REPUBLIQUE DU BENIN
Ministère de l'enseignement supérieur et de
la recherche scientifique
UNIVERSITE AFRICAINE DE TECHNOLOGIE ET DE MANAGEMENT(UATM)
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE DE DROIT ET
SCIENCES
POLITIQUES
MEMOIRE DE FIN DE FORMATION
MASTER II
OPTION : COMMUNICATION ET RELATIONS INTERNATIONALES
(CRI)
THEME :
La PROBLEMATIQUE DE L'EAU DANS LES
RELATIONS INTERNATIONALES : CONFLITS OU COOPERATIONS
Présenté par : Sous la
direction de :
TOÏ S. P. Germain Mr Jean Luc LAWSON
Année académique 2013-2014
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
i
Présenté par Germain TOÏ (00229 669
958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
L'Unité de Formation et de Recherche des Sciences
Juridiques et Politiques de l'Université Africaine de Technologie et de
Management (UATM), n'entend donner ni approbation ni
improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Ces opinions
doivent être considérées comme étant propres
à son auteur.
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DEDICACE
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
A ma mère Pierrette ADJOVI BOKO, en reconnaissance de
tous tes sacrifices, pour me permettre d'atteindre cette étape de ma
vie. Ce travail est avant tout la parfaite matérialisation de tous tes
efforts. Avec toute ma filiale affection.
A mon feu père Victor Codjovi TOÏ, pour la vie
reçue, trouve ici l'expression de mes remerciements. Repose en paix !
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Internationales : conflits ou coopérations
Remerciements
? Les conseils, la rigueur et la disponibilité du
Dr Jean Luc LAWSON, malgré ses nombreuses occupations ont
été le moteur de ce travail de recherche. Veuillez trouver ici
l'expression de ma gratitude la plus profonde ;
? Mes sincères et cordiales reconnaissances à
Monsieur Kenneth BALOGOUN, Doyen de la faculté des sciences Juridiques
et Politiques de l'UATM pour son soutien, sa patience et ses conseils ;
? Aux professeurs de l'UATM GASA FORMATION qui nous ont
formé et conseillé tout au long de cette formation, j'exprime
toute ma gratitude ;
? A tous mes amis du « collectif Zogbo », à
mes camarades de classe, aux membres de ma famille, qui m'ont aidé
à la réalisation de ce mémoire. Que ce mémoire vous
témoigne toute ma gratitude;
? Aux membres du jury qui ont accepté de siéger
pour ce travail, recevez ici tous mes remerciements.
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Liste des sigles et abréviations
AGNU
|
Assemblée
Générale des Nations
Unies
|
Art
|
Article
|
CEDEAO
|
Communauté Economique
des Etats de l'Afrique de
l'Ouest
|
CIJ
|
Cour Internationale de
Justice
|
CS
|
Conseil de
Sécurité
|
FAO
|
Fond Mondial pour
l'Agriculture
|
GIRE
|
Gestion
Intégrée des Ressources en
Eau
|
GIEC
|
Groupe d'International
d'Experts sur le
Climat
|
IDH
|
Indice de
Développement Humain
|
JWC
|
Joint
Water Commission
|
OMS
|
Organisation Mondiale pour la
Santé
|
OI
|
Organisation
Internationale
|
NWC
|
National Water
Carrier
|
PNB
|
Produit National
Brut
|
PNB /hbts
|
Produit National Brut par
habitants
|
PNUD
|
Programme des Nations
Unies pour le Développement
|
PNUE
|
Programme des Nations
Unies pour l'Environnement
|
UA
|
Union Africaine
|
UE
|
Union Européenne
|
USA
|
United State of
America
|
v
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Internationales : conflits ou coopérations
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : Le réalisme
hydropolitique : de la nécessité d'une
ressource aux conflits interétatiques 07
CHAPITRE I : L'eau : une ressource vitale et
stratégique pour les Etats 10
SECTION I : La sécurité hydrique :
un impératif absolu pour les Etats 11
SECTION II : De l'abondance d'une ressource
à sa raréfaction 15
CHAPITRE II : La pénurie d'eau : une
cause de conflit 22
SECTION I : Les facteurs bellicistes de l'eau
23
SECTION II : Le Moyen-Orient comme illustration
de la théorie conflictuel de
l'eau 30
DEUXIEME PARTIE : La rationalité hydrique
: De la coopération autour
des bassins transfrontaliers à la consécration d'un
droit international de
l'eau 42
CHAPITRE I : L'eau : source de
coopération 44
SECTION I : La dynamique coopérative de
l'eau 45
SECTION II: Quelques exemples de
coopération autour des bassins transfrontaliers
52
CHAPITRE II : le droit international de l'eau :
cadre d'une gestion efficiente
et non conflictuelle de la ressource 61
SECTION I : Le droit international de l'eau
62
SECTION II : Quelques solutions pour une gestion
non conflictuelle des ressources
en eau 69
CONCLUSION 77
ANNEXE 83
BIBLIOGRAPHIE 91
TABLE DES MATIERES 95
vi
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INTRODUCTION
La problématique de l'eau dans les Relations
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De nos jours, le droit tend de plus en plus vers
l'interdisciplinarité, s'ouvrant ainsi des perspectives nouvelles de
recherche. Ainsi par exemple, on note l'imbrication de la géographie et
du droit jusqu'à aboutir, à l'émergence de la
Géopolitique. Les éléments de la géographie
apparaissent, comme importants dans la stabilité stratégique
mondiale, puisque c'est elle qui, en dernière analyse offre le contexte
physique des relations interétatiques.
Cette importance se voit accentuée par le fait que les
ressources naturelles ont un impact de plus en plus prononcé dans les
relations internationales. Pour le Groupe d'Experts des Nations Unies sur les
Ressources naturelles et les conflits en Afrique, les ressources naturelles
incluent des ressources renouvelables et non renouvelables telles que les
minéraux, le pétrole et le gaz, la terre, la foresterie, les
ressources marines, l'eau, etc.... Leur inégale répartition
constitue un élément prépondérant dans le processus
de prise de décisions des Etats, quant à leurs politiques
étrangères. L'enjeu en est d'autant plus exacerbé, s'il
s'agit de l'Eau, qui est indispensable à la vie.
En effet, élément de la vie quotidienne, l'eau
nous est si familière que l'on en oublie souvent l'importance et
l'originalité. «L'eau est liée à l'homme, plus,
à la vie, par une familiarité de toujours, par un rapport de
nécessité multiple en vertu duquel son unicité se
dissimule sous le vêtement de l'habitude«1. Parce que
l'eau précède et conditionne toute forme de vie, qu'elle lui est
consubstantielle, sa puissance évocatrice est sans limite. À
travers les religions, les civilisations, l'eau est source de vie, moyen de
purification, symbole de pureté. Dans toutes les sociétés
humaines, l'eau occupe une place importante tant du point de vue physique, que
sociologique. Marcel Griaule, dans son ouvrage intitulé, «Dieu
d'eau» déclare que «La force vitale de la terre est l'eau.
Dieu a pétri la terre avec de l'eau, de même il fait du sang avec
de l'eau. Même dans la pierre, il y a cette force«2.
Depuis toujours, les hommes se sont regroupés et
organisés autour des fleuves et des rivières, dans la perspective
de satisfaire des besoins vitaux liés à la nourriture et aux
échanges (circulation des biens et des personnes). Les cours d'eaux ont
toujours servi d'instruments de rapprochement et d'expression de la
fraternité et de la paix. L'histoire même des civilisations
humaines fait apparaître le lien entre l'homme et l'eau. Les fleuves et
les rivières ont été le berceau de
2
1 Primo Lévi, Le système
périodique, Le Livre de Poche, 1975, p.150.
2 Marcel GRIAULE « Dieu d'eau »,
Fayard, Paris, 1975, p. 22.
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La problématique de l'eau dans les Relations
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civilisations, très tôt apparues dans l'histoire.
On songe au Nil qui a vu naître la civilisation Egyptienne, au Tigre et
à l'Euphrate qui ont vu éclore la civilisation de la
Mésopotamie, à l'Indus et au Gange qui ont plus ou moins
boosté le développement de la civilisation Hindoue. On a
l'impression que l'eau est à la base de tout. Même si on ne doit
pas être absolu dans cette position, force est tout de même de
constater que l'eau, a joué un rôle prépondérant,
dans l'émergence de ces grandes civilisations. Les
sociétés humaines partagent le besoin de vivre, et partant
d'accéder à la ressource en eau, symbole de vie.
A côté de cette fonction vitale subsiste,
d'autres réalités et d'autres impératifs, qui font que
l'eau est devenue une question politique et géostratégique
majeure. Elle fait l'actualité dans les sommets mondiaux et les forums
alternatifs. En fait, cette ressource vitale commande le développement
des sociétés humaines, raison pour laquelle les
sociétés humaines, lui accordent la place dont nous
décelons toute l'importance. Cette importance se justifierait si, a
l'instar de l'or ou du pétrole, l'eau existait en quantité
très en deçà des besoins de l'homme. Or tel ne semble pas
être le cas. Vue de l'espace, la Terre ne semble pas manquer d'eau, la
planète bleue comme on aime à l'appeler regorge de cette
ressource vitale. Présente sur Terre depuis sa formation, en mouvement
permanent entre ses différents réservoirs, indispensable à
la vie et à son maintien au sein des écosystèmes,
nécessaire à nombre d'activités et de réalisations
humaines, l'eau est une substance essentielle à la survie et au
développement de l'humanité. Comme disait Kamran Iman (ministre
turc d'avant 1990) : «Si vous interrompez l'alimentation en
pétrole, ce sont les moteurs qui s'arrêtent; mais si vous
interrompez l'alimentation en Eau, c'est la vie qui
s'estompe«.
Cette prise de conscience est de plus en plus étendue,
et ceci se justifie par les études qui font l'état des lieux et
des projections quant à la disponibilité de la ressource : Eau.
Les astronautes voient une planète bleue mais, en dépit des
apparences, l'eau douce est une ressource limitée. 97,5 % de l'eau sur
terre est salée et 2,5 % seulement est de l'eau douce. Au cours des
cinquante dernières années, si la population mondiale a
triplé, les surfaces irriguées ont été
multipliées et la demande en eau multipliée par six. Au cours des
dix dernières années, la consommation d'eau dans le monde a
quadruplé. Dans le même temps, la pollution diminue du tiers les
réserves à notre disposition.
3
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Mais en ce début de Troisième Millénaire,
la réflexion a changé de registre, à mesure que cette
ressource, désormais considérée d'abord comme un objet,
s'appauvrit relativement au besoin, et se dégrade. C'est le partage de
l'eau qui devient le coeur des préoccupations avec comme
inquiétude l'émergence d'une compétition tragique. En
fait, il existe dans le monde 276 bassins transfrontaliers correspondant
à 60% des eaux douces superficielles. 90 % de la population mondiale
dépend de ces bassins transfrontaliers. De plus, près de 40 Etats
dépendent pour plus de la moitié de leurs ressources en eau de
pays voisins. En haut de l'échelle, on trouve l'Egypte et le
Turkménistan (97 %), la Mauritanie (96 %), le Niger (90 %), la Syrie (80
%), le Pakistan et l'Ouzbékistan (77%). La demande mondiale pour l'eau
croissant, les disputes autour des questions transfrontières
liées à l'eau ne connaissent pas de relâche, poussant
certains experts à prédire que les guerres du XXI°
siècle seront livrées autour de l'eau.
Les ressources en eaux douces s'amenuisent et se
raréfient à cause de la démographie et des
activités humaines. Ce qui a des incidences sur tous les habitants de la
planète; elle menace notre bien-être, met en péril notre
gagne-pain et, parfois même, met notre vie en danger. Dans les pays les
plus prospères, elle freine la croissance économique et diminue
la qualité de vie. La croissance démographique,
l'industrialisation et l'urbanisation épuisent et polluent
irréversiblement les lacs, les rivières et les
aquifères.
Certains spécialistes considèrent l'eau comme
une source de conflits futurs, mais ces conflits ne semblent pas appartenir
qu'à l'avenir. Ils sont déjà présents dans le monde
et touchent l'ensemble des continents. Yitzhak Rabin par exemple, affirmait
à propos du Golan, qu'Israël avaient besoin des garanties les plus
solides « car pour les israéliens, l'eau est beaucoup plus
importante que la paix »3.
En effet, l'élargissement de la notion de
sécurité dans l'après-guerre froide, en débouchant
sur les concepts de «sécurité humaine» ou
«sécurité environnementale», a donné lieu
à la reconnaissance de l'eau comme cause potentielle de conflits. En
1995, le vice-président de la Banque mondiale, Ismaïl Serageldin
annonçait même que les guerres du XXIème
siècle auraient l'eau pour objet4.
4
3Allali Faarida, « La symbolique de l'eau
dans le conflit israélo-palestinien » ; Paris,
2006, sur
http://www.irenees.net;
consulté le 13 octobre 2013
4 Patrick PIRO, « Un partage des eaux explosif
», Alternatives Internationales, 2005/2, 21, p. 32.
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Toutefois, si nous n'avons pas encore connu de guerre pour
l'eau puisque celle-ci fait l'objet de nombreuses coopérations, elle en
a été la cible ou l'outil. De plus, une absence de guerre ne
correspond pas nécessairement à une absence de conflit et
«de nombreux exemples attestent qu'à un échelon
subétatique, l'enjeu de la ressource en eau peut provoquer la
colère des hommes et les amener à s'affronter»5.
En d'autres termes, quelque part entre les hypothétiques «guerres
de l'eau» et les accords internationaux en la matière, se trouvent
de nombreux conflits, latents ou ouverts, plus ou moins destructeurs.
Le coeur de la question, c'est que rien ne remplace l'eau. La
biosphère tout entière survit autant grâce à l'eau
que par un réapprovisionnement constant d'oxygène. Contrairement
à d'autres ressources déjà rares ou qui s'amenuisent,
l'eau ne peut être remplacée par une invention ou la
découverte d'un autre produit. Des réalités comme celle-ci
portent en elles leurs propres conséquences, et la rareté de
l'eau, comme celle de toute ressource, soulève des questions
incontournables : que va devenir cette fragile ressource ? Le manque d'eau
est-il susceptible de générer des conflits entre Etats ? Ce sont
là des questions parmi tant d'autres. Elles mettent à
l'épreuve notre capacité comme participants au système
international, de concilier les intérêts divergents et les
prétentions de groupes rivaux.
Acte politique, la gestion de l'eau conditionne et donne forme
à la propriété et l'usage d'une ressource indispensable
à tout échelon d'une société. Elle constitue aussi
bien un défi sécuritaire qu'une opportunité de
coopération dans les relations interétatiques. Il est
désormais clair que l'Eau a pris une dimension nouvelle dans les
décisions des Etats, il devient dès lors impérieux de
jauger son poids dans les relations interétatiques.
Notre présente étude ambitionne de savoir quel
impact la gestion de l'eau peut-elle avoir sur les relations internationales ?
L'eau ne serait-elle pas catalyseur de conflits ou de coopération entre
Etats ?
Conscients de la complexité du problème de la
gestion de l'eau, les Etats ont tant bien que mal voulu inscrire leurs rapports
dans une dynamique de coopération. Néanmoins on n'est pas sans
savoir que, choisir une telle dynamique requiert aussi un certain nombre de
conditions indéniables, car il
5
5 Frédéric LASSERE & Luc
DESCROIX, Eaux et Territoires : tensions, coopérations et
géopolitique de l'eau. Paris : L'Harmattan, 2003, p. 56.
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s'agit en dernière analyse, pour les Etats de diluer de
manière conséquente, leurs aspirations au respect de principes
aussi fondamentaux en droit international que, ceux de la Souveraineté
Territoriale et de l'Intégrité Territoriale. Comment concilier
les intérêts parfois contradictoires, entre les Etats en amont et
ceux en aval ? Quelles sont les dispositions prises par la communauté
internationale pour apporter une réponse aux défis liés
à la gestion des eaux transfrontalières ?
Pour répondre à ces interrogations, il s'agira
pour nous de voir les interactions interétatiques quant à la
question de l'eau (l'espace moyen-orientaux en occurrence le Nil et le Jourdain
nous permettrons d'illustrer l'aspect conflictuel de la question), pour
déboucher sur l'effort d'encadrement entrepris, par la communauté
Internationale.
Pour y arriver, nous avons choisi une méthode
analytique basée sur l'expérience des Etats en la matière.
Ainsi, nous avons regroupé un certain nombre de documents en rapport
avec le sujet. De plus, les technologies de l'information et de la
communication nous ont permis d'avoir accès à des informations
qui nous ont été très utiles.
Sachant que ce sont la rareté et le stress hydrique qui
accroissent la vulnérabilité hydrique des Etats, et ainsi,
influent d'une manière certaine sur leurs décisions en ce qui
concerne le partage des eaux, notre présente étude s'attachera
à analyser dans quelle mesure l'eau peut déclencher ou,
combinée à d'autres facteurs, participer à
l'éclatement de conflits (Partie I), mais aussi en quoi
l'«hydrodiplomatie», c'est-à-dire l'établissement de
relations positives par le biais des coopérations sur l'eau, n'est pas
un concept dénué de fondement ni d'avenir (Partie
II).
6
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PREMIERE PARTIE :
Le réalisme hydropolitique : de la
nécessité
d'une ressource aux conflits interétatiques
7
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Le discours de la sécurité hydrique renvoie en
premier lieu à la crainte d'assister prochainement au
déclenchement de guerres pour le contrôle de l'eau douce. Cette
forme de discours s'inscrit dans le cadre de l'approche réaliste des
relations internationales6. En effet, la pensée
réaliste des relations internationales renvoie à la concurrence,
à la défense et à l'accroissement des
intérêts qui caractérisent les Etats en relations
internationales. Ceci revient à dire que nous sommes dans un monde
anarchique où les Etats sont mus par des intérêts
égoïstes. Ainsi, l'impératif absolu que constitue la
sécurité hydrique (capacité d'un Etat à s'assurer
de la disponibilité des ressources en eaux et à en user pour le
bien de sa population) pour les Etats, peut être la cause de conflits
entre ces derniers. D'aucuns pensent même que la sécurité
hydrique rejoindra bientôt la sécurité militaire dans les
salles d'Etat-major des ministères de la Défense.
L'idée, c'est que la combinaison de la croissance
démographique et économique
conduisant à une forte augmentation de la demande en
eaux, à des pénuries des ressources hydriques et à la
contestation des droits de propriété sur les ressources pourrait
conduire à une guerre de l'eau.
En effet, par-delà son absolue nécessité,
l'eau est un intrant indispensable pour l'agriculture, l'énergie et
l'industrie...la vie. Or, les ressources en eaux douces sont relativement rares
dans plusieurs régions surtout en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Leur distribution ne suit pas celle des foyers de population humaine et elles
sont partagées entre les territoires de différents Etats. Une
situation susceptible d'être aggravée dans le futur par des
croissances démographiques et économiques auxquelles
correspondront une hausse tant des prélèvements d'eau que de la
dégradation de la ressource, cela dans le contexte incertain des
changements climatiques (Chapitre I).
L'interdépendance des Etats dans un même
système hydrographique (ensemble des ramifications d'un bassin versant)
constitue également un enjeu dans la maîtrise et le contrôle
des eaux. En effet, le bassin versant renvoie à un cours d'eau qui
s'étend sur plusieurs territoires. La capacité d'un Etat à
s'assurer de la disponibilité de la ressource dans un contexte de
concurrence accrue, due à une forte demande à l'échelle du
bassin versant, lui confère une certaine puissance. Dans ce contexte,
s'assurer un accès à l'eau procure une justification pour partir
en guerre, et les systèmes de fourniture d'eau peuvent devenir un
objectif de conquête militaire. En fait, les pénuries d'eau
peuvent, comme le pétrole, être cause de conflits internationaux.
Les cas du Nil et du Jourdain nous permettrons de toucher du doigt cette
nouvelle réalité (Chapitre II).
8
6 Cette approche est défendue par les
auteurs comme Thucydide, Hugo Grotius, Nicolas Machiavel, Thomas Hobbes, Carl
Von Clausewitz, Hans Morgenthau, Hedley Bull, Edward Carr
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CHAPITRE I : L'eau : une ressource vitale et
stratégique pour les Etats
«Plutôt que d'être nécessaire à
la vie, l'eau est la vie elle-même», écrivait Antoine de
Saint-Exupéry7. L'eau est présente à tous les
niveaux de la société humaine, de l'écologie à
l'industrie, en passant par l'agriculture et on ne lui connaît pas de
substitut. L'eau est un facteur indispensable au développement et
à la croissance d'une économie. Sans eau, il n'y a pas de
production industrielle, ni agricole. La pénurie d'eau affecte la
capacité d'un Etat à s'industrialiser, à subvenir aux
besoins élémentaires de sa population, et peut l'obliger à
procéder à des arbitrages difficiles entre ces deux secteurs
d'activités, avec des conséquences majeures sur sa population,
son aménagement du territoire. Disposer de cette ressource qu'on appelle
`'or bleu» revient donc pour les Etats à assurer leurs
sécurités en matière de développement.
Au-delà de cette importance vitale que constitue l'eau,
elle revêt également une dimension stratégique. En effet,
cette dimension stratégique se situe au niveau des bassins versants.
Ici, la position de l'Etat, au niveau du bassin versant (soit en amont soit en
aval), influe sur sa capacité à mobiliser la ressource et
à gérer ses interactions avec les autres Etats riverains
(Section I).
L'eau existe en quantité suffisante sur la
planète terre. Ce qui lui vaut l'appellation de `'planète
bleu». En fait, la terre est recouverte presque entièrement d'eau.
Mais, seulement une infime partie de cette ressource est consommable (2,5%).
Cette infime quantité suffit largement à répondre aux
besoins de la population mondiale en eau. Paradoxalement, la configuration
géographique voire climatique de la planète fait que certaines
régions sont moins dotées en eau (Afrique du Nord,
Moyen-Orient...) comparativement à d'autres qui en sont nantis (Europe,
Amérique, Amazonie, Afrique de l'Ouest...). A cela s'ajoute
l'incapacité des Etats à mobiliser la ressource. D'où la
prégnance de la crise sanitaire qui secoue certaine région du
monde (Section II).
9
7 Antoine de Saint-Exupéry « Terre des
hommes », Op Cit
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SECTION I : La sécurité hydrique : un
impératif absolu pour les Etats
L'eau revêt une importance absolue pour les Etats. Il
n'existe aucun substitut pour l'eau. Une analyse succincte des besoins futurs
de l'humanité en eau (Paragraphe I) puis de l'enjeu de
puissance qu'elle constitue (Paragraphe II) rend bien compte
de son absolu nécessité
PARAGRAPHE I : Des projections inquiétantes
A) Sur le plan humain
Au cours des 50 dernières années, la population
mondiale a presque triplé et dépasse les sept milliards
d'individus. Dans le même temps, la consommation d'eau a
été multipliée par quatre. Ce qui suppose la diminution de
la quantité d'eau disponible. La rareté de l'eau devrait
continuer à s'accentuer encore et atteindre un seuil critique à
l'horizon 2040. Cela sera du à une forte demande liée à
une croissance démographique importante, notamment dans les pays en
développement et émergents. En matière d'accès
à l'eau et à l'assainissement, les conséquences sont
évidentes. Entre 1990 et 2000, environ 816 millions de personnes ont eu
accès à l'approvisionnement en eau et 747 millions de personnes
ont eu accès à des infrastructures d'assainissement. Mais la
population mondiale est dans le même temps passé de 5,28 milliards
à 6,08 milliards d'individus et a atteint 7 milliards d'individus entre
2000 et 20108. D'ici 2025, plus de 3 milliards de personnes vivront
dans des pays soumis au stress hydrique et 14 pays passeront d'un état
de stress hydrique à un Etat de pénurie d'eau9.
L'augmentation de la population a aussi des conséquences à un
niveau agrégé, puisque l'augmentation de la population emporte
une augmentation de la demande d'eau et de sa consommation pour tous les
usages. Il ne s'agit en effet pas de raisonner uniquement en besoin d'eau
potable, mais aussi et surtout en besoin d'eau pour assurer la production
agricole qui permettra de nourrir les populations. La consommation domestique
est un usage très marginal de l'eau. 40 % de la production agricole
mondiale dépend déjà de l'agriculture irriguée.
10
8 Evolution de la population mondiale sur
http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?
Consulté le 10 mai 2014 9Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD) ; « Rapport mondial sur le
développement humain : Au-delà de la pénurie : pouvoir,
pauvreté et crise mondiale de l'eau », 2006, P. 136
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Au total, la production vivrière devra croître de
70 % pour nourrir une population de 9 milliards de personnes en 2050. Cela
implique de produire un milliard de tonnes de céréales
supplémentaires et 200 millions de tonnes de viande
supplémentaires.
Selon la FAO, pour répondre à l'accroissement et
réduire la malnutrition, ce sont quelques 5 000 km3 de
prélèvements en eau supplémentaires par an qui seront
nécessaires en 205010. Or, les terres irrigables se
raréfient. Seul l'Afrique dispose de terres nouvelles à
mobiliser. Les surfaces irriguées pourraient y être
multipliées par huit pour atteindre 34 millions d'hectares. Mais il
faudrait pour cela disposer de volumes d'eau suffisants et en qualité
suffisante.
B) Sur le plan économique
L'urbanisation des sociétés est inhérente
à leur développement. La moitié de la population mondiale
réside actuellement dans des villes. 16 villes sont devenues des
mégalopoles avec 10 ou plus de 10 millions d'habitants (parmi lesquelles
Mexico, São Paulo, Bombay, Delhi, Calcutta, Shanghai, Dhaka et Tokyo).
Elles rassemblent 4% de la population mondiale. Le problème vient du
fait que «l'urbanisation précède souvent l'urbanisme«.
En effet, les villes dans les pays en développement ont
enregistré une croissance rapide sans planification adéquate des
infrastructures, si bien que des millions d'immigrants ont un accès
limité à des conditions d'assainissement sécuritaires et
à une eau salubre. Cela fait courir des risques à l'ensemble de
la population et provoque de graves dommages à l'environnement. Ces
villes deviennent de véritables « bombes sanitaires ». Il
convient de rappeler que près d'un milliard de citadins vivent dans des
taudis, c'est-à-dire le tiers des citadins de la planète.
Une grande partie de la population mondiale peut être
qualifiée de «pauvre», et ne dispose donc pas des ressources
financières pour consommer quelque produit que ce soit, pas même
l'eau. Mais parallèlement à cette pauvreté, certains pays
assistent à l'accroissement des revenus et de la population. Cette
situation est plus remarquable dans les économies émergentes que
sont le Brésil, la Russie, l'Inde, l'Indonésie, la Chine et
l'Afrique du Sud (les BRIICS) et quelques pays en développement.
L'évolution du mode de
11
10 Fonds des Nations Unies pour l'Agriculture
« Principaux défis du point de vue de la sécurité
alimentaire et de l'agriculture » ; Première partie ; 2010 ; page
45
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
consommation entraîne également un
phénomène d'« occidentalisation». Tout aliment ayant
besoin d'eau pour être produit, l'augmentation de leur consommation
entraîne ipso facto une augmentation de la consommation en eau.
Le problème principal en termes de consommation d'eau
est l'alimentation carnée. Alors que pour produire une tasse de
café il faut 140 litres d'eau et que pour un kilo de riz il en faut 2000
à 5000, c'est plus de 11000 litres d'eau qui sont nécessaires
à la production d'un seul hamburger (environ la quantité
quotidienne à la disposition de 500 personnes vivant dans un bidonville
urbain ne disposant pas d'un raccordement domestique au réseau
d'eau)11.
L'industrialisation est à la fois la condition du
développement économique et la conséquence d'une demande
en augmentation de la part des classes moyennes et aisées qui
émergent par suite de ce développement. Il faut également
de l'eau pour produire de l'énergie, quand bien même elle est
ensuite pour l'essentiel restituée au milieu. A cela s'ajoute la
consommation d'énergie nécessaire pour mobiliser et produire de
l'eau. Les pompes permettant l'irrigation ou l'exploitation des nappes sont
fortement consommatrices d'énergie.
En tenant compte, du changement climatique qui affecte la
capacité de production d'énergie hydro-électrique à
travers la diminution du débit des cours d'eau, tout indique que
l'augmentation du besoin en énergie excédera largement la
réponse que l'eau peut pourvoir.
PARAGRAPHE II : L'eau, révélateur de
puissance
La tendance à considérer l'eau comme
révélateur de puissance consiste en la capacité des Etats
à s'assurer de l'approvisionnement en eaux (A) et
à se protéger contre toute attaque de ses installations
hydrauliques du moment où cette eau peut être utilisée
comme arme ou cible militaire (B)
A) L'eau, enjeu de puissance
En matière hydrique, est considérée comme
une puissance hégémonique un Etat qui possède suffisamment
de pouvoir au sein d'un bassin versant pour
12
11 Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD) ; « Rapport mondial sur le
développement humain : Au-delà de la pénurie : pouvoir,
pauvreté et crise mondiale de l'eau », 2006, P. 137
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
s'assurer la direction du contrôle des ressources en eau
et agir ainsi comme un leader vis-à vis des autres pays riverains du
bassin. En clair, sont visés les Etats qui disposent d'une
capacité à mobiliser la ressource en eau qui leur confère
logiquement une position dominante. Cette capacité est assise sur une
solide expertise technique, des moyens financiers, propres ou externes et une
politique de mise en valeur endossée par les plus hautes
autorités.
Les tensions peuvent alors émerger lorsque d'autres
Etats décident de se soustraire à cette domination, de conduire
des projets qui ne s'intègrent pas dans le schéma de
l'hydro-hégémonie ou tout simplement contestent les orientations
adoptées. A l'inverse, cette situation, lorsqu'elle est acceptée,
peut déboucher sur des coopérations, parfois au
désavantage, il est vrai, de l'Etat le plus faible.
Les puissances hydrauliques ne tirent pas
nécessairement leur avantage d'une situation géographique
particulière. Ils peuvent ne pas être situés en amont des
fleuves. C'est le cas de l'Égypte qui a manifesté son
savoir-faire par la réalisation du barrage d'Assouan,
décidé par Nasser en 1956 et inauguré en 1971, et qui a
toujours cherché à exercer une domination hydraulique. C'est
aussi le cas d'Israël qui a assis sa domination sur les eaux du Jourdain
et les aquifères de Cisjordanie et de Gaza et dispose d'une incroyable
maîtrise technologique y compris dans les secteurs de pointe comme le
dessalement. Il utilise désormais ce savoir-faire comme un instrument
d'influence. On peut également ajouter le cas de l'Afrique du Sud en
Afrique australe. Ce dernier pays dispose d'un savoir-faire ancien en la
matière. Au terme d'un demi-siècle d'aménagements, Il
compte 24 transferts (dont 17 sur le seul système Orange-Vaal)
totalisant 4,2 km3 par an obtenus grâce au stockage de 25
km3 dans divers réservoirs. Or, une bonne part de ces
transferts procède du Lesotho Highlands Water Project
opérant sur le territoire du Lesotho, Etat d'amont théoriquement
indépendant mais enclavé dans l'Union sud-africaine et dont les
ressources ont été confisquées à l'époque de
l'apartheid.
La Chine est indubitablement une puissance hydro
hégémonique dont le comportement recèle d'innombrables
potentiels de conflits tant ses besoins de maîtrise des eaux et son
comportement souverainiste affectent ses multiples voisins. Dans cette partie
du monde, l'eau devient un des premiers enjeux si ce n'est le premier et tous
les voisins de la Chine sont soucieux de la manière dont celle-ci y
répondra. En effet, la Chine se situe au coeur de problèmes d'eau
de
13
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
l'Asie, car c'est sur son territoire que se trouvent le Tibet,
château d'eau de l'Asie, et une grande partie de la chaîne de
l'Himalaya. Le contrôle de l'eau a probablement joué un rôle
déterminant dans l'annexion du Tibet en 1950.
B) L'eau, arme ou cible stratégique dans les
conflits
Le désir de posséder le contrôle de la
ressource en eau peut se traduire par la requalification de certaines
installations hydrauliques en objectifs militaires ou politiques. A l'inverse,
elles peuvent devenir des cibles militaires. L'eau peut être aussi
utilisée comme une arme. Plusieurs exemples peuvent venir illustrer le
rôle de l'eau dans la guerre, guerre psychologique ou guerre
militaire.
Lors du conflit vietnamien, les Etats-Unis ont bombardé
les digues et, entre 1966 et 1972, ont ensemencé les nuages avec de
l'iodure d'argent pour gêner la progression des forces Viêt-Cong en
provoquant des précipitations inattendues voire
cataclysmiques12. De même, la première attaque de l'OLP
a visé les installations hydrauliques du National Water Carrier (NWC)
qui amène l'eau du lac de Tibériade au
Néguev13.
Certains Etats sont particulièrement exposés
à cette menace compte tenu des modalités de leur
approvisionnement et des pénuries en eau auxquelles ils s'exposeraient
si certains ouvrages étaient détruits. C'est le cas par exemple
de l'Arabie Saoudite qui dispose de plus de 200 barrages de stockage des eaux
de pluie et d'usines de dessalement, qui sont très consommatrices
d'énergie, d'origine pétrolière notamment. Ces
dernières peuvent être attaquées indirectement par le
bombardement d'une raffinerie par exemple qui, en provoquant une marée
noire, les rendrait inopérantes. On soulignera également que
l'alimentation en eau peut être coupée à la suite de la
destruction des systèmes électriques qui permettent d'extraire
l'eau, de l'acheminer, de la disperser, de l'évacuer, de la traiter ou
de la produire.
La maîtrise de l'eau en amont permet à un Etat de
disposer d'un outil de chantage politique ou de riposte. La Turquie avait
menacé l'Irak de fermer les vannes du barrage Atatürk lors de la
première guerre du Golfe, l'Irak riposta en
14
12 MAMPAEY Luc; « Observatoire/Forces
armées et environnement» ; Note du GRIP, 01 janvier 2000,
Bruxelles.
13 AMIOT Hervé ; « Eaux et conflits
dans le bassin du Jourdain » ;
http://www.lesclesdumoyenorient.com/Eau-et-conflits-dans-le-bassin-du.html
consulté le 17 mai 2014.
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toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
menaçant de bombarder le barrage14. Le
régime des Talibans, hostile à Téhéran, avait
fermé les grands barrages afghans construits par les Américains
dans les années 1940.
L'eau peut enfin être porteuse d'armes si elle est
contaminée à des fins criminelles. Soulignons tout de même
que l'aggravation des pollutions par rejets industriels et par composants
chimiques et l'absence de traitement des eaux constituent déjà,
dans le cas de cours d'eau ou d'aquifères transfrontaliers, des
comportements criminels.
SECTION II : De l'abondance d'une ressource à sa
raréfaction
Les eaux douces, concernent essentiellement les
systèmes hydrologiques que sont les bassins versants et les
aquifères. Elles constituent des ressources stratégiques
permettant de satisfaire la demande en eau des populations et des
activités, notamment industrielles et agricoles.
Cette seconde section a précisément pour objet
de rendre compte premièrement de l'abondance de la ressource et de sa
rareté relative (Paragraphe I), puis de la crise
sanitaire due à l'incapacité de certains Etats à la
mobiliser (Paragraphe II).
PARAGRAPHE I : L'eau, une ressource abondante à
la répartition inégale
Il sera question pour nous de rendre compte de la
quantité d'eau qui existe sur la planète (A)
puis de mettre l'accent sur son inégale répartition
(B)
A) Une ressource abondante
L'eau est une ressource abondante sur la planète terre.
En effet, 75% de la surface du globe est recouverte d'eau. Cependant, la
proportion d'eau douce est très faible puisque les mers et océans
représentent 97,5% des stocks d'eau disponible. Près de 70% de
l'eau douce sont prisonniers des glaces, soit 2% du stock total d'eaux. En
outre, 30% des eaux douces sont souterraines, stockées dans les
aquifères, le reste se trouvant dans les lacs, les cours d'eaux,
l'atmosphère et la biosphère. La part d'eau douce disponible
représente donc nettement 1% du stock total d'eau mondiale. Selon la
FAO, sur les 1,4 milliards de km3 d'eau présents sur la
planète, seuls 45000 km3 sont de l'eau
15
14 www.partagedeseaux.info/article166.html
consulté le 07 juin 2014
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
consommable et 9000 à 14000 km3 d'eau sont
accessibles15. Cette quantité d'eau est stable et
renouvelable grâce au cycle hydrologique, communément
appelé le « grand cycle de l'eau ». Chaque année, il
s'évapore plus d'eau qu'il n'en tombe sur les océans, mais il
tombe plus d'eau qu'il ne s'en évapore sur les continents. Chaque
année 500 000 km3 s'évaporent au-dessus des
océans et 8 %, près de 40 000 km3, sont
transférés sur les continents sous forme de précipitations
(les autres retombent sous forme de pluie sur les océans). La vapeur
océanique se transforme donc en pluie sur les continents, ce qui permet
d'approvisionner les cours d'eau et les réserves souterraines.
Le climat influe sur la répartition géographique
de la ressource en créant des conditions variées
d'évaporation et de pluviométrie qui, combinées, affectent
la répartition de la ressource.
Concernant l'évaporation, les zones à
températures très chaudes voient leurs réserves d'eau
s'amenuiser plus rapidement que les régions au climat
tempéré ou froid, pour qui le renouvellement de l'eau est plus
facile et la ressource disponible en grande quantité.
Concernant la pluviométrie, l'eau
évaporée est restituée sous forme de
précipitations, dont la quantité varie en fonctions des
régions. Ainsi, certains pays connaissent une pluviométrie plus
importante que d'autres, et peuvent donc régénérer leurs
réserves en eau douce, notamment souterraines par les processus de
percolation16 et d'infiltration.
Les eaux souterraines résultent de l'infiltration des
eaux de pluie dans le sol. Elles forment des réserves d'eaux
stockées dans des aquifères, qui peuvent atteindre des tailles
gigantesques. L'eau de ces nappes phréatiques s'écoulent en
sous-sol avant de ressortir à l'air libre, alimentant une source ou un
cours d'eau. Ces eaux souterraines représentent 98% des stocks d'eaux
douces de la planète, soit 8 à 10 millions de km3 et
un volume annuellement renouvelable de l'ordre de 10.000km3. Elles
constituent plus de 70% de l'eau utilisée dans l'union européenne
et sont souvent une des seules, voire l'unique source d'approvisionnement dans
les régions arides ou semi-arides. Par exemple 100% en Arabie Saoudite
ou à Malte, 95% en Tunisie ou 75% au Maroc. Quatre pays
16
15
http://www.cieau.com/les-ressources-en-eau/dans-le-monde/ressources-en-eau-monde
consulté le 10 avril 2014 à 22h 30mn
16 La percolation consiste pour l'eau de pluie à migrer
lentement dans les sols pour alimenter notamment les nappes phréatiques.
Elle se distingue ainsi du phénomène d'infiltration, où
l'eau s'infiltre dans les fissures naturelles des roches et sols.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
prélèvent près de la moitié des
eaux souterraines dans le monde : Inde : 190 km3/an, Pakistan : 60
km3/an, Chine : 53 km3/an, USA : 110
km3/an.
Pris isolément, les paramètres climatiques ont
un impact relatif sur la ressource en eau mais cet impact peut devenir
très élevé s'ils se conjuguent. Les régions qui
connaissent une faible pluviométrie et des températures
très élevées correspondent aux zones souffrant de stress
ou de pénurie.
B) Une ressource inégalement
répartie
Les inégalités face à l'eau tiennent
à la répartition géographique et à la population
présente sur un territoire donné. Tandis que l'Asie dispose de
près de 60% de la population mondiale, elle ne dispose que de 30% des
ressources mondiales disponibles en eau douce17. A l'opposé,
l'Amazonie, qui ne compte que 0,3% de la population mondiale, possède
15% des ressources en eau18. Neuf pays concentrent à eux
seuls 60% des réserves d'eau douce mondiale: le Brésil, l'Inde,
le Canada, la Chine, la Colombie, l'Indonésie, le Pérou, la
Russie et les USA. Le Canada dispose ainsi de 86177m3 d'eau par
habitant et par an.
Prise dans sa globalité, la ressource hydrique est
suffisamment abondante pour satisfaire les besoins d'une population de
près de 7 milliards d'individus. Chaque être dispose en effet en
moyenne de 5000 m3 d'eau par an. Paradoxalement, nombreuses sont les
régions où la quantité d'eau disponible par habitant est
grandement inférieure à cette moyenne, alors que certaines
régions bénéficient d'une surabondance. Par exemple, entre
la bande de Gaza en Palestine, très pauvre en eau (59 m3
/habitant/an) et l'Islande, où la ressource est pléthorique (538
000 m3 /habitant/an), le fossé est énorme.
Par convention, des seuils ont été fixés
pour qualifier les degrés d'adéquation ou d'inadéquation
de la quantité de la ressource et du nombre d'habitants. En
deçà du seuil de 2500 m3/habitant/an, il y a abondance
hydrique. Un pays est considéré comme chronique en dessous du
seuil de 1000 m3 /habitant/an. La situation est qualifiée de critique en
dessous de 500 m3 /habitant/an19.
17
17 Assemblée Nationale française «
Rapport d'information : la géopolitique de l'eau » ; 2011
; page 18.
18 Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD) ; « Rapport mondial sur le
développement humain : Au-delà de la pénurie : pouvoir,
pauvreté et crise mondiale de l'eau » 2006 ; page 135.
19 Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD) ; « Rapport mondial sur le
développement humain : Au-delà de la pénurie : pouvoir,
pauvreté et crise mondiale de l'eau » ; Op.cit
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Environ un tiers de la population mondiale, plus de 2
milliards de personnes, vit en dessous du seuil de stress hydrique. 20 pays
dans le monde sont en état de pénurie (douze en Afrique :
Algérie, Burundi, Somalie, Ethiopie, Kenya, Libye, Egypte, Afrique du
Sud, Malawi, Maroc, Rwanda, Tunisie ; sept au Moyen-Orient : Iran, Arabie
Saoudite, Jordanie, Israël, Palestine, Yémen, Koweït). En
réalité, des millions de personnes vivent avec moins de 500
m3 /an. Situation obérant toute perspective de
développement et de croissance. Le manque d'eau est structurel dans plus
de vingt pays d'Afrique du Nord et du Proche-Orient, qui présentent une
situation de pénurie chronique (moins de 1000 m3 d'eau douce
par an). Les Etats-Unis, pour ne citer qu'eux, sont bien au-delà des
seuils fixés avec une moyenne de 9 800 m3 par habitant et par
an et pourtant l'ouest du pays connaît des situations de pénurie.
Parfois, la répartition de la population ne coïncide pas toujours
avec les territoires les mieux desservis en eau. C'est le cas en Namibie dont
la population se concentre au centre du pays, à plus de 450
kilomètres des fleuves.
PARAGRAPHE II : L'inaccessibilité hydrique : un
paradoxe
Il est indéniable que l'eau existe en abondance sur la
planète terre. Mais, sa disponibilité en est tout autre.
L'incapacité des Etats à mobiliser la ressource la rend
indisponible (A). Le revers, c'est qu'une bonne partie de la
population mondiale est soumise à une crise sanitaire sans
précédent (B).
A. La mobilisation effective de l'eau
L'un des éléments essentiels en matière
d'eau n'est pas tant le volume de ressource brute par habitant, que la
capacité à mobiliser la ressource au moment et à l'endroit
requis. Les conditions naturelles et physiques sont loin d'être les
seules déterminantes des conditions d'accès à l'eau d'un
pays. Le lien existant entre le niveau de financement d'infrastructures
hydrauliques et la disponibilité effective de l'eau par habitant est
évident. Les 580 litres d'eau par habitant et par jour consommés
aux États-Unis sont certes liés à l'abondance de la
ressource, mais cet usage sur l'ensemble du territoire dénote surtout de
la mobilisation qui en est faite de façon à pouvoir fournir de
telles quantités à tous. Raisonner en usage mondial de l'eau par
habitant permet d'établir que la disponibilité reste en grande
partie l'expression du fossé entre pays riches et pays pauvres. C'est ce
que le PNUD dans son rapport sur le développement
18
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
humain de 2006 a nommé le « Water gap
» ou « fossé hydraulique ». L'IPE (Indice de
Pauvreté en Eau) calculé en fonction des ressources en eau, mais
aussi de l'accès à l'eau ou de la protection de l'environnement,
met en exergue le fait que les pays qui souffrent le plus d'une pauvreté
en eau sont les pays les plus pauvres. L'Afrique centrale par exemple, abrite
le deuxième plus grand fleuve du monde, le Congo, mais son indice de
pauvreté en eau est élevé. La République
démocratique du Congo se trouve dans une situation de pauvreté en
eau critique car elle n'a pas les moyens de fournir un accès à
l'eau à ses populations20.
Les pays disposant de moins d'eau brute peuvent accuser des
déficits d'eau bien plus importants, mais globalement, les
pénuries relatives concernent d'abord le continent africain qui n'est
pas un continent pauvre en eau, mais qui connaît en revanche un fort
déficit d'infrastructures, en milieu rural particulièrement.
Selon les chiffres de la FAO, le Nigéria présenterait une
consommation d'eau par habitant et par jour de 40 litres, le Burkina Faso et le
Niger de 30 litres, l'Angola, le Cambodge et l'Éthiopie de 20 litres et
le Mozambique de 10 litres par jour21, soit moins que ce que l'OMS
considère comme le minimum vital. Le cas du Mozambique est frappant
parce qu'il dispose de ressources en eau trois fois supérieures à
celles de la France, mais moins de la moitié de la population dispose
d'un accès minimal à l'eau. Dans une moindre échelle,
l'exemple du Brésil est intéressant : très richement
doté en eau, le pays n'approvisionne que les trois quarts de sa
population et seulement 35 % des ruraux. Singapour présente
l'extrême inverse et frappe par son exceptionnelle capacité de
mobilisation de l'eau en territoire aride. Israël et la Jordanie, qui
disposent d'un niveau de ressources naturelles par habitant proche ne
connaissent pas du tout la même pauvreté en eau.
La consommation d'eau par l'alimentation reflète
à l'inverse l'abondance effective d'eau dans des zones disposant de peu
de ressources. La production de la ration alimentaire moyenne en
Amérique du nord nécessiterait 5 000 litres d'eau par jour,
contre 2 000 pour une ration africaine moyenne22. Cette ration
alimentaire est consommée par les habitants de la ville de Las Vegas.
Ces exemples prouvent que l'essentiel réside dans la capacité
d'adaptation des Etats.
19
20 Henri MOVA Sakanyi, « Pour une gestion
stratégique de l'eau », sur
www.praxisinternational.org
consulté le 15 mai 2013.
21 Assemblée Nationale française «
Rapport d'information : la géopolitique de l'eau » ; 2011
; page 23.
22 Assemblée Nationale française «
Rapport d'information : la géopolitique de l'eau » ; Op
Cit.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
B. La crise sanitaire mondiale : un
scandale
La crise sanitaire et sociale liée à l'eau
résulte directement des problèmes d'accès à l'eau
potable et à l'assainissement d'une partie de la population mondiale, et
des pollutions qui rendent l'eau consommée de plus en plus insalubre.
À titre d'exemple, selon l'OMS, le Gange reçoit 1,1 million de
litres par minute d'eaux d'égout à l'état brut, chiffre
alarmant quand on sait qu'un gramme d'excréments peut contenir 10
millions de virus, 1 million de bactéries, 1000 kystes parasitaires et
100 oeufs de vers intestinaux23. La crise sanitaire est aujourd'hui
telle que, comme le souligne le Programme des Nations Unies pour
l'Environnement (PNUE), « L'ampleur de l'eau polluée fait que
plus de gens meurent d'eau contaminée et polluée que de toutes
autres formes de violence, y compris les guerres »24. Bien
entendu, il est difficile de donner des chiffres exacts. Ceux que les agences
onusiennes publient et qui apparaissent les plus fiables permettent cependant
de prendre la mesure du drame. Ainsi :
- 3,2 millions de personnes meurent chaque année par
manque d'accès à l'eau potable et à l'assainissement, soit
environ 6% des décès, et un enfant toutes les trois secondes;
- 80 % des maladies mortelles en Afrique sont dues à
des problèmes d'épuration et plus d'un tiers des
décès dans les pays en développement sont dus à la
consommation d'eau contaminée;
- 4000 personnes meurent chaque jour de maladies
associées au mauvais assainissement de l'eau;
- 1,5 million d'enfants meurent chaque année de
diarrhée. Un tiers de ces cas de décès pourraient
être évitées grâce à la mise en place de
services adéquats d'assainissement. La diarrhée est la
deuxième cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans
après la pneumonie. Le simple lavage des mains divise le risque de
diarrhée par deux;
- plus de la moitié des lits d'hôpitaux dans le
monde sont occupés par des
personnes développant des maladies liées
à l'usage d'une eau insalubre ; - 100 millions de personnes souffrent en
permanence de gastro-entérites
hydriques ;
20
23
http://www.who.int/features/factfiles/sanitation/facts/fr/index1.html
consulté le 13 mai 2014
24
http://www.lencrenoir.com/page/39/?p=drufdwglks
consulté le 13 mai 2014
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
- les maladies liées à l'eau empêchent en
moyenne chaque individu de travailler pendant un dixième de sa vie
active ;
- 443 millions de jours d'école sont perdus chaque
année du fait de maladies d'origine hydrique ou liées à
l'absence de services d'assainissement ;
- 260 millions de personnes sont atteintes de bilharziose,
près de 2 millions de décès sont observés chaque
année parmi les personnes impaludées et 30 millions
d'onchocercose sont dénombrées.
Ces chiffres sont imputables à la pauvreté, mais
l'absence d'accès à l'eau potable et l'absence d'assainissement y
participent, tout comme des soins insuffisants. Ces chiffres font froid dans le
dos et font terriblement écho à la célèbre formule
de Louis Pasteur selon laquelle « nous buvons 90 % de nos
maladies ». Ces chiffres indiquent aussi un manque
d'améliorations dans des zones où l'accès à l'eau
et à un assainissement de base à été
prodigué, sous-entendant aussi que l'accompagnement des populations,
notamment l'information relative aux règles d'hygiène, est
indispensable. Comme le résume simplement le Rapport du
Millénaire : « Aucune mesure ne pourrait mieux contribuer
à réduire les maladies et sauver des vies humaines dans les pays
en développement que l'approvisionnement de tous en eau potable et en
services d'assainissement adéquats »25.
21
25
www.un.org/french/millenaire/sg/report/chap5.htm
consulté le 10 mai 2014 Présenté par Germain
TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
CHAPITRE II : La pénurie d'eau : une source de
conflit
Les causes qui peuvent déclencher un conflit portant
sur l'eau sont d'origine naturelle ou humaine. Parmi les causes humaines, on
peut noter la dégradation des ressources en eau douce et les effets du
changement climatique.
L'analyse de la pénurie des ressources en eau et de sa
relation avec les conflits armés s'est accompagné de
l'étude d'autres facteurs tels que la croissance de la population et la
répartition inégale des ressources naturelles
(Section I).
Les régions relativement arides, comme le Moyen-Orient
et l'Afrique du Nord, voient leurs ressources en eau se raréfier encore
davantage. Les études sur la sécurité environnementale
mettent en évidence le rôle de l'eau comme facteur potentiel de
conflits armés et plusieurs analyses considèrent le Moyen- Orient
comme le théâtre idéal pour des « guerres de l'eau
». Parallèlement à la pénurie des ressources en eau,
le fait que certains cours d'eau internationaux, tels que le Jourdain et le
Nil, soient partagés par plusieurs pays est mentionné comme un
facteur susceptible de déclencher des conflits (Section
II).
22
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
SECTION I : Les facteurs bellicistes de l'eau
L'attention accrue accordée à cette ressource,
indispensable à tout échelon de la vie, est résultante,
soit de sa raréfaction, soit de l'incapacité des Etats à
mobiliser de façon efficiente la ressource. En effet, l'augmentation de
la population, l'industrialisation, la hausse du niveau de vie, bref les
activités humaines conduisent à une surexploitation de la
ressource voire à un gaspillage. A cela s'ajoute, les effets du
changement climatique et les pollutions diverses. (Paragraphe I).
Parallèlement à cet état de chose, les Etats se
voient dans l'obligation de partager le peu de ressource en eau dont ils
disposent. Ce qui est à la base de nombreuses frustrations.
(Paragraphe II)
PARAGRAPHE I : L'amenuisement progressif des ressources
en eau disponible
La diminution des ressources est la
résultante du changement climatique (A) et des
activités humaines (B).
A) Le facteur naturel : le changement
climatique
Le changement climatique a des impacts sur la
répartition et la disponibilité de la ressource eau. L'opinion
généralement partagée est que la distribution
inégale de la ressource en eau devrait s'accentuer du fait du
réchauffement climatique : les zones tempérées devraient
recevoir plus de pluies. A l'inverse, les régions arides devraient en
recevoir moins, notamment le Maghreb.
La dérégulation du cycle hydrologique devrait
débuter aux alentours des années 205026. Cela aura
pour conséquence première l'augmentation du niveau des
océans, qui entraînera notamment la hausse du niveau de l'eau dans
les zones estuaires, la migration des populations locales et la salinisation
des aquifères côtiers.
Ensuite, les projections de 2050 prévoient une
augmentation des précipitations, qui devraient être
provoquées par des phénomènes
météorologiques de plus en plus violents. Les pays du sud ne
seront pas les seuls concernés : l'Europe du sud, la Pologne voire les
pays d'Europe du nord devraient connaître des inondations plus violentes
et plus fréquentes. De plus, la hausse
23
26 Groupe d'Experts Intergouvernemental sur
l'Evolution du Climat : « Le changement climatique et l'eau », page
56 ; juin 2008.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
des températures génère des
concentrations plus grandes de vapeur d'eau dans l'atmosphère à
l'échelle mondiale. Les conséquences pourraient être
désastreuses dans la mesure où les fleuves comme le Gange et le
Brahmapoutre sont chargés d'alluvions et coulent eux aussi au-dessus du
niveau de la plaine27.
Le changement climatique rendrait plus fréquentes les
catastrophes naturelles, les tsunamis et surtout les inondations. Or, le bilan
de ces phénomènes est déjà terrible. Les
inondations de l'été 2010 au Pakistan par exemple, les pires que
le pays ait jamais connues (au moins 1 760 morts, 21 millions d'habitants
affectés et 10 millions de personnes privées de leur logement)
ont dévasté les stocks de semences et le cheptel28.
Entre 2000 et 2004, quelques 262 millions de personnes, dont 98 % vivant dans
les pays en développement, ont été victimes de
catastrophes d'origine climatique.
Ce phénomène serait d'autant plus important en
zone montagneuse. Il se caractériserait par une diminution des chutes de
neige, une fonte des neiges printanières plus rapide ainsi que par la
fonte accélérée des glaciers. L'impact sur
l'écoulement des grands fleuves européens sera inévitable.
Si les précipitations tombent sous forme de pluie, ces dernières
vont descendre en plaine, favorisant ainsi le phénomène
d'inondation. Cette eau fera par ailleurs défaut sur les sommets, et ne
pourra plus alimenter les fleuves au printemps : la pénurie s'installera
donc.
Enfin, on devrait constater une augmentation des
sécheresses. Dans certaines régions déjà, ce
phénomène semble avoir débuté, comme dans le
pourtour méditerranéen ou bien le bassin du
Sénégal, où la variabilité du climat a
entraîné la chute du débit annuel du fleuve qui n'atteint
aujourd'hui qu'un quart de son niveau des années 195029
(alors que la population a crû de 30 % pendant cette période).
Les conséquences d'une pareille évolution
seraient drastiques, à commencer par la baisse de rendement de
l'agriculture pluviale. D'aucuns estiment que la Méditerranée
constitue la zone géographique la plus préoccupante en
matière d'eau, et ce, quel que soit le scénario
d'évolution climatique.
24
27Emeline HASSENFORDER/ Benjamin NOURY «
Situation hydropolitique de 10 bassins versants transfrontaliers » ;
Compilation des newsletters Entre Deux Eaux N°1 à 12 ; septembre
2010 ; page 37. 28Assemblée Nationale française «
Rapport d'information : la géopolitique de l'eau » ; page 46; 2011.
29Ibidem.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Nous évoluons vers des cas de figure où le sud
du Sahara va être de plus en plus exposé aux pluies, quand le nord
Sahel et le Maghreb vont être confrontés à des
sécheresses toujours plus sévères.
La gravité de ce problème est
considérable et elle concerne les Européens au premier chef en
raison du faible nombre de fleuves qui se jette en Méditerranée.
Les fleuves espagnols sont d'ores et déjà largement
surexploités. Les potentiels hydriques du Rhône, de l'Ebre et du
Pô ne suffiront pas à combler les besoins des populations. Seul le
Nil fait exception à cette situation. Prenant sa source en zone
équatoriale, le fleuve ne sera pas affecté par le changement
climatique. Paradoxalement, malgré la fiabilité de cette source,
malgré son importance en volume, c'est également l'une des
sources d'eau cristallisant le plus de tensions géopolitiques comme nous
le verrons dans notre développement.
B) Le facteur humain: la pollution, le gaspillage et
la surexploitation
La pollution de l'eau est provoquée par les
activités humaines. Dans l'Atlas de l'environnement du Programme des
Nations Unies pour l'environnement de 2005, 148 fleuves majeurs sont
considérés pollués, c'est-à-dire charriant une eau
qui dépasse les seuils de pollution fixés internationalement.
Mais dans les pays émergents ou en
développement, la dégradation de la qualité des eaux est
sévère et compromet son usage. Les pays les moins
développés subissent essentiellement des pollutions de type
classique. Seule la moitié des eaux sales (eaux usées
industrielles et domestiques) est collectée et seulement 20 % sont
traités. La grande majorité est donc rejetée, polluant les
cours d'eau, dégradant la ressource pour l'usage des populations et
affectant les écosystèmes en aval. Dans les pays
émergents, les pollutions sont multiples: organiques, industrielles, ...
etc. Au premier rang figurent bien entendu les rejets toxiques des usines, qui
affectent les fleuves et cours d'eau bien plus que les retombées d'un
air pollué.
Partout dans le monde, le secteur agricole, parce qu'il est de
loin le principal utilisateur d'eau, est responsable de la pollution des sols,
des cours d'eau et des nappes du fait des engrais et des pesticides
utilisés. Mais plus le temps passe, plus la concentration dans ces eaux
de matière polluante devient importante, rendant l'eau impropre à
la consommation.
25
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
La question de la qualité des produits agricoles
cultivés avec cette eau finit ainsi par se poser, entraînant de
nouveaux risques pour la santé.
La Chine semble aujourd'hui le pays le plus affecté par
le niveau des pollutions. La pollution du fleuve Jaune, le deuxième plus
long de Chine, est tristement célèbre. Des millions de personnes
utilisaient ces eaux pour boire. Les conséquences sanitaires sont
évidemment désastreuses : 11 % des cas de cancer du
système digestif seraient imputables à de l'eau
polluée30.
Les gaspillages et la surexploitation participent de la
raréfaction de l'eau douce exploitable à l'échelle du
globe et à la destruction des écosystèmes. En de nombreux
lieux, les terres présentent des signes inquiétants de
dégradation. L'érosion est importante et l'utilisation excessive
de pesticides a abîmé les sols.
La surexploitation des cours d'eau et leur détournement
menacent aussi gravement les écosystèmes et la fertilité
de leurs abords. Le Gange ne se jette plus dans la mer à certaines
périodes de l'année. Le lac Tchad qui était dans les
années 1960 le sixième plus grand lac du monde a presque disparu.
Cette réduction est pour moitié due aux activités
humaines.
Les évolutions climatiques, particulièrement
l'aggravation des sécheresses, et démographiques conduisent
déjà à aller chercher de l'eau plus loin, plus
profondément et au-delà des quantités renouvelables. Si
les systèmes aquifères existent sur tous les continents, tous ne
sont pas renouvelables. Même lorsqu'ils sont renouvelables,
c'est-à-dire alimentés régulièrement par les
précipitations, les aquifères sont dans certaines régions
menacés par la surexploitation ou la pollution.
La surexploitation des eaux souterraines dont dépend
plus de la moitié de la population mondiale31, apparaît
donc comme le sujet de vives inquiétudes. Un certain nombre de pays
recourent à des nappes fossiles pour augmenter l'eau disponible. Il
s'agit bien évidemment de ressources non pérennes. Ainsi, en
Arabie Saoudite : sur les 22 km3 d'eau consommée chaque
année, 20km3 proviennent d'eaux non renouvelables. Comme on
peut le lire dans le rapport du Millénaire 2000 : «La
surexploitation des ressources en eau est pratique courante dans
différentes parties de la Chine, des Etats-Unis, de l'Inde, du Mexique,
de la péninsule arabique et de l'ex-Union soviétique. Dans un
monde
26
30 HEIM Alexandre « La Chine, son eau et ses
voisins : aperçu des pénuries annoncées au XXIe
siècle » ; IRIS ; mai 2010 ; page 17.
31RAYA Marina Stephan « La coopération
transfrontalière sur les eaux souterraines : un processus en
évolution » http:/
www.dynamiques-internationales.com/No
2/ janvier 2010 ; consulté le 15 mai 2013.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
où 30 à 40 % de la production alimentaire
provient des terres irriguées, ce problème est fondamental pour
la sécurité alimentaire».32
PARAGRAPHE II : Le difficile partage des ressources
entre pays
Nous mettrons ici l'accent le problème du partage des
eaux transfrontalières (A) et les formes de conflits
hydriques (B).
A) Le partage des eaux
transfrontalières
En 1978, la Commission des Nations Unies pour les affaires
économique et sociale dénombrait 218 bassins transfrontaliers. On
en comptabilise aujourd'hui 276. Ces bassins transfrontaliers recouvrent
environ 45 % de la surface des continents et regroupent environ 40 % de la
population mondiale. Les deux cinquièmes de la population mondiale
dépendent d'eaux transfrontalières.
L'importance des bassins transfrontaliers se mesure aussi
à l'interdépendance des Etats quant à leur
approvisionnement en eau. Quelques 145 pays se partagent des bassins
transnationaux. 33 d'entre eux ont plus de 95 % de leur territoire dans les
frontières hydrologiques d'un ou plusieurs bassins transnationaux. C'est
le cas par exemple de la Bolivie, du Tchad, de la République
démocratique du Congo, du Niger et de la Zambie. Quinze pays
dépendent à plus de 50 % de pays en amont pour leur ressource
hydrique. Il existe en Europe plus de 150 fleuves, lacs et eaux souterraines et
cinq pays dépendent à plus de 75 % de pays situés en amont
et 20 à plus de 70 %.
Certains bassins sont partagés par de très
nombreux États. C'est le cas par exemple du Congo, du Niger, du Nil, du
Rhin ou du Zambèze dont plus de neuf pays sont riverains, du Danube dont
sept pays sont riverains, ou de l'Amazone, de la mer d'Aral, du Gange, du
Jourdain, de la Plata, du lac Tchad, du Mékong, du Tigre et de
l'Euphrate, qui sont partagés par au moins cinq pays.
Les eaux transfrontalières lient les pays et
créent une dépendance entre les entités partageant la
ressource. Cette interconnexion n'est pas strictement environnementale mais
intervient aussi sous un angle social, économique et politique. Par
conséquent, les tensions constatées sur la ressource en eau,
lorsqu'elles affectent ces bassins transfrontaliers, génèrent une
complexité supplémentaire dans la relation
interétatique.
27
32
http://www.un.org/french/millenaire/assemblee.htm
consulté le 25 mai 2014. Présenté par Germain TOÏ
(00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
La carte mondiale du stress hydrique concernant les seuls
bassins transfrontaliers33 permet de visualiser les zones dans
lesquelles les tensions sur le partage interétatique de la ressource en
eau sont susceptibles de croître avec l'augmentation de la demande en
eau.
A ce jour, on recense 273 aquifères
transfrontaliers34 dans le monde, dont 68 sur le continent
américain, 38 en Afrique, 65 en Europe orientale, 90 en Europe
occidentale et 12 en Asie, qui représentent donc un volume 100 fois
supérieur à l'eau douce de surface. Il en reste encore à
répertorier puisque les programmes d'identification de ces
aquifères ne sont pas achevés sur l'ensemble des continents. En
outre, comme pour les cours d'eau, l'augmentation du nombre d'Etats, par
exemple la disparition de l'URSS et l'éclatement de la Yougoslavie,
augmente mécaniquement le nombre d'aquifères transfrontaliers.
Les bassins «crisogènes» sont majoritairement situés
sur le pourtour méditerranéen ainsi qu'en Asie mineure.
Si l'on agrège les données relatives aux bassins
transfrontaliers et aux aquifères transfrontaliers, plus de 3 milliards
de personnes dépendent d'une ressource partagée. Selon la FAO,
près de quarante États dépendent pour plus de la
moitié de leurs ressources en eau de pays voisins. En haut de
l'échelle se trouvent l'Égypte et le Turkménistan (97 %),
la Mauritanie (96 %), le Niger (90 %), la Syrie (80 %), le Pakistan et
l'Ouzbékistan (77 %).
B) Typologie des conflits hydriques
Par conflits hydriques, il faut comprendre les tensions qui
peuvent naître quant à l'utilisation des eaux, qui
généralement sont partagées par plusieurs entités
étatiques. Dans cette catégorie, il faut retenir les conflits
d'usages, les conflits de pollutions et les conflits de distributions.
Le conflit d'usage résulte de l'érection d'un
barrage ou encore du détournement d'un fleuve à des fins
d'irrigation au profit exclusif d'un seul des Etats du bassin. A
l'échelle du bassin, on ne manque pas d'eau, mais les usages que veulent
en faire les Etats riverains sont différents et parfois
contradictoires.
28
33 Cf annexe
34 RAYA Marina Stephan « La coopération
transfrontalière sur les eaux souterraines : un processus en
évolution » http:/
www.dynamiques-internationales.com/No
2/ janvier 2010 ; consulté le 15 mai 2013.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Nous ne sommes pas sans savoir que les divers usages
s'impactent mutuellement, vu qu'il s'agit de la même source
utilisée. Sur la scène Internationale, on se souvient de ce qui
est advenu entre la Hongrie et la Tchécoslovaquie à propos de la
construction de la centrale de Gabcikovo/Nagymaros sur le Danube, qui
impliquait un détournement du cours du fleuve. La Hongrie
inquiète des possibles retombés du projet, abrogea le
traité de 1977 qui réglementait la gestion commune de ce projet
avec la Tchécoslovaquie, mais celle-ci poursuivit les travaux, ce qui
déclencha de vives protestations de la part de Budapest35.
Les relations entre Budapest et Bratislava se
détériorèrent rapidement et des rumeurs d'interventions
militaires vinrent aggraver les tensions entre les deux pays. Pareille escalade
surgit entre le Sénégal et la Mauritanie à propos des eaux
du Sénégal, que le pays du même nom voulait utiliser
à des fins de revitalisation de ses vallées fossiles, ce qui eu
le don d'exacerber la partie mauritanienne qui s'est sentie menacée.
Cela s'est soldé par la fermeture momentanée des
frontières des deux côtés ainsi que par l'expulsion massive
de ressortissants36.
Par conflit de pollution, il faut comprendre les
différends qui peuvent naître à propos de l'utilisation des
eaux communes, avec la spécificité que cette utilisation impacte
négativement sur le plan environnemental. Le conflit de pollution est en
fait causé par les externalités négatives, qui ne sont pas
supportées par l'Etat pollueur parce que le courant apporte avec lui les
déchets d'un pays vers un autre. Ce qui forcément fait du tort au
pays qui supporte cette pollution, et peut potentiellement mener au conflit si
l'Etat pollueur n'offre pas une contrepartie, pour permettre à l'Etat
lésé de supporter les coups de la dépollution. Ceci est
particulièrement bien illustré dans le cas du Rhin, où la
Hollande, qui est l'Etat le plus en aval, supporte les pollutions des eaux de
ce fleuve qu'il utilise à des usages humains37. Le Danube
aussi fait l'objet de graves pollutions qui ont été à
l'origine de frictions entre les Etats qui l'ont en partage.
37 SALL Elimane Moussa « La gestion de l'eau et
son impact sur le droit international » ; Université Gaston Berger
; Diplôme d'Etudes Appliqués (DEA)/2007 ;
http://www.memoireonline.com;
consulté le 16 mars 2013.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
C'est le cas, en 2006, de la fuite d'une quantité non
déterminée de pétrole dans le Danube38, depuis
un entrepôt de la Compagnie pétrolière serbe (NIS).
On parle de conflit de distribution relative lorsqu'à
l'échelle du bassin, on est soumis à un manque relatif de la
ressource en eau. Il survient lorsque par exemple un des Etats du bassin
détourne trop d'eau vers ses terres pour son seul usage.
Généralement, il s'agit d'un Etat en amont. L'abus de l'Etat en
position de force crée un manque pour les autres Etats du bassin. Ce qui
pousse les Etats ainsi lésés, à réagir et la
dynamique conflictuelle est toute indiquée pour essayer de
rétablir à leur avantage le rapport de force à
l'échelle du bassin.
A titre d'exemple, on peut relever les bassins du Tigre et de
l'Euphrate, mais aussi le bassin du Nil. Ces cours d'eaux sont en effet,
caractérisés par l'importance de leurs cours en amont du bassin,
mais cours qui est drastiquement réduit à son arrivée dans
les pays en aval, puisque les Etats en amont auront fait une utilisation
intensive des eaux en question sans prendre en compte les intérêts
des pays d'aval. Cette situation se manifeste surtout dans des cas où
les Etats en amont, mettent sur pied d'ambitieux ouvrages
hydroélectriques, notamment des barrages.
Le conflit de distribution absolue constitue la plus complexe
des quatre prototypes de conflit hydrique. En effet il s'agit de celui dont la
résolution est la plus problématique. Ici il est au départ
clair pour tous les protagonistes que la ressource disponible, n'est pas
à mesure de satisfaire de manière efficace les besoins
légitimes et raisonnables des divers Etats du bassin. Ce qui
emmène ces derniers à adopter des comportements très
extrêmes en ce qui concerne la disposition ou le contrôle de la
ressource. Le cas qui renvoie le plus à cette définition est sans
nul doute, celui du bassin du Jourdain.
SECTION II : Le Moyen-Orient comme illustration de la
théorie conflictuelle de l'eau
En 1993, Shimon Pèrès, ancien ministre des
affaires étrangères israélien affirmait qu'« il est
probable que la prochaine guerre dans la région soit
déclenchée, non à cause du problème des
frontières, mais à cause de la lutte
38 Ibidem
30
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
pour le partage des ressources régionales
»39. Ce qui met en exergue l'acuité des questions
liées aux ressources hydriques au Moyen-Orient.
En effet, le Moyen-Orient est traversé par trois
systèmes hydrologiques : le Nil (11 Etats), le Tigre-Euphrate (3 Etats)
et le Jourdain (5 Etats). Le Nil (Paragraphe I) et le Jourdain
(Paragraphe II) nous offrent les meilleurs exemples pour
corroborer la thèse des conflits hydriques.
PARAGRAPHE I: Le NIL : risque de conflit ?
S'étendant sur le territoire de 11 pays
différents dans une région particulièrement aride, le
bassin du Nil est l'objet de tensions importantes entre les pays riverains. Si
l'Egypte, qui est totalement dépendants du Nil pour sa survie est
jusqu'à présent parvenu à imposer ses vues dans la gestion
du fleuve (A), les pays situés en amont du fleuve font
également valoir certaines prétentions qui provoquent la
colère de l'Egypte (B).
A) Un fleuve vital pour l'Egypte
Depuis l'Antiquité, la vie des Egyptiens est
rythmée par le Nil. L'économie égyptienne est
dépendante entièrement du Nil. En effet, l'Egypte, avec ses 84
millions d'habitants, tire du Nil environ 90% de son eau. Le Nil a toujours
été exploité par l'Egypte pour développer ses
activités. Originellement, le Nil a un fonctionnement hydrologique
particulier : le phénomène de crues, déposant sur les
zones inondées quantité de limons, a permis à la
civilisation égyptienne de développer très tôt des
systèmes d'irrigation sur des terres très fertiles.
Face à l'évolution du Soudan vers
l'indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne
(indépendance acquise en 1956), le président Nasser décide
de construire le barrage d'Assouan en 1956 (il sera inauguré en 1971)
pour plusieurs raisons. D'abord, il s'agissait de développer
économiquement le pays par la production massive
d'hydroélectricité. Ensuite, le but était de
régulariser le cours du fleuve et d'éliminer les crues pour
constituer un réservoir en cas de sécheresse. Mais la raison
principale de cette décision, c'est de sauvegarder les
intérêts vitaux du pays, quelle que soit la politique hydraulique
du Soudan. La retenue du barrage est gigantesque : 162 milliards de
mètres cubes, soit deux fois le volume de la crue annuelle du Nil.
Cependant, le volume utile se réduit à
31
39
http://www.lesclesdumoyenorient.com/Le-Nil-axe-de
developpement.html consulté le 17 mai 2014.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
90 milliards de mètres cubes notamment à cause
de l'évaporation importante dans le lac Nasser.
Près des 6/7ème du débit du fleuve
arrivant à Assouan (à la frontière entre le Soudan et
L'Egypte) proviennent de l'Ethiopie alors que l'Egypte utilise 66% de ce
débit. Le Nil est peu pollué car peu utilisé par les pays
en amont. Très peu d'industries se concentrent sur les bords du fleuve
et les principales sources de pollution proviennent donc des pesticides et
engrais utilisés par les agriculteurs égyptiens ainsi que des
eaux usées citadines qui y sont rejetées.
Aujourd'hui, 95 % des Egyptiens vivent sur ses rives.
Cernée par le désert, sa vallée constitue les seuls 6 % du
territoire national cultivable. Dans cette vallée, se concentre toute
l'économie égyptienne40.
Une telle dépendance est aggravée par la
position géographique de l'Egypte. Située en aval du fleuve, son
existence est entre les mains des pays situés en amont. Ce qui
amène l'Egypte à tout mettre en oeuvre pour assurer sa
sécurité, quitte à pratiquer une politique
d'intransigeance sur le Nil.
Cela transparait dans les accords de 1929 et 1959. En effet,
pendant longtemps, l'Egypte a perçu le Nil comme un fleuve jailli
miraculeusement du désert, et ne pose pas la question de ce qui se passe
en amont. Elle commence à s'en préoccuper lorsque les
Britanniques commencèrent à exploiter le fleuve dans leurs
colonies d'Afrique de l'Est dans les années 1920. En 1929, un
« Accord sur les Eaux du Nil » instaurant un partage
des eaux entre l'Egypte et le Soudan britannique, fut
signé41. Cet accord prévoyait entre autres :
? Que le flux total du Nil arrivant à Assouan
étant de 84 milliards de m3, l'Egypte et le Soudan
utiliseront respectivement 48 milliards de m3 et 4 milliards de
m3.
? Que les 32 milliards de m3 restants sont à
la disposition des Etats en amont.
? Que l'Egypte se réserve le droit de surveiller le
flux du Nil dans les pays en amont.
? Que l'Egypte se réserve le droit d'entreprendre des
projets sur le Nil sans en avertir les pays en amont.
32
40Emeline HASSENFORDER/Benjamin NOURY
«Situation hydropolitique de 10 bassins versants transfrontaliers«,
Compilation des newsletters Entre Deux Eaux N°1 à 12, septembre
2010, P69-72.
41 Ibidem
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
? Que l'Egypte possède le droit d'opposer son
véto à tout projet de construction qui pourrait affecter ses
intérêts.
? Que du 29 janvier au 15 juillet (saison sèche), le
Soudan n'a pas le droit d'utiliser les eaux du Nil.
Après l'indépendance du Soudan, un nouvel accord
bilatéral est conclu en 1959 entre l'Egypte et le Soudan : la
première reçoit 55,5 milliards de m3, le second 22
milliards de m3. Le traité ne fait pas mention des pays en
amont, qui le considèrent comme nul et non avenu. Cet accord
prévoie également que les besoins combinés des autres pays
riverains n'excéderaient pas 1 à 2 milliards de m3 par an et que
toute réclamation de leur part serait confrontée à une
position égypto-soudanaise unifiée.
Il est clair que dans ces accords, l'Egypte considère
le Nil comme une propriété nationale et ainsi s'attribue
l'utilisation quasi exclusive des eaux du Nil. Cette politique
égyptienne sera à la base de la cristallisation des tensions
autour du Nil surtout avec l'Ethiopie qui voit sa population croitre et donc
ses besoins en eau s'augmenter.
B) Le Nil : objet de tension entre l'Egypte et les
autres Etats du bassin
Les relations entre le Soudan et l'Egypte ne sont pas
éminemment conflictuelles, notamment du fait de l'accord du partage des
eaux signé en 1959, qui donne un cadre juridique aux relations
bilatérales. Des projets communs ont même été
lancés, comme la construction du canal de Jonglei en 1983. L'histoire de
ce canal est révélatrice du rôle qu'a pu jouer le Nil dans
la cristallisation de tensions entre Khartoum et les ex-rebelles du Sud Soudan.
Le canal est conçu pour détourner le cours du Nil Blanc en lui
faisant éviter la région marécageuse du «Sud»,
où d'importantes quantités d'eau sont perdues par
évaporation.
Mais le canal répond aussi à des enjeux
géopolitiques internes au Soudan. Dans le contexte de la lutte contre
les séparatistes du Sud du pays, le canal devait aussi constituer une
infrastructure de transport permettant à l'armée soudanaise de
mieux intervenir au Sud et contrôler la région. Ainsi, lors de la
deuxième guerre civile qui embrase le Sud du Soudan (1983 à
2005), les rebelles du Sud mènent des opérations de sabotage sur
le chantier du canal dès 1983, ce qui conduit les autorités
égyptiennes et soudanaises à abandonner la construction aux deux
tiers. L'instabilité politique due à la guerre civile dans le
33
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Sud a donc freiné les aménagements. A partir des
années 2000, des projets sont relancés, notamment grâce aux
capitaux chinois.
Avec l'accession à l'indépendance de la
République du Soudan du Sud, la donne change. On est en droit de se
demander ce que deviendront les projets de barrages planifiés par le
gouvernement de Khartoum. Seront-ils poursuivis par celui de Djouba
(Sud-Soudan) ? Quelles seront les relations entre les deux Etats frères
? Ceux-ci s'opposeront-ils sur la question de l'eau ? Quelles seront les
conséquences sur l'hydropolitique de la région?
Par contre, les relations entre l'Egypte et l'Ethiopie par
rapport au Nil sont très belliqueuses. En effet, l'Ethiopie a
jusqu'à présent très peu exploité ses ressources
hydrauliques, qui contribuent pourtant à 86% des eaux du Nil
mesuré en Egypte. A peine 0,3% du débit du Nil bleu et des autres
affluents du Nil est exploité par l'Ethiopie. Avec la chute du
régime socialiste de Mengistu (19801997)42 puis la fin de la
guerre contre l'Erythrée (1998-2001),43 l'Ethiopie a
entrepris de nombreux projets pour amorcer son développement.
L'augmentation rapide de la population (environ 73 millions en
2004, 85 millions en 2010, 119 million en 2025 et 173,8 en 2050)44,
l'impact des sécheresses accumulées45, ainsi que ces
différents projets nécessitent l'exploitation de nouvelles
ressources en eau. C'est donc pour répondre à ces besoins que le
gouvernement éthiopien a entrepris la construction d'un barrage
dénommé « Grande Renaissance »46 sur le Nil
bleu. Ce qui a causé la colère de l'Egypte.
En effet, les relations entre ces deux pays concernant le Nil
ont toujours été conflictuelles. Le gouvernement éthiopien
a toujours rejeté les prétentions de l'Egypte à
contrôler l'utilisation des eaux du Nil sur son territoire.
L'Egypte quant à elle milite pour faire
reconnaître le statut international du Nil. Auquel cas, l'Ethiopie se
devrait de respecter les « droits acquis » de chacun des Etats de la
vallée. Cette revendication est vitale pour l'Egypte, étant
donné que 86% du débit du Nil à Assouan proviennent
d'Ethiopie.
L'Ethiopie, elle, conteste le statut international du Nil,
sous prétexte qu'il n'est pas navigable sur toute sa longueur. Dans ce
cas, elle pourrait aménager et
34
42
http://afriquepluriel.ruwenzori.net/etio-b.htm
consulté le 20 Avril 2014
43
http://www.erythree.com/conflit.htm
consulté le 20 Avril 2014
44Population Référence Bureau «
Fiche de Données sur la population mondiale 2010 », p. 7
45
http://www.unicef.org/french/infobycountry/ethiopia_59887.html
consulté le 20 Avril 2014
46
http://www.ambassade-ethiopie-paris.org/le_grand_barrage_de_la_renaissance/index.html
consulté le 20 Avril 2014
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
exploiter la partie du fleuve qui traverse son territoire sans
rendre de comptes. Outre le refus du statut international du fleuve, l'Ethiopie
rejette les accords bilatéraux de partage égypto-soudanais de
1929 et 1959.
Le ton est donc monté d'un cran avec le début
des travaux de construction du dit barrage (Grande Renaissance) en 2013.
L'ex-président égyptien Mohamed MORSI à proférer
des menaces à l'encontre de l'Ethiopie. Ses propos « Nous ne
ménagerons aucune option pour protéger nos
intérêts. Nous ne sommes pas les avocats de la guerre,
mais nous ne permettrons jamais que soit mise en péril notre
sécurité en matière d'approvisionnement en eau
»47 rendent compte des intentions belliqueuses de l'Egypte
vis-à-vis de l'Ethiopie. Lors d'une réunion
télévisée avec ses partisans islamistes, il fut même
question de bombarder le chantier de construction du barrage, ou même de
fomenter des troubles en Ethiopie à partir du Soudan ou de
l'Erythrée.
Le gouvernement éthiopien prévoirait à
plus long terme de mettre en culture 1,5 millions d'ha et de construire 36
barrages. Si tous les projets étaient mis en oeuvre, cela impliquerait
une baisse de régime du Nil de 4 à 8 milliards de
m3/an. Par conséquent, la guerre est probable entre ces deux
pays.
Les pays plus en amont envisagent à leur tour
l'exploitation de leurs ressources en eau comme un outil de
développement. La Tanzanie envisage de pomper l'eau du lac Victoria pour
irriguer 600 000 ha dans les plaines centrales. Le Kenya s'est opposé
à l'Egypte en 2003 en déclarant qu'il ne se sentait pas
concerné par le traité de 1959. L'Ouganda a fait appel à
l'aide israélienne pour mettre sur pieds des projets hydrauliques.
Ainsi, les projets se multiplient dans les pays en amont, au grand dam de
l'Egypte. Pays situé le plus en aval, c'est elle qui dépend le
plus des décisions de ces pays. En 1985, l'ancien ministre
égyptien des Affaires étrangères Boutros Boutros-Ghali
déclare que « la sécurité nationale de l'Egypte est
entre les mains des dix autres pays africains du bassin du Nil
»48. L'Egypte voit donc d'un très mauvais oeil les
revendications successives des pays en amont pour exploiter les eaux du Nil.
L'Egypte, dont 95% des ressources en eau proviennent du
Nil49, est très crispée sur la question : c'est sa
sécurité qui est jeu. Il est donc clair que sans une
35
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
47Ethiopie : une crise hydro diplomatique avec
l'Egypte ?sur
http://www.rfi.fr/mfi/2013/06/11;
consulté le 14 juin 2013
48 AMIOT Hervé « Eaux et conflits dans le
bassin du Jourdain » sur
http://www.lesclesdumoyenorient.com/Eau-et-conflits-dans-le-bassin-du.html
consulté le 17 mai 2014
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
coopération sur les eaux du Nil, il existe une forte
probabilité de l'éclatement d'une guerre de l'eau dans cette
région.
PARAGRAPHE II: L'eau, un élément
d'analyse des conflits autour du Jourdain
Si le bassin du Jourdain ne rivalise pas en taille avec celui
du Nil, il est néanmoins le théâtre de conflits
peut-être plus nombreux et plus violents. En effet, prenant sa source au
Liban, le Jourdain sépare Israël des Etats arabes voisins, Syrie et
Jordanie. Il borde précisément deux territoires fortement
contestés : le Golan et la Cisjordanie, occupés par Israël
depuis 1967.
La problématique de l'eau dans le bassin du Jourdain
s'inscrit pleinement dans le conflit israélo-palestinien et
israélo-arabe. Ainsi donc, Analyser le partage du Jourdain, c'est
d'abord relater l'histoire de l'Etat d'Israël, qui se caractérise
notamment par une conquête de l'eau (A), puis faire le
point sur le partage de l'eau entre la Palestine et Israël
(B).
A) Israël ou la conquête de l'eau
Le premier sommet des chefs d'États arabes en 1964
avait pour objet de réunir les Arabes contre le détournement des
eaux du Jourdain par Israël. Notons que la maîtrise des ressources
en eau n'est pas une donnée nouvelle dans l'histoire d'Israël. La
nécessité de disposer des sources d'eau sur le territoire du
futur Etat figurait déjà dans l'esprit de l'Organisation
sioniste50.
Dès le 2 septembre 1953, l'Etat hébreu annonce
le démarrage d'un chantier d'aménagement et de drainage du lac
Houleh pour mettre à exécution ses stratégies de
conquêtes. Ce plan prévoyait de drainer les marécages
autour du lac Houleh vers le lac de Tibériade. Ce projet comportait la
construction de deux stations de détournement des eaux du Jourdain. Le
lac Houleh qui était au coeur de leur projet se trouvait dans une zone
démilitarisée. Or, il était impossible aux
Israéliens de drainer le lac Houleh sans porter préjudice aux
paysans syriens situés au sud de ce lac. Ce qui suscitait la
colère et la réprobation des Etats arabes et plus
particulièrement de la Syrie. L'armée syrienne qui tentait
d'empêcher le détournement des eaux du Haut Jourdain, riposta par
des tirs sur les chantiers
36
50 Mouvement créé le 03 Septembre
1897 par Théodore HELZ en vue de la création de l'Etat
d'Israèl. Lequel Etat sera créé 50 ans plus tard en
1948.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
ce qui amena à chaque fois une réplique
israélienne. Les risques d'aggravation du conflit poussèrent les
Nations Unies à adopter une résolution sur demande arabe, et
particulièrement syrienne, exigeant qu'Israël mette fin à
son projet.
En octobre 1959, les Etats arabes prirent connaissance du fait
qu'Israël mettait toujours en oeuvre ce plan et des dangers qu'il
comportait. La défense des eaux arabes commença au Caire le 8
décembre de la même année. Un projet, élaboré
par des ingénieurs égyptiens et syriens, permit
l'édification d'un barrage en Syrie pour détourner le fleuve
Banias avant son entrée en Israël, ce qui mettait à sec le
lac de Tibériade. La même année, le gouvernement jordanien
demanda au Liban de détourner le cours du Hasbani vers les territoires
syriens et jordaniens. Cette demande suscita la colère d'Israël. Le
6 janvier 1960, Madame Golda Meir, Ministre Israélienne des Affaire
Etrangère en visite à Paris, déclara dans une
conférence de presse pour commenter l'annonce du plan de
détournement du Hasbani que «les tentatives de
détournement des sources du Jourdain en Syrie et au Liban ne seraient
pas seulement jouer avec de l'eau, mais avec le feu»51.
Après avoir manifesté leur opposition au projet
d'Israël au Conseil de Sécurité de l'ONU, le conseil de la
Ligue arabe décida à l'unanimité de déclarer la
guerre à Israël s'il procédait au détournement des
eaux du Jourdain vers le Néguev. Malgré les menaces arabes,
Israël continua la construction du pipeline. L'ensemble des
résolutions prises par la Ligue arabe demeurèrent lettre morte
jusqu'au sommet arabe du Caire de janvier 1964. Ce sommet avait pour objet
l'étude des mesures à prendre par l'ensemble des pays arabes pour
assurer l'exécution des résolutions de 1961, à savoir
coordonner un contre-projet arabe de diversion des eaux du Jourdain et de ses
affluents car pour la Ligue arabe «la question du Jourdain est un aspect
du grand problème de la Palestine et ne peut être traité
isolément». La réaction arabe face à l'inauguration
de la station de pompage du canal de Tibériade - Yarkoun - Néguev
en 1964 fut immédiate. La décision prise à ce sommet fut
le démarrage immédiat des chantiers hydrauliques. Très
vite, ces chantiers furent lancés. Le 1er janvier 1965, un commando
palestinien, de la branche du Fatah, lança des attaques sur les
installations amenant le Jourdain vers le Néguev. Les Etats arabes et
les
37
51 AMIOT Hervé ;
http://www.lesclesdumoyenorient.com/Eau-et-conflits-dans-le-bassin-du.html
consulté le 17 mai 2014.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
commandos du Fatah menèrent de nombreuses
opérations de sabotages contre des stations de pompages en
Israël.
Face au démarrage des chantiers et aux
opérations menaçantes de ses voisins arabes, la réaction
israélienne fut prompte. Israël décida d'intervenir par tous
les moyens, y compris militaires, pour empêcher la construction de tout
ouvrage hydraulique sur les sources du Jourdain. Le 17 avril 1967, le barrage
Khaled Ibn Al Walid construit par les Syriens et les Jordaniens pour recevoir
les eaux du Yarmouk, du Hasbani et du Banias et épargné jusqu'au
là, fut bombardé et complètement détruit. Le 6 juin
1967, la guerre de «Six Jours» éclata. Elle se solda par
l'écrasement de toute l'armée arabe. Cette guerre permit à
Israël d'occuper le Sinaï, la bande de Gaza, la Cisjordanie y compris
Jérusalem Est, et les plateaux du Golan52. Même s'il a
permis à l'Etat hébreu d'accentuer son emprise sur les eaux du
Jourdain, cette guerre était considérée par les
Israéliens comme une demi victoire, car un des plus importants affluents
du Jourdain, le Hasbani, et le fleuve Litani tellement convoité sont
restés en dehors de leur portée.
A l'issue de la guerre des Six jours, Israël s'emparait
de territoires riches en eau: le Golan (les sources du Banias), qui fournit 20
% de l'eau « naturelle » d'Israël, et la Cisjordanie (Jourdain,
Yarmouk et aquifères). Le 14 mars 1978, l'opération « Litani
» se traduira par une occupation du sud-Liban à nouveau
occupé après l'opération « Paix en Galilée
» lancée en février 1982. Le barrage de Karaoun qui
représente un réservoir de 220 millions de m3, est
pris. Voilà pour la conquête des sources d'approvisionnement, sans
que ce facteur de conflit l'emporte sur les autres.
La conquête de l'eau s'exprime aussi au travers le
développement de ses infrastructures d'eau et désormais dans
l'avance technologique que le pays a prise et mise en pratique pour produire de
l'eau non conventionnelle.
Enfin, pour faire face à la pénurie, Israël
s'est lancé dans un vaste programme de dessalement de l'eau de mer.
D'autres sources non conventionnelles comme la
réutilisation des eaux usées sont mises en oeuvre. Les usages de
l'eau en Israël sont les suivants : 6 % industriels, 41 % domestiques et
53 % agricoles. L'enjeu de l'eau n'est donc pas qu'un élément
secondaire, face à d'autres questions plus
importantes.
52 Ibidem
38
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
B) Le partage de l'eau entre la Palestine et
Israël
En Cisjordanie, la nappe phréatique dite « des
montagnes » est la principale ressource hydraulique partagée. Elle
se divise en trois bassins. Le bassin ouest, dont 70 % de la surface se situe
du côté palestinien, est le plus productif avec une
capacité de renouvellement de 362 millions de m3/an. La
capacité estimée du bassin nord est de 142 millions de
m3/an et celle du bassin sud de 172 millions de m3/an.
Bien que ce dernier bassin se situe quasi exclusivement en Cisjordanie,
l'exploitation israélienne représente 60 % des quantités
extraites annuellement53. En outre, la Cisjordanie borde la
rivière du Jourdain mais les Palestiniens n'y ont pas accès.
Dans la Déclaration d'Oslo du 13 septembre 1993, «
Israël reconnaît les droits des Palestiniens sur l'eau en
Cisjordanie ». De même, le volet « eau » de l'accord
intérimaire de Taba signé le 28 septembre 1995 entre
l'Autorité Palestinienne et l'État d'Israël (Oslo II)
prévoit un partage des eaux qui s'applique jusqu'à la signature
d'un accord permanent. Ainsi, le développement des ressources
hydrauliques palestiniennes est limité.
La bande de Gaza est alimentée par la nappe
côtière dont la capacité est estimée à 450
millions de m3/an, dont environ 55 millions de m3/an pour
le territoire de la bande de Gaza. La situation y est critique. Gaza est une
des zones les plus peuplées au monde avec 1,6 million de Palestiniens
dont 70 % vit sous le seuil de pauvreté54. 170 millions de
m3 d'eau sont pompés chaque année, ce qui est le
triple de la proportion renouvelable (55 millions). L'OMS estime que 26 % des
maladies à Gaza sont liées à la mauvaise qualité de
l'eau55. Pour y faire face, les habitants de la bande de Gaza ont
développé des puits et des systèmes de dessalement
privés qui alimentent un marché parallèle de l'eau,
où les prix pratiqués sont très élevés. Les
territoires ne disposent aujourd'hui que de 18 % des ressources
aquifères (3 aquifères de montagne et un aquifère
côtier).
Depuis 1967, les Palestiniens n'ont plus accès à
la mer Morte et ils sont géographiquement contenus de telle façon
que l'aquifère de Cisjordanie alimente les Israéliens
situés à l'ouest. Il convient de rappeler au préalable
que
39
53 MUTTIN Georges « Le monde arabe face au
défi de l'eau : enjeux et conflits », Institut d'Etudes Politiques
de Lyon, 2007, p 112.
54 Op cit, p 116
55 Idem
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
les Accords d'Oslo ont divisé la Cisjordanie en zones
A, B et C56. L'armée israélienne a
transféré à l'Autorité palestinienne la
responsabilité des affaires civiles, c'est-à-dire la fourniture
de services à la population, dans les zones A et B. Ces deux zones, qui
contiennent près de 95 % de la population palestinienne de Cisjordanie,
ne représentent que 40 % du territoire. La zone C reste
entièrement placée sous l'autorité de l'armée
israélienne. Cette zone représente 60 % du territoire de la
Cisjordanie, avec toutes les réserves foncières et l'accès
aux ressources aquifères, ainsi que toutes les routes principales.
L'article 40 de l'annexe III de l'accord d'Oslo II prévoit le transfert
par Israël aux Palestiniens de tous les pouvoirs et responsabilités
relatifs à l'eau et à l'assainissement, mais concernant les seuls
Palestiniens, soit dans les zones A et B seulement. Or, les zones A et B ne
sont pas d'un seul tenant, mais fragmentées en enclaves entourées
par des colonies israéliennes et des routes réservées aux
colons, ainsi que par la zone C. Cette configuration entrave le
développement d'infrastructures performantes pour l'approvisionnement en
eau et l'évacuation des eaux usées. La plupart des Palestiniens
résident dans les zones A et B, mais les infrastructures dont ils
dépendent se trouvent dans la zone C ou la traversent.
L'accord d'Oslo a créé aussi pour la gestion de
l'eau en Cisjordanie un Commission Conjointe de l'Eau (JWC). Cette commission
composée d'un nombre égal d'experts des deux parties est
compétente pour traiter de toutes questions relatives à l'eau et
à l'assainissement. Les pouvoirs de cette commission s'étendent
sur le territoire de la Cisjordanie et ne concerne que les seuls Palestiniens.
Israël conservant toute latitude de manoeuvre pour tout forage aussi bien
dans la zone C, qui se trouve en territoire palestinien, que sur la proportion
de l'aquifère occidental.
Cependant, le JWC n'est pas une agence de bassin parce qu'il
n'a d'autorité que sur la Cisjordanie et les Palestiniens ne peuvent pas
produire des données hors de cette zone.
Ces accords n'ont cependant pas remis en cause les ordonnances
militaires israéliennes qui :
- transfèrent toutes les ressources hydrauliques de la
Cisjordanie et de Gaza sous autorité militaire.
- imposent l'obtention de permis pour tous les travaux
hydrauliques.
- déclarent que toutes les ressources hydrauliques sont
dorénavant la
40
56 Cf annexes
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Propriété de l'Etat, complétant ainsi la
confiscation des puits privés.
Ainsi, les Palestiniens peuvent seulement creuser
jusqu'à 300 mètres. À l'inverse, les puits des colons
peuvent avoir une profondeur de 1500 mètres, et utilisent
l'épaisseur entière des nappes phréatiques. En 29 ans,
seulement 34 permis domestiques ont été accordés aux
Palestiniens et trois permis agricoles.
De plus, Israël conduit une politique d'expansion
territoriale tendant à s'octroyer les ressources en eau. On peut
aisément constater que les colonies sont toujours installées
à proximité d'une source57. Outre la question de
l'expansion des implantations, c'est celle des conditions d'accès
à l'eau qui apparaissent profondément inégalitaires. Les
450 000 colons israéliens installés en Cisjordanie utilisent
autant, voire plus d'eau, que les quelque 2,3 millions de Palestiniens. Cette
utilisation s'effectue clairement en violation du droit international
humanitaire qui impose à une puissance occupante de sauvegarder et
d'administrer ces ressources conformément à la règle de
l'usufruit et de ne pas utiliser les ressources du territoire occupé
dans l'intérêt de sa propre population civile. Le rapport
d'Amnesty international de 2009 rend bien compte de la situation des
palestiniens : « quelque 180 000 à 200 000 villageois
palestiniens n'ont pas accès à l'eau. L'eau est souvent
coupée même dans les villes et villages reliés au
réseau d'approvisionnement. Les habitants de certains quartiers et
villages ne reçoivent de l'eau qu'un jour toutes les quelques semaines.
Conséquence, de nombreux Palestiniens n'ont d'autres choix que d'acheter
de l'eau douteuse livrée à un prix beaucoup plus
élevé. Ces dernières années, le chômage et la
pauvreté ont augmenté et le revenu disponible s'est
effondré dans les territoires occupés. Les familles
palestiniennes doivent donc consacrer une part toujours plus importante de
leurs revenus à l'approvisionnement en eau».
41
57 Cf annexes
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
DEUXIEME PARTIE :
La rationalité hydrique : De la
coopération
autour des bassins transfrontaliers à la
consécration d'un droit international de
l'eau
42
Présenté par Germain TOÏ (00229 669
958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Si le discours du réalisme hydropolitique semble
focaliser l'attention de tous, il est confronté à la
théorie du rationalisme hydrique58. Il est ici question que
les Etats pour qui le stress hydrique est un problème, ont à leur
disposition toute une panoplie de solutions plus efficaces et moins
coûteuses que la guerre ou le conflit, pour y faire face. Pour les
tenants de ce discours, la coopération interétatique autour des
ressources hydriques partagées est le meilleur choix à faire en
lieu et place des actes unilatéraux qui conduisent aux
tensions59. Cette forme de pensée est à l'actif de la
théorie libérale60 des relations internationales qui,
contrairement à la pensée réaliste qui insiste sur la
souveraineté et l'intérêt égoïste des Etats,
met plutôt l'accent sur la pacification des relations internationales
grâce au droit international et à la coopération. Cette
thèse est plus rationnelle car, vaux mieux une paix durable grâce
à la coopération qu'un conflit destructeur et couteux.
Dans le discours de la rationalité hydrique, la
conséquence d'un conflit international est une gestion parcellaire des
systèmes hydrologiques transfrontaliers en lieu et place d'une gestion
globale. Une telle gestion revient en effet à un partage de l'eau
basé sur la quantité à pourvoir (volumes disponibles)
plutôt qu'à un partage des bénéfices qu'on peut
tirer de la mise en valeur commune de la ressource. Gérer à
l'échelle du système hydrologique, reviendrait en fin de compte
à profiter des avantages de chaque portion de celui-ci tout en
respectant sa capacité productive totale.
Une autre facette de la gestion de l'eau à
l'échelle du système correspond à la coordination entre
eux des projets de développement afin d'éviter qu'ils ne soient
la source d'impacts négatifs les uns pour les autres. Car, de par la
nature mobile de la ressource, tout usage de l'eau produit des
externalités dans le système, que ce soit en affectant la
quantité d'eau disponible pour d'autres usagers ou en altérant la
qualité de la ressource.
Ceci étant dit, il sera question pour nous de mettre
l'accent sur l'aspect coopération qui caractérise la ressource
eau (Chapitre I) puis de voir l'effort d'encadrement de la
communauté internationale pour juguler les éventuels conflits la
concernant (Chapitre II).
43
58 Frédéric Julien, « L'eau dans
les relations internationales : la guerre ou la paix ? D'un déterminisme
à l'autre », sur
www.dynamiques-internationales.com.
Consulté le 10 Avril 2014.
59 Ibidem
60 Se référer aux auteurs tels que John
Locke, David Ricardo, David Hume, Jéremy Bentham, Adam Smith, Thomas
Paine.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
CHAPITRE I : L'eau : source de coopération
L'eau est une ressource vitale pour l'homme et son
environnement. Elle reste pourtant une ressource rare et conflictuelle dans
nombre de région du monde. Ce qui est plus inquiétant, c'est que
la quasi totalité de la population mondiale dépend de ressources
partagées entre plusieurs Etats. Mieux, la population mondiale
croît à une vitesse vertigineuse alors que la ressource diminue de
plus en plus. Ce qui induit une course effrénée au captage de la
ressource. Laquelle course a fait naitre de nombreuses tensions
interétatiques dans le monde. Ses tensions sont dues aux faits que
plusieurs fleuves sont partagés par plusieurs Etats et à la
question du partage de leurs eaux.
Mais cette interdépendance entre Etats riverains d'un
même fleuve est aussi à la base de coopération entre ces
Etats. Ils ont en effet pris conscience de la nécessité d'une
gouvernance coopérative, efficiente et non conflictuelle des ressources
en eaux.
Cette dynamique coopérative des ressources en eaux
constitue le fondement de la rationalité hydropolitique qui rejette la
thèse de «guerre de l'eau«. En effet, en matière
d'hydropolitique, la tendance est plus à la coopération. Ceci
explique le grand nombre d'organisme de bassin transfrontalier. Les recherches
d'Aaron Wolf61 qui constituent la référence en la
matière nous renseignent qu'en matière hydrique, les cas de
coopérations sont deux fois plus nombreux que les cas de tensions. Ce
qui incite à une relativisation du concept de «guerre de
l'eau« (Section I).
La sous-région Ouest africaine et l'Europe nous
servirons d'exemples pour étayer notre argumentation. Ce sont deux
régions avec de fortes disparités (l'une pauvre et instable et
l'autre développée) et des potentialités
différentes (l'Europe dispose d'une main d'oeuvre qualifiée, de
moyens financiers ainsi qu'une législation efficace alors que l'Afrique
de l'Ouest, c'est tout le contraire avec une dépendance
financière en la matière). Elles nous permettront donc de mieux
comprendre le bienfondé de la coopération dans les bassins
transfrontaliers (Section II).
44
61 Wolf AARON., 2003, cité par Frédéric
Julien, in L'eau dans les relations internationales : la guerre ou la paix ?
D'un déterminisme à l'autre, Congrès AFSP 2009.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
SECTION I : La dynamique coopérative de l'eau
Au-delà des situations de tension latente
remarquée en ce qui concerne la ressource eau, les Etats ont plus
tendance à coopérer. Il est donc nécessaire de
s'interroger sur les facteurs et les mécanismes de la coopération
concernant la ressource (Paragraphe I) puis de
s'intéresser au bienfondé du concept de «guerre de
l'eau« (Paragraphe II).
PARAGRAPHE I : Une forte propension à la
coopération
Il sera ici question des raisons qui incitent les Etats
à la coopération en la matière (A) puis
de la multiplicité des agences de bassins (B).
A) Les facteurs coopératifs de l'eau
En dépit de cas de tensions sur les ressources en eau
partagée, la tendance est plus à la coopération. De
nombreux accords ont ainsi été signés en vue de la gestion
des eaux transfrontalières. Aaron Wolf soutient qu'en matière
hydrique, les cas de coopération sont deux fois plus nombreux que ceux
de conflit62.
En effet, évaluer les facteurs qui incitent à la
coopération sur les ressources en eau transfrontalière, c'est
réfléchir sur les possibles répercussions des conflits
armés sur ces ressources. Ces répercussions sont de
différentes natures: destruction ou endommagement des installations
hydrauliques, attaques contre des centrales électriques destinées
à l'approvisionnement en eau, mise hors d'usage des systèmes de
traitement de l'eau et d'évacuation des eaux usées. La limitation
de l'accès à l'eau, ainsi que la surexploitation et la pollution
des ressources en eau dans les territoires palestiniens occupés,
illustrent bien les multiples aspects des effets de conflits63.
De plus, les tensions, si elles débouchent sur des
conflits armés, peuvent porter atteinte à l'environnement et
à l'écosystème des ressources en eau. C'est le cas par
exemple durant le conflit au Kosovo, en 1999, lorsque des attaques
dirigées contre des installations industrielles situées le long
du Danube ont entraîné le déversement de substances
toxiques dans le fleuve. Les dégâts écologiques très
importants occasionnés par le bombardement des raffineries
45
62 Wolf AARON., 2003, cité par
Frédéric Julien, in L'eau dans les relations internationales : la
guerre ou la paix ? D'un déterminisme à l'autre, Congrès
AFSP 2009.
63 Assemblée Nationale française «
Rapport d'information : la géopolitique de l'eau »; 2011; page
119.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
de pétrole de Pancevo et Novi Sad ont renforcé
les craintes de voir les ressources en eau partagées
contaminées64.
A cela, s'ajoute la capacité des Etats à faire
face à leurs adversaires. La capacité d'entrer en guerre
dépend des moyens humains, militaires dont dispose l'Etat et de sa
position au niveau du bassin. Le cas du Nil illustre bien cet aspect de la
question. L'Egypte est la première puissance militaire parmi les Etats
riverains du Nil. Pourtant, sa situation en aval du fleuve fait d'elle la plus
exposée si un conflit armé devrait éclater. Elle risque
par exemple l'empoisonnement du fleuve. Ce qui porterait atteinte à sa
population qui dépend entièrement des eaux du Nil sans que les
Etats en amont ne soient touchés. L'Ethiopie à elle seule peut
mettre à mal l'Egypte si elle décidait de faire dévier les
eaux du Nil sur son territoire.
Les Etats sont donc conscients que ni la guerre, ni les
tensions ne sont les meilleures solutions pour résoudre les
problèmes liés à la gestion de la ressource commune.
Mieux, Ils ont pris conscience du fait que les coopérations sur l'eau
permettent d'établir un climat de confiance et de jeter les bases de
coopération dans plusieurs autres domaines selon leurs visions. Elles
permettent de trouver des solutions concertées aux différends.
C'est en ce sens que Wolf soutient que les coopérations sont plus
bénéfiques pour les Etats et qu'elles peuvent porter sur
différents domaines (production d'électricité, irrigation,
protection de l'environnement...)65.
D'une certaine façon, malgré les
difficultés, on peut soutenir que, le Joint Water Committee
(JWC)66 qui réunit Palestiniens et Israéliens pour
l'application du volet relatif à l'eau des accords d'Oslo constitue un
exemple en la matière. Il constitue un espace de discussion entre
l'Autorité Palestinienne et l'Etat israélien. Quand bien
même il est impossible de négocier dans plusieurs autres domaines,
le dialogue continue en matière hydrique entre ces deux entités.
Même en l'absence de coopération affichée, voire en
présence de discours belliqueux, la coopération entre les Etats
est la meilleure solution aux problèmes. C'est aussi le cas du Nil: en
dépit des tensions, le dialogue est permanent.
46
64 Programme des Nations Unies pour
l'Environnement, « Le conflit du Kosovo et ses conséquences sur
l'environnement et les établissements humains », 1ere
édition, 1999, page 33.
65 Wolf AARON., 2003, cité dans
Assemblée Nationale française « Rapport d'information : la
géopolitique de l'eau »; 2011; page 85.
66 EL BATTUITI Mohamed, « L'eau au Moyen
Orient : entre gestion et instrumentalisation », thèse de doctorat
: droit public, Université libre de Bruxelles, 2007-2008, P167.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
En conclusion, le risque de porter atteinte à la
ressource partagée, les questions de sécurité qui
caractérisent les bassins partagés font que les Etats
préfèrent aller à la table de négociations que
d'entrer en guerre. Ce qui conduit à la profusion des agences de bassins
transfrontaliers.
B) La profusion des agences de bassins
transfrontalières
Dans toutes les situations où des tensions existent, le
risque conflictuel se manifeste en réaction à des
décisions unilatérales dans un contexte d'animosité.
L'existence d'une institution qui peut gérer les tensions, est un
critère déterminant de l'évolution du risque. Quand bien
même les coopérations reposent sur des accords qui ne traitent que
partiellement des enjeux liés à l'eau, soit qu'ils n'incluent pas
forcément tous les riverains, soient qu'ils ne portent pas sur
l'intégralité du bassin, soit qu'ils s'attachent à
résoudre un différend sur un usage particulier, c'est d'abord la
réalité institutionnelle qui détermine la capacité
d'adaptation des Etats. L'institution est donc un lieu d'échanges, de
dialogue, de proximité qui peut élargir son champ d'action.
Les Etats ont donc compris cet état de chose et se sont
lancés résolument dans la création d'institutions
faîtières en matière de gestion des eaux
partagées.
Aujourd'hui, la volonté des Etats de coopérer en
la matière est remarquable. Cette volonté se traduit par le
nombre croissant d'institutions de gestion des ressources en eaux. En effet, il
y a environ 263 bassins versants dans le monde dont dépend 90% de la
population mondiale. Ces bassins versants s'étendent sur environs 45,3%
de la superficie du globe. En Afrique, la plupart des 60 bassins versants qui
la caractérisent, disposent d'une institution faîtière.
C'est ainsi que l'Afrique de l'Ouest à elle seule est traversé
par 25 bassins versants et dispose de 6 commissions de bassins (ABN en 1963,
CBLT en 1964, OMVG en 1967, OVMS en 1972, UFM en 1973, ABV en 2006 et ABM qui
est en instance de création). On ne peut ni occulter les commissions de
Bassin du Limpopo, du Zambèze, de l'Okavango, de l'Orange de l'Afrique
australe ni l'IBN de l'Afrique du Nord. Il faut relever que la
coopération hydrique constitue une part importante des relations
internationales en Afrique.
En Europe, on peut citer entre autre la Commission du Bassin
de l'Oder, les différents commissions sur le Danube, le Rhin. En ce qui
concerne l'Asie, on peut se référer à la commission du
Mekong ou à celle du Gange. En Amérique, nous avons la commission
du Colorado (USA/Mexique).
47
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
Ra problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Par contre, si l'on compare les 280 aquifères
transfrontaliers67 identifiés aux 263 cours d'eau
transfrontaliers, on est frappé par le faible nombre d'accords sur les
aquifères. Il en existe en effet seulement quatre :
- l'accord sur l'aquifère partagé entre la
France et le canton de Genève;
- l'accord sur l'aquifère des grès
nubien partagé entre l'Égypte, la Libye, le Soudan et le Tchad
qui est un aquifère fossile non renouvelable, un des plus grands du
monde (2 millions de km2 de surface, 540 km3 d'eau, 2,17
km3 cube par an exploité). L'accord entre la Libye, le Tchad
et le Soudan est plus un accord institutionnel que de gestion;
- l'accord sur le Système Aquifère du
Sahara Septentrional (SASS)68, aquifère fossile
partagé entre la Libye, l'Algérie et la Tunisie (1 million de
km2, 60 millions de km3 de réserves). C'est un cas
exemplaire car les trois Etats ont commencé une collaboration sous
égide financière du Fond International pour le
Développement Agricole (FIDA) dans le but de faire des recherches
communes et ont élaboré un modèle;
- l'accord tout récent, du 2 août 2010,
sur le Guarani. C'est à ce stade un accord de principe entre le
Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay, qui se partagent cet
aquifère Guarani d'une superficie de plus de 1 500 000 km2 et
pouvant satisfaire les besoins de l'humanité pendant 200
ans69. Deux autres aquifères doivent être
signalés. Le premier est l'Iullemeden70
au-dessus duquel se situent le Mali, le Niger et le
Nigeria. Le second cas est
l'aquifère de Yougoslavie avec un projet
d'accord entre la Bosnie-Herzégovine,
la Croatie, le Monténégro et
l'Albanie71.
Ce bref panorama des institutions de gestion des eaux
transfrontalières nous confirme dans l'idée que
l'«hydrodiplomatie» fait aujourd'hui partie intégrante des
relations internationales.
PARAGRAPHE II : Le concept de «guerre de
l'eau« : mythe ou réalité
48
67 Assemblée Nationale
française « Rapport d'information : la géopolitique de l'eau
»; 2011; page 95.
68Assemblée Nationale
française « Rapport d'information : la géopolitique de l'eau
»; 2011; page 95, Op cit. 69Raya Marina Stephan,
«La coopération transfrontalière sur les eaux souterraines :
un processus en évolution», Dynamique internationale, no
2, 2010. Disponible sur
www.dynamiques-internationales.com.
70 Ibidem
71 ibidem
Présenté par Germain TOÏ (00229 669
958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Nous verrons si le concept de «guerre de l'eau«
relève de la pratique des Etats (A) ou d'un risque
à venir (B).
A) Un concept non empirique
Le concept de «guerre de l'eau«, qui prend place
dans la conscience de l'humanité, reste à nos jours sans preuve.
Ce concept reste à l'étape de prédiction. En effet, de
hautes personnalités comme Boutros Boutros Ghali ou encore Ismaïl
Serageldin72 ont annoncé l'imminence de guerre pour l'eau.
Des auteurs s'inquiètent plus ou moins fortement d'une telle
possibilité, plusieurs autres mettent l'emphase sur le potentiel
conflictuel de l'eau, mais pas de là à prédire une guerre
sur la foi d'éléments empiriques solides.
En fait, l'étude systématique des relations
hydriques interétatiques, dirigée par Aaron Wolf, a montré
que la majorité des rapports entre Etats à propos de l'eau en
tant que ressource étaient de nature coopérative plutôt que
conflictuelle. Nul ne nie l'existence de conflits interétatiques sur la
question du partage de l'eau. Seulement, ils ne sont pas la règle, Ils
sont rarement violents et n'ont pas nécessairement l'eau pour unique
cause, ni même pour cause principale. D'après les travaux conduits
par Wolf et ses collaborateurs, les cas de coopération sont deux fois
plus nombreux que ceux de conflits. Wolf et son équipe ont
constaté 507 évènements conflictuels, dont 37 cas de
conflits violents (dont 30 au Moyen-Orient) parmi lesquels la violence
militaire n'a été utilisée que 21 fois, 157 traités
de coopération et 1 228 cas de désaccords résolus sans
violence73. Ces recherches portent sur la période allant de
l'an 805 à l'an 1994.
Ces constatations semblent accréditer l'idée
d'une «hydrodiplomatie». L'eau constituerait donc un facteur de
négociation et de coopération entre les Etats. Ces travaux ont
également permis de mettre en évidence deux
éléments
:
- s'il n'existe pas de conflits liés à l'eau,
les coopérations sont plus nombreuses;
- il existe une grande différence entre les
différents conflits, qui sont loin d'être tous des conflits
armés.
49
72 HELLENDORFF Bruno, «L'eau, les conflits et la
coopération - Gestion de l'eau en Afrique de l'Ouest : Risques et
opportunités», Note d'Analyse du GRIP, 08 février 2013,
Bruxelles, p2.
73 Wolf AARON., 2003, cité dans
Assemblée Nationale française « Rapport d'information : la
géopolitique de l'eau »; 2011; page 83.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Le travail des chercheurs a consisté à qualifier
et hiérarchiser les interactions avec deux constats : aucune des deux
extrêmes, c'est-à-dire l'unification pour l'eau et la guerre pour
l'eau, n'a été constatée et la majorité des
interactions négatives les plus agressives concernent Israël et ses
voisins arabes. Ces travaux ont également permis de démontrer que
si les conflits ne portent que sur le partage de la ressource et les
infrastructures, les coopérations sont beaucoup plus riches et
concernent des domaines variés incluant par exemple l'éducation,
l'irrigation, la production électrique etc. Mais, cette
prédominance de la coopération hydrique suffit-elle à
rejeter de facto l'émergence prochaine d'une «guerre de l'eau«
?
B) Un concept plausible
En dépit de cette tendance à la
coopération des Etats en matière hydrique, beaucoup de chercheurs
à travers des ouvrages ou articles continuent d'écrire et
d'inviter la communauté internationale à la prise de conscience
de l'enjeu conflictuel que pourrait représenter l'eau à
l'avenir.
En fait, si le concept de «guerre de l'eau« continue
à séduire le milieu universitaire, c'est simplement parce que la
tendance à la coopération ne saurait suffire pour rejeter ce
concept. En relations internationales et surtout en matière de
sécurité, les Etats sont capables de tout pour sauvegarder leur
souveraineté. Nous sommes dans un monde anarchique où ce sont les
intérêts qui guident les Etats. De plus, le passé ne
saurait suffire pour prédire le futur. Il est vrai que les travaux
d'Aaron Wolf et de ses collaborateurs sont d'une pertinence inégalable
car ils nous renseignent sur l'hydropolitique des Etats dans le passé.
Mais, ces recherches tiennent-elles compte de l'état actuel du monde
?
Comme préciser supra, le monde est sujet aux
phénomènes du changement climatique. La fonte des glaciers
entraine la hausse du niveau de la mer. Le réchauffement climatique est
à la base de la rareté de la pluie dans beaucoup de
région. Les lacs et fleuves s'assèchent ou disparaissent
carrément. L'aridité devient plus intense dans beaucoup de
région surtout le Moyen Orient, l'Afrique du Nord et une partie de
l'Afrique de l'Ouest (le Sahel). Au moment où certaines régions
reçoivent une pluviométrie abondante, d'autres en sont
dépourvues. Le célèbre rapport Brundtland intitulé
«Notre avenir à tous» et les publications du GIEC et du PNUE
rendent mieux compte de l'état de la planète. Voila de
façon succincte les réalités naturelles auxquelles les
Etats sont aujourd'hui confrontés.
50
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
A cela s'ajoute le fait que la plupart des Etats ont en
partage une même ressource hydrique.
Au même moment, la population mondiale s'accroit et les
modes de vie s'occidentalisent. Les villes sont surpeuplées. La
sécurité humaine (santé, alimentation, environnement...)
et énergétique devient un enjeu primordial en même temps
que la sécurité militaire.
Plusieurs facteurs peuvent être déclencheurs de
conflits hydriques. Le premier d'entre eux est l'unilatéralité
des décisions. Ces décisions peuvent conduire un Etat à
chercher à sécuriser son approvisionnement en eau. L'objet du
conflit dans ce cas, c'est d'empêcher l'autre de s'approprier la
ressource et d'en faire usage. Le second facteur, c'est la question de la
sécurisation de l'approvisionnement et celle de la
sécurité relative à la qualité de l'eau. C'est
surtout un problème de sécurité environnemental qui prend
de l'ampleur avec l'aggravation des pollutions. Maîtriser la ressource en
amont, c'est donc s'assurer de la quantité et de la qualité des
eaux et des sols en aval.
Aujourd'hui, les Etats sont davantage conscients des menaces
à la sécurité nationale et savent qu'on ne peut plus
parler de sécurité sans la variable environnementale.
Environnement, ressources naturelles et sécurité vont de pair
désormais.
De plus, l'absence de guerre ne signifie pas absence de
conflits. Toute guerre est le résultat de l'exacerbation d'une situation
de tension non résolue. La guerre de six jours à pour
élément déclencheur l'eau. Les colonies
israéliennes en Palestine se trouvent autour des points d'eaux
palestiniennes. L'eau est à la base des nombreuses frictions entre
l'Egypte et les pays riverains du Nil surtout l'Ethiopie. En effet, pour
amorcer son développement, répondre aux besoins de sa population
et faire face aux problèmes sanitaires et énergétiques,
l'Ethiopie a mis sur pied un projet pharaonique : la construction d'un barrage
dénommé «La grande renaissance«. Ce barrage, le plus
grand de l'Afrique dont la construction a débuté en 2011 sera
achevé en 2017. IL aura une capacité productive de 6000
mégawatts et permettra à l'Ethiopie de répondre à
ses besoins voire d'exporter de l'énergie vers ses voisins. Ce barrage
en construction sur le Nil bleu crée la colère de l'Egypte
puisque cette dernière est tributaire des eaux du Nil bleu qui
51
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
fournit 85%.74 EN fait, l'Egypte craint la
diminution du débit du Nil et donc la baisse du rendement du barrage
d'Assouan.
De même, les eaux du Tigre et de l'Euphrate sont objet
de crise entre la Turquie et ses voisins l'Iraq et la Syrie75.
L'exacerbation de ces crises pourrait conduire à la guerre.
En clair, on ne saurait rejeter l'hypothèse de guerres
de l'eau à venir car le passé n'est pas (nécessairement)
garant de l'avenir. Bien sûr, les guerres sont évitables, mais pas
impossibles. En tout état de cause, vu l'importance capitale de l'eau
pour le fonctionnement des sociétés humaines modernes, sa
rareté devra être régulé, que ce soit par la guerre
ou la coopération.
SECTION II: Quelques exemples de coopération autour
des bassins transfrontaliers
La gestion de l'eau est un acte politique. Elle constitue
à la fois une opportunité de collaboration et un défi
sécuritaire, au niveau des relations interétatiques. Dans ce
cadre, nous jetterons un bref regard sur la coopération hydrique dans
l'espace Ouest africain (Paragraphe I) et en Europe plus
précisément autour du Danube (Paragraphe II);
deux régions où l'interdépendance hydrique est assez
forte.
PARAGRAPHE I: La sous-région Ouest africaine
Après une brève présentation de la
situation hydrique (A), on verra en quoi consiste la
coopération hydrique dans la sous-région Ouest africaine
(B)
A) Présentation de la situation hydrique de
l'Afrique de l'Ouest
A elle seule, l'Afrique de l'Ouest compte 25 bassins versants
transfrontaliers, sur les 60 que regroupe l'Afrique. Parmi ceux-ci, quatre
se
52
74 « Ethiopie, le barrage de la grande renaissance
apportera a l'Etat 2 millions/jour à partir de 2017 » sur
http://www.agenceecofin.com/hydroelectricite;
consulté le 25 mars 2014.
75 EL BATTUITI Mohamed, « L'eau au Moyen
Orient : entre gestion et instrumentalisation », thèse de doctorat
: droit public, Université libre de Bruxelles, 2007-2008, P198.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
démarquent par leur superficie et le nombre de pays sur
lesquels ils s'étendent
:
- le bassin du fleuve Niger a une superficie de 2 113 200
km2 et parcourt onze pays;
- le bassin du lac Tchad, 2 388 700 km2,
s'étend sur huit pays;
- le bassin du Sénégal, 436 000 km2,
coule au travers de quatre pays;
- le bassin de la Volta, 412 800 km2, en traverse
six.
A l'exception du cap vert, chaque pays ouest-africain partage
au moins un cours d'eau avec l'un de ses voisins. Le territoire de la
Guinée s'étend sur 14 bassins transfrontaliers, celui de la
Côte d'Ivoire en compte huit, le Libéria sept, le Nigéria
cinq et le Bénin 4 (le fleuve Mono avec le Togo, l'Ouémé
avec le Nigéria, le fleuve Niger avec le Niger et la Volta avec le
Burkina Faso). C'est donc peu dire que les pays de la région sont
extrêmement interdépendants en matière d'approvisionnement
hydrique. La plupart d'entre eux ont un facteur de dépendance
(c'est-à-dire la part totale des approvisionnements en eau d'un pays
produite à l'extérieur de ses frontières) supérieur
à 40%. Des pays comme le Niger et la Mauritanie ont des facteurs de
dépendance de l'ordre de 90% »76.
L'Afrique de l'Ouest ne manque pas d'eau: la région
« reçoit » plus de mille milliards de mètres cubes
d'eau douce renouvelés chaque année. Ce qui représente une
disponibilité moyenne d'environ 4 059 m3 d'eau douce par
personne par année. Vu que la norme internationale de rareté est
fixée à 1 700 m3/an, le développement des
sociétés ouest-africaines ne devrait théoriquement pas
être contrarié par un problème d'accès à
l'eau. En plus, l'Afrique de l'Ouest connaît un niveau de stress hydrique
relativement faible: les prélèvements représentent
actuellement 11 milliards de m3 par an, soit environ
1 % des ressources renouvelables disponibles. L'agriculture
absorbe 75% de ces prélèvements, bien que le taux d'irrigation
des terres arables soit très bas, la consommation domestique 17% et
l'industrie 7%. D'autre part, la région compte plusieurs nappes
aquifères transfrontalières, censées contenir plusieurs
milliers de milliards de m3 d'eau, mais situées à des
profondeurs considérables (jusqu'à
2 000 mètres) et le plus souvent non renouvelables.
Ces statistiques dissimulent néanmoins une
disparité pluviométrique considérable entre régions
arides et bien arrosées, ainsi qu'entre périodes
53
76 HELLENDORFF Bruno, «L'eau, les conflits et
la coopération - Gestion de l'eau en Afrique de l'Ouest : Risques et
opportunités», Note d'Analyse du GRIP, 08 février 2013,
Bruxelles, p4.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
sèches et périodes humides. Les Etats
sahéliens connaissent des précipitations bien moindres que leurs
voisins méridionaux, et ces précipitations sont fortement
concentrées lors de la saison des pluies. Ils dépendent ainsi
largement des transferts d'eau douce assurés par les principaux fleuves
de la région (Sénégal, Niger, Volta).
La disponibilité globale en eau cache aussi une
distribution très inégale de la ressource au sein des
différents pays, entre villes et campagnes, entre secteurs (industrie,
agriculture et usage domestique) et entre groupes d'usagers. Or, la forte
hausse démographique de la région, les effets du changement
climatique, la pollution, ainsi que certains changements comportementaux
(consommation de viande en hausse...), sociaux (urbanisation...) et politiques
(augmentation des surfaces irriguées...) font exploser le niveau de
prélèvement des eaux douces. Depuis 1970, la pluviométrie
moyenne a diminué (de l'ordre de 15 à 30% selon la zone, et le
niveau de certains fleuves transfrontaliers comme le Niger a chuté de 40
à 60%77. La pénurie d'eau est donc loin d'être
un enjeu abstrait dans de très nombreux endroits de la région.
En fait, la région est largement dotée en eau
(en valeur absolue) mais les importantes ressources financières,
techniques et institutionnelles nécessaires à la maîtrise
de l'eau dans un contexte de division de la ressource et de variabilité
climatique lui font défaut. Il manque à l'Afrique de l'Ouest les
infrastructures, technologies, institutions et investissements
nécessaires pour mettre en valeur le maximum de son potentiel hydrique.
Ce manque de ressources (institutionnelles, capacitaires, etc.), renforce les
situations de pénurie localisées et empêche les
États de gérer efficacement cette pénurie.
De là, découle l'enjeu des interventions
extérieures, car sans une assistance externe, les Etats ouest-africains
ne peuvent généralement pas mobiliser le capital (financier et
humain) et les technologies nécessaires au développement et
à l'exploitation de leur potentiel hydraulique.
B) La coopération dans le complexe
hydropolitique Ouest africain
54
77 Madiodio NIASSE, Climate-induced Water
Conflict Risks in West Africa: Reorganizing and Coping with Increasing Climate
Impacts on Shared Watercourses. Asker : « Human Security and Climate
Change » citée par HELLENDORFF Bruno, «L'eau, les conflits et
la coopération - Gestion de l'eau en Afrique de l'Ouest : Risques et
opportunités», Note d'Analyse du GRIP, 08 février 2013,
Bruxelles, p5.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
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Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Les accords et désaccords en matière de gestion
de l'eau constituent une part importante des relations internationales de
l'Afrique de l'Ouest. D'une part, les Etats de la région sont
extrêmement interdépendants en matière hydrique (cf. supra)
et sont confrontés à des menaces communes (augmentation des
besoins en eau, effets du changement climatique...). D'autre part, les
questions de partage de l'eau sont indissociables d'autres dimensions dans les
relations entre Etats voisins, notamment et principalement les relations de
pouvoir. Ces caractéristiques confèrent à la région
le statut de « complexe hydro-politique régional »,
c'est-à-dire une situation par laquelle une dépendance envers des
ressources en eaux partagées devient un souci stratégique tel
qu'il alimente, de lui-même, des politiques coopératives ou
compétitives spécifiques entre Etats.
Pour répondre aux défis d'une gestion conjointe
des cours d'eau, de leur mise en valeur, des impacts environnementaux ou de la
répartition des ressources, les gouvernements ouest-africains ont
graduellement pris conscience de l'intérêt de la
coopération. Divers accords bilatéraux, tels le partenariat
Togo-Bénin pour la construction du barrage de Nangbeto sur le Fleuve
Mono. Ce partenariat est le prélude à la naissance de
l'Autorité du Bassin du Mono dont les tractations sont en
cours78. A cela s'ajoute le Protocole d'accord entre le Mali et le
Niger relatif à la coopération dans l'utilisation des ressources
en eau du Niger.
Plus significatif, les gouvernements régionaux ont mis
en place, dès les années 1960 plusieurs initiatives de
coopération interétatique à l'échelle des bassins
versants : l'Autorité du Bassin du fleuve Niger (ABN) en 1963, la
Commission du lac Tchad (CBLT) en 1964, l'Organisation pour la Mise en Valeur
du fleuve Gambie (OMVG) en 1967, l'Organisation pour la Mise en Valeur du
fleuve Sénégal (OVMS) en 1972, l'Union du fleuve Mano (UFM) en
1973, l'Autorité du Bassin de la Volta (ABV) en 2006 et
l'Autorité du Bassin du Mono qui est en gestation.
Au vu de l'importance des ressources hydriques
partagées, des stratégies centrées sur l'intérieur
offraient peu d'opportunités d'assurer une sécurité de
l'eau nationale pérenne. Les organisations de bassin étaient
censées répondre à
55
78 Bénin/Togo : Création d'une autorité du
Bassin du Mono pour la gestion des ressources en eau. Consulté sur
http://www.afriquinfos.com/articles/2014/7/7/benintogo-creation-dune-autorite-bassin-mono-pour-gestion-resources-258424.asp
le 25 mai 2014.
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
ce problème, et fournir le cadre aux
négociations relatives aux conflits d'usage, dans la lignée de la
Convention de New York de 1997. Le Partenariat régional de l'eau de
l'Afrique de l'Ouest, (Global Water Partnership - West Africa) est un
autre exemple d'initiatives multilatérales issues de ce mouvement. Ces
initiatives s'inscrivent dans le contexte d'une diffusion de la notion de GIRE.
Après avoir basé leur gouvernance de l'eau sur une gestion
sectorielle, les Etats Ouest-africains adoptèrent progressivement ce
principe d'une gestion intégrée, au travers de plans d'action
nationaux. La gestion de l'eau, dans ce cadre, visait à se «
réconcilier» avec la géographie physique, et à
considérer les ressources en eau comme parties d'un système
à appréhender dans son ensemble.
C'est dans ce cadre que, lors de la conférence de
Ouagadougou de 1998, les pays de la CEDEAO se sont résolument
engagés à passer d'une gestion des ressources en eau sectorielle
et technocratique à une gestion intégrée et participative.
Cette conférence a débouché sur l'établissement en
2000 d'un Plan d'Action Régional de GIRE en Afrique de l'Ouest, et sur
la mise en place d'un Cadre Permanent de Coordination et de Suivi
(CPCS)79 de la GIRE «qui a pour mission d'aider les Etats de la
CEDEAO à mettre en oeuvre une gestion équitable et efficace de
l'eau tout en garantissant la durabilité de ses
usages»80.
Vu l'importance de l'eau au niveau sécuritaire, la
CEDEAO a créé au sein du CPCS une unité
spécialement mandatée pour gérer les conflits liés
aux fleuves transfrontaliers, l'Unité de Coordination des Ressources en
Eau (UCRE), qui fonctionne avec les différentes
organisations de bassin.
PARAGRAPHE II: La coopération
transfrontalière en Europe : cas du Danube
On s'intéressera aux mécanismes de
coopération hydrique dans l'espace européen (A)
avant de jeter un regard sur la coopération sur le Danube
(B).
A) Les mécanismes européens de gestion
des eaux transfrontalières
56
79«Historique du processus», Unité
de Coordination des Ressources en Eaux (UCRE) sur
http://www.wrcu.ecowas.int.
Consulté le 15 janvier 2014.
80 Op. Cit
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toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
La Commission Européenne est à l'origine de
plusieurs initiatives visant à renforcer la coopération entre
Etats Membres en matière hydrique. Elle a mis en place des
procédures et institutions qui ont permis l'amélioration de la
gestion transfrontalière des ressources naturelles et en particulier de
l'eau. En effet, Plus de 150 grands fleuves et plus de 50 grands lacs de la
région de la CEE (56 Etats) sont situés le long des
frontières entre deux pays ou plus ou de part et d'autre de ces
frontières. Plus de 170 aquifères transfrontières ont
été identifiés dans la région. Vingt pays d'Europe
dépendent pour plus de 10 % de leurs ressources en eau des pays
voisins.
Dans le cadre de la normalisation des relations entre pays
riverains d'une même ressource et de la protection des eaux
transfrontalières, la CEE adopta la Convention sur l'Eau de 1992. Cette
Convention sur l'eau offre un cadre juridique cohérent pour la
coopération sur les ressources en eaux partagées de la
région de la CEE. Elle fournit une expertise et des orientations qui
font autorité sur les questions stratégiques et techniques et
offre une assistance aux pays sur des sujets tels que l'élaboration de
nouveaux accords, la modification d'accords existants, la création
d'organes communs, la sécurité des barrages, la gestion des
inondations, la prévention de la pollution et les réponses face
à la pollution. Elle surveille et supervise sa mise en oeuvre et
évolue constamment, encouragée par les travaux des Parties et de
son Secrétariat, pour traiter les problèmes existants ou
émergents liés à la gestion des eaux
transfrontières. Elle contribue à la prévention des
conflits, à la sécurité et à la coopération
en la matière.
L'objectif principal de la Convention sur l'eau est de
renforcer les mesures prises aux plans local, national et régional au
sein de la région de la CEE pour protéger et garantir la
qualité, la quantité et l'utilisation durable des ressources en
eaux transfrontières.
La Convention utilise une démarche holistique
fondée sur le principe selon lequel les ressources en eau font partie
intégrante des écosystèmes, des sociétés
humaines et des économies. Son engagement en faveur d'une gestion
intégrée des ressources en eau remplace l'approche
précédemment utilisée, qui mettait l'accent sur les
sources localisées de pollution et sur la gestion de composantes
isolées de l'écosystème.
En vertu de la Convention, les pays doivent remplir certaines
obligations générales et plus spécifiques. Ils sont
notamment tenus de:
57
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
? prévenir, maîtriser et réduire les
impacts transfrontières préjudiciables pour l'environnement, la
santé humaine et les conditions socio-économiques;
? gérer les eaux partagées de manière
raisonnable et équitable en utilisant l'approche de
l'écosystème et en suivant le principe de précaution et le
principe pollueur-payeur;
? protéger et restaurer les écosystèmes;
? réaliser des évaluations de l'impact sur
l'environnement, établir des dispositifs d'intervention, fixer des
objectifs en termes de qualité de l'eau et minimiser le risque de
pollution accidentelle de l'eau.
Pour répondre à ces obligations, la Convention
exige des Parties de conclure des accords bilatéraux ou
multilatéraux et de créer des institutions (organes communs tels
que commissions chargées des rivières et des lacs).
C'est dans ce cadre que la directive 2000/60/CE du Parlement
Européen et du Conseil du 23 octobre 2000, établissant un cadre
pour une politique communautaire dans le domaine de l'eau fut
édictée pour une période de 15ans. Elle constitue une
opération de fusion et d'harmonisation de la politique de l'eau en
Europe, en vue d'élaborer une politique communautaire
intégrée dans le domaine de l'eau. Son principal objectif,
énoncé dans l'Article 1, est d'obtenir le «bon état
écologique» de toutes les eaux (rivières, lacs, eaux
côtières, eaux souterraines...). Pour ce faire, elle
définit des objectifs institutionnels et économiques très
clairs.
La DCE est basée sur le concept de gestion
intégrée par bassin fluvial, ici désignés sous le
terme de «district hydrographique». Les articles 3, 5, 11 et 13
mentionnent explicitement la gestion transfrontalière. Allant
également dans le sens de la convention de New York, la DCE impose des
normes en matière de coopération, surveillance et des mesures
à prendre. Les «districts hydrographiques internationaux»,
c'est-à-dire les bassins s'étendant sur le territoire de plus
d'un Etat membre (Art.3 Al 3) doivent en effet faire l'objet d'une
étroite coopération entre les pays, tout au long du processus.
Cette directive sert de cadre légale de
coopération sur les bassins transfrontaliers européens tels que
le Rhin, l'Oder, le Danube...
58
B) Etude de cas du Danube
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Drainant un quart du continent européen, le bassin du
Danube est le deuxième plus grand bassin d'Europe, après celui de
la Volga81. Il est exploité de façon intensive, que ce
soit pour l'approvisionnement en eau potable, l'irrigation, la navigation, la
pêche, l'hydroélectricité et le tourisme.
Cependant, la gestion du bassin du Danube est complexe. En
effet, c'est le bassin le plus «international» au monde, car il
s'étend actuellement sur le territoire de 18 Etats82. Quelle
stratégie a-t-on adopté pour la gestion de ce fleuve unique, tant
du point de vue écologique et géographique que sociopolitique et
économique ?
Les premières tentatives de réglementation
concernant les fleuves transfrontaliers ne concernent que la navigation.
Après le traité de Vienne en 1815, une « Commission
Européenne du Danube» est créée en 1856. Elle est
centrée sur les problèmes liés à la navigation.
Durant la majeure partie du 20è siècle, les accords
bi- ou multilatéraux se multiplient, avec toujours comme principal
objectif la réglementation de la navigation, ou le partage de
l'hydroélectricité produite sur le fleuve. A partir des
années 80, des changements politiques majeurs viennent modifier la donne
et aboutissent à la disparition du «rideau de fer» et à
un bouleversement de la situation géopolitique du bassin du Danube.
Parallèlement, dans les années 90, plusieurs
rapports de la Commission Economique des Nations Unies pour l'Europe (CEE-ONU)
ou de l'Agence Européenne pour l'Environnement (AEE) font état
d'une situation écologique alarmante83. Poussées par
la pression du public, les organisations internationales se saisissent du
problème. Tous ces facteurs permettent la prise de conscience de la
nécessité d'une gestion globale. Ainsi donc, en 1991, les pays
danubiens créent le Programme Environnement du Bassin versant du Danube,
et en 1994, la « Convention pour la Protection du Danube» est
signée.
Soutenue par l'Union Européenne, la Banque Mondiale et
le Fonds pour l'Environnement Mondial, cette convention est basée sur la
Convention d'Helsinki de 1992 et dote le Danube d'une commission: la Commission
Internationale pour la Protection du Danube. Cette commission a trois
objectifs
59
81 NOURY B. et HASSENFORDER E., «Situation
hydropolitique de 10 bassins versants transfrontalier», Entre Deux Eaux,
Septembre 2010, p6.
82 Albanie, Autriche, Bosnie, Bulgarie, Croatie,
Italie, Hongrie, Italie, Allemagne, République Tchèque,
Macédoine, Moldavie, Slovaquie, Serbie, Pologne, Roumanie,
Slovénie, Suisse, Ukraine.
83 NOURY B. et HASSENFORDER E., «Situation
hydropolitique de 10 bassins versants transfrontalier», Entre Deux Eaux,
Septembre 2010, p6. Op cit.
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
principaux : assurer une gestion durable et équitable
de la ressource, permettre un contrôle des risques d'inondation et de
pollution accidentelle, et réduire la charge polluante arrivant à
la Mer Noire.
En conclusion, le cas du Danube est unique, tant du point de
vue géographique que politique : la diversité économique
et politique des pays riverains, ainsi que leurs différents
degrés d'intégration européenne (Etats membres, pays
tiers...) font du bassin du Danube une mosaïque hétéroclite.
Cependant, la création de l'ICPDR a permis une amélioration de la
gestion et le processus d'intégration au sein de l'Union
Européenne constitue de plus un réel espoir d'harmonisation des
politiques et d'amélioration de la coopération.
60
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
CHAPITRE II : le droit international de l'eau : cadre
d'une gestion efficiente et non conflictuelle de la ressource.
La toute première préoccupation des Etats en
matière de gestion des cours d'eaux transfrontaliers étaient d'y
réguler la circulation, la navigation. La ressource était
considérée dans son aspect économique. Son aspect
environnemental et social ne sera pris en compte qu'à partir des
années 1980. En dépit de l'existence des commissions de bassins,
les Etats ont trouvé nécessaire que soit mise sur place une
règlementation commune en matière de gestion des eaux
transfrontalières. En effet, à chaque organisme de bassin,
correspond une norme de coopération définie par les Etats membres
de ce bassin. Ce qui suppose donc l'existence d'une multiplicité
d'accord en la matière. Et donc l'absence d'une vision mondiale de la
gestion des ressources en eaux partagées.
Le droit international de l'eau vient donc proposer aux Etats
un ensemble de principes afin d'engager et de favoriser la négociation
en la matière. Ce droit énonce deux principes fondateurs
très contraignants pour les Etats, à savoir l'obligation de ne
pas causer de dommage important aux autres Etats et son corollaire,
l'obligation de faire une utilisation raisonnable et équitable de la
ressource partagée. Ces obligations ne sont en définitive que le
prolongement du principe de bon voisinage et de celui de l'interdiction de
l'abus du droit: l'exploitation d'une ressource est libre à condition de
ne pas léser ni gêner les États voisins. Mais, il constitue
aussi une atteinte à la souveraineté des Etats.
Dans la mise en pratique de ce droit et dans le besoin de
disposer de la ressource en quantité suffisante, les Etats ont mis sur
pieds le système de la GIRE (Gestion Intégrée des
Ressources en Eau). Cette méthode consiste à impliquer dans la
gestion de la ressource toute les composantes (sociales, environnementales,
politiques). Mais la mise en oeuvre de la GIRE ne suffit pas à assurer
aux Etats la disponibilité d'une ressource si indispensable à la
société. D'où l'invention de procédés
alternatifs de production de l'eau pour juguler la pénurie. De plus,
quand bien même la ressource serait disponible, il urge de conscientiser
les Etats voire les citoyens sur l'utilisation de la ressource pour
éviter le gaspillage et la pollution.
Après une analyse succincte du droit international de
l'eau (Section I), nous énumérerons quelques
procédés pour une meilleure gouvernance des ressources en eaux
(Section II).
61
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
SECTION I : Le droit international de l'eau
Comme toute règle de droit, le droit international de
l'eau émane de la doctrine et de la jurisprudence internationale
(Paragraphe I) et des conventions internationales
(Paragraphe II). Dans ce cas-ci, il n'existe pas de pratiques
anciennes reconnues par la communauté internationale. D'où
l'absence de coutume internationale dans notre analyse.
PARAGRAPHE I: La doctrine internationale et La
jurisprudence internationale
Nous aborderons premièrement la doctrine en la
matière (A) puis en second lieu la jurisprudence
internationale (B).
A) La doctrine internationale
Le premier principe est celui de la souveraineté
territoriale absolue ou doctrine HARMON, selon lequel chaque Etat a tout droit
sur le tronçon de fleuve qui traverse son territoire. Il a notamment
été, invoqué par les Etats-Unis pour justifier leur
mobilisation rapide et unilatérale des eaux du Colorado à partir
de la fin du XIXe siècle, et surtout du début du XXe
siècle. En 1895, le Mexique protesta officiellement, rappelant que les
droits d'usage des agriculteurs mexicains en aval étaient beaucoup plus
anciens que ceux des Américains. Afin de fournir une base juridique
à la politique de mobilisation des eaux, le gouvernement
américain conçut alors la doctrine Harmon, du nom du juge Judson
Harmon, chargé d'élaborer la position officielle des Etats-Unis,
et selon laquelle «le principe fondamental du droit international est la
souveraineté absolue de chaque Etat, par opposition à tous les
autres, sur son territoire. La juridiction de l'Etat sur son propre territoire
est nécessairement exclusive et absolue. Ses seules limites sont celles
qu'il s'impose lui-même»84.
L'Etat est donc libre d'employer l'eau qui se trouve sur son
territoire comme bon lui semble : la ressource n'est pas du tout conçue
comme commune. Cette doctrine de la souveraineté territoriale absolue
sur le territoire et ses ressources est encore implicitement invoquée de
nos jours notamment par la Turquie dans le litige qui l'oppose à la
Syrie et à l'Irak sur le Tigre et l'Euphrate85.
62
84Moussa Ellimane SALL « La gestion de l'eau
et son impact sur le droit international », Université Gaston
Berger, DEA, 2007, p 56. Disponible sur
www.memoireonline.com.
85 LELANDAIS E. et VERNE J, « L'hydropolitique
de la Turquie comme instrument stratégique de sa politique de puissance
régionale », Dynamiques Internationales, No 2,
Décembre 2009, p. 11
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Symétrique du principe de souveraineté
territoriale absolue, celui d'intégrité territoriale absolue
précise que chaque État doit permettre aux cours d'eau de
poursuivre leur cours; ils ne peuvent en interrompre le flot, ni en augmenter
ou en réduire le débit. Cette doctrine favorise, bien entendu,
les Etats d'aval, qui sont investis d'un droit de surveillance des
activités des pays d'amont sur le cours des fleuves. L'Egypte,
notamment, se prévaut d'une telle doctrine, mais ce n'est pas là
son principal argument. Sa situation à l'extrémité du Nil,
autrement dit loin de ses sources, met le pays dans une position de
dépendance totale à l'égard des pays en amont. Le
gouvernement égyptien n'aurait donc que peu de recours si les autres
gouvernements optaient pour des politiques hydrauliques qui pourraient avoir de
graves conséquences sur le débit du Nil. Ce qui est en train
d'arriver.
Une autre doctrine juridique, qui fait force de loi dans la
plupart des Etats de l'Ouest américain sans avoir reçu de
consécration internationale, fait valoir le droit de
propriété du premier à avoir mis en valeur l'eau. La
propriété ne dépendrait ainsi non pas de la position
géographique, mais de la chronologie de la mise en valeur. L'usage doit
être constant, et le droit de propriété peut être
annulé s'il est prouvé que le propriétaire ne fait pas
usage de l'eau. Ainsi, au Wyoming, toute source d'eau non mise à profit
pendant 5 ans peut faire l'objet d'un recours en transfert de
propriété86.
Cependant, cette doctrine est très contestée sur
la scène internationale. L'Egypte a également et très
largement développé la thèse de ses «droits
historiques» sur les eaux du Nil, comme nous l'avions
précisé supra.
B) La jurisprudence internationale
Le droit international de l'eau a été
forgé par les doctrines et les accords, mais aussi la jurisprudence
internationale.
L'article 38 des statuts de la Cour internationale de justice
prévoit un dispositif de règlement des différends qui peut
s'appliquer aux conflits hydrauliques. La mission de la Cour internationale de
justice est : « de régler conformément au droit
international les différends qui lui sont soumis » et elle
applique à cet effet :
63
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86 LASSERRE Fréderic et BRUN Alexandre
« La gestion par bassin versant : un outil de résolution des
conflits ? »; Lex Electronica; vol. 12 ; n°2 ; Automne 2007 ; P 9.
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
- « Les conventions internationales, soit
générales, soit spéciales, établissant des
règles expressément reconnues par les États en litige
;
- La coutume internationale comme preuve d'une pratique
générale, acceptée comme étant le droit ;
- les principes généraux de droit reconnus
par les nations civilisées ;
- sous réserve de la disposition de l'article 59,
les décisions judiciaires et la doctrine des juristes publicistes les
plus qualifiés des différentes nations, comme moyen auxiliaire de
détermination des règles de droit».
L'article 59 stipule que la décision de la Cour n'est
obligatoire que pour les parties en litige et dans le cas qui a
été décidé. En outre, «la présente
disposition ne porte pas atteinte à la faculté pour la Cour, si
les parties sont d'accord, de statuer ex aequo et bono»87,
c'est-à-dire sur le fondement de l'équité.
L'absence d'une convention (en vigueur) dédiée
à l'eau a cependant conduit la Cour à statuer essentiellement
à partir du droit international coutumier, pour consacrer des principes
généraux du droit. Les principes généraux sont
conçus comme des références assez générales
leur permettant d'être appliqués au cas par cas, en fonction des
aspects hydrologiques, économiques ou sociaux d'une situation
précise et en fonction aussi des caractéristiques hydrologiques
et géologiques du bassin. Les principes fondateurs du droit
international de l'eau et plus généralement du droit
international de l'environnement ont été reconnus par diverses
juridictions internationales, et en premier lieu par la Cour permanente de
Justice internationale (ancêtre de la Cour internationale de justice)
dans l'affaire relative à la rivière Oder88, opposant
la Pologne à six Etats riverains. Il s'agit de la «
communauté d'intérêts sur un fleuve [...] qui
devient la base d'une communauté de droit dont les traits essentiels
sont la parfaite égalité de tous les Etats riverains dans l'usage
[...] du fleuve et l'exclusion de tout privilège d'un riverain
quelconque par rapport aux
autres»89.
Ces principes seront par la suite confirmés dans une
sentence arbitrale rendue dans l'affaire dite de la Fonderie du Trail opposant
les Etats-Unis et le Canada et dans la sentence de la Cour Internationale de
Justice dans l'arbitrage
64
87 Art 38 alinea 2 du Statut de la CIJ du 26 Juin
1945
88 CPJI, Juridiction internationale de la
Commission internationale de l'Oder, arrêt n°16, 1929,
série A n° 23
89 Ibidem, p 27.
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
franco-espagnol de 1957 relatif au lac Lanoux90. La
Cour internationale de Justice a plus récemment eu l'occasion de,
confirmer ces principes en 1997 dans le cadre de l'affaire opposant la Hongrie
à la Tchécoslovaquie relative au projet de barrage
Gabcíkovo-Nagymaros91, et plus récemment en 2010 dans
l'affaire dite «Usine de pâte à papier» opposant
l'Uruguay à l'Argentine sur l'utilisation industrielle du fleuve
Uruguay92. Dans ces deux arrêts, la Cour a renvoyé les
Etats à respecter les principes d'information, de coopération et
d'usage partagé, faisant ainsi une parfaite application du droit
international de l'environnement.
Ainsi, dans le jugement qu'elle avait rendu en 1997 dans le
cadre de l'affaire opposant la Hongrie à la Slovaquie, elle invitait les
Etats parties à tenir compte des normes développées en
matière de droit international de l'environnement au cours des
dernières décennies, incluant la Déclaration de Rio sur
l'environnement et le développement du 12 août 1992, qui fait
référence a l'obligation de réaliser des études
d'impact93.
Dans l'affaire «Usine de pâte à papier»
l'Argentine, partie au différend, n'a aucunement été
associée au projet de construction de l'usine, et n'a donc pu faire
entendre son point de vue. Ainsi, dans son jugement de 2010, la Cour a
rappelé que l'obligation de réaliser des études d'impact
est incluse dans celle d'information et de notification qui incombe aux Etats
sur le territoire desquels des projets sont prévus et qui risquent
d'avoir une conséquence adverse sur un autre Etat. La Cour, par cet
arrêt, confirmait le principe de la souveraineté territoriale
limitée inclue dans la Déclaration de Stockholm sur
l'environnement de 197294 (droit pour les Etats d'exploiter les
ressources naturelles sur leur territoire sous réserve de ne pas causer
de préjudice aux Etats voisins).
PARAGRAPHE II: Les conventions internationales
65
90Pablo Sandonato de León « L'affaire
relatif à l'utilisation des eaux du lac Lanoux.50 ans d'actualité
» ; Agenda Internacional Año XV, N° 26, 2008, p 270.
91 Affaire relative au Projet
Gabcíkovo-Nagymaros (Hongrie/Slovaquie), arrêt du 25
septembre 1997, CIJ.
92 Usines de pâte à papier sur le
fleuve Uruguay (Argentine c. Uruguay), arrêt du 20 avril 2010, C.I.J.
Recueil 2010, p. 14.
93 Principe 17 de la Déclaration de RIO 1992
«Une étude d'impact sur l'environnement, en tant qu'instrument
national, doit être entreprise dans le cas des activités
envisagées qui risquent d'avoir des effets nocifs importants sur
l'environnement et dépendent de la décision d'une autorité
nationale compétente ».
94 Principe 21 de la Déclaration de
Stockholm de 1972 « Conformément à la Charte des Nations
Unies et aux Principes du droit international, les Etats ont le droit souverain
d'exploiter leurs propres ressources selon leurs politiques d'environnement et
ils ont le devoir de faire en sorte que les activités exercées
dans les limites de leurs juridiction ou sous leurs contrôle ne causent
pas de dommages à l'environnement dans d'autres Etats ou dans des
régions ne relevant d'aucune juridiction nationale».
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Nous analyserons la convention d'Helsinki de 1992
(A) puis celle de New York de 1997 (B).
A) La Convention d'Helsinki de 1992
La Convention d'Helsinki du 17 mars 1992 sur l'utilisation des
cours d'eau transfrontaliers et des lacs internationaux a été
rédigée afin de garantir un usage équitable des ressources
en eau en Europe. Elle constitue un cadre équitable d'action qui
réunit des pays en amont et en aval de la ressource hydrique, des pays
riches mais aussi des pays pauvres en eau. Cette convention a établi un
cadre de coopération entre les 56 Etats membres de la Commission
économique pour l'Europe des Nations unies en vue de prévenir et
de lutter contre la pollution des cours d'eau transfrontaliers.
Elle repose sur trois principes cités au paragraphe 5 en
son article 2:
- le principe de précaution : en vertu duquel les Etats
doivent prendre toutes les mesures destinées à éviter que
le rejet de substances dangereuses puisse avoir un impact transfrontalier.
- le principe du pollueur-payeur : le coût des mesures
de prévention, de lutte et de réduction de la pollution doit
être supporté par le pollueur;
- les ressources en eau doivent être
gérées de façon à satisfaire les besoins de la
génération actuelle sans compromettre la capacité des
générations futures à satisfaire leurs propres besoins.
La Convention exige que les Etats oeuvrent de façon
à ce que :
- les eaux transfrontalières soient gérées
de manière rationnelle et en préservant l'environnement;
- elles soient utilisées de manière raisonnable et
équitable.
Ainsi, la Convention encourage la coopération entre
pays riverains à travers l'harmonisation des politiques, des programmes
et des stratégies visant à protéger les eaux
transfrontalières, tout en mettant l'accent sur la qualité de
l'eau. Elle vise à renforcer les réglementations
régionales, nationales ou internationales prises en matière
d'eau, afin d'améliorer la quantité, la qualité et la
durabilité de la ressource.
La Convention est entrée en vigueur en 1996 et regroupe
38 Etats membres de l'Union européenne. Concernant la mise en oeuvre de
la convention, il est important de souligner que la convention d'Helsinki a
servi de modèle pour la
66
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
rédaction de nombreux accords signés dans les
années 1990 dont la convention sur le Danube.
La convention a créé Cinq champs de
coopération :
- Le premier concerne l'assistance technique. Cette assistance
technique est accessible aux Etats parties à la convention, mais
également à ceux souhaitant y adhérer.
- Le second champ porte sur le renforcement des
capacités. La bonne application de la convention passe également
par la mise en oeuvre de projets concrets sur le terrain afin de promouvoir la
coopération entre les pays.
- Le troisième champ de coopération consiste
à conduire des projets sur le terrain.
- Le quatrième est la réalisation
d'évaluations sur les impacts de la convention sur les eaux
transfrontières et leurs usages, lesquels traduisent la volonté
politique d'améliorer la situation.
- Le dernier champ de coopération concerne les
réponses à apporter aux questions nouvelles. Ces travaux portent
beaucoup sur l'impact des changements climatiques sur l'eau. Ils portent aussi
sur les aspects sécuritaires (la ressource se faisant de plus en plus
rare) ou encore les comportements unilatéraux des pays dans le domaine
de l'eau et les conséquences qu'ils emportent (comme le fait de
construire un ouvrage sur un bassin transfrontalier).
L'efficacité de la convention d'Helsinki nous permet
d'affirmer qu'elle est due tant à la base légale du texte qu'aux
actions initiées sur le terrain. La convention d'Helsinki constitue le
substrat de nombreuses actions générales ou spécifiques et
sert de catalyseur de coopération. En offrant un cadre institutionnel
aux Etats, elle favorise les échanges et donc la coopération.
B) La convention de New York de 1997
La Convention sur les utilisations des cours d'eau
internationaux à des fins autres que la navigation, ou Convention de New
York, votée par l'Assemblée générale des Nations
Unies le 21 mai 1997 après 27 ans de travaux, constitue un effort
d'instaurer des principes juridiques destinés à pallier la
multiplicité des théories juridiques concurrentes. Elle comporte
27 articles et une annexe relative à l'arbitrage. C'est le seul
instrument juridique des Nations unies de
67
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
portée mondiale à inciter à la
coopération entre les Etats riverains. Elle résulte de nombreuses
années de travaux engagés sur la base de la résolution
2669 (XXV) du 8 décembre 197095 de l'Assemblée
générale des Nations Unies. La durée de son
élaboration et sa difficulté à entrer en vigueur
reflètent les difficultés que la Commission du Droit
International a rencontré pour parvenir à sa rédaction.
Elle pose les bases en matière de protection et de
gestion des cours d'eau internationaux et définit un cadre de
référence pour la négociation d'accords locaux en vue de
la gestion partagée des cours d'eau transfrontières pour des
usages autres que la navigation. Mais avant, en son article 2.a, elle
précise qu'il faut entendre par cours d'eau, un système d'eaux de
surface et d'eaux souterraines constituant, du fait de leurs relations
physiques, un ensemble unitaire et aboutissant normalement à un point
d'arrivée commun.
La convention définit deux principes qui doivent
gouverner l'action des Etats en matière de gestion des cours d'eaux
internationaux :
- Le principe de l'utilisation équitable et raisonnable
des ressources en eaux
partagées96. L'objectif étant de
prendre en compte les besoins optimales et durables, particulièrement
les besoins humains et les intérêts des autres Etats riverains. A
bien des égards, ce principe s'inscrit dans la même ligne que le
principe 24 de la Déclaration de Stockholm.
- Le principe de ne pas causer des dommages significatifs aux
autres Etats
riverains. Contenu dans l'article 7 de la convention, Il est
le prolongement du principe 21 de la Déclaration de Stockholm en
obligeant les Etats à prendre les mesures appropriées pour
prévenir les dommages qui peuvent être infligés aux autres
Etats par leur utilisation des ressources en eau.
La Convention de New York de 1997 invite notamment les Etats
à adopter
les procédures de négociation, de consultation
et d'information mutuelle (articles 11 et 19). De même, elles les
sensibilisent sur la nécessité de protéger et de
préserver les écosystèmes des fleuves transfrontaliers
(articles 20 et 22). Surtout, elle les engage à mener des consultations
pour la création de mécanismes conjoints de gestion, tels que des
organisations de bassins hydrographiques, des plans de gestion
transfrontalière, des plans communs d'urgence ou la mise en place de
normes agréées sur la qualité de l'eau (articles
68
95Résolution 2669 (XXV) du 8 décembre
1970 sur
http://www.un.org/documents/=A/RES/2677(XXV)&Lang=F.
96 Article 5 de la convention de New York de 1997 (voir annexe)
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
21 et 24). Les articles 21, 27 et 28 parlent du principe de
précaution. L'article 33 quant à lui parle de la
résolution pacifique des différends en la matière et ce
conformément aux dispositions de la convention.
Malgré toutes ces dispositions, la convention de New
York n'est pas encore entrée en vigueur à cause de la
réticence de certains Etats qui pensent qu'elle réduit leurs
marges de manoeuvres et donc leurs souverainetés.
SECTION II : Quelques solutions pour une gestion non
conflictuelle des ressources en eau
La situation des ressources en eau et la compétition
accrue qui y affèrent, expliquent qu'au début des années
1980, l'eau soit devenu un objet majeur de réflexion aussi bien sur la
scène internationale que nationale. Si au début, la
réflexion s'est focalisée sur l'accès à l'eau et
à l'assainissement, elle s'est étendue à la politique de
gestion et d'usage, intégrée dans une perspective de
développement durable et de protection de l'environnement : GIRE
(Paragraphe I). En plus de la GIRE, il est nécessaire
d'inviter les Etats à une gestion efficiente de la ressource
(Paragraphe II).
PARAGRAPHE I : La Gestion Intégrée des
Ressources en Eau: un outil de gestion non conflictuelle.
Il est question pour nous de définir la GIRE et ses
avantages (A) puis de voir son impact sur les bassins
transfrontaliers (B).
A) Définition et avantages de la
GIRE
Les réflexions traduisant la prise de conscience de la
communauté internationale sur la GIRE et en générale sur
l'environnement débutèrent avec la Conférence des Nations
Unies sur l'Environnement de Stockholm en 1972. Cette conférence a
donné lieu à une déclaration qui invite les Etats à
la protection de l'environnement via des principes à
adopter97. En 1977, La Conférence de Mar del Plata en
Argentine lance les enjeux de l'eau et va plus loin en proposant l'organisation
d'une Décennie Internationale de l'Eau Potable
97 Annexe
69
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
et de l'Assainissement (DIEPA 1980-1990). Par ailleurs, elle
recommande l'évaluation systématique des ressources en eau.
A sa suite en 1983, l'Assemblée Générale
des Nations Unies met en place la Commission mondiale sur l'Environnement et le
Développement qui publie en 1987 le "Rapport Brundtland" du nom de sa
présidente le premier ministre norvégien. Ce rapport
intitulé "Notre avenir à tous", constate que les problèmes
environnementaux les plus graves à l'échelle de la planète
sont essentiellement dus à la grande pauvreté qui prévaut
dans le sud et aux modes de consommation et de production non durables
pratiqués dans le nord. Le concept de développement durable, tel
qu'il a été défini par le rapport Brundtland impose en ce
qui concerne l'eau, de gérer les ressources en eau comme un patrimoine,
en intégrant dans l'ensemble des utilisations de l'eau le concept de
solidarité envers les générations futures.
C'est dans ce contexte que se tient du 26 au 31 janvier 1992
à Dublin (Irlande), une conférence sur l'eau et l'environnement.
Il ressort de cette conférence que l'évaluation, la mise en
valeur et la gestion des ressources en eau nécessite l'engagement de
tous les responsables politiques, des plus hautes instances de l'Etat aux plus
petites collectivités. Cet engagement doit se traduire par des
investissements importants, des campagnes de sensibilisation, des changements
législatifs et institutionnels et par un renforcement des
capacités. Pour ce faire, il faut reconnaître pleinement
l'interdépendance de tous les peuples. D'où l'idée de
Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE).
Selon le Partenariat Mondial de l'Eau, la GIRE est « un
processus qui encourage la mise en valeur et la gestion coordonnée de
l'eau, des terres et des ressources associées en vue de maximiser de
manière équitable le bien-être économique et social
qui en résulte d'une manière équitable, sans compromettre
la durabilité d'écosystèmes vitaux »98.
Elle exprime l'idée que les ressources en eau devraient être
gérées de façon holistique, en coordonnant et en
intégrant tous les aspects et les fonctions du prélèvement
de l'eau, de la surveillance de l'eau et de la fourniture des services
liés à l'eau, afin que ceux qui dépendent des ressources
en profitent durablement et équitablement. La GIRE gravite autour de 4
principes énumérés à la conférence de
Dublin99 :
70
98 Institut International d'Ingénierie de
l'Eau et de l'Environnement (Fondation 2ie); «Manuel technique de gestion
intégrée des ressources en eau » ; juillet 2010; p 39.
99 Programme Mondial pour l'Evaluation des
Ressources en Eaux, « SECURITE DE L'EAU : Bilan préliminaire des
progrès accomplis en matière de politiques depuis Rio »,
2001, p 12.
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
- L'eau est une ressource limitée et vulnérable
qui est indispensable à la vie, au développement et à
l'environnement.
- La mise en valeur et la gestion de l'eau doivent avoir un
caractère participatif et associer les utilisateurs, les planificateurs
et les décideurs à tous les niveaux.
- Les femmes jouent un rôle déterminant dans
l'approvisionnement, la gestion et la préservation de l'eau.
- L'eau est utilisée à de multiples fins, elle a
une valeur économique et l'on
doit donc la reconnaître comme un bien
économique. Reconnaitre la valeur économique de l'eau revient
à fixer un prix à l'eau et donc à orienter le comportement
des usagers vers la préservation et l'utilisation rationnelle de
l'eau.
En thème d'avantages, la GIRE permet la mutualisation
de moyens
financiers importants pour gérer des problèmes
de gestion de la ressource à l'échelle du bassin versant, dans le
cadre d'une concertation des usagers. La GIRE est un modèle de gestion
nationale mais aussi transnationale. Si cette approche s'est peu à peu
imposée comme référence internationale, comme
modèle de gestion des eaux au niveau du bassin transfrontalier, c'est
qu'il comporte des avantages importants, au premier rang desquels
l'intégration des impacts des acteurs, des aléas climatiques. En
créant une institution chargée de gérer tous les
paramètres de la demande et d'optimiser ces usages, voire d'arbitrer les
usages conflictuels; les acteurs s'engagent dans un processus de minimisation
des risques liés à l'eau. Elle s'accompagne d'abord d'une
connaissance et d'un partage d'information indispensables à la bonne
gestion de l'eau qui permet de relativiser les inquiétudes et au
contraire de détecter les problèmes. Le champ d'action des
organismes de bassin s'élargit dès lors que les décideurs
prennent conscience de l'intérêt à tenir compte de tous les
aspects de la ressource ainsi que de tous les acteurs en la matière, et
donc de la GIRE.
B) La GIRE au niveau transfrontalier
La GIRE dans l'ordre international, se propose de
dépasser l'épineuse question des frontières entre les
Etats et met plutôt l'accent sur les bénéfices à
tirer d'une gestion conjointe de la ressource. En fait, avant même de
servir à
71
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
régler des conflits, le besoin de garantir la libre
navigation, de lutter contre les inondations et la construction
d'infrastructures peut motiver la mise en oeuvre de la GIRE.
Adoptée par plusieurs organismes de bassin comme la
Commission du Bassin du Mekong en Asie, l'Autorité du Bassin du Niger et
la Commission du Lac Tchad en Afrique, la Commission du Danube, la GIRE permet
d'assurer une meilleure gouvernance et de réduire
considérablement les tensions qui peuvent exister entre des
régions d'amont et des régions d'aval en transcendant les
concurrences d'usages.
En effet, la GIRE cadre avec le principal objectif du droit
international de l'eau qui est d'assurer à toutes les nations qui
partagent un cours d'eau commun, une part juste et fiable et d'empêcher
ainsi que des revendications concurrentes non résolues ne s'aggravent au
fil du temps, ou ne se muent en conflits.
Compte tenu de ces contraintes, le droit international de
l'eau doit être envisagé comme une série de principes,
invitant les nations à arriver à une solution
négociée pour la mise en place d'une institution de
coopération future. On voit ainsi mieux les liens existant entre le
fonctionnement effectif du droit international de l'eau, d'une part, et le
concept de GIRE qui n'est rien d'autre que la matérialisation de ce
droit. Le droit international de l'eau joue deux rôles dans la promotion
de la GIRE :
- Premièrement, il définit les droits des Etats
en ce qui concerne l'accès à la ressource partagée.
- Deuxièmement, pour répondre aux nombreux
problèmes engendrés par le
changement climatique mondial, l'augmentation de la
consommation d'eau et l'accroissement démographique, il incite à
la mise en place des institutions de gestion pour appuyer la coopération
interétatique.
En outre, soulignons le fait que le droit international de
l'eau intègre
pleinement les considérations de protection de
l'environnement. Le concept de gestion intégrée des ressources en
eau vient donc faciliter, dans la pratique, la mise en oeuvre des dispositions
du droit international de l'eau en particulier et celles du droit international
de l'environnement en général. Par exemple, étant
désormais considérée comme la norme mondiale en
matière de gestion de l'eau, le concept de gestion
intégrée se révèle très important dans
l'application des normes par les Etats en prenant en compte les
différents aspects du bassin transfrontalier.
72
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Cependant, c'est à propos du deuxième rôle
attribué au droit international sur l'eau, à savoir la mise en
place d'institutions de gestion pour appuyer la coopération
interétatique, que l'engagement d'appliquer la gestion
intégrée des ressources en eau revêt une très grande
importance. Car, son efficacité dépend de la volonté
politique de gérer une ressource dans une optique de durabilité,
de la confiance entre toutes les catégories d'utilisateurs et de la
mobilisation des ressources financières nécessaires pour soutenir
la coopération.
PARAGRAPHE II: La promotion d'une meilleure gouvernance
locale des ressources en eau
Nous présenterons la GIRE sur le plan interne
(A) puis nous proposerons quelques procédés de
production d'eau (B)
A) La mise en oeuvre de la GIRE au niveau national
Il n'existe pas de modèle universel pour la mise en
pratique des principes sous-tendant la GIRE. En fait, La nature et la
gravité des problèmes relatifs aux ressources en eau, les
ressources humaines, les capacités institutionnelles, le contexte
culturel, les conditions naturelles et un grand nombre d'autres facteurs
diffèrent largement suivant les pays et les régions. La mise en
oeuvre pratique des approches fondées sur des principes communs doit
refléter ces divergences des conditions locales et elle revêtira
donc nécessairement des formes diverses. Cependant, il n'est pas inutile
de chercher à identifier les principaux éléments de la
GIRE s'appliquant dans le cadre de la législation nationale dans ce
domaine.
En effet, pour assurer une gestion intégrée
efficace des ressources en eau, un Etat doit, adopter un instrument
législatif distinct consacré à la gestion des ressources
en eau et couvrant un large éventail de problèmes complexes,
notamment :
- L'attribution à l'Etat du contrôle ultime de
l'ensemble des ressources en eau
et la répartition claire des responsabilités
pour la gestion des ressources en eau entre les organismes publics
compétents (un organisme faîtier étant responsable au
premier chef des ressources en eau et de la gestion de leur qualité,
avec éventuellement le pouvoir d'élaborer des
réglementations);
- La planification stratégique fondée sur des
consultations appropriées entre les parties prenantes pour, entre
autres, évaluer les impératifs au niveau
73
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
des « écosystèmes» et les
«besoins fondamentaux» non satisfaits (en tenant compte du
problème supplémentaire du changement climatique).
- L'identification claire des objectifs et paramètres
écologiques, sociaux et économiques pour la gestion des
ressources en eau;
- L'approche intégrée de la gestion des
ressources en eau, reconnaissant l'intégrité du cycle
hydrologique et facilitant la coordination avec les impératifs
législatifs correspondants en matière de biodiversité, de
planification de l'utilisation des terres, de gestion des terres, de protection
de l'environnement et de lutte contre la pollution, etc.
- La décentralisation/délégation de la
gestion des ressources en eau à l'échelon régional le plus
bas possible, afin d'assurer une participation adéquate du public et des
parties prenantes aux décisions sur la gestion des ressources en eau
(avec notamment une représentation suffisante des femmes et des
minorités, etc.);
- L'attribution des pleins pouvoirs (et d'une capacité
adéquate) pour la mise en oeuvre administrative, civile et pénale
de la législation sur les ressources en eau, en prévoyant des
sanctions suffisamment dissuasives et efficaces, aux organismes publics
à l'échelon le plus bas possible et à des entités
de la société civile.
De toute évidence, les approches de gestion
intégrée des ressources en eau
peuvent faciliter dans une très large mesure les
actions visées plus haut, indispensables à l'amélioration
de la disponibilité de la ressource et à la coopération
transfrontalière en la matière. En réalité, dans
toute définition du concept de gestion intégrée, entrent
les principaux éléments suivants :
- gestion des ressources en eau au niveau du bassin
hydrographique;
- optimisation de l'offre;
- gestion de la demande;
- accès équitable aux ressources en eau;
- établissement de cadres améliorés et
intégrés aux niveaux opérationnel,
réglementaire et institutionnel; -
pluridisciplinarité des décisions.
B) Quelques procédés alternatifs de
production d'eau
La rareté de l'eau est définie en
disponibilité de la ressource brute par habitant. Elle diffère de
la pauvreté en eau, qui est fonction de la capacité
74
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
d'adaptation des sociétés pour mettre en valeur
la ressource. C'est la pauvreté en eau qui est d'abord responsable de
l'aggravation des tensions, de la concurrence locale pour une ressource rare et
partant des crispations des États incertains de parvenir à
répondre aux demandes de leur population. Il est donc indispensable,
face aux tensions croissantes qui pèsent sur la disponibilité
d'une eau de qualité, de trouver des solutions qui augmentent la
quantité disponible et préservent la qualité d'un bien
public avant tout local. Ces solutions sont multiples mais impliquent toutes de
repenser les modes de gouvernance, en articulant notamment les
différents échelons de décision et de gestion pertinents
(localités, bassin hydrographique, Etat, région) et
d'opérer des choix politiques difficiles.
Lorsqu'un pays, une zone ou une localité doit faire
face à une pénurie en eau, plusieurs solutions permettent
d'augmenter la ressource disponible, soit en améliorant sa
disponibilité, soit en augmentant la ressource brute.
Pour lutter contre la pénurie d'eaux, les Etats peuvent
:
? Améliorer la desserte et accroitre l'efficience des
réseaux
En effet, pour de nombreux pays, le premier moyen
d'améliorer la disponibilité effective de l'eau par habitant est
de mettre en place des infrastructures qui collectent et distribuent l'eau
à des fins domestiques, agricoles ou industrielles. Pour être
durables, ces politiques d'infrastructures doivent mettre l'accent sur la
limitation des pertes, y compris dans le type de stockage, le traitement des
eaux usées alors réutilisables.
? Limiter la pollution des eaux et diffuser la
réutilisation des eaux usées
L'accès à une eau propre nécessite outre
les infrastructures de collecte et de distribution, des équipements de
traitements eu égard à la pollution grandissante. D'où la
nécessité de mettre en oeuvre des infrastructures
d'assainissements des eaux usées. Il faut bien voir que, face aux
pénuries locales d'eaux de qualité, la réutilisation des
eaux usées, industrielles ou domestiques, est une solution pertinente.
L'eau recyclée présente trois avantages manifestes : elle permet
de collecter et dépolluer les eaux usées. Elle s'intègre
donc dans le développement de l'assainissement ; l'eau recyclée
est disponible là où le besoin existe. Il s'agit d'un point
essentiel car l'acheminement de l'eau est coûteux. Enfin, l'eau
recyclée augmente en même temps que les besoins puisque plus on
consomme d'eau, plus grandes seront les quantités d'eau usée, et
donc recyclée.
? Collecter les eaux
75
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
La collecte des eaux peut s'effectuer en l'absence de pluie
par l'utilisation des nuages. Deux techniques existent: la première
consiste à provoquer les pluies, ce qui ne devrait se faire qu'en
concertation avec les régions susceptibles d'en être
privées, la seconde consiste à utiliser des filets à
brume. Ces filets de quatre mètres sur douze sont utilisés par
plusieurs villages du Yémen, du Nepal, du Guatemala, du Pérou et
du Chili. Placés dans une région brumeuse et ventée, ces
filets permettent de récolter les gouttelettes de brume et de les faire
ruisseler jusqu'à une gouttière, puis dans des bassins.
Grâce à ce dispositif, l'approvisionnement en eau est par exemple
passé de 15 litres à 40 litres par jour et par personne dans le
village de Chungungo, dans le désert chilien d'Atacama100.
76
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100 Assemblée Nationale française « Rapport
d'information : la géopolitique de l'eau » ; 2011 ; pages 161.
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
CONCLUSION
77
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
Il ressort de notre développement que l'eau ne saurait
être dissociée des autres composantes des relations
internationales contemporaines. L'eau est une ressource vitale qui
«irrigue» nos sociétés, nos économies et notre
planète. Les cours d'eau sont les artères de l'humanité,
au même titre que les forêts en sont les poumons101.
Notre analyse nous révèle donc l'importance grandissante de l'eau
en relation internationale.
Nécessaire aux besoins des populations, du domaine
domestique et agricole aux industries, l'eau, en traversant les
frontières nationales, enchaîne les Etats riverains dans une
situation d'interdépendance. Cette interdépendance est, parfois,
aggravée par l'imbrication des facteurs hydrologiques avec des
considérations d'ordre stratégique, économique et
politique.
Multidimensionnelle, la problématique du partage des
eaux a de fortes répercussions sur le plan international, que ce soit
par les rumeurs de guerre, l'exacerbation des rapports de force, la
consolidation ou la fragilisation des alliances.
En effet, la gestion des eaux transfrontalières est un
enjeu central pour les relations internationales en ce sens que :
- Premièrement, dans le monde, le nombre de bassins
versants traversant une frontière internationale est de l'ordre de 263
en ce qui concerne les eaux de surfaces et d'environ 280 pour les souterraines.
Dans un système international de 193 Etats (les Etats-membres des
Nations Unies), ce chiffre démontre l'importance de la gestion des eaux
transfrontalières dans les relations interétatiques.
- Deuxièmement, le réchauffement climatique pose
de nouveaux défis dans la gestion de cette ressource
transfrontalière. La conséquence majeure du changement climatique
est l'augmentation des sécheresses et des inondations, sans oublier les
impacts du réchauffement climatique concernant les précipitations
en eau et la fonte des glaciers. A cela, s'ajoute l'augmentation de la
population mondiale et le changement des modes de vie.
- Troisièmement, l'eau n'a pas de substitut possible.
Elle est nécessaire à toute vie humaine et aussi un pilier pour
de nombreuses activités humaines.
78
101 Assemblée Nationale française « Rapport
d'information : la géopolitique de l'eau » ; 2011 ; pages 253.
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
L'eau est à la fois un produit de consommation et un
facteur de production. Elle constitue donc un lien essentiel dans toute
relation humaine.
Le nombre de bassins versants, l'impact du
réchauffement climatique et son caractère vital et essentiel
à la survie humaine en font un enjeu stratégique mondial.
La répartition inégale des ressources en eau et
la concurrence sur les différentes utilisations de ces ressources,
conjuguées à la croissance démographique mondiale, ont
donc suscité un débat sur les futures «guerres de
l'eau». Alors que certains prédisent de telles guerres, d'autres
rappellent qu'il n'y a pas eu de «guerre de l'eau» depuis 4 500 ans.
Mieux, qu'il n'en aura pas. Selon ces derniers, la concurrence accrue pour
l'eau pourrait servir de catalyseur à une coopération plus
intense à l'avenir. Au-delà du débat sur l'existence de
« guerres de l'eau », lorsque l'on observe les interactions entre des
Etats riverains au sujet de ressources en eau partagées, on peut
remarquer que ces interactions comprennent à la fois des formes de
conflit et de coopération.
Les exemples concrets du Nil et du Jourdain nous ont permis de
démontrer l'existence de conflits hydriques. Lesquels conflits se
manifestent se déroulent de différentes manières (menaces
verbales, sabotages...). Il en ressort qu'en dépit des besoins auxquels
sont confrontés les Etats, c'est plutôt
l'unilatéralité de leurs projets sur les bassins partagés
qui est à la base de ces tensions.
La reconnaissance de l'importance stratégique de cette
ressource ne doit toutefois pas nous amener à des constats alarmistes.
Bien que persistent les divergences et tensions entre Etats aux utilisations
concurrentes, nous restons encore loin des « guerres de l'eau ». Les
fleuves et les eaux souterraines transfrontalières ne créent-ils
pas plutôt une plus grande interdépendance entre Etats
amenés, en fin de compte, à coopérer?
On peut donc retenir que s'il est indéniable que les
ressources en eau peuvent être à l'origine de conflits
d'intérêt, les mesures de coopération sont nettement
supérieures aux conflits graves. En réalité,, les Etats en
général préfèrent collaborer en la matière
que d'adopter une posture bélliciste. Aaron Wolf montre par exemple que
sur les 1800 événements recensés dans les bassins
internationaux qui ont opposé deux Etats au cours des 50
dernières années, les deux tiers correspondaient à une
logique de coopération. Ce qui explique le nombre grandissant
d'institutions de gestions multilatérales des eaux partagés. Les
Etats délaissent de plus en plus la gestion fragmentaire de la ressource
au
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Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
profit d'une gestion d'ensemble. Laquelle coopération
débouche sur le concept de GIRE. Ils tiennent désormais compte de
toutes les composantes de la ressource en eau ainsi que de ses
externalités éventuelles. En d'autres termes, l'eau
apparaît davantage comme un vecteur de coopération qu'une source
de conflit.
Mais l'hydropolitique peut-elle se définir simplement
comme l'étude des conflits et de la coopération autour des eaux
transfrontalières ou de « rivalités politiques dans la
répartition du débit de fleuves et de rivières ou
l'exploitation de ressources hydrauliques» ? Loin de là. Il serait
donc nécessaire de s'interroger sur le bien fondé des
frontières traditionnelles de la discipline. Tout d'abord,
l'hydropolitique se base essentiellement sur une vision étatiste de
gestion des eaux transfrontalières. On pourrait donc s'interroger sur le
bien fondé de la logique souverainiste dans la formulation d'une
politique régionale et/ou internationale de l'eau. La
nécessité du développement de normes internationales pour
la gestion de ces ressources permettrait de dépasser l'approche
souverainiste, au-delà d'une perspective centrée des relations
internationales.
Adoptée par l'Assemblée Générale
des Nations Unies en 1997, la Convention des Nations Unies sur l'utilisation
des cours d'eaux à des fins autres que la navigation n'a
été ratifiée, jusqu'à présent, que par 22
Etats. Nous invitons les Etats à ratifier cette convention afin qu'elle
entre en vigueur. Elle est le seul instrument juridique d'envergure
internationale en la matière. Cette question est bien évidemment
primordiale dans l'appréhension des fleuves internationaux mais aussi
pour l'utilisation des nappes souterraines. Longtemps ignorés, les
aquifères, qui présentent souvent un caractère
transfrontalier, suscitent des problématiques d'utilisation
concertée et de gestion durable. Par ailleurs, il apparaît
nécessaire de conceptualiser l'hydropolitique de manière
holistique, en intégrant toutes ces composantes.
De même, peut-on aussi facilement distinguer
l'importance stratégique de l'eau des politiques de développement
durable. Tout simplement, la question de la ressource ne devrait-elle pas
être l'axe principal d'une réflexion sur une politique
internationale de l'eau. Et dernièrement, les aspects sociaux et plus
particulièrement la question de l'accès à l'eau ne
relève t-elle pas aussi des enjeux internationaux de
développement qui s'inscrivent dans le domaine de l'hydropolitique ? Une
gouvernance faible et une gestion inappropriées des
80
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
toyigermain@yahoo.fr)
La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
ressources en eau affectent principalement les
communautés rurales et celles les plus défavorisées.
L'accès à l'eau ne pourrait-il devenir, dans le siècle
à venir, l'une des premières causes de tensions internationales,
qui se caractériseront par les déplacements massifs de
populations ou de «réfugiés écologiques», les
migrations régionales et/ou internationales, les violences urbaines,
etc...
L'enjeu se situe donc autant au niveau des relations entre
Etats-riverains mais aussi entre individus et sociétés. La
rareté de la ressource pourrait conduire à un plus grande nombre
d'affrontements localisés et intercommunautaires. Outre la
redéfinition nécessaire du concept d'hydropolitique, il est aussi
important de se pencher sur les orientations et les formes que prennent les
politiques internationales d'eau. Plus simplement pourquoi l'eau devient-elle
un enjeu de coopération ou de conflit? De nombreuses études dans
le domaine de l'hydropolitique se sont basées sur le Moyen Orient, et
cette région géographique aride a donc, fortement
influencé les fondements de la discipline. La rareté des
ressources est, donc, perçue comme une variable déterminante de
l'accroissement des tensions et l'émergence de conflits violents.
D'un coté, le débat sur la
sécurité environnementale a favorisé un discours qui lie
dans une approche déterministe, la croissance démographique des
pays pauvres et la pression induite sur les ressources naturelles aux risques
de détérioration sécuritaire et environnementale. Pour
d'autres, la raréfaction des ressources hydrauliques induit plutôt
une logique de coopération entre acteurs interdépendants. Cette
question centrale de la rareté des ressources anime la discipline, qui
reste encore ancrée dans une perspective traditionnelle de la
géopolitique. L'équation entre la ressource en eau dans le bassin
versant et les besoins hydrauliques d'un Etat est à revoir car ce type
d'analyse ignore les interdépendances entre les divers aspects de
l'utilisation de l'eau.
Le stress hydrique a donc représenté le
critère dominant d'investigation des relations hydropolitiques, aux
dépens de l'approche institutionnelle si présente dans la
littérature plus générale sur la politique internationale
de l'environnement. Le rôle des institutions supra nationales dans la
gestion de bassins et les différents modes et niveaux de gouvernance
(locale, nationale, régionale et globale) nécessitent une
attention particulière dans la question plus globale de
l'hydropolitique.
Pour finir, nous avons présenté dans ce travail
de recherche des solutions institutionnelles et techniques à
l'échelle des Etats et des bassins qui permettent
81
Présenté par Germain TOÏ (00229 669 958 38,
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
de répondre aux besoins d'adaptation à
l'insuffisance et/ou la baisse de la disponibilité de l'eau, tout en
assurant au mieux le respect des écosystèmes aujourd'hui
gravement menacés. Elles nécessitent des décisions
politiques et la définition de compromis sociaux pertinents et
acceptés. Nul ne peut dire si des guerres ouvertes ne se produiront pas.
Le droit international et les institutions légitimes et
respectées peuvent transcender les rapports de force et aboutir à
des solutions équitables.
Ne serait-il pas temps que la dimension humanitaire des enjeux
liés à l'eau soit mise au premier plan et couplée avec les
problématiques de gouvernance internationale ? La reconnaissance comme
droit humain de l'accès à l'eau, autrefois
considéré comme une question locale, le cas échéant
nationale, objet d'aide au développement constitue une avancée en
la matière. Le respect du droit à l'eau comme droit humain
devient donc une responsabilité commune et donc partagée. Il
suscite également une ouverture sur l'ensemble des acteurs qui
contribuent aujourd'hui à élaborer des réponses
pérennes et respectueuses, à commencer par les usagers
eux-mêmes.
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Internationales : conflits ou coopérations
ANNEXE
Annexe I : Acces a l'assainissement dans
le monde
Annexe II : Dix chiffres clés sur
l'eau
Annexe III : Les évènements
liés aux cours d'eau transfrontaliers de 1948
à 1998, d'après A. Wolf
Annexe IV : Cartographie de l'occupation
Israélienne en palestine
Annexe V : Disponibilité en eaux
renouvelables par pays en 2007
Annexe VI : Indice en pauvreté
hydrique par Etat en 2002
Annexe VII : Cartographie de la
pénurie hydrique par région
ANNEXE IIX : Quelques articles de la
Convention Internationale sur le droit des cours d'eaux internationaux
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ANNEXE I
ACCES A L'ASSAINISSEMENT DANS LE MONDE
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ANNEXE II
DIX CHIFFRES CLES SUR L'EAU
y' 3,2 millions de personnes meurent chaque
année par manque d'accès à l'eau potable (soit 6 % des
décès). Un enfant meurt toutes les 3 secondes, 20 toutes les
minutes par manque d'eau ou à cause d'une eau de mauvaise
qualité. C'est plus de 10 fois les dégâts provoqués
par le Syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA).
y' 900 millions de personnes dans le monde
n'ont pas accès à l'eau potable La majorité de ces
populations se trouvent dans les pays pauvres ou en développement, ce
qui est un facteur aggravant de pauvreté et se rajoute à d'autres
facteurs sanitaires (choléra, paludisme, etc)
y' 2,9 milliards de personnes dans le monde
n'ont pas accès à l'eau courante chez eux, et se fournissent
à un puit... En moyenne, la distance du puit aux habitations est de 3
kilomètres, mais dans certaines zones arides, les habitants parcourent
parfois jusqu'à 10 km pour puiser de l'eau, et ce de manière
quotidienne. Le taux de connexion à l'eau potable à domicile est
de 100 % dans les pays du Nord, 44 % dans les pays en voie de
développement, 16 % en Afrique subsaharienne
y' Plus d'un tiers de l'humanité vit
dans un environnement insalubre, sans évacuation des eaux usées.
Cet environnement propice aux maladies est responsable de la mort de 3 900
personnes par jour. C'est dix fois plus que les conflits armés.
y' En moyenne, chaque être humain
dispose de 5 000 mètres cubes d'eau douce par an, tous usages confondus
Cependant, ce chiffre masque une réalité toute autre : la
répartition est très inégale. Un Islandais disposera de
630 000 mètres cubes par an, alors qu'un Gazaoui seulement de 59
mètres cubes.
y' 70 % de l'eau prélevée et 93
% de l'eau consommée l'est ... par l'agriculture Il faut en moyenne 13
000 litres d'eau pour produire un kilo de viande de boeuf.
y' Il faut de 2 000 à 5000 litres
d'eau pour produire la nourriture quotidienne d'une personne, contre 2 à
5 litres pour boire et 25 à 100 litres pour les usages domestiques.
y' On compte 280 millions d'hectares irrigués dans le
monde, contre 190 en 1980.
y' En 2025, la demande d'eau sera de 56 %
supérieure à ce qu'elle est actuellement.
y' Il existe 276 bassins transfrontaliers
dans le monde, qui couvrent 45 % des terres émergées et
correspondent à 60 % des eaux douces superficielles Ils regroupent 40 %
de la population mondiale. Près de 40 Etats dépendent pour plus
de la moitié de leurs ressources en eau de pays voisins. En haut de
l'échelle, on trouve l'Egypte et le Turkménistan (97 %), la
Mauritanie (96 %), le Niger (90 %), la Syrie (80 %), le Pakistan et
l'Ouzbékistan (77%).
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ANNEXE III
Les évènements lies aux cours d'eau
transfrontaliers de 1948 à 1998, d'après A. Wolf
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ANNEXE IV
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ANNEXE V
Disponibilité en eaux renouvelables par pays en
2007
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ANNEXE VI
Indice en pauvreté hydrique par Etat en 2002
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ANNEXE VII
Cartographie de la pénurie hydrique par
région
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OUVRAGES GENERAUX
+ Comité Internationale de la croix rouge : « Un
droit dans la guerre ? », Volume I, Seconde édition, 487 pages.
+ Emeline HASSENFORDER/ Benjamin NOURY « Situation
hydropolitique de 10 bassins versants transfrontaliers » ; Compilation des
newsletters Entre Deux Eaux N°1 à 12 ; Entre deux eaux ; septembre
2010 ; 85 pages.
+ Antoine de Saint-Exupéry « Terre des hommes
», Gallimard, 1939, la bibliothèque électronique de
Québec, 219 pages.
+ Marcel GRIAULE « Dieu d'eau », Fayard, Paris,
1975, 263 pages.
RAPPORTS
> Programme des Nations Unies pour le développement
(PNUD) ; « Rapport mondial sur le développement humain :
Au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et crise
mondiale de l'eau » ; 552 pages ; 2006.
> Groupe d'Experts Intergouvernemental sur
l'évolution du climat : « Le changement climatique et l'eau »,
237 pages, juin 2008.
> Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) ;
« Le conflit du Kosovo : ses conséquences sur l'environnement et
les établissements humains »; première édition, 108
pages, 1999.
> Union Africaine (UA) ; « Rapport de situation sur
l'application des approches intégrées de la gestion des
ressources en eau en Afrique » ; 101 pages ; 2012.
> CARLES Alexis « Etat des lieux de la situation
hydrique en Afrique Subsaharienne » ; Parlement Européen, document
de travail IERPE ; Bruxelles, Janvier 2009.
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
ARTICLES
V' BERTHELOT Pierre « Une nouvelle
géopolitique de l'eau au Proche-Orient » Questions internationales
no 53 ; Janvier-février 2012 ; Pages 94100.
V' ROCHE Pierre-Alain « l'eau au XXIe
siècle: enjeux, conflits, marché » RAMSES 2011; Pages
76-94.
V' DREYFUS Georges François « Eau et
géostratégie au Moyen-Orient » ; géostratégie
no 13 ; Juillet 2006 ; Pages 91-96.
V' DAOUDY Marwa « Eau et pouvoir : la relation
stratégique Irak/ Turquie » ; géostratégie no 7 ;
avril 2005 ; Pages 99-118.
V' VICTOR Jean Christophe « Les enjeux
géopolitiques de l'eau : risques et tensions à venir »
Compte-rendu/conférence débat ; 23 mars 2011 (Institut
Kervegan).
V' SAKANYI Henry Mova « La géopolitique
de l'eau : pour une gestion stratégique des ressources hydriques »
; revue Dounia ; pages 17-42.
V' LASSERRE Fréderic et BRUN Alexandre «
La gestion par bassin versant : un outil de résolution des conflits ?
» ; Lex Electronica, vol. 12 n°2 (Automne 2007).
V' TIGNINO Mara « L'eau dans le processus de
paix au Proche-Orient : éléments d'un régime juridique
» ; Genève : Institut universitaire de hautes études
internationales, 2004.
V' HEIM Alexandre « La Chine, son eau et ses
voisins : aperçu des pénuries annoncées au XXIe
siècle » ; IRIS ; mai 2010.
V' HELLENDORFF Bruno ; « L'eau, les conflits et
la coopération / Gestion de l'eau en Afrique de l'Ouest : Risques et
opportunités » ; Note d'Analyse du GRIP, 08 février 2013,
Bruxelles.
V' HELLENDORFF Bruno ; « Changement climatique
et conflits agro pastoraux au Sahel » ; Note d'Analyse du GRIP, 02 octobre
2012, Bruxelles.
V' HELLENDORFF Bruno ; « Ressources naturelles,
conflits et construction de la paix en Afrique de l'Ouest » ; Note
d'Analyse du GRIP, juillet 2012, Bruxelles.
V' JULIEN Frédéric ; « L'eau dans
les relations internationales : la guerre ou la paix, d'un déterminisme
à l'autre » ; Congrès AFSP 2009 ; Sous thématique 30
: l'hydropolitique et les relations internationales.
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
V' MERINO Mathieu « L'eau, quel enjeux pour
l'Afrique subsaharienne » ; Note de la Fondation pour la Recherche
Stratégique ; No 20/ 2008.
V' SANJUAN Thierry et BEREAU Rémi, « Le
barrage des Trois Gorges : Entre pouvoir d'État, gigantisme technique et
incidences régionales » ; Hérodote, 2001/3 N°102, p.
19-56.
V' BOUTRUCHE Théo « Le statut de l'eau en
droit international humanitaire » ; 31-12-2000, Revue internationale de la
Croix-Rouge, 840.
MEMOiRES
· BONNEFOY Sandrine « Le partage des eaux du Tigre
et de l'Euphrate entre la Syrie, l'Irak et la Turquie » ; Institut
d'Etudes Politiques de Toulouse ; 2008, 101 pages.
WEBOGRAPHIE
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géopolitiques de l'eau en Afrique Australe » ;
http://www.cairn.info/revue-herodote/mars/pdf
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-> ALLOUCHE Jeremy et DAOUDY Marwa «
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la Turquie comme instrument stratégique de sa politique de puissance
régionale » ; http:/
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décembre 2009/pdf ; consulté le 15 mai 2013.
-> RAYA Marina Stephan « La
coopération transfrontalière sur les eaux souterraines : un
processus en évolution » http:/
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2/ janvier 2010/pdf ; consulté le 15 mai 2013.
-> Ethiopie : une crise hydro diplomatique avec
l'Egypte ? sur
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-> Georges Mutin, « Le Tigre et l'Euphrate de
la discorde » ; VertigO - la revue électronique en sciences de
l'environnement, Volume 4 Numéro 3 / décembre 2003/
http://vertigo.revues.org/3869;
consulté le 07 octobre 2013.
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La problématique de l'eau dans les Relations
Internationales : conflits ou coopérations
? ALLALI Faarida, «Le symbolique de l'eau dans le conflit
israélo-palestinien» ; Paris, 2006 ;
http://www.cairn.info/revue-herodote/mars/
; consulté le 20 mai 2013.
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Le droit international réglera-t-il les litiges du partage de l'eau ? Le
bassin du Nil et quelques autres cas (Note) » ; Études
internationales, vol. 33, n° 3, 2002, p. 497-514 ;
http://id.erudit.org/iderudit/70444/;
consulté le 10 septembre 2013.
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La problématique de l'eau dans les Relations
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Table des matières
Dédicace I
Remerciements Ii
Liste des sigles et abréviations Iii
SOMMAIRE Iv
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : Le réalisme
hydropolitique : de la nécessité d'une
ressource aux conflits interétatiques
7
CHAPITRE I : L'eau : une ressource vitale et
stratégique pour les Etats 9
SECTION I : La sécurité hydrique : un
impératif absolu pour les Etats 10
PARAGRAPHE I : Des projections inquiétantes 10
A) Sur le plan humain 10
B) Sur le plan économique 11
PARAGRAPHE II : L'eau, révélateur de puissance
12
A) L'eau, enjeu de puissance 12
B) L'eau, arme ou cible stratégique dans les conflits
14
SECTION II : De l'abondance d'une ressource à sa
raréfaction 15
PARAGRAPHE I : L'eau, une ressource abondante à la
répartition inégale.. 15
A) Une ressource abondante 15
B) Une ressource inégalement répartie 17
PARAGRAPHE II : L'inaccessibilité hydrique : un paradoxe
18
A) La mobilisation effective de l'eau 18
B) La crise sanitaire mondiale : un scandale 20
CHAPITRE II : La pénurie d'eau : une
cause de conflit 22
SECTION I : Les facteurs bellicistes de l'eau 23
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Internationales : conflits ou coopérations
PARAGRAPHEI : L'amenuisement progressif des ressources en eau
disponible 23
A) Le facteur naturel : le changement climatique 23
B) Le facteur humain: la pollution, le gaspillage et la
surexploitation 25
PARAGRAPHE II : Le difficile partage des ressources entre pays
27
A) Le partage des eaux transfrontalières 27
B) Typologie des conflits hydriques 28
SECTIONII : Le Moyen-Orient comme illustration de la
théorie conflictuel de
l'eau 30
PARAGRAPHE I: Le NIL : risque de conflit ? 31
A) Un fleuve vital pour l'Egypte 31
B) Le Nil : objet de tension entre l'Egypte et les autres Etats
du bassin 33
PARAGRAPHE II: L'eau, un élément d'analyse des
conflits autour du
Jourdain 36
A) Israël ou la conquête de l'eau 36
B) Le partage de l'eau entre la Palestine et Israël 39
DEUXIEME PARTIE : La rationalité
hydrique : De la coopération autour des bassins transfrontaliers
à la consécration d'un droit international de
l'eau 42
CHAPITRE I : L'eau : source de
coopération 44
SECTION I : La dynamique coopérative de l'eau 45
PARAGRAPHE I : Une forte propension à la
coopération 45
A) Les facteurs coopératifs de l'eau 45
B) La profusion des agences de bassins transfrontalières
47
PARAGRAPHE II : Le concept de «guerre de l'eau« : mythe
ou réalité 49
A) Un concept non empirique 49
B) Un concept plausible 50
SECTION II: Quelques exemples de coopération autour des
bassins
transfrontaliers 52
PARAGRAPHE I: La sous-région Ouest africaine 52
96
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Internationales : conflits ou coopérations
A) Présentation de la situation hydrique de l'Afrique de
l'Ouest 53
B) La coopération dans le complexe hydropolitique Ouest
africain 55
PRAGRAPHE II: La coopération transfrontalière en
Europe : cas du Danube
57
A) Les mécanismes européens de gestion des eaux
transfrontalières 57
B) Etude de cas du Danube 59
CHAPITRE II : le droit international de l'eau :
cadre d'une gestion efficiente
et non conflictuelle de la ressource 61
SECTION I : Le droit international de l'eau 62
PARAGRAPHE I: La doctrine internationale et La jurisprudence
internationale 62
A) La doctrine internationale 62
B) La jurisprudence internationale 63
PARAGRAPHE II: Les conventions internationales 66
A) La Convention d'Helsinki de 1992 66
B) La convention de New York de 1997 67
SECTION II : Quelques solutions pour une gestion non
conflictuelle des
ressources en eau 69 PARAGRAPHE I : La Gestion
Intégrée des Ressources en Eau: un outil de
gestion non conflictuelle 69
A) Définition et avantages de la GIRE 69
B) La GIRE au niveau transfrontalier 72
PARAGRAPHE II: La promotion d'une meilleure gouvernance locale
des
ressources en eau 73
A) La mise en oeuvre de la GIRE au niveau national 73
B) Quelques procédés alternatifs de production
d'eau 75
CONCLUSION 77
ANNEXE 83
BIBLIOGRAPHIE 91
Ouvrages généraux 91
RAPPORTS 91
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Articles 92
Mémoires 93
WEBOGRAPHIE 93
Table des Matières 95
98
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