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Dynamique et impact de l'exploitation du rotin sur l'environnement dans la zone de Yaoundépar Emile Roger MBOUNGUE Ecole normale supérieure de Yaoundé - DIPES 2 2014 |
VI.3.1. Sur la santéLa transformation du rotin dans les UT implique l'utilisation des produits toxiques comme la peinture qui ont un effet pervers sur la santé des artisans. Selon les informations recueillies auprès de certains vanniers, « après une journée de longue utilisation de peinture, on a du mal à bien respirer en soirée et surtout qu'on n'a pas de cache-nez ». L'exposition des vanniers aux intempéries renforce leur vulnérabilité aux maladies. En effet, les vanniers travaillent généralement dans des conditions difficiles parfois sous le soleil ou sous la pluie car travaillant à l'aire libre. Les UT ne sont pas construites, certaines sont construites avec du matériel provisoire comme des bâches, d'autre sous les arbres. B A Source : Cliché MBOUNGUE, Janvier 2014 Photo 4 : Un vannier en pleine activité dans une UT à Mvog-mbi Cette photo représente une UT construit dans le marché de Mvog-mbi près d'une maison. L'UT est construite à base de quelques piquets sur lesquels on a mis de la bâche (A) qui sert d'ombrage au vannier (B). C'est également sous cette bâche ou tente que garde son matériel de travail, ce qui l'expose aux vols. Toutefois, l'argent issu de la vente, permet aux différents acteurs (CV et vanniers) de se soigner ou d'assurer la santé de leur famille. VI.3.2. Sur l'éducation88 L'exploitation du rotin à but lucrative dans la zone de Yaoundé pousse les jeunes enfants à abandonner les classes pour se lancer dans la recherche effrénée de l'argent. En effet, certains enfants dans les villages quittent très tôt les bancs pour se lancer dans la coupe du rotin afin de satisfaire leur besoin. De même, dans certaines UT, on retrouve les jeunes du primaire, du secondaire, ou du supérieur qui ont abandonné les classes pour se lancer dans la recherche de l'argent. L'exploitation du rotin est une source de revenus rapide. Ainsi, les jeunes la préfèrent par rapport aux activités épuisantes et demandent beaucoup d'effort et de temps pour générer des revenus. C'est le cas de l'agriculture que ceux-ci trouvent qu'elle est réservée aux vieux. Toutefois, les revenus issus de la vente du rotin permettent à certains à investir dans l'école de leurs enfants. Comme nous l'avons précisé tantôt, le rotin procure un argent rapide aux exploitants, c'est pourquoi pendant les périodes de rentrées scolaires, on observe une forte intensité de cette activité pour permettre d'avoir de l'argent pour pouvoir inscrire leurs progénitures. VI.3.3. Autres impacts sociauxL'exploitation du rotin est une source de conflit entre les CV en forêt, entre les CV et les agents du MINFOF, entre les vanniers eux même et les agents de la CUY. En effet, dans les forêts, on assiste aux conflits entre les coupeurs et surtout lorsque le rotin se fait rare dans les forêts communes. Lors du transport pour la ville, les paysans font face aux tracasseries des agents du MINFOF qui exigent de l'argent aux CV, ce qui irrite ces derniers. Dans la ville de Yaoundé, les vanniers non seulement se font des problèmes entre eux pour discuter les clients ou les coups de vol des tiges et lianes de rotin, mais subissent des bastonnades des agents de la CUY par ce qu'ils occupent les voies publiques. La filière rotin présente à chaque étape de la chaine des risques d'accident de travail. Ces accidents peuvent se produire soit pendant la coupe en forêt par les morsures de serpent, la guêpe, et les blessures, les accidents routiers pendant le transport, les accidents pendant la transformation dans les UT avec les brulures et les blessures de couteau. Source : Enquête de terrain Décembre2013 et Janvier 2014. Figure 42 : Les types d'accidents selon l'avis des CV en forêt Suivant la figure ci-après, les CV font face à plusieurs risques d'accident de travail. L'essentiel des coupeurs (59,4%) reçoit des blessures au cours de la coupe contre 6,3% des 89 coupeurs qui sont mordues par le serpent. Ces blessures résultent des machettes et des piquants des tiges de rotin. La pénibilité de l'activité n'est pas en reste. Dans les campagnes les coupeurs pour sortir les tas formés de la forêt pour le village, transporte des charges sur la tête ce qui n'est pas chose facile pour ces CV après toute la fatigue de la journée. Source : Cliché MBOUNGUE, Janvier 2014 Photo 5 : Le transport par tête du rotin de la forêt pour le village Dans les UT, d'après nos enquêtes de terrain, l'essentiel des vanniers jugent le travail trop pénible et y restent par ce qu'ils n'ont pas trouvé mieux. Source : Enquête de terrain Décembre 2013 et Janvier 2014. Figure 43 : L'avis des vanniers au sujet de la pénibilité du travail de vannerie La figure ci-dessus représente les proportions des avis des vanniers au sujet de la pénibilité de l'activité de la vannerie. 94,9% des vanniers affirment que le travail de vannier est un métier pénible. 5,1% trouve facile et aisé l'activité. CHAPITRE VII: CRITIQUES DES RESULTATS ET RECOMMENDATIONS 90 Comme à la fin de tout travail scientifique, il est toujours important de faire un bilan critique dans le but d'améliorer les travaux futurs. Dans le cadre de notre étude, nous ne saurons manquer d'humilité de relever les manquements de notre travail car dit-on souvent qu'aucune recherche scientifique n'est parfait.de ces critiques nous allons suggérer quelques recommandations. |
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