VI. Conclusion
De nombreuses conditions limitent l'efficacité de
l'activité d'anticipation. L'analyse effectuée dans cette
étude montre qu'une firme en place peut maintenir son pouvoir de
monopole en dépit de l'entrée de concurrents potentiels.
Cette conclusion est en accord avec Williamson, mais les
raisons sont différentes. Pour ce dernier, la persistance du
monopole est due aux imperfections du marché.
Gilbert et Newberry démontrent qu'en l'absence
d'imperfection du marché (excepté pour avoir un monopole au
début), l'incitation à maintenir le pouvoir de monopole
est présente. En effet, un marché parfait pour les
inputs de la R&D donne à la firme en place une
crédibilité : il peut anticiper l'entrée des
concurrents, déposer un brevet avant leurs entrées, produire le
bien substituable et réduire ses coûts, devenant ainsi doublement
attractif.
Les brevets anticipés ont des
conséquences indésirables. Une firme peut maintenir son pouvoir
de monopole en déposant un brevet avant ses concurrents. Cependant on a
vu qu'il n'était pas profitable pour le monopole de produire le
deuxième bien puisque le brevet ne sera pas utilisé. Les fonds
engagés ont servi à produire un « sleeping
patents » dont l'utilisation n'est cédée à
aucune firme, ce qui peut être néfaste pour la croissance
et le développement d'autres technologies dans le sens ou si le
« sleeping patents » est une innovation
fondamentale, le développement des innovations incrémentales est
arrêté par la protection du brevet. Les gains de la
société résultant des nouvelles technologies se font
à un taux plus faible que s'il y'avait eut de la concurrence.
Aussi, interdire l'activité d'anticipation peut mener à
une augmentation du surplus économique et les ressources seront
dépensées pour dissuader l'entrée plutôt que pour
investir dans la recherche. Selon J. Bain, l'anticipation dans
la R&D est la seule action qui peut retarder l'entrée de
rivaux. Cela demeure difficile à identifier en pratique.
Cette conclusion n'est valable que si l'innovation est
certaine, ce qui en réalité reste une hypothèse forte.
C'est pourquoi, nous allons passer à l'analyse de l'article de J F.
Reinganum qui reprend cette étude en supposant que le processus de
découverte est stochastique plutôt que
déterministe.
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