Introduction
Cet état des lieux de la grande pauvreté dans
l'agglomération bordelaise en 2006 a été
réalisé pour l'antenne bordelaise d'ATD Quart Monde, mouvement
international de lutte contre la misère et l'exclusion sociale. Celui-ci
a été créé en 1957 par le père Joseph
Wresinski et les familles d'un camp de sans-logis à Noisy-le-Grand, en
région parisienne. «Aide à toute détresse» (ATD)
est le nom de la première association qui donnera naissance au Mouvement
et «Quart Monde» désigne les plus pauvres du monde entier. En
France, le Mouvement est présidé par Pierre Saglio depuis 2002,
à la suite de Joseph Wresinski, Geneviève Anthonioz De Gaulle et
Paul Bouchet. ATD Quart Monde agit grâce à l'engagement de
«volontaires permanents» salariés du mouvement, de
«militants» vivant ou ayant vécu dans la très grande
pauvreté, et d' «alliés» bénévoles
engagés dans leur vie quotidienne. Le Mouvement compte 373 volontaires
de 33 nationalités différentes, dans 23 pays ; 4 000
alliés et militants du Quart Monde ; 100 000 amis ou
correspondants en Europe.
Les équipes d'ATD Quart Monde agissent en partenariat
avec les familles très défavorisées qu'elles rencontrent
et développent des actions destinées à permettre
l'accès de tous aux droits fondamentaux : accès à la
culture et au savoir, accès à la formation et à l'emploi,
accès à la santé, accès à la justice. Le
Mouvement mène une action auprès des pouvoirs publics, des
organismes et institutions, afin d'obtenir la représentation des
familles du Quart Monde, la garantie de leurs droits, de leurs
responsabilités, de leurs possibilités de s'exprimer sur tous les
domaines qui les concernent. Il milite pour le respect de la pensée, de
l'expérience et des aspirations de ces familles et se fait leur
porte-parole auprès des principales organisations
internationales :
« Les volontaires, tous différents,
choisissent de lier leur vie avec celle des familles les plus pauvres et
s'entraînent à les connaître et à identifier les
mécanismes d'exclusion qui les frappent. Avec peu de moyens et des
initiatives nouvelles, ils essayent de faire respecter les droits des plus
pauvres... » 1(*)
Le Mouvement est présent dans de nombreuses villes de
France et du monde entier. Son installation dans la région bordelaise
date du début des années 1960, et différentes actions y
ont été engagées depuis auprès des personnes en
grande difficulté sociale. On compte aujourd'hui notamment : la
bibliothèque de rue, le groupe d'animation pour les enfants Tapori, le
journal Liens, le groupe Culture, le service de la diffusion du livre,
l'atelier d'écriture, l'accompagnement des familles, la journée
mondiale du refus de la misère le 17 octobre etc. Parmi ces diverses
initiatives, le groupe Jeunes est une priorité dans l'action d'ATD Quart
Monde à Bordeaux. En effet les volontaires permanents ont reçu de
la part du collectif national la mission spécifique d'accompagner ce
groupe. Il s'adresse aux adolescents et jeunes adultes de 16 à 30 ans
vivant des situations de grande pauvreté et d'exclusion :
« C'est un groupe où des jeunes parmi
les plus exclus, peuvent avec d'autres reprendre confiance en eux-même,
mettre en valeur leurs capacités, exprimer leurs aspirations, prendre
part au débat dans la vie locale, à travers des projets
artistiques, des rencontres et débats sur un thème
d'actualité, une réflexion personnelle sur sa propre place dans
la société. » 2(*)
En janvier 2006, le groupe Jeunes rassemble une vingtaine de
personnes pour des temps de rencontre hebdomadaires, en particulier les
mercredis après-midi, dans les locaux de la «Maison Quart
Monde» qui accueille les membres et les visiteurs de l'association. Chacun
est libre de participer aux discussions, aux activités ou à
l'élaboration des projets collectifs. Certains membres font partie du
Mouvement depuis leur enfance, soit plus de vingt ans, mais les portes sont
ouvertes à tous et les nouveaux venus y côtoient les plus anciens.
Mais d'autres jeunes défavorisés qui désireraient
peut-être assister aux réunions du groupe sont encore
laissés de côté. Or une des préoccupations
principales d'ATD Quart Monde est d'aller toujours à la rencontre des
plus démunis, des plus exclus. L'association cherche donc à
rejoindre ces jeunes restés à l'écart, afin de pouvoir
faire leur connaissance, nouer un dialogue avec eux, dans des relations de
confiance mutuelle et toujours avec un souci de discrétion et de
respect. C'est en particulier le souhait des volontaires permanents
responsables du groupe Jeunes à Bordeaux.
L'équipe actuelle est composée de quatre
volontaires arrivées récemment dans la région, en 2004 et
2005, pour prendre le relais des précédents responsables. Ils
doivent tout d'abord apprendre à connaître les jeunes, les
familles et les alliés qui se retrouvent à ATD Quart Monde depuis
un certain temps, et se familiariser avec les habitudes et le fonctionnement du
Mouvement à Bordeaux. D'autre part, ils découvrent la ville et
n'ont pas encore de connaissance approfondie de la situation locale. La
nouvelle équipe de volontaires cherche donc à évaluer la
façon dont elle peut envisager son action, avant d'aller effectivement
à la rencontre des jeunes du Quart Monde et de leurs familles. C'est
pour cette raison que les bénévoles ont décidé
d'engager un travail d'exploration du contexte bordelais. Le projet
envisagé est de réaliser un état des lieux de la grande
pauvreté dans l'agglomération bordelaise, en procédant par
étapes. Il s'agit de mettre au jour quelles situations de misère
ou d'exclusion existent dans Bordeaux et ses communes environnantes, et de
savoir où résident les plus pauvres pour pouvoir les rejoindre.
Par la suite, le but des volontaires sera également de connaître
quelles sont les actions déjà mises en oeuvre en direction des
publics en grande difficulté sociale, quelles personnes ou structures
les côtoient et peuvent éventuellement aider à les
rencontrer.
Dans le cadre de mon cursus universitaire de sociologie, j'ai
proposé aux volontaires de m'associer à eux pour cette recherche.
A la suite d'un entretien il a été convenu que je suive un stage
à l'association pendant cinq mois, de février à juillet
2006. Au cours des premières réunions nous nous sommes mis
d'accord sur les objectifs de l'enquête et sur la façon dont elle
pourrait se dérouler. Ce travail d'investigation doit se faire en
collaboration entre les bénévoles de l'association. Les
informations recueillies de différentes manières au cours de
l'état des lieux sont échangées lors de réunions
mais aussi de façon informelle, pour que chacun puisse profiter des
découvertes des autres et acquérir une plus grande
proximité avec le terrain. Par ailleurs, comme l'ont souligné les
volontaires, cette étude est également l'occasion d'inviter
autant que possible les jeunes, les militants et les alliés du Mouvement
à participer au projet, à exprimer leur point de vue, à
faire part de ce qu'ils connaissent déjà de la situation. Cette
approche de la réalité bordelaise sous l'angle de la grande
pauvreté doit aboutir à la rédaction d'un rapport de
stage, ainsi qu'à la constitution d'un dossier de documentation. Ceux-ci
resteront internes à l'association et pourront servir de façon
pratique dans les futures démarches du Mouvement à Bordeaux
à la rencontre des familles du Quart Monde.
Les trois grandes parties de ce mémoire correspondent
au déroulement de l'état des lieux, conformément à
la commande et au calendrier prévisionnel fixé pour la
réalisation de l'enquête. La première étape est
l'exploration du sujet, avec un travail de documentation et de lecture, pour
aboutir à la définition précise de l'objet de recherche et
de la méthodologie. C'est ce que nous verrons avec la
présentation de la démarche d'enquête (partie I). La phase
suivante regroupe la collecte et l'analyse des données statistiques
disponibles au niveau de l'agglomération bordelaise, puis à
l'échelle plus fine des quartiers. Nous présenterons les
principaux résultats de l'étude de la répartition spatiale
de la grande pauvreté (partie II). Enfin, le dernier temps de
l'état des lieux sera consacré à un portrait
socio-démographique détaillé des zones de
l'agglomération bordelaise les plus touchées par le
phénomène de la pauvreté (partie III).
Première partie :
DEMARCHE D'ENQUETE
L'objectif de l'état des lieux est d'identifier les
situations et les lieux de grande pauvreté existant dans
l'agglomération bordelaise, en gardant le souci premier de ce que
peuvent vivre des jeunes de 16 à 30 ans. Ce travail est un recueil de
données principalement descriptif qui ne nécessite pas
l'élaboration d'hypothèses. Cependant plusieurs questions se
posent au début de l'enquête :
· Qu'est-ce que la pauvreté, la
précarité, la misère, l'exclusion sociale ?
· Comment les mesurer localement, par rapport à
quels critères ou indicateurs ?
· Quelles sont les limites et les caractéristiques
du territoire choisi pour l'étude ?
Dans cette partie nous aborderons donc
précisément ce qui fait l'objet de la recherche, en
définissant les notions et les indicateurs qui seront utilisés et
en présentant le territoire étudié (chapitre I). Ensuite
nous décrirons les différentes étapes de la
démarche d'enquête à Bordeaux, élaborée
selon les indications d'ATD Quart Monde ; nous évoquerons aussi les
moyens dont nous pourrons disposer pour réaliser cet état des
lieux (chapitre II).
I. CONSTRUCTION DE L'OBJET DE RECHERCHE
A.
Définition des notions et indicateurs :
Nous avons évoqué jusqu'à maintenant le
cas de personnes vivant en situation de grande pauvreté, de
misère ou d'exclusion sociale. Ces trois notions peuvent passer pour
synonymes alors qu'elles recouvrent des réalités
différentes. Un premier travail théorique s'impose afin de
clarifier les termes employés et délimiter le sujet.
Ensuite, l'observation et la mesure des phénomènes que ces
notions désignent n'est possible qu'à condition d'élaborer
des indicateurs pertinents.
1. Pauvreté, misère, exclusion
sociale :
La pauvreté est une notion essentiellement normative et
relative, donc difficile à définir. On peut rappeler en premier
lieu la définition adoptée par le Conseil Economique et Social
à l'occasion du rapport Wresinski, qui demeure une
référence en la matière :
« La précarité est l'absence d'une
ou plusieurs des sécurités, notamment celle de l'emploi,
permettant aux personnes et aux familles d'assumer leurs obligations
professionnelles, familiales et sociales et de jouir de leurs droits
fondamentaux. (...) Elle conduit à la grande pauvreté quand elle
affecte plusieurs domaines de l'existence, qu'elle devient persistante, qu'elle
compromet les chances de réassumer ses responsabilités et de
reconquérir ses droits par soi-même, dans un avenir
prévisible.» 3(*)
La pauvreté est communément comprise,
dans un sens monétaire, comme une insuffisance de ressources,
définie par un seuil. En réalité c'est un
phénomène multidimensionnel (matériel, culturel et social)
qui touche plusieurs domaines de l'existence et se manifeste de
différentes manières. Les facteurs de pauvreté peuvent
être de divers ordres :
· économique : faiblesse des revenus,
chômage, surendettement, dépendance aux prestations sociales,
perte de logement ;
· sociopolitique et culturel : asile politique,
échec scolaire, faible qualification professionnelle ;
· familial et personnel : rupture familiale,
violence conjugale, isolement social, délinquance, conduites addictives,
problèmes de santé.4(*)
On constate ainsi que les situations de pauvreté sont
souvent consécutives à des phénomènes de rupture
dans la vie des individus : licenciement, maladie, accident,
séparation, deuil... Par ailleurs, il est fréquent de
considérer que la misère ou les formes extrêmes de
pauvreté résultent d'un cumul des désavantages ou
handicaps sur l'ensemble de ces domaines. Un autre concept intéressant
dans le cadre de cette enquête est celui de la
«pauvreté présumée»5(*). Cette approche s'avère
utile pour décrire et qualifier des situations observées,
comme l'illustre cette citation : « l'aspect misérable de
certaines habitations est une présomption forte de la pauvreté de
leurs occupants »6(*). Dans cette optique on suppose a priori que la
probabilité d'être pauvre est plus élevée sur un
lieu identifié comme un site de pauvreté. Ceci revient à
faire le postulat d'une correspondance globale entre les territoires et les
situations sociales : à une segmentation des territoires serait
associée une segmentation sociale des populations. Toutefois il ne faut
pas oublier que d'autres formes de pauvreté plus profondes peuvent
exister dans l'interstice des habitats, dans l'isolement et l'absence de
tout regard, quel que soit le niveau de richesse des environs. C'est ce qui
constitue justement le coeur des préoccupations d'ATD Quart Monde.
Dans tous les cas, les phénomènes de
pauvreté ou de misère évoquent des situations
d'inégalité de fait. Au contraire, l'exclusion sociale
désigne un processus s'inscrivant dans le temps de
dégradation des conditions de vie et surtout de fragilisation du lien
social7(*). Ce processus
peut conduire à la rupture effective avec des formes essentielles des
relations sociales et de l'échange économique telles que le
travail, la famille, le voisinage, l'habitat, la participation au mode de vie
matériel et culturel dominant. Les personnes concernées se
trouvent dès lors privées des biens et services sociaux auxquels
elles ont légitimement accès. Par conséquent les
situations d'exclusion sociale constituent une atteinte majeure aux droits
fondamentaux des personnes, explicitement énoncés dans les
déclarations et conventions des Droits de l'Homme8(*).
Dans le cadre de cet état des lieux, nous avons
à évaluer et quantifier des phénomènes objectifs
sur une courte durée, c'est pourquoi nous retiendrons avant tout le
concept de pauvreté, laissant de côté l'étude
diachronique des processus d'exclusion sociale. Nous avons vu que la
pauvreté peut être appréhendée de différentes
façons. Elle est directement dépendante des seuils fixés,
en dessous desquels on estime une personne pauvre. Pour caractériser des
situations de «grande pauvreté» au niveau des territoires de
l'agglomération bordelaise, nous aurons besoin de nous appuyer sur des
indicateurs statistiques, que nous allons maintenant définir.
2. Indicateurs de pauvreté :
La pauvreté n'est pas un phénomène
nouveau, pourtant ce n'est que depuis le début des années 1990 en
France que les statistiques officielles fournissent des indicateurs. Ceci
traduit l'absence de consensus parmi les spécialistes sur la
définition et les méthodes de mesure de la pauvreté. On
peut cependant retenir une approche majeure au plan national : celle que
développe l'Observatoire National de la Pauvreté et de
l'Exclusion Sociale (ONPES)9(*). Ce centre de recherche utilise trois types de
critères :
a) Indicateurs de pauvreté monétaire :
Ils déterminent les personnes dont le niveaux de vie
est inférieur à un montant donné, dit «seuil de
pauvreté», absolu ou relatif. Le seuil de pauvreté
traditionnellement utilisé en France est fixé à 50 % du
niveau de vie médian (qui partage la population en deux), soit 645
€ par mois pour une personne seule. En 2003, environ 6 % de la population
vit sous ce seuil, soit 3,7 millions de personnes. La France occupe une
position intermédiaire en Europe en matière de pauvreté
monétaire, avec 13 % de personnes au-dessous du seuil à 60 % du
niveau de vie médian, pour une moyenne de 15 % dans l'ensemble de
l'Union européenne.10(*)
b) Indicateurs de pauvreté en conditions de vie ou
d'existence :
Ils mesurent l'absence ou la difficulté d'accès
à des biens ou services de consommation jugés indispensables,
selon une enquête prenant en compte la fréquence et le consensus
autour de l'usage de ces biens. Les personnes considérées comme
pauvres en conditions de vie ne recoupent pas nécessairement celles qui
sont pauvres selon l'indicateur de pauvreté monétaire :
ainsi, 10 % des personnes pauvres au sens monétaire ne le sont pas au
sens des conditions de vie et 95% des personnes pauvres au sens des conditions
de vie le sont également selon l'indicateur de pauvreté
monétaire. Le taux de pauvreté en conditions de vie diminue
depuis 1998.11(*)
D'autres critères socio-démographiques peuvent
s'y ajouter pour mieux cerner les situations sociales existant sur les
territoires étudiés et comprendre à quelles
difficultés sociales sont confrontés leurs habitants :
- indicateurs de population : nombre d'habitants,
structure par âge et par nationalité de la population, taille et
nature des ménages (familles nombreuses, monoparentales) ;
- indicateurs du rapport au lieu d'habitation :
densité résidentielle, proportion de logements sociaux, statut
d'occupation des ménages (locataires ou propriétaires),
éloignement du lieu de travail, moyens de transports ;
- indicateurs de formation et d'activité
professionnelle : retard scolaire, niveau de diplôme, taux
d'activité, type d'emplois (stable ou précaire : contrats
à durée déterminée, emplois aidés ou
intérim), taux de chômage et durée.
c) Indicateurs de pauvreté administrative :
Comme dernier type de critère, l'ONPES utilise des
indicateurs de pauvreté administrative, qui identifient le nombre de
personnes bénéficiaires d'une aide dont l'objectif est de lutter
contre la pauvreté. En France, la récente
dégradation de la conjoncture économique et du marché du
travail s'est traduite par une augmentation du nombre d'allocataires de minima
sociaux12(*) en âge
de travailler. Ils sont 3,4 millions à la fin de l'année 2004
13(*). Les cinq
principales aides sont : l'allocation supplémentaire de vieillesse
(ASV), le revenu minimum d'insertion (RMI), l'allocation parent isolé
(API), l'allocation adulte handicapé (AAH) et l'allocation de
solidarité spécifique (ASS). Ces prestations sont versées
par la Caisse d'Allocations Familiales (CAF), la Mutuelle Sociale Agricole
(MSA), l'Association pour l'Emploi dans l'Industrie et le Commerce (ASSEDIC) ou
le fonds national de solidarité. Une autre variable de pauvreté
administrative souvent analysée est le taux de dépendance
budgétaire des ménages aux prestations sociales. Ainsi, la CAF
considère ses allocataires comme dépendants lorsque les
prestations qu'elle leur verse dépasse la moitié de leurs
ressources totales. Les services statistiques de la Direction Régionale
des Affaires Sanitaires et Sociales (DRASS), quant à eux, ont choisit un
seuil fixé à 75% des revenus.
Au cours de notre état des lieux nous chercherons donc
à recueillir des données statistiques locales répondant
à des critères de pauvreté monétaire, de
pauvreté en conditions de vie et de pauvreté administrative,
sachant qu'un indicateur seul ne peut pas être
interprété : il faut toujours comparer un résultat
à une autre période ou à un territoire similaire. Il
importe à présent de délimiter la recherche dans sa
dimension spatiale.
B. Présentation du territoire :
Dès le départ, nous avons choisi de ne pas nous
concentrer seulement sur Bordeaux mais d'étudier la situation sociale de
l'ensemble de l'agglomération bordelaise. En effet, le Mouvement ATD
Quart Monde implanté à Bordeaux accueille des personnes
résidant souvent à l'extérieur de la ville et il
paraissait nécessaire de prendre en compte au moins ses communes
limitrophes. Nous considérons donc comme territoire d'enquête
l'agglomération bordelaise dans sa globalité, qui comprend au
total 52 communes.
Liste des communes de l'agglomération
bordelaise : Ambarès-et-Lagrave, Ambès,
Artigues-près-Bordeaux, Arveyrès, Bassens, Bègles,
Blanquefort, Bonnetan, Bordeaux, Bouliac, Bruges, Cadaujac,
Camblanès-et-Ménac, Canéjan, Carbon-Blanc,
Carignan-de-Bordeaux, Cénac, Cenon, Cestas, Eysines, Fargues-St Hilaire,
Floirac, Gradignan, Izon, Latresne, Le Bouscat, Le Haillan, Léognan, Le
Pian-Médoc, Le Taillan-Médoc, Lignan-de-Bordeaux, Lormont,
Martignas-sur-Jalles, Mérignac, Montussan, Parempuyre, Pessac,
Pompignac, Quinsac, Salleboeuf, St Aubin-de-Médoc, St Jean-d'Illac, St
Loubès, St Louis de Montferrand, St Médard-en-Jalles, St
Sulpice-et-Cameyrac, St Vincent-de-Paul, Talence, Tresses, Veyrès,
Villenave d'Ornon, Yvrac.
A l'intérieur de l'agglomération, la
Communauté Urbaine de Bordeaux (CUB) est également une
unité géographique de référence
particulièrement cohérente et pertinente. Elle correspond
approximativement au pôle urbain de Bordeaux, c'est-à-dire
à la ville-centre plus les communes de sa première
périphérie14(*), et de nombreuses données sont accessibles
à cette échelle. Nous allons présenter les principales
caractéristiques des territoires de la CUB et de Bordeaux par rapport au
sujet qui nous intéresse, ainsi que les projets qui les
concernent.15(*)
1. La Communauté Urbaine de Bordeaux 16(*) :
a) Inscription territoriale :
La CUB appartient à la région Aquitaine, au
sixième rang des régions françaises avec 5% de la
population métropolitaine (2,9 millions d'habitants), et se situe au
centre du département de la Gironde, le plus grand de France. Celui-ci
concentre 1,4 millions d'habitants dans 542 communes sur une superficie de
10 000 km² (soit une densité moyenne de 130 hab/km²). La
Gironde est un lieu de passage situé sur les axes ferroviaires et
routiers Nord-Sud : les migrations ainsi que les flux estivaliers ou de
travailleurs saisonniers y sont importants. La croissance annuelle moyen de la
population dans le département entre les deux derniers recensements a
été positive (+0,66%) et cette variation est due pour deux tiers
au solde migratoire. Le taux de chômage moyen est de 10% en Aquitaine et
de 11% en Gironde en 200417(*).
La CUB est née en janvier 1968. Actuellement
présidée par Alain Rousset, c'est la sixième
agglomération française, avec 27 communes membres. Elle regroupe
700 000 habitants sur une superficie de 552 km² (soit une densité
moyenne de 1360 hab/km²). La concentration urbaine est très forte
et le milieu rural très étendu autour de la CUB, ce qui pose des
problèmes d'isolement et d'inégalité d'accès aux
services et aux droits18(*). Depuis 2000, on y compte environ 8 500 naissances
par an et sur les dix dernières années, la croissance
démographique de l'agglomération a été presque le
double de la moyenne nationale (+6,2 %). On remarque que la population de la
CUB est particulièrement jeune : un habitant sur trois est
âgé de moins de 25 ans. Quant aux populations nouvelles qui
viennent s'installer, 40 % d'entre elles ont entre 24 et 40 ans.19(*)
b) Le contrat de ville de Bordeaux Métropole :
Le contrat de ville est un programme élaboré
conjointement entre l'Etat et les collectivités territoriales, dans le
cadre de la politique de la ville20(*). Il vise à mettre en cohérence et en
synergie un ensemble d'actions destinées à
réintégrer des quartiers stigmatisés socialement,
spatialement, dans le fonctionnement normal d'une agglomération. Sa mise
en oeuvre implique un large partenariat entre acteurs aux niveaux national,
régional, départemental, communautaire et communal. Il inscrit
des actions menées au sein des quartiers eux-mêmes
(réhabilitation de logements, aménagements sociaux, entretien
d'espaces publics...), de la commune ou de plusieurs communes associées
(insertion et emploi, prévention et sécurité).
En Aquitaine des contrats ont été définis
pour la période 2000-2006 dans sept agglomérations, dont celle de
Bordeaux21(*). Ce contrat
succède au premier contrat de ville de l'agglomération bordelaise
(1994- 1999). Son application concerne au total 110 000 habitants
répartis sur 13 communes appartenant toutes à la CUB sauf Ste
Eulalie. Il atteint 1,2 milliards d'euros pour la totalité des projets
inscrits.22(*) Il est
conduit par un comité de pilotage assisté par un bureau, un
groupe de projet et une équipe permanente qui anime l'action
intercommunale en complément des Maîtrises d'Oeuvres Urbaines et
Sociales (MOUS) communales. Les principaux axes du projet
d'agglomération sont les suivants : renforcer la place de la
métropole bordelaise sur l'axe atlantique ; développer les
coopérations inter-cités ; renforcer la cohésion
territoriale et sociale de l'agglomération ; organiser un
système de déplacement performant, préserver durablement
l'environnement et le cadre de vie.23(*) Ceci implique entre autre un grand chantier de
rénovation urbaine concernant les communes et quartiers de la CUB.
En 2006 la politique de la ville a été
renouvelée à la suite du vote de la loi Egalité des
chances des 7 et 8 mars. Le Comité Interministériel des Villes
(CIV) lance le «contrat urbain de cohésion sociale» de trois
ans reconductibles pour succéder au contrat de ville, ainsi qu'une
cinquantaine de mesures en faveur des quartiers en
difficulté24(*).
Ces nouvelles orientations dessinent le cadre dans lequel s'inscrira
nécessairement toute action en direction des habitants des quartiers
dans les prochaines années. Elles auront un impact majeur sur
l'évolution des situations urbaines ; il faudra donc les prendre en
compte dans une perspective de long terme. Toutefois, pour cette étude
ce sont les résultats de l'application de la politique de la ville
durant la période 2000-2006 qui nous intéressent avant tout, dans
la mesure où nous en voyons dès à présent les
effets.
c) La rénovation urbaine 25(*) :
Le logement social figure parmi les thématiques cibles
de la CUB. Depuis 2000 la loi Solidarité Renouvellement Urbain (SRU)
impose aux communes de plus de 3500 habitants une dotation en logements sociaux
qui soit supérieure à 20% du nombre total de logements, sachant
que les pénalités sont de l'ordre de 150 € par logement
manquant. Or au 1er janvier 2004, le constat est clair : dix
communes de la CUB ont un taux inférieur au seuil des 20%26(*), dont Villenave d'Ornon (17%)
et Bordeaux (14%). A contrario, Lormont est la commune la plus pourvue (68%),
suivie de Cenon (52%) et Floirac (49%), puis Bassens, Bègles, Eysines
(plus de 30%). Les communes de Mérignac, Bruges, Le Bousquat, Le
Haillan, Blanquefort, Pessac et Talence sont également au-dessus du
quota légal.27(*)
Dans l'agglomération les chantiers de rénovation
représentent la destruction de plus de 2500 logements, localisés
en majorité dans des immeubles collectifs. Les communes prioritaires
sont :
- LORMONT : cités Carriet (375 logements) et
Génicart (897)
- CENON : cité 8mai 45 (541)
- FLOIRAC : cité Libération (542)
- BASSENS : quartier du Bousquet (200)
- BEGLES : cité Y. Farge
- BORDEAUX : cité St Jean (440)
- TALENCE : cité Thouars
- SAINTE EULALIE : cité les Bleuets- les
Acacias. 28(*)
En complément, les travaux comprennent la construction
de 5240 nouveaux logements au total, dont 1700 logements sociaux. La
rénovation urbaine doit être financée par l'Agence
Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU), le Fonds Européen de
Développement Régional (FEDER), le Conseil Général
et le Conseil Régional. L'agglomération reçoit
également l'aide de la dotation sociale urbaine pour la construction de
logements conventionnés à caractère social. Elle
s'élève à 14 millions d'euros. Selon l'avis de M. Le
Préfet :
« Le problème ce n'est pas d'arbitrer
entre certains projets faute de crédits. Bien au contraire, nous n'avons
pas assez de projets pour y mettre les crédits dont nous
disposons. » 29(*)
2. La ville de Bordeaux :
a) Présentation :
La ville de Bordeaux, appelée le «port de la
lune» du fait du tracé de la Garonne, possède une position
centrale à l'intérieur de la CUB. Elle compte une population
totale de 230 000 habitants. A l'heure actuelle, son attractivité est
certaine : « Cette ville longtemps surnommée la belle
endormie connaît un réveil tonitruant... »
30(*). En l'espace de
quelques années Bordeaux s'est profondément transformée,
dans un vaste mouvement de recomposition urbaine... à tel point qu'on
présente souvent l'expérience bordelaise comme une
référence nationale pour la réalisation de projets ou
d'initiatives diverses31(*). La métropole concentre une grande partie des
ressources économiques et sociales du département, elle exerce
donc une attraction majeure sur les publics en grande difficulté de la
Gironde et de l'Aquitaine. Le taux de chômage y est de 11% en
200432(*).
b) Le projet de cohésion sociale :
A propos des orientations choisies pour la ville,
l'année 2006 peut symboliser l'amorce d'un tournant : après
le projet urbain de 1995 et le premier projet social 1999-200533(*), un nouveau «projet de
solidarité et de cohésion sociale» a été
lancé en décembre 2005, dans la lignée directe du plan
gouvernemental et de la loi de cohésion sociale. Le document de
présentation de la mairie en évoque les lignes directrices :
« Miser sur les capacité de chacun à
construire son propre projet, faire appel à la société
civile, à la fraternité pour lutter contre l'isolement et la
solitude, croire aux capacités de chacun, même en ceux dont la
misère a amenuisé la combativité, à se prendre en
charge grâce aux politiques mises en place.»
34(*)
Le texte met en avant la nécessaire participation des
citoyens et un fort accent est mis sur les actions en faveur des personnes en
situation de précarité et des familles les plus pauvres :
« Tout homme est porteur d'une
expérience, d'une pensée, de savoirs, d'un projet de vie qui
fondent sa dignité et sa citoyenneté. Cette conviction doit sans
relâche se traduire dans les faits pour donner à chacun sa place
et son utilité dans notre ville. La Ville encourage toute initiative
allant dans le sens d'une plus grande implication de ses habitants et d'un
`mieux être dans sa ville'. Hier sujets de l'aide sociale, habituellement
cantonnés dans leur statut de `bénéficiaires', les
personnes les plus démunies doivent elles aussi se voir offrir les
opportunités de contribuer à la vie sociale locale pour en
devenir partenaires. » 35(*)
Il s'agit d'éviter la marginalisation, l'exclusion
sociale, et d'accompagner la vie quotidienne de celles et ceux
« qui sont fragilisés et luttent pour conserver leur
autonomie ». Par exemple le Groupe de Dialogue Citoyen du Centre
Communal d'Action Sociale (CCAS) doit renouveler et élargir sa
composition, en s'ouvrant à d'autres quartiers et « en
cherchant à y rejoindre les plus exclus ». Le
bénévolat est fortement encouragé, et un Espace Ressources
est créé pour les associations. Le texte évoque la
question du stationnement des Gens du voyage. Il mentionne que dans le cadre de
la promotion de l'égalité des chances et conformément
à la loi Besson, la ville réalise un projet d'aire d'accueil
à Bordeaux Nord : « Un projet éducatif et
social sera élaboré pour et avec ces
familles ». Une deuxième aire d'accueil est en
projet, avec la collaboration des communes de la rive droite. Les jeunes font
aussi partie des priorités, au même titre que les personnes
âgées ou handicapées. La ville a
élaboré une politique pour les jeunes de Bordeaux et
créé un Conseil des Jeunes. Elle cherche à lutter contre
les discriminations dont ils souffrent avec l'aide de la Mission Locale Avenir
Jeune. Enfin, le logement figure également parmi les grands axes du
projet social :
« L'accès au logement reste très
problématique pour de nombreux concitoyens et notamment pour les plus
démunis. » 36(*)
c) Les projets d'aménagement :
La ville de Bordeaux entend impulser une nouvelle dynamique en
partenariat avec la CUB pour contribuer à l'accroissement de l'offre de
logements et favoriser leur attribution aux publics prioritaires. Il est
question du rattrapage nécessaire pour atteindre d'ici 2008 le seuil de
20% de logements sociaux imposé par la loi SRU. Rappelons que la commune
n'en comporte que 14% en janvier 2004, ce qui laisse une marge de 1480
logements à réaliser pour combler l'écart37(*). La ville veille donc à
ce que toutes les grandes opérations sur lesquelles elle peut intervenir
comportent un programme de logements sociaux supérieur à 25%.
600 logements sociaux seront ainsi construits à moyen terme
à la Bastide, 300 aux berges du Lac, 600 aux Bassins à flot. Par
ailleurs une opération de réhabilitation du centre historique
prévoit la livraison de 340 logements à loyer
modéré d'ici 200838(*).
De nombreux chantiers de rénovation urbaine sont en
cours dans les douze quartiers de la ville, notamment au niveau des Zones
d'Aménagement Concerté (ZAC).39(*) Celles-ci tiennent une place à part dans le
changement de visage de Bordeaux et constituent souvent les sites les plus
importants de renouvellement urbain pour renforcer le poids
démographique de la ville-centre. L'objectif est l'aménagement de
nouveaux quartiers :
« Il s'agit dans un contexte urbain discontinu
de lutter contre les facteurs de ségrégation liés au
mono-fonctionnement de quartiers enclavés et constitués
majoritairement d'habitat collectif social.» 40(*)
A Bordeaux se développent actuellement les projets des
ZACs suivants: Bassins à flot, Berges du Lac, Ravezies Nord et Sud,
Coeur de Bastide, Bastide 2, Centre historique, Chartrons, Ilôt Bonnac,
Hôpital des enfants, Ilôt d'Armagnac, Ilôt Dupaty. Les
opérations, pilotées par la CUB et la Ville, sont
réalisées avec des acteurs publics mais également des
acteurs économiques privés. Elles touchent la voirie, l'habitat,
les espaces publics, les équipements de proximité, les commerces
et les bureaux. Ces travaux auront nécessairement un impact social qu'il
faudra prendre en compte, en particulier pour ce qui concerne la question du
relogement des habitants.
A l'issue de cette présentation, il reste à
mettre en place une méthodologie pour réaliser l'état des
lieux que nous envisageons.
II. METHODOLOGIE D'ENQUETE
A. Démarche préconisée par ATD Quart
Monde :
Le Mouvement ATD Quart Monde a développé un
important savoir-faire en matière d'enquête sociale, avec la
contribution de chercheurs en sciences humaines ou d'autres
disciplines41(*). Il est
donc très instructif de s'y référer pour élaborer
une démarche adaptée à notre objet d'étude. On peut
retenir deux axes méthodologiques sur lesquels s'appuyer pour construire
cette démarche d'enquête : le «croisement des
savoirs» et la détection de terrain.
1. Le croisement des savoirs :
Toute étude cherchant à repérer et
à quantifier des situations sociales de pauvreté doit pouvoir
s'appuyer sur la production locale de savoirs statistiques. L'approche
statistique s'avère indispensable afin d'éviter la formation de
décalages entre les représentations de la pauvreté et la
réalité. En effet, comme l'ont montré de nombreux
travaux, les représentations locales de la pauvreté ont
tendance à se focaliser sur le vécu des jeunes et des personnes
sans domicile, au risque de rendre invisible la situation des personnes
handicapées, des familles monoparentales ou encore des personnes
d'origine étrangère42(*). Toutefois l'analyse statistique reste
limitée : elle permet de mesurer un phénomènes, mais
n'explique pas son sens ou ses causes. Les données quantitatives et
qualitatives sont en réalité complémentaires. Les
premières servent à identifier des situations pouvant être
à risques. Les secondes aident à comprendre pourquoi ces
situations existent. Elles sont également pertinentes pour
décrire les dynamiques territoriales de la pauvreté et la
variation de son intensité. Ces éléments peuvent
intervenir pour conforter ou infirmer l'analyse qui se dégage des
observations statistiques, ou pour en combler les lacunes.
C'est dans cette optique que le Mouvement a mis en avant
l'importance d'un «croisement des savoirs» à la base de
l'observation sociale. Cette démarche nécessite d'avoir recours
à une combinaison des savoirs statistiques et des savoirs pratiques que
possèdent les différents acteurs locaux. Ainsi, comme
l'évoque l'ONPES, il s'agit d'appuyer les diagnostics sur un
croisement des regards entre les professionnels, les experts et les personnes
directement confrontées à la pauvreté :
« Les professionnels du travail social, de
l'insertion, des métiers de la ville, du développement social
local disposent d'une quantité de savoirs sur la pauvreté, sur ce
que vivent les gens, sur les situations locales, etc. De même, dans les
associations, les bénévoles disposent de connaissances sur la
pauvreté, par la fréquentation continue des populations
pauvres.» 43(*)
Un des principes fondamentaux du Mouvement de toujours
chercher à prendre en compte le point de vue des personnes
concernées, et de ne pas vouloir parler à leur place :
« Il s'agit d'acquérir une connaissance
approfondie de l'extrême pauvreté - retracer l'histoire des
plus pauvres, mieux comprendre ce qu'ils vivent- avec les plus pauvres
eux-mêmes, car marginalisés voir exclus de la vie communautaire en
raison de leur trop grande pauvreté(...) ils offrent une contribution
irremplaçable dans le domaine de la lutte contre l'extrême
pauvreté et la promotion d'une société respectueuse du
droit de tous.» 44(*)
Le croisement des savoirs proposé par ATD Quart Monde
doit donc se faire selon une démarche
participative, c'est-à-dire dans une logique de
co-élaboration de la connaissance de la grande pauvreté. Ce
travail de coproduction substitue une posture côte à côte
à celle plus habituelle de face à face. La méthode
participative se construit au fur et à mesure de l'enquête. Par
exemple, dans un premier temps on peut faire un travail par groupe pour
favoriser l'expression de chacun. Des «personnes-ressources» sont
repérées en vue de faire le trait d'union entre les deux mondes
(usagers/institutions). Puis, dans un deuxième temps, des relais au
niveau régional - composés de responsables institutionnels et
associatifs - aident à ce que la réflexion collective s'ancre
bien dans la parole des membres des groupes locaux.
Par ailleurs, pour ce qui concerne notre sujet, une
étude qualitative de l'histoire locale, du contexte socioculturel et des
modes d'application des politiques publiques serait également
très utile pour une meilleure compréhension des évolutions
territoriales des situations de pauvreté. En effet, ces facteurs jouent
un rôle déterminant dans la construction des dispositifs publics
de réponse aux situations de pauvreté car ceux-ci ont souvent
d'abord été conçus à l'échelon local, et non
national, à la suite de certains épisodes historiques.
2. La détection de terrain :
Un document interne du Mouvement ATD Quart Monde
présente la façon dont on peut procéder pour le type de
travail d'exploration que nous envisageons :
« Pour démarrer une nouvelle action ou
recentrer sa programmation, tout groupe régional a besoin d'entreprendre
régulièrement une recherche des plus pauvres et de tenter de
nouer des liens avec ceux qui sont à leurs côtés ».
45(*)
Le texte indique les pistes suivantes pour réaliser une
détection locale des personnes en «situation de non
droit» :
· Découvrir où vivent les plus pauvres, les
plus exclus, quelles formes de pauvreté existent localement, dans
un village, un quartier, une ville ;
· Connaître les dispositifs qui existent pour
lutter contre la pauvreté et leur impact réel ;
· Nouer des relations avec les personnes qui sont proches
des plus pauvres et refusent qu'ils soient en échec ou exclus, ainsi
qu'avec les habitants du lieu.
Notons que la démarche d'état des lieux
rapportée dans le cadre de ce mémoire ne correspond
approximativement aux deux premières de cette détection. Les
méthodes proposées sont : le repérage sur le terrain
(à pied ou motorisé), l'étude des documents existants, la
rencontre de témoins privilégiés. D'autre part, il est
conseillé au groupe qui met en oeuvre ce travail de se réunir
fréquemment pour faire le point, partager les informations recueillies
par chacun et orienter en conséquence la suite des recherches.
Nous nous sommes appuyés sur ces différentes
indications pour définir la démarche d'enquête au niveau de
l'agglomération bordelaise, en restant le plus possible fidèles
à l'optique générale du Mouvement.
B. Déroulement de l'état des lieux à
Bordeaux :
On peut qualifier cet état des lieux
d' «étude opérationnelle», c'est-à-dire en
vue de l'action. Elle doit permettre d'acquérir une connaissance globale
du contexte bordelais et de savoir où se situent principalement les
personnes démunies que l'association cherche à rencontrer dans
l'agglomération bordelaise. Plusieurs étapes y sont
nécessaires, et les moyens qui pourront être mis en oeuvre sont
variés, comme nous allons le montrer.
1. Les différentes étapes :
Les réunions d'initialisation du projet ont
été l'occasion de concevoir et de programmer les phases
successives de l'état des lieux. Pour faciliter un futur travail de
terrain, l'équipe des volontaires a décidé de choisir des
zones jugées prioritaires sur lesquelles concentrer son regard et son
action. L'analyse de la répartition spatiale de la pauvreté sur
l'agglomération a donc pour but ultime de cerner les zones
«sensibles» les plus concernées par les
phénomènes de pauvreté. Les résultats doivent
permettre de cibler les communes puis les quartiers de l'agglomération
dont les habitants connaissent la plus forte pauvreté économique,
en conditions de vie et/ou administrative (première étape). Le
choix des zones prioritaires conduira ensuite à affiner l'analyse par
une photographie socio-démographique plus détaillée
(deuxième étape). La dernière partie de ce travail s'ouvre
sur la rencontre avec les partenaires institutionnels et acteurs associatifs
entrant dans la lutte contre la pauvreté au niveau de ces territoires
retenus comme prioritaires (troisième étape). Cependant, cette
dernière étape est seulement esquissée ici car elle
nécessiterait un délai plus long que celui dont nous disposons
pour être menée de façon exhaustive.
Elle consiste à connaître les initiatives et les
dispositifs qui existent en terme de soutien ou d'accompagnement des jeunes en
difficulté sociale, que ce soit le fait d'individus isolés,
d'associations ou d'institutions. Ces derniers ne doivent pas être
négligés dans la mesure où ils peuvent être des
relais pour faire la connaissance des jeunes avec lesquels ils sont en contact.
L'objectif final serait donc d'étudier la mise en oeuvre locale des
différentes mesures de lutte contre la pauvreté, en particulier
en direction des jeunes, dans les zones les plus touchées. On
chercherait à comprendre quel rôle jouent les différents
acteurs de ces politiques au niveau local, quelles sont leurs modalités
d'action et comment leurs différentes interventions se complètent
ou se coordonnent. Cette approche peut être réalisée de
deux façons : par le biais d'une recherche documentaire, ainsi que
par des rencontres et des entretiens. La démarche se baserait sur la
contribution de toutes les «personnes ressources» qu'il serait
possible de rencontrer et qui pourront aider à nourrir cette
réflexion : les alliés du mouvement d'une part, les
différents acteurs impliqués sur le terrain, d'autre part.
2. Les outils de portrait mobilisables :
Nous avons évoqué l'importance de l'utilisation
combinée des approches quantitatives et qualitatives pour ce genre
d'enquête sociale. Les principaux moyens envisagés pour
réaliser le repérage géographique de la pauvreté
sur l'agglomération sont le recueil de données statistiques, la
recherche documentaire et les entretiens. A propos des statistiques, une
étude localisée telle que celle-ci nécessite de mobiliser
d'autres sources que les enquêtes nationales, habituellement
utilisées pour mesurer la pauvreté monétaire ou les
conditions de vie mais trop imprécises. D'après l'ONPES, les
indicateurs monétaires disponibles au niveau
infra-départemental sont de trois types :
· les données issues de la base ressource des CAF,
généralement qualifiés d' «indicateurs de bas
revenus», avec un seuil proche du seuil de pauvreté (698 € en
2002). Toutefois ils ne portent que sur les allocataires de la CAF (et non sur
l'ensemble des ménages).
· le nombre de bénéficiaires des minima
sociaux, auprès de la CAF, pour ce qui concerne le RMI, l'API et l'AAH.
Pour les autres prestations, notamment l'ASS, l'information est plus
limitée.
· les données issues des sources fiscales :
le niveau de ressources des ménages (revenu global avant impôt)
à partir des fichiers DGI/Filocom. Par contre les transferts sociaux ne
sont pas pris en compte, alors que ceux-ci font baisser de moitié le
taux de pauvreté.
Les sources mobilisables pour notre étude sont
principalement l'INSEE, la CAF, la Direction Générale des
Impôts (DGI), la Direction Départementale des Affaires Sanitaires
et Sociales (DDASS), l'Agence Nationale Pour l'Emploi (ANPE). Mais nous savons
déjà que les chiffres délivrés à un niveau
local sont rares et d'accès difficile. Les données
infra-départementales ne sont pas toujours disponibles et ne recouvrent
pas les mêmes territoires, qui diffèrent d'une politique publique
à l'autre. Certaines ne sont pas diffusées, car
considérées comme sensibles (surendettement, état et
surpeuplement des logements). Nous projetons donc d'utiliser des enquêtes
ayant déjà été menées sur le sujet à
Bordeaux. Pour cela, un travail de recherche documentaire et de traitement
secondaire des données devra être entrepris.
L'analyse statistique sera complétée par une
approche qualitative, avec le recueil des informations et des connaissances
personnelles que possèdent les membres de l'association, volontaires,
alliés et militants (jeunes et familles). Ceci se fera au cours de
discussions libres, d'ateliers improvisés ou encore d'entretiens
individuels. La participation des alliés bénévoles sera
également sollicitée, lors des réunions mais aussi de
façon plus formelle par l'envoi d'un courrier exposant les objectifs et
les besoins de l'état des lieux.
Nous pouvons maintenant mieux cerner l'objet de la recherche.
Notre regard sera concentré sur la situation de personnes vivant dans la
grande pauvreté, c'est-à-dire pour lesquelles les indicateurs de
pauvreté monétaire, d'existence et administrative au sens
où nous les avons définis sont les plus critiques. L'étude
portera sur le territoire de l'agglomération bordelaise, à
l'intérieur duquel il est possible de distinguer plusieurs
échelles : la CUB, les communes, en particulier celle de Bordeaux,
les quartiers. Ces différents sites font l'objet de nombreuses
opérations de rénovation urbaine ou d'aménagement, ou
encore de mesures sociales, qui ne sont pas sans conséquences à
moyen et long terme sur les conditions de vie de leurs habitants.
Pour ce qui concerne la démarche d'enquête, nous
suivrons les trois étapes programmées de l'état des lieux,
à savoir : le repérage cartographique des sites de
pauvreté de l'agglomération, des communes aux quartiers ; la
présentation plus détaillée des zones les plus
touchées par le phénomène ; la rencontre des acteurs de
terrain du domaine social. Les moyens d'investigation seront triples
(statistique, documentation, entretiens) et les éclairages
conjugués afin de mettre en évidence la multiplicité des
points de vue sur le sujet.
Deuxième partie :
REPARTITION SPATIALE DE LA PAUVRETE
La première étape de l'état des lieux
telle que nous l'avons définie consiste en une analyse secondaire de
données statistiques, comparée aux informations issues d'autres
sources, notamment des entretiens, dans le but de dresser une cartographie
ciblée de la grande pauvreté dans l'agglomération
bordelaise. Cependant il n'a pas été possible d'avoir
accès directement aux sources statistiques, toutes nos tentatives pour
obtenir des données assez précises ayant
échoué : l'INSEE nous a renvoyé au site Internet
régional, la CAF a refusé de répondre à nos
demandes par souci de confidentialité, les autres démarches
entreprises n'ont pas non plus trouvé suite.
Nous étudierons donc la situation sociale de
l'agglomération et de ses différentes communes à partir
des travaux de l'ONPES puis des données de l'INSEE, de la CAF et de la
DRASS d'Aquitaine (chapitre I). Par la suite, nous aborderons les
résultats obtenus au niveau plus précis des quartiers, en nous
basant sur des enquêtes réalisées sur les quartiers
prioritaires de la politique de la ville (chapitre II).
I. SITUATION SOCIALE DE L'AGGLOMERATION
A. Dimensions territoriales de la pauvreté :
Si les études statistiques faites sur le thème
de la pauvreté sont souvent de dimension nationale, on peut cependant
prendre en compte les indications et les résultats
généraux fournis par l'ONPES dans son rapport 2006.46(*) Ces renseignements permettront
de mieux comprendre les facteurs pouvant influencer la répartition
spatiale de la pauvreté et serviront à éclairer notre
recherche à l'échelle de l'agglomération bordelaise. Ils
montrent que l'observation locale est incontournable pour mieux comprendre la
formation des situations de pauvreté. De plus, la recherche
révèle que les déterminants des situations territoriales
de pauvreté se combinent aujourd'hui de multiples façons.
1. Localisation de la pauvreté urbaine :
On peut tirer un certain nombre de conclusions des
monographies disponibles sur le territoire français. Tout d'abord, la
pauvreté se situe le plus souvent au centre des agglomérations.
La pauvreté n'est pas extérieure au périmètre
communal, bien au contraire, les centres des aires urbaines sont partout plus
touchées que leur périphérie.47(*) Or la résidence des
ménages pauvres en centre ville les maintient éloignés des
zones d'emploi, et cet éloignement a plusieurs
conséquences négatives. D'une part la distance
représente un obstacle pour trouver un travail : elle
élève les coûts de recherche d'emploi et réduit
l'information disponible. D'autre part elle peut également dissuader
d'accepter un emploi du fait des coûts de transport. Les ménages
les plus pauvres auront donc d'autant plus de difficultés à
accéder à l'emploi. Ceci explique qu'on constate une
quasi-superposition des aires géographiques du chômage de longue
durée et des ménages à bas revenus. C'est le cas en
particulier à Bordeaux. Des «poches de pauvreté»
apparaissent également dans les petites couronnes urbaines :
« au croisement de choix contraints en matière de
résidence et de logiques de localisation de l'emploi, variables selon
les secteurs d'activité. »48(*)
Or cette géographie de la pauvreté se
définit de plus en plus en creux des stratégies
résidentielles des ménages riches. En effet, l'étalement
urbain et le desserrement de l'activité économique ont conduit
à la déconcentration des emplois de services vers la
périphérie des villes. Celle-ci est alors devenue plus attractive
et donc plus prisée par les ménages aisés. On assiste de
ce fait à une recombinaison des liens entre pauvreté et zones
dites «résidentielles», au détriment des zones dites
«productives». Ainsi dans les secteurs traditionnellement les plus
riches le nombre de personnes pauvres a tendance à augmenter, alors
qu'il diminue dans les secteurs les moins riches. La politique des transports
urbains joue aussi un rôle majeur dans l'organisation de l'espace social.
On voit notamment que dans les villes ayant le moins de problème de
congestion de la circulation, les classes aisées résident
principalement en périphérie, alors que c'est le contraire
à Paris, où les transports urbains sont insuffisants. A Bordeaux,
les nombreux chantiers urbains de restructuration et l'essor des transports en
commun tels que le tramway auraient plutôt tendance à favoriser la
résidence des plus riches à l'extérieur de la ville.
L'observation prouve que les programmes fiscaux des communes ont
également un impact sur le choix de la localisation résidentielle
des ménages.
2. Cumul des handicaps sociaux :
La configuration spatiale de la pauvreté découle
de la valeur des logements. Celle-ci n'est pas liée seulement au
marché de l'emploi, mais aussi à la qualité du site
(naturelle, historique...) et des équipements publics disponibles
(écoles, complexes sportifs, modes d'accueil des jeunes enfants...). Or
il existe d'importantes disparités entre les territoires. Dans
l'espace urbain les «quartiers riches» sont aussi ceux qui sont les
mieux pourvus en équipements de proximité. Par contre les
communes industrielles, de population ouvrière, sont beaucoup moins
pourvues que les «quartiers pauvres urbains» en services
publics tels que les centres socioculturels, les équipements
sportifs, les bibliothèques, les transports en commun etc. Autre
handicap : les zones de pauvreté sont des zones globalement
caractérisées par la faiblesse des réseaux sociaux. Par
exemple leurs habitants ont des difficultés à compter sur leurs
familles, amis, voisins ou relations pour accéder à un emploi.
L'effet du lieu de vie sur le taux de chômage peut être ainsi
lié à la composition sociale du voisinage, notamment à la
part des cadres dans la population.
Enfin, les mobilités ont également un effet
cumulatif sur les situations territoriales de pauvreté. La
mobilité résidentielle est plus élevée dans les
zones de pauvreté, tandis que le solde migratoire y est fortement
déficitaire. Il en résulte que les départs ne sont que
partiellement compensés par les nouvelles arrivées, souvent
déterminées par les problématiques de logement
(entrée en parc locatif social). Les arrivants sont plus
défavorisés que les sortants et ce fait accentue le poids
des personnes en difficulté dans ces zones. Certains auteurs comme J.
Donzelot peuvent y voir une logique de «disqualification sociale» des
quartiers les plus pauvres :
« Ce n'est plus la société qui se
trouve envahie par les pauvres, mais bien plutôt elle qui prend ses
distances physiques par rapport à eux, elle qui redoute toute confusion
avec eux ». 49(*)
Le Comité de pilotage et l'agence bordelaise
d'urbanisme A'Urba, chargée de l'évaluation de la politique de la
ville dans l'agglomération, parvient à des conclusions similaires
:
« La situation socio-économique des
quartiers est très défavorable, y compris pour des quartiers
ayant bénéficié depuis de nombreuses années
d'actions politique de la ville. Ces actions ont contribué à une
nette amélioration de la situation personnelle des habitants. Ceux-ci
profitent fréquemment de la liberté que leur donne
l'amélioration de leur situation pour déménager hors du
quartier. Ils ont été souvent remplacés par de nouveaux
résidents dans une situation difficile, ce qui contribue à la
relative stabilité des indicateurs malgré les actions
engagées. »50(*)
Dans l'agglomération bordelaise, les territoires de
pauvreté se trouvent soit « à la
périphérie d'ensembles morphologiques constituant le centre de
l'agglomération », soit dans des emprises proches de
celles où devait passer la rocade, qui constituaient des
opportunités foncières au moment de la construction de ces
quartiers. Or ces localisations sont devenues favorables par rapport à
la forme urbaine globale. La périphérie des quartiers centraux
est devenue attractive et les zones périphériques le long de la
rocade ont été englobées par les extensions urbaines
récentes. La plupart de ces quartiers ont donc acquis un avantage. La
conséquence risque d'être la délocalisation des
ménages ayant le moins de ressources vers des zones moins favorables,
situées plus en périphérie.
En France les sites de pauvreté sont finalement
caractérisés à la fois par leur localisation typique, au
centre des aires urbaines, et le cumul des handicaps sociaux de leurs
habitants. Plusieurs dynamiques se combinent et tendent à renforcer la
position dévalorisée de ces secteurs. Ces conclusions
s'appliquent bien à l'agglomération bordelaise, comme le prouvent
les résultats des études statistiques menées sur ce
territoire.
B. Résultats d'enquêtes statistiques :
Les données suivantes sont tirées de plusieurs
enquêtes réalisées en 2003 par l'INSEE Aquitaine51(*) et les services statistiques
de la DRASS52(*). Les
chiffres proviennent des différentes sources que nous avions
envisagées : CAF, INSEE, DGI, ANPE pour l'essentiel, auxquelles
s'ajoute la Base de Données Sociales Localisées (BDSL)53(*). Les résultats donnent
un aperçu global des phénomènes de pauvreté sur le
territoire par le biais des indicateurs de pauvreté monétaire, de
pauvreté administrative et de pauvreté en conditions de vie que
l'on peut comparer aux différents échelons : France,
région, département, agglomération, communes.
1. Pauvreté monétaire :
a) Niveau de revenus :
Bordeaux fait partie des cinq agglomérations
françaises de plus de 500 000 habitants qui se distinguent par un niveau
de revenus supérieur de plus de 1 200 € au revenu médian
français (qui partage la population en deux). Ainsi en 2002 la
moitié des ménages de l'agglomération bordelaise a un
revenu supérieur à 16 500 € par unité de
consommation54(*).
En revanche le niveau de revenus est très variable
d'une commune à l'autre. Dans 17 communes dont 11 situées
à l'Est de la Garonne le revenu médian par unité de
consommation est inférieur à celui de l'agglomération. Il
est le plus faible à Lormont (10 500€). Dans 17 des 18 quartiers
que comptent Cenon et Lormont, une personne sur deux appartient à un
ménage déclarant moins de 9 800 € par unité de
consommation et par an. A l'inverse, la couronne Ouest ainsi que les petites
communes du Sud-Est de l'agglomération sont les plus aisées, avec
un revenu médian supérieur à 17 000 €.
Source : DGI -Revenus fiscaux 2002. 55(*)
b) Dispersion des revenus :
Dix pour cent de la population de l'agglomération vit
dans un ménage déclarant moins de 5 980 € par unité
de consommation (premier décile) et dix pour cent dans un ménage
déclarant plus de 32 190 € (neuvième décile). Le
rapport entre ces deux seuils, hauts sur bas revenus, est de 5,4. La valeur de
cet indicateur de dispersion des revenus se classe parmi les plus faibles
observées dans les grandes agglomérations françaises.
Source : DGI -Revenus fiscaux 2002.
56(*)
Mais là encore, les disparités sont importantes.
Les écarts de revenus sont plus marqués au coeur de
l'agglomération. A Bordeaux, Cenon, Floirac et Lormont, où le
seuil de bas revenus est particulièrement faible,
l'hétérogénéité est plus grande (rapport de
8) et des ménages relativement aisés côtoient les plus
modestes. Par contre dans les communes où le niveau de revenu est
élevé, souvent les plus éloignées du coeur de
l'agglomération, les inégalités sont moins grandes entre
les ménages (rapport entre 3 et 4). La disparité des revenus
progresse donc de manière concentrique, comme nous l'avons vu plus
haut.
Généralement, plus le référent
fiscal du ménage est jeune, plus les inégalités de revenus
sont importantes. Cet écart reflète entre autres l'existence de
situations économiques plus contrastées avant 30 ans
qu'après. Mais plus que l'âge, la composition des ménages
met au jour des écarts de revenus conséquents. Les
disparités sont les plus fortes pour les ménages d'une personne
et ceux de cinq personnes ou plus. Pour ces familles nombreuses, le seuil de
hauts revenus est 8 fois supérieur au seuil de bas revenus.
c) Exonération d'impôt :
Le fait d'être exonéré de l'impôt
sur le revenu est révélateur d'un faible niveau de vie des
ménages. Or en 2002, dans l'agglomération bordelaise, un peu plus
d'un ménage sur trois (115 000) a été
exonéré de l'impôt sur le revenu, contre quatre
ménages sur dix en Aquitaine comme en France métropolitaine.
Source : DGI -Revenus fiscaux 2002. 57(*)
Ici encore la situation est très contrastée au
sein de l'agglomération : la part des ménages non
imposés s'échelonne de 15% à St Aubin de Médoc
à 55% à Lormont, en passant par 42% à Bordeaux. Au coeur
de l'agglomération, les foyers de contribuables représentent
moins de six ménages sur dix, et même moins d'un sur deux à
Lormont et Cenon notamment. Dans certains quartiers de ces deux communes
(Carriet, Génicart ; Palmer, La Marègue) plus de six
ménages sur dix ne sont pas imposables. Il en est de même à
Bordeaux dans le quartier de centre-ville Victoire-Capucins, où vivent
de nombreux étudiants qui ne sont plus tous rattachés au foyer
fiscal de leurs parents.
2. Conditions de vie et pauvreté
administrative :
a) Allocataires de minima sociaux :
Les services statistiques de la DRASS ont retenu sept
indicateurs pour dresser un portrait de la situation sociale de la
région par zone d'emploi58(*). Deux indicateurs de pauvreté administrative
permettent de connaître la proportion des personnes relevant de la
solidarité nationale : le nombre d'allocataires de l'un des trois
principaux minima sociaux (RMI, API, AAH) et la part des ménages dont
les prestations représentent plus de 75% des revenus en 2000,
rapportés au nombre total des ménages. Les cinq autres sont des
indicateurs de condition de vie : le taux de chômage en
décembre 2000 ; la part des emplois précaires dans la
population active totale en 1999 ; la part des enfants en retard scolaire,
ayant 11 ans ou plus en primaire en 2000 ; la part des ménages
habitant en logement locatif social en 2000 ; la part des foyers fiscaux
non imposés en 199859(*).
L'analyse comparative de ces indicateurs fait apparaître
des écarts importants entre les départements de l'Aquitaine, mais
également au sein de chacun d'entre eux. En Gironde les indicateurs de
pauvreté administrative et surtout le taux de chômage sont plus
élevés que dans l'ensemble de la région et la situation du
département est assez hétérogène. La zone d'emploi
de Bordeaux-Zone-Centrale (B-Z-C), qui nous intéresse dans le cadre de
l'état des lieux, présente des indicateurs de pauvreté
administrative plutôt défavorables.
Sources : INSEE-BDSL, CAF, MSA, DARES, ANPE, DPD, DRE, DGI.
60(*)
En Aquitaine, fin 2000, environ 174 000 personnes disposant de
faibles revenus recevaient une prestation de solidarité destinée
à leur assurer un minimum de ressources, soit 14 % des ménages
aquitains. Bien qu'en forte baisse, l'ASV reste, avec le RMI, l'allocation
prééminente de la région. Ces deux minima sociaux
s'adressent à environ 8,5 % des ménages aquitains. 61(*)
Sources : INSEE, CNAV, CAF, MSA, UNEDIC-BDSL. 62(*)
Au niveau de l'agglomération bordelaise, d'après
l'INSEE, plus de 160 000 ménages sont allocataires de la CAF et 16 000
personnes perçoivent le RMI en 2003. Comme en Aquitaine ou en France,
plus de la moitié de ces bénéficiaires sont
présents dans le dispositif depuis plus de deux ans. On remarque que
plus de trois RMIstes girondins sur quatre habitent l'agglomération, ce
qui illustre bien la concentration urbaine de la précarité
économique.
* âgés de 20 à 59 ans.
Source : CAF Gironde -31/12/2003 - INSEE- Recensement
de la population 1999. 63(*)
Quasi absents de la périphérie pavillonnaire,
les allocataires du RMI sont par contre très présents dans les
quartiers populaires qui s'étalent le long de la Garonne. La
concentration est très forte en particulier à Bordeaux avec 9%
des habitants de 20 à 59 ans bénéficiaires du RMI, ainsi
qu'à Lormont, Cenon et Talence. Dans les communes de la dernière
couronne, le nombre de RMIstes est rarement supérieur à 1,5%.
Moins de 40% des allocataires du RMI logent dans le parc public. Entre autres
parce plus de 60% d'entre eux n'ont ni conjoint ni enfants, or les logements
sociaux sont plutôt destinés à des familles.
Une publication du Conseil Général de Gironde
datant de 2003 précise que les jeunes, les femmes et les personnes
isolées sans enfants sont les plus concernées par le RMI64(*). Il RMI touche 53% de femmes
en Gironde. La répartition par situation familiale n'a pas
évolué depuis la création du RMI en 1988 : les personnes
isolées sans enfant restent majoritaire (64%) et les familles
monoparentales représentent plus de 19% des bénéficiaires.
La plus grande part du public a moins de 35 ans (46 %). Plus de la
moitié des bénéficiaires a connu une période de
chômage avant le RMI, soit de longue durée, soit en alternance
avec l'emploi. 10% du public n'a jamais travaillé. Le texte
officiel ajoute :
« Avec la hausse du taux de chômage depuis
quelques mois, le contexte socio-économique redevient plutôt
défavorable et nécessite une plus forte mobilisation de tous les
acteurs institutionnels et associatifs pour prévenir une nouvelle
montée de l'exclusion. Cette mobilisation est bien réelle en
Gironde. En effet depuis 2002, et malgré la conjoncture
défavorable, le nombre des bénéficiaires du RMI reste
stabilisé à moins de 1 % de croissance. »
65(*)
b) Familles monoparentales :
La présence d'un seul parent dans une famille augmente
fortement le risque d'être confronté à des
difficultés économiques. Or la monoparentalité est un
phénomène prégnant en Gironde : elle concerne 26% des
ménages allocataires de la CAF.
Source : CAF Gironde -31/12/2003. 66(*)
Dans l'agglomération bordelaise, les familles
monoparentales représentent 25% des allocataires à bas revenus,
alors qu'elles ne constituent que 13% de l'ensemble des allocataires de la CAF.
Ces familles sont souvent contraintes par leurs ressources pour l'accès
au logement. Neuf parents isolés sur dix vivent avec un ou deux enfants,
et un quart des monoparents ont moins de 33 ans.
Source : CAF Gironde -31/12/2003. 67(*)
A Bordeaux, Lormont, et dans une moindre mesure Floirac, Cenon
et Bègles, un tiers au moins des familles allocataires de la CAF sont
constituées d'un seul parent avec un ou plusieurs enfants, et dans
quelques quartiers de Bordeaux comme Victoire-Capucins et Hôtel de
ville-Quinconces, plus de la moitié des familles allocataires sont
monoparentales.
c) Allocataires dépendants :
L'extrême dépendance aux prestations de la CAF
est une autre mesure de la précarité financière car les
prestations peuvent être remises en cause, leur montant subir des
modifications et leur versement être temporaire. Or pour un quart des
allocataires de l'agglomération la moitié au moins de leurs
ressources sont des allocations de la CAF, et pour un cinquième, ces
prestations sont leur seule ressource.
Source : CAF Gironde -31/12/2003. 68(*)
C'est dans la ville de Bordeaux que la part des allocataires
dépendants est la plus élevée, avec 37%, soit 15 000
ménages dont les ressources sont composées au moins pour
moitié de prestations de la CAF. Les situations sont les plus difficiles
dans cinq quartiers de Bordeaux dont le Lac et Victoire-Capucins, où
environ la moitié des allocataires est fortement dépendante
à la CAF. Le ratio est également très important dans les
Hauts de Garonne et à Talence. Dans le reste de la première
couronne environ un allocataire sur cinq est en situation de
dépendance.
d) Travailleurs pauvres :
Même s'il y a peu de RMIstes qui travaillent, il existe
de nombreux allocataires ayant des ressources d'un montant équivalent
tout en travaillant. Dans l'agglomération, la CAF verse des prestations
à près de 10 000 ménages dont les ressources sont
inférieures au seuil de bas revenus fixé par la CAF.
** Allocataires dont le revenu par uc est inférieur
à environ 720 €.
Source : CAF Gironde -31/12/2003. 69(*)
Les emplois précaires, le travail à temps
partiel et les périodes de chômage doivent expliquer le faible
niveau de revenus déclarés par ces populations. Cependant
celui-ci reste supérieur aux critères d'octroi des prestations de
subsistance, ce qui explique leur faible dépendance aux prestations de
la CAF. Par contre presque tous les «travailleurs pauvres»
bénéficient d'une aide au logement. Un ménage allocataire
actif sur cinq est dans cette situation de pauvreté à Lormont et
à Bordeaux, notamment dans les quartiers Victoire-Capucins et
Hôtel de ville-Quinconces. La proportion est également de plus
d'un sur quatre dans les secteurs Saige à Pessac, Cauderès
à Talence et La Marègue à Cenon.
Les conclusions à tirer de l'analyse de ces indicateurs
de pauvreté sont assez marquées. On voit que le niveau de revenu
élevé sur l'ensemble de l'agglomération cache des
disparités très profondes, en particulier au coeur même du
territoire, lorsqu'on se rapproche du centre-ville de Bordeaux. De même,
les conditions de vie sont très disparates suivant le type de
ménage et le lieu d'habitation. Ce constat permet déjà de
différencier à l'intérieur de l'agglomération
certains sites pour lesquels les indicateurs sont critiques. Les chiffres
montrent que les situations les plus difficiles sont concentrées dans
certaines zones récurrentes, notamment à Bordeaux et dans les
communes de la première couronne. Nous allons poursuivre cet état
des lieux statistique au niveau des quartiers.
II. ENQUETE SOCIALE SUR LES QUARTIERS
A. Quartiers prioritaires de la politique de la
ville :
L'unité socio-économique et territoriale du
quartier est une unité d'analyse particulièrement adéquate
pour la recherche que nous avons à mener, suffisamment précise
tout en évitant un trop grand particularisme. Il est très
intéressant de s'appuyer sur les «quartiers prioritaires» tels
qu'ils sont définis dans le cadre de la politique de la ville pour
cerner les situations des communes de l'agglomération bordelaise face
à la pauvreté. Nous en établirons un classement à
partir de données de l'INSEE. D'autres sources de renseignements seront
également utiles pour enrichir cet état des lieux, dans une
optique comparative.
1. Les quartiers prioritaires de l'agglomération :
Le dispositif bordelais de la politique de la ville est
constitué de différents niveaux contractuels comprenant la
convention cadre et les conventions d'applications. Quatre commissions
permanentes sont chargées d'une thématique faisant l'objet d'une
convention particulière : renouvellement urbain,
tranquillité publique, développement économique et
insertion professionnelle, développement social. Le contrat est
inséré dans un contexte réglementaire et programmatique
précis, avec notamment le Plan Local d'Urbanisme (PLU) et le Programme
Local d'Habitat (PLH). Il comprend également des dispositifs
spécifiques.
Tableau 1: Dispositifs spécifiques du contrat de
ville de Bordeaux :
- un Grand Projet de Ville (GPV) : 2 enjeux
majeurs : désenclaver la rive droite et créer une zone de
développement ouverte sur l'agglomération.
|
communes de Bassens, Cenon, Floirac et Lormont
|
- une Opération de Renouvellement Urbain
(ORU) : requalification urbaine et développement social et local de
la cité d'habitat social
|
quartier Y. Farges à Bègles
|
- un programme européen : le PIC
URBAN : projets de revitalisation et de valorisation des
quartiers et d'amélioration de la qualité de vie des
habitants.
|
partie centrale de l'agglomération sur les trois communes
de Bordeaux, Cenon et Floirac
|
Une cartographie associée au contrat de ville
définit les «quartiers prioritaires» appelés à
bénéficier d'interventions publiques plus fortes. Le profil de
ces quartiers les singularise par rapport à leur environnement et au
reste de l'agglomération :
« Les quartiers concernés sont
principalement constitués de grands ensembles mal intégrés
à la structure urbaine, dont l'organisation interne et la qualité
des logements sont souvent obsolètes. Leurs
caractéristiques générales sont le taux de chômage
élevé et le faible niveau d'instruction des habitants, la forme
urbaine où domine l'habitat collectif relativement dense. »
70(*)
Différentes zones avaient déjà
été instituées en 1996 pour préciser les
modalités d'application locale de la politique de la ville. Ces
périmètres, emboîtés du plus au moins large,
correspondent à des niveaux d'aide croissants et cumulatifs :
· Zones Urbaine Sensibles (ZUS) : zones
d'intervention prioritaire qui bénéficient d'aides à
l'aménagement et au développement et sont le cadre des
opérations de rénovation urbaine ;
· Zones de Redynamisation Urbaine (ZRU) : ZUS ayant
des difficultés particulières et où l'on cherche à
rééquilibrer la relation habitant-emploi par des
allégements de charges sociales et fiscales ;
· Zones Franches Urbaines (ZFU) : territoires les
plus en difficulté où l'on veut attirer des entreprises par des
exonérations de cotisations patronales.
Tableau 2: Liste des treize ZUS de Gironde71(*) :
-Bègles : Paty, Monmousseau.
-Bègles : Thorez, Goëlands.
-Bègles/Bordeaux : Farges, Belcier.
-Bordeaux : Bacalan, Claveau.
-Bordeaux : Les Aubiers.
-Bordeaux : Saint Michel.
|
-Bordeaux/Cenon/Floirac :Benauge (Bastide), Bas
Cenon, Libération.
-Bordeaux/Cenon/Floirac/Lormont : Hauts de Garonne,
Bastide : Quais Queyries, Brazza.
-Mérignac : Beaudésert.
|
-Pessac : Alouette, Haut Livrac.
-Pessac : Saige, Châtaigneraie, Ladonne.
-Talence/Villenave-d'Ornon : Thouars.
-Villenave-d'Ornon : Sarcignan.
|
La quasi totalité des périmètres des
quartiers prioritaires définis dans le cadre des contrats de ville
incluent le plus souvent les périmètres des ZUS, ZRU ou ZFU.
Cependant ils ne les recoupent pas exactement et constituent un ensemble plus
vaste que ces derniers. L'agglomération bordelaise compte 37 quartiers
prioritaires. Ils y sont plus nombreux que dans les autres villes de la
région et représentent la moitié de la population des
espaces urbains retenus dans les contrats de ville d'Aquitaine. Une analyse
quantitative permet de dresser le profil de ces différents
territoires.
2. Classification des quartiers prioritaires :
L'INSEE produit une série d'indicateurs statistiques
ayant pour sources le recensement de la population de 1999, le fichier des
demandeurs d'emploi de l'ANPE ou le fichier des allocataires des CAF. Les
résultats fournissent un état des lieux des espaces urbains
aquitains en difficulté, à la veille de la mise en oeuvre des
nouveaux contrats de ville. Toutefois il convient de souligner que les
résultats sont largement influencés par la maille
géographique retenue :
« Un quartier comprenant une petite poche de
pauvreté pourra apparaître en situation relativement favorable,
les difficultés se trouvant «dissoutes dans la
masse». » 72(*)
Une première publication de l'INSEE datant de 2002
donne les résultats d'une étude comparative sur les quartiers
prioritaires aquitains73(*). L'auteur y propose un classement des quartiers des
diverses communes selon six catégories. Le tableau suivant en fait une
présentation résumée, sachant que l'agglomération
bordelaise est la seule en France où les six classes sont
présentes.
Tableau 3: Typologie des quartiers prioritaires aquitains
établie par l'INSEE :
1. Quartiers à forte précarité :
cumul des handicaps sociaux ; beaucoup de jeunes de moins de 15 ans, de
ménages de 6 personnes et plus, d'étrangers hors UE ;
chômage élevé surtout pour les jeunes, les femmes et les
étrangers ; près de 2/3 des locataires en logement
collectifs sociaux.
|
Classe bien représentée dans l'agglomération
bordelaise : 18% de la population des quartiers prioritaires de
l'agglomération contre 15% pour l'Aquitaine.
|
2. Ensembles périphériques en
difficulté : moindre précarité que pour les
précédents ; population de 25 à 60 ans plus
importante, taux d'activité plus élevé ;
chômage plus bas qui touche surtout les étrangers ;
très faible stabilité résidentielle.
|
Classe la plus représentée dans
l'agglomération : près de 40% de la population des quartiers
prioritaires contre 20% pour l'Aquitaine.
|
3. Centres villes : sur-représentation des
15-25 ans ; très forte proportion de personnes seules ; faible
stabilité résidentielle ; taux d'activité
modéré ; locataires essentiellement en immeuble collectif
ancien : une population jeune qui s'installe provisoirement.
|
Quatre quartiers bordelais soit 20% de la population des
quartiers prioritaires, plus de 30% en Aquitaine.
|
4. Grands ensembles anciens : combinent
précarité, petite taille des ménages et population
âgée ; taux d'activité les plus faibles ;
chômage élevé surtout pour les femmes et les jeunes ;
2/3 de logements sociaux.
|
17% de la population des quartiers prioritaires, 15% en
Aquitaine
|
5. Quartiers résidentiels populaires : habitat
individuel prédominant, occupé majoritairement par des
propriétaires ; part des personnes âgées la plus
forte, celle des jeunes la plus faibles ; stabilité
résidentielle la plus élevée ; chômage
élevé pour les jeunes.
|
Moins de 15% de la population des quartiers prioritaires, 11% en
Aquitaine.
|
6. Zones résidentielles
épargnées : inscrites en contrat de ville pour des
interventions ciblées ou préventives.
|
Moins de 5% de la population, près de 8% en Aquitaine.
|
Dans une autre publication datant de 200574(*), l'INSEE définit cette
fois trois grands types de quartiers prioritaires aquitains :
· Les quartiers en difficulté qui cumulent les
handicaps sociaux, même s'ils ne sont pas tous situés en ZUS.
Généralement composés d'un habitat collectif, soit ils se
situent dans les communes les plus proches de la ville-centre, soit ils
correspondent au centre-ville lui-même.
· Les quartiers moins défavorisés qui
restent cependant en situation de précarité. Ils ont un habitat
hétérogène, mélange de collectif et d'individuel.
Ce sont également des quartiers de centre-ville, appartenant à la
ville pôle de l'agglomération ou aux communes de banlieue
immédiate.
· Certains quartiers résidentiels populaires,
moins touchés par les handicaps sociaux, qui sont classés
prioritaires du fait de problèmes spécifiques
d'aménagement. Ils ne sont pas localisés au centre de
l'agglomération, mais plutôt à sa
périphérie.
En réalisant la synthèse de ces deux
études on aboutit à une grille qui met en évidence les
quartiers de l'agglomération bordelaise qui connaissent le plus de
difficultés socio-économiques75(*). D'après ce classement, l'agglomération
de Bordeaux regroupe à elle seule 60 % des quartiers aquitains
considérés comme les plus précaires, confrontés
à des difficultés sociales : 29 quartiers prioritaires
sensibles, dont 16 en grande difficulté. Parmi eux on peut citer les
quartiers des communes suivantes :
- Bègles : Y. Farge,
Paty-Monmousseau ;
- Bordeaux : les Aubiers, Bacalan-Claveau
etc. ;
- Cenon : La Marègue ;
- Eysines : Grand Caillou ;
|
- Lormont : Carriet, Génicart etc. ;
- Mérignac : Beaudésert, Le Burck,
Beutre ;
- Sainte Eulalie : les Bleuets, les Acacias.
|
Cette approche quantitative doit être maintenant
complétée avec les renseignements récoltés lors
d'entretiens individuels ou collectifs auprès des membres du Mouvement.
Le but est de savoir quelle est leur opinion sur la situation sociale de
l'agglomération, puis quelle connaissance plus précise ils
détiennent des différents quartiers.
B. Comparaison avec le point de vue des membres du
Mouvement :
Nous avons tout d'abord interpellé les militants d'ATD
Quart Monde : beaucoup d'entre eux habitent dans les quartiers
concernés depuis de longues années et il était
indispensable de recueillir leur avis. Les alliés
bénévoles du Mouvement ont également été
invités à participer à cette démarche. Certains
côtoient la misère au quotidien, dans leur environnement
résidentiel ou par leur proximité avec des familles ; leur
expérience du terrain était essentielle pour enrichir notre
constat.
1. Contribution des militants :
En dehors d'échanges informels, les jeunes du groupe
ont manifesté leur vision des différents quartiers de
l'agglomération lors d'un premier forum sur le thème de
l'insécurité et de la violence urbaines, organisé à
la Maison Quart Monde en novembre 2005. La discussion avait pour point de
départ les évènements survenus dans les banlieues en
automne de la même année. Les opinions exprimées ont trait
principalement au phénomène de la violence, cependant elles
peuvent servir d'éclairage sur la situation sociale des quartiers que
nous étudions. La retranscription complète de cet entretien
collectif a mis en évidence les différents sites les plus
stigmatisés. Plusieurs jeunes sont d'avis que les difficultés
sociales sont partout, et qu'il ne faut pas croire que la délinquance
soit localisée seulement dans les cités de banlieue. Pourtant
certains lieux reviennent avec insistance au cours du débat, en
particulier à Bordeaux les quartiers St Pierre, St Michel, La
Victoire, Les Aubiers, Bacalan et Pey Berland. Les jeunes ont également
évoqué les communes de Floirac, Mérignac et Bègles.
Voici une des réponses d'un jeune militant sur le site de la
Victoire à Bordeaux :
« Ça fait un peu bizarre pour tout le
monde, j'ai dit c'est le centre de la misère. Pourquoi ? Parce que
y a tous les foyers autour, les gens sont là dedans, c'est malheureux
d'en arriver là ... parce que plus ça va, plus les chômeurs
augmentent, plus la pauvreté augmente et voilà pourquoi on en est
là aujourd'hui ».
Un second atelier de discussion a été
improvisé avec une dizaine de jeunes au printemps, un mercredi
après-midi, autour d'une carte de la CUB. Les questions posées
étaient : « Comment voyez-vous votre ville et les
communes alentours ? Quels sont les endroits selon vous les plus
touchés par la pauvreté ?». Ceux qui voulaient
participer ont pu dire quels quartiers ils connaissaient et exprimer leur
opinion sur la situation des jeunes et des familles dans ces quartiers. Les
lieux où les jeunes ont déjà résidé ou
résident actuellement sont : à Bègles : les
quartiers Monmousseau et Y. Farge ; à Bordeaux : Gambetta, St
Nicolas et le Grand Parc; à Cenon : La Marègue; à
Mérignac : Beaudésert ; à Villenave d'Ornon :
Sarcignan; et les communes de Bassens, Bruges et Floirac. Les quartiers
qui ont été cités comme les plus en difficulté par
les militants sont : à Ste Eulalie : les Bleuets- les Acacias
; à Bordeaux : les Aubiers, Bacalan- Claveau, la Bastide- Benauge
et le Grand Parc ; à Lormont Génicart et Carriet. Plusieurs
personnes ont bien insisté sur le fait qu'il pouvait être
dangereux de s'aventurer seul aux Aubiers.
Nous avons également interviewé une
mère de famille, militante au sein d'ATD Quart Monde, résidant
à Mérignac après avoir vécu quinze ans à
Floirac. Voici quelques remarques qu'elle fait sur les communes
suivantes :
· Bordeaux :
« Saint Michel, c'est chaud là bas ! Pire
qu'à Mérignac ! Parce qu'il y a plus de drogue, ils se
battent à coup de couteau » ; « Les Aubiers,
ça craint ! » ; « Je préfère
être à la rue qu'être là bas [cité Saint
Jean]. »
· Floirac :
« C'était bien avec les voisins. Maintenant,
tout ça, c'est mort. C'est plus pareil. Les gens y sont froids... Nous
l'été quand j'y étais, on amenait le café en bas
[de l'immeuble], et puis on buvait ensemble ».
· Mérignac, quartier Beaudésert :
« C'est des HLM modérés, ils
louent ça à des gens qui n'ont pas grand-chose pour
vivre. »
· Ste Eulalie, cité des Acacias :
« Sainte Eulalie, c'est pourri là
bas ! C'est une honte de louer des appartements comme
ça ! Tout est défoncé, les portes
d'entrée...parce que les gens, ils sont dégoûtés.
C'est une honte, ils se moquent des gens. Ils ne devraient pas traiter les gens
comme ça, c'est inhumain ! »
2. Contribution des alliés :
La réponse principale que nous avons obtenue de la part
des alliés, en dehors d'échanges personnels, était une
lettre accompagnée d'une carte des quartiers prioritaires de
l'agglomération. Elle indiquait où logent des familles connues
par ATD Quart Monde :
· à Mérignac : quartier
Beaudésert (une dizaine de familles), Thiriot (2 familles), Les
Pins (2 familles), Salengro (1 famille) ;
· à Villenave d'Ornon : Sarcigan (1
famille),
· à Eysines : Grand Caillou-
Hippodrome (1 famille),
· à Ste Eulalie : Les Acacias.
Selon les alliés, la situation a changé depuis
les débuts de l'implantation du Mouvement à Bordeaux. La frange
la plus pauvre de la population n'est plus regroupée dans un seul
cantonnement mais éparpillée dans toute l'agglomération.
Un allié nous resitue le contexte :
« Le Mouvement s'est construit ici sur un
bidonville, maintenant tout est éclaté. Ils ont cassé les
ghettos ».
On peut regretter cependant de ne pas avoir eu plus de retour
de la part des alliés d'ATD Quart Monde, faute de temps et de
disponibilité.
D'après ces nombreuses informations, les
caractéristiques de l'agglomération bordelaise sont le reflet de
tendances valables sur l'ensemble du territoire national. En effet, les
enquêtes statistiques y révèlent une concentration de la
pauvreté urbaine comme dans la plupart des agglomérations
françaises. Cette concentration apparaît dans les deux sens du
terme. Il s'agit à la fois d'une pauvreté localisée sur un
nombre de sites globalement restreint (mais toutefois répartis sur
l'agglomération), et d'une pauvreté progressant de manière
concentrique par rapport à la ville-centre. Le croisement des diverses
sources mobilisées converge à ce propos et l'apport des membres
du Mouvement vient renforcer ce constat.
En dehors des quartiers de Bordeaux, il faut donc citer parmi
les secteurs les plus concernés par des difficultés sociales les
communes de la première couronne, et plus précisément
celles qui bordent les rives de la Garonne, puis celles de l'Ouest. Les
communes les plus éloignées de Bordeaux et celles du Sud-Est
paraissent plus épargnées. Lors d'une réunion de
mi-parcours l'ensemble de l'équipe a finalement défini quelles
zones - les plus touchées par la pauvreté d'après les
statistiques - seraient retenues pour une étude plus approfondie. Ces
sites sont répartis sur quatre communes de l'agglomération :
Bordeaux, Lormont, Mérignac et Pessac.
Troisième partie :
PORTRAIT DES ZONES LES PLUS TOUCHEES
Pour la deuxième et troisième étape de
cet état des lieux, nous présentons les informations que nous
avons pu recueillir sur chacune des zones retenues, accompagnées de
quelques réflexions ou témoignages sur la mise en oeuvre des
politiques locales d'aide sociale.
Les données et les descriptifs relatifs aux secteurs
étudiés sont issus d'une recherche documentaire.76(*) D'autres informations ont
été obtenues par le biais d'entretiens individuels avec des
responsables institutionnels intervenant dans lutte contre la pauvreté
au niveau de ces territoires. Nous ferons d'abord le portrait
socio-démographique des quartiers choisis à Bordeaux (chapitre
I). Puis nous verrons la situation des quartiers localisés dans les
trois autres communes (chapitre II).
I. TROIS QUARTIERS DE BORDEAUX
La politique de la ville a été engagée
à Bordeaux en 1977 avec les opérations «Habitat et vie
sociale» sur les quartiers de Bacalan et des Aubiers. Elle s'est
poursuivie en 1985 avec la convention de Développement Social des
Quartiers (DSQ) et le premier contrat de ville en 1994. Les trois zones que
nous présentons sont toutes classées parmi les quartiers
prioritaires de la ville et se trouvent également incluses dans des
périmètres de ZRU : Bacalan-Claveau, les Aubiers et St
Jean-Belcier-Carle Vernet77(*).
En plus des structures de l'agglomération, de nombreux
dispositifs d'aide sociale institutionnels ou associatifs existent à
Bordeaux, auxquels les habitants de ces quartiers peuvent avoir recours. On
peut citer entre autres : le Point Ecoute Jeunes du Centre d'Accueil,
d'Information et d'Orientation (CAIO), le Groupement de Recherche et
d'Intervention sur les Conduites Addictives (GRICA), le Comité
d'Animation Lafontaine Kleber (CALK), les Correspondants de quartier de la
Mission Locale, Habitat et Humanisme etc. Le Diaconat de Bordeaux - Entraide
Protestante établit chaque année à l'usage des
accueillants un répertoire des associations et des services
spécialisés, recensés par thème, intitulé
«Orienter à Bordeaux». D'autres services ont également
été mis en place spécifiquement au niveau des zones que
nous étudions.
Nous avons interviewé Mlle Marisa Naclério,
responsable du Programme Local d'Aide aux Jeunes (PLAJe), dans les locaux du
CCAS. Le PLAJe est un dispositif unique au niveau national, émanant
d'une volonté institutionnelle et financé par l'Etat, le Conseil
Général de Gironde, la Ville de Bordeaux. Il permet de
centraliser l'accueil des jeunes en difficultés78(*). Nous avons aussi
rencontré M. Florent Faure, conseiller à la Mission Locale
«Bordeaux Avenir Jeunes», à l'antenne de Barbey près de
la gare St Jean. Ces deux interlocauteurs nous ont exposé leur point de
vue sur la situation sociale des différents quartiers de la ville, et la
façon dont les mesures de lutte contre la pauvreté étaient
mises en oeuvre à Bordeaux. Ils nous ont également indiqué
quels acteurs il serait intéressant de rencontrer pour la suite des
démarches d'ATD Quart Monde.
|
Bacalan-Claveau
|
Les Aubiers
|
St Jean-Belcier- Carle Vernet
|
Bordeaux
|
CUB
|
Population :
|
Nb habitants en 1999
|
7 540
|
3 740
|
6 350
|
215 370
|
660 090
|
-Moins de 15 ans
|
17 %
|
31 %
|
16 %
|
13 %
|
16 %
|
-15-24 ans
|
13 %
|
15 %
|
15 %
|
19 %
|
16 %
|
-25-59 ans
|
46 %
|
47 %
|
49 %
|
49 %
|
49 %
|
-60 ans et plus
|
24 %
|
8 %
|
21 %
|
20 %
|
19 %
|
Etrangers
|
8 %
|
19 %
|
11 %
|
6 %
|
5 %
|
Familles et logements :
|
Nb de ménages
|
3 160
|
1 290
|
3 300
|
114 130
|
269 560
|
Ménages d'1 personne
|
38 %
|
26 %
|
48 %
|
52 %
|
39 %
|
Ménages de 6 pers. ou +
|
3 %
|
8 %
|
2 %
|
1 %
|
2 %
|
Familles monoparentales
|
20 %
|
33 %
|
26 %
|
18 %
|
16 %
|
Locataires
|
63 %
|
97 %
|
72 %
|
|
|
-en HLM
|
45 %
|
96 %
|
10 %
|
13 %
|
19 %
|
-hors HLM
|
18 %
|
1 %
|
37 %
|
48 %
|
31 %
|
Propriétaires
|
33 %
|
1 %
|
21 %
|
30 %
|
44 %
|
Résidences principales (+de 2 logements)
|
35 %
|
99 %
|
75 %
|
69 %
|
52 %
|
Logements HLM
|
45 %
|
96 %
|
34 %
|
13 %
|
19 %
|
Personnes en logement HLM
|
42 %
|
96 %
|
38 %
|
15 %
|
19 %
|
Activité- formation :
|
Pop active totale
|
3 210
|
1 570
|
3 020
|
100 600
|
308 100
|
Niv de formation des 15 ans et + :
|
|
|
|
|
|
- études en cours
|
9 %
|
14 %
|
13 %
|
18 %
|
16 %
|
- sans diplôme- CEP
|
48 %
|
39 %
|
33 %
|
21 %
|
24 %
|
- CAP-BEP
|
32 %
|
31 %
|
31 %
|
23 %
|
29 %
|
- BAC ou plus
|
12 %
|
17 %
|
24 %
|
38 %
|
32 %
|
Taux d'activité
|
43 %
|
42 %
|
48 %
|
47 %
|
47 %
|
- des femmes
|
38 %
|
38 %
|
43 %
|
42 %
|
43 %
|
Taux de chômage
|
24 %
|
38 %
|
26 %
|
19 %
|
16 %
|
- des 15-25 ans
|
43 %
|
54 %
|
36 %
|
31 %
|
30 %
|
- des femmes
|
27 %
|
42 %
|
27 %
|
19 %
|
17 %
|
Chômeurs de + d'un an
|
66 %
|
61 %
|
59 %
|
55 %
|
57 %
|
Surface et densité (ha) :
|
Surface totale
|
180
|
70
|
90
|
5 000
|
55 110
|
Densité brute
|
40
|
60
|
70
|
40
|
10
|
Surface résidentielle
|
60
|
10
|
40
|
1 550
|
13 360
|
Densité résidentielle
|
130
|
810
|
180
|
140
|
50
|
Source : d'après A'Urba : Atlas de la
politique de la ville de l'agglomération bordelaise, 2003
Chiffres arrondis à la dizaine et pourcentages
arrondis à l'unité.
|
A. Bacalan - Claveau :
Le secteur Bacalan- Claveau, le plus au Nord de la ville, est
délimité par plusieurs barrières : au Sud les bassins
à flot, à l'Est les rives de la Garonne, et au Nord la rocade
passant sur le pont d'Aquitaine. Autrefois faubourg portuaire et manufacturier
conquis sur les paluds, le quartier s'est replié sur lui-même au
XXème siècle, tournant le dos au fleuve, à la ville et aux
usines pour préserver son identité «populaire, familiale et
cosmopolite».
1. Un ancien quartier ouvrier en mutation :
C'est un vaste secteur (180 ha) à dominante de maisons
individuelles et d'habitat social essentiellement bas, avec de nombreux
équipements et services. Le quartier comprenant deux tiers de zones
industrielles est classé en ZRU. Il regroupe environ 7 540 habitants au
total, et la densité résidentielle y est de 130 hab/ha (contre
140 en moyenne pour Bordeaux et 50 pour la CUB). La tranche d'âge des 25
à 59 ans y est la plus représentée (46%) comme au niveau
de la commune, alors que les moins de 25 ans sont peu nombreux. 8% des
habitants sont nés étrangers. Le niveau de qualification de la
population est faible en moyenne : près de la moitié des
plus de 15 ans n'ont aucun diplôme. Le taux de chômage est
important (24%) surtout chez les jeunes (43%) et deux tiers sont des
chômeurs de longue durée. M. Faure, interrogé quant
à la situation sociale des différents quartiers de Bordeaux, est
d'avis que le niveau de pauvreté est élevé dans cette zone
:
« Bacalan c'est un peu différent, en
périphérie il y a quand même beaucoup de maisonnettes en
mauvais état et tout ça, où il doit y avoir des gens en
difficulté... »
Les principaux équipements disponibles sont les
suivants : Maison Départementale Solidarité Insertion
(MDSI), Maison de la Justice et du Droit (MJD), bureau de police, pôle de
services publics, piscine, city-stade, écoles maternelles et primaires,
collèges, régie de quartier, commerces et services
répartis sur le boulevard Brandebourg et la rue Achard, anciennement
appelée «chemin bleu» du fait du passage des ouvriers. On
trouve également des équipements nuisibles dont une station
d'épuration et un centre de tri des ordures ménagères.
Des éducateurs de rue interviennent sur place
auprès des jeunes de 13 à 21 ans « susceptibles
d'évoluer en marge de la société »
(d'après l'arrêté du 4 juillet 1972 définissant leur
statut). Ils sont salariés de l'Union Bordelaise d'Assistance et de
Prévention Spécialisées (UBAPS) dont l'antenne Bordeaux
Nord couvre les zones : Bacalan, le Lac, le Grand Parc, les Aubiers et St
Louis- Dupaty. L'un de ces éducateurs de rue témoigne :
« Ca commence par un `bonjour, ça
va ?' Si on nous répond à peine alors faut pas insister, on
va voir ailleurs et on reviendra quand on sera les bienvenus. Si le dialogue
s'engage, on peut travailler. Tout est basé sur la souplesse, la
confiance et les échanges d'infos avec les collègues. Educ,
c'est un travail de fourmi, il faut laisser le temps à la relation de
s'instaurer. »79(*)
2. Rénovation urbaine et projet de ZAC80(*) :
Le quartier compte 45 % de logements sociaux. Plusieurs
opérations de rénovation urbaine ont été
menées, dont celles concernant la cité du Port de la lune (352
logements) et la cité Claveau. L'ancienne et célèbre
cité Lumineuse de 360 logements a de même été
détruite pour céder la place à une résidence basse
de 72 appartements : le «Parc de Bacalan». La mairie veut
inciter les promoteurs privés et les organismes HLM à construire
au Nord - la seule réserve foncière de la ville- des
bâtiments adaptés aux nouvelles normes sociales. Bruno Canovas,
Conseiller municipal chargé du quartier, s'exprime ainsi :
« Nous voulons agir avec souplesse sur la
sociologie et inciter une autre population à venir ici afin d'en finir
avec le regroupement de personnes
défavorisées ».81(*)
Les enjeux locaux de la politique de la ville sur le quartier
sont : la diversification de l'offre d'habitat et le
rééquilibrage socio-démographique ; le
désenclavement et la requalification du quartier, l'aménagement
de la ZRU, le développement d'équipements structurants et
d'activités culturelles et sportives ; l'insertion sociale et
professionnelle des jeunes ; l'amélioration de la
sécurité ; la coordination du réseau associatif.
La ZAC en préparation dans le quartier concerne la
partie Sud-Est des bassins à flot : frange de Bacalan, bassin
à flot n°1 et frange Nord des Chartrons autour de la rue Lucien
Faure. Son objectif est de désenclaver le quartier de Bacalan et
d'organiser l'urbanisation des franges de la future rue Lucien Faure
élargie à 45 mètres, élargissement rendu
nécessaire par la future construction du pont Bacalan-Bastide. Cette ZAC
sera créée courant 2006, ce qui permettra les premières
délivrances de permis de construire début 2007. Son programme
mixe logements, bureaux et commerces.82(*) Le projet de ZAC aux Bassins à flots devrait
conduire à la création de 1500 à 2500 logements, dont 20
à 30% de logements conventionnés.83(*) La reconquête du coeur de quartier, le
réaménagement du bassin à flot, la reconversion de la base
sous-marine, la création du parc Bacalan, l'arrivée du tramway,
l'agencement de liaisons autour du parcours Tonic vont permettre à
Bacalan de s'ouvrir sur le centre ville, le fleuve et la rive droite.
B. Les Aubiers :
La clairière des Aubiers se situe au Nord de Bordeaux,
à l'extérieur des boulevards. Elle est isolée au milieu
d'une zone délimitée par des coupures fortes dans l'environnement
paysager : voie ferrée au Sud, axes routiers à l'Est et
à l'Ouest, berge du lac artificiel au Nord. La construction de la
cité des Aubiers sur des marais assainis, au début des
années 1970, faisait partie d'un plan ambitieux d'urbanisation du
quartier. Son architecte X. Arsène-Henry projetait d'y conjuguer
habitat, activités économiques et loisirs.
1. Une banlieue stigmatisée :
Le quartier de 70 hectares environ est composé de deux
résidences sociales denses : Les Aubiers (1020 logements) et Le
Lauzun (330 logements). La première souffre aujourd'hui d'un manque de
réhabilitation, tandis que la seconde ne pose pas de problème. La
densité résidentielle est très forte : 810 hab/ha. La
population totale, plus de 3700 habitants, est jeune : 31% ont moins de 15
ans. La proportion de familles monoparentales y est très forte (un
tiers) et près d'un dixième des ménages compte plus de six
personnes. Les habitants nés étrangers y sont aussi très
nombreux : 19% de la population, soit près de quatre fois plus que
sur la CUB. Le niveau de formation est faible : 70% des plus de 15 ans
n'ont pas de diplôme ou un niveau CAP- BEP. Le taux de chômage est
très élevé (38%), particulièrement pour les jeunes
et les femmes, et souvent de longue durée (61%). En revanche, le
quartier est bien équipé et comporte de nombreux commerces de
proximité, un bureau de police, un centre social, une
bibliothèque et trois écoles dont une maternelle. Le terminus du
tramway y est prévu à l'avenir. Les Aubiers sont marqués
par une image très fortement dévalorisée84(*). Le quartier a
défrayé la chronique en décembre 2001, lors de
l'assassinat du petit Larbi Fanousse, et en mai 2002, lorsque le centre social
et le poste de police ont été incendiés. Voici la
description qu'en fait un journaliste :
« Les Aubiers sont une cité à
part... Entre gare et rocade, entre boulevard et Garonne, en marge de Bordeaux,
la cité des Aubiers accueille une importante population d'exclus
économiques. Une erreur d'urbanisme faite de barres denses et compactes,
occupées par la misère. » 85(*)
Le responsable local de la Confédération du
logement et du cadre de vie (CLCV) et l'un des plus anciens habitants du
quartier commente également :
« Dès qu'on entre chez les gens, on voit
qu'il y a de la misère, trop de misère. »
86(*)
2. Projets d'aménagement :
L'objectif poursuivi par la politique de la ville est de
favoriser l'insertion du quartier dans son environnement et de le rendre plus
attractif, en réalisant une double ouverture vers la ville au Sud et
vers le Lac au Nord. Pour cela sont envisagés : la restructuration
à terme de l'offre de logements ; la réorganisation de la
trame viaire et des espaces publics ; l'intégration des Aubiers
dans la réflexion globale portant sur la berge du lac ;
l'amélioration du traitement paysager et environnemental.
Le quartier est également situé près d'un
chantier de ZAC. En effet, la CUB dispose de 25 hectares vierges situés
entre les Aubiers et le Palais des congrès, sur les berges du Lac. Elle
a lancé un appel d'offre concepteur-aménageur pour la
création d'une ZAC privée et devrait développer un site
d'accueil d'activités tertiaires et industrielles. Son programme
prévoit sur la partie Est l'extension du centre commercial du Lac, la
partie Ouest en bordure du lac étant consacrée à du
logement.87(*)
C. St Jean- Belcier- Carle Vernet :
Ce quartier prioritaire de 90 hectares de terrain, le plus au
Sud de Bordeaux, constitue l'une des entrées majeures de Bordeaux. Il
est séparé de la Garonne par de larges quais encombrés
à l'Ouest, coupé au centre par les voies ferrées, et
limité au Sud par les boulevards de la ville. Le quartier fait partie
d'une zone industrielle en déclin et en cours de réhabilitation.
1. Un quartier de gare
hétérogène :
Le quartier se compose en réalité de trois zones
distinctes : St Jean, centré sur la gare du même nom,
fréquenté par des populations «marginales» ;
Belcier, enclavé entre de grandes emprises, caractérisé
par sa vie nocturne et ses discothèques ; Carle Vernet, secteur
d'habitat social, tourné vers Bègles pour les commerces. Dans les
deux premières zones la population est relativement diversifiée,
avec une sur-représentation des 20-34 ans. Dans la troisième, les
plus de 60 ans sont les plus nombreux ainsi que, dans l'habitat social, les
familles monoparentales. Dans l'ensemble la densité résidentielle
est élevée : 180 hab/ha, pour 3 750 habitants au total. La
proportion de familles monoparentales est importante (26%) et la moitié
des ménages sont composés d'une seule personne. La proportion
d'étrangers est forte (11%). Le niveau de qualification de la population
est plus faible que la moyenne de la commune. Le taux de chômage
très élevé (26%) touche surtout les femmes ; il est
surtout de longue durée (59%). L'avis de M. Faure sur ce quartier est le
suivant :
« Il y a tous les quinze jours les pompiers, on
voit des ordures, des vitres cassées : c'est des signes que des
gens en difficulté y habitent. (...) Il y a beaucoup de prostitution,
c'est quand même pas évident. Là faut être vigilant,
c'est pas trop un gros quartier, c'est plutôt une rue, une zone où
il faut être attentif.»
Malgré un déficit dans le secteur Belcier, le
quartier est relativement bien équipé. Par contre le tissu
associatif n'est pas très développé sur ce territoire. Les
éducateurs de rue du CALK y interviennent, cependant, pour M. Faure,
leur action est nécessairement limitée :
« Les éducs du CALK connaissent les
jeunes de la rue mais celui qui est enfermé chez lui, il pose pas de
problème, ils le connaissent pas. (...) Il y a [des jeunes]
à la marge des structures. Je suis sûr qu'il y a des jeunes encore
qui sont isolés, qui n'ont rencontré
personne. »
On peut souligner également sur le secteur la
présence et l'action des correspondants de quartier de la Mission
Locale que M. Faure nous a conseillé d'interroger pour notre
enquête. D'après un document de présentation que ce dernier
nous a donné, ils participant d'une volonté de créer du
lien, d'instaurer un dialogue et d'assurer une présence attentive dans
les quartiers en difficulté. Samira Zaryah coordonne une équipe
des cinq correspondants salariés par l'association des Centres
d'animation de quartiers de Bordeaux, sur des financements de la Ville et de
l'Etat au titre du DSU. Ceux-ci sillonnent tous les jours la Bastide (rive
droite), et un secteur Bordeaux Sud englobant La Victoire, les Capucins, St
Jean et Belcier. Ils y menent un travail de prévention, à
l'écoute et au service des habitants. L'un d'eux décrit ainsi
leur action sur le terrain :
« C'est une présence active qui
relève à la fois de la veille sociale, de la veille technique, de
l'information et de la régulation de micro conflits. Veille sociale et
humaine car nous sommes au contact directs des habitants, des
commerçants, des personnes sans domicile. Notre bureau, c'est le banc,
la rue. On nous connaît, on vient nous parler, nous demander conseil,
nous signaler un problème. Si on ne peut pas répondre on
transmettra l'information... Avec l'expérience nous savons à
quelle porte il faut frapper, mais jamais nous ne faisons les démarches
à la place des gens. Nous servons d'intermédiaire à
l'établissement du contact et du partenariat. »
2. Opérations de rénovation urbaine :
De nombreux projets structurants pour l'agglomération
et attractifs pour le quartier sont annoncés pour valoriser les secteurs
résidentiels (création d'équipements et
d'opérations de requalification de l'environnement du paysage urbain) et
assurer le développement d'un pôle d'activité tertiaire.
Profitant d'un vaste potentiel immobilier et d'un rare patrimoine architectural
(manufacture, entrepôts, habitat de «cité
ouvrière»), les premiers chantiers de rénovation ont
été engagées dans le quartier. La requalification urbaine
concerne en particulier l'îlot St Jean, dans le cadre d'une
Opération de Rénovation Urbaine (ORU). La phase de
déconstruction était prévue de janvier à mars 2006,
et la tour B de la cité a été démolie. La
construction des deux immeubles qui la remplacent doit se terminer en
décembre 2006 et mars 2007. 320 logements - dont 88 logements locatifs
à caractère social et intermédiaire - seront ainsi
créés, contre 440 détruits. La création d'espaces
verts et de commerces est incluse dans le projet. 3% des locataires ont
déménagé d'eux-mêmes et les autres sont
relogés : 100 familles ou personnes âgées seules dans
les deux autres immeubles de la cité ; les autres à
Bordeaux, dans la CUB ou hors de la CUB.88(*) Voici le point de vue de M. Faure sur ces
opérations :
« St Jean-Belcier-Carle Vernet, derrière
la gare, ils sont en train de réhabiliter. Ils ont relogés les
familles un peu partout, beaucoup à Barbey, Nansouty, gare st
Jean-Sacré Coeur, rue de Bègles et limitrophe aux Capus
[Capucins], dans des vieilles maisons. »
La politique de la ville envisage des actions ciblées
pour favoriser : la constitution d'un quartier de gare et l'unité
future de l'ensemble ; l'amélioration de l'habitat et de l'espace
public ; la préservation de la mixité et de la
diversité du quartier. Les projets de renouvellement correspondent
à la reconquête des friches industrielles, à la
construction de logements neufs, au renforcement des équipements,
commerces et services. A terme sont prévus l'aménagement des
quais, la construction d'un pôle éducatif et culturel, le
déploiement de la plate-forme intermodale d'Hourcade, l'arrivée
du TGV Atlantique, la construction du franchissement amont de la Garonne et la
modernisation du pôle agroalimentaire (MIN de Brienne,
abattoirs).
En conclusion, les chiffres montrent que l'on retrouve
à peu près toujours les mêmes caractéristiques
socio-démographiques dans les quartiers les plus pauvres de
Bordeaux : une densité résidentielle souvent
élevée, une prédominance du logement social, un fort taux
de chômage, une part importante de familles monoparentales, un faible
niveau de qualification des habitants... De nombreux acteurs interviennent
localement, mais les besoins restent importants. Les axes majeurs du
développement social de ces quartiers, par le biais notamment des
opérations de rénovation urbaine, sont les équipements
publics et la diversification de l'offre d'habitat.
L'entretien passé avec Mlle Naclério est
instructif en ce qui concerne la mise en oeuvre des politiques sociales sur
Bordeaux, même s'il ne donne que le point de vue particulier d'un
responsable institutionnel sur la situation. Notre interlocutrice trouve
regrettable qu'il n'y ait pas d'outil statistique ni d'observatoire sur
Bordeaux qui mette en évidence la problématique des jeunes
en difficulté :
« Pour savoir d'où viennent ces jeunes,
ce qui a fait dans leur histoire qu'ils en viennent à cette situation de
précarité. »
La présidente du PLAJe considère que les
différents services et dispositifs du domaine social sont
éclatés, ce qui nuit à l'efficacité des mesures
prises en faveur des jeunes défavorisés :
« Moi dans la position où je suis, je
trouve qu'il n'y a pas de politique jeunesse générale, il y a des
politiques. Chacun oeuvre pour ses objectifs. C'est pas tant
éclaté. C'est pas un manque de coopération. C'est pas une
volonté de diviser, mais chacun fait sa politique. »
Ensuite, la responsable évoque les questions que
suscite la relation d'accompagnement entre les travailleurs sociaux et les
publics aidés :
« Les gens viennent en
disant : «Je suis RMIste», et pas «Je suis un
tel»... Pour moi c'est vraiment la définition du dominant-
dominé. Le dominant dit : «Je suis, moi», et le
dominé dit ce que le dominant a décidé qu'il
serait. »
Elle insiste sur l'ambivalence du système
institutionnalisé de l'aide sociale qui conduit à
considérer les personnes rencontrées comme des
problèmes :
« Le besoin de subvention fait qu'on a une
commande, donc des exigences particulières à chaque fois.
L'être humain, vous le hâchez entre différents
problèmes. Il y a une personne au milieu de ça, pas des
problèmes... »
Il est intéressant de souligner le fait qu'une
militante du Quart Monde nous avez fait une remarque tout à fait
similaire :
« Au CCAS, ils vous disent :
«Bonjour, quel problème avez-vous ? » Ils vous accueille
comme un problème. Ils te prennent pas pour un être humain mais
pour un problème... Il y a un fossé... faudrait qu'il y ait un
dialogue. »
Finalement, à l'issue de cet entretien, Mlle
Naclério nous a conseillé de nous tourner vers la Mission Locale
et vers le directeur du Développement Social Urbain (DSU) pour de plus
amples renseignements sur la situation sociale des quartiers. De son
côté, M. Faure proposait de rencontrer d'autres acteurs de
terrain tels que les éducateurs de rue du CALK et du BPAS, ainsi
que les médiateurs de quartiers de la mairie de Bordeaux. Après
cet examen des quartiers de Bordeaux nous allons aborder dans une
deuxième chapitre la situation de quartiers des trois autres communes.
II. TROIS COMMUNES DE
L'AGGLOMERATION
Les communes les plus en difficulté de
l'agglomération bordelaise : Lormont, Mérignac et Pessac,
font toutes partie de la première couronne de Bordeaux.89(*) Elles comportent chacune
plusieurs quartiers prioritaires, zones classées ZUS ou ZRU. Les
principaux acteurs institutionnels de l'action sociale territoriale intervenant
sur l'ensemble de l'agglomération sont : les CCAS, les MDSI,
l'ANPE, la CAF, le CAIO, les MOUS, les Missions locales, les Centres sociaux
et culturels, le Centre Régional des OEuvres Universitaires et Scolaires
(CROUS), la Caisse Régionale d'Assurance Maladie (CRAM), les Centres
d'Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS), la
Fédération Nationale des établissements d'Accueil et de
Réinsertion Sociale (FNARS), le Développement Social Urbain (DSU)
etc. Parmi les associations on compte par exemple : la Ligue des Droits de
l'Homme, Réseau 32, Logia 33, ATD Quart Monde. Enfin, au niveau
caritatif on retrouve entre autres : la société St Vincent
de Paul, le Secours Populaire Français, le Secours Catholique, le
Secours Islamique, le Diaconat (Entraide protestante), les Restaurants du
coeur, Emmaüs, la Croix Rouge Française.
A Lormont, nous avons interviewé M. Alain Coqblin,
directeur-adjoint du CCAS de Lormont, dans les locaux du CCAS. Celui-ci nous a
rappelé quelques éléments historiques pour nous expliquer
la formation de certaines zones de pauvreté dans la ville, avant
d'évoquer les questions du logement et de l'aide sociale sur la commune.
A Pessac, nous avons rencontré M. Thierry Lemière, Chef de projet
de la MOUS communale de Pessac, à la mairie. La MOUS est un dispositif
visant l'accès au logement des personnes défavorisées.
C'est une démarche associant localement des équipes
pluridisciplinaires (action sociale et logement) et dont l'objectif est de
concevoir et de mettre en oeuvre des «solutions-logement»
adaptées aux besoins de personnes défavorisées. Elle est
généralement ciblée sur des catégories de personnes
marginalisées nécessitant une action d'insertion
spécifique.
|
Lormont
|
Mérignac
|
Pessac
|
Bordeaux
|
CUB
|
Population :
|
Nb habitants en 1999
|
21 340
|
61 990
|
56 150
|
215 370
|
660 090
|
-Moins de 15 ans
|
21 %
|
16 %
|
16 %
|
13 %
|
16 %
|
-15-24 ans
|
15 %
|
14 %
|
18 %
|
19 %
|
16 %
|
-25-59 ans
|
48 %
|
50 %
|
47 %
|
49 %
|
49 %
|
-60 ans et plus
|
16 %
|
19 %
|
19 %
|
20 %
|
19 %
|
Etrangers
|
12 %
|
4 %
|
4 %
|
6 %
|
5 %
|
Familles et logements :
|
Nb de ménages
|
8 270
|
27 650
|
22 070
|
114 130
|
269 560
|
Ménages d'1 personne
|
29 %
|
35 %
|
30 %
|
52 %
|
39 %
|
Ménages de 6 pers. ou +
|
4 %
|
1 %
|
2 %
|
1 %
|
2 %
|
Familles monoparentales
|
22 %
|
16 %
|
14 %
|
18 %
|
16 %
|
Locataires
|
|
|
|
|
|
-en HLM
|
58 %
|
18 %
|
19 %
|
13 %
|
19 %
|
-hors HLM
|
9 %
|
29 %
|
23 %
|
48 %
|
31 %
|
Propriétaires
|
30 %
|
48 %
|
54 %
|
30 %
|
44 %
|
Résidences principales (+de 2 logements)
|
71 %
|
56 %
|
39 %
|
69 %
|
52 %
|
Logements HLM
|
58 %
|
18 %
|
19 %
|
13 %
|
19 %
|
Personnes en logement HLM
|
59 %
|
19 %
|
18 %
|
15 %
|
19 %
|
Activité- formation :
|
Pop active totale
|
10 060
|
30 300
|
24 630
|
100 600
|
308 100
|
Niv de formation des 15 ans et + :
|
|
|
|
|
|
- études en cours
|
12 %
|
13 %
|
20 %
|
18 %
|
16 %
|
- sans diplôme- CEP
|
39 %
|
23 %
|
22 %
|
21 %
|
24 %
|
- CAP-BEP
|
33 %
|
31 %
|
28 %
|
23 %
|
29 %
|
- BAC ou plus
|
17 %
|
34 %
|
31 %
|
38 %
|
32 %
|
Taux d'activité
|
47 %
|
49 %
|
44 %
|
47 %
|
47 %
|
- des femmes
|
44 %
|
46 %
|
40 %
|
42 %
|
43 %
|
Taux de chômage
|
26 %
|
13 %
|
13 %
|
19 %
|
16 %
|
- des 15-25 ans
|
41 %
|
26 %
|
29 %
|
31 %
|
30 %
|
- des femmes
|
31 %
|
15 %
|
14 %
|
19 %
|
17 %
|
Chômeurs de + d'un an
|
64 %
|
54 %
|
55 %
|
55 %
|
57 %
|
Surface et densité (ha) :
|
Surface totale
|
790
|
4 790
|
3 880
|
5 000
|
55 110
|
Densité brute
|
30
|
10
|
20
|
40
|
10
|
Surface résidentielle
|
290
|
1 390
|
1 690
|
1 550
|
13 360
|
Densité résidentielle
|
70
|
50
|
30
|
140
|
50
|
Source : A'Urba : Atlas de la politique de la
ville de l'agglomération bordelaise, 2003
Chiffres arrondis à la dizaine et pourcentages
à l'unité.
|
A. Lormont :
La commune de Lormont, située sur la rive droite de la
Garonne, fait partie de l'ensemble des Hauts de Garonne, classé en ZRU.
Sa situation géographique lui confère certaines
caractéristiques qui ne sont pas sans conséquences, comme nous le
verrons.
1. Question urbaine et sociale :
Au XIXème siècle, Lormont était un lieu
important de villégiature, comme en témoigne la présence
de dix-sept châteaux. La ville a connu ensuite une phase de croissance
lors de la période de plein emploi des années 1960, et c'est
à cette époque qu'ont été construites les
cités d'habitat social. Trois facteurs y ont contribué : le
projet de développement du port de Bordeaux (qui n'a finalement pas
été réalisé) ; la destruction de quartiers
comme Mériadeck, nécessitant de reloger les populations ;
l'arrivée des pieds noirs d'Afrique du Nord ou d'autres immigrants. La
non extension du port de Bordeaux n'a pas engendré les emplois
escomptés, ce qui posa un problème social majeur. De plus, le
choc pétrolier et la crise économique qui suivirent dans les
années 1970 aggravèrent cette situation et laissèrent les
quartiers de Lormont de plus en plus défavorisés. La commune de
Lormont compte aujourd'hui cinq quartiers prioritaires, parmi lesquels les plus
en difficulté sont : Carriet et Génicart.
a) Carriet :
La cité a été créée au
milieu des années 1960. Elle est localisée sur un site
vallonné dominant la Garonne, dans un triangle pris entre la rocade, une
voie ferroviaire et une voie rapide, avec vue sur le pont d'Aquitaine. Elle est
composée de deux ensembles : d'un côté des petites
maisons, de l'autre 1 400 logements HLM, regroupant au total 3 800 habitants -
près d'un cinquième de la population lormontaise- sur 60 hectares
(la densité résidentielle est de 130 hab/ha en moyenne). Ce
quartier est une concentration d'habitat social à près de 95%.
Son caractère a priori de quiétude cache de grosses
difficultés, liées notamment au fort taux de
monoparentalité, à des conflits de générations et
à l'obsolescence de l'ensemble du patrimoine bâti, privé
comme public.
La population de l'habitat social a les
caractéristiques des quartiers périphériques en
difficulté, celle du tissu pavillonnaire est plus âgée. Les
moins de 15 ans sont nombreux (26%), les 25- 59 et les plus de 60ans sont
sous-représentés (45% et 15%). Il y a une très forte
proportion d'étrangers (16%) et de ménages de plus de six
personnes (6% contre 2% sur la CUB). Les habitants de Carriet sont très
peu qualifiés : la moitié des plus de 15 ans n'a aucun
diplôme, 10% ont le bac ou plus, contre 32% sur la CUB. Le taux de
chômage est particulièrement élevé (35%), et affecte
surtout les femmes et les jeunes, plutôt sur une longue durée
(67%). Le secteur est bien équipé mais la plupart des
équipements nécessitent une requalification.
b) Génicart :
Le quartier fait partie de l'ancienne ZUP (Zone d'Urbanisation
Prioritaire) de Lormont construite à la fin des années 1960,
située sur le plateau de l'Entre-Deux-Mers. La cité est
formée de la juxtaposition de 15 résidences d'habitat social,
où logent 10 000 habitants - soit la moitié de la population
lormontaise - sur 70 hectares, avec une densité résidentielle
très forte de 250 hab/ha (soit cinq fois plus que sur la CUB). Le
quartier est caractérisé par une forte concentration d'habitat
social : 77% de son parc immobilier. La population est jeune : la
part des moins de 15 ans y est élevée (25%), celle des plus de 60
ans très faible (12%). La proportion de familles monoparentales et de
ménages de plus de six personnes est forte (respectivement 29% et 5%),
celle des étrangers très forte (17%). Le niveau de qualification
est faible. Le taux de chômage est aussi très important (33%) pour
les mêmes catégories de la population. Le quartier souffre
également de l'obsolescence du patrimoine bâti et d'enclavement.
Une partie des immeubles a été réhabilitée et leur
état est variable. A côté de ces difficultés, le
territoire présente de nombreux éléments porteurs de
dynamique pour son renouvellement, notamment un niveau d'équipements
élevé, de réelles qualités paysagères, et
enfin l'arrivée du tramway au coeur même du quartier.
c) Autres sites :
D'après M. Coqblin, il existe aussi de nombreuses
petites «poches de pauvreté», pas forcément visibles,
dans le vieux Lormont - comme à Pessac, Mérignac ou Gradignan. Il
commente :
« C'est plus ou moins conscient dans la
société, après ce sont des poches qui sont
sacrifiées. C'est un cercle vicieux : ils ne peuvent pas aller
autre part. »
Il cite en particulier des maisons à l'entrée de
Lormont proches de la zone portuaire, une « enclave
portugaise » selon lui. Il ajoute que le quartier
Lissandre connaît également une grande pauvreté, il
est « très isolé, très
ancien », et sa situation en fait une autre véritable
enclave, comprise entre la barrière naturelle de la falaise, la voie
ferrée et la voie du tramway en construction. En 2006 le CCAS a
été appelé à intervenir plusieurs fois après
le signalement de situations humaines limites. Le premier cas était
celui d'une famille allocataire de l'AAH, du RMI et de la retraite ,
vivant « dans un taudis le long de la falaise ».
Le second était celui de quatre adultes expulsés de
Génicart et refugiés dans l'ancienne halte SNCF. Une autre
intervention a eu lieu dans l'ancien logement des gardes barrières,
où les conditions d'hygiène sont déplorables. Les
personnes qui y habitent sont « très exclues,
désociabilisées ». La Ligue des Droits de
l'Homme leur a proposé un relogement en terrain de camping à
Ambarès. Enfin, la dernière intervention évoquée
est celle concernant « un laisser aller dans
l'alcoolisme » pour une personne vivant dans « un
taudis en HLM ». Finalement M. COQBLIN conclut pour cette
question :
« En grande précarité, le public
que vous touchez il y en a quand même peu à
Lormont ».
d) Renouvellement urbain :
Avec Bassens, Cenon et Floirac, Lormont est inscrite dans le
dispositif commun d'un Grand Projet de Ville (GPV). La convention territoriale
du GPV comporte deux enjeux majeurs : le désenclavement de la rive
droite, et le développement social et économique du territoire.
Le parc des Coteaux, espace vert de plus de 400 hectares en face des quais de
Bordeaux, doit constituer la colonne vertébrale de ce projet
intercommunal. D'après Etienne PARIN, directeur du GPV :
« En France il n'y a pas d'équivalent de
programme de rénovation urbaine qui concerne quatre communes comme c'est
le cas pour la rive droite ».
Le grand problème actuel à Lormont demeure la
question du logement, du fait de la demande interne de relogement,
combinée à la forte attractivité de la commune sous la
pression immobilière. Le sujet est d'autant plus douloureux que
d'après M. COQBLIN :
« Bordeaux est entouré par sa ceinture
rouge. Il n'y a pas d'entente entre les maires. Le PLH 90(*) est lettre morte, il ne
s'applique pas. »
La commune possède le taux record de
l'agglomération avec 68% de logements sociaux. Le renouvellement urbain
programmé sur dix ans, avec la construction de 1750 nouveaux logements,
aboutira encore à 65% de logements sociaux. Les enjeux du renouvellement
urbain sont triples : redonner la place aux habitants dans leur espace
quotidien ; redonner un sens aux espaces en déclinant un projet de
ville ; ancrer la ville dans l'agglomération. Comme le rappelle M.
Coqblin, la perspective des opérations est de
« recréer une mixité sociale ». Un
des moyens pour cela est de diversifier l'offre d'habitat par la construction
de petits pavillons et de logements HLM, pour la propriété et la
location. La ville recevra l'aide de la dotation de solidarité urbaine.
Entre 2004 et 2005 celle-ci a augmenté de 57% en moyenne dans
l'agglomération, mais de 171% à Lormont91(*). Notre interlocuteur pense que
dans le futur les communes préfèreront payer les amendes92(*), que de payer pour la
construction de nouveaux logements sociaux car celle-ci entraîne des
effets secondaires onéreux, notamment une demande accrue en
équipements.
Les deux objectifs territoriaux à Lormont concernent
les quartiers de Carriet et de Génicart : opérations de
démolition- reconstruction, écoles et équipements, locaux
d'activité commerciale, requalification des espaces publics, tramway,
parc des Coteaux, intégration dans la ville et liaison avec les
pôles urbains environnants. Les travaux représentent la
destruction de 375 logements à Carriet et 900 à Génicart,
et environ 380 et 500 reconstrucations. Les nouveaux bâtiments
n'excédant pas trois étages devraient être livrés
fin 2009. Evidemment toutes ces opérations soulèvent la question
du relogement des habitants. Pour M. COQBLIN, le « relogement des
minima sociaux » reste très problématique :
« Demander un logement est pire que demander du
travail. »
D'après l'Observatoire du relogement, l'attachement au
quartier est très fort dans les Hauts de Garonne puisque selon une
étude 70% des interrogés font le voeu d'être relogés
sur la même commune, et 85% dans une des communes du GPV93(*). Selon M. COQBLIN,
à Carriet les neuf tours cèderont la place à une
seule tour, et le relogement des populations se fera pour 50% sur place, 25%
à Lormont et 25% ailleurs. Tout le Haut Carriet sera
« remodelé ».
2. Action sociale territoriale :
Dans un dernier temps de l'entretien, M. Coqblin nous a
décrit la situation de l'aide sociale à Lormont. Les associations
recensées dans la commune sont nées pour la plupart à
Carriet dans les années 1960, avec la contribution des acteurs de gauche
et des protestants. Les premiers centres sociaux et assistantes sociales y sont
aussi apparus :
« Historiquement tout est né
là. »
Parmi les 250 acteurs associatifs présents à
Lormont on trouve : Citoyens pour s'entraider, Un peu pour tous, Contact
Amitié Lormont, Dialogu', Dimo Distribution, Le Marché des quatre
épis, Lormont Solidarité, le Foyer Populaire, Les Compagnons de
la vie, Actions solidarité, les Restaus du Coeur, le Secours Populaire,
l'Epicerie Solidaire (à reconstruire) etc. Au niveau institutionnel il
faut citer l'intervention sur la commune du Comité des Oeuvres Sociales
(COS), rattaché à la mairie, du Club prévention, des
Centres sociaux de Mireport et de Gravières. Par ailleurs,
dans le domaine caritatif on peut mentionner la présence de
prêtres ouvriers jésuites habitant Génicart et d'un
prêtre coopérateur.
En 2006 le projet social de la ville vise à redonner
aux habitants un rôle dans leur vie quotidienne au sein de la
cité, à faciliter l'appropriation de leur place d'usager et
à lutter contre les phénomènes d'exclusion. Aujourd'hui le
but des différents acteurs est de « lutter contre
l'assistanat », de favoriser l'autonomie des personnes
aidées ( M. Coqblin évoque la notion
d'« empowerment »). Cependant le directeur du CCAS
reste mitigé sur le niveau de coordination des différentes
actions de lutte contre la pauvreté :
« Il y a des associations qui
réfléchissent et d'autres qui font n'importe quoi, qui donnent
pour se faire plaisir. C'est pas n'importe quoi d'être
bénévole. Il y a tellement à faire. Il faudra se serrer
les coudes de plus en plus : associations, professionnels, sociaux. Ca va
devenir quasiment un métier. Le gouvernement définit en ce moment
un statut du bénévole. Le tissu associatif va devenir très
important car il n'existe pas d'autres moyens financiers et humains pour
intervenir. Mais il y a des effets pervers : l'obligation de
résultats. »
Enfin, lorsqu'on lui demande quelles personnes rencontrer, M.
Coqblin nous indique : le service Jeunesse et Sport à la mairie,
les assistantes sociales de l'ex-CMS devenu la MDSI, les élus, le GRICA,
les directeurs des deux Centres sociaux, les dispositifs TRACE et CAA, les
éducateurs de rue du Club de prévention.
B. Mérignac :
La ville de Mérignac est la troisième ville
d'Aquitaine et la seconde de Gironde. Elle connaît actuellement une forte
expansion du fait de l'attractivité de l'aéroport, du
développement de zones commerciales et de l'arrivée du tramway.
1. Quartiers défavorisés :
A Mérignac, on trouve les indicateurs de
pauvreté les plus élevés dans les quartiers prioritaires
et ZUS de Beaudésert, Beutre et Le Burck, qui font l'objet de nombreuses
mesures de développement territorial.
a) Beaudésert :
Ce secteur se trouve à l'extérieur de la rocade,
dans une zone de bruit de l'aéroport, en relative autarcie et
enserré de zones industrielles. Ses 1 000 habitants sont répartis
sur 70 hectares et la densité résidentielle est plutôt
faible avec 50 hab/ha. Il est composé pour moitié d'immeubles
collectifs. La part des moins de 25 ans y est élevée (43%), les
ménages de plus de six personnes sont sur-représentés (13%
contre 1% pour la commune) et la part des ménages d'une seule personne
est très faible (19%). La proportion d'habitants nés
étrangers est particulièrement élevée (31%, soit
près d'un tiers). Le niveau de formation est très faible (56% des
plus de 15 ans sont sans diplôme), le taux de chômage
élevé (31%) mais souvent de courte durée pour près
de la moitié des cas. Ce quartier fait l'objet d'un ambitieux programme
de recomposition et de désenclavement. Les opérations
réalisées ont déjà transformé l'habitat,
l'environnement et le comportement des habitants. Il y a pas ou très peu
de dégradations. Les problèmes qui demeurent sont la circulation
de transit excessive et l'isolement du quartier.
b) Beutre :
C'est le quartier le plus éloigné de la rocade,
également à proximité de l'aéroport. Il compte 1
000 habitants sur 28 hectares de terrain et la densité
résidentielle y est moyenne (70 hab/ha). Une partie des habitants
ressent un fort sentiment d'isolement, d'insécurité et d'oubli.
Le secteur est composé essentiellement de logements individuels en
location HLM, de type pavillonaire, et de maisons en bande. La proportion des
moins de 15 ans est forte (23%), celle des 15- 24 ans faible (11%). Il y a
très peu de ménages d'une seule personne (16%contre 35% sur la
commune). Le niveau de qualification est assez faible (33%sont sans
diplôme), le taux de chômage élevé (20%), en
particulier chez les jeunes (39%). Les principaux équipements
sont : une école maternelle, un centre social et d'animation, un
centre de loisirs, un centre d'animation, un city- stade, une annexe de la
mairie et une agence postale.
c) Le Burck :
Ce quartier se situe entre la rocade et les boulevards,
à la limite entre urbanisation et espaces verts. Il est regroupe 1 800
habitants sur 20 hectares, avec une densité résidentielle
très élevée de 280 hab/ha (contre 50 sur la CUB).
L'habitat est formé de 22 barres vétustes de quatre
étages, ainsi que de nombreuses copropriétés. La
proportion des 15- 59 ans est très élevée (70%), celle des
plus de 60 ans très faible (12%). Près de la moitié des
ménages ne sont formés que d'une seule personne, tandis que la
part de familles monoparentales est élevée (27% contre 16%
à Mérignac et sur la CUB). Le niveau de qualification de la
population est faible, le taux de chômage très élevé
(26%), surtout chez les jeunes (39%) et les femmes (28%). Le château du
Burck est au centre et en bordure du quartier se trouve un alignement complet
de commerces de proximité et de services, une agence postale, une annexe
de la mairie, un centre social, une salle de sport et un terrain de foot ainsi
qu'une école maternelle et primaire.
d) Développement territorial :
La lutte contre la relégation et l'exclusion dans ces
quartiers s'est engagée résolument dans les années 1990
avec la signature d'un premier contrat de ville, la mise en place d'un Conseil
Communal de Prévention de la Délinquance (CCPD), de la Mission
Locale Technowest et du service du Développement Social Urbain (DSU) et
de son observatoire. A Pessac, la politique de la ville a été
menée autour de deux ambitions. D'une part, la consolidation et la
prolongation du travail de renouvellement urbain initié, et le
renforcement du lien social dans ces quartiers. D'autre part, le
développement du travail partenarial autour des axes prioritaires en
lien avec les acteurs de terrain, les associations et les institutions, en
favorisant l'émergence d'acteurs nouveaux.
Le renouvellement urbain vise à lutter contre le
déséquilibre de l'offre locative et l'effet de
ségrégation persistant dans ces quartiers. Les axes sont les
suivants : poursuite des projets urbains et opérations de
démolition-reconstruction, développement d'une offre de logements
sociaux ainsi qu'en hébergement d'urgence ; mise en place d'une
gestion urbaine de proximité en partenariat avec les acteurs
locaux ; étude et diagnostic des copropriétés
privées et construction d'une stratégie d'intervention. Ces
priorités s'accompagnent d'actions de redynamisation urbaine sur
d'autres territoires proches, notamment en centre ville dans le cadre d'une
ZAC.
2. Démocratie de proximité et action
sociale :
La démocratie de proximité s'est construite
à travers les conseils de quartier créés en 1997 et
rassemblant élus, associations, experts et habitants. Le
développement social porte sur l'accès aux activités
culturelles et sportives, en particulier pour les jeunes ; l'accès
aux soins et à la prévention via les réseaux de
santé de la ville ; l'apprentissage de la citoyenneté et
l'aide à la parentalité ; le soutien à
l'intégration des populations immigrées ; l'animation et le
renforcement de la vie associative. Une attention particulière est
portée aux situations de grande précarité par la promotion
de l'accompagnement social, notamment dans l'accès au logement. De plus,
dans le domaine économique, les priorités de la ville sont la
réduction des disparités entre quartiers, la diminution des
inégalités d'accès à l'emploi et la revitalisation
économique de certains territoires.
Les principaux acteurs du domaine social à
Mérignac sont : le CCAS, la MDSI, la Commission Locale d'Insertion
(CLI), la CAF, la Mission Locale Technowest, la Maison des Jeunes et de la
Culture (MJC), la Maison Départementale de la Santé (MDS). Cette
dernière a été créée à l'initiative
du Conseil Général de la Gironde et s'adresse aux personnes de
toutes générations en situation précaire et qui ne
prennent plus soin de leur santé. On recense également une
cinquantaine d'associations intervenant sur la commune, supervisées par
le Conseil Local de la Vie associative. On peut aussi remarquer que le secteur
caritatif est assez développé dans les quartiers pauvres de
Mérignac. Le Comité Mérignac Solidarité a
été mis en place en 2000 par la Ville. Il se compose de sept
associations caritatives et humanitaires : Secours Populaire, Secours
Catholique, St Vincent de Paul, Croix Rouge, Restaus du Coeur, ATD Quart Monde
et Médecins du Monde. L'objectif de ce comité consiste à
favoriser les échanges entre les associations pour leur permettre d'agir
dans la complémentarité auprès du public accueilli et de
réaliser des actions communes. D'autre part, en plus des associations
les plus connues, on trouve de nombreuses congrégations religieuses,
dont les Petites Soeurs résidant dans la Cité l'Envol.
C. Pessac :
La ville de Pessac est la troisième ville de Gironde,
située aux portes du massif forestier des Landes. C'est une cité
viticole, universitaire et technologique avec six parc d'activités
tournés vers les technologies nouvelles et un pôle cardiologie
renommé. La convention ville-habitat et le premier contrat de ville ont
contribué à stopper la dégradation de certains quartiers
et à leur redonner une place dans la cité.
1. Trois quartiers en grande difficulté :
La commune compte trois quartiers importants d'habitat
social : Saige, Châtaigneraie- Arago et Haut Livrac, tous
situés à proximité de la rocade. Les deux premiers sont
classés en ZRU et le dernier en ZUS. A propos des zones les plus
touchées par la pauvreté, M. Lemière cite les trois
quartiers que nous avons évoqué et commente :
« C'est vrai que nos quartiers d'habitat social
sont les quartiers où les habitants sont les plus touchés ;
c'est l'endroit où il y a deux fois plus de chômage qu'ailleurs.
Tous les chiffres sont multipliés par deux. Il y a des problèmes
de solvabilité, d'énergie, alimentaires... Des femmes seules, des
familles monoparentales, des difficultés
économiques. »
a) Alouette- Haut Livrac :
C'est un quartier de 1 700 habitants sur 30 hectares, dans un
environnement de maisons et de petits immeubles, à l'extérieur de
la rocade. La densité résidentielle y est forte par rapport
à la commune et à la CUB (140 hab/ha contre 30 et 50). Il compte
deux résidences d'habitat social de 350 logements, une
copropriété et des équipements : trois écoles,
un collège, une bibliothèque, une mairie annexe, un parc, un
espace social, des centres sportifs et un petit centre commercial. La
présence des moins de 15 ans est forte (23%), celle des plus de 60 ans
très faible (11%), les familles monoparentales sont
sur-représentées (près d'un tiers, soit le double de la
moyenne sur la CUB). Le taux de chômage est élevé (21%),
notamment chez les moins de 25 ans, et le chômage de longue durée
est important (62%). Le quartier a déjà fait l'objet
d'interventions urbaines lourdes de reconstruction- démolition et de
réhabilitation. Les cités de Macédo et des Ailes
Françaises sont concernées en priorité.
b) Châtaigneraie- Arago :
Le secteur forme un triangle calé entre la rocade et
une voie ferrée, à l'extrémité Nord- Ouest d'un
ensemble de résidences collectives. 3 100 habitants sont réunis
sur 30 hectares et la densité résidentielle est
élevée : 190 hab/ha. Le quartier est de composition
homogène, avec de longues barres de quatre à neuf étages
et une tour de quinze étages, complétée par des
équipements : un centre social, deux groupes scolaires et un
collège, un centre de loisirs, une médiathèque, un parc et
un château, un bureau de poste, un centre commercial. La
différence d'aspect est marquée entre la résidence Arago,
dégradée et enclavée, et celle de la Châtaigneraie,
en grande partie réhabilitée. Le profil de la population est
hétérogène. La présence de familles monoparentales
est importante (26%), celle d'habitants nés étrangers notable
(10%, soit près du double de la moyenne sur la CUB). Le niveau de
qualification est faible (37% sont sans diplôme), le taux de
chômage élevé (22%) surtout pour les jeunes et les femmes,
mais plutôt de courte durée.
c) Saige :
Le troisième quartier sensible de Pessac est
localisé dans un secteur de résidences collectives entre la
rocade et les tissus de maisons et de petits immeubles jouxtant le campus
universitaire. A terme, le tramway longera le quartier au Nord. Les immeubles y
sont de formes variées : huit tours, six barres formant des motifs
orthogonaux et trois bâtiments triangulaires. La population est de 4 300
habitants, sur 50 hectares, et la densité résidentielle
s'élève à 200 hab/ha (quatre fois plus que sur la CUB).
Les habitants sont jeunes en moyenne, les plus de 60 ans sont
sous-représentés (10%). La proportion de familles monoparentales
est très forte (30%) et celle des étrangers forte (13%). Le taux
de chômage est élevé (26%), important chez les jeunes de
moins de 25 ans et les femmes, avec une forte part de chômeurs de longue
durée (60%). Les principaux équipements sont : une
plate-forme de services publics, un espace social, une maison du droit et de la
médiation, une maison municipale, un pôle sportif, une
crèche, un centre commercial rénové. Malgré des
améliorations importantes et le développement d'actions sociales
et de services publics, le quartier conserve une image plutôt
négative, et des problèmes de sécurité et de
délinquance se posent périodiquement.
d) Projets de rénovation :
Des actions d'envergure ont déjà
été menées dans ces quartiers. Le contrat de ville
2000-2006 vise à poursuivre et intensifier cette politique partenariale,
afin d'enrayer durablement les processus d'exclusion et de discrimination
sociale et territoriale. La requalification urbaine vise une intégration
complète des quartiers dans la ville : l'implantation à
Saige d'une station de tramway doit y contribuer, comme la présence
d'équipements majeurs pour le quartier Châtaigneraie-Arago. A
l'extérieur de la rocade, le quartier Haut Livrac doit s'intégrer
à la nouvelle polarité urbaine Ouest de la ville. Le PLH doit
garantir durablement la production d'un habitat homogène et
équilibré sur la commune, au service de la mixité sociale.
Il recommande en particulier : la maîtrise du développement
urbain ; le maintien du parc de logements locatifs à au moins 20%
de résidences principales produites ; une offre en logements
permettant un renouvellement démographique (déficit de jeunes
adultes à compenser et accueil des étudiants).
2. Coordination du travail social :
Lorsqu'on lui demande qui intervient principalement dans la
lutte contre la pauvreté dans les quartiers, M. Lemière
cite : les services Solidarité- insertion du Conseil
Général de la Gironde ; le CCAS ; les associations
caritatives telles que le Secours Populaire, la Croix Rouge, les Restaus
du Coeur et ATD Quart Monde. Douze alliés du Mouvement ATD Quart Monde
sont présents à Mérignac. La commune compte quinze
associations dans le domaine social et trois centres sociaux. La Mission Locale
de Pessac accompagne aussi les recherche d'emploi. D'après le directeur
de la MOUS, le travail social sur Pessac regroupe : le
développement les services publics de proximité ; des
actions de prévention en matière de santé,
d'endettement, de logement ; des mesures pour favoriser
l'intégration, les activités de loisir, la réussite
scolaire. Il ajoute :
« Ca fait 15-20 ans qu'on prend des mesures. On
garde une très grande vigilance sociale pour que la situation ne se
dégrade pas. Le but est de soutenir les familles, c'est le fondement
même de l'action sociale de la politique de la ville. On travaille avec
tous les partenaires. »
Les techniciens de la MOUS ont trois objectifs : bien
connaître les situations, mobiliser les institutions, créer des
projets en matière de logement, d'équipement. Cependant ils
n'agissent « pas tous seuls » mais en
collaboration avec les assistantes sociales et les responsables d'antenne des
bailleurs HLM. La commune a une véritable tradition de travail en
partenariat avec les associations, « dans le respect des
prérogatives de chacun ». Il existe des instances de
concertation, notamment Pessac Social, en lien avec le CCAS et la MDSI, pour
« partager, échanger, se
concerter » :
« Les gens se connaissent et ont des habitudes
de travail ensemble. »
Parmi les thèmes abordés figurent le logement,
la distribution alimentaire, l'intervention sociale. Les réunions ont
lieu six fois par an, à quoi s'ajoutent des rencontres de projet et des
réunions de quartier. Les trois permanents de la MOUS y jouent un
rôle d'animation :
« C'est vraiment le rôle de la MOUS que
tout le monde agisse de façon concertée. »
Une autre question a été évoquée
lors de l'entretien, celle de la présence de communauté de Gens
du voyage à Pessac. Notre interlocuteur estime que la majorité
des Gens du voyage de la commune sont désormais
sédentarisés :
« Ils sont de plus en plus chassés... Il
y a tout un arsenal juridique, c'est pas sécurisant comme situation.
Donc maintenant ils s'installent dans les aires d'accueil. Le
schéma départemental avait prévu de construire plusieurs
aires de passage mais on se rend compte que les familles ont plutôt
besoin d'aires de sédentarisation. Elles peuvent s'y installer sur une
certaine durée, toujours en caravanes, et voyager à la belle
saison. »
Une aire d'accueil spécialisée a donc
été créée en 2002 à la Chaye, en cogestion
entre Pessac et Mérignac. Les familles arrivent en général
en automne (« l'aire est pleine en septembre »),
et y restent neuf mois. Un travailleur social accompagne les familles sur place
mais aucune véritable action spécifique n'est engagée. Il
réalise surtout un travail de sensibilisation aux questions de
l'hygiène et des dépenses d'eau. D'après la presse, deux
associations au moins concernent également ces publics :
l'Association des Gens du voyage (AGV), et l'association des Habitants de
logements éphémères ou mobiles (HALEM). D'autre part,
à propos de la scolarisation des enfants de moins de seize ans, M.
Lemière reste vague :
« C'est une communauté avec laquelle on
compose vous savez. Les garçons préfèrent souvent
travailler avec leur père. »
A la fin de l'entrevue, M. LEMIERE nous conseille de
rencontrer par la suite les responsables des trois centres sociaux de la ville,
ainsi que la directrice de la MDSI.
Ce portrait socio-démographique des quartiers les plus
pauvres de l'agglomération met en évidence des constantes quant
aux difficultés que rencontrent leurs habitants, qui les rapprochent du
profil des quartiers de Bordeaux. La valeur des indicateurs de pauvreté
économique, administrative ou d'existence y est en général
supérieure à celle que l'on mesure à l'échelle des
communes ou de la CUB. En dehors de la question du chômage ou des
tensions sociales, le logement fait partie des problématiques
prioritaires pour ces secteurs d'habitat social.
D'autre part, que ce soit à Lormont, Mérignac ou
Pessac, de très nombreux acteurs entrent en jeu dans la lutte contre la
pauvreté, l'exclusion sociale et la relégation dans les
quartiers. Certains dispositifs institutionnels ou associatifs y sont bien
implantés depuis plusieurs années, tandis que de nouvelles
initiatives apparaissent pour palier aux besoins émergents. Toutefois,
la mise en oeuvre de l'action sociale territoriale sur les trois communes est
assez contrastée. Si on peut parler d'un haut niveau de collaboration
entre ces acteurs du domaine social à Pessac et Mérignac, tel
n'est pas le cas à Lormont où la coordination entre les
bénévoles et les services sociaux semble plus
problématique. La politique de la ville doit donc en permanence adapter
ses objectifs aux situations variées rencontrées sur les
différents territoires. L'outil principal de cette politique demeure la
rénovation urbaine, programmée sur un moyen terme.
Conclusion
« Nos sociétés riches et
sophistiquées sont brutalement renvoyées à leur
échec le plus cruel : la pauvreté, l'exclusion, la
détresse matérielle dans laquelle se trouvent des hommes et des
femmes qui campent dans le voisinage des temples de la consommation et que rien
souvent ne prédestine à un pareil sort. C'est alors seulement que
la misère sort vraiment des tableaux statistiques pour se poser dans la
rue, sous nos fenêtres et sous nos regards honteux. »
Franck DE BONDT
Cette démarche d'état des lieux de la grande
pauvreté dans l'agglomération bordelaise a finalement
été menée du début du mois de février
à la fin du mois de juin 2006, les principales conclusions
rédigées jusqu'en septembre, et le rapport final rendu
début octobre, conformément aux délais impartis. Elle
s'est déroulée en collaboration entre les différents
volontaires d'une part, avec la contribution de membres du Mouvement ATD Quart
Monde et de responsables institutionnels d'autre part.
D'un point de vue méthodologique, on peut
évoquer les problèmes rencontrés pour mener à bien
l'ensemble de l'étude. Le premier écueil était le peu de
retour face à nos demandes d'entretiens ou d'accès à des
données statistiques. Il faut souligner le manque d'indicateurs de
pauvreté disponibles au niveau local (infra-départemental) pour
ce genre de travail. Ensuite s'est posée la difficulté d'allier
les préconisations du Mouvement en matière d'enquête
sociale avec les conditions réelles de cette étude. En effet pour
réaliser un véritable croisement des savoirs il aurait fallu
obtenir la participation d'un plus grand nombre de personnes, notamment des
alliés. La rencontre d'autres associations oeuvrant sur le territoire
aurait également permis d'enrichir notre connaissance du contexte
bordelais. Toutefois, cette recherche menée sur un court délai
représente une introduction utile pour une future enquête de
terrain beaucoup plus conséquente et approfondie.
Compte-tenu de ces limites, nous sommes parvenus à
faire une présentation de la situation sociale contrastée des
communes de l'agglomération, sur la base d'un traitement secondaire de
données. Il ressort de l'analyse que l'agglomération bordelaise
présente une grande disparité interne, que ce soit par rapport
à des indicateurs de pauvreté monétaire, d'existence ou
administrative. On peut conclure que la pauvreté est avant tout urbaine,
bien que localisée dans différentes communes de
l'agglomération, et qu'elle progresse de manière concentrique par
rapport à Bordeaux. Certains secteurs répartis de part et d'autre
de la Garonne concentrent un maximum de difficultés sociales, en
priorité des quartiers de Bordeaux, des Hauts de Garonne, et des
communes de la première périphérie de Bordeaux
situées à l'Ouest, en bordure de rocade. Le cumul des handicaps
sociaux tend à un renforcement de la disqualification sociale de ces
zones, qui font pourtant l'objet de nombreuses politiques de rénovation
urbaine ou de développement local.
Nous avons ensuite réalisé une approche de la
mise en oeuvre de l'action sociale territoriale dans les secteurs
étudiés. Le constat qui s'impose à l'issue de cette
recherche est la multiplication des réponses institutionnelles ou
associatives aux situations de pauvreté ou d'exclusion sociale. Ce fait
soulève plusieurs questions. Tout d'abord celle de
l'accessibilité de ces dispositifs aux personnes les plus
démunies, ne serait-ce que du fait de leur grand nombre et de leur
complexité.94(*)
Ensuite celle du degré de coopération entre les divers acteurs du
domaine social. Des initiatives se développent pour favoriser leur
meilleure coordination, cependant le sentiment global demeure celui d'un
certain éclatement des acteurs, des pratiques et des connaissances,
pouvant nuire à l'efficacité des mesures mises en place. Par la
suite il serait intéressant de poursuivre une analyse comparative des
points de vue des différents individus concernés par la lutte
contre la pauvreté, qu'ils soient bénéficiaires ou
accompagnants, afin de mieux cerner la façon dont ils évoquent
leur vécu, leurs représentations, leurs attentes respectives, les
contraintes qu'ils subissent par rapport à la relation d'aide. Ceci
pourrait permettre de cerner d'éventuels décalages, voire de
favoriser un certain rapprochement entre les personnes par une meilleure
connaissance réciproque.
En guise de conclusion générale pour ce travail,
on peut évoquer le bilan de l'état des lieux dressé en
commun avec l'équipe des volontaires :
« Les partenaires institutionnels (CCAS de
Lormont, PLAje, Mission Locale, MOUS de Pessac) nous ont apporté un
regard plus global sur les situations d'exclusion. Les administrateurs sociaux
ont conscience de la multiplication des stratégies publiques ainsi que
de leur charge notable. Même si de nombreux programmes sont mis en place
pour aider les résidents, le contact humain reste un souci. L'un de ces
interlocuteurs nous rappelle :
« On n'a pas les outils pour aller à la
rencontre des plus exclus. Ils restent chez eux, ils n'ont pas l'info. Et
même s'ils font la démarche, ils arrivent à l'accueil, dans
un groupe où c'est dur de parler et en général ils
repartent ».
Cela a été un moyen d'approfondir une
démarche constructive et relationnelle envers ces associés qui
participent à une meilleure résorption de l'échec
d'insertion sociale d'une certaine catégorie de citoyens. Mais aussi
d'être aiguillé vers d'autres acteurs ou organismes : Centre
d'Accueil, d'Information et d'Orientation (CAIO), Groupement de Recherche et
d'Intervention sur les Conduites Addictives (GRICA), coordination des
correspondants de quartier ; Développement Social Urbain (DSU),
Maisons Départementales de la Solidarité et de l'Insertion
(MDSI).
Les associations de terrain ont permis de comparer
l'écart entre ce qui se vit directement au quotidien et les
statistiques. Leur perception des situations n'est pas négligeable car
c'est un point de vue conforme à la réalité et utile pour
l'investissement futur de proximité avec les plus pauvres. Les
différentes actions hebdomadaires menées par le Mouvement
à Bordeaux (Bibliothèque de Rue, Tapori, Groupe de Dialogue
Citoyen, accompagnements et suivi de familles...) vont dans ce
sens : cheminer avec ces collaborateurs proches des gens pour
s'enquérir des situations dramatiques afin de mieux les combattre.
Cette étude a permis d'accroître notre vision des
lieux de la pauvreté sur l'agglomération, d'établir des
ponts avec les acteurs locaux et de ressentir ce qui se vit sur Bordeaux et sa
communauté urbaine. L'éclatement géographique global des
personnes en état de grande pauvreté nous laisse à penser
que ce combat contre la misère doit s'accomplir conjointement avec
l'ensemble de la population. »
Table des matières
Introduction...................................................................................................
......1
Première partie : DEMARCHE
D'ENQUETE...............................................................5
I. Construction de l'objet de
recherche...............................................................5
A. Définition des notions et
indicateurs................................................................5
1. Pauvreté, misère, exclusion
sociale........................................................5
2. Indicateurs de
pauvreté......................................................................6
a) Pauvreté
monétaire..........................................................................8
b) Pauvreté en conditions de
vie.............................................................8
c) Pauvreté
administrative.....................................................................9
B. Présentation du
territoire............................................................................10
1. La Communauté Urbaine de
Bordeaux..................................................11
a) Inscription
territoriale.....................................................................11
b) Le contrat de ville de Bordeaux
Métropole..........................................12
c) La rénovation
urbaine.....................................................................13
2. La ville de
Bordeaux.......................................................................14
a)
Présentation..................................................................................14
b) Le projet de cohésion
sociale............................................................15
c) Les projets
d'aménagements.............................................................16
II. Méthodologie
d'enquête............................................................................18
A. Démarche préconisée par ATD Quart
Monde....................................................18
1. Le croisement des
savoirs..................................................................18
2. La détection de
terrain.....................................................................19
B. Déroulement de l'état des lieux à
Bordeaux......................................................21
1. Les différents
étapes........................................................................21
2. Les outils de portrait
mobilisables........................................................22
Deuxième partie : REPARTITION SPATIALE DE
LA PAUVRETE.................................24
I. Situation sociale de
l'agglomération.......................................................24
A. Dimensions territoriales de la
pauvreté..................................................24
1. Localisation de la pauvreté
urbaine..........................................25
2. Cumul des handicaps
sociaux................................................26
B. Résultats d'enquêtes
statistiques.........................................................28
1. Pauvreté
monétaire.............................................................28
a) Niveau de
revenus...............................................................28
b) Dispersion des
revenus.........................................................29
c) Exonération
d'impôt............................................................30
2. Conditions de vie et pauvreté
administrative...............................31
a) Allocataires de minima
sociaux................................................31
b) Familles
monoparentales........................................................34
c) Allocataires
dépendants..........................................................35
d) Travailleurs
pauvres...............................................................37
II. Enquête sociale sur les
quartiers............................................................38
A. Quartiers prioritaires de la politique de la
ville.........................................38
1. Les quartiers prioritaires de
l'agglomération...............................38
2. Classification des quartiers
prioritaires......................................40
B. Comparaison avec le point de vue des membres du
Mouvement....................42
1. Contribution des
militants.....................................................43
2. Contribution des
alliés.........................................................44
Troisième partie : PORTRAIT DES ZONES LES
PLUS TOUCHEES...............................46
I. Trois quartiers de
Bordeaux.................................................................46
A. Bacalan-
Claveau...........................................................................49
1. Un ancien quartier ouvrier en
mutation.....................................49
2. Rénovation urbaine et projet de
ZAC.......................................50
B. Les
Aubiers.................................................................................51
1. Une banlieue
stigmatisée......................................................51
2. Projets
d'aménagements......................................................52
C. St Jean-Belcier-Carle
Vernet..............................................................53
1. Un quartier de gare
hétérogène...............................................53
2. Opérations de rénovation
urbaine............................................54
II. Trois communes de
l'agglomération.......................................................57
A.
Lormont......................................................................................59
1. Question urbaine et
sociale...................................................59
a)
Carriet................................................................................59
b)
Génicart..............................................................................60
c) Autres
sites...........................................................................60
d) Renouvellement
urbain...........................................................61
2. Action sociale
territoriale......................................................63
B.
Mérignac.....................................................................................64
1. Quartiers
défavorisés..........................................................64
a)
Beaudésert...........................................................................64
b)
Beutre..................................................................................64
c) Le
Burck..............................................................................65
d) Développement
territorial.......................................................65
2. Démocratie de proximité et action
sociale..................................66
C.
Pessac........................................................................................67
1. Trois quartiers en grande
difficulté..........................................67
a) Alouette-Haut
Livrac..............................................................67
b)
Châtaigneraie-Arago..............................................................68
c)
Saige...................................................................................68
d) Projets de
rénovation.............................................................68
2. Coordination du travail
social................................................69
Conclusion................................................................................................72
Table des
matières.......................................................................................75
Bibliographie et
références.............................................................................78
Bibliographie et références
· Ouvrages et articles académiques
95(*)
:
- ALIOUM Y., 2006, Les Services d'accueil de jour de
Bordeaux : vers une meilleure réponse aux besoins des personnes en
errance, Mémoire pour le concours d'Inspecteur de l'Action
sanitaire et sociale, Ecole Nationale de la Santé Publique ENSP de
Rennes
- Comité de pilotage du Contrat de ville de
l'agglomération bordelaise et A'URBA Agence d'Urbanisme Bordeaux
Métropole Aquitaine, 2003, Atlas de la politique de la
ville de l'agglomération bordelaise, Offset Services Bordeaux.
- CUILLER F. et SCHRANTZ M. (dir.), Atlas de la
métropole bordelaise, 2000, A'urba agence d'urbanisme de Bordeaux,
Mollat, INSEE
- DIACONAT de Bordeaux, Entraide protestante, 2006,
Orienter à Bordeaux : Répertoire des associations et
services spécialisés à l'usage des accueillants [en
ligne]
- GODIER P. et TAPIE G., 2004, Recomposer la ville.
Mutations bordelaises, L'Harmattan
- JACQUEMIN H., 2004, Les Représentations des
risques en espace urbain. L'exemple du quartier des Aubiers à
Bordeaux, Mémoire de Maîtrise de Géographie
Université M. Montaigne Bordeaux 3
- JOIN-LAMBERT M-Th. (dir.), 1994, Politiques
sociales, coéd. Dalloz/Presses de la Fondation nationale des
Sciences politiques, Coll. Amphithéâtre
- POUCHADON M.-L., VERETOUT A., ZAFFRAN J., 2005, Les
Modes d'organisation des communes en matière de politique d'action
sociale facultative : l'exemple des villes de Pessac et de La
Rochelle, Rapport final Juillet 2005, Institut Régional du Travail
Social Aquitaine (IRTSA) et Laboratoire d'Analyse des Problèmes Sociaux
et de l'Action Collective (LAPSAC)
Ouvrages de méthode
sociologique :
- BEAUD S. et WEBER F., 1998, Guide de l'enquête de
terrain, La Découverte
- BLANCHET A. et GOTMAN A., 1992, L'Enquête et ses
méthodes : l'entretien, Nathan
- COENEN-HUTHER J., 1995, Observation participante et
théorie sociologique, L'Harmattan
- VAN CAMPENHOUDT, 1995, Manuel de recherche en sciences
sociales, Dunod
· Rapports officiels :
- GILLES M.-O. et LEGROS M., 1995,
Politiques Sociales : l'épreuve de la
pauvreté, Enquête réalisée par
le CREDOC, Rapport au Conseil Economique et Social, la Documentation
française [en ligne]
- WRESINSKI J. (dir.), 1987, Grande pauvreté et
précarité économique et sociale, Rapport au Conseil
Economique et Social, 10 et 11 février 1987, La Documentation
française [en ligne]
- Rapports de l'Observatoire National de la Pauvreté et
de l'Exclusion Sociale (ONPES), 2000, 2002, 2004 et 2006, La Documentation
française [en ligne]
· Publications et revues :
- JACQUEMIN H., 2005, « Les risques en quartier
«sensible»: des mythes médiatiques aux réalités
quotidiennes. L'exemple des Aubiers à Bordeaux », in
Mappemonde n°77, janvier 2005 [en ligne]
- Publication du Conseil
Général de la Gironde : Embellir la vie, pour toute la
vie, Dossier Insertion : « 15 ans de RMI en Gironde :
état des lieux », 2003 [en ligne]
- Publications de la Direction Interministérielle
à la Ville (DIV) : Lettre de la DIV : n°
89 de janvier-février 2004 à n°109 de février-mars
2006 [en ligne]
- Publication de la Direction de la Recherche, de
l'Evaluation, des Etudes et des Statistiques (DRESS) : « Les
allocataires des minima sociaux en 2000 », décembre 2001,
Etudes et résultats n°148 [en ligne]
- Publication de la Direction Régionale des Affaires
Sanitaires et Sociales (DRASS) : « Les principaux minima sociaux en
Aquitaine : situation fin décembre 2000 »,
Infostat n°76, février 2003 ; « Les enfants
et les adolescents en difficulté au 31 décembre 1997 »,
Infostat n°70, mai 1999 [en ligne]
- Publications de l'Institut National de la Statistique et des
Etudes Economiques (INSEE) : Atlas de l'agglomération
bordelaise, chapitre « Revenu, social », INSEE
Aquitaine[en ligne]
- Revue Alternatives économiques :
« Le seuil de pauvreté », n°155, janvier
1998 ; « Les indicateurs de mesure de la
pauvreté », n° 159, mai 1998avril 05
- Revue Bordeaux Magazine : « Bordeaux
Cohésion sociale, ensemble pour agir », n°337, janvier
2006 [en ligne]
- Revue IGN Magazine : « La
Communauté Urbaine de Bordeaux. Bordeaux ville
pionnière », n°28, mars-avril 2005 [en ligne]
· ATD Quart Monde :
- « Comment faire pour savoir où sont les
plus pauvres, là où on est ? Détection des personnes
en situation de non droit. Recherche des plus pauvres et de ceux qui les
soutiennent. » Document interne du Mouvement ATD Quart Monde
- « Atteindre les plus pauvres », ATD
Quart Monde - UNICEF, 1996.
· Rencontres et entretiens :
- avec Mme B. PECHEUX, militante d'ATQ Quart
Monde, résidante du quartier Beaudésert à Mérignac,
le 23/03/2006
- avec M. A. COQBLIN, directeur adjoint du Centre Communal
d'Action Sociale (CCAS) de Lormont, le 20/04/2006
- avec M. F. FAURE, conseiller à la Mission Locale
Bordeaux Avenir Jeunes, le 17/05/2006
- avec Mlle M. NACLERIO, présidente du Programme
Local d'Action auprès des Jeunes (PLAJe), le 10/05/06
- avec M. Th. LEMIERE, Chef de projet de la Maîtrise
d'oeuvre Urbaine et Sociale (MOUS) de Pessac, le 18/05/2006
· Conférences et
forums :
- DUBET F., conférence du 01/02/2006 :
« Les précaires qualifiés », à
l'Université V. Segalen Bordeaux 2, à propos de l'ouvrage de
SALLENAVE, RUISTI et RUMEAU, 2006, La précarité n'est pas
encore ce qu'elle était... Les rois mages qualifiés de la
mondialisation, Bastingage
- Forum AGORA, architecture et urbanisme, les 3, 4 et 5 mars
2006 à Bordeaux. Présentation des projets de
réhabilitation et d'aménagement de Bordeaux Lac et Bordeaux Rive
droite.
Voir aussi « Une bibliographie pour
approfondir », en annexe de l'état des lieux.
·
Alternatives Economiques
|
http://www.alternatives-economiques.fr/
|
Annuaire des acteurs de la lutte contre l'exclusion
|
http://aalce.social.gouv.fr/
|
Aide à Toute Détresse (ATD) Quart Monde
|
http://www.atd-quartmonde.org/
http://www.atd-quartmonde.asso.fr/
|
ATD Quart Monde à Bordeaux
|
bordeaux@atd-quartmonde.org
|
Caisses d'Allocations Familiales (CAF) de Gironde
|
http://www.gironde.caf.fr/
|
Centre Régional de Documentation Pédagogique
(CRDP)
|
http://www.crdp-montpellier.fr/
|
http://www.crdp-montpellier.fr/ressources/dda/exclusion/
|
Communauté Urbaine de Bordeaux (CUB)
|
http://www.lacub.com/
|
http://www.bordeaux-metropole.com/
|
Conseil Général de Gironde
|
http://www.cg33.fr/
|
Diaconat de Bordeaux, Entraide protestante
|
http://diaconat.bordeaux.free.fr/
|
Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales
DRASS/ DDASS Gironde
|
http://aquitaine.sante.gouv.fr/
|
Documentation française
|
http://www.ladocumentationfrancaise.fr
|
Institut Géographique National (IGN)
|
http://www.ign.fr/
|
Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
(INSEE)
Rubrique : Portail Collectivités Locales
Problématiques : Population, politiques sociales et
aménagement urbain, logement
Index:Pauvreté-précarité
|
http://www.insee.fr/
|
http://www.insee.fr/fr/insee_regions/aquitaine/
|
Direction Interministérielle à la Ville (DIV)
|
http://www.ville.gouv.fr/
|
http://www.i.ville.gouv.fr/
|
Les Echos
|
http://www.lesechos.fr/regions/atlas/villes/
|
Lien Social
|
http://www.lien-social.com/
|
Ministère de l'Emploi, de la Cohésion Sociale et du
Logement
|
http://www.travail.gouv.fr/
|
Ministère des Solidarités, de la Santé et de
la Famille
|
http://www.sante.gouv.fr/
|
Portail gouvernemental sur le Plan de Cohésion
Sociale
|
http://www.cohesionsociale.gouv.fr/
|
Pays et quartiers d'Aquitaine (PQA)
|
http://www.aquitaine-pqa.fr/
|
Ville de Bordeaux
|
http://www.bordeaux.fr/
|
Ville de Lormont
|
http://www.ville-lormont.fr/
|
Ville de Mérignac
|
http://www.ville-merignac33.fr/
|
Ville de Pessac
|
http://www.mairie-pessac.fr/
|
Ressources Internet et contacts :
* 1 ATD Quart Monde - UNICEF, 1996,
Atteindre les plus pauvres.
* 2 Extrait du Power Point de
présentation du Mouvement à Bordeaux élaboré par un
volontaire en 2006.
* 3 WRESINSKI J. (dir.), 1987,
Grande pauvreté et précarité économique et
sociale, Rapport au Conseil Economique et Social, 10 et 11 février
1987, La Documentation française [en ligne].
* 4 D'après ALIOUM Y., 2006,
Les Services d'accueil de jour de Bordeaux : vers une meilleure
réponse aux besoins des personnes en errance, Mémoire pour
le concours d'Inspecteur de l'Action Sanitaire et Sociale, ENSP de
Rennes.
* 5 GILLES M-O. et LEGROS M., 1995,
Politiques Sociales : l'épreuve de la pauvreté,
Enquête réalisée par le CREDOC, Rapport au Conseil
Economique et Social, la Documentation française [en ligne].
* 6 Ibid.
* 7 JOIN-LAMBERT M-Th. (dir.),
1994, Politiques sociales, coéd. Dalloz/ Presses de la
Fondation nationale des Sciences politiques, Coll.
Amphithéâtre.
* 8 Logement salubre, conditions de
vie décentes ; santé et soins, protection sociale,
bénéfice d'avantages sociaux ; éducation,
scolarisation, formation professionnelle ; emploi, ressources
économiques, biens et services publics ou commercialisés ;
ressources culturelles et informationnelles, moyens de communication,
médias ; équipements publics, transports, libre
circulation ; participation à la vie sociale, culturelle,
associative et sportive ; participation politique, libre exercice de la
citoyenneté ; accès au droit et à la justice.
* 9 L'Institut National de la
Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) se fonde en partie sur les
mêmes indicateurs de mesure. Il s'appuie également sur une
approche subjective de la pauvreté : est pauvre celui qui
déclare que son revenu ne lui permet pas d'atteindre ce qu'il estime
être le revenu minimal nécessaire. Cf. « Le seuil de
pauvreté », Alternatives économiques
n°155, janvier 1998 et « Les indicateurs de mesure de la
pauvreté », Alternatives économiques n°
159, mai 1998.
* 10 Données issues de la
fiche « Mesures et évolution de la pauvreté »
en annexe du rapport 2006 de l'ONPES.
* 11 Données
issues de la fiche « Mesures et évolution de la
pauvreté » en annexe du rapport 2006 de l'ONPES.
* 12 Minima sociaux =
désigne des dispositifs légaux garantissant un minimum de revenu
au travers d'allocations à des personnes ne pouvant tirer des revenu
suffisants de leur activité.
* 13 Données issues de la
fiche « Mesures et évolution de la pauvreté »
en annexe du rapport 2006 de l'ONPES.
* 14 Il faut y ajouter la commune
de Ste Eulalie qui n'appartient pas à la CUB.
* 15 Cf. Présentation de la
CUB et de Bordeaux en annexe.
* 16 Chiffres de l'INSEE,
Recensement général de la population,1999 [en ligne].
* 17 Chiffres du taux de
chômage extraits de l'article de P. MATEO, « Bordeaux,
l'attractivité de la ville », Les Echos, article du
15/11/2004.
* 18 D'après ALIOUM Y.,
2006, Les Services d'accueil de jour de Bordeaux : vers une meilleure
réponse aux besoins des personnes en errance, Mémoire pour
le concours d'Inspecteur de l'Action sanitaire et sociale, ENSP de
Rennes.
* 19 Cf. Site Internet de la
CUB.
* 20 La politique de la ville est
une politique de développement du territoire visant à lutter
contre les processus de ségrégation sociale et de
dévalorisation de certains territoires urbains : « La
politique de la ville, visant à insérer durablement dans la
ville des quartiers en difficulté, traite avant tout les facteurs
à l'origine de l'exclusion urbaine et sociale dont souffrent ces
quartiers. Elle veut mettre en oeuvre, dans le cadre d'un projet global de
territoire, un véritable développement économique, social
et urbain de ces quartiers défavorisés, pour améliorer les
conditions de vie quotidienne de ses habitants. Elle mobilise et coordonne des
moyens d'action sur ces territoires. Les grands enjeux sont la promotion de la
mixité sociale, en luttant contre toutes les formes d'exclusion et de
discrimination. » in : Comité de pilotage du
contrat de ville de l'agglomération bordelaise et A'URBA Agence
d'Urbanisme de Bordeaux Métropole Aquitaine, 2003, Atlas de la
politique de la ville de l'agglomération bordelaise, Offset
Services Bordeaux.
* 21 La convention-cadre 2000-2006
a été signée le 15 janvier 2001 par l'Etat, la CUB, les
communes de Bordeaux, Mérignac, Pessac, Talence, Bègles, Cenon,
Lormont, Floirac, Bassens, le Bouscat, Villenave d'Ornon, Sainte Eulalie,
Eysines, le Fonds d'action et de soutien pour l'intégration et la lutte
contre les discriminations (FASILD), la CAF, le Conseil Général
de la Gironde, le Conseil Régional d'Aquitaine, la
Confédération départementale des offices HLM et la Caisse
des Dépôts et Consignations (CDC).
* 22 Cf. Site Internet de la CUB.
* 23 Cf. site Internet de Pays et
Quartiers d'Aquitaine (PQA).
* 24 « De nouvelles
orientations pour la politique de la ville », Lettre de la
DIV n°109, février-mars 2006.
* 25 En France la
rénovation urbaine été initiée par le Ministre de
l'Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, en
vue notamment de favoriser la mixité sociale dans ce qu'on appelle les
grands ensembles ou les banlieues.
* 26 La loi Solidarité
Renouvellement Urbain (SRU) de 2000 impose aux communes de plus de 3500
habitants une dotation en logements sociaux qui soit supérieure à
20% du nombre total de logements, sachant que les pénalités sont
de l'ordre de 150 € par logement manquant.
* 27 Article paru dans le
quotidien Sud Ouest du 26/12/2005.
* 28 Article paru dans le
quotidien Sud Ouest du 22/11/2005.
* 29 Ibid.
* 30 P.
MATEO, « Bordeaux, l'attractivité de la
ville », Les Echos, article du 15/11/2004. Voir aussi
« La Communauté Urbaine de Bordeaux. Bordeaux ville
pionnière », Revue IGN Magazine n°28,
mars-avril 2005 [en ligne].
* 31 GODIER P. et TAPIE G., 2004,
Recomposer la ville. Mutations bordelaises, L'Harmattan.
* 32 Chiffre du taux de
chômage extraits de l'article « Bordeaux,
l'attractivité de la ville », Les Echos, article du
15/11/2004.
* 33 Cf. Document
« 1999-2005 : Le chemin parcouru », sur le site
Internet de la mairie de Bordeaux.
* 34 Cf. « Le projet de
cohésion sociale. Un nouveau pacte de fraternité » dans
la rubrique Social du site Internet de la mairie de Bordeaux, et
« Bordeaux Cohésion sociale, ensemble pour agir »,
Bordeaux Magazine n°337, janvier 2006.
* 35 Cf. « Le projet de
cohésion sociale. Un nouveau pacte de fraternité » dans
la rubrique Social du site de la mairie de Bordeaux.
* 36 Ibid.
* 37 Article paru dans le
quotidien Sud Ouest du 26/12/2005.
* 38 Ibid.
* 39 Cf. Carte en annexe.
* 40 « Nouveaux
quartiers : les ZAC » sur le site Internet de la Mairie de
Bordeaux.
* 41 Il dispose
notamment d'un Institut de Recherche et de Formation aux Relations Humaines
(IRFRH), à Pierrelaye en banlieue parisienne.
* 42 Cf. Rapport de l'ONPES 2006
chap. III : « Territoires et pauvreté. Les figures locales de
la pauvreté ».
* 43 Cf. Rapport de l'ONPES 2006
chap. III : « Territoires et pauvreté. Les figures locales de
la pauvreté ».
* 44 ATD Quart Monde - UNICEF,
1996, Atteindre les plus pauvres.
* 45 « Comment faire
pour savoir où sont les plus pauvres, là où on est ?
Détection des personnes en situation de non droit, recherche des plus
pauvres et de ceux qui les soutiennent. » Document interne du
Mouvement ATD Quart Monde (extraits).
* 46 Cf. Rapport 2006 de l'ONPES,
chap. III : « Territoires et pauvreté. Les figures locales de
la pauvreté ».
* 47 Sauf à Paris et Lyon,
dont les banlieues sont plus pauvres.
* 48 Cf. Rapport 2006 de l'ONPES,
chap. III : « Territoires et pauvreté. Les figures locales de
la pauvreté ».
* 49 DONZELOT J. (éd.),
2003, Faire société : la politique de la ville aux
Etats-Unis et en France, Seuil.
* 50 Comité de
pilotage du contrat de ville de l'agglomération bordelaise et A'URBA
Agence d'Urbanisme de Bordeaux Métropole Aquitaine, 2003, Atlas de
la politique de la ville de l'agglomération bordelaise, Offset
Services Bordeaux.
* 51 INSEE Aquitaine, 2003,
Atlas de l'agglomération bordelaise, chapitre « Revenu-
social » [en ligne].
* 52 « Les principaux
minima sociaux en Aquitaine : situation fin décembre
2000 », Infostat n°76, février 2003 [en ligne].
* 53 Base de données mise
à disposition des DDASS et DRASS, destinée à accompagner
le suivi des politiques sociales. Elle regroupe des données fournies par
divers acteurs du domaine social : Ministère de l'Emploi et de la
Solidarité, de l'Equipement, de l'Education Nationale, CAF, UNEDIC,
INSEE, MSA, etc.
* 54 Pour comparer les revenus des
ménages, le revenu est exprimé par unité de consommation
(uc) et devient ainsi un revenu par équivalent adulte. Le premier adulte
du ménage compte pour 1 uc, chaque personne de 14 ans ou plus pour 0,5
uc et les enfants de moins de 14 pour 0,3.
* 55 D'après INSEE
Aquitaine, 2003, Atlas de l'agglomération bordelaise, chapitre
« Revenu- social » [en ligne].
* 56 D'après INSEE
Aquitaine, 2003, Atlas de l'agglomération bordelaise, chapitre
« Revenu- social » [en ligne].
* 57 Ibid.
* 58 Zone d'emploi =
découpage géographique créé par l'INSEE :
espace dans lequel une majorité d'actifs résident et
travaillent.
* 59 D'après
« Les principaux minima sociaux en Aquitaine : situation fin
décembre 2000 », Infostat n°76, février
2003 [en ligne].
* 60 D'après
« Les principaux minima sociaux en Aquitaine : situation fin
décembre 2000 », Infostat n°76, février
2003 [en ligne].
* 61 Ibid.
* 62 Ibid.
* 63 D'après INSEE
Aquitaine, 2003, Atlas de l'agglomération bordelaise, chapitre
« Revenu- social » [en ligne].
Champ : RMI versé par la CAF hors RMI versé par la
MSA.
* 64 Dossier Insertion
Gironde : « 15 ans de RMI en Gironde, état des
lieux », in Embellir la vie pour toute la vie, publication
du Conseil Général de Gironde 2003 [en ligne].
* 65 Dossier Insertion
Gironde : « 15 ans de RMI en Gironde, état des
lieux », in Embellir la vie pour toute la vie, publication
du Conseil Général de Gironde 2003 [en ligne].
* 66 D'après INSEE
Aquitaine, 2003, Atlas de l'agglomération bordelaise, chapitre
« Revenu- social » [en ligne].
* 67 D'après INSEE
Aquitaine, 2003, Atlas de l'agglomération bordelaise, chapitre
« Revenu- social » [en ligne].
* 68 D'après INSEE
Aquitaine, 2003, Atlas de l'agglomération bordelaise, chapitre
« Revenu- social » [en ligne]. Hors étudiants,
personnes de 65 ans ou plus et allocataires ne déclarant pas leurs
ressources à la CAF.
* 69 D'après INSEE
Aquitaine, 2003, Atlas de l'agglomération bordelaise, chapitre
« Revenu- social » [en ligne].
* 70 Comité de
pilotage du contrat de ville de l'agglomération bordelaise et A'URBA
Agence d'Urbanisme de Bordeaux Métropole Aquitaine, 2003, Atlas de
la politique de la ville de l'agglomération bordelaise, Offset
Services Bordeaux.
* 71 Atlas des Zones Urbaines
Sensibles, Décret n°96-1156 du 26/12/1996
[i.ville.gouv.fr].
* 72 « Les quartiers
prioritaires de la politique de la ville », INSEE Aquitaine
n° 103, février 2002.
* 73 Ibid.
* 74
« Inégalités sociale des quartiers
prioritaires », INSEE Aquitaine n° 145, août
2005.
* 75 Cf. Classification INSEE
des quartiers prioritaires de la politique de la ville et Tableau
récapitulatif en annexe.
* 76 Extraits d'une revue de
presse locale et de : Comité de pilotage du contrat de ville de
l'agglomération bordelaise et A'URBA Agence d'Urbanisme de Bordeaux
Métropole Aquitaine, 2003, Atlas de la politique de la ville de
l'agglomération bordelaise, Offset Services
Bordeaux.
* 77 Cf. cartes et photos des
quartiers en annexe.
* 78 Le public spécifique
est celui des 18-25 ans, en résidence stable, sans enfants à
charge et non étudiants.
* 79 Article paru dans le
quotidien Sud Ouest du 29/11/2005.
* 80 Cf. Présentation de
Bordeaux en annexe.
* 81 Article paru dans le
quotidien Sud Ouest du 26/10/2005.
* 82 D'après
« Nouveaux quartiers : les ZAC » sur le site Internet
de la Mairie de Bordeaux.
* 83 Article paru dans le
quotidien Sud Ouest du 26/10/2005.
* 84 Cf. JACQUEMIN H., 2005,
« Les risques en quartier «sensible»: des mythes
médiatiques aux réalités quotidiennes. L'exemple des
Aubiers à Bordeaux », in Mappemonde n°77, janvier 2005
[en ligne].
* 85 Article paru dans le journal
l'Humanité du 31/01/2004.
* 86 Patrice DELETTREZ,
cité dans l'article paru dans le journal l'Humanité du
31/01/2004. .
* 87 D'après
« Nouveaux quartiers : les ZAC » sur le site Internet
de la Mairie de Bordeaux.
* 88 Article paru dans le
quotidien Sud Ouest du 22/03/2006.
* 89 Cf. Tableau statistique
comparatif en annexe.
* 90 PLH = Programme Local
d'Habitat.
* 91 Article paru dans le
quotidien Sud Ouest du 22/11/2005.
* 92 Pénalité de 150
€ par logement manquant par rapport au seuil de 20% de logements sociaux
imposé par la loi SRU depuis 2000, pour les communes de plus de 3 500
habitants.
* 93 Article paru dans le
quotidien Sud Ouest du 09/11/2005.
* 94 Il suffit de penser à
la prolifération des sigles et des formules qui rendent le
système relativement opaque pour les non-initiés ou encore
au cadre juridique et aux conditions très strictes de l'aide
sociale...
* 95 Lorsqu'elle n'est pas
précisée, la ville d'édition est Paris.
|