VI.1.1. la dégradation de la
végétation
L'impact de l'exploitation du rotin sur la
végétation peut d'entrée de jeu paraitre
négligeable, mais il est important de relever que la coupe abusive
contribue plus ou moins à la destruction du couvert
végétale. Les rotins en forêt se présentent sous
deux formes : la première se présente comme un arbuste, un
palmier avec des feuilles larges appelé Eremospatha macrocarpa
(maraca), et la deuxième sous forme de liane mesurant plusieurs
mètres de long appelé Lacosperma secundiflerum (rotin
liane). Ainsi, leur coupe entraine une réduction du couvert
végétale et surtout celui du sous-bois de la forêt avec
notamment l'apparition des clairières. Le niveau de dégradation
du couvert végétale dépend de l'intensité ou de la
fréquence de coupe. De fois, l'exploitation entraine la diminution par
la coupe d'autres arbustes pour pouvoir tirer la liane. Pour constituer les
paquets en forêt, les coupeurs se servent des piquets pour soutenir et
pouvoir former le rouleau. Ainsi la coupe entraine la destruction de la
canopée faisant des troués ou des clairières dans la
forêt ce qui laisse pénétrer la lumière dans la
forêt comme l'illustre cette photo ci-dessous.
![](Dynamique-et-impact-de-lexploitation-du-rotin-sur-lenvironnement-dans-la-zone-de-Yaounde153.png)
![](Dynamique-et-impact-de-lexploitation-du-rotin-sur-lenvironnement-dans-la-zone-de-Yaounde154.png)
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Source : Cliché MBOUNGUE, Janvier 2014
Photo 3 : Apparition d'une clairière après
la coupe de l'Eremospatha macrocarpa VI.1.2. . Une exploitation
sauvage de la ressource
De nos jours, le mode et le rythme de
prélèvement de rotin pose de plus en plus le problème de
la durabilité de la ressource. Il s'agit ici de l'impact que
l'exploitation a sur la disponibilité et les formes de gaspillage de la
ressource. En effet, l'exploitation du rotin entraine des gaspillages à
chaque étape de la filière partant de la coupe à la
transformation. Car pour accéder aux tiges matures, les CV sont parfois
obligé de couper les tiges qui ne sont pas encore arrivées en
maturité, ce qui ne favorise pas la régénération et
la pérennisation de l'espèce. Encore plus dans les forêts
et dans les lieux de transformation, on assiste aux gaspillages qui laissent
trainer sur le sol les morceaux que les coupeurs et les vanniers jugent
inutile. Lors de leurs expéditions dans la forêt, il leur arrive
de couper les jeunes rotins, les arbustes et les herbes autour des tas de
rotin.
Parlant de la disponibilité de la ressource, il est
important de relever que la pression subite par le rotin dans certains villages
aujourd'hui contribue énormément à la diminution du
peuplement de cette espèce végétale. Suivant nos descentes
sur le terrain, nous avons constaté que la ressource a
énormément diminuée et tend même à
disparaitre dans le village de Zamakoé par rapport à
Faékele. L'entretien avec le chef nous révèle qu'à
l'époque, Zamakoé comparativement avec les autres villages du
département du Nyong et So'o, était plus riche en rotin et
produisait en grande quantité. Mais de nos jours certains vanniers et CV
partent plutôt à Faekele se ravitailler. Le rotin reste plus
disponible à Faékele comme l'illustre le graphique ci-dessous
:
![](Dynamique-et-impact-de-lexploitation-du-rotin-sur-lenvironnement-dans-la-zone-de-Yaounde155.png)
![](Dynamique-et-impact-de-lexploitation-du-rotin-sur-lenvironnement-dans-la-zone-de-Yaounde156.png)
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Source : Enquête de terrain
Décembre 2013 et Janvier 2014.
Figure 38 : Temps mis pour accéder à la
ressource en fonction des villages
Suivant cette figure, la distance parcourue (du village pour
la forêt) pour accéder au rotin varie en fonction des villages. Le
temps mis pour accéder à la ressource parait plus court à
Faekele (1-2h) équivalent à plus de 5Km et plus longue à
Zamakoé (5h et plus) équivalent à plus de 10Km. Cette
variation de la distance en heure s'explique par le fait que la ressource a
subi au cours de cette dernière décennie des agressions
considérables dû aux facteurs que nous avons fait allusion plus
haut. Ce qui a entrainé une baisse considérable de la
quantité des rotins en forêt surtout celle de Zamakoé.
Disons également que l'impact sur la disponibilité de la
ressource peut aussi s'expliquer par les effets de la déforestation
observés dans nos villages pour la pratique de l'agriculture, ainsi la
distance pour atteindre les forêts a considérablement
augmenté. Cela est plus observé à Zamakoé
qu'à Faékele. La raison est que le premier village est un ancien
foyer d'exploitation tandis que le second est nouvellement découvert.
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