Croissance démographique et demande de logements en milieu urbain: cas de la ville de Cotonou( Télécharger le fichier original )par Blandine DANSOU Université d'Abomey Calvi au Bénin - DESS Population et dynamiques urbaines 2005 |
Section II: La typologie des quartiers selon les caractéristiques des unités d'habitation§1: Les caractéristiques du logementMalgré les coûts de construction croissants, l'acquisition d'un logement reste la première priorité de la plupart des ménages de Cotonou. Les contraintes du site, la spécialisation de la ville comme ville économique et la densification du centre ville entraînent une spéculation foncière importante et l'accès à la propriété n'est souvent plus possible qu'en périphérie. L'absence d'une planification urbaine appropriée et un retard constant dans les opérations de lotissement ont favorisé une occupation spontanée des zones inondables et l'extension des structures villageoises originelles dans des conditions d'habitat peu saines. A Cotonou, la plupart des maisons sont en bande 78,7%. Les autres sont des maisons isolées, des immeubles ou des villas. On y retrouve très peu de cases isolées (1,5%). Graphique n°4: Répartition des habitations selon leur type Source : Données GRPH-3 Les murs sont souvent faits de brique (83,3%). On note également des habitations en bambou ou palme (14,1%) mais une absence totale des maisons en terre. La majorité des toits sont en tôle (87,0%). Toutefois, il existe des logements dont les toits sont en dalle (8,2%), en tuile (3,0%) et en paille (1,4%). Tous les sols sont pratiquement cimentés. Seulement 6,2% des habitations ont des sols carrelés et 2,8%, des sols en terre ou sable. Le mode d'éclairage le plus utilisé est l'électricité de la SBEE (69,5%), suivi du pétrole (30%). Encore 54,5% des ménages s'approvisionnent en eau de boisson chez ceux qui détiennent l'eau courante de la SBEE à la maison (43,6%). Quant au mode d'aisance du ménage, 61,9% sont à latrines à fosse ventilée, ensuite suivent ceux qui ont la nature comme mode d'aisance (17,6%). Seulement 11,7% des ménages ont des toilettes à chasse. En somme, dans la ville de Cotonou, les unités d'habitation sont en bande avec des murs en brique, des toits en tôle et le sol cimenté. Les principales sources d'énergie pour l'éclairage sont l'électricité de la SBEE et le pétrole. Les habitants de Cotonou utilisent essentiellement les latrines à fosse ventilée pour se mettre à l'aise et leur approvisionnement en eau de boisson se fait ailleurs pour la plupart des ménages. Selon le MEHU, deux types de logements sont à distinguer: les logements sommaires et les logements de standing. Cette typologie est basée essentiellement sur le nombre de pièces par unité de logement. Il est important de signaler que celle-ci renferme beaucoup de paramètres que les résultats du RGPH-3 ne permettent pas de repérer. Par exemple, la typologie prend en compte des installations électriques, sanitaires et autres à l'intérieur des logements alors que le recensement ne relève que les modes de satisfaction de ces besoins. Ainsi les données collectées par le RGPH-3 ne permettent pas de présenter les résultats selon la typologie du MEHU de 1992. Il faut dire que cette typologie de logements paraît beaucoup plus applicable aux villes qu'aux campagnes. Toutefois le respect des normes de constructions pose encore un problème d'application. L'habitat de Cotonou paraît peu différencié à première vue. En dehors des maisons à un niveau entourées d'un mur de clôture et regroupées autour d'une ou plusieurs cours à l'intérieur d'une concession, il existe des types d'habitat caractéristiques de couches sociales plus affirmées. Sur le plan de la construction, l'habitat urbain se répartit en quatre groupes (SERHAU-SA, 2000)49(*): Le groupe dit des « Habitat de type 1 »qui est constitué des immeubles à plusieurs étages avec des appartements, sanitaires et cuisines intégrés individuels. Ce groupe d'importance minime se concentre dans des zones centrales de la ville. Le groupe des « Habitat de type 2 » qui sont des maisons à un ou plusieurs étages de haut standing situé dans les zones résidentielles (Cocotiers, JAK...). Ce type d'habitat, d'importance limitée, s'étend dans les quartiers populaires péri-centraux. Les « Habitat de type 3 » constitués de maisons en dur à un niveau avec salle de séjour et plusieurs chambres à coucher, douches, cuisines et toilettes à l'extérieur de la maison, plusieurs appartements pour le locatif. C'est le groupe dominant dans la ville, soit 65% des constructions. Le groupe des « Habitat de type 4 » qui sont des maisons traditionnelles avec salles de séjour, un ou deux chambres à coucher, coin douche, toilettes, coin cuisine à l'extérieur de la maison. Selon SERHAU-SA (2000)50(*), l'habitat de type 3 (le plus courant) répond aux caractéristiques que sont fondation, poteaux, chaînage et dalles en béton, soubassements et murs en parpaings, murs crépis et peints, toits en pannes de bois et tôles ondulées. La menuiserie est en bois ou en métal. La tôle comme couverture du toit est le matériel dominant (94% des constructions), la tuile commence à faire son apparition. L'utilisation de la dalle (béton) reste encore limité à l'habitat de haut standing (2,6%). §2: La typologie des quartiers A- Les résultats de l'analyse en composante principale Sur les 68 axes factoriels, nous nous limiterons aux deux premiers qui, en fait, constituent le meilleur plan factoriel en terme de restitution de l'information. Il explique environ 36% de l'inertie totale (confère Histogramme des valeurs propres-ACP en annexe). On retiendra et interprètera seulement les variables qui ont de fortes corrélations avec l'axe (les variables les mieux représentées). Le niveau de corrélation d'une variable sera dite forte si elle est supérieure ou égale à 0,5 (corá=k, k=0,5). 1- Interprétation du premier facteur (19, 76% de l'inertie totale) Le tableau 9 et le graphique 5 indiquent la corrélation des variables actives de l'analyse. Tableau n°9: Niveau de corrélations des variables qui contribuent le plus à la formation de l'axe1.
Source: Calculs faits à partir des données du RGPH-3 Ces 18 variables sont fortement corrélées au premier facteur. Cette corrélation est aussi bien positive que négative. Les variables comme immeuble, dalle, brique, carreau, électricité SBEE, eau courante maison, toilette à chasse, fosse septique, voirie privée/Ong et gaz sont positives, contrairement aux autres. Au regard du signe des coordonnées des points considérés et en observant la représentation graphique du premier plan factoriel (1,2) (cf. graphique n°6), on relève une opposition entre deux groupes de quartiers sur le premier axe: d'une part des quartiers à ménage vivant dans des immeubles ayant le toit en dalle, le mur en brique, le sol en carreau, utilisant l'électricité pour l'éclairage, disposant de robinet à la maison avec des toilettes à chasse et des fosses septiques, ayant recours à la voirie privée pour les ordures ménagères et utilisant le gaz pour la cuisson des aliments; d'autre part des ménages qui utilisent le pétrole comme source d'énergie pour l'éclairage, dont les murs de l'habitation sont faits de bambou, qui ont recours au robinet d'un autre ménage pour l'approvisionnement en eau de boisson , qui ont pour mode d'aisance, mode d'évacuation des eaux usées et mode d'évacuation des ordures ménagères la nature, et utilisant le bois pour la cuisson. Le premier groupe correspond à une habitation de type moderne, dans lequel on retrouverait les ménages de haut standing. Par contre, dans le second groupe de quartier, où les ménages ont recours au pétrole qui est la source d'énergie pour l'éclairage et le mur est en bambou, il s'agit d'une habitation traditionnelle. Aussi, ce premier axe ou facteur rend compte de la dimension modernité du quartier Ces résultats de l'analyse de l'axe 1 du point de vue individus-variables permettent de le baptiser "axe de la modernité des quartiers".
2- Interprétation du deuxième facteur ( 16,19% de l'inertie totale) Le tableau 10 et le graphique 5 indiquent la corrélation des variables actives de l'analyse. Parmi les 16 variables ci-dessus corrélées à l'axe 2, seules les variables : maison en bande, tôle, ciment, latrine ventilée et charbon ont une corrélation positive avec l'axe. Au regard du signe des coordonnées des points considérés et en observant la représentation graphique du premier plan factoriel (1,2) (cf. graphique n°6), on retrouve plus de quartiers répondant à ces variables, c'est à dire regroupant des ménages vivant dans des maisons en bande ayant le toit en tôle, le sol en ciment, disposant d'une latrine ventilée et utilisant le charbon pour la cuisson; et quelques rares répondant aux variables corrélées négativement à l'axe. Tableau n°10: Niveau de corrélations des variables actives pour l'axe 2
Source: Calculs faits à partir des données du RGPH-3 Ce groupe de quartier rassemble des ménages à habitation de type acceptable, donc des ménages de standing moyen. Dans le second groupe on remarque quelques quartiers à ménage de haut standing. Ce second axe rend compte de la dimension popularité du quartier. B- Typologie des quartiersSur le plan factoriel (1,2), le premier axe peut être confondu à l'axe des habitations de haut standing et le second axe, à l'axe des habitations de standing moyen. Ainsi, plus un quartier regroupe des habitations de haut standing, plus il est à droite sur le plan; plus ses moyennes sont grandes, plus il est situé en bas. Remarquons que les quartiers à standing bas (les quartiers traditionnels), situés à gauche, sont proches de l'axe horizontal: le deuxième facteur ne les différencie guère. Au contraire, pour les quartiers de haut standing, les différences de moyennes sont importantes. La répartition sur le plan permet, un peu arbitrairement, de distinguer trois groupes de quartiers. Toutefois, afin de mieux comprendre la particularité du quartier Fifadji Houto, qui va constituer en lui seul un groupe, on retiendra quatre groupes. L'interprétation des deux axes permet de caractériser ces groupes. L'analyse de classification ascendante a permis de dégager quatre classes de quartiers qui se présentent comme suit. Graphique n°5: Projection des variables
Source: Calcul de l'auteur, 2004 Graphique n°6 : Projection des individus dans le plan factoriel (1,2)
Source: Calcul de l'auteur, 2004 Les quartiers de la classe 1 (47,9%) ou quartiers de type moderne correspondant à des ménages de standing moyen Tableau n°11: Composition et variables caractéristiques de la classe 1 des quartiers de Cotonou
Source: Calculs faits à partir des données du RGPH-3 Elle regroupe 67 quartiers, soit 48% de l'ensemble des quartiers de Cotonou. Les unités d'habitation de ce groupe de quartier sont faites en brique (88,4%) et se trouvent au sein d'une concession (83,6%). Le mode d'éclairage qu'utilisent les ménages vivant dans ces logements est l'électricité (84,4%) et ils disposent de l'eau courante à la maison dans 66,9% des cas. Le mode d'aisance le plus utilisé est la latrine ventilée (70,3%). Le ramassage des ordures ménagères est assuré par la voirie privée (74,49%). Les quartiers de la classe 2 (35,0%) ou quartiers périphériques populaires, caractérisés par une mauvaise condition d'hygiène avec des constructions en bande, destinées à la location. Tableau n°12: Composition et variables caractéristiques de la classe 2 des quartiers de Cotonou
Source: Calculs faits à partir des données du RGPH-3 Cette classe comprend 49 quartiers qui sont beaucoup plus caractérisés par les maisons en bande (83,3%). Presque toutes les constructions de ces quartiers sont destinées à des habitations (91,5%). Ils sont à 50% à logements habités par des locataires. Le toit des logements est en tôle (90,9%), le sol en ciment (92,1%). 53,2% des ménages dans ce groupe vont chercher l'eau de boisson ailleurs. Leur mode d'aisance principal est la latrine ventilée (71,6%). Les eaux usées sont versées dans la nature (au dehors), (75,2%). Dans plus de la moitié (55,2%) des quartiers de cette classe, les ordures ménagères sont jetées dans la nature. 66,0% de ces quartiers sont à ménages utilisateurs de charbon pour la cuisson.. Les quartiers de la classe 3 (0,7%) ou quartier des habitats de type moderne correspondant à des ménages de haut standing. Tableau n°13: Composition et variables caractéristiques de la classe 3 des quartiers de Cotonou
Source: Calculs faits à partir des données du RGPH-3 Cette classe est représentée par un seul quartier à savoir Fifadji Houto. Ici on retrouve en majorité des habitations (95,1%) et 85,4% de ces habitations sont dans des concessions. Plus de la moitié des habitations de ce quartier sont des immeubles (51,9%). 68,5% des logements ont leur toit en dalle et 63,0% ont le sol en carreau. 76,2% des ménages de ce quartier ont l'eau courante à la maison et 69,6% utilisent la toilette à chasse. L'évacuation des eaux usées se fait dans des fosses septiques chez 68,48% des ménages. Quant à l'évacuation des ordures ménagères, 82,8% des ménages sont abonnés aux voiries privées. 56,2% des ménages utilisent le gaz comme mode de cuisson. Les quartiers de la classe 4 (16,4%) ou quartier des ménages économiquement pauvres Cette classe est celle des habitations caractérisées par un manque accru d'infrastructure en eau potable et d'électricité. Les conditions d'hygiène sont très mauvaises et les ménages semblent être économiquement très faibles. Tableau n°14: Composition et variables caractéristiques de la classe 4 des quartiers de Cotonou
Source: Calculs faits à partir des données du RGPH-3 Elle comprend 23 quartiers soit 16,4% des quartiers de Cotonou. Plus de la moitié des ménages de ce groupe de quartier (51,48%) utilisent le pétrole comme mode d'éclairage. 79,14% des ménages vont chercher l'eau de boisson ailleurs. L'eau usée est jetée dans la nature (75,7%); les ordures ménagères également (78,2%). C- Importance relative des locataires par quartier et par classe. Presque tous les arrondissements, voire tous les quartiers de la commune de Cotonou contiennent des ménages locataires mais ces locataires sont inégalement répartis d'un quartier à un autre. Le quartier détenant plus de ménages locataires est le quartier Fifatin avec 73,1% de locataire. Il est suivi du quartier Missite (62,7% de ménages locataires), de Aibatin II (61,8% de ménages locataires), de Zogbohoue (58,0% de ménage locataire), et des quartiers Aibatin I et Enagnon avec 57,7% de ménages locataires. Il est à remarquer que parmi les cinq premiers quartiers renfermant plus de ménages locataires, en dehors des quartiers Fifatin et Enagnon qui sont respectivement du groupe 1 et 4, les autres sont du groupe 2 ; ce que confirme leur proportion dans le groupe. Il est à noter également que Fifatin est dans le 3ème arrondissement, Missite et Abatin II sont dans le 13ème arrondissement, Zogbohoue dans le 9ème arrondissement, Aibatin I dans le 12ème arrondissement et Enangnon dans le 4ème arrondissement. Les cinq premiers quartiers comportant moins de ménages locataires sont les quartiers Fifadji Houto (17,0%) et Wlacodji Kpodji (18,7%), Dantokpa (21,7%), Tokplegbe (25,0%) et Nouveau Pont (25,5%). Ils se retrouvent respectivement dans les groupes 3, 2, 1, 4, 1. Fifadji Houto est dans le 4ème arrondissement, Wlacodji et Nouveau Pont se retrouvent dans le 5ème arrondissement, Dantokpa est dans le 6ème arrondissement et Tokplegbe dans le 1er arrondissement. Par ailleurs, 41,4% de l'ensemble des quartiers de Cotonou renferment plus de locataire que la ville même n'en renferme. Parmi ces quartiers ne figurent aucun quartier du 5ème arrondissement. (tableau n°17) De la même manière les quartiers de ces arrondissements sont inégalement répartis selon le niveau de standing. 46,1% des arrondissements (2ème, 3ème, 4ème, 5ème, 7ème et 8ème arrondissement) sont à majorité constitués de quartiers à standing moyen et 53,8% de ceux-ci sont à quartiers de standing bas (1er, 6ème, 9ème, 10ème, 11ème, 12ème, et 13ème arrondissement). Seul le 4ème arrondissement contient un quartier de haut standing. Les 7ème et 8ème arrondissements ne contiennent pas de quartiers à haut standing et de quartiers à standing très bas. Les 9ème et 10ème arrondissement contiennent uniquement des quartiers de standing bas (100%). Parmi les arrondissements qui détiennent plus de quartiers à standing moyen, le 7ème arrondissement vient en première position avec une proportion de 90,9% ; il est suivi du 5ème arrondissement (86,6%) et du 2ème arrondissement (72,7%). Tableau n°15: les cinq premiers quartiers ayant plus de 47,7% de ménages locataires
Source: Calculs faits à partir des données du RGPH-3 Tableau n°16: les cinq premiers quartiers ayant moins de 47,7% de ménages locataires
Source : Calculs faits à partir des données du RGPH-3 Tableau n°17 : Classification des treize arrondissements selon l'importance relative des ménages locataires
Source : Calculs faits à partir des données du RGPH-3 Les arrondissements à forte teneur de quartiers à standing très bas sont les 1er, 13ème et 3ème arrondissements. En somme, le 4ème arrondissement contient plus de quartiers de haut standing, le 7ème arrondissement contient plus de quartiers de standing moyen, les 9ème et 10ème arrondissement plus de quartiers à standing bas et 1er arrondissement plus de quartiers à standing très bas. En considérant le niveau de standing des quartiers de Cotonou, on remarque que plus de la moitié des ménages (51,4%) vivant dans des quartiers de standing bas sont des locataires ; dans les quartiers à standing très bas ils représentent 47,1%. Dans les quartiers de standing moyen, on retrouve 43,6% de ménages locataires et dans les quartiers de haut standing, ils font seulement 17%. Tableau n°18 : Répartition des arrondissements par standing de quartiers
Source : Calculs faits à partir des données du RGPH-3 A Cotonou, la majorité des ménages locataires résident dans des quartiers caractérisés par une mauvaise condition d'hygiène et un manque d'infrastructure en eau potable et d'électricité. Tableau n°19 : Répartition des ménages locataires par standing de quartiers
Source: Calculs faits à partir des données du RGPH-3 * 49 SERHAU-SA, 2000, Revue permanente du secteur urbain au Bénin, 2ème éd, Cotonou, p.138. * 50 SERHAU-SA, op. cit. |
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