2. Coordination du travail social :
Lorsqu'on lui demande qui intervient principalement dans la
lutte contre la pauvreté dans les quartiers, M. Lemière
cite : les services Solidarité- insertion du Conseil
Général de la Gironde ; le CCAS ; les associations
caritatives telles que le Secours Populaire, la Croix Rouge, les Restaus
du Coeur et ATD Quart Monde. Douze alliés du Mouvement ATD Quart Monde
sont présents à Mérignac. La commune compte quinze
associations dans le domaine social et trois centres sociaux. La Mission Locale
de Pessac accompagne aussi les recherche d'emploi. D'après le directeur
de la MOUS, le travail social sur Pessac regroupe : le
développement les services publics de proximité ; des
actions de prévention en matière de santé,
d'endettement, de logement ; des mesures pour favoriser
l'intégration, les activités de loisir, la réussite
scolaire. Il ajoute :
« Ca fait 15-20 ans qu'on prend des mesures. On
garde une très grande vigilance sociale pour que la situation ne se
dégrade pas. Le but est de soutenir les familles, c'est le fondement
même de l'action sociale de la politique de la ville. On travaille avec
tous les partenaires. »
Les techniciens de la MOUS ont trois objectifs : bien
connaître les situations, mobiliser les institutions, créer des
projets en matière de logement, d'équipement. Cependant ils
n'agissent « pas tous seuls » mais en
collaboration avec les assistantes sociales et les responsables d'antenne des
bailleurs HLM. La commune a une véritable tradition de travail en
partenariat avec les associations, « dans le respect des
prérogatives de chacun ». Il existe des instances de
concertation, notamment Pessac Social, en lien avec le CCAS et la MDSI, pour
« partager, échanger, se
concerter » :
« Les gens se connaissent et ont des habitudes
de travail ensemble. »
Parmi les thèmes abordés figurent le logement,
la distribution alimentaire, l'intervention sociale. Les réunions ont
lieu six fois par an, à quoi s'ajoutent des rencontres de projet et des
réunions de quartier. Les trois permanents de la MOUS y jouent un
rôle d'animation :
« C'est vraiment le rôle de la MOUS que
tout le monde agisse de façon concertée. »
Une autre question a été évoquée
lors de l'entretien, celle de la présence de communauté de Gens
du voyage à Pessac. Notre interlocuteur estime que la majorité
des Gens du voyage de la commune sont désormais
sédentarisés :
« Ils sont de plus en plus chassés... Il
y a tout un arsenal juridique, c'est pas sécurisant comme situation.
Donc maintenant ils s'installent dans les aires d'accueil. Le
schéma départemental avait prévu de construire plusieurs
aires de passage mais on se rend compte que les familles ont plutôt
besoin d'aires de sédentarisation. Elles peuvent s'y installer sur une
certaine durée, toujours en caravanes, et voyager à la belle
saison. »
Une aire d'accueil spécialisée a donc
été créée en 2002 à la Chaye, en cogestion
entre Pessac et Mérignac. Les familles arrivent en général
en automne (« l'aire est pleine en septembre »),
et y restent neuf mois. Un travailleur social accompagne les familles sur place
mais aucune véritable action spécifique n'est engagée. Il
réalise surtout un travail de sensibilisation aux questions de
l'hygiène et des dépenses d'eau. D'après la presse, deux
associations au moins concernent également ces publics :
l'Association des Gens du voyage (AGV), et l'association des Habitants de
logements éphémères ou mobiles (HALEM). D'autre part,
à propos de la scolarisation des enfants de moins de seize ans, M.
Lemière reste vague :
« C'est une communauté avec laquelle on
compose vous savez. Les garçons préfèrent souvent
travailler avec leur père. »
A la fin de l'entrevue, M. LEMIERE nous conseille de
rencontrer par la suite les responsables des trois centres sociaux de la ville,
ainsi que la directrice de la MDSI.
Ce portrait socio-démographique des quartiers les plus
pauvres de l'agglomération met en évidence des constantes quant
aux difficultés que rencontrent leurs habitants, qui les rapprochent du
profil des quartiers de Bordeaux. La valeur des indicateurs de pauvreté
économique, administrative ou d'existence y est en général
supérieure à celle que l'on mesure à l'échelle des
communes ou de la CUB. En dehors de la question du chômage ou des
tensions sociales, le logement fait partie des problématiques
prioritaires pour ces secteurs d'habitat social.
D'autre part, que ce soit à Lormont, Mérignac ou
Pessac, de très nombreux acteurs entrent en jeu dans la lutte contre la
pauvreté, l'exclusion sociale et la relégation dans les
quartiers. Certains dispositifs institutionnels ou associatifs y sont bien
implantés depuis plusieurs années, tandis que de nouvelles
initiatives apparaissent pour palier aux besoins émergents. Toutefois,
la mise en oeuvre de l'action sociale territoriale sur les trois communes est
assez contrastée. Si on peut parler d'un haut niveau de collaboration
entre ces acteurs du domaine social à Pessac et Mérignac, tel
n'est pas le cas à Lormont où la coordination entre les
bénévoles et les services sociaux semble plus
problématique. La politique de la ville doit donc en permanence adapter
ses objectifs aux situations variées rencontrées sur les
différents territoires. L'outil principal de cette politique demeure la
rénovation urbaine, programmée sur un moyen terme.
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