1.4. Intérêt de l'étude
Cette étude traite d'une ressource naturelle non
renouvelable et qui nécessite donc une gestion rationnelle pour mieux
servir les personnes qui sont impliquées dans son exploitation. Ainsi,
son intérêt se présente à ces 3 niveaux ci-dessous
:
(1) Cette étude vient enrichir la rarissime
documentation sur la matière à l'aide de données
fouillées ; ce qui constitue une brèche pour des recherches plus
approfondies à l'avenir ;
(2) De son intérêt pratique, les
résultats et les conclusions de cette étude peuvent
éclairer les acteurs impliqués dans cette activité sur les
voies et moyens d'améliorer celle-ci et constituer un soubassement
à la réflexion des entrepreneurs qui rêvent investir dans
ce secteur ;
(3) Les résultats de cette étude, surtout en sa
partie de recommandations, peuvent servir de document de travail aux services
publics provinciaux ayant la gestion des carrières de moellons et de
graviers dans leurs responsabilités.
Liévin MPA dissertation Page - 13 -
1.5. Approche méthodologique
Dans le cheminement de cette étude, l'on a fait recours
à l'approche qualitative en vue d'une meilleure compréhension de
l'ampleur du sujet d'étude. Toutes les informations fournies par les
creuseurs artisanaux ont été recueillies au travers de
l'enquête menée du 30 avril au 4 mai 2013.
Le choix de l'approche qualitative se justifie par la nature
de la question de recherche qui essaie de comprendre l'ampleur de
l'activité d'exploitation artisanale de moellons et de graviers dans la
ville de Bukavu et sa périphérie ainsi que sa contribution
à l'économie de la Province.
1.5.1. Choix des sites de recherche et des
enquêtés
Avant de présenter la manière dont a
été opéré le choix des sites à investiguer
et le nombre des creuseurs artisanaux des moellons et des graviers à
interviewer, il sied préalablement d'avoir la même
compréhension, comme l'on aura à revenir là-dessus le long
de ce travail, des concepts exploitation artisanale,
carrière et site.
Exploitation artisanale : toute
activité par laquelle une personne physique de nationalité
congolaise se livre, dans une zone d'exploitation artisanale
délimitée en surface et en profondeur jusqu'à trente
mètres au maximum, à extraire et à user des
procédés non industriels (Code minier, 2002).
Carrière : tout gisement des
substances minérales classées en carrières exploitable
à ciel ouvert et/ou toute usine de traitement de produits de cette
exploitation se trouvant dans le périmètre de carrière
pour réaliser leur transformation en produits marchands, y compris les
installations et les matériels mobiliers et immobiliers affectés
à cette exploitation (Code minier, 2002) ;
Site : ce terme indique le nom de la
localité (milieu rural) ou Quartier, Avenue, Cellule (milieu urbain)
où se trouve la carrière en question.
Dans ce travail, carrière et site sont utilisés
comme des synonymes. Par ailleurs, chef de carrière/site signifie ce
creuseur entrepreneur disposant d'une portion d'espace dans l'ensemble de la
carrière/site qu'il exploite en utilisant d'autres creuseurs. C'est un
creuseur pourvoyeur d'emplois à d'autres.
Concernant le choix de sites d'étude, il convient de
rappeler que la Division Provinciale des Mines gère 31 sites
d'exploitation de moellons et de graviers situés principalement dans le
Territoire de Kabare et regroupant 150 exploitants chefs de carrières
utilisant un nombre
Liévin MPA dissertation Page - 14 -
important de creuseurs, transporteurs, ... (Division
Provinciale des Mines, 2011). Pour des raisons d'efficacité, le rayon de
l'étude a été limité à la ville de Bukavu et
sa périphérie. Le concept périphérie
n'étant pas délimité dans les Dictionnaires de la
langue française, il a été conventionnellement
délimité à une distance allant de 1 à 5
kilomètres de la ville.
Ainsi, sur les 31 sites d'exploitation de moellons et de
graviers gérés par la Division Provinciales des Mines, 8 se sont
retrouvés dans le rayon d'étude dont 2 en ville de Bukavu. Pour
les mêmes raisons d'efficacité, 4 sites (soit 50 %) ont
été choisis dont 2 en ville et 2 autres à la
périphérie (milieu rural) ; c'est dans ces 4 sites que
l'investigation a été menée.
Les critères ci-dessous ont motivé le choix de
ces 4 sites :
(1) La double représentativité milieu
urbain-milieu rural ;
(2) L'importance de la carrière en termes
d'étendue et donc de nombre de travailleurs qui y sont en
activité ;
(3) La représentativité géographique
Nord-Sud de la périphérie.
Dans chaque site, 20 creuseurs artisanaux exerçant
différentes fonctions dans les carrières ont été
interviewés: chefs des carrières, creuseurs, transporteurs,
concasseurs, revendeurs et ramasseurs.
Le choix de 20 enquêtés n'a pas été
dicté par une quelconque méthodologie d'échantillonnage
à cause du nombre mal connu et très dynamique des creuseurs
artisanaux mais aussi compte tenu de l'objectif de l'étude qui se
prête mieux aux procédés qualitatifs. Ce choix s'appuie sur
la conviction d'ALBARELLO (2003) qui affirme que la taille de
l'échantillon ne dépend nullement du nombre de personnes qui
composent la population de référence.
Plus clairement, la situation est présentée dans ce
tableau :
59
Tableau 1 : Sites sélectionnés pour
l'enquête
Sites
|
Localisation
|
Total creuseurs
|
Total enquêtés
|
HONGO 1er
|
Rural
|
176
|
20
|
GIHAMBA
|
Urbain
|
106
|
20
|
KASIHE
|
Rural
|
180
|
20
|
NYAKAVOGO
|
Urbain
|
83
|
20
|
TOTAL
|
|
545
|
80
|
Source : Enquête auprès des creuseurs
artisanaux
Liévin MPA dissertation Page - 15 -
Il y a lieu de constater que l'échantillon est de type
non probabiliste très proche de ce que MARSHALL (1996 :523) nomme
échantillon de jugement aussi connu comme échantillon
prémédité. Celui-ci est la technique
d'échantillonnage la plus commune dans laquelle le chercheur choisit
l'échantillon le plus productif pour répondre aux questions de
recherche. »
La détermination de la taille de l'échantillon
(creuseurs artisanaux à enquêter) de cette manière se
justifie d'une part par l'objectif de l'étude qui se prête mieux
à une démarche qualitative et d'autre part, par le fait que ni la
Division Provinciale des Mines ni les comités des creuseurs, aucun de
ces services ne disposait de la liste des creuseurs établis dans les
sites d'investigation. Seuls les creuseurs chefs des carrières sont
identifiés à la Division Provinciale des Mines car ils sont les
seuls à payer/acheter les permis d'exploitation des carrières, le
reste de creuseurs étant considérés comme une
main-d'oeuvre rémunérée au compte de ces premiers et donc
pas du tout générateurs des ressources financières.
En face de cette situation de non identification des
creuseurs, il a été procédé de la manière
dont ALBARELLO (2003) conseille d'adopter un autre type
d'échantillonnage loin de la représentativité statistique
pure. Ce qui a permis d'interviewé 80 enquêteurs choisis non
méthodiquement mais en fonction des informations recherchées par
l'étude.
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