C. St Jean- Belcier- Carle Vernet :
Ce quartier prioritaire de 90 hectares de terrain, le plus au
Sud de Bordeaux, constitue l'une des entrées majeures de Bordeaux. Il
est séparé de la Garonne par de larges quais encombrés
à l'Ouest, coupé au centre par les voies ferrées, et
limité au Sud par les boulevards de la ville. Le quartier fait partie
d'une zone industrielle en déclin et en cours de réhabilitation.
1. Un quartier de gare
hétérogène :
Le quartier se compose en réalité de trois zones
distinctes : St Jean, centré sur la gare du même nom,
fréquenté par des populations «marginales» ;
Belcier, enclavé entre de grandes emprises, caractérisé
par sa vie nocturne et ses discothèques ; Carle Vernet, secteur
d'habitat social, tourné vers Bègles pour les commerces. Dans les
deux premières zones la population est relativement diversifiée,
avec une sur-représentation des 20-34 ans. Dans la troisième, les
plus de 60 ans sont les plus nombreux ainsi que, dans l'habitat social, les
familles monoparentales. Dans l'ensemble la densité résidentielle
est élevée : 180 hab/ha, pour 3 750 habitants au total. La
proportion de familles monoparentales est importante (26%) et la moitié
des ménages sont composés d'une seule personne. La proportion
d'étrangers est forte (11%). Le niveau de qualification de la population
est plus faible que la moyenne de la commune. Le taux de chômage
très élevé (26%) touche surtout les femmes ; il est
surtout de longue durée (59%). L'avis de M. Faure sur ce quartier est le
suivant :
« Il y a tous les quinze jours les pompiers, on
voit des ordures, des vitres cassées : c'est des signes que des
gens en difficulté y habitent. (...) Il y a beaucoup de prostitution,
c'est quand même pas évident. Là faut être vigilant,
c'est pas trop un gros quartier, c'est plutôt une rue, une zone où
il faut être attentif.»
Malgré un déficit dans le secteur Belcier, le
quartier est relativement bien équipé. Par contre le tissu
associatif n'est pas très développé sur ce territoire. Les
éducateurs de rue du CALK y interviennent, cependant, pour M. Faure,
leur action est nécessairement limitée :
« Les éducs du CALK connaissent les
jeunes de la rue mais celui qui est enfermé chez lui, il pose pas de
problème, ils le connaissent pas. (...) Il y a [des jeunes]
à la marge des structures. Je suis sûr qu'il y a des jeunes encore
qui sont isolés, qui n'ont rencontré
personne. »
On peut souligner également sur le secteur la
présence et l'action des correspondants de quartier de la Mission
Locale que M. Faure nous a conseillé d'interroger pour notre
enquête. D'après un document de présentation que ce dernier
nous a donné, ils participant d'une volonté de créer du
lien, d'instaurer un dialogue et d'assurer une présence attentive dans
les quartiers en difficulté. Samira Zaryah coordonne une équipe
des cinq correspondants salariés par l'association des Centres
d'animation de quartiers de Bordeaux, sur des financements de la Ville et de
l'Etat au titre du DSU. Ceux-ci sillonnent tous les jours la Bastide (rive
droite), et un secteur Bordeaux Sud englobant La Victoire, les Capucins, St
Jean et Belcier. Ils y menent un travail de prévention, à
l'écoute et au service des habitants. L'un d'eux décrit ainsi
leur action sur le terrain :
« C'est une présence active qui
relève à la fois de la veille sociale, de la veille technique, de
l'information et de la régulation de micro conflits. Veille sociale et
humaine car nous sommes au contact directs des habitants, des
commerçants, des personnes sans domicile. Notre bureau, c'est le banc,
la rue. On nous connaît, on vient nous parler, nous demander conseil,
nous signaler un problème. Si on ne peut pas répondre on
transmettra l'information... Avec l'expérience nous savons à
quelle porte il faut frapper, mais jamais nous ne faisons les démarches
à la place des gens. Nous servons d'intermédiaire à
l'établissement du contact et du partenariat. »
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