II.3.1.
Une population en constante évolution et de plus en plus
diversifiée
La zone duMoungo en général et Mélong
en particulier, malgré sa grande fertilité, était
faiblement occupée avant l'arrivée des colons.Son peuplement est
composé des Elong et Mbo connus sous l'appellation « Ngoh et
Nsongo » qui occupe tout le pourtour du versant du Manengouba. Ces
ethniessont issues d'un même ancêtre commun appelé Ngoh
à qui ces autochtones doivent leur origine. D'après NGOULA
(2005), la population du sous ensemble Ngoh-Nsongo est incluse dans l'ensemble
« Oroko-Ngoh », qui lui est inclus dans le sous-groupe
Sawa. Lequel sous-groupe Sawa fait partir du sous-groupe Bantou. Les ethnies du
sous ensemble Ngoh et Nsongo ont la même culture et parlent le même
dialecte. Elles forment par conséquent un groupe uni culturellement et
linguistiquement. C'est pourquoi, les chercheurs pendant l'époque
coloniale, tentèrent de les inclure dans un même groupe.
Dès le XXe siècle, la région s'est présentée
comme une terre d'accueil pour les gens venus d'horizons divers (régions
voisines en l'occurrence le pays Bamiléké et le Nkam).
L'arrivée des allogènes lentes au début,
s'est donc accélérée avec la colonisation
européenne. D'après DONGMO (1981), on ne sait pas à
combien s'élevait la population à l'époque de la
colonisation, mais il est clair qu'elle était très peu nombreuse,
et que les densités étaient très inférieures
à celles d'autres région comme l'Ouest par exemple. En effet,
l'on note qu'en 1936, malgré l'existence d'une proportion
déjà importante d'allogènes dans sa population, le Moungo
n'avait qu'une densité de 15 habitants au km2, contre 85 pour le pays
Bamiléké.
L'augmentation de cette population a également
été encouragée par l'afflux des populations d'autres
régions sous forme de main d'oeuvre. En effet, les populations de la
région ne montraient guère d'ardeur au travail, à tort ou
à raison le surnom de « paresseux » par les
européens. Comme exemple de population venue en renfort de main
d'oeuvre, on peut citer les populations du pays Bamiléké et des
régions du Nkam, contribuant ainsi au brassage culturel dans la
région. Ce qui explique la raison pour laquelle jusqu'à nos jours
la population du Moungo est demeuréecosmopolite.
Le recensement général de la population de 2005
montre que Mélong connait une croissance démographique assez
remarquable, soit 54279 habitants pour un taux d'accroissement naturel de 2,8%
au niveau national (BUCREP(2010), RGPH 2005). Une projection statistique
faisant des paramètres de la croissance démographique
(mortalité, fécondité, migration) et considérant le
même taux d'accroissement, laisse apparaitre une population de 70541
habitants en 2015. La population de Mélong connait une évolution
nette. Cette projection statistique n'est valable que si les paramètres
de l'évolution démographique sont exclus et le taux
d'accroissement maintenu.
Tableau 10 : Projection
de l'évolution de la population de Mélong
Années
|
Population
|
2005
|
54279
|
2010
|
61878
|
2015
|
70541
|
2020
|
75447
|
Source : BUCREP, 2010, modifié par
Mboungue en 2020
![](Impacts-des-dynamiques-agricoles-sur-lenvironnement-de-Melong34.png)
Figure 22 : Evolution de la population de la
population de Melong
Source : Enquête de terrain décembre
2020
Les projetions du tableau ci-dessus ont été
réalisées à partir des chiffres de la population de 2005
et le taux d'accroissement de la région (2,8%). Ce tableau décrit
la croissance arithmétique allant de 54279 habitants en 2005 à
75447 habitants en 2020, soit une augmentation d'environ 30000 habitants.
D'après ce tableau, nous constatons que la population de Mélong
connait une évolution nette. Ce phénomène s'explique non
seulement par un taux d'accroissement élevé, mais
également par un solde migratoire positif. Ce dernier facteur affecte
par ailleurs la structure et la composition de la population. C'est une
population dont la structure et la composition sont constamment
modifiées par l'exode rural et différentes formes de migrations
telles que les migrations temporaires, migration périodiques, migration
saisonnières, migrations quotidiennes, migrations de retour. En effet,
on remarque la présence de plusieurs groupes ethniques en
majorité en provenance des régions environnantes (Ouest,
Sud-ouest, Nord-ouest). Cette population est essentiellement agricole. Par
ailleurs, on note la présence des campements Bororo qui sont des
éleveurs nomades et sont installés aux pieds du Mont
Manengouba.
La population de Mélong est dominée par les
allogènes. La région a connu très tot un
phénomène migratoire intense, puisqu'elle offre de nombreuses
possibilités d'emploi par sa richesse naturelle. Ceci a contribué
à faire de cette région un lieu de brassage ethnique avec les
autochtones Ngoh et Nsongo et les immigrants parmi lesquels les
Bamiléké installés majoritairement au pied de la montagne
(Mont Manengouba). La présence d'une terre assez fertile et le
développement des plantations coloniales attireront une foule de
travailleurs à la recherche d'emploi dans la région du Moungo en
général et plus précisément de notre zone
d'étude. Les richesses naturelles, notamment la qualité du sol,
vont très vite être exploitées par les européens.
Les colons développent une économie de marché avec
utilisation d'une main d'oeuvre abondante. Les habitants de l'Ouest connus pour
être assidus au travail seront vite les fournisseurs de cette main
d'oeuvre relayés plus tard par ceux des autres régions du pays
(Nord-ouest, Sud-ouest...). Pour certains, il s'agira de migrations
définitives. Ce mouvement migratoire va donc faciliter la colonisation
de l'espace à travers la construction des habitations et la mise en
place des plantations.
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