La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Département de géographie
UNIVERSITE DE POITIERS UFR SCIENCES HUMAINES ET
ARTS DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE LABORATOIRE MIGRINTER
Master Migrations internationales
Spécialité professionnelle ;
Conception de projets en coopération pour
le développement
La mise en place d'une stratégie de
plaidoyer pour l'accès à l''eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Présenté par : Monsieur TOÏ
Sewanou Patient Germain Sous la direction de :
Nathalie KOTLOCK, Maitre de Conférence
au département de géographie, Directrice du master MICP et
Membre du laboratoire MIGRINTER
Maxime GHESQIERE, Coordonnateur de projet et
Président de l'association Dynam'eau
Promotion : 2017-2018 Date de soutenance
: 27/09/18
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La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
DEDICACE
A ma mère BOKO Pierrette, en reconnaissance de la
vie donnée, des sacrifices et souffrances endurées pour le
bonheur de tes enfants. Ce travail est la matérialisation de ta
présence continuelle à mes côtés. Sois en
fière. Avec toute ma filiale affection.
A Julie ROUSSEAU, l'amie rencontrée sur le chemin
de la vie. Dans ce pays où je suis un migrant, tu as changé mon
vêtement d'étranger en celui de « citoyen du monde ».
Reçois ici toute ma reconnaissance pour ton soutien, ton amitié,
ton humanité.
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pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Remerciements
> Je voudrais remercier le consulat de France au
Bénin pour m'avoir accordé la bourse d'étude sans
laquelle, je n'aurai pas l'occasion de suivre cette formation.
> Je voudrais exprimer ma reconnaissance à toute
l'équipe de l'association Dynam'eau en particulier à son
Président, Monsieur Maxime GHESQUIERE, dont la rigueur et la
disponibilité ont été le moteur de ce rapport de stage.
> Mes sincères remerciements à l'endroit de
Madame Nathalie KOTLOCK, Responsables du master MICP pour ses conseils et sa
disponibilité tout au long de cette année universitaire.
> Mes profondes gratitudes à Madame Krystel MALEGUE,
Directrice plaidoyer de l'ONG Eau Vive International et Monsieur Nicolas
BRODEUR, responsable du Master Coopération International et
Développement à Sciences Po Bordeaux, pour leurs
disponibilités, conseils et orientations dans la rédaction de ce
rapport.
> Mes remerciements à l'endroit de Monsieur Philippe
VENIER et de tout le staff enseignant du master MICP pour la qualité de
leurs interventions.
> Mes remerciements et encouragements vont également
à l'endroit de mes collègues de promotion pour la qualité
de nos échanges, les moments de stress partagés, mais surtout
pour la dynamique de groupe.
> Ma gratitude va également à l'endroit de ma
soeur Valérie TOÏ, de ma nièce Faosiath MOUSSE, Juliette
DOSSOU, Audrey PONS, Boris AGOSSOU, Téophane KOUDJENOUMIN, Tiburce
GOMIDO, Elvicio MOUGADI, des membres de MAEVA Poitiers, de membres de l'AMBEP,
de la famille BAYALA et de tous mes amis pour leurs soutiens et conseils de
prêt ou de loin.
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Liste des sigles et acronymes
AVF Agriculteurs et Vétérinaires
Sans Frontières
ONG Organisation Non Gouvernementale
UNICEF Organisation des Nations Unies pour
l'Enfance
ADA Allocations pour Demandeurs d'Asile
GUDA Guichet Unique pour Demandeurs d'Asile
ODD Objectif du Développement Durable
OFII Office Français de l'Immigration et
de l'Intégration
ONU Organisation des Nations Unies
OMS Organisation Mondial Pour la Santé
DIHAL Directoire Interministériel pour
l'Habitat et le Logement
PIDESC Pacte International des Droits
Economiques, Sociaux et Politiques
GIRE Gestion Intégrée des
Ressources en Eaux
CB Comité de Bassin
CNE Comité National des Eaux
CLE Comité Local de l'Eau
SDAGE Schémas Directeurs
d'Aménagements et de Gestion des eaux
SAGE Schéma d'Aménagement et de
Gestion des eaux
EPCI Etablissement Public de Coopération
intercommunale
ECSI Education à la Citoyenneté et
à la Solidarité Internationale
SIAEPE Syndicat Intercommunal d'Adduction d'Eau
Potable et d'Assainissement
RRAM Réseau Régional Multi
Acteur
TBQ Toilettes se Bougent le Q
DNA Dispositif National d'Accueil des Demandeurs
d'Asile
SPADA Structure de Premier Accueil des
demandeurs d'Asile
GUDA Guichet Unique pour Demandeurs d'Asile
CADA Centre d'Accueil des Demandeurs d'Asile
CRDI Centre de Recherche pour le
Développement International
CJA Code de la Justice Administrative
OFPRA Office Français de Protection des
Réfugiés
CASF Code de l'Action Sociale et de la
Famille
OPC Offre de Prise en Charge
PDAHI Plan Départementaux d'Accueil,
d'Hébergement et d'Insertion
OQTF Obligation de Quitter le Territoire
Français
PDALHPD Plan Départementale d'Action pour
le Logement et l'Hébergement des Personnes Défavorisées
INSEE Institut National de la Statistique et des
Etudes Economiques
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La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
SOMMAiRE
INTRODUCTION 7
CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE DU DROIT A L'EAU ET SA
MISE EN RELATION AVEC LA SITUATION DES OCCUPANTS SANS DROITS NI
TITRES EN GIRONDE 14
I. L'EAU : UNE RESSOURCE INDISPENSABLE 14
II. LE DROIT A L'EAU ET A L'ASSAINISSEMENT : UN DROIT CONSACRE
16
III. LES OCCUPANTS SANS DROITS NI TITRES : DE LA SEMANTIQUE A
LA
REALITE 27 CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE DU DROIT A
L'EAU ET SA MISE EN RELATION AVEC LA SITUATION DES OCCUPANTS SANS DROITS
NI
TITRES EN GIRONDE 33
I. PRESENTATION ET DIAGNOSTIC DE L'ASSOCIATION DYNAM'EAU 33
II. LE PROJET « ACCES A L'EAU ET A L'ASSAINISSEMENT DANS
LES
OCCUPATIONS SANS DROITS NI TITRES EN GIRONDE 38
III. LE PLAIDOYER : UNE STRATEGIE DE CHANGEMENT 43
IV. PLANIFICATION DES STRATEGIES D'ACTION POUR L'ACCES A L'EAU
ET A
L'ASSAINISSEMENT DES OCCUPANTS SANS DROITS NI TITRES 45
CONCLUSION 61
6
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
INTRODUCTION
Etudiant en master professionnel « Migrations
internationales » spécialité : Conception de projets en
coopération pour le développement, nous avons effectué un
stage en vue de la validation de notre formation. Le stage en effet constitue
une période d'apprentissage pour l'étudiant qui l'effectue
suivant les exigences de sa formation. C'est une période de mise en
situation professionnelle de l'étudiant qui s'inscrit dans notre cas
dans l'attribution de crédits pour la validation de l'année
universitaire 2017-2018. Le stage a pour finalité l'acquisition de
compétences précises liées à notre domaine de
formation. Il devra donc avoir des répercussions sur nos
compétences et qualités personnelles. C'est dans ce cadre que
nous avons eu l'opportunité d'effectuer un stage de 3 mois au sein de
l'association Dynam'eau du 03 juillet au 24 septembre 2018 entant que
Chargé du plaidoyer. Ce rapport problématisé est le fruit
des réflexions que nous avons mené durant ce stage.
Notre intérêt pour l'association s'inscrit dans
la dynamique du projet associatif qui l'anime mais surtout dans la mission
qu'elle s'assigne. En effet, Dynam'eau est une association de loi 1901
créé en 2010 dont l'objectif est d'oeuvrer pour un accès
de tous à l'eau de façon équitable. Elle se veut
défenseur des droits humains mais surtout du droit de tous à
l'eau et à l'assainissement. Elle mène des actions pour un
accès de tous à l'eau aussi bien sur le territoire
français qu'international. L'association est née du désir
de ses membres de lutter pour le respect des droits liés intimement
à la dignité des couches défavorables de la
société à travers la conduite de microprojets pour
l'accès à l'eau dans le monde.
Les actions de Dynam'eau auprès des occupants sans
droits ni titres s'inscrivent dans une dynamique d'action de
développement de la personne humaine à travers les
défenses des droits humains. On ne peut concevoir qu'au
21ème siècle en France, que des individus soient
privés de l'élément le plus essentiellement à la
survie de l'humanité : l'eau et son corollaire l'assainissement. Et
c'est bien là que se trouve toute notre interrogation.
L'eau est une denrée élémentaire
présente en tout temps dans notre vie. Que dis-je, l'eau c'est la vie.
Elle nous est tellement familière qu'on en oublie des fois l'importance.
L'eau est constamment une nécessité pour l'humanité. Primo
LEVI n'hésitera pas à soutenir que « L'eau, est
lié à l'homme, plus, à la vie par une familiarité
de toujours, par un rapport de nécessité multiple en vertu duquel
son unicité se dissimule sous le vêtement de l'habitude
»1. Nous voyons à travers ces quelques mots combien
l'eau, aussi ordinaire soit-elle, est liée intrinsèquement
à
1 Primo LEVI, le système
périodique, le livre de poche, 1975, p.150
7
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des occupants sans droits ni titres en Gironde
l'existence humaine. L'eau est consubstantielle à la
vie humaine. Malgré toute la banalité qui la caractérise,
elle a une valeur inexprimable pour le genre humain. C'est pourquoi certaines
civilisations voir religions la considèrent comme source de vie et de
pureté. Elle est omniprésente dans toutes les manifestations
à caractères religieuses de nos sociétés. C'est
d'ailleurs pourquoi Marcel Griaule en fera une apologie en ces termes : «
La force vitale de la terre est l'eau. Dieu a créé la terre
avec de l'eau. De même, il fait du sang avec de l'eau. Même dans la
pierre, il y a cette force ».2
Au-delà de tout cela, nos civilisations se sont
forgées autour des cours d'eau. Ceci dans l'optique de la satisfaction
de nos besoins vitaux mais aussi de conforts (nourriture, circulation). On peut
même affirmer que l'eau unie les peuples et les met en relation de
fraternité. En bref, on est tenté d'affirmer avec forte
conviction que l'eau c'est la vie et son importance n'a pas d'égale dans
l'existence humaine. En plus de toute ces vertus, l'eau constitue un enjeu de
développement en ce sens qu'elle intervient dans tous les
paramètres du développement. Il n'y a pas de développement
sans un accès aux ressources hydriques. L'eau est à la commande
du développement dirons-nous. Avec une telle importance, imaginons un
seul instant que des individus en soit privés. C'est d'ailleurs
là toute la justesse de ces mots : « Si vous interrompez
l'alimentation en pétrole, ce sont les moteurs qui s'arrêtent ;
mais si vous interrompez l'alimentation en eau, c'est la vie qui s'estompe
» dixit Kamran Iman (ministre turc d'avant 1990). Il importe donc
d'oeuvrer pour un accès de tous à l'eau et à
l'assainissement.
1) Contexte
Depuis quelques années, la problématique de
l'accès à l'eau et à l'assainissement a commencé
à émerger dans la sphère politique internationale voir
national. Beaucoup de situations ou de prévisions incitent les
organisations internationales à s'interroger sur la disponibilité
de la ressource pour tous. Ce qui constitue une prise de conscience progressive
de l'enjeu que revêt cette ressource si banale mais essentielle à
la survie de l'humanité. Cette prise de conscience progressive a
donné lieu à l'inscription du droit à l'eau et à
l'assainissement dans plusieurs documents internationaux. Mais cela a surtout
donné lieu à la reconnaissance de droit à l'eau comme
essentiel à l'atteinte de tous les autres droits liés à la
vie et à la dignité humaine. L'accès à la ressource
en eau est donc la question vitale par excellence3. Une telle prise
de conscience aussi lente et progressive soit-elle est bien légitime
d'autant plus que les effets du changement climatiques sont d'une dureté
sans pareil. En effet, l'humanité fait face à une
2 Marcel GRIAULE, Dieu d'eau, Fayard, 1975,
p.22
3 Assemblée Nationale Française,
commission du développement durable, rapport d'information no
1101, juin 2018, P. 11
8
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
dérégulation du climat à cause du fait de
l'homme. La pollution, le gaspillage et la surexploitation des ressources en
eau sont à l'origine de l'amenuisement des ressources en eaux
disponibles de la planète. Mais ce problème se pose avec plus
d'acuité dans les pays du Sud et les pays qui disposent de maigres
ressources en eau comme les pays du Sahel et du Moyen-Orient. Le
développement industriel avec comme corollaire le gaz à effet de
serre participe du dérèglement climatique, le gaspillage, la
surexploitation ont tous pour conséquence la raréfaction des
pluies, le tarissement des eaux et l'aggravation de la sécheresse. Tout
ceci accentue le problème de l'inaccessibilité de la ressource
eau. Nous ne devrions pas perdre de vue que même si la terre est
recouverte d'eau, seule une infime partie de cette eau est de l'eau douce et
donc consommable. Cette infime partie de l'eau douce disponible sur la
planète est inégalement répartie sur la planète. Ce
qui veut dire que la mobilisation de la ressource pour tous et partout n'est
pas une réalité en soi. Au moment où certains pays
disposent de l'ingénierie nécessaire pour l'approvisionnement en
eau, d'autres sont dans l'incapacité de financer des infrastructures
pour l'accès à l'eau de leur population.
Nous voyons poindre là le problème de la crise
sanitaire mondiale. Laquelle crise est intimement liée au
problème de la disponibilité de l'eau dans certaines
régions du monde. En juillet 2017, dans un communiqué de presse
publié à Genève, l'OMS et l'UNICEF faisait savoir au monde
entier que 4,5 milliard soit 60% de la population mondiale ne disposait pas de
service d'assainissement dans le monde et que 30% n'avait pas accès aux
services domestiques d'alimentation en eau potable4. Ceci est
à la base du taux élevé de mortalité et de maladie
diarrhéiques dans certaines régions du monde en occurrence
l'Afrique, l'Asie et l'Amérique latine. Ce problème touche dans
une moindre mesure aussi l'Europe. La section Européenne de l'OMS
soutient que chaque jour, 14 personnes meurent en Europe de maladies
diarrhéiques qui sont imputables à la mauvaise qualité de
l'eau et de l'assainissement ainsi qu'au manque d'hygiène5.
Ce qui relève d'une surprise en ce sens qu'il est impensable que des
individus meurent pour des raisons de manque d'assainissement ou de
qualités des eaux en Europe. Ceci est la résultante de la
persistance du non-respect du droit à l'eau et à l'assainissement
en Europe.
Sur le territoire français, ce droit reste encore
imparfaitement respecté. Même si presque la quasi-totalité
de la population française dispose d'eau et d'assainissement, il n'en
demeure pas moins vrai que environs 100.000 personnes n'ont pas accès
à l'eau et à l'assainissement sur
4
http://www.who.int/fr/news-room/detail/12-07-2017-2-1-billion-people-lack-safe-drinking-water-at-home-more
-than-twice-as-many-lack-safe-sanitation consulté le 23 Aout 2018
5
http://www.euro.who.int/fr/health-topics/environment-and-health/water-and
sanitation / news / news / 2017 / 03/ world-water-day-good-health
consulté le 23 Aout 2018
9
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
le territoire6. Il s'agit essentiellement des sans
domiciles fixes et des personnes vivant en habitation précaire ou
habitants sans droits ni titres. Toutes ces personnes vivent dans des
conditions inhumaines et dégradantes. Elles sont dans
l'incapacité d'accéder à l'élément essentiel
à toute vie humaine ou en sont privées. Ces personnes vivent pour
la plupart dans des bidonvilles ou squats ou sur des terrains sans titres. Ce
qui accentue encore plus leur vulnérabilité. Surtout qu'elles
sont rejetées, discriminées et laissées pour compte en
raison de leur origine ou situation de précarité. Par exemple,
beaucoup d'enfants vivants en bidonvilles ou squats ne sont pas
scolarisés parce qu'en absence de système d'assainissement,
d'eau, ils vivent dans une insalubrité sans pareil. Leur présence
indispose leurs camarades : d'où les discriminations et autres
traitements négatifs. Tout ceci participe du rejet systématique
des personnes migrantes constaté dans les discours politiques. Et
pourtant, les personnes vivantes en bidonvilles ou squats ne sont pas que des
migrants, il y a aussi des français.
En décembre 2017, la Délégation
Interministérielle à l'Hébergement et à
l'Accès au Logement (DIHAL) estimait à 14.825 le nombre de
personnes vivant en squat et bidonvilles en France métropolitaine et
dénombrait 571 bidonvilles et squats7. Dans le
département de la Gironde, le nombre d'occupants sans droits ni titres
est estimé par le DIHAL à 994 individus. Ce chiffre ne correspond
pas à l'avis des associations de défense des droits humains
présentes qui estiment que le nombre est plus élevé qu'il
ne le parait. Le collectif d'associations Action Bord'Eaux estime le nombre de
squatteurs à plus de 1200 âmes8 alors que le GIP
Bordeaux Médiation l'estime à plus de 20009.
Ces personnes appelés « occupants sans droits ni
titres » vivent dans des conditions les plus inimaginables possibles. Ils
ne jouissent pas de leur droit le plus élémentaire ! Pourtant,
ils vivent dans un pays reconnu pour être pays des droits de l'homme. Ne
pas pouvoir accéder à une ressource aussi vitale comme l'eau
constitue une atteinte à la dignité humaine. Les habitants des
squats et bidonvilles sont considérés comme des personnes en
marge de la société qui ne bénéficie pas de
l'attention des autorités. On feint de ne pas les voir ou de les oublier
pour ne pas faire face au problème qu'ils constituent.
C'est là que s'inscrit la dynamique du projet de
l'association Dynam'eau. En effet, depuis 2015, l'association Dynam'eau est
porteur d'un projet en collaboration avec Médecins du Monde et France
Liberté sur l'accès à l'eau dans les occupations sans
droits ni titres de la
6 Assemblée Nationale Française, OP.
Cit, juin 2018, P. 108
7
https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piecejointe/2018/03/recensement_campements_-_decembre_2017_final_v2.pdf
8 Action Bord'eaux, Dossier de presse : Parlons de
l'accès à l'eau au sein de Bordeaux Métropole, Mars 2017,
P.5
9 Entretien avec David DUMEAU, Salarié du GIP
Bordeaux Médiation
10
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Gironde. L'objectif du projet, c'est de faire en sorte que les
occupations sans droits ni titres soient équipées
d'infrastructures hydriques et raccordées aux réseaux
d'assainissement publics. Une telle action s'inscrit dans la droit ligne du
projet associatif de l'association dont l'objectif est de « soutenir,
accompagner les populations dans l'obtention de l'eau potable, de
système d'assainissement, d'adduction d'eau et l'installation
d'équipements sanitaires »10.Nous avons donc
décidé de réfléchir sur les actions à
menées pour permettre à ces personnes de bénéficier
du minimum nécessaire pour une vie décente et digne.
2) Problématique
Durant le stage, nous étions appelé à
nous intéresser aux activités de l'association. Notre dilemme
était de choisir de travailler soit sur les projets internationaux ou
sur les projets locaux de l'association. Après plusieurs
réflexions et discussions avec le responsable de la structure, nous
avons pris l'option de nous intéresser aux projets locaux en occurrence
le projet « accès à l'eau et à l'assainissement des
occupants sans droits ni titres dans le département de la Gironde
».
Ce sujet nous a intéressés parce que cela
renvoie à la mise en oeuvre d'un des objectifs de développement
durable (ODD) sur le territoire français. Il s'agit de l'ODD 6 :
Garantir l'accès de tous à l'eau et à l'assainissement et
assurer une gestion durable des ressources en eau. Ce choix est parti de la
surprise que nous avons eu en prenant connaissance de l'existence sur le
territoire de bidonvilles ou squats, mais surtout du fait que des individus
n'aient pas accès à l'eau et à l'assainissement dans un
pays développé et qui de surcroit aide les autres pays pauvres
à atteindre cet objectif 6 des ODD. Nous avons donc décidé
de commun accord avec le président de l'association Dynam'eau de nous
pencher sur la question et de participer à la réflexion sur les
mécanismes de sa résorption. L'association Dynam'eau peine en
effet à trouver des financements pour assurer aux occupants sans droits
ni titres un accès effectif à l'eau et à l'assainissement.
Encore qu'une telle activité ne relève pas de ses
compétences. Il ne revient pas à l'association d'installer des
robinets ou de raccorder les squats ou bidonvilles aux réseaux
d'assainissements des villes. Ce service public est dévolu aux communes
qui l'exercent dans le cadre des intercommunalités. A partir de cet
instant, plusieurs interrogations ont surgis en nous :
- Quelles sont les actions à entreprendre pour inciter
les personnes susceptibles
d'induire un changement à s'intéresser de plus
près aux sorts des occupants sans
droits ni titres.
10 Association Dynam'eau, Projet associatif, P.9
11
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
- Comment lever les obstacles à l'accès à
l'eau et à l'assainissement des squats et bidonvilles de la Gironde ?
- Une action de plaidoyer constitue-t-elle la meilleure
stratégie à adopter ?
3) Hypothèse
La problématique de l'accès à l'eau et
à l'assainissement doit constituer une préoccupation majeure pour
les autorités publiques en charge du service de l'eau et de
l'assainissement. Il n'y a pas de doute sur le fait qu'ils sont informés
de l'existence des squats et des besoins qu'expriment leurs occupants. Nous
partons donc du fait qu'il y a un manque de volonté de la part des
autorités pour résorber le problème.
Une action de plaidoyer pourrait permettre d'attirer
l'attention des décideurs politiques et administratifs sur la question.
En effet, les ONG et associations intervenants dans la défense des
droits humains ou dans l'aide au développement usent de plusieurs moyens
pour conduire les individus détenteurs du pouvoir d'agir en faveur d'une
cause particulier. L'association Dynam'eau ne déroge pas à cette
particularité.
4) Méthodologie de travail
Pour répondre à ces différentes
interrogations et surtout procéder à la vérification de
notre hypothèse de départ. Nous avons pris l'option d'user de
plusieurs outils. Il nous faut d'abord souligner que l'objectif ce rapport
s'inscrit dans la nécessité de trouver une solution
adéquate aux problèmes de non-accès à l'eau et
à l'assainissement dans les bidonvilles et squats de la Gironde. Nous
réfléchirons à la mise en place d'une stratégie qui
impactera réellement les décideurs politiques et de ce fait qui
permettra de répondre au problème posé.
C'est pourquoi, nous avons fait en premier lieu de la
recherche documentaire. Une politique d'action ne peut faire abstraction des
textes de lois en vigueur puisque le changement espéré doit
être conformes aux lois aux risques de ne jamais être pris en
compte. Cette recherche documentaire nous a incités à lire des
documents de l'association Dynam'eau et à faire des recherches sur
internet. Cette recherche documentaire nous a permis de mieux comprendre la
question du droit à l'eau et à l'assainissement et sa mise en
oeuvre. Ça nous a aussi permis de comprendre l'enjeu que constitue
l'épineux problème des occupants sans droits ni titres sur le
territoire français.
En plus de la recherche documentaire, Nous avons dans un
second temps décidé de prospecter au travers d'une enquête
le terrain. Ainsi, nous avons ciblé des personnalités en lien
avec le projet et susceptibles de nous éclairer sur le sujet. Comme
outil d'investigation, nous avons choisi l'entretien semi- directif. L'objectif
étant de recueillir une série d'informations sur
12
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
le problématique de l'accès à l'eau des
occupations sans droits ni titres à partir d'un dialogue orienté
par un guide d'entretien préalablement construit. En plus des
entretiens, nous avons eu plusieurs entretiens avec le président de
l'association Dynam'eau. Dans le cadre de ces différents entretiens,
nous avons fait l'option d'enregistrer les personnes extérieures
à l'association. La particularité ici, c'est que nous avons
dû réaliser des grilles d'entretien en tenant compte de la
spécificité de chaque enquêté c'est-à-dire de
la structure dans laquelle il exerce une mission. Nous avons en effet
jugé qu'il serait peu efficace de réaliser une même grille
d'entretien pour des individus travaillant dans des structures
différentes à cause de l'approche différente de la
question qui les caractérise.
Nous avons également fait de l'observation en
participant à des actions dans les squats. Cela nous a permis de nous
rendre compte de la réalité du problème mais surtout de
son acuité. Le besoin d'eau et d'assainissement constitue une
nécessité pour ces personnes et il est primordial de
répondre à ce besoin ou de reloger ces personnes.
Enfin, nous avons procéder à de la photo
élicitation pour donner un caractère visuel à nos propos.
Ces photos permettront aux différents lecteurs de toucher du doigt la
réalité des faits. Nous avons pris soin d'éviter que les
visages des squatteurs apparaissent sur les photos en les masquant.
Au regard de tout cela, nous avons décidé
d'aborder la question sous deux angles principaux. Dans un premier chapitre,
nous prendrons connaissance du concept de droit à l'eau et à
l'assainissement et de sa mise en oeuvre. Ce qui nous permettra de faire un
focus sur les occupants sans droits ni titres ainsi que leur relation avec la
problématique en question.
Dans un second chapitre, nous avons abordé la question
de la stratégie la stratégie à adopter.
13
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE DU DROIT A L'EAU ET SA
MISE EN RELATION AVEC LA SITUATION DES OCCUPANTS SANS DROITS NI TITRES EN
GIRONDE
Avant d'aborder la question de la stratégie à
aborder, nous pensons qu'il faut comprendre deux situations bien
précises : le problème de droit à l'eau et à
l'assainissement et celui des occupations sans droits ni titres de Gironde. Ces
deux problématiques sont en réalités la raison de la
nécessité de la mise en place d'une stratégie à
l'endroit de toute personne ou structure détenteur du pouvoir d'agir.
I) L'EAU, UNE RESSOURCE INDISPENSABLE
1) L'eau : une ressource vitale pour le
développement
En plus du caractère de nécessité qui la
revêt, l'eau soulève d'autres problématiques qui font
d'elle un enjeu stratégique et politique majeur au niveau national et
international. Ceci s'explique par le nombre pléthorique de sommet
mondiaux et autres sur l'eau. L'eau est au centre du développement, mais
surtout de la survie de l'humanité. Elle commande le
développement. C'est donc à juste titre qu'on la nomme l'«Or
bleu». A première vue, l'on serait tenté d'affirmer
d'emblée que l'eau est disponible en quantité suffisante sur la
terre et qu'il n'y a pas des raisons de s'en inquiéter. On peut
même se demander la légitimité de ces nombreux sommets sur
l'eau. D'ailleurs, les scientifiques n'appellent-ils pas la terre la
planète bleu en raison de l'immense quantité d'eau qui la
recouvre ?
On comprend à travers ces quelques mots toute la valeur
que revêt l'eau. Elle maintien la survie de l'espèce animale et
végétale, elle est en amont et en aval de toutes nos
activités humaines. L'eau, c'est la vie tout simplement. Mais a-t-on
raison de s'inquiéter quant à la disponibilité de cette
ressource pour tous ?
Telle semble être la raison des inquiétudes de la
communauté internationale en la matière. Si nous tenons compte de
la réalité, nous sommes appelés à admettre les
disparités énormes qui concerne la question hydrique. En effet,
La terre regorge de beaucoup de cours d'eau. Nous sommes même
tentés de dire qu'elle est très abondante sur la planète
terre. Car, 75% de la surface de la terre est couverte d'eau. Mais la presque
totalité de cette eaux est impropre à la consommation humaine.
97,2% de l'eau présente sur terre est salée et donc impropre
à la consommation. Seul 2,8% est de l'eau douce. Et cette infime part
d'eau douce est inégalement répartie sur la planète.
« Un tiers de la population mondiale est privé d'eau potable. 1,1
milliard de personnes réparties dans 80 pays, n'ont pas accès
à une eau salubre, voyant leur développement entravé par
ce problème. Dans certains pays, moins de 40 % de la population a
14
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
accès à l'eau potable. C'est le cas du Cambodge,
du Tchad, de l'Ethiopie, de la Mauritanie, de l'Afghanistan et d'Oman. Au
même moment, près de 60 % des ressources naturelles renouvelables
d'eau douce du monde sont partagés par 9 géants de l'eau :
Brésil, Fédération Russe, Indonésie, Chine, Canada,
Etats-Unis, Colombie, Pérou et Inde. A l'autre extrémité,
un certain nombre de pays disposent de ressources extrêmement faibles,
voire quasi nulles : Koweït, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Malte,
Libye, Singapour, Jordanie, Israël, Chypre »11. Dans de
telle condition, on comprend pourquoi sur nos chaines d'information, d'aucun
n'hésite pas à parler de probables futures guerres de l'eau. Si
nous conjuguons ces données à la pollution et la surconsommation
due à nos activités et à la démographie galopante,
on se rend compte qu'il y a lieu de s'inquiéter et que la
légitimité des différents sommets s'impose à nous.
C'est dire que dans la réalité, sous certains cieux, tout le
monde ne dispose pas des moyens pour accéder à l'eau. L'eau
semble être une denrée de prestige. Et cela doit en effet
inquiéter. Ne pas pouvoir accéder à l'eau constitue
au-delà des questions d'assainissement, un problème vital pour
l'individu. Au niveau sociétal, l'absence d'eau porte atteinte à
la santé de tous et empêche le développement de la nation
car l'alimentation, les maladies, bref tout est lié à la
disponibilité de la ressource en eau. Il est donc logique que le concert
des nations s'intéresse à cette denrée si banale en
s'interrogeant sur sa disponibilité mais surtout au droit de chacun et
de tous de pouvoir en disposer suffisamment.
2) L'eau : une ressource stratégique
Au-delà de la nécessité et de l'enjeu
qu'elle constitue, en politique l'eau est aussi révélateur de la
puissance, voir objet de guerre ou de conflit. Une puissance hydrique, c'est un
Etat qui dispose d'assez de ressources en eaux et qui est capable d'assurer
l'approvisionnement en eau de sa population, mais aussi de protéger ses
ressources hydriques contre les attaques extérieures. C'est surtout
autour des bassins transfrontaliers que nous pouvons apprécier à
sa juste mesure l'enjeu stratégique que constitue l'eau. Qu'appelle-t-on
bassin transfrontalier? Un bassin transfrontalier désigne «un hydro
système qui traverse au moins une frontière tout en procurant des
ressources à plusieurs nations ou pays ou même région.
C'est dire que les eaux de ce hydro système traversent des
frontières. Un fleuve, une rivière, un lac peut donc
étendre ses ramifications sur plusieurs territoires distincts. A titre
d'exemple, en Afrique, nous pouvons citer le fleuve Niger qui est
partagé par neuf Etats (Niger, Mali, Burkina Faso, Bénin,
Nigeria, Cameroun, Tchad, Côte d'Ivoire et la Guinée). Le fleuve
Niger prend sa source en Guinée et
11
https://www.cieau.com/le-metier-de-leau/ressource-en-eau-eau-potable-eaux-usees/ou-en-sont-les-ressources-en-eau-dans-le-monde.
Consulté le 21 Juillet 2018
15
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
traverse ces 9 pays avant de rejoindre l'Océan
Atlantique. Le Nil qui constitue la seule source en eau de l'Egypte est
partagé par 11 Etats (Congo, Burundi, Ethiopie, Kenya, Soudan du Sud,
Soudan, Egypte, Rwanda, Ouganda, Tanzanie, Erythrée). En Europe, c'est
le Rhin et le Danube qui font objet de partage entre les Etats. Le Danube
s'étend sur territoire de 18 Etats européens (Albanie, Autriche,
Bosnie, Bulgarie, Croatie, Italie, République Tchèque, Allemagne,
Macédoine, Moldavie, Pologne, Slovaquie, Serbie, Roumanie,
Slovénie, Suisse, Ukraine) et le Rhin dessert neuf pays (France, Italie,
Allemagne, Lichtenstein, Autriche, Luxembourg, Belgique, Pays-Bas, Suisse).
Avec la valeur que représente la ressource hydrique pour les nations, on
voit tout l'enjeu stratégique qu'elle peut susciter lorsqu'elle est
partagée.
Il peut avoir des crises entre les pays en Aval et ceux en
amont du cours d'eaux. D'ailleurs, le Nil fait objet de crise entre l'Egypte
qui dépend entièrement de la ressource et ses voisins. C'est le
cas aussi de l'Euphrate, du Jourdain et du Golan. Israël est en conflit
avec presque tous ses voisins et ce essentiellement à cause des
ressources hydriques en jeu. Même les nappes phréatiques font
objet de crise. D'aucuns ont même traité la guerre des 6 jours de
«guerre de l'eau».
Le risque de conflits autour des ressources hydriques
partagées a donc conduit les Etats à mettre sur place des agences
de bassins pour une gestion commune et pacifique de la ressource. Nous avons la
Commission Internationale pour la Protection du Danube (ICPD),
l'Autorité du Bassin du Niger en autre. Ainsi donc, l'eau peut
être source de conflit ou de coopération entre Etats.
II) Le droit à l'eau et à
l'assainissement : un droit consacré
Le droit semble être la discipline qui tend le plus vers
l'interdisciplinarité. Il s'intéresse à tous les
paramètres de la vie à tel point que l'accès à
l'eau même en relève. Le droit à l'eau, voilà un
sujet qui peut faire sourire à juste titre du coin des lèvres
plus d'un. Ceci en raison de l'aspect saugrenu du sujet. Peut-on parler de
droit à l'eau ? La ressource existe et nous en disposons à
volonté. Nous n'avons pas forcément conscience des enjeux qui
entourent cette ressource. Pour le commun des mortels, la question du droit
à l'eau n'a pas sa raison d'être. On ne peut s'imaginer devoir
défendre et mener des actions pour que d'aucun puisse avoir à
disposition de l'eau. Et pourtant, la réalité en est tout autre.
Dans bon nombre de pays, l'accès à l'eau est un privilège
dont ne disposent pas toutes les populations. En France, le problème de
l'accès à l'eau ne se pose pas en réalité. Car,
presque la totalité de la population française dispose d'eaux en
quantité suffisante pour couvrir ses besoins. Mais en même temps,
il existe
16
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
un bon nombre d'individus qui n'ont ni droit au logement ni
à l'eau et à l'électricité. Et pourtant le droit
à l'eau devrait être défendu et respecté quel que
soit l'identité et la situation de l'individu. On peut comprendre
dès lors pourquoi il importe d'oeuvrer pour une reconnaissance effective
de ce droit inaliénable.
1) Les implications de la reconnaissance du droit à
l'eau et à l'assainissement
Le droit à l'eau et à l'assainissement implique
des devoirs et des droits aussi bien de la part des services étatiques
que des citoyens. S'il est vrai que le droit à l'eau constitue un droit
inaliénable, il faut aussi que les conditions de sa mise en oeuvre
soient remplies.
1-1 Sur le plan international
La question de la reconnaissance du droit à l'eau et
à l'assainissement est par nature d'intérêt local. Cela
s'inscrit dans une sphère réduit et sur un territoire
donné. On peut même dire que cela relève du domaine
régalien de l'Etat car il revient à ce dernier de mettre en
oeuvre les mesures idoines pour un accès de sa population à ce
droit. Néanmoins, cet impératif absolu peut bien avoir une
dimension internationale. La belle preuve, c'est que tous les Etats se sont
prononcés sur la question de l'eau et de l'assainissement. Un tel
intérêt est à l'origine de la résolution de
l'Assemblée Générale de l'ONU sur le droit à l'eau
et à l'assainissement de 2010. Certes, les résolutions de l'ONU,
à l'opposé des conventions ou traités, sont sans
contraintes et ne sont pas opposables aux Etats. Cela n'empêche qu'elle
dispose d'une certaine valeur morale aux yeux des Etats. Ainsi donc, la
résolution A/RES/64/292 de 2010 en son article 2 invite les Etats et
institutions internationales d'«apporter des ressources
financières, de renforcer les capacités et de procéder
à des transferts de technologies, grâce à l'aide au
développement et à la coopération internationale, en
particulier en faveur des pays en développement, afin d'intensifier les
efforts faits pour fournir une eau potable et des services d'assainissement qui
soient accessibles et abordables pour tous »12 Ce qui
voudra simplement dire que les Etats sont invités à
accroître leurs aides en faveur des pays sous-développés
dans le domaine de l'eau. La loi Oudin-Santini de 2005 invitait
déjà les collectivités territoriales françaises et
agence de l'eau à consacrer 1% de leur ressource à l'eau et
à l'assainissement dans la coopération
décentralisée. Ceci constitue déjà une
avancée notable en la matière dans l'action internationale de la
France. De plus, la reconnaissance du droit à l'eau et à
l'assainissement s'inscrit aussi dans l'atteinte de
12
http://www.un.org/en/ga/search/view_doc.asp?symbol=A/RES/64/292&Lang=F
consulté le 24 juillet 2018
17
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
l'ODD 613 et donne aux Etats de pouvoir user des
méthodes d'évaluation14 des ODD pour mesurer l'impact
de leur action en la matière. Cela implique aussi que la
communauté internationale à travers les organismes internationaux
aura un droit de regard sur les actions entrepris dans le cadre des ODD pour
l'atteinte de cet objectif.
1-2 Sur le plan national
Au niveau interne, il est possible que la reconnaissance du
droit à l'eau et à l'assainissement ait des incidences surtout en
ce qui concerne la valeur marchande de la ressource et des services rendus
à la population. En occurrence, il sera question pour les Etats centraux
et services affiliés de réfléchir aux mécanismes de
prise en compte des individus à faibles revenus ou sans revenus. De tels
mécanismes qui doivent être mise en place doivent permettre
d'assurer l'accès à la ressource aux couches vulnérables
de la société. Ce qui peut donner lieu à des politiques de
discriminations positives en faveur des démunis à travers la
fixation des prix de l'eau en tenant compte de la capacité
financière des familles ou individus en situation de
précarité. Dès lors, les contrats signés par l'Etat
avec ses concessionnaires doivent contenir des clauses qui permettent de telles
mesures. D'ailleurs, depuis 2013, la France expérimente un dispositif de
tarification sociale de l'eau auquel participent déjà certaines
collectivités15. Il s'agira in fine soit d'une aide
préventive par le versement, par exemple, d'un chèque-eau pour
réduire le montant des factures d'eau (une telle disposition existe
déjà avec le chèque électricité), soit de la
mise en place d'un tarif progressif de l'eau incluant une 1re
tranche de consommation gratuite modulée en fonction du revenus des
bénéficiaires. Il revient à la collectivité
territoriale d'identifier les personnes et familles nécessiteuses et
pouvant bénéficier du dispositif.
Une autre conséquence de la reconnaissance du droit
à l'eau dans l'ordre interne consiste à ce que l'Etat devra
prendre toutes les mesures nécessaires pour que personne ne puisse
manquer d'eau et de service d'assainissement sur son territoire. Ce qui voudra
dire qu'il faudra revoir la coupure d'eau en cas d'impayés. Il est du
devoir du citoyen de s'assurer la disponibilité, la qualité de
l'eau et l'évacuation des eaux usées et déchets divers en
payant ses factures. Ainsi donc, la coupure de l'eau pour impayés par
exemple doit être un instrument dissuasif pour obliger ceux qui sont
capables de payer l'eau de le faire. Par contre, ce dispositif
13 ODD 6 : Gestion durable de l'eau pour tous
(Garantir l'accès de tous à l'eau et à l'assainissement et
assurer une gestion durable des ressources en eau) sur
https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/water-and-sanitation.
Consulté le 25 juillet 14
http://idev.afdb.org/sites/default/files/documents/files/Adaptation%20des%20methodes_0.pdf
Consulté le 25 juillet 2018
18
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
doit être mise en oeuvre en tenant compte des
capacités financières des individus surtout des plus
démunis.
De même, la reconnaissance du droit à l'eau et
à l'assainissement peut être à l'origine de diverses
plaintes contre les services publics de l'Etat. D'aucuns pourraient penser que
accorder une valeur constitutionnelle au droit à l'eau et à
l'assainissement permettrait aux citoyens d'ester devant la justice contre
l'Etat en cas de non disposition des infrastructures idoines. Nous pensons que
cela n'est pas forcément vrai. Reconnaitre le droit à l'eau et
à l'assainissement ne portera aucune incidence majeure au service de
l'Etat. Plutôt, cette reconnaissance obligera les Etats à tout
faire pour répondre aux besoins d'eaux et d'assainissement de leurs
populations. L'accès à l'eau et à l'assainissement sera
donc plus prioriser que d'autres programmes qu'ils jugeront
nécessaires.
2) La consécration du droit à l'eau
Il sera question pour nous de voir les documents juridiques
qui consacrent le droit à l'eau et à l'assainissement aussi bien
sur le plan national qu'international.
2-1 Sur le plan international
Comme nous l'affirmions précédemment, la
question du droit à l'eau ne devrait pas se poser en principe du moment
où c'est l'élément le plus élémentaire dont
peut et doit disposer l'espèce humaine pour sa survie. C'est un droit
inaliénable au même titre que le droit à la vie ou à
la liberté. Cela n'empêche que la nécessité de le
matérialiser à travers des textes règlementaires s'impose
à tous à notre avis. S'il est vrai que c'est un droit
élémentaire et inaliénable, il est aussi vrai que beaucoup
de peuples en sont privés et leurs gouvernements ne
réfléchissent pas forcément aux moyens nécessaires
pour permettre à ces derniers de vivre dignement. La prise de conscience
progressive de la communauté internationale d'une telle
réalité en est la résultante. Cet objectif fait même
l'objet des Objectifs de Développement Durable au numéro 6.
Le droit à l'eau est en effet un droit reconnu et
matérialisé par la communauté internationale. En effet, il
faut d'abord souligner que ce droit est un droit dérivé en ce
sens qu'il découle de l'atteinte des objectifs liés aux droits de
l'homme tels que le droit à la santé, le droit à un niveau
de vie suffisant, le droit à la dignité, ... le droit à la
vie tout simplement. Il existe donc une pléthore d'instruments
juridiques internationaux qui soit, traitent de la question ou soit y font
allusion. Par exemple, le Pacte International des Droits Economiques et Sociaux
Culturels (PIDESC) dispose en ses articles 11 et 12 que les Etats doivent
garantir aux individus
19
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
le droit à une vie saine et le droit d'être
à l'abri de la faim. Toute chose qui ne se peut sans un accès
effectif à l'eau et à l'assainissement. De même, la
convention sur le droit de l'enfant précise que les Etats ont le devoir
de : « Lutter contre la maladie et la malnutrition, y compris dans le
cadre de soins de santé primaires, grâce notamment à
l'utilisation de techniques aisément disponibles et à la
fourniture d'aliments nutritifs et d'eau potable, compte tenu des dangers et
des risques de pollution du milieu naturel »16 Plus
encore, le protocole additionnel à la charte africaine des droits de
l'homme et des peuples relatifs aux droits de la femme obligent, dans son
article 15, alinéa a, les Etats membres à « assurer aux
femmes l'accès à l'eau potable, aux sources d'énergie
domestique, à la terre et aux moyens de production alimentaire
».17 Dans la même veine, le sommet de la Terre de
Rio de Janeiro mettait déjà l'accent sur la
nécessité que les gouvernements doivent oeuvrer pour que toute la
population mondiale dispose en permanence d'approvisionnements en eau de bonne
qualité tout en préservant la nature. De même, Le Conseil
de l'Europe et même la jurisprudence de la cour européenne des
droits de l'homme a, à maintes reprises souligné par des actes la
nécessité de garantir et de respecter l'accès à
l'eau et à l'assainissement des personnes vivant en Europe. Dans la
Charte européenne des ressources en eau par exemple, le Conseil de
l'Europe affirme que « Toute personne a le droit de disposer d'une
quantité d'eau suffisante pour satisfaire à ses besoins
essentiels »18. Nous voyons par-là que, bien que
primordial, le droit à l'eau et à l'assainissement reste
noyé dans d'autres textes réglementaires
généralistes.
Heureusement, suite à la proposition d'un texte sur le
droit à l'eau par la Bolivie, l'Assemblée Générale
de l'ONU a voté à 122 voix pour et 44 abstentions, la
résolution de l'ONU sur le droit à l'eau et à
l'assainissement. C'est donc la première reconnaissance officielle du
droit à l'eau et à l'assainissement, même si cette
résolution n'a pas un caractère contraignant. Cette
résolution met l'accent sur le fait que l'accès à l'eau et
à l'assainissement est un droit humain et l'un des services essentiels
à la vie. Elle précise notamment que « le droit à
l'eau potable et à l'assainissement est un droit de l'homme, essentiel
à la pleine jouissance de la vie et à l'exercice de tous les
droits de l'homme »19. En prélude à la
résolution de 2010, le protocole additionnel sur l'eau et la
santé de 2006 insistait déjà sur l'obligation qu'ont les
Etats de veiller à approvisionner leurs populations en eaux de
qualités et à mettre à leurs dispositions des
16
https://www.humanium.org/fr/wp-content/uploads/convention-internationale-relative-aux-droits-de-l-enfant-integral.pdf
consulté le 22 juillet 2018 17
http://www.achpr.org/files/instruments/women-protocol/achpr_instr_proto_women_fra.pdf
consulté le 22 juillet 2018
18Charte européenne des ressources en eau
adoptée par le Comité des ministres le 17 octobre 2001 lors de la
769e réunion de délégués des ministres. In: Revue
Européenne de Droit de l'Environnement, n°2, 2002. pp. 193-199;
19
https://www.un.org/en/ga/search/view_doc.asp?symbol=A/RES/64/292&Lang
consulté le 22 juillet 2018
20
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
systèmes d'assainissement adéquats permettant de
préserver la santé des populations20. Selon l'article
4 alinéa 2 de ce protocole, les Etats : « ...prennent toutes
les mesures appropriées pour assurer un assainissement adéquat
d'une qualité propre à permettre de protéger suffisamment
la santé de l'homme et l'environnement ». C'est donc une
reconnaissance explicite de l'assujettissement de tous les autres droits
à celui de l'eau et à l'assainissement.
2-2 Sur le plan interne
Si la communauté internationale prend conscience
progressivement de l'enjeu vital que constitue l'eau pour l'atteinte des droits
humains, tel n'est pas forcément le cas au niveau infranational. Tous
les Etats, du moins la quasi-totalité des Etats est partie aux grands
pactes relatifs aux droits de l'homme. La belle preuve, c'est que les Etats ont
voté à une très large majorité la résolution
sur le droit à l'eau et à l'assainissement. C'est donc dire qu'au
niveau supra, les Etats s'accordent et reconnaissent la nécessité
d'une mise en oeuvre effective de ce droit, condition sine qua none pour un
développement global. Le paradoxe, c'est que peu d'Etats sont enclins
à transposer ce droit explicitement dans leur droit fondamental ou
constitution. Quelques-uns font néanmoins l'exception. C'est le cas par
exemple de l'Afrique du Sud qui a inscrit dans sa loi fondamentale
l'accès à l'eau et à la nourriture en ses termes : «
Chacun a le droit d'avoir accès à une quantité
suffisante de nourriture et d'eau »21 Ce texte oblige
l'Etat central sud-africain à donner aux services
déconcentrés de l'Etat les moyens pour assurer aux populations
sans discriminations aucunes un accès équitable à l'eau et
à la nourriture. On peut donc dire que c'est déjà une
avancée de constitutionnaliser le droit à l'eau même si
tout n'est pas forcément rose. C'est aussi le cas de la Colombie, du
Kenya, du Panama, de la Zambie, de l'Uruguay...
Mais l'absence d'une mention explicite du droit à l'eau
dans la loi fondamentale ne signifie pas pour autant qu'elle n'est pas
reconnue. Dans la plupart des pays développés, plusieurs textes
de loi insistent sur la nécessité d'oeuvrer pour un accès
de tous à l'eau et à l'assainissement. Au Honduras, la loi
générale des eaux du 14 décembre 2009 a pour
finalité de garantir le droit humain à l'eau comme bien public
relevant de l'Etat22. Au Royaume Uni, c'est la loi « Floods
and Water Management Act » de 2010 qui permet à l'Etat de
financer l'aide
20 Protocole sur l'eau et la santé à
la Convention de 1992 sur la protection et l'utilisation des cours d'eau
transfrontières et des lacs internationaux consulté sur
https://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/20022749/index.html
le 22 juillet 2018
21Constitution sud-africaine de 1996, Article 27
Alinéa 1 sur
http://www.wipo.int/wipolex/fr/text.jsp?file_id=182082
Consulté le 22 juillet
22 Henri SMETS, « Le droit de l'homme
a l'eau et a l'assainissement est finalement reconnu», Revue
juridique de l'environnement 2011/1 (Volume 36), p. 10.
21
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
pour l'eau des ménages démunis par des
subventions en tenant compte des capacités financières des
usagers.
En France, il faut dire que presque la quasi-totalité
de la population a accès à l'eau et à l'assainissement. En
effet, bien que ce droit soit traduit dans la réalité, plusieurs
textes de loi mettent également l'accent sur l'accès à
l'eau des populations. Mais ce droit s'inscrit dans une subsidiarité par
rapport au droit au logement. C'est dire qu'en France, le droit à l'eau
est un droit dérivé du droit au logement qui a une valeur
constitutionnelle23. Ce qui se comprend en ce sens qu'avoir un
logement décent signifie que le minima des besoins essentiels est
respecté. Par corrélation, on peut donc soutenir que
l'accès à l'eau et à l'assainissement est aussi une
composante de la loi fondamentale en France. Le cas de la France nous importe
en ce sens que le sujet qui fait objet de notre présente étude se
produit sur le territoire français et plus précisément en
Gironde. Raison pour laquelle il nous importe de réfléchir sur le
système de gestion de l'eau en France et dans le département de
la Gironde en particulier.
Nous allons donc nous intéresser de plus à la
gestion de l'eau en France à travers le cadre législatif et le
cadre technique.
3) Le cadre législatif et technique de l'eau et
à l'assainissement en France
Il sera question pour nous d'apprécier les textes de
lois qui encadrent le domaine de l'eau et l'assainissement en France puis de
prendre connaissance du cadre législatif et technique de la mise en
oeuvre de ce droit en Gironde en particulier.
3-1 Le cadre législatif du droit à l'eau
et à l'assainissement en France
La gestion de l'eau en France s'inscrit dans le respect de
certaines normes qui définissent les prérogatives des
institutions créées en la matière. Comme nous l'affirmions
plus haut, le droit à l'eau et à l'assainissement n'est pas
présent dans le texte constitutionnel français. Mais il est
consacré dans beaucoup d'autres instruments juridiques français.
En effet, le droit à l'eau en France est un droit dérivé.
Il découle du droit à un logement sain et respectueux de la
dignité de la personne humaine et du droit de l'environnement. D'abord,
l'article 1 de la loi N°20061772 du 30 décembre 2006 sur l'eau et les
milieux aquatiques stipule que « L'eau fait partie du patrimoine
commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le
développement de la ressource utilisable, dans le respect des
équilibres naturels, sont d'intérêt général.
Dans le cadre des lois et règlements ainsi que des droits
antérieurement établis, l'usage de l'eau appartient à tous
et chaque personne physique, pour son alimentation et son hygiène, a le
droit
23 Conseil Constitutionnel, Décision no 94-359
DC du 19 janvier 1995
22
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
d'accéder à l'eau potable dans des
conditions économiquement acceptables par tous »24.
Cette disposition réglementaire consacre le droit à l'eau
assortie de certaines conditions. Ensuite, l'article 1 de la loi 1321 portant
code de la santé met l'accent sur le fait que cette eau doit être
de qualité et donc propre à la consommation25. De
surcroit, le code de l'action sociale et de la famille, en son art L115-3,
dispose que « Dans les conditions fixées par la loi n°
90-449 du 31 mai 1990 visant à la mise en oeuvre du droit au logement,
toute personne ou famille éprouvant des difficultés
particulières, au regard notamment de son patrimoine, de l'insuffisance
de ses ressources ou de ses conditions d'existence, a droit à une aide
de la collectivité pour disposer de la fourniture d'eau,
d'énergie, d'un service de téléphonie fixe et d'un service
d'accès à internet »26. Une telle
disposition oblige donc les services déconcentrés de l'Etat
à mettre tout en oeuvre pour permettre aux individus dont ils ont la
charge de vivre de façon décente sur leurs territoires.
De telles réglementations concourent aux biens
êtres de l'individu et par ricochet de toute la société. La
question de l'assainissement s'invite également dans ces textes
règlementaires. L'on ne saurait en effet parler de l'accès
à l'eau sans faire allusion à l'assainissement. Il existe une
corrélation entre ces deux problématiques. Ce droit émane
de la charte de l'environnement dont l'article premier dit : « Chacun
a le droit de vivre dans un environnement équilibré et
respectueux de la santé.»27 Il faut dire que cette
charte a une valeur constitutionnelle car elle est annexée à la
constitution française. Le droit à l'eau et à
l'assainissement constitue donc une conséquence de l'obligation de
disposer d'un logement adéquat et conforme aux normes en matière
de logement et de santé. Le droit français consacre aussi un
droit individuel d'accès aux toilettes dans le code de l'habitat et de
la construction28. De même chaque individu a le droit et
24 Article 1 de la loi N°2006-1772 du 30
décembre 2006 sur l'eau et les milieux aquatiques consulté sur
https://www.legifrance.gouv.fr
le 25 juillet 2018
25 Toute personne qui offre au public de l'eau en
vue de l'alimentation humaine, à titre onéreux ou à titre
gratuit et sous quelque forme que ce soit, y compris la glace alimentaire, est
tenue de s'assurer que cette eau est propre à la consommation.
L'utilisation d'eau impropre à la consommation pour la
préparation et la conservation de toutes denrées et marchandises
destinées à l'alimentation humaine ainsi que l'utilisation d'eau
impropre pour les usages domestiques sont interdites, à l'exception des
cas prévus en application de l'article L. 1322-14le 25 juillet 2018
26
https://www.legifrance.gouv.fr
consulté le 25 juillet 2018
27
https://www.legifrance.gouv.fr/Droit-francais/Constitution/Charte-de-l-environnement-de-2004
consulté le 25 juillet 2018
28 Code de la construction et de l'habitation.
Art.R111-3. « Tout logement doit :
a) Etre pourvu d'une installation d'alimentation en eau
potable et d'une installation d'évacuation des eaux usées ne
permettant aucun refoulement des odeurs ;
b) Comporter au moins une pièce spéciale pour
la toilette, avec une douche ou une baignoire et un lavabo, la douche ou la
baignoire pouvant toutefois être commune à cinq logements au
maximum, s'il s'agit de logements d'une personne groupés dans un
même bâtiment ;
c) Etre pourvu d'un cabinet d'aisances intérieur au
logement et ne communiquant pas directement avec les cuisines et les salles de
séjour, le cabinet d'aisances pouvant toutefois être commun
à cinq logements au maximum s'il s'agit
23
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
le devoir de se raccorder au réseau public
d'assainissement conformément au code de la santé publique et au
code de l'habitat et de la construction29.
Au regard de tout ce qui précède, il est clair
que la mise en oeuvre du droit à l'eau et à l'assainissement
répond à plusieurs exigences qui sont interdépendantes. De
plus, même si le texte constitutionnel français ne contient pas
explicitement une disposition en la matière, on ne saurait pour autant
lui dénier toute valeur primordiale.
3-2 Le cadre technique du droit à l'eau et
à l'assainissement en France et à Gironde
Le système de gestion et de mise en oeuvre du droit
à l'eau et à l'assainissement en France répond à
une logique de décentralisation. Juridiquement, on désigne par
décentralisation un « système d'administration
consistant à permettre à une collectivité humaine
(décentralisation territoriale) ou à un service
(décentralisation technique) de s'administrer eux-mêmes sous le
contrôle de l'Etat, en les dotant de la personnalité juridique,
d'autorités propres et de ressources».30 En fait,
un tel mode de fonctionnement répond aux diverses subdivisions du
territoire français et aux principes de la Gestion
Intégrée des Ressources en Eaux (GIRE).
En France, il existe une pléthore d'acteurs qui
intervient dans la gestion de l'eau. A la première loge, nous avons
l'Etat qui au travers de ses institutions veille à l'application des
normes en vigueur. Ainsi, c'est le ministère de la Transition Ecologique
et Solidaire qui coiffent l'ensemble des acteurs de l'eau. Il a la police de la
gestion et de la protection des eaux. Il est accompagné dans cette
mission par le Ministère de la Santé et de la Solidarité
et le Ministère de l'Agriculture et de l'alimentation. Il est
représenté dans cette fonction au niveau local, à
l'échelle départementale par les préfets qui sont
chargés de faire respecter les lois en la matière. Nous avons
ensuite le Comité Nationale des Eaux (CNE), les Comités de
Bassins (CB) et les Comités Locaux des Eaux (CLE). Ce sont les organes
faitiers des bassins hydrographiques.
En effet, le CNE réunie au niveau national l'ensemble
des présidents de comités de bassins, les représentants
des collectivités territoriales, des associations et des usagers de
l'eau. Ce comité a un statut consultatif sur les politiques nationales
de l'eau et sur les différents projets de loi en la matière. Il
est présidé par un parlementaire nommé par le Premier
Ministre. Nous
de logements d'une personne et de moins de 20 mètres
carrés de surface habitable et à condition qu'il soit
situé au même étage que ces logements. »
29 Code de la construction et de l'habitation. Art.
L111-5. « Conformément aux articles L1331-1 à L1331-7 du
code de la santé publique, les immeubles d'habitation doivent être
obligatoirement raccordés aux égouts destinés à
recevoir les eaux usées domestiques. » Code de la santé
publique. Art. L1331-1. « Le raccordement des immeubles aux
réseaux publics de collecte disposés pour recevoir les eaux
usées domestiques et établis sous la voie publique à
laquelle ces immeubles ont accès soit directement, soit par
l'intermédiaire de voies privées ou de servitudes de passage, est
obligatoire dans le délai de deux ans à compter de la mise en
service du réseau public de collecte. »
30 Lexique des termes juridiques 2017-2018,
25ème Edition, Dalloz, juin 2017, P 348
24
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
avons ensuite au niveau des grands bassins, les13
comités de bassin dont 8 en Ile de France et les 5 autres en territoire
d'outre-mer. Constitués de l'ensemble des acteurs de l'eau sur le
territoire (collectivités territoriales 40%, États 20%, usagers
et associations 40%), ils tracent les grandes lignes en matière d'eau
sur le bassin versant, dans le respect des directives européennes et
nationales. Ils sont à l'origine des Schémas Directeurs
d'Aménagement et de Gestions des Eaux (SDAGE). L'outil SDAGE constitue
l'instrument de base de l'action des agences de l'eau qui sont chargés
de la mise en oeuvre des politiques de l'eau au niveau du bassin. Au niveau
infra régional, nous avons les Comités Locaux de l'Eau qui
élaborent les SAGE (Schéma d'Aménagement et de Gestion des
Eaux) qui doivent correspondre aux exigences du SDAGE au niveau du local.
Composé de moitié des représentants des
collectivités territoriales, de 25% des représentants de l'Etat
et de 25% des représentants des usagers et associations, il se charge de
l'élaboration des SAGE et de leur respect. Tout cela s'inscrit dans une
dynamique de gestion participative avec un droit de regard de la population et
des associations sur les décisions et les actes de ces
organes.31
Enfin, les collectivités territoriales ou les EPCI sont
quant à eux chargées d'établir les règles et de
contrôler les opérateurs qui agissent en leurs noms. Il leur
revient d'« exploiter le service en régie, c'est-à-dire
de gérer directement par ses propres moyens en personnel et en
matériel, et passer, le cas échéant, un ou plusieurs
marchés publics pour l'exécution du service. La commune peut
aussi opter pour la gestion indirecte, c'est-à-dire confier la
globalité de l'exécution du service à un tiers sous la
forme d'une convention de délégation de service public
(concession, affermage, régie
intéressée)»32. De même dans le cadre
des services d'assainissement, la compétence revient également
aux communes qui ont le devoir de construire, d'exploiter et d'entretenir des
stations d'épurations des eaux usées33. Ils peuvent
dans le cadre de ce service recevoir des redevances sur les citoyens et
déléguer la gestion à des entreprises
spécialisées ou non
31 Article L. 1411-1 et suivants et
articles L. 2224-11-3 et suivants du Code Générale des
Collectivités Territoriales
32
33L'article L. 2224-8 du CGCT pose le principe
d'une compétence obligatoire des communes en matière
d'assainissement. Cette compétence comprend :
- Au titre de l'assainissement collectif, la mission de
« contrôle des raccordements au réseau public de collecte, la
collecte, le transport et l'épuration des eaux usées, ainsi que
l'élimination des boues produites ».
L'article L. 1331-1 du code de la santé publique
impose le raccordement des immeubles aux réseaux publics de collecte
disposés pour recevoir les eaux usées domestiques dans un
délai de deux ans à compter de la mise en service du
réseau.
- Au titre de l'assainissement non collectif, une mission
de contrôle des installations d'assainissement non collectif à
travers les services publics d'assainissement non collectif (SPANC).
25
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Nous voyons donc qu'il existe un bon nombre d'acteurs de l'eau
à tels points qu'on n'en arrive pas forcément à les
maitriser tous. Dans son rapport intitulé « Ressource en eau,
comment préserver notre bien commun le plus précieux face aux
changements climatiques» de Juin 2018, la commission du
développement durable de l'Assemblée Nationale Française
mettait déjà l'accent sur la nuisibilité du nombre
pléthorique d'acteurs de l'eau34.
4) La mise en oeuvre du droit à l'eau et à
l'assainissement dans la Gironde
Le département de la Gironde est situé au
Sud-Ouest de la France dans la région de la Nouvelle Aquitaine. Plus
vaste département de la France métropolitaine avec une superficie
de 10.725 km2, la Gironde compte une population d'environ 1 566 842
habitants.35 Elle compte 538 communes avec 6 arrondissements dont
Bordeaux est le chef-lieu. Le département de la Gironde est
traversé par deux fleuves qui se rejoignent pour former la Gironde : la
Garonne et la Dordogne.
La gestion de l'eau dans le département de la Gironde
se fait dans le cadre de l'intercommunalité et en collaboration avec
l'agence de l'eau Adour-Garonne qui apporte une aide technique et parfois
financière aux communautés dans leurs actions dans le domaine de
l'eau. Cela s'inscrit dans la droite ligne du Code générale des
collectivités qui donne compétence aux communes en matière
de gestion de l'eau potable et d'assainissement. Ces dernières exercent
ces prérogatives au sein des Etablissement Public de Coopération
Intercommunale (EPCI). Le département de la Gironde compte 28
intercommunalité.
Même si l'association Dynam'eau, dans son projet
associatif ambitionne de couvrir tout le territoire girondin, ses actions
actuelles s'inscrivent essentiellement dans Bordeaux Métropole. Ainsi,
la gestion du service de l'eau et de l'assainissement est dévolue
essentiellement à Bordeaux Métropole. Forte de sa place de
7ème métropole de France, Bordeaux Métropole
concentre une population d'environ 749 595 habitants et comprend 28 communes
dont Bordeaux est le centre névralgique sur une superficie de 57
828km2.36. L'EPCI Bordeaux Métropole dispose en effet de
plusieurs prérogatives telles que la définition de la politique
locale de l'habitat, la gestion des services d'intérêt collectifs,
la protection, la mise en valeur de l'environnement et de la politique du cadre
de vie entre autre37. La distribution de l'eau et le service
d'assainissement s'inscrit dans la gestion des services d'intérêt
collectif qui lui est
34 Assemblée Nationale Française,
Op. Cit, juin 2018, P. 116
35
https://www.gironde.fr/le-departement/la-gironde
consulté le 26 juillet 2018
36
http://www.Gironde.fr/p287/Gironde-en-chiffres#demographie
consulté le 26 juillet 2018
37
http://www.Gironde-metropole.fr/Metropole/Organisation-administrative/Competences-de-Gironde-Metropole
consulté le 26 Juillet 2018
26
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
dévolue. C'est la LOI n° 2014-58 du 27 janvier
2014 portant modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation
des métropoles qui encadre et définie les compétences de
Bordeaux Métropole.
Dans le cadre de l'accomplissement du service de l'eau et de
l'assainissement, l'EPCI Bordeaux Métropole a signé un contrat de
concession avec l'entreprise française SUEZ pour une durée de
30ans. Cette société privée a pour obligation de
gérer sur fonds propres les infrastructures hydrauliques tout en
veillant à la protection et à la préservation de la
ressource eau. En retour, elle perçoit sa rémunération sur
les usagers du service public. A partie de Janvier 2019, le service de
l'assainissement sera assuré par l'entreprise privé Veolia.
III) LES OCCUPANTS SANS DROITS NI TITRES : DE LA
SEMANTIQUE A LA REALITE
Etudiant étranger, venant d'un pays où de telles
réalités sont quotidiennes, nous ne pensions pas pouvoir en
rencontrer dans un pays développé. Notre surprise a
été grande au moment où nous sommes entrés en
contact avec ses personnes dont la situation et les conditions nous font froid
dans le dos. Déjà, notre surprise commença avec la
manière dont ces personnes sont catégorisés, ou
plutôt appelés : « occupants sans droit ni titre ».
Ayant en notre possession le lexique des termes juridiques édition
Dalloz 2017-2018, on a été surpris de ne pouvoir retrouver cette
appellation dans ce lexique. C'est à juste titre. Sinon, il est
impossible d'admettre que dans un pays, qui plus est défenseur des
droits de l'homme, que des individus soient dépourvus de tous droits et
reconnus comme tel juridiquement. Et pourtant la triste réalité,
c'est que des individus vivent sans le minimum nécessaire à leur
survie: l'eau !
Nous allons donc à travers quelques mots essayer de
prendre connaissance de la particularité de ses individus à qui
on semble dénier tous droits et toute dignité.
1) Les occupants sans droit ni titre ou squatteurs
Défini comme occupation sans droit ni titre, le squat
vient du verbe anglais « to squat » qui signifie occuper un lieu sans
autorisation. Le squat est donc un lieu (immeuble ou terrain) occupé
sans aucune autorisation préalable. Ces lieux sont pour la plupart du
temps des locaux ou terrains en vacances c'est-à-dire non
utilisés et dont les propriétaires sont très souvent
inconnus des squatteurs. Florence Buisson n'hésitera pas à
considérer que les squats fonctionnent comme miroir des processus de
paupérisation38. C'est-à-dire que les squats
permettent de se rendre compte de la précarité d'une certaine
couche de la société, ils nous
38 Florence Bouillon, « Opcit, p,4.
Consulté le 28 Juillet 2018
27
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
ouvrent les yeux sur les misères de la
société, sur les individus qui luttent pour leur survie et dont
on fait semblant d'ignorer ou de ne pas voir.
On est en droit de s'interroger sur l'identité des
personnes vivant dans les occupations sans droits ni titres. On est dès
lors tenté de leur attribué un profil d'étranger. Le
commun des français pensera sans y réfléchir que ces
squats sont habités par des étrangers. Mais une telle
pensée ne répond pas forcément de la
réalité. Parmi les squatteurs, on peut retrouver divers profil
d'individus voir de groupe en allant des jeunes français en rupture
familiale, ou des activistes aux migrants. Selon Florence BOUILLON, «
la très grande majorité des habitants des squats font face
à des difficultés d'accès au logement, et choisissent de
squatter plutôt que de rejoindre un logement trop onéreux, peu
confortable, éventuellement éloigné et isolé. Le
squat permet l'économie d'un loyer, même si des travaux devront
être entrepris »39. C'est donc reconnaitre que parmi
ces squatters, il y en a plusieurs qui fuient les difficultés
liés à la cherté de logements et des charges locatives
à cause de la faiblesse de leur capacité financière.
En plus de ces personnes, nous avons les migrants qui
constituent une partie non moins importante des personnes vivant en squats.
Leur situation est d'autant plus critique lorsqu'ils arrivent
illégalement sur le territoire français. On comprend que le
durcissement des politiques migratoires ne favorise pas du tout leur cas. Ils
sont sujets à toutes sortes de discriminations du simple fait de leur
statut de migrants. Oubliés ou ignorés des dispositifs d'aide
sociale et du droit au logement, ils vivent dans une pauvreté
extrême.
A ces catégories précitées, on peut
ajouter les personnes bénéficiant du RSA, des couples dont les
revenus sont trop faibles pour assurer un loyer, des familles qui ont
été expulsées de chez elles, des ex-prisonniers qui ont du
mal à retrouver leur marque dans la société.
Une autre catégorie d'occupants sans droits ni titres
concerne les individus qui s'inscrivent dans une vision libertaire de la vie en
société. Ces personnes veulent vivre libre et sans contraintes
aucune. Pour eux, le fait de vivre dans des logements, de devoir payé
des taxes constituent une entrave à l'expression de leur liberté.
Ils veulent en fait vivre en marge de la société. Raison pour
laquelle ils rejettent tout offre de logement et préfère
squatter.
Les occupants sans droits ni titres, pour ce qui concerne les
migrants, ne sont pas couvert par la sécurité sociale et n'ont
pas droit aux aides de l'Etat en raison de leur situation
d'irrégularité. D'aucun d'entre eux ont leur dossier pendants
devant les juridictions comme certains des mineurs étrangers non
accompagnés. Ils attendent que le juge décide de leur sort en
leur accordant le droit de séjourner sur le territoire ou non. Ces
personnes vivent dans un
39 Florence Bouillon, « Ibid, p,4.
Consulté le 28 Juillet 2018
28
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
stress continuel qui ne peut prendre fin qu'avec l'obtention
d'un titre de séjour. Ils n'ont pas non plus le droit de travailler vu
qu'ils ne disposent pas de titre de séjour. Ce qui les rend encore plus
vulnérables. Le simple fait de ne pas disposer d'un titre de
séjour constitue pour eux la porte d'entrée de toutes les
vulnérabilités et de tous les risques possibles. Les jeunes
peuvent se retrouver pris dans l'engrenage du banditisme ou des réseaux
de malfaiteurs. C'est donc à juste titre qu'ils sont appelés
« occupants sans droits ni titres » puisqu'ils ne disposent
d'aucune protection particulière de l'Etat.
2) Une réalité qui fait froid dans le dos
Les squats, comme nous l'affirmions plus haut, sont souvent
investis par des individus sans ressource, vivant dans l'extrême
pauvreté et ne disposant d'endroit où héberger. Ces
endroits sont le plus souvent dénués des conditions
indispensables au respect de la dignité de la personne humaine telles
que l'eau, l'électricité, l'assainissement et de système
de ramassage des ordures entres autres. Ce qui rend les conditions de ceux qui
y habitent indignes et les expose à tous les risques possibles. Ce sont
des individus qui manquent du nécessaire et qui ne disposent d'aucune
protection. D'ailleurs leur appellation en dit long : occupants sans droits ni
titres. S'il est vrai que le qualificatif « sans droits ni titres »
semble se rapporter aux lieux en question, il n'en demeure pas moins vrai qu'il
se rapporte aussi à ceux qui y habitent.
En effet, à la prime abord, les logements investis par
les squatteurs sont souvent des immeubles ou terrains non usités, en
voie de démolition, désaffectés ou encore en abandon pour
des raisons que ces derniers eux-mêmes ignorent. Ces lieux de vie, de
survie et de paupérisation sont souvent en état de
délabrement total et inadéquat pour servir d'habitation, sans
aucune sécurité pour ceux qui y habitent. Souvent ils sont
déconnectés du réseau local d'assainissement, sans eaux et
sans électricité. Pour avoir vu et participer à des
travaux de réfection ou de réparation dans ces squats, je pense
qu'il est bien logique que le pouvoir publique n'admettent ou n'autorise
personne à y vivre. C'est bien normal que l'Etat dénie aux
personnes le droit de vivre en de tels lieux.
Secundo, il est souvent difficile de savoir à qui
appartient ces lieux. Ceci n'intervient qu'après occupation du lieu par
les individus. Ces personnes vivent donc dans une voie de fait qui les rend
plus vulnérables que ne l'est déjà leur situation. Ces
terrains appartiennent souvent à l'Etat, soit à des
sociétés privées ou à des individus qui, souvent
ont des projets particuliers sur ces lieux. C'est dire que ces lieux sont des
lieux de vie momentanés puisque que ces squatteurs savent et sont
conscients du fait qu'ils peuvent être délogés à
tout moment. Dans ce cas, ils vont à la recherche de nouveaux lieux
à investir.
29
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Source Dynam'eau Photo prise par Germain
P1 Squat Bègles
Ces individus, hommes, femmes, et enfants vivent donc dans les
conditions les plus ignobles et déshumanisantes possible. Souvent, ils
dorment dans des habitations de fortune fabriquées avec toutes
pièces de débris de bois, des planches recouvertes de quelques
toiles en plastiques ou des tôles usées comme l'indique la photo
ci-après (P1). D'autres vivent dans des immeubles abandonnés et
délabrés. Dans certains cas, ce sont des immeubles dont les toits
ne tiennent plus ou sont fissurés de part
Source Dynam'eau Photo prise par Germain
P2 Squat Bordeaux
et d'autres
de l'habitation (P2). Ce qui ne leur permet pas de se
protéger en temps de pluie. On s'imagine combien ces personnes auront ou
ont des difficultés à vivre durant l'hiver dans de telles
conditions.
Pour ce qui est de l'eau et de l'assainissement, c'est le
comble. En effet, la plupart des squats ne disposent pas d'eau et ne sont pas
non plus raccorder
P3 Squat Mériadeck
Source Dynam'eau Photo prise par Germain
aux réseaux publics d'assainissements. Dans bon nombre
de cas, les habitants sont tenus de faire une certaine distance pour pouvoir
accéder à l'eau. Ils ne disposent pas non plus de toilettes. Leur
capacité de résilience les emmènent à se
créer des toilettes de fortunes ou carrément, ils vont dans faire
leurs besoins dans les broussailles et à l'air libre. Ces personnes
vivent donc
y
dans une Pto prise insalubrité
par Geain sans pareil avec pour
conséquence le risque de maladies diverses surtout
parmi les enfants et les femmes. La photo P3 rend bien compte de la
réalité de la situation. Il s'agit de la photo d'un squat dont le
système d'évacuation est bouché. Ce qui a pour
conséquence la stagnation de l'eau usée.
30
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
3) Les droits des occupants sans droits ni titres
Déjà, il nous faut dénoncer cette
appellation d'« occupants sans droits ni titres». A la rigueur, on
peut le remplacer par le terme d'« occupants sans titres». Ce terme
semble descriptif de la situation de ces individus en ce sens qu'ils occupent
des bâtiments sur lesquels ils n'ont pas de droit de
propriété. De plus, il n'est pas logique de véhiculer dans
l'opinion publique que des individus sont sans droits.
En effet, les occupants sans droits ne disposent pas de titres
de propriété et n'ont pas non plus le droit de squatter des
bâtiments délabrés, interdits d'occupations et insalubres.
Mais cela ne veut aucunement dire qu'ils n'ont pas de droits. Ce sont des
êtres humains et où qu'ils soient, quelques soit leur origine,
identité, leur situation, ils ont le droit au minimum vitaux pour leur
subsistance. Nous voulons simplement dire que ces individus n'ont pas de
titres, mais ils ont des droits. S'ils se retrouvent en train de squatter et de
vivre dans de telles conditions, c'est parce qu'ils font face à des
situations qui les y obligent. Nul n'a le désir de vivre dans des
conditions de précarité à l'extrême. Bien qu'en
occupant illégalement des terrains ou immeubles, ils ont des droits
qu'ils peuvent réclamer aux autorités publiques. Même en
cas d'expulsions ou d'évacuation des lieux, ils y des droits qui doivent
être respectés et mis en oeuvre en leur faveur.
Comme nous l'affirmions plus haut, le droit au logement et le
droit à l'eau et à l'assainissement sont des droits
inaliénables garantis que les pouvoirs publics sont censés faire
profiter tout individu présent sur le territoire français. Il en
va du respect des normes internationales dont la France est signataire en la
matière. Tout individu peut donc se prévaloir de ces normes
devant les juridictions nationales françaises. C'est dans cet ordre
d'idée que le Conseil d'Etat Français considère que le
refus de raccordement d'un logement à l'eau potable ou à
l'électricité est constitutif du non-respect du droit à la
vie privée et familiale contenu dans l'article 8 de la Convention
européenne des droits de l'Homme40. Dans sa décision
rendu le 15 Décembre 2010, le conseil précisait notamment ce qui
suit : « La décision par laquelle le maire refuse, sur le
fondement de l' article L. 111-6 du code de l'urbanisme, un raccordement d'une
construction à usage d'habitation irrégulièrement
implantée aux réseaux d'électricité, d'eau, de gaz
ou de téléphone a le caractère d'une ingérence
d'une autorité publique dans le droit au respect de la vie privée
et familiale garanti par les stipulations précitées de la
convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des
libertés fondamentales. »41
40 Article 8 al 1 de la convention
européenne des droits de l'homme : « Toute personne a droit au
respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa
correspondance ».
41
http://www.gisti.org/IMG/pdf/jur_ce_2010-12-15_no323250.pdf
consulté le 30 juillet 2018
31
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Plus récemment, le 17 juillet 2018, le juge des
référés du tribunal administratif de Melun a rendu une
décision historique en enjoignant au préfet du département
de Val-de-Marne et au maire de la commune de Choisy-le-Roi de mettre à
disposition des occupants sans titres des points d'eaux et des WC
mobiles42. Il ressort essentiellement de cette décision que
la carence des autorités publiques constitue une atteinte grave aux
droits fondamentaux de l'individu en l'exposant à être soumis
« de manière caractérisé à un traitement
inhumain et dégradant »43Ainsi donc, face au manque
manifeste de volonté des autorités de la Gironde, les collectifs
d'associations peuvent saisir l'occasion en demandant au Juge administratif de
prendre les mesures nécessaires pour les obliger à agir en
conséquence.
42
http://www.romeurope.org/wp-content/uploads/2018/07/TA-Melun-17.07.2018-Référé-liberté-eau-et-toilettes-à-Choisy-le-Roi-bidonville.pdf
consulté le 30 juillet 2018
43 Idem
32
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
CHAPITRE II : LA MISE EN PLACE D'UNE STRATEGIE
DE PLAIDOYER POUR L'ACCES A L'EAU ET A L'ASSAINISSEMENT DES PERSONNES VIVANT
DANS LES SQUATS
Le terrain étant balisé puisque nous avons au
prime abord pris connaissance de ce que renferme le droit à l'eau et
à l'assainissement ainsi que sa mise en oeuvre en France en
Général et dans la Gironde, puis de l'épineux
problème des personnes vivants dans les squats, il est temps pour nous
de nous intéresser à la mise en place de la stratégie de
plaidoyer.
Pour ce, il importe pour nous de mieux connaitre l'association
à travers ses projets avant de présenter les méthodes de
plaidoyer à développer en tenant compte des capacités de
l'association dynam'eau.
I) PRESENTATION ET DIAGNOSTIC DE L'ASSOCIATION
DYNAM'EAU
Pour la réalisation de notre plaidoyer, nous avons
avant tout procéder à un diagnostic de l'association Dynam'eau.
Ce diagnostic nous donnera une idée sur la capacité d'action de
l'association Dynam'eau. Pour ce, il nous faut présenter l'association
dynam'eau, décrire ses actions et faire une présentation du
projet pour lequel l'action de plaidoyer semble important.
1) Présentation de l'association Dynam'eau
Reconnue d'intérêt général,
Dynam'eau est une association de loi 1901 qui se donne pour mission d'oeuvrer
pour un accès de tous à l'eau aussi bien sur le territoire
français qu'international. Le nom de l'association dénote bien de
cet objectif car il est acronyme formé à partir de l'expression
« la dynamique de l'eau ».
Née de la volonté de ses membres fondateurs en
2010, elle a son siège social à Bordeaux. L'association est
née du désir de ses membres de lutter pour le respect des droits
liés intimement à la dignité des couches
défavorables de la société à travers la conduite de
microprojets dans le domaine de l'accès à l'eau. Tout est en
effet parti d'un voyage effectué au Maroc dans le cadre d'une mission de
création d'un bloc sanitaire dans une école. Les membres
fondateurs y ont donc touché du doigt et de plein fouet l'épineux
problème de l'accès à l'eau. Depuis lors, plusieurs
projets ont été initiés dans ce sens. En 8 ans
d'existence, l'association mène plusieurs projets dont deux au Maroc et
deux Togo et un projet d'accès à l'eau et à
l'assainissement sur le territoire bordelais (squats et bidonvilles de
Gironde).
Les actions de l'association s'inscrivent dans un triptyque de
principes:
- Le partage égal et équitable de la
ressource
33
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
- L'accompagnement des populations dans la protection, la
préservation de la ressource eau
- La sensibilisation du public
- L'accompagnement des populations
bénéficiaires
Tout cela est soutenu par des valeurs de laïcité,
d'humanisme, de solidarité, de respect et d'égalité qui
sont chères à l'association.
De même, les actions de l'association ont aussi bien une
portée internationale que nationale. En effet, les membres de
l'association considèrent qu'on ne saurait dissocier l'action
internationale du locale. Pour l'association, les deux vont de pair. La
réussite des actions au niveau local aurait un impact positif sur les
actions internationales. C'est pourquoi à travers les activités
d'Education à la Citoyenneté et à la Solidarité
Internationale (ECSI) menées dans les écoles et lycées
dans la Gironde, l'association pense pouvoir faire s'intéresser les
jeunes français à l'action humanitaire internationale D'ailleurs,
les jeunes ont pu récolter une somme de 1000 Euros au profit de
l'association pour la mise en oeuvre d'un projet au Maroc et au Togo.
2) Aperçu des projets internationaux de
l'association Dynam'eau
Comme nous le disions à l'entame de cette
présentation, l'association dynam'eau a initié plusieurs projets
dont certains ont lieu hors du territoire français et plus
précisément en Afrique. De nos jours, on compte trois projets
dans trois différents pays que sont le Maroc et le Togo.
? Maroc
En collaboration avec l'association ANWAR et sur sollicitation
de cette dernière, l'association s'est donné pour mission de
procéder à la construction et à la mise en eau potable de
blocs sanitaires avec un assainissement autonome pour l'école primaire
du village de Chograne. Le village de Chograne est situé au nord de
Rabat, dans la province de Kenitra et dans la commune de Sidi Boubker. En
effet, l'école de Chograne qui est fréquentée par environ
500 enfants dispose de sanitaires non clôturées. Ne parlons pas
non plus du village qui, également est très mal desservi en
matière d'installations hydriques et sanitaires. Les villageois n'ont
d'autres moyens d'accès à l'eau que les puits communautaires.
Dans une telle situation, les villageois et surtout les enfants sont donc
sujets à divers risques de maladies et d'infections en étant
obligés de se rendre en pleine nature pour faire leurs besoins. Il faut
souligner tout de même que les jeunes filles sont les plus
touchées par le phénomène de déscolarisation
à cause de ce manque d'infrastructures hygiéniques. Dans une
optique d'action pour le respect de la dignité de la personne humaine et
du droit à un environnement sain, l'association a donc
décidé
34
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
de soutenir l'association ANWAR dans le projet d'alimentation
en eau de l'école à travers l'installation d'un bloc sanitaire de
48 m2 composé de trois cabines pour les filles, de trois
autres pour les garçons et de deux pour les professeurs. L'objectif de
ce projet, c'est de permettre aux usagers de l'école de disposer
d'infrastructures sanitaires aux normes et d'avoir un accès à
l'eau. Cela a pour conséquence de réduire le taux
d'absentéisme et la déscolarisation des enfants et surtout des
jeunes filles mais également de les protéger contre les risques
de maladies diverses liées au manque d'eau et d'assainissement. On peut
affirmer que ce projet a connu une réussite grâce à la
participation de toutes les parties prenantes (Dynam'eau, l'association ANWAR
composée des instituteurs et parents d'élèves, les
notables du village concerné et les autorités administratives)
mais aussi par la générosité des donateurs.
A la suite de cette réalisation, deux autres projets
ont vu le jour. Il s'agit de la construction d'un puits et d'un bloc sanitaire
dans deux écoles situées dans la même commune que Chograne.
Les recherches de financements pour ces deux projets sont en cours.
? TOGO
L'action de Dynam'eau au Togo s'inscrit dans la veine de sa
mission originelle : l'accès à l'eau pour tous. En ce qui
concerne le Togo, c'est l'ONG togolaise OREPSA qui prendra contact avec
l'association Dynam'eau pour un soutien technique et financier dans la
réalisation de ses projets. Le partenariat entre ces deux entités
permettra de mettre en oeuvre deux projets de construction d'infrastructures
d'assainissements (Point d'eau et latrines) dans deux écoles
situées dans la région des savanes (Nord) du pays au travers de
deux forages profonds.
L'objectif d'un tel projet, c'est de limiter le risque de
déscolarisation des enfants mais aussi de réduire le taux de
prévalence et la propagation des vers intestinaux au sein de la
population infantile. En effet, les villageois n'ont pas de point d'eau si ce
n'est le marigot qui constitue le lieu d'approvisionnement en eau des villages.
Or, ces mêmes marigots servent de sources d'abreuvage pour les
bétails. Ce qui constitue un nid de maladies diverses. De plus, les
écoles de ces villages ne disposent pas non plus de latrines pour les
besoins des élèves et des enseignants. Tout ceci explique le fort
taux d'absentéisme des écoliers et donc de leur
déscolarisation surtout parmi les jeunes filles. Il est donc clair que
la réussite d'un tel projet permettra de résorber le
problème de la déscolarisation des enfants. Les populations
auront par la même occasion accès à une eau potable de
qualité. Ce qui réduira les risques de maladies et le manque
d'hygiène. Dans le cadre de la mise en oeuvre de ce projet, il y eu une
première mission d'audit en juin 2014 menée par Monsieur Yves
MONTEL dans les villages de Tankomonte et de Boukougue. De cette mission, des
objectifs clairs et précis seront définis avec une feuille de
route bien définie. Plusieurs réunions ont été
tenues et toutes la parties
35
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
prenantes se sont senties ont été mises à
contribution dans la réalisation du projet avec l'appui de toutes les
autorités administratives concernées. Tout cela sera soldé
par la réalisation du premier forage en 2018 à Napkatangue.
Désormais, les élèves de l'école de ce village ont
un accès facilité à l'eau. Mais aussi la population. Ce
premier forage a été réalisé avec le concours
financier du SIAEPE du Cubzadais-Fronsadais et de l'Agence de l'eau Adour -
Garonne. A présent, il reste le second compact du projet dont la
recherche de financement est en cours.
3) Le Diagnostic de l'association Dynam'eau
Il importe pour nous de procéder à un diagnostic
de l'association. Ce diagnostic nous permettra d'avoir une idée sur les
capacités de l'association et de voir quelles pourraient être les
pistes à emprunter pour la réussite du projet en faveur des
occupants sans droits ni titres. Pour ce, nous avons décidé de
faire usage de la Matrice SWOT pour un diagnostic interne et externe de
l'association. Nous y avons procédé de façon collective
avec l'ensemble de l'équipe de Dynam'eau.
3-1 MATRICE SWOT DE L'ASSOCIATION DYNAM'EAU
|
FORCES
|
FAIBLESSES
|
La présence de Dynam'eau dans les RRMA Les partenariats
avec plusieurs associations
Outils de communication de Masse (Radio, internet)
Compétences multiples des adhérents et
bénévoles
Un système de gouvernement basé sur la
stygmergie
Capacité à répondre aux appels à
projets Disponibilité d'un bureau
|
Manque de bénévoles sur le projet squat Manque de
salariés technicien
Manque de financement
Bénévoles jeunes et non disponibles Manque de
visibilité dans la population Manque de visibilité dans les
grands médias
|
|
|
OPPORTUNITES
|
MENACES
|
Pluralité d'appel à projets
Manque de concurrence dans l'action squat Réseau d'acteurs
associatifs pour certaines thématiques liées aux squats
Participation des bénéficiaires aux
activités entrant dans le cadre du projet
Expertise et soutien des autres associations L'existence de
jurisprudence en faveur des personnes vivant en squat et bidonvilles
|
Multiplicité de structures et de procédures
administratives
La dilution des responsabilités dans les
différents services de l'Etats
Opposition dans certains cas du voisinage
à la présence de squats
Opposition des politiques
Manque d'information sur les expulsions
Dangerosité des sites
Négligence des squatteurs
Mobilité des squatteurs
|
|
36
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
3-2 Analyse de la Matrice
La lecture de cette matrice nous impose d'analyser
l'association dans une dynamique interne et externe. En effet, la matrice SWOT
constitue une vision interne et externe de l'association. En effet, les forces
et faiblesses renvoient aux caractères propres de l'association alors
que les opportunités et menaces relèvent de l'ordre externe.
A l'interne, on peut au regard de la matrice affirmer que
l'association dispose des qualités pour pouvoir entreprendre une
stratégie de plaidoyer et donc espérer une certaine
réussite dans l'atteinte de ses objectifs. Nous voulons essentiellement
nous intéresser à quelques-unes des forces de l'association sur
lesquelles elle devrait s'appuyer pour l'atteinte de ses objectifs. La
présence de Dynam'eau dans les réseaux multi-acteurs constitue un
atout en ce sens que cela lui permet de compter sur le soutien des autres
associations et même sur leur expertise. La preuve, c'est que les actions
menées dans les squats nécessitent des fois la présence de
certaines compétences. L'association Architectes Sans Frontières
ou encore l'association des Compagnons Bâtisseurs interviennent
respectivement dans la réalisation des maquettes des toilettes mobiles
ou « toilettes se bougent le Q » et dans l'installation des toilettes
et ou de robinets d'eaux dans les squats. En plus de pouvoir compter sur les
compétences des associations partenaires, Dynam'eau peut aussi compter
sur le soutien des autres associations et profiter de leur réseaux. Une
structure comme Médecins du Monde dispose d'un certain encrage et
d'expérience sur le territoire français.
En plus de cela, Dynam'eau intervient sur les ondes d'une
radio locale «la clé des ondes» en animant une émission
intitulée «Chemins des transitions«. Cette radio a une
audience d'environ 5 000 âmes. En plus d'un site internet dynamique
animé par l'un des bénévoles de l'association. Elle peut
donc faire usage de ces outils de communication pour lancer un appel à
bénévoles séniors. Ce qui constitue une occasion de
régler le problème de l'absence de bénévoles sur
les squats. Ce problème est dû à l'indisponibilité
de ses derniers à cause de leur jeunesse. Mais le recrutement de
bénévoles séniors, de personnes retraitées
permettrait assurément de remédier à ce problème
puisque ces derniers disposent souvent de temps et son plus ouvert à se
rendre utile. De plus, elle peut également profiter de l'expertise de
ses bénévoles et sympathisants dans la mise en place de ses
activités.
Par contre, il nous est nécessaire de
réfléchir sur la réduction des menaces car elles
constituent vraiment des freins aux actions de l'association. La seule action
qui peut être envisagée reste le plaidoyer en vue d'un changement
de vision ou de position des acteurs clés
37
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
du service de l'eau en Gironde. Ce qui suppose qu'il faut
mener des actions ciblées à l'endroit du préfet, des
maires de communes, des présidents d'EPCI et autres personnes
susceptibles d'avoir un impact décisionnel positif sur l'action en
squat. De plus, une action de sensibilisation pourrait permettre de faire
adhérer aux causes des occupants sans droits ni titres les voisins
immédiats des squats et les populations. Nous ciblerons donc des actions
précises qui seront menées dans le cadre du plaidoyer par
l'association.
Ainsi donc, une des actions à mener et qui sera d'une
grande utilité sera de joindre au plaidoyer soit des requêtes ou
des référé-libertés à l'endroit des juges
administratifs de la Gironde, soit d'ester en justice contre les
autorités administratives de la Gironde. Cette action en justice devra
être porté par le collectif Action Bord'Eaux.
II) LE PROJET « ACCES A L'EAU ET A
L'ASSAINISSEMENT DANS LES OCCUPATIONS SANS DROITS NI TITRES DE GIRONDE
»
Nous allons découvrir ce en quoi consiste le projet, sa
pertinence et les actions entrepris.
1) Présentation du projet
Le projet accès à l'eau et à
l'assainissement dans les occupations sans droits ni titres de Gironde
Métropole est un projet porté par l'association Dynam'eau et ses
partenaires qui sont Médecins du Monde et France Libertés. Cette
association se donne pour vocation de mener des actions pour l'accès
à l'eau et à l'assainissement au profit des personnes
vulnérables à travers le monde. Depuis 2015, l'association a
entrepris des actions sur le territoire de Gironde Métropole. Tout a
commencé avec l'intervention d'un membre de dynam'eau dans un squat
habité par des sahraouis qui s'abreuvaient avec de l'eau impropre
à la consommation. Nous savons tout ce qu'induit la consommation d'eau
impropre sur la santé.
Commencé en janvier 2015 pour une durée
indéterminée, le projet envisage de favoriser l'accès
à l'eau et à l'assainissement des occupants sans droits ni titres
de Gironde. Plus précisément, les activités du projet
prennent en compte 50 occupations sans droits ni titres. Il sera donc question
essentiellement d'améliorer l'accès à l'eau et à un
système d'assainissement décent des occupants sans droits ni
titres. Comme finalité du projet, nous avons :
? Un système d'adduction d'eau potable est
installé dans 50 squats de Gironde
? Un système d'assainissement adapté à
chaque situation est mis en place de façon participative
? Les fuites d'eau potable ou d'eaux usées des squats
et bidonvilles sont réparées
38
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
? Un comité mixte de gestion de l'eau est installé
au sein de chaque occupation sans droits ni titres
Pour l'atteinte de ces objectifs, un partenariat est mis en
place avec Médecins du Monde qui intervenait déjà
auprès de ces personnes, l'association des compagnons bâtisseurs,
l'entreprise SUEZ, architectes Sans Frontières...
En ce qui concerne les activités, elles
dépendent de la particularité de chaque squat. Ainsi, plusieurs
actions sont envisagées. Il s'agit de procéder à un
diagnostic de chaque squat pour voir les besoins et la manière dont il
serait possible de les résoudre. Mais en gros, les actions consisteront
en la construction de toilettes mobiles pour les squats dont la situation ne
permet pas d'en construire, la location de toilette installée dans des
préfabriqués ou encore le débouchage des canalisations
privatives si le lieu dispose déjà de douche ou de toilette.
2) La question de la pertinence du projet
Le projet accès à l'eau et à
l'assainissement des occupants sans droits ni titres en Gironde constitue en
soi une sorte d'innovation. L'action humanitaire doit se faire avant tout sur
son propre territoire avant d'être porté vers d'autres horizons.
En étant bénévole de l'ordre de malte à Poitiers
durant une activité d'hiver auprès des personnes
vulnérables, nous avons compris combien il importe d'aller vers les
misères qui sont sous nos yeux. En cela, le projet de Dynam'eau est une
vrai prouesse. Il s'agit de permettre à des individus qu'on feint
d'ignorer de pouvoir vivre décemment. Même si les
bénéficiaires du projet semblent n'être que les occupants
sans droits ni titres, on peut dire que les bénéficiaires
secondaires sont les voisins directs ou les populations bordelaise en
générale. Nous avons une telle idée parce que les maladies
dues à l'insalubrité et au manque d'insalubrité peuvent
constituer un risque pour toute personne entrant en interaction avec ces
individus. Médecins du Monde faisait dans l'un de ses rapports sur la
mission squat dans Gironde que tout un groupe de squatteurs fut
contaminés par une fièvre d'hépatite. Les activités
et actions préconisés par le projet sont donc d'une certaine
utilité qu'on ne saurait ne pas le leur reconnaitre.
Par contre, une question reste et semble peindre ce projet
d'une certaine couleur d'impertinence. En effet, les squats sont des lieux de
vie certes, mais il n'est pas dans l'intérêt des occupants sans
droits ni titres d'y vivre perpétuellement. Assurément, un
changement de situation meilleure les incitera forcément à
quitter ce monde de risques continuels. Sauf aux cas où il s'agirait des
personnes ayant tendance à vivre en marge des règles de la
société. Secundo, les squats sont régulièrement
sujets à évacuation. Ce qui constitue une situation de mouvement
continuel pour les squatteurs. A chaque expulsion correspond un nouveau squat
sauf en cas de
39
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
prise en charge par les services publics compétents.
Alors quel est l'intérêt d'investir des fonds pour réaliser
des infrastructures qui peut-être dans les jours ou mois qui suivent,
seront démolis ou inusités ? En quoi les activités du
projet impacteront durablement ces individus. En d'autres termes, le projet
a-t-il un impact significatif et durable sur les bénéficiaires
?
On est bien tenté de s'inscrire en faux en tenant
compte des raisons précitées. Une telle posture est bien juste en
ce sens que le problème des occupants sans droits ni titres ne constitue
pas en soi un problème d'eau, mais d'acceptation, d'accueil, de
reconnaissance, de logement, de travail, un problème de
dignité...Au fait, les besoins de ces personnes dépendent de la
particularité de chacun d'eux. Nous ne sommes pas sans savoir que la loi
française interdit l'embauche des personnes sans papiers pour ce qui les
concerne par exemple. Comment faire sortir ces personnes de la
précarité sans leur permettre d'avoir une source de revenus pour
subvenir à leur besoin et sortir de la déchéance.
L'idéal serait donc de poser des actions pour un logement des occupants
sans droits ni titres. Nous voulons dire ici, qu'au lieu de penser « eau
», il faudra penser « eau et logement ». La thématique
« eau » et la thématique « logement » doivent aller
de pair. Dans le cas échéant, se serait peine perdu.
Mais là se trouve toute la nuance. Les porteurs du
projet s'inscrivent dans une démarche de progression. En effet,
malgré toutes les dispositions existantes et dont la mise en oeuvre
permettrait assurément l'hébergement de ces individus, il nous
parait vain voir absurde de demander aux autorités publiques de loger
toutes ses personnes. Une chose est claire, c'est qu'ils n'ont pas le
désir de le faire. Ils sont pertinemment informés de l'existence
de ces personnes et de la disponibilité de logement. Il est clair qu'il
sera très difficile pour les autorités de faire des installations
aux frais du contribuable lambda dans des installations non
sécurisées, invivables et de surcroit interdits à
l'habitation. Ce serait se dédire en ne respectant pas les normes minima
en vigueur.
Alors, à défaut d'atteindre un objectif qui
semble irréaliste et trop ambitieux, il serait bien de procéder
en crescendo, c'est-à-dire du moindre au plus élevé. Ici,
à défaut de pouvoir obtenir un logement pour chaque individu, le
projet envisage de mettre à dispositions de ces personnes le minima pour
vivre décemment. Il y va du droit à la vie, à la
santé de ces individus.
3) Focus sur les actions entrepris dans le cadre du
projet
Dans le cadre du projet «Accès à l'eau et
à l'assainissement des bidonvilles et squats« plusieurs actions ont
été entreprises.
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
3-1 Les réalisations
Le projet «accès à l'eau et à
l'assainissement dans les squats et bidonvilles» a commencé en
été 2015 auprès d'une population
de Sahraouis qui squattait un bidonville à Bordeaux.
Cette population de sahraouis s'abreuvait d'eaux insalubres stockées
dans des citernes et vivait dans des conditions très déplorables,
à la limite déshumanisante. Grâce à l'intervention
de Dynam'eau, un compteur d'eau potable fut installé à
proximité du camp.44 Cette action constitue le début
de beaucoup d'autres activités. C'est le cas par exemple de la livraison
de packs d'eau aux familles vivant dans un squat sur un terrain privé en
juillet 2017 (P4) ou encore de l'installation de robinet dans le squat
situé sur l'Avenue de l'Yser à Mérignac (P5).
P4. squat sur un terrain privé
Source Dynam'eau
P5. Squat Avenue de l'Yser Mérignac
Source Dynam'eau
40
44
https://www.sudouest.fr/2015/09/04/the-amer-au-village-sahraoui-a-bordeaux-2113896-2780.php#article-comments
consulté le 17 Aout 2018
Source Dynam'eau Photo prise par germain
P8. Marc Sangnier
Source Dynam'eau Photo prise par germain
P9 . La ruche
41
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Nous avons aussi des activités de réparations en
vue de préservation et de la lutte contre le gaspillage dans les squats
et bidonvilles. C'est le cas par exemple des actions menées dans les
squats Avenue de l'Yser à Mérignac (P6) et celui de squat Quai de
la Souys Piscine Occitane à Bordeaux (P7).
P6. Avenue de l'Yser Mérignac
Source Dynam'eau
P7. squat Quai de la Souys Piscine Occitane à
Bordeaux
Source Dynam'eau
Toujours dans le cadre des actions du projet, Dynam'eau
installe dans ces derniers soit des cumulus, soit des WC ou carrément en
mettant à disposition des toilettes mobiles ou TBQ (Voir annexe). Nous
avons ainsi les travaux de réfection des toilettes et douches
effectués sur le squat Rue Marc Sangnier (P8) ou encore l'installation
de cumulus dans le squat dénommée «la ruche»,
abrité essentiellement par des mineurs isolés et des jeunes
français (P9).
42
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Certaines de ces actions se mènent en collaboration
avec l'association Compagnons Bâtisseurs et la participation des
squatteurs qui ne manquent pas d'expertise.
3-2 Sensibilisation-plaidoyer en faveur de
l'accès à l'eau et à l'assainissement
Dynam'eau ne s'est pas inscrit dans une dynamique d'ostracisme
mais plutôt de groupe. Dès l'entame de ses activités, elle
est entré contact avec d'autres associations qui s'intéressent au
sort des occupants sans droits ni titres. Il s'agit de Médecins du Monde
et de France Liberté. Ce partenariat a donné naissance au
réseau multi acteur Action Bord'Eaux. Grâce à ce collectif,
plusieurs activités seront menées pour la réussite de ce
projet. On peut citer entre autre le projet « les toilettes se bougent
le Q ». Financé par la Fondation Abbé Pierre et
Bordeaux Mécènes Solidaires, il vise la construction de toilettes
et de douches mobiles qui répondront aux démarches migratoires
des occupants sans droits ni titres. Toujours dans une dynamique inter
associative, Dynam'eau participe à plusieurs activités de
sensibilisations lors de différentes manifestations telle que la
journée mondiale des toilettes. Elle a soutenu la proposition de loi sur
l'accès à l'eau et à l'assainissement porté par
différentes associations spécialisées dans le domaine de
l'eau en 2017. Il faut tout de même rappeler que cette proposition de
loi, si ambitieuse fut démontée et rejetée par
l'assemblée nationale française. Nous pensons que ce rejet est
dû au caractère très contraignante et non pécuniaire
de la proposition.
III) LE PLAIDOYER : UNE STRATEGIE DE CHANGEMENT
Le plaidoyer est une forme d'action utilisée par les
associations pour porter un message afin d'induire des changements. Il existe
plusieurs définitions de mot plaidoyer.
1) Définition du plaidoyer
Etymologiquement, le mot plaidoyer est une traduction du mot
anglais « advocacy » qui lui, provient du latin « advocare
» qui signifie « parler au nom de », « appeler
auprès de » ou encore « avoir recours à ». A vrai
dire, « advocacy » fait allusion à un ensemble
d'activités en vue de l'atteinte d'un objectif donné. Selon le
dictionnaire Larousse, le mot plaidoyer renvoie à un discours
prononcé au tribunal pour défendre une cause donnée.
L'action du plaidoyer suppose donc la présence d'un défenseur ou
d'un militant et soit une cause soit une personne. Pour l'UNICEF, « le
plaidoyer est un processus mûrement réfléchi, reposant sur
des données probantes, destiné à influencer directement ou
indirectement les décideurs, les parties prenantes et toutes les
personnes concernées afin qu'ils soutiennent et mettent en oeuvre
des
43
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
actions contribuant à un
changement.»45 Considéré comme le mode
d'action à incidence politique des Organisation de la
Société civile tout comme le lobbying, Agriculteurs et
Vétérinaires sans Frontières (AVF) définie le
plaidoyer comme « Un engagement pour une cause, une prise de parole
publique, et une stratégie de mobilisation pour, à partir
d'arguments, de la légitimité issue des références
et expériences de terrain, pousser à l'action et provoquer un
changement. C'est une prise de position politique et publique
»46. Les définitions du plaidoyer diffèrent
d'un acteur à un autre. Mais on note un certain consensus sur le fait
que le plaidoyer a pour objectif essentiel de conduire à un changement
à travers des canaux d'influences. En d'autres termes, le plaidoyer est
un ensemble d'initiatives dont l'objectif est d'influencer les politiques et
les actions des détenteurs de pouvoir afin d'obtenir des changements
positifs et durables. Dans le cadre de l'action des organisations de la
société civile, le plaidoyer permet une participation de tous au
processus décisionnel et promeut la mise en oeuvre des politiques en
faveur de toutes les couches de la population.
Il nous faut tout de même établir une nette
distinction entre le plaidoyer et le lobbying qui semble s'apparenter. En
effet, il n'est pas anodin de constater que d'aucun assimile le plaidoyer au
lobbying. Et pourtant ces deux termes se distinguent l'un de l'autre.
Etymologiquement, le mot lobbying vient du nom lobby qui
signifie « vestibule » ou « couloir ».Il fut utilisé
pour la première fois au 19ème siècle au
environ de 1830. En effet, ce terme désignait les couloirs de la chambre
des communes britanniques ou les groupes de pressions pouvaient venir palabrer
avec les parlementaires. Le lobbying constitue une manière de faire
pression sur les décideurs politiques. Le lobbying, à la
différence du plaidoyer s'inscrit dans une démarche
secrète et informelle. Nous sommes tentés de parler de cachoterie
plus qu'il n'y pas de transparence. Alors que le plaidoyer est public et
constitue une sorte d'alerte et d'appel à mobilisation pour un
changement, le lobbying fait appel à un groupe de pression et
s'intéresse à tous les domaines surtout politiques. Le lobbying
peut faire partie des actions à menées dans le cadre du
plaidoyer.
Ceci étant dit, il nous importe à présent
de nous appesantir sur les fondements et les méthodes du plaidoyer.
45 UNICEF, « Manuel de plaidoyer, orienter
les décisions visant à changer la vie des enfants » p.
15, 2010, pdf
46 Guide méthodologique d'appui au plaidoyer -
AVSF p.6 pdf
44
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
2) Les fondements d'un plaidoyer efficace
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer suppose
des compétences clés au sein de la structure qui veut s'engager
dans une action de plaidoyer. Nous pensons que l'action de plaidoyer doit
répondre à quelques principes pour être efficace.
- Crédibilité :
Il est primordial que les structures avec lesquels une ONG ou
association désire travailler lui accordent une certaine confiance et
soit en principe aptes à défendre des valeurs de la structure.
- Compétence :
Mettre en place une stratégie de plaidoyer
nécessite une volonté de l'organisation en termes de formation,
ainsi que le renforcement des capacités et de l'aptitude de
l'équipe à dialoguer avec une grande diversité de
personnes, tant au sein du bureau qu'avec les partenaires. Il importe que
l'association dispose des compétences ou forment ses membres en
matière d'analyse, de recherches et de communications. De telles
compétences appellent l'aptitude des membres à pouvoir dialoguer
entre eux et avec les partenaires. C'est dire qu'on ne saurait s'engager dans
une activité de plaidoyer sans les compétences pour pouvoir
conduire une telle activité.
- Capacité à travailler avec les
bénéficiaires :
L'action de plaidoyer des ONG ou associations s'inscrit dans
la quête d'un bien être pour des bénéficiaires bien
identifiés. Il serait donc illogique que l'action de plaidoyer ne tienne
pas compte de l'espérance de ces derniers, de leurs avis sur le
problème à laquelle le plaidoyer vise à trouver des
solutions. Il importe donc que les bénéficiaires se sentent
concernés par l'action de plaidoyer à entreprendre et y
participent.
- Capacité à produire des preuves
pertinentes et à communiquer :
Il s'agit ici de la capacité du plaideur à
démontrer la valeur de ses actions à travers les
témoignages positifs que son action aura suscité. Ces
témoignages donnent de la crédibilité et de
l'autorité à l'organisation. Ce qui lui permettra d'atteindre sa
cible. La collecte de données, la recherche, l'analyse, l'organisation
et la gestion fournissent les bases de témoignages solides. Ces
témoignages doivent toutefois être interprétés puis
transmis au bon moment, au public concerné et de façon
appropriée. Cela implique d'utiliser la meilleure présentation,
pour que l'information soit claire, puisse être assimilée et ait
l'impact désiré. Le témoignage doit mettre en
évidence le problème, ses causes et ses solutions.
45
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
- Partenariat solide et à long terme :
Une stratégie de plaidoyer ne saurait s'inscrire dans
une démarche unilatéraliste à notre avis. Il importe de
nouer des relations aussi bien avec les pouvoirs politiques, qu'avec les autres
associations présentes sur le territoire dont les actions ne sont pas
éloignées de celle de la structure initiatrice du plaidoyer. Ce
qui veut dire qu'il est nécessaire de créer des relations aussi
bien personnelles qu'institutionnelles pour une efficacité réelle
du plaidoyer. Pour ce, il faut de l'ouverture d'esprit, une bonne connaissance
de l'environnement ou se situe le plaidoyer.
IV) PLANIFICATION DES STRATEGIES D'ACTION POUR L'ACCES
A L'EAU ET A L'ASSAINISSEMENT DES OCCUPANTS SANS DROITS NI TITRES
En plus de ces principes de bases, une stratégie de
plaidoyer répond à des méthodes de planification
très précises. La planification d'une stratégie de
plaidoyer se fait en plusieurs étapes.47
1) Analyse des politiques nationaux concernant les
occupants sans droits ni titres
Il s'agit ici d'identifier les politiques liés au
problème en question. Ce travaille permet de visiter les textes de lois
et les actions des pouvoirs politiques sur la question pour laquelle une
stratégie semble nécessaire. Ceci passe par l'identification des
acteurs et institutions en place susceptibles d'avoir un pouvoir de
décision en vue de la réussite du plaidoyer et l'identification
des solutions.
En ce qui concerne les occupants sans droits ni titres en
général, on peut dire que leurs situations diffèrent
suivant le statut qu'a chacun ou les groupes d'individus. Mais ils sont soumis
aux mêmes réglementations nationales. Parmi les occupants sans
droits ni titres, nous avons des réfugiés, des mineurs
étrangers isolés (venus de l'Afrique), des français en
rupture ou en conflit avec la famille ou la société ou encore des
migrants tout simplement (bulgare, serbe, roumain...). Traiter de la politique
les concernant voudra donc que nous nous intéressions à la
politique en la matière et pour chaque cas.
Commençons par souligner que le problème majeur
des occupants sans droits ni titres ne réside pas en soi dans le droit
à l'eau et à l'assainissement. Leur problème se situe au
niveau du logement et du statut pour la plupart d'entre eux. C'est là
que réside en réalité le vrai problème.
47 Les différentes
étapes du plaidoyer diffèrent selon les structures qui les
planifient. D'aucuns vont jusqu'à 7 étapes, d'autres 3 etc. Nous
avons ici choisi la méthode qui semble le mieux rendre compte de notre
projet de plaidoyer.
46
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Pour nous, le droit au logement constitue la seule solution
définitive et durable au problème que constitue les occupations
sans droits ni titres. Ceci s'accentue avec les diverses formes de
discriminations qu'ils subissent du fait de leur statut de personnes
indésirables. Pour nous, il est question de penser « logement
» pour ces individus. Si le droit au logement est un droit constitutionnel
en France, nous pensons que ce droit peut être opposé aux
autorités parce qu'ils sont dans l'obligation d'assurer une vie saine et
digne pour tout individu présent sur le territoire. Ainsi, accueillir ou
héberger ces personnes constitue la solution souhaitée pour
régler le problème de l'accès à l'eau et à
l'assainissement. C'est pourquoi nous devons nous intéresser aux
dispositifs mis en place pour accueillir ces personnes en situations de
précarité.
En droit français, il existe en effet deux types de
dispositif pour l'accueil et l'hébergement des personnes vivant en
situation d'extrême précarité. Il s'agit des
mécanismes d'accueil des demandeurs d'asile (DNA) et le
dispositif de veille sociale qui s'intéresse à toute personne
vivant dans l'extrême précarité sans distinction aucune de
sa nationalité ou de sa situation administrative sur le territoire
français (demandeurs d'asile déboutés et aux
étrangers en situation d'irrégularité,...).
1-1 Le Dispositif National d'Accueil des demandeurs
d'Asile (DNA)
Etre reconnu et pris en charge comme réfugié ou
apatride constitue un combat de longue haleine pour les demandeurs d'asile.
Retenons au prime abord que l'accueil des migrants dans l'espace Schengen et en
France en particulier s'inscrit dans le respect des engagements internationaux
pris par la France en occurrence la convention internationale sur le droit des
réfugiés de 1951 et ses protocoles additionnels et la directive
2003/9/ce du Conseil du 27 janvier 2003 relative à des normes minimales
pour l'accueil des demandeurs d'asile dans les États membres. Ces
dispositions imposent aux Etats l'obligation d'accorder un minimum de
protection à ces personnes. Ils ont l'obligation de « prendre
des mesures relatives aux conditions matérielles d'accueil qui
permettent de garantir un niveau de vie adéquat pour la santé et
d'assurer la subsistance des demandeurs »48. Toutes ces
dispositions ont été transposées dans le droit
français à travers le Code de l'Action Sociale et des
Familles49 et obligent donc l'Etat français à prendre
des mesures en faveur des demandeurs d'asiles. Ceci est assujetti à la
condition que le demandeur d'asile ne soit pas frappé par la
procédure de Dublin50.
48 Article 13 alinéa 2 de la directive
directive 2003/9/ce du conseil du 27 janvier 2003 relative à des normes
minimales pour l'accueil des demandeurs d'asile dans les États
consulté sur
www.gisti.org/IMG/pdf/dir_2003-01-27_2003-9-ce.pdf
le 06 Aout 2018
49 Cf code de l'action sociale et des familles en
son article L. 348-1 et suivants consulté sur
https://www.legifrance.gouv.fr
le 06 Aout 2018
50 La procédure de Dublin III consulté
sur
https://www.gisti.org/spip.php?article5153
le 06 Aout 2018
47
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
La DNA se déroule essentiellement en deux
étapes. Premièrement, le demandeur d'asile doit se rendre dans
les structures de premier accueil (SPADA) pour s'enregistrer et prendre
rendez-vous au guichet unique pour demandeur d'asile (GUDA). Il y recevra les
consignes et les procédures pour la suite de ses démarches.
Ensuite, après s'être fait enregistré au service GUDA de la
préfecture, il se voit attribué un agent de la préfecture
pour l'aider dans la suite des démarches et bénéficier de
la prise en charge. Il a dès ce moment 21 jours pour présenter sa
demande d'asile. La deuxième étape est l'enregistrement effectif
de la demande d'asile lors du rendez-vous au GUDA. Une fois sa demande
enregistrée par un agent en préfecture, le demandeur d'asile
rencontre un agent OFII, pour pouvoir bénéficier des conditions
matérielles d'accueil (allocation pour demandeurs d'asile,
hébergement) et signer l'offre de prise en charge (OPC) afin de pouvoir
subvenir à ses besoins le temps de sa procédure d'asile. Cette
procédure est coiffée par l'office français de protection
des réfugiés et apatrides (OFPRA). L'offre de prise en charge est
composée d'une proposition d'hébergement au Centre d'Accueil pour
demandeurs d'asile (CADA), d'une allocation pour demandeurs d'asile (ADA) et
d'un accompagnement dans les démarches.
Le cas des mineurs isolés étrangers constitue un
autre problème dans la possibilité de résorption de la
question des squats. En effet, parmi les occupants sans droits ni titres, on
peut dénombrer un bon nombre de mineurs isolés étrangers.
Leur prise en charge est soumise à la reconnaissance de l'individu comme
mineur. Dans ce cas il est confié à l'Aide Sociale à
l'Enfance qui assure son bien-être. Dans le cas contraire et
l'échec d'un recours devant le juge des libertés et des
détentions, ils doivent pouvoir compter sur le dispositif de veille
sociale.
Normalement, avec une telle procédure, il devrait avoir
moins d'individus squatteurs. Mais la réalité en est tout autre
puisque les structures étatiques s'estiment ne pas disposer
d'accès de place.
1-2 Le dispositif de veille sociale
Le dispositif de veille sociale dont l'objectif est d'assurer
l'accueil l'hébergement et l'insertion s'inscrit dans une dynamique de
non-discrimination. Elle s'adresse à toute personne vivant dans des
conditions très précaires sur le territoire Français, que
ce soit des nationaux, des migrants déboutés de leur demande
d'asile, des migrants présents sur le territoire
irrégulièrement...C'est donc un dispositif d'accueil
inconditionnel. Ce qui constitue une très grande avancée dans
l'action des pouvoirs publics pour réguler le problème du mal
logement et de la précarité.
48
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
En effet, c'est le Code de l'Action Sociale et des Familles
(CASF) qui encadre et définie les modalités de mise en oeuvre du
dispositif en ces termes : « Dans chaque département est mis en
place, sous l'autorité du représentant de l'Etat, un dispositif
de veille sociale chargé d'accueillir les personnes sans abri ou en
détresse, de procéder à une première
évaluation de leur situation médicale, psychique et sociale et de
les orienter vers les structures ou services qu'appelle leur état. Ce
dispositif fonctionne sans interruption et peut être saisi par toute
personne, organisme ou collectivité51». Toute
personne doit donc pouvoir être prise en charge dans le cadre de ce
dispositif. Les Services Intégrés d'Accueil et d'Orientation qui
sont les bras armés du dispositif ont pour mission d'évaluer la
situation de l'individu et de l'orienter vers les structures qui correspondent
à sa situation. En plus de cela, tout individu ne disposant pas de
logement peut bénéficier de l'accès au dispositif
d'hébergement d'urgence conformément aux dispositions du CASF qui
stipule que «Toute personne sans abri en situation de détresse
médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment,
à un dispositif d'hébergement
d'urgence»52
La mise en oeuvre du dispositif de veille sociale est
confiée aux départements à travers les Plan
Départementaux d'Accueil, d'Hébergement et d'Insertion (PDAHI)
des personnes sans domiciles et encadrée par la loi de Mobilisation pour
le Logement et la Lutte contre l'Exclusion du 25 mars 2009. Elaboré en
collaboration avec les élus locaux et associations, le PDAHI poursuit 3
objectifs principaux : mettre à disposition des demandeurs des
logements, améliorer la continuité de la prise en charge et
organiser l'offre en tenant compte des besoins des démunis
Au regard de ce qui précède, on peut dire que
les dispositions existent pour la prise en charge des occupants sans droits ni
titres. Encore que le droit au logement est un droit opposable dans l'arsenal
juridique français. On ne peut donc expliquer l'existence et la
prolifération des squats que par soit l'inaction des services publics,
le refus par les intéressés d'être orienter vers des
centres d'hébergement, la fuite à cause d'une délivrance
d'OQTF...
2) L'action des autorités dans la gestion de
occupants sans droits ni titres et le paradoxe du mal logement
Il nous importe de nous intéresser à la gestion
par les autorités de la Gironde et de Bordeaux Métropole du
problème que constituent les occupants sans droits ni titres en ce sens
que notre terrain de réflexion se situe à Gironde.
51 Article L.345-2 Code de l'Action Sociale et des
Familles consulté sur
https://www.legifrance.gouv.fr
le 8 Aout 2018
52 Article L. 345-2-2 Code de l'Action Sociale et des
Familles consulté sur
https://www.legifrance.gouv.fr
le 8 Aout 2018
49
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
2-1 Les politiques d'hébergement des personnes
en situation de vulnérabilité
Dans le département de la Gironde, le collectif
d'association intervenant dans les squats (Dynam'eau, Médecins du Monde,
GIP Bordeaux Médiation...) estime à environ 1200 les individus
vivant dans les squats et bidonvilles en Gironde, dont environs 400 enfants. On
se pose la question de savoir que font les autorités pour réguler
la question des occupants sans droits. On a bien l'impression que rien n'est
fait à l'endroit de ces personnes. Comme nous le disions plus haut, ces
personnes vivent dans des conditions dégradantes et indignes de leur
condition d'homme. Ajoutons à cela les risques corollaires que constitue
la difficulté de scolarisation des enfants, les problèmes de
santé...Mauvaise gestion des déchets, gaspillage des fluides,
proliférations de nuisibles (rats, cafards...) et dégradations
des conditions de vie pour les squatteurs et les riverains sont des
problématiques récurrentes rencontrées par les
médiateurs sur les squats.
C'est à croire qu'il n'existe aucune politique
départementale ou locale pour la résorption de ce
phénomène. Dans son rapport d'activité de 2016 sur le
projet « médiation squats », Médecins du Monde estime
à environ 244 le nombre d'enfants sur 744 personnes vivants dans les 28
squats en lien avec l'association53. Or, le nombre de squats ne se
limite pas à ceux qui sont en relation avec Médecins du Monde.
Or, il existe bel et bien une politique départementale
en Gironde pour juguler le problème des occupants sans droits ni titres.
Cette politique est inscrite dans le Plan Départementale d'Action pour
le Logement et l'Hébergement des Personnes Défavorisées de
la Gironde 2016 - 2021 (PDALHPD). Ce document de politique de
logement de 192 pages est élaboré par la préfecture de la
Gironde en partenariat avec les autorités municipales pour une
période de 5 ans. Ce document concerne en premier lieu les
ménages en mal de logement ou qui risquent de le devenir à cause
de leur vulnérabilité. Sont pris en compte les situations
suivantes54 :
o Les personnes dépourvus de logement.
o Les personnes menacées d'expulsion sans relogement.
o Les personnes hébergés ou logés
temporairement sous condition de ressource.
o Les personnes vivant dans des logements qualifiés par
une autorité compétente
d'habitat non décent, indigne, insalubre.
o Les personnes vivant dans des logements en situation de
sur-occupation avec un enfant ou une personne handicapée à
charge.
53 Médecins du Monde, « Extrait du
rapport d'activité 2016, mission squats » Gironde pdf
54 Plan Départementale d'Action pour le
Logement et l'Hébergement des Personnes Défavorisées de la
Gironde 2016 - 2021 pdf p. 17
50
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
L'objectif du PDALHPD, c'est en effet d'améliorer
l'offre de logement, mais aussi de favoriser l'accès des personnes en
situations de vulnérabilités et cumulant plusieurs
problèmes aux logements. Les autorités sont donc bien conscient
du fait que le droit à l'hébergement constitue un droit
inaliénable du moment où ce sont les normes en vigueur qui sont
à la base du PDALHPD55. Malgré la présence d'un
tel document politique, il y a encore des centaines de personnes qui vivent
dans les squats. Alors qu'est-ce-qui explique l'existence encore des occupants
sans droits ni titres en Gironde ou du moins leur survivance.
2-2 Le paradoxe du mal logement
Dans son mémoire intitulé « Les
oubliés de l'eau potable et de l'assainissement : les occupants sans
droits ni titres de Gironde », Théo ANDRIEUX soutenait entre autre
que les autorités de Gironde s'inscrivaient dans une démarche
d'obscurantisme volontaire qui s'explique par différents facteurs. En
effet, en faisant parler les élus locaux, il en ressort que ces derniers
ne tiennent pas compte de l'existence des occupants sans droits ni titres
simplement parce qu'ils ne constituent aucun intérêt dans
l'arène politique ou plus précisément dans la quête
du suffrage56. Un autre facteur, c'est que les autorités
publiques estiment que le problème des occupants sans droits ni titres
relèvent des questions d'immigration et que la compétence en la
matière est dévolue à l'Etat. Ils n'ont donc pas
compétence pour agir57. D'aucuns pensent même que
permettre aux occupants sans droits ni titres de disposer de l'eau dans les
squats serait une sorte de légitimation de leur installation
illégale dans des propriétés publiques ou privées.
Toutes ces raisons constituent pour nous une façon de se voiler la face
et de ne pas prendre ses responsabilités. Les autorités auraient
pu avancer un souci de disponibilité de logements et peut-être les
arguments avancés seraient plausibles.
Face aux différentes dispositions techniques et
législatives dont nous venons de faire part, il est difficile de donner
foi aux propos des élus locaux. La présence des occupations sans
droits ni titres constitue en réalité un paradoxe, un vrai
paradoxe. Dans un récent rapport publié par l'Institut National
de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE), le parc de logement serait
en plein essor en Nouvelle Aquitaine. Le revers, c'est qu'une bonne partie des
logements aussi bien privés que publics sont
inoccupés58. L'INSEE estime que 374 000 nouveaux
55 Idem P.17
56 ANDRIEUX Théo, Les oubliés de l'eau
et de l'assainissement : les occupants sans droits ni titres de Gironde
Métropole, L'Institut de Formation et d'Appui aux Initiatives de
Développement (IFAID, mémoire de fin de formation, 2017, P. 47
57 idem, P. 47
58BALTZ Valérie et AGBAGNI
Frédéric, La population augmente, les logements vacants aussis,
INSEE, Juin 2018 consulté sur
https://www.insee.fr/fr/statistiques/3570014
le 08 Aout 2018
51
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
logements sont construits chaque année et que
8,7%59 des logements de la Nouvelle Aquitaine (toutes régions
confondues) sont vacants. Les occupants sans droits ni titres constituent une
infirmes proportion par rapport à ces logements vacants. Il suffit donc
d'une volonté politique des autorités de Gironde et la question
des occupations sans droits ni titres sera solutionner. Plus
précisément dans Bordeaux Métropole, il y a 22 473
logements vacants dont 10 590 à Bordeaux60. Il suffit donc
d'une volonté politique affichée pour que le problème soit
solutionné puisque qu'en disposant d'un logement adéquat, le
problème de l'eau et de l'assainissement aussi sera
réglé.
3) Etude du terrain et résultats des
investigations
Il est ici question de définir les objectifs à
atteindre dans le plaidoyer. Pour ce, il nous faut déjà
identifier un problème dont le plaidoyer sera une des voix de solution.
Ensuite, on identifiera les actions à mener.
3-1 Etude du terrain
Nous avons donc essayé de procéder à la
réalisation d'une matrice des positions. Ce qui nous permettra
d'identifier les personnes à même de répondre aux besoins
des occupants sans droits ni titres et d'avoir une influence significative sur
la réussite du projet. L'objectif, c'est de pouvoir faire en sorte que
ceux qui sont opposés au projet puisse basculer dans le camp des
adhérents.
59 Baltz V. et AGBAGNI F., idem
60
https://rue89bordeaux.com/2018/06/22-473-logements-vides-a-bordeaux-metropole
consulté le 08 Aout 2018
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
MATRICE DES POSITIONS
Faible Forte
Le Préfet de la Gironde
Le Maire de Bordeaux
Le Président de l'EPCI Bordeaux Métropole
Les propriétaires privés ou publics des
bâtiments
squattés
Certains Maires de la Gironde
La vice-présidente chargée de l'eau de
Bordeaux-
Métropole
Le vice-président en charge du logement
Certains voisins des occupations sans droits ni titres Les
directeurs départementaux des structures de veilles sociales
Certains salariés de la préfecture
|
En dehors des autorités de la Gironde, il n'existe aucune
autre institution capable de prendre des mesures adéquates face à
la situation des occupants
Adhésion
sans droits ni titres
|
Le Maire de Bègles
Le Maire de Mérignac
Certains salariés de SUEZ
Certains voisins des occupations sans droits ni titres
Les bénévoles et travailleurs sociaux
Certains salariés de la préfecture
Les occupants sans droits ni titres
L'agence Régionale de la Santé
Association Dynam'eau
Association GIP'Bordeaux
Médecins du Monde
Architecte Sans Frontière
Association des Compagnons Bâtisseurs
52
Opposition
Adhésion
Grace à la matrice des positions, nous avons donc
pensé à faire usage de l'outil de planification
«cartographie des incidences».
En effet, l'outil «cartographie des incidences» est un
outil de planification entrant dans la mise en oeuvre de projets ayant pour
finalité le changement de position, d'attitude ou de vision par rapport
à un projet donné. L'outil permet de mesurer l'impact d'un projet
en évaluant l'évolution des changements de comportement et
l'adaptabilité de la stratégie du projet61. A
l'origine, la cartographie des incidences fut développée par les
services sociaux américains. Il sera adapté au projet de
développement par le centre de Recherche pour le Développement
international (CRDI) dans les années 200062. Cet outil aura
le mérite d'être assez souple et de ne pas être inscrit dans
une dynamique linéaire de cause à effet comme c'est le cas pour
le cadre logique. L'objectif de la cartographie des incidences, c'est d'induire
des
61 Outil cartographie des incidences consultée
sur
https://vimeo.com/111434999
consulté le 15 Aout 2018
62 Cartographie des incidences consultée sur
http://www.eval.fr/methodes-et-outils/cartographie-des-incidences/
le 15 Aout 2018
53
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
changements comportementaux. Pour mettre en place cette
cartographie, on utilise essentiellement trois outils : les sphères
d'influence, le marqueur des progrès et le journal des incidences qui
interviennent durant la mise en oeuvre et l'évaluation progressive du
changement de vision ou de comportement.
LES SPHERES D'INFLUENCE
Les compagnons batisseurs Architectes Sans Frontières
Médecins du Monde GIP'Bordeaux Métropole France Liberté
Sphère de contrôle
Association Dynam'eau
Partenaires stratégiques
Sphère d'influence
Sphère d'intérêt
Préfecture de la Gironde
Les Maire de la Gironde
Le Président de l'EPCI Bordeaux Métropole
Les propriétaires privés ou publics des
bâtiments squattés Les directeurs départementaux des
structures de veilles sociales Les Juges administratifs du tribunal
Aquassistance (SUEZ)
-Les occupants sans droits ni titres
-Les voisins directs
-Les habitants de la Gironde en
général
Situés aux premières loges de l'appareil
décisionnel de Gironde, le Préfet de la Gironde, le
président de Bordeaux Métropole et les Maires de la Gironde sont
les principales personnalités que nous sommes appelés à
impacter avec les activités de plaidoyer que nous allons mettre sur
pieds. Aussi, les responsables de l'entreprise chargée de la gestion et
de la distribution de l'eau peuvent aussi faire objet de ce plaidoyer. Ils ont
la possibilité, à travers le service d'action sociale de
l'entreprise d'alléger les tracasseries administratives, voire de mettre
gratuitement à disposition des occupants sans droits ni titres des
points d'eau.
Pour obtenir donc l'adhésion de tous ceux qui sont
inclus dans la sphère d'influence à ce projet, nous pensons
à plusieurs activités qui pourraient constituer des relais
d'information pour ceux qui sont appelés à une prise de
décision significative en faveur des occupants sans droits ni titres. Ce
qui pourra participer de changement positif de leur vision du projet. Ainsi
donc, notre public-cible concerne avant tout les autorités
politico-administratives de Gironde parce qu'ils sont à même
d'impulser une dynamique de changement à notre problématique.
54
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Grâce à ces deux outils, nous avons ciblé
des personnes que nous avons contactées dans le cadre de notre
enquête sur le terrain tout en espérant que ces derniers veuillent
nous ouvrir les portes de leur bureau.
3-2 Résultats des investigations
Dans le cadre de notre enquête de terrain, nous avons
interviewé plusieurs individus qui sont susceptible de mieux nous
éclairer sur la question des occupants sans droits ni titres. Ainsi,
nous avons rencontré Monsieur David Dumeau qui est salarié du
GIP-Bordeau Métropole. Nous avons également rencontré
Monsieur Patrick Boude qui travail au sein de l'entreprise SUEZ, la même
chargée de la gestion de l'eau au sein de la Métropole. Il est le
responsable du service social de l'entreprise. Ces personnes sont les seuls qui
ont bien voulu nous accorder des entretiens dans le cadre de notre
démarche d'investigation. En effet, notre désir d'information
nous a emmené à demander des entrevues avec des personnes
travaillant aussi bien à la préfecture, à la région
et dans les mairies comme Madame Céline FLOSCH, Directrice du CADA,
Monsieur Karl CAUSON qui travaille à la préfecture et
chargé des questions squats et bidonvilles, la Vice-présidente de
Bordeaux Métropole en charge de l'eau...
Du croisement de l'analyse de ces deux entretiens, 2 sujets
nous paraissent importants : ? Une multiplicité d'obstacles
freine l'élan des personnes susceptibles de résoudre le
problème : la solution n'est pas que politique
Dans nos questions de départ, nous affirmions que les
autorités politiques manquaient de volonté en ce qui concerne
l'accès à l'eau et à l'assainissement dans les squats et
bidonvilles. Or dans nos entretiens, on relève que l'inaction des
autorités ne se résume pas seulement à la volonté
politique mais à d'autres facteurs qui rendent la résorption du
problème compliqué. Même si l'association Dynam'eau ne
bénéficie pas d'une subvention de la métropole pour
financer les toilettes mobiles ou installer des robinets dans des squats, il
n'en demeure pas moins vrai que les autorités politiques ont conscience
de l'acuité de la question et réfléchisse à sa
résorption. Mais il y a plusieurs facteurs qui viennent freiner la
volonté de ces derniers.
Premièrement, toute action pour l'accès à
l'eau dans les squats et bidonvilles se heurte au problème de la
propriété du terrain squatté. En effet, soit que le
terrain ou l'immeuble appartient à l'Etat ou à un privé,
la possibilité d'action dépend de la volonté des
propriétaires. C'est ainsi qu'il arrive que des propriétaires
privés refusent tout installation sur leurs biens parce qu'ils ont la
crainte d'une installation définitive des squatteurs ou parce qu'ils y
ont prévus des projets imminents. Dans bien des cas, il arrive que ce
soit les maires qui interdissent toute action en faveur des habitants d'un
squat dans l'espoir de les voir quitter le lieu. C'est le cas pour un squat
situé à Mérignac pour lequel le propriétaire
était d'accord pour l'installation
55
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
des robinets d'eaux mais le maire s'y est opposé. Une
telle posture ralentie par exemple la volonté de l'entreprise
délégataire SUEZ d'installer des robinets dans les squats
à titre gracieux.
Secundo, Il n'est pas toujours évidents de reconnaitre
un squat et la majeur partie des squatteurs n'ont pas connaissance des
dispositifs de veille social. Il reste donc dans l'anonymat et ne sont pas
connus des autorités. Il y a la peur de l'expulsion entre autres qui
explique cet état de chose. Les associations deviennent donc l'interface
entre les structures étatiques et les bénéficiaires.
En plus, nous avons l'aspect financier de la question.
Investir dans les squats semble constituer une sorte de gaspillage de fond
parce que les squats sont sujets à évacuation. Et la
préfecture s'inscrit dans une démarche d'opacité en ne
communiquant pas aux associations les dates d'expulsions prévues. Du
coup, à chaque expulsion correspond un nouveau squat. La crainte, c'est
de voir les associations ou les squatteurs ester en justice pour exiger leur
relogement. Mais aussi de constater que les investissements ont
été inutiles.
Un autre facteur qui freine l'action des politiques, c'est le
problème de la mobilité des squatteurs. Il y a une sorte de
clanisme dans les squats multiculturels. Il devient donc impossible pour les
associations ou les politiques de s'adresser à un interlocuteur
précis. Parce que ce dernier peut à tout moment changer de
squat.
? Le plaidoyer doit être associé à
plusieurs d'autres actions pour être efficace
La vision que nos interlocuteurs ont du plaidoyer et de
l'activité associative pour l'accès à l'eau et à
l'assainissement s'inscrit dans une sorte de relativisme. Essentiellement, ils
avancent les mêmes idées pour ce qui est de l'efficacité de
l'action de plaidoyer ou non. Dans notre cas actuel, la réponse à
notre problématique semble mitigée.
Le squat en lui-même est déjà un plaidoyer
car il met à nue le problème de la précarité des
membres de la société. Et l'activité associative vient
donc constituer l'interface entre les autorités et les personnes vivant
en squat. D'une certaine façon, la question de l'efficacité de
l'action de plaidoyer reste difficilement mesurable dans l'immédiat mais
plutôt dans la durée. C'est pourquoi il soutient que le plaidoyer
est inefficace dans le cas où il y a encore des squats qui sont sans eau
et sans assainissement et que les squatteurs ne sont pas forcément
relogés. Mais il soutient aussi que le plaidoyer est bien efficace en ce
sens que les actions des associations et de Dynam'eau ont permis de pointer le
doigt sur un problème sociétal et que les autorités
politiques ont inscrit désormais la problématique dans leur
agenda politique. Patrice BOUDE de SUEZ va dans le même sens. Seulement,
il pointe le doigt sur le fait qu'il y a encore des squats ou des personnes
vivantes en squats. Pour lui, il a encore un travail énorme à
accomplir dans ce sens. Et c'est là que s'inscrit toute la
nécessité de réfléchir sur les axes de
56
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
plaidoyer et leur importance. Si la finalité du
plaidoyer réside dans le besoin d'influencer et d'inciter les
politiques, on peut dire que le plaidoyer seul ne suffit pas pour relever le
défi. Il faut que le plaidoyer soit joint à d'autres actions pour
escompter une quelconque réussite
4) Objectifs et stratégies d'actions pour une
réussite du projet de plaidoyer
Il importe de définir clairement les objectifs du
plaidoyer et de proposer des pistes d'actions et d'évaluations.
4-1 Objectifs
Comme nous le disions plus haut, il est inadmissible pour la
conscience commune d'admettre que des familles, des individus, des enfants
vivent dans des conditions décrites plus haut. Tout ceci est la
résultante de l'inaction ou de la faiblesse de la prise en charge des
personnes en situation de vulnérabilité et de l'accueil des
personnes migrantes réfugiés ou sans papiers dans la
métropole bordelaise et en France en général. Et pourtant,
il existe un grand nombre de logements répondant aux normes en vigueur
et appartenant à la métropole qui ne sont pas habités. Il
serait donc judicieux que les services publiques accordent ces logements aux
personnes vivant dans les occupations sans droits ni titres ne serais-ce qu'en
tenant compte de la spécificité de chaque individu ou groupe
d'individus. L'objectif de l'action de plaidoyer se résumera donc en
deux points. Il s'agira de mener des actions pour que l'Etat prenne
l'initiative de rétablir ou d'installer des robinets et de raccorder les
squats au réseau d'assainissement collectif en attendant de trouver une
solution durable et définitif aux problèmes des occupants sans
droits ni tires. A défaut, il faudra que les autorités à
divers niveaux appliquent les politiques de relogements pour ces personnes sans
aucune condition préalable. L'association en adoptant une telle posture
s'inscrit dans une certaine chaine de valeur. Il est question pour elle
d'atteindre l'objectif le moins difficilement atteignable. Il ne s'agit pas
pour l'association de s'inscrire dans une dynamique de pérennisation des
squatteurs dans une situation aussi dégradante. Mais de faire en sorte
que le minimum possible soit mis à leur disposition. L'accès
à l'eau et à l'assainissement constitue l'objectif le moins
difficilement atteignable car il ne coûte rien aux autorités de la
Gironde de procéder au raccordement des squats en alimentation en eau
potable et à l'assainissement par rapport au frais dépenser dans
l'évacuation.
4-2 Stratégies d'actions
Il faut donc définir des stratégies pour
atteindre ces objectifs. La rédaction de lettres de plaidoyer et de
mémorandum constitue un moyen efficace pour interpeller les
autorités publiques et administratives sur le problème des
occupants sans droits ni titres. Ces lettres
57
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
seront sous formes ouvertes et publiées sur le site de
l'association et pourquoi pas dans les journaux les plus lus dans le
département de la Gironde. En plus, des lettres de plaidoyer, nous
pensons que l'association peut organiser une émission interactive sur
les ondes de la radio en invitant par exemple certaines personnes susceptibles
de participer à la réussite du projet : un élu local, un
député, un maire, des responsables d'associations humanitaires et
même des citoyens lambda ou squatteurs. Ce qui permettra de porter
à la connaissance des auditeurs les actions menées en faveur des
occupants sans droits ni titres mais aussi de recueillir de nouvelles
adhésions ou bénévolats. Ce qui suppose d'élargir
le partenariat de l'association aux entreprises de presses de la place comme ce
qui se fait déjà avec Sud-Ouest. Histoire d'obtenir un espace de
publication dans les parutions. De plus, il importe que Dynam'eau s'implique
dans les activités inter associatives et participe aux réunions
ou assemblées communales. Elle pourra ainsi se faire la « voix
» des occupants sans droits ni titres au niveau des instances
décisionnelles de la région, du département et de la
commune.
Toutes ces actions doivent s'inscrire dans une dynamique
holistique en tenant compte de tous les paramètres liés à
la question des squats. Par exemple, dans ses messages de plaidoyer, Dynam'eau
peut s'appuyer sur le problème de la déscolarisation des enfants,
sur la question de l'attractivité de la ville et pourquoi pas sur la
problématique du vivre ensemble. Ces différentes
thématiques ne peuvent être dissociées de la question de
l'accès à l'eau. Elles sont intrinsèquement
liées.
Nous pensons aussi qu'il faut déjà se baser sur
les textes de loi en vigueur sur le territoire français. En plus de
cela, il faut faire recours à la jurisprudence en la matière. En
effet, la jurisprudence vient en réalité pour éclairer une
règle de droit ou régler des problèmes de droit non
prévus par la loi. Il faudra donc interpeller les autorités
administratives en mettant l'accent sur :
- Les textes de lois en vigueur
- Les risques que constituent les occupations sans droits ni
titres en matière de santé et de dignité humaine
En France, on peut dire que les décisions de justice
s'inscrivent généralement dans le respect des droits humains.
Effet, la plupart des juridictions françaises optent pour un respect des
droits fondamentaux de l'individu. Il ressort essentiellement de ces
décisions la lutte contre toutes sortes de discriminations et le respect
de l'égalité des individus. En matière d'eau et
d'assainissement, les juridictions sont souvent favorables à la
préservation de ce droit aux individus et imposent aux services faitiers
de ne pas y déroger.
58
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
En France, il est possible pour les occupants sans droits ni
titres d'ester contre les maires et les préfets devant la justice pour
non accès à l'eau et à l'assainissement. Car, ces derniers
ont l'obligation d'assurer à leur population ou à toute personne
présente sur leur territoire la jouissance des droits fondamentaux et de
les protéger contre toute situation inhumaine et dégradante. Le
droit à l'eau et à l'assainissement constitue la base de tous les
autres droits. C'est le droit à la vie qui en découle. Les
occupants sans droits ni titres ont donc le droit de contester toutes
décisions des autorités préfectorales ou municipales
visant à leur dénier tout droits à l'eau et à
l'assainissement. Pour ester devant la justice et contester les
décisions ou porter plainte contre les autorités, les occupants
sans droits ni titres doivent s'adresser au tribunal administratif dont
dépend leur lieu d'habitation. Ils peuvent user de deux
procédures :
- Saisir le juge administratif par voie de
requête : Article R. 411-1 du code de la justice administrative (CJA) :
« La juridiction est saisie par requête. La requête
indique les noms et domiciles des parties. Elle contient l'exposé des
faits et moyens, ainsi que l'énoncé des conclusions soumises au
juge. L'auteur d'une requête ne contenant l'exposé d'aucun moyen
ne peut la régulariser par le dépôt d'un mémoire
exposant un ou plusieurs moyens que jusqu'à l'expiration du délai
de recours. »63
- Saisir le Juge du Tribunal Administratif au
moyen du référé liberté : Le
référé liberté constitue une procédure
d'urgence par lequel le justiciable peut demander l'annulation d'une
décision administratif illégale. Le juge dispose d'un
délai de 48 h pour donner suite à cette demande64.
Cette procédure est assortie de trois conditions : l'urgence, l'atteinte
à une liberté fondamentale et la gravité de la
décision.
Même si les résultats des actions de plaidoyer
s'inscrivent dans le temps, il importe de disposer d'outils pour pouvoir
l'évaluer et ainsi procéder à des réajustements
continuels des types d'actions.
4-3 L'évaluation des actions de plaidoyer
Dans le cadre de la mise en oeuvre et du suivi des
activités de plaidoyer, il serait bien de continuer de se baser sur les
autres outils de la cartographie des incidences. Il s'agit de l'utilisation des
marqueurs des progrès et du journal des incidences.
En effet, les marqueurs de progrès renvoient à
une description graduelle des changements chez ceux à qui s'adresse
l'activité de plaidoyer. Ici, il s'agit des politiques ou toute autre
personne susceptible d'agir positivement en faveur des occupants sans droits ni
titres. On y note
63 Code de Justice Administrative,
art r411-1 consulté sur
https://www.legifrance.gouv.fr
le 26 juillet 2018
64 Code de justice administrative -
Article L521-2 consulté sur
https://www.legifrance.gouv.fr
le 26 juillet 2018
59
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
les actions et les changements de vision de ces derniers.
Lesquels changements ou actions participent de la prise en compte des
intérêts des occupants sans droits ni titres soit en installant
des points d'eau provisoires et en raccordant ces squats et bidonvilles au
réseau public d'assainissement ou carrément en les relogeant. Les
marqueurs de progrès doivent être objectivement vérifiables
et concrets. Il nous faudra donc identifier les signaux qui permettront de
mesurer l'impact des activités entrepris. Tout cela se fait dans le
journal des incidences qui se présente comme suit :
NOM DE LA STRUCTURE : Préfecture (par exemple)
|
Période de
Nom de Chargé de plaidoyer
|
INCIDENCES VISEE : Collaboration avec l'association
|
MARQUEURS DES PROGRES FAITS REMARQUABLES MESURES CORRECTRICES
|
Collaboration avec la Préfecture
|
Suite à une réunion avec les
autorités de la préfecture, l'association est
automatiquement
informée des décisions
d'évacuations de squats et des dates de mise en
oeuvre.
|
|
Respect des droits des occupants sans droits ni titres
|
Lors des évacuations, les
occupants sans droits ni titres sont
relogés et leurs affaires sont respectés et
protégés
|
|
Il nous préciser que le journal des incidences ne
s'inscrit pas dans un cadre généraliste. C'est pour cela qu'il
doit être réalisé selon chaque personnalité ou
institution présente dans la sphère des influences. Cela permet
d'évaluer à sa juste mesure l'effet de chaque action de plaidoyer
entrepris à son encontre.
60
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
CONCLUSION
Il nous parait important de souligner ici quelques
difficultés rencontrées durant la réalisation de ce stage.
En effet, Nous tenon à souligner ici que le stage que nous avons
effectué est non-rémunéré. Ceci à constituer
pour nous une difficulté presque insurmontable. C'est pourquoi nous
tenons à remercier l'université de Poitiers qui nous a fait un
don de 350 euros. IL importe pour nous aussi de souligner qu'effectuer un stage
en période de congé constitue une gageure. La belle preuve, c'est
que la plupart de personnes que nous avons souhaité rencontrer
n'était pas disponible à raison des congés
d'été. Certains nous ont répondu alors que nous avions
déjà finalisé notre rapport en arguant qu'ils
étaient en congés. Une autre difficulté, c'est le fait que
nous manquions de spécialiste du plaidoyer au sein de l'association. Ce
qui nous a poussés à effectuer ce travail dans une certaine
solitude malgré les ajustements du président de l'association.
Heureusement que nous avons rencontré des spécialiste de la
question qui nous ont conseillés et recadrés dans la finalisation
du document.
Enfin, savons-nous ou du moins savent-ils que l'eau c'est la
vie ? Voilà l'interrogation qui nous vient à l'idée
lorsque nous pensons aux conditions de vie des occupants sans droits ni titres.
Mais cette interrogation ne s'adresse pas à eux. Elle s'adresse à
tout individu lambda, à toute personne vivant en société.
Mais elle s'adresse encore plus à nos dirigeants, aux personnes en
charge de la gestion de la cité. Lors d'une activité de recherche
de fond en tant que stagiaire, nous avons fait le choix d'adresser cette
interrogation aux usagers d'un supermarché de Bègles. Il en
ressort que le citoyen lambda a conscience du fait que l'eau, c'est la vie.
Mais il n'a pas forcément conscience de l'existence des squats et du
fait que des individus en soit privés sur leur territoire. Ceux qui en
ont conscience n'hésiteront pas à nous rappeler que c'est le
devoir de l'Etat de permettre aux individus de vivre dans des conditions dignes
et non dégradantes.
Pourquoi faisons-nous ce détour ? C'est simplement
parce que les habitants de la Gironde et de métropole bordelaise n'ont
pas forcément conscience de la réalité qui se vit sur leur
territoire. Cela n'est que la résultante d'un problème
sociétal qui s'exprime à travers l'individualisme à
outrance. L'on évite de porter le regard sur la misère de
l'autre, l'on évite que l'autre porte son regard sur soi. Tout cela nous
rend indifférent à ce qui se passe autour de nous. C'est en cela
que l'activité associative vient nous ouvrir les yeux sur ce qu'on ne
veut pas voir, sur ce qu'on feint de ne pas voir, sur ce qu'on évite...
sur l'autre partie de la société, sur l'autre partie de nous.
En effet, l'activité de l'association Dynam'eau
auprès des occupants sans droits ni titres en Gironde reste un combat
courageux pour la vie et le bien être de ces occupants, mais aussi
61
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
pour toute la cité. Au sein de la Gironde, toutes les
associations s'intéressent à diverses thématiques telles
que la santé, l'habitat...Dynam'eau constitue la seule association qui
s'intéresse à la thématique de l'eau et de
l'assainissement en Gironde.
L'eau, c'est la vie. Aucune société, aucun
individu ne peut exister si l'accès à l'eau n'est pas une
garanti. C'est pourquoi il importe que les autorités de nos pays
prennent conscience de cela et posent les actes idoines pour l'accès de
tous à la ressource.
En ce qui concerne les occupants sans droits ni titres, la
réponse des autorités doit se faire sans attendre : relogement ou
mis à disposition d'infrastructures sanitaires et hydriques. S'il semble
difficile de procéder à ces travaux, il serait louable de
créer des douches et toilettes collectives un peu partout dans le
département, surtout à proximité des zones où se
concentrent les occupants sans droits ni titres. Le financement de telles
infrastructures peut être assuré par les aides sociales de l'Etat.
L'interdiction de travailler paupérise encore plus ces personnes qui
vivent dans la précarité absolue. Il faudrait donc que ce droit
soit allégé pour permettre à ces individus de
répondre à leur besoins élémentaires. Une chose que
nous avons compris, c'est que ces personnes sont dans une voie de fait qui
s'étend à leur existence même en tant qu'humains : sans
droits (hébergement, eau, santé, éducation,
divertissement, travail...), sans titres (séjour, menacés
d'expulsions, peur...). Mais on-t-ils le choix ? Quelle alternative leur
propose-t-on ?
Toute la responsabilité revient à chaque
individu, à chaque citoyen capable de jouer sur le positionnement des
politiques, des dirigeants. La société française en
générale se paupérise de plus en plus. Et comme le dit un
ami lors d'une discussion informelle sur le sujet, «si rien n'est fait
dans quelques années, les conséquences seront dramatiques pour la
nation française». C'est en cela que le plaidoyer,
associé à des actions juridiques, trouve toute sa
légitimité. Il interpelle les pouvoirs sur le problème et
les incite à y trouver une solution. Car ce problème ne concerne
pas seulement des étrangers, mais des français, ça
concerne et interpelle chacun de nous. On ne peut refuser l'accès
à l'eau à des membres de notre société. Comme le
dit un adage de mon pays, « on ne doit refuser l'eau à quelqu'un,
c'est un crime contre la vie ». C'est pourquoi, nos dirigeants, tels des
« tresseurs de corde » doivent se faire les humbles
serviteurs de cette ressource plus précieuse que l'or en oeuvrant pour
que chacun et tous puisse y accéder.
62
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
TABLE DES ANNEXES
Annexe 1 : Cahier de charges 63
Annexe 2 : Extrait de grille d'entretien (GIP Bordeaux
Métropole) 64
Annexe 3 : Extrait de grille d'entretien (SUEZ) 66
Annexe 4 : Grille d'entretien SUEZ 68
Annexe 5 : Grille d'entretien GIP Bordeaux Métropole
69
Annexe 6 : Les TBQ 70
Annexe 8 : Quelques photos de squats 71
Annexe 7 : Quelques actions dans les squats 71
63
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Annexe 1 : Cahier des charges
Mise en place d'une stratégie de plaidoyer pour
l'accès à l'eau et à l'assainissement des occupants
sans droits ni titres en Gironde
Dynam'eau est une association de loi 1901 reconnu
d'intérêt général qui oeuvre aussi bien à
l'échelle national qu'international. Elle se donne pour mission de
« porter l'eau là où elle n'est pas».
Contexte : Depuis 2015, l'association
Dynam'eau mène un projet pour l'accès à l'eau et à
l'assainissement des squats et bidonvilles en Gironde. En effet, il existe plus
de 1200 personnes dont 4(0 enfants qui vivent dans des conditions «
inhumaines et dégradantes » dans les squats et bidonvilles en
Gironde. Sans eau et sans assainissement, ils font leur besoin dans la nature.
Ce qui porte atteinte à leur dignité surtout en ce qui concerne
les femmes et les jeunes filles. Le projet dont vise à fournir à
ces populations de meilleures conditions de vie en mettant à leur
disposition l'élément essentiel à la vie qu'est l'eau.
Mission : Le stagiaire aura pour mission de :
- Mettre en place la politique de plaidoyer de l'association
à travers la rédaction d'un document de stratégie
précisant les tenants et les aboutissants, les méthodes d'actions
ainsi que la méthodologie d'évaluation des actions de
plaidoyer.
- Assister le coordonnateur dans les activités entrepris
par l'association
- Participer à la recherche de financements
- Soutenir l'équipe de Dynam'eau dans la réponse
aux appels à projets
Profil attendu
- Bac + 5 de préférence en gestion de projets ou en
relation internationale, science
politiques ou toutes autres formations similaires
- Avoir un grand intérêt pour le domaine associatif
et la solidarité internationale
- Avoir de solide connaissance en gestion de projet
- Esprit d'initiative et capacité de travailler de
manière autonome
- Bonne capacité rédactionnelle
- Sens de la priorité
- Esprit d'équipe
Conditions
Statut : stagiaire
Durée : trois mois
Salaire/indemnité : stage non
rémunéré
Contact : Maxime GHESQUIERE, Président de l'association
Dynam'eau, Contact@dynam'
eau.org
64
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Annexe 2 :
ANNEXE 2 : EXTRAIT D'ENTRETIEN BORDEAUX-METROPOLE /
Mairie
Identité : David DUMEAU
Poste : Salarié du GIP Bordeaux
Médiation
Contact :
d.dumeau@mairie-bordeaux.fr
Lieu d'entretien : Mairie de Bordeaux
Date d'entretien : 03 Septembre 2018
Extraits d'entretien
Thématique
|
Questions
|
Réponse
|
Mission et attributions dans l'accès à l'eau et
à l'assainissement
|
Quel rôle joue votre institution dans la mise en
oeuvre de l'accès à l'eau et à l'assainissement ?
|
Le GIP Bordeaux Métropole est un
groupement d'intérêt public crée en 2011
dont l'objectif est de travailler pour l'amélioration
des conditions de vie et pour
un meilleur accès aux droits des populations roumaines
et bulgares vivant en squats et bidonvilles.
|
|
Et comment s'exerce cette prérogative ?
|
Notre rôle est de faire le lien entre les personnes
concernées et les services qui sont appelés à les prendre
en charge. Nous sommes appelés à identifier les facteurs de
risques existants et à réfléchir sur leur mécanisme
de résorption. Nous travaillons étroitement avec les associations
sur place et dans le cadre de l'accès à l'eau, nous travaillons
avec l'association Dynam'eau
|
Recensement des squats et occupants sans droits ni titres
|
A votre avis, combien y-a-t-il de squatteurs et de squats dans
Bordeaux Métropole ? Si oui, qui s'est chargé de ce recensement ?
Pouvez-vous me donner les documents ?
|
Sur toute la métropole, on peut dire qu'il y a 2000
squatteurs et ce nombre fluctue tout le temps. Nous on l'a fait ensemble mais
elle n'est pas à jour cette carte.
|
Politique concernant les Squats et
bidonvilles
|
Bordeaux-Métropole met-elle en place des politiques
pour réguler la question des squats ? Si oui, quelles sont ces
politiques ?
|
Il y a eu quelques collaborations avec les associations. Ce
qui importe aujourd'hui
c'est que la question des squats et
bidonvilles est inscrite dans l'agenda politique.
|
|
Qu'est-ce-qui explique l'inaction de
Bordeaux Métropole dans la résolution de la
question des squats ?
|
On ne peut parler d'inaction en tant que telle parce que les
autorités se heurtent à plusieurs problèmes qui
s'enchevêtrent. car chaque squat présente une
spécificité. Il faut prendre en compte l'aspect politique de la
question, les questions liées à la mobilité des individus,
le détenteur des
lieux, les coûts...sans oublier l'avis de
l'électorat...il y a aussi les conflits
de compétences ou encore le problème de la
particularité de chaque individu squatteur. En plus de tout cela, il
faut ajouter que les
gens ne font pas les demandes d'hébergement par
méconnaissance du 115. Nous avons aussi la barrière de la
langue.
|
Action de Dynam'eau dans les squats et bidonvilles
|
L'association Dynam'eau porte un projet sur l'accès
à l'eau et à l'assainissement dans les squats et bidonvilles de
Bordeaux métropole. Quel est votre avis sur un tel projet ?
|
Grâce à Dynam'eau, on pointe du doigt le
non-respect des obligations légales des institutions et des valeurs de
la république.
|
65
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
|
Pensez-vous qu'une action de plaidoyer à
|
Ça dépend. On peut dire oui parce
|
|
l'endroit de la métropole puisse avoir une
|
qu'aujourd'hui, la question des squats et
|
|
incidence sur les autorités ?
|
bidonvilles est inscrit dans l'agenda
politique. Dynam'eau a déjà
bénéficier des financements de la métropole et de SUEZ
pour financer les toilettes mobiles. Ça veut
dire qu'il y a un début de prise de conscience de la
nécessité d'accès à l'eau et un engagement à
essayer d'améliorer la situation
|
|
|
On peut aussi dire non parce qu'il y a toujours des squats qui
sont sans eaux et
sans assainissement et les pouvoirs politiques ne s'y sont
pas engagés non plus.
|
|
|
S'il n'y avait pas les actions de plaidoyer de l'association,
la situation serait bien pire encore.
|
|
|
Donc on peut dire qu'il y a une réussite. La
métropole travaille actuellement sur
la création de trois terrains pour reloger une soixantaine de
famille. Et je pense que c'est grâce à l'activité de
plaidoyer.
|
|
|
Déjà, le squat est en lui-même un
plaidoyer.
|
66
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Annexe 3 : EXTRAIT D'ENTRETIEN
SUEZ
Identité : Patrice BOUDE
Contact :
Patrice.boude@suez.com
Lieu d'entretien : Siège social de SUEZ
(Mérignac)
Date d'entretien : vendredi 7 Septembre 2018
QUESTIONNAIRES
Thématique
|
Questions
|
Réponses
|
Mission et attributions dans l'accès à l'eau et
à l'assainissement
|
Quel rôle joue votre institution dans la mise
en oeuvre de l'accès à l'eau et
à l'assainissement ?
Depuis quand SUEZ s'occupe-t-il dans l'eau et de l'assainissement
dans la métropole ?
|
SUEZ est l'entreprise délégataire qui se charge du
service de l'eau et de l'assainissement en bordeaux métropole. C'est un
contrat de délégation de service qui est signé entre
Bordeaux Métropole et SUEZ pour une période de 20ans.
|
Coûts et Aspects sociales de la mission
|
Pensez-vous que le coût du service de l'eau et de
l'assainissement est abordable pour le contribuable lambda ? Existe-t-il
des mécanismes pour venir en aide aux couches vulnérables
? Si oui lesquels ?
|
Comme vous le savez, nous nous inscrivons dans un principe de
tarification de l'eau. L'eau paie l'eau dit-on. On peut dire OUI. Nous avons
une obligation de résultat à l'endroit de Bordeaux
Métropole et à l'endroit des populations. Tout cela a
forcément un prix. Pour les couches vulnérables, il n'y a plus de
coupure d'eau comme avant. Nous ne le faisons plus. Mais il y des dispositifs
pour recouvrer la créance. C'est pourquoi ceux qui sont dans une
situation de précarité se rapproche des services sociaux.
|
Les occupants sans droits ni titres
|
Avez-vous connaissance de la présence de personnes qui
vivent sans accès à l'eau et à l'assainissement dans
Bordeaux-Métropole
et des occupants sans droits ni titres en particulier?
Que Faites-vous à leur endroit ?
|
Oui nous savons connaissance de
l'existence des occupants sans droits ni titres. Et
d'ailleurs, c'est moi qui me charge de cette question. Et ce que nous avons
constaté, c'est qu'il y a de plus en plus de français vivant en
squat.
Pour ce qui concerne les occupants sans droits ni titres, nous
avons au niveau de SUEZ la volonté de mettre à disposition de ces
personnes de l'eau et de les raccorder aux réseaux d'assainissements.
Mais il faut dire que nous nous heurtons à beaucoup d'obstacles comme la
mobilité intempestive des squatteurs (il n'y a pas d'interlocuteur
fiable), l'opposition de certains maires, parfois de la métropole
aussi... En fait, SUEZ à les mains liées car elle risque de
perdre son contrat en s'opposant à la décision des maires.
|
|
Qu'est-ce-qui explique l'inaction de
Bordeaux Métropole dans la résolution de la
question des squats ?
|
Il y a des maires comme celui de Bègles par exemple qui
n'est pas opposé. Mais il y d'autres maires qui sont contre. Au
niveau
de la métropole, la crainte, c'est de
légitimer l'installation anarchique des squats et
bidonvilles. On essaie de limiter cela surtout que cela a des incidences sur
l'attractivité de la ville Ensuite, il y a des
fois l'opposition des propriétaires des
terrains ou immeubles sans oublier le
risque d'installation définitive des squatteurs.
|
Politique concernant les Squats et
bidonvilles
|
Selon vous, Quelles pourraient être des
pistes d'actions pour permettre à ces
|
Je pense que le problème est aussi bien politique que
financier. C'est bien possible
|
67
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
|
personnes d'avoir accès à la ressource eau ?
|
d'y trouver une solution. On ne peut rester les bras
croisés à ne rien faire. Je pense que les maires peuvent prendre
le modèle de la ville de Strasbourg en construisant des aires
d'accueil.
|
Action de Dynam'eau dans les squats et
|
L'association Dynam'eau porte un projet
|
IL faut quelqu'un pour agir et porter le
|
bidonvilles
|
sur l'accès à l'eau et à l'assainissement
dans
|
problème au niveau de la société et des
|
|
les squats et bidonvilles de Bordeaux
|
politiques. Je pense que l'association
|
|
métropole. Quel est votre avis sur un tel
|
Dynam'eau fait un travail énorme. Les
|
|
projet ?
|
associations comme Dynam'eau sont les
|
|
Dynam'eau peut-il espérer un quelconque
|
premiers interlocuteurs des personnes en
|
|
soutien de la part de SUEZ ?
|
précarité. Sans elles, personnes ne serait
|
|
Quelles pourrait être l'intervention de
|
informés de la situation de ces personnes.
|
|
SUEZ dans la réussite de ce projet ?
|
Dynam'eau a le soutien de SUEZ, mais une fois encore, je tiens
à vous rappeler que SUEZ a les mains et pieds liés car elle
répond aux ordres de Bordeaux Métropole.
|
Efficacité des actions de Dynam'eau
|
A votre avis, les actions de l'association
|
Efficacité !!!!! on peut dire dans une
|
|
Dynam'eau à l'endroit des pouvoirs
|
certaine mesure. Si on considère que
|
|
politiques ont-elles des effets positifs ?
|
attirer l'attention de Bordeaux Métropole
|
|
lesquels ?
|
est une réussite, on peut dire que l'action
de Dynam'eau est efficace. Mais le problème demeure.
|
68
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
ANNEXE 4: GRILLE D'ENTRETIEN SUEZ
GRILLE D'ENTRETIEN SUEZ
Identité : Patrice BOUDE
Poste : Chargé de l'action social
Contact :
Patrice.boude@suez.com
Lieu d'entretien : Siège social de SUEZ
(Mérignac)
Date d'entretien : vendredi 7 Septembre 2018
QUESTIONNAIRES
Thématique
|
Hypothèse
|
Question de relance
|
Mission et attributions dans l'accès à
l'eau et à l'assainissement
|
SUEZ est l'entreprise adjudicataire du
contrat eau au sein de
Bordeaux Métropole
|
Quel rôle joue votre institution dans la mise
en oeuvre de l'accès à l'eau et à l'assainissement
?
|
|
|
Depuis quand SUEZ s'occupe-t-il dans l'eau et de
l'assainissement dans la métropole ?
|
Coûts et Aspects sociales de la mission
|
Il existe des mécanismes pour venir en aide
aux couches vulnérables
|
Pensez-vous que le coût du service de l'eau et
de l'assainissement est abordable pour le contribuable lambda
? Existe-t-il des mécanismes pour venir en aide aux couches
vulnérables ? Si oui lesquels ?
|
Les occupants sans droits ni titres
|
SUEZ a connaissance du fait que des
occupants sans droits ni titres ne disposent
d'accès à l'eau sur le territoire
|
Avez-vous connaissance de la présence de
personnes qui vivent sans accès à l'eau et
à l'assainissement dans
Bordeaux- Métropole et des occupants sans droits ni
titres en particulier?
|
Politique concernant les Squats et
bidonvilles
|
|
Selon vous, Quelles pourraient être des pistes
d'actions pour permettre à ces personnes d'avoir accès à
la ressource eau ?
|
Action de Dynam'eau dans les squats et
bidonvilles
|
|
L'association Dynam'eau porte un projet sur
l'accès à l'eau et à l'assainissement dans les squats et
bidonvilles de Bordeaux métropole. Quel est votre avis sur un tel projet
?
Dynam'eau peut-il espérer un quelconque soutien
de la part de SUEZ ?
Quelles pourrait être l'intervention de SUEZ
dans la réussite de ce projet ?
|
Efficacité des actions de Dynam'eau
|
|
A votre avis, les actions de l'association
Dynam'eau à l'endroit des pouvoirs politiques
ont-elles des effets positifs ? lesquels ?
|
69
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
ANNEXE 5 : GRILLE D'ENTRETIEN GIP BORDEAUX
METROPOLE
Identité : David DUMEAU
Poste : Salarié du GIP Bordeaux
Médiation Contact :
d.dumeau@mairie-bordeaux.fr
Lieu d'entretien : Mairie de Bordeaux Date d'entretien
: 03 Septembre 2018
QUESTIONNAIRES
Thématique
|
Hypothèse
|
Question de relance
|
Mission et attributions dans l'accès
à
l'eau et à l'assainissement
|
|
Quel rôle joue votre institution dans la mise
en oeuvre de l'accès à l'eau et à l'assainissement
? Et comment s'exerce cette prérogative ?
|
Aspects sociales de la mission
|
Il existe des mécanismes pour venir en aide
aux couches vulnérables
|
Existe-t-il des mécanismes pour venir en aide
aux couches vulnérables ? Si oui lesquels ?
|
Les occupants sans droits ni titres
|
Les autorités de la Gironde ont une
parfaite connaissance de la situation des occupants
sans droits ni titres
|
Avez-vous connaissance de la présence des
occupants sans droits ni titres ?
|
Origine des occupants sans droits ni titres
|
Les autorités de Bordeaux Métropole ont
une parfaite connaissance de la situation des occupants sans droits ni
titres
|
Selon vous qui sont-ils et pourquoi vivent-ils dans
les squats et bidonvilles ?
|
Recensement des squats et occupants sans droits ni
titres
|
Les autorités de Bordeaux Métropole ont
une parfaite connaissance de la situation des occupants sans droits ni
titres
|
A votre avis, combien y-a-t-il de
squatteurs et de squats dans Bordeaux Métropole
?
Si oui, qui s'est chargé de ce recensement ?
Pouvez-vous me donner les documents ?
|
La persistance des squats et bidonvilles
|
Les autorités de Bordeaux Métropole ont
une parfaite connaissance de la situation des occupants sans droits ni
titres
|
Selon vous, qu'est-ce qui explique la
prolifération et la persistance des squats et
bidonvilles ?
|
Politique concernant les Squats et
bidonvilles
|
Il existe des politiques de Bordeaux
Métropole pour réguler la question des
squats
|
Bordeaux-Métropole met-elle en place des
politiques pour réguler la question des
squats ? Si oui, quelles sont ces politiques
?
|
|
Les autorités de Bordeaux Métropole ne
veulent en aucun cas s'occuper de ces personnes pour certaines
raisons
|
Qu'est-ce-qui explique l'inaction de
Bordeaux Métropole dans la résolution de
la question des squats ?
|
Action de Dynam'eau dans les squats et
bidonvilles
|
Les autorités de Bordeaux Métropole
ont
une vision négative de l'action
de l'association Dynam'eau dans les squats et bidonvilles
|
L'association Dynam'eau porte un projet sur
l'accès à l'eau et à l'assainissement dans les squats et
bidonvilles de Bordeaux métropole. Quel est votre avis sur un tel projet
?
|
|
|
Pensez-vous qu'une action de plaidoyer à
l'endroit de la métropole puisse avoir une incidence sur les
autorités ?
|
70
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
ANNEXE 6 : LES TOILETTES SE BOUGENT LE Q
71
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer pour
l'accès à l'eau et à l'assainissement des occupants sans
droits ni titres en Gironde
ANNEXE 7 : QUELQUES PHOTOS DE SQUATS
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer pour
l'accès à l'eau et à l'assainissement des occupants sans
droits ni titres en Gironde
ANNEXE 8 : QUELQUES ACTIONS DANS LES SQUATS
72
Installation de cumulus, de toilettes dans quelques
squats
73
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
Guide méthodologique d'appui au plaidoyer - AVSF, 2016
Marcel GRIAULE, Dieu d'eau, Fayard, 1925
Manuel de plaidoyer, orienter les décisions visant
à changer la vie des enfants » UNICEF, 2010, Primo LEVI, le
système périodique, le livre de poche, 1975
Plan Départementale d'Action pour le Logement et
l'Hébergement des Personnes Défavorisées de la Gironde
2016 - 2021
Mémoire
ANDRIEUX Théo, Les oubliés de l'eau et de
l'assainissement : les occupants sans droits ni titres de Gironde
Métropole, L'Institut de Formation et d'Appui aux Initiatives de
Développement (IFAID, mémoire de fin de formation, 2017
Documents Juridiques
Code de l'Action Sociale et des Familles
Code de l'Environnement
Convention Européenne des droits de l'homme de 1953
Code de la construction et de l'habitat
Charte européenne des ressources en eau adoptée par
le Comité des ministres le 17 octobre
2001
Constitution sud-africaine de 1996
Lexique des termes juridiques 2017-2018, 25ème
édition
Protocole sur l'eau et la santé à la Convention de
1992 sur la protection et l'utilisation des cours
d'eau transfrontières et des lacs internationaux
Rapports
Médecins du Monde, « Extrait du rapport
d'activité 2016, mission squats » Gironde Assemblée
Nationale Française, commission du développement durable, rapport
d'information no 1101, juin 2018.
Articles
Henri SMETS, « Le droit de l'homme a l'eau et a
l'assainissement est finalement reconnu», Revue juridique de
l'environnement 2011/1 (Volume 36),
Florence Bouillon, Le squat : problème social ou lieu
d'émancipation ? », Les comptes rendus, 2011
Webographie
BALTZ Valérie et AGBAGNI Frédéric, La
population augmente, les logements vacants aussis, INSEE, Juin 2018
consulté sur
https://www.insee.fr
http://www.romeurope.org/wp-content/uploads/2018/07/TA-Melun-17.07.2018-Référé-liberté-eau-et-toilettes-à-Choisy-le-Roi-bidonville.
https://www.gironde.fr/le-departement/la-gironde
https://www.legifrance.gouv.fr
https://www.dynameau.org
74
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
TABLES DES MATIERES
Liste des acronymes 4
Sommaire 5
Introduction ..6
1. Contexte ...7
2. Problématique ...10
3. Hypothèse ...11
4. Méthodologie ...11
CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE DU DROIT A L'EAU ET
SA MISE EN RELATION AVEC LA SITUATION DES OCCUPANTS SANS DROITS NI
TITRES
EN GIRONDE 13
I. L'EAU : UNE RESSOURCE INDISPENSABLE 13
1. L'eau : une ressource vitale pour le Développement
13
2. L'eau : une ressource stratégique 14
II. LE DROIT A L'EAU ET A L'ASSAINISSEMENT : UN DROIT
CONSACRE 15
1. Les implications de la reconnaissance du droit à l'eau
et à l'assainissement 16
1-1. Sur le plan international ...16
1-2. Sur le plan national ....17
2. La consécration du droit à l'eau et à
l'assainissement ...18
2-1. Sur le plan international ....18
2-2. Sur le plan national ....20
3. Le cadre législatif et technique du droit à
l'eau et à l'assainissement en
France 21
3-1. Le cadre législatif du droit à l'eau et
à l'assainissement en France 21
3-2. Le cadre technique du droit à l'eau et à
l'assainissement en France en
Girande 23
4. La mise en oeuvre du droit à l'eau et à
l'assainissement en Gironde 25
III. LES OCCUPANTS SANS DROITS NI TITRES : DE LA
SEMANTIQUE A LA
REALITE ...26
1. Les occupants sans droits ni titres ...26
2. Une réalité qui fait froid dans le dos ...28
3. Les droits des occupants sans droits ni titres ...30
CHAPITRE II : LA PROBLEMATIQUE DU DROIT A L'EAU ET SA
MISE EN RELATION AVEC LA SITUATION DES OCCUPANTS SANS DROITS NI
TITRES EN GIRONDE 32
I. PRESENTATION ET DIAGNOSTIC DE L'ASSOCIATION DYNAM'EAU
32
75
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
1. Présentation de l'association Dynam'eau 32
2. Focus sur les projets internationaux de l'association
Dynam'eau 33
3. Le diagnostic de l'association Dynam'eau 35
3-1. Réalisation de la Matrice SWOT de l'Association 35
3-2. Analyse de la matrice 36
II. LE PROJET « ACCES A L'EAU ET A L'ASSAINISSEMENT
DANS LES
OCCUPATIONS SANS DROITS NI TITRES EN GIRONDE
37
1. Présentation du projet 37
2. La question de la pertinence du projet 38
3. Focus sur les actions entrepris dans le cadre du projet
39
3-1. Les réalisations ....40
3-2. Sensibilisation et plaidoyer en faveur des occupants sans
droits ni
titres ...42
III. LE PLAIDOYER : UNE STRATEGIE DE CHANGEMENT
42
1. Définition du plaidoyer 42
2. Les fondements d'un plaidoyer efficace 44
IV. PLANIFICATION DES STRATEGIES D'ACTION POUR L'ACCES A
L'EAU ET A
L'ASSAINISSEMENT DES OCCUPANTS SANS DROITS NI TITRES
45
1. Analyse des politiques nationaux concernant les occupants
sans droits ni
titres 45
1-1. Le dispositif National d'Accueil des Demandeurs d'Asile
46
1-2. Le dispositif de veille sociale 47
2. L'action des autorités dans la gestion des occupants
sans droits ni titres et le
paradoxe du mal logement 48
2-1. Les politiques d'hébergement des personnes en
situation de
vulnérabilité 49
2-2. Le paradoxe du mal logement 50
3. Etude du terrain et réalisations des investigations
51
3-1. Etude du terrain 51
3-2. Résultats des investigations 54
4. Objectifs et stratégies d'action pour une
réussite du projet 56
4-1. Objectifs 56
4-2. Stratégies d'actions 56
4-3. L'évaluation des actions de plaidoyer 58
CONCLUSION 60
TABLES DES ANNEXES 62
Annexe 1 : Cahier de charges 63
Annexe 2 : Extrait de grille d'entretien (GIP Bordeaux
Métropole) 64
Annexe 3 : Extrait de grille d'entretien (SUEZ) 66
76
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
Annexe 4 : Grille d'entretien SUEZ 68
Annexe 5 : Grille d'entretien GIP Bordeaux Métropole
69
Annexe 6 : Quelques photos de squats 70
Annexe 7 : Les TBQ 71
Annexe 8 : Quelques actions dans les squats 72
BIBLIOGRAPHIE 73
TABLE DES MATIERES 74
77
La mise en place d'une stratégie de plaidoyer
pour l'accès à l'eau et à l'assainissement
des occupants sans droits ni titres en Gironde
TOÏ Sewanou Patient Germain
Date de soutenance : 27 Septembre 2018 Master
Migrations internationales
Spécialité professionnelle : Conception
de projets en coopération pour le développement
LA MISE EN PLACE D'UNE STRATEGIE DE PLAIDOYER POUR
L'ACCES A L'EAU ET A L'ASSAINISSEMENT DES OCCUPANTS SANS DROITS NI TITRES
EN GIRONDE
RESUME
Parce que nous sommes douillets dans nos maisons, nous ne
devons pas nous enfermés dans l'illusion de croire que
tout va bien pour le meilleur des mondes. A nos côtés,
chaque jour, nous côtoyons des individus, qui n'ont commis
d'autres crimes que d'être sans abris et de squatter des
habitations insalubres et indignes : les occupants sans droits ni titres. Le
comble, c'est que ces personnes n'ont pas accès à la
ressource la plus importante pour toute vie humaine : l'eau
qui conditionne tous les autres droits. L'inaction des politiques face à
ce phénomène conduit donc les associations à
adopter des stratégies multiples pour les inciter à
ouvrir les yeux sur cette misère qu'ils côtoient tous les
jours. Le plaidoyer constitue une des techniques
développées par les associations pour atteindre leur objectif.
Mais dans le cas précis de l'accès à l'eau et
à l'assainissement des occupants sans droits ni titres, il importe
d'associer au plaidoyer d'autres techniques pour escompter un résultat
tangible.
Mots clés : plaidoyer, eau, assainissement.
|