RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN
Paix-Travail-Patrie
********
UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I
********
ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE DE
YAOUNDÉ
********
DÉPARTEMENT DES SCIENCES DE
L'ÉDUCATION
********
SECTION : SCIENCES DE L'ÉDUCATION
********
REPUBLIC OF
CAMEROON Peace-Work-Fatherland ******** UNIVERSITY OF YAOUNDÉ
I ******** HIGHER TEACHERS TRAINING
COLLEGE YAOUNDÉ ******** DEPARTMENT OF SCIENCE OF
EDUCATION ******** SECTION: SCIENCES OF EDUCATION ********
CONTRIBUTION DE
L'ENSEIGNEMENT- APPRENTISSAGE DES CULTURES NATIONALES
À LA COMPÉTENCE INTERCULTURELLE DES APPRENANTS DU NIVEAU 3
DU CYCLE PRIMAIRE DE LA VILLE DE MBALMAYO.
Mémoire rédigé et soutenu
publiquement en vue de l'obtention du Diplôme de Professeur de
l'Enseignement Normal de deuxième grade
(DI.P.E.N. II)
Par :
ATANGANA MBARGA Grégoire Licence en
Anthropologie Culturelle
Sous la direction de :
BELINGA BESSALA Simon,
Professeur
École Normale Supérieure
(ENS)/Université de Yaoundé I
Année académique : 2023/2024
i
SOMMAIRE
DÉDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
LISTES DES ABRÉVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES
iv
LISTE DES ILLUSTRATIONS vi
RÉSUMÉ vii
ABSTRACT viii
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE DE L'ÉTUDE
5
CHAPITRE II : INSERTION THÉORIQUE DE
L'ÉTUDE 21
CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE
66
CHAPITRE IV : PRÉSENTATION ET ANALYSE DES
RÉSULTATS
81
CHAPITRE V: INTERPRÉTATION DES
RÉSULTATS,
DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS 94
CONCLUSION GÉNÉRALE 100
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
103
ANNEXES 107
TABLES DES MATIÈRES 110
DÉDICACE
ii
À Reine ZOBO née BILOA KOUMEDA, d'heureuse
mémoire
iii
REMERCIEMENTS
L'occasion est donnée, de remercier
:
Le Pr BELINGA BESSALA Simon, Chef de
Département et notre encadreur. Pour ses enseignements, sa
disponibilité, ses orientations.
Les formateurs : Prs AMANA Évelyne, NKECK
Solange, Dr WIRNGO Ernestine ; Prs AYINA BOULI , BELIBI Alexis, BESSALA Kisito,
FOZING Innocent, MAINGARI Daouda, NGBWA Vendelin, NKEMLEKE Daniel ; Drs AWOMO
Jérémie, MEZO'O Gaston-Lebeau, NCHIA Lawrence, WAMBA André
: pour leurs enseignements et la transmission des valeurs
positives.
Sa Majesté Dr Erick Patrick ZOBO, pour tout le
soutien.
Les encadrants du stage pratique : les IPN de l'EN.
Mme ZAMBO NGANOA épse NDONG Angeline et Mr ENYEGUE ATANGANA,
respectivement Délégués DDEB et DDES du Nyong et SO'O. Mr
TOSAM Raphaël KIMAL et Mme MEPOUIE Annie, respectivement Dir.
ENIEG de Mbalmayo et Chef SES. Tous les enseignants de l'ENIEG de
MBALAMYO en particulier nos encadrants: Mmes NGOUET Marie, ESSAMBA
MVELE Mirabelle et Mr EBALA NDEME. Les enseignants de l'EMAO et EPPAO : pour
leur dévouement à la réussite de notre stage
pratique.
Les informateurs : élèves-maitresses et
maitres de l'ENIEG de
Mbalmayo ; enseignants des écoles : pour leur
franche coopération.
Les membres de notre famille. Nos parents papa Joseph
et maman Eulalie Beatrice. Paul ATANGANA et son épouse. Nos soeurs et
frères Balbine Hortense, Paul Marcel ONDOBO, Marc Benjamin AFANA. Notre
compagne Géraldine et nos enfants : pour leurs affection et soutien
inconditionnels.
Les camarades et amis promotionnaires de la 63ème du
Département, filière SCED et CO : pour les moments de
fraternité.
Les camarades et amis. Ceux anciens des Séminaires d'Efok
et de Bafia,
spécialement à Joël NDJI et
l'Abbé Félix ONGOLO. Ceux de l'IRIC : Marie-Madeleine BIKAGA,
Bénédicte NGANOA, Stève BILOUNGA : pour la
fraternité sans cesse renouvelée.
Toutes les personnes ayant oeuvré de près
ou de loin : pour l'achèvement de ce
travail.
iv
LISTES DES ABRÉVIATIONS, ACRONYMES ET
SIGLES
ABRÉVIATIONS
Al. : Alinéa Art. : Article
Bil.:Bilingue Et al.: et alii Etc. : et cetera Dir.: Directeur
Dr: Docteur Épse : Épouse
Mme:Madame
Mr:Monsieur Pr :Professeur
ACRONYMES ET SIGLES
AUF : Agence Universitaire de la Francophonie
APC : Approche Par les Compétences
BACGL : Bureau d'Afrique Centrale et des Grands
Lacs
CCU : Centre Catholique Universitaire
CEPFC : Curriculum de l'Enseignement Primaire Francophone
Camerounais
CI : Compétence interculturelle
CIRCB : Centre International de Reference Chantal
Biya
CO : Conseil et Orientation
CPOSUP : Conseiller Principal d'Orientation Scolaire,
Universitaire et Professionnel
v
DDEB : Délégation Départementale
de l'Éducation de Base
DDES : Délégation Départementale
des Enseignements Secondaires
EDD : Éducation pour le Développement
Durable
EMAO : École Maternelle d'Application
d'Oyack
ENS : École Normale
Supérieure
ENIEG : École Normale d'Instituteurs de
l'Enseignement Général
ENSP : École Nationale Supérieure
Polytechnique EPPAO :
École Primaire Publique d'Application FALSH :
Faculté des
Arts Lettres et Sciences Humaines IFC : Institut
Français du
Cameroun
IRIC : Institut des Relations Internationales du
Cameroun
LCN : Langues et Cultures Nationales
MINEDUB : Ministère de l'Éducation de
Base
MINRESI : Ministère de la Recherche
Scientifique et de l'Innovation
ODD : Objectifs du Développement
Durable
ONU : Organisation des Nations Unies
PENI : Professeur des Écoles Normales
d'Instituteurs
SCED : Sciences de l'Éducation
SES : Service des Études et des
Stages
SIL : Société Internationale de
Linguistique
UCAC : Université Catholique d'Afrique
Centrale
UNESCO : Organisation des Nations Unies, la Science et
la Culture
USA : United States of America
vi
LISTE DES ILLUSTRATIONS
LISTE DES CARTES
Carte n° 1 : Aires culturelles du Cameroun Carte
n° 2 : Carte de la commune de Mbalmayo
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n° 1 : les aires culturelles du
Cameroun
Tableau n° 2 : Les contenus d'enseignement des LCN
Niveau 3
Tableau n° 3 : Les Écoles primaires publiques
de la ville de Mbalmayo Tableau n° 4 : Approche méthodologique de
l'APC Tableau n° 5 : Déroulement d'une leçon selon l'APC
Tableau n° 6 : Interculturalisme, multiculturalisme, transculturalisme
Tableau n° 7 : Approches de conceptualisation de la CI Tableau n° 8 :
Processus de développement de la CI en situation de classe Tableau
n°9 : Les Écoles primaires publiques de la ville de Mbalmayo
Tableau n°10 : Les Écoles primaires privées de la ville de
Mbalmayo Tableau n°11 : Informations selon l'établissement
scolaire
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 : Questionnaire de recherche Annexe 2 : Guide
d'entretien
Annexe 3 : Guide d'observation
vii
RÉSUMÉ
La présente recherche de DIPEN II est
intitulée : « Contribution de l'enseignement - apprentissage des
cultures nationales à la compétence interculturelle des
apprenants du niveau 3 du cycle primaire de la ville de Mbalmayo ». Le
problème qu'il a l'ambition de résoudre est : le manque de
littérature sur l'impact de l'apprentissage des cultures nationales
à la compétence interculturelle des apprenants du cycle primaire.
Suite à ce problème, ont été posées les
questions de recherche suivantes. La question principale : quelle est la
contribution de l'enseignement des cultures nationales à l'acquisition
de la compétence interculturelle des apprenants du cycle primaire ? Les
questions de secondaires : quelles sont les perceptions des
élèves du niveau 3 du cycle primaire sur l'enseignement des
cultures nationales et comment cela influence-t-il leur compétence
interculturelle ? Quels sont les défis rencontrés par les
enseignants en classe de cultures nationales pour promouvoir la
compétence interculturelle ? À cet ensemble de questions, ont
été formulées respectivement une hypothèse
générale et deux hypothèses secondaires.
L'hypothèse générale est : l'enseignement des cultures
nationales contribue favorablement l'acquisition de la compétence
interculturelle des apprenants du niveau 3 du cycle primaire. Les
hypothèses secondaires sont : les perceptions positives des
élèves du niveau 3 du cycle primaire sur l'enseignement des
cultures nationales favorisent l'acquisition de la compétence
interculturelle ; les enseignants rencontrent des défis liés
à la disponibilité des ressources et la formation pour
intégrer efficacement la pluralité ethnolinguistique de la classe
dans l'enseignement des cultures nationales. Dans la perspective de
vérification de ces hypothèses, il a été fait
recours à la recherche documentaire et celle empirique, comme
principales orientations méthodologiques. De cette procédure de
recherche-là, nous avons abouti aux principaux résultats suivants
: les perceptions négatives des apprenants ainsi que les
difficultés d'ordre matériels et méthodologiques, font
obstacles à la contribution de l'enseignement des cultures nationales
à l'acquisition la compétence interculturelle des apprenants du
cycle primaire.
Mots-clés: compétence, culture,
cycle primaire, diversité, interculturelle.
viii
ABSTRACT
This DIPEN II research is entitled: «Contribution
of the teaching and learning of national cultures to the intercultural
competence of level 3 primary school learners in the town of Mbalmayo».
The problem it aims to solve is formulated as follows: the literature on the
contribution of the teaching of national cultures to the intercultural
competence of learners is abundant in the post-primary and higher education
cycles. However, this literature is silent on the impact of the teaching of
national cultures on the intercultural competence of learners in the primary
cycle. In response to this problem, the following research questions were
posed: What contribution does the teaching of national cultures make to the
development of intercultural competence in primary learners? What are the
perceptions of primary level 3 pupils about the teaching of national cultures
and how does this influence their intercultural competence? What challenges do
teachers of national cultures face in promoting intercultural competence? The
following hypotheses were formulated in response to this set of questions: The
teaching of national cultures contributes favourably to the acquisition of
intercultural competence by learners in level 3 of the primary cycle. Secondly,
the positive perceptions of primary cycle 3 pupils about the teaching of
national cultures promote the acquisition of intercultural competence. On the
other hand, teachers face challenges related to the availability of resources
and training to effectively integrate the ethnolinguistic plurality of the
classroom into the teaching of national cultures. In order to verify these
hypotheses, documentary and empirical research were used as the main
methodological guidelines. From this research procedure, we arrived at the
following main results: the negative perceptions of learners, as well as
material and methodological difficulties, hinder the contribution of the
teaching of national cultures to the acquisition of intercultural competence by
learners in the primary cycle.
Keywords: competence, culture, primary cycle,
diversity, intercultural.
1
INTRODUCTION GÉNÉRALE
L'enseignement des cultures nationales du Cameroun et
la compétence interculturelle des élèves de l'école
primaire sont des sujets d'une importance capitale dans le paysage
éducatif actuel. En effet, de par le monde, l'on assiste à une
intensification des rencontres et des échanges. Car, plus que par le
passé, des personnes se déplacent en masse aujourd'hui. Certains
se déplacent pour des motifs privés ou personnels. C'est le cas
des chercheurs d'emplois ou des travailleurs. D'autres pour des raisons
volontaires. C'est le cas des migrants. Une grande partie se déplace
aussi à cause des motifs involontaires. En l'occurrence, les
catastrophes naturelles, le changement climatique ou les conflits armés.
C'est dire que nous vivons désormais dans un monde de plus en plus en
global. Ce monde global-là intensifie les rencontres et les interactions
entre les personnes de cultures différentes. Ce phénomène
de globalisation impacte tous les pays du monde. Le Cameroun, n'en est pas
épargné. Il est donc nécessaire que les jeunes
générations développent très tôt, des
attitudes pour comprendre, vivre et respecter la diversité culturelle
induite par le phénomène mondialisation.
En effet, le Cameroun est un pays d'une grande
diversité culturelle. Aujourd'hui, avec les grands mouvements de
déplacement qui ont cours dans le pays, les brassages des cultures
différentes s'opèrent. Bien plus, plusieurs maux aujourd'hui
menacent la cohésion sociale ou alors le vivre-ensemble des camerounais.
En fait, des conflits naissent et se nourrissent aujourd'hui, qui sont
basés sur les identités culturelles. Si l'on prend le cas de la
crise post- électorale de 2018, qui a remis au grand jour la
fragilité de la cohésion sociale au Cameroun, il y a lieu de
s'interroger sur le degré de fraternité qui existe entre les
Camerounais. Par ailleurs, si l'on considère l'émergence du
conflit identitaire qui est né depuis 2016 dans les deux Régions
du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, il y a lieu de s'interroger sur la
considération de l'Autre dans les rapports intergroupes au
Cameroun.
De toute évidence donc, la diversité
culturelle du Cameroun semble comporter en elle, les germes de la division, de
la discorde, mieux de la dislocation. Or, la culture selon Abouna (2014), est
faite pour résoudre les problèmes des hommes en
société. En d'autres mots, chaque fois que les hommes font face
aux périls, ils vont puiser dans les éléments culturels
afin de trouver des solutions. L'école étant une institution
sociale, et même des plus fondamentales, elle peut donc être
mobilisée pour cette fin-là. Précisément, dans
un
2
contexte de la diversité camerounaise
susceptible de générer des discordes, il importe de chercher dans
l'enseignement, des voies de rapprochement des divers peuples du Cameroun.
Voilà les raisons pour lesquelles, nous avons fait le choix de
travailler sur le sujet intitulé : « Contribution de
l'enseignement-apprentissage des cultures nationales à la
compétence interculturelle des apprenants du niveau 3 du cycle primaire
de la ville de Mbalmayo ».
En effet, ce sujet est né à la suite de
deux constats. Le premier est que, nous constatons une intense
littérature qui traite du développement de la compétence
interculturelle à travers l'apprentissage des cultures nationales. Ces
études concernent les cycles post-primaire et supérieur. Pour le
dire autrement, la contribution de l'enseignement des cultures nationales
à la compétence interculturelle des apprenants de ces cycles
susmentionnés est connue. Paradoxalement, la littérature reste
muette lorsqu'il s'agit du cycle primaire. En d'autres mots, il y a un vide de
la littérature sur la contribution de l'enseignement des cultures
nationales à la compétence interculturelle des apprenants du
cycle primaire. Ces constats nous ont conduit à formuler les questions
de recherche suivantes : quelle est la contribution de l'enseignement des
cultures nationales à l'acquisition de la compétence
interculturelle des apprenants du cycle primaire ? Quelles sont les perceptions
des élèves du niveau 3 du cycle primaire sur l'enseignement des
cultures nationales et comment cela influence-t-il leur compétence
interculturelle ? Quels sont les défis rencontrés par les
enseignants en classe de cultures nationales pour promouvoir la
compétence interculturelle ? Ensuite, nous avons formulé des
hypothèses relativement à ces questions-là. Elles sont
respectivement, une hypothèse générale et deux
hypothèses opérationnelles. L'hypothèse
générale est : l'enseignement des cultures nationales contribue
favorablement l'acquisition de la compétence interculturelle des
apprenants du niveau 3 du cycle primaire. Les hypothèses secondaires
sont : les perceptions des élèves du niveau 3 du cycle primaire
sur l'enseignement des cultures nationales favorisent l'acquisition de la
compétence interculturelle ; les enseignants rencontrent des
défis liés à la disponibilité des ressources et la
formation pour intégrer efficacement la pluralité
ethnolinguistique de la classe dans l'enseignement des cultures nationales.
Dans le voeu d'avoir des idées fixes à ces questions
sus-évoquées et leurs hypothèses, ont été
fixés des objectifs de recherche dont l'un est général et
les deux autres sont opérationnelles. Ces objectifs sont les suivants :
examiner la contribution de l'enseignement des cultures nationales dans
l'acquisition de la compétence interculturelle des apprenants du cycle
primaire du Cameroun ; explorer les perceptions des élèves du
niveau 3 du cycle primaire sur l'enseignement des cultures
3
nationales et leurs liens avec leur compétence
interculturelle ; identifier les défis rencontrés par les
enseignants pour intégrer efficacement la pluralité
ethnolinguistique de la classe dans l'enseignement des cultures
nationales.
Au coeur de cette problématique se trouve la
préoccupation cruciale : comment améliorer l'enseignement des
cultures nationales au Cameroun pour renforcer la compétence
interculturelle chez les élèves du primaire. Cette
préoccupation soulève non seulement des enjeux
pédagogiques mais aussi sociétaux, car former des citoyens
capables d'évoluer harmonieusement dans un contexte multiculturel est
indispensable pour construire une société inclusive et
prospère. Alors, pour mener à bien notre recherche, nous l'avons
articulé sur cinq chapitres.
Le premier chapitre est problématique. Il est
donc titré : La problématique de l'étude. Sont
traités successivement dans ce chapitre-là, les
éléments suivants : le contexte et la justification de la
recherche en premier lieu. En second lieu, sont formulés respectivement
: la position et la formulation du problème. En troisième,
quatrième, cinquième lieu sont formulés respectivement :
les questions, les hypothèses, les objectifs de recherche. Il se termine
en sixième et septième lieu, par l'intérêt et la
délimitation de l'étude.
Le second chapitre est théorique. Il est
intitulé : Insertion théorique de l'étude. Ce
chapitre-là est constitué de diverses articulations. La
première articulation traite de la définition des concepts. La
seconde articulation porte sur la revue des travaux antérieurs relatifs
à la recherche en cours. C'est la revue de la littérature.
Après avoir passé en revue et s'être positionné par
rapport à cette littérature-là, des théories sont
convoquées. C'est l'articulation qui porte sur les théories
explicatives. Ces théories explicatives sont suivies des articulations
qui portent respectivement sur : le rappel des hypothèses
formulées, la définition des variables et indicateurs.
L'articulation qui porte sur le tableau synoptique, achève ce
chapitre-là.
Le troisième chapitre est
méthodologique. Il a donc pour titre : Méthodologie de
l'étude. Ce chapitre-là traite premièrement des types de
recherche. Secondairement, il opère à la définition de la
population de l'étude. Troisièmement, la méthode de
sélection de la population est expliquée dans la
définition de l'échantillon de l'étude.
Quatrièmement les méthodes et les instruments de collecte des
données sont précisés. Cinquièmement, le processus
de validation de ces instruments et méthodes de collecte est
donné. Sixièmement,
4
la procédure de la collecte des données
est donnée. Ce chapitre- là s'achève alors par le choix
des méthodes d'analyse des données.
Le quatrième et le cinquième sont
logiquement liés. Mais ne sont tout de même pas
rédigés en commun. En fait, le quatrième chapitre
intervient avant le cinquième. Dans ce chapitre-là, les
données issues de la collecte documentaire et empirique seront
traitées. Le traitement de ces données consistera à les
présenter dans un premier temps, dans un second temps à en
analyser les résultats. Le titre de ce quatrième chapitre est
donc : Présentation et analyse des résultats.
Interprétation des résultats et implications professionnelles est
le titre du cinquième chapitre. Dans ce dernier chapitre là, il
est question d'expliquer les résultats obtenus au cours de l'analyse des
données, d'une part. Dans un second temps, il s'agit de mettre ces
travaux en perspective avec le corpus scientifique existant pour en expliquer
la teneur. En troisième et dernier temps, les implications induites de
ces résultats sont montrées sur le plan social et celui
professionnel.
5
CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE DE L'ÉTUDE
Selon Danet et Elengabeka (2013) : « la
problématique est l'art de bien poser un problème,
c'est-à-dire d'interroger un sujet pour en dégager des questions
pertinentes » (p. 34). D'après Beaud (2006, p. 55), «
la problématique c'est l'ensemble construit autour d'une question
principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse qui
permettront de traiter le sujet choisi ». De plus, selon Kouam &
Mbonda (2008, p . 89) : « c'est l'ensemble construit autour d'une
interrogation fondamentale, des hypothèses de recherche et des lignes
d'analyse qui permettront d'analyser le sujet choisi ».Dans un
travail universitaire comme le mémoire de recherche, la
problématique va donc consister pour Schneider (2006), à la
« Présentation du contexte de l'étude. Description
succincte du choix de l'étude, formulation et définition du champ
d'investigation. Précisions sur la signification de l'étude : les
enjeux théoriques et pratiques » (p. 8).
En conséquence, le présent chapitre qui
porte sur la problématique de l'étude en cours, s'articule autour
de six points. En premier, le contexte et la justification du sujet sont
exposés. En second, le problème de recherche est formulé.
Au troisième moment sont posées les questions de recherche. En
quatrième lieu, les hypothèses de recherche. Les objectifs de
l'étude seront formulés au cinquième moment.
L'intérêt ainsi que la délimitation de l'étude
constituent les moments, respectivement de la sixième et de la
septième articulation. Nous débutons la problématique de
cette étude, par le contexte et la justification de la
recherche.
1.1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE LA RECHERCHE Cette
section présente tour à tour, le contexte dans lequel
émerge la recherche en cours, ainsi que les raisons du choix du
sujet.
1.1.1. Contexte de la recherche Pour Kouokam Magne (2020)
:
Le contexte sert à situer sa pensée
ou l'idée principale que l'on veut analyser [...] Faire un contexte veut
dire trouver des éléments autour du sujet, notamment des faits
d'actualités, qui justifient le choix de ce sujet. Il s'agit de montrer
l'environnement dans lequel le sujet se situe
En fait, dans le contexte, il d'agit de
décrire, mieux, faire une présentation exhaustive des faits qui
entourent le sujet à l'étude. Une telle démarche n'est pas
fortuite. En réalité, elle obéit à un ordre
logique. Voilà pourquoi il est prescrit que : « La
présentation
6
du contexte gagne à s'inscrire dans une
approche qui permet d'aller du général au particulier. En
employant la métaphore de l'entonnoir, on peut voir à quoi
ressemble un contexte » (Kouokam Magne, 2020). Telle est l'approche
adoptée dans cette section. Les faits retenus pour présenter le
contexte vont du global au local.
La deuxième guerre mondiale, si elle a eu de
nombreuses conséquences négatives, il faut néanmoins
reconnaitre qu'elle a permis d'assoir un nouveau type de relations entre les
États, et de reconfigurer la nature du système international. Ce
système-là se caractérise par la recherche
effrénée de la puissance. Cette volonté de puissance
conduit alors de temps à autre, à la violence. En effet, aux
lendemains de cette grande guerre, certains États se réuniront
à Francisco à l'effet de définir les nouvelles bases du
fonctionnement du monde. De ce fait, ils créeront l'Organisation des
Nations Unies (ONU).
Dès lors, le parcours du texte fondateur qui
régit cette organisation internationale (Charte des Nations Unies), nous
permet ainsi de lire aux alinéas 3 et 4 de l'article 2 qu'il est
interdit de recourir à la violence sous quelque forme que ce soit (ONU,
1945). Si ces interdits y sont mentionnés, ils n'excluent toutefois pas
qu'un État puisse user des moyens pacifiques à l'effet d'assoir
son hégémonie. Depuis lors, les États usent de moyens
ainsi que des mécanismes divers, mais pacifiques ou doux, qui leur
permettent ainsi d'asseoir leur hégémonie sur les autres
États. Parmi ces mécanismes, figure en bonne place la culture.
C'est ce que l'internationaliste Nye va théoriser sous le concept
« soft power » pour signifier le fait que : les facteurs
tangibles de la puissance tendraient de plus en plus à être
supplantés par les facteurs non tangibles, telle la cohésion
nationale ou la culture (Roche 2001, p. 96).
Et dans cet élan, de nombreux États
usent donc des facteurs non tangibles pour assoir leur hégémonie
sur la scène internationale. On pourrait ainsi citer : le domaine
cinématographique avec pour les USA, le cinéma hollywoodien ;
l'Inde, le cinéma bollywoodien ; le Nigeria, le cinéma
nollywoodien. Citons aussi le domaine linguistique, l'hégémonie
des langues anglaises et françaises, respectivement par le Royaume Uni
de Grande Bretagne et la France. En outre, la Chine avec sa médecine ou
le Brésil avec son festival culturel la « Samba », manifestent
aussi leur hégémonie dans les domaines
évoqués.
Mais, il faut noter qu'un facteur non tangible, n'est
pas en soi un moteur géostratégique.
Pour le dire autrement, la culture prise en
elle-même ne constitue pas une force. Pour jouer son rôle de
facteur de puissance, la culture doit être considérée et
fait usage comme tel par l'acteur. L'acteur est entendu ici au sens de Rojot
(2003) comme toute entité qui peut, grâce aux ressources et
stratégies dont elle dispose, influencer une sphère
donnée. D'après Ndam Njoya, le Cameroun devenu un acteur du
système international de par son accession à
7
l'indépendance (1979, p. 5-6), se voudrait
alors être considéré comme un acteur stratégique et
influent de la scène internationale. Et pour y parvenir, le Cameroun use
de ses ressources au rang desquelles, la culture. C'est cela que l'on peut lire
dans la loi fondamentale du Cameroun. En effet, dans le préambule de la
Constitution du 18 janvier 1996 modifiée et complétée par
la loi n°2008/001 du 14 avril 2008, il est écrit parlant de l'usage
de la culture que : « Fier de sa diversité linguistique et
culturelle, élément de sa personnalité nationale qu'elle
contribue à enrichir » (p. 2). C'est dire que la culture
camerounaise constitue un élément de son rayonnement et de son
influence.
Ainsi, l'on dénombre au Cameroun une
pluralité de cultures. Cette pluralité se manifeste par la
mosaïque ethnolinguistique, de même qu'une variété
géographique et naturelle. En effet, selon Hombert (2009)
derrière le Nigeria et devant le Congo qui comptent respectivement 553
et 215 langues et ethnies chacun, le Cameroun avec 279 langues, est
classé parmi les six (06) États du monde où l'on parle
plus de 200 langues. Cette diversité culturelle selon Mveng
(1985,68-69), constitue le socle de l'identité du Cameroun.
Par ailleurs, depuis la fin de la guerre froide
symbolisée par la chute du mur de Berlin, le monde a basculé dans
un système nouveau. Il s'agit, du libéralisme. Ce système
nouveau a eu pour corollaire l'ouverture. Bien plus, la finalité ultime
de cette ouverture-là est la mondialisation ou globalisation courante.
En réalité, le système libéral a conduit à
l'émergence de ce que Mcluhan a appelé « village global
ou planétaire ». Selon ce philosophe Canadien (1989, p. 67),
« The new electronic interdependence recreates the world at the image
of a global village ». En abondant dans le même sens, De Carlo
affirme :
« Le rapport avec l'altérité
est donc devenu un sujet incontournable pour la compréhension d'un
monde, où les échanges et la circulation non seulement de biens
et de capitaux, mais aussi d'individus, de groupes, d'idées,
d'informations, de projet, de vie...s'intensifient de jour en jour »
(1998, p. 35).
Autrement dit, à travers les contacts culturels
induits par l'essor des réseaux d'échange et de transport, les
mobilités internationales des personnes et même la colonisation,
il résulte une accentuation des contacts entre les différentes
cultures du monde.
Cependant, ces brassages culturels entrainent le
phénomène de l'homogénéisation culturelle. En
claire, certaines cultures risquent se dissoudre dans les cultures des autres.
On assisterait alors à la disparition de certaines cultures au profit
d'autres. Véritablement donc, les États africains en
général, le Cameroun en particulier a perdu de son patrimoine
ainsi que de ses valeurs culturelles. Cela résulte à la fois de
la mondialisation, et davantage de la
8
colonisation. Ainsi au Cameroun, la colonisation en
interdisant l'enseignement les langues locales, a substitué ces
dernières par des langues étrangères, en l'occurrence le
Français et l'Anglais, contribuant ainsi à une assimilation
culturelle.
De même, la globalisation entraine l'abandon des
us et coutumes locaux, pour
l'adoption sans filtres des manières de vivre
venues d'ailleurs. L'on assiste alors une sorte
d'extraversion et une aliénation culturelle.
Et, comme nous le révèle Piou (2012, p. 2), la perte
du patrimoine culturel a contribué à la
perte des valeurs identitaires et séculaires des
sociétés
qui composent le Cameroun. Ainsi, pour pallier
à cette perte, des actions concrètes sont
menées en faveur de la sauvegarde du patrimoine
culturel du Cameroun. C'est dans ce sens-là
que s'inscrivent les politiques publiques en faveur de
l'enseignement des cultures nationales.
Autant dire que, la volonté du Cameroun en
entrant dans la mondialisation, est de préserver et sauvegarder sa
culture. D'abord, cette volonté est inscrite dans la loi fondamentale de
l'État du Cameroun. Dans l'alinéa trois (3) de l'article premier
de la Constitution camerounaise il est dit que : « La
République du Cameroun adopte l'anglais et le français comme
langues officielles d'égale valeur. Elle garantit la promotion du
bilinguisme sur toute l'étendue du territoire. Elle oeuvre pour la
protection et la promotion des langues nationales » (p. 1). En
d'autres mots, en s'ouvrant à l'autre par le truchement des langues
française et anglaise, le Cameroun envisage des stratégies pour
conserver et protéger sa culture.
Par suite de quoi donc, depuis les états
généraux de l'éducation tenus en 1995, les pouvoirs
publics camerounais se sont résolus d'intégrer dans les
systèmes scolaires, des programmes d'enseignement des Cultures
nationales. C'est dans cette même logique que s'inscrit l'article cinq
(5) alinéa un (1) de la loi d'orientation de l'éducation, qui
stipule que l'éducation a entre autres objectifs, « la
formation de citoyens enracinés dans leur culture, mais ouverts au monde
». En fait, par l'enseignement des cultures nationales, l'apprenant
s'ouvre au monde tout en restant enraciné dans la diversité
culturelle constitutive du pays.
Ayant ainsi présenté les faits qui
entourent le sujet à l'étude, aussi bien dans une perspective
internationale que nationale, il faut dire ce qui nous a motivé à
choisir un tel sujet. Ce qui revient à dire qu'il faut donner la
justification de la recherche.
1.1.2. Justification de la recherche
Lorsque l'on parle de la justification de la
recherche, il s'agit d'expliquer le choix du sujet. En d'autres mots, le
chercheur est appelé à donner les raisons ayant motivé le
choix
9
de la recherche qu'il entend mener. À ce
propos-là justement, N'da (2015,) soutient que par la justification du
choix du sujet, « Le chercheur évoque les motivations qui ont
suscité son intérêt pour ce sujet »,
c'est-à-dire « d'où il sort » ou
« comment on en est venu à le choisir parmi tant d'autres du
domaine de recherche ». Pour le présent sujet, le choix est
accompagné des motivations de deux sortes. Les unes sont des raisons
personnelles, les autres sont des raisons scientifiques. Au premier chef, les
raisons personnelles. Notre progéniture vient
régulièrement auprès de nous pour s'enquérir de tel
ou tel autre des éléments culturels. Très souvent, il
s'agit de l'appellation des éléments du quotidien en lien avec
l'être humain, les animaux, les plantes, les végétaux, etc.
En fait, ce sont des questions données pour la préparation des
séances de cours suivants des cultures nationales. Cette pratique est
connue sous l'appellation de pédagogie inversée. C'est dire
qu'autant notre progéniture vient s'enquérir des faits culturels
de sa société, ses camarades d'autres cultures en font autant.
Nous avons donc toujours voulu savoir si dans le cadre de cet
enseignement-là, notre progéniture acquiert les
éléments culturels de ses camarades en classe de cultures
nationales. Concrètement, nous avons toujours voulu savoir si à
travers l'enseignement des cultures nationales, les apprenants apprenaient des
autres cultures.
Qui plus sont, les raisons scientifiques. En
consultant la littérature disponible, il apparaissait de plus en plus
que la compétence interculturelle n'était abordée que dans
la perspective des études des langues étrangères. En
réalité, il est question dans ces études de traiter des
rapports envisageables en situation de contact entre personnes de cultures
différentes, mais dans une perspective internationale. Il nous a donc
semblé utile de savoir si dans l'enseignement des cultures nationales,
la dimension interculturelle s'y trouve et donc, de la documenter, cette
fois-ci dans une perspective interne au Cameroun riche de sa diversité
culturelle en contact permanent.
Telles sont les deux motivations qui fondent
l'étude que nous menons dans ce travail en cours. Mais, pour continuer
à mener cette recherche, il faut d'abord dire ce qu'elle se propose de
résoudre. C'est cela qui consiste à la formulation du
problème de recherche.
1.2. FORMULATION ET POSITION DU PROBLÈME
DE
RECHERCHE
Partant de la pensée selon laquelle « la
science naît dans les problèmes et finit dans les problèmes
» (Popper, 1986, p. 185), il en ressort que le problème est ce
qui fonde tout processus de recherche. Dès lors, l'on ne saurait
débuter une étude sans en
10
formuler le problème. C'est la raison pour
laquelle Popper (1985) dit que « la science ne commence que s'il y a
problème » (p. 329).
En outre, plusieurs acceptions du problème de
recherche existent. D'après l'étymologie, le mot problème
est issu du latin et du grec « problema ». Il signifie :
« problème, question à résoudre »
(Gaffiot , 1934) ; « obstacle, question proposée, sujet de
controverse » (Bailly, 1895). En effet, le problème
se conçoit comme une difficulté. Kouam & Mbonda (2008)
enrichissent cette approche étymologique en affirmant que :
Le problème est étymologiquement ce
que l'on trouve pro-jeté devant soi. Sur un plan pratique, c'est un
obstacle qu'on trouve devant soi et qu'on a quelque mal à franchir. Et
sur un plan théorique, le problème est une difficulté
pro-posée en vue d'une résolution (p. 21).
En réalité, l'existence du
problème scientifique est non moins de fait, qu'une construction du
chercheur. Car, « Il n'y a pas de problème de recherche en soi
: un problème n'émerge que si quelqu'un, quelque part, accepte de
voir une situation comme un problème » (Gosselin, 1994,
pp.138-139). En fait, le problème de recherche est une formulation du
chercheur. Dès lors :
Formuler le problème, c'est exprimer en
termes sans équivoque, dans un énoncé non interrogatif, la
situation qui exige qu'une recherche soit menée pour que la
lumière soit apportée aux brouillards des interrogations. C'est
montrer à l'aide d'une argumentation que l'exploration empirique du
problème est nécessaire, pertinente, et qu'elle peut contribuer
à l'avancement des connaissances. (Nd'a, 2015, p. 54).
En fait, dans la formulation du problème de
recherche selon N'da :« Il s'agit donc de présenter la
situation, avec les faits qui s'y attachent, et de dire ce qui fait
problème » (2015 :54). En conséquence, le
problème de l'étude en cours se formule comme suit :
1.2.1. Formulation du problème
L'enseignement des cultures nationales vise
l'enracinement des apprenants dans leurs propres cultures d'une part, et leur
ouverture aux cultures des autres, d'autre part (LOI n°98/004 du 14 avril
1998). En d'autres mots, à travers la discipline des cultures
nationales, les apprenants développent la compétence
interculturelle. Ainsi, depuis les dernières années, l'on note
l'émergence d'une vaste littérature autour de l'enseignement des
cultures nationales
11
et l'acquisition de la compétence
interculturelle chez les apprenants. Pour certaines de ces études,
l'intérêt est porté sur les apprenants des classes
post-primaire. Pour d'autres plus nombreuses encore, les recherches se
mènent auprès des apprenants des classes avancées du cycle
secondaire. D'autres études par ailleurs, sont menées
auprès des étudiants du cycle universitaire. L'on a même
aussi remarqué que, la majorité de ces études porte sur
les langues étrangères, précisément du FLE
(Français Langue Étrangère). Ainsi, pour le secondaire et
le supérieur, l'apport de l'enseignement des cultures nationales
à l'acquisition de la compétence interculturelle des apprenants
est connu et documenté.
Paradoxalement, lorsque l'on interroge la
littérature sur l'apport de l'enseignement des cultures nationales
à l'acquisition de la compétence interculturelle des apprenants
du cycle primaire en général, et celui en particulier des
apprenants du niveau trois (3) de ce cycle-là, la littérature est
muette. Tout se passe comme si ce niveau-là du système
éducatif, ne mérite pas ou n'a pas d'intérêt pour
que des études soient menées quant à l'apport de la
discipline cultures nationales sur la compétence interculturelle de ses
apprenants. Autant le dire sèchement, il y a une absence de
données qui documentent l'impact qu'a l'enseignement des cultures
nationales sur la compétence interculturelle des apprenants du cycle
primaire.
Ainsi, la recherche en cours a pour objet : la
contribution de l'apprentissage des cultures nationales à la
compétence interculturelle des apprenants du cycle primaire. Cette
contribution-là, parce qu'elle est méconnue et pas encore ou peu
documentée, pose le problème de cette recherche et la
nécessite qu'une étude soit menée.
Ainsi formulé ce problème de
recherche-là, il en résulte des interrogations. Elles sont
étayées par des questions de recherche.
1.2.2. Les questions de recherche
Pour N'da (2015), les questions de recherche
expliquent le problème identifié et orientent les
stratégies pour le résoudre. Il affirme : « Poser des
questions, c'est agiter le problème identifié sous ses
différents angles ou dimensions » (p. 58). En fait, les
questions de recherche dans une recherche se répartissent en deux types.
D'un côté la question générale, de l'autre
côté les questions secondaires. La présente recherche
formule donc les questions suivantes, en débutant par celle
principale.
12
1.2.3. Question principale
La question principale est : Quelle est la
contribution de l'enseignement des cultures nationales dans le
développement de la compétence interculturelle des apprenants du
cycle primaire ? En d'autres mots, l'enseignement des cultures nationales
favorise-t-il réellement l'acquisition de la compétence
interculturelle des apprenants du cycle primaire ?
Cette interrogation principale suscite des interrogations
secondaires. 1.2.3.1. Questions secondaires
> Question secondaire 1
Quelles sont les perceptions des élèves
du niveau 3 du cycle primaire sur l'enseignement des cultures nationales et
comment cela influence-t-il leur compétence interculturelle
?
> Question secondaire 2
Quelles sont les défis rencontrés par
les enseignants en classe de cultures nationales pour promouvoir la
compétence interculturelle ?
Ayant donc formulé les questions qui
résultent du problème soulevé, il faut en avancer des
hypothèses de recherche.
1.2.4. Les hypothèses de recherche
Les hypothèses sont des réponses
avancées aux questions de recherche. C'est ce qui ressort de la
définition qu'en donnent Quivy et Campehoudt. D'après ces
derniers : « une hypothèse est une proposition provisoire, une
présomption qui ne demande qu'à être vérifiée
» (2017,p. 143). Selon Birou, les hypothèses sont des
suppositions de quelques notions qui ne sont pas actuellement prouvées
et sur lesquelles on fonde un raisonnement ou un développement (1968,
p.163). En outre, pour la formulation des hypothèses d'après N'DA
(2015, p.63), l'on use des énoncés au temps présent sous
la forme affirmative En conséquence, le travail de recherche en cours
comporte deux types d'hypothèses. En premier, l'hypothèse
générale. Qui plus sont, les hypothèses
opérationnelles. Elles sont les suivantes :
13
1.2.4.1. Hypothèse générale
L'apprentissage des cultures nationales influence
favorablement le Développement de la compétence interculturelle
des apprenants du niveau 3 du cycle primaire. Pour le dire autrement,
grâce à l'apprentissage des cultures nationales, les apprenants du
cycle primaire apprennent à la fois à connaitre leurs cultures et
celles des autres, ce qui favorise l'ouverture.
1.2.4.2. Hypothèses opérationnelles
Suite à l'hypothèse générale,
deux (deux) hypothèses secondaires sont avancées
à
savoir :
> Hypothèse opérationnelle 1
La perception positive de l'apprentissage des cultures
nationales par les élèves du niveau 3 du cycle primaire favorise
l'acquisition de la compétence interculturelle.
> Hypothèse opérationnelle 2
Les enseignants rencontrent des défis
liés à la disponibilité des ressources et la formation
pour intégrer efficacement la pluralité ethnolinguistique de la
classe dans l'enseignement des cultures nationales.
Après avoir proposé les
hypothèses de la recherche, il faut maintenant donner les objectifs de
recherche.
1.2.5. Les objectifs de recherche
Un objectif peut être défini dans le
processus de recherche comme le but poursuivi par le chercheur. Selon N'da, les
objectifs de recherche sont des « déclarations affirmatives qui
expliquent ce que le chercheur vise, cherche à atteindre »
(2015, p. 60). Par ailleurs, leur formulation selon N'da (2015, p. 61) se
fait par le moyen des verbes d'action. Bien plus dans une recherche, sont
formulés un objectif général et des objectifs
spécifiques. Et d'après N'da « L'objectif
général indique le but recherché, l'intention globale
visée par la recherche » (2015, p. 60) alors que les
« objectifs opérationnels » toujours selon ce
dernier, « précisent l'objectif général en
insistant sur les points ou les aspects du problème étudié
à observer et les opérations à mener par le chercheur pour
atteindre l'objectif général formulé » (p.
60).
14
La recherche en cours a formulé comme suit, les
objectifs : 1.2.5.1 Objectif général
L'objectif général de cette recherche
c'est : examiner la contribution de l'apprentissage des cultures nationales
dans l'acquisition de la compétence interculturelle des apprenants du
cycle primaire du Cameroun.
1.2.5.2 Objectifs opérationnels
L'objectif général suscité,
à l'effet d'être mieux compris, a été scindé
en deux objectifs spécifiques, qui sont :
> Objectifs spécifique 1
Il s'agit d'une part : Explorer les perceptions des
élèves du niveau 3 du cycle primaire sur l'enseignement des
cultures nationales et son lien avec leur compétence
interculturelle.
> Objectifs spécifique 2
Il s'agit d'autre part : Identifier les défis
rencontrés par les enseignants pour intégrer efficacement la
pluralité ethnolinguistique de la classe dans l'enseignement des
cultures nationales.
Si les objectifs de la recherche sont connus, il
convient de montrer l'apport de cette recherche. Cela consiste à dire
les intérêts de l'étude.
1.2.6 Intérêts de l'étude
La logique de l'adage « pas
d'intérêt pas d'action » voudrait que l'on ne puisse agir que
si l'on a un intérêt. L'intérêt lui-même
étant compris comme ce qui est utile, avantageux, ce qui convient, ce
qui importe, capital, part qu'une personne a dans une affaire. La valeur de
tout travail et particulièrement le travail de recherche, est le
progrès que ce dernier apporte à l'élaboration des savoirs
scientifiques.
En effet, le chercheur doit dire en quoi son travail
est important. Il indique en quoi le sujet contribuera à l'avancement
des connaissances, ainsi que son originalité, surtout sur l'angle
abordé (Rachad, 2007, p. 13). Mêmement, dit Pierre Bourdieu, ce
qui fait la valeur des travaux de recherche, c'est leur capacité de
« permettre une compréhension toujours plus affinée du
phénomène qu'ils étudient » (cité par Rachad,
2007, p. 94). Nous avons donc dans cette étude, des
intérêts d'ordre théorique d'une part, des
intérêts d'ordre pratique d'autre part.
15
1.2.6.1 Au plan théorique
Au plan théorique, nous avons
l'intérêt scientifique, l'intérêt académique
et l'intérêt pédagogique.
> Intérêt scientifique
Il concerne la contribution à la production des
savoirs scientifiques. D'une part, la présente recherche s'inscrit dans
le paradigme de la science de l'éducation. La science de
l'éducation, d'après son acception, est un champ scientifique
dont le domaine de connaissance est très large. En fait, l'objet de
cette discipline scientifique consiste à étudier :
Les processus de l'enseignement et de
l'apprentissage, l'élaboration rationnelle des programmes scolaires, des
enseignements à dispenser, la gestion de la classe, l'étude des
méthodes et techniques didactiques, et la docimologie (Belinga
Bessala ,2013, p. 22).
D'autre part, l'approche pour mener cette recherche
est quantitative et qualitative. Il dans y a donc dans cette démarche,
une valeur heuristique certaine. Dans cette perspective-là, les
données collectées et mises à jour dans le cadre de cette
étude constitueront un postulat scientifique sur lequel, des recherches
futures pourront s'appuyer à l'effet de traiter des sujets s'y
rapportant.
> Intérêt
académique
Il est en lien avec le parcours de formation. Dans ce
sens-là, la rédaction du présent mémoire de
recherche s'effectue au terme d'un parcours de formation. En effet,
après l'admission au sein d'un établissement de formation de
l'Université de Yaoundé I. Il s'agit en l'occurrence de
l'École Normale Supérieure (ENS), plus précisément,
le Département des Sciences de l'éducation.
En effet, ce Département d'étude
comporte en son sein deux sections à savoir : la section Conseil et
Orientation (CO), ainsi que la section Sciences de l'Éducation (SCED).
Ces deux sections forment chacune deux catégories des professionnels de
l'éducation. La première, les Conseillers Principaux
d'Orientation Scolaire, Universitaire et Professionnel (CPOSUP). La seconde,
les Professeurs des Écoles Normales d'Instituteurs (PENI). Ayant
été reçu en qualité d'élève PENI, le
parcours de formation a duré deux années
académiques.
16
Ainsi, la seconde année courante, marque le
terme de ce processus enseignement-apprentissage.
Ainsi, durant le processus enseignement-apprentissage,
l'apprenant prend part à diverses activités parmi lesquelles, les
évaluations. Parlant de l'évaluation, Petit Jean (1984) en donne
les différents types tout en expliquant la fonction et les moments de
chacune.
Ainsi, trois types d'évaluations existent. La
première, c'est l'évaluation prédictive. Elle est à
l'initiale d'un apprentissage. Elle vise à la détermination des
acquis. La seconde, est celle sommative. Elle intervient en fin
d'apprentissage, de séquence, d'année ou de cursus. Sa
visée est la certification. La troisième est l'évaluation
formative. Elle précède logiquement celle sommative car elle
prépare cette dernière. Elle a une fonction triple à
savoir : le renforcement, la correction, la régulation (pp. 7-14). En
fait, l'enseignant évalue dans la perspective « pour les
apprenants, de faire le point sur leurs acquis » (Petitjean, 1984, p.
7).
Puisque que le présent travail est un exercice
réalisé au terme du parcours de formation, il ressortit de
l'évaluation sommative ou certificative. Cette dernière
intervient à la fin du processus enseignement-apprentissage. Elle vise
à faire un bilan de fin du processus d'apprentissage en vue de
l'obtention d'un diplôme.
Alors, le présent mémoire est une
évaluation, un travail rédigé pour l'obtention du
Diplôme de Professeur des Écoles Normales d'Instituteurs du
deuxième grade (DIPEN II). De même, en tant qu'apprenant au sein
du Département des Sciences de l'Éducation de l'ENS de
Yaoundé I, il sonne le glas du parcours.
> Intérêt didactique et
pédagogique
Il est relatif au processus
enseignement-apprentissage. Selon Mouto Betoko (2013) : « en Afrique
francophone en général, les apprenants débutent leur
scolarité dans une langue différente de celle(s) qu'ils utilisent
en famille ou en communauté ». Cette situation-là, dans
les Zones à Éducation Prioritaire (ZEP) d'après Garga
(2021) est cause de la déscolarisation ainsi que des retards et
redoublements scolaires. En réalité, du fait de
l'inadéquation entre les cultures locales et la culture scolaire, de
nombreux enfant répugnent à intégrer l'éducation
formelle ; et ceux qui l'intègre abandonnent ou peinent à faire
des résultats positifs. Dès lors, l'apprentissage cultures
nationales assurera la continuité entre la culture de base de
l'apprenant et la culture scolaire.
17
1.2.6.2 Au plan pratique
Au plan pratique, nous avons l'intérêt
social, l'intérêt politique, l'intérêt
économique.
> Intérêt social
Il touche aux interactions des individus en
société. D'après
BOUBAKOUR (2010), par l'enseignement des cultures
nationales :
L'apprenant doit être en mesure d'affirmer sa
propre identité
tout en acceptant et comprenant les
différences qui existeraient avec
celle de l'autre et de saisir la complexité
qui réside dans la relativité
existante entre les différents systèmes
culturels (p. 18).
Ainsi, développer la compétence
interculturelle des apprenants contribue à un
enrichissement mutuel à travers des
échanges entre des apprenants de différentes
cultures.
Cela participe à déconstruire les
stéréotypes et les préjugés. C'est ainsi que l'on
arrive à
promouvoir une communication appropriée dans des
environnements culturels variés et à
construire des sociétés stables dans
lesquelles règnent le vivre-ensemble.
> Intérêt politique
Il s'agit de la gestion des institutions. Pour Tchawa
(2012), « La pluralité et les différences ne constituent
nullement le ferment de la crise, mais plutôt une opportunité pour
la cristallisation de la nation » (p. 320). C'est dire qu'au
Cameroun, la diversité culturelle doit aboutir au vivre ensemble. Cela
se traduit par l'acceptation de l'autre, au partage entre cultures, au respect
des traditions l'autre. Ainsi, l'enseignement des cultures nationales favorise
une meilleure compréhension et appréciation des
différentes cultures présentes dans la société. En
enseignant les cultures nationales, on contribue à renforcer le
sentiment d'appartenance des apprenants camerounais à la nation
Camerounaise, tout en favorisant leur intégration culturelle. En fait,
il s'agit d'éloigner le spectre des irrédentismes et des replis
identitaires, afin de construire l'unité de la nation à travers
l'éducation.
> Intérêt
économique
Selon la déclaration de l'UNESCO, « La
diversité culturelle enrichit le patrimoine national, constitue un
attrait pour la curiosité du monde extérieur et favorise le
tourisme culturel » (2001). C'est dire que le patrimoine culturel
national, qui fait du Cameroun une « Afrique en miniature »
est favorable à l'éclosion du tourisme. Cette
activité pouvant alors générer des revenus importants pour
le pays. Dès lors, le développement d'un tourisme
18
culturel entre en droite ligne avec les voeux
formulés par la communauté internationale au cours de l'ONU sur
le développement durable en 2015.
Au terme de cette conférence-là, dix-sept
(17) Objectifs De
Développement (ODD) ont été
énoncés par l'ONU dans son « Aganda 2030 ». Et selon
l'ODD numéro treize (13) relatif à la « Lutte contre les
changements climatiques » (ONU, 2015), la communauté
internationale encourage les activités qui contribuent à la
réduction des activités d'origine anthropiques engendrant le
réchauffement de la planète. Ainsi, l'un des moyens pour
l'atteinte de cet objectif-là passe par l'atteinte de l'ODD quatre (04)
qui préconise « Une éducation de qualité »
(ONU, 2015). Ici, l'éducation de qualité est entendue au
sens envisagé par la Conférence mondiale de l'UNESCO sur
l'Éducation pour le Développement Durable (EDD). Cette
dernière ayant comme objectif principal, de faire en sorte que les
générations présentes puissent bénéficier de
la culture des générations antérieures.
1.2.7 Délimitation de l'étude
D'après la question : « Le sujet est-il
suffisamment délimité pour pouvoir être maitrisé ?
» (DANET, ELENGABEKA, 2013, p. 30), il ressort que la délimitation
d'un sujet d'étude est un gage de sa bonne conduite.
En effet, il est impossible de traiter de
manière exhaustive de tous les aspects d'un sujet, cela même, dans
les délais impartis. C'est dans ce sens-là que DANET et
ELENGABEKA pensent que « Le souci d'exhaustivité n'est pas premier
[...]il importe que le sujet soit délimité avec soin pour y
parvenir
» (2013, p. 30).
Ainsi, pour GRAWITZ « délimiter son sujet
c'est déterminer ce que l'on retient mais aussi écarter un
certain nombre de problème » (1992, p. 24). En effet,
délimiter son sujet consiste donner le champ de déploiement de la
recherche. En d'autres mots, il s'agit de choisir ce sur quoi le champ de
l'étude va se déployer.
Toutefois, ce choix-là n'est pas une
opération aléatoire. Alors, en délimitant un sujet, «
il ne doit être ni trop vaste, ni trop restreint » (DANET,
ELENGABEKA, 2013, p. 30).
En fait, il s'agit de faire des précisions
à la fois sur qui sera traité et ce qui sera écarté
au cours de la recherche. Pour ce faire DANET et ELENGABEKA disent que : «
La méthode la plus efficace pour bien cadrer un sujet [...] est de fixer
d'entrée de jeu, des
19
limites. Ceux qui réussissent mieux sont ceux
qui choisissent une base d'étude précise, [...] une situation
déterminée, une période bien circonscrite » (2013, p.
30-31).
Aussi, la présente étude comporte-t-elle
trois niveaux de délimitations. La première est la
délimitation thématique. La seconde délimitation est
d'ordre géographique. La troisième quant à elle est la
délimitation temporelle.
1.2.7.1 La délimitation thématique
La délimitation thématique consiste
à préciser l'objet de l'étude ou de l'investigation.
Ainsi, la présente recherche porte sur la : « Contribution de
l'enseignement-apprentissage des cultures nationales à l'acquisition de
la compétence interculturelle des apprenants. Cas des
élèves du niveau 3 du cycle primaire de la ville de Mbalmayo
». C'est un sujet qui ressortit du domaine de l'enseignement et de
l'apprentissage des disciplines à l'école primaire. Ce sujet
concorde donc avec l'orientation thématique qui avait été
choisie pour les étudiants de la section sciences de l'éducation
du Département éponyme. Il s'agit de mener des recherches sur le
processus enseignement-apprentissage des disciplines à l'école
primaire.
1.2.7.2 La délimitation spatiale
Elle consiste à préciser le cadre
physique ou géographique dans lequel l'étude sera menée.
Ainsi, la présente recherche dans l'espace, se fixe comme limite
géographique, la ville de Mbalmayo. Elle est Chef-lieu du
département du Nyong et So'o, elle se situe dans la Région du
Centre au Cameroun. Et dans cette ville-là, cette étude se
déploie auprès des
apprenants de deux écoles primaires. Lesdites
écoles sont : l'EPPAO 1 et l'EPPAO Bil. Ces établissements
scolaires se situent au quartier Oyack. Le choix de ces écoles
résulte de ce que, pendant notre stage pratique, l'initiation aux
activités du préscolaire et du primaire s'y est
déroulé concomitamment à l'ENIEG de Mbalmayo.
1.2.7.3 La délimitation temporelle
Rappelons que le problème que soulève
notre étude, consiste à l'évaluation de la contribution de
l'enseignement des cultures nationales à l'acquisition de la
compétence interculturelle des apprenants du cycle primaire. Il aurait
fallu un temps qui s'étale sur une période relativement
très longue. Cette durée-là aurait été
nécessaire pour une telle
20
évaluation. Or, notre rédaction
s'étale sur une période pas très longue, à savoir
un semestre académique. Il faudrait donc s'en tenir. Par ailleurs,
l'enseignement des cultures ayant été introduit récemment
dans les programmes scolaires du cycle primaire, les faits
évoqués au cours de la recherche en cours, prendront donc aussi
cette période d'instauration, pour référence
temporelle.
Schématiquement, le présent chapitre
s'est articulé autour de sept points. Il s'agissait en premier, de
présenter le contexte et la justification du sujet. En second, le
problème de recherche a été formulé. Ce
problème a été questionné au troisième
moment, par des questions de recherche posées. Ces questions ont
donné lieu au quatrième moment, à la proposition des
hypothèses de la recherche. Après les hypothèses de
recherche, les objectifs de l'étude ont été données
en cinquième articulation. L'intérêt de l'étude a
constitué le sixième acte du chapitre, alors le que le
septième et dernier moment a consisté à la
délimitation de l'étude.
Toutes ces articulations-là, viennent ainsi
clore le premier chapitre. Dès lors, il faut donc passer au second
chapitre qui porte sur l'insertion théorique de
l'étude.
21
CHAPITRE II : INSERTION THÉORIQUE DE
L'ÉTUDE
2.1. DÉFINITION DES CONCEPTS
D'emblée, Bachelard met en garde le chercheur
de parler des faits imprécis. Il affirme que : « L'esprit
scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne
comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement
» (1938). Il semble alors nécessaire, dans le but de faciliter
une bonne compréhension de ce dont parle le sujet à
l'étude, de définir au préalable ses concepts. D'ailleurs
Durkheim abonde dans le même sens, lui qui affirme que :
La première démarche du sociologue
doit être de définir les choses dont il traite, afin que l'on
sache et qu'il sache bien de quoi il est question. C'est la première et
la plus indispensable condition de toute preuve et de toute vérification
; une théorie, en effet, ne peut être contrôlée que
si l'on sait reconnaitre les faits dont elle doit rendre compte
(1885).
En bref, il faut définir les concepts qui
structurent une recherche. Cette démarche préalable vise à
l'objectivité de la recherche en se dépouillant des
imprécisions de sens commun. Cela est même un passage
obligé du processus de la démarche scientifique, tel que prescrit
par Bachelard. En effet, dit ce dernier
La science dans son besoin d'achèvement
comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion. S'il lui
arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour
d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion ; de sorte que l'opinion a,
en droit, toujours tort. L'opinion pense mal ; elle ne pense pas. [...] On ne
peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire. Elle est
le premier obstacle à surmonter (1938).
En d'autres mots, la définition des concepts
constitue pour le chercheur, la garantie de l'objectivité ; laquelle
objectivité se construit contre l'évidence, la connaissance
immédiate, les préjugés, bref, ce que l'on croit savoir.
Mais encore faudrait-il déjà savoir, qu'est-ce qu'un concept.
Plusieurs auteurs rendent compte de ce qu'est le concept scientifique. Seules
deux de ces définitions seront ici retenues.
22
La première est de Mbonji
Edjenguèlè. Selon lui, les concepts sont des « Termes
à sens construit, complet, univoque pour ne pas dire unanime
c'est-à-dire partagé, admis dans un champ scientifique »
(2005). Pour la seconde, elle est de Comte. D'après ce dernier, le
concept scientifique est : « une idée abstraite ou une notion
générale qui représente un ensemble d'objets,
d'évènements ou de phénomènes similaires »
(1830-1842). Concrètement, un concept est une représentation
mentale. Donner un contenu empirique à cette construction mentale,
voilà le but de la définition du cadre conceptuel.
Par contre, aucun cadre conceptuel n'est
heuristiquement suffisant. Il serait difficile et même prétentieux
dans cette partie du travail, de clarifier de façon exhaustive et
adéquate, les concepts da la présente étude. Autrement
dit, le présent cadre conceptuel n'a pas vocation à
l'unanimité. En réalité, toutes les imprécisions
pourraient ne pas être levées. Alors, subsisteront toujours des
erreurs de sens, des contre-sens, des ambigüités. Et, quand bien
même ces imprécisions persisteront, elles seront alors les preuves
de l'évolution de la science. Car, la science évolue par des
« ruptures » (Bachelard, 1938) ou par suite de «
révolution » (Kuhn, 1972). C'est dire que la connaissance
scientifique est une construction discontinue.
Pour la construction du cadre conceptuel de la
présente recherche, les concepts à définir sont
préalablement identifiés. Citons-les : Contribution ;
Enseignement ; Cultures nationales ; Compétence interculturelle ;
Apprenants du Niveau 3 du cycle primaire ; Ville de Mbalmayo.
Par suite de cette identification-là, pour
chacun des concepts, sont proposées des essais de définition
selon des approches diverses. Au final, la précision du sens retenu pour
chacun de ces mots-là dans la présente étude, constitue la
dernière articulation de cette approche
définitionnelle.
Qu'en est-il alors de contribution ?
2.1.1. Contribution
L'étymologie du terme contribution montre qu'il
est issu du latin
« contributio », lui-même
découlant du verbe « contribuo » qui
signifie
« apporter sa part en commun, ajouter pour sa
part » (Gaffiot 1934, p. 421). En d'autres mots, la contribution est
un apport. Selon le dictionnaire Littré, contribution signifie
participation, apport, aide, concours. Cette notion-là est
employée dans divers domaines et
23
revêt des sens variés. Dans le domaine
financier par exemple, elle représente la répartition de ce qui
doit être payé ou reçu par chacun en proportion de ses
facultés, de son intérêt dans une affaire ou du montant de
sa créance. Dans le domaine de la vie intellectuelle par ailleurs, la
contribution représente la part apportée à une entreprise
scientifique.
Dans le cadre de la recherche en cours, nous
appréhenderons la contribution comme la part apportée ou l'apport
de l'enseignement des cultures nationales camerounaises à l'acquisition
de la compétence interculturelle des apprenants du cycle
primaire.
Que dire de l'enseignement ?
2.1.2. Enseignement-apprentissage
D'après son étymologie, est issu du
latin « insignis » dérivé du verbe «
insignio » qui signifie « mettre une marque distinctive,
faire connaitre, indiquer, instruire » (Gaffiot, 1934, p.829).
L'enseignement dans son étymologie signifie alors, l'instruction. Selon
le dictionnaire Littré, l'enseignement consiste à faire
connaitre, à instruire. En d'autres termes, l'enseignement consiste
à la transmission des connaissances à l'apprenant. Cela
relève toutefois de la conception traditionnelle, c'est-à-dire
passéiste et surannée de l'activité de
l'enseignement.
En effet, l'approche traditionnelle de l'enseignement
en fait une activité qui s'assimile à l'instruction. Dans cette
perspective-là, l'apprenant n'est qu'un réceptacle des savoirs
à lui transmis par l'enseignant. Dans cette perspective-là Lafon
(1979) dira que l'enseignement : « C'est l'action de donner une
instruction » (p. 15). C'est dire que les résultats,
c'est-à-dire finalité est non moins le résultat et le
sujet de l'enseignement que son objet et son auteur. Or, vues les nombreuses
difficultés présentées par cette approche traditionnelle,
elle est aujourd'hui révolue et dépassée par la conception
nouvelle de l'enseignement.
En réalité, dans l'approche nouvelle de
l'enseignement, le modèle transmissif est abandonné. Ici,
l'apprenant n'est plus seulement un vase à remplir par un adulte,
davantage il est celui-là qui est au centre de l'enseignement. Ainsi,
l'interaction est ici privilégiée. Dès lors,
l'enseignement consiste alors à « un processus interactif,
interpersonnel, intentionnel, finalisé par l'apprentissage des
élèves » (Altet, 1991). En d'autres mots,
l'enseignement consiste à l'autonomisation de l'apprenant. C'est
d'ailleurs cette conception de l'enseignement qui est recherché dans
tout processus éducatif.
24
En réalité, l'activité
d'enseignement participe de l'éducation. Le but de l'éducation
consiste à conduire l'apprenant à atteindre un objectif
fixé. Dans son sens étymologique, issue du mot latin, «
educere » ou « educare » ou encore « ex
ducere » qui signifie : « faire sortir de, mettre dehors,
tirer hors de, élever, nourrir, avoir soin de » (Gaffiot,572).
Ainsi, l'éducation signifie faire sortir l'apprenant d'une situation
pour une autre. Mieux encore, il s'agit de tirer l'apprenant d'un état
antérieur vers un autre. En bref, dans l'éducation, il s'agit de
sortir l'apprenant de son état d'ignorance vers celui de la
connaissance.
Dès lors, l'activité d'enseignement
consiste à former l'apprenant de manière holistique. La formation
holistique ici consistera à instruire l'apprenant des savoirs nouveaux
pour non seulement développer ses facultés cognitives ou
intellectuelles, mais davantage pour son intégration réussie dans
la société. C'est dire que par l'enseignement, la finalité
est l'acquisition des savoirs, des manières de faire qui permettent de
vivre en harmonie avec les autres membres avec qui l'apprenant a en commun un
environnement dans les interactions sociales.
En conséquence, dans la présente
étude, le concept enseignement est considéré dans le
sillage cette nouvelle approche-là. Il s'agit d'envisager l'enseignement
des cultures nationales comme une construction des savoirs en vue de
l'ouverture des apprenants du cycle primaire, à la diversité
culturelle du pays.
Que devons-nous comprendre par cultures nationales
?
2.1.3. Cultures nationales
Pour une définition intelligible du concept
cultures nationales, il est intéressant de le définir de
façon processuelle. La première étape consiste à
définir d'une part le concept culture, d'autre part le concept national.
La seconde étape sera d'associer les deux concepts pour en faire un seul
concept dont le sens sera à préciser. À la
troisième étape le sens retenu dans la présente
étude sera précisé.
2.1.3.1. Culture
La polysémie qui caractérise le concept
culture, fait en sorte que toute entreprise de la définir, devient une
gageure. Surtout que Kroeber et Kluckohn, dans leur effort de clarification de
la notion culture, distinguaient plus de 200 définitions (1952). C'est
dire la
25
richesse de ce concept. Pour ne pas nous perdre dans
cette abondance de définitions, nous opérons d'abord par
l'approche générale, pour ensuite nous attarder sur la
théorisation de la science anthropologique, dont l'objet d'étude
est justement, la culture.
> Approche générale de la
culture
Dans son approche générale, la culture
se conçoit d'une part comme une activité technique, d'autre part
comme objet et moyen de l'acquisition des connaissances.
· Culture : activité technique
Dans son sens original, l'étymologie du
concept culture renseigne qu'il vient du mot latin « colere »
et signifie « habiter, cultiver, honorer ». Dès lors, la
culture fait référence aux activités d'exploitation de la
nature. C'est l'approche définitionnelle donnée par Arendt (1992)
en disant :
La culture, mot et concept, est d'origine romaine.
Le mot « culture »
dérive de colere - cultiver, demeurer,
prendre soin, entretenir, préserver - et renvoie primitivement au
commerce de l'homme avec la nature, au sens de culture et d'entretien de la
nature en vue de de la rendre propre à l'habitation humaine (p.
271).
Il s'agit donc dans cette prime approche, de lier la
culture à la nature, notamment aux activités agricoles. Mais
très tôt ce rapport à la nature du concept culture sera
supplanté par celui de son rapport à l'esprit humain. La culture
sera alors envisagée comme objet et moyen d'apprentissage.
· Culture: possession des savoirs
Bien plus, la culture désigne l'ensemble des
connaissances dont dispose un individu et les moyens de les acquérir. Ce
sens-là émerge dans l'antiquité romaine. En
réalité, c'est justement dans la Rome antique que cette
conception émerge. Pour Arendt :
« Il semble que le premier à utiliser
le mot pour les choses de l'esprit et de l'intelligence soit Cicéron. Il
parle de excolere animum, de cultiver l'esprit, et de culture animi au sens
où nous parlons aujourd'hui encore d'un esprit cultivé »
(1992, p. 271).
C'est donc à travers la plume de l'auteur
romain Cicéron que le concept culture apparait pour la première
fois dans le sens des connaissances accumulées par un individu. Ce
dernier l'utilise par les termes « cultura animi » ou
« culture de l'âme ». Par-là, il s'agit de
designer l'activité à travers laquelle l'individu s'instruit. En
d'autres mots, la culture
26
désigne le moyen et l'objet d'acquisition des
savoirs. La culture apparait donc là, dans sa dimension
individuelle.
> Approche anthropologique
La science anthropologique qui naît à la
fin du XIXème siècle, prend pour objet d'étude
: la culture. Aussi va-t-elle contribuer à la systématisation de
ce concept-là. Le sens de la culture dans cette discipline met alors en
exergue sa dimension socioculturelle ou collective.
· Culture: tout complexe
La définition classique de la culture admise
dans le champ de l'anthropologie, est celle proposée par Tylor. Selon
lui :
Culture ou civilisation, entendue dans son sens
large est un tout complexe qui comprend les connaissances, les croyances,
l'art, la morale, le droit, les coutumes, les moeurs, ainsi que toutes les
autres habitudes et aptitudes acquises par l'homme en tant que membre d'une
société (1871).
Ainsi, de cette approche taylorienne de la culture,
des implications peuvent être tirées. La culture se compose de
divers éléments. En effet, la culture comporte des
éléments qui sont à la fois d'ordre matériel et
d'ordre immatériel. Les éléments intangibles de la culture
sont encore dits mentifacts. Ce sont ceux qui sont listés dans la
définition taylorienne de la culture. Citons : les connaissances, les
croyances, l'art, la morale, le droit, les coutumes, les moeurs. En sus de
cela, l'on pourrait ajouter : la langue, les systèmes d'écriture,
les rites, etc... Il s'agit des réalités d'ordre intellectuelle,
les savoirs. Mais la culture implique aussi des éléments
matériels ou avoirs. Il s'agit des avoirs. Citons entre autres : les
modes vestimentaires, les paysages géographiques, les objets, les
outils, les instruments divers, etc.
· Culture: apprentissage
La culture se caractérise aussi par son
caractère appris. En réalité la culture s'apprend. Dans ce
sens-là, elle s'oppose au comportement inné chez l'humain. C'est
dans ce sens-là que Linton dit que : « une culture est une
configuration de comportements appris et des résultats de comportement
dont les éléments composants reçus et transmis par les
membres d'une société particulière » (1945). En
effet, la culture désigne ce que l'individu acquiert des
générations passées. Cet acquis ne résulte et n'est
possible que dans le cadre d'une vie en société.
27
Par ailleurs, l'acquisition de la culture par
l'individu vise à conformer le comportement des individus aux normes de
la société. En effet, la société exige des
individus l'observance des codes de conduite qu'elle ellébore. Il s'agit
d'assurer une harmonie et une cohésion entre les individus qui
constituent ladite société. De la sorte, la culture devient un
élément partagé par tous les membres d'une
société. Cela conduit donc à l'intégration des
individus au sein de la vie en société.
2.1.3.2. Nationales
Selon l'étymologie latine, le concept national
vient de « natio » ou
« natus » qui signifie :
« naissance, peuplade, nation, partie d'une gens, peuple, race, race
» (Gaffiot, 572). Ce concept peut alors renvoyer à la fois au
pays tout entier ou ses territoires ainsi que les habitants de ce territoire.
Il s'agit des aspects physiques et humains.
Ainsi, au sens physique, le concept national
désigne un territoire, un pays. Le pays selon Larousse signifie :
« une région géographique habitée plus ou moins
nettement
délimitée » (En ligne).
Selon le site de Géo confluences, le pays est une notion ancienne en
géographie. Dans le langage courant, le terme est le plus souvent
associé à l'idée de patrie, de terre natale, et par
extension, est devenu synonyme de nation et d'État (En ligne). Dans un
sens plus originel, un pays est une petite région reconnaissable dans
son paysage, « une unité de vie, d'action et de relation, un
des niveaux d'agrégation systémique de l'espace
géographique ». Toujours d'après ce site-là, un
pays est aussi une petite entité visible qui, « couvre un
espace : paysages naturels et paysages anthropiques se fondent ainsi dans un
territoire aménagé progressivement au cours de l'histoire suivant
les possibilités des société ».
Par ailleurs, dans sa dimension humaine, le concept
national renvoie aux habitants d'un espace. Ces habitants développent le
sentiment et la conscience d'appartenir à ce territoire-là. Dans
cette perspective-là pour Louault (2000, p. 347), le pays est une aire
spatiale traditionnelle de dimension limitée, portant un nom d'origine
ancienne, reconnue par les habitants comme entité originale dans
laquelle existe un fort sentiment d'appartenance partagée, et nettement
différenciée des aires voisines.
Dans le cadre de ce travail, nous concevons le
concept national comme une entité territoriale dont les
frontières obéissent aux règles juridiques et tiennent
compte des territoires voisins ; et jouissant d'une personnalité
juridique de droit commun et soumise à
28
une autorité souveraine juridiquement et
légalement choisie. Ce territoire renferme en son sein des populations
qui y habitent et en constituent des habitants. En clair, il s'agit du Cameroun
et du peuple camerounais.
> Cultures nationales
Le concept de culture et celui de national ayant
été défini plus haut séparément, il est
question ici de les appréhender mis en commun. Par ailleurs, la
particularité ici est qu'ils sont graphiés au pluriel. Il s'agit
alors non plus d'une culture ni d'un territoire ou d'un peuple, mais en
réalité d'une pluralité. C'est la première
orientation définitionnelle. La seconde orientation va s'attarder sur
les cultures nationales comme discipline d'enseignement au cycle
primaire.
> Cultures nationales : diversité
culturelle
D'une part, les cultures nationales renvoient
à la diversité culturelle. La diversité culturelle
signifie au premier abord, la pluralité des cultures. En abondant dans
ce sens-là, Kamaha affirme : « la diversité culturelle,
c'est la variété, la pluralité l'ensemble des
micro-cultures ethniques qui ont chacune des particularités »
(2016, p. 16). En effet, la diversité est inhérente à
la culture. C'est l'une des caractéristiques de base de la culture.
C'est dans ce sens-là que Mbonji Edjenguèlè pense que les
cultures existent d'être différentes (2005). En illustrant cette
diversité des cultures, Towa cité par Kamaha (2016, p.16) dit :
« L'univers du culturel est un univers de la diversité :
diversité des intérêts matériels, goûts,
croyances, opinions, modes de vie, savoirs, savoir-faire, savoir être,
habitudes, moeurs... ». En fait, il n'y a pas une culture, mais des
cultures. Cette pluralité a été désignée par
la notion de multiculturalisme.
En réalité, le multiculturalisme est
inhérent à la pluralité des cultures existantes dans un
pays. Pluralité qui débouche vers une coexistence pacifique.
Ainsi, de par sa diversité culturelle, le Cameroun est de fait un
État multiculturel. Les différentes composantes de cette
pluralité culturelle se regroupent en différentes aires
cultuelles. En définissant la notion d'aire culture, Kamaha affirme :
« Une aire culturelle est un espace géographique, un territoire
géographique délimité où vivent des populations
ayant en partage une même langue, des modes de vie, des coutumes, des
traditions, des pratiques identiques » (2016, p. 18). En effet, la
variété des cultures du Cameroun a été
objectivée en quatre grands regroupements ou aires culturelles. Ces
quatre aires culturelles sont :
29
- L'aire culturelle Beti-Bulu-Fang qui regroupe les
peuples de trois Régions
administratives du Cameroun précisément
la région forestière.
- L'aire culturelle Grassfields qui comprend les
peuples des hautes montagnes du
grand-Ouest.
- L'aire culturelle Sawa qui comprend les peuples de
la Côte.
- L'aire culturelle Soudano-Sahélienne qui
comprend les peuples du
Cameroun septentrional.
Aires culturelles
|
Localisation
|
Exemples de peuples
|
Beti-Bulu-Fang
|
Centre Sud Est
|
Eton, Ewondo, Manguissa , Mvele Bulu, Fang, Ntoumou,
Mvae Baka, Kako, Maka, Mpo
|
Grassfields
|
Ouest
Nord-Ouest
|
Bamoun, Tikar, « Bamilékés »
Bali, Banso, Mankon , Nso
|
Sawa
|
Littoral Sud-ouest
|
Bassa, Batanga, Bassa, Mabéa Bakweri, Bamboko,
Bkundu, Bayangi,
|
Soudano Sahélienne
|
Adamaoua Extrême Nord
|
Dii, Gbaya, Kali, Mboum , Toupouri, Kirdi, Kotoko, Mafa
Mofu, Fulbé, Bororo, Arabe Choa
|
|
Tableau n° 1 : les aires culturelles du
Cameroun
30
Carte n° 1 : Aires culturelles du
Cameroun
Source :
gstatic.com
En effet, les cultures du Cameroun sont plurielles
« Raison pour laquelle l'on parle des cultures camerounaises ou
cultures nationales qui se justifient par la diversité culturelle
observable » (Kamaha, 2016, p. 17).
> Cultures nationales comme discipline
d'enseignement
D'autre part, les cultures nationales font
référence à une discipline d'enseignement à
l'école primaire. D'après le Guide, il est écrit que
:« Selon les curricula de l'école maternelle et primaire,
« Les langues et cultures nationales » sont une discipline ou une
activité ayant deux principales composantes indissociables. Il s'agit
:
- Des langues nationales ;
- Des cultures nationales » (2019, p.
5).
Bien plus, le Guide précise : Par langues
nationales au Cameroun, il faut comprendre, l'ensemble des langues locales
parlées par les communautés camerounaises. C'est dire que la
conception de la langue nationale au Cameroun est globale et territorialiste.
Les Cultures nationales sont l'ensemble des traditions, des us et coutumes, des
modes de vies, des pratiques sociales, des arts, l'artisanat et l'architecture,
des expressions littéraires des différentes communautés
camerounaises qui fondent l'identité et l'existence des peuples du
Cameroun. Cette discipline/matière,
31
convient-il de le rappeler relève du domaine
d'apprentissage qu'est l'identité culturelle (2019, p.
5).
En effet, l'enseignement des cultures nationales
entrent dans le cadre général de la discipline LCN. Il apparait
donc que les deux composantes que sont les langues et les cultures nationales
sont enseignées simultanément. Dans la nomenclature de la
discipline des LCN au primaire, les cultures nationales ne sont pas une
discipline à part entière.
Dans ce sillage-là les contenus de
l'enseignement de la discipline Langues et Cultures Nationales (LCN) sont
définis dans le Curriculum de l'Enseignement Primaire Francophone
Camerounais (CEPFC) du Niveau 3 (CM1-CM2). À l'observation cette
discipline s'intègre dans le deuxième domaine des domaines
généraux du CEPFC. Ce domaine-là est intitulé :
« Vie communautaire et intégration nationale ».
Définissant le domaine Vie communautaire et intégration
nationale, le MINEDUB écrit :
La vie communautaire et l'intégration
nationale renvoie à la notion d'unité nationale ; unité
faite de diversité mais aussi de complémentarité, de
solidarité et de foi en un destin commun transcendant les
particularismes de toutes sortes, notamment géographiques, historiques,
linguistiques, communautaires, religieux ou politiques. Elle se
développe à travers les disciplines que sont : Sciences Humaines
et Sociales, les Langues et cultures nationales (2018, P. 18).
Il résulte que les cultures nationales
ressortissent de la discipline LCN. Cette discipline-là en classes de
CM1-CM2, intègre les éléments ou notions liés
à la langue et à la culture. Ainsi, ses contenus d'enseignement
sont les suivants :
32
Tableau n° 2 : Les contenus d'enseignement des LCN
du niveau 3
Unités
d'apprentissage et centres
|
Savoirs à
acquérird'intérêt
|
Savoir-faire culturels
|
UA1 : La nature
|
Les phénomènes naturels
physiques
|
-Identifier un phénomène naturel
spécifique
au milieu socioculturel et donner sa
signification -Expliquer un proverbe en
relation avec un phénomène
naturel spécifique à un groupe ethnique
|
|
-Déterminer la portée culturelle
(médecine, croyance, signification sociale...) de certaines plantes
-Expliquer un proverbe en rapport avec les plantes -Illustrer les pratiques
traditionnelles de multiplication, d'entretien et de conservation des
plantes
|
|
-Déterminer la portée socio-culturelle de
certains animaux -Expliquer un proverbe en rapport avec les animaux -Dire des
contes mettant en scène des animaux -Illustrer les
pratiques traditionnelles de
multiplication, d'entretien et de conservation des animaux
|
UA 2 : Le village/ ville
|
Le village et ses traditions
|
-Expliquer le rôle de certains rites
traditionnels -Illustrer le déroulement
de
certains rites traditionnels - Expliquer
un proverbe en rapport avec le respect des traditions
|
|
Comparer les modes ville et au
de villag vie transports,
(construction, règles de
organisation de la chefferie,
politess métiers...)
|
|
Décrire les mesures traditionnelles prises pour
assurer la sécurité de la communauté, de la famille, de la
maison et de la chefferie
|
UA 3 : L'école
|
Les
enseignements
|
-Identifier la personne enseignante et son rôle
dans un milieu traditionnel - Expliquer un proverbe en rapport avec
l'enseignement
|
|
-Caractériser le milieu scolaire dans
un
environnement traditionnel -Décrire les
activités de l'élève dans un contexte
traditionnel
|
|
Expliquer l'utilité de l'école pour tous
dans un milieu traditionnel -Expliquer un proverbe en rapport avec
l'apprentissage
|
|
33
UA 4 : Les métiers
|
Les artisans
|
-Décrire les techniques artisanales de
pêche, d'agriculture, de chasse ... -Identifier les modes de transmission
des dites techniques
|
|
-Caractériser les pratiques professionnelles d'un
artisan de son milieu culturel -Expliquer un proverbe en rapport avec le
travail
|
|
Décrire les modes traditionnels de
création d'entreprises
|
UA 5 : Les voyages
|
Les moyens et les voies de
communication
|
-Décrire les voies et moyens traditionnels
de
transport -Illustrer l'utilisation d'un moyen de
transport
à la chefferie -Décrire les
préparatifs d'un voyage sur le
plan traditionnel
|
|
Décrire le retour de voyage d'un parent
dans
sa famille autrefois Dire des contes en rapport avec les
voyages
|
UA 6 : La santé
|
Les maladie
|
-Décrire les symptômes de
quelques
maladies propres à une aire socio-culturelle -
Expliquer des proverbes liés à la santé
|
|
Décrire les voies et les moyens traditionnels
conservation des médicaments
|
UA 7 : Sports et loisirs
|
Les sports de compétition
|
-Expliquer les règles de sports de
compétition pratiqués dans son village
- Pratiquer un sport de compétition de son
|
|
-Expliquer les règles de jeux ou de
sports
pratiqués par les jeunes dans son village -
Pratiquer un jeu ou un sport propre aux jeunes de son village
|
UA 8 : Dans l'espace
|
Le système solaire
|
-Expliquer l'importance de certains astres dans sa
tradition -Dire un conte en rapport avec l'espace
|
|
Source : MINEDUB
Toutefois, si l'on considère la
définition taylorienne qui fait de la culture un tout complexe, il en
découle alors que tout est culturel. Or, la langue participant de la
culture, est donc aussi culture. En corroborant cette vision-là,
Benveniste (1976) affirme : « la langue et la culture sont les deux
facettes d'une même médaille » (p. 263). En fait, la
langue c'est la culture. Ainsi, utiliser les concepts de langue et de culture
distinctement devient redondant. En fait, la langue est une composante
cardinale de la culture. La langue est liée à une culture en
sorte qu'apprendre une langue, c'est apprendre une culture.
34
Dans le cadre du travail en cours, le concept de
cultures nationales est donc appréhendé dans son sens large.
D'une part, c'est à la fois l'ensemble de traits matériels ou
éléments tangibles et immatériels ou intangibles
distinctifs des peuples du Cameroun. Ce seront donc : les pratiques, les
représentations, les façons de penser, d'agir, de raisonner, les
croyances, les modes de vie, les styles vestimentaires, les langues, les
calligraphies, les écritures, les valeurs, les principes, les outils,
les objets, les instruments auxquels sont attachés les individus, les
règles qui régissent leurs interactions, bref, un ensemble de
signes permettant d'établir un distinguo entre diverses sociocultures
camerounaises. D'autre part, ce que nous entendons par cultures nationales dans
notre travail de recherche implique la discipline LCN dont les contenus
d'enseignement sont les aspects matériels et immatériels de la
culture des peuples du Cameroun.
Nous avons défini le concept de cultures
nationales. Qu'en est-il du concept compétence interculturelle
?
2.1.4. Compétence interculturelle (CI)
Le concept compétence interculturelle pour une
compréhension optimale, sera séparé dans ses deux
composantes que sont : compétence et interculturelle.
2.4.1. Compétence
Le concept de compétence peut être
appréhendé de façon générale d'une part, et
de façon spécifique d'autre part. De façon
générale, il s'agit de l'acception cognitive. De façon
spécifique, il s'agit de l'approche pratique.
· Compétence: dimension
cognitive
De façon globale, concept de compétence
est issu du mot latin « competentia » et signifiée :
« proportion, juste rapport » (Gaffiot, 1934, p.361). Mais,
c'est son étymologie grecque qui est davantage intéressante. En
effet, selon Bailly (1885), le mot compétence est issu du mot grec
« ikanotes » qui signifie : « quantité ou
longueur suffisante, aptitude, capacité» ; lui-même
dérivant de « ikanos » signifiant : « qui va
bien à quelqu'un, suffisant, convenable, capacité à faire
quelque chose, suffisant par l'intelligence, le talent, le mérite, la
puissance ». Ainsi, le concept de compétence se rapporte
à la capacité de l'individu à réaliser une
tâche.
35
Pour ALLAL : « Une compétence est
conçue comme un réseau intégré et fonctionnel
constitué de composantes cognitives, affectives, sociales,
sensorimotrices, susceptible d'être mobilisé en actions
finalisées face à une famille de situations » (1999, p. 81).
Autrement dit, la compétence est une dimension interne à
l'individu relevant des aspects intellectuels, sentimentaux,
relationnels.
· Compétence : dimension
pratique
Le concept de compétence est suffisamment
défini par de nombreux auteurs. En effet, cette notion apparait comme
une mobilisation de l'ensemble de savoirs théoriques,
opérationnelles et comportementales en situations.
Pour BELINGA BESSALA, la compétence
désigne : « l'habileté que l'individu a pour mettre en
pratique des connaissances préalablement objet de son apprentissage
» (2013, p. 168). En d'autres mots, l'on parle de compétence
lorsque les savoirs passent de la phase théorique à la phase
pratique. Il s'agit pour l'individu de puiser dans ses connaissances
théoriques pour résoudre de façon efficace, les
problèmes de vie réelle.
Dans l'approche de ROEGIERS la compétence est
perçue comme : « la possibilité, pour un individu, de
mobiliser un ensemble intégré de ressources en vue de
résoudre une situation problème qui appartient à une
famille de situations » (2000, p. 10). Plus exactement, la
compétence est la dextérité à trouver des solutions
dans les savoirs dont on est détenteur pour résoudre des
situations de vie réelle.
Selon GILLET : « Une compétence se
définit comme un système de connaissances, conceptuelles et
procédurales, organisées en schémas opératoires et
qui permettent, à l'intention d'une famille de situations,
l'identification d'une tâche-problème et sa résolution par
une action efficace » (1991, p. 69). D'une certaine manière,
la compétence est un ensemble de connaissances et savoirs
orientées pour résoudre les situations
problèmes.
36
D'après LE BOTERF :
Une personne compétente est une personne
qui sait agir avec pertinence dans un contexte particulier, en choisissant et
en mobilisant un double équipement de ressources : ressources
personnelles (connaissances, savoir-faire, qualités, culture, ressources
émotionnelles ...) et ressources de réseaux (banques de
données, réseaux documentaires, réseaux d'expertise,
etc.). Savoir agir avec pertinence, cela suppose d'être capable de
réaliser un ensemble d'activités selon certains critères
souhaitables (1999, p. 38).
En d'autres mots, la compétence consiste
à la capacité de puiser dans et intégrer diverses
ressources pour agir dans diverses situations.
De toutes ces approches définitionnelles, il y
a lieu de retenir que lorsque l'on parle de compétence, il s'agit des
savoirs ou connaissances qui sont applicables par l'individu dans des
situations de vie réelle. En d'autres mots, la compétence se
réfère à la capacité de l'apprenant à
transformer les connaissances théoriques en savoir-faire chaque fois que
les situations de vie en font une nécessité. En bref, il est
question de mobiliser des ressources diverses pour résoudre des
situations complexes de vie. Le concept de compétence peut s'objectiver
dans le tableau suivant :
Catégories de compétence
|
Types de connaissances
|
Domaines
|
Niveaux
|
Savoir
|
Théoriques
ou déclaratives
|
Cognitif
|
Intellectue
ls
|
Savoir-faire
|
Opérationnelles
/ procédurales
|
Psychomote
ur
|
Habiletés
|
Savoir-être
|
Comportementales /c onditionnelles
|
Social
|
Attitudes
|
|
Tableau n° 3 : Composantes de la
compétence
Si l'acception de compétence est connue, qu'en
est-il alors de notion de la compétence dans l'enseignement
?
· Compétence et processus
enseignement-apprentissage : l'APC
Le concept de compétence a
intégré le domaine de l'éducation,
précisément le processus enseignement apprentissage à
travers l'approche dite de l'APC (Approche Par les Compétences). Que
peut-on en dire ?
· 37
Approche définitionnelle de l'APC
L'approche par les compétences (APC) peut
être considérée comme une pratique à la fois
pédagogique et didactique.
En tant que démarche pédagogique, l'APC
consiste à une manière particulière de conduire
l'apprenant. Ainsi, dans le paradigme de l'APC, les enseignements ont pour
finalité que l'apprenant acquiert des ressources afin de
développer des compétences. Autrement dit, les connaissances sont
mises à la disposition de l'apprenant qui les acquiert, les
intègre et les applique dans des situations complexes de vie
réelle. En fait, l'APC place l'enfant au centre des
apprentissages.
L'APC est aussi une démarche didactique. Il
est utile ici de rappeler la définition de la didactique. Ainsi,
d'après Belinga Bessala (2013) la didactique est :
« La science de l'éducation qui a
pour objet d'étude les processus de l'enseignement et de
l'apprentissage, l'élaboration rationnelle des programmes scolaires, des
enseignements à dispenser, la gestion de la classe, l'étude des
méthodes et techniques didactiques, et la docimologie »
(p.22)
En d'autres mots, la didactique concerne les
processus liés à une meilleure transmission des ressources.
Ainsi, en tant que démarche didactique, l'APC est une pratique qui,
s'appuyant sur les curricula, élabore et exécute un projet de
formation.
· Approche méthodologique de
l'APC
Pour mettre en place une méthodologie selon
l'APC, des stratégies sont nécessaires à adopter. Ces
stratégies sont liées pour certaines aux ressources, et pour
d'autres à l'apprenant. Le tableau suivant en fait une
synthèse.
Tableau n° 4 : Approche méthodologique de
l'APC
EN RAPPORT AVEC LES RESSOURCES
|
EN RAPPORT AVEC LES
APPRENANTS
|
Organiser des situations-problèmes
|
Affronter les situations-problèmes
|
Utiliser des ressources variées
|
Exploiter des ressources variées
|
Favoriser l'interaction
|
Interagir avec ses camarades
|
Favoriser la métacognition
|
Réfléchir sur ses actions
|
Centrer l'évaluation sur l'apprenant
|
Participer à son évaluation
|
Structurer les acquis nouveaux
|
Fixer les acquis nouveaux
|
|
Ainsi, dans la méthodologie de l'APC, l'objectif
du processus enseignement-apprentissage est l'acquisition pratique, des
ressources que l'apprenant acquiert. Aussi
38
peut-on se demander comment cette méthodologie
est-elle mise en pratique concrètement dans le processus enseignement-
apprentissage.
· Application de l'APC dans le processus
enseignement-apprentissage
L'APC dans le processus d'enseignement-apprentissage
s'applique en deux phases. En effet, une leçon ou séquence
d'apprentissage sous l'approche APC se déroule en deux phases distinctes
à savoir : la phase des apprentissages ponctuels d'une part, la phase de
l'intégration d'autre part.
La première phase est celle des apprentissages
ponctuels. Elle consiste pour l'apprenant à acquérir diverses
ressources en termes des savoirs, savoir- faire et savoir-être. Ses
étapes sont au nombre de cinq (5) à savoir :la mise en situation,
la systématisation, l'application, l'objectivation et
l'évaluation.
La seconde phase est celle de l'intégration.
Elle consiste pour l'apprenant à apprendre à mobiliser les
ressources acquises au cours de la phase précédente, lorsqu'il
fait face aux situations complexes. Cette phase a essentiellement deux
étapes que sont : l'intégration et la
remédiation.
Ces différentes phases et étapes
consistent en des opérations précises. Dans le tableau suivant,
elles peuvent être explicitées. Il s'agit de donner chaque phase,
les différentes étapes qui la constituent ainsi que les actions
précises qui en sont faites.
Tableau n° 5 : Déroulement d'une
leçon selon l'APC
PHASES
|
ÉTAPES
|
ACTIONS
|
FINALITÉS
|
Apprentissage des
ressources
|
Mise en situation
|
Exploiter une
situation didactique/problème
|
Déclenchement d'un conflit
cognitif
|
|
Découvrir et analyser
la situation
|
Traitement du problème
|
|
S'exercer à résoudre
des problèmes
|
Entrainement à la résolution des
problèmes
|
|
Résumer les ressources
|
Synthétisation des ressources
|
|
Appliquer les acquis
|
Vérification des acquis
|
Mobilisation des
ressources
|
Intégration
|
Mobiliser les ressources acquises
|
Résolution des situations de vie
concrètes
|
|
Soutenir les acquis
|
Remise à niveau
|
|
La notion de compétence ayant
été passée en revue dans divers de ses contours, que
peut-on dire de la notion d'interculturelle ?
39
2.1.4.2. Interculturelle
Le concept interculturel est composé du mot
culture défini plus haut ; et du préfixe latin « inter
» qui signifie : « entre, parmi, au milieu de, lier »
(Gaffiot, 1934, p. 838). L'interculturel signifie donc, les rapports ou
les contacts entre les cultures. En d'autres mots, l'interculturel signifie :
lier des cultures, dans le sens de créer des liens entre elles. En
citant le Conseil de l'Europe, Olivier (2012) dit :
« L'emploi du mot interculturel implique
nécessairement, si on attribue au préfixe « inter » sa
pleine signification, interaction, échange, élimination des
barrières, réciprocité et véritable
solidarité. Si au terme de « culture » on reconnait toute sa
valeur, cela implique reconnaissance des valeurs, des modes de vie, et des
représentations symboliques auxquels les êtres humains, tant les
individus que les sociétés, se référent dans les
relations avec les autres et dans la conception du monde » (p.
25)
· Origine et historique du concept
interculturel
L'historique du concept interculturel montre qu'il
est né aux USA dans les années 1970-1980. Il est
désigné en anglais par le vocable «
cross- cultural ».
Pour Clanet (1993), par l'interculturel, l'on
désigne « un mode particulier d'interactions et
d'interrelations qui se produisent lorsque des cultures différentes
entrent en contact ainsi que l'ensemble des changements et des transformations
qui en résultent » (p. 22).
En réalité, l'interculturel nait
à partir des situations de contact entre des cultures
différentes.
Mais comment distinguer l'interculturel d'avec
d'autres compétences générées par des cultures en
contact ? En fait, qu'est-ce qui distingue l'interculturel d'avec le
multiculturel et le transculturel ?
· Inter culturalisme et multiculturalisme,
transculturalisme
L'usage commun tend à créer une
confusion entre les concepts interculturel, multiculturel et transculturel. En
effet, cette confusion découle du fait que l'interculturel tout comme le
multiculturel et le transculturel, participent toutes, des compétences
qui sont inhérentes à toute situation de pluralité
culturelle. Et pourtant, ces trois notions sont distinctes les unes des
autres.
40
En effet, le multiculturalisme consiste à
reconnaitre la pluralité des cultures ou la reconnaissance de la
pluralité culturelle. Il est question ici de distinguer le «
Eux » du « Nous ». C'est dire que dans le
multiculturalisme les identités culturelles de chaque
société sont reconnues, promues et même
revendiquées. En effet, pour Kymlicka, toutes les sociétés
sont de fait multiculturel. Car, même les sociétés les plus
homogènes en apparence, comportent en leur sein des groupes, des
associations qui sont organisés sur la base des classes, du genre,
d'idéologies, d'orientations sexuelles (2001, p.
34).
Il en résulte que dans les
sociétés multiculturelles, les différentes cultures
peuvent chacune revendiquer le droit à la reconnaissance de leur
spécificité, le droit à la différence. Et selon
Abdallah- Pretceille (1999) : « la différence suppose un
jugement de valeur, une norme, elle est ethnocentrique et souffre de la marque
de l'énonciateur » (p.60). Cela signifie que, la promotion des
différences identitaires induite par le multiculturalisme,
déboucherait à une société atomisée en
particularismes.
En allant dans cette perspective-là de la
reconnaissance et de la
promotion des identités culturelles reconnues
et promues, Hunyadi (2002) dira
que :
Tel qu'il est conçu par les pensées
de la réduction identitaire, le pluralisme se résout en autant de
zones protégées de l'identité, d'autant plus
étouffantes qu'elles sont communautaires et d'autant plus rigides
qu'elles veulent y conformer le cadre (p. 56).
En bref, dans le multiculturalisme, les
différences culturelles sont exacerbées et accentuées. Une
expression prosaïque rendrait mieux compte de ce qu'est le
multiculturalisme, qui dit que : l'on peut être ensemble, et ne pas se
mélanger.
Or, les particularismes identitaires très
souvent sont des avatars des conflits imminents. Alors, l'interculturel se
propose d'aller au-delà de cette simple juxtaposition des cultures du
multiculturalisme. Soutenant cette idée- là, Cuq (2003) affirme
que ce qui fait la particularité de l'interculturel par rapport au
multiculturel :
« Était le préfixe inter qui
permettait de dépasser le multiculturel. Interculturel suppose
l'échange entre les différentes cultures, l'articulation, les
connexions, les enrichissements mutuels. Le contact effectif des cultures
différentes constitue un apport ou chacun trouve un supplément
à sa propre culture (à laquelle il ne s'agit bien sûr en
rien de renoncer) » (p. 136).
41
Quant au transculturalisme, il consiste à ce
que Puren (2023) citant Durkheim nomme par : « Savoir retrouver, sous
la diversité des manifestations culturelles, le « fonds commun
d'humanité » » (p. 3). Il s'agit en fait de se mettre
à la place de l'autre. Dans le transculturalisme, il y a un simple
sentiment, une posture morale. Or, dans l'interculturel, il y a action
effective.
En bref, le multiculturel et le transculturel se
réduisent à une adjonction des cultures en présence. Il
s'agit d'une addition simple des cultures en présence. Alors que pour
l'interculturel, il est question de l'ouverture de chaque culture à
toutes les autres.
En s'appropriant les composantes de la
compétence culturelle de Puren (2023), la distinction entre :
interculturalisme, multiculturalisme et transculturalisme peut mieux être
établie.
Tableau n° 6 :
interculturalisme-Multiculturalisme-Transculturalisme
COMPOSANTES
|
DÉFINITIONS
|
ACTIONS
|
Interculturalisme
|
Savoir gérer les interactions culturelles
lors des contacts avec des étrangers rencontrés
|
Découvrir les autres et entrer en contact
avec eux
|
Multiculturalisme
|
Savoir gérer
quotidiennement sa cohabitation personnelle et aider
à la cohabitation des autres au sein d'une
société
|
Vivre avec les autres
|
Transculturalisme
|
Reconnaitre dans l'autre, l'humanité
commune
|
Reconnaître dans l'Autre la
même
humanité
commune
|
|
En réalité, l'interculturel consiste
à nouer ou tisser des liens entre les différentes cultures qui
existent dans une société. C'est une instance relationnelle ou
collaborative dans un contexte des cultures différentes en contact. Elle
peut être appréhendée dans sa dimension théorique
d'une part, et dans sa dimension pratique d'autre part.
· Dimension théorique de
l'interculturel
Dans sa dimension théorique, l'interculturel
est perçue comme un ensemble de valeurs et d'attitudes à
l'égard de la diversité culturelle. Ce sont entre autres des
valeurs comme la civilité, la tolérance, le respect, l'ouverture
d'esprit, entre autres. Qu'en est-il ?
42
D'après Clanet (1993) «
l'interculturalité est l'ensemble des processus - psychiques, et
interpsychiques, relationnels, groupaux, institutionnels - engendrés par
ces mises en relation, ainsi que les changements et transformations qui en
résultent » (p. 70). En fait l'interculturel est
conséquent d'un environnement de diversité culturelle et du
processus de réciprocité dans les échanges qui s'y
établissent.
Pour Leray (2001) : « la
nécessité d'une attitude interculturaliste s'impose par le
pluriculturalisme réel de notre environnement et du type de relations
existant entre les cultures » (p. 147). En effet, dans un contexte
marqué par des différences culturelles, il y a lieu de promouvoir
l'interculturel.
Bien plus, selon Meunier (2007), l'interculturel est
« une manière d'analyser la diversité culturelle et de
s'interroger sur les interactions culturelles » (p.7). En d'autres
mots, dans l'interculturel, il est question de construire des espaces qui
favorisent des relations entre des cultures différentes.
Par ailleurs, pour le Conseil de l'Europe, une
société interculturelle est celle dans laquelle
:
Différentes cultures et groupes nationaux,
ethniques et religieux vivant sur le même territoire, entretenant des
relations ouvertes d'interaction, avec des échanges et la reconnaissance
mutuelle de leurs modes de vie et valeurs respectives. Il s'agit dans ce cas
d'un processus de tolérance active et de maintien de relations
équitables au sein desquelles chacun a la même importance
(1995, p. 27).
Pour le dire autrement, l'interculturel est une
attitude d'ouverture, de tolérance et de reconnaissance mutuelle qui
accompagne toute situation de diversité culturelle.
En outre, Abdallah-Pretceille estime que «
L'interrogation identitaire de soi par rapport à autrui fait partie
intégrante de la démarche interculturelle (...) La vraie nature
de l'interculturalisme est de s'adresser à tout le monde »
(2003, p. 214). En fait, l'interculturel sous-entend le respect de la
diversité culturelle. C'est dans cette perspective-là que
l'auteure dira que Abdallah-Prétceille, (2004) dira que l'interculturel
c'est d'aller à la rencontre de l'autre, de le connaitre et non pas
seulement d'apprendre sa culture. Cela mène à la tolérance
et à une coexistence pacifique entre les différentes
sociocultures en présence. La finalité dans l'interculturelle est
l'ouverture du Soi à Autrui.
43
Mais, l'interculturel ne s'épuise pas dans sa
dimension théorique. Ce sens-là est très aérien. Il
serait intéressant d'aborder son aspect concret. Ainsi, à quoi
renvoie l'interculturel dans le sens pratique ?
· La dimension pratique de
l'interculturel
Dans son sens pratique, l'interculturel
désigne non plus seulement des intentions et éléments
moraux mais des actions ou des actes concrets. Que dire ?
Pour De Carlo, l'interculturel vise l'interaction,
l'échange, la réciprocité, une véritable
solidarité et l'élimination des barrières en contexte de
diversité culturelle.
Dans l'approche de l'interculturelle par Porcher, il
soutient le même point de vue en affirmant que : «
L'interculturel est l'attitude qui consiste à construire entre des
cultures différentes des relations de réciprocité »
(1986, p. 128). Les qualités qui résultent de
l'interculturel sont :« la générosité,
l'hospitalité, le respect effectif, la confiance [...] l'enrichissement
par les différences ». En fait, il s'agit dans
l'interculturel, de la compréhension de ce que « l'autre est
à la fois différent de moi et identique à moi ».
Ainsi, par l'interculturel sont construites entre des cultures
différentes, des relations de réciprocité. Les mots
choisis dans cette approche porcherienne, désignent davantage des
actions ou des actes, et pas seulement des éléments moraux,
abstraits et aériens.
· La compétence interculturelle
Les concepts de compétence et d'interculturel
ayant été définis, il s'agit maintenant d'en donner une
définition qui subsume les deux. Dans ce sens-là, disons
d'emblée que la compétence interculturelle est une configuration
de savoirs, savoir-faire et savoir-être qui permet à un apprenant
de comprendre, d'entretenir une interaction et de communiquer avec des
personnes de cultures différentes.
Ainsi, d'après Friedman et Antal (2005) la
compétence interculturelle c'est : « la capacité de
reconnaitre et utiliser les différences culturelles comme une ressource
pour apprendre et concevoir une action efficace en contexte spécifique
» (p. 70). En fait, il s'agit dans la compétence
interculturelle, de comprendre à la fois la culture de soi et celle de
l'autre.
Pour les auteurs Hammer, Bennett et Wiseman (2003, p.
425), la compétence interculturelle est « l'habileté
à fonctionner avec efficacité dans un contexte marqué par
les différences culturelles et la capacité de s'adapter,
d'accepter et d'interpréter un comportement propre à une culture
autre que la sienne ». Pour le dire en d'autres termes,
la
44
compétence interculturelle est une
capacité d'adaptation que développe un individu en face d'une
culture différente.
En plus, Lussier et al. (2007) affirment :
L'apport et l'épanouissement d'une
personne qui favorise les contacts et les échanges avec
différentes cultures à l'intérieur d'une même
société ou de sociétés différentes et
capables d'apprécier et d'évoluer dans cette diversité.
(...) Son développement repose sur trois composantes : le
développement des savoirs, savoir-faire et
savoir-être.
Pour le dire autrement, la compétence
interculturelle c'est la configuration des savoirs, savoir-faire et
savoir-être.
En fait, la compétence interculturelle
intègre des instances diverses. Citons : les
c a p a c i t é s cognitives, affectives et
comportementales ; la motivation, la compréhension, le respect,
l'ouverture à l'autre, etc...
C'est dans ce sens-là que Bennett dira que la
compétence interculturelle c'est un « éventail de
caractéristiques et aptitudes cognitives, affectives et comportementales
qui soutiennent une interaction efficace et appropriée dans divers
contextes culturels » (p. 16). En bref, la compétence
interculturelle constitue une prédisposition à l'adaptation
constante en situation de diversité de cultures.
Pour Janson (2017), faisant une recension des
différentes approches définitionnelles de la compétence
interculturelle, établit à partir des définitions de
différents auteurs, trois approches de conceptualisation de la
compétence interculturelle (pp. 75- 84). Le tableau ci-après en
fait une synthèse, à partir de la lecture que nous en
faisons.
Tableau n° 7 : Approches de conceptualisation de la
CI
APPROCHES DE LA C.I
|
DIMENSIONS
|
CARACTÉRISTIQUES
|
Capacité à interagir
|
Comportementale
|
comportement à suivre pour communiquer
efficacement
|
Résultat d'un apprentissage
|
Cognitive
|
connaissance, conscience de sa propre culture,
ouverture
|
Traits de personnalité
|
Affective
|
adaptation, ambiguïté,
empathie, flexibilité, ouverture,
stabilité émotionnelle, tolérance
|
|
· 45
Application de la CI dans le processus
enseignement-
apprentissage
La CI a été appliquée dans
divers champs scientifiques. Entre autres, citons : la communication, la
psychologie, l'anthropologie, le management et bien évidement,
l'éducation.
Dans le champ éducatif, la CI a
été conceptualisée sous l'approche de l'éducation
interculturelle. Cette dernière connait diverses définitions.
Nous en retenons quelques-unes.
Pour Windermuller (2011), l'éducation
interculturelle c'est « d'effectuer un apprentissage qui se dirige
vers l'Autre, mais avant tout vers lui-même avant de trouver sa raison
d'être en situation de contact entre les personnes de cultures
différentes » (p. 19). En effet, l'interculturel en
éducation a pour objectif l'ouverture à l'Autre à travers
sa découverte.
En réalité, à travers
l'éducation interculturelle, l'apprenant est conduit progressivement
à relativiser la vision du monde induite par sa culture pour comprendre
et accepter l'Autre et sa différence. Au terme de processus-là,
l'apprenant comprend le relativisme de toute culture et peut ainsi engager des
rapports d'égalité mutuelle.
Ainsi, selon Defays (2006, p. 143),), pour le
développement de la compétence interculturelle en situation de
classe, il faut suivre un processus à trois étapes qui sont : la
décentration, l'acceptation et la négociation. Ces trois
étapes sont synthétisées dans le tableau suivant, à
partir de la lecture que
nous en faisons.
ÉTAPES
|
DÉFINITIONS
|
ACTIONS
|
Décentration
|
Prise de distance avec soi-même
|
Les apprenants prennent du recul vis-à-vis
de leur propre culture lors du contact avec l'Autre
|
Acceptation
|
Connaissance et découverte de l'autre
|
Les apprenants découvrent les comportements
et les habitudes de l'Autre et abandonnent l'ethnocentrisme
|
Négociation
|
Création d'un espace commun
|
Les apprenants comprennent l'Autre et vivent en
harmonie
|
|
Tableau n° 8 : Développement de la CI en
situation de classe
46
En fait, parler de CI dans le processus
enseignement-apprentissage, c'est donc conduire les apprenants vers un
processus d'ouverture, de relativisation et de relation avec des autres
cultures. C'est sans doute la raison pour laquelle Windermuller (2011) dira :
« l'acquisition de la compétence interculturelle se
réalise en faisant parler l'apprenant de sa vision des
différences culturelles qu'il rencontre, de ses émotions lors des
situations » (p. 24).
Pour l'étude en cours, la compétence
interculturelle sera comprise comme la capacité que développent
les apprenants pour s'ouvrir à d'autres cultures à partir des
connaissances acquises sur leurs propres cultures et sur celles des autres avec
qui des contacts et intercalions existent.
Si la notion de compétence interculturelle est
comprise, que dire du concept ; apprenants du niveau 3 du cycle primaire
?
2.1.5. Apprenants du niveau 3 du cycle primaire
Le concept apprenants du Niveau 3 du cycle primaire,
est ainsi définis dans les textes qui organisent le système
éducatif du primaire :
Le cycle primaire du sous-système francophone
est reparti en trois (3) niveaux ou sous-système regroupés ainsi
qu'il suit :
- Niveau ou sous-cycle I : la SIL et et le CP
;
- Niveau ou sous-cycle II : le CE 1 et le CE2
;
- Niveau ou sous-cycle III : le CM 1 et le CM
2.
Par ailleurs, dans le même texte, il est
précisé ce qui est attendu en termes d'objectif de ces
apprenants. En cela, il est dit que : « Le niveau 3, qui permettra
l'utilisation par l'élève des connaissances et des techniques
opératoires dans la résolution des situations problèmes de
vie courante ».
Dans la recherche en cours, les apprenants du Niveau
3 du cycle primaire désignent donc les élèves des classes
du CM1 et CM2 de Mbalmayo. La scolarité au cycle primaire
débutant à la SIL à l'âge de six (06)
officiellement, l'âge de ces derniers est compris en
général entre dix (10) et quatorze (14) ans. Ils sont en fin de
cycle et sont donc en théorie à même de développer
des compétences diverses, donc celle interculturelle.
47
Si nous savons ce à quoi renvoie le concept
apprenants du Niveau 3 du cycle primaire, que peut-on dire du concept ville de
Mbalmayo ?
2.1.6. Ville de Mbalmayo
La ville ou commune de Mbalmayo est située
dans la Région du Centre. Elle est une agglomération urbaine
importante. D'après les données officielles, la ville de Mbalmayo
apparait comme l'une des plus importantes de la Région après
Yaoundé, en termes du nombre d'habitants et d'étendue. Mbalmayo
est le Chef-lieu du Département du Nyong et So'o dont il en constitue
l'un des Arrondissements parmi d'autres. C'est le siège des services
administratifs de ce Département-là.
Carte n° 2 : Carte de la commune de
Mbalmayo
Source :
Docplayer.fr
Historique de la ville
Les sources orales et écrites de l'histoire
renseignent que cette ville avait pour appellation « Akom Vimli »
pendant la période coloniale allemande dans les années 1900. Au
départ des Allemands après leur défaite au cours de la
première guerre mondiale, les français viennent s'y installer.
Ces derniers, marqués positivement par l'accueil du Chef de
l'époque MBALLA et de son épouse MEYO, décident alors de
dénommer : MBALAMYO. Appellation issue de la contraction des noms du
chef et son épouse.
48
Organisation spatiale
La ville de Mbalmayo est organisée en diverses
unités. Ainsi, elle compte plusieurs quartiers tels que : John Kennedy,
Ngallan, Mbockoulou, Mécanicien, New Town (le Centre administratif de
l'Arrondissement), Ngock, Nkol Nget, Obeck, etc. Par ailleurs, l'hydrographie
de la ville est dominée par le fleuve Nyong qui traverse la ville. Bien
plus, la ville de Mbalmayo est entourée d'une végétation
abondante du fait des réserves forestières qu'elle
abrite.
Activités socioéconomiques de
Mbalmayo
Parler de ces activités
socioéconomiques revient à faire une présentation de la
diversité économique. En d'autres mots, c'est faire l'état
des lieux et le diagnostic des activités économiques
pratiquées dans la ville de Mbalamyo. Ainsi, Les observations portent
sur l'ossature du tissu économique axées sur le point
précis de la distribution sectorielle des activités
économiques.
Les secteurs d'activités économiques
à Mbalayo sont : le secteur primaire, le secteur secondaire et le
secteur tertiaire. D'abord le secteur le secteur primaire. Il comprend les
activités d'exploitation des ressources naturelles. Il se subdivise en
deux sous-secteurs à savoir : le secteur agropastoral et le secteur
forêt et faune qui intègre l'exploitation forestière, la
cueillette et l'exploitation faunique. Ensuite le secteur secondaire. Nous
dénombrons ici trois sous-secteurs à savoir : le secteur
artisanal, le secteur industriel et le secteur des bâtiments et travaux
publics. Ici, l'activité artisanale est très
développée grâce à la transformation des produits
tirés des forêts secondaires de la ville. Mbalmayo est connue pour
son riche patrimoine en objets issus de l'artisanat : tam-tam, tambours,
paniers, mobilier en rotins, etc. Le secteur tertiaire peut se recouper en
quatre (4) sous-secteurs à savoir : le commerce, le tourisme, les
sociétés et quasi sociétés financières, et
les professions libérales. L'on dénombre plusieurs de ces
activités dans la ville.
> Environnement socioculturel
Le paysage humain de la ville de Mbalmayo est
très diversifié. L'on y rencontre les peuples originaires et les
peuples nouveaux arrivants.
Les peuples originaires
Les populations qui sont considérés
comme originaires de la ville de Mbalmayo sont les Bene. Cette tribu appartient
fait partie des peules qui composent l'air culturelle des Beti,
49
des Bulu et des Fangs. Très souvent confondus
ou assimilées aux Ewondo, les peuples Bene en sont réellement
distincts.
Les peuples nouveaux arrivants
La ville de Mbalmayo est située à la
confluence des Régions du Centre et du Sud. La Région du Sud qui
est frontalière aux pays d'Afrique Centrale que sont : le Congo, le
Gabon, la Guinée équatoriale. C'est dire que Mbalmayo est une
ville carrefour. Les peuples venus de divers horizons s'y brassent. Ainsi, aux
populations originaires de la ville, se rencontrent en plus, des peuples issus
de diverses origines aussi bien les nationaux que les expatriés.
Dès lors, c'est une ville de diversité culturelle où l'on
rencontre les peuples des diverses aires culturelles du Cameroun.
A la diversité humaine, l'on note aussi la
diversité des pratiques culturelles. Citons en l'occurrence les
pratiques religieuses. Ainsi, dans la ville de Mbalmayo, l'on note l'existence
et la pratique de diverses religiosités. En effet, la ville connait
l'existence de diverses obédiences religieuses. En l'occurrence, le
christianisme qui est dominant, et une forte présence de
l'islam.
> Environnement scolaire
L'environnement scolaire de la ville de Mbalmayo
montre une offre éducative et des pratiques éducatives
variées. Cela s'objective à partir des données de la carte
scolaire et des activités du système scolaire de la
localité.
Les données de la carte scolaire
La carte scolaire permet de ressortir la couverture
des établissements scolaires publics et privés, des enseignements
maternel et primaire de la ville Mbalmayo. Sa présentation ici l'est de
façon synthétique sous forme de tableaux. Elle est à titre
indicative et donc non-exhaustive et arbitraire. Elle regroupe les
établissements scolaires du niveau primaire aussi bien du secteur
privé que du secteur public. Il en ressort que la ville de Mbalmayo est
une ville dont la couverture éducative au niveau primaire est
assurée. En fait, l'on dénombre plusieurs établissements
primaires publics et privés dans la ville de Mbalmayo.
50
Dénomination
|
Localisation
|
Régime de fréquentation
|
1
|
École primaire publique d'application
Bilingue
|
Oyack
|
Plein temps
|
2
|
École primaire publique inclusive
d'application Inclusive
|
Ngallan
|
Plein temps
|
3
|
École primaire publique d'application
d'Oyack 2
|
Oyack
|
Plein temps
|
4
|
École primaire publique d'Application de
New-Town 1
|
New-Town
|
Plein temps
|
5
|
École primaire publique d'Application
d'Obeck
|
Obeck
|
Plein temps
|
6
|
École primaire
publique d'Akomnyada
|
Akomnyada
|
Plein temps
|
7
|
École primaire publique de New Town 2
|
Mbedoumou
|
Plein temps
|
8
|
École primaire publique
de Mbockoulou
|
Mbockoulou
|
Plein temps
|
|
Tableau n° 9 : Les Écoles primaires
publiques de la ville de Mbalmayo
Dénomination
|
Localisation
|
Régime de fréquentation
|
1
|
Groupe Scolaire Bilingue Young Leaders
|
Ngallan
|
Plein temps
|
2
|
École les Majors
|
Oyack
|
Plein temps
|
3
|
École Primaire L'ESPOIR
|
New-Town
|
Plein temps
|
4
|
Groupe Scolaire LA MOISSON
|
New-Town
|
Plein temps
|
5
|
École Sacré-coeur
|
Mbokoulou
|
Plein temps
|
6
|
Complexe Scolaire Bilingue Les perles de
la gloire
|
New-Town
|
Plein temps
|
|
Tableau n° 10 : Les Écoles primaires
privées de la ville de Mbalmayo
· Les pratiques scolaires
Dans la ville de Mbalmayo, le système de
plein-temps est pratiqué par la plupart sinon toutes les écoles
primaires tant publiques que privées. Elles offrent des enseignements de
7h30 à 14h30. Dans certaines écoles, pour combler le
déficit en enseignants et surtout en nombre de salles de classes,
certaines écoles pratiquent le système de classes multigrades. Ce
principe qui consiste à jumeler les élèves du même
niveau d'enseignement dans la même salle de classe. Dans ces salles de
classe, sont aussi
51
pratiquées le système du multi-tutorat,
lequel consiste à avoir plusieurs enseignants dans une même salle
de classe. Bien plus, dans ces écoles les enseignants aussi bien que les
élèves, sont d'origines culturelles diverses.
Dans la présente recherche, la ville de
Mbalmayo renvoie à un espace urbain qui se caractérise par une
diversité multiforme. Elle est historique avec un passé colonial
attesté. Elle est spatiale, avec une géographie
diversifiée. Elle est socioéconomique de par la diversité
des activités économiques. Elle est humaine, avec le brassage des
peuples de diverses origines qui y vivent. Elle est surtout éducative,
à travers une offre scolaire diversifiée.
Après avoir précisé le sens des
concepts qui composent notre sujet à l'étude, il s'agit
dès à présent de passer en revue les écrits ou la
pensée des auteurs ayant produit des travaux de recherche avant nous,
sur le sujet d'étude en cours. Il s'agit des études qui traitent
directement de notre étude ou de celle qui s'en rapproche. C'est cela
qui constitue la revue de littérature.
2.2. REVUE DE LA LITTÉRATURE
Lorsque La Bruyère déclare que «
tout est dit et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a
des hommes et qui pensent » c'est à priori laisser penser que, tout
a déjà été étudié, tous les sujets
ont déjà été traités ou que tous les
problèmes ont déjà été abordé. On
penserait donc que rien ne peut plus être porté à
l'étude. Il s'agissait alors d'une préoccupation d'une
époque très éloignée de celle actuelle.
Or, cette préoccupation est restée
constante de nos jours. En témoigne,
cette préoccupation par N'da, qui, reprenant
et réenrichissant cette déclaration-là de La
Bruyère, parlant de la revue de littérature affirme
et
réaffirme :
Il faut savoir qu'on arrive toujours trop tard dans
un monde trop vieux. Il y a toujours quelque chose de déjà
écrit : si ce n'est pas directement sur notre thème ou notre
sujet, c'est sur des aspects approchants ; si ce n'est pas chez nous, c'est
sous d'autres cieux (2015, p. 95).
En d'autres mots, aucune recherche n'est
pionnière dans un domaine.
52
Cependant, selon une parémiologie il se dit que
: « c'est sur la vielle natte qu'on s'assoie pour tisser la nouvelle
». C'est dire en d'autres mots que, tout progrès savoir
scientifique est additionnel ; il n'est pas l'oeuvre d'un seul individu ; il
est le fruit des chercheurs qui révisent, qui critiquent, qui ajoutent
et élaguent. Alors, pour prévenir du risque qu'il y aurait
à défoncer les portes déjà ouvertes ou à
marcher sur des sentiers battus s'il n'y prend garde, le chercheur ne saurait
mener une recherche, en ignorant les travaux antérieurs. Cette prise en
compte-là se fait par le biais de la revue de la
littérature.
En réalité, la revue de
littérature peut se définir comme « la recension des
écrits pertinents relativement au sujet à l'étude. Et
faire la recension des écrits, c'est faire le bilan critique de ce qui a
été produit dans le domaine de recherche concerné »
(N'da, 2015, pp. 90-91). Autant dire que, la revue de la
littérature permet non seulement de scruter l'ensemble des écrits
qui existe sur la question, mais aussi de prendre connaissance du niveau de
traitement du problème. Cela contribue à prendre une certaine
position face à la question et d'orienter le sujet sous un angle
précis.
Ainsi, pour faire l'état de la question sur la
recherche en cours, certains ouvrages ont donc été choisis, qui
sont complétés par des mémoires, des thèses, des
articles scientifiques, et autres rapports. De la sorte, après avoir
parcouru ces oeuvres de nos devanciers, même si « tout est dit
et [la recherche en cours vient] trop tard » d'après
La Bruyère, elle (la recherche en cours) va le dire à sa propre
manière, pour se démarquer des travaux antérieurs. Ce
serait ainsi faire quelque chose de diffèrent. Il s'agira alors
d'intégrer ce conseil de N'da selon lequel :« en faisant un
effort et en cherchant bien, on trouve toujours quelque chose à
présenter, à organiser, à structurer pour montrer qu'on
connaît bien les tenants et aboutissants d'une question à
l'étude » (2015, p. 95).
Dès lors, passer en revue les travaux
antérieurs du présent travail, il a été fait
recours à une démarche qui s'articule en trois étapes. En
premier lieu, il sera fait l'état de la question, à partir de
l'économie des recherches antérieures en lien avec l'étude
en cours. En second lieu, les limites de ces contributions-là par
rapport à la recherche en cours seront relevées, lesquelles
constituent les lacunes qui nécessitent de nouvelles études. En
troisième lieu, l'originalité de la recherche actuellement
menée sera montrée, laquelle originalité est la
manière dont se situe cette recherche en cours.
53
2.2.1. Revue thématique de littérature
La revue thématique de littérature
consiste à présenter les études antérieures
à une recherche, à partir de thèmes définis par le
chercheur.
Pour la revue de littérature en cours,
l'élaboration des thèmes s'est appuyée sur la recherche
documentaire. Ladite recherche documentaire a permis de produire une fiche
bibliographique des travaux consultés.
La consultation de ces travaux-là met en exergue
les trois (03) principaux centres d'intérêt ou thèmes
suivants :
- Approche institutionnelle de l'enseignement des
cultures nationales - Approche légale de l'enseignement des cultures
nationales
- Approche théorique de l'enseignement des
cultures nationales
Aussi peut-on procéder à la
présentation de ces différents thèmes, en
commençant par le thème de l'approche institutionnelle de
l'enseignement des cultures nationales.
2.2.1.1. Approche institutionnelle de l'enseignement des
cultures nationales
Dans l'approche institutionnelle de l'enseignement des
cultures nationales, les travaux consultés sont relatifs aux actes ou
à la volonté du politique pour l'implémentation d'une
politique éducative sur les cultures nationales. Qu'en est-il
?
Le Président Ahmadou AHIDJO s'est toujours
préoccupé de la pérennisation des cultures camerounaises
à travers leur introduction dans le système éducatif.
Ainsi, lors de ses discours dans à diverses occasions, il s'est
exprimé sur la question. C'est ainsi que pendant son discours lors du
conseil national de l'enseignement supérieur, il déclare qu'il
importe de :
- Examiner comment il faut valoriser à partir
même de l'éducation de nos enfants, nos contes, nos
légendes, nos jeux, nos langues, sans toutefois porter atteinte au
principe du pluriculturalisme historique de l'État, fondé sur la
richesse que constitue notre diversité culturelle.
En effet, d'après le premier président
du Cameroun, la possibilité de l'éducation des jeunes Camerounais
à travers l'enseignement des cultures nationales, se devrait de
préserver la diversité culturelle du Cameroun.
BIYA Paul, actuel Chef de l'État du Cameroun,
écrit en 1987, un ouvrage intitulé Pour le libéralisme
communautaire. Dans cet ouvrage, il estime que les cultures
nationales
54
sont le ciment de l'unité nationale. En fait,
pour cet auteur Chef de l'État chaque Camerounais devrait avoir un
rapport dialectique à sa culture ou à son identité. Dans
cette dialectique, le premier moment consistera à s'approprier les
éléments culturels de sa communauté de base, pour ensuite
dans le second mouvement s'ouvrir aux autres. Ainsi, il affirme :
« Au plan culturel, il s'agit de donner le
jour à une identité culturelle synthétique,
d'accéder à une nouvelle personnalité culturelle qui sera
éclectique (...) Car l'éclectisme culturel, l'esprit de
synthèse qui interpelle les Camerounais est précisément le
refus de la dispersion et du disparate pour l'avènement de l'un à
partir du multiple (p. 115).
En fait, selon cet auteur et président de la
République, les cultures nationales, mieux la diversité
culturelle constitue le ciment de l'unité. Il s'agit là d'un
appel à la compréhension mutuelle au-delà de la
pluralité des cultures. Dans ce sens-là il martèle
:
Chaque Camerounais pourrait ainsi se
réclamer d'une culture spécifique, non par le seul fait de sa
naissance, mais par une connaissance approfondie des données culturelles
de son ethnie d'origine. La quintessence culturelle ainsi
déterminée est ce que chacun de nous présentera au niveau
national horizontal, ce lui-même de toute collectivité. Il y a
ainsi une double action de fermeture pour la découverte de soi, et
d'ouverture pour la rencontre de l'autre (p. 118).
En 1991, les états généraux de
la culture. Selon ces derniers, les cultures nationales du Cameroun sont
intégrées en tant que patrimoine nationale d'une part. Bien ces
cultures-là participent à l'enrichissement mutuel. Il y est dit
que :
Le Cameroun perçoit ses diversités
ethniques, religieuses, artistiques, etc. comme une source d'enrichissement
mutuel de ses communautés constitutives, un motif d'intégration
et de fondement de sa spécificité socio- historique. La
diversité culturelle actuelle est l'expression de notre identité,
constitue l'objet d'une revendication collective de la nation et garantit la
vigueur de notre originalité dans le monde.
En 1995, les états généraux de
l'éducation. Ces derniers définissent le profil d'homme que le
système éducatif devra former. Il s'agit de former des
Camerounais créatifs, entreprenants, tolérants, fiers de leur
identité, responsables, intègres, respectueux des idéaux
de paix, de solidarité, de justice et profitant des connaissances, des
compétences et des compétences.
55
En 2007, il se tint au palais des congrès de
Yaoundé, Le séminaire de sensibilisation et de lancement de
l'enseignement des langues et cultures nationales au secondaire. L'objet de ce
séminaire-là porte sur sensibilisation de la communauté
nationale et tous les partenaires de l'éducation sur l'importance et
même à l'urgence de l'enseignement des langues et cultures
nationales camerounaises dans le secondaire.
En fait, l'enseignement de la culture nationale et
son appropriation dans l'approche institutionnelle a toujours été
une préoccupation dans les intentions des politiques. Qu'en est-il alors
de l'approche légale ?
2.2.1.2. Approche légale de l'enseignement des
cultures nationales
Sur le plan légal, des lois et
règlements ont été édictés sur
l'enseignement des cultures nationales. Que peut-on en dire ?
En 1996, la Constitution du Cameroun manifeste la
volonté du Cameroun de rester une nation unique et ouverte. Car, dans
l'alinéa 3 de son article 1, il est écrit que « La
République du Cameroun adopte (...) oeuvre pour la protection et la
promotion des langues nationales ». En d'autres mots la loi
fondamentale entend oeuvrer non seulement pour la protection, mais davantage
pour aussi pour la promotion des cultures nationales.
En 1998, La loi d'orientation fixe les objectifs de
l'éducation au Cameroun. L'un de ces objectifs consiste à faire
de l'apprentissage de la culture, l'un de ses objectifs. Ainsi, l'on peut lire
dans cette loi que l'éducation vise « l'Éducation a pour
objectifs : la formation des citoyens enracinés dans leur culture, mais
ouverts au monde (et) la formation culturelle de l'enfant
»
En 2001, l'enseignement supérieur ou encore le
milieu universitaire connait une loi
d'orientation de l'enseignement intègre parmi
ses orientations la « promotion du bilinguisme, des cultures et des
langues nationales ». Il s'agit de la loi loi n°005 du 16 avril
2001 portant orientation de l'enseignement supérieur.
En 2002, est créée «
l'Inspection Provinciale de Pédagogie chargée de l'enseignement
des lettres (...) langues nationales ». Cette loi intervient dans le
cadre du décret n°2002/004 du 4 janvier 2002 portant organisation
du MINEDUC. Cet organe témoigne de la volonté de
systématiser l'enseignement des cultures nationales.
56
Il apparait donc de toute évidence que
l'enseignement des cultures nationales Camerounaises bénéficie
d'un encadrement juridique conséquent. Qu'en est-il de l'approche
théorique de l'enseignement des cultures camerounaises ?
2.2.1.3. Approche théorique de l'enseignement des
cultures nationales
L'approche théorique des cultures nationales
concerne la littérature produite par différents auteurs, sur
l'enseignement des cultures nationales. Qu'en est-il alors ?
Temkemg, en 1987, dans le Mémoire de DIPEN II
intitulé « Compétence interculturelle et efficacité
de l'action didactique en classe de langue », postule que l'interculturel
joue un rôle essentiel dans l'éducation en permettant de s'ouvrir
au monde, de découvrir les autres et ainsi de vivre en harmonie avec
eux. Pour tester cette idée qu'il avance, il évalue l'impact que
peut avoir la compétence interculturelle de l'enseignement sur les
apprenants lors du processus enseignement-apprentissage de la langue. Il
conclut que la compétence interculturelle de l'enseignant a un effet
bénéfique sur son efficacité. Il suggère ainsi pour
favoriser le développement de cette compétence interculturelle
chez l'apprenant, cela passe par l'expansion des espaces culturels, notamment
les bibliothèques.
Biteene, en 2005, dans son mémoire de DIPES II
dont le titre est : La portée culturelle du conte en classe de
6ème pour une transmission efficace et une valorisation des cultures
auprès des apprenants, dit que : le conte dans le système
éducatif joue un rôle important. Selon elle, son rôle
essentiel est dans la transmission et la valorisation de la culture
auprès des apprenants. En effet, par l'intrigue, par les personnages,
par les espaces évoqués, le conte participe à rapprocher
les apprenants en situation d'apprentissage. Ainsi, par la richesse culturelle
du conte, il donne aux apprenants une meilleure compréhension de leur
culture et les rapproche les uns des autres, pour une meilleure
intégration.
Boubakour, en 2012 écrit un article dont le
titre est : « Les dimensions et les perspectives de l'enseignement des
langues-cultures ». Dans cet article-là, elle démontre que
la dimension culturelle occupe de plus en plus un rôle essentiel dans
l'enseignement des langues. Ainsi, Elle débute sa présentation en
démontrant que, l'enseignement du FLE a de plus en plus un rôle
essentiel dans l'enseignement des langues et cultures. Par la suite, elle met
en avant l'idée selon laquelle, l'enseignement des langues peut avoir
des relations avec l'identité culturelle et les représentations
en tant qu'instance de représentation de soi et les visions de l'Autre.
La langue déclare-t-elle, représente l'identité. Il est
essentiel que
57
l'apprenant puisse exprimer son identité
personnelle tout en acceptant et en comprenant les divergences qui seraient
présentes avec celle de l'autre, et en comprenant la complexité
qui réside dans la relativité entre les différents
systèmes. Ainsi, la classe de langue se transforme en un espace
où la langue et culture de l'apprenant et les cultures des autres se
rencontrent. Cela qui se développe grâce à la mise en
présence et du rapprochement ainsi que du dialogue. En fait, selon elle,
la classe de langue-culture étrangère a pour objectif principal
de fournir aux apprenants à la fois une compétence linguistique
et une connaissance de la culture étrangère en appropriant ses
implicites et non-dits et en établissant des comparaisons et des
analyses des différents systèmes culturels présents. Aussi
recommande-t-elle que les cours de civilisation française,
séparés de la littérature, soient perçus comme un
moyen d'acquérir divers savoirs, compétences et comportements
liés à la culture française. Selon elle, les objectifs de
ce type d'enseignement sont d'acquérir une compétence
culturelle.
Mama Ngah, en 2012, dans un Mémoire de DIPES
intitulé : Didactique de la littérature et dialogue interculturel
: le cas de Mâ de Gaston Paul Effa en 2nde A4, montre que la classe de
FLE est une classe de diversité culturelle. En effet, dit-il, l'oeuvre
qu'il étudie étant une oeuvre camerounaise, véhicule
à travers ses personnages et ses intrigues, les réalités
socioculturelles du Cameroun. Cela entraine que les apprenants s'approprient
davantage de leur culture. D'après cette étude-là, les
apprenants se connaissent davantage eux-mêmes et se font mieux
connaître par les apprenants des autres cultures. Il estime que cela
contribue à la communication interculturelle et au respect
mutuel.
Ethé Messina, en 2013, écrit un article
intitulé : Pour une approche de l'enseignement des langues et cultures
nationales par le biais des radios et télévisions camerounaises.
Dans cet article-là, l'auteure se propose d'examiner la contribution des
médias, précisément la radio et la
télévision dans l'enracinement culturel des camerounais. Ainsi
pour elle, le rôle joué par les media est un rôle
éducatif. En effet, pour elle, les media exerce l'enseignement et la
promotion des cultures nationales. Cela aide à la construction des
identités culturelles de jeunes du Camerounais. Ces rôles sont
joués en usant des méthodes comme, la musique, les sketches, les
informations. Ainsi, les médias deviennent des supports d'enseignement
et de d'apprentissage de la culture.
Mouto Betoko en 2013, a écrit un article
intitulé : La place de la culture et des langues maternelles dans
l'enseignement en Afrique francophone contemporaine. Dans cet
article-là, il remarque que : malgré la volonté
réelle des pays d'Afrique francophone de valoriser le patrimoine
culturel à travers des oeuvres littéraires dans le programme
scolaire, l'activité d'enseignement apprentissage de la culture se fait
principalement en français. Par
58
ailleurs, il met en évidence le fait que
l'apprentissage de sa propre culture permet à l'apprenant de se
familiariser, de comprendre et d'accepter les diversités culturelles
nationales et internationales, ce qui entraîne une ouverture d'esprit
accrue. Il est donc essentiel d'acquérir des compétences
interculturelles.
Djoukouo Talla, en 2015 écrit un
Mémoire de DIPES intitulé : Les compétences
interculturelles des élèves-professeurs de langue
française : cas des étudiants du niveau quatre des
filières des lettres bilingues et lettres françaises. Dans ce
travail de recherche-là, il s'agit de montrer la place de
l'interculturel dans la formation de sa population à l'étude que
sont les élèves- professeurs. Il en résulte que les
élèves-professeurs des filières étudiées ne
possèdent pas des compétences interculturelles, mieux encore
elles sont limitées. Cependant, ils reconnaissent la
nécessité d'en posséder en classe de langue
étrangère. Car, elle permet d'établir une communication
interculturelle.
En 2015, Fozing et Hotou produisent un article
intitulé : L'enseignement de la culture nationale à
l'école primaire au Cameroun. Dans cet article, ces auteurs se proposent
d'analyser l'influence que les facteurs comme, la maîtrise de la
méthodologie et les modalités d'évaluation, ont sur
l'enseignement de la culture nationale à l'École primaire au
Cameroun. Après un devis mixte de recherche, les auteurs aboutissent
à la conclusion selon laquelle, le peu d'engouement observé chez
les enseignants du primaire résulte de la non-maitrise à la fois
des mythologies d'enseignement que des méthodes d'évaluation. Les
deux auteurs terminent en proposant comme solutions à cette
situation-là, la formation des enseignants à la maitrise de la
discipline, ses méthodologies d'enseignement, ses modalités
d'apprentissage et l'élaboration d'un curriculum approprie.
En 2016, Kamaha écrit un ouvrage
intitulé : La didactique des cultures nationales dans les écoles
normales d'instituteurs. D'après elle, l'introduction récente de
la discipline langues et cultures nationales dans les ENIEG,
précisément dans les années 20132014, a entrainé
des biais dans la formation des futurs enseignants du primaire. Ces biais sont
ce qu'elle nomme obstacles. Et, elle identifie deux types d'obstacles. Le
premier est d'ordre méthodologique, le second est d'ordre
épistémologique. Il s'agit ainsi du déficit de formation
et de celui de contenus d'enseignement, que cet ouvrage alors, se propose de
combler.
Manifi Abouh, en 2021, a écrit un article
intitulé : La langue d'enracinement culturelle dans l'éducation
multilingue au Cameroun. Dans cet article, l'auteur interroge l'objectif
d'enracinement culturel des apprenants en perspective avec la
diversité
59
ethnolinguistique du pays. En d'autres mots, l'auteur
se demande quelle langue ou quelle culture enseigner dans des classes de
diversité culturelle comme celles camerounaises. Il montre que, tandis
que l'objectif est d'enraciner les jeunes Camerounais à leurs cultures,
les pouvoirs publics essayent par tous les moyens d'enseigner toutes les
cultures et langues du pays. Cependant, dans les zones urbaines qui se
caractérisent par leur diversité et leur pluralité, cet
objectif n'est pas atteignable.
Les travaux ayant un lien direct ou rapproché
avec notre sujet ayant été présenté, il s'agit de
démontrer notre positionnement en commençant par relever les
limites de cette littérature.
2.2.2 Limites de la littérature disponible
Les limites de la revue des travaux antérieurs
consultés dans le cadre la recherche actuelle sont relevées sur
trois aspects. Le premier aspect concerne le milieu d'étude, le second
aspect concerne le sujet à l'étude et le troisième est
relatif au temps.
2.2.2.1 Limites par rapport au milieu d'étude
Rappelons notre milieu d'étude : la ville de
Mbalmayo. Dans la littérature consultée, les études sont
menées dans diverses localités du Cameroun ; d'autres
études sont même menées dans des pays autres que le
Cameroun et même dans le monde. La présente étude ne se
mène ni dans un pays autre que le Cameroun, ni dans tout le Cameroun en
général.
2.2.2.2 Limites par rapport au sujet d'étude
Rappelons notre sujet d'étude : contribution
de l'enseignement des cultures nationales à la compétence
interculturelle des apprenants du cycle 3 du cycle primaire. D'après les
travaux consultés, les études abordent certes l'enseignement des
cultures nationales, mais dans des niveaux différents du système
éducatifs (préscolaire, secondaire ou supérieur). Rares
sont des études qui se focalisent sur l'école primaire et au
niveau trois.
2.2.2.3 Limites par rapport au temps
La littérature consultée est
relativement ancienne. La plus récente référence choisie
date de 2021. Or, la science doit sans cesse être renouvelée. En
effet, le savoir scientifique est appelé à évoluer sans
cesse. En réalité, les vérités d'aujourd'hui sont
des erreurs de
60
demain. Nul doute que, lorsque la dernière
phrase du présent travail aura été rédigé,
ce qu'il contient sera devenu ancien.
2.2.2.4 Originalité du travail
En considérant les limites qui viennent
d'être relevées, l'originalité de notre travail se situe
alors à trois niveaux. Primo, le lieu d'étude. Aucune
étude sur le sujet n'a été réalisée dans la
ville de Mbalmayo. Secundo, le sujet de la contribution de l'enseignement des
cultures nationales à la compétence interculturelle n'a pas
encore été abordé. Tertio, cette étude à la
période où elle est réalisée, se veut actuelle.
Considérant ces trois aspects, notre travail peut ainsi se
prévaloir d'une originalité. Après avoir
présenté les travaux qui précèdent notre
étude, quelles sont les théories que nous pouvons alors mobiliser
pour son étude ?
2.3. THÉORIES EXPLICATIVES
Le mot théorie vient du grec «
theorein » qui signifie : observer avec émerveillement ce qui
se passe, pour le décrire, l'identifier et le comprendre. Pour Beaud,
l'on peut considérer comme théorie toute « expression
cohérente et systématique de notre connaissance de la
réalité » (2006, p. 11). Selon Mbonji
Edjenguèlè (2005) : « la théorie se veut un corps
explicatif global et synthétique établissant des liens de
relation causale entre les faits observés, analysés et
généralement lesdits liens à toutes sortes de situations
» (p. 13). En fait, la théorie est un ensemble d'idées
et de propositions qui permettent d'expliquer ou de rendre compte de
façon cohérente un fait. Dans cette étude, nous avons eu
recours à quatre (04) théories : le constructivisme,
l'interactionnisme symbolique, l'apprentissage social et la théorie de
contact.
2.3.1. La théorie du constructivisme
La théorie constructiviste a été
une élaboration de Jean Piaget. L'idée principale de cette
théorie est que : les apprenants construisent leurs propres
connaissances en interaction avec leur environnement.
Comme principes de cette théorie, nous
retenons que : l'apprentissage est un processus actif où les apprenants
assimilent de nouvelles informations à leurs schémas mentaux
existants, créant ainsi leur propre compréhension du
monde.
Pour l'étude en cours, le constructivisme
permet de voir le rôle actif de l'apprenant dans la construction de ses
connaissances. Ainsi, les apprenants du niveau 3 de la ville de
61
Mbalmayo pourraient construire leur
compréhension des cultures nationales et développer leur
compétence interculturelle à travers des activités
d'apprentissage qui les encourage à explorer et à interagir avec
les cultures qui les entourent. Dès lors, ils parviennent à
construire leur propre compréhension de la diversité
culturelle.
2.3.2. La théorie de l'interactionnisme
symbolique
La théorie de l'interactionnisme symbolique a
été élaborée par George Herbert Mead. L'idée
principale de cette théorie stipule que : les individus attribuent des
significations symboliques aux interactions sociales et se comportent en
fonction de ces significations.
Les principes de cette théorie informent de ce
que : les interactions sociales impliquent un processus continu
d'échanges de significations symboliques, façonnant ainsi les
identités individuelles et sociales.
Par rapport avec l'étude en cours, en montrant
le rôle des interactions sociales dans la construction des idées,
cette théorie nous permettra de voir comment les interactions entre les
élèves, les enseignants et leur environnement culturel peuvent
influencer la manière dont les apprenants voient les autres cultures.
Bien plus, la capacité des apprenants à interagir avec les
personnes de cultures différentes sera mise en exergue.
2.3.3. Théorie de l'apprentissage sociale
La théorie de l'apprentissage sociale est de
Albert Bandura. Selon le postulat de base de cette théorie,
l'apprentissage se produit par observation, imitation et modélisation
des comportements des autres ainsi que par les conséquences de ces
comportements.
Les principes de cette théorie nous
renseignent que : les individus apprennent en observant les comportements des
autres, en évaluant les conséquences de ces comportements et en
ajustant leur propre comportement en conséquence.
En lien avec l'étude en cours, cette
théorie met en exergue le rôle du modèle dans le processus
d'apprentissage. Ainsi, les enseignants peuvent servir en tant que des
modèles pour les apprenants en montrant des comportements
interculturels. Par ailleurs, les apprenants peuvent apprendre en observant et
en imitant des interactions des comportements interculturels de leurs
camarades.
62
2.3.4. Théorie de contact
Cette théorie a été
développée par Gordon Allport. Son postulat de base est que : le
contact direct entre les personnes de groupes différents permet de
réduire les stéréotypes négatifs et favorise les
relations positives entre les groupes.
D'après les principes de cette théorie,
pour réduire les préjugés et favoriser l'harmonie entre
les groupes différents et leurs membres, leur contact doit être
égalitaire, soutenu par des normes sociales positives et impliquer une
coopération vers des objectifs communs.
Mise en relation avec la recherche en cours, il
apparait que la création des espaces, moments de contact et
d'échanges positifs entre les élèves d'origines
culturelles différentes peut contribuer à renforcer leur
compétence interculturelle et la promouvoir.
Dans le cadre de cette étude, le point commun
entre ces théories est que l'apprentissage survient à travers
l'interaction avec des personnes de cultures différentes. Ce sont ces
interactions qui conduisent l'apprenant à intégrer la
diversité culturelle et à questionner sur sa propre
culture.
Peut-on à présent rappeler la formulation
des hypothèses ? 2.4. RAPPEL DES HYPOTHÈSES
Également définies comme risques et
contraintes, elles sont les facteurs externes ou les conditions fondamentales
selon lesquelles la recherche devrait fonctionner. Elles sont
nécessaires pour que la recherche remplisse ses objectifs et sur
lesquels la recherche n'a pas de contrôle direct.
Nous rappelons ici les hypothèses
suscitées :
2.4.1. Hypothèse générale
L'apprentissage des cultures nationales influence
favorablement le développement de la compétence interculturelle
des apprenants du niveau 3 du cycle primaire.
63
2.4.2. Hypothèses opérationnelles
Hypothèse opérationnelle 1
La perception positive de l'enseignement des cultures
nationales par les élèves du niveau 3 du cycle primaire favorise
le développement de la compétence interculturelle.
Hypothèse opérationnelle 2
Les enseignants rencontrent des défis
liés à la disponibilité des ressources et la formation
pour intégrer efficacement la pluralité ethnolinguistique de la
classe dans l'enseignement des cultures nationale.
2.5. DÉFINITION DES VARIABLES
Selon N'da (2015), « Les causes sont aussi
nommées variables indépendantes tandis que les effets prennent le
nom de variables dépendantes » (p. 8). Les variables de notre
étude sont donc de deux sortes : la variable indépendante et la
variable dépendante.
Pour la variable indépendante il s'agit de la
« variable dont la valeur varie en fonction de celle des autres. C'est
l'effet présumé dans une relation de cause à effet »
(p. 72). En d'autres mots, c'est la variable observée ou l'effet
vérifié par le chercheur.
La variable dépendante selon N'da (p. 72)
c'est « celle dont le changement de valeur
influe sur celui de la variable
dépendante. C'est la variable qu'on manipule
dans l'expérimentation et qui évoque la cause qui produit
l'effet ». En d'autres mots, la variable dépendante est celle
que manipule les chercheurs pour observer les effets sur la variable
indépendante. La variable indépendante est notée VI. La
variable dépendante est notée VD. Celles de notre étude
sont intitulées :
- Hypothèse Générale : VI =
L'apprentissage des cultures nationales ; VD = La compétence
interculturelle des apprenants du niveau 3 du cycle primaire de Mbalmayo
».
- Hypothèse Opérationnelle 1 : VI =
perception positive de l'enseignement des cultures nationales ; VD =
développement de la compétence interculturelle
- Hypothèse Opérationnelle 2 : VI =
disponibilité des ressources et la formation ; VD = intégrer
efficacement la pluralité ethnolinguistique de la classe dans
l'enseignement des cultures nationale. Chacune de ces deux variables comporte
des modalités et des
64
indicateurs que nous présentons dans le tableau
ci-après. Qu'en est-il donc du tableau synoptique de cette étude
?
Questions de recherche
Tableau synoptique
QP : Quelle est la contribution de l'enseignement
des cultures nationales dans l'acquisition de la compétence
interculturelle des apprenants du cycle primaire ?
QS 1 : Quelles sont les perceptions des
élèves du niveau 3 du cycle primaire sur l'enseignement
des cultures nationales et comment cela influence-t-il leur
compétence interculturelle ?
QS2 : quels sont les défis
rencontrés
par les enseignants en classe de cultures nationales
pour promouvoir
la compétence interculturelle ?
Objectifs de l'étude
|
Variables de l'étude
|
Indicateurs
|
Modalités
|
|
VI : Enseignement des
cultures nationales
VD :
Compétence interculturelle
- Fréquence de cours sur les cultures
nationales
-Activités d'échanges culturelle en
classe
- Utilisation des ressources pédagogiques
variées sur les cultures nationales
- Les attitudes interculturelles
- La perception de la culture
des autres
- Interactions en classes de
cultures nationales
-Variation des activités
proposées
- Compétence interculturelle
moyenne
-Contenus de cours de cultures nationales
- Compétence interculturelle
élevée
-Utilisation des ressources pédagogiques
diversifiées sur les cultures nationales
-Faible
compétence interculturelle
Contribution de l'enseignement des cultures
nationales à la compétence interculturelle des apprenants du
niveau 3 du cycle primaire de la ville de Mbalmayo
Contribution de l'enseignement des cultures nationales
à la compétence interculturelle des
apprenants du niveau 3 du cycle primaire de la
ville
de mbalmayo.
|
Hypothèses de recherche
HG : L'enseignement des cultures
nationales contribue favorablement l'acquisition de
la compétence interculturelle des apprenants di niveau 3 du
cycle primaire
HO1 : Les perceptions positives des
élèves du niveau 3 du cycle primaire sur l'enseignement
des cultures nationales favorisent l'acquisition de la
compétence interculturelle.
HO2 : Les enseignants rencontrent des défis
liés
la disponibilité des ressources et la
formation
pour intégrer efficacement
à
la pluralité
ethnolinguistique de la classe dans l'enseignement des
cultures nationales.
|
OG : Examiner la contribution de l'enseignement
des cultures nationales dans l'acquisition de la
compétence interculturelle des apprenants du cycle primaire du
Cameroun.
OO1 : Explorer les perceptions des
élèves du niveau 3 du cycle primaire sur l'enseignement
des cultures nationales et son lien avec leur
compétence interculturelle
OO1 : Identifier Les défis rencontrés
par les enseignants pour intégrer efficacement la
pluralité ethnolinguistique de la classe dans
l'enseignement des cultures nationales
65
Succinctement, ce chapitre sur l'insertion
théorique a présenté tour à tour la
définition des concepts, la revue de la littérature, les
théories explicatives, le rappel
des hypothèses, la définition des
variables et finalement, la présentation du tableau synoptique. Il
s'agit désormais de présenter le chapitre suivant intitulé
: Méthodologie de l'étude.
66
CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE DE
L'ÉTUDE
La méthodologie d'une étude consiste
à donner la manière dont ladite recherche sera faite. En fait, la
méthodologie c'est l'organisation d'une recherche. Pour Gautier (1993,
pp.8-9), la méthodologie de la recherche « englobe à la
fois la structure de l'esprit et la forme de la recherche et les techniques
utilisées pour mettre en pratique cet esprit et cette forme ».
Plus précisément, la méthodologie consiste à la
« description de la démarche (...) et des techniques de
collecte et d'analyse des données » (Schneider, 2006, p.
11).
Il s'agit donc dans ce chapitre, de présenter
tour à tour : le type de recherche, la définition de la
population, définition d'étude, de l'échantillon et
méthode d'échantillonnage, choix des méthodes et des
instruments de collecte des données, la validation de l'instrument de
collecte de données, la procédure de collecte des données
et finalement, la méthode d'analyse des données.
3.1. TYPE DE RECHERCHE
En sciences humaines et sociales en
général, et dans la science de l'éducation en particulier,
il existe deux grandes orientations dans la typologie de recherche. D'une part,
il y a la recherche quantitative. D'autre part, il y a la recherche
qualitative. Certains auteurs considèrent un troisième type que
l'on nomme : la recherche mixte.
D'abord la recherche quantitative. Cette recherche se
base sur les données numériques. Elle est utilisée pour
décrire, prédire. Sa visée épistémologique
c'est la généralisation des résultats.
Ensuite, l'approche qualitative. Elle s'appuie sur les
données non numériques, se présentant souvent sous la
forme de données catégoriques qui se présentent sur des
sentiments.
Au final, la présente étude opte pour
l'orientation à la fois quantitative et qualitative. C'est donc une
approche mixte. Il s'agit d'une approche exploratoire et prédictive,
dans la perspective de comprendre en profondeur les perceptions, les
expériences et les interactions de la population cible, relativement
à l'enseignement des cultures nationales et la compétence
interculturelle d'une part, d'autre part de les
généraliser.
67
3.2. DÉFINITION DE LA POPULATION
Dans une recherche, la population de l'étude
est un groupe d'individus appartenant à la même espèce, qui
vivent sur un territoire dont les limites sont connues.
C'est dire qu'une population est une entité
réelle qui possède certaines caractéristiques communes
(mais pas toujours) telles que : sa propre organisation, ses propres
paramètres de répartition spatiale, de densité, de
structure, de natalité et de mortalité.
La population de l'étude en cours est
constituée des élèves des écoles primaires, leurs
maitresses et maitres, les élèves maitres et maitresses, au
niveau du Cameroun.
3.2.1. La population cible
Elle consiste à la population concernée
par une recherche en cours. En d'autres mots, c'est la population à
laquelle une recherche souhaite se focaliser.
La population cible de l'étude en cours
concerne les élèves du niveau 3en Classes de CM1 et CM2, leurs
maitresses et maitres, les élèves maitres et maitresses de la
ville de Mbalmayo, dans le Département du Nyong et So'o.
3.2.2. La population accessible
C'est celle exactement que le chercheur peut avoir
à portée. Notre population accessible est constituée des
élèves : en classes des CM1 et CM2 des écoles primaires
publiques d'application d'Oyack (EPPAO et EPPAO 2) ; des maitres et maitresses
desdites écoles ; des élèves maitres et maitresses de
l'ENIEG de Mbalmayo ainsi que des formateurs de ladite ENIEG.
En pratique, il n'est pas possible d'étudier
l'ensemble d'une population au cours d'une recherche. Alors, l'on
procède par sa réduction. Concrètement, cela consiste
à étudier un sous-groupe restreint et représentatif de la
population. Dans ce cas, l'on parle alors d'échantillonnage.
68
3.3. DÉFINITION DE L'ÉCHANTILLON
D'ÉTUDE
C'est la manière de procéder pour choisir
et définir sa population cible. Technique
d'échantillonnage.
Pour Grawitz, (2006), l'échantillonnage est la
technique qui consiste à choisir un échantillon à partir
d'une population dite parente. Ainsi, nous avons plusieurs
d'échantillonnage : l'échantillonnage aléatoire,
l'échantillonnage systématique et l'échantillonnage
stratifié. La présente étude fait recours à
l'échantillonnage systématique pour construire
l'échantillon. Qu'en est-il alors de l'échantillon de cette
étude ?
3.3.1. Échantillon
L'échantillon c'est la population à qui
est adressée une enquête. On parle encore d'enquêtés.
En d'autres mots, l'échantillon représente un sous-ensemble
d'unités dans une population, et qui est représentatif de la
population dans son ensemble.
Pour notre étude actuelle, nous avons eu deux
catégories d'enquêtés. Pour les premiers, ce sont les
apprenants de EPPAAO A et 2. La deuxième catégorie concerne les
maitres et les maitresses, les élèves maitresses et maitres ainsi
que leurs formateurs. Ce sont ces personnes qui constituent notre
échantillon.
Ici, il s'agit d'aller au-devant de ceux qui peuvent
nous permettre d'avoir des informations sur notre sujet. Ainsi, les apprenants
nous fourniront des informations sur le développement de
compétence interculturelle. Pour les enseignants, ils nous aideront
à apprécier les défis liés à la
compétence interculturelle dans l'enseignement des cultures
nationales.
3.4. CHOIX DES MÉTHODES ET INSTRUMENTS DE COLLECTE
DE DONNÉES
Dans cette section, sont concernés, toutes les
voies et les moyens auxquels le chercheur a recours afin de procéder
à la collecte de données. Pour notre étude, les
instruments de collecte sont : la recherche documentaire, le questionnaire, les
observations et les entretiens.
3.4.1. Description de l'instrument de collecte des
données
Il s'agit de décrire les moyens par et avec
lesquels nos données ont été
collectées.
69
3.4.2.1. La recherche documentaire
La recherche documentaire a été le
premier moyen de collecte de nos
données.
La technique documentaire peut être
appréhendée comme l'ensemble des avoirs et des savoir-faire qui
permettent d'agir sur le système documentaire et sur chacun de ses
éléments, de les fabriquer, de les façonner, de les
transformer en vue de répondre de façon pertinente à toute
demande formulée par l'usager (Fondin, 2002, pp. 122 - 129).
Pour N'da, la recherche documentaire consiste à
: « recevoir des informations de diverses sources sur un sujet pour
l'aborder et le traiter correctement et résoudre le problème
posé » ; mieux encore, elle « consiste à
rechercher et réunir des informations là où elles se
trouvent et en disposer pour le travail » (2015,p.90). Selon Grawitz
(2006)
employer la technique documentaire revient à
examiner les diverses sources documentaires. Il peut s'agir des documents
écrits, des documents numériques, ou des documents audiovisuels.
Ainsi, la technique documentaire est le procédé qui consiste
à rechercher dans divers documents les données, ce qui traite de
près ou de loin du sujet à l'étude. Essentielle pour la
recherche, « la recherche documentaire est inévitable pour bien
comprendre le sujet à l'étude, pour en formuler toute la
problématique et les hypothèses, pour analyser et discuter les
résultats obtenus » (N'da 2015, p.90). Cette appréhension de
la technique documentaire a permis, dans le cadre de la présente
étude, de recenser deux types de sources documentaires à savoir :
les documents écrits et des documents numériques.
3.4.2.1.1. Les documents écrits
Un rappel pouvant sembler surprenant mais pourtant
vrai, est celui de la nature écrite de tous les documents. En effet tous
les textes sont écrits mais la différence réside dans la
manière dont on rentre en possession de ceux - ci ou l'état dans
lequel ils se présentent. C'est cet état qui différencie
les papiers écrits des documents numériques. À cet effet,
comme documents écrits, nous recourons aux textes officiels. Ceux-ci
constituent des documents établis par l'autorité publique, ceux
qui émanent du gouvernement ou d'une personne désignée par
une autorité publique ou assimilée. À côté de
ces documents officiels, nous recourons aux travaux de recherche scientifiques
qui sont des manuscrits rédigés et établis avec une
méthode scientifique. En plus, nous avons les différents rapports
publiés par les administrateurs de l'éducation pour
l'enseignement des cultures nationales. À côté de
cette
70
variété de documents nous avons
utilisé la presse, elle renseigne sur les faits quotidiens de la
société et constitue de ce fait une source d'informations.
À côté de cette source écrite, nous avons aussi eu
recours aux documents numériques.
3.4.2.1.2. Les documents numériques
À l'ère du numérique, de nombreux
documents sont aujourd'hui numérisés transformant l'internet en
une vaste bibliothèque. Le numérique de ne nos jours est
incontournable pour mener une recherche. Dans ce sens-là, N'da (2015, p.
90) dit : « La recherche bibliographique qui s'appuie avantageusement
aujourd'hui sur la recherche documentaire informatisée (RDI) est
indispensable dans le processus de la recherche ». Ainsi, dans le
cadre de la recherche en cours, des documents numériques ont
été utilisés. Tant des documents officiels que des
documents privés, ainsi que la presse y ont été
trouvés. Il en va ainsi des rapports tant des pouvoirs publics du
Cameroun que des organisations internationales, des accords entre le Cameroun
et les acteurs de la scène publique internationale, des ouvrages sur le
problème soulevé dans l'étude en cours.
Ces sources d'informations sont avantageuses car elles
sont des sources sûres, et permettent de connaitre à quel niveau
se situe la question au moment du traitement. Elles permettent aussi de
vérifier les informations reçues des entretiens, qui constituent
une autre source d'information dans le cadre de cette étude.
3.4.2.1.3. Localisation dans le temps et l'espace
Concernant la recherche documentaire, celle-ci a
été continue du moment de l'attribution de l'encadreur et
l'adoption d'un sujet de recherche, à la rédaction du travail en
cours. Ce processus aura donc duré des mois.
En effet, la collecte des données documentaires
s'est faite d'une part dans plusieurs bibliothèques pour les documents
écrits, et en ligne dans divers sites internet, pour les sources
numériques.
Citons pour le cas des bibliothèques de : l'ENS
de l'Université de Yaoundé 1 qui se trouve au sein de son campus
et est adjacente à la salle (S35) ; le Centre Catholique Universitaire
(CCU) situé à l'opposé de l'entrée de
l'École Nationale Supérieure Polytechnique (ENSP) ; le
Ministère de la Recherche Scientifique et de l'Innovation (MINRESI)
proche de l'ENS ; la Faculté des Arts Lettres et Sciences Humaines
(FALSH)
71
de l'Université de Yaoundé 1 ; le Centre
International de Reference Chantal Biya (CIRCB) situé au quartier Melen
près du Centre Hospitalier Universitaire de Yaoundé.
Ces bibliothèques-là sont
localisées aux environs de l'ENS. Elles sont celles dans lesquelles la
collecte des données secondaires a débuté. Lorsque ces
bibliothèques ne fournissaient pas certaines des sources
recherchées, c'est naturellement que l'exploration s'est
effectuée vers d'autres bibliothèques localisées sous
d'autres sites.
En l'occurrence : l'Université Catholique
d'Afrique Centrale (UCAC), au campus de Nkolbisson (Yaoundé 7) ;
l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) situé au
quartier Obili (Yaoundé 6) ; la Société Internationale de
Linguistique (SIL) située au quartier Mvan - Tropicana (Yaoundé
4) ; l'Institut Français du Cameroun (IFC) situé en face de
l'avenue Kennedy au Centre-ville (Yaoundé 1).
Simultanément, des données secondaires
étaient collectées via des sources numériques. En effet,
divers sites internet, c'est-à-dire les moteurs de recherche
académique et bases de données bibliographiques ont
été consultés.
Citons sans exhaustivité : Cairn ; ESBO ;
Google Scholar ; ProQuest ; ScienceDirect ; Web of Science ; Persée ;
Ces ressources ont été consultées à d'une part
à travers une connexion internet et un ordinateur personnel, d'autre
part grâce au centre des données numériques de l'Agence
Universitaire de la Francophonie (AUF), Bureau d'Afrique Centrale et des Grands
Lacs (BACGL) dont le siège est mitoyen au campus annexe de
l'Université de Yaoundé 1, entre-le Lycée Leclerc et celui
de Ngoa-Ekellé.
Au cours de la consultation de cette ressource
documentaire-là, les documents ont été exploités et
les informations recueillies ont été consignées dans un
document pour constituer, la fiche bibliographique.
3.4.2.2. Recherche empirique
Elle concerne la phase de l'enquête empirique. Ce
sont les moyens dont le chercheur a recours, lorsqu'il procède à
la descente de terrain.
3.4.2.2.1. Observations
En sciences sociales, plusieurs types d'observation
existent.
Selon De Ketele (1994) l'observation c'est :
« Un processus incluant l'attention volontaire et l'intelligence,
orienté par un objectif terminal ou organisateur et dirigé sur
un
72
objet pour en recueillir des informations »
(p. 27). En fait, dans l'observation, le chercheur mobilise des
facultés inhérentes à sa personne pour une observation
efficace.
Pour Nda (2015, p. 127) : il y a d'une part l' «
observation de visu ; le chercheur
est présent sur le terrain : il
perçoit, mémorise, note. Elle concerne des comportements au
moment où ils se produisent ». Il s'agit là de
l'observation simple. Bien plus il y a :
L'observation participante de type ethnographique
(...) Dans cette observation, le chercheur est amené à participer
à la vie du groupe qu'il étudie.
Le chercheur se lie à un groupe social
concret pour essayer de l'observer comme «de
l'intérieur.
Dans l'observation participante, en effet, le
chercheur n'est plus passif, mais très actif dans le
phénomène qu'il étudie.
Dans la recherche en cours, nous avons eu recours
à la fois aux deux formes de l'observation. En effet, puisque nous
étions en stage dans lesdites écoles, nous nous sommes mis
à l'observation des pratiques d'enseignement aussi bien des
élèves maitres et maitresses ainsi que des maitres et maitresses
de ces écoles. C'était la phase de l'observation
simple.
De même, lorsque nous devions dispenser des
enseignements aux apprenants dans ces écoles, l'observation cessait donc
d'être simple, pour devenir alors participative.
Durant cette phase d'observation, nous enregistrions
des informations sur une grille préalablement préparé.
Cette grille visait deux buts :
Observer les attitudes des enseignants et des
apprenants pendant l'enseignement des cultures nationales ;
Noter les pratiques aussi bien des apprenants que des
enseignants, favorables ou non à la compétence
interculturelle.
3.4.2.2.2. Entretiens
Un entretien peut être défini comme un
procédé d'investigation scientifique utilisant un processus de
communication verbale pour recueillir des informations en relation avec un but
fixé (Grawitz, 2006 p. 646-649). En effet, l'entretien, est un
tête à tête et un rapport verbal entre deux personnes dont
l'un transmet à l'autre des informations. L'entretien apparait donc
comme une technique qui consiste à recueillir des informations de la
part d'une autre personne, chez une autre, de manière orale.
73
Pour le travail en cours, les entretiens sont
menés avec différentes catégories définies dans
notre échantillon. En outre, plusieurs types d'entretiens existent de
même que diverses manières existent pour les conduire. Des types
d'entretiens citons : directifs, non-directifs, semi- directifs.
Pour nos entretiens, nous avons eu recours au type
d'entretien directif. Nous posions des questions précises à notre
population cible, à partir d'une grille d'entretien
préparé en avance. Par ailleurs, les informateurs étaient
interrogés individuellement. Notre grille d'entretien comportait des
points relatifs à l'enseignement des cultures nationales, la
connaissance de la diversité culturelle et les relations avec des
personnes de cultures différentes.
3.4.2.2.3. Le questionnaire
Selon N'da (2015) :
L'enquête par questionnaire consiste à
poser, par écrit, à
des sujets une série de questions relatives
à une situation, à leur opinion, à leurs attentes,
à leur niveau de connaissance ou de conscience d'un problème, ou
de tout autre point qui intéresse le chercheur (p.
140).
En effet, le questionnaire de la présente
étude a été bâti en suivant les variables du
problème posé plus haut.
Le questionnaire est composé de trois parties.
La première partie traite des informations générales sur
le répondant. La seconde partie porte sur les questions destinées
aux élèves. La troisième partie porte sur les questions
adressées aux enseignants.
Les informations générales porte sur le
genre et le statut du répondant.
Les questions adressées aux enseignants portent
aussi bien sur les contenus, les méthodes d'enseignement des cultures
nationales, que sur la prise en compte de la diversité
ethnolinguistique. Bien plus, certaines questions explorent leur
appréciation de la compétence interculturelle de leurs
apprenants.
Les questions destinées aux apprenants visent
précisément à explorer la vision qu'ils ont de
l'enseignement des cultures nationales et de la manifestation dans leurs
interactions, de l'acceptation des personnes de cultures
différentes.
74
Le questionnaire est composé des questions de
trois sortes. Les questions ouvertes d'une part, les questions fermées
d'autre part, les questions à choix multiples d'autre part.
Toutefois, comment vérifier la validité de
ces instruments ?
3.5. VALIDATION DE L'INSTRUMENT DE COLLECTE DES
DONNÉES
La validation des instruments de données
concerne la recherche de la fiabilité des instruments que nous avons
mobilisé pour la collecte de nos données. La validation de
l'instrument de collecte concerne la vérification de la justesse de
l'instrument choisi.
En effet, pour que l'instrument de collecte de
données soit fiable, il faut le valider. En réalité, la
fiabilité ici signifie que l'item choisi mesure ce qu'il est
censé mesurer, dans la même proportion. Dit en d'autres mots, cela
signifie que la population doit avoir la même compréhension que le
chercheur a des items formés.
3.5.1. Validation par triangulation
La validation par triangulation d'après Mucceli
(2009) :
C'est une stratégie de recherche au cours
de laquelle le chercheur superpose et combine plusieurs techniques de recueil
de données afin de compenser le biais inhérent à chacune
d'entre elles. La stratégie permet également de vérifier
la justesse et la stabilité des résultats produits. Le recours
à la triangulation décrit aussi un état d'esprit du
chercheur, lequel tente activement et consciemment de soutenir, de recouper, de
corroborer les résultats de son étude (p. 487).
En bref, la triangulation consiste à
l'utilisation de différentes méthodes ou sources pour corroborer
les résultats. Car, d'après Mucchielli (2009) recourir à
la triangulation se justifie par le fait que « plus le chercheur
obtient des données différentes à propos d'un même
phénomène, plus son interprétation sera riche et plus il
pourra être confiant en celle-ci » (p. 487).
3.5.1.1 Triangulation méthodologique
Selon Mucchielli (2009, p. 487), la triangulation
méthodologique c'est : « recourir à plusieurs techniques
de recueil de données afin d'obtenir des formes d'expression et de
discours variés : observations, entretiens, dessins, productions de
textes écrits, minimisant les faiblesses et les biais inhérents
à chacune d'entre elles ». Pour le dire autrement,
il
75
s'agit dans la triangulation méthodologique de
combiner diverses sources en multipliant et combinant divers outils de
collecte.
Ainsi, au cours de notre recherche, la triangulation
méthodologique a consisté à comparer les réponses
obtenues à partir des entretiens, des discussions ainsi que des
observations et du questionnaire. Cela nous a permis de nous assurer de la
validité des items.
3.5.1.2 Triangulation des données
D'après Mucchielli (2009, p. 488), la
triangulation des données prend en considération trois dimensions
: la dimension temporelle, la dimension spatiale et les personnes.
En considérant le temps de déroulement
de notre étude, seules les dimensions spatiales et des personnes ont
été prises en compte dans cette étude.
Ainsi, nous avons varié les espaces des
collectes notamment au sein de deux écoles primaires, en sus de l'ENIEG.
Bien plus, la triangulation des personnes a consisté à varier les
informateurs, qui dans ce travail en cours, sont constitués aussi bien
des apprenants, des enseignants, des enseignants en puissance que des
formateurs.
3.6. LA PROCÉDURE DE COLLECTE DE DONNÉES
Pour collecter les données de la recherche, la
procédure a débuté par la confection de la fiche
bibliographique passant par la pré-enquête et l'enquête
proprement dite.
3.6.1. La fiche bibliographique
La fiche bibliographique peut se concevoir comme une
liste exhaustive des références constitués et qui sont en
lien direct ou pas avec le sujet à l'étude.
Pour la présente recherche, différentes
références ont été constituées. Au terme
d'une première consultation, des références ont
été mises à l'écart, car ne traitant pas
directement du sujet. Celles des références qui traitent
directement ou s'en approchent, ont été regroupées dans
plusieurs catégorisées : les ouvrages généraux et
spécialisés ; les articles et revues ; les ouvrages
méthodologiques et les dictionnaires ; les thèses et
mémoires ; les rapports et documents officiels.
76
Ces références, pour celles qui traitent
du sujet ou s'y rapprochent, sont mentionnées dans la partie traitant
des références du mémoire en cours.
3.6.2. La pré-enquête ou
pré-collecte
La pré-enquête est la phase ayant
précédé la descente effective sur le terrain. Il
s'agissait dans cette phase, de tester notre grille d'observation, notre guide
d'entretien et les items de notre questionnaire.
Cette phase-là s'est déroulée
essentiellement à l'ENIEG de Mbalmayo avec certaines
élèves maitresses et certains élèves maitres ainsi
que les encadreurs de stage.
Quant aux formateurs de l'ENIEG, l'espace de
carrefours pédagogiques était le moment durant lequel nous leur
posions des préoccupations liées à la formation des
élèves maitresses et maitres relativement aux situations de
diversité culturelle.
Cette phase-là nous a permis de procéder
au réajustement de nos items et même à leur restructuration
ou suppression lorsque cela se faisait sentir comme
nécessité.
3.6.3. L'enquête empirique
Cette mise en effectivité de la recherche a
consisté à administrer les items définis plus haut. Il
s'agissait donc de mettre en pratique notre guide d'entretien ; de tenir en
mains notre bord qui contenait notre grille d'observation, bien plus de faire
passer notre questionnaire auprès de notre population
accessible.
3.6.3.1 Guide d'entretien
Selon N'da : « Le guide d'entretien est
simplement une aide pour orienter et canaliser le chercheur lors de l'entretien
» (2015, p. 151).
Ainsi, le guide nous orientait à mener les
entretiens. Alors, les entretiens avec les enseignants se faisaient pendant
trois périodes. Soit en matinée avant le début des cours.
Nous profitions alors des temps d'attente du début affectif des cours
pour nous entretenir avec certains. Soit alors pendant les cours, au cours des
carrefours pédagogiques. Quant aux apprenants, le moment
privilégié était celui des pauses.
77
3.6.3.2 Guide d'observation
Pour les observations, elles étaient
menées à deux périodes, précisément pendant
les cours et durant les périodes d'interruption. L'observation simple
consistait à observer tout en prenant des notes, les autres enseignants
dispenser des cours. De même, les apprenants étaient
observés durant leurs interventions en salle et leurs interactions
durant les périodes d'interruption des cours.
L'observation participante consistait d'une part
à dispenser les enseignements des cultures nationales dans les salles de
classe. Effectivement comme stagiaire élève-professeur, nous
avions passé des enseignements et cela était le moment
privilégié, pour procéder à l'observation en tant
qu'acteur. Ainsi, nous pouvions mieux apprécier les perceptions des
apprenants vis-à-vis de la discipline des cultures nationales et
vis-à-vis de la diversité culturelle en salle de
classe.
3.6.3.3 Administration du questionnaire
Pour passer notre questionnaire sur le terrain, nous
avons fait recours à deux méthodes.
La première est celle de l'administration
directe et la seconde est celle d'administration indirecte. Selon N'da
:
« Le questionnaire est dit d'administration
indirecte quand l'enquêteur le complète lui-même à
partir des réponses données par le répondant. Il est dit
d'administration directe lorsque le répondant le remplit lui-même
» (p. 140).
Ainsi, le questionnaire administré aux
apprenants l'était de façon indirecte cependant que celui
destiné aux enseignants étaient sous la forme
directe.
Après avoir collecté ces données
grâce à tous procédés, comment les analyser
?
3.7. LES MÉTHODES D'ANALYSE DES DONNÉES
Il faut une méthode, dit Beau, pour chaque
travail que l'on veut effectuer. Mais il faut aussi maîtriser la
méthode propre au domaine dans lequel on travaille. Il faut de la
méthode pour la réflexion théorique, comme il en faut pour
le travail sur le terrain (2006, p. 12). La méthode apparait tant comme
un moyen d'investigation qu'un moyen pour traiter des
données.
78
Pour N'da (2015) : « L'analyse, c'est ainsi la
découverte du sens réel,
symbolique ou latent par la mise en interrelation
adéquate des morceaux d'un texte » (p. 157).
Sur ce, nous avons utilisé pour analyser nos
données, des méthodes dont l'une est d'orientation quantitative
et les deux autres sont d'orientation qualitative.
La méthode d'orientation quantitative c'est
l'analyse statistique. Elle consiste à calculer les
pourcentages.
Les deux méthodes d'orientation qualitative
sont : la méthode de l'analyse de contenu et la méthode
SWOT.
Qu'en est-il concrètement ?
3.7.1. Analyse statistique par calcul de pourcentage
Cette analyse facilite le rangement et le regroupement
des informations collectées en données chiffrés. Nous
faisons recours à la statistique descriptive en y empruntant le calcul
de pourcentage.
X
La formule de calcul de pourcentage est : =
Avec : P = Nombre de réponses identiques à
l'item N = Nombre total des participants
3.7.2. Analyse de contenu
L'analyse de contenu peut être
appréhendée, comme une méthode consistant à scruter
le contenu des documents. L'analyse de contenu pour Grawitz citant Berelson, se
présente comme : « une technique de recherche pour la
description objective, systématique et quantitative, du contenu
manifeste des communications, ayant pour but de les interpréter »
(p. 606).
Elle consiste à scruter et analyser tout le
matériel spécialement créé par la recherche :
comptes rendus d'entretiens, discussions de groupe, réponse à des
questionnaires. Berelson distingue jusqu'à seize usages de l'analyse de
contenu. L'analyse de contenu apparait donc comme un outil, permettant de
découvrir la substance des différents documents.
79
L'analyse de contenu se fait en plusieurs
étapes. La première étape consiste à opérer
les choix des catégories. Les catégories peuvent être
comprises comme l'ensemble des rubriques en fonction desquelles le contenu sera
classé et éventuellement quantifié. Le choix des
catégories représente la démarche essentielle de
l'analyse. En plus de cette étape nous avons la quantification du
contenu. On distingue plusieurs unités d'enregistrement dont
l'unité d'enregistrement, l'unité de contexte et l'unité
de numération.
Dans le cadre de cette étude, cette
méthode nous a permis de catégoriser les différentes
informations recueillies par objet, et de procéder à une
quantification de celles - ci à l'effet d'établir leur
conformité aux faits disponibles dans le champ d'étude. Autrement
dit, cette méthode nous aide à recouper, à classifier et
à synthétiser les informations nécessaires au traitement
du sujet contenues dans les différents documents
consultés.
3.7.3. Analyse SWOT
Par SWOT, il faut comprendre un acronyme de quatre
termes anglais dont : Strenghts, Weaknesses, Opportunités, Threats
(forces, faiblesses, opportunités, et menaces).
En effet, l'analyse SWOT permet d'améliorer et
développer la stratégie d'une action, d'évaluer sa
réussite, en étudiant conjointement différentes
données, comme les atouts et les défauts. Cette analyse doit
permettre de mettre en place une feuille de route, en identifiant les forces et
les opportunités sur lesquelles l'on pourra s'appuyer et les faiblesse
et écueils avec lesquels l'on devra composer.
L'analyse SWOT permet de développer un objectif
en croisant deux types de données : internes et externes. Les
informations internes prises en compte seront les points forts et les
faiblesses. Quant aux données externes, elles concerneront les menaces
et les opportunités à proximité.
Pour établir ses forces et faiblesses,
l'objectif doit regarder en interne les ressources dont il dispose, qu'elles
soient humaines ou immatérielles ou matérielles. Les
opportunités et menaces concernent eux, les éléments
externes à l'objectif qui peuvent jouer sur son succès ou
à l'inverse à lui nuire.
Dans le cadre de cette étude, cette
méthode SWOT nous permettra d'opérer une analyse à deux
niveaux. D'une part, mettre en évidence les aspects positifs à
renforcer (forces et opportunités), et les défis à
surmonter (faiblesses et menaces) pour améliorer
80
l'enseignement des cultures nationales et favoriser
l'acquisition de la compétence interculturelle des
apprenants.
Tour à tour, le présent chapitre a
porté sur sept articulations à savoir : le type de recherche, la
définition de la population d'étude, de l'échantillon,
choix des méthodes et des instruments de collecte des données, la
validation de l'instrument de collecte de données, la procédure
de collecte des données et finalement, la méthode d'analyse des
données.
Il est alors question de donner un sens aux
données collectées. C'est le propos développé dans
les lignes suivantes du chapitre : présentation et analyse des
résultats.
81
CHAPITRE IV : PRÉSENTATION ET ANALYSE DES
RÉSULTATS
Dans le présent chapitre, le propos sera
articulé autour de deux point. Au premier point, il s'agira de faire la
présentation des données issus de notre enquête. Ensuite
ces données seront analysées.
4.1. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES
RÉSULTATS
4.1.1. Informations collectées à travers le
questionnaire
Informations générales
Informations selon le profil sociodémographique
des participants
Statut des participants
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Élèves
|
64
|
53.33%
|
Élèves maitres et maitresses
|
49
|
40.83%
|
Maitres et Maitresses
|
04
|
03.33%
|
Formateur des formateurs
|
03
|
2.50%
|
TOTAL
|
120
|
100%
|
Tableau n°11 : Informations selon
l'échantillon Commentaire du tableau
Les données de ce tableau montrent que sur le
nombre total de nos informateurs chiffrés à cent-vingt (120),
cinquante-deux (52) proviennent de l'ENIEG de Mbalmayo ; vingt-quatre (24)
proviennent de l'EPPAO 2 ; quarante-quatre (44) proviennent de l'EPPAO Bil.
Cela résulte de notre accessibilité au sein de ces
établissements scolaires. En effet, notre stage pratique s'est
déroulé à l'ENIEG de Mbalmayo sur une période de
trois (03) mois environ. Au cours de cette période environ quatre (4)
semaines ont consisté à l'imprégnation aux
activités des écoles maternelle et primaire.
Ainsi, l'imprégnation aux activités du
préscolaire s'est faite à l'EMAO, laquelle est adjacente à
l'EPPAO 2. Étant affairé à l'enseignement des
activités en classes du préscolaire, nous n'avions pas
disposé d'assez de temps pour interroger plusieurs informateurs. C'est
la raison pour laquelle, le peu de temps dont nous disposions sporadiquement,
nous a servi à n'interroger que vingt-quatre (24) informateurs au
total.
Par ailleurs, à l'EEPAO Bil où nous
étions affectés à l'imprégnation aux
activités de l'école primaire, nous disposions d'un temps
relativement plus long qu'à l'école maternelle pour avoir
accès aux informateurs. C'est pourquoi nous y avons au total
quarante-quatre
82
(44). Les mêmes raisons au primaire, justifient
les cinquante-deux (52) informateurs de l'ENIEG puisque nous avons
été en contact durant toute la durée du stage pratique,
aussi bien à l'ENIEG que dans l'imprégnation à
l'école primaire et maternelle.
Âges des participants
|
Effectif
|
Pourcentage
|
10-15
|
64
|
53.33%
|
15 et Plus
|
56
|
46.66%
|
TOTAL
|
120
|
100%
|
Tableau N° 12 : Information selon l'âge des
participants
Commentaire du tableau
D'après ce tableau, les participants
âgés de 10-15 ans sont plus nombreux que
ceux de 15 ans et plus. Cela s'explique par le fait
que la population de la tranche 10-15 ans est constituée en
exclusivité des élèves. En effet, l'âge moyen d'un
enfant du niveau 3 du cycle primaire au Cameroun est de 12 ans.
Tableaux n° 13: Informations selon l'origine
culturelle des apprenants
Informations selon l'origine culturelle des apprenants
à l'APPAO 1
Origine culturelle des participants
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Aire culturelle Beti, Bulu, Fang
(Centre-Sud-Est)
|
13
|
59.09%
|
Aire culturelle des Grassfields
(Ouest-Nord-Ouest
|
05
|
22.72%
|
Aire Culturelle Sawa (Littoral-Sud-Ouest)
|
00
|
00%
|
Aire culturelle Soudano-Sahélienne
|
04
|
18.18%
|
TOTAL
|
22
|
100%
|
Informations selon l'origine culturelle des apprenants
à l'APPAO Bil.
Origine culturelle des participants
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Aire culturelle Beti, Bulu, Fang
(Centre- Sud-Est)
|
30
|
68%
|
Aire culturelle des Grassfields
(Ouest- Nord-Ouest
|
09
|
20.45%
|
Aire Culturelle Sawa (Littoral-Sud-
Ouest)
|
02
|
04.4%
|
Aire culturelle Soudano-Sahélienne
|
03
|
06.81%
|
TOTAL
|
44
|
100%
|
Commentaire des tableaux
Un regard porté avec attention sur ces tableaux
montre que aussi bien à l'EPPAO B
qu'à l'EPPAO Bil., les apprenants issus du groupe
Beti, Bulu et Fang, sont majoritaires.
83
Soit respectivement 59.09% et 68% des
élèves participants. Ils sont suivis de près par les
élèves du groupe des Grassfields avec 22.72% à EPPAO 1 et
20.45% à APPAO Bil. Les apprenants issus de l'air Sawa sont minoritaires
à EPPAO Bil et absent à EPPAO 1.
Tableau n°14 : Informations selon l'origine
culturelle des enseignants
Origine culturelle des participants
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Aire culturelle Beti, Bulu, Fang
(Centre-Sud-
Est)
|
51
|
91.07%
|
Aire culturelle des Grassfields
(Ouest-Nord-
Ouest
|
02
|
03.57%
|
Aire Culturelle Sawa (Littoral-Sud-Ouest)
|
00
|
00%
|
Aire culturelle Soudano-Sahélienne
|
03
|
05.35%
|
TOTAL
|
56
|
100%
|
Commentaire du tableau
Selon les données de ce tableau, les
enseignants originaires de l'air culturelle Beti, Bulu et Fang du Centre, Sud
et Est sont majoritaires avec 91.07% des participants. Ceux des groupes des
Grassfields et Sawa sont représentés de l'ordre de 03.57% et
05.35% respectivement.
4.1.2. Informations recueillies auprès des
élevés grâce au questionnaire
Q1 : L'enseignement des cultures nationales vous
aide-t-il à comprendre et à respecter les cultures des autres
?
RÉPONSES
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Beaucoup
|
8
|
12.5%
|
Un peu
|
16
|
25%
|
Pas du tout
|
40
|
62.5%
|
Total
|
64
|
100%
|
Commentaire du tableau
La lecture de ces résultats montre que 40
apprenants pensent que l'enseignement des cultures nationales n'aident pas du
tout à comprendre les cultures des autres. Seulement 08 estiment que cet
enseignement-là aident à la compréhension des cultures des
autres, tandis que 16 disent qu'ils comprennent un peu la culture des autres
grâce à cet enseignement.
84
Q2 : Avez-vous remarqué les difficultés que
vos enseignants ont quand ils vous enseignent les cultures nationales
?
RÉPONSES
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Oui
|
34
|
53.12%
|
Non
|
30
|
46.87%
|
TOTAL
|
64
|
100%
|
Commentaire du tableau
Il ressort de ce tableau que 30 apprenants
déclarent ne pas remarquer les difficultés de leur enseignant
à enseigner les cultures nationales. Cependant 34 disent remarquer ces
difficultés-là des enseignants.
Une observation fait remarquer que ceux qui disent
avoir remarqué les difficultés, sont en majorité issus des
aires cultures autres que celle des Beti- Bulu-Fang.
Au cours des entretiens avec eux et même pendant
les observations des enseignements, il ressort que les difficultés dont
il est question ici sont liées à la culture
enseignée.
En fait, les enseignements des cultures nationales se
font essentiellement dans la langue ewondo. Même les contenus
d'enseignement sont basés sur la socioculture ewondo. Cela entraine des
difficultés dans ces classes qui sont pluriculturelles.
Q3 : Que doivent faire les enseignants pour que leurs
cours de cultures nationales n'aient plus de difficultés ?
- « Donner les cours dans ma langue
»
- « M'apprendre les choses de mon village
»
- « Faire que les cours durent très longtemps
»
|
Commentaire des mots-clés
Les expressions qui reviennent ici montrent
l'amélioration suggérées par les apprenants sont
liées à des niveaux divers. L'observation de ces occurrences font
émerger un nuage de mots-clés qui tournent autour des contenus
d'enseignements d'où « donner les cours dans ma langue ».
C'est pour dire que la seule langue utilisée en cours n'est que la
langue locale. Il en est de même avec l'occurrence de «
m'apprendre les choses de de mon village ».
85
Par ailleurs, la prégnance « Faire que
les cours durent très longtemps
» montre que la durée des
enseignements des cultures nationales est très
limitée.
Q4 : Comment vous voyez l'enseignement des cultures
nationales à l'école ?
RÉPONSES
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Bien
|
49
|
76.56%
|
Pas bien
|
10
|
15.62%
|
Je ne sais pas
|
05
|
07.81%
|
Total
|
64
|
100%
|
Commentaire du tableau
La majorité des apprenants pensent que
l'enseignement des cultures nationales est bien. Pour 10, cet
enseignement-là n'est pas bien et 05 d'entre eux disent ne pas le
savoir.
Q5 : L'enseignement des cultures nationales vous a-t-il
permis de faire des actions ensemble avec vos camarades des autres cultures
?
RÉPONSES
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Beaucoup
|
02
|
03.12%
|
Un peu
|
07
|
10.90%
|
Pas du tout
|
55
|
85.98%
|
Total
|
64
|
100%
|
Commentaire du tableau
D'après ces résultats, la
majorité des apprenants déclarent que l'enseignement des cultures
nationales ne leur permet pas du tout d'être en interaction avec les
camardes des autres cultures. Seulement 02 répondent beaucoup et 07
répondent très peu.
Q6 : Avez-vous des camarades qui ne sont pas de la
même culture que vous mais qui sont vos amis avec qui vous jouez
?
RÉPONSES
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Oui
|
43
|
67.18%
|
Non
|
21
|
32.81%
|
Total
|
64
|
100%
|
Commentaire du tableau
La vue de ces résultats montre que la
majorité des apprenants soit 40, répondent avoir des avoir des
camardes avec qui ils cheminent et nouent des amitiés et qui ne sont pas
de leur culture. Les autres, soit 21, répondent non. Cela a
été a été vu pendant les observations aux heures de
pause. Les apprenants pour certains se liaient d'amitié et cheminaient
ensemble sans appartenance commune à la base. Rares sont des groupes
d'amitié entre
86
camarades que nous avons vus fondés sur la
seule base de la commune appartenance soit ethnique, soit tribale.
Informations recueillies auprès des enseignants
grâce au questionnaire
Q1 : Savez-vous ce que c'est que l'interculturalisme
?
RÉPONSES
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Oui
|
40
|
71.42%
|
Non
|
16
|
28.57%
|
Total
|
56
|
100%
|
Commentaire du tableau
Selon ces résultats, une large majorité
des enseignants soit 40 disent connaitre ce que c'est que l'interculturalisme.
Seulemnt 16 avouent ne pas savoir ce que c'est.
Q2 : À quoi renvoie l'interculturalisme
?
RÉPONSES
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Existence de plusieurs cultures
|
15
|
26.78%
|
Connaissance de plusieurs cultures
|
16
|
28.57%
|
Rapprochement des personnes de cultures
différentes
|
25
|
44.64%
|
TOTAL
|
56
|
100%
|
Commentaire du tableau
D'après ce tableau, 25 des enseignants ont
répondu que l'inter culturalisme renvoie au rapprochement entre les
cultures. Pour les autres, 15 ont répondu que c'est l'existence de
plusieurs cultures et 16 ont dit que c'est la connaissance de plusieurs
cultures.
87
Q3: D'où est tiré le contenu des cours de
cultures nationales que vous enseignez en classe ?
RÉPONSES
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Des contenus du curriculum uniquement
|
45
|
80.35%
|
Des contenus du curriculum associés
à d'autres sources
|
11
|
19.64%
|
TOTAL
|
56
|
100%
|
Commentaire du tableau
D'après ces résultats, les contenus des
curricula sont à la base des enseignements dispensés en classe de
cultures nationales pour la majorité des enseignants, soit 45 au total.
Selon 11, ils tirent les contenus de leurs leçons des curricula et
d'autres sources.
Q4 : Pensez-vous que ces contenus des cultures
nationales permettent à vos apprenants de connaitre les autres cultures
?
RÉPONSES
|
EFFECTIF
|
POURCENTAGE
|
Oui
|
06
|
10.71%
|
Non
|
50
|
89.28%
|
TOTAL
|
56
|
10.71%
|
Commentaire
D'après ces résultats, les contenus des
curricula ne permettent pas aux apprenants de connaitre les autres cultures
d'après 50 enseignants. Seulement 06 qui répondent positivement
à cette question.
Q5 : Quels sont les problèmes que vous
rencontrez dans l'enseignement des cultures nationales ?
- « Pas de livres au programme »
- « Des classes avec des langues et ethnies
différentes »
- « Des heures réduites dans les emplois de
temps »
mmn
- « Des parents qui n'aident pas les apprenants
à faire les exercices »
|
D'après la lecture de ces mots-clés, les
enseignants dans l'enseignement des cultures nationales font face à de
nombreux défis comme le manque de ressources pédagogiques, la
pluralité ethnolinguistique des classes ; les horaires de cours pas
suffisants, le manque de collaboration des parents.
88
4.2. VALIDATION DES DONNÉES
Cette section du chapitre s'attèlera à
la validation des données collectées plus haut en rapport avec
les hypothèses formulées précédemment. En pratique,
chaque hypothèse sera rappelée pour être par la suite
confrontée aux données analysées.
> Validation de HO 1
Les perceptions positives des élèves du
niveau 3 du cycle primaire sur l'enseignement des cultures nationales
favorisent l'acquisition de la compétence interculturelle.
> Choix des indicateurs
- Fréquence des cours sur les cultures nationales
- Activités d'échanges culturelle en classe
- Utilisation des ressources pédagogiques
variées > Données statistiques
Lorsque nous parcourons les résultats des
données collectées, il ressort les points suivants les trois
indicateurs
? Sur la fréquence des cours de cultures
nationales
Les apprenants estiment que les cours ont une
durée limitée. Bien plus, les enseignants pensent que les
horaires prévus pour l'enseignement des cultures nationales ne sont pas
suffisants pour un enseignement efficace des cultures nationales.
s Sur les activités d'échanges culturelles
entre les apprenants
Une large partie des apprenants, soit 85.93% selon les
résultats disent les cours des langues et cultures nationales ne leur
permettent pas de faire des échanges avec les camarades des cultures
différentes. Bien plus, 89.28% des enseignants estiment que les contenus
d'enseignement des cultures nationales ne permettent pas aux apprenants de
connaitre les cultures des autres.
s Sur l'utilisation des ressources pédagogiques
variées
La majorité des apprenants, soit 80.35% disent
que les contenus d'enseignement des cultures nationales sont tirés
uniquement des curricula. Bien plus, parmi les difficultés qu'ils
rencontrent, il y a le manque des ressources pédagogiques. Cela
est
89
d'autant plus vrai que les 53.12% des apprenants
pensent que leurs enseignants éprouvent des difficultés pendant
les cours de cultures nationales.
> Conclusion:
Les perceptions négatives des
élèves du niveau 3 du cycle primaire sur l'enseignement des
cultures nationales ne favorisent pas le développement de la
compétence interculturelle.
> Validation de HO 2 :
Les enseignants rencontrent des défis
liés à la disponibilité des ressources et la formation
pour intégrer efficacement la pluralité ethnolinguistique de la
classe dans l'enseignement des cultures nationales.
> Choix des indicateurs
· Les attitudes interculturelles
· La perception de la culture des
autres
· Interactions en classes de cultures nationales
> Données statistiques
En confrontant ces indicateurs aux résultats
des données collectées, il ressort les points suivants
:
· Sur les attitudes interculturelles
D'après les résultats, 85.93% des
apprenants déclarent ne pas du tout avoir des interactions avec leurs
camarades des autres cultures en classes de cultures nationales. Bien plus, la
connaissance des autres cultures selon 89% des enseignants, ne découle
pas de l'enseignement des cultures nationales.
· Sur la perception de la culture des
autres
La même impression ressort sur la perception de
la culture des autres. Des apprenants de l'ordre de 62% disent qu'ils n'ont pas
une bonne perception de la culture des autres, en termes de
compréhension et de respect suite aux enseignements reçus en
classe de cultures nationales.
90
s Sur les interactions en classes de cultures
nationales
En lisant les résultats, les interactions en
classes des cultures nationales ne sont pas du tout favorisées. C'est
dans ce sens-là que 85% des apprenants déclarent qu'ils n'ont pas
du tout des activités de mises en communs avec leurs camarades des
autres cultures en classe.
> Conclusion
Les enseignants rencontrent des défis
liés à la disponibilité des ressources et la formation
pour intégrer efficacement la pluralité ethnolinguistique de la
classe dans l'enseignement des cultures nationales.
4.3. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ET ANALYSE DE
CONTENUS DES DONNÉES DES ENTRETIENS
L'analyse des données issues des entretiens et
observations s'est faite Grâce à l'analyse de
contenus.
Ainsi, à côté des autres
instruments de collecte de l'information, nous avons conçu un guide
d'entretien dont les thèmes principaux sont : approches
pédagogiques utilisées pour enseigner les cultures nationales ;
impact perçu de l'enseignement des cultures nationales sur la
compétence interculturelle des apprenants ; défis ou obstacles
rencontrés dans l'enseignement des cultures nationales ; suggestions
pour améliorer l'enseignement des cultures nationales et
développer la compétence interculturelle des
apprenants.
> Approches pédagogiques utilisées pour
enseigner les cultures nationales
Ce thème explore les stratégies ou
méthodes d'enseignement des cultures nationales
s Verbatim de l'enseignante 1 (EPPAO 1) :
« J'utilise l'approche par objectif pour
enseigner mes cours de cultures nationales puisque mes élèves ne
connaissent pas leur culture »
s Verbatim de l'enseignante 2 (EPPAO Bil)
« Il n'est pas possible d'utiliser des
méthodes participatives car les parents n'apprennent plus à leurs
enfants les cultures de chez eux »
91
En analysant ces réponses, il ressort que
l'approche méthodologique de l'enseignement des cultures nationales
n'est pas participative.
> Impact perçu de l'enseignement des cultures
nationales sur la compétence interculturelle des apprenants
Dans ce thème, il était question de
scruter la conséquence de l'enseignement des cultures nationales sur la
compétence interculturelle des apprenants.
s Verbatim de l'enseignant 1 (EPPAO Bil)
« Je ne peux pas dire avec exactitude si ces
cours permettent aux élèves de comprendre leurs camarades des
autres cultures »
s Verbatim de l'enseignante 2 (EPPAO Bil)
« Ici, la majorité des
élèves sont des ewondo. Donc je ne peux pas remarquer si à
travers ces cours, ils peuvent comprendre leurs autres camarades
»
L'analyse des réponses des enseignants montre
que l'impact de l'apprentissage des cultures nationales sur la
compétence interculturelle des apprenants n'est pas très
certaine.
> Défis ou obstacles rencontrés dans
l'enseignement des cultures nationales
Dans ce thème, la visée était de
recenser les différents obstacles que les enseignants rencontrent dans
l'enseignement des cultures nationales.
s Verbatim de l'enseignante 1
(élève-maitresse)
« Je trouve difficile d'enseigner toutes les
cultures qu'il y a dans la salle de classe, il y a les Beti, les Bami, il y a
même les Haoussa, comment on va enseigner tout ça
»
92
s Verbatim de l'enseignante 1 (Enseignant EPPAO
2)
« On demande même d'enseigner les
cultures nationales alors qu'il n'y a pas de programme, pas de manuel, à
part le curriculum, on doit faire comment, on se débrouille seulement
»
En analysant ces propos, il ressort que les
différents obstacles que les enseignants rencontrent au cours des
classes de cultures nationales sont non seulement la pluralité
ethnolinguistique des classes, mais aussi le manque des ressources
pédagogiques.
En conséquence, à partir de ces
entretiens, l'on peut déduire que l'enseignement des cultures nationale
utilise une approche qui ne favorise pas les interactions des apprenants dans
les classes. Bien plus, l'impact de cet enseignement sur la compétence
interculturelle des apprenants n'est pas clairement observable. Par ailleurs,
des obstacles tels que la pluralité culturelle des classes et la
rareté des ressources pédagogiques viennent empêcher le
développement de cette compétence.
Aussi peut-on alors faire une analyse des forces et
des faiblesses des résultats de notre collecte.
4.4. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ET ANALYSE
SWOT DES DONNÉES DES OBSERVATIONS
Faire une analyse SWOT consiste à relever les
forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces. La
présente analyse est basée sur les données de notre
enquête par observations.
En effet, nos observations avaient pour base un guide
d'observation. Les différents points de ce guide d'observation sont : le
contexte de la salle de classe (composition ethnique et tribale) ; les
pratiques d'enseignement des cultures nationales (méthodes
pédagogiques, ressources utilisées, contenus des leçons) ;
les interactions (collaboration et participation des élèves, le
rôle des parents) ; rapports entre les élèves de cultures
différentes (préjugés, acceptation,
cohabitation).
Notre analyse SWOT sera présenté dans un
tableau comme suit : l'analyse de l'environnement externe (forces et
faiblesses), l'analyse de l'environnement externe (opportunités et
menaces).
93
ANALYSE DE L'ENVIRONNEMENT INTERNE
|
Forces
|
Motivation relative des apprenants
|
Pluralité des classes
|
Camaraderie entre les apprenants
|
Faiblesses
|
Manque de ressources pédagogiques
|
Approche méthodologique
non-interactive
|
Gestion difficile de la pluralité culturelle des
classes
|
ANALYSE DE L'ENVIRONNEMENT EXTERNE
|
|
|
Opportunités
|
Recours aux personnes ressources
|
|
|
Diversification des ressources
pédagogiques
|
|
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Approche pédagogique interactive
|
|
|
Menaces
|
Désintérêt des parents
|
|
|
Non-maitrise des cultures nationales
apprenants
|
par
|
les
|
Préjugés et
stéréotypes
|
|
|
Les informations qui ressortissent de nos observations
montrent que sont variées et diverses, les forces et les faiblesses, les
opportunités et les menaces liées à l'enseignement des
cultures nationales et la compétence interculturelle des
apprenants.
En résumé, le propos du présent
chapitre a consisté à la présentation d'une part,
l'analyse d'autre part et à la validation finalement des données
issues de la collecte. À travers les différents résultats
obtenus grâce aux différentes approches analytiques, il ressort
que, les perceptions négatives des élèves sur
l'enseignement des cultures nationales ainsi que les obstacles divers dont font
face les enseignants en classe de cultures nationales, empêchent
l'acquisition de la compétence interculturelle liée à cet
enseignement-là au primaire.
La suite du présent travail concerne le
prochain chapitre intitulé : interprétation des résultats,
discussion et des suggestions.
94
CHAPITRE V: INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS,
DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
Dans le précédent chapitre, les
résultats sur la contribution de l'enseignement des cultures nationales
à la compétence interculturelle des apprenants du cycle primaire
ont été exposés. Ce chapitre concerne donc
l'interprétation desdits résultats en premier lieu. En second
lieu, il s'agira de leur discussion. En dernière articulation, nous
faisons des recommandations.
5.1. INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
Interpréter les résultats consiste
à donner un sens aux résultats de la recherche menée. Si
l'analyse des données est extérieure au chercheur en ce sens que
les données dépendent du terrain, l'interprétation de ces
données quant à elle, est le sens que le chercheur attribue
à ces données.
Pour mener cette interprétation, il faudrait au
préalable faire un rappel à titre indicatif des hypothèses
de recherche. Il s'agit en l'occurrence des hypothèses de recherche
suivantes : Les perceptions négatives des apprenants sur l'enseignement
des cultures nationales empêchent l'acquisition de la compétence
interculturelle.
Les obstacles matériels et
méthodologiques dont font face les enseignants ne favorisent pas
l'acquisition de la compétence interculturelle.
Ces deux articulations constituent la structure de
notre interprétation qui est faite dans les lignes
suivantes.
5.1.1 Perceptions négatives des élèves
et non-acquisition de la
compétence interculturelle
D'emblée, les apprenants ont des perceptions
négatives de l'enseignement des cultures nationales. Ces perceptions
négatives sont les causes de la non-acquisition de la compétence
interculturelle assortie à cet enseignement.
En effet, les résultats obtenus confirment
effectivement que les apprenants développent une perception
négative de l'enseignement des cultures nationales ce qui empêche
qu'ils développent la connaissance et la pratique des cultures des
autres. Par rapport à cette hypothèse, le questionnaire a
été administré aux apprenants et les enseignants da la
ville Mbalmayo que sont les enseignants EPPAO 1 et EPPAO Bil ainsi que de
l'ENIEG de Mbalmayo. De la même façon, des entretiens ont
été faits avec certains
95
enseignants. Bien plus, des observations ont
été faites pendant que nous dispensions des enseignements ou
certains de nos collègues.
Il ressort des résultats de ces
différents procédés que : les apprenants sont inter
culturellement incompétent du fait des perceptions négatives
qu'ils ont de l'enseignement des cultures nationales. Ces perceptions
négatives se manifestent par le désintérêt manifeste
des apprenants vis-à-vis de l'enseignement des cultures nationales et
à travers des attitudes négatives qui résultent des
facteurs extérieurs au système éducatif comme les
préjugés et les stéréotypes.
D'abord les préjugés. En effet, les
apprenants ont des idées reçues sur les autres cultures.
D'ailleurs comme le note Belinga Bessala (2013) chez l'apprenant : «
Il y a toujours un recours spontané aux anciennes connaissances face aux
nouvelles qui se présentent » (p. 53). C`est dire que les
apprenants ont des notions présupposées sur les cultures
nationales.
Ces prénotions fonctionnent comme des obstacles
au développement de la compétence interculturelle. Cette
influence négative des préconceptions sur l'acquisition des
nouveaux savoirs a déjà été attestée par
Jodelet (1994) qui pense que les représentions sont des connaissances
qui empêchent l'acquisition des nouveaux savoirs (p. 156).
Par ailleurs, la source de ces préjugés
est extérieure au système éducatif. Cela a
été soutenu déjà par Fozing et Hotou (2015) qui
pensent que les parents sont parfois les facteurs qui influencent un
enseignement inefficace des cultures nationales à l'école
primaire.
De même, la théorie de l'apprentissage
social de Bandura (1969) nous permet de comprendre la prégnance sur les
apprenants de ces préjugés issus des facteurs extérieurs
à l'école. En effet, à travers le processus de modelage,
les apprenants incorporent des schèmes de pensée qui fonctionnent
pour eux comme des repères pour agir.
Ensuite le désintérêt des
apprenants. Lors de nos observations il a été remarqué
que, par rapport à d'autres disciplines d'enseignement, les apprenants
ont un désintérêt manifeste pour la discipline des cultures
nationales. Cela a été attesté à plusieurs reprises
lorsque nous passions les différents cours. Ainsi, nous avions
remarqué que les apprenants, pour la majorité étaient
moins actifs pendant le cours des cultures nationales et l'était plus
aux cours de Géographie ou d'histoire par exemple.
Un tel désintérêt s'explique
à la lumière de perspective théorique interactionniste. En
effet, dit Blumer (1969) : « Les êtres humains agissent envers
les choses sur la base du sens
96
qu'elles ont pour eux » (p. 2). En fait,
si les apprenants sont moins attentionnés aux cours des cultures
nationales, c'est parce qu'ils estiment que ces cours n'ont pas un sens
important pour eux.
5.1.2 Difficultés matérielles et
méthodologiques et non-acquisition de la compétence
interculturelle
Les obstacles matériels et
méthodologiques empêchent la non- acquisition de la
compétence interculturelle des apprenants dans l'enseignement des
cultures nationales.
En effet, dans l'enseignement des cultures nationales,
les enseignants font face à de nombreux obstacles matériels.
Ainsi, nous avons remarqué aussi bien dans les réponses aux
questionnaires que dans les observations que, les ressources matérielles
pour l'enseignement des cultures nationales sont rares. Cela entraine que les
enseignants non pas le choix de recours à diverses ressources ce qui
n'est pas le cas dans les autres disciplines.
En fait, la discipline des cultures nationales n'a pas
de livre au programme. Cela a été attesté dans les
résultats de nos analyses et nos observations. Lorsque nous devrions
préparer les cours de cultures nationales, nous avions voulu nous
inspirer des ressources du livre au programme. C'est alors qu'en demandant
cette ressource à l'enseignante qui nous encadrait, elle nous
révèle que le seul matériel disponible est le curriculum.
Cela explique bien pourquoi lors du questionnaire et les entretiens, la
majorité des enseignants affirment que le curriculum est l'unique
ressource dont ils se servent pour élaborer leurs
enseignements.
En outre, l'obstacle méthodologique apparait
aussi comme un obstacle majeur. La méthodologie dans ce cadre concerne
la composition de la classe et la transmission des savoirs.
De la composition des classes. Il apparait des
résultats de la collecte des données que, les différentes
aires culturelles du Cameroun sont présentes dans les salles de classe.
C'est donc dire que les classes sont de fait et en réalité
multiculturelle. Or, cette difficulté pose de nombreux problèmes
aux enseignants. Les difficultés ici concernent le choix de la culture
à enseigner et même la langue à utiliser.
C'est ainsi que lors de nos entretiens, les
enseignants ont déclaré à plusieurs reprises que face
à la diversité des classes, ils ont des difficultés
à choisir la culture à enseigner et préfère alors
recourir à la facilité de n'enseigner que la culture dominante,
précisément la culture Beti.
97
Et même, dans le choix de n'enseigner que la
culture Beti, il y a encore des problèmes du choix de la culture
à enseigner. Ainsi, il nous souvient cette dispute que nous avons
observé une matinée entre deux enseignantes, sur le sens d'une
tournure idiomatique dans un proverbe qui était appris ce matin-
là aux élèves. Les deux ne s'accordaient pas sur la
tournure exacte du proverbe. Il nous souvient que ce matin-là, le cours
avait été interrompu.
L'autre difficulté à laquelle sont
confrontés les enseignants est celle méthodologique. En effet,
d'après les résultats issus du questionnaire, les enseignants
utilisent une méthodologie transmissive pas favorables à
l'interculturalité des apprenants.
Ainsi, il ressort des résultats du
questionnaire que la méthodologie traditionnelle ou celle dite
transmissive est celle dont font recours les enseignants. C'est ainsi que les
cours sont préparés et transmis aux élèves sans que
ces derniers soient associés au processus.
Nous avons appris par exemple des entretiens, que les
enseignants avaient recours à cette méthode du fait de la
non-maitrise des cultures nationales par les apprenants. Nous avons
observé durant notre enquête effectivement que les cours sont
dispensés sans la réelle implication des apprenants.
Pareillement, Fozing et Hotu (2015) identifient déjà ces
obstacles méthodologiques comme une source de l'inefficacité de
l'enseignement des cultures nationales au primaires.
La perspective théorique constructiviste de
Piaget nous permet justement de comprendre cet état de fait. En
réalité, d'après cette théorie, la connaissance de
l'apprenant résulte d'un processus constructif et de co- construction.
En fait, c'est à partir des interactions échelonnées avec
les autres apprenants que l'apprenant arrive à acquérir des
connaissances.
En conséquence, l'enseignant se doit d'adopter
une approche méthodologique à même de favoriser
l'implication des apprenants dans la construction de leurs savoirs. En fait,
comme le note déjà Belinga Bessala (2013), le plus important dans
le processus d'enseignement est non moins la possession des connaissances que
la manière dont elles sont données aux apprenants.
5.2. PERSPECTIVES /RECOMMANDATIONS
Dans cette section, nous voulons fournir les
informations relatives à l'importance de l'enseignement des cultures
nationales d'une part, d'autre part aux recommandations pour
98
que cet enseignement contribue effectivement à
l'acquisition de la compétence interculturelle des
apprenants.
5.2.1. Perspectives théoriques
Dans les perspectives théoriques, nous voulons
montrer l'importance ou le rôle que joue l'enseignement des cultures
nationales dans l'acquisition de la compétence interculturelle des
apprenants.
D'une part, l'enseignement des cultures nationales
contribue à la construction de l'identité culturelle des
élèves camerounais. Ainsi, en comprenant et en valorisant les
différentes traditions, langues et coutumes présentes à
travers le pays, les apprenants développent un sentiment d'appartenance
à leur communauté et renforcent ainsi leur estime
personnelle.
D'autre part, cet enseignement favorise
également la tolérance et le respect mutuel entre les
différents groupes ethniques présents au Cameroun. En
conséquence, en apprenant sur les modes de vie et croyances
variés existants dans leur pays, les élèves sont davantage
susceptibles d'accepter la diversité culturelle qui caractérise
la société camerounaise.
Il est donc évident que l'enseignement des
cultures nationales contribue à renforcer le lien social au sein de la
société camerounaise. Donc, en comprenant et en respectant la
diversité culturelle du Cameroun, les élèves sont mieux
armés pour interagir harmonieusement avec leurs pairs issus de divers
horizons culturels. Cela permet aux élèves d'acquérir une
ouverture d'esprit face à la diversité culturelle et
développer des compétences interculturelles essentielles telles
que l'empathie, la tolérance et le respect mutuel.
5.2.2. Recommandations pratiques
En ce qui concerne les recommandations pratiques, nous
suggérons pour le développement de la compétence
interculturelle chez les élèves du primaire, la mise en oeuvre de
diverses initiatives. Ces initiatives peuvent consister aux actions suivantes
:
> Intégration curriculaire
En effet, l'observation des curricula existant laisse
voir une marginalisation des aspects culturels. Il serait donc
bénéfique d'inclure davantage d'éléments relatifs
aux cultures nationales du Cameroun dans le programme scolaire
existant.
99
Cela pourrait se traduire par l'introduction de cours
spécifiques sur chaque groupe ethnique ou région du pays afin que
tous les enfants puissent acquérir une connaissance approfondie de leurs
racines culturelles.
Cette recommandation s'adresse davantage aux
administrateurs du système éducatif et aux personnes
chargées de définir les programmes d'enseignement.
> Pédagogie participative :
Les méthodes actuelles de l'enseignement des
cultures nationales se montrant obsolètes, il serait intéressant
de les abandonner et adopter celles interactives. Ainsi, il serait
intéressant d'explorer les méthodes interactives.
Dans cette perspective-là, le
jeu-de-rôles ou les débats autour des différences
culturelles peuvent être utilisées pour encourager une meilleure
compréhension entre les élèves issus de milieux
différents. Ces activités ludiques favorisent non seulement
l'apprentissage mais aussi le dialogue interculturel au sein même de la
salle de classe.
Au total, le propos du présent chapitre a
porté tour à tour sur les articulations suivantes :
l'interprétation des résultats d'analyse d'abord. Ensuit leur
discussion. En dernière articulation, des recommandations des
recommandations ont été faites.
Il faut alors passer à la
conclusion.
100
CONCLUSION GÉNÉRALE
Somme toute, le présent travail de recherche
était une réflexion sur le sujet intitulé : «
Contribution de l'enseignement-apprentissage des cultures nationales à
la compétence interculturelle des apprenants du niveau 3 du cycle
primaire de la ville de Mbalmayo ». Cette réflexion-là est
la source de ce Mémoire rédigé en vue de l'obtention du
Diplôme de Professeur de l'Enseignement Normal de deuxième grade
(DI.P.E.N. II). En premier lieu. Deux constats ont déclenché
cette réflexion. Le premier constat montre qu'il y a une abondante
littérature sur la contribution de l'enseignement des cultures
nationales à la compétence interculturelle des apprenants des
cycles post-primaire et supérieur. En revanche, le deuxième
constat montre que la littérature est muette pour ce qui est du cycle
primaire, car la contribution de l'enseignement des cultures nationales
à la compétence interculturelle des apprenants n'y est pas
étudiée. Dès lors, ce vide de la littérature a
suscité les interrogations suivantes : Quelle est la contribution de
l'enseignement des cultures nationales à l'acquisition de la
compétence interculturelle des apprenants du cycle primaire ? Quelles
sont les perceptions des élèves du niveau 3 du cycle primaire sur
l'enseignement des cultures nationales et comment cela influence-t-il leur
compétence interculturelle ? Quels sont les défis
rencontrés par les enseignants en classe de cultures nationales pour
promouvoir la compétence interculturelle ? Par la suite, nous avons
avancé des propositions de réponses relativement à ces
questions. Notamment : à la question « Quelle est la contribution
de l'enseignement des cultures nationales à l'acquisition de la
compétence interculturelle des apprenants du cycle primaire ? », a
été avancée l'hypothèse qui estime que «
L'enseignement des cultures nationales contribue favorablement l'acquisition de
la compétence interculturelle des apprenants di niveau 3 du cycle
primaire ». Pour la question « Quelles sont les perceptions des
élèves du niveau 3 du cycle primaire sur l'enseignement des
cultures nationales et comment cela influence-t-il leur compétence
interculturelle ? », a été proposée
l'hypothèse selon laquelle « Les perceptions positives des
élèves du niveau 3 du cycle primaire sur l'enseignement des
cultures nationales favorisent l'acquisition de la compétence
interculturelle. ».
Quant à la question « Quels sont les
défis rencontrés par les enseignants en classe de cultures
nationales pour promouvoir la compétence interculturelle ? » a
été postulée la réponse selon laquelle « Les
enseignants rencontrent des défis liés à la
disponibilité des ressources et la formation pour intégrer
efficacement la pluralité ethnolinguistique de la classe dans
l'enseignement des cultures nationales». Dans le voeu
101
d'avoir des idées fixes à ces
questions-là et ces suppositions-là, ont été
fixés les objectifs qui suivent : Examiner la contribution de
l'enseignement des cultures nationales dans l'acquisition de la
compétence interculturelle des apprenants du cycle primaire du Cameroun,
premièrement. Explorer les perceptions des élèves du
niveau 3 du cycle primaire sur l'enseignement des cultures nationales et son
lien avec leur compétence interculturelle, secondairement. Identifier
les défis rencontrés par les enseignants pour intégrer
efficacement la pluralité ethnolinguistique de la classe dans
l'enseignement des cultures nationales, par ailleurs. Notre recherche a suivi
deux orientations méthodologiques. D'une part, la recherche
documentaire. D'autre part, la recherche de terrain. La recherche documentaire
d'abord. Au cours de celle-là, nous avons constitué des
références documentaires dans plusieurs bibliothèques da
la ville de Yaoundé. Ces références ont été
rangées dans diverses catégories que sont : les ouvrages
généraux, les ouvrages spécifiques, les articles, les
thèses et les mémoires. De même, plusieurs sources
numériques ont été obtenus à travers divers sites
du réseau internet. Ensuite, la recherche de terrain. Durant
celle-là, nous avons séjourné dans le terrain
d'enquête qui est la ville de Mbalmayo. Précisons que
c'était également le lieu de notre stage pratique.
Précision faite, disons que notre séjour s'y est articulé
en deux moments. Le premier moment a consisté à prendre attache
avec les établissements d'accueil. En l'occurrence, l'ENIEG de Mbalmayo,
l'EPPAO Bil et l'EPPAO
Le second moment a consisté au recueil effectif
des données. Pour cela, nous avons d'abord eu recours aux entretiens
avec les élèves et les enseignants desdites écoles.
À travers ces entretiens nos informateurs nous ont donné
l'occasion d'échanger avec eux sur les thèmes que nous
définissions. Ensuite, nous avons procédé par les
observations. Ces dernières nous ont permis de prêter attention
aux faits qui étaient susceptibles de nourrir la réflexion sur
notre sujet. Par ailleurs, grâce au questionnaire, nous avons soumis plus
d'une centaine d'élèves à différents items. Ainsi,
les données dont nous disposions au sortir du terrain étaient de
nature qualitatives et quantitatives.
Puis, ces données qualitatives et quantitatives
collectées sur le terrain ont été analysées
à l'aide de différentes méthodes, en fonction de la nature
des données. A ce propos, la statistique descriptive grâce au
calcul des pourcentages, nous a permis d'analyser les données
quantitatives. Quant aux données qualitatives, elles ont
été analysées grâce à l'analyse des contenus
et l'analyse SWOT.
De ce qui est des résultats, il ressort que les
perceptions négatives des apprenants ainsi que les difficultés
d'ordre matériels et méthodologiques, empêchent la
contribution de
102
l'enseignement des cultures nationales à la
compétence interculturelle des apprenants du cycle primaire.
Cette recherche apparait ainsi comme un vademecum tant
pour ceux qui conçoivent les programmes d'enseignement que ceux qui sont
chargés de les enseigner. Cette contribution est donc un apport
théorique disciplinaire de la science de l'éducation en
général, à l'enseignement des disciplines ou didactique en
particulier.
Par ailleurs, l'étude est menée dans un
contexte camerounais marqué par des crises identitaires diverses. Ainsi
depuis la période post-électorale de la présidentielle de
2018, il y a un climat d'animosité entre les Camerounais. Cela se
manifeste par les discours de haine qui envahissent l'espace public. Bien avant
cette période, dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-
Ouest du pays, a éclaté un conflit à relent identitaire.
En plus de causer des déplacements massifs des populations y
originaires, ce conflit aujourd'hui a polarisé l'ensemble des
Camerounais en partisans et non partisan d'un État unitaire ou pas. Si
l'on y ajoute les conflits terroristes qui secouent les Régions
administratives du Cameroun septentrionale, l'espace du Cameroun apparait donc
comme un volcan endormi.
C'est dire s'il y a l'urgence de développer les
approches en vue de ce que l'enseignement des cultures nationales participe au
développement de la compétence interculturelle.
Pour finir, nous espérons que cette
étude pourra aider à réorienter les études sur le
développement de compétence interculturelle, non plus
exclusivement dans l'enseignement exclusive des langues
étrangères, mais davantage tournées (ces
études-là), dans les langues nationales. Cela contribuera
à coup certain, de la décolonisation des savoirs qui est
aujourd'hui apparait encore comme un voeu pieux dans le milieu
académique.
103
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miniature » ?
Les Cahiers d'Outre-Mer.
Temkemg, A.E (1987). La compétence interculturelle
et efficacité de l'action didactique
en classe de langue. Mémoire. ENS
Yaoundé.
Tylor, E. B. (1871). Primitive culture. Research into
a Development of Morphology, Philosophy, Language, Art and Custum. J.
Murray.
UNESCO. (2001). Déclaration Universelle sur la
Diversité Culturelle.
Windermüler, F. (2011). Français langue
étrangère FLE, l'approche Culturelle et
Interculturelle. Belin.
107
ANNEXES
ANNEXE A : QUESTIONNAIRE DE RECHERCHE
- A-Informations générales
> Partie A : Questions réservées aux
élèves
Age Sexe Classe
- Q1 : L'enseignement des cultures nationales vous
aide-t-il à
comprendre et à respecter les cultures des autres
?
Beaucoup Un peu . Pas du tout .
- Q2 : Avez-vous remarquez les difficultés que vos
enseignants ont
quand ils vous enseignent les cultures nationales
?
.
Oui
Non : .
- Q3 : Que doivent faire les enseignants pour que leurs
cours de
cultures nationales n'aient plus de
difficultés
..................................................................................
............................................................................
- Q4 : Comment vous voyez l'enseignement des
cultures
nationales à l'école ?
Bien . Pas bien Je ne sais pas
Q5 : L'enseignement des cultures nationales vous a-t-il
permis de faire des
actions ensemble avec vos camarades des autres cultures ?
Beaucoup
Un peu Pas du tout
- Q6 : Avez-vous des camarades qui ne sont pas de la
même
culture que vous mais qui sont vos amis avec qui vous
jouez ?
Oui . Non
> Partie A : Questions réservées aux
enseignants
.
- Q1 : Savez-vous ce que c'est que l'interculturalisme
?
Oui . Non
- Q2 : À quoi renvoie l'interculturalisme
?
Existence de plusieurs cultures Connaissance de
plusieurs
cultures Rapprochement des personnes de
cultures
différentes
..
108
- Q3: D'où est tiré le contenu des cours
de cultures nationales que
vous enseignez en classe ?
Des contenus du curriculum uniquement Des contenus
du
curriculum associés à d'autres sources
- Q4 : Pensez-vous que ces contenus des cultures
nationales
permettent à vos apprenants de connaitre les
autres cultures ?
- Q5 : Quels sont les problèmes que vous
rencontrez dans
l'enseignement des cultures nationales ?
....................................................................................
......
.......................................................................
109
ANNEXE B : GUIDE D'ENTRETIEN
- Thème 1 : Approches pédagogiques
utilisées pour enseigner les cultures nationales
- Thème 2 : Impact perçu de l'enseignement
des cultures nationales sur la compétence interculturelle des
apprenants
ANNEXE 3 : GUIDE D'OBSERVATION
- Contexte de la salle de classe (diversité
ethnolinguistique de la classes, atmosphère et ambiance de la
classe)
- Pratiques d'enseignement des cultures nationales (cours
magistraux, discussions en groupes, activités pratiques
- Climat interpersonnel (rapports entre les
élèves de différentes origines culturelles, expression des
stéréotypes et préjugés)
- Autres observations
110
TABLES DES MATIÈRES
SOMMAIRE i
DÉDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
LISTES DES ABRÉVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES
iv
LISTE DES ILLUSTRATIONS vi
RÉSUMÉ vii
ABSTRACT viii
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE DE L'ÉTUDE
5
1.1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE LA RECHERCHE
5
1.1.1. Contexte de la recherche 5
1.1.2. Justification de la recherche 8
1.2. FORMULATION ET POSITION DU PROBLÈME DE
RECHERCHE 9
1.2.1. Formulation du problème 10
1.2.2. Les questions de recherche 11
1.2.3. Question principale 12
1.2.3.1. Questions secondaires 12
1.2.4. Les hypothèses de recherche 12
1.2.4.1. Hypothèse générale
13
1.2.4.2. Hypothèses opérationnelles
13
1.2.5. Les objectifs de recherche 13
1.2.5.1 Objectif général 14
1.2.5.2 Objectifs opérationnels 14
1.2.6 Intérêts de l'étude
14
1.2.6.1 Au plan théorique 15
1.2.6.2 Au plan pratique 17
1.2.7 Délimitation de l'étude
18
1.2.7.1 La délimitation thématique
19
1.2.7.2 La délimitation spatiale 19
1.2.7.3 La délimitation temporelle 19
CHAPITRE II : INSERTION THÉORIQUE DE
L'ÉTUDE 21
2.1. DÉFINITION DES CONCEPTS 21
2.1.1. Contribution 22
2.1.2. Enseignement 23
2.1.3. Cultures nationales 24
2.1.3.1. Culture 24
2.1.3.2. Nationales 27
2.1.4. Compétence interculturelle (CI)
34
2.4.1. Compétence 34
111
2.1.4.2. Interculturelle 39
2.1.5. Apprenants du niveau 3 du cycle primaire
46
2.1.6. Ville de Mbalmayo 47
2.2. REVUE DE LA LITTÉRATURE 51
2.2.1. Revue thématique de littérature
53
2.2.1.1. Approche institutionnelle de l'enseignement des
cultures nationales 53
2.2.1.2. Approche légale de l'enseignement des
cultures nationales 55
2.2.1.3. Approche théorique de l'enseignement des
cultures nationales 56
2.2.2 Limites de la littérature disponible
59
2.2.2.1 Limites par rapport au milieu d'étude
59
2.2.2.2 Limites par rapport au sujet d'étude
59
2.2.2.3 Limites par rapport au temps 59
2.2.2.4 Originalité du travail 60
2.3. THÉORIES EXPLICATIVES 60
2.3.1. La théorie du constructivisme
60
2.3.2. La théorie de l'interactionnisme symbolique
61
2.3.3. Théorie de l'apprentissage sociale
61
2.3.4. Théorie de contact 62
2.4. RAPPEL DES HYPOTHÈSES 62
2.4.1. Hypothèse générale
62
2.4.2. Hypothèses opérationnelles
63
2.5. DÉFINITION DES VARIABLES 63
CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE
66
3.1. TYPE DE RECHERCHE 66
3.2. DÉFINITION DE LA POPULATION 67
3.2.1. La population cible 67
3.2.2. La population accessible 67
3.3. DÉFINITION DE L'ÉCHANTILLON
D'ÉTUDE 68
3.3.1. Échantillon 68
3.4. CHOIX DES MÉTHODES ET INSTRUMENTS DE COLLECTE
DE DONNÉES 68
3.4.1. Description de l'instrument de collecte des
données 68
3.4.2.1. La recherche documentaire 69
3.4.2.1.1. Les documents écrits 69
3.4.2.1.2. Les documents numériques 70
3.4.2.1.3. Localisation dans le temps et l'espace
70
3.4.2.2. Recherche empirique 71
3.4.2.2.1. Observations 71
3.4.2.2.2. Entretiens 72
3.4.2.2.3. Le questionnaire 73
3.5. VALIDATION DE L'INSTRUMENT DE COLLECTE DES
DONNÉES 74
3.5.1. Validation par triangulation 74
3.5.1.1 Triangulation méthodologique
74
112
3.5.1.2 Triangulation des données
75
3.6. LA PROCÉDURE DE COLLECTE DE DONNÉES
75
3.6.1. La fiche bibliographique 75
3.6.2. La pré-enquête ou
pré-collecte 76
3.6.3. L'enquête empirique 76
3.6.3.1 Guide d'entretien 76
3.6.3.2 Guide d'observation 77
3.6.3.3 Administration du questionnaire 77
3.7. LES MÉTHODES D'ANALYSE DES DONNÉES
77
3.7.1. Analyse statistique par calcul de pourcentage
78
3.7.2. Analyse de contenu 78
3.7.3. Analyse SWOT 79
CHAPITRE IV : PRÉSENTATION ET ANALYSE DES
RÉSULTATS 81
4.1. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES
RÉSULTATS 81
4.1.1. Informations collectées à travers
le questionnaire 81
4.1.2. Informations recueillies auprès des
élevés grâce au questionnaire 83
4.2. VALIDATION DES DONNÉES 88
4.3. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ET ANALYSE
DE CONTENUS DES DONNÉES
DES ENTRETIENS 90
4.4. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS ET ANALYSE
SWOT DES DONNÉES DES
OBSERVATIONS 92
CHAPITRE V: INTERPRÉTATION DES
RÉSULTATS, DISCUSSION ET
RECOMMANDATIONS 94
5.1. INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
94
5.1.1 Perceptions négatives des
élèves et non-acquisition de la compétence interculturelle
94
5.1.2 Difficultés matérielles et
méthodologiques et non-acquisition de la compétence
interculturelle 96
5.2. PERSPECTIVES /RECOMMANDATIONS 97
5.2.1. Perspectives théoriques 98
5.2.2. Recommandations pratiques 98
CONCLUSION GÉNÉRALE 100
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
103
ANNEXES 107
|