3-2 Résultats des investigations
Dans le cadre de notre enquête de terrain, nous avons
interviewé plusieurs individus qui sont susceptible de mieux nous
éclairer sur la question des occupants sans droits ni titres. Ainsi,
nous avons rencontré Monsieur David Dumeau qui est salarié du
GIP-Bordeau Métropole. Nous avons également rencontré
Monsieur Patrick Boude qui travail au sein de l'entreprise SUEZ, la même
chargée de la gestion de l'eau au sein de la Métropole. Il est le
responsable du service social de l'entreprise. Ces personnes sont les seuls qui
ont bien voulu nous accorder des entretiens dans le cadre de notre
démarche d'investigation. En effet, notre désir d'information
nous a emmené à demander des entrevues avec des personnes
travaillant aussi bien à la préfecture, à la région
et dans les mairies comme Madame Céline FLOSCH, Directrice du CADA,
Monsieur Karl CAUSON qui travaille à la préfecture et
chargé des questions squats et bidonvilles, la Vice-présidente de
Bordeaux Métropole en charge de l'eau...
Du croisement de l'analyse de ces deux entretiens, 2 sujets
nous paraissent importants : ? Une multiplicité d'obstacles
freine l'élan des personnes susceptibles de résoudre le
problème : la solution n'est pas que politique
Dans nos questions de départ, nous affirmions que les
autorités politiques manquaient de volonté en ce qui concerne
l'accès à l'eau et à l'assainissement dans les squats et
bidonvilles. Or dans nos entretiens, on relève que l'inaction des
autorités ne se résume pas seulement à la volonté
politique mais à d'autres facteurs qui rendent la résorption du
problème compliqué. Même si l'association Dynam'eau ne
bénéficie pas d'une subvention de la métropole pour
financer les toilettes mobiles ou installer des robinets dans des squats, il
n'en demeure pas moins vrai que les autorités politiques ont conscience
de l'acuité de la question et réfléchisse à sa
résorption. Mais il y a plusieurs facteurs qui viennent freiner la
volonté de ces derniers.
Premièrement, toute action pour l'accès à
l'eau dans les squats et bidonvilles se heurte au problème de la
propriété du terrain squatté. En effet, soit que le
terrain ou l'immeuble appartient à l'Etat ou à un privé,
la possibilité d'action dépend de la volonté des
propriétaires. C'est ainsi qu'il arrive que des propriétaires
privés refusent tout installation sur leurs biens parce qu'ils ont la
crainte d'une installation définitive des squatteurs ou parce qu'ils y
ont prévus des projets imminents. Dans bien des cas, il arrive que ce
soit les maires qui interdissent toute action en faveur des habitants d'un
squat dans l'espoir de les voir quitter le lieu. C'est le cas pour un squat
situé à Mérignac pour lequel le propriétaire
était d'accord pour l'installation
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La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
des robinets d'eaux mais le maire s'y est opposé. Une
telle posture ralentie par exemple la volonté de l'entreprise
délégataire SUEZ d'installer des robinets dans les squats
à titre gracieux.
Secundo, Il n'est pas toujours évidents de reconnaitre
un squat et la majeur partie des squatteurs n'ont pas connaissance des
dispositifs de veille social. Il reste donc dans l'anonymat et ne sont pas
connus des autorités. Il y a la peur de l'expulsion entre autres qui
explique cet état de chose. Les associations deviennent donc l'interface
entre les structures étatiques et les bénéficiaires.
En plus, nous avons l'aspect financier de la question.
Investir dans les squats semble constituer une sorte de gaspillage de fond
parce que les squats sont sujets à évacuation. Et la
préfecture s'inscrit dans une démarche d'opacité en ne
communiquant pas aux associations les dates d'expulsions prévues. Du
coup, à chaque expulsion correspond un nouveau squat. La crainte, c'est
de voir les associations ou les squatteurs ester en justice pour exiger leur
relogement. Mais aussi de constater que les investissements ont
été inutiles.
Un autre facteur qui freine l'action des politiques, c'est le
problème de la mobilité des squatteurs. Il y a une sorte de
clanisme dans les squats multiculturels. Il devient donc impossible pour les
associations ou les politiques de s'adresser à un interlocuteur
précis. Parce que ce dernier peut à tout moment changer de
squat.
? Le plaidoyer doit être associé à
plusieurs d'autres actions pour être efficace
La vision que nos interlocuteurs ont du plaidoyer et de
l'activité associative pour l'accès à l'eau et à
l'assainissement s'inscrit dans une sorte de relativisme. Essentiellement, ils
avancent les mêmes idées pour ce qui est de l'efficacité de
l'action de plaidoyer ou non. Dans notre cas actuel, la réponse à
notre problématique semble mitigée.
Le squat en lui-même est déjà un plaidoyer
car il met à nue le problème de la précarité des
membres de la société. Et l'activité associative vient
donc constituer l'interface entre les autorités et les personnes vivant
en squat. D'une certaine façon, la question de l'efficacité de
l'action de plaidoyer reste difficilement mesurable dans l'immédiat mais
plutôt dans la durée. C'est pourquoi il soutient que le plaidoyer
est inefficace dans le cas où il y a encore des squats qui sont sans eau
et sans assainissement et que les squatteurs ne sont pas forcément
relogés. Mais il soutient aussi que le plaidoyer est bien efficace en ce
sens que les actions des associations et de Dynam'eau ont permis de pointer le
doigt sur un problème sociétal et que les autorités
politiques ont inscrit désormais la problématique dans leur
agenda politique. Patrice BOUDE de SUEZ va dans le même sens. Seulement,
il pointe le doigt sur le fait qu'il y a encore des squats ou des personnes
vivantes en squats. Pour lui, il a encore un travail énorme à
accomplir dans ce sens. Et c'est là que s'inscrit toute la
nécessité de réfléchir sur les axes de
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La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
plaidoyer et leur importance. Si la finalité du
plaidoyer réside dans le besoin d'influencer et d'inciter les
politiques, on peut dire que le plaidoyer seul ne suffit pas pour relever le
défi. Il faut que le plaidoyer soit joint à d'autres actions pour
escompter une quelconque réussite
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