Université Internationale de Langue
Française
au Service du Développement Africain
DÉPARTEMENT GESTION DE
L'ENVIRONNEMENT
Mémoire de fin d'Études Professionnelles
Approfondies
INTÉRÊT ET IMPORTANCE DES QUESTIONS
ENVIRONNEMENTALES DANS LA PRESSE FRANCOPHONE :
Éléments d'analyse à partir d'une
étude de cas des quotidiens montréalais La Presse, Le Devoir et
Le Journal de Montréal
Présenté par
Olga Henri H. Assogba
Directeur de stage : Professeur Jean
Pierre Réveret, UQÀM (Canada)
Membres du jury :
ü Professeur Michel A. Bouchard,
Université de Montréal, McGill University (Canada)
ü Professeur Michel Damian
(Président), Université Senghor d'Alexandrie (Égypte)
ü Professeur Guy Matejka, ENSIL,
Université de Limoges (France)
Alexandrie, Avril 2005
DÉDICACE
A ma première femme !
Véronique, ma
Mère.
Certes, tu ne pourras pas lire ces quelques lignes
Que je te dédie dans une langue qui t'est
étrangère.
Mais je tiens à les écrire.
Tu es analphabète,
Et tu ne t'en es jamais plainte.
Mieux, cela t'a motivé à trimer dur,
Et à te priver de bien de choses,
Pour que chacun de tes enfants,
Aille le plus loin possible dans ses études.
C'est pourquoi, je t'offre ce modeste travail,
Sans me soucier de ce que tu vas en faire.
Je le fais en guise de reconnaissance à toi
Et à toutes ces femmes africaines qui,
Aux côtés de leur mari,
Luttent et contribuent à forger l'Homme de
demain.
Avant-propos
Créée en octobre 1990 par le sommet des chefs
d'État de la francophonie réuni à Dakar,
l'université Senghor d'Alexandrie (Égypte) est un
établissement privé de troisième cycle. Cette
université internationale de langue française a pour objectif de
former des cadres de haut niveau et d'orienter leurs aptitudes vers l'action et
l'exercice des responsabilités dans certains domaines prioritaires du
développement africain. Les quatre départements de
l'université sont :
Ø Administration - Gestion ;
Ø Gestion de l'environnement ;
Ø Gestion des systèmes de santé et de
nutrition ;
Ø Gestion du patrimoine culturel.
Notre formation, qui a duré deux années
universitaires consécutives, s'est déroulée dans le
département gestion de l'environnement. Et dans le cursus de la
formation, il est prévu un stage de trois mois à la fin de la
première année faisant objet d'une expérience de terrain
pour laquelle l'auditeur produit un mémoire de stage soutenu en
deuxième année.
La présente recherche porte sur l'intérêt
et l'importance des questions environnementales dans la presse francophone avec
les quotidiens montréalais comme objets d'étude. Et pour mener
à bien cette étude, nous avons effectué, du O3 mai au 31
août 2004, un stage à l'Observatoire de l'Ecopolitique
Internationale (OEI). Centre d'information, de recherche et de formation sur
l'évolution, la mise en oeuvre et l'efficacité des accords
internationaux relatifs aux problèmes d'environnement à
l'échelle mondiale, l'OEI a été créé en 1998
au sein de l'Institut des Sciences de l'Environnement de l'Université du
Québec à Montréal (ISE/UQÀM). L'OEI est
également membre de l'Institut des relations internationales de
Montréal. Et comme le souligne l'un de ses pères fondateurs,
Philippe Le Prestre, l'OEI est une passerelle entre la communauté
scientifique, les décideurs et la société civile. Il vient
combler un vide au sein de la francophonie. La mission générale
de l'OEI est de renforcer les capacités des acteurs nationaux et
internationaux pour gérer les problèmes d'environnement à
l'échelle du globe en lien avec le développement durable. L'OEI
est responsable de la conception, de la rédaction et de la diffusion (en
versions papier et électronique) de Objectif Terre. Ce bulletin
du développement durable de l'espace francophone est une publication
de l'Institut de l'énergie et de l'environnement de la
Francophonie (IEPF), organe subsidiaire de l'Agence intergouvernementale de la
Francophonie (AIF). C'est d'ailleurs au sein de la rédaction de
Objectif Terre que nous avons évolué au cours de notre
stage.
Remerciements
Je rends grâce à l'Être suprême,
l'Enseignant de tous les temps, qui m'a guidé et soutenu tout au long de
cette formation et durant le processus qui a conduit à la
rédaction de ce mémoire.
Je suis aussi redevable, pour ce travail, de l'appui et de la
contribution de plusieurs personnes morales et physiques. Et qu'il me soit
permis d'exprimer ma profonde gratitude tout particulièrement :
ü Aux recteurs Fred Constant et Fernand Texier;
ü Aux directeurs du département gestion de
l'environnement : Rolando Marin et Michel Damian;
ü A mon encadreur Jean Pierre Réveret pour son
efficacité dans la discrétion. Il aurait bien voulu ne pas
être cité ici mais je le fais, quitte à m'attirer ses
«foudres»;
ü A Geneviève de Montgolfier, Secrétaire
générale de la rédaction de TV5 Monde;
ü Aux journalistes Louis Gilles Francoeur, Charles
Côté, Hervé kempf et Denis Delbecq, respectivement
chargés des questions environnementales dans les quotidiens Le
Devoir et La Presse (paraissant à Montréal),
puis Le Monde et Libération (paraissant à
Paris);
ü Aux amis Christian de Laet, Jocelyne Néron,
Sylvie Van Brabant et Félix Atencio qui m'ont été d'un
grand secours dans mes recherches à Montréal;
ü A mon père Joseph et à toute la famille
Assogba.
Deux ans, c'est à la fois peu et beaucoup. Deux ans de
sacrifices librement consentis. Deux ans de privations et deux ans
d'épreuves surmontées. Mais c'est aussi et surtout deux belles
années riches en enseignements sanctionnées par une plus value
sur le plan du savoir et de la connaissance. Oui, deux années de bonheur
et de vie commune dans une famille francophone unie dans sa diversité.
C'est vrai que j'aurai bien voulu utiliser un autre mot qu'un simple MERCI pour
exprimer ma reconnaissance à toute la neuvième promotion, au
corps professoral et au personnel de l'université. Mais l'extrême
pauvreté de mon vocabulaire m'en empêche et je vous prie donc de
m'en excuser. Merci (encore merci !) pour la compréhension.
Liste des sigles et
abréviations
ABE : Agence béninoise pour l'environnement
ACNOR : Association canadienne de normalisation
AFNOR : Association française de normalisation
BPC : Biphényles polychlorés
BQ : Bloc Québécois
CNUED : Conférence des nations unies sur
l'environnement et le développement
CRTC : Conseil de la radiodiffusion et des
télécommunications du Canada
DDT : Dichloro-diphény-Itrichloroéthane
ERE : Éducation relative à
l'environnement
ISE : Institut des sciences de l'environnement
MEHU : Ministère de l'environnement, de l'habitat et
de l'urbanisme
NPD : Nouveau parti démocratique
NTIC : Nouvelles technologies de l'information et de la
communication
OEI : Observatoire de l'écopolitique
internationale
OCDE : Organisation de coopération et de
développement économiques
OMPP : Observatoire sur les médias et la politique
publique
ONG : Organisation non gouvernementale
PACIPE : Programme d'assistance technique à la
communication et à l'information pour la protection de
l'environnement
PCC : Parti conservateur du Canada
PLC : Parti libéral du Canada
PV : Parti vert
IEPF : Institut de l'énergie et de l'environnement
de la Francophonie
RMR : Région métropolitaine de recensement
SMDD : Sommet mondial sur le développement durable
UQÀM : Université du Québec à
Montréal
UNESCO : Organisation des nations unies pour
l'éducation, la science et la culture
WWF: World wide fund for nature.
LISTE DES FIGURES,
GRAPHIQUES ET TABLEAUX
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Pages
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Figures et cartes
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Figure 1 : Le contenu de l'information : cueillette,
traitement et présentation (Presse écrite)
....................
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11
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Carte 1 : La province du Québec
...........................................................................................
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15
|
Carte 2 : La ville de
Montréal................................................................................................
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16
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Carte 3 : La République du Bénin
.............................................................................................
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44
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Graphiques
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Graphique 1 :Taux de lecture au Québec:
................
...............................................................
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18
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Graphique 2 : Couverture médiatique par thèmes
lors de la campagne électorale..................................
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24
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Graphique 3 : Thèmes abordés à la
période 1 (mai-juin 04)
...........................................................
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27
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Graphique 4 : Nbre d'articles parus et mise en valeur (P1)
............................................................
|
28
|
Graphique 5 : Genres journalistiques utilisés (P1)
......................................................................
|
28
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Graphique 6 : Thèmes abordés à la
période 2 (mai-juin 03)
...........................................................
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30
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Graphique 7 : Nbre d'articles parus et mise en valeur (P2)
............................................................
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31
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Graphique 8 : Genres journalistes utilisés (P2)
.............................................................................
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32
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Graphique 9 : Thèmes abordés à la
période 3 (août-sept 02)
..........................................................
|
34
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Graphique 10 : Nbre d'articles parus et mise en valeur (P3)
..........................................................
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34
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Graphique 11 : Genres journalistes utilisés (P3)
............................................................................
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35
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Graphique 12 : Cumul des thèmes abordés
..............................................................................
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36
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Graphique 13 : Analyse comparée du nbre d'articles
parus ...........................................................
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37
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Graphique 14 : Analyse comparée des infos
« à la Une »
..............................................................
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38
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Graphique 15 : Cumul des genres journalistiques
utilisés
.............................................................
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39
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Graphique 16 : Tirage des quotidiens francophones selon la
propriété en 2002 ....................................
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52
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Tableaux
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Tableau 1 : Tirage des quotidiens étudiés
................................................................................
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22
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Tableau 2 : Bulletin de notes en environnement
.................................................................. ......
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25
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Tableau 3 : Résultats des élections
fédérales.............................................................................
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26
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Résumé
L'intérêt et l'importance qu'accordent les
médias grand public aux questions environnementales demeurent modestes.
Et même si l'environnement est l'une des préoccupations majeures
des canadiens, notamment des québécois, les journalistes y
consacrent peu de place dans leurs colonnes.
C'est du moins ce que révèle notre étude
qui a porté sur les trois quotidiens francophones paraissant à
Montréal (La Presse, Le Devoir et Le Journal de
Montréal) au cours de trois périodes
différentes : la campagne pour les élections
fédérales (mai-juin 2004), le sommet de Johannesburg
(août-septembre 2002) et une période témoin (mai-juin
2003). Le nombre d'articles parus sur l'environnement, leur mise en valeur ou
non à la une, les thématiques souvent abordées et les
genres journalistiques utilisés sont les variables retenues pour mener
cette analyse.
Dans l'ensemble, cette étude montre que la pratique du
journalisme environnemental est plus dominée par un journalisme
d'information que d'opinion. En témoigne la forte utilisation des
comptes rendus comme genre journalistique. En effet, l'étude
démontre que les journalistes ne sont pas souvent les
déclencheurs des préoccupations environnementales, ils se
contentent de s'insérer dans «l'air du temps» en reprenant,
souvent in extenso, des dépêches d'agence. En plus,
l'environnement, qui est un concept polysémique et transversal, a du mal
à s'adapter à la presse qui fonctionne de manière
cloisonnée à travers des rubriques ou des «desk» bien
définis.
Toutefois, Le Devoir, journal indépendant de
par sa structure unique, qualifié d'élitiste et ayant le plus
faible tirage se démarque des autres quotidiens étudiés en
faisant des efforts louables et continus dans le traitement de l'information
environnementale. Ce qui semble justifier l'idée selon laquelle les
questions environnementales sont dérangeantes et ne rencontrent pas
souvent les intérêts des grands groupes financiers auxquels
appartiennent les médias. D'où notre proposition d'un
«traitement durable» (changement d'approches, veille
médiatique en dehors de la couverture empirique, essor des médias
alternatifs, etc...) de l'information environnementale dans la presse.
Descripteurs : communication, information,
journalisme, mass media, journalisme environnemental, éducation relative
à l'environnement, Bénin, Afrique.
Abstract
The interest and the importance that the public media grant to
the environmental questions stay weak. Even though the environment is one of
the major preoccupations for Canadian, especially those from Quebec, the
journalists dedicate it little place in their newspapers.
It is what reveal our study that concerns three
French-speaking dailies published in Montreal (La Presse, Le Devoir
and Le Journal de Montréal) during three different
periods: the federal elections campaign (May-June 2004), the summit of
Johannesburg (August-September 2002) and a witness period (May-June 2003). The
number of articles published on the environment, their enhancement or not on
the front page, the themes dealt with and the used journalistic kinds are the
variables used to lead this analysis.
On the whole, this survey shows that the practice of the
environmental journalism is dominated more by a journalism of information than
that of opinion. This is testified by the strong use of meeting reports as
journalistic kind. Indeed, the study demonstrates that the journalists are not
often the source of the environmental preoccupations, they just take profit of
situations and fight in «the air of the time» by taking, often almost
exactly, articles from the agencies issues. Moreover, the environment, that is
a polysemic and transversal concept, has difficulty adapting to the press that
operates in a partitioned manner through categories or definite
«desk».
However, Le Devoir, independent newspaper by its
single structure, qualified of elitist and having the weakest pull, is
different from the other dailies studied, because affording continuously in the
treatment of the environmental information. What seems to justify the idea
according to which the environmental questions are troublesome and don't meet
the interests of the big financial groups, often owners of the medias. We
propose therefore a «sustainable treatment» (change of approaches,
media outside of the empiric cover, flight of the alternative medias, etc...)
of the environmental information in the press.
Key words : communication, information,
journalism, mass media, environmental information, environmental journalism,
environmental education, Benin, Africa.
INTRODUCTION GENERALE
Qu'il s'agisse de la presse écrite, de la radio ou de
la télévision, l'environnement ou plus précisément
les préoccupations environnementales n'ont pas souvent eu les faveurs
des mass média. Il a fallu que de graves accidents écologiques
(naufrage du pétrolier Torrey Canyon en 1967, drame de Minamata en 1968,
accident de Seveso en 1976, Amoco Cadix en 1978, Bhopal en 1984...) ou
certaines catastrophes naturelles se produisent pour que cette
«marginalité» soit sporadiquement rompue. Ces douloureux
évènements ont, pour la plupart, constitué le
déclic pour l'intérêt des médias, surtout
occidentaux à l'origine, avec à la clé une tendance vers
la spécialisation de certains journalistes traitant des questions
environnementales. La couverture médiatique des différents
sommets mondiaux a aussi contribué à faire entrer progressivement
l'environnement dans les rédactions de presse. Ainsi, de plus en plus,
l'opinion publique est sensibilisée aux problèmes liés
à l'environnement. Et la presse, en général, y a fortement
contribué par l'information.
Problématique
Dans le rapport général du sommet de la Terre,
à Rio de Janeiro (Brésil) en 1992, Maurice Strong1(*) a posé le postulat
désormais devenu célèbre selon
lequel : «...sans information, point d'opinion publique,
sans opinion publique avertie, point de volonté politique et sans
volonté politique, point de réussite...». C'est
pourquoi Njatang (2003) constate que « dans le domaine de
l'environnement et du développement durable, l'usage des médias a
été renforcé au lendemain du Sommet de Rio au
Brésil en 1992 ».
Il existe beaucoup d'exemples qui démontrent la
façon dont les médias d'information peuvent forcer les
gouvernements à agir, seuls ou en concertation avec d'autres. Par
exemple, le contenu de la presse écrite est considéré
comme le reflet de ce qui intéresse la conscience commune dans une
société. D'ordinaire, les gouvernements prennent rarement
l'initiative, ils suivent la tendance générale ou «le
courant». Le Protocole de Montréal, le Plan d'action pour la
Méditerranée, la Convention sur les changements climatiques et
bien d'autres engagements internationaux ont été
élaborés en réponse aux revendications du public,
alerté par les scientifiques via les médias grand public (Lamb,
1997, p.21).
Mieux, au-delà de la reconnaissance du rôle
crucial des médias dans la prise de conscience collective, il est
désormais admis que :
Ce sont des acteurs de première importance dans la
mesure où ils fournissent, tirées de l'actualité, des
informations nécessaires aux actions éducatives. Bien que leurs
présentations habituelles soient marquées très souvent par
des effets de dramatisation (et parfois de catastrophisme) et
privilégiant les aspects conflictuels, elles proposent quelques fois des
analyses de type scientifique utilisables comme matériel de base pour
l'Éducation Relative à l'Environnement (Goffin, 2001,
p.327).
Mais, aussi bien dans les pays du Nord que dans ceux du Sud,
les préoccupations environnementales constituent cependant rarement un
grand sujet de prédilection pour les journalistes.
Au Bénin, par exemple, quand l'actualité n'est
pas foisonnante dans la presse écrite, on fait souvent appel aux
«bouches trous» pour désigner les articles consacrés
aux problèmes environnementaux. Et ces «bouches trous» sont,
dans la plupart des cas, des reprises in extenso des
dépêches provenant d'agences de presse internationales et
décrivant des problèmes et situations qui n'ont rien à
voir avec le vécu quotidien de l'audience cible. Il y a donc dans les
médias, comme le souligne Francine Faucher (1989), un manque très
fréquent de contextualisation des phénomènes
socio-économiques. Ce qui, sans nul doute, affecte la qualité de
l'information environnementale.
A Montréal au Canada où les gens consacrent sept
heures de lecture par semaine à la presse écrite pour s'informer
(Levasseur, 2000, cité par Gélinas, 2003), une recherche sur
l'importance accordée aux questions environnementales dans les
quotidiens de la métropole québécoise (Boutard et
Sauvé, 1991) nous apprend que la quantité et la qualité
des articles traitant de ces questions s'améliorent depuis 1987. Cette
année-là, il y a eu l'incendie d'un entrepôt de BPC
à Saint-Basile-le-Grand (non loin de Montréal) qui a
nécessité l'évacuation de plus de 3 300 personnes au
cours d'une grande opération fortement relayée par la presse et
qui a duré environ trois semaines. Toutefois,
l'étude constate que cette importance accordée aux sujets
environnementaux demeure faible (Boutard et Sauvé, 1991).
Plus de dix ans après cette étude, y a-t-il
toujours un modeste intérêt de la presse écrite
montréalaise pour les questions environnementales ? Si oui, quelles sont
les raisons de cette faible évocation de l'environnement dans la presse
en général et comment peut-on y remédier ?
Notre recherche, qui a pour ambition d'être une
contribution à l'amélioration du traitement de l'information
environnementale dans la presse francophone en général, se
focalisera sur la part accordée à l'information environnementale
et sur son traitement dans les quotidiens montréalais La Presse, Le
Devoir et Le Journal de Montréal au cours de trois
périodes différentes (Cf. méthodologie).
Objectifs
Pour réaliser cette étude, nous nous sommes
fixé les objectifs suivants :
Ø Évaluer l'importance et l'intérêt
des préoccupations environnementales dans la presse écrite
montréalaise,
Ø Identifier les thèmes environnementaux souvent
abordés,
Ø Faire le parallèle avec la pratique du
journalisme environnemental au Bénin pour en tirer, si possible, des
enseignements,
Ø Formuler des actions concrètes visant à
améliorer le traitement de l'information environnementale dans la
presse.
Hypothèse de
travail
Au Québec, plus qu'ailleurs dans les autres provinces
du Canada, l'environnement constitue l'une des préoccupations majeures
de la population. Et partant de l'idée généralement admise
que la presse est le reflet de ce qui intéresse la communauté,
nous émettons l'hypothèse qu'il devrait avoir un grand
intérêt pour les préoccupations environnementales dans la
couverture quotidienne de l'actualité à Montréal.
Intérêt
et justification
Au Bénin, mon pays d'origine où j'ai
exercé en tant que journaliste ou au Sénégal, où
j'ai étudié le journalisme, j'ai toujours constaté que
l'environnement fait figure de parent pauvre dans la presse. J'appartiens aussi
à plusieurs réseaux de journalistes qui n'ont
véritablement pas fonctionné pour améliorer cette
situation.
De plus, ayant été Assistant en communication du
Ministère de l'Environnement, de l'Habitat et de l'Urbanisme du
Bénin, j'étais chargé de la mise en place de la veille
médiatique et mes interlocuteurs directs étaient des
collègues journalistes traitant des questions environnementales.
Il s'agit donc d'une problématique inspirée par
la pratique. Et comme j'ai l'opportunité de faire mon stage au Canada
(plus précisément à Montréal, la métropole
québécoise), un pays où on est censé avoir plus
d'avance dans le domaine, je m'emploierai à étudier de
près (en partant d'une étude de cas) l'intérêt et
l'importance que suscitent les sujets environnementaux dans la presse
écrite francophone.
Cadre théorique
La profusion des idées et la confusion des
débats qui caractérisent et alimentent l'inquiétude de
l'Homme sur l'avenir de «sa» planète démontrent bien
que l'environnement est devenu un sujet à part entière de
communication entre les êtres humains. Dans un pareil contexte, Ogrizek
(1993), souligne dans son ouvrage Environnement et communication,
qu'il serait absurde de croire que la communication sur l'environnement est un
simple effet de mode ou plus prosaïquement un nouveau secteur de
communication pour les professionnels.
En effet, ce n'est que lorsque la population aura largement
admis l'existence des problèmes, qu'elle pourra jouer un rôle
important dans la conservation des fondements de la vie. Et c'est ici que les
médias ont un rôle capital à jouer (Knott, 1997).
Et pourtant, ce n'est que tardivement que l'environnement est
devenu un objet de préoccupations politiques suffisamment
sérieuses ou même fondamentales pour que les médias s'en
emparent (Duclos, 1993).
Au Canada, Keating (1993) situe l'origine du journalisme
environnemental contemporain tout au début des années 1960, au
moment où le livre de Carson, Le Printemps silencieux,
soulevait la question des risques que posait, pour l'environnement, la
présence dans le milieu naturel de produits chimiques comme le DDT. Mais
il constate que :
Le journalisme environnemental continue de souffrir du
fait qu'un grand nombre de rédacteurs en chef le considère comme
un secteur réservé aux débutants de deuxième
importance. Lorsque les journalistes chargés de couvrir l'environnement
accomplissent un bon travail, ils sont souvent ØpromusØ à
un poste dans un secteur considéré comme plus prestigieux, celui
de la politique par exemple. Le journalisme environnemental souffre alors
souvent de la trop grande mobilité imposée à ses meilleurs
éléments (Keating, 1993, p.88).
De son côté, Cayrol2(*) a fustigé l'attitude de certains responsables
des médias qui considèrent encore l'environnement comme un
thème folklorique. Pour lui, il est fondamental que, sur les
thèmes principaux du débat de la cité, les médias
jouent continûment leur rôle d'information, pour que les hommes et
les femmes sachent à quoi s'en tenir sur les grands enjeux. C'est vrai
qu'avant lui, Balle (1973) avait défendu un point de vue identique quand
il écrivait que « l'information est
considérée comme indispensable à la réalisation de
l'idéal démocratique, permettant une participation
éclairée et donc efficace à la vie
politique ». Le danger, selon Balle, pour nos
démocraties, c'est la mort de l'information.
Même si les chercheurs en sciences humaines ne
s'accordent pas toujours sur le rôle exact des médias, ils
s'entendent pour reconnaître l'importance des médias de masse dans
nos sociétés désormais qualifiées de
«médiatiques».
Pour Boutard et Sauvé (1991), les questions
environnementales se tissent dans la mouvance de l'actualité. A leur
sujet, les rayons des bibliothèques ne peuvent fournir que des
données générales et des informations souvent
déjà périmées. Ils soulignent donc l'importance de
ce formidable périscope et de cette mémoire vive que constitue
l'ensemble des médias avant d'ajouter que dans la panoplie des mass
média « les journaux sont un outil de choix quant à
l'information, la formation générale et l'éducation
relatives à l'environnement ». Les journaux constituent
donc une ressource pédagogique d'une grande richesse et facilement
accessible, sans nécessiter de support technique complexe.
D'ailleurs, Laramée (1997) constate que
« c'est par les médias de communication que nous
parviennent la plupart des informations qui contribuent directement ou
indirectement à former notre opinion en matière d'environnement
et par conséquent l'opinion publique d'une
société ». Toutefois, il reconnaît que l'une
des premières difficultés éprouvée lorsqu'on aborde
les questions environnementales est que chacun a l'impression qu'il sait de
quoi on parle sans pour autant prendre nécessairement conscience des
contenus véritables dont il est question encore moins de la
présence de points de vue plus ou moins subjectifs qui sous-tendent les
jugements de valeur ou les idées reçues ou
échangées dans les conversations courantes. Et Laramée
(1997) d'avertir que cette familiarité apparente peut, si on n'y prend
garde, conduire à penser que le public est plus informé qu'on le
croît et qu'il est plus sensible qu'on le croît à la
problématique environnementale. Ensuite, il insiste sur la
complexité des savoirs interpellés par la communication
environnementale et propose, pour faciliter la compréhension, une
distinction entre les savoirs scientifiques et les idéologies.
Cette complexité pose des problèmes aux
journalistes à qui incombe, en grande partie, la tâche d'informer
le grand public. En effet, « un fait brut n'a en lui-même
aucune signification ; il ne peut, de soi, faire en sorte qu'on intervienne
dans une société pour le contrer, ni surtout qu'on se sente
moralement obligé à intervenir » (Tessier, 1994).
Il faut donc aller au-delà de la simple information. A ce propos,
Desbarats3(*) fait remarquer
que « la majorité des journalistes n'ont aucune formation
scientifique. Ils manipulent plus facilement la langue que les
mathématiques ou les symboles chimiques... ».
Au Cameroun par exemple, des études montrent
l'inaptitude des médias à contribuer efficacement à une
prise de conscience des masses paysannes face aux problèmes
environnementaux (Bazoa, 1996, cité par Njatang, 2003). Des
études qui révèlent aussi que ces médias
s'intéressent généralement beaucoup plus aux questions
liées au sport, à la politique et à l'économie
(Bitang, 1996, cité par Njatang 2003).
Et il y a eu des journalistes qui ont déjà
analysé de l'intérieur leur profession et constaté
que globalement « la presse est plate, médiocre et
sans grande saveur. Mais il y a plus grave : la presse fuit ses
responsabilités. Elle n'informe pas ou si peu et si mal »
(Beauchamp, 1987, cité par Faucher, 1989, p. 23).
En effet, à la rareté de l'information autrefois
synonyme de pouvoir, s'est substituée une surabondance de l'information
grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Et comme l'actualité est une construction ou plutôt une
re-construction de la réalité des évènements par
une mise en scène des faits due aux intermédiaires de
l'information que sont les journalistes (Gélinas, 2003), ce sont eux qui
déterminent et choisissent les nouvelles «prioritaires». Cet
ordre du jour propre aux médias dénommé
« agenda-setting » par les auteurs Maxwell E.
McCombs et Donald E. Shaw (1972)4(*) démontre l'existence d'un lien causal entre le
sujet sur lequel les médias décident de fixer leur attention dans
l'actualité et celui qui est débattu sur la place publique. Et
à propos de ces choix, des professionnels comme Serge Halimi (1997) et
Ignacio Ramonet5(*) (1999)
pointent du doigt une sorte de connivence entre les journalistes et
l'élite intellectuelle ou entre le pouvoir politique et la presse ou
encore des collusions « entre les puissances industrielles et
financières » et « les
médias » qui transforment l'information en une
marchandise qu'on vend ou achète selon les lois du marché.
En plus de ces raisons, le manque de connaissances
scientifiques de la plupart des journalistes fait que les thèmes
environnementaux restent peu mis en valeur et, quand ils le sont tout de
même, sont mal présentés (Ragou, 2002).
Mais, pour Duclos (1993), la situation n'est pas aussi
catastrophique et l'environnement ne fait pas figure de parent pauvre dans la
presse car, souligne t-il, «... il s'agit bien d'une rubrique
à part entière, dont plus personne ne peut dire qu'elle
relève d'une catégorie sporadique d'informations... »
. Duclos va même plus loin, en s'inquiétant de cette
régularité qui peut conduire à la banalisation, voire
pousser à l'acceptation et au fatalisme.
A notre avis, il faut replacer cette inquiétude de
Duclos, que nous partageons, dans le contexte de la mouvance du sommet de la
Terre (1992) où les questions environnementales occupaient une place de
choix dans les médias grand public. Mais une fois l'«euphorie»
de Rio passée, le traitement des questions environnementales
relève, à bien d'égards, d'une catégorie sporadique
d'informations.
Méthodologie
La méthodologie mise en oeuvre pour la
réalisation de cette étude est avant tout inductive, puisqu'elle
est basée sur une étude de cas. Elle s'articule autour d'une
recension d'écrits, d'une collecte quantitative de données et
d'une analyse qualitative.
La recension d'écrits a débuté à
l'Université Senghor d'Alexandrie et s'est poursuivie pendant la
période de stage à l'Institut des Sciences de l'Environnement de
l'Université du Québec à Montréal (UQÀM).
Ces activités de recherche et d'analyse documentaire ont porté
aussi bien sur des ouvrages généraux en environnement, en
journalisme et en communication que sur des ouvrages spécialisés
sur l'éducation relative en environnement, la communication
environnementale. Ces recherches sont effectuées aussi bien en
bibliothèque que sur des sites web.
Notre cadre d'étude étant la ville de
Montréal et partant du sacro saint principe de
«mort-kilomètre» du journalisme ou du critère de la
proximité géographique (plus un événement se passe
loin, moins il intéresse le public), indispensable pour susciter
l'intérêt de ceux à qui l'information est destinée,
nous avons choisi trois quotidiens francophones (La Presse, Le Journal de
Montréal et Le Devoir) paraissant tous à
Montréal. Nous n'avons pas retenu Le Soleil, parce qu'il
appartient au même groupe qui édite La Presse (ligne
éditoriale semblable) et en plus ce quotidien est publié non pas
à Montréal mais dans la ville de Québec. Par ailleurs,
nous n'avons pas retenu les quotidiens francophones Métro
et 24 Heures parce qu'ils sont distribués gratuitement. De
même, les magazines, bulletins et autres revues
spécialisées en environnement n'entrent pas dans notre champ de
recherche.
Cette observation minutieuse et systématique s'est
faite d'abord tout au long de la campagne pour les élections
fédérales (mai - juin 2004) qui correspond à notre
période de stage. Ensuite, nous sommes remontés à
août - septembre 2002 pour la couverture médiatique du Sommet
Mondial sur le Développement Durable (SMDD) tenu à Johannesburg.
Et pour mieux affiner notre analyse, nous avons pris comme période
témoin et médiane, les mois de mai et juin 2003 (exactement un an
avant les élections fédérales), toujours avec les
mêmes quotidiens. Le but de cette observation croisée est de voir
si l'importance et l'intérêt que suscitent les questions
environnementales varient à travers ces différentes
périodes.
Sans procéder à une analyse de contenu, il
s'agit pour nous de relever tous les articles traitant des questions
environnementales parus dans les trois quotidiens retenus pendant ces trois
périodes afin de pouvoir faire des comparaisons. Ce suivi journalier
s'est fait avec des variables suivantes :
Les variables
retenues :
v Nombre d'articles parus sur
l'environnement
Au jour le jour, nous avons compté tous les articles
traitant des questions environnementales. Cette comptabilité nous a
permis d'avoir une idée de l'espace rédactionnel accordé
aux questions environnementales à travers les différentes
périodes retenues.
v Nombre de parutions à la
Une
C'est un indice de mise en valeur ou de mise en
évidence des questions environnementales. A ce niveau, nous
distinguons :
ü la «grosse manchette» quand il s'agit de la
principale information annoncée sur plus de la moitié de la
première page du journal avec une illustration (photographies,
caricatures, dessins ou graphiques),
ü la «manchette» quand il s'agit de la seconde
information en terme d'occupation d'espace de la première page avec ou
sans illustration et enfin
ü l'«annonce à la Une» quand il ne
s'agit que du titre de l'information annoncé sur moins d'1/16 d'espace
de la première page.
v Thèmes environnementaux
souvent abordés
Qu'il s'agisse du développement durable, des
conventions de Rio, des principaux éléments de la terre (eau,
air, sol,...) ou des principales activités qui ont un impact sur
l'environnement, la démarche est de voir quels sont les thèmes
qui ont les faveurs ou qui reviennent souvent dans la couverture quotidienne de
l'actualité. Dans la collecte des données, ce sont les titres des
articles que nous avons privilégié pour retenir les thèmes
ou sujets environnementaux abordés. Quand plusieurs thèmes sont
abordés dans le titre d'un seul article ou quand le sujet traité
n'a aucun rapport avec les thèmes que nous avons retenus, nous les
classons dans la catégorie «Autres» (voir fiche de collecte en
annexe 1).
v Genres journalistiques les plus
utilisés
Les genres journalistiques, qui sont des catégories
utilisées par les journalistes pour caractériser la forme que
prendra leur texte, ont des valeurs et des fonctions bien distinctes, comme le
montre la figure 1.
Ainsi, pour rapporter des faits, la nouvelle, le compte-rendu,
le reportage ou l'interview sont indiqués. L'analyse, l'enquête,
le portrait sont plus adaptés pour expliquer une information. Et pour
commenter, on fait souvent appel à l'éditorial, la chronique, le
billet voire la caricature6(*).
Nous avons, à dessein, ajouté les rubriques
«feed-back» pour les réactions des lecteurs (opinion, tribune
libre, forum, ...) et «dépêches d'agence» pour avoir une
meilleure idée des articles rédigés par les journalistes
eux-mêmes au sein de leurs rédactions. Cette collecte des
données selon les genres journalistiques donne des indications sur la ou
les fonctions dominantes dans le traitement de l'information environnementale
à Montréal.
Notre unité d'observation étant un numéro
de chaque parution des trois quotidiens retenus, nous avons ainsi
analysé cent soixante dix (170) numéros pour chaque
période à raison de quarante huit (48) numéros pour Le
Devoir qui paraît 6 jours par semaine, alors que La Presse
et Le Journal de Montréal paraissent tous les jours de la
semaine. Au total pour les trois périodes, notre corpus est
constitué, en tenant compte des jours fériés, de cinq
cents six (506) unités d'observation offrant 1108 articles traitant des
questions environnementales. Grâce au traitement de la base de
données brutes recueillies par le logiciel Microsoft Excel XP, nous
avons produit des tableaux et graphiques pour comparer et analyser les
résultats obtenus.
Cette collecte quantitative de données est appuyée
par des entretiens aussi bien structurés que non structurés.
Les
entrevues
Les entretiens structurés sont ceux que nous avons
réalisés sur la base d'une grille d'entrevue (inspirée par
le schéma d'entrevue proposé par Angers, 1996) que nous avons
ajustée en fonction de nos interlocuteurs.
Compte tenu du nombre très limité des
journalistes spécialisés en environnement ou de ceux
affectés à cette tâche au sein des quotidiens retenus pour
notre étude, nous les avons tous rencontrés pour mieux
appréhender comment ils traitent quotidiennement l'information
environnementale et les problèmes auxquels ils sont confrontés.
Toutefois, il est à noter que nous n'avons pas eu d'interlocuteurs au
Journal de Montréal, parce que personne n'est affecté
à cette tâche au sein de cette rédaction.
« En fonction de l'actualité ou de l'urgence, c'est le Chef
pupitre qui assigne n'importe quel journaliste disponible pour aller couvrir un
sujet environnemental », nous a-t-on expliqué.
Nous avons également rencontré des personnes
ressources qui nous ont été d'un grand secours pour la
présente recherche :
La première rencontre s'est déroulée avec
Monsieur Louis Leborgne, bibliothécaire spécialiste de la
communication à la bibliothèque centrale de l'Université
du Québec à Montréal (UQÀM) qui nous a beaucoup
orienté dans la recherche documentaire (avec des logiciels Badaduq et
Procites 5.1) et nous a suggéré les éléments
essentiels de notre méthodologie.
La deuxième rencontre a eu lieu avec Monsieur Michel
Roy, encore président à l'époque du Conseil de Presse du
Québec. Aujourd'hui à la retraite après plusieurs
années de pratique du journalisme et après avoir franchi les
différents paliers de la profession, il connaît le paysage
médiatique québécois et en dresse un rapide portrait.
Cette entrevue fut si instructive que nous avons par la suite eu d'autres
entretiens téléphoniques avec lui au fur et à mesure que
la recherche se poursuivait.
La troisième rencontre s'est effectuée avec Mme
Lucie Sauvé, titulaire de la chaire de recherche du Canada en
éducation relative à l'environnement à l'UQÀM.
D'ailleurs, elle a, dans le passé, en collaboration avec Armel Boutard,
réalisé une étude7(*) sur la presse écrite et l'éducation
relative à l'environnement en évaluant des quotidiens
montréalais pour les années 1987 - 1991. Mme Sauvé nous a
donné les principes, enjeux et stratégies de l'éducation
relative à l'environnement tout en insistant sur le rôle que
peuvent jouer les médias. Elle nous a, par ailleurs encouragé
à réaliser cette recherche, selon notre propre
méthodologie pour voir si la situation a évolué depuis
leur précédente étude.
Nous avons également rencontré Philippe Le
Prestre, directeur de l'Observatoire de l'Écopolitique Internationale
(OEI) de l'Institut des Sciences de l'Environnement à l'UQÀM.
Avec lui, nous avons discuté des raisons de l'organisation d'une
série d'activités de communication dans le cadre du sommet de
Johannesburg (2002) ainsi que les raisons pour lesquelles sa structure a choisi
Le Devoir comme partenaire pour publier un cahier spécial lors
de cet évènement.
La mise en oeuvre de cette méthodologie nous a permis
d'organiser la présente recherche en deux grandes parties :
La première partie est consacrée à une
étude de cas portant sur trois quotidiens montréalais à
travers trois périodes différentes suivie de quelques
spécificités de la pratique du journalisme environnemental en
Afrique et plus précisément au Bénin. Et comme nous
n'avons pas fait le même type d'étude pour la presse
béninoise, nous tenons à préciser que ces
spécificités sont énumérées dans le seul but
d'enrichir notre grille d'analyse.
Puis, dans une seconde partie, nous tenterons de savoir si
l'environnement est un sujet difficile à traiter par les journaux avant
d'aboutir à la formulation de propositions pour un «traitement
durable» de l'information environnementale.
.
Première
partie : L'ENVIRONNEMENT DANS LA PRESSE QUOTIDIENNE : UNE COUVERTURE
EMPIRIQUE
Carte 1 : La province du Québec
Source : Hydro Québec
Carte 2 : La ville de
Montréal
Chapitre 1 :
Étude de cas des quotidiens montréalais
1.1 Le contexte
1.1.1 Présentation
du cadre d'étude : la région métropolitaine de
Montréal
Sur une île à la confluence du fleuve
Saint-Laurent et la rivière des Outaouais, la ville de Montréal
est située au sud de la province du Québec au Canada (Carte 1).
Mais au-delà de la ville de Montréal stricto sensu, nous
adoptons dans ce document l'appellation région métropolitaine de
Montréal, c'est-à-dire la RMR (région
métropolitaine de recensement) selon Statistique Canada. C'est une zone
qui s'étend autour du centre urbain de la municipalité de
Montréal et inclut 65 municipalités (Carte 2). Cette
définition est fondée essentiellement sur des critères de
trajets journaliers entre le domicile et le lieu de travail, concept le plus
couramment utilisé dans les pays de l'OCDE pour délimiter une
zone fonctionnelle.
Dans la région métropolitaine de
Montréal, les francophones sont majoritaires et représentent 68%
de la population contre 12,5% pour les anglophones et 19,5% pour les allophones
(Tourisme Montréal, 2003).
De façon générale, les
caractéristiques socio-économiques et les données
environnementales de cette région se présentent comme
suit :
a) Caractéristiques
socio-économiques
Selon les données de l'OCDE (2004), la région
métropolitaine de Montréal avec une population de 3,43 millions
d'habitants, constitue la deuxième zone la plus peuplée du Canada
(après celle de Toronto) et se situe au quinzième rang des
agglomérations urbaines au Canada et aux États-Unis confondus.
Actuellement, elle se classe au deuxième rang des régions
métropolitaines canadiennes pour sa contribution au PIB national. Elle a
réalisé de bonnes performances économiques ces
dernières années, renouant avec une croissance économique
constante après la crise de la première moitié des
années 1990. L'analyse de la croissance (en PIB par habitant) depuis
1991 montre que récemment, la région métropolitaine de
Montréal est parvenue à améliorer de manière
considérable la situation sur le marché du travail, aussi bien du
point de vue du taux d'activité que du taux d'emploi.
En dépit de ces progrès significatifs,
Montréal est assez mal classée au plan international du point de
vue de la compétitivité, en raison notamment de la faible
productivité de sa main-d'oeuvre, due pour une large part à un
niveau d'éducation insuffisant (OCDE, 2004).
Mais le faible niveau d'éducation de la population ne
peut être attribué à une quelconque insuffisance des
infrastructures éducatives. En effet, depuis les années 1960 et
pour compenser le niveau initialement faible de scolarité, qui
était particulièrement évident chez les francophones avant
les années 1960, le gouvernement du Québec a mis en place des
mesures qui rendent l'éducation largement accessible à tous les
étudiants à un coût très modeste par rapport aux
autres provinces canadiennes et aux États-unis. La région
métropolitaine de Montréal compte actuellement quatre
universités8(*), 30
collèges d'enseignement général et professionnel (CEGEP)
et 40 instituts professionnels et techniques. En 1996, Montréal occupait
le 5ème rang parmi les dix plus grandes régions
métropolitaines d'Amérique du Nord pour le nombre
d'étudiants de l'enseignement supérieur et le premier rang pour
le nombre d'étudiants par habitant. Depuis le milieu des années
1970, les dépenses d'éducation du Québec sont d'ailleurs
supérieures à la moyenne nationale (ministère
québécois de l'Éducation, 2002). Et l'un des effets
positifs de cette politique d'éducation est la hausse des habitudes de
lecture (notamment les quotidiens) chez les québécois. En
témoignent les résultats d'une enquête
réalisée en 1999 par le ministère de la culture et des
communications sur les pratiques culturelles des québécois (voir
graphique 1).
b) Données
environnementales
La région métropolitaine de Montréal
fait partie de la province du Québec. Cette province occupe une
superficie de 1 667 926 km2 (Bureau de la statistique du
Québec, 1995), dont seulement 1% est habité par plus de la
moitié de la population et ce, au sud du 52ème parallèle.
Outre l'hydroélectricité adoptée comme premier choix
énergétique, le Québec tente d'affirmer, par diverses
actions plus ou moins efficaces, son leadership dans le domaine environnemental
par rapport aux autres provinces canadiennes. Toutefois, on peut citer quelques
activités humaines pouvant modifier les écosystèmes de
façon inquiétante. Il s'agit de l'agriculture, de la pêche
commerciale, de l'exploitation forestière et minière, de
l'industrialisation, de l'urbanisation et de l'étalement urbain...
Dans la région métropolitaine de
Montréal, les activités économiques sont
développées autour de grappes d'entreprises et d'industries
fortement concentrées le long du fleuve Saint-Laurent. Cette
industrialisation intense combinée à l'implantation
d'infrastructures de transport, d'approvisionnement en énergie et en
matières premières, est la source de plusieurs impacts
négatifs sur les écosystèmes. Les rejets
atmosphériques et les rejets d'eaux usées ainsi que la production
de déchets (dangereux et solides) participent à la perte ou
à la destruction d'habitats, à la dégradation de la
qualité de l'eau et de l'air, à l'amincissement de la couche
d'ozone et à l'effet de serre. Selon le ministère de
l'Environnement et de la Faune du Québec, « le
phénomène de l'urbanisation est loin d'être
maîtrisé. Le développement d'outils de planification
urbaine et la sensibilisation des intervenants aux effets néfastes de
l'étalement urbain demeurent un défi majeur pour les prochaines
années » (Ministère de l'Environnement et de la
Faune, 1994).
1.1.2 Aperçu du paysage
médiatique montréalais
Souvent qualifiée d'ancêtre des autres
médias grand public, la presse écrite n'a pas pour autant disparu
des kiosques et de l'espace public. Même si Godin (1981), écrit
qu'on ne dispose pas encore d'une véritable histoire de la presse
écrite québécoise et que les historiens avouent qu'ils en
sont aux préliminaires, il a pu décrire, à larges traits,
l'origine des deux premiers journaux : La Gazette du
Québec (21 juin 1764) et La Gazette littéraire de
Montréal (03 juin 1778). Depuis ces précurseurs à nos
jours, la grande presse quotidienne d'allure commerciale a connu des fortunes
diverses et traversé des vicissitudes liées aux conditions
technologiques nouvelles d'une société de plus en plus
médiatisée. Au cours de cette évolution, la ville de
Montréal s'est comportée comme « la Mecque de
l'édition québécoise », en tirant profit de
son poids démographique et du développement du chemin de fer. Et
pour souligner cette forte disparité régionale dans la
circulation de l'information, Godin (1981) fait remarquer qu'il y a, sur le
territoire québécois, Montréal et le désert de la
province. Au fil des ans, la distribution géographique de l'information
va s'équilibrer même si la ville de Montréal demeure un
pôle dans l'animation du paysage médiatique.
Au moment où nous menons cette étude, quatre
quotidiens dont un anglophone9(*) paraissent et sont disponibles dans les kiosques,
chaque matin, dans la région métropolitaine de Montréal.
Nous nous sommes intéressé à la presse écrite
francophone.
a) La Presse
Avec ses 140 ans d'existence (fondée le 15 août
1884), La Presse se définit comme « le plus grand
quotidien français d'Amérique ». D'abord journal
d'opinion, La Presse s'est vite muée en médias de masse,
axée avant tout sur la nouvelle même si elle a longtemps
été qualifiée de « presse alignée sur
les libéraux » (Godin, 1981). Aujourd'hui
propriété de Gesca Ltée, une filiale de Power Corporation,
La Presse s'est faite une nouvelle beauté ou un
« nouveau look plus coloré» depuis octobre
2003 avec des ventes en semaine de 176 797 exemplaires et de 258 650
le samedi10(*).
Outre l'actualité environnementale
(c'est-à-dire le factuel) souvent traitée par le journaliste
Charles Côté, le quotidien s'est attaché les services d'un
pigiste (Jean Philippe Fortin) pour animer hebdomadairement une page
«environnement».
b) Le Devoir
Dès sa fondation (le 10 janvier 1910) par le grand
leader politique Henri Bourassa avec la bénédiction du
clergé, Le Devoir se veut un journal d'opinion, d'idées,
de combat indépendant. Ce quotidien, souligne Godin (1981),
apparaît comme un anachronisme parce qu'il s'écarte
carrément du journalisme d'information à l'américaine que
pratiquent avec profit les journaux de son époque.
Journal d'opinion avant tout et souvent qualifié
«d'élitiste», Le Devoir restera soumis à
l'implacable règle des petits tirages. Des 12 000 lecteurs de
l'année de sa fondation, les ventes de ce quotidien, même si elles
ont évolué, demeurent modestes de nos jours avec ses 26 229
exemplaires en moyenne en semaine et les 42 817 en fin de semaine11(*).
Spécialisé dans le traitement des questions
environnementales, Louis Gilles Francoeur journaliste attitré de la
rédaction rédige également, chaque vendredi, une chronique
intitulée «Week end nature».
c) Le Journal de
Montréal
Dernier né des quotidiens étudiés,
Le Journal de Montréal a célébré en 2004
son 40ème anniversaire. Publié par le groupe de presse
Quebecor, Le Journal de Montréal est un tabloïd (de format
moindre que les précédents quotidiens) qui a connu un
succès si énorme qu'on parle de « formule
Péladeau » pour faire référence à
son fondateur Pierre Péladeau. En fait de formule, le tabloïd a
bâti sa réputation en se basant sur les trois «S» que
sont le sang, le sexe et le sport. Des piliers qui ont fait, partout dans le
monde, la fortune de la presse populaire.
Le Journal de Montréal arrive actuellement en
tête des ventes avec en semaine ses 272 758 exemplaires et le samedi
ses 326 673 exemplaires12(*).
A proprement parler, il n'existe pas, au sein de la
rédaction du Journal de Montréal, un journaliste qui se
consacre spécialement au traitement des questions environnementales.
Toutefois, dans le cahier Affaires du quotidien, le journaliste Jean
François Coderre s'intéresse aux questions
énergétiques sous l'angle de l'économie.
Le tableau suivant présente une vue globale et
synthétique des trois quotidiens étudiés avec les
données recueillies lors de notre étude.
Tableau 1 : Tirage des quotidiens
étudiés
Nom de la publication
|
Tirage en semaine / Nombre de pages*
|
Tirage du week end / Nombre de pages*
|
Observations
|
La Presse
|
176 797 / 76p
|
258 650 / 144p
|
-
|
Le Devoir
|
26 229 / 16p
|
42 817 / 66p
|
Ne paraît pas le dimanche
|
Le Journal de Montréal
|
272 758 / 152p
|
326 673 / 366p
|
Format tabloïd
|
* Le nombre de pages est variable et est souvent fonction de la
publicité et/ou de la publication des cahiers spéciaux.
Source : ABC, 2004 et données
d'enquête
1.2 Traitement de l'information
environnementale par période d'étude
Nous apprécierons le traitement de l'information
l'environnementale à travers les thèmes environnementaux souvent
abordés, leur mise en valeur à la une et les genres
journalistiques utilisés. Cette appréciation se fera,
conformément à l'une des règles de base de la presse, qui
veut qu'on parte de la période la plus récente (actualité
oblige) pour remonter dans le passé. Ainsi, nous passerons de la
première période d'étude (mai-juin 04) à la
troisième (août-sept 02) en passant par la période
médiane qui constitue notre période témoin (mai-juin 03).
1.2.1 La campagne pour les
élections fédérales (mai-juin 04)
C'est le 23 mai 2004 qu'une campagne électorale (d'une
durée de 36 jours) pour les élections
fédérales au Canada a été officiellement
lancée. Certes, avant cette date, une ambiance de pré campagne
régnait depuis plusieurs semaines dans les médias canadiens en
général et ceux de Montréal en particulier. Les
différents débats et invectives ont eu lieu entre les quatre plus
grandes formations politiques que sont le Parti Libéral du Canada (PLC,
parti au pouvoir), le Parti Conservateur du Canada (PCC, chef de file de
l'opposition), le Nouveau Parti Démocratique (NPD) et le Bloc
Québécois (qui n'a présenté des candidats que dans
la seule province du Québec). Compte tenu du sujet de notre recherche et
pour les besoins d'analyse, nous avons ajouté le Parti Vert, qui
malgré ses protestations et la plainte déposée13(*) au Conseil de la
radiodiffusion et des télécommunications du Canada (CRTC), n'a
pas eu les faveurs de la presse au cours de cette campagne électorale.
Il faut avouer que sur l'échiquier politique canadien, le Parti Vert est
une formation de moindre importance compte tenu de la faiblesse des
résultats obtenus pour les scrutins passés.
a) L'environnement dans la
couverture électorale
Selon les résultats d'une étude menée
durant la campagne par l'Observatoire sur les médias et la politique
publique (OMPP)14(*) de
l'Université McGill, les journaux ont consacré moins de vingt
pour cent (20%) de leurs articles aux élections fédérales
de 2004. Et dans cette couverture électorale, les préoccupations
environnementales n'occupent pas une place prépondérante comme le
montre le graphique suivant :
Graphique 2 : Couverture médiatique par
thèmes lors de la campagne électorale
Source: OMPP (University McGill), 2004
L'intérêt des médias pour l'environnement
n'est véritablement devenu un enjeu électoral que lorsque Stephen
Harper, le leader du parti conservateur, a déclaré publiquement
qu'il remettrait en cause le protocole de Kyoto si sa formation obtient la
majorité à la chambre des communes. Au lendemain de cette
déclaration, Le Devoir titre en grosse manchette :
Harper promet de déchirer Kyoto15(*), La Presse rend compte en page
intérieure : Harper réitère son opposition
à Kyoto16(*) tandis que
Le Journal de Montréal se contente de reprendre
la dépêche d'agence (Presse canadienne) avec la mention
: Harper promet d'annuler l'adhésion
à Kyoto17(*).
Cette position affichée du chef de file de l'opposition a suscité
de vives réactions chez les autres leaders politiques en lice et divers
commentaires des personnes issues de la société civile sous forme
de «tribune libre» publiés dans Le Devoir et La
Presse.
En dehors de cet enjeu environnemental clairement
exprimé, la responsabilité du gouvernement dans le «scandale
des commandites» (une supposée ténébreuse affaire de
pots de vin), les soins de santé et surtout les péripéties
de la course électorale ont beaucoup plus capté l'attention des
médias au cours de cette campagne. D'ailleurs, dans la liste des grands
thèmes retenus pour les débats télévisés (le
14 juin 2004 en français et le 15 juin 2004 en anglais) entre les chefs
des principaux partis politiques, les enjeux environnementaux ne sont pas
mentionnés. Et c'est plutôt la société civile par le
biais des organismes de pression comme la section canadienne de Green
Peace qui a pris l'initiative d'interpeller les chefs des formations
politiques en lice et d'évaluer leurs politiques en environnement.
Ainsi, il ressort, par exemple, des résultats de l'enquête
réalisée par Green Peace Canada18(*) que c'est le NPD et non le
Parti Vert qui propose le meilleur programme en environnement.
Tableau 2 : Bulletin de notes en environnement
|
Parti Conservateur
|
Bloc
Québécois
*
|
Parti
Libéral
|
Parti Vert
|
Nouveau Parti Démocratique
|
Énergie
|
E
|
A
|
C
|
B
|
A
|
Alimentation
|
E
|
B
|
E
|
A
|
A
|
Nature
|
E
|
B
|
E
|
B
|
A
|
Paix
|
E
|
A
|
E
|
A
|
A
|
NB : Description du système de notation
A = Excellent B = Bien C = Moyen D = Faible E = Échec
Les cinq principaux partis politiques ont été
évalués en fonction de leur plateforme ainsi que des
réponses des candidats et candidates aux questions de Greenpeace. Chaque
parti a obtenu une note s'il abordait une question; il a reçu une note
plus élevée lorsque sa réponse était plus
détaillée. Si un parti n'a pas abordé une question ou
donné une réponse qui, selon l'équipe d'évaluation
de Greenpeace, nuirait à la planète, il a reçu une note
d'échec.
Source : Green Peace Canada, 2004
Les résultats de cette enquête menée par
Green Peace diffèrent bien des résultats
définitifs des élections fédérales qui permettent
au PLC d'arriver en tête suivi du PCC. Le Bloc Québécois
qui n'a présenté des candidats que dans la province du
Québec s'en sort à la troisième place alors que NPD qui a
le meilleur programme en environnement selon Green Peace ne vient
qu'en quatrième position comme le montre le tableau suivant :
Tableau 3 : Résultats des élections
fédérales19(*)
|
Parti Conservateur
|
Bloc
Québécois
*
|
Parti
Libéral
|
Parti Vert
|
Nouveau Parti Démocratique
|
Nombre d'élus
|
99
|
54
|
135
|
0
|
19
|
% des voix
|
26,61%
|
12,39%
|
36,71%
|
4,30%
|
5,69%
|
Source : Données Élections Canada,
2004
Toutefois, il faut préciser qu'en plus des rares
articles consacrés exclusivement à la campagne électorale,
les questions environnementales sont également apparues dans la
couverture quotidienne normale de l'actualité. Et sur l'ensemble de
notre première période d'étude, quelques grandes tendances
sont observées.
b) Les thèmes
environnementaux souvent abordés
Au cours de cette première période qui
coïncide avec la campagne électorale pour les
fédérales 2004, les articles traitant des questions liées
à la conservation et à la biodiversité ont
été les plus nombreux (25,13%) avec une nette avancée au
niveau du quotidien La Presse. Viennent ensuite et par ordre
d'importance, des thèmes comme l'énergie (20,49%), l'eau
(11,20%), le développement durable (10,92%), les changements climatiques
(6,83%) et l'air (6,28%)... (Voir graphique 3).
Source : Données d'enquête, 2004
c) La mise en valeur de
l'information environnementale
Selon nos observations au cours de cette première
période, c'est le quotidien ayant fait paraître le moins
d'articles sur l'environnement (Le Devoir, notamment avec 96 articles
parus) qui a le plus consacré sa «vitrine» à la mise en
valeur de ses articles. Quant au Journal de Montréal, des
sujets environnementaux n'ont été évoqués à
sa «Une» que deux fois sur ses 119 articles parus au cours de cette
période, soit un pourcentage de 1,68 (graphique 4).
Source : Données d'enquête,
2004
d) Les genres journalistiques
souvent utilisés
Dans les pages intérieures, nous constatons au cours de
la première période que les dépêches
d'agence traitant des questions environnementales occupent une grande part des
parutions du Journal de Montréal et La Presse. Le
Devoir, de son côté, en a fait peu usage. Ce quotidien
s'illustre plutôt dans les comptes rendus et la publication hebdomadaire
d'une chronique spécialisée intitulée «Week end
nature». Mais, d'une manière ou d'une autre, les trois quotidiens
étudiés ouvrent leurs colonnes aux lecteurs qui donnent leurs
opinions sur des questions environnementales (graphique 5).
Source : Données d'enquête,
2004
1.2.2 La période
témoin (mai - juin 2003)
Comme son nom l'indique, cette période est à
cheval entre celle précédemment étudiée et celle du
sommet de Johannesburg (Août - Septembre 2002) et ne correspond à
aucun évènement majeur ou particulier. Il s'agit d'un choix
méthodologique pour apprécier le traitement, en «temps
normal», que réservent les mêmes quotidiens aux
préoccupations environnementales.
a) Les thèmes
environnementaux souvent abordés
De nos observations, il ressort que les questions liées
à la nature (conservation et biodiversité) ont eu, en
majorité (34,45%), la faveur des quotidiens étudiés. En
fait, c'est au cours de cette période qu'à Ottawa, le
gouvernement fédéral a pris la décision de la fermeture de
la pêche à la morue. La province de Terre-Neuve s'est sentie
lésée par cette décision qu'elle a d'ailleurs
qualifiée de préjudiciable pour son économie. Un grand
débat national sur les pêches s'est instauré et les
journaux y ont pris une part active. Les autres thèmes couverts sont le
développement durable (11,14%), les changements climatiques (10,81%),
puis les questions liées à l'eau (8,44%) et à
l'énergie (7,77%). Dans la rubrique «Autres», Le
Devoir s'est illustré avec la publication de trois cahiers
spéciaux consacrés aux prix phénix 2003 de l'environnement
et au forum international sur les approches écosystèmes et
santé humaine (voir graphique 6).
Source : Données d'enquête,
2004
b) La mise en valeur de
l'information environnementale
Les observations faites au cours de cette période
témoin montrent que la mise en valeur de l'information environnementale
à la vitrine des quotidiens étudiés est proportionnelle au
nombre d'articles parus. Ainsi, les pourcentages de mise en valeur à la
Une sont de 17,80 pour Le Devoir, 10,78 pour La Presse et de
2,63 pour Le Journal de Montréal (voir graphique 7).
Source : Données d'enquête,
2004
c) Les genres journalistiques
souvent utilisés
La Presse et Le Journal de Montréal
ont beaucoup fait usage des dépêches d'agence au cours de cette
période tandis que Le Devoir a plutôt
privilégié les comptes-rendus et ouvert ses colonnes aux lecteurs
pour qu'ils s'expriment sur des questions environnementales. La chronique
spécialisée hebdomadaire reste une spécificité du
journal Le Devoir. Et dans le débat sur la gestion des
ressources naturelles qui a suivi la fermeture de la pêche à la
morue, Le Devoir est le seul quotidien à y consacrer plusieurs
de ses éditoriaux : Chaos dans les pêches20(*), La colère de
Terre-Neuve21(*),
Pour une poignée de morues22(*), ... (Voir graphique 8).
Source : Données d'enquête,
2004
1.2.3 La couverture
médiatique du sommet de Johannesburg (août-sept 02)
Dix ans après le très médiatisé
« sommet de la Terre de Rio » qui a vu la
consécration du concept de développement durable (Dufault et
Martimort-Asso, 2002)23(*), Johannesburg accueille du 26 août au 04
septembre 2002, le Sommet mondial sur le développement durable (SMDD).
Et partant du constat que l'examen quinquennal de Rio, en 1997, est
passé presque inaperçu des médias et a déçu
les observateurs qui ont, entre autres, déploré le peu
d'engagement de la part des acteurs gouvernementaux, l'OEI de l'UQÀM a
organisé une série d'activités visant à informer
les étudiants, le public et les médias montréalais sur les
différents enjeux du SMDD. Ainsi, l'OEI s'est comporté comme un
centre de référence pour les journalistes désireux de
couvrir le SMDD et les processus préparatoires.
a) Collaboration entre l'OEI et Le
Devoir
Le travail de communication effectué par
l'équipe de l'OEI en direction des médias a porté ses
fruits. Ce qui s'est traduit par la couverture des conférences et
séminaires sur les thèmes prioritaires du bilan du sommet de Rio.
Au-delà de cette couverture factuelle, le quotidien Le Devoir a
manifesté son intérêt pour le SMDD et l'initiative prise
par l'OEI. Une collaboration a ainsi vu le jour et a pris la forme de trois
projets. D'abord, la publication d'une série de dix articles
rédigés par l'OEI à partir de la mi-juin 2002, dans
l'édition du samedi ; ensuite, le développement de pages
Internet communes, complémentaires aux sites des deux
organismes24(*) ; et
enfin, la participation à la production d'un cahier spécial
pendant le déroulement du SMDD. C'est d'ailleurs les frais issus de la
vente d'espaces publicitaires de ce cahier spécial qui ont servi au
quotidien de financer le voyage d'un envoyé spécial (Louis Gilles
FRANCOEUR) pour couvrir le sommet de Johannesburg. Les autres quotidiens
n'avaient pas de représentants sur place et cela s'est senti dans les
genres journalistiques utilisés et la couverture médiatique de ce
sommet.
b) Les thèmes
environnementaux souvent abordés
Le sommet de Johannesburg étant consacré au
développement durable, ce thème a été surtout
couvert (21,07%) par les quotidiens Le Devoir et La Presse.
Mais ce qui a fait la grosse actualité dans les médias
montréalais lors de ce sommet est l'annonce officielle par le premier
ministre de l'époque (Jean Chrétien) de l'engagement du Canada
à ratifier le protocole de Kyoto (19,05% des articles ont traité
des questions liées aux changements climatiques). Certes, de nombreuses
études relayées par la presse montrent qu'environ trois quart
(3/4) des canadiens sont favorables au protocole de Kyoto. Et c'est dans ce
contexte que La Presse a publié l'éditorial titré
« Ratifions Kyoto »25(*). Le
débat sur les changements climatiques est ainsi relancé au niveau
fédéral et des provinces comme l'Alberta26(*) ont fait savoir leur profond
désaccord. Toutefois, les questions liées à la
conservation / biodiversité (13,45%), à l'eau (11,21%), aux
déchets (7,62%), à l'air (6,50%), à l'agriculture (6,50%)
et à l'énergie (4,70%) ont également eu quelques
échos dans les quotidiens étudiés (voir graphique 9).
Source : Données d'enquête,
2004
c) La mise en valeur de
l'information environnementale
Dans l'absolu, c'est le quotidien La Presse qui a
fait paraître le plus d'articles sur les questions environnementales
suivi respectivement des quotidiens Le Devoir et Le Journal de
Montréal. Mais pour la mise en valeur «à la Une»,
Le Devoir se détache considérablement du lot (voir
graphique 10).
Source : Données d'enquête,
2004
d) Les genres journalistiques
souvent utilisés
N'ayant pas d'envoyé spécial à
Johannesburg, les quotidiens La Presse et Le Journal de
Montréal se sont contentés de reprendre, dans la
majorité des cas, les dépêches d'agences. Le
Devoir, quant à lui, a beaucoup usé des comptes-rendus et a
ouvert ses colonnes à travers la page «Idées» pour
l'expression de l'opinion publique. A des degrés divers, tous les
quotidiens étudiés ont utilisé des reportages,
enquêtes ou analyses au cours de cette période (voir graphique
11).
Source : Données d'enquête,
2004
1.3 Analyse comparée des
résultats des trois périodes
Il s'agit de dégager, des observations faites
précédemment, les caractéristiques majeures pouvant
permettre d'avoir une idée plus précise des sujets
environnementaux souvent traités, de l'intérêt et de
l'importance qu'accordent les médias montréalais aux
préoccupations environnementales. Nous ferons cette analyse
comparée sur la base des variables retenues.
1.3.1 Des thèmes
environnementaux à la mode,...
Le journaliste étant l'historien du présent, il
s'attache en priorité à ce qui fait l'actualité. Ainsi,
les thèmes environnementaux souvent abordés sont fonction de
l'actualité et de la période considérée. Et en
faisant le cumul des thèmes couverts au cours des trois périodes,
il ressort que ceux ayant un rapport avec la conservation et la
biodiversité l'emportent (23,01%). Suivent, dans le classement des
sujets souvent traités, le développement durable (15,07%), les
changements climatiques (12,81%), l'énergie (10,74%) et l'eau (10,46%).
Les questions liées à l'air (6,67%) et aux déchets (4,42%)
ont plus intéressé le quotidien La Presse tandis que
celles concernant la biotechnologie (4,78%) et l'agriculture (4,24%) ont eu
plus d'écho dans Le Devoir. Dans la catégorie des
conventions dites de Rio, les problèmes de désertification ne
sont presque pas évoqués dans les quotidiens montréalais
(0,18%). N'eût été la collaboration de l'OEI avec Le
Devoir, « la convention des
pauvres »27(*) n'allait pas apparaître dans la presse
montréalaise (voir graphique 12).
Source : Données d'enquête,
2004
Au total, l'étude montre que la presse cherche de moins
en moins à être originale et se contente, dans la plupart du
temps, de s'insérer dans «l'air du temps» ou de traiter des
sujets à la mode. Certes, ce traitement «empirique» ou factuel
n'est pas une spécificité du journalisme environnemental et
d'autres études comme celle effectuée à
l'université McGill au cours des élections
fédérales (OMPP, 2004) le prouvent.
1.3.2 ...peu mis en
valeur...
Dans l'absolu, le nombre d'articles parus traitant des
questions environnementales, au cours de la période témoin, est
moindre comparativement aux deux autres périodes. Certes, pour la
troisième période, on aurait pu s'attendre à plus
d'articles parus faisant référence au SMDD. Mais cette grosse
actualité du sommet a été éclipsée par la
commémoration du premier anniversaire des attentats du 11 septembre 2001
aux États-unis. D'un autre côté, la relative grande
production d'articles parus à la première période n'est
pas imputable à la campagne électorale au cours de laquelle les
enjeux environnementaux étaient presque absents. A notre humble avis,
l'explication la plus plausible serait le débat sur les choix
énergétiques du Québec28(*) sans perdre de vue la légère
amélioration, au fil des ans, de la présence de l'environnement
dans les médias. Cette production progressive et régulière
d'articles traitant des questions environnementales se remarque plus nettement
au niveau du quotidien Le Devoir tandis qu'on assiste à un
phénomène contraire en ce qui concerne Le Journal de
Montréal (voir graphique 13).
Source : Données d'enquête,
2004
Quant à la mise en valeur des articles à la
vitrine des différentes publications, Le Devoir se
détache du lot, quelle que soit la période d'étude retenue
(voir graphique 14). Même en affinant l'analyse avec les paliers
d'importance de la première page d'un journal (grosse manchette,
manchette et annonce «à la Une»), c'est toujours Le
Devoir qui s'impose avec une pointe (environ 30% de ses articles sur
l'environnement sont mis en valeur «à la Une») lors du sommet
de Johannesburg.
Source : Données d'enquête,
2004
1.3.3 ...et repris souvent sous
forme de dépêches d'agences.
Quelle que soit la période d'étude retenue, les
rédactions des quotidiens La Presse et Le Journal de
Montréal utilisent, en majorité, des dépêches
d'agences. Parfois, il s'agit des mêmes reprises. Sur un total de 977
articles publiés en page intérieure pour tous les quotidiens
étudiés, 341 articles sont des dépêches d'agences
(soit environ 35,31%) suivis de 289 articles rédigés sous forme
de compte rendu (soit environ 29,58%). Ce qui pourrait laisser supposer le
manque d'initiative et de ressources humaines adaptées voire le peu
d'engagement des rédactions concernées qui se contenteraient de
reprendre des sujets déjà évoqués par d'autres
journalistes notamment des «agenciers». Certes, La Presse
réalise parfois quelques analyses, enquêtes ou éditoriaux.
Quant au journal Le Devoir, même s'il fait usage de quelques
dépêches d'agences, il fait plus couvrir l'actualité
environnementale par sa propre rédaction et accorde une part importante
au débat d'idées avec son lectorat (voir graphique 15).
Source : Données d'enquête,
2004
Cette «photographie» des genres journalistiques
souvent utilisés montre que les journaux montréalais pratiquent
plus du journalisme d'information que celui d'opinion en ce qui concerne la
couverture des sujets environnementaux. Ces journaux assument leur mission
d'information par la transmission de nouvelles concernant des faits
observés ou rapportés par des agences de presse. Certes, c'est le
moins qu'on puisse demander à un organe d'information. Encore qu'il
faille savoir si cette information est exacte, claire, précise,
complète et objective. N'ayant pas fait une analyse de contenu des
articles parus sur l'environnement, nous ne pourrons pas répondre
à cette interrogation.
En revanche, les quotidiens montréalais ne remplissent
pas souvent leurs missions d'analyse ou de formation générale,
susceptibles de permettre au lecteur d'établir des liens entre les
données d'information ou de lui fournir des éléments
d'appréciation pour mieux comprendre les problèmes
soulevés. Le journalisme d'enquête, par exemple, est presque
absent dans la pratique du journalisme d'information environnementale à
Montréal. Or, compte tenu de la complexité des problèmes
environnementaux, de la multiplicité des acteurs et des grands
intérêts en jeu, le journalisme d'enquête est plus
indiqué pour investiguer et aller au-delà de la simple
transmission d'informations.
Une fois dégagées les grandes lignes de cette
étude de cas portant sur les quotidiens montréalais en ce qui
concerne le traitement des questions environnementales, nous essayerons de
voir, dans le chapitre suivant, les spécificités du journalisme
environnemental en Afrique en général et au Bénin en
particulier. Certes, le chapitre suivant n'aura pas la même ampleur que
celui-ci puisque nous n'avons pas mené une étude de cas similaire
dans la ville de Cotonou (Bénin) par exemple.
Chapitre 2 :
Spécificités du journalisme environnemental en Afrique
2.1
Généralités
L'Afrique est restée longtemps en dehors du
débat sur l'environnement. Elle commence seulement à y prendre
part (Niang, 1990). La prise en compte progressive des préoccupations
environnementales est donc un phénomène récent en Afrique
et porte encore les marques de ses origines occidentales. Au début des
années 60 où émergeait et se renforçait en occident
le journalisme environnemental avec le large écho fait au livre de
Rachel Carson, Printemps silencieux, les pays de l'Afrique francophone
venaient d'accéder à la souveraineté internationale. Et
l'option «uniformisante» du développement qui prévalait
dans ces pays nouvellement indépendants est la croissance tous azimuts.
La presse locale encore embryonnaire mais très contestataire sur le plan
politique et qui ne s'adressait qu'à la poignée d'élites
intellectuelles n'a pas échappé à cette tendance
générale de l'époque. Puis, il s'en est suivi, dans la
plupart des pays, des régimes dictatoriaux ou à parti unique qui
ont consacré la disparition d'une presse libre et indépendante.
Le paysage médiatique est alors dominé par des médias
d'État ou des organes de presse à la solde du
«parti-État».
Par ailleurs, il est à noter que les prémisses
du journalisme environnemental en Afrique étaient trop tributaires des
médias occidentaux. En effet, il n'est pas rare de voir la presse
africaine reprendre in extenso les dépêches, les
reportages et autres analyses des grandes multinationales que sont les agences
de presse internationale délaissant du coup les problèmes
environnementaux locaux. Ces sujets de proximité ne trouvent
d'écho dans la presse africaine que lorsque les médias
occidentaux trouvent un intérêt inédit et subit sur ce qui
se passe dans le tiers monde et en Afrique. Par exemple, pour des sujets aussi
graves que l'importation et l'enfouissement des déchets
nucléaires dans certains pays africains, ce sont des groupes
environnementaux occidentaux relayés par la presse
étrangère qui ont fait pression sur les gouvernements
concernés. A cela, il faut ajouter que la presse écrite a du mal
à s'imposer comme média de masse dans des pays ayant, en
majorité, un taux d'analphabétisme avoisinant les 80% et
où règne encore la tradition de l'oralité. Et plusieurs
études comme celle de Njatang (2000), démontrent que la radio
demeure le médium d'information le plus populaire et le plus
répandu en Afrique. Une popularité qui s'explique, en grande
partie, par le coût d'acquisition relativement modeste du poste
récepteur et la possibilité d'utiliser des piles comme source
d'énergie dans la plupart des zones rurales qui ne sont pas desservies
par l'énergie électrique.
Il a fallu donc attendre le début des années 90
avec le vent de démocratie qui a soufflé sur l'Afrique pour voir
l'éclosion d'une presse plurielle et relativement libre. C'est
également à cette époque et dans la mouvance du sommet de
la Terre (Rio de Janeiro, 1992) que beaucoup de ministères de
l'environnement ont été créé en Afrique. L'Agenda
21, document officiel issu de ce sommet, présente au chapitre 40,
l'information comme un des éléments clés de
développement durable. Ainsi, les médias se sont vus investir
davantage le rôle de sensibiliser et d'éduquer les populations
à l'environnement. Progressivement, les journaux vont consacrer leurs
colonnes aux préoccupations environnementales surtout lors des campagnes
de sensibilisation. Mais les pages ou rubriques «environnement»
lorsqu'elles existent sont très irrégulières et ne rendent
pas souvent compte des préoccupations environnementales locales. Et pour
remédier à cet état de chose, des projets nationaux et
régionaux seront mis en oeuvre avec plus ou moins de succès.
C'est le cas du projet PACIPE.
2.2 Présentation d'un
projet sous régional : le PACIPE
Le Programme d'assistance technique à la communication
et à l'information pour la protection de
l'environnement (PACIPE) est un projet financé par l'Union
européenne (7ème FED) et exécuté dans
six pays côtiers de l'Afrique de l'ouest : Bénin, Côte
d'Ivoire, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau et Togo. Les actions du
PACIPE sont organisées dans chaque pays par un bureau national de
coordination, l'ensemble du programme étant chapeauté par une
cellule de coordination régionale basée au Bénin.
Lancé en 1996 (pour quatre ans), ce projet sous régional a pour
principal objectif de modifier les comportements dans le sens de la
préservation de l'environnement, en agissant sur les
«mentalités» grâce à une large palette de moyens
de communication : les mass médias (radio, télévision,
presse et édition), les "messagers culturels" (griots, chanteurs,
comédiens), les enseignants, les ONG réalisant des animations
locales, etc. Et comme le reconnaît Pierre Barrot (1999) dans sa fiche
d'expérience29(*),
les actions menées en direction des médias classiques (presse
écrite, radio et télévision) ont donné lieu
à une accumulation de messages souvent trop abstraits et
généraux. Il aurait été plus facile de communiquer
en encourageant des initiatives existantes mais il s'agissait le plus souvent
de communiquer pour susciter des actions qui n'existaient pas encore. Dans
quelques cas, cependant, des campagnes de presse bien ciblées ont permis
de faire évoluer la législation (sur l'exploitation
minière en Guinée) ou de mettre un frein à certaines
pratiques (utilisation d'insecticides nocifs pour la conservation des
tubercules au Bénin).
La plupart des premières spécialisations au sein
des rédactions en journalisme environnemental ont vu le jour avec le
PACIPE. En effet, des séminaires de formation et de fréquentes
sorties écologiques sont organisés au profit des journalistes
dans le cadre de ce projet. Mais pour cause de dysfonctionnement, de
règlement de compte politique ou de guerre civile, le programme n'a pu
aller à son terme en Côte d'Ivoire, en Guinée Conakry et en
Guinée-Bissau. Mais si on y regarde de plus près, le PACIPE a
souffert principalement des handicaps locaux qui justifiaient sa mise en oeuvre
: faible prise de conscience des périls écologiques ; manque
d'initiatives pour la protection de l'environnement.
2.3 Pratique du journalisme
environnemental au Bénin
Avec une superficie de 114.763 km2, le Bénin
est un pays situé en Afrique occidentale entre le Nigeria et le Togo
(Cf. carte 3). Sa population est estimée à près de 6,8
millions d'habitants30(*)
avec un taux d'analphabétisme chez les hommes qui est de 63 % et de 74 %
chez les femmes. Dans ce pays autrefois qualifié de «quartier latin
de l'Afrique»31(*),
la langue officielle de travail est le français. Et depuis la
conférence des forces vives de la nation tenue en février 1990,
le pays vit une expérience démocratique qui a permis un
développement médiatique sans précédent.
Carte 3 : La République du
Bénin
Source :
www.beninsis.info
2.3.1 Une presse quotidienne
foisonnante mais éphémère
Malgré le fort taux d'illettrisme au Bénin
(seuls 26 % des béninois, hommes et femmes confondus, sont
alphabétisés), la presse écrite s'agrandit
régulièrement de nouveaux titres. A ce jour, une vingtaine de
quotidiens paraissent à Cotonou et se partagent le maigre lectorat.
Outre La Nation qui est un organe de service public créé
depuis 1969, certains quotidiens privés (Le Matinal,
Fraternité, Le Matin, Les Échos du Jour, Le Point au quotidien,
Le Républicain, Le Progrès, etc...) ont acquis une
notoriété au fil des ans en participant et en alimentant le
débat démocratique. Et tout le monde s'accorde à
reconnaître que la presse béninoise jouit d'une grande
liberté de ton.
Mais à y regarder de plus près, ce dynamisme de
la presse écrite béninoise est trompeur, puisque certains de ces
journaux ne naissent ou ne ressuscitent qu'à la veille des
élections. D'autres voient le jour juste pour bénéficier
de l'aide de l'État à la presse32(*). Les tirages sont modestes (environ 1500 exemplaires
par quotidien) et les recettes issues de la vente ne représentent
qu'environ 30% du chiffre d'affaires des journaux. Les recettes publicitaires
sont donc indispensables à la survie des entreprises de presse. Et comme
le diagnostique l'étude sur les médias au
Bénin 1988-2000 (Carlos et al, 2001), la presse béninoise
apparaît comme une presse opportuniste. Elle naît
généralement au gré des circonstances, se déploie
dans l'improvisation, vit d'expédients et évolue à la
petite semaine.
Par ailleurs, l'une des caractéristiques majeures de la
presse écrite béninoise est son goût prononcé pour
l'actualité politique. D'ailleurs, celle-ci occupe si souvent la vitrine
des journaux, qu'elle laisse peu ou pas de place à d'autres sujets comme
ceux liés à l'environnement.
2.3.2 Un journalisme
environnemental encore embryonnaire
Les premiers articles traitant plus ou moins directement des
questions environnementales sont parus dans La Croix, organe de
l'Église catholique paraissant depuis la colonisation (1945), La
Gazette du Golfe et Tam Tam Express qui furent les
précurseurs de la presse privée au Bénin vers la fin des
années 80. La démocratie aidant, l'État béninois
reconnaît, dans l'article 27 de la constitution du 11 décembre
1990, que : « toute personne a droit à un
environnement sain, satisfaisant et durable et a le devoir de le
défendre. L'État veille à la protection de
l'environnement ». En droite ligne de cette disposition de la
loi fondamentale du Bénin, le Ministère de l'environnement, de
l'habitat et de l'urbanisme (MEHU) fut créé le 29 juillet 1991.
Concept nouveau dans un département nouveau, l'environnement suscite,
surtout au lendemain du sommet de Rio, un intérêt croissant chez
les journalistes. En décembre 1993, le premier journal
spécialisé en environnement est né. Son nom, Afrique
Environnement. Mais la mévente totale au niveau des deux premiers
numéros (pour un tirage de 2500 exemplaires par parution, à peine
500 journaux sont vendus) a vite émoussé l'ardeur de son
directeur de publication, Claude Firmin Gangbé. Et si ce dernier en
conclut que « le lectorat béninois n'est pas encore
préparé pour consommer un journal spécialisé en
environnement », il se console « d'avoir ouvert la
voie de l'information spécialisée en environnement au
Bénin »33(*).
La situation n'est guère reluisante dans la presse
quotidienne d'informations générales. C'est dans ce contexte que
le projet PACIPE a été lancé au Bénin avec pour
finalité d'accroître l'intérêt des journalistes pour
l'environnement et d'aider au renforcement des médias par le
développement de leur capacité à traiter de sujets
variés en relation avec les questions de l'environnement et du
développement durable. Au sein des rédactions des organes
partenaires du programme, des rubriques «environnement» à
périodicité plus ou moins régulière sont apparues.
Des thèmes comme la pollution de l'air à Cotonou, la
déforestation, la gestion des déchets ménagers,
l'érosion côtière, etc sont devenus récurrents dans
la presse quotidienne. Un réseau a même été
initié avec l'appui de l'Agence béninoise pour l'environnement.
Il s'agit de l'Association des journalistes pour une éducation relative
à l'environnement (AERE). Le magazine Notre Maison
créé par cette association n'est paru que deux fois dans les
kiosques. Puis, sans que le «décès» de cette
association ne soit prononcé, elle a cessé de vivre.
A la fin du projet PACIPE, l'engouement de la presse pour les
questions liées à l'environnement s'est vite estompé et il
a fallu que le ministère de l'environnement, à travers sa cellule
de communication, signe des contrats de partenariat avec la direction de ces
publications ou crée, dès 2002, le prix du meilleur article de
presse sur l'environnement pour avoir une relative lisibilité de
l'environnement dans ces médias. Ces différentes formes de
partenariats qui ont cours jusqu'à présent relèvent plus
d'une pratique de communication environnementale que du journalisme
environnemental. En effet, c`est l'information institutionnelle qui domine avec
une pléthore de comptes rendu des séminaires et ateliers ou des
descentes du ministre de l'environnement sur le terrain. Toutefois, il y a des
structures comme l'Institut PANOS basé à Dakar
(Sénégal) ou Proximités Sarl, une agence de presse
privée installée au Bénin, qui réalisent des grands
reportages et enquêtes dans le cadre du projet SYFIA (Système
francophone d'information agricole). Même si l'angle de traitement
clairement affiché est plus agricole, économique et social,
certains des articles produits portent plus spécifiquement sur des
préoccupations environnementales comme l'enquête sur la lutte
contre la pollution publiée en décembre 2003.
Au total, on retiendra qu'en dépit des efforts
épars et parfois isolés de certains journalistes, le journalisme
environnemental en est encore à l'étape embryonnaire au
Bénin. Et si nous ajoutons à ce constat, les résultats peu
flatteurs (montrant «une faible couverture») analysés plus
haut et concernant l'étude de cas réalisée sur la pratique
du journalisme environnemental à Montréal au Québec, une
question principale se pose : l'environnement est-il un sujet difficile
à traiter dans la presse quotidienne ? Une question à laquelle
nous tenterons de répondre dans la deuxième partie de ce
mémoire.
Deuxième
partie : L'ENVIRONNEMENT DANS LA PRESSE QUOTIDIENNE : LES RAISONS
D'UNE SOUS REPRÉSENTATIVITÉ
Chapitre 3 :
L'environnement est-il un sujet difficile à traiter ?
3.1 L'environnement, un sujet
nouveau, complexe et transversal
Comme nous l'avons vu précédemment (figure 1),
le traitement de l'information dans la presse écrite obéit
à une certaine organisation de la rédaction qui fonctionne de
façon compartimentée avec des rubriques bien
déterminées : politique, économie, faits divers,
sports, santé, etc.... Cette nomenclature peut varier sensiblement selon
la ligne éditoriale et l'audience du journal, mais la
spécialisation des journalistes à travers des rubriques demeure
l'une des caractéristiques majeures du traitement et de la
présentation de l'information dans la presse écrite. Dans un
pareil contexte organisationnel, l'environnement qui est un concept
polysémique et transversal, fait face à une première
difficulté pour s'imposer comme une rubrique à part
entière. A cette difficulté d'insertion dans les
rédactions de presse, il faut ajouter la prise de conscience
relativement récente des préoccupations environnementales au
niveau mondial. En effet, en plus du défi de la complexité, s'est
ajouté celui de la nouveauté du concept même de
l'environnement. Le manque de formation des journalistes qui
s'intéressent à la couverture des sujets liés à
l'environnement est à prendre aussi en compte.
Aujourd'hui encore, la profession en est à se demander
s'il faut une rubrique «environnement» ou, en parler, in
fine, dans les autres rubriques chaque fois que l'occasion se
présente. D'aucuns avancent l'argument selon lequel le jargon
environnemental serait trop hermétique pour le grand public et
souhaitent laisser cette tâche aux revues et publications scientifiques
spécialisées qui s'adressent à un public plus
étroit composé d'initiés. Mais on pourrait faire le
même reproche de transdisciplinarité et d'austérité
des termes employés à l'économie qui, pourtant, trouve
facilement écho dans la couverture quotidienne de l'actualité.
3.2 Une place de choix pour
l'économie
Plus qu'une page, tous les journaux étudiés
consacrent un cahier quotidien à l'économie dans leurs parutions.
Même Le Journal de Montréal qualifié de
«tabloïd people» a fini par s'y résoudre depuis peu en
créant la rubrique «Affaires». Cette place de choix pour
l'économie s'explique surtout par l'antériorité des
préoccupations économiques sur celles environnementales. Pendant
longtemps, on a pensé que ce qui était bon pour les affaires
était bon pour la société. En effet, jusqu'à une
période très récente, la notion de développement
des pays ne se mesurait qu'à l'aune de l'économie. Cette
dernière, de façon subtile, fera son apparition dans la presse
par le développement de rubriques économiques qui adoptent
implicitement le point de vue de certains acteurs économiques y compris
l'État. Les conditions d'émergence du journalisme
économique remontent en 1945, après la seconde guerre mondiale
(Riutort, 2000). Le développement des pages financières
(résultat de luttes internes au champ journalistique) n'est pas
directement imputable à une prise de position idéologique, mais
il contribue à rendre légitime et de plus en plus
omniprésent et envahissant le point de vue des actionnaires dans le
champ journalistique. Il participe d'une sorte de financiarisation des
esprits : en s'universalisant, le point de vue de l'actionnaire devient
une opinion économique légitime (Lebaron, 2001).
3.3 La crise de la presse
écrite
Sous cette expression de «crise de la presse
écrite» se cache tout un faisceau de causes. Mais nous ne
retiendrons ici que les raisons les plus fréquemment invoquées.
Avec l'avènement de la radio puis de la
télévision, beaucoup ont annoncé la mort programmée
de la presse écrite. Cette dernière, même si elle a
survécu dans le temps, continue de souffrir de la concurrence des
médias audiovisuels. Outre les médias audiovisuels, plusieurs
activités contemporaines (divertissement et loisirs) ont aussi
contribué à l'érosion des habitudes de lecture. Ainsi, de
plus en plus, la soif d'informations est étanchée par d'autres
canaux que la presse écrite. Et à ce propos, Ramonet
écrit :
Vouloir s'informer sans effort est une illusion qui
relève du mythe publicitaire plutôt que la mobilisation civique.
S'informer fatigue, et c'est à ce prix que le citoyen acquiert le droit
de participer intelligemment à la vie démocratique (Ramonet,
1993, p.28).
L'offensive de la presse gratuite (Métro et
24 Heures à Montréal et dans les grandes villes
occidentales) et de la presse électronique contribue également
à fragiliser la presse écrite et à la stagnation de sa
diffusion. Ces raisons combinées à plusieurs autres finissent par
rendre précaire la santé financière des entreprises de
presse.
3.4 La presse, otage des
annonceurs
En règle générale, un journal est vendu
deux fois : aux lecteurs et aux annonceurs. En effet, le prix de vente
d'un quotidien aux lecteurs est souvent inférieur à son prix de
revient réel. Et c'est la publicité qui vient, dans la
majorité des cas, combler le déficit. Les annonceurs, par le
biais de la publicité, subventionnent donc les lecteurs des journaux et
sont de plus en plus indispensables à la survie des entreprises de
presse. Et de ce fait, la publicité se révèle parfois une
arme économique ou un moyen de persuasion jusqu'à influer sur la
ligne éditoriale d'une publication. Cette répartition des
ressources issues de la publicité et des ventes varie d'un continent
à un autre : elle est en moyenne de 45/55 pour la presse grand
public en France, de 70/30 aux États-unis (Guérin et Pouthier,
1993) et 80/20 au Bénin (Adjovi, 2001). Mais l'achat d'espaces
publicitaires dans un journal dépend, avant tout, de son audience et de
l'étendue de sa diffusion.
Au-delà de toutes ces considérations, il faut
ajouter que chaque annonceur est libre de faire de la publicité dans les
quotidiens de son choix. Encore que l'âge d'or de la publicité
relève désormais du passé puisque la publicité est
en baisse surtout pour la presse écrite. Cette dernière ne doit
généralement sa survie qu'au phénomène de
concentration des médias ou du rachat par des grands groupes financiers
ayant des intérêts dans plusieurs secteurs d'activité.
3.5 La concentration des
médias
Selon le centre d'études sur les médias de
l'université Laval, la propriété des quotidiens
québécois en 2002 se répartit comme suit : sept titres
(dont La Presse) à Gesca (Power corporation), deux titres (dont
Le Journal de Montréal) à Quebecor, un à CanWest
Global, un à Hollinger et finalement Le Devoir, qui demeure le
seul quotidien indépendant. Et comme le montre la figure 3, les groupes
Gesca et Québecor se partagent 97% du tirage francophone
québécois, ce qui laisse un maigre 3 % au Devoir.
Graphique 16 : Tirage des
quotidiens francophones selon la propriété en 2002
Source : Centre d'études sur les
médias, Université Laval, 2002
Au Québec comme ailleurs, la concentration des
entreprises de presse comporte des avantages et permet d'assurer la survie de
certains médias. Mais, cette collusion avec les pouvoirs
économiques laisse soupçonner des conflits
d'intérêts pour une pratique sans entraves du journalisme
environnemental. Et selon le Conseil de presse du Québec, la
concentration de la propriété de la presse
québécoise est porteuse d'un certain nombre d'effets
potentiellement pervers, tels que :
Ø Risque d'uniformisation et de standardisation du
contenu des médias d'information, au détriment de l'expression
d'un large éventail d'idées et de leur libre circulation;
Ø Monopolisation du marché publicitaire mettant
en péril la survie d'entreprises de presse indépendantes ou de
médias fragilisés;
Ø Subordination de l'information aux impératifs
économiques de l'entreprise, d'où risque de censure et
d'autocensure;
Ø Perte d'autonomie éditoriale des salles de
rédaction et des rédacteurs en chefs (Conseil de presse du
Québec, 2001).
En France, on peut citer, à titre d'illustration, cette
mise en garde de l'héritier de l'empire Dassault, propriétaire de
soixante-dix journaux, lors de sa rencontre avec le bureau de la
société des rédacteurs du Le Figaro, sa nouvelle
acquisition :
Je souhaiterais, dans la mesure du possible, que le
journal mette plus en valeur nos entreprises. J'estime qu'il y a quelquefois
des informations qui nécessitent beaucoup de précautions. Il en
est ainsi des articles qui parlent des contrats en cours de négociation.
Il y a des informations qui font plus de mal que de bien. Le risque
étant de mettre en péril des intérêts commerciaux ou
industriels de notre pays34(*).
En effet, comment concilier, par exemple, le souci de gestion
et d'utilisation rationnelle des ressources défendu par les journalistes
du secteur de l'environnement et la grande consommation prônée par
les multinationales à qui appartiennent les journaux ?
3.6 La communication tue-t-elle
l'information ?
Sans remonter aux origines des deux termes, l'information et
la communication ont souvent entretenu des relations tantôt ambiguës
ou floues, tantôt contradictoires. En effet, quand on ne confond pas les
deux notions, l'information est généralement opposée
à la communication. A l'information, on attribue la part noble, le
«bon contenu» ; à la communication, la part d'ombre, de
manipulation, de soumission au politique ou à l'économique.
L'information serait donc du côté des valeurs, la communication du
côté des intérêts (Loquay, 1995). Et le
rédacteur en chef du quotidien français Le Monde, Robert
Solé d'affirmer que « les journalistes sont les
principales victimes de la communication » avant d'ajouter
qu'informer, c'est expliquer, comprendre, analyser alors que communiquer, c'est
séduire, influencer et parfois désinformer35(*). Or avec le concept
très à la mode du développement durable, l'environnement
est devenu un argument de communication car il permet aux entreprises de se
distinguer de leurs concurrentes. En témoignent les nombreuses
publicités faisant référence à l'environnement,
l'apparition des labels environnementaux (ISO 14001, EMAS, NF-Environnement,
PEFC,...) et la prolifération des structures de certification des normes
(ACNOR, AFNOR, HDS, ....). Dès lors, les abus de certains labels
privés dont les référentiels sont contestables peuvent
rendre moins crédibles les efforts des entreprises vertueuses aux yeux
du consommateur.
Ces dernières années, certaines multinationales
et organisations commerciales cotées ou non en bourse publient
annuellement un rapport sur leur performance environnementale. Ces rapports de
développement durable ou de responsabilité sociale entrent en
droite ligne dans les stratégies de communication environnementale des
entreprises concernées. Elles deviennent ainsi l'une des sources
d'information pour les journalistes.
3.7 Les sources d'information
environnementale
L'existence d'une presse libre suppose un libre accès
des journalistes aux sources d'information. Au nombre de ces sources diverses
et variées, l'État a un rôle prépondérant en
se mettant au service de tout citoyen. La Loi sur l'accès aux documents
des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels,
adoptée au Québec en 1982, et la Loi sur l'accès à
l'information, adoptée par Ottawa en 1983 forment le cadre
législatif dans la province du Québec. Et pour obtenir de
l'information sur l'environnement, les premiers interlocuteurs des journalistes
sont souvent les gouvernements dans la mesure où ce sont eux qui
établissent les lois et veillent à leur application. Les
enquêtes et la publication de plusieurs rapports sont aussi l'oeuvre des
autorités publiques. Mais face aux impératifs du
développement économique et à la résorption du
chômage, les gouvernements relèguent parfois au second plan les
considérations environnementales.
Pour des raisons d'intérêt public, un
gouvernement peut aussi décider d'interdire ou de retarder la
publication de certaines informations. Certes, la presse peut ne pas avoir la
même lecture de l'intérêt public comme l'illustre cette
plainte du chroniqueur pigiste Jean-Pierre Bonhomme de La Presse
contre les Services de protection de l'environnement du gouvernement du
Québec. Ceux-ci lui ont refusé de fournir les renseignements
nécessaires à la rédaction d'une chronique sur la
pollution industrielle du fleuve St-Laurent. Selon lui, cette attitude porte
atteinte à la libre circulation de l'information relative à un
problème d'intérêt public (lire en annexe 3 les
détails de la décision n° D1974-11-030 rendue par le Conseil
de presse du Québec).
Outre l'État, il existe toute une multitude d'acteurs
de la société civile notamment les organismes non gouvernementaux
(ONGs), les universitaires ou centres de recherche, les mouvements religieux,
les syndicats et autres qui constituent de véritables sources
d'information pour les journalistes. On compte environ 2000 organismes
environnementaux au Canada, dont la plupart travaillent principalement à
faire pression sur les hommes politiques pour les amener à
légiférer sur des questions d'intérêt public
(Keating, 1993). Et avec les nouvelles technologies de l'information et de la
communication, chaque acteur de la société civile
développe, plus ou moins, une stratégie de communication pour
défendre sa cause et faire valoir ses intérêts ou opinions
dans les médias.
A titre d'exemple, Objectif Terre, le bulletin du
développement durable de l'espace francophone publié par l'OEI
est envoyé, entre autres, aux médias québécois.
Même si certains journalistes du secteur de l'environnement avouent ne
pas trop s'en servir : « je trouve Objectif Terre un peu
poli, trop axé sur des détails des conversations
diplomatiques »36(*).
Ce n'est donc pas la rareté des sources d'information
environnementale qui pose problème au Canada mais leur abondance surtout
dans un monde où on communique de mieux en mieux. Il se pose alors le
problème de détermination de la source la plus fiable pour les
journalistes surtout quand il s'agit de couvrir les sujets conflictuels et
controversés, comme c'est souvent le cas pour les questions
environnementales.
3.8 Mention spéciale
pour Le Devoir
Au-delà de tous les problèmes
évoqués plus haut, il convient de reconnaître, dans le
cadre de notre étude de cas, que le quotidien Le Devoir semble
être une exception. En effet, malgré le modeste tirage de ce
quotidien qui ne paraît même pas les dimanche (voir tableau 1) et
ayant la plus faible pagination (16 pages en semaine), il est celui qui fournit
le plus d'effort dans le traitement et la couverture de l'information
environnementale. C'est ainsi qu'on retrouve, au sein de cette
rédaction, une chronique spécialisée hebdomadaire (Week
end nature) et le suivi de plusieurs dossiers et sujets ayant rapport avec
l'environnement avec une meilleure mise ne valeur. Et il apparaît
clairement dans l'ours du journal une organisation de la rédaction avec
une rubrique «environnement» dont le responsable est Louis Gilles
Francoeur. Un journaliste que tout le monde s'accorde à
reconnaître comme une icône de la presse environnementale dans
toute la province du Québec et même au-delà.
A ceux qui l'accusent d'être un militant
environnementaliste ou le «porte voix» des écologistes au sein
de la rédaction du Devoir, M. Francoeur répond :
« je suis un militant de la
vérité »37(*). D'ailleurs, cet engagement assidu et continu a
déjà été récompensé en 2000 par les
prix Phénix de l'environnement dans la catégorie
«éducation et sensibilisation». Mieux, Radio Canada, pour
répondre à l'intérêt manifeste de ses auditeurs pour
les préoccupations environnementales, a fait appel à Louis Gilles
Francoeur pour animer une chronique environnementale sur la grande
émission radiophonique «Indicatif Présent» de Marie
France Bazzo.
Deux explications sont plausibles pour comprendre cette
«performance» caractérisée par une couverture plus ou
moins régulière de l'information environnementale du journal
Le Devoir :
Ø Des trois quotidiens montréalais
étudiés, Le Devoir est la seule publication à
jouir d'une réelle indépendance, de par sa structure
unique38(*). Et on est
bien tenté d'établir une corrélation entre cette
indépendance et l'intérêt continu pour les questions
environnementales.
Ø Le Devoir, qualifié
d'élitiste, compte ses lecteurs, en priorité, chez les
intellectuels (universitaires, hommes politiques, cadres d'entreprises, ...)
qui seraient plus sensibles aux questions environnementales.
L'exemple du quotidien Le Devoir montre bien que tout
espoir n'est pas perdu et que l'amélioration de la présence et de
la qualité de l'information environnementale dans la presse grand public
est possible.
Chapitre 4 : Vers un
«traitement durable» de l'information environnementale
Dans ce dernier chapitre, nous essayerons de voir après
le portrait sommaire de la pratique du journalisme environnemental aussi bien
à Montréal (Québec) qu'à Cotonou (Bénin),
des pistes susceptibles d'être exploitées pour un meilleur
traitement de l'information environnementale dans la presse francophone. En
fait, il s'agit d'aller au-delà de l'intérêt cyclique et de
la couverture empirique que les médias font des questions
environnementales. Les actions envisagées se feront à plusieurs
niveaux.
4.1 Renforcement institutionnel
ou réformes institutionnelles
4.1.1 L'éducation
à l'environnement
L'introduction de l'éducation à l'environnement
dès le bas âge aura le bénéfice d'avoir un adulte
qui ne soit plus, a priori, un néophyte en ce qui concerne les enjeux
environnementaux majeurs. D'ailleurs, beaucoup de pays l'ont compris et se sont
engagés dans cette voie. L'objectif est moins d'apporter de nouvelles
connaissances à travers une nouvelle discipline que de développer
des méthodes d'approche intégrant chacune des disciplines
déjà enseignées. Il s'agira, dans certains cas,
d'introduire des réformes ou, dans d'autres, d'effectuer un renforcement
institutionnel dans les systèmes éducatifs ou encore des
réajustements dans les contenus d'enseignement. Cela est d'autant plus
vrai que les médias constituent l'un des acteurs de l'éducation
à l'environnement. Dans le contexte de l'éducation formelle, les
journaux (la presse écrite) constituent une ressource pédagogique
d'une grande richesse et facilement accessible. Or, de la qualité et de
l'abondance de cette ressource pédagogique dépendent
l'intérêt et l'importance des questions environnementales dans la
presse.
4.1.2 Vers plus de
spécialisation des journalistes
Tout journaliste sorti d'une structure de formation devrait
avoir un «background» lui permettant de comprendre et
d'intégrer dans son travail quotidien les questions environnementales.
Ainsi, des situations cocasses comme des journalistes «non aguerris»
demandant à leurs interlocuteurs les questions auxquelles ces derniers
souhaiteraient répondre pourront être évitées.
Mais cette connaissance générale de
l'environnement préconisée pour tout journaliste ne doit, en
aucune manière, remplacer l'apport, l'éclairage et l'expertise
des journalistes spécialisés dans les secteurs de l'environnement
au sein des rédactions. Ces derniers comprennent mieux les grands enjeux
environnementaux et vont au-delà de la simple transmission de nouvelles.
En effet, les écoles et centres de formation des journalistes devront
proposer des programmes de spécialisation en environnement. En Afrique
occidentale par exemple, ce n'est qu'en 1998 que le Centre d'études des
sciences et techniques de l'information (le CESTI basé à Dakar) a
introduit un programme de spécialisation en environnement dans la
formation de ses journalistes. Des formations à la carte peuvent
être organisées, au besoin, dans des domaines précis.
Loin de s'exclure, ces deux approches (connaissance
générale des journalistes en environnement et
spécialisation pointue) sont complémentaires et sont toutes deux
nécessaires pour le «traitement durable» que nous proposons
dans la couverture de l'information environnementale par la presse.
A ce propos, la décennie internationale (2005 - 2015)
pour l'éducation en vue du développement durable lancée
par les Nations Unies et mise en oeuvre par l'UNESCO apparaît comme une
opportunité qui pourrait bien améliorer la prise en compte des
questions environnementales dans la presse.
4.1.3 Améliorer
l'environnement économique et juridique des médias
Dans les pays du Nord comme au Sud, la pérennité
des entreprises de presse est, dans la majorité des cas, redevable aux
grands groupes industriels et à la publicité. Or, c'est une
lapalissade que d'affirmer que le but de la publicité est de susciter la
grande consommation ou ce que les anglophones appellent
« l'overconsuming ». Il s'agit d'un comportement
non soutenable qui est à l'antipode de ce que devrait préconiser
les journalistes du secteur de l'environnement. Et pour s'affranchir de ces
conflits d'intérêt, l'État pourrait être
appelé à la rescousse. Mais qu'on ne s'y méprenne point,
la presse est jalouse de sa liberté et les interventions de
l'État ne peuvent être que de nature ponctuelle. Aussi,
proposons-nous des actions suivantes :
Ø Mise en place d'une législation pour mettre un
frein ou limiter les effets pervers de la concentration de la presse aux mains
de grands groupes industriels.
Ø Élaboration d'une fiscalité propre aux
médias pouvant leur offrir les conditions d'une meilleure
viabilité économique et d'une plus grande indépendance
vis-à-vis du marché publicitaire des entreprises.
Ø Constitution et édition d'une base de
données, fiables et régulièrement mises à jour, des
acteurs de l'environnement par pays.
4.2 Engagement
professionnel
4.2.1 De la proximité
à la globalité
L'un des principes cardinaux dans la définition d'une
nouvelle digne d'intérêt pour la presse est le critère de
proximité. Ainsi, les problèmes environnementaux locaux devraient
avoir les faveurs de la presse locale. Encore que dans ce registre, il y a des
problématiques environnementales qui sont récurrentes (comme la
préservation de la nature, les changements climatiques, les choix
énergétiques, la pollution de l'air ou autres problèmes
urbains) au détriment de problématiques nouvelles ou paraissant
peut-être trop techniques (comme celles liées aux biotechnologies
ou aux déchets industriels). C'est également le cas des
thématiques encore mal perçues (comme les dommages liés au
tourisme, la pollution des eaux souterraines ou l'utilisation de
pesticides).
Et si l'on doit se réjouir de cet «agir
local», la presse devrait aussi se soucier du «penser global» en
mettant souvent en exergue les liens, les relations et la transversalité
des problèmes environnementaux dans un contexte universel. Dans le
domaine agricole, par exemple, l'importation et la commercialisation dans les
pays du Sud des pesticides déjà prohibés au Nord devraient
être des sujets de grande préoccupation pour les médias.
Comparativement aux pays industrialisés, l'agriculture en Afrique
utilise peu de pesticides et même si elle doit s'y mettre, elle a
l'obligation de ne pas reproduire les mêmes erreurs que l'occident. Et la
presse peut y contribuer efficacement par la publication d'expériences
connues, d'enquêtes et d'analyses plus approfondies.
4.2.2 Parler d'environnement
sans l'évoquer
La seule évocation du mot «environnement»
provoque chez certains rédacteurs en chef le sentiment du
«déjà entendu». Le sujet n'est plus «nouveau»
aux yeux des médias. Beaucoup ont l'impression qu'ils ont suffisamment
fait le tour de la question et qu'il faille privilégier d'autres
nouvelles en attendant des accidents écologiques ou catastrophes
naturelles. Et puis avec le concept du développement durable que
certains qualifient de concept «fourre-tout», tous les secteurs
d'activité proclament publiquement que l'environnement est une question
primordiale et se disent prêts à l'intégrer dans leur
processus de production. Certes, ce qu'on attend des journalistes, quel que
soit leur domaine de spécialisation, c'est qu'ils ne se contentent pas
de ces déclarations d'intention. Ils doivent normalement aller
au-delà et faire preuve d'entregent car selon la formule
consacrée, n'aura du succès dans les médias que ce qui est
nouveau, véridique et intéressant. Et comme le recommande Lamb
(1997), il s'agit d'appliquer son imagination et sa créativité
à faire comprendre ce qu'est le développement durable, tout en
s'arrangeant pour ne jamais prononcer ces deux mots.
L'importance et l'intérêt des questions
environnementales doivent se mesurer également à l'aune des
genres journalistiques utilisés. Ainsi, les sujets environnementaux ne
seront plus confinés et traités avec des genres journalistiques
qualifiés de moins «nobles». Ce faisant, le journalisme
environnemental pourra être aussi bien un journalisme d'information que
d'opinion. En fait, le journalisme environnemental devrait évoluer en
changeant de paradigme en ne se limitant plus à une simple transmission
d'informations sur les évènements qui tombent dans l'oubli
dès qu'ils ne sont plus d'actualité.
4.2.3 Parler des
problèmes sans oublier les solutions
C'est connu, la presse ne s'occupe pas des trains qui arrivent
à l'heure. Et dans les secteurs de l'environnement, cette attitude
habituelle de la presse a conduit le public à être plus
informé des problèmes que des solutions. Ce faisant, les
médias contribuent souvent à entretenir la peur des crises
environnementales et un sentiment de fatalisme ou d'impuissance devant les
grands enjeux planétaires. Or, ce qu'on attend de la presse, c'est
qu'elle aille au-delà de ce goût prononcé pour les
catastrophes et accidents écologiques et qu'elle s'investisse aussi dans
la vulgarisation des solutions innovantes ou existantes pour éviter le
pire. Ainsi, des «coup de projecteurs» ou des zooms sur de petites
expériences réussies de bonnes pratiques environnementales
peuvent convaincre davantage les gens à comprendre que des solutions
existent et passent par l'addition des actions individuelles de chacun.
4.2.4 Les NTIC comme
opportunités pour favoriser les réseaux
Dans les domaines de l'information et de la communication, les
nouvelles technologies ont fondamentalement changé la donne. En prenant
juste le formidable outil qu'est Internet (sources d'informations facilement
accessibles et relativement peu coûteuses, mise en place d'un
réseau et association de professionnels, ...), un journaliste averti
peut bien mener une enquête en faisant des recoupements
nécessaires ou s'auto former dans des domaines précis.
Certes, dans le passé et pour remédier à
des dysfonctionnements au sein de la profession, plusieurs réseaux ont
été mis en place (Fédération internationale des
journalistes de l'environnement, Journalistes écrivains pour la nature
et l'écologie, Réseau africain en communications
environnementales, ...). Mais force est de constater que les taux de
morbidité et de mortalité de ces différents réseaux
sont très élevés. Et avant d'en créer de nouveaux
ou de ressusciter ceux qui existent déjà, il est
nécessaire de mener une étude minutieuse pour connaître les
maux qui plombent le développement de ces genres de réseaux ou
associations de professionnels.
4.2.5 Essor des médias
alternatifs
A l'image des mouvements et associations écologiques,
la presse spécialisée en environnement est abondante et ne cesse
de proliférer. Les deux principaux points communs à toutes ces
« petites voix de la dissidence »39(*) sont l'attachement
à l'indépendance et l'offre alternative à l'information
dominante. Même si cette presse alternative est souvent
réalisée avec peu de moyens, elle satisfait les besoins des
militants et sympathisants écologistes à qui elle est
destinée. En effet, cette presse militante et volontairement
engagée est peu favorable au monde industriel et aux pouvoirs
économiques.
Dans ces publications, les problématiques
environnementales sont abordées et présentées dans leurs
dimensions réelles de manière plus fouillée. Certes, il y
a parfois des exagérations qui sont beaucoup plus dues à l'ardeur
excessive ou d'un effort effréné de sensibiliser et de motiver
les citoyens.
Mais, en raison de leurs circulations limitées, ces
publications ne peuvent pas influencer, à quelques exceptions
près, le grand public et l'inciter à l'action. D'où
l'idée d'une collaboration plus soutenue avec les mass média.
4.2.6 Des rédactions de
plus en plus vertes
Le journaliste est avant tout un citoyen et à ce titre,
il ne doit pas apparaître comme un donneur de leçon, encore moins
un moralisateur. Dans l'exécution quotidienne de ses tâches, le
journaliste devrait prêcher par l'exemple quelle que soit la ligne
éditoriale de son organe de presse. Ainsi, quand on prend le secteur de
la presse écrite qui, par excellence, consomme beaucoup de papier, des
actions concrètes de gestion rationnelle, de réduction et de
recyclage sont à encourager. Certes, on ira pas jusqu'à demander
aux petites entreprises de presse de produire annuellement des rapports de
développement durable. Mais que ces entreprises fassent preuve, dans
leur gestion quotidienne, de la prise en compte de l'environnement. Tout comme
il existe un code de déontologie pour la profession, chaque
rédaction pourrait définir, compte tenu de son contexte et de ses
spécificités, des principes ou une politique ayant pour substrat
le développement durable.
CONCLUSION
Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, a priori,
l'intérêt et l'importance des questions environnementales
demeurent modestes dans la presse écrite montréalaise
malgré le fait qu'elles constituent une préoccupation majeure
pour les québécois. En témoigne, par exemple, la quasi
absence de l'environnement dans les grands enjeux débattus au cours de
la campagne pour les élections fédérales de 2004. La
couverture médiatique des sujets environnementaux est encore empirique
car elle n'intervient que de façon évènementielle et
irrégulière. Et les thèmes souvent traités ont
rapport avec la nature (conservation et biodiversité), le
développement durable, les changements climatiques, l'énergie et
l'eau. Viennent ensuite les questions liées à l'air, aux
déchets, à l'agriculture et la biotechnologie. Dans la
catégorie des conventions dites de Rio, les problèmes de
désertification ne sont presque pas évoqués dans les
quotidiens montréalais. Autre constat de cette étude, le parti
pris des médias pour évoquer plus les problèmes que les
solutions.
Du côté de l'Afrique et plus
particulièrement du Bénin, la situation n'est guère
reluisante car l'information environnementale n'est pas souvent
médiatisée, ni très relayée dans les media de
proximité. Ce qui laisse de larges couches de la société
à l'écart d'une information qui devrait pourtant instruire toutes
ses actions en tant qu'acteur citoyen et usager.
Toutefois, nous tenons à préciser que les
résultats obtenus après notre étude sur les quotidiens
montréalais ne peuvent être comparés au constat que nous
avons dressé de la pratique du journalisme environnemental au
Bénin.
Mais qu'il s'agisse du Québec ou du Bénin, des
pistes de solutions susceptibles d'être exploitées existent (des
réformes institutionnelles à plus d'engagement professionnel en
passant par la nécessaire spécialisation des journalistes) pour
l'amélioration de la présence des sujets environnementaux dans la
presse quotidienne. Un «traitement durable» (aller au-delà de
l'intérêt cyclique et de la couverture empirique) des questions
environnementales est donc possible.
Finalement, nous retenons que cette étude n'offre qu'un
premier aperçu, une sorte de photographie instantanée de
l'intérêt et de l'importance, somme toute modestes, des questions
environnementales dans la presse francophone notamment montréalaise. Des
recherches plus soutenues, faisant appel à des analyses de contenu du
discours de presse, restent à effectuer pour évaluer
effectivement la contribution des mass média à la formation du
comportement soutenable et souhaitable chez le citoyen. Puis, il faudra
vérifier aussi notre soupçon quant à la corrélation
entre la couverture régulière des questions environnementales
(souvent critiques et gênantes pour l'establishment) et
l'indépendance des médias par rapport aux différents
pouvoirs.
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Sites web souvent visités
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http://www.greenpeace.ca
http://www.iisd.ca
http://www.ledevoir.com
http://www.ompp.mcgill.ca
http://www.sej.org
http://www.statcan.ca
http://www.liberal.ca/
http://www.conservateur.ca/
http://www.npd.ca/
http://www.greenparty.ca/
http://www.blocquebecois.org/
Enquête Eurobaromètre :
http://europa.eu.int/comm/environment/barometer/index.htm
Enquête Flash Eurobaromètre :
http://europa.eu.int/comm/environment/barometer/flash_02.htm
http://www.eosgallupeurope.com/webreports/environment.htm
Glossaire des termes
journalistiques utilisés40(*)
Analyse
Dans le langage journalistique, l'analyse est l'étude
en profondeur d'un fait d'actualité, d'un événement, d'une
situation afin d'en faciliter la compréhension. Le journaliste ne se
contente pas dans ce cas de rapporter les faits: il les replace dans leur
contexte, les met en relation avec d'autres événements
passés, fait ressortir les constantes ou les contradictions entre elles,
pour en arriver finalement à une ou à plusieurs conclusions.
Brève
Par opposition au dossier ou à l'enquête, la
brève est un texte court, une "nouvelle brève" (dix lignes
maximum). Elle donne en trois ou quatre phrases une information très
concise, sans titre, qui répond obligatoirement aux questions: qui,
quoi, quand, où, et parfois comment et pourquoi.
Chapeau ou chapô
Texte d'introduction qui «coiffe» un article,
généralement présenté en plus gros, et en
caractères gras. À mi-chemin du résumé et de l'
accroche,
il concentre en quelques lignes l'essentiel de l'information. Le chapô
fait partie de la
titraille.
Compte rendu
Bien qu'il puisse être considéré comme une
forme de reportage, le compte rendu désigne habituellement un court
rapport dans lequel on résume le déroulement d'une
réunion, d'une séance d'information, d'un congrès, d'une
assemblée ou d'une manifestation. Il est purement factuel, et fait vivre
l'événement à distance plutôt qu'à
proximité, comme sait le faire le reportage.
Chronique spécialisée
La chronique spécialisée est un article
périodique par lequel sont transmises au grand public des informations
sur un sujet déterminé: éducation, politique,
environnement, économie... Par le biais des chroniques, les
médias tentent de vulgariser les connaissances et les
développements techniques liés à des champs particuliers
de savoir. Ce qui distingue la chronique des autres genres journalistiques,
c'est le fait qu'elle paraisse à intervalles réguliers et qu'elle
soit produite par un journaliste spécialiste; le lecteur sait aussi
qu'il la retrouvera à chaque fois à un endroit
déterminé du journal. De plus, elle n'est pas
nécessairement liée directement à l'actualité.
Dépêche
Le mot s'appliquait, autrefois, à toute forme de
communication rapide (par porteur, pigeon voyageur, télégramme,
par exemple), quel qu'en fût l'émetteur. À l'heure des
transmissions électroniques, une dépêche est d'abord une
information diffusée par une
agence
de presse.
Édito
Abréviation de "éditorial". Rédigé
par le
rédacteur
en chef ou le directeur de la rédaction, l'éditorial est un
texte de réflexion et de commentaire, soit en réaction à
une actualité donnée, soit une réaffirmation
périodique de l'orientation de la publication.
Enquête
Une enquête est l'étude approfondie d'un
problème dont les répercussions sont importantes pour le public
en général. S'ils ne doivent pas absolument être
liés à l'actualité immédiate, les sujets retenus
doivent néanmoins être actuels, c'est-à-dire
potentiellement percutants. L'enquête vise essentiellement à faire
découvrir au lecteur quelque chose d'inédit, à lui
présenter une situation sous un angle nouveau, en mettant à sa
disposition le plus d'informations possible.
Interview
L'interview est une sorte de reportage où, à
travers un entretien, le journaliste tente de nous faire connaître
l'opinion, les idées ou l'expérience d'un personnage connu, en
rapport ou non avec un fait d'actualité. Le rôle du journaliste
dans ce cas est secondaire: il agit essentiellement à titre
d'intermédiaire pour permettre au lecteur de prendre directement
connaissance des déclarations de personnalités de tous les
secteurs d'activité ou pour lui faire partager sa vie, ses
expériences, ses réussites, ses échecs. La
fidélité est, cela va sans dire, le trait premier d'une bonne
interview.
Manchette
Le haut de la page de Une s'appelle la manchette. C'est
là qu'on trouve "l'état civil" du journal : son nom et son
logo, la date du jour, le numéro, le prix... D'une façon
générale, on considère que le gros titre barrant la Une
fait partie de la manchette.
Ours
C'était le surnom donné au patron d'une
imprimerie au XIXe siècle. Celui-ci, juridiquement responsable de ce
qu'il publiait, était tenu de mentionner son nom et son adresse sur
livres et journaux. Par extension, l'ours désigne aujourd'hui l'endroit
où, dans une publication, sont répertoriés le nom du
journal et son adresse, le nom du directeur de la publication (le responsable
du journal devant la loi), celui des responsables de rubriques et parfois des
collaborateurs (rédacteurs, secrétaires, graphistes,
équipe commerciale, administrative et technique...) avec, toujours,
celui de l'imprimeur.
Reportage
On parle de reportage chaque fois qu'un journaliste rapporte
ce qu'il a vu, lu ou entendu. Après s'être rendu sur place, avoir
observé la situation, pris des notes, posé des questions,
essayé d'en savoir le plus possible sur tous les aspects de la
situation, il relate ce qu'il a vu et entendu, en se gardant bien cependant de
commenter ou d'interpréter les faits. Ce qui différencie le
reportage de la nouvelle, c'est d'abord l'aspect personnalisé du
récit, sa structure même ainsi que le type
d'événement qui en fait l'objet.
Tirage
Nombre d'exemplaires imprimés. A ne pas confondre avec
la
diffusion
qui est le nombre d'exemplaires réellement vendus (ou offerts en
promotion). La santé d'un journal est aussi tributaire de son audience
(lectorat) : on considère que chaque numéro vendu est lu par
plusieurs personnes ; l'audience est donc égale à la diffusion
multipliée par un coefficient donné (2 pour un quotidien, entre 3
et 5 pour un mensuel). Plus le chiffre obtenu est élevé, plus le
journal peut espérer séduire les publicitaires, et donc gagner
d'argent.
Une
C'est la première page d'un quotidien :
véritable vitrine, elle doit véhiculer, outre la ou les
information(s) capitales, l'image du journal tout entier, et donner envie de
l'acheter.
TABLE DES
MATIÈRES
DÉDICACE
I
AVANT-PROPOS
II
REMERCIEMENTS
IV
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
V
LISTE DES FIGURES, GRAPHIQUES ET
TABLEAUX
VI
RÉSUMÉ
VII
ABSTRACT
VIII
INTRODUCTION GENERALE
1
PROBLÉMATIQUE
2
OBJECTIFS
4
HYPOTHÈSE DE
TRAVAIL
4
INTÉRÊT ET
JUSTIFICATION
4
CADRE
THÉORIQUE
5
MÉTHODOLOGIE
8
Les variables
retenues :
9
v Nombre d'articles parus sur
l'environnement
9
v Nombre de parutions à la Une
10
v Thèmes environnementaux souvent
abordés
10
v Genres journalistiques les plus
utilisés
10
Les entrevues
12
PREMIÈRE PARTIE :
L'ENVIRONNEMENT DANS LA PRESSE QUOTIDIENNE : UNE COUVERTURE EMPIRIQUE
14
CHAPITRE 1 : ÉTUDE DE CAS DES
QUOTIDIENS MONTRÉALAIS
17
1.1 LE CONTEXTE
17
1.1.1 Présentation du cadre
d'étude : la région métropolitaine de
Montréal
17
a) Caractéristiques
socio-économiques
17
b) Données environnementales
19
1.1.2 Aperçu du paysage
médiatique montréalais
19
a) La Presse
20
b) Le Devoir
20
c) Le Journal de Montréal
21
1.2 TRAITEMENT DE L'INFORMATION
ENVIRONNEMENTALE PAR PÉRIODE D'ÉTUDE
22
1.2.1 La campagne pour les
élections fédérales (mai-juin 04)
22
a) L'environnement dans la couverture
électorale
23
b) Les thèmes environnementaux souvent
abordés
26
c) La mise en valeur de l'information
environnementale
27
d) Les genres journalistiques souvent
utilisés
28
1.2.2 La période témoin
(mai - juin 2003)
29
a) Les thèmes environnementaux souvent
abordés
29
b) La mise en valeur de l'information
environnementale
30
c) Les genres journalistiques souvent
utilisés
31
1.2.3 La couverture médiatique
du sommet de Johannesburg (août-sept 02)
32
a) Collaboration entre l'OEI et Le Devoir
32
b) Les thèmes environnementaux souvent
abordés
33
c) La mise en valeur de l'information
environnementale
34
d) Les genres journalistiques souvent
utilisés
35
1.3 ANALYSE COMPARÉE DES
RÉSULTATS DES TROIS PÉRIODES
35
1.3.1 Des thèmes
environnementaux à la mode,...
35
1.3.2 ...peu mis en
valeur...
37
1.3.3 ...et repris souvent sous forme
de dépêches d'agences.
38
CHAPITRE 2 :
SPÉCIFICITÉS DU JOURNALISME ENVIRONNEMENTAL EN
AFRIQUE
41
2.1
GÉNÉRALITÉS
41
2.2 PRÉSENTATION D'UN PROJET
SOUS RÉGIONAL : LE PACIPE
42
2.3 PRATIQUE DU JOURNALISME
ENVIRONNEMENTAL AU BÉNIN
43
2.3.1 Une presse quotidienne
foisonnante mais éphémère
44
2.3.2 Un journalisme environnemental
encore embryonnaire
45
DEUXIÈME PARTIE :
L'ENVIRONNEMENT DANS LA PRESSE QUOTIDIENNE : LES RAISONS D'UNE SOUS
REPRÉSENTATIVITÉ
48
CHAPITRE 3 : L'ENVIRONNEMENT EST-IL UN
SUJET DIFFICILE À TRAITER ?
49
3.1 L'ENVIRONNEMENT, UN SUJET NOUVEAU,
COMPLEXE ET TRANSVERSAL
49
3.2 UNE PLACE DE CHOIX POUR
L'ÉCONOMIE
49
3.3 LA CRISE DE LA PRESSE
ÉCRITE
50
3.4 LA PRESSE, OTAGE DES
ANNONCEURS
51
3.5 LA CONCENTRATION DES
MÉDIAS
51
3.6 LA COMMUNICATION TUE-T-ELLE
L'INFORMATION ?
53
3.7 LES SOURCES D'INFORMATION
ENVIRONNEMENTALE
54
3.8 MENTION SPÉCIALE POUR LE
DEVOIR
55
CHAPITRE 4 : VERS UN «TRAITEMENT
DURABLE» DE L'INFORMATION ENVIRONNEMENTALE
58
4.1 RENFORCEMENT INSTITUTIONNEL OU
RÉFORMES INSTITUTIONNELLES
58
4.1.1 L'éducation à
l'environnement
58
4.1.2 Vers plus de
spécialisation des journalistes
58
4.1.3 Améliorer l'environnement
économique et juridique des médias
59
4.2 ENGAGEMENT
PROFESSIONNEL
60
4.2.1 De la proximité à
la globalité
60
4.2.2 Parler d'environnement sans
l'évoquer
60
4.2.3 Parler des problèmes sans
oublier les solutions
61
4.2.4 Les NTIC comme
opportunités pour favoriser les réseaux
61
4.2.5 Essor des médias
alternatifs
62
4.2.6 Des rédactions de plus en
plus vertes
62
CONCLUSION
64
BIBLIOGRAPHIE
67
GLOSSAIRE DES TERMES JOURNALISTIQUES
UTILISÉS
72
TABLE DES MATIÈRES
75
ANNEXES
77
ANNEXE 1:
78
ANNEXE 2 :
79
ANNEXE 3 :
82
ANNEXES
ANNEXE 1 : FICHE DE COLLECTE
ANNEXE 2 : BULLETIN DE NOTE EN ENVIRONNEMENT
ANNEXE 3 : DÉCISION N° D1974-11-030 DU
CONSEIL DE PRESSE DU QUÉBEC
Annexe 1:
FICHE DE COLLECTE
|
Nom de la publication :
|
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Tirage quotidien :
|
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Période :
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A la Une
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Pages intérieures
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Niveau
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Genres Journalistiques
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Autre
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Thèmes abordés
|
Grosse manchette
|
Manchette
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Annonce à la Une
|
Éditorial
|
Chronique
|
Reportage
|
Compte rendu
|
Interview
|
Enquête ou Analyse
|
Portrait
|
Dépêches d'agence
|
Tribune ou libre opinion
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Développement durable
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Conservation / Biodiversité
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Changements climatiques
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Désertification
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Eau
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Sol
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Air
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Agriculture
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Pesticides
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Biotechnologies
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Industrie (autres)
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Transport
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Urbanisation
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Énergie
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Déchets
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Autres
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Commentaire :
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Annexe 2 :
Élection fédérale 2004
Bulletin de notes en environnement
Greenpeace a décidé d'évaluer les
politiques en environnement de chacun des partis. Ceux-ci ont reçu nos
sept questions. Les réponses nous sont parvenues directement sinon nous
avons examiné les plateformes électorales. La note E pour
échec indique que les partis n'ont pas de politiques sur le sujet ou que
leur politique est nocive pour l'environnement.
Résultats en bref
|
Parti Conservateur
|
Bloc
Québécois
*
|
Parti
Libéral
|
Parti Vert
|
Nouveau Parti Démocratique
|
Énergie
|
E
|
A
|
C
|
B
|
A
|
Alimentation
|
E
|
B
|
E
|
A
|
A
|
Nature
|
E
|
B
|
E
|
B
|
A
|
Paix
|
E
|
A
|
E
|
A
|
A
|
Énergie
Nos questions :
1. Mettrez-vous fin aux subventions et aux
allégements fiscaux accordés aux combustibles fossiles et
à l'énergie nucléaire?
2. Vous engagez-vous à accroître la
capacité du parc éolien d'au moins 10 000 mégawatts d'ici
2010?
Parti Conservateur
|
E
|
Compte rediriger les dépenses engagées par le
fédéral pour s'acquitter de ses obligations en vertu du Protocole
de Kyoto, « un accord de moins en moins pertinent », mais ne prend
aucun engagement réel à développer les filières
énergétiques propres.
|
Bloc Québécois
|
A
|
Demandera l'imposition d'une surtaxe sur les profits des
grandes entreprises pétrolières. Proposera un plan
d'investissement dans l'industrie éolienne.
|
Parti Libéral
|
C
|
S'engage à encourager la croissance de la production
d'énergie éolienne mais à un niveau insuffisant.
Considère que le charbon peut être « propre ». Ne
s'engage pas à éliminer les allégements fiscaux
accordés aux combustibles polluants.
|
Parti Vert
|
B
|
Veut imposer une taxe pour assurer la responsabilité
des corporations en matière de pollution mais ne fixe aucune cible
chiffrée en matière de croissance de la production
d'énergie
éolienne.
|
Nouveau Parti Démocratique
|
A
|
Offrira des incitatifs fiscaux aux entreprises du secteur
des
énergies renouvelables et réformera le
régime fiscal de façon à transformer les incitatifs, les
subventions et les programmes d'investissement pour mettre l'accent sur les
énergies vertes et délaisser les carburants fossiles et le
nucléaire.
|
Alimentation
Nos questions :
1. Établirez-vous un régime
d'étiquetage obligatoire des aliments GM?
2. Imposerez-vous un moratoire sur tous les nouveaux
aliments GM?
Parti Conservateur
|
E
|
N'aborde pas ce sujet.
|
Bloc Québécois
|
B
|
Appuie l'étiquetage des aliments GM; propose
l'application du
principe de précaution et une évaluation des
effets des plantes GM avant leur mise en marché. Est en faveur de la
ratification du Protocole sur la biosécurité.
|
Parti Libéral
|
E
|
N'aborde pas le sujet.
|
Parti Vert
|
A
|
Est en faveur de l'étiquetage des aliments GM. La
dissémination non autorisée d'espèces
génétiquement modifiées dans l'environnement deviendra un
crime sanctionné par la loi.
|
Nouveau Parti Démocratique
|
A
|
Imposera un moratoire sur l'introduction de toute nouvelle plante
GM, changera la réglementation actuelle de manière à
obliger les sociétés biotechnologiques à
démontrer que les nouvelles technologies sont sûres avant qu'elles
puissent les
utiliser. Établira un régime d'étiquetage
obligatoire des
nouveaux aliments GM.
|
Nature
Nos questions :
1. Accroîtrez-vous de manière
significative les aires protégées, notamment les aires de
forêts anciennes intactes, au Canada d'ici 2010?
2. Mettrez-vous intégralement en oeuvre et
renforcerez-vous la Loi fédérale sur les espèces en
péril y compris la protection complète de toutes les
espèces en voie de disparition au Canada et ce, dans tous les
territoires et toutes les provinces?
Parti Conservateur
|
E
|
Affirme qu'il assurera l'avenir de l'industrie canadienne du
bois d'oeuvre en ayant recours au libre-échange.
|
Bloc Québécois
|
B
|
Appuie la Convention sur la diversité biologique,
adoptée à Rio en 1992. Va augmenter le nombre d'aires
protégées et le financement pour conserver celles qui le sont
déjà. Accorde de l'importance aux espèces menacées
mais souligne que la réglementation fédérale
empiète sur la juridiction provinciale.
|
Parti Libéral
|
E
|
N'aborde pas le sujet.
|
Parti Vert
|
B
|
Interdira la coupe à blanc, conservera les forêts
anciennes et
adoptera des mesures pour instituer des pratiques
forestières
durables.
|
Nouveau Parti Démocratique
|
A
|
Mettra en oeuvre une loi sur les espèces en voie de
disparition pour protéger les habitats des espèces en
péril et accordera aux scientifiques, et non aux politiciens, la
responsabilité de déterminer quelles espèces sont en
péril. Développera des industries de produits forestiers à
valeur ajoutée et mettra fin à la coupe à blanc des
forêts anciennes.
|
Paix
Notre question : Vous engagez-vous à
empêcher toute participation du Canada au projet de bouclier antimissile
(Star Wars) des États-Unis?
Parti Conservateur
|
E
|
Entrera en pourparlers avec les États-Unis sur la
participation du Canada au système de défense antimissile
nord-américain.
Injectera immédiatement 1,2 milliard $ par année
dans l'appareil militaire pour le remplacement d'équipements et
accroîtra par la suite ce niveau d'investissements à 2 milliards
par année.
|
Bloc Québécois
|
A
|
S'oppose à la participation du Canada au projet de
bouclier
antimissile et fera campagne en faveur d'un traité
international interdisant la militarisation de l'espace.
|
Parti Libéral
|
E
|
Accroîtra la capacité militaire et
développera la sécurité marine du Canada en
coopération avec les États-Unis.
|
Parti Vert
|
A
|
Déclarera le Canada zone
dénucléarisée au plan militaire. Ne
participera pas à la Guerre des étoiles. Le
rôle des forces armées du Canada sera centré sur le
maintien de la paix et l'aide humanitaire.
|
Nouveau Parti Démocratique
|
A
|
S'oppose au projet de bouclier antimissile « Guerre des
étoiles », fait la promotion du projet de Traité de la
préservation de l'espace et réaffirme le rôle du Canada en
matière de maintien et de rétablissement de la paix.
|
Description du système de notation
A = Excellent B = Bien C = Moyen D = Faible E = Échec
Les cinq principaux partis politiques ont été
évalués en fonction de leur plateforme ainsi que des
réponses des candidats et candidates aux questions de Greenpeace. Chaque
parti a obtenu une note s'il abordait une question; il a reçu une note
plus élevée lorsque sa réponse était plus
détaillée. Si un parti n'a pas abordé une question ou
donné une réponse qui, selon l'équipe d'évaluation
de Greenpeace, nuirait à la planète, il a reçu une note
d'échec.
Hyperliens des plateformes
Parti conservateur
http://www.conservative.ca/platform/francais/index.htm
Bloc québécois
http://www2.bloc.org/2004/fr/elections_2004/images/PDF/Plateforme%
20electorale%202004.pdf
* voir les réponses complètes du Bloc
québécois en format PDF :
http://www.greenpeace.ca/f/a_vous_dagir/elections2004/reponses_bloc.pdf
Parti libéral http://www.liberal.ca/platform_fr.pdf,
document complémentaire à la
plateforme libérale
http://www.liberal.ca/pdf/Policyfr1.pdf
Parti vert
http://www.greenparty.ca/platform2004/fr/index.php?p
Nouveau parti démocratique -
http://www.ndp.ca/uploaded/20040527091503_Fed.NDP.Platform.fra.sm.pdf
Annexe 3 :
DECISION N° D1974-11-030 du Conseil de presse du
Québec
Dépôt_Plainte
19741125
Date_Décision
19751203
Plaignant
M. Jean-Pierre Bonhomme (chroniqueur pigiste, La Presse
[Montréal])
Type_Plaignant
TP2110 Journaliste
Origine_Plaignant
OP06 Montréal
Intérêt_Plaignant
IP1 Directement concerné
Mis_en_Cause
Les Services de protection de l'environnement [gouvernement du
Québec]
Repr_Mis_en_Cause
M. Gilles Jolicoeur (directeur, Services de protection de
l'environnement [gouvernement du Québec])
Type_Mis_en_Cause
TM1620 Organisme provincial
Origine_Mis_en_Cause
OM03 Québec
Résumé_Plainte
Les Services de protection de l'environnement du gouvernement
du Québec refusent de fournir au chroniqueur pigiste Jean-Pierre
Bonhomme les renseignements nécessaires à la rédaction
d'une chronique sur la pollution industrielle du fleuve St-Laurent. Cette
décision porte atteinte à la libre circulation de l'information
relative à un problème d'intérêt public.
Griefs_Plaignant
M. Jean-Pierre Bonhomme s'est plaint au Conseil de presse du
Québec de n'avoir pu obtenir des Services de protection de
l'environnement, au gouvernement du Québec, des renseignements
nécessaires à la rédaction de la chronique qu'il tenait,
à titre de pigiste au journal La Presse, sur les problèmes de la
pollution industrielle du fleuve St-Laurent. M. Bonhomme estimait que ce
comportement des Services de protection de l'environnement portait atteinte
à la circulation de l'information puisqu'il l'empêchait de
renseigner adéquatement la population sur ce problème vital
d'intérêt public. En particulier, selon M. Bonhomme, la
réponse du directeur des Services de protection de l'environnement
à ses questions était nettement insatisfaisante.
Comm_Mis_en_Cause
Pour sa part, le directeur des Services soutenait que:
- les données recueillies par ses Services devaient
demeurer confidentielles parce que certaines d'entre elles avaient trait soit
au procédé de fabrication, soit à la nature même des
opérations de chaque industrie et que ce n'était pas la politique
des Services de rendre publics les résultats des analyses
effectuées dans chaque industrie;
- l'état fragmentaire des études en cours sur la
qualité des eaux du St-Laurent et des renseignements recueillis
régulièrement auprès de l'industrie ne permettait pas de
fournir un tableau complet de la situation; cependant, le résultat de
toutes ces recherches serait rendu public une fois les travaux
terminés;
- il ne lui semblait pas d'intérêt public que les
méthodes de surveillance et de contrôle utilisées par les
Services soient dévoilées par les organes d'information.
Décision
Après examen du dossier et après avoir entendu
M. Bonhomme et le directeur des Services de protection de l'environnement, le
Conseil en arrive aux conclusions suivantes:
Le Conseil estime que le litige porté à son
attention découle plus des incompréhensions et des
difficultés d'interprétation de part et d'autre que d'une
attitude délibérée ou d'une volonté
arrêtée de la part du directeur des Services de protection de
l'environnement de refuser d'informer le public.
Le Conseil est d'avis que cette situation est due
principalement, sinon exclusivement, à l'absence d'une véritable
politique de l'information aux Services de protection de l'environnement.
Aussi, le Conseil considère-t-il comme urgent que des services
gouvernementaux, tels les Services de protection de l'environnement, dont
l'activité porte sur des questions qui concernent au plus haut point la
population et affectent même son mode d'existence, soient dotés
des ressources et des mécanismes propres à rendre facilement
accessible au public l'information à laquelle il a droit et
démontrent une réelle préoccupation de bien accomplir
cette tâche essentielle. Les services de ce genre, à
caractère surtout technique, ne devraient pas hésiter à
collaborer avec les représentants de la presse en général
et, d'une façon plus particulière, avec les journalistes
spécialisés dans les matières qui sont de leur
compétence.
Le Conseil juge qu'il incombe au gouvernement de
définir et de mettre en oeuvre, sans tarder, une politique de
l'information gouvernementale qui doit répondre adéquatement aux
besoins d'information du public. Cette politique doit s'étendre à
tous les services gouvernementaux, qui ne devraient négliger aucun
effort pour se rapprocher des organes d'information et pour trouver, avec eux,
les formules les plus aptes à renseigner pleinement la population sur
tout sujet d'intérêt public.
Analyse_Décision
C06A Accès à l'information \ J2A Exonère
\ J2C Sensibilise
* 1 Maurice Strong, de
nationalité canadienne, a été le Secrétaire
Général de la CNUED
* 2 Roland Cayrol, directeur de
recherche à la Fondation nationale des sciences politiques et directeur
de l'Institut CSA a préfacé Le Livre blanc de Vadrot
(1997).
* 3 Peter Desbarats, Doyen
École des hautes études en journalisme de l'Université
Western Ontario a écrit l'avant-propos de l'ouvrage de Michael Keating
(1993).
* 4 McCombs et Shaw ont
réalisé une enquête sur la campagne présidentielle
de 1972 aux Etats-Unis dont les conclusions sont reprises par les auteurs
Iyengar et Reeves en 1997 (Cf. bibliographie).
* 5 Ignacio Ramonet est le
directeur du mensuel Le Monde diplomatique qui paraît à
Paris.
* 6 Pour plus de détails,
voir le glossaire des termes journalistiques utilisés.
* 7 Boutard, A. et
Sauvé, L. (1991). La presse écrite et l'éducation
relative à l'environnement : une évaluation des quotidiens
montréalais pour les années 1987-1991.Montréal,
UQÀM.
* 8 Mc Gill University,
Université de Montréal, Université du Québec
à Montréal, Université Concordia
* 9 The Gazette.
* 10 Résultats d'une
étude réalisée par la firme spécialisée
Audit Bureau of Circulation (ABC) publiés dans Le Devoir des 08
et 09 Mai 2004.
* 11 Idem
* 12 Idem
* 13 « Le Parti
vert porte plainte » est une dépêche de Presse
canadienne (PC) publiée par tous les quotidiens. La plainte concerne
l'exclusion du Parti vert des «débats des chefs» prévus
pour les 14 et 15 juin 2004.
* 14 L'étude a
porté sur sept grands quotidiens canadiens (La Presse, Le
Devoir, Globe and Mail, Toronto Star, Calgary Herald, National Post et
Vancouver Sun), et les résultats sont disponibles sur le site
www.ompp.mcgill.ca
* 15 Le Devoir du 10
juin 2004
* 16 La Presse du 10
juin 2004
* 17 Le Journal de
Montréal du 10 juin 2004
* 18 Les détails de
cette enquête se trouvent en annexe 3 et sont aussi disponibles sur le
site www.greenpeace.ca
* 19 Nous ne mentionnons ici
que les résultats des partis politiques que nous avons retenus.
* 20 L'éditorial
« Chaos dans les pêches » est signé par Jean
Robert Sansfacon (Le Devoir du 06/05/03)
* 21 L'éditorial
« La colère de Terre-Neuve » est signé par
Jean Robert Sansfacon (Le Devoir du 12/05/03)
* 22 L'éditorial
« Pour une poignée de morues » est signé par
Michel David (Le Devoir du 15/05/03)
* 23 Dufault E. et
Martimort-Asso B. (2002), Sommet de Rio, déjà 10 ans, in Le
Devoir du lundi 04 février 2002
* 24
www.er.uqam.ca/nobel/oei ;
www.ledevoir.com
* 25 L'éditorial
«Ratifions Kyoto» est signé par André Pratte (La
Presse du 28/08/02)
* 26 La province de
l'Alberta est l'un des grands producteurs du pétrole au niveau
fédéral
* 27 Titre de l'entrevue du
S.G. de la convention des nations unies pour la lutte contre la
désertification (À la une du Le Devoir du 11/02/02)
* 28 Le débat est
suscité par le projet de construction de la nouvelle centrale thermique
du Suroît (Province du Québec).
* 29 Fiche disponible sur
http://www.ue-acp.org/fr/fiches/dhp/112.htm
* 30 Cette population est de
6.769.914 habitants selon les résultats du troisième Recensement
général de la population et de l'habitat, RGPH3, 2002.
* 31 C'est une expression
que nous devons à Emmanuel Mounier (1957) à propos du Dahomey
(actuel Bénin), territoire reconnu pour la valeur de ses intellectuels
et qui a fait valser le plus de gouverneurs coloniaux.
* 32 Depuis 1997,
l'État béninois alloue à la presse privée une
enveloppe annuelle de 300 millions de F CFA au titre de l'aide publique.
* 33 Extraits des actes de
l'atelier national sur la communication environnementale, Cotonou, 04 au 06
juillet 1995, MEHU, GTZ
* 34 Propos cités par
Ignacio Ramonet, (2005). «Médias en crise». Le Monde
diplomatique, N° 610, Janvier 2005
* 35 Propos cités par
Guy Rocher, Professeur de sociologie à l'université de
Montréal, dans la postface de l'ouvrage collectif publié sous la
direction de Robert Lahaise, 1994, Le Devoir, reflet du Québec au
20è siècle, p 474.
* 36 Extraits de l'entrevue
réalisée avec le journaliste Charles Côté du
quotidien La Presse, 29/07/04
* 37 Extraits de l'entrevue
réalisée avec le journaliste Louis Gilles Francoeur du quotidien
Le Devoir, 14/08/04
* 38 Lire en détails
sur le site
http://www.ledevoir.com
l'évolution financière et corporative de l'entreprise
« Le Devoir inc. »
* 39 C'est le titre d'un
article rédigé par Philippe Descamps et paru dans Le Monde
diplomatique de septembre 2004, p. 4
* 40 La plupart de ces
définitions ont été tirées d'un module de cours
offert par le Département d'information et de communication de
l'Université Laval du Québec et disponible sur le net à
l'adresse suivante :
http://cyberjournalisme.masseco.com/module0.2/0.2.4_genrejournalistique.php