UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI (BENIN)
FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES
DEPARTEMENT D'ECONOMIE, DE SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET
DE COMMUNICATION POUR LE DEVELOPPEMENT RURAL
ANALYSE DES DETERMINANTS DE L'ADOPTION ET DE LA
DIFFUSIN DU DISPOSITIF AMELIORE D'ETUVAGE DU RIZ DANS LA COMMUNE DE
GLAZOUE (Département des Collines)
THESE
Pour l'obtention du diplôme d'Ingénieur
Agronome Option : Economie, Socio- Anthropologie et
Communication
Présentée et soutenue par
LAWIN Kotchikpa Gabriel
Le 12, Décembre 2006
Superviseur : Simplice Davo VODOUHE
(PhD)
Co- Superviseurs : Paul Van MELE
(PhD)
Florent Kowouan OKRY (MSc)
Composition du Jury
Président: Rigobert TOSSOU (PhD)
Rapporteur : Simplice VODOUHE (PhD) Examinateur : Joseph DOSSOU
(PhD) Examinateur: Owuraku DAWSON-SAKYI (PhD)
FACULTY OF AGRONOMICS SCIENCES
DEPARTMENT OF ECONOMY, SOCIO-ANTHROPOLOGY AND
COMMUNICATION FOR RURAL DEVELOPMENT
ANALYSIS OF THE DETERMINANTS OF ADOPTION
AND DIFFUSION OF IMPROVED RICE PARBOILING EQUIPMENT IN GLAZOUE (Collines
department)
THESIS
Submitted in partial fulfillment of the requirement of the degree
of "Ingénieur Agronome"
Option: Rural Economy, Socio-Anthropology and
Communication
By
LAWIN Kotchikpa Gabriel
Presented on December 12th, 2006
Supervisor: Simplice Davo VODOUHE
(PhD)
Co-Supervisor: Paul Van MELE (PhD)
Florent Kowouan OKRY (MSc)
JUGDES
President: Rigobert TOSSOU (PhD)
Rapporter : Simplice VODOUHE (PhD)
Examinator : Joseph DOSSOU (PhD)
Examinator: Owuraku DAWSON-SAKYI (PhD)
CERTIFICATION
Je certifie que ce travail a été
réalisé par LAWIN Kotchikpa Gabriel au Département
d'Economie, de Socio-Anthropologie et de Communication pour le
développement rural (DESAC) de la Faculté des Sciences
Agronomiques (FSA) de l'Université d'Abomey-Calavi (UAC), sous ma
supervision.
Superviseur
Dr. Ir. Simplice Davo
VODOUHE Agro-économiste Maître assistant en vulgarisation
agricole
DEDICACE
Je dédie ce travail à
- Ogoudédji Salomon LAWIN, bien aimé
père, je te remercie du fond de mon coeur pour toute l'affection dont tu
as entouré tes enfants et pour tous les efforts que tu n'as cessé
de déployer pour nous rendre heureux.
- Itounou Rosalie AGODO, toi ma très chère
mère, je n'ai pas oublié tous les sacrifices que tu as faits pour
moi. Cette oeuvre en est un témoignage, je te la donne en signe de
gratitude pour toutes les peines que je t'ai imposées.
- Mes frères et soeurs (Emmanuel, Christine, Victor,
Fidèle, Gisèle et Albert), ce travail est le fruit de votre
soutien.
- Ma Chère collègue, feue Félicité
AZATASSOU, tu nous as quitté trop tôt, mais ton souvenir restera
gravé à jamais dans notre mémoire. Nous (étudiant
de la 30ème promotion de la FSA/UAC) te rendons un grand
hommage.
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail n'a été
possible que grâce à la participation de certaines personnes
physiques et morales que nous tenons à remercier. Ainsi, nos
remerciements s 'adres sent particulièrement:
- Au Centre du riz pour l'Afrique (ADRAO) pour le financement de
cette étude.
- A notre superviseur, Dr. Davo Simplice VODOUHE. Votre
détermination au travail et
votre sens paternel nous ont marqué tout au long de ce
travail. Ils resteront longtemps
gravés dans notre mémoire. Nous vous remercions
aussi pour votre temps précieux
que vous avez accordé à ce travail à
travers vos multiples visites de terrain et vos
orientations au cours de la rédaction de cette
thèse.
- A nos co-superviseurs, Dr. Paul Van MELE, responsable de
l'unité "transfert de technologie" au Centre du riz pour l'Afrique
(ADRAO) et son assistant Florent Kowouan OKRY pour votre contribution au choix
du présent thème. Nous vous remercions sincèrement pour
votre encadrement rigoureux lors de la collecte et de l'analyse des
données.
- A Monsieur HOUSSOU Paul pour son encadrement et ses conseils
précieux. Nous vous exprimons nos profondes gratitudes.
- Au Docteur Joseph FANOU pour son encadrement et ses conseils
précieux.
- Aux Ingénieurs GLIN Laurent, KOUEVI Augustin et VODOUHE
Fifanou pour leur précieux apport scientifique et moral.
- Aux familles ESSE et ABISSI respectivement à Magoumi et
Kpakpaza, nous vous remercions pour tout.
- A Monsieur TOHINDE Parfait à
Ouèdèmè pour son hospitalité.
- A toutes les femmes transformatrices du riz à Magoumi,
Kpakpaza et Ouèdèmè pour leur franche collaboration.
- A Mr HODONOU Arsène, Mlle BAHINI Inès et Mlle
KOTCHIKPA Chantal pour tout le soutien que vous m'avez apporté au cours
de la saisie de la présente thèse. - A tous les enseignants et
tout le personnel de la FSA/UAC
- A tous les camarades de promotion pour les moments merveilleux
que nous avons passés ensemble.
RESUME
L'étuvage du riz paddy est une opération qui
entraîne des modifications physicochimiques et organoleptiques
avantageuses du point de vue nutritionnel et économique.
Malheureusement, au Bénin la méthode traditionnelle
d'étuvage ne permet pas touj ours d'obtenir du riz cargo de bonne
qualité répondant au goût des consommateurs. Ceci est en
particulier dû au type de dispositif utilisé. C'est pour cela
qu'il a été introduit un dispositif d'étuvage à la
vapeur, composé d'une marmite en fonte d'aluminium et d'un bac
d'étuvage (récipient en forme de seau dont le fond et le quart
inférieur du pourtour sont perforés). La présente
étude conduite dans la commune de Glazoué est une contribution
à la connaissance des facteurs déterminants l'adoption de ce
dispositif ainsi que les stratégies à adopter pour sa
diffusion.
L'étude a consisté en une série
d'enquêtes menées à différentes échelles : au
niveau des transformatrices, des consommateurs, des commerçants et des
diverses institutions qui interviennent dans la promotion du dispositif
amélioré d'étuvage. Les principaux outils de collecte et
d'analyse des données sont conformes à l'orientation qualitative
du sujet. Toutefois, il nous a été essentiel d'assortir
l'interprétation de nos résultats par des données
quantitatives afin de concrétiser certains aspects.
Les résultats obtenus montrent que le dispositif
amélioré d'étuvage contribue à améliorer de
façon significative la qualité du riz qui est bien
appréciée par les consommateurs (riz propre, savoureux, moins
brisé et qui gonfle mieux à la cuisson) et qui se vend à
un bon prix. Sur l'ensemble des villages enquêtés, les
transformatrices s'accordent sur le fait que le dispositif favorise un
séchage rapide, facilite le transvasement du paddy après cuisson
et permet d'accroître le rendement au décorticage. De plus le
dispositif permet d'étuver de grandes quantités de paddy
augmentant la quantité de riz traitée par unité de
transformation. Toutefois, son coût d'acquisition élevé
constitue un facteur limitant son accessibilité aux transformatrices.
Certaines transformatrices évoquent comme contrainte la consommation
élevée en bois. Mais l'analyse des données montre que
cette contrainte que les transformatrices lient souvent au dispositif
amélioré d'étuvage serait en partie due au type de foyer
qu'elles utilisent. En effet, la plupart des transformatrices utilisent un
foyer constitué de trois pierres. Il en résulte donc une perte
considérable en énergie lors de l'étuvage et par
conséquent une consommation élevée en bois
Les résultats obtenus montrent aussi que plusieurs
acteurs sont impliqués dans la vulgarisation du dispositif. Il s'agit
des ONGs locales (RABEMAR, Castor Appuis-conseil et
Un Monde) appuyées par les ONGs internationales VECO et
Helvétas ; le CeCPA Glazoué appuyé par le PSSA et le PADSA
; le CPAC et l'UNIRIZ-C appuyés par l'ONG internationale Oxfam
Québec. Toutefois, il n'existe pas une synergie d'action entre ces
derniers. Ainsi, on note sur le terrain que plusieurs acteurs donnent la
même formation à un même groupement alors que dans le
même temps, il existe dans le village des groupements dont les membres
n'ont jamais été formés. Aussi, tous les acteurs ont-ils
choisi les groupements des riziculteurs existant dans les villages comme canal
d'introduction du dispositif. La réussite de cette option est tributaire
du bon fonctionnement des groupements qui doivent jouer le rôle de
relais. Mais le constat est que, la plupart de ces groupements ne sont
représentés que par leurs leaders. La notion du bien collectif a
déserté le forum. Ainsi l'approche par organisation paysanne
choisie par les structures d'intervention constitue un biais dans le cas de la
diffusion du dispositif amélioré et montre que cette option n'est
pas une panacée, un modèle passe partout. Le mauvais
fonctionnement des groupements ne constitue pas la seule cause de ce biais.
L'autre raison est que dans la zone d'étude, il existe trois
catégories de transformatrices : les producteurs-transformateurs, les
collecteurstransformateurs et les grossistes-transformateurs. Seule une partie
des producteurstransformateurs sont membres des groupements. Or ces derniers
n'étuvent que de petites quantités de paddy. Ceci voudra dire que
la vulgarisation est jusque là orientée vers les petites
transformatrices mettant de coté les grandes transformatrices, les
professionnels en la matière.
L'utilisation de l'outil Enterprise Web a fait ressortir
certaines activités clés nécessaires pour l'adoption du
dispositif et qui jusque là n'ont pas encore été pris en
compte par les structures d'intervention. Il s'agit de la formation des
meuniers et de l'approvisionnement des transformatrices en crédit non
seulement pour l'achat du dispositif mais aussi pour le paddy surtout en
période d'abondance. Par ailleurs, nous avons remarqué qu'il
n'existe pas de relation entre les artisans locaux formés pour la
duplication du dispositif et les transformatrices (utilisateurs potentiels) ;
conséquence, ces dernières n'ont pas souvent d'information sur le
lieu d'approvisionnement du dispositif et des modalités d'achat d'une
partie de l'ensemble (achat du bac uniquement par exemple) pouvant concourir
à la réduction du coût d'adoption.
Au vu des résultats de cette étude, il
apparaît recommandable de :
- renforcer la capacité fonctionnelle et organisationnelle
des groupements ;
- élargir la formation des transformatrices aux
non-membres des groupements ; - mettre en place un système de suivi des
formations ;
- avoir une synergie d'action entre les structures d'intervention
;
- faciliter l'accès des femmes transformatrices au
crédit non seulement pour l'acquisition du dispositif mais aussi pour
l'achat du paddy ;
- former les femmes à la construction de foyer
amélioré ;
- mettre les artisans locaux formés directement en
relation avec les transformatrices ;
- encourager la formation des artisans locaux tout en laissant le
soin du choix de ces derniers par les transformatrices ;
- initier la formation des meuniers à la maîtrise du
réglage de la décortiqueuse ; - combiner les formations par des
informations sur les chaînes de radio locale.
ABSTRACT
This study aims to analyze the determinants of the adoption of
improved parboiling equipment for paddy rice in Glazoué region.
The study consisted of a series of investigations led to
various scales: on the level of the transformers, consumers, traders and
various institutions which intervene in the promotion of the improved
parboiling equipment. The principal tools of collection and analysis of the
data are in conformity with the qualitative orientation of the subject.
However, it was essential for us to match the interpretation of our results by
quantitative information in order to concretize certain aspects.
The results obtained show that the improved parboiling
equipment contributes to improve the quality of rice which is well appreciated
by consumers (cleanliness of rice, taste, less broken and swells better during
cooking) and which is sold at a better price. The transformers agree on the
fact that the new equipment supports a fast drying, facilitates the transfer of
paddy after steaming and makes it possible to increase the yield after husking.
However, its relatively high cost limits its accessibility to the transformers.
Certain transformer also reported the high consumption of wood. But the
analysis of the data shows that this constraint, which the transformers link to
the improved parboiling equipment, would be partly due to the type of stove at
their disposal. Indeed, the majority of transformers use a stove made by three
stones. It thus results in a considerable loss in energy during steaming and
consequently high consumption of wood.
The results obtained also show that several actors are implied
in the diffusion of the parboiler. These include local NGOs (RABEMAR, Castor
appuis-conseils and Un Monde) supported by international NGOs VECO and
Helvétas; CeCPA Glazoué supported by the PSSA and the PADSA; the
CPAC and the UNIRIZ-C supported by international NGO Oxfam Quebec. However,
there is no synergy of action between these actors: several give the same
training to the same groups, whereas in some villages groups exist whose
members were never trained. Also, all the actors chose the existing rice
growers groups as a channel of diffusion of the parboiler. This skews the
diffusion of the parboiler, because in the zone of study there are three
categories of transformer: transformer-producers, transformer-collectors and
transformer-wholesalers. Only part of the transformer-producers is members of
the groupings. However, the producer-transformers steam small quantities of
paddy. This indicates that extension is oriented towards small transformers,
neglecting the large transformers.
The use of the Enterprise Web tool emphasized certain key
activities necessary for the adoption of the parboiler and which were not yet
taken into account by the intervening actors. These include the training of
millers and the provision of credit to transformers to purchase the parboiler
and the paddy, especially in period of abundance. In addition, we noticed that
there is no relation between the local artisans trained for the duplication of
the parboiler and the transformers (potential users). This will be necessary to
establish an effective local network.
At the end of this study, it appears advisable:
- to reinforce the functional and organizational capacity
groupings;
- to widen the formation of transformer with the non-members of
the groupings;
- to grant credit the women not only for the acquisition of the
parboiler but also for the purchase of paddy;
- to train the women with the construction of improved stove;
- to connect the local artisans trained directly with the
transformers;
- to encourage the training of the local artisans;
- to initiate the training of the millers to the control of the
adjustment of the mills;
- to combine the training by information on the local radio
station.
TABLE DES MATIERES
Pages
Certification i
Dédicace ii
Remerciements iii
Résumé iv
Abstract vii
Liste des tableaux xii
Liste des figures xii
Liste des photos xii
Liste des abreviations xiii
1. Introduction générale 1
1.1. Introduction 1
1.2. Problématique et justification 3
1. 3. Objectifs de recherche 6
1.3.1. Objectif principal 6
1. 3. 2. Objectifs spécifiques 6
1.4. Les questions de recherche 7
2. Cadre conceptuel et théorique 8
2.1. Cadre conceptuel 8
2.1.1. Innovation technologique 8
2.1.2. Adoption et diffusion des innovations 9
2.1.3. La perception humaine 12
2.1.4. Comportement et changement de comportement 13
2.1.5. Concept d'organisation paysanne 15
2.2. Revue des théories sur l'adoption et la diffusion
des innovations 15
3. Méthodologie de recherche 21
3.1. Sources de données 21
3.1.1. La documentation 21
3.1.2. Champ de l'étude 21
3.2. Echantillonnage 22
3.2.1. Choix de la zone d'étude 22
3.2.2. Choix des villages d'étude 22
3.2.3. Choix des unités de recherche 22
3.3. Différentes phases de déroulement de
l'enquête 24
3.3.1. Phase exploratoire 24
3.3.2. Phase d'enquête approfondie 25
3.4. Méthodes et Outils de collecte des données
25
3.4.1. Observations participantes 25
3.4.2. Les entretiens 25
3.4.2.1. Entretiens non structurés 25
3.4.2.2. Entretiens semi-structurés 26
3.4.2.3. Entretiens structurés 26
3.4.3. La triangulation 26
3.5. Données collectées 27
3.6. Méthodes et outils d'analyse des données
27
3.6.1. La comparaison 27
3.6.2. Les citations 28
3.6.3. Enterprise Web 28
4. Présentation du milieu d'etude 31
4.1. Présentation de la commune de Glazoué 31
4.1.1. Milieu physique 31
4.1.2. Milieu humain 34
4.1.3. Activités économiques 34
4.2. Présentation du village de Magoumi 37
4.2.1. Milieu physique 37
4.2.2. Milieu humain 37
4.2.3. Activités économiques 39
4.3. Présentation du village de Kpakpaza 40
4.31. Milieu Physique 40
4.3.2. Milieu Humain 40
4.3.3. Activités économiques 41
4.4. Présentation du village de
Ouèdèmè 42
4.4.1. Milieu physique 42
4.4.2. Milieu humain 42
4.4.3. Activités économiques 43
5. La riziculture dans la zone d'étude 44
5.1. Introduction 44
5.2. La production du riz 44
5.2.1. Préparation du sol 44
5.2.2. Le semis 45
5.2.3. L'entretien 45
5.2.4. La fumure minérale 46
5.3. Les opérations de récolte 47
5.3.1. La coupe 47
5.3.2. Le battage 48
5.3.2.1. Dispositions pré battage 48
5.3.2.2. Technique de battage du riz 48
5.3.3. Le vannage 49
5.3.4. Le séchage du riz paddy 49
5.4. La transformation du riz paddy 50
5.4.1. L'étuvage du riz paddy 50
5.4.1.1. Dispositif et méthode traditionnelle
d'étuvage 51
5.4.1.2. Dispositif et méthode améliorée
d'étuvage 53
5.4.2. Le décorticage du riz paddy 58
5.4.2.1 Le décorticage manuel 58
5.4.2.2. Le décorticage mécanique 58
5.5. La commercialisation du riz local 59
5.6. Conclusion partielle 63
6. Perception paysanne de la qualité du riz
étuvé avec le dispositif amelioré 64
6.1. Introduction 64
6.2. Critères endogènes d'appréciation du
riz et leur hiérarchisation 65
6.2.1. Critères d'appréciation du riz crû et
leur hiérarchisation 65
6.2.1.1. Critères d'appréciation du riz crû
65
6.2.1.2. Hiérarchisation des critères
d'appréciation du riz crû 68
6.2.2. Critères d'appréciation du riz cuit et leur
hiérarchisation 69
6.2.2.1. Critères d'appréciation du riz cuit 69
6.2.2.2. Hiérarchisation des critères
d'appréciation du riz cuit 70
6.3. Appréciation du riz étuvé avec le
dispositif amélioré 72
6.4. Conclusion partielle 74
7. Perceptions paysannes des caractéristiques du
dispositif amelioré 75
7.1. Introduction 75
7.2. Perception des atouts du dispositif. 76
7.2.1. Innovations paysannes liées au dispositif
amélioré 77
7.2.2. Bonne qualité du riz obtenu 78
7.2.3. Le séchage rapide 80
7.2.4. Transvasement facile 81
7.2.5. La grande capacité du bac 81
7.3. Perception des contraintes liées au dispositif
82
7.3.1. Coût d'acquisition du dispositif
élevé 82
7.3.2. Fuite de vapeur 83
7.2.3. Consommation en bois 83
7.3.4. Le séchage difficile 83
7.4. Conclusion partielle 84
8. Acteurs, interfaces et organisation de la vulgarisation 85
8.1. Introduction 85
8.2. Acteurs et interfaces 85
8.2.1. Le gouvernement 85
8.2.2. Les ONG 86
8.2.3. Les organisations paysannes 88
8.3. Organisation de la vulgarisation 89
8.3.1. Sélection des villages appropriés 91
8.3.2 Sélection et formation des transformatrices 91
8.3.3. Formation des artisans locaux 96
8.3.4. Formation des meuniers 97
8.3.5. Relations et communication entre acteurs 98
8.3.5.1. Relations entre les ONGs locales, les organisations
paysannes et le CeCPA 99
8.3.5.2. Relations entre les artisans locaux et les
transformatrices 100
8.3.5.3. Relations entre les Meuniers et les transformatrices
100
8.3.6. La micro finance 101
8.4. Conclusion partielle 101
9. Conclusion générale et suggestions 103
9.1. Conclusion générale 103
9.2. Suggestions 105
10. Références bibliographiques 108
LISTE DES TABLEAUX
Pages
Tableau 1: Classification des transformatrices par
catégorie 23
Tableau 2: Répartition des 30 transformatrices
sélectionnées par village 24
Tableau 3: Evolution de la production rizicole dans les Collines
en tonne (1998-2003) 35
Tableau 4: Effectif du cheptel par espèce dans la commune
de Glazoué en 2004 36
Tableau 5: Données démographiques du village de
Magoumi (2002) 39
Tableau 6: Structure de la population de Kpakpaza en 2002 41
Tableau 7: Données démographiques du village de
Ouèdèmè (2002) 43
Tableau 8: Exemples d'adventices redoutables 45
Tableau 9: Comparaison des deux dispositifs d'étuvage du
riz 54
Tableau 10: Avantages et inconvénients des deux
dispositifs du riz paddy. 55
Tableau 11: instruments de vente du riz 62
Tableau 12: Classification des critères
d'appréciation du riz cargo 68
Tableau 13: Hiérarchisation des critères
d'appréciation du riz cuit 71
Tableau 14: Appréciation du riz cargo 72
Tableau 15: Appréciation du riz cuit 73
Tableau 16: Test d'absorption d'eau du riz cargo (pour 100 g)
74
Tableau 17: Avantages liés à l'utilisation du
dispositif amélioré d'étuvage 76
Tableau 18: Contraintes liées au dispositif
amélioré 82
Tableau 19: Notes d'évaluation du fonctionnement des
groupements 93
LISTE DES FIGURES
Pages
Figure 1: Modèle de changement de comportement 14
Figure 2: Forme générique d'un Enterprise Web 29
Figure 3: Carte de la zone d'étude 32
Figure 4 : Histogramme des hauteurs annuelles cumulées de
pluie à Glazoué (1996-2005) 33
Figure 5: Diagramme technologique pour l'étuvage
traditionnel du riz paddy 52
Figure 6 : Circuit de commercialisation du riz local 61
Figure 7: Moulin de Royen 89
Figure 8: Enterprise Web pour le dispositif
amélioré d'étuvage 90
Figure 9: Schématisation du cluster dans l'étuvage
amélioré 99
LISTE DES PHOTOS
Pages
Photo 1: dispositif composé de deux démis
fûts 54
Photo 2: Dispositif composé de marmite et d'un bac
d'étuvage (modèle intermédiaire) 56
Photo 3: Dispositif composé de marmite et d'un bac
d'étuvage (modèle amélioré) 56
Photo 4: Décortiqueuse de type Engelbert 59
Photo 5: Récipient troué pour l'étuvage
(innovation de Madame AS) 78
LISTE DES ABREVIATIONS
ADRAO : Association pour le Développement de la
Riziculture en Afrique de l'Ouest
ASF : Association des Services Financiers
BIDOC : Bibliothèque Centre de Documentation
CBF : Consortium Bas-fond
CCR : Comité de Concertation sur le Riz
CDIAB : Centre de Documentation et d'Information sur
l'Agriculture Biologique
CeCPA : Centre Communal de Promotion Agricole
CLCAM : Caisse Locale de Crédit Agricole Mutuel
CPAC : Consortium pour la Professionnalisation de l'Agriculture
dans les Collines
CREP : Caisse Rurale d'Epargne et de Prêt
DPP : Direction de la Programmation et de la Prospective
FAO : Food and Agriculture Organisation
FSA : Faculté des Sciences Agronomiques
IITA : International Institut of Tropical Agriculture
INRAB : Institut National des Recherches Agricoles du
Bénin
INSAE : Institut Nationale de Statistique et d'Analyse
Economique
LARES : Laboratoire d'Analyse Régionale et d'Expertise
Sociale
MAEP : Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la
Pêche
MDR : Ministère du Développement Rural
NERICA : New Rice For Africa
OBEPAB : Organisation Béninoise pour la Promotion de
l'Agriculture Biologique
ONASA : Office National pour la Sécurité
Alimentaire
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PADSA : Programme d'Appui au Développement du Secteur
Agricole
PIB : Produit Intérieur Brut
PSSA : Programme Spécial pour la Sécurité
Alimentaire
PTAA : Programme Technologies Agricoles et Alimentaires
RABEMAR : Recherche et Action pour le Bien Etre de la Masse
Rurale
RGPH : Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
SDDAR : Schéma Directeur de Développement Agricole
et Rural
UAC : Université d'Abomey-Calavi
UDP : Union Départementale des Producteurs
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africain
UNIRIZ-C : Union des Riziculteurs des Collines
VECO : Vredeseilanden Country Office
WARDA : West African Rice Development Association
PILSA : Projet d'Intervention Locale pour la
Sécurité Alimentaire
1. INTRODUCTION GENERALE
1.1. Introduction
Le Bénin est un pays dont l'économie repose
essentiellement sur le secteur agricole. Le secteur primaire a contribué
en moyenne pour 37% à la formation du Produit Intérieur Brut
(PIB) sur la période 1994-2003. Celui-ci constitue aujourd'hui
près de 36% du PIB, 88% des recettes d'exportation et emploie 70% de la
population active (INSAE, 2005). Le pays dispose en outre d'un fort potentiel
de production agricole. La population agricole est estimée à 3,2
millions d'habitants dont 51% de femmes selon le troisième "Recensement
Générale de la Population et de l'Habitat" (RGPH3) (INSAE, 2002).
La plupart des agriculteurs béninois pratique la polyculture. Cependant,
les exportations sont dominées par la culture du coton dont les
perspectives sont assombries par la crise de la filière au niveau
national. Cette crise est liée notamment à la baisse des cours du
coton sur le marché international due en partie par les subventions des
pays développés à leurs cotonculteurs.
En effet, La filière coton demeure l'activité
dominante, représentant à elle seule 13% du PIB, 35% des
rentrées fiscales, 85% des recettes d'exportation et 77% des
exportations totales en 1999 (MAEP, 2005). En 2001, les ventes de coton ont
constituées 90% de la valeur, ou 80% du volume des exportations de
produits agricoles, les autres cultures de rente étant formées
notamment par les noix de cajou puis les graines de karité (Hounhouigan,
2006).
Une des difficultés de l'activité agricole au
Bénin, principalement dans le centre du pays, réside dans la
pauvreté des sols et les problèmes liés à la
pression foncière. Cette pression foncière conduit les
agriculteurs à s'orienter vers des cultures à forte valeur
ajoutée au nombre desquelles figure le riz. Cependant, si l'on analyse
aujourd'hui la nature de la disponibilité alimentaire du riz, le
Bénin reste déficitaire malgré son fort potentiel de
production sur pratiquement tout le territoire. C'est pourquoi dans son
Schéma Directeur de Développement Agricole et Rural (SDDAR)
adopté en 2001, le gouvernement béninois s'est fixé comme
priorité, la diversification des productions agricoles qui constitue
l'un des quatorze plans d'actions retenus. Ainsi, au plan politique, la
diversification agricole prônée par l'Etat accorde
désormais une place de choix à la culture du riz dont la relance
est devenue indispensable dans le cadre de la substitution aux importations.
C'est ce qui explique l'existence d'un plan national de relance de la
production rizicole élaboré avec l'appui technique et financier
de l'organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO).
Le riz a pris un caractère stratégique en raison de son
importance
croissante dans la consommation nationale et dans les
échanges avec certains pays voisins, ainsi que des possibilités
de conquête que lui offre le marché des pays de l'UEMOA qui
importent annuellement 1.343.370 tonnes de riz (MAEP, 2005).
Les réformes dans la filière riz ont
consisté à la réalisation des micro-aménagements
puis au développement et à l'introduction en milieu rural de
variétés améliorées. Ces mesures de politique
agricole ont porté leurs fruits dans la mesure où la production
rizicole du pays ne cesse de croître depuis le milieu des années
90 (environ 14,6 % par an); grâce en grande partie à
l'augmentation des superficies et des rendements. Mais, si les paysans
maîtrisent les itinéraires techniques de production, les aspects
post-récolte sont souvent occultés (WARDA, 2005).
La transformation du riz apparaît comme une
opération importante et stratégique pour le développement
globale de la filière riz. L'étuvage occupe une place importante
parmi les opérations post-récolte du riz paddy.
L'opération consiste à ré-humidifier, à
pré-cuire et à sécher les grains paddy, avant leur
décorticage. Ce qui apporte des modifications physicochimiques et
organoleptiques avantageuses du point de vue nutritionnel et économique
(Gariboldi, 1986). « Au Bénin, les techniques d'étuvage
traditionnellement pratiquées par les transformatrices ne permettent pas
touj ours d'obtenir du riz de bonne qualité répondant au
goût des consommateurs » (Houssou, 2002).
Afin d'améliorer la technique d'étuvage, pour
obtenir un riz de meilleure qualité après décorticage, le
Programme Technologies Agricoles et Alimentaires (PTAA) de l'Institut National
des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) en collaboration avec le
Centre du Riz pour l'Afrique (ADRAO) et Sassakawa Global 2000 ont introduit un
nouveau dispositif d'étuvage. Ce nouveau dispositif vise à
améliorer de façon quantitative et qualitative le rendement du
riz produit localement tout en maintenant ses qualités organoleptiques
et sa valeur marchande.
Le nouveau dispositif d'étuvage a fait l'objet de
multiples études relatives particulièrement à ses
performances techniques et économiques. Cependant, très peu
d'auteurs se sont intéressés à l'étude de
l'organisation sociale de l'étuvage, des relations existant entre les
différents acteurs du processus d'étuvage et des modes de
diffusion de ce dispositif.
C'est pour répondre à ces préoccupations
que dans le cadre de nos travaux de recherche de fin de formation à la
Faculté des Sciences agronomiques (FSA) de l'Université
d'Abomey-Calavi (UAC) que nous avons choisi de nous pencher
sur le thème : Analyse des déterminants de l'adoption et de la
diffusion du dispositif amélioré d'étuvage du riz dans la
commune de Glazoué, Département des Collines (Bénin).
1.2. Problématique et justification
Considéré par le passé comme aliment de
luxe, donc consommé seulement lors des fêtes et manifestations
spéciales, le riz est progressivement entré dans les habitudes
alimentaires au Bénin où d'importantes quantités sont
importées chaque année en vue de satisfaire les besoins de
consommation. La consommation du riz par tête et par an est
estimée à 6 à 20 kilogrammes en zone rurale et à 10
à 30 kilogrammes en zone urbaine (Adégbola et al., 2003).
Selon les estimations de la FAO en 1997, la production du riz blanc (riz
décortiqué) était de 18000 tonnes au Bénin tandis
que les quantités importées s'élevaient à 56000
tonnes. D'autres estimations indiquent que ces importations ont atteint 71200
tonnes en 1999 (FAO, 1999), et 72066 tonnes en 2001 (INSAE, 2001). Ces
estimations montrent le faible taux de couverture des besoins de consommation
par la production nationale. La production du riz est donc devenue un enjeu
majeur pour l'autosuffisance alimentaire au Bénin.
La filière riz est prioritaire en termes
d'investissements et de développement à cause non seulement de la
nécessité de répondre aux objectifs de
sécurité alimentaire et d'améliorer la balance des
paiements, mais aussi pour permettre au pays de faire face à
l'accroissement continu de la demande intérieure en riz, et de valoriser
ses avantages comparatifs dans la sous région. En effet, le Bénin
dispose d'un potentiel non négligeable pour la production du riz. Selon
MAEP (2005) les ressources en eau du pays sont estimées à plus de
13 milliards de mètres cubes ; les ressources en terres irrigables
évaluées à 322 000 hectares (117 000 ha de plaines
inondables et vallées et 205 000 ha de bas-fonds) auxquelles s'ajoutent
les terres de plateau pour le riz pluvial.
Le Bénin à l'instar des autres pays de l'Afrique
de l'Ouest a consenti d'énormes ressources pour augmenter la production
nationale dans le but de couvrir la consommation intérieure et
d'exporter le riz produit localement, en vue de rapporter des devises
importantes pour la nation (Adégbola, 2005). Dans ce cadre, les mesures
de politique agricole ont porté leurs fruits puisque la production
rizicole n'a cessé de croître depuis le milieu des années
90 grâce en partie à l'augmentation des superficies et des
rendements. En effet, la production rizicole qui n'a jamais
dépassé la barre des 20000 tonnes par an jusqu'en 1995 (ONASA,
1999) a progressivement augmenté pour atteindre une
valeur de 52441 tonnes en 2000 (DPP /MDR, 2000), 64700 tonnes en 2004 et en
2005 (DPP/MAEP, 2005 ; Abiassi et Eclou, 2006 ; FAO, 2006). Cette performance
de la politique de relance de la filière riz est due à la
réalisation de micro-aménagements (Adégbola et Sodjinou,
2003) et aussi au développement et à l'introduction en milieu
rural de nouvelles variétés plus productives dont les
variétés dénommées "New Rice For Africa" (NERICA)
mise au point par le Centre du Riz pour l'Afrique (ADRAO)1.
Cependant, le riz localement produit n'est pas encore
compétitif sur le marché local même si les études de
Adégbola et al. (2004) montrent que le Bénin dispose
d'avantage comparatif à la production locale du riz. Le Bénin n'a
pas encore réussi à transformer son avantage comparatif en
avantage compétitif.
En effet, selon CCR (2004) les consommateurs béninois
choisissent leur riz principalement en fonction de la propreté, de
l'arôme et du faible taux de brisures. Ces déterminants de choix
constituent autant de critères de préférence qui tendent
à favoriser la demande du riz importé au détriment du riz
local. Aussi, une étude réalisée par l'Union
Départementale des Producteurs (UDP) Mono-Couffo en collaboration avec
le Laboratoire d'Analyse Régionale et d'Expertise Sociale (LARES) en
2003, a-t-elle permis de mettre en exergue quelques facteurs
déterminants du choix du type de riz (local ou importé) sur les
marchés de Cotonou. Cette étude a, en particulier, permis de
comprendre que :
- au niveau des commerçantes, l'achat et la vente de
riz local constituent une question d'opportunité en termes de marge
bénéficiaire, mais également de clientèle exigeante
;
- le riz local semble jouir d'une mauvaise réputation
au point que certaines commerçantes usent de stratégies propres
à elles (par exemple : utilisation d'emballage de riz importé)
pour vendre le riz local ;
- aussi bien les commerçantes que les consommateurs
évoquent la présentation du produit sur le marché, les
qualités physiques (taux d'impureté, taux de brisure), les
caractéristiques organoleptiques (arôme, goût), les
caractéristiques de cuis son (capacité de gonflement,
caractère collant) du riz local comme des facteurs limitant leur
consommation et par conséquent leur écoulement sur le
marché.
Selon Houssou (2002), Amoussou et Houssou (2003) et CCR (2004)
le riz local décortiqué comporte beaucoup de matières
étrangères et un taux de brisure très élevé
à cause de la mauvaise conduite des opérations
post-récolte notamment le séchage et l'étuvage. En
1 Voir liste des variétés NERICA en annexe1
effet, selon Houssou (2005), au Bénin la méthode
traditionnelle d'étuvage du paddy qui est jusque-là
pratiquée par les transformatrices n'est pas performante et ne favorise
pas l'obtention d'un riz de qualité meilleure. Selon Houssou (2002), la
qualité du produit final obtenu avec la méthode traditionnelle
d'étuvage reste inadaptée au goût des consommateurs, car il
a souvent une couleur un peu terne. On note aussi la présence de grains
brûlés et un taux de brisure d'environ 20%. Selon ce même
auteur, cette mauvaise qualité est souvent due, d'une part au mauvais
triage et lavage du paddy et, d'autre part, à l'inadéquation de
la précuisson (mauvaise estimation de la quantité d'eau de
cuisson), qui fait que le riz au fond de la marmite cuit plus qu'il ne faut ou
se carbonise. Ainsi donc, selon Broutin (2001) peu d'efforts sont encore
consentis par les transformateurs pour améliorer la qualité du
riz usiné localement alors que ces efforts sont nécessaires pour
concurrencer le riz importé dont la présentation et la
propreté sont de meilleure qualité.
Dès lors, le développement et l'introduction de
nouvelles techniques de traitement post-récolte notamment
d'étuvage reste une bonne option pour améliorer la qualité
du riz local et le rendre plus compétitif. C'est dans cette optique que
le dispositif amélioré d'étuvage du riz a
été conçu par l'INRAB-PTAA en 2000 puis
amélioré avec la collaboration de l'ADRAO et de Sassakawa Global
2000 en 2005 et testé en « milieu paysan » afin
d'évaluer ses performances techniques par rapport au dispositif
traditionnel d'étuvage. Le dispositif amélioré
d'étuvage est composé d'une marmite en fonte d'aluminium et d'un
bac d'étuvage (récipient en forme de seau dont le fond et le
quart inférieur du pourtour sont perforés).
Les avantages du dispositif amélioré
d'étuvage ont été étudiés par Houssou (2005)
et WARDA (2005). A l'issue des essais, le dispositif amélioré
s'est révélé plus performant que le dispositif
traditionnel d'étuvage. Le riz obtenu avec le dispositif
amélioré d'étuvage est qualitativement et quantitativement
meilleur. Le dispositif contribue à la réduction du taux de
brisure qui passe de 24% environ pour la méthode traditionnelle (MT)
à moins de 15% pour la méthode améliorée (MA).
Aussi, le rendement du riz à l'usinage s'est amélioré et
est passé d'environ 64% pour MT à plus de 70% pour MA.
Cependant, les performances techniques de l'innovation ne
suffisent pas pour justifier sa pertinence et garantir ses chances d'adoption.
Les paysans, loin d'être de simples récepteurs de technologie
doivent être considérés comme des acteurs, qui, face
à leurs conditions propres, endogènes et exogènes,
répondent avec patience aux sollicitations des " développeurs"
(Adégbidi, 1992). Ainsi, il est important de connaître les
facteurs qui interviennent dans le processus de diffusion des innovations
depuis leur développement
jusqu'à leur adoption finale : les besoins, la
structure d'intervention ou de promotion de l'innovation, le système
social et ses membres, les adoptants potentiels, l'innovation même, sa
genèse et sa promotion (Van Den Ban, 1994). Voila autant de facteurs
qu'il faudra prendre en compte pour pouvoir mieux orienter la diffusion d'une
innovation.
Le présent travail s'inscrit dans ce cadre. De
manière spécifique, cette étude s'intéresse aux
déterminants de l'adoption et de la diffusion du dispositif
amélioré d'étuvage au Centre du Bénin. Elle vise
à contribuer à la connaissance de l'organisation sociale de
l'étuvage du riz et des relations existant entre les différents
acteurs intervenant dans la promotion du riz étuvé afin d'avoir
des informations utiles et nécessaires pouvant permettre de
déterminer les stratégies de dissémination du dispositif
amélioré d'étuvage du riz à adopter dans le
milieu.
Cette étude a l'avantage de présenter de
manière qualitative, les appréciations faites par les populations
locales sur la qualité du riz étuvé avec les
méthodes améliorées d'étuvage. La pertinence de
cette étude se situe à deux niveaux. Premièrement, les
nouvelles méthodes d'étuvage qui ont déjà fait leur
preuve en expérimentation sont à leur début de diffusion
au niveau des transformatrices. Dans un second temps, en raison de l'importance
de plus en plus croissante accordée à la nouvelle méthode
d'étuvage et la demande d'information sur les stratégies de
diffusion de cette technologie, une étude sur les déterminants de
l'adoption et de la diffusion du dispositif amélioré
d'étuvage s'avère nécessaire.
1. 3. Objectifs de recherche
1.3.1. Objectif principal
L'objectif principal de cette étude est d'analyser les
facteurs qui déterminent l'adoption et la diffusion du dispositif
amélioré d'étuvage du riz.
1. 3. 2. Objectifs spécifiques
De manière spécifique, cette étude vise
à :
O1- Identifier les acteurs ou groupes d'acteurs intervenant dans
la promotion du riz étuvé et analyser les relations qu'ils
entretiennent entre eux.
O2- Analyser la perception des populations locales de la
qualité du riz étuvé avec le dispositif
amélioré d'étuvage.
O3- Analyser les perceptions des acteurs sur les atouts et les
contraintes du dispositif amélioré d'étuvage du riz.
O4- Analyser l'organisation sociale de l'étuvage du
riz
O5- Analyser les déterminants socio-institutionnels
susceptibles de favoriser ou d'entraver l'adoption du dispositif
amélioré d'étuvage.
1.4. Les questions de recherche
Les questions auxquelles notre travail se chargera de
répondre sont les suivantes.
1 : Quels sont les acteurs impliqués dans la promotion du
riz étuvé ? Quels sont les objectifs/stratégies de chaque
catégorie d'acteurs ?
2 : Les populations locales sont-elles satisfaites de la
qualité du riz étuvé avec le dispositif
amélioré ?
3 : Comment les acteurs perçoivent-ils les
caractéristiques de l'innovation ?
4 : Quel est le dispositif organisationnel mis en place pour
favoriser l'adoption de l' innovation ?
2. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
2.1. Cadre conceptuel
Dans cette partie nous ferons la revue des points de vues des
auteurs sur les concepts comme : l'innovation technologique, l'adoption et la
diffusion des innovations, la perception humaine, le comportement et le
changement de comportement et le concept d'organisation paysanne.
2.1.1. Innovation technologique
Plusieurs auteurs ont défini le concept innovation
technologique selon leur perception. Ainsi, selon Rogers (1983) et Van Den Ban
(1994), une innovation est une idée ou un objet perçu comme
nouveau par un individu ou un groupe social à un moment donné.
Selon Greenwald (1984), l'innovation est un concept pragmatique. Elle a trait
à l'insertion de quelque chose de nouveau dans les activités du
monde réel. Les innovations sont généralement
censées conduire à une progression et, par conséquent
à une amélioration du moins dans l'esprit de l'innovateur.
L'innovation en économie, selon Adégbidi (1992), signifie l'une
des trois choses suivantes :
- la mise en oeuvre de changement dans la production, c'est
à dire de changement dans la fonction de production ;
- l'introduction de nouveaux types de marchandises sur le
marché, c'est à dire l'application de nouvelles fonctions d'offre
;
- l'introduction de changement de procédure sur les
marchés ou l'ensemble de l'économie, c'est à dire une
réforme sociale.
Dans l'histoire de la pensée économique,
l'analyse de l'innovation, reste associée au nom de l'Autrichien
Schumpeter qui, dans ses théories du développement
économique, soutient que l'innovation est l'essence du
développement économique (Greenwald, 1984).
Si le point de vue ci-dessus exposé s'est plutôt
focalisé sur l'aspect pragmatique de l'innovation, il faut
reconnaître que c'est Adams (1982) qui fait d'abord remarquer qu'une
innovation est en fait une idée ou un objet perçu comme nouveau
par un individu. Pourtant cette perception peut exister au niveau d'un groupe
social. Partant de son point de vue, Adams (1982) suggère qu'une
innovation peut être classée en innovation technique ou en
innovation sociale. C'est dans la première catégorie qu'on classe
souvent les innovations agricoles en l'occurrence les techniques
post-récolte comme la nouvelle méthode d'étuvage du riz.
En
effet, cette innovation entraîne des modifications
techniques dans le processus d'étuvage. La pré-cuisson du riz
paddy se fait à la vapeur contrairement à celle de la
méthode traditionnelle qui se fait dans l'eau. Ainsi, l'étape de
l'égouttage après pré-cuisson n'est plus
nécessaire. Aussi, avec les méthodes améliorées
d'étuvage, le séchage du riz paddy après étuvage ne
se fait plus seulement au soleil mais également à l'ombre.
2.1.2. Adoption et diffusion des innovations
L'adoption d'une innovation est une décision permettant
la pleine utilisation d'une idée nouvelle comme seule voie favorable
pour résoudre un problème (Rogers, 1983). Cette définition
montre que l'adoption est consécutive à une prise de
décision, mais elle n'indique pas le siège de ce processus de
prise de décision. Ainsi, selon Van Den Ban et al. (1994)
l'adoption est un processus mental qui commence depuis le premier contrat de
l'individu avec l'innovation, jusqu'à l'étape de rejet ou
d'acceptation. A partir de cette définition, les chercheurs ont
conceptualisé l'adoption comme étant un processus qui se produit
dans le temps et qui consiste en la série d'actions. Roger (1983) et
Adams (1982) ont distingué cinq phases dans cette série :
- la connaissance qui est la phase d'information ;
- la phase d'intérêt où l'individu
développe une envie active à avoir plus d'information sur
l'innovation ;
- la phase d'évaluation où l'individu compare
l'innovation aux pratiques existantes et ses exigences à sa situation
actuelle ;
- la phase d'expérimentation où l'individu essaie
l'innovation à petite échelle pour voir de façon pratique
ses performances et
- la phase d'adoption où l'individu utilise de
façon continue et à grande échelle l'innovation avec
satisfaction.
Selon Rogers (1983) la diffusion est le processus par lequel
une innovation est communiquée dans le temps à travers certains
canaux parmi les membres d'un système social. C'est un type particulier
de communication dans lequel les messages concernent de nouvelles idées.
La diffusion d'une innovation dépend donc de quatre
éléments : l'innovation, les canaux de communication, le temps et
le système social.
i) L 'innovation technologique
Selon Van Den Ban (1984) la vitesse de diffusion des innovations
dépend de la manière dont elles sont perçues par les
agriculteurs. Cette vitesse ne dépend pas des
caractéristiques de l'innovation mais de la
manière dont ces caractéristiques sont perçues (Rogers,
1983). Les principales caractéristiques de l'innovation prises en compte
par Rogers (1983) repris par Van den Ban et al. (1994) sont : la
pertinence, la compatibilité, la complexité, la
divisibilité et la transparence.
1- La pertinence est perçue
par l'adoptant comme étant le niveau de profit qu'il pourra tirer d'une
innovation. Cette attitude conduit le paysan à se demander si
l'innovation apportée permet de mieux att eindre ses objectifs et
à moindre coût qu'auparavant. La pertinence s'exprime
habituellement donc en terme de profit économique, quoique les paysans
de subsistance accordent beaucoup plus d'importance à l'évitement
des risques ; c'est-à-dire que l'on comparera les avantages en cas de
réussite aux inconvénients en cas d'échec. Deux
éléments sont donc à retenir dans cette comparaison
à savoir, les valeurs attendues et, la probabilité que ces
valeurs (positives ou négatives) se produisent ; autrement dit le risque
c'est-à-dire, la certitude ou l'incertitude d'atteindre le but
visé. En conséquence, il se peut qu'une solution très
positive et dont la probabilité de réussite est relativement
grande, ne soit pas prise en considération si les effets négatifs
prévisibles en cas d'échec sont particulièrement
graves.
2- La compatibiité : c'est
la mesure dans laquelle le paysan perçoit l'innovation comme conforme
à ses objectifs de gestion tant au niveau technologique qu'au stade de
développement de son exploitation. Autrement dit, c'est le degré
par lequel une innovation est perçue comme étant en harmonie avec
les valeurs existantes (valeurs socioculturelles et croyances), les
expériences passées et les besoins des adoptants potentiels.
3- La complexité : elle
détermine jusqu'à quel point les paysans comprennent l'innovation
et pensent qu'ils peuvent s'en servir. C'est donc le degré pour lequel
une innovation est comprise comme difficile à comprendre et à
être utilisée. Les innovations comprises par la plupart des
membres du système social seront rapidement adoptées
contrairement aux innovations qui obligent à développer des
habiletés et des compréhensions nouvelles.
4- La divisibiité est la
possibilité d'expérimentation de l'innovation avant son adoption
ou rejet définitif. Si le paysan est en mesure d'essayer l'innovation
sans dépenser irrémédiablement trop d'argent, il pourrait
l'adopter plus rapidement.
5- La transparence est la mesure
dans laquelle les paysans peuvent voir les résultats d'une innovation.
S'il est facile pour quelqu'un de voir les avantages d'une innovation, il est
aussi probable qu'il l'adoptera. Par ailleurs, une fois que les avantages d'une
innovation sont perçus
par un adoptant, ce dernier, au lieu de chercher à
cacher l'innovation aux autres membres de son système social, recherche
plutôt à informer ses collègues sur le bien fondé de
l'innovation afin que soit accéléré le processus de
diffusion.
Le dispositif amélioré d'étuvage est une
innovation observable et essayable. Cependant, la pertinence, la
compatibilité de l'innovation avec les normes socioculturelles et les
croyances de l'individu, et la complexité de l'innovation
dépendent de la perception de l'individu ; et, cette perception de
l'individu sur les caractéristiques de l'innovation, influence son
adoption et donc sa diffusion.
ii) Les canaux de communication
La communication peut être définie comme
étant le processus par lequel les acteurs créent et partagent une
information avec d'autres en vue de parvenir à une compréhension
mutuelle. La diffusion n'est pas fondamentalement différente de la
communication, ce n'est qu'un type particulier de communication dans laquelle
l'information échangée concerne des idées ou technologies
nouvelles. L'efficacité du transfert d'innovation ainsi que son
résultat dépendra donc du type de canal de communication
utilisé. La détermination des canaux de communication entre les
acteurs intervenant dans la diffusion du dispositif amélioré
d'étuvage s'avère donc nécessaire.
iii) Le temps
Le temps est un concept fondamental qui n'existe pas
indépendamment des événements mais qui est un aspect de
toute activité. La dimension du temps est un facteur important
impliqué dans le processus de diffusion des innovations (Ekong, 1988).
Ainsi, selon De Sardan (1995), on distingue plusieurs catégories
d'adoptant suivant le temps :
- l'innovateur qui est le premier à adopter une nouvelle
idée dans une communauté ;
- les adeptes précoces qui saisissent rapidement
l'innovation, l'essayent et l'adoptent si la phase d'essai est concluante ;
- la majorité précoce qui n'adopte une innovation
qu'après avoir été convaincu de sa valeur ;
- la majorité tardive qui n'adopte une innovation que si
elle a été acceptée par la communauté ;
- les adeptes tardives qui se caractérisent par leur
conservatisme.
La perception qu'un acteur a de l'innovation varie selon qu'il se
trouve dans l'une ou l'autre catégorie d'adoptant. C'est le rôle
de la vulgarisation d'en avoir conscience et de
savoir comment agir sur chaque acteur afin de le susciter
à changer de comportement. Il est donc important de connaître la
situation dans laquelle se trouvent les adoptants potentiels du dispositif
amélioré d'étuvage du riz afin de savoir les
stratégies de vulgarisation de cette innovation.
iv) Le système social
Un système social est défini comme un groupe
d'éléments engagés dans la résolution d'un
problème commun pour atteindre un même but (Van Den Ban et
al., 1994). C'est la frontière à l'intérieur de
laquelle les innovations sont diffusées. Les membres ou groupes du
système social peuvent être des individus, de simples groupes, des
organisations et/ ou des sous-systèmes qui se distinguent les uns des
autres.
2.1.3. La perception humaine
Bien que nous vivions dans le même monde, nous ne
percerons pas ses manifestations de façon similaire par nos organes de
sens, nous l'interprétons différemment. La perception est le
processus par lequel nous recevons des informations et des stimuli de notre
environnement et les transformons en des actes psychologiques conscients
(Lewin, 1996). Il n'est pas possible de comprendre la psychologie complexe de
la perception humaine, mais il est possible d'apprécier pourquoi les
personnes interprètent différemment leur entourage et comment ces
différentes perceptions influencent leur comportement. Tout comportement
individuel dans n'importe quelle situation repose non pas sur une
réalité, mais sur la réalité telle que
perçue et comprise par cet individu. Mon comportement à un moment
donné est fonction de la perception que j 'ai de mon environnement et de
soi à ce moment.
Nos perceptions sont subjectives et non absolues. Ainsi,
lorsque nous entrons dans une salle de cinéma, nous ne voyons d'abord
que l'écran et la lumière du projecteur. Après quelques
minutes, nous voyons ensuite les autres spectateurs (Van Den Ban et al.,
1994). En d'autres termes, notre perception de l'obscurité dans la
salle est relative à la qualité de lumière qu'il y a
dehors.
Nos perceptions sont aussi sélectives. « A tout
moment, nos sens reçoivent une multitude de stimuli de l'environnement
autour de nous. Nous voyons des objets, nous sentons des odeurs, entendons des
bruits etc. Malgré sa capacité à traiter une importante
quantité d'information, notre système nerveux ne peut pas
être conscient de tous les stimuli à la fois » (Van Den Ban
et al., 1994). Divers facteurs physiques ou psychologiques,
incluant
les attitudes, influencent la perception. Une connaissance de
ces facteurs permet d'attirer l'attention des personnes sur les aspects sur
lesquels on aimerait qu'ils réagissent.
La perception est organisée. Nous structurons nos
expériences sensorielles vers celles qui ont un sens pour nous. Notre
perception est directive. En effet nous percevrons ce que nous espérons.
Ainsi donc, la perception varie d'un individu à un autre dans la
même situation à cause de la différence entre nos styles
cognitifs. Notre perception des choses dépend des facteurs personnels
tels que notre tolérance pour les choses ambiguës, notre
degré d'autorisation, etc. (Lewin, 1996).
La perception humaine est un mécanisme très
individuel et subjectif. De l'environnement total, seuls les aspects conscients
ou inconscients perçus par l'individu peuvent influer son comportement
(Boom et Browers, 1990).
2.1.4. Comportement et changement de comportement
Le comportement se définit comme l'ensemble des
réactions d'un organisme qui agit en réponse à une
stimulation venue de son milieu intérieur ou du milieu extérieur
et observable objectivement (Van Den Ban et al., 1994).
Le comportement d'un individu n'est pas
déterminé par une seule cause, il résulte d'un ensemble de
facteurs très différents qui déterminent la situation au
cours d'une interaction dynamique de la personne et de son environnement. Selon
la théorie des champs, on peut définir cette interaction des
facteurs, de la personne et de son environnement comme un champ de forces, un
système en tension, à savoir un champ psychique. Seuls les
facteurs que l'individu perçoit ont une influence sur son comportement
(Van Den Ban et al., 1994).
Le changement de comportement s'explique directement à
partir de considération théorique du champ psychique
influencé par des forces positives ou négatives. Les forces qui
aident à atteindre un but positif sont dénommées des
forces d'impulsion, celles allant dans un sens négatif forces
d'inhibition. Le comportement est la résultante du champ de forces
psychiques dans lequel les forces d'impulsion et les forces d'inhibition
agissent avec plus ou moins d'intensité et crée un
équilibre ou un déséquilibre (Van Den Ban et al.,
1994). La figure 1 montre un modèle de changement de
comportement.
Phase 1
|
Phase2
|
Phase3
|
Comportement à différents
moments
|
Forces d'inhibition ? ? ? ??????
|
? ? ? ? ?
|
? ? ? ? ? ? ? ? ?
|
|
? ? ? ? ? ? ? ? ?
|
|
|
? ? ? ? ? ???? Force d'impulsion
|
? ? ? ? ? ? ?
|
Suppression de l'équilibre acquis
|
Progression vers un nouveau niveau d'équilibre
|
Considération du nouveau comportement
|
Perception du problème
|
Etape de réalisation
|
Résolution du problème ou rechute
|
Figure 1: Modèle de changement de comportement
Source : GTZ, 1987 : 88
Fonctionnement du modèle : l'équilibre
préexistant dans le champ psychique de l'individu peut être rompu
par l'apport de force d'impulsion et/ou retrait de force d'inhibition. Cet
équilibre perturbé doit évoluer vers un nouveau
comportement qui mérite d'être consolidé au risque d'une
rechute. Ainsi, il est possible lorsque cette phase n'est pas entretenu que
l'individu fasse volte-face après la prise de décision ; ce qui
explique les problèmes d'abandon après adoption. Il est donc
nécessaire de satisfaire aux conditions de mise en oeuvre de la
décision.
La mise en oeuvre et la confirmation constituent des phases
supérieures dans le processus d'adoption de l'innovation. A cette phase
trois conditions fondamentales doivent être remplies : la possession des
ressources nécessaires à la mise en oeuvre de l'innovation, la
maîtrise des techniques et la bonne organisation. C'est donc pour
supporter cette étape que la vulgarisation utilise parfois des moyens
tels que les subventions, les crédits, etc.
La modification du comportement échoue souvent parce
que certains facteurs n'ont pas été bien identifiés et
qu'ils ne peuvent pas être clairement classés comme forces
d'impulsion ou d'inhibition. L'identification de ces facteurs en ce qui
concerne l'utilisation du dispositif amélioré d'étuvage et
leur prise en compte faciliterait sa promotion.
2.1.5. Concept d'organisation paysanne
Selon Stewart (1986), une organisation paysanne est une
collection d'individu qui agissent et prennent des décisions ensemble
plutôt qu'individuellement. Cette action de prise de décision
collective doit viser une résolution de problèmes communs ou
l'atteinte d'objectifs communs. La notion d'organisation paysanne vise à
entraîner les paysans dans des actions collectives. L'exercice de ces
actions collectives amène les membres à être solidaire de
l'ensemble. La réussite des activités de l'organisation
dépend donc de la cohésion interne du groupe. La cohésion
interne traduit la cohésion et l'harmonie qui doivent exister à
l'intérieur des groupements.
Un obstacle à la cohésion, interne tient aux
dissensions entre membres d'un groupement. Ces dissensions peuvent provenir
soit de rivalités personnelles, soit de divergences
d'intérêts à l'intérieur d'un groupe
homogène, pour des raisons économiques, ethniques, religieuses ou
politiques. La solidarité constitue l'élément clé
de la cohésion interne des groupements et donc de la réussite des
actions collectives.
Le dispositif amélioré étant introduit
aussi au niveau des groupements, son adoption dépendra du bon
fonctionnement de ces groupements et de la cohésion interne de ces
derniers.
2.2. Revue des théories sur l' adoption et la
diffusion des innovations
Plusieurs théories ont été
développées pour appréhender les facteurs
déterminants l'adoption et la diffusion des paquets technologiques
développés en direction des paysans. Les premières
théories sont celles dites de "la diffusion des innovations" dont
l'auteur le plus connu sur ce paradigme est Everett. M. Rogers. Selon Rogers
(1983) l'adoption d'une innovation est perçu comme un processus
caractérisé par cinq phases que sont :
(1)- la connaissance : l'individu est exposé à
l'innovation et acquiert quelques notions sur son fonctionnement.
(2)- la persuasion : l'individu amorce une prise de position au
sujet de l'innovation.
(3)- la décision : l'individu s'engage dans des
activités lui permettant d'adopter ou de rejeter l' innovation.
(4)- la mise en oeuvre : l'individu utilise l'innovation au
quotidien et l'évalue.
(5)- la confirmation : l'individu tente d'obtenir des
informations venant renforcer son choix.
Pour Rogers, ce sont les caractéristiques de l'innovation,
telles quelles sont perçues par les individus, qui déterminent
son taux d'adoption. Cinq attributs caractérisent une
innovation : son avantage comparatif, sa comptabilité
avec les valeurs du groupe d'appartenance, sa complexité, la
possibilité de la tester, et sa visibilité. Rogers classe les
individus selon cinq profils types : les innovateurs, les premiers
utilisateurs, la première majorité, la seconde majorité et
les réfractaires. Ainsi donc, Rogers établit sa théorie
sur un ensemble de typologies dans le but de suivre l'évolution du taux
d'adoption (qui décrit une courbe en S), considéré comme
la variable descriptive essentielle de la diffusion. Ce classement des
adoptants en différentes catégories est intégré
dans le processus de diffusion sur une échelle de temps : le profil des
adoptants passerait d'un groupe restreint et marginal à un groupe plus
large d'adoptants, puis à un bassin de plus en plus représentatif
de la population.
Rogers distingue trois types d'unités de prise de
décision :
- la décision individuel : l'individu choisi d'adopter
ou de rejeter l'innovation indépendamment de la décision des
autres membres de son système social. Cependant, la décision de
l'individu est influencée par les normes de son système et par
son réseau d'information interpersonnel ;
- La décision collective : les individus choisissent
collectivement d'adopter ou de rejeter l'innovation. Tous les membres du
système social doivent se conformer à la décision du
groupe une fois la décision prise. Cette forme de prise de
décision peut s'observer au niveau des organisations paysannes comme les
groupements de transformation de riz dans le cas de notre étude ;
- La décision autoritaire : dans ce cas c'est un groupe
d'individu qui prend la décision. L'individu, membre du système,
a très peu ou pas d'influence sur le processus de prise de
décision. Mais il l'applique cependant. Cette forme de prise de
décision peut s'observer dans les industries, ONGs ou organisations
étatiques.
En résumé, selon Rogers les facteurs qui
influence le taux d'adoption d'une innovation sont : les
caractéristiques de l'innovation, l'unité de prise de
décision, le canal de communication, la nature du système social
et la compétence du vulgarisateur. L'intérêt majeur de la
théorie de Rogers est qu'elle permet de décrire tout le
réseau social de circulation d'une innovation au sein d'une
société.
Cependant, cette théorie n'est pas exempte de critique.
Selon Rogers, la diffusion d'une innovation interviendrait seulement lorsque
l'innovation est achevée et prête à être
adoptée. Cette " vision positiviste de la technologie"
révèle une passivité chez les individus, qui accepte ou
non l'innovation, même s'il parle de "réinvention" pour rendre
compte de la
façon dont les acteurs modifient les innovations qu'ils
adoptent. Aussi, selon cette théorie, la réticence à
adopter des innovations est due à la prédominance, dans les
sociétés paysannes, d'attitudes et de valeurs traditionnelles,
une préférence pour les habitudes et les anciennes façons
de faire, une résistance au changement. Cette théorie simplifie
trop l'échec de la diffusion des innovations parce qu'elle l'attribue
aux seuls facteurs liés aux paysans. De plus, le classement des
adoptants potentiels empêche de tenir compte des phénomènes
d'abandon après l'adoption pourtant très important dans
l'analyse. L'individu peut décider en effet de rejeter l'innovation
à n'importe quel moment et pas seulement lors de la prise de
décision.
En retenant la perception de l'individu des
caractéristiques de l'innovation comme seul facteur déterminant
sa prise de décision, Rogers minimise ainsi l'influence que peut avoir
la perception des autres membres du système social de l'individu sur sa
prise de décision. Les caractéristiques de l'innovation
suffisent-elles pour expliquer la décision d'adoption ou de rejet des
acteurs ? Les acteurs ont-ils toujours les ressources nécessaires pour
l'adoption de l'innovation ? L'innovation répond-t-elle toujours aux
besoins / priorités et aspirations des acteurs ? Les acteurs sont-ils
touj ours libres de leurs décisions ?
La théorie de Rogers n'intègre pas les objectifs
ou aspirations des individus de même que les facteurs liés aux
sources d'informations dans le processus de prise de décision. Or, selon
Van Den Ban (1994), les paysans attachent beaucoup d'importance à leurs
sources d'informations. De plus, Rogers ne prend pas en compte les facteurs
comme le coût initial de l'innovation, les facteurs liés au risque
et les facteurs institutionnels (l'accès au crédit, la
disponibilité des opportunités comme le marché) pourtant
très important dans le processus d'adoption. En effet, l'influence du
coût initial et le risque relatif lié à l'innovation sur
son adoption ont été démontrés par Lindner et
al. (1982); Lindner (1987); Tsur et al. (1990); Leathners and
Smale (1990); Feder and Umali (1993); Bart et al. (1999) et Ghadim
et al. (1999). Selon ces auteurs, le coût initial de
l'innovation est un facteur important qui détermine la décision
d'adoption des paysans surtout dans le cas des ménages pauvres. Ceci
signifie que lorsque les paysans ont un accès limité au capital,
même les innovations les plus profitables ne seront pas adoptées
si elles nécessitent un investissement initial élevé.
L'influence des facteurs institutionnels a été
démontrée par Houndékon et Gogan (1996) ; Cimmyt (1993) et
Feder et al. (1995).
Par ailleurs, Rogers dans son analyse minimise la dimension
cognitive de l'individu en expliquant l'adoption de l'innovation par la
corrélation entre les ressources de l'individu et les avantages de
l'innovation. Ce n'est pas ce qu'un acteur est capable de faire qu'il doit
faire,
mais c'est ce que son système social lui permet de
faire (De Sardan , 1995 et COMPAS, 2006). Ceci prouve l'importance de
l'influence sociale sur l'individu.
Pour tenir compte de la dimension cognitive de l'individu,
Röling (2000) a proposé un modèle d'analyse du processus
d'adoption des innovations sur la base de la théorie biologique de la
cognition de Maturana et Varela (1984). Ce modèle considère
l'innovation comme un processus d'apprentissage social. Il intègre les
valeurs du système social et les aspirations des acteurs. Mais la
question qui se pose est que dans un contexte de savoir social, est-il normal
de considérer les acteurs isolement et de traiter les autres agents
sociaux comme «l'environnement » biophysique. L'argument
utilisé contre ce modèle est que même si l'environnement
biophysique peut être vu comme pouvant agir sur la décision des
acteurs, il faut noter qu'il ne peut pas cerner la perception des autres
acteurs sociaux.
Leeuwis et Van Den Ban (2003) proposent un modèle
alternatif qui présente les variables de base importantes pour la
compréhension des pratiques paysannes et leurs réponses aux
innovations. Selon ce modèle, les individus ne sont pas des acteurs
isolés dans la société. Leurs perceptions sont
influencées par celles des autres acteurs de leur système social.
Ils définissent à cet effet quatre ensembles de variables qui
expliquent les attitudes des individus (acteurs sociaux) :
> l 'évaluation du cadre de
référence
La décision d'un acteur au sujet d'une innovation
dépend de sa perception des conséquences (technique ou
socio-économique), de l'incertitude et du risque et, de son
évaluation des conséquences et risques de l'innovation
vis-à-vis de ses aspirations. Cette évaluation dépend
également de ses expériences passées.
> la perception de l 'efficacité de l
'environnement social
L'un des plus importants facteurs qui influence les pratiques des
acteurs sociaux est leur perception du réseau de support social de leur
environnement. Ceci inclus l'organisation de l'offre des intrants, la
disponibilité des services et opportunités, le système de
crédit etc. Ainsi donc la décision de l'adoption du dispositif
amélioré d'étuvage dépendra alors de la perception
des individus de la disponibilité des ressources nécessaires
à son utilisation optimale dans leur milieu de vie, des services
connexes et des opportunités qui s'offre pour le riz
étuvé.
> la perception de l 'auto efficacité
Leeuwis mentionne que les pratiques des acteurs sociaux ne
sont pas seulement façonnées par leur confiance du fonctionnement
des organisations / institutions qui les entours mais aussi par leur confiance
en leur propre capacité à mobiliser les ressources, leur
compétence et habileté, leur perception de la validité de
l'évaluation de leur cadre de référence et leur
habileté à contrôler ou s'accommoder aux risques. Ainsi
donc, les acteurs sociaux peuvent rejeter une innovation (bien qu'ils
perçoivent son avantage par rapport à leur pratique
traditionnelle) parce qu'ils ne sont pas sûre de pouvoir appliquer
correctement toutes les recommandations liées au paquet technologique ou
encore que les services connexes sont inexistants. Ceci montre le degré
d'aversion au risque des paysans et fait ressortir la notion de
complexité comme caractéristique de l'innovation
déterminant son adoption soulevée par Rogers.
> relation sociale et pression sociale
Les pratiques des acteurs sociaux sont influencées par
les pressions qu'ils subissent de la part des autres acteurs avec qui ils sont
en relation. En effet, les acteurs sociaux ne sont pas des acteurs
isolés dans un environnement neutre. Ils sont directement ou
indirectement en relation avec d'autres acteurs qui les influencent dans leur
prise de décision. Ainsi, un acteur peut être amené
à rejeter une innovation, non pas parce qu'il n'a pas les ressources
nécessaires pour l'adopter ou qu'il ne perçoit pas ses avantages,
mais parce que son environnement social ne lui permet pas de l'adopter. Les
acteurs sociaux analysent les avantages (récompenses) et les
inconvénients (sanctions) liés à l'adoption d'une
innovation et ceci sur le plan social, organisationnel et relationnel. Les
acteurs sociaux seront réticents à l'adoption d'une innovation
qui affectera négativement leurs relations avec d'autres membres du
système social. Les acteurs sociaux sont donc très sensibles au
maintien du tissu social préexistant.
En définitive, ce modèle analyse la
problématique de l'adoption des innovations en situant l'individu dans
sa réalité sociale tenant compte du réseau d'influence
sociale dans lequel il se trouve. Cependant, il fournit peu d'informations sur
la gestion des conflits d'intérêts (entre les acteurs sociaux) qui
peuvent subvenir suite à l'introduction d'une innovation.
Compte tenu de nos objectifs nous choisirons la théorie
de Leeuwis comme fil conducteur de notre recherche malgré ses
insuffisances signalées ci-dessus. Ce choix est
motivé par le fait que la théorie de Leeuwis
analyse la question de l'adoption d'une innovation dans une perspective
holistique. Elle n'attribut pas l'échec de la diffusion des innovations
aux seuls facteurs liés au paysan. Elle intègre les objectifs ou
aspirations des individus de même que les facteurs liés aux
sources d'informations dans le processus de prise de décision.
L'influence du réseau social de l'individu dans sa prise de
décision n'est pas aussi occultée par cette théorie.
3. METHODOLOGIE DE RECHERCHE
Le but de ce chapitre est de retracer les différentes
démarches qui ont servi de base à la réalisation du
présent travail. Sur la base des informations fournies dans ce chapitre,
il doit être possible de reproduire sous des conditions et avec des
instruments similaires cette étude. Bien entendu, une cohérence
doit s'établir entre les démarches méthodologiques et la
problématique de la recherche. Avant tout, il est important de justifier
le choix de la zone d'étude et de retracer les stratégies
adoptées pour la collecte des données et les méthodes
d'analyse qui ont été utilisées.
3.1. Sources de données
Deux grandes sources sont explorées pour la collecte des
données de cette étude. Il s'agit de la documentation et du champ
de l'étude.
3.1.1. La documentation
Dans l'optique de faire le point des études
antérieures et d'orienter la recherche, les ouvrages traitant des
questions théoriques relatives à la problématique et les
travaux de recherche ayant trait au sujet de recherche ont été
consultés. Les informations tirées de ces sources constituent des
données secondaires indispensables pour cette étude. En effet, la
phase documentaire s'est déroulée sur toute la durée de la
recherche. Les centres documentaires suivants nous ont été d'une
grande utilité : la Bibliothèque Centre de Documentation (BIDOC)
de la FSA, le Centre de Documentation et d'Information sur l'Agriculture
Biologique (CDIAB) de l'Organisation Béninoise pour la Promotion de
l'Agriculture Biologique (OBEPAB), la bibliothèque de l'International
Institut of Tropical Agriculture (IITA), du Centre du Riz pour l'Afrique
(ADRAO), de l'INRAB, du Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de
la Pêche (MAEP), du Centre Communal de Promotion Agricole (CeCPA) de
Glazoué, de RABEMAR- ONG, ONG Castor appuis-conseils, ONG Un Monde et de
l'Union des Riziculteurs des Collines (UNIRIZ-C). Des articles de journaux
traitant des questions relatives à l'adoption et la diffusion des
innovations agricoles ont été tirés des sites Internet
notamment celui de l'agora.
3.1.2. Champ de l'étude
Les données primaires proviennent de cette source. A cet
effet, un séjour continu de deux mois quinze jours (Août-
Septembre- Octobre 2006) dans la zone d'étude nous a permis
de collecter les données aussi bien qualitatives que
quantitatives nécessaires et indispensables à une bonne
compréhension des différents aspects de la problématique.
Ceci n'a été possible qu'à travers
l'échantillonnage et à l'aide d'outils méthodologiques
appropriés.
3.2. Echantillonnage
Les raisons du choix de la zone d'étude et de
l'échantillonnage des unités de recherche sont
présentées dans cette partie.
3.2.1. Choix de la zone d'étude
La zone d'étude retenue est la commune de
Glazoué dans le département des collines. Il s'agit de la zone
agro écologique n°15 selon le découpage effectué par
le service des statistiques du MAEP. Le choix de cette zone se justifie par le
fait qu'elle possède une longue tradition dans l'étuvage du riz
et constitue aussi l'une des premières zone d'introduction du dispositif
amélioré d'étuvage au Bénin par de nombreuses
institutions et ONGs parmi lesquelles on peut citer le Consortium Bas-fond
(CBF) en collaboration avec l'ADRAO et l'INRAB, le Programme Spécial
pour la Sécurité Alimentaire (PSSA), le Programme d'Appui au
Développement du Secteur Agricole (PADSA), l'ONG VECO Bénin
(Vredeseilanden Country Office) par le biais de ses partenaires (ONG : RABEMAR,
Un Monde, Castor Appuis-conseils, LDLD), l'ONG Oxfam Quebec par le biais du
Consortium pour la Professionnalisation de l'Agriculture dans les Collines
(CPAC) et de l'UNIRIZ-C.
3.2.2. Choix des villages d'étude
Trois villages ont été retenus dans le cadre de
cette étude. Il s'agit des villages de Magoumi, de Kpakpaza et de
Ouèdèmè. Ces villages ont été choisis du
fait qu'ils constituent les villages où les transformatrices ont
été formées à l'usage du dispositif
amélioré d'étuvage, à cause de l'importance de
l'activité d'étuvage dans ces villages, de leur
accessibilité et de la disponibilité des personnes à
enquêter pour les interviews.
3.2.3. Choix des unités de
recherche
Les unités de recherche concernées par cette
étude sont d'une part, les institutions ou structures qui jouent un
rôle déterminant dans la promotion du riz étuvé et
d'autre part, les acteurs locaux (transformatrices, meuniers, artisans,
commerçants de riz et consommateurs).
L'échantillon qui a servi de base pour les
enquêtes individuelles auprès des transformatrices est
composé de quatre vingt dix (90) transformatrices dont trente (30)
par
village. Au niveau de chaque village, le choix des
transformatrices s'est fait en tenant compte de la typologie que nous avons
réalisée au cours de phase exploratoire. Cette typologie des
transformatrices s'est basée sur les critères activités
principales et quantité de paddy transformée et vendue par
semaine. Ceci nous a permis de distinguer trois types de transformatrices : les
producteurs-transformateurs, les collecteurs-transformateurs et les
grossistes-transformateurs. Les producteurs-transformateurs sont les femmes qui
produisent et transforment tout ou partie de leur production ou celui de leur
conjoint. L'étuvage du riz constitue pour elles une activité
secondaire après l'agriculture. Elles n'étuvent guère plus
qu'une bassine de paddy par semaine soit un équivalent de 3 3,25 kg et
ceci en période d'intense activité (novembre à mars),
avant le début de la saison agricole. Les collecteurstransformateurs
sont celles qui achètent du paddy, le transforme puis le met sur le
marché. Leur capacité de transformation varie entre un et trois
bassines de paddy par semaine (soit un équivalent 33,25 à 100
kg). Les grossistes-transformateurs regroupent celles pour qui l'étuvage
constitue une activité principale. L'étuvage constitue pour
certaines d'entre elles leur seule et unique activité. Cette
catégorie de transformatrice embrasse au minimum cinq bassines de paddy
par semaine et ceci toute l'année. La différence entre cette
dernière catégorie et la deuxième se trouve donc dans la
quantité de riz transformée. Le tableau 1 montre la
classification des transformatrices recensées par village. Le tableau 2
montre la répartition des trente transformatrices
sélectionnées par village et par catégorie. Au total,
notre échantillon est composé de 72% de
producteurs-transformateurs, 17% de collecteurstransformateurs et 11% de
grossistes-transformateurs. Le critère de choix des
enquêtés dans chaque catégorie est leur
disponibilité à répondre à nos questions.
Tableau 1: Classification des transformatrices par
catégorie
Catégories
|
Producteurs
|
Collecteurs-
|
Grossistes-
|
|
Villages
|
transformateurs
|
transformateurs
|
transformateurs
|
Total
|
Magoumi
|
60
|
20
|
15
|
95
|
Kpakpaza
|
30
|
5
|
2
|
37
|
Ouèdèmè
|
55
|
12
|
7
|
74
|
Source : Enquête, 2006
Tableau 2: Répartition des 30 transformatrices
sélectionnées par village
Catégories
|
Producteurs
|
Collecteurs-
|
Grossistes-
|
|
Villages
|
transformateurs
|
transformateurs
|
transformateurs
|
Total
|
Magoumi
|
19
|
6
|
5
|
30
|
Kpakpaza
|
24
|
4
|
2
|
30
|
Ouèdèmè
|
22
|
5
|
3
|
30
|
Total
|
65
|
15
|
10
|
90
|
Source : Enquête, 2006
Parallèlement aux entretiens individuels avec les
transformatrices, nous avons eu des discussions de groupe avec les membres des
groupements dans lesquels le dispositif a été introduit.
Au niveau des institutions, nous avons enquêté
systématiquement les responsables et agents des structures qui
interviennent directement dans la diffusion du dispositif
amélioré d'étuvage du riz. L'enquête
systématique a concerné aussi les artisans locaux
impliqués dans la duplication du dispositif qui sont au nombre de trois
dont deux formés pour cette activité.
3.3. Différentes phases de déroulement
de l'enquête
Les enquêtes de terrain se sont déroulées
en deux phases : la phase exploratoire et la phase d'enquête
approfondie.
3.3.1. Phase exploratoire
La phase exploratoire qui a duré deux semaines a
consisté en une prise de contact, de reconnaissance et
d'intégration dans le milieu d'étude. Elle nous a permis de
connaître véritablement le milieu d'étude. C'est au cours
de cette phase que des contacts ont été pris avec les
autorités administratives du milieu (Maire, chef d'Arrondissement, chef
de Village), les autorités des organismes de développement et
d'encadrement (CeRPA, ONG RABEMAR, Castor appuis-conseils et Un Monde,
Organisations Paysannes, etc.), mais aussi avec les autres pouvoirs locaux
(chef religieux, chef de terre, etc.) et les personnes ressources pour discuter
du sujet. Ainsi, les discussions individuelles et de groupes avec ces
différents acteurs nous ont permis non seulement de choisir les
unités d'étude, ainsi que l'échantillon à
enquêter, mais aussi la redéfinition et la réadaptation des
objectifs, questions et la méthodologie de recherche,
l'élaboration et le test des instruments de mesure.
3.3.2. Phase d'enquête approfondie
La phase d'enquête approfondie a duré deux mois.
Elle a consisté à l'exécution de l'enquête sur la
base de questionnaire et des guides d'entretiens auprès des
différentes unités de recherche (personnes ressources,
transformatrices, Institutions de micro finance, paysans, ONGs et autres
structures d'intervention). Cette phase nous a permis de collecter les
informations relatives à nos objectifs de recherche.
3.4. Méthodes et Outils de collecte des
données
Cette étude a plus un caractère qualitatif et la
méthodologie utilisée est conforme à cette orientation.
Ainsi, les données ont été collectées avec
essentiellement quatre techniques que sont les observations participantes, les
entretiens non structurés, semi-structurés et structurés
et la triangulation.
3.4.1. Observations participantes
Selon Daane et al. (1992), l'observation participante
est une technique d'étude des acteurs sociaux et de leur interaction
dans leur contexte réel par un chercheur qui est intégré
dans le milieu. Cette méthode permet aussi, en participant aux
activités des acteurs, de gagner leur confiance et de pouvoir avoir des
informations fiables. Ainsi, notre séjour dans le milieu d'étude
pendant deux mois quinze jours nous a permis de nous familiariser avec les
ménages enquêtés auprès desquels nos visites nous
ont aidés à collecter et à vérifier les
données par observation participante.
Les observations participantes nous ont permis en particulier
de vérifier les unités de mesure du paddy au niveau des
transformatrices, d'observer le processus d'étuvage du riz (traditionnel
et amélioré), de vérifier le système de
commercialisation du riz local, le fonctionnement des groupements et les
systèmes d'information en vogue dans le milieu.
3.4.2. Les entretiens
Trois types d'entretiens ont été surtout
utilisés dans le cadre de cette étude. Il s'agit des entretiens
non structurés, entretiens semi-structurés et entretiens
structurés.
3.4.2.1. Entretiens non structurés
Ces entretiens ont été réalisés
tout au long de l'étude, d'abord pour mieux cibler les différents
acteurs intervenant dans la promotion du riz étuvé et du
dispositif amélioré d'étuvage, et ensuite pour explorer
certains contours du sujet de recherche ou pour
approfondir des aspects spécifiques. A cet effet, nous
avons rencontré les responsables des différentes structures
concernées, les membres des groupements villageois et d'autres personnes
ressources.
Ce type d'entretien nous a permis de comprendre la perception
des différents acteurs enquêtés et les réseaux
informels de communication entre ces derniers.
3.4.2.2. Entretiens semi-structurés
Les entretiens semi-structurés ont été
réalisés sur la base d'un guide d'entretien à
différents niveaux. Au cours des discussions de groupe et les entretiens
avec les institutions, les enquêtés ont été
invités à se prononcer de façon exhaustive, sur des
questions posées. Parfois, au cours de ces entretiens, nous intervenons
pour "redresser" les déviations persistantes éventuelles ou pour
orienter l'interlocuteur sur des aspects qui se sont
révélés pertinents lors de l'enquête standard
auprès des transformatrices. Ces entretiens de groupe ont
été réalisés avec les membres des groupements
retenus pour l'enquête, élargie à quelques
transformatrices. L'objectif de ces entretiens est de comprendre d'une part, le
fonctionnement des groupements et d'autre part les interrelations entre les
différents acteurs.
Au niveau des différentes institutions qui
interviennent dans la promotion du riz étuvé et du dispositif
amélioré, ce type d'entretien a été utilisé
pour comprendre leurs objectifs et rôles dans la diffusion du dispositif
de même que leurs perspectives futures dans le domaine
post-récolte du riz.
3.4.2.3. Entretiens structurés
Ces entretiens ont été administrés aux
transformatrices sur la base d'un questionnaire. Ils nous ont permis d'avoir
des informations sur l'organisation individuelle de la transformation du paddy,
les perceptions des transformatrices des atouts et contraintes liés
à l'utilisation du dispositif amélioré
d'étuvage.
3.4.3. La triangulation
La plupart des outils et lieux de collecte des données
ne permettent pas d'appréhender tous les contours du sujet
abordé. C'est en vue d'éviter les biais que nous avons
effectué une triangulation des outils de collecte, des lieux
d'observation et des sources d'information. Les mêmes informations ont
été recherchées au niveau de plusieurs sources et avec
différents outils. Les informations retenues sont celles provenant de
plusieurs sources concordantes.
Cette technique a l'avantage de rassurer de la fiabilité
et de la crédibilité des données collectées.
3.5. Données collectées
Les données collectées sont fonction des
objectifs spécifiques de la recherche, lesquelles dépendent des
questions de recherches formulées. Les principales données
collectées sont :
- les critères endogènes d'appréciation
du riz, leur hiérarchisation ainsi que la satisfaction des consommateurs
de la qualité du riz étuvé avec le dispositif
amélioré comparativement au dispositif traditionnel ;
- inventaire, caractérisation puis
catégorisation des acteurs intervenant dans la promotion du dispositif,
leurs interrelations, intérêts et rôles ainsi que leurs
perspectives ;
- perception des acteurs des caractéristiques du
dispositif amélioré ;
- organisation des interventions (vulgarisation) et le
système de communication entre les acteurs.
3.6. Méthodes et outils d'analyse des
données
Conformément à l'option méthodologique et
en fonction du caractère des données collectées au cours
de l'étude, les techniques d'analyse ont privilégié une
approche qualitative. Toutefois certaines données quantitatives ont
été recueillies et traitées par les logiciels Excel 2003
et SPSS 12.0. A cet effet, des analyses de tableaux, de graphes et graphiques,
les statistiques descriptives (moyenne, écart type, minimum, maximum)
ainsi que les tests t de student et le test de concordance de Kendall ont
été utilisés.
L'analyse des données qualitatives s'est faite à
travers les outils comme la comparaison, les citations, les diagrammes et
surtout l'outil "Enterprise Web"
3.6.1. La comparaison
La comparaison est une approche qualitative utilisée
pour établir la confrontation des objets et des pratiques. Elle permet
d'identifier les ressemblances et les écarts entre les
éléments comparés.
La comparaison, telle que utilisée dans notre
étude vise à faire ressortir les appréciations des acteurs
sur la qualité du riz, les atouts et contraintes liés à
l'utilisation du
dispositif amélioré tel que perçu par les
acteurs et ceci en relation avec la méthode traditionnelle
d'étuvage.
3.6.2. Les citations
Les citations constituent des témoignages qui viennent
illustrer les analyses effectuées. Elles sont en général
très utilisées dans le cadre de l'analyse des perceptions
où elles révèlent les opinions des divers acteurs par
rapport aux caractéristiques du dispositif amélioré.
3.6.3. Enterprise Web
Dans le continuum de la recherche-développement,
beaucoup de technologies agricoles appropriées ne sont pas
adoptées par les paysans. Parfois, ceci est dû à
l'inopportunité de la technologie, mais souvent à cause des
aspects socio - organisationnels relatifs à l'intervention (Drucker,
1985). L'outil "Enterprise Web" permet de prendre en compte les facteurs
d'ordre organisationnel nécessaire à la diffusion de la
technologie. C'est un outil analytique qui permet d'identifier les
séries d'activités nécessaires à la diffusion de la
technologie ainsi que leurs interrelations. Ainsi, la réalisation d'un
Enterprise Web devient un processus interactif et suppose que la technologie
répond aux critères d'acceptabilité/convenances des
paysans. En d'autres termes, il se focalise sur l'organisation des
interventions en mettant l'accent sur les relations nécessaires entre
les parties prenantes pour le succès de la vulgarisation (Magor,
2005).
L'Enterprise Web est représentée par un
schéma sur lequel l'acteur principal est placé au milieu. Dans
notre cas, l'acteur principal est représenté par les
transformatrices organisées en groupement ou non. Au-dessus de l'acteur
principal, sont dessinées toutes les activités nécessaires
pour adopter efficacement la technologie (le dispositif amélioré
d'étuvage dans notre cas). En dessous, on présente toutes les
activités utilisant le produit. Ceci peut faire aussi intervenir un
autre acteur avec des séries d'activités interactives. Dans le
cas de notre étude, le produit est le riz étuvé. Son
utilisation peut concerner l'autoconsommation ou la commercialisation sur le
marché local. Dans ce dernier cas, puisque la transformatrice participe
de ce fait à l'économie de marché, ses relations avec un
client (commerçant) peuvent être déterminantes pour
l'adoption du dispositif. Une forme générique d'un Enterprise Web
est présentée par la figure 2.
Figure 2: Forme générique d'un Enterprise
Web Source : Magor, 2005
Comme outil de visualisation, l'Enterprise Web est holistique.
Il aide à identifier toutes les activités essentielles et ainsi
aide les intermédiaires à structurer la prise de décision
concernant quel acteur pourrait mieux mettre en application telle ou telle
activité. Il est également possible d'employer l'Enterprise Web
pour déterminer les coûts de transaction auxquels le paysan devra
faire face en adoptant une nouvelle technologie et chercher ainsi à les
minimiser pour faciliter l'adoption.
4. PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE
Les villages sélectionnés dans le cadre de notre
étude sont : Magoumi, Kpakpaza et Ouèdèmè. Ces
villages se situent dans la commune de Glazoué. Dans le but de mieux
situer le milieu d'étude, nous présenterons d'abord de
façon sommaire la commune de Glazoué avant de présenter
chacun des villages d'étude. Ces présentations se feront à
travers les caractéristiques physiques et humaines ainsi que les
activités économiques qui s'y mènent.
4.1. Présentation de la commune de
Glazoué
4.1.1. Milieu physique
La commune de Glazoué est un territoire à
caractère rural situé au coeur du département des collines
à 234 km de Cotonou, la capitale économique du Bénin. Elle
est limitée au Nord par la commune de Ouèssè et de
Bassila, au Sud par la commune de Dassa, à l'Est par la commune de
Savè et à l'Ouest par la commune de Bantè et de Savalou.
La commune compte 48 Villages administratifs répartis dans 10
Arrondissements que sont : Aklampa, Assanté, Glazoué, Magoumi,
Gomé, Kpakpaza, Ouèdèmè, Sokponta, Thio et
Zaffé (voir figure 3 : carte de la zone détude). Le territoire de
la commune s'étend sur une superficie de 1750 km². La
commune de Glazoué est caractérisée par des plateaux
(altitude de 200 à 300 mètres) dominées par quelques
collines (altitude de 350 à 450 mètres) dont celle de Sokponta,
Tankossi, Camaté, Gomé, Tchakaloké, Tchatchégou,
Madémgbé, Thio, Ouèdèmè, Assanté et
Aklampa.
Zone de transition climatique entre le Sub-équatorial
et le Soudanien, la commune de Glazoué a un climat
Soudano-Guinéen. Il est caractérisé par deux saisons de
pluies et deux saisons sèches. Mais depuis quelques années les
précipitations de la grande saison des pluies sont
irrégulières et un retard s'observe dans leur installation. Par
ailleurs, entre la grande saison et la petite saison des pluies la
démarcation n'est plus nette. Ces deux saisons semblent se chevaucher,
laissant apparaître une période de transition avec une
sècheresse d'environ 15 jours. Ainsi la grande saison des pluies
s'installe-t-elle entre Mars et mi-Juillet et la petite saison des pluies
d'Août à fin Octobre. La grande saison sèche quant à
elle, s'étend de Novembre à Mars. De Janvier à Mars le
temps est souvent sec, ensoleillé avec un régime d'harmattan
caractérisé par des matinées et des nuits fraîches
(15 à 20°C). Ces dix dernières années, la
pluviométrie oscille autour de 709 mm avec un maximum de 1048,85 mm
enregistré en 1997 (voir annexe 2). Mais l'année dernière,
les sols ont été mal arrosés avec une pluviométrie
en-dessous de la moyenne soit un cumul de 459,84 mm en 48 jours.
Figure 3: Carte de la zone d'étude
Les données pluviométriques de l'année
2005 montrent une mauvaise répartition des pluies sur l'année.
Les hauteurs de pluie les plus faibles sont enregistrées dans le courant
des mois de Juillet et Août qui coïncident avec la période
d'installation de la culture du riz dans la zone. Ceci est à la base de
la mauvaise récolte enregistrée par les riziculteurs
l'année dernière. La figure 4 montre l'histogramme des hauteurs
annuelles cumulées de pluie à Glazoué (1996- 2005).
L'étuvage du riz est pratiqué en toute saison par les
grossistes-transformateurs et les collecteurs- transformateurs. Les
producteurs-transformateurs étuvent du riz pour la vente seulement en
saison sèche entre Novembre et Mars. Ils consacrent le reste de leur
temps à leur principale activité qu'est l'agriculture. On peut
donc conclure que la période d'intense activité d'étuvage
du riz dans la commune de Glazoué s'étant entre Novembre et Mars.
Ceci peut constituer un indicateur pour la planification des activités
de formations des transformatrices sur le dispositif amélioré
d'étuvage du riz.
Pluviométrie
Pluie (mm)
|
1200
1000
800
600
|
|
|
|
|
|
|
Pluviométrie
|
|
400 200 0
|
|
|
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
2005 Années
Figure 4 : Histogramme des hauteurs annuelles
cumulées de pluie à Glazoué (1996-2005)
L'hydrographie de la commune de Glazoué est
constituée d'une part, d'un important cours d'eau qu'est le fleuve
Ouémé qui arrose la commune au niveau des villages Aklampa,
Béthel, Riffo et une partie de l'arrondissement de Zaffé et
d'autre part, de petits cours d'eau locaux (Adoué,Tran-tran,
kotobo,Tehoui,Antadji, Tchololoé, Ahokan, Klan etc) qui favorisent le
développement du maraîchage de contre saison et les
activités de pêche artisanale.
Les sols ferrugineux tropicaux sur socle cristallin se
rencontrent dans la majeure partie de la commune. On distingue par endroit des
vertisols adaptés à la culture du coton et du maïs, des sols
hydromorphes dans les bas-fonds et les dépressions adaptées aux
cultures maraîchères et à la culture du riz. Les bas-fonds
les plus importants sont ceux de Magoumi, Haya, Kpakpaza, Sowé 1,
Sowé 2, Sokponta, Gomé, Houala, Oguirin, Yawa,
Ouèdèmè, Aklampa et Assanté.
La végétation de la commune de Glazoué
est constituée des formations naturelles (forêt riveraine,
forêt galerie, forêt dense sèche, forêt claire, savane
boisée, arborée et arbustive et des savanes saxicoles) et des
plantations de tecks. Les forêts riveraines et les galeries
forestières le long des cours d'eau subissent de fortes pressions ainsi
que les forêts denses et sèches, les forêts claires et les
savanes pour des fins agricoles et d'exploitations forestières (culture
du coton et d'igname surtout, fourrage aérien recherché par les
éleveurs transhumants...). Les espèces végétales
rencontrées dans la commune sont : Daniella oliveri, Isoberlinia
doka, Parkia biglobosa, Pteleopsis laxiflous, Pterocarpus erinaceus,
Vittellaria paradoxa, Bridelia feruginen, Chlorophora exalsa ou Gmelina Exalsa,
Detarium microcarpus Imperata cylindrica.
4.1.2. Milieu humain
Avec une population de 90.475 habitants (RGPH3, 2002), la
commune de Glazoué comporte plusieurs groupes socio-culturels ou ethnies
dont les deux majoritaires sont les Idaatcha et les Mahi. A ces deux groupes
ethniques dominants s'ajoutent par la suite les Fon, les Betammaribè,
les Yorouba, les Peulh, les Haoussa, les Adja et autres. En fonction de la
taille moyenne des ménages qui est de cinq membres, le nombre de
ménage est estimé à 18.101 dont environ 14.481
ménages agricoles soit 80% de ruraux. Les femmes représentent
environ 52 % de la population totale (INSAE, 2002).
Il existe dans chaque village des chefs de terre qui sont
généralement descendant des premiers occupants de la
localité. Mais ils n'ont pas systématiquement le droit sur toutes
les terres du territoire villageois, car parmi les autochtones ou
présumés, chaque famille a en propre une partie de terre qui est
l'endroit anciennement cultivé par ses ascendants.
4.1.3. Activités économiques
Les activités économiques dans la commune de
Glazoué regroupent d'une part les activités du secteur formel
(production de service pour la plupart) : les services commerciaux
traditionnels, les entreprises modernes et d'autre part, le
secteur informel : les activités production de biens artisanaux, le
petit commerce ; l'agriculture, l'élevage, la chasse et la pèche.
Le tourisme et l'industrie sont peu importants.
> Agriculture
L'agriculture est la principale source de revenu pour la
majeure partie de la population. Plus de 80% de la population y tirent leurs
revenus. Le mode d'exploitation des terres pour la majorité des
exploitations reste encore traditionnel (culture itinérante sur
brûlis). Ainsi, l'agriculture est de type extensif
caractérisé par des rendements culturaux faibles, tributaires des
aléas climatiques et de la faible utilisation des techniques modernes de
production. Les outils aratoires sont rudimentaires. La culture attelée
est peu pratiquée. Les terres bien que abondantes sont suffisamment
pauvres.
Dans la commune de Glazoué, la riziculture occupe une
place importante ces dernières années à cause de la
disponibilité de conditions agro-écologiques favorables à
cette culture. En effet, on note des bas-fonds disséminés dans
toute la commune et dont une infirme partie est réellement mise en
valeur. La commune de Glazoué présente donc des
potentialités certaines pour le développement de cette culture.
Le tableau 3 montre l'évolution de la production rizicole dans les
collines. On observe une forte production dans le commune de Glazoué
jusqu'a atteindre même 85% de la production totale dans le
département en 2003.
Tableau 3: Evolution de la production rizicole dans les
Collines en tonne (1998-2003)
Campagne
|
98-99
|
99-00
|
00-01
|
01-02
|
02-03
|
Commune
|
|
|
|
|
|
Dassa
|
1992
|
1594
|
2312
|
2793
|
1165
|
Glazoué
|
4449
|
2808
|
10584
|
13208
|
17118
|
Savalou
|
495
|
564
|
648
|
-
|
674
|
Bantè
|
410
|
-
|
483
|
966
|
-
|
Savè
|
207
|
266
|
467
|
298
|
477
|
Ouèssè
|
187
|
222
|
280
|
232
|
-
|
Total Colline
|
6840
|
5454
|
14784
|
17457
|
20183
|
Source : MAEP : Annuaire statistique/Campagne agricole 2003
-2004
> Autres activités économiques
L'élevage constitue l'activité secondaire des
producteurs de Glazoué. Le cheptel est diversifié et comprend les
ovins, les caprins, la volaille, les porcins et les bovins. Mais les
agriculteurs, à cause de l'insuffisance des ressources
fourragères, élèvent surtout les caprins et les ovins. Les
peulhs sédentarisés assimilés aux autochtones
élèvent des bovins et des petits ruminants leur appartenant ou
confiés par les agriculteurs. Le tableau 4 suivant donne des
statistiques sur le cheptel de la commune en 2004.
Tableau 4: Effectif du cheptel par espèce dans la
commune de Glazoué en 2004
Espèces élevées Effectif
Bovins 6.500
Ovins 7.200
Caprins 19.000
Porcins 4.800
Source : CeCPA Glazoué, 2005
La pêche n'est pas développée dans la
commune bien que certaines potentialités existent. Elle est
pratiquée le long de la rive droite du fleuve Ouémé dans
l'Arrondissement de Thio plus précisément dans les Hameaux et
villages de Béthel, Akomya, Massè et Riffo et dans certaines
fermes des arrondissements d'Aklampa et d'Assanté.
La chasse à la battue est la plus répandue et
est pratiquée en saison sèche. Le commerce concerne la vente des
produits agricoles d'une part et la vente des articles importés d'autre
part. La transformation des produits agricoles est exclusivement exercée
par les femmes et concerne la préparation du gari, d'huile d'arachide,
de galette "klui-klui", la transformation du niébé en beignet, du
maïs en akassa et en bouillie, du sorgho en "chakpalo", du soja en fromage
etc.
> Présentation sommaire du marché de
Glazoué
Le marché de Glazoué communément
appelé `'Gbominan'' est le troisième marché du
Bénin après le marché Dantokpa et le marché de
Malanville. Le marché de Glazoué s'anime une fois par semaine
(les mercredi). De part sa position géographique et son caractère
international, il se présente comme le plus important pôle de
mobilisation et de valorisation des produits agricoles. Il est
fréquenté par des commerçants venus de toutes les
régions du
Bénin et même des pays de la sous région
(le Togo, le Nigeria, le Niger etc). Les divers échanges de produits
agricoles qui s'opèrent dans ce marché traduisent l'importance de
l'agriculture dans la vie des populations de cette Commune.
4.2. Présentation du village de Magoumi
4.2.1. Milieu physique
Situé à 6 kilomètres à l'Ouest de
Glazoué, le village de Magoumi est limité au Nord par le village
de Assanté, au Sud par le village Houala, à l'Est par
Ogirin-boubou et à l'Ouest par Ouèdèmè. Il compte
trois quartiers (Monso, Haï et Aïdjesso) et couvre une superficie de
45 km2 soit 3% de la superficie totale de la commune de
Glazoué. Le village de Magoumi forme avec les villages de Houala et de
Ogirin-boubou l'arrondissement de Magoumi dont il est le chef lieu.
Le réseau hydrographique du village de Magoumi est
constitué de petites rivières alimentées par les eaux de
pluies. Il s'agit notamment des rivières: Aka, Kodji, Riffo, TranTran,
Joseph et Magoumi.
On rencontre principalement deux types de sol : - Les sols
ferrugineux tropicaux très dominants.
- Les sols hydromorphes favorables à la riziculture et
au maraîchage.
Les formations végétales naturelles ont
pratiquement disparues (du fait des actions anthropiques) laissant place aux
champs et jachères qui ont considérablement augmenté. Les
principales espèces ligneuses rencontrées sont Terminalia
macroptera, Termialia glaucesceus, Daniellia oliveri, Pterocarpus
erinaceus.
4.2.2. Milieu humain
> Histoire du village
Le village de Magoumi aurait été fondé
vers 1863 par un certain Awo Dètongnon Agoro venu de Tankossi dans
l'arrondissement de Gomé, commune de Glazoué. Ce dernier chasseur
et agriculteur de profession était en quête de terres fertiles et
se serait installé à son arrivée dans l'actuel quartier
Haï. Le village s'est peu à peu agrandi avec l'arrivée
d'autres migrants tels que: Vodougnon Elègbèrou, Fagnon,
Légbodjou, etc. Le village, resté pendant longtemps sous tutelle
de Tankossi était communément appelé « Savalou-Agban
». Agban nom Idaatcha pour désigner le rônier, une plante
abondante dans la zone à l'époque. Savalou
provient du fait que pour le fondateur du village, son nouveau
lieu de chasse lui paraissait symétrique à la ville de Savalou
par rapport à son village d'origine.
Vers les années 1960, le village devient
administrativement autonome et prit le nom de Magoumi qui signifie en Idaatcha
« ne me traverse pas ». D'après la légende, ce nom
aurait été donné par les chasseurs pour désigner la
rivière2 qui traverse la localité, rivière
qu'ils n'avaient pas besoin de traverser avant de trouver assez de gibiers.
Vers 1968, le village a été doté d'un
chef du nom de Noé Akossoun. Ses successeurs sont Obossa Kotchikpa,
Dedji et Awo Okoro.
Cette version de l'histoire de la création de Magoumi
n'est pas partagée par tous les habitants du village. Pour certains, le
village serait crée par le nommé Vodougnon
Elègbèrou qui se serait installé à son
arrivée dans l'actuel quartier Monso vers les années 1900.
Vodougnon serait originaire de Gomé et avant de venir s'installer
à Magoumi (SavalouAgban à l'époque) aurait transité
par Iradjafa (une ferme proche de l'actuel village Sowé). Selon cette
version, Dètongnon serait originaire de Okéméré
(dans l'actuelle commune de Dassa) et aurait connu Vodougnon à Iradjafa.
En effet, Dètongnon aurait été atteint de la variole (une
maladie qui faisait rage dans la zone à l'époque) et dans la
recherche de moyens de le sauver des griffes de la mort, un certain Agboro
aurait été informé qu'un nommé
Elègbèrou Vodougnon, Houngbonon (c'est-à-dire prêtre
féticheur du Sakpata), originaire de Gomé et basé à
Iradjafa guérissait la maladie de la variole. Ce fut alors que
Dètongnon fut conduit au guérisseur Vodougnon Elègberou
qui le prit en charge et lui administra toutes les recettes savantes pour le
sauver. Après sa guérison, Vodougnon l'aurait
libéré et il se serait retourné à
Okéméré son village natal. Entre temps, Vodougnon aurait
déjà quitté Iradjafa pour créer sa ferme
Savalou-Agban qui est devenu aujourd'hui Magoumi.
De temps en temps Détongnon venait voir son
guérisseur Vodougnon. Entre les deux s'établit une grande
amitié. C'est au cours de l'une de ses visites à son ami et
guérisseur Vodougnon que Dètongnon devint adepte du
fétiche Sakpata. Il fut rentré à Gomé par Vodougnon
afin qu'il puisse subir les rites de l'initiation. Ce qui fut fait.
Après l'initiation Dètongnon aurait pris le nom de Agorossi en
abrégé Agoro. Avant son retour à
Okéméré, toute la population aurait été
déjà informée qu'il est désormais devenu adepte de
Sakpata qui est un fétiche opposé à celui en vigueur dans
sa collectivité qui était le Boukou. C'est ceci qui
2 Cette rivière sert de limite entre le terroir de Magoumi
et celui du village voisin Houala
déchaîna la hargne et la fondre des gens de sa
lignée et l'obligea à s'enfuir et rejoindre son ami Vodougnon
à Savalou-Agban où il trouva refuge.
> Démographie
La population de Magoumi est estimée à 6.02 1
habitants en 2002. Cette population essentiellement agricole compte 907
ménages agricoles sur les 1007 ménages recensés. La
population agricole est estimée à 5638 habitants, soit 93,63% de
la population totale. La taille moyenne des ménages est de 6 membres. Le
tableau 5 montre les données démographiques du village en
2002.
Tableau 5: Données démographiques du
village de Magoumi (2002)
Quartiers
|
Nombre
|
Population
|
Hommes
|
Femmes
|
Taille
|
Ménages
|
Population
|
|
de ménages
|
totale
|
|
|
ménage
|
agricoles
|
agricole
|
Aïdjesso
|
330
|
1959
|
904
|
1055
|
5.9
|
297
|
1867
|
Haï
|
290
|
1649
|
817
|
832
|
5.7
|
268
|
1579
|
Monso
|
387
|
2413
|
1173
|
1240
|
6.2
|
342
|
2192
|
Total
|
1007
|
6021
|
2894
|
3127
|
-
|
907
|
5638
|
Source : INSAE, 2004. Cahier des villages et quartiers de villes.
Département des collines. Direction des études
démographiques. RGPH3. PP 14-15.
Le village de Magoumi est peuplé majoritairement par
les Idaatcha qui sont les chefs de terre. Toutefois on y rencontre d'autres
groupes socio-linguistiques tels que les Adja, les Ifè, les Ditamari et
les peuhls.
4.2.3. Activités économiques
Le village de Magoumi comporte une population essentiellement
agricole. Les femmes s'adonnent au même titre que les hommes aux
activités champêtres. Elles disposent de leur propre champ et
travaillent également dans ceux de leur mari.
Les cultures les plus importantes sont : le maïs,
l'arachide, le soja, l'igname et le riz. Ensuite viennent les cultures telles
que le sorgho, le niébé et le voandzou. Le maraîchage
occupe également les producteurs à travers la culture du gombo,
de tomate, de piment et des légumes. Les plantations d'anacardiers et de
manguiers constituent des activités alternatives pour augmenter les
revenus des paysans. Le calendrier agricole du village est
présenté en annexe 3.
L'élevage constitue l'activité secondaire des
ménages et est dominée par les porcins, la volaille, les ovins et
les caprins. La pêche se pratique en période de décrue des
cours d'eau qui traversent le terroir du village. La chasse à la battue
est pratiquée en saison sèche par les jeunes souvent en
équipe. Les femmes s'adonnent également aux activités de
transformation des produits agricoles en produits divers.
4.3. Présentation du village de Kpakpaza
4.31. Milieu Physique
Le village de Kpakpaza est limité au Nord par le
village de Sowé, au Sud par Haya, à l'Est par Yawa et à
l'Ouest par Egbèssi. Il forme avec les villages de Sowé et Yawa
l'arrondissement de Kpakpaza dont il est le chef lieu. Il compte deux quartiers
: Akpari et Zongo.
Le relief du village de Kpakpaza est accidenté dû
à la présence des collines. Le réseau hydrographique est
dominé par la présence des bas-fonds (qui sont fertiles et
propices à la culture du riz et de l'igname) et par cinq cours d'eau qui
sont : Tran -tran, Toga, Sokpatin, Owokan et Ilàa fiankou. On rencontre
essentiellement des sols ferrugineux tropicaux basés sur socle
cristallin. La végétation est constituée de formations
naturelles et de plantation de teck et d'anacardiers.
4.3.2. Milieu Humain
> Histoire du village
Le village de Kpakpaza à été crée
vers les années 1900 par un certain Aziza du clan des "Omon Djagou"
originaire de Tankossi, arrondissement de Gomé, commune de
Glazoué. Ce dernier agriculteur et chasseur de profession était
en quête de terres fertiles et se serait installé à son
arrivé dans l'actuel quartier Akpari. Le village s'est peu à peu
peuplé avec l'arrivé d'autres migrants comme Abissi et ses
frères.
> Démographie
La population du village de Kpakpaza est estimée
à 1.411 habitants en 2002 (INSAE, 2002). Cette population est
essentiellement agricole avec 256 ménages agricoles sur un total de 262
soit une proportion de 97,7%. Le tableau 6 montre la structure de la population
de Kpakpaza en 2002
Tableau 6: Structure de la population de Kpakpaza en
2002
Nombre de Population Homme Femme Ménage Population
ménages Totale agricole agricole
262 1.411 677 734 256 1128
Source : INSAE, 2004. Cahier des villages et quartiers de
villes Département des collines. Direction des études
démographique. RGPH3. pp 14 -15
Ce tableau montre que les femmes représentent 52% de la
population totale et la taille moyenne des ménages est de 7 membres. La
population agricole représente une proportion de 80% de la population
totale, ce qui constitue un atout très important pour la production
rizicole dans le village.
En effet, en dehors des Idaatcha qui sont majoritaires et
propriétaire des terres, le village de Kpakpaza est peuplé
également par d'autres ethnies qui y ont migrés : les Fon, les
Ditamari, les Peulh...
4.3.3. Activités économiques
L'agriculture constitue la principale source de revenu pour la
majeure partie de la population. Les principales cultures annuelles
pratiquées sont : le maïs, le riz, l'igname, le manioc, le soja,
l'arachide, le niébé, le sorgho et l'égussi. Les cultures
maraîchères sont dominées par le piment, le gombo, la
tomate et les légumes. Comme cultures pérennes pratiquées
nous pouvons distinguer l'anacardier et le manguier. Le calendrier agricole du
village est présenté en annexe 4.
L'élevage constitue une activité secondaire pour
les ménages. Elle est dominée par les caprins, les ovins et les
porcins. La pêche est pratiquée dans les cours d'eau du village en
période de décrue par les jeunes. La chasse à la battue
est aussi pratiquée et ceci en saison sèche.
Les activités commerciales concernent la vente des
produits agricoles d'une part et la vente d'articles importés d'autre
part. Le village ne dispose pas de marché mais bénéficie
énormément de sa proximité avec le marché de
Glazoué qui s'anime tous les Mercredis.
4.4. Présentation du village de
Ouèdèmè
4.4.1. Milieu physique
Le village de Ouèdèmè est limité
au Nord par l'arrondissement de Aklampa, au sud par l'arrondissement de
Kpakpaza, à l'est par l'arrondissement de Magoumi et à l'Ouest
par l'arrondissement de Lahotan. Ce village est subdivisé en trois
grands quartiers (Goto, Kpota et Ouèdèmè centre) et en
douze hameaux : Bamè, Agbafafamè, Houeli, Vossa, Tanto, Gododji,
Ajahito, Akadjro, 14 manguiers, Agnanmè et Sada.
Le village dispose des terres ayant des aptitudes pour
différentes cultures :
- les sols de type ferrugineux tropicaux de couleur variable
avec concrétion par endroit. Ils sont utilisés pour la culture du
maïs, du niébé, de l'arachide, du soja, du manioc et de
l'igname.
- les sols hydromorphes rencontrés dans les bas-fonds
sur les longues pentes. Ils sont beaucoup plus aptes pour la culture du riz,
des légumes et quelques fois du niébé et du soja.
La flore est une végétation de savane arbustive
et arborée dominées par Manguifera indica, Parkia biglobosa,
Buttyrospermum paradoxum. A cette végétation naturelle
s'ajoutent les plantations d'Anarcadium occidentalis et de Tectona
grandis. On note également dans le village, la présence
d'une forêt sacrée appelée « Zoumè. »
4.4.2. Milieu humain
Le village Ouèdèmè fut fondé vers
les années 1830 par l'ancêtre Gnikpo originaire de
Logozohè, commune de Savalou. Ce dernier, agriculteur de profession, en
quête de terre fertile, aurait quitté Logozohè compte tenu
de l'appauvrissement de leurs terres. Il se serait finalement installé
à Ouèdèmè après avoir exploré les
terres de Klou, Gbago et Doho. Le village s'est peu à peu peuplé
avec l'arrivé d'autres migrants comme Dossa, Yédédji...
Avec une population estimée à 2250 habitants
(recensement 2002), le village de Ouèdèmè compte environ
378 ménages dont 322 sont agricoles, soit 85% de ruraux. Les femmes
représentent environ 52% de la population totale (voir tableau 7).
Tableau 7: Données démographiques du
village de Ouèdèmè (2002)
Quartiers
|
Nombre de
|
Population
|
Hommes
|
Femmes
|
Ménages
|
Population
|
|
ménages
|
totale
|
|
|
agricoles
|
agricole
|
Goto
|
472
|
2561
|
1190
|
1371
|
403
|
2270
|
Kpota
|
331
|
2194
|
1054
|
1140
|
287
|
1954
|
Ouèdèmè centre
|
361
|
1699
|
779
|
920
|
235
|
1269
|
Total
|
1164
|
6454
|
3023
|
3431
|
925
|
5493
|
Source : INSAE, 2004. Cahier des villages et quartiers de
villes. Département des collines. Direction des études
démographiques. RGPH3. PP 14-15.
Deux grands groupes socio-culturels sont présents dans
le village : les Idaatcha et les Mahi. A coté de ces groupes
majoritaires on rencontre quelques minorités linguistiques allochtones
telles que les Peulh, les Fon, les Tchabè et autres, attirées par
les activités agricoles et commerciales. Il faut noter que le village
dispose d'une forte diaspora répandue un peu partout au Bénin et
dans la sous région. Cette diaspora contribue énormément
à son développement.
4.4.3. Activités économiques
La principale activité exercée par les habitants
est l'agriculture. Les cultures les plus importantes sont le maïs, le
niébé, l'arachide, le riz, l'igname. On note également les
activités de transformation, la fabrication du charbon, les
activités artisanales (mécanique, menuiserie, couture, forge
etc.). Le calendrier agricole du village est présenté en annexe
5
L'élevage est aussi pratiqué par les
ménages, de même que la pêche et la chasse. Les
activités de transformation agro-alimentaire sont très bien
développées et sont pratiquées exclusivement par les
femmes.
5. LA RIZICULTURE DANS LA ZONE D'ETUDE
5.1. Introduction
La culture du riz joue un rôle important dans la
construction du revenu des populations des villages d'étude. Elle
constitue avec le soja le substituant de la culture du coton. Ces populations
produisent le riz préférentiellement non pas pour les besoins
alimentaires du ménage mais pour la vente à travers laquelle
elles arrivent à faire la richesse. L'objectif poursuivi par ce chapitre
est de présenter la filière riz dans la zone d'étude
à travers l'organisation de la production, de la transformation et de la
commercialisation et de mettre en exergue les contraintes à
différents niveaux.
5.2. La production du riz
La production du riz regroupe l'ensemble des activités
partant de la préparation du sol jusqu'à la récolte.
5.2.1. Préparation du sol
C'est un ensemble d'opérations qui conditionne une
bonne végétation et par conséquent une bonne production et
une meilleure rentabilité du riz. L'objectif principal du travail du sol
est de créer un environnement favorable pour la germination et la
croissance de la plante. En effet, une bonne préparation du sol permet
:
- d'améliorer la structure du sol (aération,
perméabilité et ameublissement de la zone racinaire) ;
- d'améliorer la topologie du terrain pour faciliter le
planage de la parcelle ; - de mieux répartir et incorporer la
matière organique ;
- d'obtenir une meilleure efficacité des engrais
minéraux et de mieux contrôler les adventices.
La préparation du sol regroupe trois opérations
que sont : le défrichement, le labour et le planage. Ces
opérations nécessitent une main d'oeuvre abondante que le
ménage agricole n'arrive pas toujours à satisfaire et fait
parfois recours à la main d'oeuvre salariée.
La préparation du sol se fait dans les villages
étudiés vers la fin du mois de Mai ou début Juin. Les
équipements utilisés sont essentiellement le coupe-coupe pour le
défrichage et la houe et le daba pour le labour et le planage.
L'utilisation de ces outils de travail entraîne
une perte de temps et augmente considérablement la
pénibilité du travail surtout lorsqu'on s'est que le sol est
argileux dans la plupart des cas. Mais la principale raison d'utilisation de
ces outils rudimentaires est la cherté des équipements et par
ricoché les moyens financiers.
5.2.2. Le semis
Le semis fait suite à la préparation du sol et
marque le démarrage de la production du riz. Il consiste à la
mise en terre des semences pour la germination. Dans tous les Villages
d'étude, seul le semis direct est pratiqué. Le semis se fait
directement à la main, à l'aide des pieds ou à l'aide de
la roulette pour faire les paquets (en ligne dans ce cas).
5.2.3. L'entretien
L'entretien regroupe les activités de désherbage
qui peuvent être manuels ou à l'aide de produits chimiques. En
effet, les adventices sont considérés comme la contrainte
biologique la plus importante faisant obstacle à la production rizicole.
La concurrence entre la plante pour les ressources essentielles à la
croissante (la lumière, les éléments nutritifs et l'eau
dans les zones pluviales) est le facteur limitant de la production rizicole
(Johnson, 1997). Le désherbage est donc une opération très
importante.
Dans la zone d'étude, parmi les adventices les plus
redoutables nous pouvons citer ceux résumés dans le tableau 8
ci-dessous.
Tableau 8: Exemples d'adventices redoutables
Noms en langue locale Mahi Noms en langue locale Idaatcha
Noms scientifiques
Gnibougbé - Synedrella nodiflora
Adrimakougbé Olirékou Commelina
bengalensis
Gbékoun Akpa-adja Digitaria horizontalis
Source : enquête, 2006
Il est important de signaler que l'apparition des ces
adventices contraint certains producteurs à abandonner le casier
rizicole du fait de la résistance de ces derniers au sarclage manuel et
même au désherbage chimique.
En effet, on note deux types de désherbage : le
sarclage manuel et le désherbage chimique (utilisation d'herbicide). Les
riziculteurs effectuent généralement deux sarclages. Le premier
intervient un mois après le semis et le second deux mois après le
semis. Le premier sarclage se fait avec la houe et le second uniquement
à la main et consiste à l'arrachage des
adventices disséminés dans le champ. Le sarclage
est une opération qui nécessite une certaine prudence de la part
du sarcleur. En effet, les adventices du riz contiennent souvent des
gaminées qui peuvent être confondues avec les jeunes plants. La
moindre inattention entraîne alors un enlèvement des plants du
riz, réduisant ainsi la densité et par voie de faite la
production. Cette situation est d'autant plus accentuée lorsque la
densité de semis est forte et le semis n'est pas en ligne, obligeant
à plus d'attention. Les conséquences sont une durée assez
élevée du travail et donc une quantité de main d'oeuvre
importante. Par ailleurs les démangeaisons que provoquent les feuilles
de riz ne favorisent pas la tâche aux riziculteurs surtout compte tenu
des outils utilisés. Ceci constitue un problème sérieux
surtout lorsqu'on sait que le sarclage du champ de riz coïncide avec le
sarclage ou la préparation du sol pour certaines spéculations
notamment le soja et les cultures vivrières.
Le désherbage chimique s'effectue à l'aide d'un
herbicide de post-levé sélectif du riz. L'application de
l'herbicide se fait dans la zone d'étude au plus tard 21 jours
après semis. Dans certain cas, malgré l'utilisation de
l'herbicide, le second sarclage est nécessaire.
5.2.4. La fumure minérale
Deux types d'engrais sont utilisés pour fumer les
parcelles rizicoles : le NPK et l'urée. Le NPK permet un bon
développement de l'appareil végétatif tandis que
l'urée est très importante pour la formation du paddy.
L'épandage de l'engrais se fait à la volée. Les moments
d'application de l'engrais varient d'un producteur à un autre et suivant
la variété du riz cultivée. D'une façon
générale, pour les variétés de riz à cycle
long, l'application du NPK intervient un mois après semis, juste
après le premier sarclage et l'urée deux mois après semis.
Toutefois certains producteurs appliquent un mélange NPK - urée
et ceci quarante cinq jours après semis.
Notons qu'en fin de cycle du développement du riz, les
riziculteurs doivent faire face aux menaces des oiseaux. La chasse aux oiseaux
se fait généralement par les enfants à l'aide des lances
pierres, des castagnettes et autres pièges et ceci chaque jour pendant
une dizaine d'heure. D'autres moyens endogènes sont aussi
utilisés pour chasser les oiseaux. Ces moyens consistent à placer
des épouvantails dans le champ ou à attacher entre deux poteaux
des bandes de cassette qui, sous l'effet du vent, produit du bruit qui dissuade
les oiseaux. Ces manières de luttes contre les oiseaux constituent, en
soi, une perte énorme de temps dans la mesure où ce temps aurait
pu être consacré à d'autres activités. Il urge donc
que des actions soient entreprises afin d'améliorer la lutte contre ces
oiseaux ravageurs.
5.3. Les opérations de récolte
Les opérations de récolte regroupent la coupe,
le battage, le vannage et le séchage du paddy. Ces opérations
sont très importantes dans la mesure où leurs mauvaises conduites
engendrent une perte de rendement et donc un effet non négligeable sur
la rentabilité de la production.
5.3.1. La coupe
La coupe du riz se fait à la fin du cycle de production
en un seul tenant ou de façon échelonnée. Elle est
échelonnée à cause de la rareté de la main
d'oeuvre, de l'entendu des superficies et du manque de moyen financier pour la
réalisation de la récolte en un seul trait. Les producteurs qui
adoptent la forme de récolte en un seul tenant attendent la maturation
complète des casiers rizicoles, puis engagent sur leur
périmètre une main d'oeuvre suffisante. Cette main d'oeuvre est
généralement composée d'hommes et de femmes qui
s'organisent et se divisent autour du travail : les hommes coupent les pailles
(récolte du paddy), les enfants et les femmes les mettent en tas. La
coupe se réalise à l'aide de coupe-coupe ou de couteaux. La
rémunération de la main d'oeuvre se fait en argent ou en
échange d'une certaine quantité de riz.
Le moment de la récolte est un paramètre
très important pour l'obtention d'un bon produit au décorticage.
En effet, les producteurs s'assurent de la maturité complète des
casiers lorsque les épis ou panicules sont jaune et se courbent. Ces
indices sont précédés par un jaunissement des feuilles,
mais suivi du durcissement des grains qui, sous la dent produisent un son aigu.
Au stade avancé de la maturation, les grains commencent à tomber
seul ou au passage du producteur dans le champ. Pendant cette période la
récolte devient très délicate et l'activité
destructrice des oiseaux granivores très intense. Ainsi enregistre-t-on
déjà des pertes à la récolte. Dans ces conditions,
quand bien même le battage sera rapide, force est de constater que ce
paddy déjà trop sec depuis le champ occasionne assez de brisures
au décorticage. Ceci présente comme conséquence la
réduction du rendement et la diminution de la valeur marchande du riz
à cause des brisures.
Une récolte précoce présente bien aussi
de conséquences telles que le taux d'humidité encore
élevé des pailles rendant le ramassage difficile ; le collage des
paddy aux panicules rendant le battage long et pénible, aboutissant
à cet effet à d'énormes pertes et par conséquent
à un faible rendement.
Notons enfin que dans les bonnes pratiques de fauchage, on
évite de couper près du sol ainsi que d'arracher le plant de riz
afin d'éviter que la terre ne se trouve à la récolte avec
le paddy. Une récolte de paddy souillée avec la terre se conserve
mal et donne après un riz de mauvaise qualité.
5.3.2. Le battage
Le battage est une opération qui suit la coupe du riz
au champ. C'est une opération de séparation des graines de
l'épi. Cette opération se fait généralement deux
jours après la récolte. Toutefois pour des raisons propres au
producteur, le délai peut varier allant même jusqu'à une
semaine.
5.3.2.1. Dispositions pré battage
Après la coupe, on procède en
général à la formation de botte en rangeant soigneusement
les épis coupés en de petits tas dans la même direction,
les panicules disposées les unes sur les autres pour le séchage.
Ces dispositions permettent la poursuite du séchage et le
détachement facile des grains paddy. Ceci permet donc d'obtenir un bon
rendement au battage.
5.3.2.2. Technique de battage du riz
Le battage se fait au champ sur une surface dure (tronc de
bois, dos de bassine renversé etc.). Cette opération est souvent
accomplie par les femmes et les enfants. Toutefois, les hommes peuvent
être aussi sollicités3. La réalisation de
l'opération de battage nécessite au préalable
l'étalement de bâche sur une surface bien dégagée au
champ. La surface dure est posée au milieu de la bâche
étalée sur le sol. Au cours du battage, les enfants sont
chargés de rapprocher les bottes de riz et les femmes s'occupent du
battage. L'opération consiste à taper les panicules du riz contre
la surface dure afin de détacher les paddy de l'épi. La
conséquence que cette technique de battage manuel peut présenter
est la cassure du grain de riz dans son enveloppe. Il en résulte donc un
taux important de brisure et par conséquent des pertes. Aussi
enregistre-t-on des pertes de grains paddy par projection au cours de
l'opération. De plus, beaucoup d'impuretés subsistent et exigent
dès lors un travail supplémentaire de vannage avant
l'opération de séchage suivante4.
3 Dans des cas exceptionnels, de manque de main d'oeuvre
féminine dans le ménage.
4 Dans le cas où le battage intervient avant le
séchage complète des graines dans le champ.
5.3.3. Le vannage
Le vannage intervient juste après le battage et
consiste à débarrasser le riz paddy des impuretés (sable,
débris et pailles...). Cette opération est réalisée
au champ par les femmes uniquement.
5.3.4. Le séchage du riz paddy
Le séchage du riz paddy est une technique de
réduction du taux d'humidité du paddy qui permet de
l'apprêter pour le stockage ou l'étuvage. Cette opération
est tributaire des conditions climatiques et se fait par exposition du riz
paddy au soleil. Dans la Commune de Glazoué, cette opération ne
se fait par le producteur que lorsque le battage intervient avant le
séchage complet des grains de paddy et se justifie par la
nécessité de continuer le séchage afin d'éviter des
pertes au stockage (moisissure des grains de riz). L'opération du
séchage consiste à étaler le paddy sur des bâches,
des sacs de jutes, des nattes ou des toiles cirées. Le paddy
étalé en couche mince au soleil est régulièrement
retourné pour favoriser le séchage des parties
inférieures. Selon les perceptions, le séchage n'est total que
lorsque le grain de riz quitte facilement la balle en triturant le paddy dans
la paume des mains.
L'opération de séchage tel que pratiquée
par les populations dans la zone d'étude présente beaucoup de
contraintes. La contrainte majeure est la surveillance des grains pendant tout
le temps d'exposition au soleil. La surveillance se fait contre les animaux
domestiques (l'opération se faisant à la maison) et aussi pour
éviter que la pluie ne tombe sur les grains.
Le séchage constitue une étape très
importante dans la phase post-récolte de riz. Cette étape
conditionne la qualité de riz obtenu et donc sa valeur marchande. En
effet, si le riz est mal séché le rendement au décorticage
et la qualité du produit fini en souffrirait. Un mauvais séchage
entrave profondément le stockage.
Pour être plus concret, le séchage
nécessite une certaine maîtrise. Cette maîtrise, selon
Troudé (1997), est difficile à réaliser lorsque le
séchage naturel est la seule technique utilisée. En effet, la
vitesse de séchage doit être maîtrisée : un
séchage trop rapide et/ou trop poussé provoque des amorces de
clivage dans le grain qui sont à l'origine des taux de brisures
élevés au décorticage. Le niveau de séchage doit
être optimal afin de ramener l'humidité dans l'ordre de 10%
environ (Houssou, 2002). Une teneur trop élevée peut
entraîner le développement de moisissures pendant le stockage
et/ou l'apparition de grains noirs. Elle réduit l'efficacité
du
décorticage et provoque le bourrage des machines. D'un
autre côté, un taux d'humidité trop faible fragilise le
grain et provoque des taux de brisures très élevés.
5.4. La transformation du riz paddy
Le riz paddy n'est consommable que s'il est
débarrassé de ses glumes et glumelles. L'opération qui
consiste à débarrasser le riz de ses glumes et glumelles
s'appelle le décorticage. Mais la transformation du riz paddy ne se
limite pas à cette opération. Avant son passage dans le
décortiqueur (mortier, moulin ou rizerie), le riz peut subir
l'étuvage. Dans la commune de Glazoué, cette opération est
nécessaire et indispensable avant le décorticage pour obtenir un
riz de bonne qualité.
L'activité de transformation du riz constitue une phase
primordiale dans la production du riz consommable : elle permet de
présenter un produit consommable au public, crée une valeur
ajoutée au riz paddy et augmente ainsi la valeur de la production
nationale. Dans la commune de Glazoué, deux types d'agents/acteurs
opèrent dans ce secteur : les transformateurs et les meuniers.
Le métier de transformateur est exercé par les
femmes tandis que celui du meunier est exercé par les hommes. Les
transformatrices sont responsables de l'étuvage du riz et utilisent les
services des meuniers pour le décorticage de leur riz. Il n'existe donc
pas de meunier privé qui achète, transforme le paddy pour le
vendre aux commerçants de riz décortiqué.
5.4.1. L'étuvage du riz paddy
L'étuvage est une opération couramment
réalisée par les populations de la commune de Glazoué,
uniquement des femmes. La technique traditionnelle d'étuvage aurait
été introduite au Bénin par les maliennes depuis plusieurs
décennies (Houndékon, 1996). Selon nos enquêtes,
l'étuvage traditionnel aurait été introduit dans la
commune de Glazoué par les femmes des migrants venus du Nord du pays.
L'opération consiste à ré-humidifier, surchauffer et
sécher les grains paddy avant leur décorticage et polissage. Les
deux éléments qui interviennent dans le processus
d'étuvage sont l'eau et la chaleur. Après un trempage suivi de
chauffage à la vapeur, il faut sécher le riz avant de le
décortiquer et de le stocker. Selon Gariboldi (1986) le but de
l'étuvage est de produire des modifications physiques, chimiques et
organoleptiques avantageuses des points de vue économique, nutritionnel
et pratique. Cependant, il faut noter qu'un mauvais étuvage, dû
à l'inexpérience ou à toute autre raison, peut non
seulement faire disparaître ces avantages, mais aussi réduire la
valeur
alimentaire du riz. Si on laisse fermenter le paddy pendant ou
après le trempage, et s'il n'est pas convenablement séché
et usiné, son goût, son odeur et sa couleur le rendront impropre
à la consommation (FAO, 1997)
Les principales modifications chimiques produites par
l'étuvage sur le riz sont selon Gariboldi (op.cit) :
- la dissolution et la diffusion des substances hydrosolubles
(vitamines et sels minéraux) dans tous les grains, ce qui modifie leur
répartition entre les différentes parties de celui-ci ; - la
dissolution des globules lipoïdes de l'albumen ;
- l'amidon gélatinisé se présente comme une
masse compacte et homogène ;
- les lipides sont séparés et s'enfoncent dans la
masse compacte d'amidon gélatinisé ; ils sont donc moins sujets
à l'extraction et
- les substances liposolubles du germe et de la couche
extérieure de l'albumen sont dissoutes et diffusées dans le
grain.
Les modifications physiques sont :
- le séchage ramène la teneur en eau du grain au
niveau optimal pour l'usinage ;
- tous les processus biologiques latents ou actifs (germination,
prolifération des spores de champignon, développement d'insectes
à différents stades) sont définitivement stoppés ;
- le rendement à l'usinage est meilleur et la qualité est
améliorée parce qu'il y a moins de grains brisés ;
- le riz étuvé, usiné ou non se conserve
mieux et plus longtemps, car la germination n'est plus possible et la texture
compacte de l'albumen lui permet de résister aux attaques des insectes
et de ne pas absorber l'humidité du milieu ambiant et
- le riz cuit se conserve plus longtemps et ranci moins.
Quant aux modifications organoleptiques, les plus importantes
sont :
- le riz étuvé cuit est plus digeste, du fait de sa
texture et de sa consistance ferme et - après cuisson, les grains sont
plus fermes et ont moins tendance à coller.
Les populations de la commune de Glazoué
préfèrent le riz étuvé avant décorticage
pour ses avantages sur le plan organoleptique et culinaire.
5.4.1.1. Dispositif et méthode traditionnelle
d'étuvage
> Présentation et évolution de la
méthode traditionnelle d'étuvage
On distingue plusieurs méthodes traditionnelles
d'étuvage du riz paddy. Mais toutes les méthodes utilisent un
même dispositif composé de marmite en fonte d'aluminium. La
plus
ancienne consiste à tremper le paddy dans l'eau froide
pendant 12 heures environ ; ensuite à l'égoutter puis à le
pré-cuire en petite quantité dans une marmite. Après cette
pré-cuisson, le paddy est étalé au soleil pour le
séchage sur un tapis ou une bâche. A la fin du séchage le
paddy peut être décortiqué ou stocké. L'un des plus
grands inconvénients de cette méthode est le développement
de moisissures sur le riz (Houssou, 2002). Aussi, le riz présente-t-il
souvent une couleur terne et une odeur forte après décorticage.
Dès lors, pour remédier à ce problème, les
transformatrices ont commencé à utiliser de l'eau chaude pour le
trempage, toujours avec la même durée. Cependant, la
qualité du produit final reste inadaptée au goût des
consommateurs (Houssou, 2002). Cette mauvaise qualité est souvent due,
d'une part au mauvais triage et lavage du paddy afin de le débarrasser
complètement du sable et autres déchets et, d'autre part, d'une
pré-cuisson inadéquate (mauvaise estimation de la quantité
d'eau de cuisson), qui fait que le riz au fond de la marmite cuit plus qu'il ne
faut ou se carbonise. La figure 5 montre le diagramme technologique pour
l'étuvage traditionnel du riz paddy.
Figure 5: Diagramme technologique pour l'étuvage
traditionnel du riz paddy Source : Houssou, 2002
> Evolution du dispositif traditionnel d
'étuvage
Face aux nombreux problèmes de qualité du riz
obtenu avec le dispositif traditionnel, les transformatrices ne sont pas
restées « les mains croisées ». Biens des solutions
endogènes ont été trouvées et essayées par
les femmes transformatrices. Les premières tentatives
d'amélioration du dispositif ont consisté à poser
horizontalement dans la marmite du bois sur lequel on met des sacs de jute. Le
paddy est alors versé sur les sacs dans la marmite pour
l'étuvage. La méthode d'étuvage reste le même.
L'idée est de séparer le paddy de l'eau de cuisson pour avoir une
cuisson complètement à la vapeur. Mais l'inconvénient que
les femmes trouvent à ce dispositif est que l'eau submerge le paddy en
bas de la marmite sur le sac lors de la cuisson ; ce qui produit les
mêmes effets que dans le cas du dispositif
traditionnel usuel. De plus, ce procédé
réduit la capacité de la marmite et ne permet pas d'étuver
de grandes quantités de paddy. Touj ours dans le but de séparer
le paddy de l'eau lors de l'étuvage, l'alternative que les
transformatrices ont trouvé était de remplacer les sacs de juste
par un plateau. Cette nouvelle méthode a été aussi sans
succès. Les transformatrices n'ont jamais réussies à
pouvoir réaliser la cuisson complètement à la vapeur comme
elles auraient souhaités.
> Contraintes liées à l 'étuvage
traditionnel
En dehors de la mauvaise qualité du riz que donne
l'étuvage traditionnel, il existe d'autres contraintes qui limitent les
transformatrices dans l'exercice de leur activité. Il s'agit
prioritairement de la pénibilité du travail et sa lenteur, du
manque d'aire de séchage et de matériel de transformation et le
séchage difficile. Selon les transformatrices, les effets de la
pénibilité du travail sont les maladies (souvent due à la
chaleur du feu), les accidents (les plaies dans les mains) et la faible
capacité de transformation et par conséquent un faible revenu. La
cause de cette contrainte en est le manque de moyen financier qui oblige les
femmes à utiliser des équipements rudimentaires augmentant ainsi
les frais de transformation.
5.4.1.2. Dispositif et méthode
améliorée d'étuvage
Afin d'améliorer la technique d'étuvage, pour
obtenir un riz de meilleure qualité après décorticage, la
recherche (INRAB-PTAA) a mis au point et introduit en milieu rural un nouveau
dispositif d'étuvage. Ce nouveau dispositif vise à
améliorer de façon quantitative et qualitative le rendement du
riz produit localement tout en maintenant ses qualités organoleptiques
et sa valeur marchande. Le principe de fonctionnement de ce dispositif est la
cuisson à la vapeur.
> Bref aperçu sur l 'historique du dispositif
amélioré d 'étuvage
La mise au point du dispositif amélioré
d'étuvage du riz s'est faite en trois temps. On a d'abord cherché
à réaliser, avec des fûts, un dispositif permettant de
pré-cuire le riz à la vapeur et non plus à l'eau. Ce
dispositif est composé de la superposition de deux demi fûts
métalliques (fûts de récupération). Le demi
fût supérieur est percé de petits trous à sa base
(voir photo 1). Le paddy à étuver, après trempage, est
versé dans le demi-fût supérieur, puis est couvert par des
sacs de raphia tandis que le demi-fût inférieur contient de l'eau,
qui, une fois portée à ébullition, génère de
la vapeur qui traverse les perforations du demi fût supérieur
pour cuire son contenu. L'un des grands avantages de ce mode
d'étuvage est que la vapeur est propre, stérile, inodore et
insipide (FAO, 1997).
Photo 1: dispositif composé de deux démis
fûts
Ce nouveau dispositif a été introduit au niveau
d'une quinzaine de groupements de femmes transformatrices de riz paddy. Ces
groupements avaient pour rôle d'utiliser le dispositif et de donner leur
appréciation par rapport à la méthode traditionnelle. Le
tableau 9 présente quelques indices de comparaison de ce nouveau
dispositif avec la méthode ancienne. Les résultats obtenus ont
été très bons en terme de qualité du produit obtenu
: riz cargo blanc, sans grains brûlés, etc.
Tableau 9: Comparaison des deux dispositifs
d'étuvage du riz
Indices Dispositif traditionnel (marmite) Nouveau dispositif
(demi fûts)
Quantité de riz paddy 24 kg (variété
Gambiaka) 24 kg (variété Gambiaka)
Teneur en eau du riz avant étuvage 6,1 #177; 0,36 % 6,1
#177; 0,36 %
Durée d'étuvage/pré-cuisson 15 min 20 min
Consommation en bois 5,5 kg 7,3 kg
Durée de séchage au soleil 2 heures 1 heure 30
minutes
Durée de séchage à l'ombre (case) 16 heures
16 heures
Poids du riz après séchage 24,3kg 24 kg
Teneur en eau du riz après séchage 7,3 #177; 0,4 %
6,9 #177; 0,2 %
Nombre d'opérations du processus 6 5
Présence de grains carbonisés Oui Non
Longueur : 7,26 #177; 0,05mm Longueur : 7,35 #177; 0,04mm
Dimension des grains après décorticage Grd
diamètre : 2,24 #177; 0,14mm Grd diamètre : 2,15 #177; 0,17mm
Ptt diamètre : 1,76 #177; 0,05mm Ptt diamètre :
1,76 #177; 0,05mm
Taux de brisure 14,5 % 1,8 %
Rendement ([poids riz cago/ poids 52% 54 % paddy]*100)
Source : Houssou, 2002
Les avantages et inconvénients des deux dispositifs ont
aussi été évalués. Les résultats de cette
évaluation sont résumés dans le tableau 10. Ces
résultats montrent que bien que le nouveau dispositif permette d'avoir
du riz de très bonne qualité, il possède aussi des
inconvénients. Selon Houssou (2002), l'inconvénient majeur de ce
nouveau dispositif est que la durée d'utilisation (ou durée de
vie) reste limité et estimée à environ 1 an pour un
investissement initial de 20.000 Fcfa en moyenne, alors que le dispositif
traditionnel (marmite) qui coûte environ le même prix peut
être utilisé pendant au moins 10 ans sans être
attaqué par la rouille.
Tableau 10: Avantages et inconvénients des deux
dispositifs du riz paddy.
Dispositifs
|
Avantages
|
Inconvénients
|
|
- séchage rapide du riz étuvé
|
|
|
- séchage possible uniquement à
|
- faible résistance à la rouille
|
|
l'ombre
|
- fuite de vapeur au cours de son utilisation
|
Nouveau
|
- rapide et économique pour
|
- moins économique en bois pour l'étuvage de
|
dispositif à
|
l'étuvage consécutif de
|
faibles quantités
|
vapeur
|
plusieurs lots de riz paddy
|
- moins résistant à la corrosion
|
|
- meilleure qualité de riz (pas de grains
carbonisés et faible taux de brisure)
|
- usage unique (seulement pour étuver)
|
|
|
- nécessite forcement du soleil pour un bon
|
|
- rapide
|
séchage
|
Dispositif traditionne l
|
- relativement faible
consommation de bois pour de petites quantités de paddy -
forte résistance à la rouille
|
- moins rapide pour l'étuvage de grande quantité
- présence de gains carbonisés dans le riz
décortiqué
|
|
- usage multiple (utilisé également
|
- Moins rapide et moins économique en bois
|
|
pour la cuisson d'autres
|
pour l'étuvage de grandes quantités de riz
|
|
produits)
|
paddy.
|
Source : Houssou, 2002
A l'issue de cette évaluation, des améliorations
possibles du dispositif (démi-fût) ont été
identifiées tenant compte des critiques formulées par les
utilisatrices :
- utilisation de tôle galvanisée pour la partie
supérieure devant contenir du riz à étuver, et marmite en
fonte d'aluminium pour la partie inférieure, qui contient de l'eau, pour
éviter la corrosion ;
- utilisation de modèles standard tenant compte de la
taille des grains de paddy pour les perforations ;
- mise au point de modèles permettant d'étuver
aussi bien de grandes quantités de riz que de petites ;
- élaboration de fiches techniques pour l'utilisation et
l'entretien de ce dispositif.
A partir de là, une nouvelle version du dispositif
d'étuvage à la vapeur a été réalisée.
Elle est composée d'une marmite en fonte d'aluminium et d'un bac
d'étuvage qui est un récipient en forme de seau dont le fond et
le quart inférieur du pourtour sont perforés (voir photo 2). Pour
l'étuvage, le paddy est versé dans ce bac, qui est posé
sur la marmite qui contient de l'eau portée à ébullition
afin de générer la vapeur qui traverse les perforations du bac
pour pré-cuire le paddy. Des artisans locaux ont été
sélectionnés dans toutes les localités et formés
à la duplication de ce dispositif.
Une seconde mission d'évaluation a été
organisée en 2005 et a permis de porter des améliorations sur le
bac d'étuvage. Ces améliorations ont consisté à la
réalisation d'une bague au pourtour du bac au niveau de la jonction de
ce dernier avec la marmite afin d'éviter qu'il ne tombe dans l'eau
contenue dans la marmite et éviter le problème de fuite de gaz
souvent évoqué par les utilisatrices. Cette mission
d'évaluation a été effectuée par le PTAA en
collaboration avec ADRAO et Sassakawa Global 2002 et a permis la mise au point
du dernier modèle (voir photo 3) et la formation des artisans locaux
à sa duplication. C'est ce dernier modèle qui est actuellement en
cours de vulgarisation.
Photo 2: Dispositif composé de marmite
et
d'un bac d'étuvage (modèle
intermédiaire) Photo 3 : Dispositif composé de marmite
et
d'un bac d'étuvage (modèle
amélioré)
Photo 3: Dispositif composé de marmite et d'un bac
d'étuvage (modèle amélioré)
> Présentation de la méthode
améliorée d'étuvage
Pour étuver le riz avec le dispositif
amélioré d'étuvage, les opérations suivantes sont
effectuées :
a). Le lavage : le paddy est lavé proprement dans
une bassine contenant un grande quantité d'eau (03 litres d'eau pour 01
kg). Ce lavage permet de débarrasser le paddy des déchets
(grains de sable, herbes etc.) et des grains non mûrs.
Ces grains non mûrs qui surnagent lors du lavage sont collectés
à l'aide d'un petit panier, pendant que le sable qui se dépose au
fond de la bassine est jeté après avoir
récupéré minutieusement le paddy lavé.
b). Egouttage : le paddy bien lavé et propre
est versé dans un panier pour faire égoutter l'eau.
c). Trempage à l 'eau chaude : le paddy
après égouttage, est versé dans une marmite en fonte
d'aluminium contenant de l'eau propre. Cette eau doit légèrement
surnager le produit. L'ensemble est mis au feu et chauffer jusqu'à
l'élévation de la température à 80°c environ.
Cette température coïncide avec le moment où si
l'opératrice met son doigt dans l'eau de cuisson, celle-ci la
brûle. Ceci marque la fin du chauffage. Cette opération unitaire
au cours de laquelle le paddy est de temps en temps remué avec une
palette dure généralement 20 à 40 minutes pour 24kg de
paddy. Après ce chauffage, le paddy est enlevé du feu, puis
laissé au repos pour refroidissement pendant toute la nuit soit environ
10 à12 heures de repos.
d). Egouttage : le lendemain, le paddy est
enlevé de l'eau de cuisson. Celui-ci est lavé à l'eau
propre et égoutté à l'aide d'un panier.
e). Traitement à la vapeur : le paddy
égoutté est versé dans le bac d'étuvage
préalablement inséré dans une marmite contenant de l'eau
propre (environ 10 litres). L'eau contenue dans cette marmite ne doit pas
toucher le fond du bac pour éviter que le produit soit mouillé.
Le 2/3 du bac est enfoncé dans la marmite. L'eau est portée
à ébullition. La vapeur générée passe
à travers les perforations du bac pour pré cuir le paddy. La fin
de cette opération est marquée par l'observation de
l'éclatement des balles de quelques grains de paddy ou par la production
d'un son lourd en tapant sur les grains avec la paume de la main. La
durée de cette opération unitaire est d'environ 13 minutes pour
24 kg de paddy.
f).Le séchage : le paddy traité
à la vapeur est d'abord séché au soleil pendant environ 1
heure 30 minutes puis ramassé et séché à l'ombre
pour le reste de la durée du séchage qui peut durer environ 16
heures avant d'être décortiqué. Pour ces deux
séchages, le paddy doit être correctement étalé sur
des bâches ou sur des aires de séchage. Le séchage au
soleil puis à l'ombre ramène la teneur en eau du paddy à
environ 21% et 10% respectivement.
Selon les transformatrices, la fin du séchage à
l'ombre est marquée par l'enlèvement facile des balles par
frottement du paddy dans la paume des deux mains ; ce qui détermine la
fin de tout le processus d'étuvage du riz paddy qui peut être
dès lors décortiqué ou stocké.
5.4.2. Le décorticage du riz paddy
Le décorticage du riz paddy consiste à le
débarrasser des balles et sons de façon à le rendre
comestible. En effet, le riz tel qu'on le récolte, est constitué
du grain proprement dit ou caryopse, protégé de glumes et de
glumelles. On le rend comestible grâce au décorticage qui le
débarrasse des balles (enveloppe très dure) en conservant ou non,
tout ou parti des couches dures du péricarpe, qui contient l'ensemble
des sels minéraux et des vitamines.
Dans la commune de Glazoué, on distingue deux
systèmes de décorticage : le décorticage manuel et le
décorticage mécanique.
5.4.2.1 Le décorticage manuel
Le décorticage est réalisé
traditionnellement par les femmes au moyen de mortier et de pilons. Pour
obtenir un riz décortiqué, les femmes effectuent deux à
trois pilages successifs. Chaque pilage est suivi d'un vannage.
L'opération se déroule en deux phases : le décorticage
proprement dit et le polissage. Le polissage consiste à ajouter du grain
de sable fin ou des glumes au riz cargo issu du décorticage et à
piler jusqu'à l'obtention des grains un peu plus lisses. Selon
Houndékon (1996), une femme décortique en moyenne 5,13 kg de
paddy étuvé en une heure et 7 kg pour le riz non
étuvé avec un rendement moyen de 65% dont 5% de petites
brisures.
Le décorticage manuel est considéré comme
très pénible par les femmes qui sont disposées à
payer pour faire réaliser cette opération par des prestataires
(les meuniers). Selon nos enquêtes, le système de
décorticage manuel n'est pratiqué par les femmes que pour de
très petites quantités de paddy. L'existence de
décortiqueuses dans nos villages d'étude est un facteur qui
favorise cette option.
Notons que le riz décortiqué manuellement
comporte généralement beaucoup d'impuretés (cailloux,
pierres et grains non décortiqués) qui demandent beaucoup de
travail de triage lors de sa préparation. Ce qui diminue sa
qualité.
5.4.2.2. Le décorticage
mécanique
Le décorticage mécanique est, dans la zone
d'étude, le système de décorticage le plus
pratiqué. Il s'agit du décorticage réalisé à
l'aide de décortiqueuse de type Engelberg. La décortiqueuse de
type Engelberg est composée essentiellement d'une Trémie
d'aluminium,
d'un arbre cannelé en fonte, tournant à
l'intérieur d'un carter muni d'un tamis à la base, et d'une lame
d'acier jouant un rôle de freinage des grains (voir photo 4).
Photo 4: Décortiqueuse de type
Engelbert
Le décorticage est effectué par un principe de
friction / cisaillement lors du passage des grains entre le cylindre et la
lame. Les décortiqueuses Engelberg utilisées dans notre zone
d'étude sont actionnées par des moteurs thermiques Diesel. Selon
Houndékon (1996), la capacité horaire de ces moulins est
d'environ de 100 kg. On distingue deux versions de décortiqueuse de type
Engelberg : la version mobile et la version fixe. C'est cette dernière
qui est rencontrée dans notre zone d'étude. Le prix
pratiqué par les décortiqueuses est de 10FCFA /kg à
Glazoué et 12 FCFa /kg à Magoumi et à
Ouèdèmè.
5.5. La commercialisation du riz local
La commercialisation du riz paddy est assurée
exclusivement par des commerçants privés dans la commune de
Glazoué. Le circuit de commercialisation du paddy comporte trois types
de commerçants : les grossistes collecteurs, les grossistes
transformateurs et les détaillants transformateurs. Les grossistes
collecteurs sont ceux qui achètent le riz à bas prix au moment de
la récolte, le stockent pour le revendre deux à six voir dix mois
après. En effet, le paddy est mis dans des sacs de jutes puis entreposer
dans des magasins, sur du bois ou des briques, pour le stockage. Les grossistes
collecteurs s'assurent du séchage complet des grains paddy avant leur
achat pour le stockage. Elles s'assurent que le paddy est complètement
sec lorsque la balle se détache facilement du grain en le frottant entre
la paume des deux mains ou lorsque le grain produit un son aigu sous la dent.
Selon les commerçants, lorsque le paddy n'est pas bien sec, il se
développe des moisissures dans le stock qui créent de dommage au
paddy ; ce qui constitue des pertes. Le paddy non bien sec se conserve mal.
Les grossistes transformateurs ont pour but non pas de
revendre le paddy brut mais de s'approvisionner en matière
première pour la transformation. Ils achètent le paddy soit des
producteurs soit des collecteurs. Les détaillants transformateurs sont
ceux qui achètent le paddy en petite quantité auprès du
producteur ou du collecteur grossiste, l'étuvent et le font
décortiquer et procèdent aussitôt à sa vente. La
figure 6 présente le circuit de commercialisation du riz local dans la
commune de Glazoué.
PRODUCTEURS
COLLECTEURS
GROSSISTES
DETAILLANTS TRANSFORMATEURS
MEUNIERS DECORTIQUEURS
CONSOMMATEURS
DETAILLANTS
GROSSISTES TRANSFORMATEURS
Décorticage
Figure 6 : Circuit de commercialisation du riz local
Source : Enquête, 2006
> Les unités/instruments de mesure
Le tableau 11 montre les instruments de mesure du riz dans la
zone d'étude ainsi que leurs équivalences en kilogrammes. Les
équivalences concernent la contenance des unités en riz paddy.
Tableau 11: instruments de vente du riz
Nom de l'instrument/unité Equivalence en
kilogramme (kg)
Bassia 33.25
Tchaga 25
Sogo 1.75
Tongolo 0.7
Source : Enquête, 2006
> Les taxes
Le commerçant doit faire face à deux types de
taxe sur le marché de Glazoué. Il s'agit de la taxe communale qui
s'élève à 100 FCFA par sac de riz cargo et la taxe de
gestion du marché ou droit de place fixée à 100 FCFA par
« marché ».
> Le financement
Pour financer leurs activités, les transformatrices et
commerçantes ont besoin de capital. De nos enquêtes, il ressort
qu'il s'agit d'un facteur limitant et les principales sources de financement
sont les fonds propres, les prêts auprès des amis et parents. Les
transformatrices pensent qu'elles sont exclues du secteur financier formel
compte tenu des exigences pour l'octroi de crédit à ce niveau.
Elles trouvent le taux d'intérêt appliqué par les
institutions formelles de crédit (CLCAM5, CREP6,
ASF7) élevé, le délai de remboursement
inadéquat ainsi que les garanties exigées inopportunes. Les
besoins de financement généralement exprimés par les
transformatrices sont les crédits pour l'achat du paddy en
période d'abondance où les prix sont bas. En effet, en
période d'abondance (Décembre- Janvier), le prix de la bassine ou
"bassia" oscille autour de 4000 FCFA contre 7500FCFA en période de
pénurie (Juillet- Septembre).
5 CLCAM : Casse Locale de Crédit Agricole Mutuel
6 CREP : Caisse Rural d'Epargne et de Prêt 7 ASF :
Association des Services Financiers
5.6. Conclusion partielle
A l'issue de ce chapitre, on peut retenir que plusieurs
contraintes sont liées à la production du riz dans la commune de
Glazoué. L'utilisation des outils aratoires rudimentaires rend
pénible le travail. La contrainte à laquelle doit faire face le
producteur après le semis est la lutte contre l'envahissement des
adventices qui de plus en plus deviennent même résistants aux
herbicides. Aussi, vers la fin du cycle de développement du riz, le
producteur devra faire face aux attaques des oiseaux granivores qui font de
plus en plus rage dans la commune.
Le riz avant d'être comestible, doit être
décortiqué afin de débarrasser les balles du grain. Avant
de passer au décorticage, il est d'abord étuvé.
L'étuvage est une activité traditionnellement pratiquée
par les femmes. La méthode traditionnelle d'étuvage ne permet pas
touj ours d'obtenir un riz cargo de bonne qualité répondant au
goût des consommateurs. Cette mauvaise qualité est souvent due au
mauvais triage, au mauvais lavage du paddy et à la non-réussite
de la pré-cuisson. La non réussite de la pré-cuisson
provient de la mauvaise estimation de la quantité d'eau de cuisson qui
fait que le riz au fond de la marmite cuit plus qu'il n'en faut ou bien se
carbonise. Suite à ce constat et dans le souci d'amélioration de
la qualité du riz obtenu par les femmes transformatrices, le PTAA/INRAB
a introduit un nouveau dispositif d'étuvage à vapeur
constitué de deux démis-fûts qui a été
ensuite amélioré grâce aux suggestions formulées par
les utilisatrices suites aux conclusions des évaluations. Ce qui a
conduit à la fabrication du dispositif composé d'une marmite et
d'un bac d'étuvage qui est un récipient en forme de sceau dont le
fond et le quart inférieur de son pourtour sont perforés. Le
principe de fonctionnement de ce dispositif étant la cuisson à la
vapeur, il permet donc de résoudre le problème de la non
réussite de la pré-cuisson. Dans le message de vulgarisation du
dispositif, l'accent est mis sur les soins particulier à apporter au riz
paddy (lavage et triage) à étuver afin d'obtenir du riz cargo de
bonne qualité.
6. PERCEPTION PAYSANNE DE LA QUALITE DU RIZ ETUVE AVEC
LE DISPOSITIF AMELIORE
6.1. Introduction
L'objectif de ce chapitre est d'analyser la perception des
populations locales de la qualité du riz étuvé avec le
dispositif amélioré d'étuvage. Ce chapitre nous permettra
aussi de comparer la qualité du riz étuvé avec le
dispositif amélioré d'étuvage et celui étuvé
avec le dispositif traditionnel (selon les perceptions des populations locales)
par une approche qualitative. Cette perception est d'autant plus importante
qu'elle conditionnera l'attitude des acteurs face à l'innovation. Elle
constitue un préalable aux déterminants de l'adoption du
dispositif amélioré d'étuvage car de cette perception
dépendra la motivation des acteurs (consommateurs potentiels de
l'innovation) à apprendre à utiliser le dispositif.
Ce chapitre nous permettra de savoir si la qualité du
riz cargo obtenu avec le dispositif amélioré répond aux
préférences et habitudes alimentaires des populations locales qui
constituent les principaux acteurs dans le système. En effet, les
habitudes alimentaires étant des normes socioculturelles difficiles
à modifier, une innovation répondant à ces normes aura un
peu de crédit auprès des populations ; ce qui constitue un atout
majeur à son adoption.
L'usage du dispositif amélioré d'étuvage
entraînant des modifications qualitatives sur le riz, il est
nécessaire de savoir si ces modifications sont conformes aux normes
alimentaires établies dans la communauté où il est
introduit. Souvent, les développeurs ne font pas suffisamment attention
à ces paramètres à cause des objectifs économiques
visés alors qu'en milieu rural ces facteurs sont autant importants que
les objectifs économiques. Les facteurs économiques et
socioculturels sont intimement liés et parfois, l'aspect socioculturel
l'emporte sur l'économique dans les sociétés
traditionnelles. Ce sont ces facteurs que Rogers (1983) résume sous le
terme norme qu'il définit comme étant des modèles de
comportements établis, représentant souvent des barrières
à l'adoption d'une innovation, surtout en ce qu'il s'agit des habitudes
alimentaires.
C'est pourquoi, il est important de chercher à
comprendre si une innovation est socialement et culturellement acceptée
avant toute démarche. La perception des populations locale de la
qualité du riz étuvé avec le dispositif
amélioré d'étuvage constitue donc "une porte
d'entrée" à l'étude des facteurs déterminants son
adoption.
6.2. Critères endogènes
d'appréciation du riz et leur hiérarchisation
Le riz est un aliment produit et largement consommé
par les populations de la commune de Glazoué. Il occupe une place
importante dans la consommation alimentaire des ménages. La plupart des
consommateurs de la commune de Glazoué préfèrent du riz
étuvé pour diverses raisons. Selon les perceptions,
l'étuvage du riz permet d'améliorer ses caractéristiques
culinaires et organoleptiques que sont le taux de brisure, le goût, la
texture, l'homogénéité de la cuisson, etc. Les
préférences des consommateurs locaux se fondent sur
différents critères qu'on peut regrouper en deux
catégories. Il s'agit des critères d'appréciation sur le
riz crû et ceux sur le riz déjà cuit (riz bouilli).
Les critères endogènes d'appréciation du
riz varient d'un individu à un autre ainsi que l'importance relative de
ces derniers dans les systèmes de préférences
individuelles. Mais à partir des préférences
individuellement exprimées, il est possible de dégager une
préférence qui répondra à la
préférence collective. Ainsi, chaque consommateur était
amené à hiérarchiser ses critères de
préférence dans les deux cas (riz cru et riz cuit). Le test de
Kendall a été utilisé pour tester la concordance des
classements faits par chaque consommateur. L'utilisation de ce test se justifie
par le fait que, tous les critères étaient connus d'avance par le
biais de l'étude exploratoire. Ces critères préalablement
identifiés ont été soumis au classement par chaque
consommateur enquêté.
Dans les parties suivantes, nous allons
présenté les critères endogènes
d'appréciations du riz (le riz crû et cuit) ainsi que leur
hiérarchisation c'est-à-dire leur importance relative dans le
système de préférence du consommateur après les
avoir opérationnalisé.
6.2.1. Critères d'appréciation du riz
crû et leur hiérarchisation
6.2.1.1. Critères d'appréciation du riz
crû
La qualité du riz est d'abord appréciée
par rapport à sa présentation qui est un facteur qui attire le
consommateur. Certaines caractéristiques physiques du riz lais sent
déjà présager de sa qualité à la cuisson.
Les critères de jugement de la qualité physique du riz
généralement évoqués par les consommateurs sont :
la propreté, le taux de brisure, la couleur, la saveur/odeur,
l'importance des grains non décortiqués dans l'échantillon
du riz ou taux de paddy, la présence ou non de grains noirs dans
l'échantillon du riz et son aptitude à la conservation.
> La propreté
Un riz propre est un riz qui ne présente pas
d'impureté (grain de sable, cailloux...) et dont des débris de
balle ne subsistent sur le grain après décorticage. Les
consommateurs n'apprécient pas le riz avec de la poussière de
son. Le critère propreté du riz est donc un critère
très important d'appréciation de la qualité du riz. Du
point de vue des consommateurs, c'est la propreté du riz qui le rend
attrayant.
> Taux de brisure
Les consommateurs enquêtés
préfèrent le riz dont le taux de brisure est faible. Un taux de
brisure élevé diminue la valeur marchande du riz et le rend
indésirable par les consommateurs. Au même titre que la
propreté, le taux de brisure est un critère visuel
d'appréciation de la qualité du riz par le consommateur.
> Importance des grains non
décortiqués
Dans certains cas, après le décorticage du riz,
certains grains non décortiqués subsistent dans
l'échantillon. Ceci demande au moment de la préparation du riz un
travail de triage supplémentaire. Ainsi, les consommateurs
préfèrent du riz dans lequel ne subsistent pas de grains non
décortiqués.
> Couleur
Selon nos enquêtes, les consommateurs
préfèrent du riz de couleur blanche. La coloration du riz
dépend de la réussite de l'étuvage. Toutes les
transformatrices enquêtées affirment que la coloration parfois
jaune foncée du riz dépend exclusivement de la maîtrise de
l'étuvage par l'opérateur (la transformatrice). Ce défaut
part déjà de la réussite de l'étape du trempage
à chaud dans le processus d'étuvage et ceci s'accentue lorsque la
transformatrice n'arrive pas à bien apprécier la quantité
d'eau à verser dans la marmite lors de l'étape de la cuisson. Un
riz de couleur blanche est très attrayant et bien apprécier des
consommateurs.
> L 'odeur / saveur
L'odeur est un critère d'appréciation de la
qualité du riz qui témoigne de la réussite des
activités de sa transformation. Mais il est important de rappeler ici
que le critère odeur souvent évoqué par les consommateurs
est complètement différent du parfum du riz qui lui, peut
dépendre de la variété du riz. En effet, selon les
transformatrices enquêtées, il existe une corrélation entre
la méthode d'étuvage et la saveur du riz
décortiqué. Le séjour du paddy dans
l'eau froide8 donne au riz une odeur forte qui le
rend non désirer par les consommateurs. Toutefois, la mauvaise conduite
de l'étuvage peut donner au riz une telle odeur. A l'instar de la
couleur, l'odeur / saveur du riz est un critère d'attraction du
consommateur.
> Importance de grains noirs dans le riz
Dans le riz étuvé décortiqué
existe parfois de grains noirs du à certains facteurs comme la
qualité du paddy et l'étuvage. La mauvaise conduite de
l'étuvage9 entraîne la carbonisation des grains
situés en bas de la marmite, ce qui peut entraîner la
présence de grains noirs dans le riz si les grains carbonisés
n'ont pas été triés avant le décorticage. D'autres
facteurs sont à la base de cette caractéristique. Selon les
transformatrices, l'épandage de l'engrais à partir du stade
où le riz amorce la floraison (stade de début floraison) et le
déficit hydrique à partir de ce stade accélère la
maturation des grains paddy ; ce qui a pour conséquence
l'assèchement des grains n'ayant pas atteint le stade de maturité
complète. Et ce sont ces grains qui sont noirs au décorticage.
Aussi, selon les perceptions, les grains partiellement attaqués par les
oiseaux granivores sont-ils noirs au décorticage. Il faut aussi ajouter
au nombre de ces facteurs, le mauvais lavage et/ou triage lors de
l'étuvage qui fait que les grains non mûrs subsistent dans le riz
à étuver.
> Aptitude à la conservation
Le riz cargo n'est pas toujours immédiatement
consommé par le consommateur juste après son achat. Il est
parfois stocké pendant quelques semaines avant sa consommation. Lorsque
le riz cargo n'est pas de bonne qualité, il peut développer des
moisissures et bactéries (les parasites) pendant le stockage, le rendant
impropre à la consommation. Plusieurs facteurs peuvent être
à la base de ce défaut que peut présenter le riz cargo.
L'eau est le principal facteur de dépréciation
de la qualité du riz au stockage. En effet, pour bien appréhender
l'importance de l'eau dans les problèmes de conservation, il faut avoir
constamment à l'esprit les principes qui régissent son adsorption
par les constituants chimiques du grain (Guir-Arich et al, 1967;
Robert, 1972; Duck, 1975). Il existe une relation entre la durée
maximale de stockage des grains et leur teneur en eau. En règle
générale, on admet qu'un accroissement de 5% d'humidité
diminue de moitié la durée de conservation (Kossou et Aho,
1993).
8Première étape d'étuvage de
l'ancienne méthode traditionnelle d'étuvage. 9 Etuvage
traditionnel
La mauvaise conduite de l'étuvage conduit à un
riz cargo pas bien sec impliquant des dégâts au stockage. Le taux
d'humidité du riz cargo est un facteur déterminent son aptitude
à la conservation. Ce taux d'humidité dépend dans une
certaine mesure de la réussite de l'étuvage. Selon nos
enquêtes, ils existent des méthodes endogènes
d'appréciation du degré d'humidité du cargo. L'indicateur
d'un riz cargo bien sec prêt pour le stockage est le son aigu qu'il
produit sous la dent.
6.2.1.2. Hiérarchisation des critères
d'appréciation du riz crû
L'importance relative de chaque critère
d'appréciation de la qualité du riz crû est
résumée dans le tableau 12. Ce tableau présente le rang
moyen de chaque critère ainsi que l'ordre qu'il occupe dans la
hiérarchie des valeurs. Les résultats du test de concordance de
Kendall effectué sur les rangs sont aussi présentés dans
ce tableau.
Tableau 12: Classification des critères
d'appréciation du riz cargo
Critères
|
Rang moyen
|
Ordre
|
|
|
Propreté
|
1,19
|
1
|
Test statistics
|
|
Taux de brisure
|
2,11
|
2
|
N
|
75
|
Couleur
|
3,28
|
3
|
Kendall's W(a)
|
,806
|
Présence ou non de grains noirs
|
4,15
|
4
|
Chi-Square
|
362,753
|
Importance de grains non décortiqués
|
5,26
|
5
|
df
|
6
|
Odeur
|
5,33
|
6
|
Asymp. Sig.
|
,000
|
Aptitude à la conservation
|
6,68
|
7
|
|
|
|
W (a ) : Kendall's Coefficient of Concordance Source:
Enquête, 2006
Les résultats du tableau montrent que le coefficient
de concordance de Kendall est hautement significatif au seuil de 1%. On en
déduit donc que les différents classements effectués par
les consommateurs, ne sont pas indépendants les uns des autres. En
d'autres termes, les classements observés sont, dans l'ensemble,
extrêmement cohérents.
Ainsi, à partir des rangs indiqués au tableau
12, on peut dire que les trois premiers critères d'appréciation
du riz cru sont la propreté, le taux de brisure et la couleur du riz.
Ceci traduit que ces trois critères sont les plus importants dans le
choix du riz par les consommateurs. Le critère aptitude du riz cargo
à la conservation est souvent classé en dernière position
par les enquêtés car dans les zones d'étude les
problèmes de stockage du riz cargo ne se pose pratiquement pas et ceci
pour diverses raisons. Le riz local décortiqué n'est
conservé que pendant quelques semaines avant sa consommation. La
pratique de conservation
du riz en paddy est la plus courante. Aussi, l'étuvage
du riz très répandu dans la zone permet de garder intact le
péricarpe (après décorticage) qui assure une bonne
protection à la couche à aleurone, limitant ainsi les
phénomènes de rancissement au cours du stockage. De même
ces grains de riz pré bouillis sont moins attaqués par les
insectes post-récoltes que le riz blanc ou poli chez lequel le
péricarpe, la couche à aleurone et le germe sont absents (Kossou
et Aho,1993).
6.2.2. Critères d'appréciation du riz
cuit et leur hiérarchisation
6.2.2.1. Critères d'appréciation du riz
cuit
Les critères d'appréciation de la
qualité du riz cuit souvent évoqués par les consommateurs
sont les suivants : le goût, la texture, le degré de gonflement,
la durée de cuisson et l'aptitude à la conservation.
> Le pouvoir gonflant
Le pouvoir gonflant du riz est un critère
d'appréciation de la qualité culinaire du riz. Cette aptitude du
riz est très recherchée par les consommateurs car entraîne
une augmentation du volume du riz après la cuisson. En effet, le
gonflement du riz est apprécié par son volume après cuis
son ; pour une même quantité de riz crû et pour une
même préparation, un riz qui occupe plus de volume dans l'assiette
est plus apprécié par rapport à un riz occupant un volume
moindre. Il est dit plus économique car la quantité de riz
crû sera alors diminuée. Les consommateurs enquêtés
savent bien apprécier le pouvoir gonflant du riz. En appréciant
la capacité du gonflement du riz, un enquêté s'exprime en
ces termes "lorsque tu prends un peu, il faut que la
casserole se remplisse". Cette
déclaration prouve comment les acteurs apprécient le pouvoir
gonflant du riz et montre que ces derniers préfèrent les riz qui
se gonflent bien à la cuisson.
> Texture
La texture du riz après cuisson est l'aspect qu'il
présente. Le riz présente différents aspects après
cuisson. Mais l'aspect recherché par les consommateurs
enquêtés est l'aspect non collant des grains. La texture du riz
après cuis son dépend de la méthode de traitement du paddy
(méthode de transformation). Certains indices du riz cargo cru
permettent de prédire sa texture après cuisson. Selon les
transformatrices, la teneur en eau du riz cargo en est un. En effet, lorsque le
riz cargo n'est pas bien sec à la cuisson il présente un aspect
pâteux et le rend
non désirer par les consommateurs. L'aspect
pâteux du riz résulte de la non gélatinisation
complète de l'amidon lors de l'étuvage. La
dépréciation de la texture du riz est liée à la
mauvaise conduite de l'étuvage qui ne permet pas le séchage
complet des grains paddy avant décorticage.
> Le goût
C'est un facteur organoleptique d'appréciation de la
qualité du riz. Le critère goût est un facteur
socio-culturel important qui dépend des habitudes alimentaires du
consommateur. Pour être désiré par le consommateur, le riz
doit avoir un bon goût.
> La durée de cuisson
C'est un critère évoqué par les
consommateurs pour faire allusion au temps que met le riz cru avant de cuir
complètement. Les consommateurs recherchent un riz qui se cuit vite car
l'allongement de la durée de cuisson augmente les dépenses en
énergie (souvent du bois de chauffe qui est une ressource rare dans la
zone d'étude) pour sa cuisson.
> Aptitude à la conservation
Comme pour le riz cru, les consommateurs recherchent une
bonne aptitude de conservation du riz cuit. En effet, selon les habitudes
alimentaires dans la zone d'étude, les restes d'aliments
préparés la nuit sont souvent chauffés le lendemain matin
pour être consommé comme petit déjeuner. Les populations ne
font pas attention à la quantité d'aliment à
préparer pour satisfaire juste les besoins du ménage. Un riz qui
ne peut se conserver 8 à 10 h au moins après cuisson obligerait
les populations à changer leurs habitudes au risque de jeter
fréquemment les restes (partie non vite consommée). Ceci ne
serait pas du goût de ces dernières qui ne ménageront aucun
effort pour le rejeter.
6.2.2.2. Hiérarchisation des critères
d'appréciation du riz cuit
Les résultats de la hiérarchisation des
critères d'appréciation sur le riz cuit sont
résumés dans le tableau 13.
Tableau 13: Hiérarchisation des critères
d'appréciation du riz cuit
Critères
|
Rang moyen
|
Ordre
|
Test Statistics
|
|
Pouvoir gonflant
|
1,37
|
1
|
N
|
75
|
Goût
|
1,68
|
2
|
Kendall's W(a)
|
,883
|
Texture
|
3,04
|
3
|
Chi-Square
|
265,011
|
Durée de cuisson
|
4,13
|
4
|
df
|
4
|
Aptitude à la conservation
|
4,78
|
5
|
Asymp. Sig.
|
,000
|
|
W (a): Kendall's Coefficient of Concordance Source:
Enquête, 2006
Les résultats de ce tableau 13 montrent aussi que le
coefficient de concordance de Kendall est hautement significatif au seuil de
1%. On en déduit ici aussi que les différents classements
effectués par les consommateurs, ne sont pas indépendants les uns
des autres. En d'autres termes, les classements observés sont, dans
l'ensemble, extrêmement cohérents. Et nous pouvons conclure que
les critères de préférence (sur le riz cuit) les plus
importants dont tient compte le consommateur sont la capacité de
gonflement et le goût du riz.
De tous les critères, le plus important demeure le
pouvoir gonflant. Ceci montre que les populations locales tout en recherchant
la qualité, mettent l'accent sur l'aspect quantitatif. "Le ventre
d'abord", "il suffit d'avoir le ventre plein" ; sont les termes
souvent évoqués par les enquêtés lorsque nous
abordons la question de la hiérarchisation des critères
d'appréciation du riz après cuisson. Ces termes montrent la
primauté du critère pouvoir de gonflement du riz sur les autres
critères tout au moins dans le rang de l'ensemble des critères
évoqués pour apprécier le riz cuit. Après le
critère goût, le critère texture du riz est le plus
important. Les consommateurs affectionnent un riz qui ne se colle pas
après cuisson. Pour justifier l'antipathie des consommateurs du riz
collant, la déclaration de l'un de nos enquêtés est
édifiante
« Si je veux manger la pâte, je saurai que je
veux manger la pâte et si je veux manger du riz, je saurai que je veux
manger du riz. Mais je ne peux pas manger du riz qui ressemble à de la
pâte ».
Le critère aptitude à la conservation occupe
certes la dernière place mais revêt une importance capitale compte
tenu des habitudes alimentaires dans la zone d'étude. Ce critère
est souvent classé en dernière position parce que la plupart des
enquêtés déclarent qu'ils entendent parler qu'il existe des
variétés de riz qui, lorsque préparé la veille, les
restes ne peuvent plus être chauffés le lendemain pour la
consommation, mais qu'ils ne connaissent pas encore une telle
variété. Cependant, certains d'entre nos enquêtés
(les producteurs) ont
déclaré que la variété Wab
présente cette propriété et pour ce fait, la
réserve pour la vente en paddy au commerçants qui viennent de
Malanville10. Ce riz quitte donc le circuit de commercialisation
locale et ceci montre l'importance de l'aptitude du riz à la
conservation dans la zone d'étude.
Il est important de signaler ici que selon une étude
menée par Houssou (2005) sur l'aptitude à l'étuvage de
huit variétés de riz cultivé au Bénin, la
variété Wab se prête mieux à l'étuvage loin
devant les variétés locales Gambiaka et Cogbèdè.
Cette évaluation était basée sur les critères :
taux de brisure, couleur, propreté et la présence ou non de
grains noirs dans l'échantillon du riz non cuit ; le goût, le
pouvoir gonflant et l'aspect collant ou pour l'échantillon de riz cuit.
Au terme de cette étude, la variété Wab était la
variété la plus conseillée aux transformatrices. La
déclaration de certains de nos enquêtés à l'endroit
de la variété Wab constitue donc un contraste qu'il va falloir
clarifier.
6.3. Appréciation du riz étuvé
avec le dispositif amélioré
Dans le but d'apprécier le niveau de (in)satisfaction
des consommateurs de la qualité du riz étuvé avec le
dispositif amélioré et d'évaluer les performances de ce
dernier en termes de ses changements qualitatifs sur le riz cargo
comparativement au dispositif traditionnel, les consommateurs ont
été amenés à donner une note de satisfaction (sur
une échelle de cinq points) pour chaque critère. Les
résultats de cette évaluation sont résumés dans le
tableau 14 et le tableau 15.
Tableau 14: Appréciation du riz cargo
Critères Notes d'appréciation (n = 75)
Méthode traditionnelle Méthode
améliorée
Propreté 2,5200 4,8000***
Taux de brisure 2,493 3 4,4000***
Couleur 2,7600 4,5278***
Importance de grains non décortiqués 3,8 133
4,0053*
Odeur 3,760 1 4,4800*
Aptitude à la conservation 4,7467 5,0000
Source : Enquête, 2006
*** = significatif à 0.1% **= significatif à 1% *
= significatif à 5%
10Lors des ventes groupées organisées
par UNIRIZ et les ONG locales
Tableau 15: Appréciation du riz cuit
Notes d'appréciation (n = 75)
Critères Méthode traditionnelle Méthode
améliorée
Pouvoir gonflant 3,793 4,5333**
Goût 3,8400 4,5733**
Texture 3,6133 4,6533**
Durée de cuisson 4,2800** 3,4400
Aptitude à la conservation 4,9333 4,9467
Source : Enquête, 2006
** = significatif à 1% * = significatif à 5%
Les notes présentées dans les tableaux 14 et 15
sont les notes moyennes obtenues après traitement des données
collectées auprès des consommateurs individuels. Selon
l'échelle de mesure, la note 5 signifie une très bonne
appréciation, 4 une bonne appréciation, 2 à 1 une
appréciation médiocre, la note 3 étant la moyenne retenue.
Les moyennes obtenues ont été testées avec le test t de
student pour déterminer le niveau de signification des
différences entre les moyennes observées. Ce test a
été fait entre les moyennes deux à deux pour un même
critère. Les résultats du test sont consignés dans les
tableaux 15 et 16.
L'analyse des résultats du tableau 14 montre que le
dispositif amélioré d'étuvage contribue sensiblement
à l'amélioration de la qualité du riz cargo,
principalement à l'amélioration de sa propreté, son taux
de brisures et sa couleur. Le test à été hautement
significatif à 0.1% pour ces critères qui constituent (selon la
hiérarchisation des critères) les principaux critères de
choix des consommateurs. Ce tableau montre aussi que le dispositif
amélioré permet de diminuer le nombre de grains paddy non
décortiqués après usinage. Ceci tient du fait que ce riz
se sèche bien avant décorticage parce que n'ayant pas
absorbé de l'eau lors de l'étuvage.
L'analyse du tableau 15 montre que le dispositif
amélioré d'étuvage améliore la qualité
organoleptique du riz. Il augmente la capacité de gonflement du riz,
améliore son goût et permet d'avoir un riz non collant
après cuisson ; toute chose répondant au goût des
consommateurs. En effet, l'aptitude à gonfler du riz étuvé
à la vapeur a été vérifiée par Houssou
(2002) au laboratoire par un test d'absorption d'eau en cours de cuisson
utilisant la méthode de Juliano (1982) décrite par Godon et
Loisel (1984). Les résultats de ce test sont résumés dans
le tableau 16.
Tableau 16: Test d'absorption d'eau du riz cargo (pour
100 g)
Riz étuvé avec le nouveau dispositif
|
Riz étuvé avec le dispositif traditionnel
|
|
Volume d'eau absorbé : 800 #177; 71 700 #177;
50 ml/100 g
Durée de cuisson (mn) 21 #177; 5,6 15 #177; 01
Source : Houssou, 2002
A la cuisson, le riz étuvé à la vapeur a
absorbé plus d'eau que le riz étuvé à l'eau. Ceci
confirme les résultats du tableau 15 et prouve que les consommateurs
savent bien apprécier la capacité de gonflement du riz
étuvé avec le dispositif amélioré. Cette aptitude
à gonfler que présente le riz étuvé avec le nouveau
dispositif tient du fait que lors de l'étuvage, le riz n'avait pas
absorbé de l'eau et comporte donc beaucoup plus de matière
sèche que le paddy étuvé dans l'eau qui est
légèrement plus humide.
Par ailleurs, l'étuvage à la vapeur allonge le
temps de cuisson du riz cargo, en témoigne la signification du test de
student. Ceci est le seul inconvénient noté par les consommateurs
enquêtés. En réalité l'allongement de la
durée de cuis son ne constitue pas un problème majeur car ce
critère est marginal dans le système de préférence
du consommateur.
6.4. Conclusion partielle
A l'issue des résultats obtenus, il apparaît
clairement que le dispositif amélioré d'étuvage contribue
à améliorer de façon significative la qualité du
riz qui est bien apprécié des consommateurs : riz propre,
savoureux, moins brisé et qui gonfle mieux à la cuisson.
Le seul défaut reproché au produit obtenu
à partir du dispositif amélioré est sa durée de
cuisson qui est plus longue. Ce défaut ne constitue pas une contrainte
majeure car le critère « durée de cuisson » n'occupe
pas une place importante au nombre des critères de choix du
consommateur. Toutefois, une solution à cette contrainte pourrait
être le trempage préalable du riz dans l'eau froide avant sa
cuisson.
7. PERCEPTIONS PAYSANNES DES CARACTERISTIQUES DU
DISPOSITIF AMELIORE
7.1. Introduction
Plusieurs études ont montré que les perceptions
paysannes des caractéristiques d'une technologie sont
déterminantes pour son adoption (Adesina et Zinnah, 1992, Adesina et
Bardu-forson, 1996). Ainsi, la perception des transformatrices des
caractéristiques du dispositif sera déterminante pour son
adoption. L'analyse des perceptions des acteurs des attributs du dispositif
amélioré permettra de savoir jusqu'à quel point telle ou
telle caractéristique encourage ou décourage son adoption. Ce qui
permet de mesurer la satisfaction que le dispositif proposé par les
services de recherche et de vulgarisation procure aux transformatrices et
éventuellement aux meuniers. Nous partons de l'hypothèse selon
laquelle les transformatrices ressentent un problème, une contrainte; ce
qui crée une demande. D'un autre côté, la recherche et la
vulgarisation proposent une offre de technologie qui sera évaluée
par les transformatrices. Le comportement d'adoption des transformatrices
résultera donc du degré de compatibilité entre leurs
perceptions des caractéristiques des technologies introduites et celles
des technologies demandées ou recherchées.
En effet, selon Thornton et Odero, (1998),
l'évaluation paysanne, basée sur la perception paysanne, permet
aux paysans concernés par un projet d'exprimer leur opinion, ce qui
permet de vérifier leur (in)satisfaction à son égard. Il
est très important de demander l'opinion des utilisateurs afin de
contribuer à l'identification des points forts et faibles d'une
technique. Par exemple, Tano Kouadio (cité par Thornton et Odero, 1998)
a démontré que l'évaluation subjective des paysans
était un déterminant significatif de la décision d'adopter
ou non une nouvelle technique. La pensée de De Bresson (1993) explicite
bien l'importance de l'évaluation paysanne. Selon lui, les consommateurs
(utilisateurs) sont en mesure de juger de l'utilité et des
inconvénients de la technique. Même si leurs arguments paraissent
subjectifs, incomplets et exprimés d'une "drôle" de façon,
ils ont intuitivement raison. Le tout premier avis des utilisateurs est aussi
un indice de la réaction qu'aura le reste de la société.
Avec ces premiers commentaires, il devient possible d'ajuster la technique aux
préférences des utilisateurs qui participent ainsi à la
conception de la technique.
L'analyse de la perception des transformatrices des
caractéristiques de la technologie se fera à travers leurs
perceptions des atouts et contraintes inhérentes à l'utilisation
de cette dernière.
7.2. Perception des atouts du dispositif.
Les atouts du dispositif regroupent tous les avantages
liés à l'utilisation de ce dernier. Ces avantages peuvent
être d'ordre technique, économique ou organisationnel. Les
avantages du dispositif perçus par les transformatrices ainsi que leur
hiérarchisation sont résumés dans le tableau 17. La
hiérarchisation des caractéristiques perçues comme atouts
par les transformatrices s'est faite en utilisant un indice
pondéré. La formule de cet indice est mise en bas du tableau. Ce
choix est motivé par le fait que lors des enquêtes, chaque
enquêté (transformatrice) était libre d'indiquer les trois
premières caractéristiques pouvant être
considérées comme avantages (selon sa conception), après
avoir cité de façon exhaustive les atouts du dispositif. Il est
important de rappeler ici que les transformatrices, dans leurs
appréciations, n'arrivent pas à différencier les avantages
intrinsèques au dispositif des avantages liés au produit obtenu
de cette technologie. Ces dernières ont donc appréciées le
riz étuvé et le dispositif en même temps. Ceci traduit le
fait "qu'au yeux" des transformatrices la qualité du étuvé
est autant importante que les caractéristiques du dispositif.
Tableau 17: Avantages liés à l'utilisation
du dispositif amélioré d'étuvage
Caractéristiques
|
Rang1
|
Rang2
|
Rang3
|
Somme
|
Indice
|
Ordre
|
Bonne qualité du riz obtenu
|
41
|
10
|
2
|
53
|
48,3 3
|
1
|
Séchage rapide
|
39
|
5
|
|
44
|
42,3 3
|
2
|
Transvasement du paddy facile
|
15
|
17
|
1
|
33
|
26,67
|
3
|
Grande capacité du bac
|
12
|
15
|
1
|
28
|
22,33
|
4
|
Travail moins pénible
|
13
|
|
|
13
|
13
|
5
|
Rendement au décorticage élevé
|
|
10
|
5
|
15
|
8,33
|
6
|
Vente de riz à bon prix
|
5
|
2
|
2
|
9
|
7,00
|
7
|
Cuisson homogène du riz
|
3
|
|
6
|
9
|
5,00
|
8
|
Diminution risque de mauvais séchage
|
|
4
|
|
4
|
2,67
|
9
|
Vannage facile
|
|
2
|
1
|
3
|
1,67
|
10
|
|
Les indices pondérés ont été
calculés par la formule : [(rang1 x 3) + (rang2 x 2) + (rang3 x 1)]/3
;
Dans les colonnes « rang 1, rang 2, rang 3 » sont
inscrits le nombre de personnes ayant attribué respectivement le 1, 2 et
3 aux avantages.
Source : Enquête, 2006
Au total, neuf caractéristiques ont été
perçues comme avantages liés à l'utilisation du dispositif
amélioré. Il s'agit de la bonne qualité du riz obtenu, du
séchage rapide du paddy étuvé, de la facilité du
transvasement du paddy, de la réduction de la pénibilité
du travail, du rendement au décorticage élevé, de la vente
du riz à bon prix, de la cuisson homogène du riz et de la
diminution du risque d'un mauvais séchage du paddy après cuisson.
La hiérarchisation des caractéristiques montre que les trois
premiers avantages du dispositif sont la bonne qualité du riz obtenu, la
rapidité du séchage et le transvasement facile. Dans la partie
suivante, nous analyserons la perception des transformatrices de ces
caractéristiques après avoir présenté les
innovations paysannes liées au dispositif amélioré.
7.2.1. Innovations paysannes liées au dispositif
amélioré
Au cours de nos enquêtes, nous avons rencontré
des femmes transformatrices qui, conscientes des avantages du dispositif, ont
innové. Nous nous chargerons de présenter l'exemple de deux
d'entre elles. Il s'agit de madame GG à Ouèdèmè et
de madame AS à Kpakpaza.
« Madame GG est une transfomatrice du riz
âgé de 57 ans; elle est veuve, animiste, n 'a aucun niveau
d'instruction. L 'étuvage du riz constitue son activité
secondaire après l'agriculture. Elle est la présidente du
groupement Toyi : groupement de transformation du manioc et du soja en produits
divers. Elle a 15 ans d 'années d 'expérience dans l
'étuvage du riz d 'où elle tire 25% de ses revenus. Elle a
été formée à l 'utilisation du dispositif
amélioré par le Programme Spécial pour la
Sécurité Alimentaire (PSSA) par le biais du CeCPA Glazoué.
Elle a avoué avoir été inspiré du modèle du
dispositif amélioré dont le principe est de favoriser une cuisson
complète à la vapeur en séparant le paddy de l 'eau de
cuisson lors de l 'étuvage.
Le dispositif de Madame GG est composé d'une
marmite, d'un plateau troué et de petits morceaux de bois. En effet, au
cours de l 'étuvage, les morceaux de bois bien résistants sont
placés horizontalement dans la marmite contenant de l 'eau. Le plateau
troué est déposé sur les morceaux de bois dans la marmite
de sorte qu 'il ne soit en contact avec l 'eau. Le riz paddy trempé dans
l 'eau chaude la veille est versé sur le plateau dans la marmite pour
être pré-cuit à la vapeur. Le riz pré-cuit est
étalé sur une bâche pour le séchage au soleil
pendant 2 heures puis ramassé et séché dans la chambre
pendant toute la nuit. La seule contrainte qu 'elle trouve à son
innovation est la réduction de la capacité de sa marmite. Mais
elle déclare être satisfaite du produit qu 'elle obtient qui selon
elle compense cette contrainte ».
« Madame AS est âgé de 55 ans,
marié, n 'a aucun niveau d'instruction et est membre du groupement des
riziculteurs « Katshéfè Toga » où elle occupe le
poste de responsable à l 'information. Elle étuve du riz juste
pour la consommation de son ménage ou pour des cérémonies
mais jamais pour la vente. Elle a été formée à l
'utilisation du dispositif amélioré par le Programme
Spécial pour la Sécurité Alimentaire (PSSA) par le biais
du CeCPA Glazoué. Elle a avoué avoir été
inspirée du modèle du dispositif amélioré qu 'elle
a essayé de copier.
Le dispositif de madame AS est composé d'une
marmite et d'un petit seau dont le fond et le tiers inférieur de son
pourtour sont troués (voir photo5). Au cours de l 'étuvage, le
seau troué est posé sur la marmite contenant de l 'eau. Le paddy
versé dans le seau est alors précuit à la vapeur. Le paddy
traité à la vapeur est séché au soleil pendant
environ 2 heures puis à l 'ombre (dans la chambre) pendant toute la
nuit. Le paddy est alors prêt pour le décorticage. Selon la
transformatrice, la faible capacité du seau (environ 3 kg de paddy) ne
constitue pas un problème car elle n 'étuve pas de grande
quantité de paddy ».
Photo 5: Récipient troué pour
l'étuvage (innovation de Madame AS)
Il est important de signaler que la méthode
d'étuvage des deux innovatrices demeure la même que celle du
dispositif amélioré. Les différences se situent au niveau
des dispositifs. Ces transformatrices ont donc adoptées la
méthode améliorée d'étuvage malgré leur
innovation. Ceci témoigne de l'opportunité de l'innovation.
Notons aussi que, les innovations de ces transformatrices constituent des
formes d'adoption du dispositif.
7.2.2. Bonne qualité du riz obtenu
L'analyse du tableau 18 montre que le premier atout du
dispositif perçu par la majorité des transformatrices demeure la
qualité du riz cargo. En effet, selon les perceptions, le riz
cargo obtenu avec le dispositif est plus propre, blanc,
présente moins de brisure comparativement au riz cargo obtenu à
partir du dispositif traditionnel. Ceci montre une corrélation entre le
dispositif utilisé et la qualité du riz obtenu au
décorticage, toute chose étant égale par ailleurs. Cette
perception des transformatrices confirme les appréciations des
consommateurs (voir chapitre 6) des caractéristiques du riz
étuvé avec le dispositif amélioré.
La qualité du riz cargo obtenu à partir du
dispositif amélioré constitue la première source de
motivation des transformatrices à utiliser le dispositif. Au
marché, cette amélioration de la qualité est payante car
ce riz se vend à un prix plus élevé que le riz
étuvé avec le dispositif traditionnel. Pour preuve, nous prenons
en témoignage la déclaration d'une transformatrice :
« Lorsque j 'étuve le riz avec le dispositif
amélioré, après décorticage, le riz est propre,
bien blanc, sans brisure. C 'est bien joli ! C 'est même plus bon que
celui du "blanc". Lorsque je l 'amène au marché, je vends vite et
mes clients sont contents du produit que je leur vends et me demande que
prochainement de leur garder du riz en réserve. Même si je viens
en retard au prochain marché, ils m 'attendent dans le hangar. Dans ce
cas, lorsque les autres vendeuses vendent leur riz à 300 FCFA le
kilogramme, même si je fixe mon prix à 350 FCFA le kilogramme, je
vends plus vite qu 'elles. Il n'y a jamais de mévente avec le dispositif
amélioré ».
Cette déclaration en plus de ce qu'elle prouve la
qualité du riz cargo obtenu avec le dispositif amélioré,
montre que les commerçantes et autres clients des transformatrices
(restauratrice, consommateurs finaux) sont en quête de riz de bonne
qualité et sont prêt à y mettre le prix. Elle montre aussi
la satisfaction morale de la transformatrice, satisfaction d'avoir
présenté un bon produit sur le marché. La
présentation du riz obtenu avec le dispositif amélioré ne
constitue pas ses seules qualités qui attirent les consommateurs. A
coté de sa meilleure présentation, ce riz présente
l'avantage d'avoir une capacité de gonflement meilleure de même
que son goût comme montré dans la partie précédente
(chapitre6).
Dans la bonne qualité du riz, les transformatrices
mettent aussi la réduction de la quantité de grains non
décortiqués après usinage. Cette réduction facilite
le travail de vannage/ triage que la transformatrice devra faire après
l'usinage afin de rendre le produit plus propre.
7.2.3. Le séchage rapide
Le séchage rapide du paddy est perçu comme un
atout par les transformatrices pour diverses raisons. En effet, la lenteur du
séchage du riz étuvé avec le dispositif traditionnel ne
permet pas toujours d'avoir du paddy bien sec en temps réel au moulin
surtout à des périodes de l'année où le soleil
n'est pas favorable (temps peu ensoleillé). Le séchage constitue
une contrainte à l'étuvage traditionnel et est la cause de
nombreux problèmes rencontrés par les transformatrices. Ceci rend
le travail pénible et lent, entraîne d'énormes pertes
(pouvant aller jusqu'à 50%) au décorticage et par
conséquent un faible rendement. Le mauvais séchage entraîne
également un taux de brisure élevé entravant par
ricoché la qualité du riz dont le prix chute sur le marché
diminuant ainsi le revenu de la transformatrice. En conséquence, la
rapidité du séchage du paddy étuvé avec le
dispositif amélioré, en plus d'être un avantage technique,
constitue un avantage économique important qui à juste titre est
perçu par les transformatrices. La caractéristique du dispositif
qui lui permet d'avoir cet avantage réside dans le fait qu'il permet une
cuisson totale à la vapeur. Le riz ne beigne pas dans l'eau lors de la
cuisson. Le paddy n'ayant pas absorbé d'eau se sèche vite au
soleil. Selon les transformatrices, il suffit de l'étaler sur les
bâches, même en absence de l'ensoleillement, le simple effet du
vent suffit pour avoir du paddy sec. Ainsi le dispositif contribue à la
réduction du risque d'un mauvais séchage surtout à une
période de l'année où le temps est très peu
ensoleillé. En effet, l'étuvage du riz avec le dispositif
traditionnel nécessite un séchage au soleil avant l'étape
de séchage à l'ombre. En temps moins ensoleillé, le
séchage devient difficile et problématique avec risque de
développement de moisissure sur les grains paddy au stockage, consomme
beaucoup de temps diminuant la capacité de transformation de la petite
entreprise de la transformatrice. Selon les transformatrices, le séchage
à l'ombre seul suffit pour un bon séchage du paddy
étuvé avec le nouveau dispositif; ce qui fait que ces
dernières ne craignent pas la perturbation du séchage par les
pluies perlées qui freinaient leurs activités. Selon les
perceptions, le dispositif amélioré permet d'étuvé
du riz en tout temps quelque soit les conditions météorologiques.
A cet effet voici le témoignage de l'un de nos enquêtés,
transformatrice du riz à Magoumi :
« Lorsque j 'étuve du riz avec le dispositif
amélioré, au moment du séchage, je ne crains pas le
mauvais temps, je sais qu 'il me suffira d'étaler mon paddy dans ma
chambre. C'est vrai que dans ce cas le séchage est un peu plus lent que
si cela a été en partie fait au soleil, mais le résultat
reste le même: le paddy est bien sec ».
La déclaration d'une autre transformatrice à
Ouèdèmè corrobore le témoignage de la
transformatrice de Magoumi :
« En période de pluie nous avions des
problèmes pour sécher du paddy étuvé. Des fois, le
paddy n 'est pas bien sec avant de l 'amener au moulin. Conséquence,
nous enregistrions beaucoup de brisure. Mais avec le nouveau dispositif, nous
ne craignons plus la pluie ni le mauvais ensoleillement ».
Le dispositif amélioré permet donc de
répondre aux problèmes de séchage dont faisaient face les
transformatrices; séchage qui est parfois problématique en cas de
mauvais temps.
7.2.4. Transvasement facile
La facilité de transfert du paddy du bac sur les
bâches après cuisson permet aux femmes d'éviter de
s'exposer à la chaleur dégagée par la vapeur qui
s'échappe de la marmite comme c'est le cas avec le dispositif
traditionnel. Ceci contribue aussi à réduire la
pénibilité du travail et permet aux femmes d'éviter de
s'exposer aux maladies dues à l'exposition à la chaleur.
7.2.5. La grande capacité du bac
L'avantage de la grande capacité du bac est qu'elle
permet d'étuver une grande quantité de paddy en un seul tenant.
Le bac peut contenir jusqu'à 50kg de paddy11 alors que les
marmites utilisées par les femmes ne prennent pas plus que 3 0kg. La
capacité du bac permet aux transformatrices de traiter de grande
quantité de paddy augmentant ainsi leur chiffre d'affaire.
Le dispositif amélioré présente aussi
l'avantage de favoriser une cuisson homogène des grains paddy. En effet,
avec le dispositif traditionnel, le paddy en bas de la marmite cuit parfois
trop ou se carbonise lors de l'étuvage lorsque la quantité d'eau
à verser dans la marmite n'est pas bien appréciée par la
transformatrice. Les conséquences de cette
hétérogénéité de la cuisson sont la
médiocrité du riz cargo obtenu, son prix bas sur le marché
et par conséquent une perte de revenu pour la transformatrice.
En dehors de ces atouts identifier par les transformatrices,
les meuniers trouvent au dispositif, l'avantage de donner du paddy facile
à décortiquer leur permettant de dépenser
11 Le grand modèle
moins de gas-oil et par conséquent de réaliser
des économies. Aussi, l'enlèvement de tous les corps
étrangers par les lavages successifs prônés par la
méthode améliorée permet d'enlever tous les petits
graviers et les morceaux de métal qui risquent d'endommager la
décortiqueuse, et les brins de paille qui peuvent gêner
l'écoulement régulier du paddy vers la décortiqueuse.
7.3. Perception des contraintes liées au
dispositif
Les contraintes liées au dispositif regroupent
l'ensemble des facteurs limitant son adoption par les utilisateurs potentiels.
Ces contraintes peuvent être directement ou indirectement liées au
dispositif. La perception des contraintes liées au dispositif
dépend de chaque transformatrice (cadre de référence) et
de ses conditions socio-économiques. Ainsi, les contraintes liées
au dispositif amélioré ont été diversement
perçues par les transformatrices. Le tableau 18 résume les divers
facteurs considérés comme contraintes pouvant freiner l'adoption
du dispositif par les transformatrices.
Tableau 18: Contraintes liées au dispositif
amélioré
Contraintes Pourcentage de répondant (%)
Coût d'acquisition élevé 95
Fuite de vapeur au cours de l'étuvage 25
Cuisson lente 35
Consommation élevée en bois 35
Consommation élevée en eau 40
Séchage solaire difficile 45
Source : Enquête, 2006
Ce tableau 18 montre que les contraintes liées au
dispositif sont aussi bien d'ordre technique qu'économique. Les
contraintes d'ordre économique sont le coût d'acquisition
élevé, la consommation élevée en bois et en eau. En
effet, le bois et l'eau constituent des facteurs de production limitant la
transformation du riz dans la zone d'étude. Une demande
élevée de ces facteurs constitue donc des contraintes importantes
à prendre en compte.
7.3.1. Coût d'acquisition du dispositif
élevé
La contrainte majeure liée au dispositif est son le
coût d'acquisition élevé. La majorité des
transformatrices (95%) l'ont exprimé. En effet on distingue deux
modèles de dispositif : un petit modèle composé d'une
"marmite de 25" et d'un bac pouvant contenir jusqu'à 24 kg de paddy
vendu à 35000 FCFA et le grand modèle composé d'une
"marmite de 30" et d'un
bac pouvant contenir jusqu'à 50 kg de paddy vendu
à 45000 FCFA. Les transformatrices trouvent ces prix exorbitants par
rapport au niveau de développement de leurs petites unités de
transformation. Le dispositif n'est pas accessible de ce fait. En effet, le
financement des activités d'étuvage du riz se fait sur fond
propre chez la totalité des transformatrices enquêtés. Ces
dernières ne disposent pas souvent d'assez "d'argent en cache"
même pour l'achat du paddy. Certaines achètent le paddy à
crédit qu'elles remboursent après la vente de leur riz cargo au
marché, les mercredis.
7.3.2. Fuite de vapeur
Il a été constaté que lors de
l'étuvage avec le dispositif, il y a des fuites de vapeur au niveau de
la jonction du bac avec la marmite ; ce qui ralentit la cuisson si rien n'est
fait. Selon 25% de nos enquêtés, cela constitue une contrainte.
Mais en réalité, cela ne constitue plus une contrainte dans la
mesure où les femmes elles-mêmes ont déjà
trouvé un palliatif qui consiste à boucher l'alentour du bac (au
niveau de sa jonction avec la marmite) de pâte. Ceci justifie la faible
proportion de transformatrice l'ayant considéré comme une
contrainte.
7.2.3. Consommation en bois
Pour 35% des enquêtés, l'une des contraintes du
dispositif est sa consommation en bois. La cause de cette consommation en bois
est la lenteur de la cuisson. En réalité, toutes celles qui
évoquent cette contrainte n'étuvent pas de grande quantité
de paddy (maximum 1 bassine soit un équivalent de 3 3,25 kg) de paddy.
Par contre, celles qui étuvent de grande quantité trouvent la
cuis son rapide mais à partir du deuxième lot, le premier lot
étant lent à leur avis.
A l'analyse, la consommation élevée en bois que
les transformatrices lient souvent au dispositif amélioré
d'étuvage serait en partie due au type de foyer qu'elles utilisent. En
effet, la plupart des transformatrices utilisent un foyer constitué de
trois pierres. Il en résulte donc une perte considérable en
énergie lors de l'étuvage et par conséquent une
consommation élevée en bois.
7.3.4. Le séchage difficile
Une autre contrainte évoquée par les
transformatrices est la difficulté du séchage bien que, selon
elles, la rapidité du séchage serait un atout. En effet, selon
les transformatrices pour réussir le séchage, il faut retourner
le paddy régulièrement à la main. Un séchage trop
rapide entraîne la formation de fissures très fines dans
l'endosperme du grain de paddy (clivage du
grain par exposition au soleil). Ces fissures
s'élargissent et donnent un fort pourcentage de brisures lors du
décorticage. La rapidité du séchage demande que la
transformatrice exécute beaucoup de travail de retournement que 45% de
nos enquêtés trouvent contraignant. Selon ces dernières,
lors du séchage "on n 'a plus de temps pour faire autre chose".
Les autres transformatrice (55%) ne le trouvent pas contraignant parce que
le considère comme le prix à payer pour avoir du riz cargo de
bonne qualité.
7.4. Conclusion partielle
A la lumière de tout ce qui précède, il
ressort que le dispositif amélioré introduit dans les zones du
centre Bénin présente des avantages qui sont propres au
dispositif lui-même et à sa capacité de permettre
l'obtention d'un riz de bonne qualité apprécié des
consommateurs. En effet, sur l'ensemble des villages enquêtés, les
transformatrices s'accordent sur le fait que le dispositif favorise un
séchage rapide, facilite le transvasement du paddy après cuisson
et permet d'accroître le rendement au décorticage. Aussi, avec le
dispositif amélioré, les femmes sont épargnées des
tracasseries liées aux activités d'étuvage en même
temps qu'il leur permet d'avoir du riz de meilleure qualité qui se vend
à un bon prix. De plus, le dispositif permet d'étuver de grande
quantité de paddy augmentant la quantité de riz traitée
par unité de transformation. Toutefois, son coût
élevé constitue un facteur limitant son accessibilité aux
transformatrices.
Les avantages du dispositif suffisent-ils pour sous-tendre
une bonne diffusion ? Si oui, pourquoi depuis l'introduction du dispositif dans
la zone on n'a encore enregistré aucune commande des groupements ou des
transformatrices individuelles ?
8. ACTEURS, INTERFACES ET ORGANISATION DE LA
VULGARISATION
8.1. Introduction
L'activité d'étuvage du riz est menée
exclusivement par les femmes et constitue une activité
génératrice de revenu très importante pour ces
dernières. Elle constitue pour certaines femmes leur seule et unique
activité (11% des transformatrices12 enquêtées).
La promotion du riz étuvé implique une série d'acteurs
dont une présentation sommaire s'avère nécessaire. Ces
acteurs peuvent être regroupés en quatre catégories que
sont le gouvernement, les ONGs, les organisations paysannes et les individuels.
Le gouvernement est représenté par les services
décentralisés du MAEP tels que L'INRAB-PTAA, les CeCPA; le PSSA
et le PADSA. Les ONGs peuvent être divisées en deux
catégories: les ONGs internationales (Helvetas, VECO et Oxfam
Québec) et les ONG locales (RABEMAR, Castor appuis-Conseils, Un Monde et
LDLD). Les organisations paysannes impliquées sont le CPAC, l'UNIRIZ-C
et les groupements rizicoles au niveau des villages. Les individuels sont les
transformatrices individuelles, les commerçantes, les meuniers, les
artisans locaux et les consommateurs.
8.2. Acteurs et interfaces
8.2.1. Le gouvernement
Le gouvernement joue un important rôle dans la
promotion du riz étuvé. Son rôle part de la conception du
dispositif jusqu'à sa diffusion à travers les programmes (PSSA,
PADSA) impliqué dans le système de vulgarisation du dispositif
amélioré. En effet, le dispositif amélioré a
été conçu et testé en milieu rural par l'INRAB-PTAA
pour évaluer ses performances techniques. L'INRAB est une structure de
l'Etat spécialisé dans la recherche et le transfert de
technologie amélioré répondant aux problèmes du
monde rural. Son but est de contribuer au développement de l'agriculture
béninoise.
> Le PSSA
Le Programme Spécial pour la Sécurité
Alimentaire (PSSA) est un programme initié par la FAO en 1994. Il est
mis en oeuvre au Bénin depuis 1999 avec l'arrivée des experts et
techniciens vietnamiens. Dans le cadre de l'intensification des cultures, les
techniciens vietnamiens et leurs homologues béninois apportent leur
appui technique à la production de
12 Aucun d'entre ces transformatrices ne sont membres des
groupements de riziculteurs existants dans les villages
étudiés
riz dans trois zones à savoir Dangbo (dans les
villages de Yokon, Mitro et Zounguè), Kandi (village de Kassakou, Saah
et Bensékou) et Glazoué (Yagbo, Ouèdèmé,
Houin et Kpakpaza).
Le PSSA a financé le CeCPA Glazoué pour la
formation des femmes des groupements13 avec qui il travail dans ses
villages d'intervention dans la commune de Glazoué. Il a fourni à
chacun des groupements un spécimen du dispositif pour les
démonstrations au niveau village. Au total quatre dispositifs ont
été distribués par le PSSA dans la commune de
Glazoué.
> Le PADSA
Le Programme d'Appui au Développement du Secteur
Agricole, est un soutien du Danemark, par l'intermédiaire de Danida, au
Secteur agricole du Bénin. Ce programme est mis en oeuvre par le
gouvernement béninois à travers différentes unités
d'exécution nationales appuyées par un conseiller Danida : le
PADSA intervient dans 22 communes. Il comprend cinq composantes : (A) appui au
développement du secteur privé, (B) financement rural, (C) appui
au développement communal, (D) appui institutionnel au MAEP et (E)
recherchedéveloppement. Le PADSA s'est mis en relation avec le CeCPA
Glazoué pour former les femmes à l'utilisation du dispositif
amélioré. Sa contribution se limite au financement qu'il a
alloué au CeCPA Glazoué pour la formation.
8.2.2. Les ONG
Les ONGs intervenant dans la promotion du riz
étuvé dans la commune de Glazoué sont Helvetas, VECO,
Oxfam- Québec et les ONGs locales : RABEMAR, Castor appuis- Conseils et
Un Monde.
> Oxfam-Québec
C'est une ONG internationale d'origine canadienne qui a pour
mission d'appuyer les populations défavorisées des pays en
développement qui luttent pour leur survie, pour leur progrès,
pour la justice sociale et pour le respect des droits humains. Sa mission vise
également la mobilisation de la population du Québec afin de
faciliter l'expression de sa solidarité pour un monde équitable.
Elle est présente dans 22 pays dont 10 en Afrique. Le rôle de
cette ONG dans la filière riz dans la commune de Glazoué se
limite aux appuis techniques, logistiques et financiers qu'elle apporte
à l'UNIRIZ-C par le truchement du CPAC. Elle a
13 Il s'agit du Groupement Katshéfè Toga à
Kpakpaza, Minangnonnimidé à Ouèdèmè pour ce
qui concerne nos villages d'étude.
joué un rôle particulier dans la diffusion du
dispositif amélioré d'étuvage en finançant
l'UNIRZ-C pour la formation des femmes des groupements de riziculteurs
disséminés dans toute la commune.
> VECO (Vredeseilamden Country Office)
VECO est une ONG internationale d'origine belge
Vredeseilanden. Sa mission est de contribuer à bâtir une
société harmonieuse à travers la promotion de
l'agriculture durable et l'alimentation adéquate pour tous et pour
toutes. Au Bénin, cette mission se concrétise par l'appui au
développement de filières agricoles novatrices, le renforcement
organisationnel et le développement institutionnel des partenaires :
ONG/structures d'appui et organisations paysannes en vue d'offrir aux
communautés rurales des services appropriés au
développement des filières agricoles et en vue d'induire le
changement des politiques agricoles et législations défavorables
à la sécurité alimentaire et à l'agriculture
durable.
> Helvétas (association suisse pour la
coopération internationale)
Créée en 1955, elle travaille dans 22 pays dont
9 en Afrique, 8en Asie et 5 en Amérique Latine/Caraïbes. Ses
secteurs d'interventions sont : infrastructure en milieu rural, gestion durable
des ressources naturelles, formation et culture, Société civil et
Etat.
Pour le développement de la filière riz dans le
département des collines, ces deux ONGs internationales (VECO et
Helvétas) ont crée un partenariat avec les ONGs locales cidessus
citée. Les appuis qu'elles apportent aux ONGs locales sont d'ordre
technique et financier. Leurs actions dans le domaine du riz concernent toutes
les activités de la filière, de la production jusqu'à la
commercialisation en passant par la transformation où se situe
l'étuvage.
> RABEMAR (Recherche et Action pour le Bien
être de la masse rurale).
C'est une ONG locale dont le siège est Glazoué.
Elle a pour mission de contribuer au développement durable des
communautés rurales par des appuis qui assurent l'augmentation de leurs
revenus, l'amélioration des infrastructures socio-communautaires et un
changement qualitatif de leur cadre de vie.
> Un Monde (Centre de Recherches et d'initiatives
pour l'autopromotion et le développement communautaire).
Cette ONG a pour mission d'accompagner les communautés
de base dans la gestion durable de leurs initiatives en vue de
l'amélioration de la sécurité alimentaire, des revenus des
productrices et producteurs et de leurs biens êtres physiques.
> Castor Appuis-conseils
Elle a pour mission d'aider les populations à la base
à prendre en main la gestion durable de leur développement par la
promotion agricole à travers la sécurité alimentaire,
l'amélioration des revenus des productrices et producteurs ainsi que
leur bien être physique et mental et leur épanouissement
culturel.
En dehors des appuis que ces trois ONGs locales apportent
pour impulser la production du riz, elles interviennent dans la
dissémination du dispositif amélioré d'étuvage et
mènent des actions de marketing du riz (local) étuvé
à travers des foires et des communiqués radio diffusées
sur les chaînes locales.
8.2.3. Les organisations paysannes
Les organisations paysannes identifiées sont le
Consortium pour la Professionnalisation de l'Agriculture dans les Collines
(CPAC) et l'UNIRIZ-C. Le CPAC est une organisation faîtière qui
regroupe les producteurs d'anacarde, les cuniculteurs et les producteurs de riz
représenté par UNIRIZ-C. Le CPAC a joué un rôle
important dans la promotion du riz étuvé à travers les
formations qu'il a donné aux transformatrices. Notons que ces formations
n'ont été possibles que grâce au concours financiers
d'Oxfam- Québec.
D'autres acteurs très importants dans le
système sont les transformatrices, les artisans locaux (forgerons), les
meuniers et les commerçants. Les transformatrices sont les premiers
acteurs dans le système. Leur rôle consiste à étuver
le riz, à le faire décortiquer grâce aux services des
meuniers, à le rendre comestible et à le mettre à la
disposition des commerçantes, restauratrices ou consommateurs finaux.
Les artisans locaux quant à eux se chargent de dupliquer le dispositif
et de le mettre à la disposition des transformatrices (consommateurs de
la technologie).
8.3. Organisation de la vulgarisation
Selon Durcker (1985) l'adoption d'une innovation ne
dépend pas seulement de ses avantages techniques, mais aussi et surtout
des facteurs socio-organisationnels. Le rôle de la vulgarisation est
fondamental dans le processus d'adoption et de diffusion d'une innovation.
C'est elle qui prend en compte l'aspect organisationnel des interventions
nécessaire pour impulser le changement désiré. Nous
considérons ici, la vulgarisation comme toute action visant la promotion
du dispositif amélioré et comme un processus constitué
d'un certain nombre d'éléments inter liés. Royen (1972)
cité dans Röling (1982) a contribué à
l'élaboration de la figure 7 qui donne les principaux
éléments qui entrent dans ce processus de vulgarisation.
Groupe cible
Message Objectifs Méthode de communication
Organisation/ moyens
Figure 7: Moulin de Royen Source : Röling,
1982
- Les objectifs : dans le cadre de notre étude, nous
considérons comme objectif la promotion du dispositif d'étuvage
qui est une technologie pouvant contribuer à l'amélioration de la
qualité du riz localement usiné.
- Le groupe cible est la population visée dans le milieu
paysan représentée par les transformatrices du riz agissant en
groupement ou individuellement.
- Le message concerne l'information (la formation) et ou les
services (facilité ou octroi de crédit...) que les organismes ou
institutions fournissent aux transformatrices.
- Les méthodes sont les moyens de communication
utilisés pour provoquer le changement de comportement chez le groupe
cible.
A l'issue des résultats précédents, nous
pouvons affirmer que les transformatrices ont une bonne perception du
dispositif qui présente beaucoup d'avantages sur le plan technique et
économique. Dans cette partie, nous analyserons le système de
vulgarisation du dispositif mis
en place par les différents acteurs concernés
afin de voir jusqu'à quelle mesure cela peut soustendre une bonne
diffusion. L'adoption du dispositif nécessite l'existence d'une demande
durable et d'une chaîne d'offre efficiente. Les interventions
représentent la jonction entre l'offre et la demande. Ainsi, nous avons
réalisé un "Enterprise Web? pour le dispositif
amélioré d'étuvage présenté par la figure 8.
Cette figure montre l'ensemble des activités nécessaires pour
l'adoption du dispositif et par conséquent pour la réussite de la
vulgarisation afin de favoriser l'accès des transformatrices au
dispositif. Au centre, est présenté l'activité principale
qu'est l'étuvage du riz. Au-dessus de cette activité sont
présenté toutes les activités nécessaires (input)
pour adopter efficacement le dispositif. En dessous, sont
présentés toutes les activités utilisant le produit
(output).
Sélection des Transformatrices
Formation des Transformatrices
Sélection des Villages
Etuvage du riz paddy par les femmes en groupement ou
individuellement
Formation Meuniers
Vente du dispositif par les Forgerons
Offre de Crédit
Formation des Forgerons
Auto consommation
Offre du dispositif par ONG/CeRPA
Décorticage
Vente du riz
Offre Paddy par Producteurs
Offre de Crédit
Offre paddy commerçants
Figure 8: Enterprise Web pour le dispositif
amélioré d'étuvage Source : Enquête,
2006
8.3.1. Sélection des villages appropriés
L'adoption du dispositif nécessite la
disponibilité du matériel végétal qu'est le paddy.
Dans la commune de Glazoué, tous les villages ne sont pas producteurs du
riz. En conséquence, tous les villages ne peuvent pas être pris en
compte pour la vulgarisation ; d'où une sélection s'avère
nécessaire. Le critère "production de riz" dans le village est
important pour s'assurer de la disponibilité de la matière
première. Le second critère dont il faudra tenir compte est la
présence dans le village de transformatrices ayant déjà
leurs expériences dans l'étuvage du riz et capable
d'apprécier les améliorations qualitatives induites par
l'utilisation du nouveau dispositif. Ceci apparaît important pour
éviter que l'innovation n'apparaisse pas trop nouveau aux yeux de la
population cible. Cette orientation des interventions permettra d'atteindre
à moindre coût les objectifs de la technologie qui sont
d'améliorer de façon quantitative et qualitative le riz
transformé par les transformatrices qui constituent la population cible.
L'appréciation du village approprié à sélectionner
nécessite une certaine expertise que possède les ONGs locales
à cause de leurs expériences dans le domaine de la riziculture.
En effet, les ONGs locales (RABEMAR, Castor appuis-Conseils, Un monde,)
travaillent depuis 2002 avec l'ONG internationale VECO pour le
développement de la filière riz dans les collines. A cet effet,
ces ONGs ont déjà développé des partenariats avec
les villages producteurs du riz dans les collines, identifié les
potentialités existantes dans les autres villages afin d'impulser la
production dans ces derniers. Cette expérience qu'ont les ONGs peut
être mise à profit dans le cadre de la dissémination du
dispositif.
8.3.2 Sélection et formation des
transformatrices
La figure 8 montre que la sélection des
transformatrices14 ainsi que leurs formations sont des
activités nécessaires pour l'adoption du dispositif. Il est clair
que la formation ne peut s'étendre à toutes les femmes pratiquant
l'activité d'étuvage ; d'où une sélection des
transformatrices appelée formatrice endogène est
nécessaire. Ces dernières seront chargées de former leurs
autres collègues. L'identification des formatrices endogènes est
une activité cruciale pour assurer une bonne diffusion.
De nos enquêtes, il ressort que tous les acteurs
intervenant dans la commune de Glazoué (CeCPA, ONGs locales, CPAC)
prennent en charge cette activité. Mais tous ont choisi pour cible les
groupements des producteurs du riz existant pour introduire le dispositif.
14 Formateurs endogènes
L'objectif était de passer par le biais de ces derniers
pour atteindre les autres transformatrices. A quelles conditions l'effet de
tache d'huile recherché pourra donc être atteint ?
Les groupements formés ont reçu chacun un
spécimen du dispositif pour des essais au niveau village. L'occasion
devrait être donnée aux membres de ces groupements (de production
du riz) ainsi qu'aux non-membres d'essayer l'innovation afin qu'ils soient
convaincus de ses avantages et aussi de ses inconvénients. Les
groupements devront donc être des champs de démonstration pour le
dispositif. L'accomplissement de ces devoirs qui incombent désormais aux
groupements nécessite un bon fonctionnement de ces derniers. Ainsi, nous
nous sommes intéressés au fonctionnement des groupements en
général et plus particulièrement au fonctionnement des
groupements dont les membres ont été formés afin
d'évaluer leur niveau d'implication dans la diffusion du dispositif et
de voir si l'option choisie par les structures d'intervention peut sous-tendre
une bonne diffusion du dispositif. L'étude des groupements s'est faite
à travers les relations de pouvoir en leur sein et le degré
d'implication de leurs membres dans la gestion des affaires du groupement.
Selon le projet d'intervention locale pour la
sécurité alimentaire (PILSA), un groupement qui fonctionne bien
doit :
- avoir une taille stable ;
- posséder au moins un statut et un règlement ;
- avoir au moins un livret d'épargne et un cahier de
recette et de dépense ; - à défaut du travail collectif
pratiqué au moins l'entraide ;
- posséder un bureau élu par élection (ou
à défaut par consensus) périodiquement renouvelé et
se réunissant au moins mensuellement ;
- organiser au moins trimestriellement une rencontre pour
discuter de l'évolution des travaux et les exécuter.
Au vu de ces critères qui constituent un minimum pour
garantir un bon fonctionnement du groupement, Glin (2000) a établi une
grille d'évaluation du fonctionnement des groupements. Nous nous sommes
servi de cette grille après en avoir assuré la validité
auprès de quelques groupements. La grille d'évaluation est
présenté en annexe 6. Selon cette grille, un groupement a une
fonctionnalité faible lorsque sa note est inférieur à 9,
une fonctionnalité moyenne si sa note est comprise entre 9 et 17 et une
fonctionnalité élevé si la note est supérieure
à 17. L'évaluation a pris en compte tous les groupements de
producteurs du riz dans les trois villages enquêtés. Les
résultats de l'évaluation sont présentés par le
tableau 19.
Tableau 19: Notes d'évaluation du fonctionnement
des groupements
Villages Groupements Note
d'évaluation
Magoumi ITCHE LERE 04
IFEDOUN 06
OMINERA 04
KATAMARA LASHE 04
Kpakpaza KATCHEFE TOGA 07
Ouèdèmè MINANGNONIMIDE
11
GBEDOKPO 11
TOYI 13
NOUNAGNON 10
ALLOGBEYA 09
NB : les groupements en gras sont ceux dans lesquels le
dispositif a été introduit Source : Enquête, 2006
L'analyse du tableau 19 montre que 60% des groupements
étudiés ont une faible fonctionnalité contre 40% qui ont
une fonctionnalité moyenne. Aucun groupement n'a une forte
fonctionnalité. La faible fonctionnalité des groupements
s'explique souvent par la non implication des membres dans la gestion du
groupement, le niveau faible de concertation entre les membres du bureau,
l'abandon du travail collectif et le non renouvellement du bureau. L'engagement
des membres des groupements dans les actions collectives se trouve alors
handicapé par le faible fonctionnement de ces derniers.
L'étude approfondie des groupements ayant reçu
de dispositifs (Itchèléré, Katshéfè Toga et
Minangnonimidé) nous a permis de comprendre la réalité
cachée derrière ces notes traduisant leur faible
fonctionnalité. En effet, dans le cas des trois groupements, le pouvoir
se trouve concentrer dans les mains d'un individu, leader du groupe qui, avec
certains membres avec qui, il entretient des relations de parenté et /
ou de voisinage, gère le groupement comme une entreprise personnelle. Le
statut de leader varie d'un groupement à un autre. Par exemple à
Magoumi, le statut de leader revient à la secrétaire tandis
qu'à Ouèdèmè il revient au président et
à Kpakpaza à la trésorière. Ces leaders avec leurs
alliés détiennent le monopole sur les formations. En effet, selon
nos enquêtes, il apparaît que malgré l'effectif
pléthorique de ces groupements, les représentants aux diverses
formations sont souvent les mêmes15. Dans la plupart des cas,
les simples membres ne sont pas informés de ce qui s'est passé
à ces rassemblements. L'enjeu ici, ce sont les perdiems aux participants
à ces formations. Mus par ce seul intérêt, les responsables
et certains membres des groupements avec qui ces derniers16
entretiennent des relations de parenté et/ou d'amitié sont les
seuls à participer à toutes les
15 Le choix des participants ne tient pas compte de leur profil
en relation avec le contenu de la formation.
16 Les responsables
formations même si ceux-ci n'ont pas la capacité
de pourvoir bien suivre ce qui s'y déroule pour venir restituer à
la base. Ils jouent ainsi un rôle d'écran entre les structures
d'intervention et la base, empêchant ainsi l'information d'atteindre
cette dernière. Certains membres des groupements n'hésitent pas
à dénoncer ce fait mais sans jamais pourvoir le faire savoir aux
responsables. Nous présentons ici quelques déclarations de
certains membres des groupements sur les méthodes de sélection
des participants aux formations au sein des groupements :
« Dans mon groupement, c 'est souvent la
secrétaire qui désigne ceux qui doivent participer aux formations
et le plus souvent ce sont les membres du bureau qui y participent. Les simples
membres sont rarement choisis, et ceci à cause des perdiems. Mais pour
les formations gratuites qui ont lieu au village ici, on invite tout le monde
pour montrer aux patrons que le groupement marche bien ».
La déclaration d'un membre de groupement dans un autre
village enquêté corrobore celle du précédent :
« Le groupement, c 'est l 'affaire de la
trésorière. Tu sais, pour les formations où on distribue
de l'argent nous ne sommes jamais informés. Mais pour celles qui se
déroulent au village ici, où on ne distribue rien c 'est
là qu 'on informe tout le monde ».
Ces déclarations ne sont que des exemples parmi tant
d'autres exprimées par certains membres des groupements pour
dénoncer le mode de sélection des participants aux
différentes formations. Nous avons procédé à la
vérification de ces déclarations auprès d'au moins trois
membres d'un même groupement. De cette vérification, il ressort
que ces faits sont des réalités dans la mesure où l'un des
groupements étudiés a bénéficié de trois
formations sur l'étuvage amélioré dont deux
déroulés à l'extérieur du village; et le constat
est que, ce sont les mêmes membres du groupement qui ont participé
aux deux formations nécessitant un voyage (payé par les
formateurs). Ces derniers sont composés uniquement des membres du bureau
élargi à quelques membres proche de la
trésorière.
Dans la mesure où le choix des formateurs
endogènes est laissé à la charge des responsables des
groupements dans le cas du dispositif amélioré, il apparaît
nécessaire que les structures d'intervention interviennent pour
énumérer certains critères de choix des
représentants aux formations en attendant la promotion des
mécanismes de contre pouvoir dans ces groupements (voir Vodouhè
1996). Ce contre pouvoir peut être un comité de sélection
des représentants aux formations. Il peut également s'agir de
renforcer les instances
de décisions au sein des groupements, en formant les
responsables en matière d'organisation, et en promouvant des
commissaires formés à jouer efficacement ce rôle.
Au demeurant, le faible fonctionnement des groupements
constitue un biais pour la voie d'introduction du dispositif et montre une
limite à ce mode d'intervention qui tend à devenir une
panacée pour les organismes d'intervention. En effet, de nos
enquêtes, il ressort qu'il existe trois catégories de
transformatrices : les producteurs-transformateurs, les
collecteurs-transformateurs et les grossistes-transformateurs. Les
producteurs-transformateurs représentent la catégorie de
transformatrices qui sont d'abord producteurs de riz qui, transforment tout ou
partie de leur production et celle de leur conjoint. L'étuvage du riz
constitue pour elles une activité secondaire qu'elles pratiquent
seulement pendant la grande saison sèche (Novembre-Mars) Les deux autres
catégories combinent les activités de commerçants à
celles de transformatrices et se distinguent de la première
catégorie non pas seulement par le fait qu'elles ne sont pas
productrices du riz mais aussi par leur capacité à étuver
de grande quantité de paddy. Seule la première catégorie
(producteurs-transformateurs) appartient aux groupements. Ainsi donc, en
orientant les formations vers les groupements existants qui sont des
groupements de producteurs du riz, les organismes d'intervention excluent les
deux autres catégories de transformatrices que nous dénommons les
professionnels de l'étuvage qui sont en réalité la
première cible qui devrait être visée dans la mesure
où ce sont ces dernières qui mettent la plus grande
quantité du riz étuvé sur le marché. De plus,
l'objectif de l'innovation est de contribuer à améliorer de
façon qualitative le riz localement étuvé afin de lui
permettre de concurrencer sur le marché le riz importé. Ainsi
donc, on se tromperait de cible en voulant restreindre la formation au seul
membre des groupements existants. De plus, dans ce cas, les premiers acteurs
visés par l'innovation n'auront pas accès aux informations de
première main. Il est donc nécessaire, à défaut de
réorienter les formations, d'élargir la formation aux
professionnels de l'étuvage. Ceci suppose l'implication des
transformatrices non-membres des groupements dans les formations.
Si le point de vue ci-dessus exposé s'est plutôt
focalisé sur le choix du groupe cible, il faut reconnaître que les
actions de vulgarisation concernent aussi les méthodes de communication
utilisées pour provoquer le changement chez le groupe cible, le contenu
du message de vulgarisation et les facilités de crédit (possible)
accordés au groupe cible. Les actions relatives aux facilités de
crédit sont présentées en détail plus loin dans ce
document. Les méthodes de communication utilisées par les acteurs
ont privilégié la méthode de groupe. La formation est
donnée aux transformatrices organisées en groupe. La formation se
fait en
deux phases: une phase théorique et une phase
pratique. La phase théorique se fait à l'aide d'un film (de 12
minutes) réalisé sur l'étuvage amélioré du
riz par l'ADRAO et qui montre tout le processus d'étuvage. Selon Van den
Ban et al. (1994), les aides audio-visuels peuvent remplir deux
fonctions différentes :
- amélioré le processus de transmission de
l'information (un processus cognitif) ;
- développer ou renforcer la motivation à
changer de comportement et/ ou d'opinion (un processus émotionnel).
L'utilisation des aides audio-visuelles améliore
l'efficacité de la vulgarisation. Toutefois, il est important de
signaler que pour plus d'efficacité, l'association des méthodes
interpersonnelles aux méthodes de formation serait nécessaire.
Ceci se fera à travers les visites de terrain que les agents formateurs
pourront organiser c'est-à-dire à travers l'organisation du suivi
des transformatrices. Aussi, l'utilisation des masses média sera-t-elle
nécessaire. Ceci passera par des communications sur les stations de
radio locales sur le dispositif et aussi sur les avantages du riz
étuvé. En effet, de nos enquêtes, il ressort que, la radio
(en particulier la radio locale Ilèma) constitue l'une des principales
sources d'information des transformatrices sur les innovations. L'utilisation
de ce canal permettra d'informer un grand nombre de transformatrice.
8.3.3. Formation des artisans locaux
Dans le but de rapprocher les artisans locaux fournisseur du
dispositif des utilisateurs (transformatrices), deux forgerons ont
été formés à Glazoué par le Centre du riz
pour l'Afrique (ADRAO) dans le cadre de ses appuis au développement du
Système post-récolte. La Formation des forgerons est
nécessaire pour garantir la qualité des dispositifs qui seront
mis à la disposition des transformatrices. Ceci constitue un gage pour
une offre adéquate du matériel. Selon les forgerons,
l'activité de duplication du dispositif est rentable. Elle permet de
dégager une marge brute de 5000 Fcfa par dispositif pour une
quantité de travail de 3 hommes/j ours. Notons que les forgerons
participent à la promotion du dispositif par son exposition dans leur
atelier.
Dans la commune de Glazoué, au total 22 dispositifs
ont déjà été dupliqués par les forgerons et
vendu aux ONGs locales. De ces 22 dispositifs, 16 ont été
fabriqués par un forgeron non formé et les 6 autres par l'un des
deux forgerons formés. Le deuxième forgeron formé n'ayant
pas jusque là reçu de commande. Il est important de noter que le
forgeron nonformé ayant dupliqué le dispositif avoue avoir des
difficultés pour réaliser le bac pouvant bien
s'ajuster à la marmite mais que le forgeron
formé le réussi bien. Ceci montre l'intérêt à
étendre la formation à d'autres forgerons. Mais suffit-il de
former les forgerons ? Ne faudraiton pas prêter beaucoup plus d'attention
aux critères de sélections des forgerons à former ? En
tout cas, l'exemple d'un forgeron formé est édifiant.
« Il s 'agit de Mr HE, forgeron à
Glazoué, homme d'affaire, ne reste pas souvent à son atelier qui
est dirigé de ce fait par son apprenti "sous patrons?. Mr. H.
Ernest a été formé pour la duplication du dispositif, mais
n 'a pas transmis la connaissance à ses apprentis qui eux sont souvent
à l'atelier et souvent à la tâche. Le connaissant ainsi,
les ONGs, de peur que ses apprentis n 'arrivent pas à réussir la
duplication du bac, ne lui en commande pas. De même, les transformatrices
enquêtés à qui nous leur avons situé l 'atelier de
Mr. HE, rejettent l 'idée de lancer des commandes du dispositif
auprès de ce forgeron, le connaissant bien sûr ».
Cette description montre que les forgerons formés ne
peuvent touj ours pas être les patrons des ateliers. Ils peuvent bien
être aussi des apprentis.
8.3.4. Formation des meuniers
Les résultats de nos enquêtes montrent que la
qualité du riz cargo dépend aussi de la qualité du riz
paddy, de la réussite de l'étuvage que de la maîtrise du
réglage de la décortiqueuse par le meunier. En effet un mauvais
réglage de la décortiqueuse entraîne un fort taux de
brisure et une quantité importante de grains non
décortiqués dans le produit final. Ce qui déprécie
la qualité du riz cargo et le rend indésiré des
consommateurs parce que ne répondant pas à leurs
préférences. La perception des avantages du dispositif
(performances techniques) peut dépendre de la maîtrise du
réglage moulin par l'opérateur (meunier). Les
décortiqueuses disponibles dans notre zone d'étude sont de type
Engelbert adapté pour le décorticage du riz étuvé.
Au cours du décorticage, le meunier est amené à
régler de temps en temps la machine. Un bon réglage
nécessite une certaine compétence de la part du meunier. De nos
enquêtes, il ressort que tous les meuniers n'ont pas cette aptitude et
les transformatrices se plaignent souvent du mauvais réglage de la
décortiqueuse qui occasionne beaucoup de brisure à leur riz. Il
sera donc nécessaire de prêter beaucoup plus d'attention à
la formation des meuniers afin de s'assurer de la maîtrise du
décorticage par ces acteurs.
8.3.5. Relations et communication entre
acteurs
La promotion du dispositif amélioré
d'étuvage nécessite une synergie d'action entre les acteurs
impliqués à tous les niveaux. L'analyse des relations entre les
acteurs intervenant dans la promotion du riz étuvé et du
dispositif amélioré d'étuvage dans la zone d'étude
nous permet de distinguer au niveau des structures d'intervention trois
réseaux d'acteurs. On distingue d'un côté, l'ONG
internationale VECO avec ses partenaires : les ONGs locales RABEMAR, Castor
appuis-Conseil et Un Monde; d'un autre côté, l'ONG Oxfam
Québec et les organisations paysannes: CPAC et UNIRIZ et enfin le
réseau constitué par le PSSA, le PADSA et le CeCPA
Glazoué. A l'intérieur de chaque réseau existe une
certaine coordination des actions et une relation verticale entre les acteurs.
Chaque réseau est en relation directe avec les transformatrices (les
producteurs-transformateurs) appartenant aux groupements de riziculteurs
existant dans chaque village. La figure 9 montre la schématisation du
cluster dans l'étuvage amélioré du riz. Cette figure
montre clairement que les transformatrices nonmembres des groupements (les
collecteurs et grossistes-transformateurs) ne bénéficient pas des
formations. Or, c'est au rang de ces dernières qu'on compte les plus
grandes transformatrices17. Ces dernières sont donc les
oubliés de la vulgarisation alors que c'est elles qui mettent sur le
marché la plus grande quantité de riz étuvé. De ce
fait, l'implication des celles-ci dans les formations serait nécessaire
pour leur permettre d'avoir les informations de première main sur
l'innovation qui pourrait plus les motiver à adopter le dispositif.
17 Grande transformatrice en terme de quantité de riz
étuvé et mise sur le marché.
VECO Helvetas
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PSSA PADSA
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Oxfam- Québec
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ONGs locales : RABEMAR, Castor, Un Monde
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CPAC UNIRIZ
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CeCPA
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Artisans
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Collecteurs et grossistes transformateurs
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Producteurs transformateurs
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Meuniers
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Commerçantes Consommateurs
Figure 9: Schématisation du cluster dans
l'étuvage amélioré Source : Enquête,
2006
Légende : Formations Vente du
dispositif
Financement Décorticage
Faible lien Relation Vente du riz
8.3.5.1. Relations entre les ONGs locales, les
organisations paysannes et le CeCPA
Il n'existe aucune relation entre les organisations paysannes
(CPAC & UNIRIZ) et le CeCPA, ni entre elles et les ONGs locales. La
conséquence de cette absence de relation entre ces acteurs est qu'il
n'existe pas une véritable délimitation des zones d'interventions
de chacun. Ainsi, on note sur le terrain que plusieurs acteurs donnent la
même formation à un
même groupement alors que dans le même temps, il
existe dans le village des groupements dont les membres n'ont jamais
été formés. Le lien entre les ONGs locales et le CeCPA est
faible. En effet, dans le cadre de la vulgarisation du dispositif
amélioré, ces ONGs n'ont fait recours au CeCPA que pour la
formation de leurs animateurs. Il serait donc nécessaire de renforcer ce
lien pour permettre aux ONGs de bénéficier de l'expertise du
CeCPA en matière de vulgarisation.
Il est important de rappeler ici que les ONGs locales,
bénéficiant du financement du même bailleur,
définissent des stratégies communes d'intervention et se
répartissent les zones.
8.3.5.2. Relations entre les artisans locaux et les
transformatrices
Comme le montre la figure 7, il n'existe pas de lien entre
les artisans locaux et les transformatrices. Ceci a pour conséquence une
manque d'information des transformatrices sur les lieux d'approvisionnement du
dispositif et des modalités d'achat d'une partie de l'ensemble (achat du
bac uniquement par exemple) pouvant concourir à la réduction du
coût d'adoption. Il serait alors nécessaire pour l'adoption du
dispositif de mettre les transformatrices directement en relation avec les
artisans. Cette mise en relation facilitera le développement d'un
réseau local de circulation du dispositif. La mise en relation de ces
acteurs incombe aux structures d'intervention.
8.3.5.3. Relations entre les Meuniers et les
transformatrices
Les meuniers ont pour rôle de décortiquer le riz
étuvé afin de le rendre comestible. Ainsi l'atelier du meunier
devient un terrain d'échange entre les transformatrices sur le
dispositif. Dans certain cas, la maison du meunier constitue un champ de
démonstration du dispositif. L'exemple du meunier de Magoumi constitue
un cas édifiant. En effet à Magoumi existe un seul meunier dont
ses deux femmes et trois de ses filles adultes sont des transformatrices du
riz. Ces derniers ont à leur disposition un dispositif
amélioré qu'elles ont eu du meunier qui lui l'avait reçu
de l'ADRAO à l'occasion de sa participation à la formation des
forgerons organisé par l'ADRAO en 2005. Ainsi, l'utilisation du
dispositif par ces transformatrices offre l'occasion aux autres
transformatrices venant décortiquées du riz (les clients du
meuniers) d'apprendre à utiliser le dispositifs. Ces relations
informelles entre les acteurs locaux peuvent être mise à profit
pour la vulgarisation du dispositif. Il serait nécessaire, partant de ce
cas, que les structures d'intervention mènent des actions
spécifiques et intentionnelles à partir des ateliers de
décorticage pour la diffusion du dispositif.
8.3.6. La micro finance
Les résultats présentés au chapitre 7
montrent que le dispositif amélioré est avantageux sur le plan
technique et économique pour les transformatrices. Toutefois son
coût élevé limite son accessibilité à ces
derniers qui n'ont pas de l'argent en cache pour l'acquérir. En effet,
le financement des activités de l'étuvage du riz se fait sur fond
propre. Ceci ne permet pas aux femmes de profiter de la chute des prix du paddy
en période de récolte. Cependant il n'existe pas de relation
entre les transformatrices et les institutions formelles de crédit. Les
transformatrices se considèrent comme les oubliés système
de crédit qu'elles jugent inadéquat et scélérate.
Les conditions d'accès aux crédits sont jugées trop
contraignantes : délai de remboursement inadéquat, taux
d'intérêt élevé, demande de garantie inopportune,
etc.
L'acquisition du dispositif nécessite des moyens. De
même, son utilisation optimale nécessite la disponibilité
du paddy. Ainsi, pour favoriser son adoption, il sera utile d'octroyer du
crédit aux transformatrices non seulement pour l'acquisition du
dispositif mais aussi pour l'achat du paddy. Le financement de l'étuvage
devient donc une activité nécessaire à l'adoption et la
diffusion du dispositif. Dans la commune de Glazoué, aucune structure
n'a encore pris en compte cet aspect. L'implication des structures de
crédits (mais à des conditions révisées) dans la
diffusion/vulgarisation du dispositif est alors nécessaire. Les ONGs
locales peuvent dans ce cas faciliter la liaison entre les transformatrices et
ces structures compte tenu de leurs expériences dans ce domaine avec les
producteurs du riz.
8.4. Conclusion partielle
Au terme de ce chapitre, nous pouvons affirmer que plusieurs
acteurs sont impliqués dans la vulgarisation du dispositif. Toutefois,
il n'existe pas une synergie d'action entre ces derniers. Ainsi, on note sur le
terrain que plusieurs acteurs donnent la même formation à un
même groupement alors que dans le même temps, il existe dans le
village des groupements dont les membres n'ont jamais été
formés. Aussi, tous les acteurs ont-ils choisi les groupements des
riziculteurs existant dans les villages pour diffuser le dispositif. La
réussite de cette option est tributaire du bon fonctionnement des
groupements qui doivent jouer le rôle de relais. Mais le constat est que
la plupart de ces groupements ne sont représentés que par leurs
leaders. La notion du bien collectif a déserté le forum. Ainsi,
l'approche par organisation paysanne choisie par les structures d'intervention
constitue un biais dans le cas de la diffusion du dispositif
amélioré et montre que cette option n'est pas une panacée,
un modèle passe partout. Le mauvais fonctionnement des groupements ne
constitue pas la seule cause de ce
biais. L'autre raison est que dans la zone d'étude, il
existe trois catégories de transformatrices : les
producteurs-transformateurs, les collecteurs-transformateurs et les
grossistes-transformateurs. Seule une partie des producteurs-transformateurs
sont membres des groupements. Or, ces derniers n'étuvent que de petites
quantités de paddy. Ceci voudra dire que la vulgarisation est jusque
là orientée vers les petites transformatrices mettant de
coté les grandes transformatrices, les professionnels en la
matière.
L'utilisation de l'outil Enterprise Web a fait ressortir
certaines activités clés nécessaires pour l'adoption du
dispositif et qui jusque là n'ont pas encore été prise en
compte par les structures d'intervention. Il s'agit de la formation des
meuniers et de l'approvisionnement des transformatrices en crédit non
seulement pour l'achat du dispositif mais aussi pour le paddy surtout en
période d'abondance. Le renforcement de la formation des artisans locaux
ainsi que leur mise en relation avec les transformatrices seraient aussi
nécessaire.
9. CONCLUSION GENERALE ET SUGGESTIONS
9.1. Conclusion générale
Cette étude sur les déterminants de l'adoption
du dispositif amélioré d'étuvage du riz dans la commune de
Glazoué est une contribution à une meilleure connaissance des
perceptions des transformatrices sur ses atouts et contraintes. Elle a
l'avantage d'identifier les facteurs d'ordre technique, économique et
organisationnel pouvant constituer un frein ou un catalyseur pour l'adoption du
dispositif tout en contribuant à la connaissance du système
postrécolte du riz dans la commune de Glazoué.
Dans la commune de Glazoué, la quasi-totalité
du riz local consommé et commercialisé est étuvé.
L'étuvage est réalisé traditionnellement par les femmes
dont beaucoup jouent le rôle de commerçantes. La transformation
artisanale est presque exclusivement réalisée au moyen de
décortiqueuses de type "Engelberg", entraînés pour
la plupart par des moteurs diesels.
Après l'analyse des résultats obtenus, il
apparaît évident que la qualité du riz cargo dépend
principalement de la conduite des opérations post-récoltes
notamment celles de l'étuvage. En effet, la méthode
traditionnelle d'étuvage qui jusque là est pratiquée par
les transformatrices de la commune de Glazoué n'est pas performante et
ne favorise pas l'obtention d'un riz de bonne qualité répondant
au goût des consommateurs locaux. Les consommateurs choisissent leur riz
principalement en fonction de la propreté, du taux de brisure et de la
couleur pour le riz non cuit, du pouvoir gonflant, du goût et de la
texture pour le riz cuit. Ces déterminants de choix constituent autant
de critères de préférence dont le riz étuvé
avec la méthode traditionnelle n'arrive pas à satisfaire. Le
dispositif amélioré d'étuvage permet d'obtenir du riz
cargo répondant aux préférences des consommateurs, en
témoigne les notes supérieures à quatre donnés
à ce riz par les consommateurs tous critères confondus. Ainsi, la
qualité du riz obtenu au décorticage constitue le premier
avantage lié à l'utilisation du dispositif amélioré
exprimé par la totalité des transformatrices
enquêtées. En plus de ceci, le dispositif amélioré
présente aussi l'avantage de favoriser un séchage rapide du
paddy, le transvasement facile du paddy après cuisson et rend moins
pénible le travail d'étuvage du riz. L'utilisation du dispositif
contribue à la réduction du risque lié à un mauvais
séchage du paddy après étuvage qui constitue une
contrainte majeure à l'étuvage traditionnel surtout en
période de pluie où selon les perceptions, l'activité
d'étuvage du riz devient plus rentable.
Malgré ces avantages du dispositif, il présente
bien des contraintes. Les contraintes majeures liées au dispositif
amélioré sont : son coût d'acquisition élevé
et sa consommation élevée en bois pour les petites
transformatrices. Les transformatrices ne perçoivent pas la
rapidité de la cuisson et par conséquent la réduction de
la consommation en bois qu'à partir de plusieurs (au moins 2) lots de
paddy étuvés. Ceci pourra constituer un frein pour l'adoption du
dispositif par les petites transformatrice qui n'étuvent que de
très petites quantités de paddy. Les observations sur le terrain
montrent qu'il existe une corrélation entre le type de foyer
utilisé par la transformatrice et sa perception de la durée de
cuisson et par conséquent de la consommation en bois. En effet la
plupart des transformatrices utilisent un foyer constitué de trois
pierres. Ce qui fait qu'au cours de la cuisson, il en résulte une perte
énorme en énergie, allongeant le temps de cuisson et par
conséquent la consommation en bois.
L'analyses des acteurs intervenant dans la promotion du riz
étuvé et du dispositif montre que plusieurs acteurs interviennent
directement dans la vulgarisation du dispositif. Au rang de ces acteurs qui
vulgarisent le dispositif, on distingue trois réseaux : le réseau
des ONGs, du CeCPA et des organisations paysannes. A l'intérieur de
chaque réseau, les acteurs agissent en synergie. Mais cette coordination
d'action n'existe pas entre les réseaux. Ceci a pour conséquence
une mauvaise organisation des interventions qui ne permet pas à tous les
groupements de bénéficier des formations alors que dans le
même temps d'autres en reçoivent plusieurs.
Aussi, le choix des groupements comme pôle de
démonstration du dispositif constituet-il un biais pour sa diffusion
dans la mesure où le niveau de fonctionnement de ces derniers n'offre
pas la possibilité d'essai du dispositif à la masse. Or, selon
Rogers (1983), la possibilité d'essai est une caractéristique
importante déterminant l'adoption d'une innovation. De plus, les
professionnels de l'étuvage que nous pouvons assimiler aux " paysans
progressistes" n'appartiennent pas aux groupements. L'orientation de la
vulgarisation vers les groupements ne permet donc pas à ces derniers
d'avoir accès aux informations de première main sur le
dispositif. Et, nul n'ignore la déformation de l'information lorsqu'elle
passe d'une main à une autre. C'est là que se trouve le biais.
Dans le cas d'espèce, la vulgarisation s'adresse prioritairement aux
petites transformatrices au détriment des grandes transformatrices au
lieu d'une combinaison des deux. Ceci montre les limites de ce mode
d'intervention qui tend d'ailleurs à devenir une panacée au
niveau des structures d'intervention et surtout des ONGs. Par ailleurs, nous
avons remarqué qu'il n'existe pas de relation entre les artisans
formés pour la duplication du dispositif et les transformatrices
(utilisateurs potentiels) ; conséquence, ces
dernières n'ont pas souvent d'information sur le lieu
d'approvisionnement du dispositif et des modalités d'achat d'une partie
de l'ensemble (achat du bac uniquement par exemple) pouvant concourir à
la réduction du coût d'adoption.
9.2. Suggestions
À la lumière des résultats de cette
étude, il nous apparaît important de procéder à
quelques suggestions pour améliorer la diffusion du dispositif. Il
s'agira de :
> Renforcer la capacité fonctionnelle et
organisationnelle des groupements.
Ce renforcement de capacité est important pour assurer
un bon fonctionnement des groupements pouvant permettre à chaque membre
de jouir de son appartenance au groupement. Ceci permettra une bonne
circulation des informations au sein des membres du groupement et
éventuellement à l'extérieur du groupement. Le bon
fonctionnement des groupements leur permettra de jouer efficacement le
rôle d'intermédiaire qui leur est dévolu dans la diffusion
du dispositif amélioré d'étuvage.
> élargir la formation des transformatrices aux
non-m em bres des groupements ;
La formation telle que organisée jusque là ne
permet pas aux transformatrices nonmembres des groupements d'avoir accès
aux informations de première main sur l'innovation. Or, ce sont ces
dernières qui mettent sur le marché les plus grandes
quantités de riz étuvé. Pour répondre au but de
l'innovation qui est d'améliorer la qualité du riz locale mise
sur le marché afin de permettre à ce dernier de concurrencer le
riz importé, il sera nécessaire d'orienter les actions de
vulgarisation vers cette catégorie de transformatrice pour impulser le
changement à leur niveau.
> Mettre en place un système de suivi des
formations.
Il est important que chaque structure d'intervention suive
les transformatrices formées. Ce suivi permettra à ces derniers
d'avoir des informations sur le niveau d'adoption du dispositif et de
procéder éventuellement au recyclage des transformatrices.
> Avoir une synergie d'action entre les structures
d'intervention ;
Le manque de concertation entre les structures d'intervention
crée des "excès de formation" dans certains groupements pendant
que dans le même temps d'autres n'en reçoivent pas. Une
concertation entre les structures d'intervention pourra leur permettre de se
répartir les zones d'intervention et aussi de définir des
stratégies d'intervention communes.
> Faciliter l 'accès des transformatrices aux
crédits
Au regard des exigences financières que requiert la
transformation du riz, il urge de trouver des crédits aux
transformatrices. Ces crédits permettront l'acquisition du riz paddy
(pour le stockage) en période de récolte où les prix sont
bas et faciliterons l'acquisition du dispositif par les traansformatrices.
Selon les voeux des transformatrices, de tels crédits doivent provenir
de structures à modalités de remboursement intéressantes,
c'est-à-dire un taux d'intérêt faible de l'ordre de 5%.
Dans l'état actuel des choses, pour faciliter la
récupération de ces crédits, nous suggérons que ces
crédits soient remis non pas directement aux désireux mais par le
biais soit des transformatrices pilotes ciblés dans chaque village, soit
des groupements des transformatrices qui pourront être crées
à ce effet. Ceci est d'autan plus important lorsqu'on sait que certaines
transformatrices peuvent utiliser le crédit qui leur est alloué
pour d'autres fins.
> Former les femmes à la construction de foyer
amélioré.
Afin de réduire les besoins en bois de chauffe pour
l'étuvage, il apparaît recommandable de chercher à former
les femmes à la construction de foyer amélioré en
matériaux locaux. Aussi, pour diminuer les risques de
déforestation, on devrait étudier la mise au point de foyers
améliorés fonctionnant avec les sous-produits de la
transformation et notamment les balles de riz.
> Mettre les artisans locaux formés directement en
relation avec les transform atrices.
La mise en relation des artisans locaux formés avec
les transformatrices permettra à ces dernières de négocier
directement des modalités d'achat du dispositif et surtout des
possibilités d'achat d'une partie de l'ensemble. Ceci favorisera aussi
la construction d'un véritable réseau local de circulation de la
technologie.
> Encourager la formation des artisans locaux
La formation des artisans locaux permettra d'assurer une
offre efficiente en dispositif pouvant répondre à une grande
demande future.
> Initier la formation des meuniers à la
maîtrise du réglage de la décortiqueuse.
La formation des meuniers permettra d'éviter la
détérioration de la qualité du riz dû au mauvais
réglage de la décortiqueuse. Cette détérioration de
la qualité du riz peut constituer un bais pour l'adoption du dispositif
dans la mesure où certaine transformatrices pourront la lier
au dispositif. De plus, la qualité du riz constitue le
premier avantage que les transformatrices trouvent au dispositif.
> Combiner les formations avec des informations sur les
chaînes de radio locale. Il sera utile d'utiliser le canal de
communication que représentent les stations de radio en vue d'une large
diffusion des informations sur le dispositif. A cet effet, les stations de
radio locale pourront être mises à profit.
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ANNEXES
Annexe 1 : Liste des variétés de riz
NERICA et leurs caractéristiques
Variété
|
Hauteur du plant (cm)
|
Potentiel de rendement (Kg)
|
Durée du cycle (jours)
|
Taille du grain (cm)
|
NERICA 1
|
100
|
4,50
|
95
|
8,6
|
NERICA 2
|
105
|
4,00
|
100
|
9,3
|
NERICA 3
|
110
|
4,50
|
93
|
9,5
|
NERICA 4
|
120
|
5,00
|
96
|
9,4
|
NERICA 5
|
|
|
|
|
NERICA 6
|
130
|
5,00
|
100
|
8,4
|
NERICA 7
|
130
|
5,00
|
100
|
9,9
|
NERICA 8
|
101
|
8,29
|
86
|
10
|
NERICA 9
|
110
|
8,13
|
86
|
10
|
NERICA 10
|
110
|
6,65
|
93
|
9
|
NERICA 11
|
105
|
9,28
|
85
|
10
|
NERICA 12
|
105
|
8,26
|
94
|
10
|
NERICA 13
|
124
|
9,86
|
94
|
10
|
NERICA 14
|
110
|
5,62
|
82
|
10
|
NERICA 15
|
129
|
7,01
|
97
|
9
|
NERICA 16
|
131
|
7,72
|
93
|
9
|
NERICA 17
|
117
|
8,96
|
94
|
9
|
NERICA 18
|
112
|
5,72
|
97
|
10
|
Source : Programme ARI, 2006
Annexe2 : Evolution de la pluviométrie dans la
commune de Glazoué (1996-2005)
Mois
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Janvier
|
|
|
|
|
|
|
8,5
|
|
46
|
|
Février
|
|
|
2,2
|
20,6
|
|
20,2
|
|
|
15
|
18,2
|
Mars
|
|
118,2
|
9,3
|
75,5
|
30,4
|
34,9
|
70,1
|
|
19,4
|
14,3
|
Avril
|
|
137,7
|
78,7
|
65,1
|
|
41,4
|
91,4
|
72,3
|
80
|
53,9
|
Mai
|
|
115,5
|
26,4
|
51,5
|
58,5
|
70,9
|
88,6
|
43,1
|
91,8
|
37,24
|
Juin
|
|
151,5
|
79,1
|
93,2
|
91,55
|
137,2
|
75,25
|
130,64
|
36,9
|
74,5
|
Juillet
|
130,3
|
118,2
|
73,8
|
246
|
48,5
|
24,3
|
103,1
|
158,4
|
93,5
|
21,4
|
Août
|
211,3
|
87,1
|
157,2
|
155,6
|
62,5
|
16,6
|
81,1
|
139,8
|
77,8
|
58,3
|
Septembre
|
224,5
|
172,3
|
68,1
|
100,9
|
163,7
|
176
|
39,6
|
226,7
|
110,9
|
144,9
|
Octobre
|
141,8
|
122,6
|
122,5
|
135,5
|
78,2
|
26,2
|
119,67
|
77,7
|
69,8
|
37,1
|
Novembre
|
|
5,35
|
34,4
|
20,6
|
|
|
|
12,6
|
|
|
Décembre
|
|
20,4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
707,9
|
1048,85
|
651,7
|
964,5
|
533,35
|
547,7
|
677,32
|
861,24
|
641,1
|
459,84
|
Source : CeCPA, Glazoué, 2006
Annexe3 : calendrier agricole du village de Magoumi
Cultures
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Septembre
|
Octobre
|
Novembre
|
Décembre
|
Maïs
|
|
|
|
Semis
|
|
Entretien
|
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
|
Semis
|
|
Entretien
|
|
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
Igname
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Semis
|
|
|
Labour
2ème
récolte
|
Semis
|
|
1 ere Récolte
|
Défrichage
|
|
Entretien
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Riz
|
|
|
|
|
|
Préparation du sol
|
|
|
|
|
|
|
|
Entretien
|
|
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Semis
|
|
Soja
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Labour
|
|
|
Entretien
|
|
Récolte
|
|
|
|
Semis
|
|
|
|
|
|
|
|
Niébé
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Semis
|
|
|
|
|
|
Récolte
|
Semis
|
|
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
Entretien
|
|
|
|
|
|
Entretien
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Annexe 4 : Calendrier agricole du village de
Kpakpaza
Cultures
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Septembre
|
Octobre
|
Novembre
|
Décembre
|
Maïs
|
|
|
|
Semis
|
|
Entretien
|
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
Semis
|
|
Entretien
|
|
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
Igname
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Semis
|
|
|
Labour
2ème
récolte
|
Semis
|
|
1 ere Récolte
|
Défrichage
|
|
Entretien
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Riz
|
|
|
|
|
Préparati on du sol
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Entretien
|
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
|
Semis
|
|
|
|
Soja
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Labour
|
|
|
Entretien
|
|
Récolte
|
|
|
|
Semis
|
|
|
|
|
|
|
|
Niébé
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Semis
|
|
Récolte
|
|
Semis
|
|
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
Entretien
|
|
|
|
|
Entretien
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Annexe 5 : Calendrier agricole du village de
Ouèdèmè
Cultures
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Septembre
|
Octobre
|
Novembre
|
Décembre
|
Maïs
|
|
|
|
Semis
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Entretien
|
|
Récolte
|
|
|
|
|
Semis
|
|
Entretien
|
|
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
|
Igname
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Semis
|
|
|
Labour
|
|
Semis
|
|
Entretien
|
|
|
1 ere Récolte
|
|
Défrichage
|
|
|
|
|
|
2ème
récolte
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Riz
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Préparation du sol
|
|
Entretien
|
|
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Semis
|
|
Soja
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Labour
|
|
|
Entretien
|
|
Récolte
|
|
|
|
Semis
|
|
|
|
|
|
|
|
Niébé
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Semis
|
|
|
Récolte
|
|
Semis
|
|
|
|
|
Récolte
|
|
|
|
|
|
|
|
Entretien
|
|
|
|
Entretien
|
|
|
|
|
|
Annexe 6: Grille d'évaluation du fonctionnement
des groupements
critères
|
Valeurs alternatives
|
importance
|
Valeur minimum
|
Valeur maximum
|
|
augmentation
|
2
|
|
|
Evolution de la taille
|
stabilité
|
1
|
0
|
2
|
|
diminution
|
0
|
|
|
Existence de
|
Oui
|
1
|
|
|
règlement intérieur
|
|
|
0
|
1
|
|
Non
|
0
|
|
|
Formes
|
Travail collectif uniquement
|
4
|
|
|
d'organisation du travail
|
Travail collectif et individuel
|
2
|
0
|
4
|
|
Travail individuel uniquement
|
0
|
|
|
Niveau d'organisation de la
|
Cahier de réunion Cahier de
|
1
|
|
|
gestion
|
dépense/recette
|
1
|
0
|
4
|
|
Cahier de pointage
|
1
|
|
|
|
Carnet de compte
|
1
|
|
|
Existence de bureau
|
Oui
|
1
|
|
|
|
Non
|
0
|
0
|
1
|
|
Election
|
2
|
|
|
Mode d'élection
|
consensus
|
1
|
0
|
2
|
|
désignation
|
0
|
|
|
Niveau de
|
Renouvelé
|
2
|
0
|
2
|
renouvellement
|
Non renouvelé
|
0
|
|
|
Niveau de
|
hebdomadaire
|
3
|
|
|
concertation au sein
|
Par quinzaine
|
2
|
|
|
du bureau
|
Mensuel
|
1
|
0
|
3
|
|
Rarement ou sporadique
|
0
|
|
|
Niveau d'implication
|
Mensuel
|
3
|
|
|
des membres
|
bimensuel
|
2
|
0
|
3
|
|
Trimestriel
|
1
|
|
|
|
rare
|
0
|
|
|
Total
|
0
|
22
|
Fonctionnalité Faible si note < 9
Fonctionnalité moyenne 9<x<1 7 Fonctionnalité
élevé x> 17
|