CONCLUSION
Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, a priori,
l'intérêt et l'importance des questions environnementales
demeurent modestes dans la presse écrite montréalaise
malgré le fait qu'elles constituent une préoccupation majeure
pour les québécois. En témoigne, par exemple, la quasi
absence de l'environnement dans les grands enjeux débattus au cours de
la campagne pour les élections fédérales de 2004. La
couverture médiatique des sujets environnementaux est encore empirique
car elle n'intervient que de façon évènementielle et
irrégulière. Et les thèmes souvent traités ont
rapport avec la nature (conservation et biodiversité), le
développement durable, les changements climatiques, l'énergie et
l'eau. Viennent ensuite les questions liées à l'air, aux
déchets, à l'agriculture et la biotechnologie. Dans la
catégorie des conventions dites de Rio, les problèmes de
désertification ne sont presque pas évoqués dans les
quotidiens montréalais. Autre constat de cette étude, le parti
pris des médias pour évoquer plus les problèmes que les
solutions.
Du côté de l'Afrique et plus
particulièrement du Bénin, la situation n'est guère
reluisante car l'information environnementale n'est pas souvent
médiatisée, ni très relayée dans les media de
proximité. Ce qui laisse de larges couches de la société
à l'écart d'une information qui devrait pourtant instruire toutes
ses actions en tant qu'acteur citoyen et usager.
Toutefois, nous tenons à préciser que les
résultats obtenus après notre étude sur les quotidiens
montréalais ne peuvent être comparés au constat que nous
avons dressé de la pratique du journalisme environnemental au
Bénin.
Mais qu'il s'agisse du Québec ou du Bénin, des
pistes de solutions susceptibles d'être exploitées existent (des
réformes institutionnelles à plus d'engagement professionnel en
passant par la nécessaire spécialisation des journalistes) pour
l'amélioration de la présence des sujets environnementaux dans la
presse quotidienne. Un «traitement durable» (aller au-delà de
l'intérêt cyclique et de la couverture empirique) des questions
environnementales est donc possible.
Finalement, nous retenons que cette étude n'offre qu'un
premier aperçu, une sorte de photographie instantanée de
l'intérêt et de l'importance, somme toute modestes, des questions
environnementales dans la presse francophone notamment montréalaise. Des
recherches plus soutenues, faisant appel à des analyses de contenu du
discours de presse, restent à effectuer pour évaluer
effectivement la contribution des mass média à la formation du
comportement soutenable et souhaitable chez le citoyen. Puis, il faudra
vérifier aussi notre soupçon quant à la corrélation
entre la couverture régulière des questions environnementales
(souvent critiques et gênantes pour l'establishment) et
l'indépendance des médias par rapport aux différents
pouvoirs.
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