la communauté de
communes du Pays de l'Arbresle serait en première ligne...
6.2.2.3 L'absence
de mesure de valorisation
Les collectivités locales précédemment
citées ont toutes élaboré des politiques de valorisation
vis-à-vis du futur « barreau A89 », les
différents projets se distinguant de part leur envergure et les
ambitions affichées. Toutefois, les communautés de communes du
Pays d'Amplepuis - Thizy et du Beaujolais - Vals d'Azergues ne semblent pas
avoir mis en place des mesures de valorisations vis-à-vis du futur axe
autoroutier.
En ce qui concerne la communauté de communes
d'Amplepuis - Thizy, Mr FRACHISSE, responsable du développement
économique, a répondu à mes questions. En ce qui concerne
le positionnement de cette structure vis-à-vis du futur tronçon
autoroutier, « la mise en service de l'A89 étant lointaine,
pour l'instant elle n'est pas dans les esprits... ». Dès lors,
aucune politique de valorisation n'est étudiée ni
élaborée. Pour Mr FRACHISSE, ceci s'explique en partie par la
proximité des élections municipales :
« l'équipe va certainement changer, tout comme l'orientation
politique ». Toutefois, une zone d'activité devrait être
ouverte, la ZA des Granges 3, en 2009. Elle sera à vocation industrielle
et commerciale. Aussi, une pépinière d'entreprises devrait voir
le jour dans les années à venir, elle sera implantée sur
la ZA des Granges 3. La communauté de communes du Pays d'Amplepuis -
Thizy a donc plusieurs projets de développement, mais sans lien direct
avec le futur axe A89. En effet, il faudra sans doute attendre
l'échéance électorale des municipales pour voir se
dessiner des projets de valorisation.
Mme FEDOLIERE, secrétaire générale de la
communauté de communes du Beaujolais Val d'Azergues, a répondu
à mes questions concernant le positionnement de la communauté de
communes vis-à-vis du futur axe autoroutier. Les premières
interrogations, qui concernent l'histoire et l'avenir de
l'intercommunalité, m'apprennent que cette petite structure de trois
communes s'est constituée surtout dans un intérêt
financier. Mais cette petite communauté de communes « est
vouée à disparaitre, car les demandes de rationalisations sont
nombreuses ». Cette situation particulière explique en partie
le relatif attentisme de cette collectivité territoriale
vis-à-vis du futur axe A89, pour lequel l'avis exprimé est peu
clair : « on peut considérer qu'il y a autant d'aspects
positifs que négatifs »...En ce qui concerne l'extension ou la
création de zones d'activités, les potentialités
s'avèrent limitées, car « tous les terrains
intéressants sont en zone inondable ». Toutefois, des lots
sont encore disponibles sur la ZA des Près Secs. L'absence
d'anticipation vis-à-vis du futur axe s'explique donc en partie par le
manque de cohérence territoriale de cette petite structure
intercommunale, mais aussi car il s'agit de territoires relativement riches et
bien dotées en ce qui concerne l'activité économique.
Dés lors, l'opportunité de la mise en service du futur axe ne
semble pas nécessiter de mesure de valorisation particulière.
Les politiques de valorisations économiques du futur
axe A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny sont généralement d'abord
orientées vers une extension, ou la création de zones
d'activités, c'est-à-dire une augmentation de l'offre en terrains
d'accueil économiques, souvent suscitée par une demande
d'entreprises endogènes, et de plus en plus exogènes. Toutefois,
l'ampleur et les buts de ces projets se distinguent spatialement : pour
les intercommunalités ligériennes et du Pays de Tarare, ils sont
de grande ampleur, tandis qu'en ce qui concerne la communauté de
communes du Pays de l'Arbresle, en contact direct avec l'agglomération
lyonnaise, ils restent limités afin de freiner l'inexorable extension
urbaine vers l'Ouest. La communauté de communes du Beaujolais - Val
d'Azergues, « vouée à disparaitre » selon sa
secrétaire générale Mme FEDOLIERE, n'a pas
élaboré de politique particulière quant à la future
mise en service du « barreau » A89. Le constat est le
même pour la communauté de communes du Pays d'Amplepuis - Thizy,
mais les raisons sont différentes. En cause notamment, les
élections municipales de 2008.
Les projets de développements économiques
locaux, abordés ici à échelle intercommunale, peuvent
concerner aussi plusieurs EPCI, mais dans des cadres différents en
invitant des structures intercommunales à coopérer.
6.2.3 Relations et partenariats entre
intercommunalités
Afin d'assurer une meilleure cohérence territoriale des
mesures de valorisation vis-à-vis de l'autoroute, mais également
pour tenter de limiter la concurrence territoriale, les structures
intercommunales peuvent être incitées à collaborer et
à mener des projets communs. En ce qui concerne les territoires
bientôt desservis par l'axe A89, plusieurs types de partenariats sont
à distinguer, qu'ils soient à l'initiative de plusieurs
structures communales, ou qu'ils soient chapeautés par un syndicat
mixte, ou par le Conseil Général dans le cadre d'un Contrat
Territorial de Développement (CTD).
Les communautés de communes du Pays de Tarare et du
Pays de L'Arbresle ont d'ores et déjà initié un projet de
zone d'activités « inter communautés de
communes ». Elle se situerait de part et d'autre des deux
intercommunalités, le long du tracé de l'A89. G. CORTEY souligne
toutefois que ce projet est « peu tangible, car les terrains
intéressants sont classés Natura 2000, ce qui pose de gros
problèmes d'implantation ». Pour G. LASALLE, les discussions
sont en cours, et même si le processus s'avère délicat, la
zone d'activité « verra certainement le jour au moment de la
mise en service de l'autoroute ». Quoiqu'il en soit, G. CORTEY
rappelle que la concurrence est limitée entre les deux
intercommunalités, « les rapports sont plutôt bons,
même s'ils restent rares... ».
Dans le roannais, « les relations et les
collaborations sont bonnes » affirme A. DAVAL, ceci
« grâce au syndicat mixte élaboré dans le cadre
d'un contrat de Pays ». Toutefois, des dissensions peuvent exister,
mais elles se fondent sur des facteurs plus territoriaux que politiques :
« entre communes rurales et communes urbaines, les
intérêts divergent ». C'est dans ce cadre et dans ce
contexte qu'un Contrat Territorial de Développements (CTD) devrait
bientôt être signé...
« Un CTD a pour objectif de mieux restituer les
projets d'intérêts départementaux »164(*). Il s'agit d'un contrat
entre une ou plusieurs EPCI et le Conseil Général, qui arbitre et
apporte ses financements sur la base de projets de développements. Son
principal objectif est d'anticiper les « effets »
potentiels du futur tronçon autoroutier, notamment en matière de
développement économique, et d'élaborer ainsi des
stratégies de valorisation. Dans le cadre de ce CTD, plusieurs
communautés de communes devraient être concernées :
celle de Feurs en Forez, des collines du matin, du Pays de Balbigny et du Pays
entre Loire et Rhône,
On peut lire dans la quotidien Le Pays du 7 juillet 2006 que
« ce CTD sera porté par la communauté de commune de
Balbigny »165(*). Il faut en effet souligner la grande implication de
P. CLEMENT dans ce projet, président de la communauté de communes
de Balbigny et signataire des quatre CTD déjà conclus par le
Conseil Général de la Loire depuis 2003. Il a clairement pris
partie pour l'autoroute en intervenant à plusieurs reprises durant le
processus administratif et judiciaire de 2003 remettant en cause l'attribution
de la concession à ASF. Dès lors, il pourrait être un
acteur fédérateur d'importance pour ce projet de contrat, et
pourra peut-être permettre de dépasser les divergences
politico-territoriales qui opposent urbains et ruraux. Ce CTD devrait
être mis en place en 2008, c'est-à-dire au moment où les
travaux commenceront.
Troisième partie :
ESSAI DE FORMALISATION PRATIQUE ET PROSPECTIVE
7 ESSAI D'ANALYSE COMPARATIVE ET PROSPECTIVE
L'analyse menée
précédemment consistait à établir un état
des lieux relatif aux stocks et à la répartition spatiale
des entreprises et des zones d'activités de l'espace d'étude,
mais également des logiques et des comportements des acteurs
économiques vis-à-vis du choix de localisation de leur
établissement. Aussi, la perception et l'opinion vis-à-vis du
futur axe des acteurs économiques et institutionnels locaux a
été abordé, tout comme le rôle de ces derniers dans
les processus de valorisation économique de l'autoroute. Plusieurs
entretiens ont pu permettre d'évaluer le positionnement de quelques EPCI
par rapport à l'opportunité que représente la mise en
service du futur tronçon A89. Il s'agissait donc de la description en
2007, c'est à dire cinq années avant la mise en service de
l'autoroute prévue en 2012, des caractéristiques
spatiaux-économiques, mais également politiques des territoires.
Cette partie s'est construite à partir du système de localisation
des activités préalablement établi, en tentant de
renseigner sur les caractéristiques actuelles de ses entités.
Toutefois, l'évaluation des politiques de valorisation
vis-à-vis du futur barreau A89 nous a amené à nous
projeter dans l'avenir. En effet, les mesures et projets d'ores et
déjà élaborés, ou en cours de réalisation au
sein des structures intercommunales, répondent nécessairement
à une anticipation des « effets » que pourrait
produire l'autoroute. Or, de nombreuses études visant à
évaluer le rôle de l'autoroute existent. Pour la plupart, elles
ont été réalisées dans le cadre d'observatoires
autoroutiers selon une démarche ex ante et ex post.
Par exemple, dans le cadre de l'observatoire A71, les études ont
été menées sur dix ans, permettant ainsi d'évaluer
concrètement l'influence territoriale de cet axe autoroutier sur la
redistribution des activités et la nature du développement
engendré par l'infrastructure.
Dés lors, il est apparu intéressant, en
comparaison avec les études conduites autour d'autres axes autoroutiers,
d'établir les grandes tendances susceptibles d'animer les territoires de
l'espace d'étude retenu dans le cadre de ce mémoire,
c'est-à-dire selon une démarche comparative, puis prospective. Il
s'agit en effet d'étudier les avenirs possibles en comparaison avec des
études menées sur le même sujet. Il convient toutefois de
souligner que cet exercice n'a pas pour objectif d'établir des
certitudes quant aux processus et dynamiques potentiels. La démarche
suivie sera celle de scenarii. Il s'agira, en comparaison avec
d'autres cas, d'évoquer dans quelles mesures les dynamiques et processus
observés ailleurs pourraient se reproduire sur les territoires de
l'espace d'étude, tout en considérant que celui-ci possède
ses propres particularités, sa propre territorialité.
Mais avant d'aborder les grandes tendances potentielles, et
afin de mieux cerner l'origine de ces processus, il est nécessaire
d'appréhender l'influence de l'autoroute sur le système de
localisation des activités. En effet, ce système est soumis
à une constante évolution, conditionnée par la variation
des attributs de chaque entité. Le projet autoroutier influence ainsi
constamment le système de localisation des activités, avant
même sa mise en service, c'est-à-dire dès le moment
où sa construction est annoncée, puis au moment de son ouverture,
et même bien après...En se basant sur les travaux d'E.
FAIVRE166(*), il semble
donc essentiel, préalablement à l'analyse comparative des grandes
tendances, d'inscrire le fonctionnement du système de localisation dans
la temporalité de l'autoroute.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny55.png)
Figure 3.1 : rappel du système
de localisation des activités économiques
7.1 La modification
des dynamiques de localisation engendrée par une nouvelle autoroute
7.1.1 Action de la mise en service de l'autoroute sur le
système de localisation
La mise en service de l'autoroute engendre l'évolution
du système de localisation des activités. Afin
d'appréhender l'influence temporelle du processus de mise en service de
l'autoroute sur le système, nous différencierons l'état du
système au « temps t-1 », c'est-à-dire avant
la mise en service de l'autoroute, au « temps t », qui
correspond au moment où l'autoroute est effectivement mise en service
puis au « temps t+1 », c'est-à-dire après la
mise en service de l'autoroute. Il convient toutefois de rappeler
« qu'en réalité, le passage d'un état à
l'autre ne se fait pas strictement à la date de mise en service de
l'infrastructure. Des évolutions peuvent commencer avant et se
poursuivre bien après l'ouverture »167(*).
7.1.2 Action de la mise en service de
l'autoroute sur le système de localisation
Comme l'a montré E. FAIVRE, l'état du
système au « temps t-1 », puis au « temps
t+1 » et l'action de mise en service de l'autoroute au
« temps t » interagissent fortement et tissent l'un avec
l'autre des relations étroites et spécifiques. Ainsi, se
distinguent six types d'interactions entre les trois états du
système (figure 3.1) :
1 - L'Etat du système au « temps
t-1 » influence l'action de mise en service de l'autoroute au
« temps t », car le tracé et la localisation des
diffuseurs autoroutiers dépendent en partie de la localisation des
activités économiques au « temps t-1 ». Les
autoroutes desservent en effet prioritairement les pôles
d'activités.
2 - L'action de mise en service au « temps
t » influence l'état du système au « temps
t-1 ». C'est le cas par exemple des mesures d'anticipation prises par
les acteurs institutionnels locaux, qui peuvent mettre en réserve des
espaces destinés à la création de zones d'activités
à proximité des futurs diffuseurs autoroutiers.
3 - L'état du système au « temps
t-1 » influence logiquement celui du système au
« temps t+1 », puisque la naissance du second dépend
fortement de l'organisation spatiale et structurelle du premier.
4 - L'état supposé du système au
« temps t +1 » influence celui du système au
« temps t-1 », puisque dans une perspective prospective,
les acteurs institutionnels locaux tentent d'agir sur l'état actuel du
système, c'est-à-dire au « temps t-1 », en
fonction des caractéristiques supposées du système au
« temps t+1 ».
5 - L'action de mise en service au « temps
t » influence l'état du système au « temps
t+1 » par la modification des conditions d'accessibilité du
territoire qu'elle engendre, mais aussi des nouvelles potentialités de
localisation des entreprises qu'elle permet.
6 - L'état du système au temps t+1 peut
influencer au « temps t+n » (c'est-à-dire une
période indéterminée après le « temps
t+1 ») le tracé de l'autoroute, de part l'ouverture d'une
prolongation rendue nécessaire, comme par exemple le raccordement entre
l'A89 et l'A6 qui pourrait tarder à être mis en service...
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny56.png)
Figure 3.2 : action de mise en service de
l'autoroute sur le système de localisation des activités
économiques
Les interactions mises en avant entre les différents
états du système vont permette d'appréhender la nature des
processus qui pourraient être induits par la future infrastructure
(« dont la construction est décidée par son
environnement, c'est-à-dire l'Etat »168(*)). Ces interactions nous
amènent donc à analyser les actions réciproques, qui
s'avèrent de nature et d'emprise différentes entre les
entités et les attributs qui les constituent, générant
ainsi différents types de processus et de dynamiques territoriales.
7.1.3 Différents types
d'actions pour des processus et des dynamiques territoriales
différenciés
Comme nous l'avons observé, les différents
états temporels du système interagissent entre eux. Concernant la
mise en service de l'autoroute, celle-ci déclenche des actions directes
et indirectes sur le système de localisation des activités
économiques, ce qui engendre son évolution169(*).
La seule action directe provoquée par la mise en
service d'une autoroute concerne celle de l'accessibilité du territoire,
car la nouvelle infrastructure la redéfinit en desservant le
territoire.
Ensuite, deux types d'actions indirectes interviennent sur le
système de localisation. La première concerne des actions
qualifiées « d'effectives » par E. FAIVRE, dans la
mesure où elles agissent dans tous les cas, quel que soit le territoire
desservi. Par exemple, la structure urbaine du territoire évolue avec
les nouvelles conditions d'accessibilité entrainées par la mise
en service de l'autoroute, puisque la distance-temps entre
agglomérations se modifie. C'est également le cas pour le profil
des actions menées par les acteurs locaux, qui se modifie avec la
desserve effective de l'infrastructure sur leur territoire. Le second type
d'action indirecte est qualifié « de potentielle ».
Il réunit les actions qui peuvent influencer le système sous
certaines conditions. Ce type d'action dépend largement des
caractéristiques et des dynamiques du territoire. Par exemple, la
situation stratégique d'un territoire par rapport aux grands ensembles
économiques peut parfois évoluer suite aux nouvelles conditions
d'accessibilité engendrées par l'infrastructure. De la même
façon, la nouvelle infrastructure peut appuyer et renforcer les
dynamiques territoriales, comme par exemple le phénomène de
périurbanisation, ou encore accentuer le poids d'une métropole.
Aussi, le secteur d'activité d'une entreprise peut évoluer suite
à la mise en service d'une autoroute en ouvrant de nouveaux
marchés, ou à l'inverse en accentuant la concurrence et la
compétitivité.
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny57.png)
Figure 3.3 : Les différents
types d'actions engendrés par la mise en service de l'autoroute sur le
fonctionnement du système de localisation des activités
La mise en service de l'autoroute peut modifier les dynamiques
territoriales, appréhendées ici comme un système
territorial. Ceci a pour effet, entre autre, d'offrir de nouvelles perspectives
à la localisation des activités économiques. Cette
approche théorique, qui se fonde sur le fonctionnement d'un
système, s'est construite à partir des observations effectives
sur le terrain, dans le cas de l'axe A39 Dole - Bourg-en-Bresse. Il convient
donc de concrétiser les aspects théoriques abordés ici
pour tenter, grâce à des comparaisons avec d'autres observations,
de déterminer les influences potentielles sur les territoires de la mise
en service du futur « barreau » A89 Balbigny -
La-Tour-de-Salvagny.
7.2 Les influences
potentiellement induites par la mise en service de l'autoroute
L'évolution et le fonctionnement du système de
localisation ne permettent pas d'anticiper concrètement l'influence du
futur axe autoroutier sur les territoires qu'il desservira. Certes, il
décrit relativement précisément, en tout cas efficacement,
les actions et interactions qui interviennent entre entités sur le court
et sur le long terme. Ce système formalise ainsi les mécanismes
des dynamiques de localisation de l'activité économique sur le
territoire. Toutefois, il semble nécessaire d'associer à ce
système les nombreuses études menées sur le thème
de l'influence autoroutière sur l'économie régionale, ceci
afin de dresser des comparaisons, puis de déterminer leurs
vraisemblances par rapport aux territoires de l'espace d'étude.
Avant de commencer cet exercice, qui rappelons le, n'aura
qu'une valeur indicative, il convient de souligner que les territoires de
l'espace d'étude sont uniques, ils possèdent leurs propres
dynamiques « socio-géo-économiques » qui les
animent. Dès lors, la comparaison ne pourra être franche, et le
rappel des caractéristiques fondamentales des territoires de l'espace
d'étude sera souvent de rigueur. De plus, Le tracé du
« barreau » A89, tel qu'il en a été
décidé lors de l'adoption de la DUP, ne rejoindra pas l'autoroute
A6. Le futur axe se raccordera en effet à la RN7 au niveau de
La-Tour-de-Salvagny, et à l'Arbresle pour son antenne. Or, même si
des projets de raccordement sont examinés actuellement, aucune
décision n'a été prise pour le moment. Pourtant, les
modalités de raccordement au réseau autoroutier pourraient
fortement influencer l'utilisation de cet axe. Comme nous l'avons
déjà montré, la saturation de la RN7 dans l'Ouest lyonnais
pourrait décourager les usagers d'emprunter le futur itinéraire
autoroutier...
7.2.1 Quel développement
économique ?
Les territoires desservis par l'autoroute A71 ont
été observés pendant près de dix années par
l'observatoire créé spécifiquement pour évaluer
l'influence de cet axe. A l'issue de cette période, plusieurs
résultats ont pu être mis en avant, notamment en ce qui concerne
son influence sur le développement économique des régions
desservies. L'axe autoroutier A71 relie Orléans à
Clermont-Ferrand. Il a été mis en service intégralement en
1989. Cette autoroute traverse du Nord au Sud la partie septentrionale du
massif central, et avait pour vocation principale le désenclavement de
cet espace qui jusqu'alors n'était pas desservi par de grandes liaisons
autoroutières. En effet, la dotation d'une infrastructure lourde telle
que cette autoroute a permis une meilleure accessibilité des lieux et
« l'intégration des territoires desservis dans un
système de transport plus performant ». Economiquement,
« l'A71 n'est pas restée sans effet pendant les
premières années de sa mise en service », l'autoroute a
fait « bouger sensiblement, bien qu'inégalement, les
territoires170(*)».
Afin d'établir les bases d'une comparaison, nous présenterons
tout d'abord les « effets » économiques
vraisemblablement induits par l'autoroute A71, puis nous mettrons en
évidence les points communs et divergences avec les territoires du
« barreau » A89, en tentant d'établir les
potentialités d'une évolution similaire.
7.2.1.1
Caractéristiques des effets économiques engendrées par
l'autoroute A71
Afin d'appréhender les caractéristiques des
effets économiques engendrés par l'autoroute A71, deux sources
ont été utilisées. La première est issue du recueil
des interventions lors du colloque de Clermont-Ferrand en 1995, et plus
particulièrement de celle de J. VARLET qui traitait de l'A71 et des
dynamiques territoriales171(*). Du même auteur, la seconde source est
tirée d'un article du magazine Géocarrefour intitulé
Autoroute A71, acteurs et territoires. Bilan d'une décennie
d'observation172(*).
Le désenclavement des territoires traversés par
l'autoroute A71 a généré une ouverture « qui a
rompu le rideau protecteur et a engendré un déséquilibre
des systèmes locaux traditionnels ». Deux types de
stratégies de développement ont été
distinguées : de nature exogène, c'est-à-dire
provenant de l'extérieur des territoires étudiés, ou
endogène, c'est-à-dire issue du développement
d'entreprises « indigènes » qui y sont
déjà implantées. Ces dernières, se
différencient par un caractère centrifuge ou
centripète.
Ce sont les dynamiques exogènes de
pénétration qui ont été « les plus
spectaculaires et les plus visibles ». Elles ont été le
fait d'entreprises qui ont utilisé ces « nouveaux espaces dans
une logique de réseau », notamment les grands groupes
hôteliers et les établissements du secteur logistique. L'exemple
de Montmarault est à souligner, car cette petite ville est devenue une
plate forme d'échanges notable grâce, d'une part, à sa
situation « quasi barycentrique » sur l'espace national, et
au carrefour entre la RCEA et l'A71, et d'autre part aux actions de
valorisation de la municipalité. Les premières implantations
d'entreprises dans cette ville ont amélioré l'image de marque de
la commune, ce qui a engendré un « effet boule de
neige », et d'autres entreprises s'y sont localisées. Ce
développement exogène a été l'effet immédiat
le plus visible, les stratégies d'origine endogène ont suivi
après quelques années, à la suite « d'un temps
d'adaptation du milieu régional ».
Les entreprises locales ont elles aussi profité de la
nouvelle infrastructure, notamment grâce aux impulsions données
par « les acteurs institutionnels locaux qui ont fourni des moyens
infrastructurels et ont développé des projets de
développement ». Ces établissements ont mis en place
des stratégies centrifuges, tournées vers les marchés
extérieurs, « mais elles demeurent difficiles à
évaluer ». Les stratégies centripètes ont
surtout été le fait des collectivités territoriales, avec
un impressionnant essor des zones d'activités dans ces régions,
mais aussi par des politiques de développement, comme
l'élaboration de projets afin de « dynamiser quelques secteurs
de l'économie régionale. »
7.2.1.2 Le
développement des territoires de l'espace d'étude
Les effets économiques observés sur les
territoires desservis par l'A71 sont-ils susceptibles de se reproduire sur
l'espace d'étude ? Pour répondre à ce questionnement,
la nuance doit être de rigueur...
En effet, plusieurs caractéristiques
différencient espaces et territoires de l'A71 et du
« barreau » A89. Tout d'abord, les dimensions, car le
tronçon terminal de l'A89 ne s'étend que sur 53
kilomètres, contre 298 pour l'A71. Dès lors, l'emprise
territoriale du futur « barreau » n'est en rien comparable
à celle de l'autoroute A71. Aussi, les identités territoriales ne
sont pas analogues, tout comme l'armature urbaine. En effet, le futur
tronçon A89 a pour vocation de joindre l'ensemble de cette autoroute
transversale aux réseaux autoroutiers du Sud-est de la France, et ainsi
de s'imposer comme le nouvel itinéraire Genève - Bordeaux. Pour
cela, elle passe par la métropole lyonnaise. C'est bien la
présence de la capitale rhônalpine, à l'Est de l'espace
d'étude de la capitale, qui différencie les territoires de
l'espace d'étude d'A71 et du « barreau » A89. En
effet, le dynamisme de la seconde métropole française, mais aussi
son influence et son poids, pourraient fortement être accentués
par la future autoroute. Le pôle de diffusion lyonnais verrait ainsi son
aire d'influence élargie vers l'Ouest.
Aussi, il ne paraît pas improbable de voir des
stratégies exogènes de la part d'entreprises lyonnaises qui,
grâce au futur « barreau », verraient s'ouvrir les
territoires du massif central, beaucoup plus accessibles. A plus grande
échelle, Tarare, Feurs et Roanne pourraient également être
des localisations privilégiées pour les entreprises lyonnaises en
quête de terrains bons marchés et d'une plus-value
intéressante lors de la revente des terrains et bâtiments dans
l'agglomération. L'amélioration de l'image de marque que
l'autoroute contribue à donner aux territoires pourrait également
être un facteur décisif. La petite ville de Balbigny,
considérée comme « un pôle de
développement stratégique potentiel »173(*) sera bientôt au
carrefour de l'A89 et de l'A72 et est également susceptible d'accueillir
des entreprises d'origine exogène. Ceci d'autant plus que les mesures de
valorisation d'ores et déjà à l'étude au sein de la
communauté de communes du Pays de Balbigny semblent d'une grande
ampleur, avec la création d'une zone d'activité d'une centaine
d'hectares. Comme ceci a été montré plus haut, d'autres
communautés de communes de l'espace d'étude ont
déjà enregistré des demandes de localisation de la part
d'entreprises exogènes, notamment pour les territoires les plus proches
du futur axe autoroutier (Feurs en Forez, Pays de Tarare, Pays entre Loire et
Rhône). Il s'agira maintenant de savoir comment se caractérisa le
développement économique des territoires les plus
éloignés, comme la communauté d'agglomération du
Grand Roanne, ou encore la communauté de communes du Pays d'Amplepuis -
Thizy, et de déterminer le rôle précis du futur
tronçon terminal de l'A89 dans ce développement.
Le développement d'origine endogène est quant
à lui plus difficile à déterminer, et il parait impossible
de s'avancer sur le sujet. Mais on pourrait assister, comme pour l'A71,
à un décalage de quelques années entre
développements d'origines exogène et endogène. Ceci semble
vraisemblable, mais reste à confirmer.
Pour conclure, J. VARLET déclare au sujet de
l'autoroute A71 : « en fin de compte, que penser de l'idée
reçue de l'autoroute amenant le développement ? Le bilan reste
pour l'instant difficile à dresser, car les données sont
incomplètes, et l'incidence des apports extérieurs sur
l'économie régionale est à mesurer. Il est certain en tout
cas qu'un mouvement existe et que la concurrence arrive : alors, coup de fouet
ou coup de grâce ? Il est encore trop tôt pour trancher. Cela dit,
l'autoroute a fait bouger sensiblement bien qu'inégalement les
territoires ». Des différences notables de développements
sur les territoires ont en effet été relevées dans
plusieurs études visant à évaluer les
« effets » induits par une autoroute. Dans chacune, le
rôle des diffuseurs est mis en avant, ce qui a parfois engendré
une redistribution des activités. Dans ce processus, le poids des
délocalisations d'entreprises semble prégnant...
7.2.2 Délocalisation et
redistribution des activités?
7.2.2.1 Des
processus récurrents
La grande majorité des études visant à
évaluer les effets socio-économiques d'une autoroute a mise en
avant une réorganisation de l'activité économique
orientée vers les diffuseurs, ainsi qu'une part importante de
délocalisations dans les implantations d'entreprises.
Au sujet de l'A71, J. VARLET reste nuancé. A la
question : l'autoroute est elle un facteur de concentration ? Il
répond : « idée ni validé, ni
rejetée, car ces mouvements spatiaux se déroulent sur la longue
durée. Certes des entreprises se sont rapprochées des diffuseurs,
mais un développement est notable également à bonne
distance de ceux-ci. Il reste difficile de préciser le rôle
véritable de l'autoroute174(*) ». Par contre, d'autres études sont
beaucoup plus affirmatives quant au rôle polarisant des diffuseurs
autoroutiers. Tout d'abord dans le cas de l'A89 (anciennement A72) entre Thiers
et Noirétable, M. DUBOIT déclare que « l'on peut parler
de polarisation des établissements industriels sur un échangeur
autoroutier », « les diffuseurs représentent des
points d'ancrage fort qui structurent le territoire. Ils ont induit un
phénomène de cristallisation ponctuelle sous la forme
d'implantations d'entreprises175(*) ».Les conclusions d'E. FAIVRE vont
également en ce sens : concernant l'A36, il constate que
« la barrière des dix kilomètres constitue une limite
forte entre les territoires dynamiques et les autres. La diffusion spatiale de
l'influence d'un accès autoroutier se cantonne aux communes
situées à moins de dix kilomètres de ce dernier176(*) ». En ce qui
concerne la localisation des zones d'activités, la proximité des
diffuseurs est considérée unanimement comme valorisante.
Concernant l'A71, J. VARLET déclare que les diffuseurs sont des
« lieux de profonds bouleversements paysagers et économiques
qui traduisent l'attraction très nette exercée par
l'autoroute...La proximité d'un diffuseur est un atout motivant ou
déterminant selon les cas177(*) ». P. BERION constate le même
phénomène : « Globalement, une nette
réorganisation géographique du parc de zone d'activités
s'observe sur la période 1989 - 1998. Le développement du parc,
tant en nombre qu'en superficie, se structure très nettement pas
isochrone d'accessibilité : la croissance est spectaculaire
à moins de cinq minutes d'un diffuseur, ensuite, son intensité se
réduit en fonction du temps d'accès178(*) ». L'attraction
des diffuseurs paraît donc indéniable. Dans la plupart des cas, la
distance ou le temps d'accès semble être un facteur
déterminant quant à la localisation des zones d'activités,
et donc des entreprises. Cette polarisation explique que « les lieux
situés entre deux diffuseurs ne jouissent d'aucune retombée
positive, tout comme ceux qui cumulent plusieurs facteurs
défavorables 179(*) ». L'autoroute engendrerait donc une
influence inégale sur l'espace, les diffuseurs étant les points
« d'ancrage » de l'activité économique. Mais
ces implantations constituent-elles des créations d'entreprises,
liées à un réel développement économique, ou
au contraire l'autoroute engendre t'elle un
« déménagement du territoire180(*) » plutôt
qu'un aménagement ?
Concernant le poids des délocalisations dans la
concentration d'entreprises autour des diffuseurs, les observations
effectuées autour d'autres axes autoroutiers montrent qu'il s'agit d'un
phénomène avéré, mais difficilement quantifiable et
identifiable. En évoquant les gains d'emplois à proximité
du diffuseur de l'A71, J. VARLET affirme : « qu'on se garde bien
de considérer (les gains d'emplois) comme un excédent de
création. Il apparaît que pour 2/5 des entreprises, l'implantation
dans une ZA (proche d'un diffuseur) correspond à une création
endogène ou exogène. L'autoroute [...] a
accéléré un processus de migration
d'établissements181(*) ». Concernant l'autoroute A36 (Dijon -
Mulhouse), E. FAIVRE parvient à mettre en évidence un net
différentiel relatif à l'évolution du nombre d'entreprises
en fonction de leur distance à l'autoroute : « seuls les
territoires situés à moins de dix kilomètres de l'A36
présentent des évolutions positives quant au nombre
d'établissements qui y sont localisés entre 1980 et 2000. Plus
finement, on remarque que cette dynamique est quatre fois plus forte à
proximité immédiate des diffuseurs182(*) ». Ce constat ne
confirme pas le poids des délocalisations. Toutefois, il paraît
vraisemblable que la baisse du nombre d'entreprises localisées sur les
territoires les plus éloignés de l'autoroute soit surtout le fait
de délocalisations plutôt que de fermetures pures et simples, mais
ceci est impossible à vérifier sans une méthodologie
d'observation beaucoup plus fine qui s'attacherait à suivre les
comportements spatiaux de chacun de ces établissements. L'exemple de
l'entreprise Afix, évoqué par M. DUBOIT183(*) est significatif de ces
comportements. Le patron de cet établissement
« considère le site près de l'échangeur comme un
emplacement privilégié, c'est d'ailleurs la principale motivation
de leur venue sur la commune des Salles depuis Saint-Just-en-Chevalet »,
distante d'environ dix kilomètres seulement! Dans le cas de l'A71, J.
VARLET évoque le ressenti et l'apport pour les entreprises que
confère la proximité d'un diffuseur184(*). D'abord, c'est
l'accessibilité permise par un diffuseur qui attire les entreprises,
notamment pour les transporteurs qui gagnent du temps. Dans le cas des
établissements d'hébergement, c'est la capture du flux de transit
qui rend cette position intéressante. L'effet vitrine est
également souligné pour les entreprises industrielles et
commerciales. Sur le sujet, J. VARLET conclut : « l'attraction
des diffuseurs est une réalité, mais elle s'exerce beaucoup plus
à l'égard d'entreprises locales et régionales, pour une
part moindre pour les entreprises extra régionales ». Dans une
émission télévisée évoquant l'incidence du
TGV Est185(*) sur le
développement local, entre autres, un responsable de l'agence de
développement économique de Champagne-Ardenne évoquait le
phénomène de Nearshore, c'est-à-dire de la
délocalisation intra régionale de certains établissements
vers les communes desservies par la liaison grande vitesse. Cette notion
paraît tout à fait adaptée dans le cas des autoroutes et de
leurs diffuseurs, car les mouvements observés peuvent être
qualifiés de délocalisations de proximité.
Toutefois, les diffuseurs ne doivent leur attractivité
qu'à leur situation dans l'armature urbaine. En effet pour l'A39, E.
FAIVRE souligne que « les plus forts gains d'établissements se
situent au sein des principales villes. Plus finement, ce sont surtout les
communes jouxtant les villes-centre qui sont les plus dynamiques. Ce mouvement
de déconcentration [...] s'effectue en direction des futurs diffuseurs
A39186(*) ».
Plus loin, il ajoute : « L'attractivité des diffuseurs
autoroutiers situés à proximité des villes est
indéniable. Il s'agit surtout de ceux qui sont localisés dans le
périurbain puisqu'ils orientent l'étalement urbain des
activités économiques ». J. VARLET a constaté le
même phénomène en ce qui concerne l'A71. Avec
l'implantation d'un diffuseur de type urbain « la ville se dote d'un
nouveau quartier d'activité, voir d'une nouvelle excroissance, et
l'étirement de l'agglomération vers ce diffuseur est une
réalité. Mais un accès autoroutier n'est pas toujours un
lieu de développement, comme l'atteste le cas du diffuseur de
Montluçon, situé à Bizeneuille, c'est-à-dire
à douze kilomètres de la ville. Or, les implantations
d'entreprises se sont réalisées entre l'autoroute et la ville. Le
développement enregistré reflète simplement la structure
de la hiérarchie urbaine 187(*)».
Ainsi, il semble que l'autoroute serait un
révélateur des disparités régionales, même si
J. VARLET exprime l'incertitude quant à ce phénomène.
Concernant la concentration des activités en ville, il
déclare : « l'opposition rural/urbain ne peut donner
qu'une réponse positive, car peu de développement est
constaté sur les espaces ruraux. Pour les villes, tous les niveaux
urbains sont concernés : bourgs-centre, petites villes, villes moyennes
et métropoles régionales, mais les contrastes sont
accusés, car les villes de rangs supérieurs détiennent les
quantités les plus élevées d'entreprises ». E.
FAIVRE exprime clairement que « l'A36 accroît les
inégalités entre les territoires. L'autoroute ne crée pas
de développement, comme les faibles dynamiques autour des diffuseurs
autoroutiers situés en milieu rural l'attestent. En revanche, elle
participe à l'organisation spatiale des activités sur le
territoire traversé, au même titre que d'autres
processus ».
Les études visant à évaluer les effets
territoriaux des autoroutes montrent donc que les diffuseurs ont un fort
pouvoir d'attractivité pour l'activité économique, et ceci
d'autant plus lorsqu'ils sont situés en ville ou à
proximité d'un centre urbain. Toutefois, le développement
économique directement initié par l'autoroute semble faible,
voire inexistant, si ce n'est les implantations d'entreprises d'origine
exogène à proximité des diffuseurs. Dès lors,
l'effet polarisateur des diffuseurs révèle un
phénomène de délocalisation de proximité, ou de
nearshore. Ce phénomène, avéré, est
toutefois difficilement quantifiable. Dès lors, il apparaît
vraisemblable que des phénomènes similaires se produisent sur
l'espace d'étude. Il conviendra donc d'identifier les territoires qui
pourraient profiter des effets polarisants de l'autoroute, de ceux qui au
contraire se révèleraient sensibles et qui pourraient être
potentiellement affectés.
7.2.2.2 Le cas des
territoires de l'espace d'étude
La question relative aux réorganisations spatiales
initiées par l'autoroute est sensible. En effet, le tracé
autoroutier dessert inégalement les territoires, et dans tous les cas,
ceci se traduit par une hausse des implantations d'entreprises à
proximité de l'autoroute, tandis que sur les territoires les plus
éloignés, celles-ci auraient pour effet de les attirer. La
vocation du futur axe A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny est en premier
lieu de compléter le maillage autoroutier en reliant l'autoroute
transversale au réseau du Sud-est de la France. Son but est
également de désenclaver le roannais, la région
d'Amplepuis - Thizy ainsi que le Tararois. Ainsi, dans quelles mesures le
barreau autoroutier va-t-il assurer sa mission de désenclavement ?
Plus précisément, on peut se demander si certains territoires ne
vont pas se trouver dans une mauvaise posture par rapport au futur axe,
c'est-à-dire être trop distants pour profiter véritablement
de l'effet polarisant de l'autoroute et surtout de ses diffuseurs ? Afin
de pouvoir répondre à ce questionnement, il convient
préalablement d'analyser la structuration territoriale des ZA,
considérées comme les sites d'implantation
privilégiés pour les entreprises, mais aussi d'évaluer la
distance des territoires par rapport à l'axe autoroutier
Noirétable - Balbigny, puis du futur « barreau »
Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, car il a été montré que la
limite des dix kilomètres par rapport aux diffuseurs pouvait être
déterminante. A partir de ces observations, plusieurs déductions
pourront êtres émises quant aux évolutions potentielles de
l'activité économique des territoires de l'espace d'étude
dans la perspective de la mise en service du futur tronçon
autoroutier.
Carte 3.1 : localisation des ZA et
distance des communes aux autoroutes et aux diffuseurs (projection de la mise
en service du « barreau » A89)
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny58.png)
La carte 3.1 met bien en évidence la structuration
spatiale des zones d'activités. On remarque tout d'abord que les axes
nationaux, comme la RN7, la RN89 et la RN82 concentrent à
proximité un grand nombre de zones. Dans le Rhône, ce constat est
particulièrement avéré pour la RN89 et la RN7, qui sont
véritablement des axes structurant à cet égard. Dans la
Loire, les axes Nord-Sud RN82, et Ouest-Est RN89 structurent également
les zones d'activités. A proximité de l'autoroute A89
Clermont-Ferrand Balbigny, plusieurs zones sont également
recensées, dont quelques unes postérieures à la mise en
service de l'infrastructure, ce qui indique que l'autoroute a incité des
créations. Mais au delà du rôle polarisant des axes
routiers, ce sont surtout sur les territoires urbains qui localisent la majeure
partie des zones d'activités (le cas de communauté de communes de
Chamousset en lyonnais mis à part). En effet, la concentration des
espaces d'accueil à destination des entreprises est accentuée
dans l'agglomération roannaise, et vers le sud de Feurs à
Neulise. Il en est de même autour de Boën. Dans le Rhône, une
forte concentration de zones d'activités est constatée à
partir de Tarare et jusqu'à l'agglomération lyonnaise. La
communauté de communes du Pays d'Amplepuis-Thizy dispose
également de quelques zones d'activités, mais celles-ci sont
relativement éloignées des axes routiers majeurs, notamment de la
RN7. Ainsi, une double logique de localisation est constatée concernant
la localisation des zones d'activités, qui se concentrent à la
fois aux abords des axes routiers majeurs, et de façon
privilégiée sur les territoires urbains et bourgs-centre.
Dès lors, aux vues de la structuration territoriale des zones
d'activités, le futur axe autoroutier est-il susceptible d'influencer
cet agencement ?
A partir de Balbigny, le
futur « barreau » A89 rejoint Tarare en passant par des
territoires ruraux et très accidentés et où
l'activité économique est faible. Au sein de la communauté
de communes du Pays de Tarare, deux diffuseurs sont prévus : Tarare
Ouest et Poncharra-sur-Turdine. L'infrastructure dessert la vallée de la
Turdine, très urbanisée et industrialisée, en suivant de
près le tracé de la RN7 qui concentre déjà la
majeure partie des zones d'activités de ces territoires. Puis,
l'autoroute passera dans des communes rurales (Sarcey, Bully, etc.)
jusqu'à ce qu'elle rejoigne l'Arbresle et La-Tour-de-Salvagny où
trois diffuseurs sont prévus. Sur ces dernières communes, la
concentration de zones d'activités est également notable, et
l'urbanisation des territoires est croissante à l'approche de Lyon. La
grande proximité, à partir de Tarare, entre la RN7 et la future
autoroute ne devrait pas fondamentalement engendrer une dynamique de
restructuration sur les territoires directement desservi. Néanmoins,
à partir de Tarare, les échangeurs pourraient polariser
l'implantation d'entreprises, inciter à la création de zones
d'activités, et donc engendrer une nouvelle dynamique d'urbanisation
à leurs abords. Dans la Loire, le diffuseur de Balbigny, au carrefour de
l'A89 et de l'A72, pourrait s'avérer très intéressant
quant aux localisations d'entreprises. Le caractère attractif des
diffuseurs est d'ailleurs un motif de création et d'extension de zones
d'activités. Comme nous le montre la carte 3.1, sur les cinq projets de
créations recensés, quatre sont situés aux abords de
l'autoroute A89 et de son futur « barreau ». De la
même façon, les projets d'extensions concernent exclusivement les
zones d'activités localisées à moins de dix
kilomètres d'un diffuseur. Ces observations suggèrent une
nouvelle fois que l'anticipation des collectivités territoriales est
notable. Leur objectif est bien sûr d'inciter à la localisation
d'entreprises sur leur territoire, rendu plus attractif par la future desserte
du « barreau » A89. Cet axe autoroutier, qui pourrait
profiter aux territoires les plus proches, peut également
générer un déséquilibre pour ceux qui sont plus
éloignés...
Le futur « barreau » A89 a pour objectif,
notamment, de désenclaver des territoires mal desservis comme
l'agglomération de Roanne, le Tararois ou encore le secteur d'Amplepuis
- Thizy. Concernant le Tararois, il semble que cet objectif sera rempli car
l'autoroute traversera entièrement la communauté de communes. Par
contre, en ce qui concerne l'agglomération roannaise et plus
particulièrement le territoire de la communauté de communes du
Pays d'Amplepuis - Thizy, la desserte ne sera pas optimale. En effet, la carte
3.1 nous apprend que les territoires des communautés de communes de
l'Ouest roannais, du Pays de Perreux, du Pays d'Amplepuis - Thizy et de
l'agglomération du Grand Roanne, se trouveront à une distance
comprise entre 15 et 25 kilomètres des autoroutes lorsque le
« barreau » A89 sera mis en service. En ce qui concerne
l'agglomération roannaise, ce constat peut être nuancé, car
la RN7, actuellement aux normes autoroutières (c'est-à-dire en
2x2 voies, avec la présence d'un terre plein central et de diffuseurs)
de Roanne à Saint-Victor-sur-Rhins devrait être
aménagée de la même façon jusqu'à Balbigny,
ce qui permettrai de compenser l'éloignement de l'agglomération
au diffuseur. Malgré tout, les conséquences de la crise
industrielle restent perceptibles dans le roannais, et il semble que la
nouvelle orientation de l'agglomération dans les NTIC peine à
compenser les milliers d'emplois perdus entre 1985 et 2000 dans les secteurs
industriels. Dans ce contexte, la mise en service du futur tronçon A89
pourrait ne pas être à la hauteur des espérances, car comme
le dit J. BOURRAT, maire de Balbigny, « l'axe en lui-même
n'apportera rien, il faut une activité pilote pour le
Roannais ». En ce qui concerne la communauté de communes
d'Amplepuis - Thizy, aucun projet d'importance pour joindre efficacement et
rapidement l'ensemble du territoire à l'autoroute n'est
d'actualité. Dés lors, ces territoires semblent en bien mauvaise
posture vis-à-vis de l'ouverture du futur
« barreau ». En effet, en plus de cet enclavement, le
secteur industriel est dominant sur ces territoires. De plus, la crise
industrielle n'a pas épargné non plus ces territoires aux
relations fortes avec le roannais. Dès lors, ces facteurs
défavorables, conjugués à la distance de l'autoroute
pourraient accentuer le déclin économique. La question
posée est donc celle des délocalisations de
proximité : les entreprises implantées sur ces territoires
éloignés du futur « barreau » ne
pourraient-elles pas être tentées de migrer à
proximité des futurs diffuseurs?
Les éléments pour répondre à cette
question sont minces, ils se fondent principalement sur les observations
effectuées dans d'autres cas. Comme nous l'avons vu, notamment dans les
travaux d'E FAIVRE, la distance des dix kilomètres aux diffuseurs est
une limite forte, et au-delà, des baisses du nombre d'entreprises ont
été constatées postérieurement à la mise en
service de l'autoroute A36. Ce constat accréditerait le
phénomène de délocalisation de proximité, ou
nearshore. Or, le projet de ZA à proximité du diffuseur de
Balbigny, et celui qui se situerait aux abords du diffuseur de Tarare-Ouest
pourraient potentiellement être des « aspirateurs de
localisations » pour des entreprises localisées dans des
territoires qui ne profiteraient pas pleinement de la mise en service du futur
barreau, car trop éloignés ou mal connectés. Cette
question demeure sensible, et les politiques territoriales menées
à plus petite échelle pourraient répondre aux
inquiétudes, et anticiper les déséquilibres qu'initierait
l'autoroute. Le futur CTD en est un exemple, en favorisant la
coopération et la solidarité entre territoires bien desservis et
d'autres qui le seront moins.
La question de l'inégalité et des
déséquilibres territoriaux engendrés par la mise en
service d'une autoroute est délicate, elle est sujette à
l'accentuation de tensions territoriales. Pour faire face à ces
éventuels « effets » indésirables, comme pour
profiter des « effets » bénéfiques,
l'anticipation et les mesures de valorisation initiées par les
collectivités territoriales, les organismes consulaires ou encore le
Conseil Général sont essentielles. Dans toutes les observations
destinées à évaluer les « effets » des
infrastructures autoroutières, le rôle des acteurs et des mesures
de valorisation qu'ils mettent en place a été souligné
comme étant les facteurs primordiaux pour profiter d'une desserte
autoroutière.
7.2.3 Attractivité et politiques
de valorisation économique
Une publicité d'ASF montre un technicien installant un
panneau « Zone d'Activité » à coté
d'un rond point. Dessous, est inscrite la question suivante :
« et si l'autoroute était la voie la plus directe pour le
développement local ?188(*) ». Cette publicité reflète
assez efficacement l'attente que peut porter l'autoroute quant au
développement local. Nous avions montré
précédemment que les « effets » positifs de
l'autoroute sur les territoires ne sont pas induits automatiquement pas la mise
en service d'une telle infrastructure. Au contraire, le rôle et l'action
des acteurs sont déterminantes. Les politiques qu'ils mettent en oeuvre,
parallèlement au processus de mise en service de l'autoroute, le profil
des actions menées tout comme le degré de collaboration, sont des
facteurs fondamentaux pour que les projets de développements soient
couronnés de succès. Dans sa thèse, E. FAIVRE189(*) distingue trois applications
types des politiques de valorisation autoroutière concernant le
développement local en fonction des résultats obtenus. Ces
applications seront décrites puis confrontées aux
éléments mis en évidence dans la partie
dédiée à l'évaluation des politiques de
valorisation (partie 6).
La réalisation ou l'extension de zones
d'activités sont des mesures de valorisation classiques. A l'origine,
leurs conception et objectifs peuvent être sans relation directe avec le
fait autoroutier et relèvent, au moins au départ, de dynamiques
strictement endogènes. Cependant, la perspective de la mise en service
de l'autoroute peut permettre de donner une nouvelle impulsion à ces
stratégies, qui dès lors intègrent la présence de
l'infrastructure et la considère comme un atout supplémentaire.
Concernant l'A39, E. FAIVRE a analysé les attentes et les perceptions
qu'avaient les acteurs locaux du rôle de l'autoroute, et a ainsi mis en
évidence la nature des problèmes et autres freins qui peuvent
exister quant à la réussite de ces stratégies. De cette
analyse, trois processus types ont été mis en
évidence :
- « Des actions claires et collectives pour des
résultats probants » : les entretiens
réalisés entre avril et mai ont révélé que
les communautés de communes de Feurs en Forez, du Pays entre Loire et
Rhône, du Pays de Tarare et de l'Arbresle ont d'ores et
déjà élaboré des projets de création ou
d'extension de zones d'activités. Ces projets sont tous issus d'une
démarche collective, car ils ont été initiés au
sens de structures intercommunales. Il faut ajouter également le projet
de CTD qui devrait unir quatre communautés de communes
ligériennes, et donc la plus petite échelle d'actions devrait
assurer solidarité et cohérence territoriales. Aussi, pour
plusieurs de ces intercommunalités, la mise en place d'une
pépinière d'entreprises viendra s'ajouter à l'extension ou
la création de zones d'activités. Ces projets ont d'abord pour
but de répondre à la demande de localisation d'entreprises, mais
aussi d'anticiper la mise en service du futur axe autoroutier. Ceci est plus
particulièrement vrai pour les communautés de communes du Pays de
Tarares et de l'Arbresle, qui ont toutes deux prévu la création
d'une zone d'activités à proximité d'un diffuseur.
Toutefois, l'ampleur de ces projets ne sera pas comparable, car l'autoroute est
perçue différemment dans la communauté de communes de
Tarare, qui attend beaucoup de l'axe afin de dynamiser et diversifier son tissu
économique local, et de la communauté de communes du Pays de
l'Arbresle, qui voudrait freiner au maximum l'extension urbaine de
l'agglomération lyonnaise.
Ces quatre communautés de communes ont donc mise en
place des projets « clairs et collectifs » pour valoriser
l'opportunité autoroutière. Dès lors, la réussite
devrait être au rendez-vous, mais les cinq années qui nous
séparent de la mise en service de l'autoroute, avec les élections
municipales en 2008, peuvent encore modifier la donne...
- « Pas ou peu d'actions pertinentes et
collectives pour pas ou peu de résultats » : la
communauté de communes du Pays d'Amplepuis - Thizy semble être
dans ce cas. Malgré la création d'une zone d'activités, la
mise en service de l'autoroute semble lointaine et pour l'instant aucune mesure
de valorisation n'a été constatée. Mais il convient de
souligner, une fois de plus, que les élections municipales de 2008
pourraient changer la donne. Il semble essentiel pour cette structure
intercommunale d'initier des projets forts et collectifs, car sa situation par
rapport au futur axe pourrait être défavorable, sans mesure de
valorisation franche et concrète.
- « Absence ou abandon d'actions communes et
pertinentes pour aucun résultats » : la petite
intercommunalité du Beaujolais - Val d'Azergues n'a en effet
initié aucun projet ni aucune mesure de valorisation vis-à-vis du
futur « barreau ». Ceci s'explique par la conscience de
cette structure de son incohérence territoriale, et du fait qu'elle
serait « vouée à disparaitre ». Dès
lors, la mise en oeuvre de politiques de valorisation ne semble pas
nécessaire, ce qui s'explique aussi par une certaine
prospérité de ce territoire.
L'évaluation des politiques de valorisation, permise
par la réalisation d'entretiens avec les responsables du
développement économique de plusieurs communautés de
communes, correspond à un état, à la situation d'une
période précise. Il convient de rappeler que l'autoroute sera
mise en service en 2012, et que des politiques nouvelles pourraient être
initiées. De plus, les élections municipales de 2008 pourraient
engendrer des changements radicaux de ces politiques de valorisation. Ainsi,
même si l'exercice mené ici s'appuie sur des
éléments concrets, il peut s'avérer caduque dans la mesure
où les orientations des structures intercommunales pourraient être
appelées à changer. Enfin, il convient une nouvelle fois de
rappeler que l'objectif de cette étude n'est pas de tirer des
conclusions qui auraient valeur de certitude. Au contraire, il s'agit de
comparer les éléments mis en évidence dans d'autres
études avec les informations recueillies dans le cadre de ce
mémoire, et ainsi permettre un essai d'analyse prospective dont il est
nécessaire de souligner la relativité, car les
caractéristiques initiales mise en évidence lors de sa
réalisation son appelées à évoluer.
La réalisation de l'état des lieux relatif aux
entreprises, aux zones d'activités et aux politiques de valorisation
mises en place par les structures intercommunales, a servi de base pour
établir l'essai de prospective par comparaison. Il s'agissait, par
rapport aux résultats d'études similaires, d'établir les
grandes tendances susceptibles de se produire sur l'espace d'étude.
L'évolution du système de localisation des activités, tel
qu'il est proposé par E. FAIVRE, nous a permis d'appréhender
globalement les processus d'actions et d'interactions entre acteurs du
système. Mais pour affiner cette analyse, le recours à des
comparaisons concrètes a été nécessaire. Aux termes
de cet exercice, il semble avéré que l'autoroute induit une
réorganisation de l'activité économique, qui se polarise
alors autour des diffuseurs, sans pour autant qu'il soit possible d'affirmer
qu'elle engendre et qu'elle permet le développement économique.
Il paraît en effet très difficile d'imputer à l'autoroute
seule une croissance d'emplois ou d'entreprises dans un secteur particulier,
car comme nous l'avons montré, de multiples facteurs interagissant sont
à prendre en compte pour espérer évaluer
concrètement l'influence de l'infrastructure. Dés lors, la
sensible question des relocalisations d'activités à
été posée pour tenter, sur l'espace d'étude, de
déterminer les territoires qui pourraient être touchés par
ce phénomène, et ceux qui au contraire pourraient être des
lieux d'implantation idéaux dans la perspective de la mise en service du
futur tronçon A89. Aussi, il apparaît que les politiques de
valorisations économiques claires et collectives sont les clefs pour
assurer sur les territoires des retombées positives, ou atténuer
les « effets » négatifs. Il s'agit en effet d'un
facteur fondamental, car l'impact sur les dynamiques territoriales qu'induit la
mise en service d'une autoroute relève pour beaucoup, voire
entièrement de logiques d'acteurs.
A l'issue de ces analyses, la question de leur utilité
et de leur utilisation se pose. En effet, cette étude a pour vocation de
servir de base à de futures investigations qui évalueraient
l'incidence réelle de l'infrastructure sur les territoires, mais aussi
d'apprécier l'efficacité des mesures de valorisation
décrites ici. Or, il semble nécessaire de détailler dans
quelles mesures les outils et indicateurs pourraient être par la suite
utilisés et mis à profit. Aussi, même si cette étude
a été réalisée dans un cadre et selon des
méthodologies universitaires, elle semble destinée aux acteurs
eux même en tant que support informatif, voire d'outil d'aide à la
décision.
8 DE
L'UTILISATION ET DE L'UTILITÉ DE CETTE ÉTUDE
Le thème d'étude de ce mémoire
universitaire a été initié par l'Observatoire de
l'Environnement et des Territoires de l'Autoroute A89. L'objectif
principal de cette étude et d'établir un état des lieux,
un état référence concernant les zones d'activités,
les entreprises et les politiques de valorisation d'ores et déjà
initiées, ou non, dans la perspective de la mise en service du futur
« barreau » A89. Cette étude a donc pour vocation
d'être utilisée, dans quelques années, c'est-à-dire
certainement lors de la mise en service du tronçon autoroutier, afin de
mettre en évidence les évolutions concernant l'activité
économique et les dynamiques territoriales que pourrait induire
l'ouverture de l'infrastructure, par rapport à la situation
référence décrite dans ce mémoire. C'est dans ce
but que la base de données concernant les zones d'activités a
été construite, qu'un support SIG a été
élaboré et que des indicateurs ont été
déterminés. Dans cette perspective, il semble donc essentiel de
revenir sur le cadre de réalisation de cette étude, mais
également sur les outils mis en place afin de permettre à ce
travail d'être une base valable pour de futures études.
L'une des missions des observatoires autoroutiers est de
fournir des informations aux acteurs institutionnels des territoires
traversés par l'infrastructure, qui sont très demandeurs. Comme
nous l'avons vu précédemment, la création de
l'observatoire A71, premier du genre, a été permis par l'attente
et la sollicitation des acteurs locaux. Dès lors, les études
menées dans le cadre d'observatoires autoroutiers ont à la fois
un but scientifique, c'est-à-dire évaluer concrètement les
« effets » qu'engendre la mise en service d'une autoroute,
mais également l'aide à la décision en mettant à
disposition des acteurs locaux les résultats obtenus. Cette étude
ne déroge donc pas à la règle, et comme le souligne
l'intérêt qu'ont montré de plusieurs acteurs pendant la
phase d'acquisition des données, sa vocation est de fournir des
informations concrètes aux acteurs des territoires. Nous avions
évoqué précédemment le processus d'échange
de données, fournies dans un premier temps par divers organismes et
collectivités territoriales sollicités, ensuite traitées
par l'observatoire, et enfin restituées aux acteurs locaux. Il
apparaît que, grâce aux technologies informatiques et de
communications actuelles, ce processus pourrait être beaucoup plus
efficient. Ainsi, un support de cartographie interactive a été
imaginé, sur lequel pourraient se greffer plusieurs thématiques
novatrices initiées par l'observatoire, mais aussi les travaux d'autres
organes de recherche. Dés lors, la vocation d'aide à la
décision des travaux menés par les observatoires autoroutiers
trouverait, grâce a ce support, un moyen de diffusion efficace et
pratique pour les acteurs des territoires.
8.1 Une
étude universitaire « support » de futurs travaux de
recherche...
8.1.1 Le cadre de réalisation de
cette étude
« Le système d'étude, nommé
observatoire autoroutier190(*) », vise à identifier et à
mesurer, si possible, les « effets » directs et indirects
de la construction, puis de la mise en service d'une autoroute sur les
territoires desservis. Cette étude contribue aux travaux menés
par l'observatoire A89. En activité depuis 1995, sa création a
été initiée par ASF pour évaluer l'influence sur
les territoires du Massif Central de la mise en service de la première
grande autoroute transversale. Les études menées dans le cadre de
cet observatoire sont conduites par des universitaires et des chercheurs,
souvent localisés à proximité des régions suivies.
C'est pour cela que la structuration de l'observatoire A89 est multi-sites, en
associant les universités de Bordeaux, Limoges, Clermont-Ferrand,
Saint-Etienne et de Savoie Technolac (Bourget-de-Lac), où se situe
désormais le siège. Comme nous l'avons souligné plus haut,
la période d'étude est longue (souvent une dizaine ou une
quinzaine d'années), divisée en trois séquences
temporelles distinctes : avant la mise en service, pendant et après
celle-ci. Cette méthodologie permet d'établir des comparaisons
d'évolutions entre plusieurs variables examinées à chaque
période. Malgré les critiques que peut susciter cette approche
(cf. partie 1.2.3), elle permet, entre autres, de quantifier les
évolutions observées, mais aussi de se rendre plus abordable pour
les acteurs locaux.
L'étude menée ici est inscrite dans l'approche
développée par l'observatoire A89, qui a récemment
sollicité l'université J. Monnet de Saint-Etienne pour mener des
études sur le futur tronçon terminal de l'A89, qui devrait
normalement être mis en service en 2012. Ce mémoire s'inscrit donc
dans le « temps t-1 », antérieurement à la
mise en service de l'autoroute. C'est cette situation dans la
temporalité de l'autoroute qui a commandé les choix
méthodologiques de ce mémoire, qui pourrait être utile en
tant que référence à de futures travaux sur le
« barreau » A89. Aussi, c'est pour la réalisation de
cette étude, mais aussi en anticipant sur de potentielles études
ultérieures, que des indicateurs ont été
déterminés, en se fondant sur l'ensemble des données
recueillies, et qu'un SIG a été mis au point.
8.1.2 Des indicateurs révélateur des
évolutions territoriales
Le processus d'acquisition des données s'est
révélé long et complexe. De plus, celles-ci
présentent une grande hétérogénéité,
ce qui a nécessité de les organiser et de les hiérarchiser
selon leur nature, qualitative ou quantitative, mais aussi selon les
entités territoriales auxquelles elles correspondent et qui
présentent toutes un niveau scalaire spécifique (cf. partie 2.2
et figure 1.11). De cette hiérarchisation, 21 indicateurs ont pu
être établis selon six critères préalablement
déterminés. Les données constitutives des indicateurs ont
toutes une base spatiale et concernent des entités qui leur sont
propres, de la zone d'activités à la zone d'emploi. Le but de ces
indicateurs et de pouvoir établir des comparaisons lorsqu'une prochaine
étude sur le « barreau » A89 sera menée, en
tentant de déterminer, à partir de leur évolution, le
rôle de l'autoroute. Ces indicateurs vont être ici
détaillés et resitués par rapport à l'autoroute et
à sa probable incidence sur les différents domaines,
classés ici en critères.
- Critère démographique : un
indicateur relatif à la population, basé sur les recensements
généraux de la population.
La mise en service d'une autoroute peut susciter des
déplacements de populations. L'exemple classique en la matière,
constaté pour les lignes ferroviaires à grande vitesse, concerne
le phénomène de périurbanisation. En effet, une autoroute
peut permettre aux actifs travaillant en agglomération de résider
dans des communes rurales éloignées de leur lieu de travail, sans
pour autant que leur temps de transport soit plus long. Nous avons
évoqué plus haut le phénomène de desserrement
d'actifs vers l'Ouest de Lyon que le futur « barreau » A89
pourrait engendrer.
- Critère socio-économique : il
concerne six indicateurs. Le taux de la taxe professionnelle des communes, leur
nature (TPU ou taxes additionnelles), le nombre d'actifs par commune, le nombre
de salariés par commune, le nombre d'emplois industriels et le taux
d'emploi pour chaque commune.
La mise en service de l'autoroute pourrait susciter une
réévaluation des taux de taxe professionnelle, notamment sur
certaines zones d'activités qui pourraient bénéficier d'un
taux d'imposition restreint pour inciter à l'implantation d'entreprises.
Aussi, la mise en service de l'autoroute est susceptible d'engendrer une
homogénéisation des taux de taxe professionnelle et favoriser
ainsi le passage des communautés de communes en TPU. La présence
d'un diffuseur est susceptible de densifier les tissus économiques
locaux. Dès lors, la population d'actifs sur les communes limitrophes
pourrait augmenter sensiblement, ce qui correspondrait alors à l'effet
d'entraînement suscité par l'infrastructure. Le même
raisonnement peut être fait en ce qui concerne le nombre
d'employés de chaque commune, qui, rapporté au nombre d'actifs,
permet d'établir le taux d'emplois. Pour terminer, l'évolution du
nombre d'emplois industriels de chaque commune permettrait de mettre en
évidence soit des transferts des communes les plus
éloignées vers celle qui sont plus proches de diffuseurs, ou
même signifier une densification de ce secteur dans certaines zones.
- Critère zone d'activités : cinq
indicateurs ont été déterminés selon ce
critère. Le taux d'occupation, les prix des terrains au mètre
carré, le volume d'emplois et d'entreprises par secteur et le mode de
gestion, communal ou intercommunal, de ces zones d'activités.
Le taux de remplissage des zones d'activités est un
indicateur classique quant à la polarisation que pourrait engendrer
l'autoroute, et plus particulièrement des diffuseurs. En effet, si on
compare les taux de remplissage actuel avec ceux qui seront constatés
d'ici quelques années, on pourrait d'une part mettre en évidence
les zones qui ont été les plus attractives, de celles qui au
contraire n'ont pas suscité d'engouement particulier. Cet indicateur
permettrait également d'évaluer l'efficacité des
politiques de valorisation mises en oeuvre par les structures qui gèrent
ces zones d'activités. Enfin, cet indicateur semble susceptible de
mettre en évidence les déséquilibres territoriaux
potentiellement induit par la mise en service du futur axe si une baisse de ce
taux est constatée. L'évolution des prix des terrains au
mètre carré pourrait également souligner
l'attractivité de telle ou telle zone d'activités si une baisse
ou une hausse est mise en avant. En effet, ce constat indiquerait une hausse,
ou une baisse de la demande, qui impliquerait logiquement une augmentation, ou
une diminution des coûts d'acquisition de ces terrains. Dans ce
processus, la proximité de l'autoroute pourrait jouer un grand
rôle. En ce qui concerne le volume d'emplois et d'établissements,
l'évolution de ces indicateurs dévoilerait également
l'attractivité, ou au contraire un délaissement de telle ou telle
zone d'activités. Pour terminer, l'indicateur relatif au mode de gestion
communal ou intercommunal pourrait montrer les effets de réorganisation
administrative que susciterait la mise en service de l'autoroute, ceci afin de
rendre plus efficace ces modes de gestion.
- Critère entreprise : il concerne quatre
indicateurs. Le résultat du second volet de l'enquête sur les
effets escomptés ou attendus du futur axe A89, le nombre d'entreprises
et de création d'entreprises par commune, et enfin le nombre
d'entreprises par classe d'effectif salarié par commune.
Comparer les résultats de l'enquêtes concernant
les effets escomptés ou attendus du futur axe A89 avec une seconde
campagne d'enquête destinée à évaluer les effets
effectivement ressentis vis-à-vis de la mise en service de l'autoroute,
pourrait permettre de mettre en évidence les aspects
représentatifs que porte l'autoroute pour les chefs d'entreprise. En
effet, les résultats de l'enquête ont montré que les
entrepreneurs attendaient surtout des gains de temps, des facilités dans
leurs échanges d'affaires et une amélioration de l'image de
marque des territoires et des entreprises. Or, ces attentes pourraient
être confirmées ou infirmées une fois l'autoroute mise en
service, ce qui apporterait alors des éléments de
compréhension des comportements de ces entrepreneurs susceptibles de
réorganiser les modes de production ou encore l'organisation de leurs
entreprises. Le nombre d'entreprises et de créations par commune est un
indicateur qui pourrait apporter des réponses quant à l'influence
spatiale de l'autoroute, et notamment pour préciser les termes d'un
potentiel déséquilibre territorial provoqué par la mise en
service de l'autoroute. C'est en effet à partir du même type de
données qu'E. FAIVRE a pu mettre en évidence la limite des dix
kilomètres des diffuseurs de l'A36, au delà de laquelle une
baisse du nombre d'entreprises a été constatée191(*). Pour finir, l'indicateur
relatif au nombre d'entreprises, par commune, selon leurs effectifs
salariés, pourrait permettre de caractériser l'influence
potentielle de la proximité autoroutière sur les tissus
économiques locaux.
- Critère mobilité et
accessibilité : de ce critère, quatre indicateurs ont
été déterminés. L'accessibilité des bassins
de vie, la durée des déplacements domicile - travail, le temps
d'accès moyen aux chefs lieux de départements et de
région, et enfin les migrations entre aires urbaines.
Il s'agit là d'indicateurs connexes au thème
d'étude de ce mémoire, mais qui ont été
malgré tout élaborés, car l'amélioration de
l'accessibilité et de la mobilité sont des facteurs primordiaux
quant aux relocalisations d'entreprises et à la création de zones
d'activités à proximité d'un diffuseur. Il s'agit
là d'indicateurs qui se veulent complémentaires de l'étude
de S. PAILLIER qui concerne les flux de transport dans l'Ouest
lyonnais192(*), et qui
pourraient ainsi appuyer de futures études concernant cette
thématique. Il parait évident que l'autoroute va améliorer
l'accessibilité et la mobilité dans la zone d'étude.
Toutefois, il convient de rappeler que l'usage du futur axe, mais aussi le
raccordement à l'autoroute A6, sont des éléments
déterminants dans l'évolution de ces indicateurs.
- Critère gouvernance et administration
territoriale : un seul indicateur a été
déterminé sur ce critère, il s'agit de l'évaluation
des politiques de valorisation.
Nous avions évoqué précédemment le
rôle clef des acteurs dans la valorisation de l'infrastructure. Les
mesures de valorisation d'ores et déjà élaborées au
sein des EPCI ont pu être évaluées grâce aux
entretiens réalisés avec les responsables du développement
économique des structures intercommunales. Il s'agira alors, dans
l'avenir, d'observer les incidences effectives de la mise en service de
l'infrastructure sur les tissus économiques locaux, puis de mettre ces
observations en parallèle avec les politiques de valorisation mises en
évidence durant la réalisation de cette étude. Ainsi, il
paraît possible d'évaluer l'efficacité, ou non, de ces
mesures, mais aussi de déterminer les freins et facteurs
défavorables qui pourraient limiter l'impact de ces politiques de
valorisation.
Les indicateurs élaborés ont pour vocation
principale d'apporter des éléments quantifiables pour
caractériser l'incidence de la mise en service du futur axe A89 Balbigny
- La-Tour-de-Salvagny sur les territoires de l'espace d'étude. Il
convient de rappeler que les données, qui sont à la base de la
détermination de ces indicateurs, ont été
conservées sur support informatique afin d'être
éventuellement exploitées lors d'une future campagne
d'étude concernant le « barreau » A89. Aussi, le
système d'information géographique, élaboré
dès le début de cette étude, a surtout été
utilisé pour produire des cartes. Ce SIG apparaît aussi comme un
support idéal pour caractériser spatialement l'évolution
de ces critères.
8.1.3 Le SIG, un support d'étude à long
terme
Comme nous l'avons vu précédemment, les
données recueillies pour mener à bien cette étude ont
toute une base spatiale, Le SIG permet donc de restituer ces données,
« pas uniquement sous forme de carte mais aussi à partir d'une
liaison avec le terrain, permettant de mesurer les transformations rapidement,
afin d'offrir des éléments d'analyses
pertinents »193(*).
Le SIG développé dans le cadre de cette
étude a donc une double vocation. A la fois comme outil de production
cartographique, mais aussi en tant que support d'observation, capable de
restituer rapidement les évolutions territoriales constatées
avant, pendant et après la mise en service du futur axe A89. En effet,
les données acquises pour réaliser cette étude sont
susceptibles d'évoluer avec la mise en service du futur
« barreau » A89. A partir de cette base, il semble
très intéressant et pertinent d'intégrer au SIG les
données qui pourraient être recueillies dans une prochaine phase
d'étude menée par l'observatoire A89. Cette procédure
permettrait ainsi très rapidement de distinguer les évolutions
concernant le nombre d'entreprises, la structuration spatiale des zones
d'activités, les évolutions démographiques ou encore un
éventuel transfert de flux de transport des axes traditionnels vers la
future infrastructure. Ainsi, ce système pourrait être susceptible
d'embrasser toutes les thématiques d'étude abordées par
l'observatoire autoroutier en permettant d'avoir une vision multi-scalaire, du
niveau zonal à l'échelle départementale, voire
nationale.
Dans l'état actuel, le système ne concerne que
l'espace d'étude défini pour mener à bien ce
mémoire. Mais ce SIG n'est pas « figé »,
ses capacités d'évolution sont grandes. Par exemple, l'extension
de l'espace concerné est tout à fait envisageable. De la
même façon, il serait possible de générer de
nouvelles couches relatives par exemple aux espaces bâtis, aux terres
agricoles tout en détaillant pour chacune des entités leur
vocation ou encore leur restructuration. Ce SIG présente donc de grandes
potentialités, et pourrait contribuer efficacement aux travaux
menés par l'observatoire. Aussi, il paraît évident que ce
système serait un outil d'aide à la décision efficace.
Pour que ce SIG puisse pleinement remplir sa vocation de
support d'étude, la fréquence de mise à jour des
données devrait être idéalement annuelle afin de donner au
système un degré de pertinence accru194(*). C'est en effet ce
délai de rafraichissement des données qui détermine la
finesse des analyses. Toutefois, même si ce système devait
être mis à jour seulement dans quelques années, il
permettrait malgré tout de mettre en avant les évolutions
spatiales suscitées ou non par la future infrastructure.
S. LE CORRE, grâce à ses travaux, a donc
clairement mis en avant les capacités d'un SIG comme support
d'étude pour les travaux menés par les observatoires
autoroutiers, mais aussi dans sa « sphère
opérationnelle 195(*)» en tant qu'outil d'aide à la
décision. En effet, en plus d'être des organes d'étude, les
observatoires autoroutiers apportent une contribution informative pour les
acteurs locaux.
8.2 ...aussi à destination des
acteurs
En plus de répondre aux sollicitations de la LOTI, les
observatoires autoroutier ont clairement pris le parti de l'aide à la
décision. En effet, les études qu'ils mènent peuvent
être d'un grand intérêt pour les décideurs locaux,
car elles peuvent leur permettre d'appréhender la nature et les formes
des influences de la mise en service d'une autoroute sur leur territoire. Les
observatoires proposent aussi de véritables supports et outils d'aide
à la décision, comme l'atlas de l'A89, ou encore la grille
d'analyse proposée par E. FAIVRE. Ce mémoire ne déroge pas
à la règle, et il pourrait permettre aux acteurs de l'espace
d'étude, qu'ils soient élus politiques ou simples riverains,
d'appréhender globalement les caractéristiques
socio-économiques des territoires, mais aussi, comparativement aux
conclusions d'autres études du même type, d'envisager des
« effets » prévisibles. Dans cette perspective, il
apparaît que les moyens de communication actuels, tel qu'internet,
pourraient permettre d'élargir considérablement la portée
des travaux menés par les observatoires autoroutiers. Un projet de SIG
en ligne a donc été imaginé, d'abord dans un but de
diffusion des informations, et donc d'aide à la décision, mais
aussi afin de faciliter et d'optimiser l'échange d'information entre
fournisseurs de données et l'observatoire autoroutier.
8.2.1 Une étude destinée aux acteurs des
territoires
Ce mémoire apporte, à son niveau, une
contribution aux études relatives aux influences territoriales de la
mise en service d'une autoroute. Il peut également intéresser les
acteurs institutionnels locaux, mais aussi les acteurs
socio-économiques, et plus particulièrement les chefs
d'entreprises.
Les acteurs institutionnels locaux pourraient trouver un
certain intérêt à cette étude. Tout d'abord,
l'échelle méso-scalaire à laquelle a été
abordé ce mémoire peut permettre d'avoir une vision globale des
territoires qui seront bientôt desservis par le futur tronçon
autoroutier. L'espace d'étude qui a été
déterminé, à cheval entre les départements du
Rhône et de la Loire, correspond au tracé autoroutier. Aussi,
avoir une vision de l'ensemble de ces territoires peut s'avérer
intéressant pour élaborer des projets d'aménagements de
zones d'activités par exemple. En effet, le parc, le remplissage, les
prix de ventes des terrains au mètre carré des zones
d'activités sont des indications importantes pour positionner au mieux
un tel projet et tenter d'assurer son succès. Il s'agit aussi de
garantir une certaine cohérence territoriale pour l'implantation d'une
zone d'activités, ceci par rapport aux caractéristiques de
l'offre disponible sur des territoires voisins. Les cartes et les analyses
réalisées dans le cadre de ce mémoire peuvent ainsi
permettre d'avoir une échelle d'analyse peu commune de ces territoires,
il peut ainsi s'avérer d'une certaine utilité, à son
niveau, pour l'élaboration de projets de valorisation du futur
tronçon A89.
L'essai d'analyse prospective par comparaison peut
également permettre de connaitre les résultats d'autres
études sur la même thématique. L'interprétation qui
à était faite sur cette base ne correspond pas, rappelons le,
à une évolution ou à des processus inéluctables.
Elle n'a qu'une valeur indicative est reste donc sujette à débat.
Toutefois, pour les acteurs que le sujet intéresserait, les
références et les principaux résultats d'autres
études ont été abordés. Ainsi, pour ceux que le
sujet intéresserait, et qui voudraient approfondir le sujet, une
bibliographie détaillée est mise à disposition.
Concernant les chefs d'entreprises ou les futurs
entrepreneurs, ce mémoire peut également s'avérer utile.
En effet, la mise en service prochaine du futur axe autoroutier pourrait
être un facteur de localisation ou de relocalisation intéressant.
La base de données relative aux zones d'activités, à
partir de laquelle une série de cartes a été
réalisée, informe sur la quasi-totalité des espaces
d'accueil destinés aux entreprises de l'espace d'étude.
Dès lors, ce support unique pourrait permettre d'optimiser efficacement
le choix d'une localisation en zone d'activités, en fonction de son taux
de remplissage, des coûts des terrains, de sa situation par rapport au
futur « barreau » ou encore le tissu d'entreprises d'ores
et déjà implantées sur ces sites.
Ce mémoire apporte donc, à son niveau, des
informations et une échelle d'approche intéressantes pour les
acteurs institutionnels locaux initiateurs ou artisans des mesures de
valorisation du futur axe, mais aussi pour les acteurs économiques
soucieux de profiter de l'opportunité autoroutière. Cette
étude s'inscrit dans un parti pris des observatoires autoroutiers et des
chercheurs oeuvrant en leur sein, c'est-à-dire l'aide à la
décision. La restitution de leurs travaux et des résultats
prennent différentes formes, de l'atlas aux outils d'évaluation
et de traitements très élaborés.
8.2.2 Des supports et outils d'aide à la
décision de diverses formes
L'observatoire A89196(*) a ainsi publié, en 2005, un atlas des
territoires et de l'environnement de l'autoroute A89. Cet ouvrage
revient sur toutes les thématiques abordées au sein de
l'observatoire : activités économiques, dynamiques
territoriales, influences paysagères, etc. Dans la préface
rédigée par J. TAVERNIER, directeur général d'ASF,
la capacité d'aide à la décision que porte cet ouvrage est
décrite ainsi : cet atlas « devrait permettre [...] de
sensibiliser les décideurs locaux et les relais d'opinion sur les effets
de l'autoroute afin que, pour tous (population, collectivités locales,
milieux associatifs et économiques, Etat et concessionnaire), les
retombées des investissements réalisés soient
optimales ». Plus loin, dans l'introduction, J. VARLET précise
que « cet atlas peut aider, à sa mesure, le lecteur dans sa
réflexion, dans son évaluation des situations, dans son action,
que celui-ci soit élu politique, acteur socio-économique ou
riverain. Promu ainsi comme outil d'aide à la décision au service
des populations, il veut ainsi rendre la recherche universitaire aux
citoyens ». Cet atlas, à l'initiative de l'observatoire A89,
tente donc, notamment, « d'actualiser les réflexions locales
en faveur de la définition et de la mise en oeuvre de politiques de
développement local, passant par une meilleure valorisation de
l'infrastructure »197(*). En d'autres termes, les acteurs locaux,
informés par les travaux et les résultats de l'observatoire A89,
se trouvent réinterrogés sur les aspects de leurs politiques
locales, c'est-à-dire leurs cohérences et leurs chances de
succès. Aussi, l'objectif de cet atlas va bien au delà de la
stricte aide à la décision, car il est destiné à
toutes les franges de la population qui se sentent concernées par
l'influence territoriale de l'autoroute A89. Dès lors, cet atlas permet
d'évaluer et de mesurer « l'utilité sociale et
économique de l'ouvrage (l'autoroute) pour les territoires et les
sociétés desservies »198(*). L'atlas des territoires et de l'environnement
de l'autoroute A89 ne se contente donc pas d'être un support
informatif d'aide à la décision, il se destine également
au plus grand nombre que le sujet intéresserait. Au sein d'autres
observatoires autoroutiers, l'objectif de développer des outils d'aide
à la décision est aussi prégnant, mais il se traduit par
la réalisation de supports beaucoup plus ciblés et
spécifiques, à destination exclusive des acteurs institutionnels
locaux et socio-économiques.
E. FAIVRE, en répertoriant les indicateurs descriptifs
et explicatifs de manière synthétique, a créé un
« outil utilisable par les acteurs qui ont en charge les politiques
d'aménagement visant à attirer les entreprises, ou a
pérenniser le développement de leur territoire, en rapport ou non
avec une infrastructure de transport telle que l'autoroute 199(*)». Il s'agit d'une
grille d'analyse destinée à évaluer les influences
autoroutières, afin de déterminer les actions à
entreprendre. Cette grille d'analyse propose une centaine d'indicateurs
qui caractérisent le fonctionnement du système de
localisation des activités développées dans sa
thèse200(*)
(figure 1.5). Cette grille « tente d'identifier les critères
participant à l'organisation territoriale des localisations
d'activités (touchées directement et indirectement, fortement ou
non par le facteur autoroutier) et la façon dont ils se combinent. Au
delà de comprendre, sa vocation est d'établir une certaine
pertinence des critères sélectionnés et de tendre à
une certaine exhaustivité de ceux-ci »201(*). Ainsi, le but de cet outil
est surtout d'évaluer les caractéristiques de la structuration
socio-économique des territoires, c'est-à-dire l'offre, pour
ensuite les confronter aux demandes des entreprises, déterminées
également selon une multitude de critères allant du secteur
d'activité à l'organisation logistique de l'entreprise. Le
fonctionnement de cet outil se révèle complexe et
nécessite une lecture non pas linéaire mais croisée entre
les différents indicateurs, ce qui est rendu nécessaire par la
nature des relations et des interactions qui caractérisent les processus
étudiés, et qui différent nettement selon le territoire
considéré. On retrouve dans l'outil développé par
S. LE CORRE cet aspect « adaptatif ».
La contribution méthodologique de S. LE CORRE aux
travaux « menés sur l'observation des changements lors de la
construction et de la mise en service d'une nouvelle infrastructure
autoroutière »202(*) s'inscrit également dans une logique d'aide
à la décision. En démontrant les avantages de
l'information géographique numérique dans les travaux
menés par les observatoires autoroutiers, son système,
après une phase de construction théorique, « s'est vu
transféré dans la sphère opérationnelle. L'ensemble
des procédures sont alors intégrées dans un outil d'aide
à la décision ». S. LE CORRE a ainsi mis au point un
véritable support informatique destiné aux acteurs
institutionnels locaux désirant avoir une vision multi-scalaires des
caractéristiques et des dynamiques territoriales. Le système de
S. LE CORRE est donc véritablement interactif et évolutif,
capable d'apporter aux décideurs locaux des analyses spatiales
spécifiques et des cartes personnalisées.
Les outils et supports d'aide à la décision
présentés ici constituent tous les aboutissants logiques des
travaux menés dans le cadre des observatoires autoroutiers. Durant la
réalisation de ce mémoire, après lecture des principaux
ouvrages, articles, thèses et mémoires utilisés, et alors
que la banque de données relative aux zones d'activités
était en cours de constitution, l'idée d'un support d'aide
à la décision, mais aussi de diffusion de grande ampleur des
travaux menés par les observatoires autoroutiers, a germer...
8.2.3 Le SIG'Obs A89
Lors d'un débat organisé dans le cadre du
colloque de Clermont-Ferrand en 1995, J. Varlet annonce la création de
l'observatoire A89, puis Mr. Y (Anonyme) ajoute : « en ce
qui concerne l'observatoire, celui-ci est fait pour donner des informations
pour faciliter les décisions au niveau des élus et des acteurs
économiques, mais on peut très bien le concevoir comme un moyen
d'information plus général, sur l'ensemble de la population
pendant la durée des travaux, et après. Cela peut aussi se
concevoir ainsi203(*) ». De cette volonté de faire de
l'observatoire A89 un organe d'étude mais aussi de diffusion, est
sûrement né le projet de l'Atlas des dynamiques des territoires
et de l'environnement de l'autoroute A89, publié en 2005.
Pour S. LE CORRE, un des objectif essentiel des observatoires autoroutiers
devrait être « la diffusion des méthodes et des
résultats afin d'améliorer le partenariat entre observatoire et
structure locale204(*) ». L'acquisition des données
auprès des collectivités locales a en effet été une
opération longue et complexe (partie 2.2.1), car il est
nécessaire de contacter de nombreuses structures locales, puis de
légitimer auprès d'elles cette demande d'information. Toutefois,
les acteurs contactés ont pour la plupart montré un certain
intérêt vis-à-vis du thème d'étude de ce
mémoire, demandant alors que leur soit transmise l'étude une fois
finalisée.
Dès lors, afin de répondre à ces
attentes, j'ai imaginé un SIG en ligne, le « SIG'obs
A89 ». Il serait accessible à partir du site internet de
l'observatoire A89205(*), et mettrait à disposition toute une
série d'indicateurs, de données, d'informations collectées
et traitées, mais aussi d'études thématiques
réalisées par l'observatoire. Cet outil serait à
destination de l'ensemble des acteurs des territoires, aussi bien
institutionnels qu'économiques, des chercheurs, qui pourraient
être concernés et intéressés par ce type d'outil,
mais aussi du grand public que le sujet intéresserait,
L'observatoire A89, comme l'ensemble des observatoires
autoroutiers, est un gros consommateur de données de tous types, qui de
plus nécessite de fréquentes mises à jour. En ce qui
concerne l'évaluation économique et sociale, les données
s'obtiennent, pour une part, assez facilement. Tel est le cas pour les
données démographiques et socio économiques (INSEE,
ASSEDIC, CCI, etc.), de trafic (DRE, DDE, etc.) par exemple. Toutefois,
plusieurs chercheurs l'ont constaté, ces données peuvent
être erronées, du fait de frictions administratives206(*), ou encore par la
temporalité des recensements de population par exemple. Aussi, beaucoup
d'informations plus fines et plus précises demandent de lourdes
démarches pour les obtenir. Il s'agit des données relatives aux
zones d'activités, aux caractéristiques économiques et
sociales, aux mesures et politiques d'aménagements ou encore à
l'occupation des sols par exemple, qui nécessitent de démarcher,
de questionner les services administratifs des collectivités
territoriales, comme les communes et les groupements de communes qui parfois se
montrent assez réticents et peu enclins à transmettre ces
données qui peuvent être jugées
« sensibles ».
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny59.png)
Figure 3.4 : Principe et
fonctionnement du SIG'Obs A89
Il paraît vraisemblable qu'un tel outil servirait
à la fois les travaux menés par l'observatoire, tout comme il
consoliderait la relation essentielle entre fournisseurs de données
« locales » souvent difficilement accessibles, et l'observatoire. La
restitution de ces données serait ainsi optimisée par cet outil,
ce qui pourrait consolider le partenariat et le lien de confiance entre
collectivités territoriales et l'observatoire. Ce type de support
s'inscrirait alors dans la continuité de l'Atlas des dynamiques des
territoires et de l'environnement de l'autoroute A89, en
permettant une plus large diffusion et une certaine interactivité. De
plus, sur cette interface, plusieurs thématiques de l'observatoire
pourraient se greffer, comme par exemple les travaux en cours sur la
consommation d'espace. Ce type d'interface pourrait également favoriser
le partenariat avec des organes de recherche tels que l'Observatoire
Photographique des Territoires du Massif Central (OPTMC). On pourrait
même imaginer un support de diffusion commun pour ces deux observatoires
dont les thématiques d'étude peuvent être
complémentaires, notamment en ce qui concerne les évolutions
paysagères.
Ce projet se heurte toutefois à plusieurs limites,
relatives aux investissements financiers, qui pourraient s'avérer
très lourds aux vues des prix d'acquisition des fichiers proposés
par l'IGN, mais aussi humains, car la mise en place, puis la mise jour des
données nécessiteraient certainement l'emploi d'un ou plusieurs
géomaticiens. Aussi, la refonte du site internet de l'observatoire A89
s'avérerait nécessaire pour accueillir cette nouvelle
fonctionnalité. Plus globalement, la mise en ligne de ces
données, qui seraient alors accessible au plus grand nombre, pose la
question de la concurrence entre les territoires, qui pourrait être alors
accentuée par ce type d'outil. Toutefois, la transparence que
permettrait cette interface pourrait au contraire favoriser la promotion
territoriale, ce qui serait gage d'efficacité...
Quoiqu'il en soit, ce projet ne dépassera sans doute
pas le stade d'idée, qui a au moins le mérite d'exister. Aussi,
cette idée de projet s'inscrit dans une aspiration contemporaine de
« l'évaluation partagée », qui
« favorise l'exercice concret de la démocratie participative
[...] en donnant corps à cette nouvelle culture politique de
l'évaluation, génératrice de toujours plus de
transparence207(*) ».
CONCLUSION GENERALE :
Ce mémoire avait pour but d'évaluer l'influence
de la mise en service du futur axe A89 qui reliera Balbigny à la
Tour-de-Salvagny sur la géographie économique de l'espace
d'étude. Pour mener à bien cette étude, une
problématique spécifique a été
élaborée, en s'inspirant des travaux de plusieurs chercheurs. La
question de la localisation des activités économiques
était bien sûr sous-jacente dans la problématique initiale.
Or, la localisation d'un objet dans l'espace relève à la fois de
sa situation absolue, mais aussi relative. Autrement dit, la localisation
constatée à un moment donné relève forcement d'un
choix, d'une décision fondée sur de multiples facteurs. Les
processus de localisation s'avèrent donc complexes, et pour les
formaliser, il est donc apparu nécessaire de recourir à une
approche systémique, qui demeure la seule capable à
appréhender globalement la multitude de facteurs intervenant dans ces
processus, tout en intégrant leurs interactions. Dès lors,
concernant la thématique d'étude de ce mémoire, un
système a été élaboré, en s'inspirant
largement des travaux d'E. FAIVRE. Ce système a été la
base de travail de ce mémoire, et c'est à partir de sa structure,
complétée par la méthodologie développée par
P. BERION, que l'état des lieux a été
élaboré. En complément de cette approche, un
système d'information géographique a été
réalisé spécifiquement pour ce mémoire et ses
objets d'études, en s'inspirant cette fois des travaux de S. LE
CORRE.
Il nous a semblé que le premier élément
indispensable pour répondre à la problématique de cette
étude était de réaliser un état des lieux relatif
aux zones d'activités et aux entreprises. Celui-ci nous a
révélé la structuration territoriale des entreprises, qui
correspond toujours à l'armature urbaine. Toutefois, selon les secteurs
d'activités considérés, les localisations de ces
entreprises sont différentes. En ce qui concerne le secteur industriel,
dont le plus grand nombre d'établissements est concentré dans et
autour des pôles urbains, nous avons constaté que dans de
nombreuses communes rurales, ce secteur était dominant, jusqu'à
représenter 80% des emplois de celle-ci. Les entreprises de transport
sont localisées majoritairement dans des communes traversées ou
proches des axes routiers d'importance, tandis que les entreprises du secteur
tertiaire sont les plus nombreuses et présentes sur pratiquement chaque
commune de l'espace d'étude. En complément de cette analyse, une
enquête réalisée auprès de plusieurs chefs
d'entreprises nous a permis d'appréhender les facteurs de localisation
les plus importants quant à la localisation de leur activité.
Pour eux, le prix du terrain et des locaux, la possibilité de stockage,
de stationnement, d'extension future, et la qualité des locaux sont des
facteurs de localisation de première importance. Des facteurs moins
objectifs ont également été bien notés, comme la
qualité de l'environnement et l'image du site, qui font clairement
référence à la perception de l'espace. Dès lors, en
ce qui concerne les logiques de localisation des entreprises, des facteurs que
l'on peut qualifier d'objectifs semblent aussi importants que ceux, moins
objectifs, qui font référence à la valeur idéelle
attribuée à l'espace.
En ce qui concerne les zones d'activités, celles-ci
présentent une distribution numéraire bien plus diffuse, à
tel point qu'aujourd'hui, celles qui sont localisées dans les communes
rurales sont aussi nombreuses que dans les communes urbaines. Ce constat a
été mis en évidence après l'analyse du rythme de
création de ces zones depuis 1979. Un phénomène de
diffusion spatiale a été révélé des
pôles urbains les plus importants vers les villes moyennes, puis vers les
petites villes et touchant enfin les bourgs-centre. L'analyse des rythmes de
créations a également accrédité la vraisemblance
d'un modèle d'évolution temporelle lié à l'annonce
d'une mise en service d'autoroute déjà souligné dans
plusieurs études. En effet, à partir de 1987, avec l'inscription
de l'autoroute A89 au schéma directeur routier national, nous avons
constaté que le nombre de créations de zones d'activités a
connu une véritable explosion, en passant de 15 en 1987 à 74 en
2006. Le remplissage des zones d'activités est, d'une manière
générale, d'environ 50%. Toutefois, nous avons pu observer
qu'à proximité de l'agglomération lyonnaise, sur le
territoire des communautés de communes du Pays de l'Arbresle et du
Beaujolais Val d'Azergues, le taux de remplissage est de 95% ! Cette
saturation est à mettre au compte de la proximité lyonnaise, qui
reste très attractive en terme de localisation. Le même
phénomène « catalyseur » de
l'agglomération lyonnaise a été constaté concernant
les prix des terrains en zones d'activités mais aussi pour les taux de
taxe professionnelle. En effet, ces deux variables augmentent progressivement
d'Ouest en Est, c'est-à-dire à mesure que l'on s'approche de la
capitale rhônalpine.
Pour tenter d'évaluer l'influence du futur axe
autoroutier sur la structuration territoriale des zones d'activités, il
s'est avéré nécessaire d'aller consulter les acteurs
institutionnels locaux des établissements publics de coopération
intercommunale, pour tenter de déterminer les projets de
créations ou d'extensions de zones d'activités d'ores et
déjà élaborés et/ou mis en oeuvre. Huit entretiens
ont donc été réalisés, pour la plupart avec les
responsables des questions économiques de ces structures
intercommunales. Trois types de positionnement face à la mise en service
du futur axe ont pu être déterminés. Le premier prend la
forme d'une forte anticipation et d'une politique volontariste. Ces
intercommunalités ont en effet déjà prévu
d'implanter une nouvelle zone d'activités à proximité d'un
échangeur et/ou d'en agrandir un certain nombre de leur stock. Aussi,
pour plusieurs d'entre elles, des mesures relatives à l'aide et à
l'accueil d'entreprises, comme par exemple des projets de
pépinières d'entreprises, ont déjà
été élaborées. Pour une autre structure
intercommunale, il s'agit surtout de limiter l'extension urbaine de
l'agglomération lyonnaise que pourrait accélérer le futur
axe. Enfin, pour deux intercommunalités, l'absence de mesure de
valorisation a été constatée, pour des raisons qui
tiennent à la proximité des élections municipales, mais
aussi à la cohérence territoriale de la structure
intercommunale.
Les éléments mis en évidence dans ces
deux premières parties nous permettent donc de répondre
partiellement à la problématique. Tout d'abord, dans le cadre de
l'enquête entreprise, le facteur proximité de l'autoroute n'est
pas le mieux noté. Ceci nous amène à penser que
l'accessibilité et les gains de temps permis par l'infrastructure ne
fondent en aucun cas son attractivité. En effet, les facteurs
évoqués précédemment, relatifs notamment au
coût et à la qualité des terrains et des locaux sont
véritablement les éléments de première importance,
et qui constituent ainsi l'attractivité de tel ou tel site. Dès
lors, au regard de ces facteurs, il apparaît que l'action des acteurs
locaux est primordiale quant à l'attractivité de leur territoire,
et qu'elle dépend pour beaucoup des actions qu'ils mettent en oeuvre
pour valoriser l'autoroute. Or, il semble que pour plusieurs
intercommunalités qui ont d'ores et déjà
élaboré et/ou mise en oeuvre ce type de mesures, l'arrivée
d'entreprises soit plus que probable. Aussi, dans plusieurs entretiens, les
acteurs interrogés nous ont appris que des demandes de localisation
d'entreprises, exogènes et endogènes, avaient déjà
été enregistrées. Il semble donc que le futur axe aura une
influence sur la structuration des entreprises et des zones d'activités,
qui se localiseront donc de façon privilégiée sur les
territoires où des actions volontaristes de valorisation du futur axe
autoroutier, sont ou seront mises en oeuvre. Ces premières
réponses se doivent d'être étayées ou
confirmées, aussi, la comparaison avec d'autres cas paraît
être la meilleure solution. La troisième partie y contribue.
Afin d'évaluer l'influence du futur axe autoroutier sur
la structuration territoriale des entreprises et des zones d'activités,
il est apparu pertinent de mener un essai de prospective par comparaison avec
d'autres axes autoroutiers. Même si cette analyse comporte ses propres
limites, elle nous permet d'évaluer l'influence probable de ce futur axe
autoroutier en comparaison avec ce qui a été observé
ailleurs. Ainsi, il apparaît que de nouvelles entreprises d'origine
exogène pourraient s'implanter sur ces nouveaux espaces qui seront
rendus plus accessibles par la présence du futur axe autoroutier. Il
s'agit notamment d'établissements de type hôtelier, ou encore
logistique. Balbigny, qui se trouvera en situation de carrefour entre l'A89 et
l'A72 pourrait ainsi accueillir de nombreuses entreprises du secteur des
transports, d'autant plus que dans le cadre de la communauté de communes
du Pays de Balbigny, un projet de zone d'activités de grande envergure
est d'ores est déjà élaboré. La question des
délocalisations et de la redistribution des activités se doit
également d'être posée. Plusieurs études ont
montré que les délocalisations de proximité étaient
un fait certain avec la mise en service d'un axe autoroutier, sans pour autant
qu'il soit possible de les quantifier. Pourtant, il a été
démontré que la distance de dix kilomètres aux diffuseurs
était une limite forte, et que sur les territoires situés
au-delà, une baisse du nombre d'entreprises était
constatée. S'agit-il de fermetures d'entreprises, ou plutôt de
migrations à proximité de diffuseurs autoroutiers ? La
seconde proposition semble être des plus vraisemblables. Concernant
l'espace d'étude, plusieurs territoires peuvent ainsi être
qualifiés de « potentiellement » sujets à ce
phénomène, car relativement distants du futur axe autoroutier,
mais aussi sans politique de valorisation particulière. Dès lors,
l'influence du futur axe sur la structuration territoriale des entreprises et
des zones d'activités pourrait se matérialiser par une
concentration des activités à proximité des diffuseurs,
tandis que certains territoires trop éloignés pourraient
connaître un départ de leurs entreprises pour une localisation
plus proche des futurs diffuseurs. Une fois de plus, il convient de souligner
le rôle primordial des acteurs institutionnels locaux dans ces dynamiques
territoriales, et des politiques qu'ils mettent en oeuvre, car plus ces mesures
seront claires et collectives, plus les résultats positifs seront
flagrants.
Aux termes de cette étude, aucune conclusion franche et
certaine ne peut être émise quant à l'influence du futur
axe A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny sur la structuration territoriale des
zones d'activités et des entreprises. Toutefois, plusieurs suppositions
solides peuvent être émises, notamment grâce aux
comparaisons effectuées avec d'autres études du même type,
qui ont été menées quant à elles sur le long terme,
c'est-à-dire que la situation antérieure et celle
postérieure à la mise en service de l'infrastructure ont permis
de mettre en évidence des évolutions quantifiées et des
phénomènes avérés. Cette étude, même
si elle ne permet pas de répondre avec des certitudes à la
problématique, s'inscrit toutefois dans un processus d'étude
à long terme. Ainsi, elle constituera la base de futures analyses sur le
même sujet et sur les mêmes territoires, ce qui permettra ainsi de
confirmer ou d'infirmer les suppositions qui ont été
émises, ceci grâce notamment au tableau ZA 2007 (cf. annexe 4),
aux indicateurs qui ont été déterminés, au SIG
élaboré et qui pourrait devenir un véritable support de
ces futures études mais aussi un outil d'aide à la
décision et de diffusion efficace. C'est en ce sens qu'a
été imaginé le SIG'ObsA89, système d'information
géographique en ligne destiné aux thématiques
d'étude de l'observatoire A89.
TABLE DES ILLUSTRATIONS :
Figure 1.1 : le
réseau autoroutier France depuis 1960 : un demi-siècle de
construction.................. 24
Figure 1.2 : L'étude d'un
projet autoroutier, une démarche
progressive....................................... 26
Figure 1.3 : Evolution de
la répartition modale du transport de voyageurs et de
marchandises
de 1995 à
2005................................................................................................................
28
Figure 1.4 : Relation entre
l'évolution de la politique autoroutière française et les
observations
liées aux
infrastructures.....................................................................................................
29
Figure 1.5 : Le
système de localisation des activités proposé par E.
FAIVRE............................... 37
Figure 1.6 : Le
système de localisation des
activités...............................................................
43
Figure 1.7 : Le territoire,
entité centrale des dynamiques de
localisations.................................... 44
Figure 1.8 : Capture
d'écran de l'interface de travail, sous Arcgis
9.1(c)....................................... 47
Figure 1.9 : Position de
l'étude dans l'espace d'analyse lié à
l'autoroute..................................... 49
Figure 1 .10 :
hiérarchisation des critères, indicateurs et
données............................................. 56
Figure 1.11 : structuration
des données selon leurs critères, leurs niveaux scalaires
et
Détermination des
indicateurs.............................................................................................
57
Figure 1.12 : les
différentes formes
d'EPCI...........................................................................
62
Figure 1.13 : Schéma
de répartition du trafic le long de la RN7 de Roanne à
Lyon........................ 80
Figure 1.14 : Structuration
urbaine et dynamiques spatiales de l'espace
d'étude........................... 84
Figure 2.1 : Part des
superficies offertes sur la zone d'étude en 2007, par
tronçon........................ 113
Figure 2.2 :
évolution du nombre des zones d'activités de l'espace
d'étude de 1950 à 2007............ 115
Figure 2.3 : taux
d'occupation, part de la superficie totale et occupée totale des
zones d'activités en 2007, par
tronçon..................................................................................
123
Figure 2.4 : les acteurs
concernés par la valorisation de
l'autoroute........................................... 142
Figure 2.5 : effets
d'annonces et de valorisation du « barreau » A89, une
périodicité particulière...... 148
Figure 3.1 : rappel du
système de localisation des activités
économiques.................................... 163
Figure 3.2 : actions de
mise en service de l'autoroute sur le système de localisation
des activités
économiques..................................................................................................
165
Figure 3.3 : Les
différents types d'actions engendrées par la mise en service
de
l'autoroute sur le fonctionnement du système de
localisation des activités....................................
166
Figure 3.4 : Principe et
fonctionnement du SIG'Obs
A89.......................................................... 193
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny60.png)
Tableau 1.1 : Evolution du
trafic autoroutier de 1985 à
1998..................................................... 28
Tableau 2.1 : Nombre
d'entreprises par classes d'effectifs salariés des villes de Feurs et
Tarare...... 90
Tableau 2.2a : Des facteurs
plus ou moins déterminants dans le choix de
localisation...................
des entreprises
enquêtés...................................................................................................
100
Tableau 2.2b : Les effets
escomptés ou attendus du futur axe
A89............................................ 104
Tableau 2.3 :
Répartition du nombre de zones d'activités sur l'espace
d'étude............................. 111
Tableau 2.4 : superficie et
nombre de zones
d'activités............................................................
114
Tableau 2.5 : Les
variations du nombre de zones d'activités par tronçon de 1979
à 1987,
puis de 1987 à 2006 dans la partie
ligérienne de la zone
d'étude............................................... 120
Tableau 2.6 : Les
variations du nombre de zones d'activités dans les communes rurales
et
urbaines de 1979 à 1987, puis de 1987 à 2006
dans la partie ligérienne de la zone d'étude............
120
Tableau 2.7a : le
remplissage des zones d'activités en 2007, par
tronçon.................................... 122
Tableau 2.7b :
synthèse du remplissage des zones d'activités en
pourcentage,
par tronçon
2007..............................................................................................................
122
Tableau 2.8 : tableau de
synthèse de l'occupation des zones d'activités en 2007,
par secteurs établis pour
l'analyse.......................................................................................
128
Tableau 2.9 : Les EPCI de
l'espace d'étude, type, date de création et
fiscalité............................. 153
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny61.png)
Carte Int.1 : l'autoroute
A89 dans l'espace
national................................................................
9
Carte Int.2 : le futur
« barreau » A89 à échelle
interdépartementale...........................................
10
Carte Int.3 :
caractéristiques topographiques de l'espace bientôt
traversé par le « barreau » A89... 11
Carte 1.1 : communes et
intercommunalités de l'espace
d'étude................................................ 63
Carte 1.2 : Bassin de vie,
aires urbaines et zones d'emploi de l'espace
d'étude............................ 65
Carte 1.3 : le Zonage en
Aires Urbaines et en aires d'Emploi de l'espace Rural de
l'espace
d'étude...............................................................................................................
69
Carte 1.4 : ZAUER et
orientation économique des bassins de
vie.............................................. 72
Carte 1.5 : Population
brute des communes de l'espace d'étude en
1999.................................... 74
Carte 1.6 :
Répartition de la population des communes en 1999, par valeur de
point..................... 75
Carte 1.7 : Variation
annuelle de la population par période
intercensitaire................................... 77
Carte 1.8 : Les
réseaux d'infrastructures de transport de l'espace
d'étude................................... 79
Carte 1.9 : la
fréquentation des communes de l'espace
d'étude................................................ 82
Carte 2.1 : Nombre total
d'entreprises de l'espace d'étude et nombre
d'entreprises
dont l'effectif salarié et supérieur
à 99, en
2005......................................................................
88
Carte 2.2 : L'industrie sur
la zone d'étude, les grands établissements en
1996............................. 92
Carte 2.3 : L'emploi
industriel brut et relatif des communes de l'espace
d'étude........................... 94
Carte 2.4 : nombre
d'entreprises des communes par secteurs
d'activités.................................... 95
Carte 2.5 : Reprise,
réactivation et création pure d'entreprises tertiaires et
industrielle
sur l'espace d'étude en
2005...............................................................................................
98
Carte 2.6 :
l'attractivité des villes du centre-est de la France selon des
industriels de
la région de
Grenoble........................................................................................................
102
Carte 2.7 : Nombre des
zones d'activités de l'espace d'étude en 2007 (par
commune).................. 112
Carte 2.8 : les
créations de zones d'activités par périodes, de 1950
à 2006................................. 119
Carte 2.9 : Occupation et
surface des zones d'activités de l'espace d'étude en
2007..................... 124
Carte 2.10 : zones retenues
pour l'analyse des taux d'occupation des zones d'activités
de l'espace
d'étude...........................................................................................................
125
Carte 2.11 : Taxe
professionnelle des communes et prix des terrains des zones
d'activités
de l'espace d'étude en
2007...............................................................................................
129
Carte 2.12 : l'emploi des
zones d'activités en
2007.................................................................
134
Carte 2.13 : Nombre et
secteur d'activité des entreprises localisées sur les zones
d'activités
de l'espace d'étude en
2007..............................................................................................
136
Carte 3.1 : localisation
des ZA et distance des communes aux autoroutes et aux diffuseurs
(projection de la mise en service du « barreau »
A89)...............................................................
175
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages :
BAILLY A., FERRAS R., PUMAIN D. (Dir.), 1995,
Encyclopédie de géographie, Economica, 1167p.
BAKALOWICZ M., GASSER M., VARLET J. (Dir.), 2004,
Autoroutes et aménagements, Presses polytechniques et
universitaires romandes, Lausanne, 328p.
BRUNET R., 2005, Le développement des
territoires, Editions de l'Aube, 96 p.
CHANTEAU J.P., 2001, l'entreprise nomade :
localisation et mobilité des activités productives, Paris,
l'Harmattan, collection économique et innovation, 236p.
GRASSET E., GUMUCHIAN H., LAJARGE R., ROUX E., 2003, Les
acteurs, ces oubliés du territoire, Paris, Anthropos, 186 p.
PECQUEUR B., 1996, Dynamiques territoriales et mutations
économiques, l'Harmattan, Paris, 246p.
PLASSARD F., 1977, Les autoroutes et le
développement régional, Presses Universitaires de Lyon.
Economica, 342p.
Rapports et publications :
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des bourgs et petites villes : une économie résidentielle et
souvent industrielle, INSEE première, n°954, avril 2004
DEBARBIEU B., GUMUCHIAN H.(Dir.), 1993, Géographie
économique et représentations, Recueil de textes des
communications de la 4e université d'été organisée
par le groupe Cham's à Sérignan en avril 1991,
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n° 327.
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de la vie des bourgs et petites villes, INSEE première, n°953,
avril 2004
ROUCHAUD D., SAUVANT A., 2003,Volume et partage modal du
transport de voyageurs en France de 1845 a nos jours, Note de
synthèse du service Economie, Statistique et Prospective du
ministère de l'écologie, du développement et de
l'aménagement durable
VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes, économie et
territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995,
SATCAR/CERAMAC, 420p.
Atlas des zonages du Piémont et de Rhône
Alpes, 2002, IRES.et INSEE, Dossier hors série, INSEE
Dossier d'enquête préalable à la
déclaration d'utilité publique de l'autoroute A89 Balbigny -
La-Tour-de-Salvagny, et à la mise en compatibilité des plans
d'occupation des sols, septembre 2001, Ministère de l'Equipement,
des transports et du logement/Direction des routes
- Dans le cadre de l'observatoire
A89 :
DUBOIT M., 2003, A72 et RN89 à l'Est de
Clermont-Ferrand (entre Thiers et Noirétable), Observatoire A89,
Clermont-Ferrand.
LACHARME I., 1998, les effets d'annonce de l'autoroute A89
de 1987 à 1996 : les projets économiques des différents
acteurs, observatoire A89, 35p.
VARLET J.(dir.), Atlas des dynamiques des territoires et
de l'environnement de l'autoroute A89 (1986-2003), Observatoire
A89/ARTERES, 2006, 135p.
VARLET J., 2004, Autoroute A89 et développement
économique : les zones d'activités, Observatoire
A89/EDYTEM, Chambéry, 60p.
- Dans le cadre de l'observatoire
A39 :
BERION P., MATHIEU P., 2000, A39 - phase 2 : les
politiques d'accompagnement, Rapport d'étude de l'observatoire A39,
60p.
FAIVRE E., 2004, Autoroute et développement local.
L'autoroute attire-t-elle des activités économiques ? Oui,
mais...Document de synthèse, conseil Général de
franche compté/ThéMA/Observatoire A39, 45p.
Revues et articles de revues :
CATHERIN-GAMON V., 2001, Participer à la vie
publique : la contestation de l'autoroute Balbigny - Lyon,
Géocarrefour, volume 76, n°3, p. 211 à 216.
FAIVRE E., 2003, Autoroute, activités et
territoires : résultats et proposition méthodologique de
recherche, Les Cahiers Scientifiques du Transport - n°43, p.59
à 83
JOIGNAUX G., LANGUMIER J.F., 2004, Les observatoires
autoroutiers : l'expérience des autoroutes Paris-Rhin-Rhône
et quelques enseignements, Les Cahiers Scientifiques du Transport -
n°46, p. 3 à 24
OFFNER J.M., 1993, Les « effets structurants
» du transport mythe politique, mystification scientifique, l'Espace
géographique - n°3, p. 233 à 242
VARLET J. (dir.), 2003, Autoroutes, Acteurs et Dynamiques
Territoriales, revue Géocarrefour, volume 77- n°1, 112p.
Objectif A89, Magazine d'information de l'Autoroute
Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, n°1, Décembre 2006 -
Edité par A.S.F
Objectif A89, Magazine d'information de l'Autoroute
Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, n°2, Mai 2006 - Edité par
A.S.F
Mémoires et
thèses :
CLADET V., 2007, Balbigny et l'A89, Les effets d'annonces
d'un futur tronçon autoroutier et ses conséquences sur le
lancement d'un projet de développement industriel,
Mémoire universitaire, Université Jean Monnet,
Saint-Etienne.
LACHARME I., 1996, Annonce de l'autoroute A89 et dynamiques
des territoires : développement économique et stratégies
d'acteurs de 1987 à 1996 (de Brive à Clermont-Ferrand,
Mémoire universitaire, Université Blaise Pascal,
Clermont-Ferrand
LE CORRE S., 2000, Intégration et
évaluation de l'Information Géographique Numérique dans le
cadre des procédures des observatoires autoroutiers. Démarche
appliquée à l'A20 et à la RN88, Thèse de
doctorat en géographie, Université Toulouse-Le Mirail, 205 p.
FAIVRE E., 2003, Infrastructure autoroutière,
mobilité et dynamiques territoriales, Thèse de Doctorat en
géographie, Université de Franche-Comté, 620p.
LANNEAUX M.A., 1995, Grandes infrastructures de transport et
territoire : valorisation et dynamique du territoire traversé par
l'A39, Thèse de doctorat, Université de
Franche-Comté, 500p.
MERICSKAY B., 2007, Les technologie de l'information
géographique dans les collectivités territoriales : La
géomatique intercommunale à travers l'exemple des
communautés d'agglomérations du Muretain et du Sicoval,
Mémoire de géographie, université Toulouse le Mirail,
153 p.
PAILLER S., 2007, Les flux de transport dans l'Ouest
lyonnais : examen de la situation antérieure à la
construction de l'autoroute A89 de Balbigny à Lyon, Mémoire
universitaire, Université Jean Monnet, Saint-Etienne
Articles de la presse
quotidienne :
GUTTIN-LOMBARD F., Le conseil d'Etat s'oppose à
l'A89, Le Progrès - 31 janvier 2006
MAURET N., L'Assemblé nationale donne son feu vert
à l'A89, Le progrès - 24 février 2006
ROUSSEAU P., Carte Majeure, La Montagne - 10 janvier
2006
THOMASSON F., Vers un CTD spécifique à l'A89, La
Pays - 7 juillet 2006
VERO P.O., A89, feu vert et coup de klaxon..., Le
Progrès - 10 févriers 2006
L'Autoroute, Espérance économique, La
Montagne - Le 11 janvier 2006
Autoroute A89 : Adoption définitive par
l'assemblé nationale, Le Pays - 3 mars 2006
Leçon autoroutière pour les élus du
Rhône et de la Loire, La Montagne - 5 septembre 2006
Ressources internet :
Tous les sites Internet présentés ci-dessous
ont été consultés à plusieurs reprises durant la
réalisation de ce mémoire. Ils ont fait l'objet d'une
dernière visite le 30 août 2007 pour vérifier leurs
disponibilités.
POUPINEL J.F., Les autoroutes françaises,
L'Expérience française du Financement privé des
Equipements publics. A consulter sur le site :
http://www2.urbanisme.equipement.gouv.fr/cdu/datas/docs/ouvr18/part11.htm
Entretien filmé de LE CORRE S. sur le sujet :
Les autoroutes en France : un outil d'aménagement ?,
Canal Géo, à visionner sur le site :
http://www.canal-u.education.fr/canalu/affiche_programme.php?sequence_id=634646086&programme_id=1140704073&num_sequence=0&format_id=11085
NICOT B.H., 2005, Urbain - rural : de quoi parle-t-on?,
SIRIUS, Université Paris XII, 11p. A consulter sur le
site :
http://sirius-upvm.net/doc/geo/urbain-rural.pdf
Bases de données du rapport INSEE (avec la participation
de l'IFEN, INRA, SCEES) pour la DATAR, Structuration de l'espace rural :
une approche par les bassins de vie. Disponible sur le site :
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/bassins_vie/bassins_vie.htm
Association ALCALY :
http://www.alcaly.org/
Comment et pourquoi (re)définir ce qu'est une
autoroute ? A consulter sur le site :
http://www.info-autoroute.com/definition.html
Chronologie de l'encadrement législatif de
l'aménagement routier. A consulter sur le site :
www.vie-publique.fr/politiques-publiques/politique-route-securite-routiere/index
Loi d'orientation des transports intérieurs, version
consolidée au 7 mars 2007. A consulter sur le site :
http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/UTEAC.htm
Conseil général de la Loire, Zoom sur le
volet CDT. A consulter sur le site :
http://www.loire.fr/display.jsp?id=ci_528792
ANNEXES
ANNEXE 1
ENTRETIENS REALISES :
- Commune de Balbigny :
Mr Jean BOURRAT, Maire de Balbigny.
Entretien téléphonique, le 3 avril 2007
- Communauté de communes de Feurs en
Forez :
Mme Aurore RAOULT, chargée des questions
économiques
Entretien dans les locaux de la communauté de
communes, le 14 avril 2007
- Communauté de communes des Montagnes du Haut
Forez :
Mr BIED-CHARRETOND, président de la communauté de
communes
Entretien dans les locaux de la mairie de Noirétable,
le 17 avril 2007
- Communauté de communes du Pays d'Amplepuis -
Thizy :
Mr FRACHISSE, responsable des questions économique
Entretien téléphonique, le 26 avril
2007
- Communauté de communes du Pays de
Tarare :
Mr Guillaume CORTEY, responsable des questions
économiques
Entretien dans les locaux de la communauté de
communes, le 3 mai 2007
- Communauté de communes du Beaujolais - Val
d'Azergues
Mme FEDOLIERE, secrétaire générale de la
communauté de communes
Entretien dans les locaux de la mairie de Lozanne, le 3 mai
2007
- Communauté de communes du Pays entre Loire et
Rhône :
Mme Alexandra DAVAL, Coordinatrice développement
économique et tourisme
Entretien dans les locaux de la communauté de
communes, le 3 Mai 2007
- Communauté de communes du Pays de
l'Arbresle :
Mr Gaël LASALLE, responsable du développement
économique
Entretien dans les locaux de la communauté de
communes, le 29 mai 2007
ANNEXE 2
GRILLE D'ENTRETIEN ACTEURS :
- Eléments historiques de
l'intercommunalité
- Bord politique?
- Caractéristiques des zones d'activités du
territoire intercommunal ? Gestion communale, intercommunale ?
-Des demande en localisation de la part d'entreprises est elle
perceptible ?
- Collaboration & coopérations avec d'autres
structures intercommunales?
- Quelles attentes vis-à-vis du futur tronçon?
- Quelles stratégies de valorisation
économique ?
- Un acteur leader ?
ANNEXE 3
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny62.png)
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny63.png)
GRILLE D'ENQUÊTE ENTREPRISE
Destinée à la réalisation d'un
mémoire de master
Madame, monsieur,
Etudiant en master de géographie à
l'université Jean Monnet de Saint Etienne, je réalise
actuellement un mémoire, sous la direction de Stéphane
Héritier, ayant pour thème l'analyse de la dynamique spatiale des
entreprises sur les territoires bientôt concernés par le futur axe
A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny.
Cette étude est réalisée dans le cadre de
l'Observatoire A89. En activité depuis 1995 et à l'initiative
d'ASF, la création de l'observatoire répond à l'incitation
faite par la LOTI (Loi d'Orientation des Transport Intérieurs) afin
d'évaluer l'influence, l'effet de la réalisation d'une grande
infrastructure de transport. La structuration de l'observatoire est
universitaire, elle associe les chercheurs des universités de Bordeaux,
de Limoges, de Clermont-Ferrand, de Saint Etienne et de Savoie Technolac
où se trouve désormais le siège.
Essentielle à la réalisation du mémoire,
l'enquête qui vous est adressée vise à évaluer les
facteurs prépondérants en termes de localisation de votre
entreprise. Afin d'affiner au maximum les résultats, cette enquête
est organisée en quatre volets. Les deux premiers consistent à
décrire l'état et l'emprise spatiale de votre entreprise, en
termes de logistique, d'aire de recrutement, etc. Les deux suivants cherchent
à déterminer, d'une part l'importance de différents
facteurs dans la localisation actuelle de votre établissement, et
d'autre part les effets escomptés ou attendus du futur axe A89 sur
l'image, la santé et l'organisation de votre entreprise. Dans la
recherche d'objectivité de cette étude, il serait
préférable que ce questionnaire soit rempli par le dirigeant ou
par un membre de l'équipe dirigeante.
En vous remerciant d'avance pour l'intérêt que
vous porterez à mon étude, je vous pris de recevoir l'expression
de mes sentiments distingués.
ADRESSE DE RETOUR :
Vandaele Vincent
99 rue Antoine Durafour
42100 Saint Etienne
Téléphone :
04-77-47-13-87
Courriel : vincentvandaele@neuf.fr
Données générales :
~ Nom et adresse de
l'entreprise :
....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
~ Secteur d'activité et code
APE :
............................................................................................................................................................................................
~ Etablissement siège/Maison
mère (Rayer la mention inutile)
Oui - non
~ Date de création de
l'entreprise :
.................................................................................................................................................................................................
~ Date d'installation sur le site
actuel :
.............................................................................................................................................................................................
~ Chiffre d'affaire 2006 :
.............................................................................................................................................................................................
~ Evolution du chiffre d'affaire depuis
2000 (Rayer la mention inutile)
A la hausse - à la baisse
~ Effectif
salarié :
..............................................................................................................................................................................................
~ Evolution de l'effectif
salarié depuis 2000 (Rayer la mention inutile)
A la hausse - à la baisse
~ Aire de recrutement (Rayer
les mentions inutiles)
Niveau : local - départemental - national -
International
~ Aire de chalandise
- A dessiner sur les cartes en page 6 -
~ Localisation du principal
client (Rayer les mentions inutiles)
Niveau : local - départemental - régional -
national- international
~ Envergure des principaux clients et
partenaires (Rayer les mentions inutiles)
Niveau : local - départemental - régional -
national- international
Organisation logistique :
~ Recours à une plate forme
logistique (Rayer la mention inutile)
Oui - non
~ Organisation en flux tendu
(Rayer la mention inutile)
Oui - non
~ L'entreprise assure t'elle tout ou
partie de ses livraison (Rayer les mentions inutiles)
Oui - externalisation pour la totalité
~ Pourriez vous indiquer le coût moyen du transport
exprimé en part (%) du prix de vente des produits :
........................................................................................................................................................................................
Facteurs déterminants dans le choix de
localisation
- Selon vous, quels sont les facteurs déterminants dans le
choix de votre localisation actuelle ? (Entourez vos
réponses)
- Pas important................ 1
- Peu important................ 2
- Important...................... 3
- Très important............... 4
LOCAUX ET SITE
~ Possibilité de stockage,
stationnement et extension future
1 - 2 - 3 - 4
~ Qualité des locaux
1 - 2 - 3 - 4
~ Prix du terrain et des locaux
1 - 2 - 3 - 4
~ Proximité d'un centre
urbain
1 - 2 - 3 - 4
~ Tissu industriel existant
1 - 2 - 3 - 4
~ Proximité des
fournisseurs
1 - 2 - 3 - 4
FINANCES
~Existence d'aides publiques
1 - 2 - 3 - 4
~ Taux de la taxe
professionnelle
1 - 2 - 3 - 4
ECONOMIE D'AGGLOMERATION
~ Disponibilité de la main
d'oeuvre
1 - 2 - 3 - 4
~ Qualité de
l'environnement
1 - 2 - 3 - 4
~ Image du site
1 - 2 - 3 - 4
~ Service aux entreprises
1 - 2 - 3 - 4
~ Proximité de la
clientèle
1 - 2 - 3 - 4
INFRASTRUCTURE DE TRANSPORT
~ Proximité de l'A72 ou du
futur axe A89
1 - 2 - 3 - 4
~ Desserte ferrée
1 - 2 - 3 - 4
Effets escomptés ou attendus du futur axe
A89
- Selon vous, dans quels domaines la mise en service de
l'autoroute va elle être la plus bénéfique ?
(Entourez vos réponses)
- Pas important................1
- Peu important................2
- Important......................3
- Très important...............4
~ Fonction de direction
1 - 2 - 3 - 4
~ Fonction de distribution
1 - 2 - 3 - 4
~ Fonction de logistique
1 - 2 - 3 - 4
~Fonction de production
1 - 2 - 3 - 4
~ Amélioration de l'image de
marque des territoires
1 - 2 - 3 - 4
~ Amélioration de l'image de
marque de l'entreprise
1 - 2 - 3 - 4
~ Amélioration des
échanges d'affaires
1 - 2 - 3 - 4
~ Gain sur les délais de
livraison
1 - 2 - 3 - 4
~ Gain sur les délais
d'approvisionnements
1 - 2 - 3 - 4
~ Accroissement de la
compétitivité et de la concurrence
1 - 2 - 3 - 4
~ Elargissement de la zone de
diffusion des produits
1 - 2 - 3 - 4
~ Elargissement de la zone
d'approvisionnement
1 - 2 - 3 - 4
~ Amélioration de la
productivité de l'entreprise
1 - 2 - 3 - 4
~ Gain sur les prix de revient
1 - 2 - 3 - 4
~ Gain sur le stockage
1 - 2 - 3 - 4
AIRE DE CHALANDISE DE VOTRE ETABLISSEMENT
(Deux cartes étaient mises à disposition, une
à échelle régionale et l'autre à échelle
nationale)
ANNEXE 4 - Tableau ZA 2007
![](entreprises-zones-dactivites-haut-forez-ouest-lyonnais-A89-balbigny64.png)
* 1 BAVOUX J.J., Essai
d'évaluation de quelques
« effets structurants » autour des échangeurs
de l'autoroute A6 en Bourgogne, p. 229 à 244, in VARLET J.(dir.),
1997, Autoroutes, économie et territoires, Actes du colloque de
Clermont Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 420p.
* 2 Définition
à consulter sur le site :
http://www.vie-publique.fr/politiques-publiques/politique-route-securite-routiere/glossaire/
* 3 BUREAU D., TOUJANSKY L.,
Economie publique : l'évaluation des infrastructures de
transports, in FERRANDON B. (éd.), 2005, La
microéconomie en pratique, La documentation française,
Cahiers français - n° 327.
* 4 IZQUIERDO R., VASSALLO
J.M., 2004, Nuevos sistemas de gestion y de financiacion de infraestruturas
de transporte, Collegio de Ingenieros de Caminos, Canales y Puertos,
Associacion Espanola de la Carretera, 690p.
* 5 Définition issus
du site SIRENE. A consulter sur le site :
http://www.sirene.tm.fr/fenetre/fenetre.asp?contenu=entreprise
* 6 Définitions
disponibles sur le site :
http://www.zonesdactivites.org/article/-Zone-d-activit-s----Parc-d-activit-s----Zone-Industrielle--ou--Parc-Industriel-----i8.htm?PHPSESSID=c2ca75ede2c17273148a2d4a814469b9
* 7 Ibid.
* 8 PUMAIN D., 2004,
Définition du terme localisation.
A consulter sur le site :
http://www.hypergeo.eu/article.php3?id_article=12
* 9 DEBARBIEUX B.,
représentations spatiales et localisations industrielles : le
cas de l'axe Grenoble - Genève, p.93 à 115, in
DEBARBIEUX B., GUMUCHIAN H.(dir.), 1993, Géographie
économique et représentations , Recueil de textes des
communications de la 4e université d'été organisée
par le groupe Cham's à Sérignan en avril 1991,
Anthropos/Reclus/Economica , 254 p.
* 10 BRUNET R., 2005, Le
développement des territoires, Editions de l'Aube, 96 p.
* 11 ORUS J.P., les
conséquences économiques de grandes infrastructures
routières : bilan et perspectives, p. 155 à 177
in VARLET J. (dir.), 1997, Autoroutes, économie et
territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995,
SATCAR/CERAMAC, 420p.
* 12 Ibid.
* 13 LANGUMIER J.F.,
Pourquoi des observatoires autoroutiers et pour qui ?, p. 95
à 98 in VARLET J. (Dir.), 2003, Autoroutes, Acteurs et
Dynamiques Territoriales, revue Géocarrefour, volume 77- n°1,
112p.
* 14 LE CORRE S.,
2000, Intégration et évaluation de l'Information
Géographique Numérique dans le cadre des procédures des
observatoires autoroutiers. Démarche appliquée à l'A20 et
à la RN88, Thèse de doctorat en géographie,
Université Toulouse-Le Mirail, 205 p.
* 15 FAIVRE E., 2003,
Infrastructure autoroutière, mobilité et dynamiques
territoriales, Thèse de Doctorat en géographie,
Université de Franche-Comté, 620p.
* 16 Automobil-Verkehrs- und
Übungs-Straße
* 17 Comment et pourquoi
(re)définir ce qu'est une autoroute ? A consulter sur le
site :
http://www.info-autoroute.com/definition.html
* 18 Exemple du Projet
Autoroute numérique de la Méditerranée. Il vise
à contrebalancer le déséquilibre actuel des réseaux
de diffusion d'informations orientés Nord/Sud, et polarisés sur
les grandes métropoles du nord de l'Europe (Londres, Amsterdam...)
* 19 Entretien filmé de
LE CORRE S. sur le sujet : Les autoroutes en France : un outil
d'aménagement ?, Canal Géo, à visionner sur le
site :
www.canal-u.education.fr/canalu/affiche_programme.php?sequence_id=634646086&programme_id=1140704073&num_sequence=0&format_id=11085
* 20 SAUVANT A. et ROUCHAUD
D., 2003, Volume et partage modal du transport de voyageurs en France de
1845 à nos jours, Note de synthèse du service Economie,
Statistiques et Prospective du ministère de l'écologie, du
développement et de l'aménagement durable
* 21
http://www.info-autoroute.com/definition.html
* 22 Chaussée en 2x1
voies, d'une largeur de 7 mètres...
* 23 LE CORRE S., 2000,
Intégration et évaluation de l'Information
Géographique Numérique dans le cadre des procédures des
observatoires autoroutiers. Démarche appliquée à l'A20 et
à la RN88, Thèse de doctorat en géographie,
Université Toulouse-Le Mirail, 205 p.
* 24 Ibid.
* 25 VARLET J.,
Autoroute, acteurs et territoires : un objet de recherche toujours
d'actualité, p. 3 à 6, in VARLET J. (Dir.), 2003,
Autoroutes, Acteurs et Dynamiques Territoriales, revue
Géocarrefour », volume 77- n°1, 112p.
* 26 Chronologie à
consulter sur le site
www.vie-publique.fr/politiques-publiques/politique-route-securite-routiere/index
* 27 Entretien filmé
de LE CORRE S. sur le sujet « Les autoroutes en France : un
outil d'aménagement ? », Canal Géo (
lien)
* 28 Leçon
autoroutière pour les élus du Rhône et de la Loire, La
Montagne - 5 septembre 2006
* 29 Ibid.
* 30 Titre d'article dans La
Montagne - Le 11 janvier 2006
* 31 Objectif A89,
Magazine d'information de l'Autoroute Balbigny - La Tour de Salvagny,
n°1, Décembre 2006 - Edité par A.S.F.
* 32 OFFNER J.M., 1993,
Les effets structurants » du transport mythe politique, mystification
scientifique, Revue l'Espace géographique, n°3, p. 233
à 242
* 33 Dossier
d'enquête préalable à la déclaration
d'utilité publique de l'autoroute A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny et
à la mise en compatibilité des plans d'occupation des sols,
septembre 2001, Ministère de l'Equipement, des transports et du
logement/Direction des routes.
* 34 Loi du 18 Avril 1955
* 35
Concrétisée par la loi du 4 décembre 1969 et le
Décret 70-398 du 12 Mai 1970
* 36 Société
des Autoroutes Rhône-Alpes
* 37 Compagnie
Financière et Industrielle des Autoroutes
* 38 Sans forcement qu'il
s'agisse d'une autoroute, mais d'une infrastructure rapides qu'elle soit
routière et/ou ferrée
* 39 Entretien filmé
de S. LE CORRE sur le sujet « Les autoroutes en France : un
outil d'aménagement ? », Canal Géo (
lien
- voir note 3 page 2)
* 40 Les LACRA devaient
être soit des routes nouvelles, soit des voies existantes
aménagées, soit d'avoir le statut d'autoroutes au sens de du code
de la voirie routière. Leur construction devait tendre à pallier
les discontinuités entre les tronçons autoroutiers en prenant la
forme soit de liaisons à 2x2 voies financées dans le cadre des
contrats de plan Etat-régions soit d'autoroutes gratuites aux
caractéristiques traditionnelles telles que l'A75 et certains
tronçons de l'A20.
* 41 7 mars 2007, à
consulter sur :
http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/UTEAC.htm
* 42 Surtout lors des
périodes de pics de circulation journaliers, ou saisonniers...
* 43 Car l'infrastructure
autoroutière est supposée répondre à
l'intérêt général et pas seulement à une
logique de rentabilité.
* 44 DEBARBIEUX B.,
GUMUCHIAN H. (dir.), 1993, Géographie économique et
représentations, Recueil de textes des communications de la 4e
université d'été organisée par le groupe Cham's
à Sérignan en avril 1991, Anthropos/Reclus/Economica , 254 p.,
p93 à 94
* 45 Nécessité
d'une énergie mécanique puis électrique peu ou pas
transportable, main d'oeuvre, voies de communications, etc.
* 46 MANZAGOL C., La
localisation des activités spécifiques, p.472 à 473,
in BAILLY A., FERRAS R., PUMAIN D. (Dir.), 1995,
Encyclopédie de géographie, Economica, 1167p.
* 47 Rapport en poids entre
les intrants, localisés et/ou ubiquistes, et les extrants. Plus l'indice
est grand, plus est favorisée une localisation à la source.
* 48 Technique de Palander.
Courbes résultantes d'égal coût de transport selon la
localisation de points sur l'espace. L'isodapane donne la localisation optimale
du point de vue des coûts de transport.
* 49 Localisation des
complexes industriels aux Etats-unis et à Porto-Rico.
* 50 VARLET J.,
Autoroute, acteurs et territoires : un objet de recherche toujours
d'actualité , p3 à 6, in VARLET J. (Dir.),
2003, « Autoroutes, Acteurs et Dynamiques Territoriales », revue
Géocarrefour », volume 77- n°1, 112p.
* 51 PLASSARD F., 1977,
Les autoroutes et le développement régional, Presses
Universitaires de Lyon. Economica, 342p.
* 52 OFFNER J.M., 1993,
Les « effets structurants » du transport mythe politique,
mystification scientifique, Revue l'Espace géographique, n°3,
pp. 233#172;242.
* 53 JOIGNAUX G., LANGUMIER
J.F., 2004, Les observatoires autoroutiers : l'expérience des
autoroutes Paris-Rhin-Rhône et quelques enseignements, Les cahier
scientifiques du transport, n°46, pages 3 à 24
* 54 DARGENT C.,
L'observatoire économique de l'autoroute A71, une création de
la S.A.P.R.R., p. 21 à 28, in J. VARLET J. (dir.),
Autoroute, économie et territoires, Acte du colloque de Clermont
Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 1997, 420p.
* 55 PLASSARD F., 1977,
Les autoroutes et le développement régional, Presses
Universitaires de Lyon. Economica, 342p.
* 56 OFFNER J.M. 1993,
Les « effets structurants » du transport mythe politique,
mystification scientifique, Revue l'Espace géographique, n°3,
p. 233 à 242.
* 57 LE CORRE S., 2000,
Intégration et évaluation de l'Information
Géographique Numérique dans le cadre des procédures des
observatoires autoroutiers. Démarche appliquée à l'A20 et
à la RN88, Thèse de doctorat, Université Toulouse-Le
Mirail, 205 p.
* 58 FAIVRE E., 2003,
Infrastructure autoroutière, mobilité et dynamiques
territoriales, Thèse de Doctorat, Université de
Franche-Comté, 620p.
* 59 VARLET J.(dir.), 1997,
Autoroute, économie et territoires, Acte du colloque de
Clermont Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 420p.
* 60 DUBOIT M., 2003, A72 et
RN89 à l'est de Clermont-Ferrand ( entre Thiers et Noirétable),
Observatoire A89.
* 61 FAIVRE E., 2003,
Infrastructure autoroutière, mobilité et dynamiques
territoriales, Thèse de Doctorat, Université de
Franche-Comté, 620p.
* 62 BERION P.,
L'observatoire de l'autoroute A39 : démarche utilisée et
présentation de l'état initial, p.123 à 137 in
J. VARLET (dir.), Autoroutes, économie et territoires,
Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 1997,
420p.
* 63 CHATARD S., VARLET J.,
2004, Les zones d'activités le long de l'autoroute A89,
rapport thématique, observatoire A89
* 64 LACHARME I., 1996,
Annonce de l'autoroute A89 et dynamiques des territoires :
développement économique et stratégies d'acteurs de 1987
à 1996 (de Brive à Clermont-Ferrand), Observatoire A89
* 65 ORUS J.P.,
Conséquences économiques de grandes infrastructures
routières : bilan et perspective, in VARLET J.
(dir.), 1997, Autoroutes, économie et territoires, Actes du
colloque de Clermont-Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMA, 420p.
* 66 JOIGNAUX G., LANGUMIER
J.F., 2004, Les observatoires autoroutiers : l'expérience des
autoroutes Paris-Rhin-Rhône et quelques enseignements, Les cahiers
scientifiques du transport, n°46, pages 3 à 24
* 67 FAIVRE E.,
Autoroute et développement local. L'autoroute attire-t-elle des
activités économiques ? Oui, mais...Document de
synthèse, Conseil Général de Franche
Comté/ThéMA, 45p.
* 68 D'un point de vue
systémique, un acteur est une entité du système qui
déclenche une action, voire une interaction.
* 69 S. LE CORRE,
Utilisation de l'information numérique pour les observatoires
autoroutiers. Application aux espaces économiques, p 73 à
84, in J. VARLET (dir.), 2003, Autoroutes, Acteurs et Dynamiques
Territoriales, revue Géocarrefour, volume 77- n°1, 112p.
* 70 Ibid.
* 71
Géoportail :
http://www.geoportail.fr et
Mappy :
http://www.mappy.fr
* 72
http://www.ign.fr
* 73 LE CORRE S.,
2000, Intégration et évaluation de l'Information
Géographique Numérique dans le cadre des procédures des
observatoires autoroutiers. Démarche appliquée à l'A20 et
à la RN88, Thèse de doctorat en géographie,
Université Toulouse-Le Mirail, 205 p.
* 74 LE CORRE S.,
2000, Intégration et évaluation de l'Information
Géographique Numérique dans le cadre des procédures des
observatoires autoroutiers. Démarche appliquée à l'A20 et
à la RN88, Thèse de doctorat en géographie,
Université Toulouse-Le Mirail, 205 p.
* 75 LE CORRE S.,
2000, Intégration et évaluation de l'Information
Géographique Numérique dans le cadre des procédures des
observatoires autoroutiers. Démarche appliquée à l'A20 et
à la RN88, Thèse de doctorat en géographie,
Université Toulouse-Le Mirail, 205 p.
* 76 LE CORRE S.,
2000, Intégration et évaluation de l'Information
Géographique Numérique dans le cadre des procédures des
observatoires autoroutiers. Démarche appliquée à l'A20 et
à la RN88, Thèse de doctorat en géographie,
Université Toulouse-Le Mirail, 205 p.
* 77 Disponible sur le
site :
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/bassins_vie/bassins_vie.htm
* 78 H. GUMUCHIAN, E.
GRASSET, R. LAJARGE, E. ROUX, 2003, Les acteurs, ces oubliés du
territoire, Paris, Anthropos, 186 p.
* 79 DUBOIT M., 2003,
A72 et RN89 à l'est de Clermont-Ferrand (entre Thiers et
Noirétable), Observatoire A89
* 80 25 juin 1999
* 81 12 juillet 1999
* 82 Atlas des zonages
du Piémont et de Rhône Alpes, 2002, IRES et INSEE, Dossier
hors série, INSEE
* 83 JULIEN P., POUGNARD J.,
2004, Les bassins de vie, au coeur de la vie des bourgs et petites
villes, INSEE première, n°953, avril 2004
* 84 NICOT B.H., 2005,
Urbain - rural : de quoi parle-t-on?, SIRIUS, Université Paris
XII, 11p. A consulter sur le site :
http://sirius-upvm.net/doc/geo/urbain-rural.pdf
* 85 La Techlid est une
association loi 1901 d'accueil des entreprises, destinée à
faciliter leur implantation sur le territoire qu'elle régi. Elle
participe également aux projets d'aménagement en partenariat avec
la communauté urbaine du Grand Lyon. L'action de la Techlid s'inscrit
dans la cadre d'une convention pluriannuelle signée avec le Grand
Lyon.
Site :
http://www.techlid-lyon.com
* 86 Propos tirés de
l'entretien avec le responsable des questions économiques de la
communauté de communes du Pays de Tarare, Mr G. CORTEY
* 87 Dossier
d'enquête préalable à la déclaration
d'utilité publique de l'autoroute A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, et
à la mise en compatibilité des plans d'occupation des sols,
septembre 2001, Ministère de l'Equipement, des transports et du
logement/Direction des routes
* 88
http://www.axone.com/biotech-canton
* 89 AMBIAUD E., BLANC M.,
SCMITT B., 2004, Les bassins de vie des bourgs et petites villes : une
économie résidentielle et souvent industrielle, INSEE
première, n°954, avril 2004
* 90 Frange Est du Grand
Lyon (hors Lyon), communauté de communes des Monts d'Or - Azergues,
Beaujolais Saône Pierres Dorées, Beaujolais Val d'Azergues, Pays
de l'Arbresle et Vallons du lyonnais.
* 91 Dossier
d'enquête préalable à la déclaration
d'utilité publique de l'autoroute A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, et
à la mise en compatibilité des plans d'occupation des sols,
septembre 2001, Ministère de l'Equipement, des transports et du
logement/Direction des routes
* 92 Moyenne
journalière annuelle
* 93 Dossier
d'enquête préalable à la déclaration
d'utilité publique de l'autoroute A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, et
à la mise en compatibilité des plans d'occupation des sols,
septembre 2001, Ministère de l'Equipement, des transports et du
logement/Direction des routes
* 94 BREYTON M., Impact
autoroutier sur l'activité des entreprises à Oyonnax et à
Clermont-Ferrand, p. 185 à 198, in VARLET J.(Dir.), 1997,
Autoroutes, économie et territoires, Actes du colloque de
Clermont Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 420p.
* 95 Ibid.
* 96 PAILLER S., 2007, Les
flux de transport dans l'Ouest lyonnais : examen de la situation
antérieure à la construction de l'autoroute A89 de Balbigny
à Lyon, Mémoire universitaire, Université Jean
Monnet, Saint-Etienne
* 97 Dossier
d'enquête préalable à la déclaration
d'utilité publique de l'autoroute A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, et
à la mise en compatibilité des plans d'occupation des sols,
septembre 2001, Ministère de l'Equipement, des transports et du
logement/Direction des routes
* 98 Limonest, Dardilly,
Ecully, Tassin-la-Demi-Lune, Craponne, Francheville, Marcy-l'Etoile,
Saint-Genis-les-Ollieres, La-Tour-de-Salvagny, Charbonniére-les-Bains,
Champagne-au-Mont-d'Or, Saint-Didier-au-Mont-d'Or, Saint-Cyr-au-Mont-d'Or,
Saint-Romain-au-Mont-d'Or,Couzon-au-Mont-d'Or, Poleymieux-au-Mont-d'Or, Albigny
sur-Saone, Curis-au-Mont-d'Or et Saint-Germain-au-Mont-d'Or
* 99 Roanne, Mably,
Riorges, Villerest, Le Coteau, Comelle-Vernay
* 100 Marché de
Feurs, avenue Jean Jaurès, dans la matinée du 14 avril 2007.
* 101 DEBARBIEUX B.,
représentations spatiales et localisations industrielles : le
cas de l'axe Grenoble - Genève, p.93 à 115, in
DEBARBIEUX B., GUMUCHIAN H.(dir.), 1993, Géographie
économique et représentation , Recueil de textes des
communications de la 4e université d'été organisée
par le groupe Cham's à Sérignan en avril 1991,
Anthropos/Reclus/Economica , 254 p.
* 102 Ibid.
* 103 Jeudi 24 mai,
entretien téléphonique avec le patron d'une entreprise de
service
* 104 FAIVRE E., 2003,
Infrastructure autoroutière, mobilité et dynamiques
territoriales, Thèse de Doctorat, Université de
Franche-Comté, 620p
* 105 FAIVRE E., 2003,
Infrastructure autoroutière, mobilité et dynamiques
territoriales, Thèse de Doctorat, Université de
Franche-Comté, 620p
* 106 BERION P.,
L'observatoire de l'autoroute A39 : démarche utilisée et
présentation de l'état initial, p.123 à 137 in
VARLET J. (dir.), Autoroutes, économie et territoires,
Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 1997,
420p.
* 107 VARLET J., 2004,
Autoroute A89 et développement économique : les zones
d'activités, Observatoire A89/EDYTEM, Chambéry, 60p.
* 108 Observatoire A71,
A39, A89.
* 109 VARLET J., 2004,
Autoroute A89 et développement économique : les zones
d'activités, Observatoire A89/EDYTEM, Chambéry, 60p.
* 110 Ibid.
* 111 Surtout en ce qui
concerne le « barreau » A89, annoncé dés
1987, puis abandonné et reconfirmé à plusieurs
reprises...Si bien que la Déclaration d'Utilité Publique n'est
intervenue qu'en 2003 pour une mise en service prévu courant 2012...
* 112
VARLET J., Autoroute A71, acteurs et territoires. Bilan d'une
décennie d'observation, p.21 à 36, in VARLET J.
(dir.), 2003, Autoroutes, Acteurs et Dynamiques Territoriales,
revue Géocarrefour, volume 77- n°1, 112p.
* 113 BERION P., La
construction d'une grande infrastructure de transport et ses premiers
effets territoriaux : le cas de l'autoroute A39, section de Dole à
Bourg-en-Bresse, p. 7 à 20, in VARLET J. (dir.),
2003, Autoroutes, Acteurs et Dynamiques Territoriales, revue
Géocarrefour », volume 77- n°1, 112p.
* 114 VARLET J., 2004,
Autoroute A89 et développement économique : les zones
d'activités, Observatoire A89/EDYTEM, Chambéry, 60p.
* 115 Ibid.
* 116 VARLET J., 2004,
Autoroute A89 et développement économique : les zones
d'activités, Observatoire A89/EDYTEM, Chambéry, 60p.
* 117 J. VARLET, 2004,
Autoroute A89 et développement économique : les zones
d'activités, Observatoire A89/EDYTEM, Chambéry, 60p.
* 118 Dossier
d'enquête préalable à la déclaration
d'utilité publique de l'autoroute A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, et
à la mise en compatibilité des plans d'occupation des sols,
septembre 2001, Ministère de l'Equipement, des transports et du
logement/Direction des routes
* 119 ZA de Montepy
à Fleurieux-sur-l'Arbresle, et ZA de la Plagne à Bully
* 120 Communauté de
communes de Feurs en Forez : 10,46%, du Pays de Balbigny : 9,13%, du
Pays entre Loire et Rhône : 11,8%, du Pays de Perreux :
9,75%
* 121
Saint-Germain-Laval : 10,1%, Saint-Martin-la-Sauveté :
13,47%
* 122 Commune de Neulise
* 123 Limonest et
Champagne au Mont d'or: 23,68%, Ecully : 24,77%, Dardilly : 25,89%
* 124 PA de la
Demi-Lieue
* 125 ZA de Mâtel
* 126 ZA du Côteau
* 127 ZA des Trois
Communes, ZA de la safraniére, ZA de la Grange Chapelle, ZA de la Plagne
et ZA de Cluzel
* 128 ZA les Matinets, ZA
de la Noyeraie, ZA de la Garinnes et ZA de la Giraudiére
* 129 ZA les
Mivières, ZA les Mivières, ZA de l'orée du bois
* 130 ZA les Aubarres, ZA
la Mine, ZA de la Conche
* 131 Définitions
disponibles sur le site :
http://www.zonesdactivites.org/article/-Zone-d-activit-s----Parc-d-activit-s----Zone-Industrielle--ou--Parc-Industriel-----i8.htm?PHPSESSID=c2ca75ede2c17273148a2d4a814469b9
* 132 PECQUEUR B., 1996,
Dynamiques territoriales et mutations économiques, l'Harmattan,
Paris, 246p.
* 133 GRASSET E., GUMUCHIAN
H., LAJARGE R., ROUX E., 2003, Les acteurs, ces oubliés du
territoire, Paris, Anthropos, 186 p.
* 134 Ibid.
* 135 MARY G, Effet
foncier du transport autoroutier en milieux urbain et
périurbain : esquisse de méthodologie d'observation, p
245 à 260 in VARLET J. (dir.), 1997, Autoroutes,
économie et territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai
1995, SATCAR/CERAMAC, 420p.
* 136 CHANTEAU J.P., 2001,
l'entreprise nomade : localisation et mobilité des
activités productives, Paris, l'Harmattan, collection
économique et innovation, 236p.
* 137 Les systèmes
d'action définissent les conditions d'exercice des logiques de l'action
sur les territoires. Ceux-ci intègrent les cadres institutionnels,
réglementaires, fonctionnels, étatiques, qui sont autant de
mobiles prescriptifs incitant à agir d'une certaine manière (G.
GUMUCHIAN et al., 2003)
* 138FAIVRE E.,
Autoroute et développement local. L'autoroute attire-t-elle des
activités économiques ? Oui, mais...Document de
synthèse, Conseil Général de Franche
Compté/ThéMA, 45p.
* 139LANNEAUX M.A., Les
effets de valorisation de l'A39, p.139 à 151 in VARLET J.
(dir.), 1997, Autoroutes, économie et territoires, Actes du
colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 420p.
* 140 FAIVRE E., 2003,
Infrastructure autoroutière, mobilité et dynamiques
territoriales, Thèse de Doctorat, Université de
Franche-Comté, 620p.
* 141 Ibid.
* 142 Ibid.
* 143 LANNEAUX M.A., 1995,
Grandes infrastructures de transport et territoire : valorisation et
dynamique du territoire traversé par l'A39, Thèse de
doctorat, Université de Franche-Comté, 500p.
* 144 BERION P., MATHIEU
P., 2000, A39 - phase 2 : les politiques d'accompagnement,
Rapport d'étude de l'observatoire A39, 60p.
* 145 GRASSET E., GUMUCHIAN
H., LAJARGE R., ROUX E., 2003, Les acteurs, ces oubliés du
territoire, Paris, Anthropos, 186 p.
* 146 CATHERIN-GAMON V.,
2001, Participer à la vie publique : la contestation de
l'autoroute Balbigny - Lyon, Géocarrefour, volume 76, n°3, p.
211 à 216.
* 147 LACHARME I., 1998,
les effets d'annonce de l'autoroute A89 de 1987 à 1996 : les projets
économiques des différents acteurs, observatoire A89,
Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 35p.
* 148 Citation tirée
de l'article : Le conseil d'Etat s'oppose à l'A89, Le
Progrès, 31 janvier 2006
* 149 Dossier
d'enquête préalable à la déclaration
d'utilité publique de l'autoroute A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, et
à la mise en compatibilité des plans d'occupation des sols,
septembre 2001, Ministère de l'Equipement, des transports et du
logement/Direction des routes
* 150 J. VARLET, 2004,
Autoroute A89 et développement économique : les zones
d'activités, Observatoire A89/EDYTEM, Chambéry, 60p.
* 151 Dossier
d'enquête préalable à la déclaration
d'utilité publique de l'autoroute A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, et
à la mise en compatibilité des plans d'occupation des sols,
septembre 2001, Ministère de l'Equipement, des transports et du
logement/Direction des routes
* 152 Ibid.
* 153 le schéma de
cohérence territoriale est un
document
d'urbanisme qui fixe, à l'échelle de plusieurs communes ou
groupements de
communes, les organisations fondamentales de l'organisation du territoire
et de l'évolution des zones urbaines, afin de préserver un
équilibre entre zones urbaines, industrielles, touristiques, agricoles
et naturelles. Instauré par la
loi SRU du 13
décembre 2000, il fixe les objectifs des diverses politiques publiques
en matière d'habitat, de développement économique, de
déplacements.
* 154 DEBARBIEUX B.,
représentations spatiales et localisations industrielles : le
cas de l'axe Grenoble - Genève, p.93 à 115, in
DEBARBIEUX B., GUMUCHIAN H. (dir.), 1993, Géographie
économique et représentation , Recueil de textes des
communications de la 4e université d'été organisée
par le groupe Cham's à Sérignan en avril 1991,
Anthropos/Reclus/Economica , 254 p.
* 155 Entretiens
téléphonique, le 9 mai 2007
* 156 Site internet :
http://www.alcaly.org/
* 157 Autoroute A89 :
Adoption définitive par l'Assemblé Nationale, Le Pays - 3
mars 2006
* 158 ROUSSEAU P.,
Carte Majeure, La Montagne - 10 janvier 2006
* 159 MAURET N.,
L'Assemblé Nationale donne son feu vert à l'A89, Le
progrès - 24 février 2006
* 160 VERO P.O., A89, feu
vert et coup de klaxon..., Le Progrès - 10 févriers 2006
* 161 DUBOIT M, 2003,
A72 et RN89 à l'Est de Clermont-Ferrand (entre Thiers et
Noirétable), Observatoire A89, Clermont-Ferrand
* 162 CLADET V., 2007,
Balbigny et l'A89, Les effets d'annonce d'un futur tronçon
autoroutier et ses conséquences sur le lancement d'un projet de
développement industriel, Mémoire universitaire,
Université Jean Monnet, Saint-Etienne.
* 163 Natura 2000 est un
réseau européen de sites naturels ou semi-naturels ayant une
grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore qu'ils contiennent. La
constitution du réseau Natura 2000 a pour objectif de maintenir la
diversité biologique des milieux, tout en tenant compte des exigences
économiques, sociales, culturelles et régionales dans une logique
de développement durable.
* 164 Zoom sur le volet
CDT, Conseil Général de la Loire. A consulter sur le
site :
http://www.loire.fr/display.jsp?id=ci_528792
* 165 THOMASSON F., Vers un
CTD spécifique à l'A89, La Pays - 7 juillet 2006
* 166 FAIVRE E., 2003,
Infrastructure autoroutière, mobilité et dynamiques
territoriales, Thèse de Doctorat en géographie,
Université de Franche-Comté, 620p.
* 167 FAIVRE E., 2003,
Infrastructure autoroutière, mobilité et dynamiques
territoriales, Thèse de Doctorat en géographie,
Université de Franche-Comté, 620p.
* 168 FAIVRE E., 2003,
Infrastructure autoroutière, mobilité et dynamiques
territoriales, Thèse de Doctorat en géographie,
Université de Franche-Comté, 620p.
* 169 Ibid.
* 170 VARLET J.,
Autoroute A71 et dynamique spatiale (1988 - 1993), p. 35 à 60,
in VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes, économie et territoires,
Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 420p.
* 171 Ibid.
* 172 VARLET J.,
Autoroute A71, acteurs et territoires. Bilan d'une décennie
d'observation, p.21 à 37, in VARLET J. (dir.), 2003,
Autoroutes, Acteurs et Dynamiques Territoriales, revue
Géocarrefour, volume 77- n°1, 112p.
* 173 Dossier
d'enquête préalable à la déclaration
d'utilité publique de l'autoroute A89 Balbigny - La-Tour-de-Salvagny, et
à la mise en compatibilité des plans d'occupation des sols,
septembre 2001, Ministère de l'Equipement, des transports et du
logement/Direction des routes
* 174 VARLET J.,
Autoroute A71 et dynamique spatiale (1988 - 1993), p. 35 à 60,
in VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes, économie et
territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995,
SATCAR/CERAMAC, 420p.
* 175 DUBOIT M., 2003,
A72 et RN89 à l'Est de Clermont-Ferrand (entre Thiers et
Noirétable), Observatoire A89, Clermont-Ferrand.
* 176 FAIVRE E., 2004,
Autoroute et développement local. L'autoroute attire-t-elle des
activités économiques ? Oui, mais...Document de
synthèse, conseil Général de franche
compté/ThéMA/Observatoire A39, 45p.
* 177 VARLET J.,
Autoroute A71 et dynamique spatiale (1988 - 1993), p. 35 à 60,
in VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes, économie et
territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995,
SATCAR/CERAMAC, 420p.
* 178 BERION P., La
construction d'une grande infrastructure de transport et ses premiers effets
territoriaux : le cas de l'autoroute A39 section de Dole à
Bourg-en-Bresse, p.7 à 20, in VARLET J. (dir.), 2003,
Autoroutes, Acteurs et Dynamiques Territoriales, revue
Géocarrefour, volume 77- n°1, 112p.
* 179 VARLET J.,
Autoroute A71 et dynamique spatiale (1988 - 1993), p. 35 à 60,
in VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes, économie et
territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995,
SATCAR/CERAMAC, 420p.
* 180 Entretien
filmé de LE CORRE S. sur le sujet : Les autoroutes en
France : un outil d'aménagement ?, Canal Géo,
à visionner sur le site :
http://www.canal-u.education.fr/canalu/affiche_programme.php?sequence_id=634646086&programme_id=1140704073&num_sequence=0&format_id=11085
* 181 VARLET J.,
Autoroute A71 et dynamique spatiale (1988 - 1993), p. 35 à 60,
in VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes, économie et
territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995,
SATCAR/CERAMAC, 420p.
* 182 FAIVRE E., 2004,
Autoroute et développement local. L'autoroute attire-t-elle des
activités économiques ? Oui, mais...Document de
synthèse, conseil Général de franche
compté/ThéMA/Observatoire A39, 45p.
* 183 DUBOIT M., 2003,
A72 et RN89 à l'Est de Clermont-Ferrand (entre Thiers et
Noirétable), Observatoire A89, Clermont-Ferrand.
* 184 VARLET J.,
Autoroute A71 et dynamique spatiale (1988 - 1993), p. 35 à 60,
in VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes, économie et
territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995,
SATCAR/CERAMAC, 420p.
* 185 C dans l'air, France
5, Le TGV Est - 22 mars 2007
* 186 FAIVRE E., 2004,
Autoroute et développement local. L'autoroute attire-t-elle des
activités économiques ? Oui, mais...Document de
synthèse, conseil Général de franche
compté/ThéMA/Observatoire A39, 45p.
* 187 VARLET J.,
Autoroute A71 et dynamique spatiale (1988 - 1993), p. 35 à 60,
in VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes, économie et
territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand - Mai 1995,
SATCAR/CERAMAC, 420p.
* 188 Publicité en
quatrième de couverture de la revue Objectif A89, Magazine
d'information de l'Autoroute Balbigny - La Tour de Salvagny, n°1,
Décembre 2006 - Edité par A.S.F
* 189 FAIVRE E., 2003,
Infrastructure autoroutière, mobilité et dynamiques
territoriales, Thèse de Doctorat en géographie,
Université de Franche-Comté, 620p.
* 190 LANGUMIER J.F.,
Pourquoi des observatoires autoroutiers et pour qui ?, p. 95
à 98 in VARLET J. (dir.), 2003, Autoroutes, Acteurs et
Dynamiques Territoriales, revue Géocarrefour, volume 77- n°1,
112p.
* 191 FAIVRE E., 2003,
Infrastructure autoroutière, mobilité et dynamiques
territoriales, Thèse de Doctorat en géographie,
Université de Franche-Comté, 620p.
* 192 PAILLER S., 2007,
Les flux de transport dans l'Ouest lyonnais : examen de la situation
antérieure à la construction de l'autoroute A89 de Balbigny
à Lyon, Mémoire universitaire, Université Jean
Monnet, Saint-Etienne
* 193 LE CORRE S., 2000,
Intégration et évaluation de l'Information
Géographique Numérique dans le cadre des procédures des
observatoires autoroutiers. Démarche appliquée à l'A20 et
à la RN88, Thèse de doctorat en géographie,
Université Toulouse-Le Mirail, 205 p.
* 194 LE CORRE S., 2000,
Intégration et évaluation de l'Information Géographique
Numérique dans le cadre des procédures des observatoires
autoroutiers. Démarche appliquée à l'A20 et à la
RN88, Thèse de doctorat en géographie, Université
Toulouse-Le Mirail, 205 p.
* 195 Ibid.
* 196 VARLET J. (dir.),
Atlas des dynamiques des territoires et de l'environnement de l'autoroute
A89 (1986-2003), Observatoire A89/ARTERES, 2006, 135p.
* 197 LANGUMIER J.F.,
Pourquoi des observatoires autoroutiers et pour qui ?, p. 95
à 98 in VARLET J. (Dir.), 2003, Autoroutes, Acteurs et
Dynamiques Territoriales, revue Géocarrefour, volume 77- n°1,
112p.
* 198 Ibid.
* 199 FAIVRE E., 2004,
Autoroute et développement local. L'autoroute attire-t-elle des
activités économiques ? Oui, mais...Document de
synthèse, conseil Général de franche
compté/ThéMA/Observatoire A39, 45p.
* 200 FAIVRE E., 2003,
Infrastructure autoroutière, mobilité et dynamiques
territoriales, Thèse de Doctorat en géographie,
Université de Franche-Comté, 620p.
* 201 FAIVRE E., 2003,
Autoroute, activités et territoires : résultats et
proposition méthodologique de recherche, Les Cahiers Scientifiques
du Transport - n°43, p.59 à 83
* 202 LE CORRE S.,
Utilisation de l'information géographique numérique pour les
observatoires autoroutiers, p. 73 à 84, in VARLET J.
(dir.), 2003, Autoroutes, Acteurs et Dynamiques Territoriales, revue
Géocarrefour, volume 77- n°1, 112p.
* 203 Table ronde, De
quelques mesures d'accompagnement par des acteurs institutionnels, p.267
à 289, in VARLET J.(dir.), 1997, Autoroutes,
économie et territoires, Actes du colloque de Clermont Ferrand -
Mai 1995, SATCAR/CERAMAC, 420p.
* 204 LE CORRE S.,
Utilisation de l'information géographique numérique pour les
observatoires autoroutiers, p. 73 à 84, in VARLET J.
(dir.), 2003, Autoroutes, Acteurs et Dynamiques Territoriales, revue
Géocarrefour, volume 77- n°1, 112p.
* 205
http://www.asf.fr/rubriques/A89/Accueil/Accueilmaitre.html
* 206 Notamment le
délai entre fermeture effective d'une entreprise et la radiation des
fichiers des organismes consulaires qui peut prendre plusieurs mois, voire
années.
* 207 LANGUMIER J.F.,
Pourquoi des observatoires autoroutiers et pour qui ?, p. 95
à 98 in VARLET J. (dir.), 2003, Autoroutes, Acteurs et
Dynamiques Territoriales, revue Géocarrefour, volume 77- n°1,
112p.