II - LES MOTIVATIONS
Les raisons qui expliquent le choix de ce thème sont
multiples. Elles sont sociales, économiques et écologiques.
1. Motivations sociales
La force des choses a bien voulu que nous soyons originaire de
la région de l'Est Cameroun, qualifiée par les uns de poumon
forestier du pays0. Cette appartenance nous met face à des
faits qui suscitent une prise de conscience de notre part. Au nombre de ceux-ci
figure le problème du pillage des forêts. Pour les populations de
cette zone du pays, comme celles de toutes les autres régions
forestières au monde, la forêt est l'essence vitale. Elle est leur
seule source de biens et des services, c'est leur patrimoine culturel. Ainsi la
destruction de ces forêts par les multinationales est un grand danger
pour leur survie. L'exploitation des forêts ne respecte pas la
réglementation, pire encore elle ne tient pas compte des populations
locales. On sait que parmi ces populations, certaines couches dites
vulnérables sont essentiellement tributaires de cette forêt. Sans
elle, la vie semblerait impossible chez ces Pygmées, peuple de
forêt du Cameroun vivant de la chasse et de la cueillette. Aucun projet
à l'horizon pour pallier à ce problème, ni une solution de
compensation de cette grande perte qu'inflige l'exploitation abusive de la
forêt. Une telle situation ne saurait laisser indifférent un natif
de la région. Cette qualité naturelle, doublée de notre
statut d'étudiant en histoire ont éveillé notre
curiosité sur la contribution qui peut être celle de l'histoire
à la sensibilisation contre ce mal qu'est la déforestation et la
dégradation de l'environnement. Alors nous sommes nous senti
interpellé par cette mission qui vise à poser ce problème
et analyser les faits sociaux qui lui sont associés.
2. Motivations économiques
Il y a 30 ans, le secteur forestier était la
troisième ressource économique du Cameroun loin derrière
le pétrole et le cacao-café. Aujourd'hui, ce secteur est l'une
des principales
0 J. G. Elong, `' L'impact d'une exploitation
forestière et d'une industrie de bois sur le milieu rural»,
Thèse de Doctorat de 3e cycle en Géographie tropicale,
Université de Bordeaux III, 1984, pp .251-274.
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sources de revenus économiques au vu de la baisse de la
production du pétrole et le recul des prix des produits de
rente0. Il semblerait que c'est un secteur qui échappe au
contrôle de l'Etat0. Ainsi, les pratiques illégales et
la corruption le minent profondément0. Les
conséquences sont tangibles. En effet, une étude de la FAO
publiée en 1999 révèle que le pays perd chaque
année la moitié des revenus qu'il devrait percevoir si des
mécanismes de contrôles efficaces existaient0.
D'importantes sommes d'argent qui doivent gonfler le budget du pays s'envolent
dans l'illégalité. Il est temps pour l'histoire de contribuer
à l'assainissement de ce secteur. En plus, le bois n'est pas la seule
richesse qu'on puisse tirer de la forêt. Il y a les produits
pharmaceutiques, les produits alimentaires commercialisables, bref des produits
forestiers non ligneux (PFNL). Les pouvoirs publics ou privés peuvent
développer l'éco-tourisme dans ce secteur, ce qui s'avère
plus rentable que la récolte du bois industriel. Et qui d'un seul coup
permettra la diversification des ressources forestières entrainant par
la suite la réduction de l'exploitation du bois. Ainsi le Cameroun
pourrait amorcer le développement durable. Ce constat de la contribution
évidente de la forêt à la conduite du Cameroun vers les
ambitions visées d'aboutir à un Etat émergent a
suscité en nous l'envie d'édifier les populations et les
autorités sur la possible rentabilité d'une exploitation
réglementaire et transparente des produits forestiers.
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