Gestion des espaces verts municipaux et leurs apports dans le développement durable des communes de Yaoundé 2 et 3par Hubert Aristide Manga Mvondo Université de Yaoundé 1 - Master en géographie 2023 |
3.3. La gestion appliquée : proposition d'un modèle de gestion |du végétal en milieu urbain.| : cas des espaces verts municipaux de Yaoundé.Tout chercheur qui s'inscrit dans le processus d'une recherche-action devrait avoir pour leitmotiv d'émettre des propositions pour l'amélioration des connaissances dans son champ de recherche spécifique ; connaissances qui pourront, permettre la résolution d'un problème identifié. Ces propositions peuvent se faire sur la base de modèles(théorique, mathématique ou graphique). Les modèles, aussi bien en géographie que dans les autres sciences appliquées, ont pour but de décomplexifier une réalité difficile à appréhender.Ils peuvent dès lors servir de guides, de boussoles, de source ou de référence dans l'optique d'une résolution d'un problème précis voire de prises de décisions. Plusieurs modes de gestion ont été proposés dans le but de gérer efficacement les espaces verts tant en milieu urbain que rural. Le plus connu des modes de gestion est désigné sous plusieurs vocables ; on peut parler de gestion écologique, de gestion différenciée, raisonnée, durable, ou encore de gestion harmonique des espaces verts. En effet, cette gestion propose de gérer les espaces verts dans le strict respect de la nature et consiste à utiliser le moins possible de produits phytosanitaires et donc à éviter la pollution des nappes phréatiques, tout en régulant la consommation en eau, et ce en choisissant de remplacer la végétation ornementale par des plantes locales mieux adaptées au climat (Rouadjia, 2017).Cependant, cette gestion ne prend pas en compte l'étendue spatiale et des difficultés perçues des acteurs à mettre sur pied des stratégies de gestion équitables et durables des espaces verts urbains. Ainsi, les insuffisances ou les manquements constatés sur le terrain et à la suite des avis favorables50(*) des personnes interrogées sur la correction de ces insuffisances ou des manquements et l'amélioration du cadre de vie dans les espaces verts nous ont permis d'envisager un modèle qui vise la correction desdits manquements : le modèle de la Gestion Appliquée du végétal en milieu urbain. Ce modèle prend appuie sur la gestion actuelle des espaces verts municipaux de Yaoundé. Le modèle de la Gestion Appliquée du végétal en milieu urbain repose sur le principe de la « pollution zéro au sein des espaces verts en milieu urbain ». Il vise non seulement à estomper toute sorte de pollution dans ces espaces, à lutter contre les inégalités de gestion ou d'aménagements de ces espaces, car ce sont, en réalité, ces inégalités d'aménagements ou des insuffisances d'aménagements qui participent à une sorte de laisser-aller dans ces espaces verts permettant ainsi les pollutions de toute sorte et partant, de la croissance de l'incivisme environnemental des usagers de ces espaces. La gestion appliquée vise aussi à reconsidérer la place (importante) qu'occupe le végétal en milieu urbain.Il s'agit, en effet, de mettre en place une véritable politique d'aménagement ou tout au moins une réorganisation profonde des politiques d'aménagements verts urbains à travers la création et la régularisation systématique et systémique de la gestion des espaces verts tant des acteurs publics que privés. En effet, les végétaux doivent être considérés comme des organismes vivants, et comme tout organisme, ils nécessitent une attention particulière sur le plan de leur gestion/entretien en zone urbaine. Cette attention particulière doit se manifester par des tondes fréquentes des pelouses, du remplacement systématique des bois morts, de la sécurisation équitable de ces espaces. La création des espaces verts, par des responsables municipaux des villes, s'accompagne souvent par des stratégies développées par des acteurs qui concourent à la gestion de ces espaces en milieu urbain. Dans une considération beaucoup plus contextualisée, la tâche de la gestion des espaces verts municipaux de Yaoundé incombe à la Communauté Urbaine de Yaoundé (CUY), selon la Loi 2019/024 du 24 décembre 2019 portant code général des collectivités territoriales décentralisées. Il s'agit ici d'une gestion centralisée ; car l'alinéa 3 de ladite loi stipule que la CUY a pour compétence la création, l'entretien et la gestion des espaces verts, parcs et jardins communautaires. Les communes qui composent la CUY ne participent qu'à « veiller sur l'environnement » y compris donc les espaces verts municipaux. À partir de là, la gestion appliquée du végétal en milieu urbain propose une déconcentration de la gestion de ces espaces aux communes d'arrondissement qui permettrait une gestion équilibrée et durable de ceux-ci. De façon théorique,cette gestion appliquée des espaces verts comporte un certain nombre de principes à prendre en compte à savoir : - La mise en place dans chaque commune d'un plan de gestion des espaces verts - Chaque commune d'arrondissement doit avoir connaissance du nombre d'espaces verts qui sont dans sa circonscription communale. - Malgré le « souci d'uniformité » que prône les responsables de la direction des espaces verts et jardins de la CUY dans la gestion des espaces verts municipaux de Yaoundé, la gestion appliquée propose une forme beaucoup plus décentralisée où chaque commune peut décider des types d'aménagements à implanter dans un espace vert communal. - L'établissement d'un cadre logique de gestion des espaces verts municipaux dans chaque commune ; ce cadre logique doit comprendre les critères du choix des espèces d'arbres à implanter dans chaque espace vert municipal ainsi que les sites d'implantation. - En fin, chaque commune devrait avoir en son sein une unité de suivi-évaluation en ce qui concerne les pratiques liées à l'entretien des espaces verts communaux. - La mise en place dans chaque espace vert municipal des plaques qui portent des messages de sensibilisation de protection de l'environnement des espaces verts - Accroître la politique communicationnelle dans le but d'orienter les usagers de manière à connaître les espaces verts qui sont sous la tutelle de la CUY. Dans la gestion appliquée, les Communautés Urbaines ont pour rôle de créer les espaces verts municipaux, d'assurer ou de coordonner la gestion de ces espaces ; elles sont donc aussi des acteurs à part entière dans ce processus. Unité de décision et de création de l'espace vert Unité de décision et de création de l'espace vert Unités d'entretien (ONG, Associations, les mairies) Unités d'entretien (ONG, Associations, les mairies) Unité chargée du suivi-évaluation fréquent des espaces verts Unité chargée du suivi-évaluation fréquent des espaces verts Figure 20 : Modèle graphique de la Gestion Appliquée (G.A) des espaces verts En bref, la gestion appliquée propose que chaque commune gère les espaces verts(qui sont dans leurs circonscriptions communales) et les différents aménagements y afférents. La Gestion Appliquée (GA) est la somme des relations entre une unité de concertations (UC) et les prises décisions(D) relatives à la création des espaces verts municipaux, les unités d'entretien ainsi que celle du suivi-évaluation fréquent (SEF) de ces espaces verts. Ainsi, cette relation peut s'établir de la manière suivante :
Où : -GA= Gestion Appliquée, UC= Unité de Concertation D= Décisions, SEF= Suivi-Évaluation Fréquent Dans une considération beaucoup plus inclusive et soucieuse des avis des usagers des espaces verts ; la gestion appliquée propose la mise en pratique des avis des visiteurs ( enquêtés) sur les possibles aménagements verts dans la ville de Yaoundé d'autant plus que l'homme doit être davantage mis au centre des préoccupations des aménagements urbains (Assako, 2012) car c'est lui qui a des capacités de juger et d'apprécier la beauté que peuvent offrir ces différents aménagements en milieu urbain. Sur le plan pratique, la Gestion Appliquée préconise la multiplication fréquente des campagnes de création d'espaces verts municipaux, ou tout au moins aménager et entretenir équitablement et durablement les espaces verts urbains. Ceci passe par la multiplication de l'introduction des espèces d'arbres ou de plantes ayant une très forte capacité d'absorption des gaz à effet de serre tel que le Bambou qui a la capacité d'absorber cinq fois plus de gaz à effet de serre et produit 35% d'oxygène supplémentaire qu'un volume d'arbres équivalent. D'autres espèces d'arbres comme l'Iroko (Milicia excelsa) sont aussi considérés comme des arbres « miraculeux » qui stockent le CO2 pour le transformer en calcaire Les espaces verts sont de plus en plus désirés par les populations urbaines. D'ailleurs, Au cours du XXe siècle, les recherches en écologie urbaine51(*) se sont traduites par un questionnement sur la place de la nature dans le milieu urbain sous l'angle de sa sauvegarde et/ou de sa restauration (Long et Tonini, 2012). Les espaces verts en milieu urbain en général nécessitent une attention particulière ; et ce n'est que par la prise de conscience de l'importance de ces espaces verts et des services écosystémiques qu'ils rendent que tout programme visant leur protection peut avoir un sens (Kabanyegeye et al, 2020). * 50 Les avis concernent uniquement la tranche des personnes ayant constaté des manquements ou des insuffisances dans les espaces verts municipaux de Yaoundé visités. * 51 Cf. l'article Emelianoff C., 2000-2001, L'écologie urbaine entre science et urbanisme, Quaderni, 43, pp85-99, qui retrace l'évolution de l'écologie urbaine en tant que « science », depuis l'École de Chicago jusqu'à la fin du siècle où le concept de « ville durable » vient relancer les questions latentes autour de l'écologie urbaine. |
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