L'homosexualité et sa mise en scène: la construction sociale d'une culturepar Estelle Couture Université de Provence - Maà®trise Sociologie 2003 |
2. Les représentations de la lesbienneLa répression contre les homosexuels au cours de la première moitié du siècle n'a guère favorisé l'apparition tant des gays que des lesbiennes, la censure72(*) étayant sa phobie de toute pratique qui ne favoriserait pas la procréation. Ce n'est que dans les années 60, que progressivement, le personnage lesbien en tant que tel fit son apparition au cinéma. Si la présence de lesbiennes au cinéma ne date pas d'hier, force est de constater que leur représentation contemporaine est moins ambiguë et davantage visible. Alors que l'histoire du cinéma présentait des lesbiennes psychopathes, perverses et suicidaires et foncièrement contre-nature pendant prés de 100 ans, limitant le corps lesbien a une erreur pathologique, les dernières années ont vu défiler une myriade de lesbiennes à la personnalité beaucoup plus sympathique voire attirante, comme c'est le cas de la lesbian chic. C'est une expression inventée par les médias en 93 pour qualifier la représentation de plus en plus sexy de la lesbiennes dans la culture populaire (cinéma, télévision...). C'est un évènement mondain, un phénomène de mode et une stratégie de visibilité qui a été, dés le début, largement associé aux personnalités publiques (vedettes de cinéma, de la musique...essentiellement aux Etats-Unis) qui affichent leur lesbianisme. S'inscrivant dans un mouvement de négociation des sexualités marginales, le cinéma populaire s'est donc ouvert au marché de la visibilité saphique mais toujours en contribuant à faire d l'espace du visible un espace de normalisation des rapports entre les sexes. Aujourd'hui, le films qui représentent les multiples facettes de l'homosexualité féminine sous un angle réaliste sont désormais plus visibles, même si peu sont vus par le grand public. Le personnage lesbien n'est plus victime de lui-même et de son passé mais d'une société contre laquelle il se rebelle, s'affirme et tente de triompher. Aux seconds rôles fatalistes et mal installés dans l'existence succèdent donc des héroïnes qui font voler en éclat les schémas et les archétypes, démontant les mécanismes qui régissent l'ordre social et plaidant pour une sexualité libre de toute entrave, dans la mesure du politiquement correct, comme on l'a déjà vu. Le cinéma a dépassé le stade de l'expression d'une visibilité rassurante73(*). L'héroïne lesbienne existe en tant que telle, nommément et surtout sexuellement. Ainsi, de la même façon que pour les femmes hétérosexuelles, les images auxquelles s'identifier se sont multipliés pour les lesbiennes. Malgré ce que nous venons de voir, tout porte à croire au vue de des tentatives d'explication sur le fait que l'homosexualité est avant tout une affaire d'hommes qu'il serait possible d'envisager une éventuelle communauté qui serait divisée : la communauté gay et la communauté lesbienne. Il semble cependant que cette rupture soit un peu trop systématique et facile pour aborder un tel groupe. Il y a un autre point que nous pouvons évoquer pour interroger cette question de la mixité. Divisés sur le principe même de parité, les associations gays et lesbiennes s'accordent pour dire que si la mixité reste un objectif, le partage à égalité des postes de responsabilités n'est pas à l'ordre du jour74(*). De façon générale, la notion d'égalité entre hommes et femmes, et sa mise en oeuvre au sein du groupe homosexuel, entre gays et lesbiennes, est défendue par nombre d'associations, sans que cela se traduise véritablement dans les faits. Si les associations affichent, dans leur dénomination même ou dans leurs statuts, une intention de mixité, celle ci ne se concrétise pratiquement jamais par une égale représentation aux postes de responsabilité. De plus, il est vrai que cette mixité masque à peine une large sur-réprésentation des hommes par rapport aux femmes parmi les adhérents. CHAP. V ) POUR UNE REVENDICATION D'APPARTENANCE A UNE COMMUNAUTE Etre homosexuel, c'est reconnaître que l'on partage avec d'autres un même désir, et de constater, en même temps, qu'il est nié socialement. La communauté devient dans le discours sociologique le sujet politique. Elle a une consistance sociologique déterminée par l'ensemble des individus partageant un style de vie commun, et une fonction historique. L'aveu individuel de son homosexualité peut permettre la libération personnelle, mais ne remet pas en cause l'intolérance d'une société. Seule, ce que l'on appelle couramment, la communauté homosexuelle est libératrice, c'est-à-dire capable de transformer la société. Elle est porteuse du projet social d'émancipation. L'individu homosexuel n'a de réalité dans le discours sociologique qu'à travers une problématique de prise de parole. Cette dernière est considérée à la fois comme moyen d'être et d'exister et comme instrument de revendications et de luttes pour la reconnaissance de droits légaux, sociaux. Il s'agit ici d'une prise de parole collective, celle d'une communauté opprimée. L'importance actuelle du discours sociologique sur l'homosexualité s'expliquerait par une certaine efficacité sociale, il rejoindrait quelquefois la pratique militante. Tous les deux se donnent le même objectif et s'articulent autour de l'idée de communauté. Le discours militant repose également sur cette notion de communauté. Cette représentation des homosexuels comme communauté militante donnerait au discours sociologique son efficacité sociale. Effectivement, depuis les début des années 60, on note une mobilisation des gays et des lesbiennes pour l'action politique. I )Vers une socialisation homosexuelle Michael Pollack disait : « on ne naît pas homosexuel, on apprend à l'être 75(*)». En effet, l'homosexualité n'est pas donnée, elle est construite. De plus, elle n'est pas figée, elle change selon la société et l'individu. Elle englobe tous les aspects de la vie. Comme le pensait M.Foucault, c'est une façon d'être et pas seulement une sexualité. 1. Une socialisation en rupture avec la socialisation primaire Chaque individu reçoit une socialisation dés son plus jeune âge. Cette dernière forme, la plupart du temps, à l'hétérosexualité, l'hétérophilie et peut-être même quelquefois voire souvent, à l'hétérolâtrie et à l'homophobie. L'homosexualité est souvent un sujet tabou dans les familles. En effet, personne ne va prévoir un fils ou une fille homosexuel. Les individus n'ont donc pas de repères de ce côté là, ils doivent s'en créer eux-mêmes ou en rechercher, par exemple dans une littérature, un cinéma, un magazine qui leur correspondent (plus ou moins). Notons que sur ce point Têtu se fait guide pour conseiller à ses lecteurs avec ses rubriques sur l'actualité socio-culturelles. Certains entretiens que nous avons mené vont dans ce sens. La recherche d'identification va passer par des lectures, des histoires, des films... « [à propos des films gays] plus jeune...pour la reconnaissance...tout ça » (Laurent, 22 ans, étudiant) « Je choisis en fonction des critères de goût sur les auteurs, les réalisateurs, les acteurs ou bien de relation avec ce qui m'est proche par exemple...euh...sujet gay... », « J'aime les modèles positifs » (Benoît, 28 ans, ingénieur) « [...] ça fait du bien de pouvoir de temps en temps voir l'homosexualité à l'écran » (E. , 23 ans, cadre) « En ce moment, [je lis] beaucoup de romans lesbiens...oui parce que ça me plait...je préfère ces histoires là que des histoires de romans normaux quoi...enfin hétéros...c'est ce qui me correspond le mieux...j'ai envie de lire des histoires d'amour qui me ressemblent » (A., 27 ans, artiste) « Moi je n'ai pas honte de dire que je vais voir un film parce qu'il fait référence à l'homosexualité féminine et que je vais lire un livre parce qu'il s'agit d'une histoire d'amour entre deux femmes... », « Dés qu'il passe un film lesbien à la télé, je l'enregistre [...] avant j'achetais même des CD en fonction de la chanteuse » (Sophie, 23 ans,étudiante) Au fil des lectures des différents entretiens, nous remarquons que le besoin de reconnaissance et d'identification recherchés dans un film évoquant l'homosexualité est plus présent chez les lesbiennes que chez les gays. Cela est peut être dû, comme nous l'avons vu dans le chapitre précèdent, à la visibilité récente d'images de l'homosexualité féminine. La majorité des homosexuels dans la société actuelle, même s'ils s'acceptent comme tels, portent en eux un conflit existentiel permanent. L'homophobie intériorisée n'a pas de fin : elle ressurgit, sous différentes formes, tout au long du cycle vital. Elle complique la perception que l'homosexuel a de lui-même et des autres ; elle régit plus ou moins ses relations interpersonnelles ainsi que son projet de vie et sa vision du monde. Elle constitue probablement la différence subjective la plus importante entre homosexuels et hétérosexuels. De cela, il peut dériver une image de soi dévalorisée, du moins durant la période de l'adolescence. Cette sensation diffuse d'être désavantagé est rarement verbalisée comme telle, et n'est pas nécessairement consciente. Quand une personne découvre ou accepte en elle même une identité minoritaire, elle le fait généralement dans un esprit d'appartenance76(*). Ils peuvent se sentir marginalisés, incompris, ou même exclus de la société dans son ensemble, mais ils s'intègrent également à une collectivité et acquièrent un sentiment d'appartenance. L'identité minoritaire peut impliquer, la plupart du temps un sens de la communauté et peut être un motif de fierté. Les homosexuels vont donc tenter de se socialiser en tant que tels en suivant les repères que peuvent lui proposer par exemple les médias, en rupture avec la socialisation antérieure qu'ils ont reçue. Dans cette optique, le rôle de la presse gay va jouer un rôle important du fait de sa croissante accessibilité et du fait également que la circulation de la parole va se faire pour une grande part par ce biais là. Même si les chiffres sur le lectorat de Têtu montre que la tranche d'âge des moins de 25 ans ne représente que 18%, il est tout de même intéressant de constater que le magazine offre des références, des repères et présentent des expériences sur des problèmes liés à l'homosexualité avant tout. Dans un certains sens, il peut être représentatif des enjeux que vivent les gays et les lesbiennes, en tout cas, Têtu semble vouloir s'ériger en porte-parole. En effet, les articles emploient régulièrement le pronom « nous » pour désigner l'ensemble des lecteurs. Cette inclusion donne un sentiment de solidarité, de groupement, d'unification : cela signifie que ce qui est dit est censé concerner toute la population homosexuelle. On a bien là l'idée d'un groupe dont les membres ont, à un niveau plus ou moins conscient, un but, un cadre de référence et un vécu commun. Le « nous » va permettre à l'individu de revendiquer de l'appartenance à un collectif ou dans une autre mesure, il permet de renforcer le sentiment de solidarité devant certaines oppressions c'est-à-dire qu'il va donner du poids aux revendications dont le magazine parle. Il va être comme un appel : « Allons-nous assister, parmi les gouines et les pédés, à un nouveau clivage ? » (Editorial, n°52) « La jurisprudence actuelle, qui nous exclut de l'adoption au nom de notre choix vie... » (Editorial, n°57) « Si chaque lecteur de Têtu a signé et fait signer la pétition de l'APGL, nous y serons plus forts » (Mobilisation pour le droit à l'adoption, n°57) « Qu'on le veuille ou non, le sexe fait partie intégrante de notre existence » (Dossier spécial sexe, n°58) « On revient de loin » (Dossier sur l'homosexualité à la télévision, n°60) Rappelons tout de même que le fait d'employer le pronom « nous » pour s'adresser aux lecteurs n'est sûrement pas spécifique de la presse homosexuelle mais qu'il doit se retrouver essentiellement dans une presse ciblant un lectorat spécifique, comme par exemple la presse féminine ou la presse masculine. 2. Un apprentissage gay ? A travers les entretiens mais aussi à travers certains articles que l'on trouve dans Têtu, on peut constater l'existence d'expériences communes à l'ensemble des gays et des lesbiennes. Nous avons déjà évoqué celle de l'homophobie intériorisée par tous qui conduit les individus qui se sentent attirés par les personnes du même sexe qu'eux à ce que l'on pourrait appeler, une auto-stigmatisation. L'aboutissement de ce processus est l'aveu de l'homosexualité aux proches, aux amis, à l'entourage...Le coming-out comme on le nomme, peut, en effet être stigmatisant, mais il est encore une étape nécessaire dans la société actuelle. Même si la sexualité des individus est censée faire partie des territoires de l'intime, le coming-out est une manière de s'affirmer, de s'identifier. Cette étape est primordiale dans la vie d'un gay ou d'une lesbienne, c'est une expérience qui permet l'identification et la confrontation. Aujourd'hui, le « placard 77(*)» fait partie intégrante d'un moment dans la vie des gays et des lesbiennes. Il y aura toujours des personnes ou des situations nouvelles et dans lesquelles ils seront considérés comme hétérosexuel jusqu'à preuve du contraire, cela parce que la société présuppose automatiquement, que tout le monde est hétérosexuel. Le terme anglais closet a eu beaucoup de significations avant de se référer à l'homosexualité clandestine. Ainsi, il a dénoté un endroit fermé, privé, dans lequel on a des conversations secrètes, ou un lieu pour garder des objets précieux. Il représente donc le privé en opposition avec le public, l'intime en opposition avec le social, ce qui est caché en opposition avec ce qui est découvert. Le coming-out a pris toute son ampleur avec l'épidémie du sida. En effet, nous pouvons supposer que beaucoup d'homosexuels victimes de la maladie ont été forcés à se révéler du fait de la désignation du sida comme maladie des homosexuels. Dans un certain sens, nous pourrions dire que le sida a arraché du placard toute une génération d'homosexuels, il a rendu public un mode de vie qui avant était invisible. Selon certains auteurs, c'est lui qui aurait donné naissance à une communauté entière : « L'homosexualité était une aventure individuelle. Pour la première fois, le sida a donné une histoire collective aux homosexuels78(*) ». Cela dit, la grande majorité des homosexuels ne sont pas obligés, contraints de sortir du placard. Une des raison que l'on pourrait évoquer pour expliquer la nécessité de sortir du placard, serait celle du désir d'intégrer une communauté gay ou du moins un collectif gay. Il y a un besoin d'appartenance évident. Alors, on pourrait penser que quand un homosexuel assume publiquement son homosexualité et commence à fréquenter des endroits ou des groupes gays, c'est à la fois pour connaître d'autres homosexuels et pour faire partie d'une collectivité. Mais se joindre à la communauté gay peut aussi avoir une signification politique et militante, c'est-à-dire que cela va montrer l'importance d'augmenter la visibilité de l'homosexualité pour pouvoir revendiquer un certains nombre de droits par exemple. Le fait de se dire homosexuel, c'est rejoindre un groupe et récupérer une identité propre et non plus imposée, se classer pour ne plus être classé. Cependant, le fait de sortir du placard et de revendiquer une identité homosexuelle va étiqueter les individus. Le refus de la clandestinité va déboucher sur une nouvelle étiquette. Le magazine de notre corpus propose chaque mois une rubrique intitulée 15-20 ans. Elle donne la parole aux lecteurs de cette tranche d'âge, leur permettant de demander des conseils, de raconter leur propre expérience... et le thème le plus récurrent est sans doute celui du coming-out ou de la difficulté d'assumer son homosexualité, cela représente plus d'un tiers des lettres. L'apprentissage gay va donc passer par cette étape que nous considérons comme étant une étape dans la construction de soi. Pour ce faire, l'individu va se chercher des modèles d'homosexualités, de sorte que l'identification puisse s'y référer. Avant que les individus connaissent leur propre sexualité, ils ont pu entendre des injures homophobes, la conséquence que ceux qui se découvrent homosexuels sera de savoir, dés le départ qu'il est différent des autres voire même développer un sentiment d'anormalité, du fait de cette stigmatisation par le langage qui l'a pré-existé et qui s'est imposée à lui. Un homosexuel va donc savoir qu'il peut être insulté et cela va l'obliger, dans un premier temps à se cacher et à utiliser un répertoire de comportement différent selon le public. Il va donc effectuer un apprentissage pour paraître « normal » car l'injure va instaurer une coupure dans la tête des gens entre les « normaux » et les stigmatisés79(*). Ainsi un des principes structurants des subjectivités gays et lesbiennes80(*) consiste à trouver des moyens de fuir l'injure et l'éventuelle violence qui peut l'accompagner, notamment l'intériorisation d'un savoir pratique, comme par exemple, savoir où le fait de se tenir par la main ou d'avoir des élans de tendresse ne risque pas de donner lieu à des insultes ou des agressions. L'injure « pédé » a une portée universelle pour désigner même ceux qui ne le sont pas. Cependant elle reste un rappel à l'ordre sexuel et des genres, elle rappelle ce qu'il ne faut pas être. Têtu emploie très souvent ce terme : « [...] parmi les gouines et les pédés [...] » (Editorial, n°52), « Je trouve très banal de fantasmer sur un hétéro quand on est pédé. » ( Billet d'humeur, n°52), « Il y a deux sortes de pédés... » (Billet d'humeur, n°52), « Elle laisse à travers le monde des milliers de pédés orphelins... » ( à propos d'une chanteuse, n°52), « [...] une sitcom pédé gore [...] » (Rubrique télévision, n°55), « [...] les pédés qui posent à merveille dans le rôle de la victime [...] » (Dossier sur le rap et les homosexuels, n°55) , « On ne va pas en plus se retaper les problèmes des pédés [...] » (Editorial, n°56), « [...] le pédé aime Mylène Farmer » (Billet d'humeur, n°57), « La télé casse du pédé » (Dossier sur l'homosexualité à la télévision, n°60), « [...] cette fille à pédé parisienne [...] » (Sommaire, n°61)... De plus, le ton employé relève très souvent de l'ironie, surtout dans les éditoriaux et les billets d'humeur. Nous pourrions dire alors que c'est un pied de nez à l'insulte, une sorte d'auto-dérision. Nous pourrions même dire que certaines fois, le trait est poussé à l'extrême, les journalistes se servent d'un ton provocateur pour dénoncer certaines choses. Sur ce point, deux des enquêtés ont affirmés employer le terme pédé pour se désigner plutôt que celui de gay ou d'homosexuel : « ...un homosexuel c'est un homosexuel au niveau biologique, pour moi un gay c'est quelqu'un qui appartient à une communauté en fait...pour le gay c'est le gay reconnu...Mais moi, il m'arrive de dire pédé...je suis pédé [...] pour moi c'est vraiment pas un mot péjoratif » (Laurent, 22 ans, étudiant)
Nous assimilerons tout cela à une sorte de compétence que les gays et les lesbiennes acquièrent durant, ce que nous avons qualifié de processus d'homosocialisation. Comme nous allons le voir, cet apprentissage peut également se teinter de militantisme. II ) Des revendications communes A partir des années 60, la politisation de l'intimité et de la sexualité a été mise à l'ordre du jour. Il s'agissait de faire débattre publiquement de questions jusque-là dissimulées dans le non-dit du fonctionnement de la famille patriarcale81(*). Dans ce contexte, le mouvement gay, à l'instar du mouvement féministe, a lui aussi fait sienne l'idée d'une politisation de la sexualité. La divulgation d'expériences vécues jusque-là clandestinement à un double sens politique : favoriser une prise de conscience et une croissance du mouvement, lutter contre les multiples discriminations dont souffrent les homosexuels. Têtu propose chaque mois un tour du monde des informations concernant les gays et les lesbiennes, mais aussi des sujets, des enquêtes d'actualités, des reportages, et il est, le plus souvent question de prés ou de loin d'homophobie. * 72 On peut évoquer par exemple le Code Hays aux Etats-Unis (1934) qui listait toutes les figures immorales à ne pas montrer à l'écran : adultère, amour entre « races » différentes, viol, scènes d'exhibition et perversions sexuelles entre autres. Cependant, il n'était pas rare que les cinéastes emploient des images et des codes peu équivoques trompant ainsi la censure. On citera pour exemple l'image de Mrs Danvers dans Rebecca d'Alfred Hitchcock (1940). * 73 On peut ici citer des films comme High Art de Lisa Cholodenko (1999) ou Butterfly kiss de Michael Winterbottom (1994)où la relation entre femmes n'est pas forcément idéalisée. * 74 in Ex æquo n°13, décembre 1997 * 75 POLLACK M. « L'homosexualité masculine ou le bonheur dans le ghetto ? » in Communications n°35, 1982 * 76 CASTANEDA M. « Comprendre l'homosexualité », Ed. Robert Laffont, Paris, 1999 * 77 Expression évoquant la période où l'homosexualité d'un individu est cachée. * 78 MARTEL F. « Le rose et le noir », Seuil, Paris, 1996 (p. 355) * 79 GOFFMAN E. « Stigmates. Les usages sociaux des handicaps », Ed. de Minuit, Paris, 1975 (1963) * 80 ERIBON D. « Réflexions sur la question gay », Fayard, Paris, 1999 * 81 BOZON M. « Sociologie de la sexualité », Nathan Université, Coll. 128, Paris, 2002 |
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