2. LA QUESTION DE LA PAUVRETE EN HAITI
En dépit des réformes économiques, bien
que nécessaires, menées depuis le début des années
quatre- vingt, la pauvreté demeure un problème de taille
en Haïti. « Ce qu'on a cru être une situation
exceptionnelle avec le duvaliérisme apparaît aujourd'hui un
état général des choses »7. Sa
persistance
est liée à un ensemble de facteurs, d'abord
structurels, qui ont été par la suite renforcés
par des
événements conjoncturels couplés aux
conséquences des politiques appliquées sous couvert des
programmes d'ajustement structurel. Aujourd'hui la communauté
internationale ne continue-t-elle pas d'insister sur les entre
l'éradication de la pauvreté et les réformes
économiques à mettre en place.
a) Un phénomène actualisé
A l'instar de beaucoup de pays en développement, la
pauvreté est une caractéristique générale de la
société haïtienne avec des scores très
élevés. La grande majorité de la population vit non
seulement avec de très faible revenu - de l'ordre de 460 dollar
américain en 1999 - mais aussi dispose de peu de ressources, qui
même également reparties, suffiraient à peine
à couvrir de manière durable leurs besoins de base.
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Crises, réformes économiques et pauvreté
en Haïti
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La pauvreté en elle-même n'est pas un
phénomène nouveau en Haïti. Déja au
XIXème siècle, des penseurs haïtiens se sont
intéressés sur les problèmes de la misère et des
inégalités dans le pays.8 Ce sont ses manifestations
et son ampleur qui le sont. Elle est connue pour être d'abord un
phénomène rural qui résulterait de l'exploitation
historique des paysans producteurs, combinée aux effets des
politiques discriminatoires pratiquées à l'encontre du secteur
agricole, notamment ceux des réformes libérales. Fred Doura a
décrit comme suit la situation de ces producteurs : « La
paysannerie, principale
classe productrice, est imbriquée dans des
rapports non capitalistes qui ont freiné tout au long de
l'histoire nationale, tout développement des forces
productives de la société haïtienne. Cette
exploitation est soumise à une exploitation impitoyable, voisine
de l'esclavage. Elle vit dans une inconcevable misère et est
privée des besoins les plus essentiels. Ses plus
élémentaires droits fondamentaux ne sont pas les plus
souvent respectés. Elle est illettrée et
sous-alimentée au quotidien »9. Ainsi, l'Etat qui
s'est toujours comporté en ponctionnaire, n'a jamais su
définir des politiques décentes en leur faveur. Quand il
intervient, comme lors des réformes économiques, c'est à
leur détriment. « En Haïti, une politique absurde, veut que
l'on tire le maximum de la classe paysanne productrice en lui fournissant le
moins possible de biens et de service.»10
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