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Inondation à l'embourchure du fleuve Sénégal: hydraulique fluviale et aménagements

( Télécharger le fichier original )
par Mouhamat SECK
Ecole Inter Etats des Ingénieurs de l'Equipement Rural/ B.Faso - DESS en Hydraulique et Aménagement 2003
  

Disponible en mode multipage

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Formation post-universitaire de spécialisation en Eau pour l'Agriculture et l'Approvisionnement des Communautés (FPU-EAC/2003-2004) Option : Mobilisation en eau souterraine et Approvisionnement des Communautés (MESAC)

Mémoire pour l'obtention du DESS sur le thème :

INONDATIONS A L'EMBOUCHURE DU FLEUVE
SENEGAL : HYDRAULIQUE FLUVIALE ET
AMENAGEMENTS

Soutenu par Mouhamat SECK (Ingénieur- IST),
Le 14 décembre 2004 à l'EIER

Encadré par monsieur :

Gora NDIAYE DGPRE

Devant le jury composé de messieurs:

André MERMOUD EPFL

Amadou Lamine MAR EIER

Laurent Moussa COMPAORE EIER

Babacar DIENG EIER

Louange à Allah Seigneur de l 'Univers, le Pardonneur, Le Miséricordieux. Il est certes avec les endurants.

MEMORANDUM

A mon regretté Père Serigne M'backé rappelé à DIEU le 7 janvier 1994 ;

A celui dont l'enseignement et l'éducation ont nourri l'esprit et guidé nos pas sur le chemin de la droiture ;

Père ! que le Miséricordieux te rétribue les efforts que tu as consentis durant toute ta vie à notre formation et à celle de tant d'autres ;

Père ! Nous ne te mériterons vraiment que lorsque nous ferons parti De ceux aux âmes apaisées ;

Dors Père ! Dors ! que le Très Miséricordieux t'élève parmi

ses élus et nous maintienne sur la voie que tu as tracée ;

Oui, ton bien-aimé Mouhammad (PSL) sera touj ours à tes côtés.

« Le sommeil des savants vaut mieux que l 'adoration des ignorants »

Mouhammad (PSL)

Au terme de ce travail qui représente une modeste contribution à la compréhension des phénomènes d'inondations à Saint-Louis du Sénégal, permettez moi d'adresser mes remerciements :

~ A madame Anta Seck, ingénieur, Directrice de la DGPRE

Vous m'avez chaleureusement accueilli dans votre structure sans ménager aucun effort pour la réussite de ce stage. Par votre nom je remercie tout le personnel de la DGPRE.

~ A monsieur Gora Ndiaye, ingénieur, chef Division Hydrologie/ DGPRE Vous m'avez aidé à mieux comprendre ce milieu tant complexe qu'est l'embouchure du fleuve Sénégal. Votre dévouement et votre abnégation nous servirons de leçon. Que le Tout Puissant vous rétribue vos efforts. Merci !

~ A monsieur Samba Bâ, chef de la Division Planification et Informatique, Votre intéressement à notre travail ainsi que vos suggestions nous ont beaucoup servi. Je ne saurai oublier l'appui de toute l'équipe de la DPI toujours présente à mes nombreuses sollicitations.

~ A monsieur Amadou Lamine Mar Docteur-ingénieur, enseignant à l'EIER Vous avez participé considérablement à notre formation dans le domaine de l'hydraulique. Et depuis qu'on s'est connu vous n'avez cessé de me faire bénéficier de votre savoir et de votre soutien avec dévouement et abnégation, je ne saurai vous remercier assez. Que DIEU vous assiste!

~ A tout le corps professoral de la FPU-EAC2003 -2004,

Merci d'avoir fourni tant d'efforts pour nous former. Nous ne saurons jamais vous payer mais souhaitons que la reconnaissance s'en suive à jamais.

~ A monsieur MERMOUD André, Professeur à l' EPFL,

Vos efforts pour rehausser le niveau de formation ne nous sont pas inconnus. Merci d'avoir accepter de présider ce jury.

Ce travail qui est le fruit de mes efforts et celui de tant d'autres que je ne saurai oublier, est dédié:

 

mon Père, qui nous a touj ours incités à donner le meilleur de nous mêmes ;

ma mère Sokhna, nous serons touj ours fiers de toi ;

mon épouse Awa qui, toute sa tendresse aidant, ne cesse de m'appuyer sur la voie de la réussite.

mes frères, soeurs et cousins : Ibrahim, Astou et Oumy Kalsoum ; les mamans constituent une école ;

toute la promotion EAC 2003-2004 , la réussite est au bout de l'effort et la connaissance constitue une mine d'or.

« IL n' y a pas de route royale pour la science, et ceux là, seulement ont la chance d'arriver à ses sommets lumineux, qui ne craignent pas de se fatiguer à gravir ses sentiers escarpés ».

Karl MAX

RESUME

Durant la dernière décennie, il y'a eu une recrudescence des inondations à Saint-Louis, ville située à l'embouchure du fleuve Sénégal. La Direction de Gestion et de Planification des Ressources en Eau du Sénégal (DGPRE), de par ses prérogatives, est l'un des acteurs principaux qui interviennent dans la gestion du fleuve Sénégal. Ce travail qui a été mené au sein de cette structure sur la question des inondations, est articulé en différentes phases.

La première phase de l'étude est consacrée à la présentation générale du fleuve Sénégal avec une synthèse plus explicite de la partie estuarienne. En effet la ville de Saint-Louis se trouve dans le bief limité au nord par le barrage de Diama où s'opère les débits lâchés en période de crue, au sud par son embouchure caractérisée par une forte mobilité. Ce milieu est marqué par un dynamisme fluvio-maritime lié à l'action des vents et des marées. La bathymétrie a également permis de montrer un dynamisme morpho-sédimentaire, origine d'une variabilité du lit et une sédimentation entraînant la formation d'une barre sableuse très redoutée par les piroguiers.

La seconde phase de l'étude concerne les inondations proprement dites et leurs impacts sur les aménagements. En effet les inondations existent depuis 1950 mais elles étaient surtout liées à la crue du fleuve. De nos jours existent d'autres facteurs tels que l'occupation anarchique des zones inondables et un manque de système d'assainissement adéquat qui aggravent le phénomène.

Cependant en 2003, l'ouverture d'un canal de délestage à 7 Km au sud du pont Faidherbe a sauvé la ville de l'immersion. Mais le suivi de l'évolution de cette brèche a permis d'observer les menaces qui guettent l'équilibre fragile de la flèche sableuse qu'est la Langue de Barbarie. Il découle de l'analyse du comportement hydraulique qu'avec la position actuelle de l'embouchure, jusqu'à 2000 m3s-1 la ville est sauvée des eaux.

La troisième phase de l'étude est surtout consacrée aux moyens et méthodes à mettre en oeuvre pour une meilleure gestion de cette brèche. Toutefois l'application de ces éléments de solutions ne sera pas sans impact sur l'environnement. Néanmoins une gestion participative avec les populations permettrait une bonne gestion de la crue fluviale.

Mots dles : barrage de Diama, brèche, crue, débits, delta, embouchure, estuaire, fleuve Sénégal, hauteurs d'eau, marée.

Liste des figures

Figure 1 -Délimitation du bassin du fleuve Sénégal 6

Figure 2- Carte de situation de la zone du delta 8
Figure 3-Longueur de propagation de la marée en fonction du débit fluvial (situation avant

Diama) 10

Figure 4-Vue de dessus de la partie sud de la Langue de Barbarie 11

Figure 5- Situation de la ville de Saint-Louis 12

Figure 6- Succession lithologique régional 14

Figure 7-Esquisse géologique du secteur d'étude 15

Figure 8-Deux types de configurations des nappes alluviales 16

Figure 9-Vue du Parc National de la Langue de Barbarie 17

Figure 10-Barrage hydroélectrique de Manantali 19

Figure 11-Barrage anti-sel de Diama 20

Figure 12 -Répartition statistique des directions du vent au large. 22

Figure 13-Mécanisme de formation de la houle (source :www.meteodafleche.com) 23

Figure 14-Répartition statistique des directions de provenance des houles 24

Figure 15-Amortissement de la marée dans le bief maritime 26

Figure 16- Morphologie de la zone marine (source www.sc.u-picardie.fr) 27
Figure 17-Différentes positions de l'embouchure du fleuve Sénégal (image A. Niang, 2002,

complétée par M. Seck, 2004) 31
Figure 18-Composition colorée de l'image Landsat-MSS de 1972 et zoom sur l'embouchure

(PNUE/SGPRE, 2002) 31

Figure 19-Les hydrogrammes de la station de St-Louis de 1998 et 2000 33

Figure 20- Profil en travers du fleuve Sénégal un peu en aval de Diama 34
Figure 21- Profil en travers du fleuve au point 334 725 /1743 800 (avant l'ancienne

embouchure) 35
Figure 22- Représentation tridimensionnelle de la vallée estuarienne en décembre 2001

(PNUE /SGPRE, 2002) 36
Figure 23- Evolution des hauteurs d'eau à la station de Saint-Louis de janvier 2003 au 31

décembre 2003 38

Figure 24- Evolution des débits à Diama au passage de la crue 2003 38
Figure 25- Amplitude de la marée à Saint-Louis et dans l'océan Atlantique (août 2000 à

juillet 2001) 39

Figure 26-Débits Moyens Journaliers de la Station : Diama Aval 40

Figure 27-Inondation de Saint-Louis ,1950 41

Figure 28- Inondation de 1999 : Pointe sud de l'île 41

Figure 29- Inondation de 2003 : cimetière au sud de Guet Ndar 42

Figure 30-Cotes Maximales Annuelles de la Station : StLouis et du Capteur : J-1 43

Figure 31 -Côtes journalières à Saint-Louis, année hydrologique 94-95 44

Figure 32-Côtes journalières à Saint-Louis, année hydrologique 9 8-99 44

Figure 33-Côtes journalières à la station de Bakel 47

Figure 34-Côtes journalières à Saint-Louis, année hydrologique 2003 -2004 47

Figure 35-Ouverture de la brèche le 04 octobre 2003 50

Figure 36-Différentes étapes de l'évolution de la brèche 51

Figure 37- Profil actuel du contour de la brèche 52

Figure 38- Coupe transversale de la nouvelle brèche à la date du 09 septembre 2004 52
Figure 39- Profil transversal du fleuve Sénégal au point de coordonnées 339 261 / 1 772 460

(Saint-Louis) 53

Figure 40- Courbe de remous pour Q= 2000m3s-1 en basse marée 58

Figure 4'-Courbe de remous pour Q= 2000m3s-' en haute marée 58

Figure 42-Courbe de remous pour Q= '700m3s-' en basse marée 58

Figure 43- Courbe de remous pour Q= '700m3s-' en basse marée 59

Figure 44- Courbe de remous pour Q= ' 500m3s-' en basse marée 59

Figure 45- Courbe de remous pour Q= ' 500m3s-' en haute marée 59

Figure 46- Coupe de la stabilisation par enrochement 62

Figure 47- Coupe de stabilisation végétale 63

Figure 48- Vue de dessus de l'épi déflecteur 63

Figure 49- Coupe du seuil en enrochement 64

Liste des tableaux

Tableau 1 : l'évolution de la mobilité de l'embouchure du fleuve Sénégal 30

Tableau 2- Les prévisions de la marée dans différentes stations 54

Tableau 3- Récapitulatif des données surfaciques suivant les débits 54

Tableau 4- Récapitulatif des résultats obtenus à partir des données d'observation 55

Tableau 5- Les profondeurs normales et critiques selon différentes stations 56

Tableau 6- Résultats des calculs de profondeur 57

Tableau 7-Récapitulatif des hauteurs d'eau à Saint-Louis 60

Tableau 8-Récapitulatif des côtes du plan d'eau à Saint-Louis 60

Table des matières

RESUME v

Liste des figures vi

Liste des tableaux viii

INTRODUCTION 1

I. PRESENTATION DE LA DGPRE 2

I.1 Sa mission 2

I.2 Organigramme de la DGPRE : 2

I.3 Répartition des activités 2

I.3.1 Division Hydrologie 2

I.3.2 Division Hydrogéologie 3

I.3.3 Division Planification et Systèmes d'Information 3

I.3.4 Division Législation des Eaux Erreur ! Signet non défini.

II. PRESENTATION GENERALE 4

II.1. Contexte régional du Bassin du fleuve Sénégal 4

II.1 .1. Les caractéristiques physiques du fleuve 4

II.1.2. Le régime du fleuve Sénégal 4

II.1.3. Découpage du basin du fleuve Sénégal 5

II.1.3.1. Le haut bassin 7

II.1.3.2. Aperçu sur la vallée du fleuve Sénégal 7

II.1.3.3. Aperçu sur le delta du fleuve Sénégal 7

II.2. Contexte local : 9

II.2.1. L'estuaire du fleuve Sénégal 9

II.2.2. La Langue de Barbarie et l'embouchure du fleuve Sénégal 10

II.2.3. Situation de la ville de Saint-Louis : 12

II.2.4. Aperçu géomorphologique : 13

II.2.5. Aspect hydrogéologique 14

II.2.5.1. Contexte régional : 14

II.2.5.2. Contexte local : 14

II.2.6. Contexte environnemental : 16

II.2.6.1. Le parc national de la Langue de Barbarie : 16

II.2.6.2. Le par national de Djoudj 17

II.2.7. Contexte socio-économique : 18

II.3. Les grands ouvrages de l'OMVS : 19

II.3.1. Barrage de Manantali: 19

II.3.2. Le barrage de Diama : 20

II.3.2.1. Caractéristiques 20

II.3.2.2. Objectifs : 20

II.3.2.3. Influence du barrage de Diama sur le régime hydrodynamique du fleuve 21

III. DYNAMISME FLUVIO-MARITIME 22

III.2. Les conditions météorologiques 22

III.2.1. La répartition des vents 22

III.2.2. La répartition des houles 23

III.3. Dynamique marine : 24

III.4. Dynamique fluviale 26

III.5. Processus morpho-sédimentaires 27

IV. HISTORIQUE ET EVOLUTION DE L'EMBOUCHURE DU FLEUVE 29

IV.1 Modifications et mobilité de l'embouchure : 29

IV.2 Sédimentation de la zone estuarienne 34

V. LES INONDATIONS DE SAINT-LOUIS: 37

V.1 Comportement fluvial dans le bief aval de DIAMA 37

V.1.1 L'enregistrement des hauteurs et débits suite au régime de Diama : 37

V.1.2 La période de basses eaux 40

V.1.3 La période de la crue 40

V.2 HISTORIQUE des inondations 41

V.2.1 Les mesures 42

V.2.1.1 La station de Diama : 42

V.2.1.2 La station de Saint-Louis : 42

V.3 Les causes: 43

V.3.1 La crue fluviale : 43

V.3.2 Le milieu physique : 44

V.3.3 L'urbanisation : 45

V.4 Conséquences des inondations 45

V.5 Gestion de la crue de l'année 2003 : la réalisation de la brèche 46

V.5.1 Contexte 46

V.5.2 Conséquences de la brèche: 48

V.5.3 Evolution de la brèche 50

V.6 Essai d'analyse du comportement hydraulique du fleuve depuis Diama 53

V.6.1 Le régime d'écoulement: 53

V.6.2 Hypotèses et données 53

V.6.3 Calcul de la courbe remous 56

V.6.3.1 Les résultats 57

V.6.3.2 Commentaires des courbes de remous : 60

VI. ELEMENTS DE SOLUTIONS ET LEURS IMPACTS 61

VI.1 Mesures : 61

VI.2 Aménagements 61

VI.2.1 Objectifs d'aménagement 61

VI.2.2 Scénarios d'aménagement 62

VI.2.2.1 Stabilisation des berges 62

VI.2.2.2 Stabilisation des lits 64

VI.2.2.3 Stabilisation des plaines inondables 65

VI.3 Impacts environnementaux des solutions proposées : 66

VI.3.1 impacts des dragages 67

VI.3.2 Impacts des épis 67

VI.3.3 impacts de la Protection des berges 67

VI.3.4 impacts des Endiguements 67

VI.3.5 Impacts des Seuils 68

CONCLUSIONS 69

B IBLIOGRAPHIE 70

INTRODUCTION

La zone d'étude correspond à la région du delta du fleuve Sénégal de Richard-Toll à l'embouchure mais de façon plus restreinte l'aval du barrage de Diama. Elle inclut la ville de Saint-Louis et s'inscrit entre les latitudes 15°45' et 16°30' nord et les longitudes 15°40' et 1 6°35'ouest. Elle se caractérise par de faibles altitudes, souvent inférieures à 3 m, sauf sur quelques formations dunaires où les altitudes dépassent rarement 10 m au-dessus du niveau de la mer.

La récurrence des inondations à Saint-Louis constitue une contrainte et une préoccupation majeure dans le cadre de la gestion des eaux du delta du Sénégal. De nombreuses solutions ont été réalisées : endiguement de la ville de Saint louis, mise en place de stations de pompage des eaux de ruissellement. Cependant le problème demeure. La fréquence des inondations est d'ailleurs de plus en plus élevée ces dernières années.

L'histoire du Sénégal a été marquée par la migration continue de ses habitants vers les zones côtières telles que la ville de Saint-Louis, qui offraient très souvent des conditions plus favorables à la croissance économique. Aujourd'hui, environ 700000 personnes vivent dans la région côtière. Cette proportion ne cesse de s'accroître. Cependant, cette démographie a eu clairement un impact sur l'environnement littoral. De manière générale, les activités économiques imposent une pression sur les zones naturelles, mais certains éléments environnementaux spécifiques sont propres à la zone de l'embouchure du fleuve Sénégal. Parmi ceux-ci, la prolifération des ouvrages côtiers, l'usage intensif des rivages naturels pour la détente et le tourisme, ainsi que l'extraction sur l'avant côte de sables et de graviers destinés à la construction.

Cette zone remplit d'importantes fonctions écologiques, sociales et économiques. Les plus importantes sont l'absorption des engrais et des substances polluantes évacués par le fleuve vers la mer, ainsi que la reproduction et l'alimentation des poissons, crustacés et oiseaux.

Parailleurs d'autres phénomènes comme l'érosion côtière contribuent à la fragilisation de cette embouchure. L'érosion côtière se manifeste lorsque la mer gagne du terrain sur la terre à cause des vents, des houles et des mouvements des marées dans un contexte de pénurie sédimentaire. L'érosion côtière est un processus naturel qui a toujours existé et qui a façonné les rivages à la jonction entre le fleuve et la mer. Ce principe naturel a ainsi entraîné une mobilité de l'embouchure vers une position éloignée au sud de la ville induisant ainsi un trajet de parcours des eaux fluviales plus long. Néanmoins à ce problème d'érosion, s'ajoute une occupation parfois anarchique du lit majeur du fleuve aggravant ainsi la situation.

Lors de la crue de 2003 une brèche a été ouverte pour sauver la ville des inondations. Dans le cadre de ce travail nous allons tenter de décrire et d'expliquer la problématique des inondations à Saint-Louis depuis la mise en fonctionnement du barrage de Diama mais également de mieux cerner les effets et l'évolution de la brèche. Enfin nous essaierons de proposer quelques solutions pour amortir les conséquences déplorables des inondations dans la ville de Ndar.

I. PRESENTATION DE LA DGPRE

La Direction de Gestion et de Planification des Ressources en Eau (DGPRE) qui sont relatives aux ouvrages hydrauliques, à l'inventaire, à la planification et à la gestion des ressources en eau, assure le secrétariat du Comité Technique de l'Eau (CTE) et la préparation des réunions du Conseil supérieur de l'Eau (C SE).

I.1 SA MISSION

Elle peut se résumer comme suit :

la gestion de l'information relative à la connaissance des ressources en eau ; les études générales, suivi et observation des différents aquifères et cours d'eau, gestion de bases de données nécessaires à la mobilisation des ressources ;

l'élaboration des textes législatifs et réglementaires en matière de gestion et de protection des ressources et leur application ;

I.2 ORGANIGRAMME DE LA DGPRE :

Direction

Bureau Administratif
et Financier

Secrétariat

Bureau Courrier

Bureau Communication

Division de la
Législation des eaux

 

Division
Hydrogéologie

 

Division Hydrologie

 

Division Planification
et Système
d'Informations

 
 
 
 
 
 

Bureau de la Réglementation

Bureau Inventaire des
Ressources Hydrauliques

Bureau Etudes
Hydrologiques N°1

Bureau Planification

 
 
 
 

Bureau du suivi des
Redevances

Bureau des Etudes Hydrogéologiques

Bureau Etudes
Hydrologiques N°2

Bureau Systèmes
d'Information

 
 
 
 

Bureau du Suivi et du Contrôle des Travaux

Bureau Suivi de la Qualité
des Eaux

Bureau Documentation

I.3 REPARTITION DES A CTIVITES

I.3.1 DIVISION HYDROLOGIE

La Division Hydrologie est chargée de l'exécution de la composante eaux de surface de la mission de la DGPRE. La mission de la Division se résume à la collecte, le traitement, l'analyse et l'archivage des données hydrologiques.

Les activités s'articulent autour des cinq points suivants :

mise en place et gestion des réseaux de mesure sur les cours d'eau et lacs ;

mise en place de banques de données pour la gestion et la diffusion de l'information hydrologique auprès des structures intéressées

Inventaires et études générales relatives aux eaux de surface (Grands cours d'eau, petits bassins versants ruraux ou urbains et lacs)

élaboration de textes réglementaires relatifs à la gestion et à la protection des eaux de surface.

I.3.2 DIVISION HYDROGEOLOGIE

Elle est chargée :

De la collecte, du traitement des données hydrogéologiques et de la répertorie des ouvrages (piézomètres, forages et sondages de reconnaissance) ;

Du suivi de la qualité et de la quantité des eaux souterraines ainsi que de l'exécution d'études hydrogéologiques.

De l'appui aux autres institutions pour l'implantation et le contrôle de l'exécution des forages.

I.3.3 DIVISION PLANIFICA TION ET SYSTEMES D 'INFORMATION

La mission de planification des ressources en eau revêt différentes composantes qui en font d'une part une interface avec les autres Divisions de la Direction, et d'autre part entre la DGPRE et les autres acteurs.

Le rôle de la Division de la Planification et Système d'Information est :

de mettre à la disposition du public, l'information en temps réel contenue dans les bases de données de la DGPRE, et de la promouvoir à l'occasion de réunions et séminaires au niveau national.

De mettre en valeur aussi les outils informatiques développés au sein de la Direction.

rotection des ressources en eau, du suivi de l'application des textes législatifs et réglementaires en matière de gestion et de protection des ressources en eau ; de l'organisation et de l'application de la police de l'eau ainsi que de la formation des agents chargés de la police de l'eau ;

de la mise à jour et du suivi du fichier des redevables des différentes redevances (exhaure, rejet, etc.), du suivi du recouvrement de ces redevances, du suivi de la gestion des quotas maraîchers ;

du secrétariat du Comité Technique de l'Eau, de la préparation des réunions du Conseil Supérieur de l'Eau et d'assurer le suivi de l'application des décisions issues de ces réunions.

II. PRESENTATION GENERALE

II.1. CONTEXTE REGIONAL DU BASSIN DU FLEUVE SENEGAL

II.1.1. LES CARA CTERISTIQUES PHYSIQUES DU FLEUVE

Le Fleuve Sénégal est formé par la réunion de deux cours d'eau, notamment le Bafing et le Bakoye (en langue Manding, Bafing veut dire fleuve noir et Bakoye, fleuve blanc), dont la confluence près de Bafoulabé au Mali se trouve à environ 1083 km de l'Océan Atlantique. Après avoir traversé la partie occidentale du Mali, il constitue, sur le reste de son parcours, la frontière entre les territoires du Sénégal et de la Mauritanie.

Long de 760 km, le Bafing prend sa source à une altitude de 800 mètres dans le Fouta-Djalon en Guinée et se dirige vers le nord en traversant les plateaux de la région soudanienne avant d'atteindre Bafoulabé. Il amène plus de la moitié du débit total du fleuve Sénégal avec 430 m3/s de débit moyen annuel. Son parcours se caractérise par la présence de chutes.

Long de 560 Km, le Bakoye prend sa source à proximité de la limite méridionale du plateau mandingue en Guinée, à une altitude de 706 mètres. A sa confluence avec le Bafing, le Bakoye a un débit moyen annuel de 170 m3/s. Cette rivière passe également un assez grand nombre de petites chutes et de rapides.

En aval de Bafoulabé, en rive droite, les principaux affluents du fleuve Sénégal sont la Kolombiné, le Karakoro et le Gorgol.

Sur la rive gauche, la Falémé est l'affluent le plus important. Longue de 650 Km, elle prend sa source dans la partie nord du Fouta-Djalon, à une altitude de 800 mètres. Elle se jette dans le fleuve Sénégal à 30 Km en amont de Bakel. Son module, à son débouché dans le fleuve Sénégal, est de l'ordre de 200 m3/s.

II.1.2. LE REGIME DU FLEUVE SENEGAL

Le régime d'écoulement du fleuve Sénégal dépend essentiellement des précipitations dans le Haut-Bassin. Il est caractérisé par :

une saison de hautes eaux, de juillet à octobre,

une saison de basses eaux à décroissance régulière, de novembre à mai/juin.

La saison des hautes eaux culmine en fin août ou début septembre et s'achève rapidement dans le courant d'octobre. A la fin de la saison sèche, en mai ou juin, il ne subsiste en général qu'un très faible débit d'étiage dans les grands cours d'eau ou dans les plus favorisés de leurs petits affluents.

A Bakel, qui est souvent considéré comme la limite entre le Haut Bassin et la Vallée, et comme la station de référence du fleuve Sénégal parce que située à l'aval du dernier affluent important qu'est la Falémé, le débit moyen annuel du fleuve est d'environ 676 m3/s, correspondant à un apport de l'ordre de 24 milliards de m3. Les débits moyens mensuels évoluent entre les valeurs extrêmes de 3.320 m3/s en septembre et de 9 m3/s en mai.

Une autre caractéristique importante du régime du fleuve Sénégal est son irrégularité inter- annuelle. Pour la période 1903-1904 à 1995-1996, l'écart entre le débit moyen annuel de l'année la plus humide et celui de l'année la plus sèche peut être dans la proportion de 6 à 1, avec ( www.omvs.org):

Pour l'année 1923/1924, un débit moyen annuel de 1.265 m3/s et un volume annuel de 39.5 milliards de m3.

Pour l'année 1987/1988, un débit moyen annuel de 216 m3/s et un volume annuel de 6,8 milliards de m3.

Les modules annuels des principaux cours d'eau s'établissent comme suit :

Bafing : 18 m3/s à Manantali ; Bakoye : 149 m3/s à Oualia ; Falémé : 134 m3/s à Gourbassi ; Sénégal : 676 m3/s à Bakel.

Cette irrégularité inter-annuelle des crues a, pendant longtemps, constitué un des principaux handicaps au developpement dans la Vallée, en ce sens qu'elle réduisait les possibilités d'une production agricole garantie dans cette zone étroite, encadrée par deux déserts. En outre, la superficie des zones cultivables après la crue pouvait varier entre 15.000 ha et 150.000 ha suivant l'importance, la durée et la date de la crue.

II. 1.3. DECOUPAGE DU BASIN DU FLEUVE SENEGAL

Le bassin est réparti entre quatre États, la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Il se subdivise en trois grandes zones hydro-géographiques, fortement différenciées en fonction de la topographie, de la géologie, de l'hydrographie et du climat :

- le haut bassin en amont de Kayes ;

- le bassin inférieur ou vallée alluviale qui s'allonge sur 630 Km de Kayes à Dagana, parsemée de hautes levées fluvio-deltaïques ;

- le delta, situé à l'aval de Richard-Toll et qui jouxte une zone littorale et maritime de premier ordre pour toute la région.

Figure 1-Délimitation du bassin du fleuve Sénégal

II.1.3.1. Le haut bassin

A partir de Kayes, le fleuve entre dans le bassin inférieur; la vallée s'élargit et atteint 10 à 15 Km en période de crue. La vallée alluviale se subdivise en haute vallée, de Kayes à Matam ; moyenne vallée, entre Matam et Podor et basse vallée, de Podor à Dagana.

Le haut bassin ou bassin inférieur correspond à la région dite guinéenne ou domaine du Fouta Djalon. C'est une zone de hauts plateaux, constituée d'un substrat cristallin et gréseux imperméable ; les altitudes y culminent à 1538 m au Mont Loura, dans le massif de Mali en Guinée. Les fortes pentes expliquent un réseau hydrographique vigoureux, dominé par le Bafing, le Bakoye et la Falémé principaux affluents du Sénégal. C'est la zone où le fleuve reçoit l'essentiel de ses apports en eau.

Dans le domaine guinéen, la saison pluvieuse s'installe en mars et finit en décembre. Les mois de juillet, août et septembre cumulent l'essentiel de la pluviométrie. Les mois « secs » sont janvier et février. C'est le domaine des savanes péri forestières avec des îlots de forêts denses. Ces formations forestières sont reliques de la forêt dense ouest africaine. Le paysage de savane qui leur sert de toile de fond se constitue de façon très irrégulière soit pour des raisons édaphiques (dans les bas fonds cuirassés ou sur les bowé) soit à cause de l'action anthropique (savanes de versants). Cette action se présente sous forme d'activités agricoles, d'exploitation forestière, de feux de brousse, ou d'élargissement de l'espace habité.

II.1.3.2. Aperçu sur la vallée du fleuve Sénégal

La vallée du fleuve Sénégal s'étend de Bakel à Dagana et correspond au cours moyen du fleuve. Le lit du fleuve s'élargit sur une plaine alluviale. La vallée se caractérise par la diversité des formes du paysage. C'est une région de basses altitudes composées de plateaux et de plaines.

Un microrelief caractéristique (cuvettes et levées fluvio-deltaïques) marque de façon transversale le modelé de la vallée : le dieri, zone non inondable et le waalo, zone inondée. Il existe de nombreux défluents tels que Doué dans la rive gauche, Diawane et Koundi en territoire mauritanien.

Les savanes constituent au niveau de la vallée du fleuve Sénégal, la formation phytogéographique dominante. Elles se différencient suivant leur physionomie en savane boisée, arborée, arbustive et herbeuse.

L'essentiel du bassin du fleuve s'étale dans ce domaine nord-soudanien qui assure la transition entre les zones pluvieuses guinéennes et le Sahel. La pluviométrie est de 600 à 700 mm par an et la saison pluvieuse s'étend de juillet à septembre.

II.1.3.3. Aperçu sur le delta du fleuve Sénégal

A la latitude de Richard-Toll, les hautes levées sont relayées par une vaste zone d'inondation d'altitude moyenne inférieure à 2 m IGN, c'est ainsi que le fleuve pénètre dans le delta. Le lit du fleuve s'élargit et atteint 400 à 500 m de large avec des profondeurs supérieures à 6 m dans le grand bras et de l'ordre de 3 m dans le petit bras. Le profil longitudinal du Sénégal indique que le lit du fleuve se situe, sur 450 km, à des altitudes inférieures à celui de la mer (en dessous du 0,00 m IGN).

Le delta se caractérise par une morphologie très complexe due à l'action combinée du climat, de la mer, du fleuve et du vent. C'est une vaste plaine d'inondation, plate et monotone, légèrement accidentée au sud-ouest par la présence de massifs de dunes ogoliennes. Du point de vue géomorphologique, le delta se présente comme un vaste ensemble de topographie basse constitué de plaines inondables et de bas plateaux, parcourue par un réseau de chenaux anastomosés. Le fleuve alimente de part et d'autre de son cours deux dépressions naturelles, le lac Rkiz en Mauritanie et le lac de Guiers au Sénégal, une série de cuvettes argileuses de décantation (Ndiael, Khant, Nguine, Djoudj) et tout un réseau de marigots et de mares (Djoudj, Gorom-Lampsar, Djeuss) coulant le plus souvent sur des sols salés.

Figure 2- Carte de situation de la zone du delta

La formation du delta du Sénégal remonte à la période post-nouakchottienne (6800 - 4 200 BP) qui correspond à une régression consécutive à une baisse du niveau marin ; une lagune s'est ainsi formée derrière un puissant cordon littoral (Kane, 1985). La morphologie du cours inférieur du fleuve Sénégal est alors celle d'un delta dont les défluents sont capturés à l'Holocène par le cours principal brusquement détourné vers le sud. Le delta du Sénégal a été classé parmi le type extrême des deltas à prédominance très nette des effets de houle, qui a pour résultat une dérive littorale édifiant des cordons littoraux parallèles à la côte. En effet, sur plusieurs kilomètres, le fleuve longe l'océan Atlantique dont il n'est séparé que par une étroite bande de terre, la Langue de Barbarie, flèche littorale sableuse édifiée par les courants de dérive littorale induits par la houle du nord-ouest.

Les espèces Acacia raddiana, Acacia senegal, Acacia seyal dominent la strate arborée des steppes du domaine sahélien. D'autres formations azonales sont constituées par écosystèmes particuliers composés de végétaux aquatiques. Les plans d'eau du delta et les rives renferment des conditions favorables au développement de ces types de formations.

Du point de vue climatique, le delta est inclus dans le domaine sahélien qui se définit par l'irrégularité et la variabilité spatio-temporelle fort marqué des précipitations. C'est une région soumise à l'influence des alizés maritimes soufflant de l'anticyclone des Açores, ce qui lui confère un climat très doux par rapport au reste du pays.

Au delà de l'uniformité de son relief, le delta peut se différencier en deux secteurs, suivant ses caractéristiques hydrologiques, hydrodynamiques et sédimentologiques :

- l'estuaire, partie terminale du bassin au modelé très marqué par la salinité ;

- la Langue de Barbarie, longue flèche sableuse alignée NNW-SSE dont l'extrémité détermine la position de l'embouchure.

II.2. CONTEXTE LOCAL :

II. 2.1. L 'ESTUA IRE DU FLEUVE SENEGAL

Du point de vue climatique, cette région du Sénégal est soumise à l'influence des alizés maritimes soufflant de l'anticyclone des Açores, ce qui lui confère un climat très doux par rapport au reste du pays.

Elle esr caractérisée par des températures modérées dont l'amplitude est assez faible, 16° à 30° C.

L'humidité atmosphérique y est relativement constante et élevée, 71 % en moyenne. Cependant la pluviométrie annuelle y est assez faible par rapport aux autres régions du Sénégal. Le renforcement des alizés du nord ouest freine très souvent la remontée du Front Intertropical (FIT), l'épaisseur de la mousson est ainsi limitée, ce qui explique dans la plupart des cas les retards observés sur le démarrage de l'hivernage et la faiblesse des précipitations.

L'essentiel des précipitations tombe pendant la période de août à septembre. Les pluies journalières peuvent atteindre des valeurs élevées. La pluie maximale journalière de fréquence décennale est d'environ 90 mm.

La pluviométrie moyenne interannuelle est inférieure à 300 mm et elle est caractérisée par une très forte irrégularité interannuelle. Un important déficit a été observé pendant les années 1970 à 1990, contrairement à ces dernières années pendant lesquelles une augmentation de la pluviométrie semble se maintenir.

L'estuaire peut être définie comme la partie aval d'un fleuve dans laquelle les marées se font sentir et dont l'eau est saumâtre. Avant la mise en service du barrage de Diama, en 1986, la remontée saline était sensible, en période d'étiage, jusqu'à Podor, à environ 300 km de l'embouchure. Certaines années extrêmes, l'eau de mer atteignait Dioude Diabe, 150 km plus loin que Podor. La zone estuarienne était alors beaucoup plus vaste qu'elle ne l'est de nos jours; le fleuve y alimentait de nombreuses zones d'inondations occupées par des vasières à mangrove.

3500

3000

2500

2000

1500

1000

500

0

 
 
 
 
 
 
 
 

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500

Distance à l'embouchure (km)

Figure 3-Longueur de propagation de la marée en fonction du débit fluvial (situation avant
Diama)

Il semblerait que le barrage de Diama ait engendré un nouvel équilibre dans l'évolution de l'estuaire. La modification des facteurs hydrodynamiques a en effet entraîné une reprise de l'évolution morphologique, sédimentologique et écologique. De sorte que l'estuaire est actuellement limité en amont par le barrage anti-sel de Diama tant que ses vannes restent fermées et en aval par son embouchure, unique exutoire par laquelle remontent les eaux marines dans le fleuve.

L'estuaire du fleuve Sénégal est donc désormais circonscrit à une petite zone entre le barrage de Diama et le cordon sableux de la Langue de Barbarie; l'ouverture périodique des vannes au niveau du barrage empêchant la sursalinisation des eaux sous l'effet de la dilution. Cela s'est traduit par le recul des vasières à mangrove, reconverties pour l'essentiel en zones d'habitation et l'accélération de la formation des tannes. En somme d'importantes modifications sont notées sur le milieu physique depuis la construction de Diama.

II. 2.2. LA LANGUE DE BARBARIE ET L 'EMBOUCHURE DU FLEUVE SENEGAL

C'est le cordon littoral situé à l'ouest de l'île de Saint-Louis. Il est pris en escorte par l'océan atlantique et le Petit Bras du fleuve Sénégal. Sur plusieurs kilomètres, le fleuve Sénégal longe l'océan Atlantique dont il est séparé par ce cordon littoral sableux : la Langue de Barbarie qui se présente sous la forme d'une longue flèche sableuse fragile et instable, façonnée par le jeu de la dynamique littorale (fig.4). Son extrémité détermine la position de l'embouchure du fleuve Sénégal.

Figure 4-Vue de dessus de la partie sud de la Langue de Barbarie

Elle abrite les quartiers de Guet Ndar, Ndar Toute et Goxumbaac menacés par l'avancée de la mer qui grignote de plus en plus la plage avec des risques de d'invasion des habitations. Ces quartiers sont souvent entourés de murs de protection délabrés. Autrefois ces quartiers pêcheurs, limités par le cimetière musulman au sud, sont aujourd'hui étendus du côté sud par de nombreux campements touristiques et d'autres habitations qui longent le cordon littoral jusqu'à l'hydrobase.

Au cours du siècle dernier, l'embouchure du fleuve Sénégal a fréquemment migré vers le sud, entraînant dans sa progression la flèche littorale de la Langue de Barbarie. De 1850 à nos jours, vingt (20) ruptures d'inégale importance ont été enregistrées sur la Langue de Barbarie. Les plus notables ont eu lieu en 1894 et 1959, la plus récente est intervenue en 1973. Depuis cette date, le cordon sableux poursuit sa trajectoire vers le sud ; la poursuite de cette trajectoire méridionale implique à la fois la mobilisation et le dépôt de sédiments sur le bord nord du cordon et l'érosion du bord sud. KANE (1997) estime le volume annuel de sable apporté à la pointe de la Langue de Barbarie à environ 600 000 m3.

L'embouchure du fleuve Sénégal a donc touj ours été sujette à une forte mobilité spatiotemporelle (KANE, 1997 ; DIA, 2000 ; LAMAGAT, 2000). L'emplacement actuel de l'embouchure au sud de Saint-Louis daterait du milieu du XVIIe siècle. D'anciennes embouchures plus septentrionales seraient encore reconnais sables près des Maringouins et du marigot de Boydet.

GAC et al. (1982) avaient avancé l'hypothèse d'une périodicité de quatorze (14) ans pour les affaissements du cordon littoral et cela en relation avec la périodicité évoquée pour les variations de la remontée saline dans le lit mineur du Sénégal. Cette hypothèse se trouve aujourd'hui remise en cause, du fait de l'arrêt des remontées salines dans le fleuve et la non survenue de rupture sur la Langue de Barbarie depuis 1973. Evénements à imputer

entièrement ou en partie à l'artificialisation du régime du fleuve, notamment par la construction des deux grands barrages.

Les forts courants marins entraînent une sédimentation marine obligeant le fleuve à éroder la cote et occasionnant l'allongement de la Langue de Barbarie. La flèche sableuse est donc soumise à un intense alluvionnement qui fait que la profondeur du bief diminue considérablement empêchant un déversement correct des eaux en mer et occasionnant des inondations à Saint-Louis et dans ses environs (Dia, 2000).

Le colmatage progressif de l'embouchure actuelle est une réalité qui transparaît dans tous les entretiens réalisés avec les pêcheurs de la zone, eu égard aux difficultés qu'ils ont à passer du fleuve à l'océan et vice versa. Cette situation justifie toute la polémique qui a engendré l'ouverture d'une embouchure artificielle à proximité de Saint-Louis à 7 km du PK0(PontFaifherbe), un peu au nord du Parc National de la Langue de Barbarie.

L'espace occupé par le parc a fait l'objet de nombreuses mutations liées à l'évolution de l'embouchure du fleuve Sénégal qui s'est régulièrement déplacé selon le rapport de force entre la houle et les eaux continentales.

II.2.3. SITUATION DE LA VILLE DE SAINT-LOUIS :

Figure 5- Situation de la ville de Saint-Louis

La région côtière de Saint Louis est située au nord du Sénégal à la rencontre entre le fleuve et l'océan atlantique. Elle compte environ 700.000 habitants.

Cette ville appartient néanmoins au sahel qui est constitué par «un ensemble de pays d'Afrique qui bordent le sud du sahara, pays qui ne sont pas désertiques mais où les pluies sont relativement faibles(<600mm), irrégulières, réparties sur une unique saison humide à laquelle fait suite à une saison sèche qui durent de longs mois pendant lesquels il ne tombe pratiquement pas une seule goutte d'eau »,(Giri,1983, in Ecosen).

En aval du barrage de Diama, le systeme fluvial est constitué de marigots, du Djeuss stoppé en aval de Dakar-Bango, de petits affluents comme la Khor et le Marmeal qui recoupent le fleuve en amont de Gandiole. Au niveau de la ville, le Grand Bras du fleuve traversé par le pont Faidherbe sépare le continent de l'île et à l'ouest de cette dernière le Petit Bras qui la relie à la langue de barbarie, flèche sableuse où se trouve l'embouchure du fleuve Sénégal. Au sud de la ville s'y ajoute un complexe lagunaire entre Saint-Louis et Gandiole.

L'île de Ndar est reliée à la langue de Barbarie par deux ponts, un au nord et un au sud. Elle s'étend du nord au sud sur une longueur de 2.5km et suivant une largeur de 350m. C'était la ville coloniale et le quartier administratif. Deux grands quartiers s'y retrouvent Lodo au nord et Sindoné au Sud. Il est coincé entre les deux bras du fleuve.

La partie continentale de la ville insulaire est constituée par le faubourg de Sor. Cette zone regroupe plus de 60% de la population saint-louisienne. Il est constitué de deux noyaux ; l'un d'occupation traditionnelle (Tendjiguène, Balacoss...) et l'autre d'occupation plus récente entre 1960 et 1970 dont les principaux quartiers sont Pikine, Darou, Médine... Ces quartiers s'édifient sur des vasières et certains occupent en partie les zones les plus sensibles aux crues du fleuve.

II. 2.4. APERÇU GEOMORPHOLOGIQUE :

Depuis 1986, l'estuaire du fleuve Sénégal est limité en amont par le barrage anti-sel de Diama, tant que ses vannes restent fermées, et à l'aval par son embouchure, unique exutoire par laquelle remontent les eaux marines.

Au niveau centre et en aval de la ville de Saint-Louis, le fleuve n'est plus séparé de l'océan que par un unique et mince cordon sableux de largeur décroissante du nord au sud : la Langue de Barbarie. Cette flèche littorale actuelle de sable fin blanc, qui est le plus récent des cordons littoraux du front deltaïque est le résultat d'un long processus alternatif d'engraissement et de démaigrissement de la plage par la dérive littorale.

Dans la zone côtière, la plaine d'inondation est étroite, le Sénégal s'insinue dans des couloirs de largeur kilométrique, essentiellement sablo-argileux. Les alluvions fluviatiles sont limités à l'est par les dunes rouges continentales, et à l'ouest par une succession de cordons littoraux qui constituent des alignements parallèles à la côte.

La ville de Saint-Louis est érigée sur un delta qui se définit comme étant le point le plus bas du bassin hydrologique. Ce constat est d'une importance pour une meilleure compréhension des problèmes des inondations à Saint-Louis.

La ville, située dans la zone deltaïque du fleuve Sénégal, appartient à un milieu géomorphologique varié et complexe. Les sols sont constitués de sables moyens à fins parfois argileuses ou limoneuses. L'aspect géomorphologique de la ville est façonné par la dynamique fluviale et celle maritime dont la principale conséquence est l'édification de la flèche sableuse communément appelée la Langue de Barbarie.

Elle repose sur des formations quaternaires, les altitudes y sont basses et partout inférieure à 2.5m. Ceci expose la ville à la remontée des eaux du fleuve pendant les périodes de fortes crues. La nappe phréatique est peu profonde et est souvent affleurante dans les zones dépressionnaires comme c'est le cas à Diaminar.

Les vasières situées le long du marigot de Khor sur lesquelles les populations se sont installées, ont été faiblement remblayées ce qui fait que les quartiers comme Darou et Cité Vauvert situés dans la périphérie urbaine soient le réceptacle des eaux de la crue et des eaux de pluies.

II.2.5. ASPECT HYDROGEOLOGIQUE

II.2.5.1. Contexte régional :

Le contexte géologique régional est celui du bassin sénégalo -mauritanien formé durant la transgression marine sur le SW de la Mauritanie et la majeure partie du territoire sénégalais du Crétacé Supérieur jusqu'au Quaternaire (fig.6)

Du point de vue tectonique le bassin du fleuve est subdivisé en cinq provinces hydrogeologiques séparées par cinq failles qui définissent ainsi des conditions hydrogéologiques locales.

 

Sable, sable argileux, argile(Nouakchotien à l'Actuel)

Dunes rouges (Ogolien)

Sable, sable argileux(Inchirien)

Grés, sable, argile

Calcaire, dolomie, argile feuilletée

Grés, grés argileux, sable, sable argileux Sable maastrichtien

Figure 6- Succession lithologique régional

II.2.5.2. Contexte local :

Le delta est recoupé par une faille F1 d'orientation N-S. Cette faille limite les formations sédimentaires de la zone alluviale au nord-est de Saint-Louis. La faille F1, limite de la province n°1 constitue le marqueur de la lithologie dans la bande ouest. Ces formations sont constituées d'une alternance d'argile et de sable avec des lentilles de calcaires qui reposent sur les formations calcaires de l'Eocène rencontrée à 100m de profondeur (fig.7).

Figure 7-Esquisse géologique du secteur d'étude

Dans la zone circonscrite de l'embouchure, les formations superficielles rencontrées sont: les sables dunaires (dunes rouges, jaunes et blanches) et les dépôts fluviaux (vases et sables fins). Cette description lithologique a été observée dans le quartier de Pikine où le log de forage réalisé se présente comme suit :

· 0-1m : Sable argileux, brunâtre à jaunâtre, souvent mélangé à des débris végétaux

· 1-1.5m : Sable jaunâtre légèrement. argileux

· 1 .5-4.5m : Sable vaseux associé à des niveaux de sable coquillé.

· 4.5-7.5m : Sable franc coquillé

· 7.5-9m : Vase à aspect consolidé.

Du point de vue hydrogéologique deux systèmes de nappes s'identifient (fig.8) :

· Les nappes alluviales exploitées par puits villageois (prof. < 10 m) sont celles des formations sableuses et sablo-argileuses (Quaternaire + CT) régulièrement alimentées par les pluies annuelles.

· Les nappes superficielles, semi-profondes et profondes captées par forages (Prof. > 50 m) sont celles des formations sablo-argileuses du Quaternaire et des formations éocènes et maastrichtiennes.

Nouakchotien Ogolien

Inchirien

Eocène Maastrichtien

Lentilles d'argile

Aquifère multicouche Nappe hétérogène

Figure 8-Deux types de configurations des nappes alluviales

Parailleurs un des aspects importants de l'hydrogéologie du secteur c'est la proximité de la nappe phréatique renfermée dans des aquifères sableux d'où la possibilité d'une recharge rapide.

II.2.6. CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL :

II.2.6.1. Le parc national de la Langue de Barbarie :

Couvrant une superficie de 2000m2, il se trouve à une distance d'environ 12km en aval de Saint-Louis. Il occupe un espace da la Langue de Barbarie et quelques lagunes saumâtres. Ce parc constitue une niche de plusieurs milliers d'oiseaux migrateurs pendant une période de l'année et une zone de frayère de plusieurs poissons.

Au-delà des palétuviers denses, il y'a les palmiers. Il existe des villages sous leurs ombrages. On y trouve également le marigot où les femmes amassent le sel que laisse le fleuve en s'évaporant. Les villages de maraîchers et de pêcheurs situés dans le périmètre du parc sont animés par leurs marchés. Une variété diversifiée d'oiseaux y élit domicile :

les vanneaux éperonnés, les dendrocygnes veufs,

les sternes caspiennes et royales,

et les goélands railleurs.

Cet ensemble remarquable, inclus dans le Parc National de la Langue de Barbarie constitue un territoire d'un équilibre fragile entre la nature et l'homme.

Ce parc créé en 1976, comprend l'extrémité sableuse de la Langue, les marigots bordant le continent ainsi que deux îlots situés au milieu du fleuve. Le milieu est caractérisé par la variété des paysages et la convivialité de l'atmosphère (fig.9).

Figure 9-Vue du Parc National de la Langue de Barbarie II.2.6.2. Le parc national de Djoudj

Le Parc national de Djoudj se trouve au nord de la ville de Saint-Louis, ce delta fossile, qui s'ouvre à la force des eaux du fleuve. Il est caché derrière un rideau de dunes rouges. Ses 16 000 hectares sont composées de lacs, de marigots, de gués de bancs de sable, de nénuphars et d'acacias qui abritent des canards, des flamants, cormorans et des pélicans.

Ce parc, situé sur un des méandres du fleuve Sénégal, se trouve à plus de 60 km au nord de Saint-Louis. Le troisième parc ornithologique du monde est une des dix aires protégées par la Direction des Eaux et Forêts. Englobant une partie du fleuve, des lacs, des bassins, des marécages et des bouquets de roseaux, ainsi que les zones environnantes de savane boisée, le parc dispose d'un plan d'eau permanent qui attire de nombreuses espèces d'oiseaux.

A la périphérie se sont implantés sept villages dont quatre peuplés de maures, deux de wolofs et un hameau constitué par des peuls, avec comme végétation essentielle, le tamarix. On y observe des plaquettes blanchâtres sur le sol qui renseignent sur le niveau de salinité. De là, se trouve le campement de Ndiagabaar, en référence à la population importante de pélicans, à quelques encablures de l'hostellerie de Djoudj, à proximité de la station biologique. C'est un espace de 16 000 ha dont 12 000 inondables, où règne un silence qui sied parfaitement à la nature sensible du milieu où viennent nicher chaque année, quelque espèces d'oiseaux du monde.

Il doit son nom à un bras du fleuve Sénégal, le Djoudj, qui alimente toute l'année plusieurs lacs et marigots. De par sa position géographique, le site constitue l'un des tous premiers refuges pour les oiseaux migrateurs après la traversée du Sahara. C'est par dizaines de milliers que l'on peut observer des pélicans, des flamands roses des cormorans et des canards siffleurs.

Malheureusement, le sanctuaire est aujourd'hui menacé par une fougère aquatique, la Typha, qui prolifère sur certains plans d'eau et asphyxie jour après jour, tous les étangs, mares et marigots du delta, comme il y a peu la Salvinia Molesta, " une sorte de fougère aquatique introduite par erreur dans le parc ", dit le Lieutenant, adjoint au Conservateur du parc. A cela,

il faut ajouter la perturbation probable de l'écosystème avec l'ouverture du canal de délestage au niveau de la langue de Barbarie et qui pourrait, à terme, affecter les zones humides comme la réserve du Djoudj.

L'importance des zones humides, pour un des responsables de l'ONG Wetlands, se mesure à leur utilité pour lutter contre les inondations et la désertification, et à servir pour le pâturage, la pisciculture, les matériaux de construction et d'artisanat (le chaume, les roseaux etc.), mais surtout à la sauvegarde des moyens d'existence naturels. Plus important encore, ajoute le défenseur de la nature, " nous avons besoin des zones humides pour l'approvisionner en eau, elles aident à maintenir les niveaux d'eau. Telles des éponges, elles se regorgent d'eau de pluie puis la régurgitent progressivement pendant la saison sèche ".

II.2.7. CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE :

La pêche continentale se pratiquait en saison sèche avec un matériel rudimentaire pour une consommation locale. Cette activité a connu un essor remarquable avec les nouvelles conditions hydrologiques depuis la réalisation du barrage de Diama. La pêche suscite un regain d'intérêt et la productivité des pêcheries semble croître malgré les contraintes liées à l'élimination de certaines espèces inadaptées aux nouvelles conditions hydrologiques et à la prolifération de la végétation aquatique.

L'élevage dans la région du delta combine un système d'élevage maure qui concerne les petits ruminants mais aussi les chameaux, un système villageois confiné ou intégré et un système extensif habituellement connu chez les grands éleveurs peuls qui pratiquent une transhumance saisonnière.

L'agriculture se pratiquait sous forme pluviale et en cultures de décrue. Les cultures pluviales se pratiquent dans le dieri en saison des pluies (fin juillet - mi septembre). Si la sécheresse a eu raison de la culture pluviale, il faut dire l'activité traditionnelle de décrue a périclité à cause des variations du plan d'eau et des typhas qui ont occupé les petites marges de terres qu'offrait le retrait des eaux (Coly, 1999). La culture irriguée renforcée avec l'avènement du barrage de Diama donne un important essor économique à la région.

II.3. LES GRANDS OUVRA GES DE L'OMVS :

II.3.1. BARRAGE DE MANANTALI:

Figure 10-Barrage hydroélectrique de Manantali

Construit sur le Bafing, un des principaux affluents du fleuve Sénégal, à 90 km au sud-est de Bafoulabé, en république du Mali, le barrage (fig. 10) a pour buts:

· l'irrigation de 255 000 ha de terre dans la vallée ;

· la production de 800 GWH en moyenne par an ;

· l'écrêtage des crues millénale et centennale, de manière à protéger les agglomérations, les cultures dans la vallée ;

· la navigabilité pérenne du fleuve jusqu'à Ambidédi à 40 km à l'aval de Kayes ;

· la fourniture pendant une période transitoire d'un débit régularisé de 200 m3/s et d'une crue artificielle annuelle en août-septembre pour assurer les conditions optimales de la pratique de la culture traditionnelle de décrue.

La gestion du barrage de Manantali devrait permettre de renforcer artificiellement les crues à Bakel (apport de la Falémé et du Bakoye) pour assurer la pratique de cultures de décrues.

En période d'étiage, la gestion est faite pour garantir des débits régularisés censés couvrir l'ensemble des prélèvements en eau en contre saison. Le débit régularisé garanti sera de 300 à 200 ms-1 et permettra la navigation sur le fleuve Sénégal.

La cote d'exploitation prévue en période de basses eaux de +2,50 m ; elle devrait permettre de disposer d'un volume tampon permettant d'amortir les besoins mensuels de pointe, correspondant à une utilisation des débits d'étiage dans la vallée et le delta. Pendant l'hivernage, le barrage stocke environ 40% des eaux de crue. Pendant la saison sèche, les apports du Sénégal seront uniquement constitués par les lâchers d'eau à Manantali( www.omvs.org).

II.3.2. LE BARRAGE DE DIAMA :

II.3.2.1. Caractéristiques

De conception, l'ouvrage principal est un barrage mobile qui s'ouvre en période de crue pour assurer l'écoulement normal du fleuve et se ferme en période d'étiage pour empêcher la remontée de la langue salée, constituant ainsi une réserve d'eau douce (fig.1 1). Le barrage comprend (OMVS/FAC, 1977) :

L'évacuateur de crues composé de 7 passes de 20m de large équipées de vannes segments relevables permettant des retenues entre les cotes +1,50 IGN et 2,50 IGN ; Une écluse de navigation de 175mx13m pour le passage des bateaux ;

Une digue de bouchure et deux digues de fermeture en rive droite.

La structure comprend également les ouvrages annexes ou accessoires suivants : les endiguements en rives droite et gauche, les ouvrages de prise pour le remplissage des lacs ( Guiers et R'kiz) ou de dépressions telles que celle de l'Aftout-es-Sahel.

Figure 11-Barrage anti-sel de Diama

II.3.2.2. Objectifs :

Construit sur le cours du fleuve Sénégal dans le delta à environ 26 km en amont de Saint-Louis, il a pour objectifs :

· d'arrêter la remontée de la langue salée et protéger les prises d'eau ;

· d'améliorer le remplissage des lacs de Guiers (au Sénégal) et de R'Kiz ainsi que la dépression d'Aftout es Sahel (en Mauritanie) ;

· d'alimenter en eau potable et d'irriguer ;

· de créer une retenue permettant d'irriguer 120 000 ha en plus des 255 000 ha irrigables à partir de Manantali soit un total de 375 000 ha.

II.3.2.3. Influence du barrage de Diama sur le régime hydrodynamique du fleuve

En période d'étiage, deux zones distinctes encadrent le barrage de Diama : la zone estuarienne avec des eaux douces légèrement turbides douces en amont du barrage et des eaux salées en aval. En aval du barrage, il y a une période de transition ou les eaux progresse après le passage de la crue, de l'état douce à l'état salé. Le régime général en fin d'étiage est celui d'un système homogène avec un type de fonctionnement lagunaire déjà décrit par Millet (1991) et il est, par ailleurs, semblable à celui observé avant 1985.

En période d'ouverture du barrage, une importante masse d'eau douce circule vers l'aval et dilue fortement les eaux marines, créant une hétérogénéité saline. Des courants de jusant particulièrement élevés accentuent la stratification des eaux et remettent en suspension les sédiments fins dans la couche d'eau profonde.

La crue inverse le fonctionnement estuarien entre juillet et septembre ; l'estuaire est envahi par des eaux douces très turbides qui expulsent l'eau de mer. Les eaux estuariennes sont alors plus chargées en matière en suspension que celles de l'amont, du fait de l'érosion des berges et des zones basses encore dénudées longeant le fleuve.

L'amorce de la décrue se fait très lentement (fin octobre - début novembre) ; les eaux sont encore douces, même si l'effet de la marée dynamique est observable. Cette période de décrue plus tardive, par rapport à ce qui s'observait antérieurement, s'explique par des lâchers d'eau encore importants à Manantali par suite d'un débit élevé. Ces observations révèlent de légères modifications par rapport au fonctionnement estuarien antérieur.

La distribution des salinités dans le bief inférieur est modifiée. Du fait de la dilution par les lâchers d'eau douce du barrage, la salinité ne dépasse plus celle de l'eau de mer alors que des taux supérieurs à 40 %o étaient observés avant la mise en eau des barrages.

En crue, le passage d'un milieu marin homogène à un milieu sous influence fluviatile se fait beaucoup plus rapidement qu'avant la construction du barrage. Par exemple Kane,(1985) souligne qu'il fallait plus de deux mois en 1981 pour passer d'un débit nul à un débit maximum à Dagana (120 km de Diama) alors qu'en 1991 à Diama ce passage s'est effectué en un mois et demi. L'artificialisation du régime du fleuve réduit la période de transition au cours de laquelle le mélange eau douce - eau salée se faisait.

III.DYNAMISME FLUVIO-MARITIME

III.2. LES CONDITIONS METEOROLOGIQUES

Les vents et les houles font parti des principaux paramètres qui intéres sent la dynamique qui règne dans la zone d'embouchure du fleuve Sénégal. Les vents sont à l'origine de phénomènes directs comme l'érosion de la côte nord mais également de phénomènes indirects tels que la formation des houles qui sont des mouvements ondulatoires de la mer. Les mesures données de vents et de houles ont été effectuées par SOGREAH (Cosec/Sogreah/Afid, 2002).

III.2.1. LA REPARTITION DES VENTS

Figure 12 -Répartition statistique des directions du vent au large.

L'analyse statistique des vents dans la zone d'étude montre (fig.12):

§ une prédominance des vents du secteur nord, avec 62.67% des vents soufflants du secteur N330 à N030 et des vents du continent qui soufflent du secteur N015 à N195 qui représentent 29.49% des observations ;

§ La majorité des vents environ 81.58% ont des vitesses comprises entre 3 et 9 ms-1. Ceux ayant des vitesses supérieures ou égales à 13ms-1 occupent 0.09% des observations.

III.2.2. LA REPARTITION DES HOULES

La houle est un ensemble de vagues enclenchées sur des dizaines voire des centaines de kilomètres. Elle est définie par sa direction et sa hauteur.

Figure 13-Mécanisme de formation de la houle (source :www.meteodafleche.com)

La houle se forme au milieu de l'océan ou de la mer (fig.13) ; lors d'un conflit de masses d'air, ce qui est souvent le cas au milieu de l'océan, il y'a formation d'une dépression et donc générant des rafales de vent au niveau de l'eau : la houle est formée. De plus dans la zone d'étude le vent souffle localement ce qui entraîne la formation d'un ensemble de vagues appelées : mer du vent.

L'analyse statistique des houles montre une répartition dominante dans le secteur NW, lequel comprenant 72.4% des observations avec une répartition suivante : 3 2.7% pour le quadrant NW à nord et 39.7% pour le quadrant nord à NE (fig.15).

Par conséquent le secteur sud (N1 65 à N2 10) regroupe le reste environ 9.3%.

Ces houles ont une hauteur significative médiane (HS50%) de 1 .4m et une période médiane

(TP50%) de 8s.

On retiendra que les fortes agitations sont à l'origine de franchissements du cordon littoral dunaire que constitue la Langue de Barbarie. En période de forte tempête, les quartiers les plus anciens de Saint-Louis, Guet Ndar et Ndar Toute, peuvent être submergés par les flots. Le flot c'est le courant qui accompagne l'élévation du niveau d'eau depuis l'océan vers le fleuve le jusant correspond au courant qui accompagne la marée descendante et l'eau du fleuve est chassée vers la mer. Ceci a été le cas en mars 1978 et décembre 1983. L'eau de mer traverse alors les quartiers pour aller se déverser dans le Petit Bras du fleuve Sénégal.

Figure 14-Répartition statistique des directions de provenance des houles

III. 3. DYNAMIqUE MARINE :

La grande côte sénégalaise est essentiellement dominée par la présence des houles de NW, engendrant une dérive littorale de même direction. Les vagues arrivent en général sur le rivage avec une certaine obliquité qui explique l'existence, entre les lignes de déferlement et le trait de côte, d'un courant parallèle au littoral. Cette dérive littorale provoque un important transport de sable qui a fini par édifier le cordon littoral sableux de la Langue de Barbarie. Les houles du SW exercent une faible influence sur l'évolution du littoral au large de Saint-Louis. Elles perdent une bonne partie de leur énergie par suite d'une diffraction au niveau de la presqu'île du Cap-Vert qui constitue un véritable écran dont l'abri englobe toute la Langue de barbarie. Le transit sédimentaire assuré par la dérive littorale aux larges des côtes saintlouisiennes est soumis à des périodes d'accélération et de ralentissement.

Les contours de la côte du delta du Sénégal sont le résultat d'un état d'équilibre entre l'action du fleuve et des courants de houle. La morphologie de l'avant-côte est marquée de sillons perpendiculaires au rivage, profonds de 0,6 à 1,3 m et larges de 3 à 5 m, qui se succèdent régulièrement sur une zone de 30 à 40 m.

L'onde de marée qui se manifeste sur la côte saint-louisienne est de type semi-diurne; mais présente tout de même une composante diurne de l'ordre de 20 cm d'amplitude. Le marnage est microtidal, un peu supérieur à 1 m. Il est de 0,50 m en morte eau, ce qui a pour conséquence un faible développement des estrans qui signifie zone de balancement des marées.

On observe deux grandes circulations superficielles: le courant nord équatorial qui transporte vers l'Ouest les eaux froides du courant des Canaries, le contre-courant équatorial qui transporte vers l'est les eaux chaudes et salées formées sur la bordure sud du tourbillon nord atlantique. Pendant la saison des alizés, de novembre à mai, les courants océaniques, au large de Saint-Louis, sont essentiellement tributaires du courant froid des Canaries.

Les côtes sénégalaises sont baignées par d'importantes remontées d'eaux profondes ou "upwellings" qui proviennent de la région des eaux centrales sud atlantiques. Ces courants se manifestent intensément de février à avril entre Saint-Louis et Dakar et dépendent essentiellement de deux facteurs : la morphologie du plateau continental et le régime du vent. Bbl-Sw (1985) a enregistré à 9 mètres de profondeur avec une direction prédominante du sud (80 % du temps), entre janvier et juin 1983, des vitesses de courant entre 5 et 20 cm.s-1 avec des pointes de 42 cm.s-1. Dès le début de la saison humide, les masses d'eau méridionales repoussent le front des remontées d'eaux froides, le courant de surface se propage alors du sud au nord à une vitesse entre 5 et 15 cm.s-1 avec des pointes de 30 cm.s-1 .

Dans la région de Saint-Louis, deux types de houles se manifestent suivant les périodes :

La houle du nord-ouest prédomine pendant toute la saison sèche d'octobre à juin et a pour origine les tempêtes lointaines de l'Atlantique nord du quadrant NW (N 320° à N 3 60°). Cette houle atteint la côte sous forme de trains de grande longueur d'onde (en moyenne de 190 à 300 mètres), son amplitude est généralement plus forte (les valeurs moyennes sont comprises entre 1 et 1,60 m) et elle se propage à une vitesse de l'ordre de 22 m/s. La direction moyenne de propagation, pour ces houles d'origine septentrionale, se situe par 22° nord-ouest. A l'approche de la côte de Barbarie, elles subissent une réfraction sur le fond au niveau du plateau continental ; elles perdent une grande partie de leur énergie et déferlent plus ou moins obliquement par rapport à la côte. La houle de NW provoque une mobilisation puis un important transport de sable dans le sens nord-sud (dérive littorale).

Les houles du sud-ouest se manifestent de juin à octobre et ont pour origine les grands vents d'ouest de l'Atlantique sud : elles sont liées par leur direction et leur fréquence aux flux de mousson issus de l'Anticyclone de Ste Hélène. Leur amplitude est moins importante (valeurs moyennes comprises entre 0,80 et 1,20 m) et leur période plus courte (entre 5 et 10 secondes). Leur action est aussi moins marquante : elles perdent une bonne partie de leur énergie par suite d'une diffraction subie au niveau de la presqu'île du Cap-Vert, véritable écran dont l'abri englobe toute la Langue de Barbarie. Cette période des houles australes correspond au "démaigrissement" de la plage par suite de la diminution du transport du matériel sableux.

Sur la côte, toutes ces houles, surtout celles du NW, engendrent surtout la dérive littorale. C'est à son existence que l'on attribue la faible élévation du seuil de l'embouchure du fleuve Sénégal. Elle a une direction N-S en face de la Langue de Barbarie ; sa vitesse varie

1

entre 0,13 et 0,57 m.s-1.Barusseau et al, (1993) indiquent des valeurs mesurées de 0,30m.s-. Le transport de sable occasionné par cette dérive littorale se produit surtout dans cette zone des brisants à moins de 2,50 m IGN. On évalue à environ 600 000 m3 le volume de sable apporté annuellement à l'extrémité sud de la Langue de Barbarie à partir des relevés topographiques et de son allongement moyen annuel vers le sud (Kane, 1997).

Dans la vallée estuarienne, l'onde de marée en régime naturel pouvait se propager dans le fleuve jusqu' à 450 km de l'embouchure, par suite de la position du lit en contrebas de l'océan. Dans l'estuaire court actuel, elle est réfléchie à partir de la limite amont c'est-à-dire le barrage de Diama, une vague est alors propagée vers l'embouchure.

Durant la période de la saison sèche, les vitesses du courant diminuent en fonction de la profondeur et au fur et à mesure que l'on s'éloigne de l'embouchure. A Gandiole on enregistre près de 50 à 70 cm.s-1. On note pour les durées d'écoulement, un équilibre relatif entre flot et jusant, notamment pour les valeurs fournies par les mesures de surface et de profondeur intermédiaire. Les vitesses de fond de chenal par contre révèlent un rapport plutôt en faveur du jusant. Les maxima de vitesse du jusant dépassent ceux du flot. Cette primauté du jusant sur le flot est la traduction du comportement normal du fonctionnement estuarien.

III. 4. DYNAMIQUE FLUVIALE

Cette dynamique est beaucoup influencée par l'action des marées. Les marées sont des variations du niveau des mers provoquées par l'attraction de la lune et du soleil. Les marées ont une amplitude maximale quand la lune et le soleil ajoutent leur action au moment de la pleine et de la nouvelle lune ("marées de vives eaux"). Elles sont minimales quand les actions des deux astres se contrarient ("marées de mortes eaux"). L'action de la lune est dominante, l'attraction du soleil ne représente que 45% de celle de la lune: les marées suivent le cycle lunaire, soit 29 jours environ, pendant lequel il y a deux périodes de vives eaux et deux de mortes eaux. La marée, au fur et à mesure qu'elle pénètre plus en avant dans l'intérieur du fleuve, voit son amplitude diminuer et sa propagation être retardée. Avant la réalisation du barrage de Diama, les courants de marée qui atteignaient avant la mise en fonction des barrages leur amplitude maximale jusqu'à 120cm, s'amortissent vers l'intérieur où ils sont canalisés par des chenaux (fig.15).

140

120

100

80

60

40

20

0

0 50 100 150 200 250 300 350 400 450

Distance à l'embouchure (km)

Figure 15-Amortissement de la marée dans le bief maritime

Sous l'action de ces marées, les apports fluviaux ont tendance à façonner le rivage interne de la Langue de Barbarie. Depuis 1986 le fonctionnement du barrage de Diama joue un rôle essentiel dans l'hydrodynamisme estuarien par le phénomène de fermeture et d'ouverture des vannes du barrage. Actuellement le rôle du fleuve est surtout affaibli par le système de gestion du barrage de Diama dans l'édification de la flèche littorale. En revanche il peut contribuer à son érosion au cours de la crue. Ceci pouvant aboutir à une évolution certaine de l'embouchure. Alors deux phénomènes s'observent. L'un dominé par la marée sur une durée de 7 à 8 mois pendant la fermeture des vannes et l'autre déterminé par les eaux de crue correspondant à leur ouverture.

Au cours de la saison des hautes eaux, le courant dans l'estuaire se dirige vers l'aval, le niveau fluvial est élevé et relativement constant. La vitesse maximum du courant lors de la marée a été d'environ 70 cm.s-1.

L'évolution de la vallée estuarienne est sous la dépendance des apports sédimentaires transportés par les flots annuels de la crue d'une part, et d'autre part par les actions de remontée des eaux océaniques dans l'estuaire pendant la saison des basses eaux. Le transport solide du fleuve Sénégal reste relativement faible, mais surtout variable d'une année à l'autre.

C'est un fleuve de faible compétence dans son estuaire, argiles et limons transportés en suspension auront donc tendance à se déposer. A l'heure actuelle le fleuve Sénégal ne joue pas un rôle essentiel dans l'édification de la flèche littorale de la Langue de Barbarie, il peut en revanche contribuer à l'érosion du cordon au cours de la crue.

III. 5. PROCESSUS MORPHO-SEDIMENTAIRES

La morphologie générale de la zone marine comprend un secteur fluctuant entre le rivage et les fonds de - 3 à - 4,5 m (Fig. 16). La limite inférieure est marquée par une barre sédimentaire dont le relief est d'environ un mètre. Cette barre d'avant côte n'est parfois qu'un épaulement infléchissant la courbe du fond, parfois elle disparaît dans le changement de pente qui sépare l'avant côte du glacis.

Figure 16- Morphologie de la zone marine (source www.sc.u-picardie.fr)

On doit noter qu'entre octobre 1989 et juin 1990, la croissance de la largeur de la plage subit un ralentissement voire s'inverse. A l'extrémité méridionale de l'observatoire de Gandiole,

l'évolution est également très contrastée. Il y a donc en permanence, sur l'étendue du rivage, des secteurs en érosion quand d'autres s'engraissent.

Les observations effectuées en décembre 2001 laissent penser qu'il y a eu dans la zone littorale des modifications importantes allant dans le sens d'une avancée de la ligne de rivage en direction du cordon littoral emportant dans certains secteurs la rangée de filaos qui servait de brise vents. Dans la partie émergée, on part, en juin 1989, d'une situation où la plage est très rétrécie et généralement basse. L'arrière plage est en pente redressée pour se raccorder au pied du cordon dunaire. On note que la basse plage (zone du jet de rive, jusqu'à la crête de berme) ne se distingue pas morphologiquement de la proche avant côte. L'épaulement où se développe la barre d'avant côte se matérialise par un desserrement des isobathes dans le domaine - 2,50/- 4 m entre deux régions plus pentues (PNUE/SGPRE, 2002).

La position de l'embouchure du fleuve Sénégal est naturellement évolutive, mais cette instabilité demeure aujourd'hui limitée depuis l'avènement des barrages. Les remaniements sont désormais tributaires des apports continentaux piégés à Diama qui opèrent une importante rétention sédimentaire. Le vent est devenu l'agent morphodynamique majeur; les surfaces de déflation se sont développées avec la disparition presque totale de la végétation et l'absence de brise-vent.

La zone littorale de la Langue de Barbarie, siège de la pérégrination de l'embouchure du fleuve, a été étudiée au point de vue morphologique au nord de la localisation actuelle de la passe. La partie sud de la flèche paraît en état d'accrétion (pente plus faible de l'avant côte, sensibilité nulle à l'érosion, tandis qu'au niveau de la base de Gandiole, la partie basse du profil transversal sous-marin montre un certain déséquilibre : celui-ci pourrait entraîner l'apparition de conditions favorables à la formation d'une embouchure plus septentrionale que l'actuelle.

IV. HISTORIQUE ET EVOLUTION DE L'EMBOUCHURE DU FLEUVE

Le fleuve Sénégal se jette dans l'océan Atlantique par son embouchure située au sud de la ville de Saint-Louis. Cette dernière, située à l'extrémité sud de la Langue de Barbarie se termine par un relais unique avec l'océan. Cependant un phénomène artificiel s'est installé depuis l'avènement du barrage de Diama. Il consiste à un milieu du point de vue hydrologique et morpho-sédimentaire dépendant de l'ouverture et de la fermeture des vannes. Ceci s'accompagne d'un phénomène de sédimentation concernant le bief aval du barrage. Un autre fait important vient s'y ajouter : l'ouverture de la brèche de 2003.

Cependant, on peut valablement aujourd'hui retracer l'évolution spatiale du cordon sableux de 1970 à 2003. Les visites de terrain, les entretiens avec des personnes ressources de la zone et le survol des études réalisées ont permis d'identifier les contraintes majeures à la gestion du cordon littoral.

Il apparaît que les modifications du paysage dans le delta du fleuve Sénégal ne sont pas touj ours liées à la présence du barrage de Diama, même si celui-ci a quelque part contribué à l'accélération et à la perturbation de certains phénomènes hydrologiques et hydrodynamiques notamment. L'amorce des modifications observées au niveau de l'estuaire et de la langue de Barbarie est antérieure à la mise en place du barrage de Diama. Il en est également ainsi du recul des vasières à mangrove et des migrations spatiales et temporelles de l'embouchure du fleuve Sénégal.

Les données satellitaires, de par leur caractère dynamique se prêtent particulièrement bien à l'étude spatio-temporelle de l'embouchure du Sénégal. Les données anciennes et récentes ont permis l'étude de ces modifications tant spatiales que temporelles

IV. 1 MODIFICATIONS ET MOBILITE DE L 'EMBOUCHURE :

Plusieurs décennies d'aménagements et de politiques de mise en valeur, pratiquement depuis l'époque du jardin d'essai de Richard-Toll en 1824, ont entraîné de profondes modifications dans le paysage du bassin du fleuve Sénégal, et particulièrement au niveau de l'embouchure. La construction des grands barrages, Diama en aval et Manantali en amont et plus récemment l'ouverture de la brèche ont participé considérablement à ces modifications.

Les impacts du barrage de Diama sont très visibles sur la région d'étude ; on peut noter, entre autres, le rétrécissement de la zone estuarienne ; une discontinuité hydrologique et hydrodynamique par rapport au reste du bassin inférieur. La modification du régime de la salinité, la stabilité des matières en suspension, etc.

D'autres modifications notées, telles que par exemple le recul des vasières à mangrove, la recrudescence dans la formation des tannes ne sont pas directement liées à la présence du barrage. Cependant, ils contribuent à l'édification de nouveaux paysages dans la région. L'étude des migrations spatiales et temporelles de l'embouchure du fleuve Sénégal et de la Langue de Barbarie a longtemps fait l'objet de préoccupations de la part des chercheurs. C'est ainsi que des données existent sur la position de l'embouchure par rapport à l'Ile de Saint-Louis depuis le 17e siècle mais nous ne disposons que des mesures datant depuis 1970.

Années

Distance (Km)

Progressi on vers le sud (Km)

Années

Distance (Km)

Progression vers le sud
(Km)

1970

20.00

-

1983

21.00

-0.80

1971

24.30

4.30

1986

23.50

2.50

1972

25.42

1.12

1989

27.50

4.00

1973

15.00

- 10.4

1992

25.83

-1.67

1977

16.30

1.30

1998

27.86

2.03

1978

19.60

3.30

1999

28.85

0.99

1980

21.50

1.90

2002

29.98

1.13

1981

21.80

0.30

2003-04

7

-22.98

Sources : Gac et al. (1982) ; Kane (1985 et 1997) ; Lamagat, (2000), complété par SECK, (2004) Distances entre l'embouchure et l'Ile de Saint-Louis ; origine PK0 est le Pont Faidherbe

Tableau 1 : l'évolution de la mobilité de l'embouchure du fleuve Sénégal L'analyse de la mobilité de l'embouchure peut être subdivisée en deux phases (tab.1) :

Avant 1973, l'embouchure continuait sa progression vers le sud et en deux ans a connu une progression de 5.42km. Pendant cette période la largeur du cordon dunaire variait entre 600 et 200 m tandis que celle de l'embouchure était d'environ 350 m (Lamagat, 2000). Les eaux fluviales se déversent alors dans l'Atlantique à 3.60 Km de l'îlot aux oiseaux. La pointe distale de la flèche sableuse s'incurve vers la côte et semble annoncer une fermeture imminente, survenue d'ailleurs quelques mois, après au début de l'année 1973. Cette rupture de la Langue de Barbarie a été la dernière d'une longue série. Elle s'est effectuée à 15km du pont Faidherbe.

1973 à 2004, cette période correspond à une reprise de la progression de l'embouchure vers le sud de Saint-Louis et ceci durant 20 ans tantôt interrompu par des reculs dont le plus important est celui de 1992. Ces reculs peuvent être expliqués par une érosion de la partie nord liée aux courants de jusant. En 2003 face à un risque d'aggravation de l'inondation de la ville de Saint Louis, les autorités sénégalaises ouvrent une brèche au PK.7 Km, ce qui entraîna un recul de 22.98 km.

Brèche de 2003

Figure 17-Différentes positions de l'embouchure du fleuve Sénégal (image A. Niang, 2002,
complétée par M. Seck, 2004)

Figure 18-Composition colorée de l'image Landsat-MSS de 1972
et zoom sur l'embouchure (PNUE/SGPRE, 2002)

La longueur de la Langue de Barbarie mesurée sur l'image du 13 octobre 1998 est de 27.86 Km depuis le point de référence (fig.17), au droit du Pont Faidherbe, jusqu'à l'embouchure. Elle passe à 28.85 Km en 1999 à 29.98 Km en 2002. C'est dire donc la capacité de progradation du cordon littoral qui peut ainsi s'étendre d'un kilomètre vers le sud en une seule année (1998-1999). Les forts courants nord-sud sont à l'origine d'une forte sédimentation marine entraînant l'érosion de la côte et donc l'étirement du cordon sableux

L'image Landsat-MSS du 30 septembre 1972 montre un milieu très marqué par la sécheresse. Le panache turbide observé sur l'image est très << timide >> (fig. 18). La cote observée dans le fleuve Sénégal à la station de Saint-Louis le jour de la prise de vue de l'image est de 1.07 m. Il faut noter que l'année 1972 fait partie de la série d'années sèches observées dans toute la région sahélienne ; la cote journalière moyenne maximale est de seulement 1.20 m au 25 septembre. Alors que des cotes de 2 m n'étaient pas exceptionnelles en année normale.

Depuis 1973, aucun recul notable de la flèche sableuse n'a été enregistré, même si à certains endroits, la faiblesse du cordon nous semble assez critique. Cependant, le barrage de Diama a fortement réduit les << effets de chasse >> provoqués jusque là par le déversement régulier des eaux du fleuve à son maximum hydrologique.

Le tableau 1 précédemment cité ainsi que la figure 18 récapitulent l'ensemble des migrations de l'embouchure du fleuve Sénégal de 1970 à 2003 et du cordon sableux de la Langue de Barbarie entre 1972 à 1998. Cette synthèse a été établie d'après les données fournies par Gac et al. (1982), Kane (1985 et 1997), Lamagat (2000), le traitement de l'imagerie satellitaire Landsat-MSS (30-09-1972) et Spot (13-10-1998) et les mesures effectuées sur le terrain en juin 2002 et janvier 2002. Au total, le cordon sableux a avancé de quinze kilomètres vers le sud durant ces vingt neuf dernières années sans tenir compte de la situation de l'année dernière.

En 1998, le barrage de Diama, fonctionnel depuis plus de dix ans, contribue fortement à entretenir une disponibilité quasi constante de l'eau dans le delta. Les objectifs de gestion de la retenue de Diama sont clairement traduits par les hydrogrammes de la station de Saint-Louis de 1998 et 2000 (fig. 19). Le fonctionnement hydrologique naturel du fleuve n'est en effet plus respecté. Ce type de gestion se justifie essentiellement par les impératifs d'une mise en valeur agricole du delta, notamment par le biais des périmètres irrigués villageois.

C'est alors que le contexte d'artificialisation du fleuve Sénégal est bien installé. Parallèlement à cela, on observe une occupation anarchique des anciennes zones d'inondation du fleuve mais aussi des vasières à mangrove. L'extension de la ville de Saint-Louis a joué un grand rôle dans l'accentuation de ce phénomène. Ces faits ont pu favoriser les inondations récurrentes observées à Saint-Louis ces dernières années.

200 180 160

140

120

100

40 20 0

80

60

1 -mai 9-août 17-nov. 25-févr.

dates

2000-01

1998-99

Figure 19-Les hydrogrammes de la station de St-Louis de 1998 et 2000.

L'impact d'une longue série d'années sèches est très visible, notamment au niveau des forêts d'épineux et des zones à mangrove. Le développement de la ville de Saint-Louis y est également très apparente, de même que celle des eaux de surface (réserve de Saint-Louis notamment). On remarque surtout la poursuite de l'occupation de la Langue de Barbarie, généralement à des fins touristiques mais aussi du maraîchage jusqu'aux alentours de l'îlot aux oiseaux.

Sur le cordon lui-même, l'érosion a entraîné l'édification de zones de rétrécissement, d'une largeur comprise entre 120 et 150 m. C'est l'une de ces zones que Lamagat (2000) proposait de profiler pour créer un nouveau déversoir pour les eaux de la crue et éviter ainsi un stockage trop important dans le bief entre Diama et l'embouchure.

L'examen de la partie sud de la Langue de Barbarie montre un intense creusement sur la côte tandis que la pointe distale du cordon semble vouloir s'accoler au continent. Cette situation avait favorisé des hypothèses de fermeture de l'embouchure ancienne. Sur le terrain, cette réalité est bien visible, comme en témoigne l'étroitesse de l'embouchure et surtout la présence de hauts fonds émergents à marée basse. Aujourd'hui cette ancienne embouchure s'est complètement refermée.

Différentes études ont ainsi révélé que l'embouchure du Sénégal, depuis son origine, s'était acheminée très régulièrement vers le sud, avec par intermittence des replis de 4 à 5 Km vers le nord (Kane, 1985 et 1997 ; Gac et al., 1986 entre autres). Selon Kane (1997), l'évolution classique notée était la suivante : au bout d'une période, durant laquelle l'embouchure est déplacée d'une distance considérable vers le sud et que la résistance hydraulique s'est accrue avec l'augmentation de la distance jusqu'à l'embouchure, une nouvelle brèche se crée sur le cordon littoral à environ 7 à 8 Km plus au nord. En réalité, le fleuve passait à travers la Langue de Barbarie provoquant la fermeture de l'ancienne embouchure ou, au contraire, sa subsistance. Le cordon pouvait aussi se rattacher au continent par son extrémité méridionale. Aujourd'hui il s'est formé au sud de la passe une lagune dont l'étendue est peu à peu réduite par la migration de la brèche.

Par ailleurs, on note que l'embouchure n'a jamais dépassé le KM 15 depuis 1900 ; suite à l'implantation de la ceinture de filaos le long du cordon sableux.

Ces dernières années, le cordon sableux semblait atteindre sa position la plus méridionale depuis le début des observations. De sorte que l'on peut affirmer que ce milieu était en état de fragilité maximale et que des mesures d'urgence devaient être décrétées pour éviter tout dégât matériel ou humain. Car rien ne permet de prédire avec certitude si une rupture de la flèche sableuse allait survenir et si elle survenait, à quel endroit cela allait-t-il se produire. La morphologie de la pointe de distale du cordon semblait pourtant préfigurer un tel scénario.

Par ailleurs, le cordon sableux possède une capacité de progression annuelle qui peut parfois dépasser le kilomètre.

Le cordon sableux de la Langue de Barbarie poursuivait donc inexorablement sa progression méridionale. En 2002-2003, il semblait atteindre sa limite maximale et plusieurs hypothèses sont avancées quant à sa probable et prochaine rupture qu'elle soit naturelle ou d'origine anthropique. En 2003 la rupture devient artificielle.

La Langue de Barbarie apparaît aujourd'hui, malgré l'ouverture de la brèche comme un milieu fragile englobant de multiples enjeux souvent contradictoires dans leur mode de mise en oeuvre et de gestion.

IV.2 SEDIMENTATION DE LA ZONE ESTUARIENNE

Les transformations morphologiques de la vallée estuarienne ont fait l'objet de plusieurs études. Ainsi des mesures bathymétriques sont touj ours existantes.

La bathymétrie montre des fonds irréguliers avec des flancs généralement dissymétriques ; phénomène qui s'accentue dans la zone d'embouchure. Les profils sont relativement symétriques et plus réguliers vers l'amont. Dans la zone de Gandiole, le fond du chenal est étroit avec une forme caractéristique en V (fig.20); il est assez large en aval du barrage.

Mémoire de DESS : Inondation à l'embouchure du fleuve Sénégal : hydraulique fluviale et aménagements (EIER-EPFL)

-1

-2

-3

-4

-5

-6

0

1

0 50 100 150 200 250 300 350

Distances en m

Figure 21- Profil en travers du fleuve au point 334 725 /1743 800 (avant l'ancienne embouchure)

Les altitudes observées dans le lit mineur descendent très souvent en dessous de -6 m IGN sur tout le bief de la zone d'étude, sauf au niveau de l'embouchure où un relèvement dû à la sédimentation marine a été observé (fig.21).

Les profondeurs maximales du chenal sont fortes en amont où elles atteignent 11,80 m à l'aval immédiat du barrage de Diama (Kane, 1997). En réalité, les profondeurs du chenal sont très variables dans le temps, en rapport avec l'instabilité des fonds due au déplacement fréquent de la barre sableuse.

Globalement, la tendance est à un approfondissement suite à de faibles mouvements érosifs au milieu du chenal, notamment au voisinage immédiat du barrage de Diama. Il semble que cette tendance se poursuit avec un approfondissement du fond du chenal non seulement dans le secteur de référence de Gandiole mais aussi dans tout le bief estuarien en aval de Diama.

Cet approfondissement ne semble pas régulier, ni dans l'espace, ni dans le temps et ne caractérise pas systématiquement l'un des deux régimes saisonniers plutôt que l'autre. Il est presque systématique en rive gauche alors qu'elle a lieu en rive droite (Langue de Barbarie) lorsque l'accumulation domine à gauche. Les rares fois où des dépôts s'observent sur la rive gauche, ils ont lieu plutôt en bas de versant du chenal qu'en haut. Un peu avant Saint-Louis, le lit du fleuve longe le continent suivant la direction nord-sud. Il reste confiné entre la Langue de Barbarie et les dunes de sables.

Le lit du cours d'eau présente un profil qui se rétrécie progressivement vers l'embouchure, avec l'absence remarquable de plaine d'inondation ou de lit majeur (fig.22).

Figure 22- Représentation tridimensionnelle de la vallée estuarienne en décembre 2001
(PNUE /SGPRE, 2002)

Des études antérieures (PNUE/SGPRE,2002) ont affirmé que l'évolution générale des profils au niveau de la base de Gandiole pour la période 1989-199 1 montre que les versants sont soumis à l'érosion ou à l'accumulation des sédiments en fonction des saisons. La comparaison de la morphologie pré et post-hivernage montre une régularisation par la crue du fleuve qui se reproduit d'une année à l'autre. Cette modification se surimpose à un processus général d'érosion qui traduit la dominance d'un régime actuel d'érosion dans le chenal.

A l'embouchure où le chenal est bordé de cordons dunaires, le lit du fleuve se charge en sables à grains moyens et homogènes. Plus en amont où les formations sont composées de dépôts fluvio-deltaïques sableux, fins, silto-argileux, le lit du fleuve se charge en sables fins à très fins et plus hétérogènes. La fraction sédimentaire grossière est peu coquillière ; les teneurs maximales en débris coquilliers sont observées vers l'embouchure en rive gauche.

L'évolution actuelle de la Langue de Barbarie est plutôt marquée depuis le début des années 1980, par le rétrécissement du rivage externe et aussi par l'allongement de sa pointe méridionale. Ceci est confirmé par l'ensablement partiel. L'érosion est très marquée avec un recul de la haute plage et du sillon oblique de 12,5 m au droit de Guet-Ndar et de 2,5 à 5 m ailleurs au cours de la saison sèche.

V. LES INONDATIONS DE SAINT-LOUIS

:

L'inondation peut être définie comme une submersion temporaire, naturelle ou artificielle, d'un espace terrestre. Dans la ville de Saint-Louis, l'inondation est à la fois :

un phénomène naturel ou induit involontairement par des transformations artificielles du milieu;

un état temporaire, résultat de ce phénomène ou de cette action.

Les inondations sont le plus souvent causées par les crues du fleuve. Elles peuvent aussi résulter d'une lenteur, voire d'une absence d'infiltration dans des espaces soumis à des averses de forte intensité. Nombre d'inondations sont accentuées par un manque d'assainissement pluvial adéquat. La remontée des nappes phréatiques dans un milieu naturel ou le relèvement du niveau d'évacuation dans des réseaux de drainage peuvent encore provoquer des inondations d'un genre voisin. Parfois aussi, les différents phénomènes, crue fluviale, remontée de nappe et averse sont concomitants. Ainsi la ville est particulièrement menacée quand, à toutes les causes de crue déjà esquissées, s'ajoutent les surcôtes dues à des marées de tempête.

Une inondation peut être décrite quantitativement, par la superficie de l'aire inondée, une hauteur d'eau maximale et une durée.

V.1 COMPORTEMENT FLUVIAL DANS LE BIEF AVAL DE DIAMA

La région en aval de Diama est drainée par un important réseau hydrographique formé par: Djeuss aval, système Ngalam - Trois Marigots, Khor, Leybar, Gueyloubé et les nombreuses dépressions inondables de la zone de Gueumbeul-Rao.

Le lit du fleuve se situe très en dessous du niveau de la mer sur près de 450 Km depuis l'embouchure ; ce bief est appelé bief maritime du fleuve Sénégal. Il est caractérisé par une situation d'antagonisme entre la remontée de la langue salée et les apports d'eaux douces provenant du haut bassin. Avant Diama, La pénétration de la langue salée est fonction du débit du fleuve. En situation de basses eaux, l'influence de la marée atteignait et dépassait même Podor (à 300 Km de l'embouchure) certaines années. En période de crue, l'influence de la marée se limite à la zone du delta.

V. 1.1 L 'ENREGISTREMENT DES HA UTEURS ET DEBITS SUITE AU REGIME DE DIAMA :

Les informations sur les lâchers au barrage de Diama sont disponibles de 1986 à 2004. Ces lâchers ont généralement lieu entre juillet et décembre. Le barrage reste fermé pendant presque tout le reste de l'année.

L'évolution journalière des hauteurs d'eau à Saint-Louis pendant la période du 1er janvier 2003 en fin 2003 observée sur la figure n°23, montre aussi l'influence de la marée pendant les basses eaux.

La variation des débits observée en 2003 au barrage de Diama présente une pointe de 2000

m3.s-1 et un minimum de 0 m3.s-1

Mémoire de DESS : Inondation à l'embouchure du fleuve Sénégal : hydraulique fluviale et aménagements (EIER-EPFL)

250

200

150

100

50

01/01 31/01 02/03 01/04 02/05 01/06 02/07 01/08 01/09 01/10 01/11 01/12 01/01

0

2003

Figure 23- Evolution des hauteurs d'eau à la station de Saint-Louis
de janvier 2003 au 31 décembre 2003

2500
2000
1500
1000
500
0

Série1

Figure 24- Evolution des débits à Diama au passage de la crue 2003

Comme le montre la figure 23, la hauteur maximale arrive à Saint-Louis en septembreoctobre 2003 ; elle correspond au débit de pointe à Diama (fig.24). En décembre, l'écoulement s'arrête avec la fermeture du barrage, entraînant une baisse du niveau dans le bief en aval. Les variations de la cote moyenne du plan d'eau sont dues aux oscillations marégraphiques et aux modifications du lit dans le bas estuaire ou à l'embouchure. Entre avril et juillet 2001, il y a eu une montée appréciable du niveau moyen du plan d'eau, qui est passé de 0.0 m a 0.20 m.

Pendant le passage du débit maximum à Diama, l'amplitude de la marée à Saint-Louis est faible ; elle représente environ 10% de l'amplitude de la marée observée dans l'océan. Vers la fin de la période des lâchers du barrage, l'amplitude de la marée augmente, elle est d'environ 35% de l'amplitude observée dans l'océan. En juillet 2001, l'amplitude de la marée à Saint-Louis est de 22% de l'amplitude côté océan.

Cela laisse voir que les conditions de la marée à Saint-Louis ont changé entre août 2000 et juillet 2001. La cause est certainement liée à des modifications au niveau de l'embouchure. Barusseau et al. (1998) ont noté que la côte du Sénégal est sujette à l'érosion marine qui crée un environnement dynamique et un transport et dépôt de sable sur la cote. Ceci crée au niveau de l'embouchure un bouchon qui est dégagé par la crue.

L'évidence d'un tel équilibre est visible dans les données observées, avec une amplitude de la marée qui est plus étendue et un niveau moyen plus bas juste après les lâchers à Diama (fig.25). Après cette période, on observe une réduction progressive de l'amplitude et une montée du niveau moyen du plan d'eau qu'aurait entraînées la fermeture progressive de l' embouchure.

Figure 25- Amplitude de la marée à Saint-Louis et dans l'océan Atlantique
(août 2000 à juillet 2001)

L'examen des hauteurs d'eau dans l'estuaire durant l'année hydrologique 2000-2001 montre que pendant la fermeture du barrage, les processus de formation du cordon littoral de la Langue de Barbarie sont dominants et ont tendance à obstruer l'embouchure. La crue dégage suffisamment l'embouchure pour permettre un écoulement.

L'analyse des hauteurs d'eau à la station de Saint-Louis et de débits à Diama laisse voir qu'en dépit de l'obstruction pendant la période de fermeture du barrage, l'arrivée de la crue annuelle permet de dégager suffisamment le chenal principal pour permettre le maintien du plan d'eau à un niveau semblable à la situation avant-barrage.

Les données disponibles ne montrent pas de façon évidente une tendance à l'augmentation du niveau de la crue depuis la construction du barrage. La fréquence des inondations à Saint-Louis ne peut donc être liée directement à la construction du barrage.

V. 1.2 LA PERIODE DE BASSES EA UX

Le niveau du plan d'eau est proche du 0 m IGN ; il suit les fluctuations de la marée, avec une amplitude atténuée de l'embouchure vers l'amont. Les rentrées d'eaux marines entraînent l'augmentation de la salinité dans le bief. Cette remontée des eaux marines empêchait le développement excessif de végétation aquatique ; ce qui contribuait à maintenir clair les rives du fleuve.

Le débit est quasi nul de décembre à juillet (fig.26). Des arrivées inopinées d'eaux douces ont lieu en fonction des ouvertures des vannes effectuées pour les besoins de la gestion du plan d'eau en amont du barrage.

2000

1800

1600

1400

1200

1000

800

600

400

200

01/05 31/05 01/07 31/07 31/08 30/09 31/10 30/11 31/12 30/01 02/03 01/04

0

1997-98 1998-99 2000-01 2001 -02

Figure 26-Débits Moyens Journaliers de la Station : Diama Aval

V.1.3 LA PERIODE DE LA CRUE

Avec l'arrivée de la crue, la langue salée est repoussée vers l'embouchure. Le niveau du plan d'eau est rehaussé entraînant l'inondation du lit majeur et des dépressions voisines. Cette inondation concerne également certains quartiers de Saint-Louis lorsque la cote du plan d'eau dépasse 1.20 m IGN. Ces quartiers sont généralement bâtis dans le lit majeur du cours d'eau.

Le débit de pointe pendant le passage de la crue est de l'ordre de 1500 m3.s-1 en moyenne mais l'année dernière (l'an 2003) elle était de 2036 m3.s-1 du 25 au 27 octobre, avec des vitesses inférieures à 0.5 m.s-1. La vitesse de l'écoulement dépend beaucoup de la marée qui influence la pente de la ligne d'eau.

Au mois de novembre, l'installation de la décrue se traduit par la baisse du niveau et l'augmentation progressive de la salinité.

Depuis la construction du barrage de Diama en 1986, le bief maritime du fleuve Sénégal a été considérablement réduit, il correspond à la région aval du barrage, la remontée des eaux marines étant arrêtée par la fermeture des vannes.

V.2 HIS TORIQUE DES INONDATIONS

Les problèmes d'inondation ont été observés bien avant l'avènement des barrages, c'est le cas de celle de 1950 (fig.27). Mais il s'est passé un long moment sans manifestation d'inondations. Cependant depuis 1994, malgré une décennie de sécheresse, une reprise de ces inondations est observée dont la plus spectaculaire est celle de 1999. Ainsi des témoins ont affirmé que l'inondation de 1999 a envahi une grande partie de la ville (fig.28). En 2003 elle a été amortie par la réalisation d'un canal de délestage mais néanmoins une partie du cimetière musulman était sous les eaux (fig.29).

Figure 27-Inondation de Saint-Louis ,1950

Figure 28- Inondation de 1999 : Pointe sud de l'île

Figure 29- Inondation de 2003 : cimetière au sud de Guet Ndar

V.2.1 LES MESURES

Les mesures qui intéressent cette étude sont faites au niveau des stations de Saint-Louis et Diama. Ces données ont existé depuis 1964 mais les enregistrements n'ont pas été continus depuis.

V.2.1.1 La station de Diama :

L'intérêt de l'étude en ce qui concerne cette station se rapporte aux données de Diama aval depuis 1986, date de la mise en fonctionnement du barrage. Cette station permet de mesurer les hauteurs d'eau journalières en aval du barrage. L'échelle de Diama est calée au niveau zéro de la mer (IGN) ; les mesures par lecture directe à l'échelle correspondent donc aux valeurs IGN mais elles permettent aussi d'estimer le débit en fonction de l'ouverture des vannes.

V.2.1.2 La station de Saint-Louis :

Très importante vu les nombreuses sollicitations, la station de Saint-Louis se situe à 1 6°30' longitude ouest et 16°02' latitude nord. Sa particularité c'est qu'elle subit pendant une bonne partie de l'année l'influence de la marée océanique ; c'est pourquoi les installations limnimétriques suivent l'évolution des marées.

D'après Rochette (1974), les marégrammes les plus anciens que l'on connaît remontent à 1931. Jusqu'en 1961, nombreuses sont les années où les données sont fragmentaires ou même inexistantes. En outre cette situation rend leur exploitation difficile mais néanmoins une liste des crues maximales a pu être établie et ainsi découle leur graphique (fig.30). Les données de cette station lues à l'échelle ont été ramenées en nivellement général pour éviter toute

confusion dans l'analyse. Pour ce faire on s'est basé sur le calage de l'échelle de Diama et alors les données de Saint-Louis en IGN sont enlevées de 45.5cm.

400

350

300

250

200

150

100

50

0

Année Hydrologique (Début en mai)

Lacunes --> Bleu : 0, Vert : 1 à 5, Orange : 6 à 15, Rouge : 16 à 30, Gris : > 30

Figure 30-Cotes Maximales Annuelles de la Station : StLouis et du Capteur : J-1

V.3 LES CAUSES:

V.3.1 LA CRUE FLUVIALE :

Selon Diallo, (2001), l'étude des hauteurs d'eau montre aussi qu'à une certaine côte, la ville de Saint-Louis est inondée par les eaux d'écoulement. Selon la Mission d'Aménagement du Fleuve Sénégal (1960), à 1,2 m IGN, les eaux du fleuve atteignent les hautes eaux ordinaires. A 1,5m IGN, elles ont une côte d'inondation. Aujourd'hui ces valeurs sont revues à la hausse avec les aménagements de protection hydrauliques comme la digue, la réhabilitation des quais. Elle est devenue 1 .75m à l'échelle.

En fait, les côtes d'inondation sont désormais établies en tenant compte des aménagements et des accumulations fluviatiles dans le bief aval du barrage de Diama. En 1994, elles ont culminé à 174 cm (fig.31), moyennes journalières d'Octobre et les eaux ont traversé la digue route Nationale 2 près de la Gare Routière en Septembre à une hauteur comprise entre 140 et 181cm. En 1998, les relevés journaliers montrent des hauteurs jamais atteintes à Saint-Louis 188 cm en Octobre (fig.32). Toute cette année, les eaux ont menacé d'envahir la ville car déjà en août, le niveau moyen journalier a atteint 163 cm, et en Septembre un minimum de 165 cm et un maximum de 197 cm.

Mémoire de DESS : Inondation à l'embouchure du fleuve Sénégal : hydraulique fluviale et aménagements (EIER-EPFL)

200

180

160

140

120

100

80 60 40 20 0

Figure 31-Côtes journalières à Saint-Louis, année hydrologique 94-95

200 180 160 140 120

100

40 20 0

80

60

Figure 32-Côtes journalières à Saint-Louis, année hydrologique 98-99

V. 3.2 LE MILIEU PHYSIQUE :

Le milieu physique du secteur d'étude laisse prévoir un certain nombre de problèmes. En effet la ville de Saint-Louis se trouve dans une dépression, ce qui nécessiterait un certain nombre de disposition à savoir :

des digues de protection. Elles existent mais doivent être rehaussées ;

un réseau d'assainissement pluvial adéquat ;

un réseau de collecte des eaux usées.

Ces réalisations ne sont pas actuellement bien fonctionnelles. Ainsi certains quartiers demeurent naturellement sous les eaux en période hivernale car la nappe phréatique est pratiquement affleurante dans ce secteur (-20 cm en certains endroits).

Les hautes eaux qui se ressentent à Saint-Louis à partir de Septembre coïncident avec la crue annuelle du fleuve. A partir de ce moment, les eaux du fleuve montent et prennent possession

de toute la partie qui constitue la plaine d'inondation notamment les zones vaseuses. Avant la construction de la digue, elles entraient dans les marges orientales de Saint-Louis. Malgré la digue, l'eau est présente en aval de la retenue d'eau en volume important. A cet endroit sa présence reste constante durant tout l'hivernage et même un mois après. Certes, cette eau s'explique par la venue des pluies mais aussi sa constance se fonde probablement sur l'existence d'un inféro-flux qui provient de la remontée des eaux fluviales.

D'autre part l'occupation du sol par certaines habitations entraînent naturellement des risques d'inondations. En fait certains quartiers se trouvent soit dans les vasières où existe un sérieux problème d'infiltrabilité soit dans le lit majeur du fleuve. Dans les quartiers sis sur des sites vaseux, cette forme d'excès d'eau représente un phénomène récurrent. En effet la saison des pluies transforme les anciennes vasières en marécages où il est pratiquement difficile de vivre. Les conditions de formation de marécage relèvent du niveau piézométrique de la nappe phréatique qui a un battement positif tendant à l'affleurement car elle est alimentée à la fois par l'eau de pluie et l'inféro-flux d'origine fluviale. Elles dépendent aussi du type de sol qui est vaseux, argileux et une infiltration quasi nulle des eaux de pluie qui constituent flaque en surface, de la topographie basse sur les endroits vaseux qui sont des zones de réceptacle des eaux de ruissellement venant des dunes élevées comme les cordons de Pikine Toundou, Dar Es-Salaam, de Pikine Sor Daga mais aussi des points des quartiers surélevés par remblaiement comme Pikine Bas Sénégal et de la Route Nationale 2 surélevée avec pendage ruisselant vers les zones d'habitations (Diallo, 2001).

V.3.3 L'URBANISATION :

Elle a réduit considérablement les zones d'infiltration des eaux pluviales encore que la ville de Saint-Louis à l'exception de l'île, ne bénéficie pas d'un réseau de drainage. Cette urbanisation corrélativement à une imperméabilisation du sol, entraîne un accroissement des vitesses d'écoulement. Ce phénomène favorise une augmentation des débits de pointe.

Affectée par l'exode rural, suite aux années de sécheresse, la ville de Saint-Louis connaît aujourd'hui un boom démographique. Cette situation a entraîné l'occupation des espaces périphériques de la vieille ville, le plus souvent les zones de débordement du fleuve. Parailleurs cette situation, en dehors des risques majeurs d'inondation entrave à l'équilibre environnemental du fleuve.

Dans la communauté rurale de Gandon qui polarise le Gandiolais, la population est estimée en 1999 à 39 958 habitants. Elle compte 81 villages qui se répartissent comme suit : la zone du Gandiole et celle de Gandon polarisent chacune 22% des villages, Ndiawdoune 18% et Rao le reste soit 38% (PNUE /SGPRE ,2002).

Cette zone du Gandiolais est aujourd'hui victime des tendances démographiques et spatiales décelées dans la ville de Saint-Louis.

V.4 CONSEQUENCES DES INONDATIONS

Dans le bief aval, plus particulièrement à Saint-Louis, il a été constaté une situation difficile en 1999 malgré les mesures de protection prises avant l'arrivée de la crue. La montée exceptionnelle du lit du fleuve a causé à certains endroits des débordements sur les quais au nord et au sud de l'île. En outre les protections provisoires réalisées (endiguement avec des sacs de sable) dans certains quartiers comme Khor église Cité Vauvert) ont été envahies par les eaux. La digue de Darou construite en 1995 avait subi de fortes pressions des eaux et d'incessants batillages sous l'effet des vents. Grâce aux actions de colmatage et de

renforcement de la partie supérieure de la digue, l'ouvrage a pu résister pendant la crue. Sous la pression des eaux du marigot de khor les parois latérales du vieil aqueduc de Bango ont cédé sur une longueur de 1 5m environ entraînant des inondations dans le quartier de Khor cabane.

Lorsque se passent les inondations, les constructions (habitations, magasins, ponts, bâtiments publics...) sont dégradées. Les appareils électriques (appareils de communication, électroménagers) étant trempés sont hors circuit. Les maisons inondées ne facilitent pas la vie des habitants, d'autant plus que le ravitaillement est difficile, les voies étant impraticables. Au moment de l'inondation, beaucoup de personnes sont frappées par des décombres emportés par le courant.

Les personnes victimes de l'inondation quittent leur logement vers d'autres hébergements temporaires et souvent difficiles à trouver comme les écoles et les foyers des jeunes. Les personnes restant dans la ville, qui logent dans des bâtiments en hauteur subissent un manque d'eau potable.

En aval de Saint-Louis, le village de Doun Baba Dieye situé sur la langue de Barbarie a été inondé ; la route de Gandiole a connu des coupures.

La montée des eaux a été probablement liées à plusieurs actions combinées de certains facteurs tels que :

La réduction des zones d'épandage de la crue qui sont occupées par des habitations à cause d'une urbanisation non contrôlée de la ville ;

Le rehaussement probable du lit du fleuve qui du reste est un dépotoir d'ordure alors qu'aucun dragage n'a été fait depuis plusieurs années ;

La faiblesse des crues au cours des deux décennies précédentes avait modifié la configuration, de l'embouchure du fleuve ;

Les effets combinés de la crue et du mouvement de la marée ;

Les vents souvent forts en septembre- octobre créant un incessant batillage sur les quais et les digues ;

La contrainte hydrogéologique par l'affleurement de la nappe devenant drainante pendant la crue.

V.5 GESTION DE LA CRUE DE L 'ANNEE 2003 : LA REALISATION DE LA BRECHE

La brèche, a été creusée dans la nuit du 3 au 4 octobre 2003, à sept kilomètres au sud de la ville de Saint-Louis à travers la Langue de Barbarie.

C'était pour éviter des inondations de Saint-Louis que les autorités avaient décidé de creuser un canal de 100 mètres de long sur quatre mètres de large à 7 Km en aval de la ville afin de permettre aux eaux du fleuve de se déverser dans la mer.

V. 5.1 CONTEXTE

L'année 2003 a été marquée par une bonne pluviométrie dans le bassin du fleuve sénégal. Cette abondance s'est manifeste au niveau du fleuve par une situation hydrologique caractérisée par une crue précoce d'une grande amplitude (fig.33).

1200

1000

800

600

400

200

0

01/01 31/01 02/03 01/04 02/05 01/06 02/07 01/08 01/09 01/10 01/11 01/12 01/01

5 ondes de propagation en 2003 Crue précoce avec 10,22m IGN

1999 2000 2001 2002 2003

Figure 33-Côtes journalières à la station de Bakel

''Quand nous avions décidé d'ouvrir la brèche, Saint-Louis était déjà sous les eaux et il y avait quatre ondes de crues qui progressaient vers la ville'', explique le directeur régional de l'Hydraulique. L'observation de la courbe des côtes journalières (fig.34) de Saint-Louis montre effectivement la menace qui planait sur la ville. En effet la crue a atteint l'année dernière dans la ville 195cm, dépassant ainsi la valeur de la côte d'alerte qui est de 174cm. Ceci a naturellement inquiété aussi bien les populations que les autorités.

250 200 150 100 50

0

année hydrologique

Figure 34-Côtes journalières à Saint-Louis, année hydrologique 2003-2004

V. 5.2 CONSEQUENCES DE LA BRECHE:

L'ouverture d'une embouchure à 7 Km au sud de Saint-Louis a entraîné une grande réduction de la pointe de crue 1 .95m à 1m. Ainsi l'année dernière la ville est sauvée des inondations. Malheureusement, par sa proximité cette option augmente aussi l'amplitude de la marée à Saint-Louis. De plus, la zone de Gandiole ne connaîtrait plus beaucoup d'écoulements et ne dépendra que des variations de la marée et des apports pluviométriques pour améliorer la qualité de ses eaux.

Ce canal a entraîné une évacuation plus rapide des ondes de crue. Ceci a plusieurs conséquences :

l'avant-pays, les environs de la ville, n'est plus facilement inondé ou l'est beaucoup moins qu'auparavant, et donc les infiltrations diminuent et les nappes souterraines se rechargent moins bien ;

le fond du fleuve et les berges sont plus exposés à des phénomènes d'érosion ;

dans les zones d'embouchure ou dans les zones à faible pente, la construction des digues de protection contre les inondations est nécessaire, car les pointes de crue sont plus importantes, étant entendu que les conditions de marées sont devenues plus proches.

Le risque d'inondation limité, la réduction du niveau d'eau des bas-fonds marécageux dans la zone des trois marigots et du Djeuss fait déjà l'objet de plaintes au niveau des populations. Mais dans ce cas une solution serait la réalisation de canaux de drainage et de stations de pompage. Il se produit alors obligatoirement une modification de la faune et de la flore des terres concernées.

En amont de la coupure, il peut se produire, du fait de la plus grande vitesse d'écoulement, un abaissement du niveau de l'eau, une érosion plus forte du lit en amont et dans la coupure elle même ce que justifie la profondeur actuelle de plus de 7m à la brèche.

La coupure exerce une forte influence sur la faune et la flore dans le lit d'origine. En effet, par suite de la variation du niveau des nappes, ce qui devrait faire l'objet d'un suivi, la flore sera très certainement affectée, et l'ancienne végétation des berges croissant en zones humides va disparaître de sorte qu'on ne peut exclure des conséquences sur la faune.

L'ancien bras continue de recevoir une quantité des eaux du fleuve ou des intrusions marines selon la dynamique prédominante. La qualité de l'eau est entrain de se dégrader car il y'a pas une bonne circulation ; c'est une eutrophisation qui correspond à une perturbation de l'équilibre de l'eau par suite de concentrations de matières nutritives, d'une croissance excessive des algues et d'une désoxygénation. Pour la population, dans l'ancien bras, les effets directs sont généralement positifs, protection contre les crues mais y existent de bonnes conditions de reproduction pour les insectes et vecteurs de maladies transmises par l'eau et des vecteurs. Les effets négatifs sont alors en dehors du changement d'aspect du paysage, la dégradation possible de la situation sanitaire par suite de la prolifération de vecteurs d'agents pathogènes. Des actions d'éducation et de sensibilisation, ciblées en particulier sur les femmes des villages de Doun Baba Dièye et du Gandiolais, qui sont traditionnellement chargées des questions d'eau et d'hygiène, devront donc être mises en oeuvre.

Du point de vue environnemental, la population de poissons peut augmenter fortement, ce qui s'accompagne d'un renouvellement des espèces présentes : les poissons d'eau courante disparaissent, les espèces vivant en eaux relativement calmes prolifèrent.

Elles sont nombreuses mais nous allons présenter les avis de beaucoup d'intervenants en essayant de conserver dans la mesure du possible les récits tels quels.

Selon des scientifiques de l'Université de Saint-Louis interrogés, l'ouverture de cette brèche risque d'avoir des conséquences imprévisibles sur la zone. ''La brèche va avoir un impact environnemental difficile à gérer. Elle menace directement les îlots environnants et va détruire la mangrove qui sert de refuge et de lieu de reproduction aux poissons, aux tortues et à plusieurs espèces d'oiseaux''. Selon certains, il fallait dévier les eaux du fleuve dans la zone située entre Saint-Louis et le barrage de Diama, à une vingtaine de kilomètres en amont de la ville.

Le canal suscite également de grandes inquiétudes du côté de certaines organisations non gouvernementales (ONG) dont les responsables se sont rendus à Saint-Louis à la fin du mois d'avril 2004 pour constater la situation de visu. ''L'ouverture de cette brèche permet l'arrivée frontale des vagues de l'océan, ce qui provoque une érosion mécanique de la Langue de Barbarie et entraîne une modification de la mangrove'', indique le responsable de projet au Fonds mondial pour la nature (WWF), une ONG basée en Suisse, dont le bureau pour l'Afrique de l'ouest est à Dakar.

''La brèche va perturber tous les écosystèmes du milieu. La nappe d'eau douce de la zone est en train de remonter en devenant de plus en plus salée, ce qui risque de poser de graves problèmes d'alimentation en eau des populations'', affirme le coordonnateur des projets de l' ONG 'Wetland International' au Sénégal. Des menaces pèsent également sur l'avenir de la culture maraîchère qui constitue, avec la pêche, les principales activités des populations de la zone. Mais en ce qui concerne cette intervention, nous tenons à rappeler que la zone du gandiolais a une salinité antérieure à la brèche. Cette zone est connue historiquement pour la production de sel dans les marais salants. La nappe y est naturellement salée. L'eau douce a toujours été captée de façon itinérante par les populations. Les puits captent des lentilles d'eau temporaires qui disparais sent rapidement.

''Nous sommes assis sur des charbons ardents et ne savons pas à quel saint nous vouer. Nous savons que tôt ou tard, nous serons obligés de quitter nos villages qui seront engloutis par les eaux'', se lamente un sexagénaire habitant le village de Gandiole. Parmi les conséquences négatives entraînées par la brèche, on note une perturbation des zones de pondaisons des tortues de mer, ainsi que la remontée rapide de la langue salée. A cela s'ajoutent les problèmes causés aux agriculteurs de Gandiole qui voient leurs terres affectées par la salinisation.

Les conséquences de la brèche se font déjà sentir au parc oiselier de la Langue de Barbarie. ''Depuis l'ouverture de la brèche, le site est perturbé et risque de disparaître. Déjà, les bancs de sables, qui servaient de nichoirs à certains oiseaux et tortues, sont en train de disparaître à cause des eaux'', souligne le directeur adjoint des Parcs nationaux du Sénégal.

''Ce ne sera pas facile de stabiliser cette brèche à cause de la configuration du sol du milieu. La Langue de Barbarie est constituée de sable fin qui ne résiste pas à l'assaut des vagues'', explique un géophysicien chercheur à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis.

V.5. 3 EVOLUTION DE LA BRECHE

L'ouverture de la brèche dans la nuit du 03 au 04 octobre 2003 coïncide à Saint-Louis avec: une hauteur limnimètrique de 1,95m pour une cote d'alerte de 1,75m ;

un débit de déversement à Diama de 1942 m3s-1.

Le canal de délestage ainsi réalisé n'a cessé d'évoluer depuis sa mise en oeuvre. Ses dimensions initiales sont les suivantes (fig.35) :

longueur = 100 m ;

largeur = 4 m ;

profondeur = 1,5 m.

A la date du 06 octobre le retrait torrentiel des eaux fait évoluer les dimensions du canal vers le sud et sa largeur passe de 4m à 200m.

A la date du 23 octobre avec un débit de déversement à Diama de 2020m3s-1 ; la largeur passe à 329m. Avec l'arrivée des houles, le front sud du canal est encore soumis à une nouvelle érosion tandis que la partie nord subit une sédimentation, la largeur est estimée à 450 m.

Figure 35-Ouverture de la brèche le 04 octobre 2003

Mémoire de DESS : Inondation à l'embouchure du fleuve Sénégal : hydraulique fluviale et aménagements (EIER-EPFL)

2

4

6

3

5

1

Figure 36-Différentes étapes de l'évolution de la brèche

La deuxième embouchure ainsi créée, à une distance 23km de kilomètres de la première dans le nord du Sénégal, ne cesse de s'élargir vers le sud (fig.36). Elle menace de faire disparaître des îlots sablonneux abritant une dizaine de petits villages de pêcheurs.

Elle s'est élargie à une vitesse rapide et atteint 600 mètres de large en moins d'un mois à cause de la pression combinée des eaux du fleuve et de la mer. Actuellement d'après la bathymétrie réalisée le 09 septembre 2004, elle mesure 800 mètres de large malgré les faibles débits de 1000 à 1 100m3s-1 (fig.37). Cette donnée montre qu'il y'a eu un ralentissement de sa progression. Fort heureusement l'histoire révèle que depuis le 1 9ème siècle, la Langue de barbarie a connu plusieurs cassures, notamment en 1850, 1884, 1906, 1932 et 1936. Ces cassures étaient naturelles et s'étaient toujours refermées d'elles-mêmes. Le profil en dent de scie du font de cette brèche montre un processus en pleine évolution (fig.3 8). En effet comparativement à l'ancienne, la nouvelle embouchure n'a pas encore connu les bouchons de sable qui créent une barre sableuse avant sa jonction avec la mer.

1766200

1766000

1765800

1765600

1765400

1765200

1765000

1764800

338100 338150 338200 338250 338300 338350 338400

coordonnées X(UTM)

Figure 37- Profil actuel du contour de la brèche

V.6 ESSAI D 'ANAL YSE DU COMPORTEMENT HYDRA ULIQUE DU FLEUVE DEPUIS DIAMA

Le chenal principal du fleuve Sénégal a un profil relativement profond (6 à 10 m). Ce type de chenal n'est pas influencé par les effets de la résistance du lit de la même façon que les étendues de surfaces plates telles que les dépressions et les plaines d'inondation. Les dépressions et plaines d'inondation servent beaucoup plus de zones de stockage que de zones d'écoulement (fig.39).

-10

4

2

0

-2

-4

-6

-8

0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000

RD RG

Distances (m)

Figure 39- Profil transversal du fleuve Sénégal au point de coordonnées 339 261 / 1 772 460
(Saint-Louis)

V. 6.1 LE REGIME D 'ECOULEMENT:

Dans le calcul, c'est le nombre adimensionnel de Froude qui permet de qualifier le type de régime.

V

fr=

gym

*

Où: V = vitesse moyenne (ms-1) ; g = 9.81ms-2 ym = profondeur moyenne (m)

D'un point de vue pratique et approximativement c'est à la pente I du cours d'eau qu'on impute tel ou tel régime correspondant. A une forte pente correspond le régime torrentiel, tandis qu'à une faible pente correspond le régime fluvial.

V. 6.2 HYPOTESES ET DONNEES

Ainsi dans les calculs hydrauliques un certain nombre d'hypothèses vont être posées :

Le coefficient de maning-strickler estimé à ks = 35 ;

Les surfaces de stockage soustraites par estimation des surfaces d'écoulement,

Les profondeurs d'eau souvent inférieures à 10m et les largeurs au plafond varient entre 190m (embouchure) et 300m à Saint-Louis. Cette géométrie du fleuve dans le

bief aval de Diama qui ne fait pas partie des formes courantes cependant, est assimilée à celle d'un canal large.

> Les données sont :

les surfaces d'écoulement obtenues par la méthode des trapèzes,

les variations des marées,

les hauteurs d'eau à Saint-Louis et à Diama,

les débits lâchés par le barrage de Diama,

la pente calculée à partir des deux stations de Diama et Saint-Louis distant de 26km.

5

88.45 -

I

1.73 10

026000 -

Stations

DIAMA

S-Louis

PK10

EMB

amplitude (m)

avant brèche

0.23

0.6

0.75

1.2

après brèche

0.35

0.8

 

1.2

Tableau 2- Les prévisions de la marée dans différentes stations

Stations

Diama

Saint-Louis

PK10

Débit (m3s-1)

Côte (m)

Surface d'écoulement (m2)

Côte (m)

Surface d'écoulement (m2)

Côte (m)

Surface d'écoulement (m2)

1500

1,3

3700

0,75

3680

0,35

3540

1700

1,5

3960

1.05

3760

0,55

3820

2000

1,7

4200

1,45

3980

0,75

3940

Tableau 3- Récapitulatif des données surfaciques suivant les débits

Les résultats suivants sont obtenus avec la simulation de différents débits: 1500 m3s-1, 1700 m3s-1 et 2000 m3s-1.

Tableau 4- Récapitulatif des résultats obtenus à partir des données d'observation

Malgré la variation des débits lâchés au niveau de Diama on trouve un nombre de Froude inférieur à 1, ceci montre que le régime d'écoulement est de type fluvial.

Les formules utilisées pour les calculs de profondeur découlent de celle de Maning-Strikler :

> Les profondeurs normales (yn) critiques (yc):

On dit d'un régime permanent qu'il est uniforme lorsque les caractéristiques de cet écoulement (h, V, Q) ne présentent pas de variation dans son étendue et sa durée. Dès que l'une des caractéristiques de l'écoulement en régime permanent présente une variation dans l'étendue du tronçon étudié, le régime est dit varié.

On distingue le régime graduellement varié, pour lequel les caractéristiques de l'écoulement varient lentement dans l'espace.

L'écoulement uniforme peut, à ce titre, être considéré comme un régime théorique que l'écoulement tendrait à adopter s'il n'était contraint à la variation par la géométrie du lit. On formalise ce concept à l'aide de la notion de régime normal, qui correspond, pour les conditions hydrauliques et géométriques d'une section donnée, aux valeurs que prendraient les caractéristiques de l'écoulement (h et V), pour le même débit, si le régime était uniforme. En particulier, on note hn ou yn la hauteur normale, exprimée en mètres (m) correspondant à ce régime normal, et on la compare à la hauteur critique hc pour déterminer si le régime varié est fluvial normal (hn > hc) ou critique normal (hn = hc) ou torrentiel normal (hn < hc).

Plus précisément dans notre cas de figure l'assimilation du fleuve en canal large permet de réécrire la formule de la manière suivante en écoulement uniforme (y = profondeur normale) :

Yn

xx

-=

12 I

Où :

~~~ ~.

M

() [() ()] [() ]~~

(Yc'O~~~

uuFuNFuN

1 21, 2, 1, (2, )

- - - + ~ ) I -

FvOFvO

YnN

o u=y/ yn ;

o O=N/ ( N- M +1) ;

o V= u N/J ;

o Et dans le cadre de ce travail la méthode de calcul utilisée est celle de Bresse avec comme hypothèse canal infiniment large, le coefficient de Chezy est constant et on prend pour les exposants hydrauliques N=M=J=3. Alors la fonction F(u,N) d'écoulement graduellement varié devient (Mar,2004):

g ~ I

3 )

ar cot

(+ 21

u '

2

1 ( u u

++1 ' 1

FuLn

(,3)2 = ~ I -
6 (1)

u-)3

V.6.3.1 Les résultats

Tout d'abord le calcul des profondeurs normales et critiques pour les différents débits qu'on observe le plus souvent lors des années de forte crue (1500 m3s-1 1700 m3s-1 et 2000 m3s-1) sont présentés dans le tableau suivant avec une largeur moyenne choisie b=1 90m, étant celle de l'ancienne embouchure :

Débits (m3s-1)

1500

1700

2000

Profondeurs normales (m)

10.97

11.83

13.04

Profondeurs critiques (m)

1.85

2.01

2.24

Tableau 6- Résultats des calculs de profondeur

Les hauteurs d'eau (yo) à l'embouchure, tenant compte de l'action des marées à cet endroit sont respectivement de 7.4m et 8.2m en basse et haute marée. Les courbes de remous sont de type F2 puisque partout on a yn >yo > yc. La section de contrôle se trouve en aval et on fait le calcul vers l'amont (Ax <0). Dans tous les cas de figure, la courbe F2 diminue la profondeur d'eau de l'amont vers l'aval, donc suivant le même sens de progression des calculs (Ay>0). Les calculs s'arrêtent sur les à la limite yn.

Les allures des courbes sont représentées dans les graphiques suivants (fig. 40-45) :

Mémoire de DESS : Inondation à l'embouchure du fleuve Sénégal : hydraulique fluviale et aménagements (EIER-EPFL)

-800000 -700000 -600000 -500000 -400000 -300000 -200000 -100000 0

Distance/embouchure (m)

Q=2000m3/s delta(y)=0.05m HM

14

12

10

4

8

6

2

0

Figure 40- Courbe de remous pour Q= 2000m3s-1 en basse marée

-800000 -700000 -600000 -500000 -400000 -300000 -200000 -100000 0

Distance/embouchure(m)

Q= 2000m3/s delta(y)= 0.05m HM

14

12

10

4

2

8

6

0

Figure 41-Courbe de remous pour Q= 2000m3s-1 en haute marée

Q= 1 700m3/s delta(y)=0.05m BM

14

12

10

4

8

6

2

0

Figure 42-Courbe de remous pour Q= 1700m3s-1 en basse marée

distance/embouchure(m)

Q=1700m3/s delta(y)=0,05m HM

-800000 -700000 -600000 -500000 -400000 -300000 -200000 -100000 0

12 10 8 6 4 2

0

Figure 43- Courbe de remous pour Q= 1700m3s-1 en basse marée

0

-700000 -600000 -500000 -400000 -300000 -200000 -100000 0

distance/embouchure(m)

Q= 1 500m3/s delt(y)=0.05m BM

12 10 8 6

4 2

Figure 44- Courbe de remous pour Q= 1500m3s-1 en basse marée

12

10

8

6

4

2

0

-700000 -600000 -500000 -400000 -300000 -200000 -100000 0

distance/embouchure(m)

Q= 1500m3/sdelta(y) HM

Figure 45- Courbe de remous pour Q= 1500m3s-1 en haute marée

V.6.3.2 Commentaires des courbes de remous :

Les hauteurs d'eau à Saint-Louis avant et après la brèche, en tenant compte de l'influence de la marée à Saint-Louis qui est respectivement de 0.6m avant la brèche et de 0.8m après sa réalisation, sont récapitulées dans le tableau suivant :

Débits

' 500m3s-'

' 700m3s-'

2000m3s-'

BM

HM

BM

HM

BM

HM

Hauteurs d'eau avant brèche (m)

9

9.45

9.2

9.65

9.6

'0

Hauteurs d'eau après brèche (m)

8

8.7

8.05

8.75

8.2

8.85

Tableau 7-Récapitulatif des hauteurs d'eau à Saint-Louis

Sachant que le lit du fleuve aux environs de la ville a une profondeur de 8m, les côtes IGN du plan d'eau peuvent être visualisées sur le tableau suivant :

Débits

' 500m3s-'

' 700m3s-'

2000m3s-'

BM

HM

BM

HM

BM

HM

Côtes d'eau avant brèche (m.IGN)

0.55

1

0.75

1.2

1.15

1.55

Côtes d'eau après brèche (m.IGN)

-0.45

0.25

-0.4

0.3

-0.25

0.4

Tableau 8-Récapitulatif des côtes du plan d'eau à Saint-Louis

Suite aux différentes hypothèses et à une analyse des données de terrain ces résultats sont exploitables avec une incertitude de 0.3m.

Ainsi on peut conclure qu'avec la réalisation de cette nouvelle brèche la ville de Saint -Louis est épargnée des inondations relatives à la crue annuelle, jusqu'à un débit lâché de 2000m3s-' . Par contre le maintien de la position de l'ancienne embouchure allait continuer de provoquer des inondations dès que le débit du fleuve atteint '700m3s-'. Cependant la question qui se pose c'est la gestion du canal et du lit du fleuve dans le bief à l'aval du Pont-Faifherbe. En effet la mobilité historique de l'embouchure et les phénomènes d'érosion et de sédimentation vers la mise en place d'une barre sédimentaire, imposent des mesures de gestion assez perspicaces pour sauver la ville des menaces d'inondations assez fréquentes.

VI. ELEMENTS DE SOLUTIONS ET LEURS IMPACTS

Le principal objectif est de mettre le bief fluvial dans un état permettant d'assurer d'abord la protection des personnes, des biens et des infrastructures. Le système vise également un état d'équilibre permett ant à la population riveraine de retrouver les usages économiques, récréatifs, industriels, résidentiels et agricoles.

VI.1 MESURES :

Un certain nombre de mesures consistent à :

1' Une étude de méthodes de protection des quartiers riverains au marigot de Khor ; 1' Une continuité du suivi bathymétrique de la brèche et de tout le bief ;

1' Poursuivre les endiguements vers la partie sud de la langue de Barbarie et le

rehaussement des quais. Les endiguements servent à la protection contre les crues en

empêchant au cours d'eau d'inonder de vastes zones de bas-fonds habitées ;

1' Protéger les berges de Guet Ndar à l'Hydrobase et de Ndar Toute à Goxumbacc ; 1' Une mise en place d'un système d'assainissement adéquat ;

1' Une restructuration du quartier de Pikine ;

1' Un nettoyage du lit et des berges aux environs de la ville ;

1' Une fonctionnalité continue des deux stations de pompage situées à Diaminar et Léona-Diameguène ;

1' Une ronde d'une équipe mobile de pompage à l'intérieur des quartiers lors de l'hivernage pour évacuer les eaux pluviales.

Tous ces aspects peuvent être associées à un plan de gestion :

1' Modulation de l'ouverture des vannes du barrage de Diama ;

1' Ouverture concertée de la réserve de Bango ;

1' Informer périodiquement les autorités administratives sur l'évolution de la crue ; 1' Suivi et contrôle des ouvrages de protection ;

1' Renforcer le partenariat avec les sociétés d'exploitation agricoles comme la Société d'aménagement et d'exploitation des eaux du delta (SAED) et la Compagnie sucrière sénégalaise (CCS) à la gestion des crues annuelles.

VI.2 AMENAGEMENTS

VI. 2.1 OBJECTIFS D 'AMENA GEMENT

L'élaboration des plans de réaménagement a été guidée par les objectifs suivants :

assurer au lit du fleuve dans le bief une géométrie et une pente atteignant l'équilibre morpho-sédimentologique;

favoriser la stabilisation naturelle de la brèche;

favoriser la végétalisation des talus et surfaces dénudées pour minimiser les effets du ruissellement;

favoriser la création ou la reconstitution d'habitats fauniques en permettant la circulation et la migration des espèces.

Vi 2.2 SCENARIOS D 'AMENA GEMENT

Dans le cadre de cette étude un certain nombre de scénarii seront proposés. Chaque cas retenu aura probablement des impacts environnementaux. Ces scénarii peuvent être regroupés en quatre catégories principales d'interventions visant la stabilisation des berges, des lits, des plaines d'inondation et des talus.

VI.2.2.1 Stabilisation des berges Stabilisation par enrochement

L'érosion des berges résulte habituellement de l'action d'un certain nombre de facteurs dont l'élévation du niveau des eaux, l'augmentation de la vitesse du courant, l'action des vagues et le déplacement latéral du lit. La nature des matériaux constituant les berges et leur pente sont aussi des paramètres influençant l'érosion.

Figure 46- Coupe de la stabilisation par enrochement

Ce type de scénario a consisté à mettre en place une protection par enrochement (fig.46). Les enrochements servent à empêcher l'érosion et les affouillements. Ils se composent de pierres de remblai, posées sur des géotextiles (formant une couche d'assise) pour éviter les affouillements. On pourrait également mettre des revêtements bitumineux ou des couvertures maintenues par des crampons.

Stabilisation végétale

Les parties supérieures des talus stabilisés par enrochement peuvent être complétées, à de nombreux endroits, par des interventions de stabilisation végétale.

Figure 47- Coupe de stabilisation végétale

Cette technique consiste à stabiliser la partie supérieure du talus au moyen de fagots, matelas de branches, boutures, plants en caissette, etc (fig.47). De façon générale, la réalisation de cette technique va nécessiter l'utilisation de parties d'arbustes indigènes localisés à proximité du site par exemple dans la zone de Gandiole et les branches ramassées aux abords du fleuve.

Épi déflecteur

A certains endroits, il sera opportun de remplacer l'enrochement précédemment proposé par un épi déflecteur ou bien d'incorporer un tel épi à l'enrochement dans le but de protéger davantage la berge (fig.48).

Figure 48- Vue de dessus de l'épi déflecteur

Un tel ouvrage a pour but de dévier les eaux de la berge et ainsi limiter l'érosion. Dans certains cas, les épis vont aussi contribuer à augmenter ou à maintenir le potentiel faunique du bief fluvial.

VI.2.2.2 Stabilisation des lits

La crue de 1999 et même en moindre importance celle de 2003 ont provoqué des phénomènes de dégradation et d'aggradation du lit du fleuve. Cet ajustement naturel permet au fleuve de retrouver éventuellement un état d'équilibre. Cependant, ce retour naturel vers un état d'équilibre dynamique peut s'avérer très long et causer entre temps des pertes considérables de terrain. Ainsi les interventions peuvent consister à redéfinir le lit du fleuve dans le bief, paver, draguer ainsi que démanteler des embâcles.

Redéfinition des tracés du lit dans la partie proximale de l'embouchure

Lors des crues de 1999 et celle de 2003, l'augmentation de la vitesse du courant et de l'épaisseur de la lame d'eau a provoqué de multiples perturbations du lit des cours d'eau. On peut ainsi faire ressortir trois principaux types de problèmes : élargissement du lit dans le bief, déplacement septentrional de l'embouchure ou formation de méandres dans le secteur de Gandiole.

La détermination du nouveau lit du fleuve devrait donc être réalisée en tenant compte notamment de l'interaction entre les apports d'eau, la charge sédimentaire du bassin versant, la nature géomorphologique du milieu, les caractéristiques d'écoulement, la pente du cours d'eau et l'utilisation du territoire.

Construction de seuils

Au niveau de l'entrée de la brèche, les modifications ont entraîné une pente moyenne du lit supérieure à la pente d'équilibre et les vitesses d'écoulement trop élevées. La mise en place d'un seuil à la rupture de pente existante permettrait de garder un faible dénivelé entre l'amont et l'aval de façon à minimiser les excavations et d'avoir une hauteur d'eau subséquente à l'aval du pont (fig.49). La construction de ce seuil aurait également permis de réduire la pente longitudinale du bief et d'obtenir une vitesse maximale acceptable du matériel sableux constituant son lit et ses berges. La présence de ce seuil permettrait la reconstitution naturelle du lit du fleuve par le dépôt des sédiments migrant vers l'aval et aurait contribué à stabiliser les berges susceptibles de s'effondrer.

Figure 49- Coupe du seuil en enrochement

Ce seuil possède donc une faible dénivelée. De plus, une fosse de dissipation d'énergie pavée serait aménagée au pied du seuil possédant une pente de parement aval forte vers l'aval. Le dimensionnement de cette fosse permet entre autres de confiner le ressaut hydraulique et de faciliter la remontée vers la sortie de la brèche.

Pavage des lits

Le pavage du lit est préconisé pour éviter un encaissement trop important du fleuve associé au phénomène de dégradation du lit.

Le pavage consiste à enrocher le lit par de la pierre de calibre suffisant pour supporter les forces tractrices maximales engendrées par l'écoulement. Le calibre de la pierre et l'épaisseur du pavage devraient être dimensionnés de façon à résister à une crue de 2000m3s-1.

Dragage du fleuve

Bien que dans certaines sections du fleuve, des quantités importantes de sédiments ont été transportées par les débits de crue, à d'autres endroits où la pente était moindre, ces mêmes sédiments se sont déposés. Les accumulations se sont retrouvées souvent sur des distances du PK0 à l'embouchure. Ces dépôts ont eu pour effet de réduire de façon importante les sections d'écoulement du fleuve dans le bief aval en comblant le lit et en rehaussant le fond.

Des travaux de dragage seraient nécessaires afin de dénuder le lit du fleuve et de reconstruire une section d'écoulement suffisante. Une telle démarche a pour objectif d'éviter des débordements additionnels en période de crue et d'assurer ainsi la sécurité des personnes et de leurs biens.

Nettoyage et démantèlement des embâcles

Le passage de la crue a provoqué de fortes zones d'érosion occasionnant le dépôt de branches d'arbres et de débris de toutes sortes en plus des ordures ménagères. Ces accumulations de bois ont créé des obstacles majeurs à la libre circulation de l'eau. Dans certains cas, elles ont provoqué la formation d'embâcles présentant des dangers potentiels pour les pirogues mais également source de colmatage du lit du fleuve. Leur nettoyage sous l'appui de la main d'oeuvre des populations et leur sensibilisation à ce sujet seraient bénéfiques.

VI.2.2.3 Stabilisation des plaines inondables

De nombreux dommages ont été observés bien au-delà des limites naturelles du fleuve. Dans le secteur de Pikine et des environs de Khor, les eaux ont en effet débordé du lit mineur et considérablement élargi le lit majeur. Cette situation a laissé place à de vastes plaines de débordement très perturbées durant les périodes d'inondations.

Des travaux de terrassement et de nivellement pourraient être réalisés sur ces plaines inondables fortement perturbées. Ces interventions permettront notamment de modeler les rives du fleuve, pour permettre un débordement sécuritaire lors des crues.

Du point de vue économique, les scénarii entraînant la construction d'ouvrages permanents, des investissements lourds pour les travaux de dragage et d'entretien sont assez coûteux. Elles dépendent de l'étendue de la zone à draguer et du type et de la capacité des autorités à assumer les frais économiques.

Cependant la formulation plus précise de ces recommandations requièrent des informations complémentaires sur :

les aspects environnementaux : qualité des eaux, salinité, végétation, répartition des habitats ;

les aspects économiques : coûts des investissements et de l'entretien associés a chaque scénario;

les aspects hydrauliques : effets à long terme sur les processus de formation du cordon littoral et le plan d'eau en amont de Diama ;

les aspects sociaux : urbanisation future ; agriculture, pêche, santé ...

D'autre part les deux réservoirs que sont le lac de Guiers et le barrage de Diama permettent aussi de stocker une quantité assez importante des eaux de la crue :

Le barrage permet de contrôler les écoulements dans le bas estuaire ; le laminage du débit de pointe à Diama à 1500 m3.s-1 diminue la hauteur de pointe crue. La faisabilité d'un stockage amont supplémentaire serait d'un apport considérable dans la recherche de solution. Elle aura également des implications qui demandent un examen plus poussé.

Le lac de Guiers, avec une superficie de l'ordre de 300 km2, offre des possibilités à cet égard. Si le niveau du lac est relevé de 0.5 m, cela va créer un stockage additionnel de 150 millions m3 (DGPRE ,2001). En y ajoutant les possibilités de stockage offertes par le Ndiael et le lac R'kiz, l'amplitude de la crue pourrait être baissée de façon sensible.

Dorénavant l'étude pourrait être approfondie, pour l'accomplissement de ces différentes possibilités notamment avec une série de données de période humide pour laquelle les volumes drainés par le fleuve sont beaucoup plus importants.

VI.3 IMPACTS ENVIRONNEMENTA UX DES SOLUTIONS PROPOSEES :

Il faut tenir compte du fait que, en particulier pour les fleuves, les effets des travaux d'aménagement se font généralement sentir tout le long du cours d'eau. De par la nécessité de les alimenter, les aménagements ont des conséquences aussi étendues que les voies d'eau naturelles.

Evaluer l'impact environnemental des travaux fluviaux pose des problèmes, car il est difficile d'en quantifier les effets. Les descriptions qualitatives sont possibles mais devront, pour être exploitables, être aussi détaillées que possible.

Engagés en règle générale pour des raisons économiques les travaux d'hydraulique fluviale sont soumis à des contraintes très complexes sur le plan des effets recherchés et des effets involontaires inévitables. Ainsi, la transformation de zones d'inondation sous l'effet des aménagements fluviaux entraîne une mutation de la flore et de la faune et des possibilités de vie de certaines espèces. Ces changements peuvent induire des avantages importants au niveau local, par exemple sur le plan de l'utilité du fleuve et de son intérêt pour l'homme, et ils sont acceptables pour autant que les espèces évincées de même que la flore et la faune trouvent suffisamment de possibilités de développement et qu'une grande diversité des espèces soit maintenue.

La plupart du temps, les travaux d'ingénierie fluviale génèrent donc des conflits d'intérêt. Ils doivent de ce fait être planifiés et réalisés de manière à concilier autant que possible ces intérêts divergents.

VI.3.1 IMPACTS DES DRAGAGES

Les dragages influent sur l'environnement naturel, d'une part en modifiant le profil transversal et longitudinal du lit du fleuve, donc en faisant varier ses propriétés rhéologiques, d'autre part en provoquant des changements dans l'environnement du fleuve, lorsque les matières draguées sont déposées à l'extérieur du lit du fleuve. De plus, le niveau des nappes souterraines peut changer lorsque le niveau en surface est modifié de manière durable.

La modification du comportement rhéologique peut entraîner des risques de crue dans le cours aval. Lorsque certaines formations du sous-sol sont attaquées par les dragages, des phénomènes d'érosion susceptibles d'avoir une influence négative sur l'effet recherché peuvent se manifester.

VI.3.2 IMPACTS DES EPIS

Les épis influencent le comportement rhéologique naturel et génèrent le risque d'érosion déjà mentionné. Ils agissent aussi sur la zone inondable du fleuve (humidité ou dessèchement avec des conséquences sur la flore et la faune ; par ailleurs, les berges naturelles irrégulières se modifient généralement.

VI.3.3 IMPACTS DE LA PROTECTION DES BERGES

Compte tenu de leur imperméabilité, les couvertures bitumineuses ou à crampons sont les ouvrages de protection qui ont le plus d'influence sur l'environnement naturel, car elles réduisent les échanges d'eau entre le cours d'eau et les nappes phréatiques. Toutefois ces effets peuvent être considérés comme faibles, car les échanges d'eau se maintiennent généralement au niveau du lit du fleuve.

En revanche, les effets des ouvrages de correction des berges ont des conséquences importantes sur la flore et la faune qui sont généralement évincées de ces zones riveraines. Par exemple, la consolidation poussée des berges peut entraîner la destruction des frayères de certaines espèces de poissons, de grenouilles et de crapauds.

Pour les personnes, les berges consolidées de la brèche ont souvent un effet négatif du fait de l'impression artificielle qu'elles donnent. Par contre, l'effet positif est le moindre risque d'effondrement ou d'érosion.

VI. 3.4 IMPACTS DES ENDIGUEMENTS

Les endiguements ont des effets sur l'environnement naturel. Ils influencent le comportement rhéologique du fleuve au moment des crues. La suppression des inondations, exemple sur les surfaces proches du fleuve, en aval du cimetière musulman, peut modifier considérablement le taux d'humidité des sols. Ceci a des conséquences sur la flore et la faune naturelles des zones inondables.

Les sections endiguées du fleuve tout le long de l'île, agissent sur les ondes de crues comme des canaux : le débit s'accélère, entraînant un risque d'érosion du lit et d'inondations dans les zones non protégées situées en aval.

Par ailleurs, les endiguements stoppent le ruissellement superficiel des eaux des zones inondables vers le fleuve d'où encore la nécessité d'un système assainissement fonctionnel permettant le drainage de ces zones.

Les endiguements ont des effets importants sur la flore et la faune aquatiques et terrestres. Ainsi, le changement du régime hydrologique modifie les biotopes des espèces animales et des végétaux. L'accélération du débit de crue dans la section endiguée détruit en particulier les frayères et les aires de nidification situées dans les zones d'eau calme.

Les digues gênent l'accès aux cours d'eau et doivent être soigneusement exploitées et entretenues pour éviter les risques de rupture.

VI. 3.5 IMPACTS DES SEUILS

Le seuil peut influencer de manière importante sur le régime d'écoulement du fleuve qu'il divise en une partie amont et une partie aval. Cet ouvrage va réduire le charriage de matières solides et de sédiments. Dans la partie amont, la hausse du niveau va entraîner l'apparition de sédimentations. En aval, la force d'entraînement supérieure de l'eau (absence de sédiments) augmente la collecte de sédiments, et donc l'érosion sur le fond et les berges.

La division du fleuve en deux parties rend difficile la migration naturelle des poissons. Les frayères sont d'un accès peu aisé, d'où le risque d'extinction ou de disparition de certaines espèces.

Pour pallier le risque d'érosion dans la zone avale du seuil un apport artificiel de sédiments et de matières solides dans la partie avale peut être nécessaire.

En conclusion on peut dire que les travaux d'aménagement fluvial doivent systématiquement être planifiés et réalisés de manière à minimiser les risques pour les écosystèmes lors des phases d'étude et d'exécution. Une analyse approfondie de tous les effets permettra de maintenir à un niveau acceptable les conséquences de l'intervention de l'homme dans les écosystèmes et son environnement. Toutefois la présence de l'homme et ses besoins doit occuper une place essentielle dans la planification. Pour y arriver il faudrait l'apport des processus participatifs des populations de Saint-Louis aux décisions, leur donnant ainsi la possibilité de défendre leurs intérêts et besoins justifiés, dans toutes les phases de planification et d'exécution.

CONCLUSIONS

Comme nous venons de le voir, en cette première décennie du millénaire, les inondations sont encore et malheureusement d'actualité au Sénégal. La ville de Saint-Louis est confrontée durant ces dernières années à une recrudescence des inondations. L'année 1999 demeure la plus spectaculaire vu l'ampleur des dégâts aussi bien matériels qu'environnementaux.

Cependant en 2003 la ville de Saint-Louis a pu être sauvée des eaux suite à l'ouverture du canal de délestage à 7 Km du pont Faidherbe. Il découle de cette présente étude une compréhension du phénomène des inondations à l'embouchure du fleuve qui est liée à différents paramètres. Aux conditions maritimes dont les vents, les houles, les marées s'ajoutent les phénomènes de sédimentation, d'érosion et des débits de crue proprement dits. Cette situation est accentuée par un manque d'assainissement pluvial adéquat et une occupation anarchique du lit majeur. Toutefois les inondations d'origine fluviale demeure une réalité qui a comme corollaire une mobilité septentrionale de l'embouchure du fleuve Sénégal.

Dune part cette étude a montré l'urgence qui avait entraîné l'ouverture du canal de délestage durant une période où la côte des eaux atteignait 1 .95m au jour du 30 septembre 2003 à Saint-Louis. Cependant des mesures de protection des berges de cette brèche et un suivi rigoureux sont plus que jamais nécessaires pour une meilleure gestion de ce canal qui ne cesse de s'élargir. En effet le canal large actuellement de 800m n'a cessé de s'élargir et menace ainsi l'équilibre si fragile et si précieux de la flèche sableuse qu'est la Langue de Barbarie.

D'autre part, de cette présente étude découle un certain nombre d'éléments de solution qui pourront faire face dans le court terme à cette rapide évolution de la nouvelle embouchure. Néanmoins le suivi permanent par la continuité des mesures bathymétriques et des côtes d'eau aussi bien à Saint Louis qu'à l'embouchure demeure un impératif.

D'autres mesures plus élargies sont aussi à préconiser :

renforcer le système de suivi environnemental de la Langue de Barbarie et définir un programme de surveillance continu de son espace, de manière à établir une base de connaissance sur la flèche sableuse ;

régénération et protection des populations de filaos le long de la flèche sableuse pour stabiliser les berges ;

prise en compte de l'urbanisation de la ville de Saint-Louis dans les réalisations et les études ;

assurer un suivi rigoureux et procéder à des analyses d'impacts afin de mieux comprendre le fonctionnement de la Langue de Barbarie.

Ces inondations de Saint- Louis, la prévention et les moyens qu'on peut leur donner ainsi que l'éducation des populations, vivant à proximité des zones inondables, sont aussi des remèdes face à ce type de catastrophe. Ainsi l'harmonisation de toutes ces méthodes permettra de minimiser l'ampleur des inondations à Saint-Louis et de mieux sécuriser l'embouchure.

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