I.5. PROBLEMATIQUE
Depuis plusieurs décennies, les questions relatives
à la protection de l'environnement figurent parmi les
préoccupations majeures de la communauté internationale. C'est ce
qui justifie par exemple la tenue de plusieurs conférences
internationales sur l'environnement (Conférence de Stockholm en 1972,
celle de Nairobi en 1982, conférence de Rio en 1992, celle de
Johannesburg en 2002), la création du programme des Nations Unies pour
l'environnement et la signature de plusieurs conventions de portée
internationale. La gestion des espaces forestiers tient ainsi une place de
choix dans ces préoccupations, compte tenu des fonctions de la
forêt (notamment au niveau des sols, des régimes hydrologiques des
climats, de la diversité mondiale et des économies des pays
concernés) ainsi que des particularités et des
précarités du milieu tropical (pression démographique,
explosion urbaine, structure
![](Dynamique-et-impact-de-lexploitation-du-rotin-sur-lenvironnement-dans-la-zone-de-Yaounde44.png)
15
politique et sociale en crise, économie reposant
essentiellement sur le secteur primaire, recul accéléré du
couvert forestier, etc.).
D'après une étude menée en 1992 par
l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'Agriculture (FAO),
elle place le taux global (mondial) de déboisement tropical à 17
millions d'hectare par an. Une autre étude menée par l'institut
de Ressource du monde (WRI) suggère que la figure puisse être
aussi haute que 20,4 millions d'hectare par an. Face à cette situation
alarmante, l'exploitation commerciale des produits forestiers non ligneux peut
ainsi augmenter la valeur économique de la forêt et par
conséquent stimuler la conservation et la gestion durable des
forêts. C'est dans cette logique partielle que la communauté
internationale a eu à encourager l'exploitation des produits forestiers
non ligneux surtout dans les pays à faible économie ou le seuil
de pauvreté est extrêmement élevé.
Dans le contexte africain, la déforestation est celle
qui progresse le plus rapidement dans le monde. Ceci s'explique par le taux
d'urbanisation élevé, la pauvreté des populations rurales
considérable qui entraine la recherche illégale du bois d'oeuvre
et de chauffe. Selon l'Organisation des Nations Unies (ONU) chaque année
le continent africain perd près de 4 millions d'hectare de forêt.
Une perte qui est très loin supérieure à celle de la
forêt amazonienne. Cette accentuation est aussi due dans plusieurs pays
à des pratiques intensives de l'agriculture, des coupes non
autorisées, l'utilisation grandissante du charbon de bois, etc. pour
répondre à cette situation, certains pays africains en plus de la
création d'un fond financés par les pays riches en vue de la
protection de leur forêt ainsi que de la biodiversité, ont mis
chacun dans leurs pays des structures en charge de la faune et de la flore.
Le Cameroun par exemple dans ce mouvement n'est pas en reste,
car sur les 7 millions d'hectare des forêts du Cameroun, environ 76% soit
au total 22,8 millions d'hectare ont déjà été
déboisé ou ont été alloués à des
concessions d'exploitation forestière. Moins d'1/5 des forêts
camerounaises non protégées, situées principalement au
centre et à l'Est du pays reste presque intacte. Seul 6% environ des 1/4
million d'hectare de forêt du pays sont protégés à
titre de réserve ou de parcs nationaux. Les forêts camerounaises
sont parmi les plus diverses du point de vue biologique et les plus
menacés d'Afrique. Elles présentent une importance capitale dans
sa diversité biologique. C'est le 5e rang africain de ce
point de vue. En effet, on dénombre environ 70 mille espèces dans
la flore camerounaise, 250 espèces de mammifère, 850
espèces d'oiseaux, 542 espèces de poisson (DEFO). Parmi les
produits forestiers non ligneux, figure en bonne place le rotin (l'objet de
notre étude), classé depuis un certain temps comme un produit
spécial (MINFOF 2012).
Suite à la crise des années 1990 ayant
affectée les cultures de rente, les lois forestiers limitant
l'exploitation illégale du bois, les communautés rurales
où ces produits occupaient une place importante de l'économie se
trouvent maintenant devant la nécessité de diversifier leurs
activités économiques. Dans ce contexte, l'exploitation des
produits forestiers non ligneux apparaît ainsi comme une des solutions
pouvant permettre de réduire l'impact négatif de cette crise des
produits de rente (cacao, café) et à revitaliser les
régions rurales parmi lesquelles celle de la région de
Yaoundé.
L'activité du rotin jadis destiné à une
utilisation traditionnelle notamment dans la réalisation des objets
comme les hautes, les paniers, la construction des cases bref à une
consommation limitée dans le milieu rural et a certain nombre
homogène des acteurs et techniques, va ainsi subir une influence
occidentale (modernité) à travers l'introduction des nouvelles
mentalités et cultures liées à l'urbanisation, à
l'explosion démographique et à l'utilisation massive des objets
en rotin. Cet état de chose va ainsi entraîner une utilisation
plus moderne du rotin notamment dans l'équipement des salons, la
fabrication des berceaux, et autre. Cette activité en pleine expansion
dans notre région, en particulier celle de Yaoundé
![](Dynamique-et-impact-de-lexploitation-du-rotin-sur-lenvironnement-dans-la-zone-de-Yaounde45.png)
16
avec sa proche campagne, entraine une forte pression sur les
ressources de rotin qui deviennent de plus en plus rare. Influençant
ainsi le marché de celui-ci (POKAM WADJA 1979 ; SHIEMBO, 1986 ; DEFO,
1997 ; SUNDERLAND, 1998).
C'est une activité qui vient en complément des
autres activités paysannes chez les populations rurales car elle permet
aux paysans de compléter leur revenu pour pouvoir s'acheter des produits
pour leurs cultures principales. Cependant elle constitue une source d'emplois
pour certaine catégorie de personnes dans la région de
Yaoundé. Ainsi, pendant cette dernière décennie la
filière rotin a connu des mutations considérables ce qui n'est
pas loin de soulever des inquiétudes au niveau de sa durabilité
et de la préservation de l'environnement. Au terme de cette analyse il
ressort un problème, celui de l'exploitation durable de la ressource
tout en tenant compte de l'environnement.
I.6. QUESTIONS DE RECHERCHE
L'exploitation des produits forestiers non ligneux est
liée à l'apparition de l'homme sur la terre. C'est à
partir de cette période que les ressources forestières
connaissent ses premières agressions. Cependant, il est à noter
que celles-ci ne sont pas encore en vue car la densité de la population
reste encore très faible et leur disponibilité ne pose pas encore
problème. Il a fallu attendre les années d'après les
indépendances pour observer cet engouement autour des produits
forestiers non ligneux en général et celle du rotin en
particulier. Favorisée par la colonisation avec l'apport de
l'urbanisation des villes ainsi que les méfaits de la crise des
années 80 qui ont entrainés la chute des prix de nos produits de
rentes. La demande devenant de plus en plus forte avec l'influence de la ville
de Yaoundé et d'ailleurs, on va assister à une mutation
considérable de la filière rotin ces dernières
années.
I.6.1. Question principale
Au regard de l'attrait croissant du meuble en rotin, quels
sont les impacts environnementaux probables de l'intensification de
l'exploitation du rotin à Yaoundé?
I.6.2. Questions spécifiques
- Quel est l'état actuel de la filière rotin dans
la zone de Yaoundé?
- Quels sont les facteurs de la dynamique de la filière
rotin dans la zone de Yaoundé? - Quelles sont les mutations survenues
dans la filière au cours de cette décennie ?
- Quels sont les impacts de la filière au niveau de
l'environnement physique et socio-économique?
I.7. HYPOTHESES DE TRAVAIL
Une hypothèse de recherche est une réponse
présumée à la question qui oriente une recherche. Dans le
cadre de ce travail, nous avons défini une hypothèse principale
et quatre hypothèses spécifiques.
|