2) La question de la pertinence du projet
Le projet accès à l'eau et à
l'assainissement des occupants sans droits ni titres en Gironde constitue en
soi une sorte d'innovation. L'action humanitaire doit se faire avant tout sur
son propre territoire avant d'être porté vers d'autres horizons.
En étant bénévole de l'ordre de malte à Poitiers
durant une activité d'hiver auprès des personnes
vulnérables, nous avons compris combien il importe d'aller vers les
misères qui sont sous nos yeux. En cela, le projet de Dynam'eau est une
vrai prouesse. Il s'agit de permettre à des individus qu'on feint
d'ignorer de pouvoir vivre décemment. Même si les
bénéficiaires du projet semblent n'être que les occupants
sans droits ni titres, on peut dire que les bénéficiaires
secondaires sont les voisins directs ou les populations bordelaise en
générale. Nous avons une telle idée parce que les maladies
dues à l'insalubrité et au manque d'insalubrité peuvent
constituer un risque pour toute personne entrant en interaction avec ces
individus. Médecins du Monde faisait dans l'un de ses rapports sur la
mission squat dans Gironde que tout un groupe de squatteurs fut
contaminés par une fièvre d'hépatite. Les activités
et actions préconisés par le projet sont donc d'une certaine
utilité qu'on ne saurait ne pas le leur reconnaitre.
Par contre, une question reste et semble peindre ce projet
d'une certaine couleur d'impertinence. En effet, les squats sont des lieux de
vie certes, mais il n'est pas dans l'intérêt des occupants sans
droits ni titres d'y vivre perpétuellement. Assurément, un
changement de situation meilleure les incitera forcément à
quitter ce monde de risques continuels. Sauf aux cas où il s'agirait des
personnes ayant tendance à vivre en marge des règles de la
société. Secundo, les squats sont régulièrement
sujets à évacuation. Ce qui constitue une situation de mouvement
continuel pour les squatteurs. A chaque expulsion correspond un nouveau squat
sauf en cas de
39
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
prise en charge par les services publics compétents.
Alors quel est l'intérêt d'investir des fonds pour réaliser
des infrastructures qui peut-être dans les jours ou mois qui suivent,
seront démolis ou inusités ? En quoi les activités du
projet impacteront durablement ces individus. En d'autres termes, le projet
a-t-il un impact significatif et durable sur les bénéficiaires
?
On est bien tenté de s'inscrire en faux en tenant
compte des raisons précitées. Une telle posture est bien juste en
ce sens que le problème des occupants sans droits ni titres ne constitue
pas en soi un problème d'eau, mais d'acceptation, d'accueil, de
reconnaissance, de logement, de travail, un problème de
dignité...Au fait, les besoins de ces personnes dépendent de la
particularité de chacun d'eux. Nous ne sommes pas sans savoir que la loi
française interdit l'embauche des personnes sans papiers pour ce qui les
concerne par exemple. Comment faire sortir ces personnes de la
précarité sans leur permettre d'avoir une source de revenus pour
subvenir à leur besoin et sortir de la déchéance.
L'idéal serait donc de poser des actions pour un logement des occupants
sans droits ni titres. Nous voulons dire ici, qu'au lieu de penser « eau
», il faudra penser « eau et logement ». La thématique
« eau » et la thématique « logement » doivent aller
de pair. Dans le cas échéant, se serait peine perdu.
Mais là se trouve toute la nuance. Les porteurs du
projet s'inscrivent dans une démarche de progression. En effet,
malgré toutes les dispositions existantes et dont la mise en oeuvre
permettrait assurément l'hébergement de ces individus, il nous
parait vain voir absurde de demander aux autorités publiques de loger
toutes ses personnes. Une chose est claire, c'est qu'ils n'ont pas le
désir de le faire. Ils sont pertinemment informés de l'existence
de ces personnes et de la disponibilité de logement. Il est clair qu'il
sera très difficile pour les autorités de faire des installations
aux frais du contribuable lambda dans des installations non
sécurisées, invivables et de surcroit interdits à
l'habitation. Ce serait se dédire en ne respectant pas les normes minima
en vigueur.
Alors, à défaut d'atteindre un objectif qui
semble irréaliste et trop ambitieux, il serait bien de procéder
en crescendo, c'est-à-dire du moindre au plus élevé. Ici,
à défaut de pouvoir obtenir un logement pour chaque individu, le
projet envisage de mettre à dispositions de ces personnes le minima pour
vivre décemment. Il y va du droit à la vie, à la
santé de ces individus.
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