2. Les outils de portrait mobilisables :
Nous avons évoqué l'importance de l'utilisation
combinée des approches quantitatives et qualitatives pour ce genre
d'enquête sociale. Les principaux moyens envisagés pour
réaliser le repérage géographique de la pauvreté
sur l'agglomération sont le recueil de données statistiques, la
recherche documentaire et les entretiens. A propos des statistiques, une
étude localisée telle que celle-ci nécessite de mobiliser
d'autres sources que les enquêtes nationales, habituellement
utilisées pour mesurer la pauvreté monétaire ou les
conditions de vie mais trop imprécises. D'après l'ONPES, les
indicateurs monétaires disponibles au niveau
infra-départemental sont de trois types :
· les données issues de la base ressource des CAF,
généralement qualifiés d' «indicateurs de bas
revenus», avec un seuil proche du seuil de pauvreté (698 € en
2002). Toutefois ils ne portent que sur les allocataires de la CAF (et non sur
l'ensemble des ménages).
· le nombre de bénéficiaires des minima
sociaux, auprès de la CAF, pour ce qui concerne le RMI, l'API et l'AAH.
Pour les autres prestations, notamment l'ASS, l'information est plus
limitée.
· les données issues des sources fiscales :
le niveau de ressources des ménages (revenu global avant impôt)
à partir des fichiers DGI/Filocom. Par contre les transferts sociaux ne
sont pas pris en compte, alors que ceux-ci font baisser de moitié le
taux de pauvreté.
Les sources mobilisables pour notre étude sont
principalement l'INSEE, la CAF, la Direction Générale des
Impôts (DGI), la Direction Départementale des Affaires Sanitaires
et Sociales (DDASS), l'Agence Nationale Pour l'Emploi (ANPE). Mais nous savons
déjà que les chiffres délivrés à un niveau
local sont rares et d'accès difficile. Les données
infra-départementales ne sont pas toujours disponibles et ne recouvrent
pas les mêmes territoires, qui diffèrent d'une politique publique
à l'autre. Certaines ne sont pas diffusées, car
considérées comme sensibles (surendettement, état et
surpeuplement des logements). Nous projetons donc d'utiliser des enquêtes
ayant déjà été menées sur le sujet à
Bordeaux. Pour cela, un travail de recherche documentaire et de traitement
secondaire des données devra être entrepris.
L'analyse statistique sera complétée par une
approche qualitative, avec le recueil des informations et des connaissances
personnelles que possèdent les membres de l'association, volontaires,
alliés et militants (jeunes et familles). Ceci se fera au cours de
discussions libres, d'ateliers improvisés ou encore d'entretiens
individuels. La participation des alliés bénévoles sera
également sollicitée, lors des réunions mais aussi de
façon plus formelle par l'envoi d'un courrier exposant les objectifs et
les besoins de l'état des lieux.
Nous pouvons maintenant mieux cerner l'objet de la recherche.
Notre regard sera concentré sur la situation de personnes vivant dans la
grande pauvreté, c'est-à-dire pour lesquelles les indicateurs de
pauvreté monétaire, d'existence et administrative au sens
où nous les avons définis sont les plus critiques. L'étude
portera sur le territoire de l'agglomération bordelaise, à
l'intérieur duquel il est possible de distinguer plusieurs
échelles : la CUB, les communes, en particulier celle de Bordeaux,
les quartiers. Ces différents sites font l'objet de nombreuses
opérations de rénovation urbaine ou d'aménagement, ou
encore de mesures sociales, qui ne sont pas sans conséquences à
moyen et long terme sur les conditions de vie de leurs habitants.
Pour ce qui concerne la démarche d'enquête, nous
suivrons les trois étapes programmées de l'état des lieux,
à savoir : le repérage cartographique des sites de
pauvreté de l'agglomération, des communes aux quartiers ; la
présentation plus détaillée des zones les plus
touchées par le phénomène ; la rencontre des acteurs de
terrain du domaine social. Les moyens d'investigation seront triples
(statistique, documentation, entretiens) et les éclairages
conjugués afin de mettre en évidence la multiplicité des
points de vue sur le sujet.
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