MINISTÈRE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR,
DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET DE L'INNOVATION (MESRSI)
ÉCOLE SUPÉRIEURE DE COMMERCE ET
D'INFORMATIQUE DE GESTION
|
BURKINA FASO
|
UNITE - PROGRÈS - JUSTICE
|
Présenté en vue de l'obtention du
diplôme de master professionnel Domaine : Sciences
Économiques et de Gestion
Mention : Sciences de Gestion
Spécialité : Droit des Affaires et
Fiscalité
Thème :
L'EFFICACITÉ DES MOYENS DE LUTTE CONTRE LA
FRAUDE FISCALE AU BURKINA FASO : CAS DE LA FACTURE
NORMALISÉE
Présenté et soutenu publiquement par
: LANKOANDE Richard
Directeur de mémoire : M. TIANKUY
Clément Inspecteur des impôts Enseignant à
ESCO-IGES
Année académique : 2018-2019
AVERTISSEMENT
L'École Supérieure de Commerce et d'Informatique
de Gestion (ESCO-IGES) n'entend donner aucune approbation ou improbation aux
opinions émises dans le présent mémoire. Celles-ci
doivent, par conséquent, être considérées comme
propres à leur auteur.
DÉDICACE
II
À mes très chers père et mère,
LANKOANDE D. Michel et THIOMBIANO T. Lucie.
REMERCIEMENTS
III
La réalisation de la présente oeuvre a vu la
collaboration d'un certain nombre de personnes qu'il convient de remercier.
Ainsi, nous adressons nos vifs remerciements :
Ø à notre Directeur de mémoire, monsieur
Clément TIANKUY, Inspecteur des impôts, Conseiller fiscal à
la Poste Burkina Faso, pour sa disponibilité, sa collaboration et ses
précieux conseils ;
Ø aux agents des services des impôts, pour leurs
apports multiformes, notamment :
· Monsieur Auguste OKOKO, chef du Service de gestion de la
facture normalisée (SGFN) de la DGI ;
· Monsieur Yassiya BELEM, chef du service des
enquêtes de la Direction des enquêtes et des recherches fiscales
(DERF) de la DGI ;
· Monsieur Bernard OUÉDRAOGO, chef du service de la
programmation et du suivi des contrôles de la Direction du contrôle
fiscal (DCF) de la DGI ;
· Monsieur Achille KY, chef de la brigade de
vérification de la DGE et l'ensemble de ses collaborateurs ;
· Monsieur Lassané KARGOUGOU, chef de la brigade de
vérification n° 2 de la DME C II et l'ensemble de ses
collaborateurs ;
· Monsieur Jacob BAYALA, chef de la brigade de
vérification n° 2 de la DME C I ainsi que l'ensemble de ses
collaborateurs ;
Ø à l'ensemble de nos enseignants, pour les
connaissances dont nous avons bénéficié à travers
les différents modules qu'ils nous ont dispensés ;
Ø à l'ensemble de nos camarades de classe, pour
la bonne ambiance que nous avons partagée tout le long de notre
formation et en particulier à monsieur Basile YAMÉOGO, Inspecteur
des impôts, pour sa précieuse collaboration ;
Ø à tous les membres de notre famille et
à nos amis, pour leurs soutiens multiformes ;
Ø à toutes ces personnes non citées qui
nous ont apporté une aide quelconque, directement ou indirectement ;
Veuillez trouver en ce travail, le fruit de nos efforts
conjugués.
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
iv
Al. : Alinéa
AMD : Avis de mise en demeure
AMR : Avis de mise en recouvrement
AN : Assemblée nationale
Art. : Article
ATD : Avis à tiers détenteur
BF : Burkina Faso
CA : Chiffre d'affaires
C. const. : Conseil constitutionnel
Cass. crim. : Chambre criminelle de la Cour de cassation
CGI : Code général des impôts
CI : Code des impôts
CCVA : Centre de contrôle des véhicules
automobiles
CME : Contribution des microentreprises
CNT : Conseil national de la transition
CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le commerce
et le développement
CSB : Contribution du secteur boissons
DCF : Direction du contrôle fiscal
DERF : Direction des enquêtes et des recherches
fiscales
DGE : Direction des grandes entreprises
DGFiP : Direction générale des finances
publiques
DGI : Direction générale des impôts
DLC : Direction de la législation et du contentieux
DME C I : Direction des moyennes entreprises du centre I
DME C II : Direction des moyennes entreprises du centre II
DME HB : Direction des moyennes entreprises des hauts
bassins
DPI : Direction provinciale des impôts
V
DR : Direction de rattachement
Dr : Docteur
Éd. : Édition
ENAREF : École nationale des régies
financières
ESCO-IGES : École supérieure de commerce et
d'informatique de gestion
FCFA : Franc de la communauté financière
africaine
IBICA : Impôt sur les bénéfices
industriels, commerciaux et agricoles
IBNC : Impôt sur les bénéfices des
professions non commerciales
Ibid. : Ibidem (précédemment
cité)
IFU : Identifiant financier unique
In fine : À la fin
Infra : Inférieur
IRC : Impôt sur le revenu des créances,
dépôts et cautionnements
IRCM : Impôt sur le revenu des capitaux mobiliers
IRVM : Impôt sur le revenu des valeurs
mobilières
IS : Impôt sur les sociétés
LONAB : Loterie nationale burkinabè
LPF : Livre de procédures fiscales
M. : Monsieur
MECeF : Machines électroniques certifiées de
facturation
MEF : Ministère de l'économie et des finances
MINEFID : Ministère de l'économie, des finances
et du développement
N° : Numéro
ONEA : Office national de l'eau et de l'assainissement
Op. cit. : Opere citato (cité plus
haut)
p. : Page
PNDES : Plan national de développement
économique et social
Pr : Professeur
PUF : Presses universitaires de France
QPC : Question prioritaire de constitutionnalité
vi
RNI : Régime du bénéfice du réel
normal d'imposition
RSI : Régime du bénéfice du réel
simplifié d'imposition
SG : Secrétariat général
SGFN : Service de gestion de la facture normalisée
SONABHY : Société nationale burkinabè
d'hydrocarbures SONAPOST : Société nationale des postes du
Burkina Faso
Ss : Suivant (e)s
Supra : Supérieur
TEC : Tarif extérieur commun
TGI : Tribunal de grande instance
TVA : Taxe sur la valeur ajoutée
UEMOA : Union économique et monétaire ouest
africaine
UR : Unité de recouvrement
UV : Ultra-violet
Vol. : Volume
Voy. : Voyez
I.
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
VII
Liste des tableaux
V' Tableau 1 : Répartition des entreprises par
régime d'imposition au 01/01/2018 .12
V' Tableau 2 : État des moyens humains des brigades de
vérification au 08/05/2019 13
V' Tableau 3 : Évolution des recettes annuelles de la TVA
de 2014 à 2018 en FCFA.....37
V' Tableau 4 : Évolution mensuelle des recettes de TVA de
2017 à 2018 en FCFA 39
V' Tableau 5 : Évolution des recettes d'impôts sur
le bénéfice de 2014-2018 en FCFA 41
V' Tableau 6 : État des poursuites pénales des
infractions fiscales en France (2015-
2017) 52
II. Liste des graphiques
V' Graphique 1 : Courbe d'évolution des recettes annuelles
de la TVA de 2014-2018 38 V' Graphique 2 : Courbe d'évolution des
recettes d'impôts sur le bénéfice de 2014-
2018 ..41
.
RÉSUME
VIII
Comme dans tous les pays où le phénomène
existe, la fraude fiscale constitue pour le Burkina Faso, une entrave
importante à la mobilisation des ressources fiscales. Or, pour le
Burkina Faso, à l'image de nombre de pays, les ressources fiscales
représentent la principale source de financement des projets de
développement. De ce fait, la lutte contre la fraude fiscale s'impose
comme une priorité. C'est ainsi que, s'inspirant de l'exemple de
certains pays, le Burkina Faso a mis en place la facture normalisée que
l'on peut décrire comme l'un de ses derniers moyens de lutte contre la
fraude fiscale.
Après deux années de mise en oeuvre de ce
nouveau moyen, la présente étude se donne pour objectif de faire
une analyse de son efficacité, en faisant ressortir ses forces et
faiblesses puis en dégageant des suggestions, pour améliorer son
efficacité dans la lutte contre la fraude fiscale au Burkina Faso.
ABSTRACT
ix
As in all countries where the phenomenon exists, tax fraud
constitues for Burkina Faso, an important obstacle to the mobilization of
fiscal ressources. However, for Burkina Faso, like many countries, fiscal
ressources are the main source of financing for development projects. As a
result, the fight agains tax fraud is a priority. Thus, inspired by the example
of certain countries, Burkina Faso has implemented the standard bill that can
be disribed as one of his last means of fight against tax fraud.
After two years of implementation of this new mean, this study
aims to make an analysis of its efftiveness, highlighting its strengths and
weaknesses and then making suggestions to improve its effectiveness in the
fight against tax fraud in Burkina Faso.
AVANT PROPOS
X
L'École Supérieure de Commerce et d'Informatique
de Gestion (ESCO-IGES) est un établissement privé d'enseignement
supérieur du Burkina Faso reconnu par l'État, par
arrêté n° 2000/444/MESSRS du 16 mai 2000. Présent
à Ouagadougou, le Groupe ESCO-IGES propose les formations suivantes en
cours du jour, du soir et en ligne, dans les filières et cycles suivants
:
v PREMIER CYCLE (BAC+3) :
- Banque microfinance
- Finance-comptabilité
- Marketing et gestion commerciale
- Communication d'entreprise
- Transport logistique
- Gestion des ressources humaines
- Science de gestion
- Administration des affaires : vente et marketing internet
- Management des grands évènements
- Secrétariat bureautique
- Gestion des réseaux informatiques
v SECOND CYCLE (MASTER) :
- Gestion des ressources humaines
- Droit des affaires et fiscalité
- Finance, comptabilité et audit
- Marketing et communication d'entreprise
- Management des projets
- Banque finance
- Transport logistique
- Marketing et stratégie
De plus et en raison de la forte demande, l'école
continue de délivrer des diplômes de DTS et de Maîtrise. Le
groupe ESCO-IGES délivre des diplômes reconnus par le CAMES ainsi
que des diplômes européens reconnus au niveau international
grâce à son partenariat avec la Fondation Mercure de Bruxelles
(Belgique). Elle est également en partenariat avec l'Université
de Ouagadougou (Burkina Faso) et est en collaboration avec des institutions
bancaires dont la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD).
SOMMAIRE
xi
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE ET
MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE 4
CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE 5
I. La fraude fiscale 5
II. La facture normalisée 15
CHAPITRE II. MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE
26
I. Démarche méthodologique 26
II. Limites de l'étude 29
DEUXIÈME PARTIE : L'EFFICACITÉ DE LA
FACTURE NORMALISÉE DANS LA
LUTTE CONTRE LA FRAUDE FISCALE AU BURKINA FASO
31
CHAPITRE III : IMPACT DE LA FACTURE NORMALISÉE
DANS LA LUTTE
CONTRE LA FRAUDE FISCALE 32
I. Un moyen de sécurisation des transactions commerciales
32
II. Un moyen de renforcement de la mobilisation des recettes
fiscales 36
CHAPITRE IV : SUGGESTIONS POUR L'AMÉLIORATION DE
L'EFFICACITÉ DE LA FACTURE NORMALISÉE ET VÉRIFICATION
DES
HYPOTHÈSES 43
I. Suggestions pour l'amélioration de l'efficacité
de la facture normalisée 43
II. Vérification des hypothèses 54
CONCLUSION GÉNÉRALE 57
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Le Burkina Faso est un pays enclavé d'Afrique
subsaharienne, à faible revenu et aux ressources naturelles
limitées1. Il tire l'essentiel de ses
revenus, des impôts et taxes. Ces différentes contraintes
naturelles, couplées à certains effets de l'intégration
économique2 et de la crise économique3 ont
contribué à placer les recettes fiscales propres au premier rang
du financement du budget national. Il ne semble donc pas exagéré
de dire que le développement du Burkina Faso repose en grande partie sur
sa capacité à mobiliser des recettes fiscales. Toutefois, tandis
que l'État burkinabè place son espoir dans la mobilisation de
recettes fiscales pour financer ses projets de
développement4, certains contribuables s'évertuent par
des manoeuvres frauduleuses, à trouver des moyens de se soustraire au
paiement de l'impôt dû. Cette situation contrarie à la fois
l'efficacité et l'équité dans la collecte des ressources
publiques5 et menace gravement le développement national.
1. Problématique
Comme de nombreux pays dans le monde, le Burkina Faso est
confronté au phénomène de la fraude fiscale qui
entraîne de fâcheuses conséquences sur l'économie
nationale. Pour contrer le mal , de nombreuses solutions ont déjà
été expérimentées6 mais force est de
constater que le phénomène persiste au Burkina Faso. Pire, la
fraude fiscale n'a cessé de s'étendre et de se diversifier aussi
bien dans le domaine de la facturation que dans divers autres
domaines7. Dans sa quête permanente de moyens efficaces de
lutte contre la fraude fiscale, le fisc burkinabè, à travers le
législateur, a mis en place un nouveau dispositif : la facture
normalisée.
Entrée en vigueur le 1er mars 2017 au
Burkina Faso, la facture normalisée a été
présentée comme un moyen sûr de lutte contre la fraude
fiscale liée à la facturation. Après un peu plus de
-1 Voy. Burkina Faso vue d'ensemble, sur
www.banquemondiale.org/fr/contry/burkinafaso/overview,
consulté le 03/01/2018 à 13 h 24 min.
2 L'intégration économique
régionale, avec la suppression des obstacles tarifaires et non
tarifaires au commerce régional et l'instauration d'un tarif
extérieur commun pour les importations non régionales entraine
à la fois, une baisse des recettes fiscales sur les importations
régionales et non régionales. Voy. dans ce sens, pour le cas de
l'UEMOA, B. DECALUWÉ et al., « Union douanière au sein de
l'UEMOA : une analyse quantitative » in Revue économique
2001/4 (Vol. 52), p. 811 et Ss.
3 La crise économique a eu notamment pour
effet, la réduction de l'aide publique au développement. Voy.
dans ce sens, Conférence des Nations Unies sur le commerce et le
développement, Le développement économique en Afrique
: Rapport 2016, dynamique de la dette et financement du développement en
Afrique, New York et Genève, CNUCED, 2016, p. 58 et Ss.
4 C'est notamment le cas du Plan national de
développement économique et social (PNDES).
5 C. BAZART, La fraude fiscale :
modélisation du face-à-face État-contribuables,
thèse de doctorat, Université Montpellier I, p. 1.
6 Segmentation des contribuables, sensibilisations,
contrôles, collaboration interservices, répression, etc.
7 Voy. supra., p. 7 et Ss.
[1]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
deux années de mise en oeuvre, comment peut-on
améliorer l'efficacité de la facture normalisée dans la
lutte contre la fraude fiscale ? Qu'est-ce que c'est que la fraude fiscale ? En
quoi consiste le mécanisme de la facture normalisée ? Quelles
sont les acquis et les insuffisances de ce mécanisme, dans la lutte
contre la fraude fiscale ? Quelles sont les moyens pour renforcer
l'efficacité de la facture normalisée dans cette lutte qui semble
interminable ?
2. Présentation de l'étude
La présentation de l'étude sera
déclinée à travers son objet et ses objectifs.
2.1.Objet de l'étude
La présente étude porte sur l'efficacité
de la facture normalisée comme moyen de lutte contre la fraude fiscale
au Burkina Faso.
2.2.Objectifs de l'étude
L'étude comporte un objectif général et des
objectifs spécifiques.
2.2.1. Objectif général
La présente étude vise à contribuer
à la réflexion sur les moyens de renforcer l'efficacité de
la facture normalisée, dans la lutte contre le phénomène
de la fraude fiscale au Burkina Faso.
2.2.2. Objectifs spécifiques
L'étude devra de façon spécifique permettre
de :
- présenter le cadre conceptuel de la fraude fiscale et
celui de la facture normalisée ; - analyser l'impact de la facture
normalisée dans la lutte contre la fraude fiscale ;
- déceler les insuffisances de la facture
normalisée et formuler des suggestions pour améliorer son
efficacité dans la lutte contre la fraude fiscale au Burkina Faso.
3. Hypothèses de l'étude
L'étude comporte une hypothèse de départ et
plusieurs hypothèses secondaires.
3.1.Hypothèse de
départ
L'hypothèse de départ est que la facture
normalisée est un moyen efficace de lutte contre la fraude fiscale mais
cette efficacité peut encore être améliorée.
3.2.Hypothèses secondaires
[2]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
L'étude comporte trois hypothèses secondaires que
sont :
- la mise en oeuvre de la facture normalisée au Burkina
Faso permet à l'administration fiscale d'engranger d'importants acquis
dans la lutte contre la fraude fiscale ;
- le système de la facture normalisée comporte des
insuffisances non négligeables ;
- l'efficacité de la facture normalisée dans la
lutte contre la fraude fiscale peut être renforcée à
travers certaines actions.
4. Intérêt de l'étude
La présente étude revêt un double
intérêt théorique et pratique. D'un point de vue
théorique, son intérêt se traduit d'abord par
l'actualité du thème8. La facture normalisée
est l'une des dernières mesures de la Direction Générale
des Impôts (DGI) pour contrer la fraude fiscale au Burkina Faso. Aborder
un tel thème permettra de faire une évaluation à
mi-parcours de sa mise en oeuvre, d'en déceler les forces et faiblesses
afin d'apporter des suggestions d'amélioration. Sur le plan pratique
cette étude permettra à travers les suggestions proposées,
de contribuer à la réflexion pour parvenir sur le terrain,
à lutter plus efficacement contre la fraude fiscale, à
améliorer les recettes fiscales nationales et à booster ainsi
l'économie du Burkina Faso.
5. Résultats attendus Au terme de notre
étude, nous escomptons parvenir aux résultats suivants :
- le cadre conceptuel de la fraude fiscale et celui de la
facture normalisée sont clairement présentés ;
- les effets de la facture normalisée sur la fraude
fiscale au Burkina Faso sont recensés et analysés ;
- les insuffisances de la facture normalisée comme
moyen de lutte contre la fraude fiscale sont décelées et des
suggestions sont proposées.
La présente étude sera menée en deux
parties. Dans la première partie, nous présenterons le cadre
théorique et la méthodologie de l'étude et dans la seconde
partie, nous analyserons l'efficacité de la facture normalisée
dans la lutte contre la fraude fiscale au Burkina Faso.
8 La facture normalisée en raison de sa
nouveauté, fait encore l'objet de nombreux ateliers de formation et de
sensibilisation.
[3]
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE ET
MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE
Cette première partie comprend deux chapitres. Le
premier chapitre est consacré au cadre théorique. Il
présente les deux concepts essentiels de ce travail à savoir la
fraude fiscale et la facture normalisée. Le deuxième chapitre
traite de la méthodologie de l'étude. Il indique comment la
recherche a été menée pour aboutir à la
réalisation du présent travail.
LANKOANDE Richard
[4]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE
Là où il y'a la fiscalité, là
aussi se trouve le risque de fraude fiscale. Ce triste constat montre que le
risque de fraude fiscale est présent partout dans le monde. Le Burkina
Faso n'est pas en reste. Ce phénomène aux multiples facettes
frappe durement le pays des hommes intègres. Dans ses efforts de lutte
contre la fraude fiscale, le Burkina Faso, à la suite de certains pays
africains tels que la Côte d'Ivoire, le Togo et le Ghana notamment, fait
l'expérience de la facture normalisée. Le présent chapitre
vise à présenter les notions clefs de notre étude à
savoir, la fraude fiscale (I) et la facture normalisée (II).
I. LA FRAUDE FISCALE
La fraude fiscale sera présentée en abordant une
présentation plus ou moins large du concept (I.1) puis en questionnant
ses causes et conséquences (I.2).
I.1. Présentation de la fraude fiscale
Il sera question de définir la fraude fiscale (I.1.1) et
d'en rechercher les manifestations (I.1.2). I.1.1. Définition de
la fraude fiscale
D'un point de vue étymologique, le mot fraude vient du
latin ``fraus» qui signifie «ruse''9. Il s'agit
d'une « action faite de mauvaise foi dans le but de tromper
»10. Le dictionnaire Larousse lui, définit la
fraude comme une tromperie, un acte de mauvaise foi. Ces deux
définitions de la fraude mettent toutes l'accent sur la mauvaise foi et
l'intention de tromper de l'auteur de la fraude. La fraude, intervenue en
matière fiscale, prend la dénomination de «fraude fiscale''.
En se référant au Code général des
impôts11 (CGI), il importe de noter que le législateur
burkinabè n'a pas défini expressément la notion de fraude
fiscale. Il s'est limité à énoncer des sanctions au
non-respect des obligations fiscales12. La fraude fiscale, bien que
beaucoup étudiée, est une notion dont les contours sont
difficiles à cerner13.
Selon les auteurs Lucien MEHL et Pierre BELTRAME, la fraude
fiscale s'entend de « l'infraction à la loi fiscale ayant pour
but d'échapper à l'imposition et d'en réduire les
9 Sur l'étymologie du mot «fraude''
voy.
https://fr.m.wiktionary.org//wiki/fraude
, consulté le 21 janvier 2018 à 16 h :07 min.
10 Ibid.
11 Longtemps attendu, le CGI burkinabè a
finalement été adopté le 20 décembre 2017. Ce code
regroupe au sein d'un même texte de loi, l'ensemble des textes fiscaux du
Burkina Faso jusque-là disparates.
12 Pour les sanctions au non-respect des obligations
fiscales, voy. les articles 753 et suivants du CGI.
13 Cela est notamment due à
l'étroitesse de la frontière qu'elle partage avec d'autres
notions dont l'évasion fiscale. Voy. dans ce sens, J.-C. MARTINEZ,
La fraude fiscale, Paris, PUF, 1984, p. 4 et Ss.
[5]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
bases »14. Pour Filiga Michel
SAWADOGO, la fraude fiscale est « une infraction à la loi
fiscale ayant pour but d'échapper à l'impôt ou d'en
minimiser le montant »15. C'est dans le même
registre que s'inscrit la définition de Gérard CORNU qui estime
que la fraude fiscale est le « fait d'échapper à
l'impôt par des moyens répréhensibles, c'est-à-dire
par des procédés ou des manipulations que la loi permet de
réprimer »16. À travers ces
différentes définitions, on peut donc retenir deux
éléments importants servant de définition à la
fraude fiscale. Il s'agit d'abord d'un acte de violation
délibérée de la loi fiscale. Ensuite, cet acte est
posé dans le but de se soustraire à l'impôt, en tout ou
partie. Mais la fraude fiscale peut également exister en dehors des
hypothèses dans lesquelles le contribuable vise soit à
échapper totalement soit à minimiser le montant de l'impôt.
C'est par exemple le cas d'un contribuable qui adresse une demande à
l'administration fiscale et se fait rembourser un montant de crédit TVA
fictif 17.
De ce qui précède, on peut donc retenir que la
fraude fiscale est un acte de transgression délibérée de
la loi fiscale dans le but soit d'échapper à l'impôt ou
d'en réduire le montant, soit d'obtenir de l'administration fiscale, le
remboursement d'une somme indue. En tout état de cause, l'infraction de
fraude fiscale suppose au préalable, l'existence d'un texte de loi au
sens large du terme qui incrimine le comportement visé, lui donnant
ainsi sa nature infractionnelle18. La constitution de l'infraction
de fraude fiscale ainsi prévue par ledit texte exige la réunion
de deux éléments :
Ø l'élément matériel qui est
constitué par le fait pour le contribuable d'accomplir l'acte
incriminé ;
Ø l'élément moral qui est réuni
lorsque le contribuable pose l'acte matériel dans l'intention de se
soustraire de ses obligations fiscales ou d'obtenir de l'administration
fiscale, le remboursement d'une somme indue, donc tout en étant
conscient de ce que l'acte qu'il pose est contraire à la
loi19.
14 L. MEHL et P. BELTRAME, Sciences et techniques
fiscales, Paris, PUF, 1984, p. 786.
15 F. M. SAWADOGO, Précis de droit fiscal
burkinabè, Namur, A. Bolland, 1991, p. 72.
16 G. CORNU, Vocabulaire Juridique,
Association Henri Capitant, QUADRIGE/PUF, 2012, p. 478.
17 Voy. dans ce sens, l'art. 779 du CGI.
18 C'est ce que certains auteurs qualifient de
«préalable légal» au lieu de
«l'élément légal», pour ne pas donner
l'impression que la prescription légale est également un
élément de l'infraction. Voy. dans ce sens, J. PRADEL, Droit
pénal général, Paris, Cujas, 1996, p. 358, n°
295.
19 Il est généralement fait
application de la règle selon laquelle « nemo Laure ignorare
legem » qui signifie que « nul n'est censé ignorer la
loi ».
[6]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
Ces deux éléments sont cumulatifs de sorte que
le défaut de l'un empêche la constitution de l'infraction de
fraude fiscale20. Tout comme au Burkina Faso, en France, il n'y a
pas délit de fraude fiscale si la preuve n'est pas apportée que
le contribuable a agi délibérément21. Mais la
jurisprudence française a établi que l'élément
intentionnel est un élément non seulement déterminant mais
aussi suffisant pour qualifier la fraude fiscale22 dont les
manifestations sont diverses.
I.1.2. Les manifestations de la fraude fiscale
La manifestation d'un phénomène désigne
la manière dont il est perceptible, la manière dont il se
révèle. Ainsi, les manifestations de la fraude fiscale
répondent donc à la question de savoir les différentes
formes sous lesquelles, elle se présente. Il faut noter que «
la nature humaine est très ingénieuse en la matière,
surtout lorsque ses intérêts matériels sont en jeu
»23. Les auteurs de fraude fiscale usent de divers
subterfuges pour se soustraire à leurs obligations fiscales. Puisque
notre thème vise à analyser l'efficacité de la facture
normalisée comme moyen de lutte contre la fraude fiscale, et que la
facture normalisée vise principalement la protection de la
TVA24, nous classerons les manifestations de la fraude fiscale selon
qu'elles concernent le cas spécifique de la fraude à la TVA ou
les formes générales de fraude fiscale.
I.1.2.1. Le cas spécifique de fraude à la
TVA
Par fraude à la TVA, il faut entendre la fraude
fiscale portant exclusivement sur la TVA à l'exclusion des autres formes
de fraude fiscale. Concernant ce type de fraude, on peut relever entre autres
la facturation illégale de la TVA, la déduction de TVA fictive,
les fausses exportations, le non reversement de la TVA due.
I.1.2.1.1. La facturation illégale de la TVA25
Cette forme de fraude concerne les contribuables de la CME et
du RSI à qui, il est interdit de collecter la TVA26. Certains
contribuables relevant de ces régimes d'imposition bravent souvent
20 F. M. SAWADOGO et S. DEMBÉLÉ,
Précis de droit fiscal burkinabè, Ouagadougou, Maison du
droit, 2015, p. 112.
21 La preuve du caractère intentionnel doit
être apportée par l'administration fiscale selon l'art. 227 du
livre de procédure fiscal français. Cette exigence est
corroborée par la jurisprudence. Voy. en ce sens, Cass. crim., 25 mai
1987, n° 85-95191.
22 Voy. en ce sens, Cass. crim, 6 décembre
1993, n° 93-80803.
23 A. HOFER, La fraude fiscale en Suisse,
Grounauer, 1978, p. 59.
24 Voy. supra., p. 15.
25 Direction du Contrôle Fiscal, La
cartographie de la fraude en matière de taxe sur la Valeur
Ajoutée (TVA), Formation du 14 avril 2015, p. 19.
26 Au sens de l'art. 300 al. 1er du CGI
seules les entreprises relevant du réel normal d'imposition sont
habilitées à collecter la TVA sauf cas d'option pour certaines
catégories de contribuables prévus à l'art. 301 al.
1er du CGI.
[7]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
l'interdiction et facturent à leurs clients, la TVA.
Et, puisqu'ils ne sont pas des redevables légaux assujettis aux
obligations déclaratives de la taxe, ils la gardent sans la reverser au
fisc.
I.1.2.1.2. La déduction de TVA fictive27
Certains contribuables qui estiment avoir collecté un
montant important de TVA utilisent de fausses factures pour déduire la
TVA, afin de minimiser la TVA nette à payer. Ainsi, ils peuvent soit,
procéder à la falsification de factures d'une entreprise connue
tout en respectant les mentions obligatoires prévues par la loi, soit,
faire recours à des factures délivrées par une entreprise
fictive appelée «entreprise taxi», dont la seule
activité est la vente de fausses factures qui présentent toutes
les apparences de factures authentiques. Cette situation peut prendre une
proportion plus grave lorsque par l'usage de ces fausses factures, le
contribuable en vient à se constituer un montant de crédit TVA
fictif et à introduire une demande auprès de l'administration
fiscale pour en demander le remboursement28.
I.1.2.1.3. Les fausses exportations29
L'article 307-2 du CGI exonère de la TVA, les
marchandises et services exportés. Abusant de cette exonération,
certains contribuables échappent au paiement de la TVA en
déclarant parmi les exportations, des services exécutés ou
des marchandises vendues et livrées au Burkina Faso. Par cette
manoeuvre, ils minorent le montant de la TVA collectée.
I.1.2.1.4. Le non reversement de la TVA due
Le non reversement de la TVA due vise deux situations. D'une
part, il y a l'hypothèse où la taxe est due par le redevable,
pour son propre compte. Dans ce cas, bien qu'ayant légalement
facturé la TVA, ce dernier omet volontairement de déclarer et de
reverser la TVA due conformément aux dispositions de l'article 334 du
CGI. D'autre part, il y a le cas de la TVA pour compte de tiers qui doit
être déclarée et payée par le représentant du
redevable non domicilié au Burkina Faso ou par le
bénéficiaire de l'opération imposable, conformément
aux termes de l'article 302 du CGI30. Dans ce cadre, certaines
entreprises, agissant en qualité de
représentant
27 Direction du Contrôle Fiscal, op.cit.,
p. 10 et Ss.
28 C'est l'hypothèse évoquée
par l'art. 779 du CGI. En France, cette manoeuvre a également
été qualifiée de délit d'escroquerie. Voy. dans ce
sens, Cass., crim., 10 décembre 1969, aff. Berntein, Terre et autres ;
Cass. Crim, 6 avril 2011, n° 10-85209.
29 Direction du Contrôle Fiscal, op.cit.,
p. 16 et Ss.
30 L'art. 302 du CGI dispose que «
lorsqu'un redevable n'est pas domicilié au Burkina Faso, il doit
faire accréditer auprès d'un service des impôts, un
représentant domicilié au Burkina Faso qui s'engage à
remplir les formalités incombant à ce redevable et à
acquitter la taxe à sa place.
À défaut, la taxe et le cas
échéant les pénalités, sont exigées de la
personne destinataire de l'opération imposable ».
[8]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
du redevable non domicilié au Burkina Faso ou de
bénéficiaire de l'opération imposable
prélèvent la TVA pour compte de tiers mais omettent
délibérément de la déclarer et de la reverser au
fisc.
Les formes de fraude à la TVA sont multiples et
variées. Mais en matière de fraude fiscale, elles ne sont pas les
seules. Il en existe de plus générales.
I.1.2.2. Les formes générales de fraude
fiscale
Les formes générales de fraude fiscale sont des
manifestations de fraude fiscale qui peuvent intéresser tous type
d'impôt ou taxe. Le Code général des impôts, en son
article 806-1 prévoit des manifestations qui se veulent très
englobantes31. Il s'agit de la dissimulation volontaire de sommes
sujettes à l'impôt, de l'organisation par le contribuable, de son
insolvabilité et le fait de mettre obstacle par d'autres manoeuvres au
recouvrement de l'impôt32.
I.1.2.2.1. La dissimulation volontaire de sommes sujettes
à l'impôt
Pour réduire le montant de leurs impôts, de
nombreux contribuables, tirant profit du fait que le système fiscal est
déclaratif, ne déclarent qu'une partie des sommes imposables.
D'autres d'ailleurs, choisissent de ne faire aucune déclaration. Ce type
de fraude fiscale est généralement le but visé par les
contribuables en cas de tenue d'une double comptabilité, de minoration
de chiffre d'affaires, d'omission volontaire de déclaration ou de
fausses déclarations volontaires portant sur des revenus ou d'autres
biens, d'omission volontaire de passation d'écritures ou de passation
volontaire d'écritures inexactes ou fictives, de présentation
systématique de bilans toujours déficitaires, d'utilisation
frauduleuse de numéro IFU d'autrui, des transferts
déguisés de bénéfices à
l'étranger33 pour lesquels la fraude prend un
caractère international, etc.
I.1.2.2.2. L'organisation par le contribuable de son
insolvabilité
Elle concerne toute manoeuvre par laquelle, un contribuable
tend à se rendre insolvable aux yeux du fisc dans le but
d'empêcher l'administration fiscale de recouvrer l'impôt dû.
C'est par exemple le cas d'un contribuable SARL fiscalement très
endetté qui, afin d'éviter une saisie de
31 L'art. 806-1 du CGI dispose que « sans
préjudice des dispositions particulières prévues par la
présente codification, quiconque s'est frauduleusement soustrait ou a
tenté de se soustraire frauduleusement au paiement total ou partiel
d'impôts ou de taxes, soit qu'il ait volontairement dissimulé une
part des sommes sujettes à l'impôt, soit qu'il ait organisé
son insolvabilité ou mis obstacle par d'autres manoeuvres au
recouvrement de l'impôt, est passible [...] ».
32 Pour d'autres analyses sur ces formes de fraude
fiscale, voy. P. D. MALTA, Droit fiscal pénal, Paris, PUF,
1992, p. 188 et Ss, n° 318 à 320.
33 Sur les transferts de bénéfices
à l'étranger, voy. P. SERLOOTEN., Droit fiscal des
affaires, Paris, Dalloz, 14e éd. 2015, p. 449 et Ss.
[9]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
ses biens, qu'il sait imminente, par l'administration
fiscale, organise la sortie desdits biens de son patrimoine, par des actes de
mutation à titre gratuit ou onéreux.
I.1.2.2.3. L'obstruction au paiement de l'impôt par
d'autres manoeuvres
Parmi les manifestations de la fraude fiscale, l'article
806-1 du CGI cite en troisième lieu le fait de mettre obstacle par
d'autres manoeuvres au paiement de l'impôt. Il s'agit là d'une
façon très habile pour le législateur de ratisser large
afin d'inclure dans l'incrimination, des formes de fraude fiscale qui n'ont pas
été expressément citées ou qui pourraient
apparaître avec le temps si l'on se fie à l'habileté de
l'esprit humain en la matière. Cette portion de phrase permet donc, pour
certaines formes de fraude fiscale que l'on souhaiterait réprimer
pénalement, de rester en phase avec le principe « nullum crimen
sine lege, nulla poena sine lege »34.
L'exposé des manifestations de la fraude fiscale nous
permet d'en rechercher les causes et les conséquences.
I. 2. Causes et conséquences de la fraude fiscale
au Burkina Faso
Il sera successivement abordé dans cette partie, les
causes (I.2.1) puis les conséquences du phénomène de la
fraude fiscale (I.2.2) au Burkina Faso.
I.2.1. Les Causes de la fraude fiscale
Les causes de la fraude fiscale sont nombreuses et
variées. Ces causes peuvent être regroupées selon qu'elles
sont psychologiques ou économiques.
I.2.1.1. Les causes psychologiques
Il convient de noter que la fraude fiscale fait appel
à la psychologie du contribuable. Certains auteurs estiment cet argument
« peu convainquant et surtout difficile à établir en
raison de l'universalité de la fraude dans le temps et dans l'espace
» 35 . Il nous semble pourtant important de le retenir car
très souvent, la mentalité des contribuables est
défavorable au paiement de l'impôt. Nombreux sont les
contribuables qui considèrent l'impôt comme une restriction de
leur liberté. Cet état de fait les place dans une situation de
recherche continuelle de moyens pour y échapper, tout en
bénéficiant assez souvent d'une large tolérance d'une
partie importante de l'opinion publique. C'est du reste, pourquoi, un auteur a
conclu que « jamais fléau n'a été
34 C'est la règle selon laquelle il n'y a
ni infraction, ni sanction pénale sans texte légal. Voy. dans ce
sens, l'art. 111-1 du nouveau Code pénal burkinabè.
35 F. M. SAWADOGO et S DEMBÉLÉ,
Précis de droit fiscal burkinabè, Ouagadougou, Maison du
droit, 2015, p. 113,
[10]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
considéré autant que la fraude
douanière et fiscale avec autant d'indulgence et de complaisance. C'est
peu dire que les fraudeurs bénéficient auprès du public
d'un préjugé favorable. Ils ne sont que trop souvent apparus sous
l'étiquette d'hommes intelligents, seuls capables de déjouer les
mille rets tendus par une administration tracassière
»36. Cette situation concourt fortement à
créer un climat favorable à la fraude fiscale et à
l'incivisme fiscal de manière générale37.
I.2.1.2. Les causes économico-structurelles
Les causes économico-structurelles concernent le choix
du système fiscal déclaratif, la prédominance du secteur
informel et l'insuffisance des contrôles fiscaux.
I.2.1.2.1. Le choix du système fiscal
déclaratif
Le phénomène de la fraude fiscale au Burkina
Faso est fortement lié au système fiscal lui-même. En
effet, le système fiscal burkinabè est essentiellement
déclaratif38. C'est un système dans lequel,
l'État fait confiance au citoyen qui liquide, déclare et paie son
impôt. Il s'agit d'une sorte de « contrat moral implicite
»39 entre l'État et les contribuables. Les
déclarations ainsi produites bénéficient d'une
présomption d'exactitude et de sincérité de sorte que bien
que l'État se réserve le droit d'effectuer un contrôle
a posteriori avec le droit de rectifier les erreurs et omissions
éventuelles puis d'appliquer éventuellement des sanctions, tant
que l'administration fiscale n'a pas rassemblé des
éléments pour mettre en doute les déclarations produites
par les contribuables, elle doit les tenir pour valables40. Un tel
système, dans un environnement socio-économique où le fisc
est perçu comme un spoliateur, est une importante cause de
déperdition de recettes fiscales, tant la tentative de frauder est
grande.
I.2.1.2.2. La prédominance du secteur informel
Selon le Rapport général de la Commission
d'enquête parlementaire sur la fraude fiscale, l'impunité fiscale,
les restes à recouvrer et les chèques impayés,
«la fraude fiscale est un phénomène lié à
la structure de notre économie, principalement
caractérisée par la
36 J. Y. TOÉ, Les aspects fiscaux et
douaniers du développement économique de l'Afrique de
l'ouest, thèse de doctorat d'État, Dijon, 1978, p. 52.
37 Voy. Commission d'enquête parlementaire,
Rapport général sur l'enquête parlementaire sur la
fraude fiscale, l'impunité fiscale, les restes à recouvrer et les
chèques impayés, CNT, 2015, p. 12 et Ss.
38 Le système fiscal burkinabè est
déclaratif sauf pour quelques rares impôts. C'est notamment le cas
de la patente qui fait l'objet d'un avis d'imposition par l'administration
fiscale.
39 C. LOPEZ, Droit pénal fiscal,
Paris, LGDJ, 2012, p. 12.
40 J.-C. MARTINEZ, La fraude fiscale, op. cit.,
p. 27.
[11]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
prédominance du secteur
informel»41. Cette situation s'explique par le fait que le
secteur informel au Burkina Faso est mal maîtrisé sur le plan
fiscal, constituant ainsi un important nid de fraude fiscale. Le tableau
suivant nous permet de constater le poids que représente les entreprises
relevant de la contribution des microentreprises, autrefois
dénommée «contribution du secteur informel», au Burkina
Faso.
Tableau 1 : Répartition des entreprises par
régime d'imposition au 01/01/2018
Régimes d'imposition
|
CSB
|
CME
|
ND
|
RNI
|
RSI
|
Total
|
Nombre
|
66
|
60 389
|
4 818
|
7 455
|
23 286
|
96 014
|
Pourcentage (%)
|
0,07
|
62,90
|
5,02
|
7,76
|
24,25
|
100
|
|
Source : Construit par nous sur la base des informations de la
DCF/DGI
Il en ressort que sur un nombre d'entreprises total de 96 014
au 01 janvier 2018, les entreprises relevant de la contribution des
microentreprises comptent pour un effectif de 60 389, soit un pourcentage de
62,90%. Cette situation rend très difficile la maîtrise de
l'assiette fiscale.
I.2.1.2.3. L'insuffisance et l'inefficacité des
contrôles fiscaux
Le pendant du système fiscal déclaratif se
résume aux contrôles que le fisc effectue sur les
déclarations fiscales des contribuables. En fait, le contrôle
fiscal est l'âme du système déclaratif. On ne saurait donc
penser un tel système fiscal sans contrôle.
Au Burkina Faso, les contrôles fiscaux sont
insuffisants. Cette insuffisance se manifeste d'une part, par le faible taux de
couverture du contrôle fiscal. À titre illustratif, en 2015,
seulement 5% des contribuables ont été
contrôlés42. Pour l'année 2018, la DGI a
enregistré un taux de couverture tous contrôles confondus, de 6%,
hors mis les entreprises relevant de la CME et de la CSB43. D'autre
part, l'insuffisance des contrôles se matérialise par le fait que,
tandis que certains contribuables font l'objet de vérifications plus ou
moins régulières, d'autres ne sont pas vérifiés sur
une très longue période44. Ces différentes
insuffisances s'expliquent, pour le cas spécifique des contrôles
externes, par le fait qu'en raison de la carence des moyens
41 Voy. Commission d'enquête parlementaire,
op.cit., p. 21.
42 Direction Générale des
impôts, État des lieux de la fraude fiscale au Burkina Faso, :
approche de solutions liées aux aménagements et aux
contrôles, sixième conférence annuelle, atelier 1,
Ouagadougou, DGI, 2017, p. 22.
43 La prise en compte des entreprises relevant de
la CME et de la CSB porte le taux de couverture à 2%. Voy. dans ce sens,
annexe 4.
44 S./K. Mariam, Le contrôle fiscal au
Burkina Faso : Quels rapports entre vérificateurs et contribuables pour
une optimisation des recettes fiscales, mémoire, ENAREF 2018, p. 33
et Ss. L'auteur affirme au terme d'une enquête que 26.67% des
contribuables enquêtés ont répondu par la négative,
à la question de savoir s'ils ont fait l'objet d'une vérification
au cours des dix dernières années.
[12]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
matériels45 et humains46, seules
quelques entreprises sont sélectionnées pour être
vérifiées, suivant un mécanisme d'analyse de
critères de risque47. Le tableau suivant donne un
aperçu des moyens humains mis à la disposition des brigades de
vérifications.
Tableau 2 : État des moyens humains des
brigades de vérification au 08/05/2019
Direction de rattachement (DR)
|
Nombre de brigades
|
Nombre d'équipes
|
Nombre d'agents
|
Nombre de contribuables
|
Nombre de contribuables/agent
|
DME C I
|
2
|
13
|
27
|
3 106
|
115
|
DME CII
|
2
|
20
|
40
|
2 744
|
69
|
DME HB
|
1
|
3
|
6
|
10 828
|
1805
|
DGE
|
1
|
16
|
30
|
804
|
27
|
TOTAL
|
6
|
52
|
103
|
17 482
|
170
|
|
Source : construit par nous sur la base des données des
DR et de la DCF/DGI
Il en ressort qu'à la date du 8 mai 201948,
seuls 103 agents sont mis à la disposition des brigades de
vérification de ces quatre directions de rattachement, pour un
portefeuille de 17 482 contribuables, ce qui représente un ratio
très élevé de 170 contribuables par agent.
L'inefficacité des contrôles fiscaux tient au
fait que, de nos jours, les contrôles fiscaux semblent avoir perdu leur
caractère dissuasif pour les contribuables. En effet, chaque
année, à l'issue des contrôles fiscaux, des rappels de
droits simples et des pénalités sont infligés aux
contribuables indélicats mais ces derniers s'exécutent
très rarement. Selon une étude menée par un auteur
burkinabè, le taux de recouvrement annuel des rappels de droits simples
et de pénalités, suite aux redressements fiscaux,
s'établit en moyenne à 3%49. Ainsi, au Burkina Faso,
les sanctions prononcées par l'administration fiscale, à la suite
des redressements fiscaux, n'engagent que les contribuables indélicats
qui acceptent de s'y soumettre. Cette situation qui engendre des restes
à recouvrer importants au fil des années50 trouve son
explication dans le laxisme qu'entretient l'administration fiscale dans
l'application effective des mesures coercitives de recouvrement
45 Il y'a notamment un manque de moyens de
transport obligeant les agents vérificateurs à se déplacer
aux sein des entreprises avec leurs propres moyens de déplacement.
46 Voy. dans ce sens, le tableau ci-dessous.
47 Les critères de risque sont nombreux et
variés. Ils peuvent évoluer d'une année à l'autre.
Des éléments tels que la faiblesse du chiffre d'affaire,
l'importance du montant de la TVA déductible, le fait de n'avoir pas
fait l'objet de vérification sur une certaine période peuvent
constituer des critères de risque de fraude fiscale. Seules les
entreprises qui présentent un fort taux de risque sont proposées
pour être inscrites au programme de vérification.
48 Cette date représente la date à
laquelle, les données sur les moyens humains ont été
collectées.
49 L. KONATE, Impact des sanctions fiscales
dans la mobilisation des recettes fiscales au Burkina Faso, mémoire
ENAREF, 2018, p. 36 et Ss.
50Selon le rapport d'activités 2017 de la
DGI, au 31 décembre 2017, la DGI enregistrait environ 400 milliards de
restes à recouvrer dont les 54,09% représentait la part des
impayés issus des contrôles fiscaux. Voy. Direction
Générale des Impôts, Rapport d'activités
2017, op. cit., p. 44.
[13]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
des impôts et taxes prévues par le
CGI51, encourageant ainsi les contribuables fraudeurs qui n'ont,
désormais, aucune crainte des contrôles fiscaux.
Après avoir passé en revue les causes de la
fraude fiscale, il convient de s'intéresser à présent
à ses conséquences.
I.2.2. Les conséquences de la fraude fiscale
Le phénomène de la fraude fiscale n'est pas sans
conséquences pour un pays en voie de développement comme le
Burkina Faso. Ces conséquences sont d'ordre social et
économique.
I.2.2.1. Les conséquences d'ordre social
La fraude fiscale ébranle le fondement de
l'impôt. En effet, l'impôt se veut juste et équitable.
Autrement dit, chaque contribuable en fonction de ses facultés
contributives, doit ressentir un poids proportionnel, en payant son
impôt, d'où la notion de justice fiscale52. Mais le
phénomène de la fraude fiscale porte une atteinte grave à
la justice fiscale en ce sens que ceux qui fraudent allègent leur charge
fiscale et la transfèrent injustement sur le dos des honnêtes
contribuables53. Ainsi, plus la fraude perdure et se
développe, plus ces honnêtes contribuables ressentiront une forte
pression fiscale susceptible de développer en eux une résistance
au paiement de l'impôt et de les conduire à emboîter les pas
des contribuables fraudeurs.
I.2.2.2. Les conséquences d'ordre
économique
D'un point de vue économique, la fraude fiscale
entraine la perte de recettes fiscales et fausse le libre jeu de la
concurrence.
I.2.2.2.1. La perte de recettes fiscales
La fraude fiscale crée, au préjudice de
l'État, un manque à gagner important. À titre illustratif,
en 2015, le rapport de la Commission d'enquête parlementaire sur la
fraude fiscale, l'impunité fiscale, les restes à recouvrer et les
chèques impayés a estimé que les pertes fiscales annuelles
de l'État, au titre de la fiscalité de porte se situent, pour le
cas de la fraude sur les motos, entre deux milliards deux cent soixante-huit
millions (2 268 000 000) de FCFA et vingt-deux
51 À défaut de paiement
spontané par le contribuable indélicat, des sommes dues à
la suite d'un redressement fiscal, le CGI prévoit la possibilité
pour l'administration fiscale de mettre en oeuvre une procédure de
recouvrement forcé qui peut aboutir à l'avis à tiers
détenteur ou à la fermeture administrative, aux saisies et ventes
des marchandises et biens meubles du contribuable. Voy. supra., p. 50
et Ss.
52 Pour la notion de justice fiscale et ses
différentes théories, voy. C. SANTERRE, La
problématique de la justice fiscale : le cas du Québec,
mémoire, Université de Québec à Montréal,
avril 2010, p. 20 et Ss.
53 F. M. SAWADOGO et S DEMBÉLÉ,
Précis de droit fiscal burkinabè, op. cit.,
n° 13, p. 113.
[14]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
milliards six cent quatre-vingt millions (22 680 000 000) de
FCFA et pour le cas de la fraude sur le carburant, à un montant de
vingt-un milliards huit cent sept millions cent trente-quatre mille huit cent
soixante-quinze (21 807 134 875) FCFA54. La complexité des
chiffres en matière de fraude fiscale est qu'ils ne représentent
que la partie visible de l'iceberg. La réalité des pertes
fiscales est la grande inconnue de la fraude fiscale. Toutefois, ces chiffres
relevés témoignent déjà d'un manque à gagner
considérable pour l'État, le contraignant ainsi, à
recourir à d'autres moyens pour combler ce vide causé par ces
mauvais contribuables55.
I.2.2.2.2. L'entrave à la libre concurrence
Le phénomène de la fraude fiscale fausse le jeu
de la concurrence. Dans une économie de libre marché, les prix
des biens et services sont régulés par le libre jeu de la
concurrence. Or, la fraude a cet effet de permettre aux fraudeurs d'adopter des
prix excessivement bas, empêchant ainsi toute concurrence saine avec les
bons contribuables. Cette forme de concurrence déloyale peut provoquer
la faillite de nombreuses entreprises et réduire de ce fait, le
rendement fiscal.
En somme, les conséquences de la fraude fiscale sont
importantes. Il est donc indiqué d'envisager des moyens pour lutter plus
efficacement contre ce phénomène. C'est du reste dans cet esprit
que s'inscrit la mise en place de la facture normalisée.
II. LA FACTURE NORMALISÉE
Le CGI ne donne pas de définition de la facture
normalisée. Toutefois, on peut retenir que la facture normalisée
est une facture comportant un ensemble de mentions obligatoires prévues
à l'article 564 alinéa 2 du CGI. Elle est notamment régie
par les dispositions des articles 564 à 567 du CGI. De l'ensemble de ces
dispositions qui la régissent au Burkina Faso, on peut retenir que la
facture normalisée doit remplir deux grandes exigences : elle doit non
seulement comporter un certain nombre de mentions obligatoires prévues
par la loi, mais aussi, être revêtue d'un moyen de
sécurisation. Il sera question ici de passer en revue l'institution de
la facture normalisée (II.1) et les modalités de son
contrôle (II.2).
II. 1. L'institution de la facture normalisée
La facture normalisée a été
instituée par l'article 17 de la loi n° 37-2013/AN du 21 novembre
2013 portant loi de finances pour l'exécution du budget de
l'État, gestion 2014 qui modifiait
54 Ibid. p. 50 et Ss.
55 C'est le cas notamment de l'endettement
auprès d'autres institutions, la création d'impôts
supplémentaires ou le relèvement des taux des impôts
déjà existants.
[15]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
ainsi l'article 373 du Code des impôts. Cette
disposition fut modifiée à nouveau par l'article 25 de la loi
n° 106-2015/CNT du 26 décembre 2015 portant loi de finances pour
l'exécution du budget de l'État, gestion 2016. Mais avec
l'adoption de la loi n° 058/2017/AN du 20 décembre 2017 portant
Code Général des Impôts, la facture normalisée est
désormais régie par les articles 564 à 567 dudit Code et
par l'arrêté n° 2014-439/MEF/SG/DGI qui en précise les
conditions d'édition, de gestion et de sécurisation au Burkina
Faso. L'institution de la facture normalisée met, à la charge de
certains contribuables, une obligation d'en délivrer à leurs
clients que nous analyserons (II.1.2) une fois exposés, le contexte
d'institution de la facture normalisée ainsi que les types de factures
normalisées prévus par la loi (II.1.1).
II.1.1. Le contexte et les types de factures
normalisées Le contexte a justifié l'institution de
plusieurs types de factures normalisées.
II.1.1.1. Le contexte de l'institution de la facture
normalisée
L'obligation de délivrance de facture ne date pas de
l'instauration de la facture normalisée. Bien avant la loi n°
37-2013/AN du 21 novembre 2013 portant loi de finances pour l'exécution
du budget de l'État, gestion 2014 qui a institué la facture
normalisée, l'article 373 alinéa 2 du code des impôts
imposait déjà aux redevables de la TVA56, une
obligation de délivrer à leurs clients des factures constatant
les opérations économiques réalisées.
Toutefois, bien que cette obligation était clairement
prévue par le CI burkinabè, certains assujettis s'octroyaient des
libertés. En effet, certains opérateurs économiques se
contentaient de vendre leurs produits sans se soucier de l'obligation de
délivrance de facture. Et, dans l'hypothèse de clients exigeants,
d'autres délivraient des factures qui ne respectaient pas toutes les
mentions prévues à l'alinéa 2 de l'article 373
précité. En clair, on assistait à un
phénomène à la fois de défaut total de
délivrance de facture et de délivrance de factures fantaisistes
voire fausses. Tout en rendant incertain le droit de propriété de
leurs clients, ce comportement de ces acteurs économiques a
contribué à accentuer l'économie souterraine et la fraude
fiscale. C'est ainsi que se sont développées les pratiques entre
autres de dissimulations de sommes sujettes à la TVA et de
déductions fictives de TVA qui mettaient à mal le recouvrement de
le TVA, l'un des impôts les plus rentables au Burkina Faso57.
Subséquemment, ces pratiques ont contribué à compromettre
le recouvrement des autres impôts qui, comme la TVA, sont liés
directement ou non, au chiffre
56 Voy. art. 322 du CI pour les assujettis de
plein droit, art. 323 du CI et art. 88 de la loi n° 008-2010/AN du 29
janvier 2010 portant création d'un impôt sur les
sociétés pour les assujettis par option.
57 Les recettes de la TVA sont estimées
à environ 35% des recettes fiscales de la
DGI. Voy.
www.impots.gov.bf/facture-normalisees consulté le 04
février 2019 à 11 h 17 min.
[16]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
d'affaires58. Et, au regard de l'importance des
ressources fiscales pour le développement du Burkina Faso, le
phénomène du défaut total de délivrance de facture,
de la délivrance de fausses factures ou de factures fantaisistes,
était devenu un véritable frein au développement du pays.
C'est donc pour y apporter une réponse énergique que plusieurs
types de factures normalisées ont été institués.
II.1.1.2. Les types de factures normalisées
institués
Deux types de factures normalisées ont
été institués au Burkina Faso59 . Il y a d'une
part, la facture normalisée pré-imprimée et d'autre part,
celle personnalisée.
II.1.1.2.1. La facture normalisée
pré-imprimée
La facture normalisée dite pré-imprimée
est un modèle standard de facture comportant les mentions légales
et commercialisées par un réseau de distribution. Il est ouvert
aux entreprises relevant du RSI60, de la CME61 et de la
CSB62 lorsque pour ce dernier cas, celles-ci exercent à titre
principal l'activité de revente de boissons de fabrication
locale63. Il est sécurisé au moyen de l'apposition par
le contribuable, d'un sticker. Elle se présente sous la forme de carnets
établis en double feuillet au moins, auto carboné, en format A 5
ou A 464. Ce type de facture normalisée n'est pas encore mis
en oeuvre au Burkina Faso.
II.1.1.2.2. La facture normalisée
personnalisée
Le second type de facture normalisée est celle dite
personnalisée65. Il s'agit d'une facture éditée
par le contribuable lui-même66 comportant toutes les mentions
légales et également sécurisée
58 Il s'agit notamment des impôts sur le
bénéfice et même de l'impôt sur le revenu des
capitaux mobiliers (IRCM), nouvelle dénomination de l'impôt sur le
revenu des valeurs mobilières (IRVM) et de l'impôt sur le revenu
des créances, dépôts et cautionnements (IRC), prévue
aux art. 129 et Ss du CGI.
59 Voy. art. 4 de l'arrêté n°
2014-439/MEF/SG/DGI portant conditions d'édition et de gestion des
factures normalisées au Burkina Faso.
60 Il s'agit des contribuables personnes physiques
ou morales dont le chiffre d'affaires annuel hors taxes est égal ou
supérieur à quinze millions (15 000 000) de francs CFA et
inférieur à cinquante millions (50 000 000) de francs CFA. Voy.
art. 529 du CGI.
61 Cela concerne les contribuables exerçant
une activité professionnelle à titre indépendant dont le
chiffre d'affaires annuel hors taxes est inférieur à quinze
millions (15 000 000) de francs CFA. Voy. art. 533 al. 1er du
CGI.
62 La contribution du secteur boissons est
représentative des impôts et taxes exigibles des personnes
exerçant leurs activités dans le secteur des boissons de
fabrication locale. Voy. art. 541 et Ss du Code général des
impôts. Mais elle a été supprimée pour compter du
1er janvier 2019 par l'art. 58 de la loi n° 042-2018/AN du 18
décembre 2018 portant loi de finances pour l'exécution du budget
de l'État, exercice 2019.
63 Voy. art. 4-2, arrêté n°
2014-439/MEF/SG/DGI portant Conditions d'édition et de gestion des
factures normalisées au Burkina Faso.
64 Voy. art. 10, arrêté N°
2014-439/MEF/SG/DGI, op.cit.
65 Voy. art. 4-1, arrêté N°
2014-439/MEF/SG/DGI, op.cit.
66 L'édition des factures
normalisées par les contribuables eux-mêmes n'a pas toujours
été de plein droit. L'al. 3 de l'art. 373 du CI tel que
modifié par l'art. 17 de la loi n° 37-2013/AN du 21 novembre 2013
précitée exigeait
[17]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
par l'apposition d'un sticker. Elle concerne les entreprises
relevant du RNI67. Il faut ajouter à cela, le bordereau de
réception qui est une forme de facture normalisée
personnalisée à l'usage des contribuables du RNI pour justifier
les achats bord champ effectués auprès d'agriculteurs qui ne
peuvent délivrer des factures appropriées. Les factures
normalisées personnalisées doivent être établies en
double feuillet au moins, auto carboné, suivant le format A 4 ou A 5 au
choix du contribuable. Les dimensions fixées pour les factures de format
A 4 sont de 29,7 cm sur 21 cm. Quant aux factures de format A 5, elles doivent
avoir pour dimensions 14, 85 cm sur 21 cm68. La facture
normalisée personnalisée est entrée en vigueur au Burkina
Faso depuis le 1er mars 201769. Sur certaines entreprises, il
pèse l'obligation d'en délivrer à leurs clients.
II.1.2. L'obligation de délivrance de la facture
normalisée
Selon l'article 562 du CGI, « les industriels,
commerçants, prestataires de services ainsi que les
établissements publics ayant des activités à
caractère industriel ou commercial sont tenus de délivrer une
facture à leur client, quel que soit leur régime d'imposition
». Cette disposition du CGI institue donc pour les contribuables
visés, l'obligation de délivrer à leurs clients des
factures à l'occasion de leurs transactions commerciales. C'est
là le siège de l'obligation de délivrance de factures.
Plus loin, l'article 564 précise que ces factures doivent
obligatoirement être des factures normalisées. C'est donc de la
combinaison de ces deux dispositions que l'on peut tirer l'obligation de
délivrance de la facture normalisée. Toutefois, au regard de la
nature de leurs activités, le CGI a dispensé certains
contribuables de cette obligation, de sorte que tous les contribuables n'en
sont pas soumis. Il convient alors de faire la part entre les contribuables qui
en sont soumis et ceux qui n'en sont pas et d'examiner les sanctions en cas de
manquements.
II.1.2.1. Les entreprises assujetties
De la combinaison des articles 562 et 564 du CGI, les
assujettis à l'obligation de délivrance de la facture
normalisée sont les industriels, les commerçants, les
prestataires de services ainsi que les établissements publics menant des
activités à caractère industriel et
commercial70, à
pour ce faire, que l'entreprise relève de la DGE et
une autorisation de l'administration fiscale. Mais l'art. 25 de la loi de
finance, gestion 2016 a supprimé ces exigences.
67 Ce sont les contribuables personnes physiques
ou morales dont le chiffre d'affaires annuel hors taxes est égal ou
supérieur à cinquante millions (50 000 000) de francs CFA. Voy.
art. 527 du CGI.
68 Voy. art. 5, arrêté n°
2014-439/MEF/SG/DGI portant Conditions d'édition et de gestion des
factures normalisées au Burkina Faso.
69 Voy. Communiqué n° 00044 du 15
février 2017, de monsieur le Directeur Général des
Impôts relatif à l'obligation de délivrance de factures
normalisées par les entreprises du RNI.
70 Ce champs d'application personnel a connu une
évolution avec l'adoption du CGI puisque l'article 373 nouveau du CI qui
régissait la facture normalisée n'envisageait que des
industriels, commerçants et prestataires. Les établissements
publics menant des activités à caractère industriel et
commercial n'y étaient pas mentionnés.
[18]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
l'exception de certains d'entre eux qui en sont
dispensés en vertu de la loi. En raison du fait que seule la facture
normalisée personnalisée est en vigueur au Burkina Faso à
ce jour, il convient de mentionner que seuls sont concernés, les
contribuables sus mentionnés relevant du RNI. Les contribuables relevant
du RSI et de la CME ne seront concernés par la facture normalisée
que lorsque sera opérationnalisée la facture normalisée
pré-imprimée.
II.1.2.2. Les entreprises dispensées
Les contribuables dispensés de l'usage des factures
normalisées ont été limitativement prévus par le
CGI71. Il s'agit72 :
Ø des entreprises n'ayant pas d'établissement
stable73 au Burkina Faso ;
Ø des entreprises de vente à rayons multiples
pour les opérations de vente au détail donnant lieu à la
délivrance de tickets ou de tickets de caisse ;
Ø des pharmacies ;
Ø des sociétés de navigation
aérienne ;
Ø des entreprises de transports urbains en commun pour
les opérations de transport de personnes donnant lieu à la
délivrance de tickets ;
Ø des stations-services pour la vente de carburant
;
Ø des banques, établissements financiers et
systèmes financiers décentralisés ;
Ø des sociétés d'assurance pour les
primes d'assurance qu'elles facturent à leurs clients ;
Ø des concessionnaires de service public d'eau et
d'électricité ;
Ø des entreprises de téléphonie
titulaires d'une licence d'exploitation ;
Ø de la Société nationale des postes du
Burkina Faso (SONAPOST), actuellement «LA POSTE BF»;
Ø de la Loterie nationale burkinabè (LONAB)
;
Ø des opérateurs de télévision
privée uniquement pour les abonnements et réabonnements des
particuliers ;
Ø du Centre de contrôle des véhicules
automobiles (CCVA) ;
Ø de la Société nationale
burkinabè d'hydrocarbures (SONABHY) ;
71 Voy. art. 566 du CGI. La liste des personnes
dispensées de l'obligation de délivrance de la facture
normalisé a également connu une modification puisque les cinq
dernières de la présente liste ne figuraient pas sur la liste
qu'avait établie l'al. 5 de l'art. 373 nouveau du CI.
72 Pour certains commentaires, voy. Note
d'orientation n° 2017-299/MINEFID/SG/DGI/SGFN du 13 mars 2017 relative
à la facture normalisée personnalisée, p. 2 et Ss.
73 Selon l'art. 47. 1 du CGI, «
L'expression «établissement stable» désigne une
installation fixe d'affaires par l'intermédiaire de laquelle
l'entreprise exerce tout ou partie de son activité ». Pour des
exemples d'établissements stables et les exceptions, voy. art. 47.2 et
suivants du CGI.
[19]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
Ø de l'État, des collectivités
territoriales et leurs établissements publics n'ayant pas
d'activités à caractère industriel ou commercial.
II.1.2.3. Les sanctions
En dehors des contribuables qui bénéficient
d'une exemption par prescription législative cités plus haut,
tout autre contribuable relevant des catégories citées à
l'article 562 alinéa 1er du CGI, doit délivrer
à ses clients personnes physiques ou morales des factures
normalisées respectant les mentions prévues aux articles 564,
alinéa 2 du CGI, sous peine d'une pénalité de cent mille
(100 000) FCFA par facture émise74, qu'ils soient ou non
assujettis à la TVA75. De plus, les factures qui ne
comportent pas les différentes mentions obligatoires ou celles
comportant des mentions inexactes, ne donnent pas droit à
déduction de la base de l'impôt sur les bénéfices
pas plus qu'elles ne donnent droit, au cas échéant, à
déduction de la TVA facturée76. En cas notamment de
défaut d'établissement des factures, le redevable s'expose
à une pénalité égale au montant des droits
dus77 et en cas de récidive, il encourt la fermeture de
l'entreprise ou l'interdiction d'exercer, pour une durée de dix (10)
jours à six (6) mois, l'interdiction d'importer, l'exclusion de toutes
les commandes publiques de biens et de services des secteurs public et
parapublic ou à l'une de ces peines78.
Bien qu'il nous apparaisse important de sanctionner
sévèrement les contrevenants à la loi sur la facturation,
il nous parait capitale que les sanctions à infliger soient
réalistes. Or, de notre point de vue, le montant de la
pénalité retenu par le Code général des
impôts pour sanctionner le non-respect de l'obligation de
délivrance de la facture normalisée nous semble
irréaliste. En effet, dans certaines situations, l'application de cette
sanction peut se révéler inefficace. Considérons, à
titre illustratif, le cas d'un contrevenant qui a délivré sur une
période donnée des factures qui comportent des
irrégularités et qui ont des valeurs inférieures à
cent mille (100 000) FCFA. L'application de cette sanction peut conduire
à des pénalités qui excèdent de loin les recettes
de l'entreprise, ce qui rend improbable, le recouvrement desdites
pénalités. C'est pourquoi, il nous semble plus convenable de
choisir des sanctions plus acceptables. Trois solutions nous paraissent
intéressantes. La première est de diminuer le montant de cette
pénalité pour la fixer à un niveau raisonnable. Pour la
deuxième solution, le législateur burkinabè pourrait
s'inspirer de l'exemple de son homologue de la Côte d'Ivoire qui, non
seulement, a
74 Voy. art. 60 de la loi n° 042-2018/AN
précitée, modifiant l'art. 565 du CGI.
75 Voy. Note d'orientation, op., cit. p.
1.
76 Voy. art. 60 de la loi n° 042-2018/AN
précitée, modifiant l'art. 565 du CGI.
77 Voy. art. 776 du CGI.
78 Voy. art. 73 de la loi n° 042-2018/AN
précitée, modifiant l'art. 813 du CGI.
[20]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
revu à la baisse le montant de la
pénalité qui était identique à celle du Burkina,
mais, à en plus fixé un plafond au montant total des
pénalités79. La dernière solution qui nous
semble la meilleure est de fixer un pourcentage raisonnable que l'on indexerait
au montant de la facture. Ce système d'indexation a
l'inconvénient de compliquer la tâche des agents des impôts
qui devraient déterminer le montant de la pénalité pour
chaque facture au lieu de multiplier simplement le nombre de factures
irrégulières délivrées par un montant fixe. Par
contre, il a l'avantage de rendre plus réaliste le montant de la
pénalité, en plus du fait qu'il peut être plus avantageux
pour le fisc puisque le montant de la pénalité évolue en
fonction de la valeur de la facture.
L'assujettissement à l'obligation de délivrance
de la facture normalisée met à la charge du contribuable
d'énormes obligations. Pour se rassurer de leur respect par ce dernier,
la facture normalisée fait l'objet de contrôle.
II.2. Le contrôle de la facture normalisée
Le contrôle de la facture normalisée vise
à permettre à l'administration fiscale de vérifier
l'application par le redevable, de l'obligation de délivrance de la
facture normalisée. Il porte non seulement sur les mentions de la
facture normalisée (II.2.1) mais aussi sur le sticker (II.2.2).
II.2.1. Le contrôle des mentions de la facture
normalisée
Le contrôle des mentions de la facture normalisée
est fait par un agent de l'administration fiscale qui a au moins la
qualité de Contrôleur. L'administration fiscale dispose de quatre
méthodes pour vérifier le respect des mentions obligatoires de la
facture normalisée.
II.2.1.1. La vérification de comptabilité
Antérieurement prévue aux articles 4 et suivants
du Livre de procédures fiscales (LPF), la vérification de
comptabilité est maintenant régie par les articles 573 et
suivants du CGI. Ainsi, les « [...] agents des impôts ayant au
moins la qualité de contrôleur des impôts, munis d'une copie
de l'avis de vérification et de leur carte professionnelle ou de leur
commission d'emploi,
79 Voy. dans ce sens, loi n° 2002-156 du 15
mars 2002 portant loi de finance de l'année 2002, art. 30. Voy.
également l'art. 168-1° du Livre de procédures fiscales de
la Côte d'Ivoire qui prévoit que « les infractions aux
dispositions de l'article 144 et 145, sans préjudice des autres
sanctions prévues par le présent Livre, sont punies d'une amende
égale à :
-10000 francs par facture non émise, pour les
contribuables relevant de l'impôt synthétique ;
-30000 francs par facture non émise, pour les
contribuables relevant du régime réel simplifié ;
-50000 francs par facture non émise, pour les
contribuables relevant du régime réel normal ;
Le cumul des amendes appliquées au contribuable au
cours d'un contrôle, ne peut excéder respectivement 500 mille
francs, 3 millions de francs et 10 millions de francs, pour les contribuables
cités au paragraphe ci-dessus. ».
[21]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
vérifient sur place la comptabilité et/ou
les documents détenus par les contribuables »80. Il
en résulte qu'au cours de cette vérification de
comptabilité, les agents des impôts habilités peuvent non
seulement vérifier la comptabilité mais aussi tout document
détenu par le contribuable, y compris donc les factures reçues et
les doubles des factures émises.
II.2.1.2. La vérification inopinée
Elle est traitée à l'article 575 du CGI. Il
convient de noter que « ce contrôle, effectué le jour de
la remise de l'avis, porte uniquement sur le constat matériel des
documents disponibles, [...] »81. Cette disposition qui
permet à l'administration fiscale, au cours d'une visite
inopinée, de faire « le constat matériel des documents
disponibles », lui permet donc de vérifier le respect par les
contribuables, des différentes mentions obligatoires de la facture
normalisée.
II.2.1.3. Le droit de visite
Cette prérogative de l'administration fiscale
était prévue à l'article 8 du LPF. Avec l'adoption du CGI,
le siège de la matière est désormais l'article 577 du CGI.
Ainsi, « pour la recherche et la constatation des infractions en
matière de législation fiscale, les agents de l'administration
fiscale ayant au moins la qualité de contrôleur, dûment
habilités, peuvent effectuer des visites en tous lieux où les
pièces, documents, marchandises ou produits se rapportant à ces
infractions sont susceptibles d'être détenus et procéder
à leur saisie »82. Cette disposition permet aux
agents des impôts habilités, de se déporter en tout lieu
où ils soupçonneraient que des documents, produits ou
marchandises relatifs à une infraction à la loi fiscale seraient
détenus. C'est donc une occasion au cours de laquelle, l'administration
fiscale pourrait procéder à la vérification des mentions
des factures normalisées. Il convient de noter qu'en dehors des cas de
flagrance, les visites effectuées dans les locaux servant exclusivement
à l'habitation doivent être autorisées par une ordonnance
du président du Tribunal de grande instance territorialement
compétent, fixant les conditions d'exercice du droit de
visite83.
II.2.1.4. Le droit d'enquête
Il est règlementé par l'article 614 du CGI.
Selon l'article 614.1 dudit code, « pour la recherche des manquements
aux règles de facturation, de tenue de comptabilité et de
déclarations auxquelles sont soumis les assujettis des droits et taxes
indirects, les agents de l'administration
80 Voy. art. 573 al. 1er du CGI.
81 Voy. art. 575 al. 2 du CGI.
82 Voy. art. 577 al. 1 du CGI.
83 Ibid., al. 2.
[22]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
fiscale ayant au moins la qualité de
contrôleur peuvent se faire présenter aux heures d'activité
professionnelle, la comptabilité matière, les livres, les
registres et les documents professionnels dont la tenue est prescrite par les
textes en vigueur ». Cette disposition offre à
l'administration fiscale, un droit d'accès à la
comptabilité matière, aux livres, registres et autres documents
professionnels des contribuables afin d'effectuer les contrôles sur le
respect des règles de facturation, de déclarations et de tenue de
comptabilité.
Au regard de cette panoplie de moyens dont dispose
l'administration fiscale pour accéder aux documents des contribuables,
on peut affirmer que le législateur burkinabè offre
d'énormes garanties à l'administration fiscale dans la
réalisation des contrôles des mentions obligatoires de la facture
normalisée, ce qui constitue un avantage certain dans la mise en oeuvre
de la facture normalisée. Sans le sticker, la facture normalisée
n'est pas sécurisée. C'est la raison pour laquelle, le
contrôle doit également s'étendre au sticker.
II.2.2. Le contrôle du sticker
Le sticker est une étiquette autocollante comportant un
numéro de série ininterrompu. Son acquisition se fait sur un
réseau créé à cet effet84 et suivant un
formalisme sécurisant85. Il doit être apposé sur
la première feuille de la facture normalisée qui est remise au
client et son numéro de série doit être reporté sur
la deuxième feuille de la facture qui reste au sein de l'entreprise
émettrice. L'apposition du sticker constitue l'élément
fondamental de sécurisation de la facture normalisée. Mais cela
suppose que le sticker jouisse lui-même de tous les
éléments qui garantissent son authenticité. Aussi, le
contrôle du sticker porte-t-il non seulement sur son existence physique
mais aussi sur son authenticité. Si l'existence physique du sticker sur
une facture normalisée peut être vérifiée à
l'oeil nu, au cours des occasions de contrôle des mentions obligatoires,
il en va autrement de son authenticité. En raison de cet état de
fait, l'administration fiscale dispose de quatre (04) moyens pour
contrôler l'authenticité et la validité des stickers.
II.2.2.1. Le contrôle visuel
Le contrôle visuel consiste en la constatation, à
l'oeil nu, de la présence de certains éléments figurant
sur le sticker.
84 Les stickers sont disponibles auprès de
la DGE, des DME et des DPI situées dans tous les chefs-lieux de
régions.
85 L'achat de stickers pour le compte d'une
entreprise exige du mandataire, la présentation de l'un des documents
suivants émanant de l'entreprise : il s'agit d'une procuration en bonne
et due forme, d'un bon de commande de stickers ou d'un acte de
désignation d'un représentant pour l'achat des stickers. En plus
le mandataire, ou le promoteur pour le cas d'une entreprise individuelle doit
présenter une pièce d'identité valide et une copie du
certificat d'immatriculation IFU de l'entreprise. Tout ce formalisme permet de
renforcer la traçabilité des stickers.
[23]
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
Présentation imagée des différentes parties
d'un sticker.
Source : DGI/SGFN
Le contrôle visuel permet d'identifier le sticker
à partir des éléments se trouvant à sa droite. Il
s'agit du logo de la DGI, des armoiries du Burkina Faso, de la
référence sérialisée qui est le numéro du
sticker. Le QR Code sérialisé contient un code identique à
la référence sérialisée qui n'est pas visible
à l'oeil nu. L'authentification du sticker se fait à travers les
éléments situés dans sa partie gauche à savoir le
Fiber Tag , les fibres UV et les micro-découpes de
sécurité.
II.2.2.2. Le site internet de la DGI
Il s'agit du http://www.impots.gov.bf/. Ce
site est une fenêtre de recherche accessible à tout utilisateur et
permet de vérifier l'authenticité du sticker à partir du
numéro qu'il porte.
II.2.2.3. Les lecteurs de QR Code et «DGI
Android» ou «e-DGI»
Le lecteur QR Code est une application
téléchargeable sur Play store, par tout utilisateur disposant
d'un Smartphone équipé d'une caméra d'au moins 4
méga pixel. Une fois le lecteur de QR Code installé sur le
téléphone, la vérification peut se faire par simple
capture de l'image du QR code qui se trouve sur le sticker. Cette capture
permet d'afficher le code caché dans la zone QR Code du sticker, lequel
doit être le même que le numéro que porte le sticker. Quant
à l'application «DGI Android» ou «e-DGI», elle est
destinée aux agents vérificateurs de l'administration fiscale et
permet également de lire les QR Codes.
LANKOANDE Richard
[24]
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
Présentation imagée du lecteur QR Code
Présentation imagée du «DGI Android»
LANKOANDE Richard
Source : DGI/SGFN II.2.2.4. La lampe
UV
Il s'agit d'un appareil qui émet de la lumière
à ultraviolet. Présentation imagée de la lampe UV
Source : DGI/ SGFN
La lumière produite par la lampe UV permet, en la
projetant sur le sticker, d'en contrôler l'authenticité à
travers les éléments tels que le Fiber Tag, les fibres UV et les
micro-découpes de sécurité.
En somme, la fraude fiscale est un phénomène qui
se caractérise par une grande diversité dans tous ses aspects.
Cette diversité s'observe notamment dans ses manifestations, ses causes
et ses conséquences. La facture normalisée elle, est un type de
facture qui doit respecter un certain nombre de mentions et être
sécurisée par un sticker. Elle a été mise en place
au Burkina Faso, dans un contexte où l'incivisme fiscal et la fraude
fiscale ont pris des proportions inquiétantes. L'obligation de
délivrance de la facture normalisée pèse sur des
industriels, commerçants, prestataires de services non dispensés
expressément par la loi. Elle fait l'objet de contrôle et son
non-respect donne lieu à des sanctions prévues par le CGI.
[25]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
CHAPITRE 2. MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE
La méthodologie de l'étude s'entend de
l'indication des méthodes mises en oeuvre dans le cadre de l'analyse du
sujet de notre étude. C'est en fait, la science de la méthode, la
méthode elle-même étant un ensemble de canaux guidant ou
devant guider le processus de production des connaissances scientifiques. La
méthodologie de notre étude nous permettra alors d'exposer le
chemin jugé adéquat pour parvenir à des résultats
probants.
Ainsi, dans le cadre de notre étude, pour atteindre les
objectifs dégagés, nous nous sommes inscrits dans une
démarche méthodologique (I) autour de diverses méthodes
qui ne sont pas sans limites (II).
I. DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE
Pour parvenir aux objectifs que nous nous sommes fixés,
nous avons procédé d'une part, à une étude
documentaire (I.1) et d'autre part, à des entretiens sur le terrain
(I.2).
I.1. Étude documentaire
L'étude documentaire a porté non seulement sur
l'usage d'ouvrages (I.1.1), sur l'exploitation d'informations contenues sur
certains sites internet (I.1.2) ainsi que sur la collecte de certaines
données d'analyse auprès de diverses administrations
burkinabè (I.1.3).
I.1.1. Ouvrages
Dans le cadre de notre recherche documentaire, nous avons
consulté de la documentation traitant de la fraude fiscale qui est
vraiment abondante, sans doute en raison de l'importance du thème pour
les auteurs. Nous avons en outre fait appel à la documentation relative
à la facture normalisée au Burkina Faso. Toutefois, la facture
normalisée étant un nouvel instrument au Burkina Faso, il y'a,
à ce jour, peu d'écrits sur le sujet au Burkina
Faso86. Nous avons donc dû recourir aux documents
élaborés par la DGI, pour la formation des agents du fisc sur la
facture normalisée, lesquels documents sont pour la plupart, des
documents inédits. Parmi les documents exploités, nous pouvons
mentionner :
- Précis de droit fiscal
burkinabè du Pr Filiga Michel SAWADOGO et du Dr Salifou
DEMBÉLÉ, édité en 2015 par les éditions
Maison du Droit à Ouagadougou. Cet
86 Des recherches plus récentes nous ont
permis de trouver deux mémoires sur le sujet à la
bibliothèque de l'ENAREF. Voy. R. OUANGRAOUA,
Opérationnalisation de la facture normalisée au Burkina Faso
: contraintes et perspectives, mémoire, ENAREF, 2018, 50 p. ; A.
KABALAS, L'institution de la facture normalisée, enjeux et
perspectives, mémoire ENAREF, 2018, 54 p.
[26]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
ouvrage général aborde différents pans de la
fiscalité burkinabè notamment la fraude
fiscale dont il expose entre autres, les causes et mesures de
lutte déjà entreprises.
- Document cadre pour la mise en oeuvre de
la facture normalisée au Burkina Faso. Ce document produit par la
DGI décline « les choix du Burkina Faso en ce qui concerne les
types de factures normalisées et les modalités pratiques de mise
en oeuvre [...] »87.
I.1.2. Sites internet
Dans le cadre de la recherche documentaire, l'exploitation des
ouvrages a été complétée par l'exploitation de
certains sites dont nous présentons les principaux.
-
www.impôts.gov.bf
: c'est le site de la Direction Générale des
Impôts du Burkina Faso. Ce site donne aux usagers des informations
diverses sur la DGI et ses activités et fournit quelques textes
normatifs. On y trouve également des informations relatives à la
facture normalisée et à sa mise en oeuvre. Il est facilement
accessible et certaines données qui s'y trouvent sont
téléchargeables.
-
www.dgi.gouv.ci
: C'est le site de la Direction Générale des
Impôts de la Côte d'Ivoire. Tout comme le premier, ce site
également met à la disposition des usagers, des informations
notamment sur la facture normalisée mise en oeuvre dans ce pays ainsi
que des informations sur la DGI de la Côte d'Ivoire et ses
activités.
I.1.3. Collecte de données
Afin d'analyser l'efficacité de la facture
normalisée dans la lutte contre la fraude fiscale au Burkina Faso, la
collecte de certaines données d'analyse s'est avérée
indispensable. Pour ce faire, certaines administrations ont été
approchées. Il s'agit de la DGI, de l'agent judiciaire de l'État
et du greffe du Tribunal de grande instance de Ouagadougou.
I.2. Entretiens
En plus de l'exploitation documentaire, nous avons
réalisé plusieurs entretiens. Cela a donc nécessité
l'élaboration de plusieurs guides d'entretiens (I.2.1), et
l'élaboration d'un échantillon (I.2.2). Pour ces entretiens, nous
avons choisi d'allier méthode qualitative et méthode
qualitative.
87 Direction générale des
impôts, Document cadre pour la mise en oeuvre de la facture
normalisée au Burkina Faso, p. 3.
[27]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
I.2.1. Élaboration des guides
d'entretiens
Pour la conduite des entretiens envisagés, nous avons
élaboré des guides d'entretiens88 dont les
questionnaires varient en fonction des cibles que nous avons identifiées
pour la constitution de notre échantillon.
I.2.2. Élaboration de l'échantillon
Pour apprécier l'efficacité de la facture
normalisée comme moyen de lutte contre la fraude fiscale au Burkina
Faso, nous avons, en raison de leurs qualités, ciblé certains
acteurs avec lesquelles nous avons réalisé des entretiens. Nous
avons choisi de ne pas interroger les contribuables en raison du fait qu'il
existe déjà des données quantitatives exploitables
relatives à la mise en oeuvre de la facture normalisée les
concernant et réalisées par l'administration
fiscale89. Concernant les acteurs choisis, il s'agit :
- du chef du service de gestion de la facture
normalisée (SGFN), en tant que chargé de la gestion
administrative de la facture normalisée ;
- du chef du service des enquêtes de la
Direction des enquêtes et des recherches fiscales (DERF) en tant que
chargé de la coordination et de l'encadrement des services
opérationnels chargés des enquêtes et des recherches
fiscales ;
- du chef du service de la programmation et
du suivi des contrôles de la Direction du contrôle fiscal (DCF) de
la DGI en tant que garant de la politique de vérification ;
- de trois chefs de brigades de
vérification. Cet échantillon est composé du chef de la
brigade de vérification de la DGE, d'un chef de brigade de
vérification de la DME C I, et d'un chef de brigade de
vérification de la DME C II. Le choix de ces acteurs se justifie par le
fait qu'ils sont les garants de l'exécution de la politique de
vérification dans la lutte contre la fraude fiscale ;
- de 50 agents des impôts
habilités à effectuer des contrôles externes en tant que
chargés du contrôle de la facture normalisée sur le
terrain. Bien que le CGI ait prévu que sont habilités à
effectuer des contrôles externes, les agents des impôts qui ont au
moins la qualité de contrôleur des impôts90, les
brigades de vérification sur lesquelles ont porté
88 Pour les guides d'entretiens, voy. annexes 1, 2 et
3.
89 Il s'agit des rapports des contrôles de la
facture normalisée réalisés en septembre 2017 et en
février 2018 par l'administration fiscale.
90 Voy. notamment l'art. 573.- 1) al.
1er pour la vérification de comptabilité, l'art. 577.-
1) al. 1er pour le droit de visite, l'art. 614.- 1) al.
1er pour le droit d'enquête, l'art. 815 -2) pour la
constatation des infractions à la loi fiscale.
[28]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
les entretiens (la brigade de vérification de la DGE,
la brigade de vérification n° 2 de la DME C I et la brigade de
vérification n° 2 de la DME C II) ne sont composées que
d'inspecteurs des impôts, selon les informations reçues des chefs
de brigades. L'effectif cumulé des agents de ces brigades
s'élève à 66 dont 32 à la DGE soit 48,48% de
l'effectif, 20 à la brigade de vérification n° 2 de la DME C
II soit 30,30% de l'effectif et 14 à la brigade n° 2 de la DME C I
représentant 21,21% de l'effectif. De ce fait, les 50 agents
enquêtés sont tous des inspecteurs des impôts
répartis comme suit91 : 24 de la brigade de
vérification de la DGE, 15 de la brigade de vérification n°
2 de la DME C II et 11 de la brigade de vérification n° 2 de la DME
C I.
II. LIMITES DE L'ÉTUDE
La présente étude n'est pas sans limites. Au
sujet de ces limites, nous pouvons en lister principalement deux : la
représentativité territoriale de l'échantillon et les
grèves des agents du Ministère en charge des finances. Concernant
la question de la représentativité territoriale de
l'échantillon, notons que l'échantillon mis en place est
constitué uniquement d'agents de l'administration fiscale basés
à Ouagadougou. Or les contribuables concernés par l'obligation de
délivrance de la facture normalisée personnalisée sont
situées dans diverses villes du Burkina Faso notamment à
Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso et bien d'autres92. Un
échantillon territorialement représentatif nous aurait conduit
à prendre en compte notamment les agents basés dans la ville de
Bobo Dioulasso et même dans d'autres villes également. Mais la
modicité des moyens dont nous disposons nous a amené à
faire le choix de nous en tenir à ceux qui sont basés à
Ouagadougou uniquement.
Quant aux grèves des agents du Ministère en
charge des finances, il convient de souligner qu'elles ont débuté
en 2017, l'année de mise en oeuvre de la facture normalisée au
cours de laquelle les agents ont effectué environ trois (03) semaines de
grève. Mais cette grève a été courte
comparativement à celle de 2018 qui, de manière discontinue s'est
étalée sur tout le long
91 La répartition a été faite
proportionnellement, en tenant compte des statistiques
susmentionnées.
92 Les entreprises assujetties sont celles relevant
du RNI. Toutes les entreprises relevant du RNI sur le territoire national et
qui ont un CA hors taxe égal ou supérieur à 1 milliard de
F CFA sont rattachées à la Direction des grandes entreprises qui
est située à Ouagadougou. Celles relevant du RNI et qui ne
remplissent pas les conditions pour leur rattachement à la Direction des
grandes entreprises, sont rattachées aux deux Directions des moyennes
entreprises du Centre (localisées à Ouagadougou) lorsqu'elles
sont situées dans la région du Centre et à la Direction
des moyennes entreprises des Hauts bassins (localisée à
Bobo-Dioulasso) pour celles situées dans cette région. Pour le
cas des entreprises relevant du RNI situées hors des régions du
Centre et des Hauts-bassins, elles sont de manière transitoire,
rattachées aux Directions régionales des impôts
situées dans les différents chefs-lieux de régions du
Burkina Faso. Cela s'explique par le fait que le potentiel de moyennes
entreprises dans ces régions n'est pas encore suffisant pour y
créer des DME, selon les termes de la note de service n°
2015-0056/MEF/SG/DGI/DSF/GUDEF du 28 janvier 2015 relative à la
segmentation administrative des contribuables.
[29]
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
du second trimestre. Cette situation a eu un impact
négatif important sur les recouvrements notamment93. On sait
que l'analyse de l'efficacité de la facture normalisée comme
moyen de lutte contre la fraude fiscale suppose l'analyse de son impact sur les
recouvrements fiscaux. Or c'est précisément la base de cette
analyse qui a été corrompue par l'impact des grèves, le
potentiel de ces recouvrements n'ayant pas été atteint au cours
de ces deux dernières années. Si toutes les conditions
étaient réunies pour les recouvrements, certaines conclusions de
nos analyses auraient peut-être été autres.
Au terme de la présentation de la méthodologie
de la présente étude, on peut retenir qu'elle est basée
sur deux grands piliers. D'une part, elle est fondée sur l'étude
documentaire menée à partir de l'exploitation de divers ouvrages
et sites internet. D'autre part, elle repose sur l'analyse de données
collectées non seulement auprès des services de l'administration
fiscale mais aussi à travers la réalisation d'entretiens. La
présente étude comporte également quelques limites qu'il
convient de prendre en compte.
En définitive, c'est l'exploitation de l'ensemble de
ces canaux qui permettra d'apprécier l'efficacité de la facture
normalisée comme moyen de lutte contre la fraude fiscale au Burkina
Faso.
[30]
LANKOANDE Richard
93 Voy. supra., p. 38 et Ss.
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
DEUXIÈME PARTIE : L'EFFICACITÉ DE LA
FACTURE NORMALISÉE DANS LA LUTTE CONTRE LA FRAUDE FISCALE AU BURKINA
FASO
Cette deuxième partie comporte deux chapitres. Le
premier porte sur l'analyse de l'impact de la facture normalisée dans la
lutte contre la fraude fiscale. Dans le second chapitre, il sera question de
vérifier les hypothèses formulées à l'entame de
notre étude et de formuler des suggestions pour améliorer
l'efficacité de la facture normalisée dans la lutte contre la
fraude fiscale.
LANKOANDE Richard
[31]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
CHAPITRE III : IMPACT DE LA FACTURE NORMALISÉE
DANS LA LUTTE
CONTRE LA FRAUDE FISCALE
La fraude fiscale a une capacité de nuisance importante
sur l'économie d'un pays. Pour les pays dont les recettes fiscales
constituent l'essentiel de leurs budgets, le développement de la fraude
fiscale représente une menace considérable. Son
éradication est de ce fait, un impératif. Au Burkina Faso, la
résurgence des cas de fraude fiscale à travers le faux et l'usage
du faux a entrainé la mise en place de la facture normalisée dans
le but de combattre le phénomène. Après deux années
de mise en oeuvre, on s'interroge sur l'impact que la facture normalisée
peut avoir sur la fraude fiscale au Burkina Faso
L'analyse de l'impact de la facture normalisée dans la
lutte contre la fraude fiscale nous démontre que d'une part, elle
participe à la sécurisation des transactions commerciales
même si sur ce point, certaines insuffisances peuvent être
relevées (I). D'autre part, il en ressort qu'elle est un
mécanisme de renforcement de la mobilisation des recettes fiscales
(II).
I. UN MOYEN DE SÉCURISATION DES TRANSACTIONS
COMMERCIALES
Le système de la facturation classique avait conduit
à des confusions94 qui posaient un véritable
problème de traçabilité des opérations
commerciales. Cette situation a favorisé le développement du faux
et de l'usage du faux. L'avènement de la facture normalisée
apporte un correctif et permet ainsi non seulement de renforcer la
traçabilité des opérations commerciales
(I. 1) mais aussi de lutter contre le faux et l'usage du faux (I.
2).
I.1. Le renforcement de la traçabilité des
transactions commerciales
La traçabilité peut désigner le
caractère exactement repérable d'une évolution ou d'une
origine95. On peut donc la concevoir comme la possibilité
d'identifier l'origine et de reconstituer le parcours d'un produit et donc de
déterminer les différentes transactions dont il a fait l'objet.
En fiscalité, la traçabilité des opérations
commerciales est extrêmement importante dans la mesure où elle
permet une plus grande efficacité des opérations de
contrôles fiscaux. La facture normalisée sécurisée
permet de renforcer la traçabilité des différentes
transactions commerciales qu'elle constate. Le renforcement de cette
traçabilité est favorisé non seulement par les mentions
obligatoires de la facture normalisée (I.1.1) mais aussi par
l'apposition du sticker (I.1.2).
94 Voy. supra., p. 16 et Ss.
95 Voy. Version électronique du Grand Robert de
la langue française, version 2.0, Le Robert/SEJER, 2005.
[32]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
I.1.1. Les mentions obligatoires de la facture
normalisée
Les mentions obligatoires de la facture normalisée
permettent de déterminer ses éditeur, émetteur et
bénéficiaire ainsi que toutes les informations relatives au bien
vendu ou à la prestation fournie. C'est donc dire que ces
différentes mentions permettent d'avoir des informations non seulement
sur les personnes contractantes mais aussi sur les différentes
prestations objets de ces contrats. En effet, l'alinéa 2 de l'article
564 du CGI impose que la facture normalisée comporte non seulement
l'ensemble des mentions prévues à l'article 562 du même
code mais en plus, le nom ou la raison sociale et le numéro IFU de
l'imprimeur ainsi que l'année et le mois d'édition de la facture
par ce dernier96. En fait de mentions obligatoires, l'article 562
précité en prévoit six (6). Il s'agit du numéro de
facture d'une série ininterrompue, la date d'établissement de la
facture, l'objet précis de la transaction, le montant de la facture
mentionné de sorte à distinguer le montant hors TVA de la TVA
elle-même, l'identification précise du redevable qui
délivre la facture et l'identification du client.
On peut aisément remarquer que ces différentes
mentions comportent des éléments suffisamment précis pour
permettre de remonter aux différentes transactions commerciales ainsi
qu'à leurs auteurs. Il importe de souligner que les mentions
prévues à l'article 562 s'imposent à tout contribuable sur
qui pèse l'obligation de délivrance de facture, qu'il
relève du RNI, du RSI ou de la CME97. Elles ne s'imposent
donc pas aux seuls contribuables du RNI qui délivrent des factures
normalisées personnalisées. De ce point de vue, ces mentions se
présentent comme le droit commun des mentions obligatoires des factures.
Mais en l'état actuel de la législation fiscale en vigueur, seuls
les contribuables du RNI sont passibles de sanctions lorsqu'ils
délivrent des factures non conformes aux prescriptions de l'article 564
du CGI. Il en ressort donc que les mentions de la facture normalisée
constituent des éléments importants qui permettent de renforcer
la traçabilité des transactions commerciales constatées
sur lesdites factures. Cette traçabilité est encore plus accrue
avec l'apposition du sticker.
I.1.2. L'apposition du sticker
Le sticker remplit deux fonctions majeures : l'identification
et l'authentification. De ces deux fonctions du sticker, on peut en
déduire une autre : la traçabilité. La fonction
d'identification
96 Toutefois, pour le cas des factures
normalisées personnalisées, les mentions telles que le nom ou la
raison sociale et le numéro IFU de l'imprimeur ainsi que l'année
et le mois d'édition de la facture par l'imprimeur ne sont pas
nécessaires dans la mesure où l'émetteur de la facture en
est aussi l'imprimeur. Par contre, leur intérêt est plus certain
pour le cas des factures normalisées pré-imprimées.
97 Voy. Article 562 al. 1 in fine.
[33]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
du sticker tient au fait d'une part, qu'une fois les stickers
utilisés, chaque numéro de sticker correspond à une
facture bien précise. Ainsi, chaque facture peut être
identifiée à partir du numéro du sticker. Cela est rendu
possible par le fait que chaque sticker est unique de par le numéro
qu'il porte. D'autre part, à partir de ce numéro, le sticker
permet de déterminer l'entreprise à laquelle il appartient,
c'est-à-dire celle au nom de laquelle il a été acquis
auprès de l'administration fiscale. Toutefois, il ne permet pas, par
lui-même, de déterminer le cocontractant de cette entreprise, ni
les informations relatives à la prestation constatée par la
facture sur laquelle il est apposé. De ce point de vue, seules les
mentions de la facture normalisée permettent une identification
complète des cocontractants. Quant à la fonction
d'authentification, elle désigne le fait que le sticker rend vraie la
facture, du point de vue de son origine. En effet, le numéro du sticker
permet d'attester ou non que la facture provient véritablement de
l'auteur auquel on l'attribue. La fonction de traçabilité du
sticker est en lien avec sa fonction d'identification. Elle tient au fait
qu'à partir du numéro qu'il porte, il est possible d'identifier
son origine (l'entreprise au nom de laquelle il a été acquis)
ainsi que les informations y relatives puisque le sticker est lié
à une base de données détenue par l'administration
fiscale. À partir du poste administrateur du chef de service de gestion
de la facture normalisée, il est possible de déterminer le nombre
total de stickers en circulation au Burkina Faso et pour chaque entreprise, le
nombre de stickers achetés, le numéro que porte chacun d'eux, la
date d'acquisition, la personne qui les a achetés pour le compte de
l'entreprise ainsi que ses coordonnées.
Comme on peut le constater, la facture normalisée est
un moyen très efficace de traçabilité des
opérations commerciales. Si son efficacité dans la
traçabilité de ces opérations peut être
affirmée avec vigueur, elle est plutôt mitigée dans la
lutte contre le faux et l'usage de faux.
I. 2. L'effet mitigé sur le faux et l'usage de
faux
La facture normalisée produit un effet mitigé
dans la lutte contre le faut et l'usage de faux. En effet, s'il est certain
qu'elle permet de réduire les cas de falsification de factures (I.2.1),
la facture normalisée ne met pas fin aux déductions fictives de
charges et de TVA (I.2.2).
I.2.1. La réduction des cas de falsification de
factures
La facture normalisée n'est valable que lorsqu'elle est
sécurisée par l'apposition d'un sticker au moment de sa
délivrance. Or, l'achat de stickers pour le compte d'une entreprise
exige la présentation de l'un des documents suivants : une procuration
en bonne et due forme, un bon de commande de stickers ou un acte de
désignation d'un représentant pour l'achat des stickers.
[34]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
De plus, le mandataire ou le promoteur pour le cas d'une
entreprise individuelle doit présenter une pièce
d'identité valide et une copie du certificat d'immatriculation IFU de
l'entreprise. Ce formalisme légitime permet d'empêcher qu'une
personne acquiert frauduleusement des stickers au nom d'une entreprise
donnée. Et lorsqu'une entreprise achète des stickers, toute la
série de stickers achetées est attribuée à son nom
de sorte qu'elle ne peut les apposer utilement que sur ses propres factures.
Par conséquent, s'il est toujours possible de nos jours pour une
entreprise A de copier l'entête d'une autre entreprise B afin de se
délivrer une fausse facture, il est désormais difficile voire
impossible pour cette entreprise A de se faire passer, aux yeux du fisc, pour
l'entreprise B puisque la facture normalisée n'est prise en compte que
si elle a fait l'objet d'apposition d'un sticker attribué à
l'entreprise émettrice de la facture. Pourtant, les mesures de
sécurité qui entourent l'acquisition de stickers, ne permettent
pas à l'entreprise A d'acheter des stickers au nom de l'entreprise B
dont elle falsifierait les factures, sans l'autorisation de celle-ci. Du point
de vue de l'origine de la facture, le système de la facture
normalisée semble être un moyen imparable de lutte contre le
phénomène de la falsification de factures.
Il convient tout de même de noter que la facture
normalisée comporte des limites dans le domaine de la fausse
facturation. D'abord, même s'il permet de garantir l'origine de la
facture normalisée et même le nombre de factures
normalisées émises, le système de la facture
normalisée ne garantit pas que les montants inscrits sur les factures
sont les montants réels. En effet, ces montants peuvent être
majorés ou minorés par entente entre les cocontractants sans que
le système de la facture normalisée puisse déceler la
falsification. En outre, le système ne garantit pas que
l'intégralité des opérations réalisées ont
été constatées par facture puisque certaines
opérations occultes notamment la vente de biens ou une prestation de
service sans délivrance de facture sont toujours possibles surtout
lorsque les clients sont des consommateurs finaux. Cette situation
empêche l'administration fiscale de déterminer le chiffre
d'affaires réel du contribuable et lui permet ainsi de dissimuler des
sommes sujettes à l'impôt. Il en ressort que même si elle
permet de réduire la falsification de factures, la facture
normalisée ne met pas fin à toute possibilité pour les
contribuables, d'émettre de fausses factures ou de réaliser des
transactions commerciales non facturées. Cette possibilité
d'émission de fausses factures entraine la survivance des
déductions de TVA et de charges fictives.
[35]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
I.2.2. La survivance des déductions de TVA et de
charges fictives
Avant la mise en oeuvre de la facture normalisée au
Burkina Faso, les cas de déductions de TVA fictive étaient une
manifestation de fraude fiscale à la facturation bien
connue98. Il en était de même pour les cas de
déductions de charges fictives. Ces formes de fraude fiscale commencent
généralement par la falsification de factures. Cette
falsification peut être l'oeuvre de l'entreprise qui souhaite effectuer
les déductions frauduleuses ou celle d'une autre entreprise en
complicité avec celle-ci. En la matière, certaines entreprises
s'étaient spécialisées en commercialisation de fausses
factures. La mise en oeuvre de la facture normalisée se voulait
être un remède pour le moins efficace contre cette pratique. Si la
traçabilité de la facture normalisée
sécurisée permet d'empêcher la falsification de la facture
d'une entreprise donnée par une autre, elle ne met pas le fisc, à
l'abri des cas de déductions de TVA ou de charges fictives. Bien au
contraire, cette pratique frauduleuse semble résister à la
facture normalisée puisque le système de la facture
normalisée, en plus des limites soulignées plus haut, ne garantit
pas la réalité de l'opération constatée sur la
facture. Pour exemple, notons que dans une vaste affaire de fraude, un
contribuable A pourrait dans un premier temps, délivrer une facture
normalisée répondant aux exigences de la loi99 mais
constatant une opération fictive de vente ou de prestation de service,
à son complice B, afin de permettre à celui-ci d'opérer
une déduction de TVA fictive et de réduire sa marge
bénéficiaire par la prise en compte de cette charge fictive. Dans
un second temps, elle pourrait déclarer le chiffre d'affaires fictif
tout en jouant sur ses charges afin d'annuler son effet. Cette pratique qui a
une apparence légale ne peut guère être mise à nue
par le système de la facture normalisée.
Même si la facture normalisée présente des
limites non négligeables dans la lutte contre le faux et l'usage de
faux, ces limites n'entament pas sa capacité à renforcer la
mobilisation des recettes fiscales.
II. UN MOYEN DE RENFORCEMENT DE LA MOBILISATION DES
RECETTES
FISCALES
En sécurisant les transactions commerciales, la facture
normalisée permet de renforcer également la mobilisation des
recettes fiscales. Ce renforcement de la mobilisation des recettes
98 Voy. supra., p. 8.
99 Il faut entendre par là, les
différentes mentions de la facture normalisée et l'apposition du
sticker de la société émettrice.
[36]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
fiscales est perceptible tant du point de vue de la TVA (II.
1) que des recettes des impôts sur le bénéfice (II. 2).
II.1. La mobilisation des recettes de la TVA
La facture normalisée entraine un accroissement de la
mobilisation des recettes de la TVA. En effet, la réduction du faux du
fait de la facture normalisée, entraine des conséquences
importantes. Comme déjà mentionné, d'une part, la garantie
de l'authenticité des factures qu'apporte la facture normalisée
réduit les cas de falsification de factures et de ce fait, réduit
d'une part, les risques de réduction du chiffre d'affaires sur lequel
est adossé le prélèvement de la TVA. D'autre part, elle
réduit les cas de déductions fictives de TVA. Cette situation a
pour conséquence logique, l'accroissement des recettes de la TVA. Le
tableau suivant nous renseigne sur l'évolution des recettes de la TVA au
cours de ces cinq dernières années.
Tableau 3 : Évolution des recettes annuelles de
la TVA de 2014 à 2018 en FCFA
Années
|
|
TVA
|
|
|
|
|
|
|
Moyenne
|
2014
|
169
|
235
|
738
|
542
|
167 711 599 379
|
2015
|
132
|
049
|
679
|
384
|
2016
|
201
|
849
|
380
|
212
|
|
|
|
|
Écart avec la Moyenne
|
Valeur absolue
|
Pourcentage (%)
|
2017
|
228
|
039
|
020
|
829
|
60 327 421 450
|
35,97
|
2018
|
222
|
162
|
322
|
797
|
54 450 723 418
|
32,46
|
Source : construit par nous sur la base des données du
Service informatique de la DGI
Ce tableau nous indique qu'avant la mise en oeuvre de la
facture normalisée, de 2014 à 2016, les recettes annuelles de la
TVA de la DGI étaient en moyenne, de l'ordre de cent soixante-sept
milliards sept cent onze millions cinq cent quatre-vingt-dix-neuf mille trois
cent soixante-dix-neuf (167 711 599 379) FCFA. Avec la mise en oeuvre de la
facture normalisée, ces recettes ont connu, en 2017, un taux de
croissance de 35,97%, par rapport à cette moyenne. En 2018, le taux de
croissance s'est établi à 32,46%. Ces différents chiffres
permettent d'établir le graphique suivant :
[37]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
Graphique 1 : Courbe d'évolution des recettes
annuelles de la TVA de 2014-2018
250
|
000
|
000
|
000
|
200
|
000
|
000
|
000
|
150
|
000
|
000
|
000
|
100
|
000
|
000
|
000
|
50
|
000
|
000
|
000
|
|
|
|
0
|
Recettes de la TVA en FCFA
2014 2015 2016 2017 2018
TVA en FCFA
Source : construit par nous sur la base des données du
Service informatique de la DGI
Ce graphique nous permet d'observer que, sur la période
d'étude, la courbe d'évolution des recettes annuelles de la TVA
est une courbe accidentée. En effet, elle décroit en 2015, croit
en 2016 puis en 2017, avant de connaître à nouveau une autre
décroissance en 2018. La première décroissance peut
s'expliquer par les troubles sociaux politiques qu'a traversé le Burkina
Faso dans le dernier trimestre de 2014100 et au cours du
troisième trimestre de l'année 2015101 qui ont
occasionné un ralentissement de l'activité économique. La
mise en oeuvre de la facture normalisée était censée
assurer une croissance progressive de la courbe. Mais on observe qu'en 2018, la
courbe connaît une décroissance qui s'explique par le fait que le
taux de croissance de cette année est inférieur à celui de
2017. Cette baisse de performance a été engendrée par
l'effet des grèves des agents du Ministère en charge des finances
qui, débutées en 2017 se sont accentuées au cours des mois
d'avril, mai et juin 2018102. Le tableau suivant nous permet
d'apprécier les effets des grèves évoquées, sur le
recouvrement de la TVA en 2018.
100 Il s'agit de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre
2014 qui a occasionné un renversement du régime politique
d'alors.
101 Le Burkina Faso a connu une tentative de coup d'État
intervenue du 16 au 23 septembre 2015.
102 En 2018, les agents du Ministère en charge des
finances ont marqué des arrêts de travail pour défendre
leur plateforme revendicative, les 4 et 5 avril, 21 au 25 mai, 28 mai au
1er juin, 4 au 8 juin, 18 au 22 juin et 25 au 29 juin. A ces
arrêts de travail, il faut ajouter les difficultés de connexion
sur la période qui ont eu un impact sur le recouvrement des impôts
et taxes tels que la TVA qui est une taxe acquittée mensuellement, au
plus tard le 20 du mois.
[38]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
Tableau 4 : Évolution mensuelle des recettes de
TVA de 2017 à 2018 en FCFA
N°
|
Mois
|
|
2017
|
|
|
2018
|
|
Écarts
|
1
|
Janvier
|
19
|
277
|
892
|
159
|
17
|
569
|
386
|
086
|
|
2
|
Février
|
18
|
205
|
872
|
569
|
18
|
778
|
303
|
765
|
3
|
Mars
|
10
|
343
|
375
|
041
|
16
|
885
|
917
|
598
|
4
|
Avril
|
27
|
057
|
285
|
387
|
20
|
719
|
637
|
526
|
5
|
Mai
|
20
|
465
|
538
|
692
|
17
|
304
|
906
|
141
|
6
|
Juin
|
23
|
124
|
268
|
528
|
18
|
100
|
462
|
348
|
7
|
Juillet
|
18
|
705
|
383
|
918
|
19
|
268
|
080
|
942
|
8
|
Août
|
17
|
650
|
968
|
916
|
20
|
981
|
695
|
137
|
9
|
Septembre
|
17
|
210
|
691
|
311
|
18
|
239
|
920
|
829
|
10
|
Octobre
|
18
|
507
|
306
|
861
|
17
|
682
|
249
|
623
|
11
|
Novembre
|
16
|
088
|
817
|
361
|
17
|
261
|
713
|
322
|
12
|
Décembre
|
21
|
401
|
620
|
086
|
19
|
370
|
049
|
482
|
|
TOTAL 1 (4 à 6)
|
70
|
647
|
092
|
607
|
56
|
125
|
006
|
015
|
-14 522 086 592
|
TOTAL 2 ([1 à 3]+[7 à 12])
|
157
|
391
|
928
|
222
|
166
|
037
|
316
|
782
|
8 645 388 560
|
TOTAL GENERAL (1 à 12)
|
228
|
039
|
020
|
829
|
222
|
162
|
322
|
797
|
-5 876 698 032
|
Source : construit par nous sur la base des données du
service informatique de la DGI
Il ressort de l'analyse des données du tableau
ci-dessus que sur la période d'avril à juin 2018 marquée
par une intensification des grèves des agents du Ministère en
charge des finances, les recettes de la TVA étaient de cinquante-six
milliards cent vingt-cinq millions six mille quinze (56 125 006 015) FCFA
contre soixante-dix milliards six cent quarante-sept millions
quatre-vingt-douze mille six cent sept (70 647 092 607) FCFA au cours du
même trimestre en 2017. Le manque à gagner sur cette
période, en matière de recettes de la TVA, est estimé
à une somme de quatorze milliards cinq cent vingt-deux millions
quatre-vingt-six mille cinq cent quatre-vingt-douze (14 522 086 592) FCFA. Dans
la même année 2018, il faut noter que contrairement au trimestre
susmentionné, sur l'ensemble du reste de l'année, les recettes de
la TVA ont connu une hausse de huit milliards six cent quarante-cinq millions
trois cent quatre-vingt-huit mille cinq cent soixante (8 645 388 560) FCFA par
rapport à la même période en 2017. Toutefois, l'effet des
grèves a anéanti cette tendance générale à
la hausse de l'année 2018 pour la réduire à une baisse
générale de cinq milliards huit cent soixante-seize millions six
cent quatre-vingt-dix-huit mille trente-deux (5 876 698 032) FCFA par rapport
à 2017. Au regard de ces constats, il apparait clairement que les
grèves du deuxième trimestre de l'année 2018 ont eu un
impact négatif considérable sur le recouvrement des recettes de
la TVA.
[39]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
Qu'à cela ne tienne, comme souligné plus
haut103, on observe que de manière générale,
par rapport à la période antérieure à la mise en
oeuvre de la facture normalisée analysée, les recettes de la TVA
des années 2017 et 2018 ont connu une hausse de plus de 30%, ce qui
permet de conclure que la facture normalisée participe à
l'accroissement des recettes de la TVA. On peut alors s'interroger sur son
impact relativement aux impôts sur le bénéfice.
II.2. La mobilisation des recettes des impôts sur le
bénéfice
Même si parmi les impôts et taxes, elle semble
être la principale dont la facture normalisée vise à
garantir le recouvrement, la TVA n'est pas la seule taxe dont la facture
normalisée assure la protection. En dehors de la TVA, la facture
normalisée protège également le recouvrement d'autres
impôts notamment les impôts sur le bénéfice. Il
s'agit de : l'impôt sur les sociétés (IS) qui frappe les
bénéfices ou revenus des sociétés, des autres
personnes morales et des organismes assimilés limitativement
énumérés par la loi104 ; l'impôt sur les
bénéfices des professions non commerciales (IBNC) qui touche les
bénéfices réalisés par les personnes physiques
exerçant soit, des professions libérales, de charges et offices
sans avoir la qualité de commerçants ou tous autres occupations,
exploitations lucratives et sources de profits non soumises à un
impôt spécial sur le revenu105 ; l'impôt sur les
bénéfices industriels, commerciaux et agricoles (IBICA) qui est
prélevé sur les bénéfices des activités ou
des professions industrielles, commerciales, artisanales, agricoles,
piscicoles, pastorales, forestières et sylvicoles,
réalisés par les personnes physiques106. L'impact de
la facture normalisée sur le recouvrement de ces impôts se
justifie par le fait qu'elle permet de réduire les cas de falsification
de factures107 en vue notamment d'une minoration de chiffre
d'affaires, ce qui permet de parvenir à un bénéfice
imposable plus important et donc, un accroissement du montant de l'impôt
sur le bénéfice. Le tableau suivant nous présente
l'évolution des recettes des impôts sur le bénéfice
au cours des cinq dernières années.
103 Voy. l'analyse du tableau 3.
104 Voy. art. 42 et Ss du CGI.
105 Voy. art. 28 et Ss du CGI.
106 Voy. art. 1er et Ss du CGI.
107 Voy. supra., p. 35.
[40]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
Tableau 5 : Évolution des recettes d'impôts
sur le bénéfice de 2014-2018 en FCFA
Années
|
Recettes impôts sur le bénéfice
(IB)
|
|
|
|
|
|
Moyenne IB
|
2014
|
170
|
868
|
252
|
445
|
162 128 231 712
|
2015
|
141
|
686
|
451
|
390
|
2016
|
173
|
829
|
991
|
301
|
|
|
|
|
Écart avec la moyenne IB
|
Valeur absolue
|
Pourcentage (%)
|
2017
|
199
|
349
|
616
|
731
|
37 221 385 019
|
22,96
|
2018
|
233
|
799
|
143
|
680
|
71 670 911 968
|
44,21
|
Source : construit par nous sur la base des données du
Service informatique de la DGI
Années
|
Recettes impôts sur le bénéfice (IB)
|
|
|
|
|
|
|
Moyenne IB
|
|
2014
|
170
|
868
|
252
|
445
|
162 128 231 712
|
|
2015
|
141
|
686
|
451
|
390
|
|
2016
|
173
|
829
|
991
|
301
|
|
|
|
|
|
Écart avec la moyenne IB
|
|
FCFA
|
%
|
|
2017
|
199
|
349
|
616
|
731
|
37 221 385 019
|
22,96
|
|
2018
|
233
|
799
|
143
|
680
|
71 670 911 968
|
44,21
|
|
Selon les résultats de ce tableau, il faut noter
qu'avant la mise en oeuvre de la facture normalisée, la DGI a
enregistré en moyenne, de 2014 à 2016, cent soixante-deux
milliards cent vingt-huit millions deux cent trente un mille sept cent douze
(162 128 231 712) FCFA de recettes d'impôts sur le bénéfice
par an. Mais avec la mise en oeuvre de la facture normalisée, ces
recettes ont connu une croissance de trente-sept milliards deux cent vingt un
mille trois cent quatre-vingt-cinq mille dix-neuf (37 221 385 019) FCFA, soit
un taux de croissance de 22,96% par rapport à cette moyenne, en 2017,
puis une croissance de soixante-onze milliards six cent soixante-dix millions
neuf cent onze mille neuf cent soixante-huit (71 670 911 968), soit un taux de
44,21%, en 2018. Sur la base des chiffres de ce tableau, observons le
comportement de la courbe de l'évolution des recettes d'impôts sur
le bénéfice sur le graphique suivant :
[41]
Graphique 2 : Courbe d'évolution des recettes
d'impôts sur le bénéfice de 2014-2018
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
Recettes impôts sur le bénéfice (IB)
250
|
000
|
000
|
000
|
200
|
000
|
000
|
000
|
150
|
000
|
000
|
000
|
100
|
000
|
000
|
000
|
50
|
000
|
000
|
000
|
-
2014 2015 2016 2017 2018
Recettes impôts sur le bénéfice (IB)
Source : construit par nous sur la base des données du
Service informatique de la DGI
Comme on peut le constater, depuis la décroissance
observée en 2015, la courbe a connu une croissance qui semble continue
jusqu'en 2017 où l'on observe une légère montée
jusqu'en 2018 contrairement à la courbe des recettes de la TVA qui avait
connu une légère descente sur la même période. Cette
situation s'explique par le taux élevé de croissance obtenu en
2018 en termes de recouvrement des impôts sur le
bénéfice.
De façon globale, sur l'ensemble de la période
de l'étude, on peut retenir que tout comme le cas de la TVA, le
recouvrement des impôts sur le bénéfice a connu sur la
période de la mise en oeuvre de la facture normalisée, une
croissance moyenne de plus de 30% par rapport à la période
antérieure à sa mise en oeuvre. Sans inférer que c'est la
facture normalisée qui, à elle seule, explique cette croissance,
on peut néanmoins affirmer que la facture normalisée participe
à l'amélioration du recouvrement de la TVA et des impôts
sur le bénéfice.
Au terme de ce chapitre, on peut retenir que la facture
normalisée a un impact important dans la lutte contre la fraude fiscale.
D'une part, elle participe à sécuriser davantage les transactions
commerciales dans la mesure où elle permet de renforcer leur
traçabilité et de réduire le faux et l'usage de faux.
D'autre part, elle participe au renforcement de la mobilisation des recettes
fiscales surtout en matière de TVA et d'impôts sur le
bénéfice.
Toutefois, le système de la facture normalisée
n'est pas exempt d'insuffisances, rendant ainsi toujours possibles, les cas de
déduction de TVA et de charges fictives ainsi que les cas de
dissimulations volontaires de sommes sujettes à l'impôt. Ces
insuffisances rendent impérative la recherche de solutions pour
l'amélioration de l'efficacité de la facture normalisée
dans la lutte contre la fraude fiscale.
[42]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
CHAPITRE IV : SUGGESTIONS POUR L'AMÉLIORATION DE
L'EFFICACITÉ DE LA FACTURE NORMALISÉE ET VÉRIFICATION
DES HYPOTHÈSES
Les insuffisances du système de la facture
normalisée démontrent qu'il est encore perfectible. De
même, certaines des causes de la fraude fiscale relevées dans le
cadre de cette étude sont de nature à réduire
l'efficacité de la facture normalisée dans la lutte contre la
fraude fiscale.
Pour espérer de meilleurs résultats dans la
lutte contre la fraude fiscale, ces différentes difficultés
doivent être maîtrisées. De ce fait, ce chapitre vise
à formuler des suggestions susceptibles d'améliorer
l'efficacité de la facture normalisée (I). En outre, il nous
permet de vérifier les différentes hypothèses
formulées au début de la présente étude (II).
I. SUGGESTIONS POUR L'AMÉLIORATION DE
L'EFFICACITÉ DE LA FACTURE
NORMALISÉE
La facture normalisée telle qu'elle est
appliquée au Burkina Faso n'est pas une panacée dans la lutte
contre la fraude fiscale. Son efficacité pourrait toutefois, être
améliorée à travers le renforcement de la sensibilisation
et la formation des acteurs (I.1) ainsi que l'engagement de certaines
réformes et le renforcement de la répression des actes de fraude
fiscale (I.2).
I.1. La nécessité du renforcement de la
sensibilisation et de la formation des acteurs
Dans la lutte contre la fraude fiscale à la facturation
et contre la fraude fiscale de manière générale, la
participation de trois types d'acteurs nous parait très importante :
l'État qui est l'instaurateur de l'obligation de délivrance de la
facture normalisée, les entreprises qui en sont à la fois
redevables et bénéficiaires et les consommateurs finaux qui
peuvent également être analysés comme des
bénéficiaires de cette obligation. L'un des moyens
d'amélioration de l'efficacité de la facture normalisée
consiste en la sensibilisation des assujettis et des consommateurs finaux d'une
part (I.1.1) et en la formation continue des agents chargés de la
vérification des contribuables (I.1.2) d'autre part.
I.1.1. La sensibilisation des assujettis et des
consommateurs finaux
Certains comportements des assujettis ainsi que des
consommateurs finaux sont de nature à réduire l'efficacité
de la lutte contre la fraude à la facturation et la fraude fiscale de
manière générale. La sensibilisation de ces acteurs
constitue un moyen important pour y remédier.
[43]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
I.1.1.1. La sensibilisation des entreprises
assujetties
Par entreprises assujetties, il faut entendre les entreprises
soumises à l'obligation de délivrance de la facture
normalisée. Cette sensibilisation devrait concerner à la fois,
les entreprises déjà existantes à ce jour et celles qui
seront créées plus tard.
Pour le cas des entreprises déjà existantes, il
faut noter que des opérations de sensibilisation ont déjà
eu lieu même si on peut noter qu'elles n'ont pas été
suffisantes. Selon les informations obtenues de l'administration fiscale, au 20
avril 2018, les entreprises assujetties à l'obligation de
délivrance de la facture normalisée qui s'exécutaient
convenablement étaient de l'ordre de 75%. Cela signifie que 25%, soit le
quart de ces entreprises sont défaillantes. Cette défaillance
peut s'expliquer soit par des cas de résistance, soit par des cas de non
maitrise. Or, selon le rapport de mission de la campagne de contrôle de
la facture normalisée de septembre 2017, 20,63% des contribuables
enquêtés déclaraient ne pas être capables de bien
utiliser la facture normalisée tandis que 30,59 % ne respectaient pas
les mentions de la facture normalisée108. Cette situation
laisse donc croire que la justification de la défaillance du quart des
entreprises doit plus être recherchée plutôt dans la non
maîtrise du mécanisme que dans la résistance des
assujettis. Il y a donc lieu de renforcer les activités de formation et
de sensibilisation des entreprises concernées sur l'usage de la facture
normalisée et des caisses enregistreuses109.
Concernant les entreprises qui seront créées
plus tard, il est important d'éviter de tomber dans le prisme de l'adage
nul n'est censé ignorer la loi et de privilégier la mise
en place d'une stratégie de sensibilisation à mettre en oeuvre
dès leur création. Dans ce sens, la DGI pourrait, dans la
perspective de l'extension de l'obligation de délivrance de la facture
normalisée aux entreprises relevant du RSI et de la CME, travailler
à mettre en place une collaboration avec la maison de l'entreprise afin
que soit joint aux documents constatant la création des entreprises
nouvelles, un document édité par la DGI qui explique aux
créateurs de nouvelles entreprises, leurs obligations relativement
à la facture normalisée, la façon de s'y prendre ainsi que
les sanctions encourues en cas de non-respect. Cette forme de sensibilisation
permet au contribuable de connaître ses obligations et les sanctions y
afférentes dès la création de
108 Informations résultant de nos échanges avec
M. Yassiya BELEM, chef du service des enquêtes de la Direction des
enquêtes et des recherches fiscales de la DGI.
109 Les caisses enregistreuses sont des outils
électroniques qui enregistrent les transactions de ventes et stockent la
trésorerie. Elles permettent d'enregistrer les petites ventes
effectuées notamment dans les rayons des supermarchés ou dans les
pharmacies pour lesquelles la délivrance de factures normalisées
n'est pas exigée.
[44]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
l'entreprise. Mais en plus des entreprises, la sensibilisation
devrait concerner aussi les consommateurs finaux.
I.1.1.2. La sensibilisation des consommateurs finaux
La notion de consommateur final désigne une personne
qui utilise un service ou achète un bien pour son usage110.
Selon l'article 562 du CGI, « les industriels, commerçants,
prestataires de services ainsi que les établissements publics ayant des
activités à caractère industriel ou commercial sont tenus
de délivrer une facture à leur
client111, quel que soit leur régime d'imposition
». De cette disposition, il ressort que les redevables
susmentionnés de l'obligation de délivrance de la facture
normalisée doivent la délivrer à tout type de client sans
distinction aucune. Tout client de ces redevables a donc droit à une
facture normalisée, y compris les consommateurs finaux. Pourtant,
certaines entreprises, pour des raisons inavouées ne délivrent
pas de facture normalisée au consommateur final. Ces entreprises
traitent différemment deux catégories de clients. La
première catégorie est celle des entreprises qui contractent pour
les besoins de leurs activités professionnelles et à qui elles
délivrent systématiquement des factures normalisées avec
apposition de stickers. La deuxième catégorie concerne les
consommateurs finaux à qui elles délivrent des reçus,
à la place des factures normalisées112. Du reste, ces
derniers ne réclament généralement pas les factures qui
leur sont dues et se contentent des reçus qui leurs sont
délivrés. Cette situation peut s'expliquer par le fait que pour
le consommateur final, la facture normalisée semble ne pas
présenter un grand intérêt. Or, en plus de garantir son
droit de propriété sur le bien acheté, le fait pour le
consommateur final de réclamer une facture normalisée lui permet
de s'assurer que la TVA qu'il paye sera effectivement reversée dans les
caisses de l'État et non à enrichir un contribuable
indélicat.
La non-délivrance de factures normalisées aux
consommateurs finaux constitue pourtant un important moyen de fraude fiscale.
En effet, une vente de bien ou une prestation de service qui n'a pas
donné lieu à facture alors qu'elle l'aurait dû, est une
opération occulte. Elle est facilement dissimulable par le contribuable
et difficilement traçable par l'administration fiscale. Cette situation
est de nature à inciter le contribuable à ne pas déclarer
à l'administration fiscale, la partie du chiffre d'affaires qui n'a pas
fait l'objet de factures normalisées, soit dans un souci
110
www.cnrtl.fr/définition/consommateur,
consulté le 18 avril 2019 à 8 h 13 min.
111 C'est nous qui soulignons.
112 Il faut exclure ici le cas des petits achats qui doivent
être enregistrés sur les caisses enregistreuses.
[45]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
de fraude fiscale, soit pour éviter les sanctions du
non-respect de l'obligation de délivrance de la facture
normalisée113.
Dans ses politiques de lutte contre la fraude fiscale,
l'administration fiscale a généralement ignoré le
rôle que peut jouer le consommateur final dans la lutte contre la fraude
fiscale. Or, la culture de la facturation par ce dernier fait de lui, un
partenaire non négligeable de la DGI, dans la lutte contre la fraude
fiscale. Au regard de ce qui précède, il est important d'aller
vers une sensibilisation des consommateurs finaux afin de les amener à
cultiver le réflexe de réclamer une facture pour toutes les fois
où ils contractent avec un assujetti à la facture
normalisée et à dénoncer tout assujetti qui refuse d'en
donner suite favorable. Pour faciliter la dénonciation de tels
agissements, la DGI pourrait mettre à la disposition du public, un
numéro vert.
La sensibilisation des assujettis et des consommateurs finaux
est un pas important dans la mise en oeuvre efficace de la facture
normalisée. À cela, il est important d'adjoindre la formation
continue des agents vérificateurs.
I.1.2. La formation continue des agents
vérificateurs
La fraude fiscale est un phénomène dont
l'éradication est très complexe. En la matière, les
contribuables indélicats sont très ingénieux dans le
développement de nouvelles techniques de fraude pour s'adapter aux
actions de lutte engagées par l'administration fiscale, voire les
dépasser. Plus l'administration fiscale rétrécit les
mailles de ses filets pour prendre les contribuables fraudeurs, plus ces
derniers se font plus fins pour y passer avec le plus souvent une longueur
d'avance sur leur poursuivant. Il n'est donc pas exclu que les moyens de
contrecarrer la facture normalisée soient déjà
trouvés ou tout au moins, qu'ils soient pour eux, un objet
d'étude. La lutte contre la fraude fiscale se veut donc permanente.
C'est la raison pour laquelle, l'administration fiscale devrait être en
veille. Elle devrait de manière continue, assurer des formations
complémentaires destinées à adapter ses agents aux
nouvelles formes de fraudes susceptibles de toucher la facture
normalisée, afin de préserver les acquis engrangés
à travers sa mise en oeuvre. Il s'agit là d'un véritable
défi pour l'administration fiscale surtout lorsqu'on constate qu'au sein
des agents vérificateurs, deux années après
l'entrée en vigueur de la facture normalisée
personnalisée, certains n'ont pas encore été formés
au contrôle de la facture normalisée. En effet, l'enquête
réalisée auprès des agents vérificateurs a permis
de constater que sur les cinquante (50) enquêtés, 88%
déclarent avoir participé à des sessions de formation dont
le nombre est compris entre un (01) et trois (03), pendant que les 12% restant
affirment
113 Pour les sanctions au non-respect de l'obligation de
délivrance de la facture normalisée, voy. infra., p. 20
et Ss.
[46]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
n'avoir jamais été formés au
contrôle de la facture normalisée. De plus, 75% des agents qui ont
déclaré avoir été formés, estiment avoir
besoin d'une autre formation pour effectuer efficacement le contrôle de
la facture normalisée. La formation continue proposée passe
d'abord par une formation initiale efficace de l'ensemble des agents
vérificateurs et une mise à leur disposition, de moyens
matériels conséquents pour les contrôles114.
La sensibilisation des entreprises assujetties à
l'obligation de délivrance de la facture normalisée et des
consommateurs finaux, couplée à la formation continue des agents
chargés du contrôle de la facture normalisée, sont des
moyens importants susceptibles de renforcer l'efficacité de la facture
normalisée. Toutefois, il est tout aussi important d'envisager certaines
réformes et de renforcer la répression des cas de fraude
fiscale.
I.2. La nécessité de réformes et de
renforcement de la répression des cas de fraude fiscale
Bien qu'importantes, les actions de sensibilisation et de
formation ne sauraient à elles seules, venir à bout de la fraude
liée à la facturation ou de la fraude fiscale de manière
générale. La facture normalisée, comme nous l'avons
souligné, présente certaines faiblesses. Il nous parait judicieux
d'engager des réformes pour aller vers la facture électronique
normalisée qui offre beaucoup plus d'avantages à l'administration
fiscale dans la lutte contre la fraude fiscale. De plus, il est indispensable
de renforcer la répression contre les cas de fraude fiscale.
I.2.1. L'opportunité de la facture
électronique normalisée
Au vue des limites que présente la facture
normalisée telle qu'appliquée au Burkina Faso, l'une des
solutions pourrait être la facture électronique normalisée.
C'est un type de facture qui est émise et reçue sous un format
électronique115, quelle que soit la forme116 et
comportant un certain nombre de mentions obligatoires. La facture
électronique normalisée est donc une sorte de facture
dématérialisée. Sa mise en oeuvre nécessite que les
entreprises saisissent leurs factures sur des machines électroniques
dont le système est connecté à la base de données
de la DGI, au terme d'un processus de certification, de sorte que dès
que la facture est saisie par le
114 L'administration fiscale devrait travailler à
mettre à la disposition des brigades de vérification, non
seulement les outils de contrôle de la facture normalisée mais
aussi, des moyens de déplacement conséquents pour faciliter les
déplacements au sein des entreprises pour les contrôles. À
défaut, l'État pourrait envisager, en accord avec les agents
concernés, la possibilité d'utiliser leurs propres moyens de
déplacement contre une augmentation de la dotation en carburant ainsi
qu'une indemnité pour l'entretien desdits moyens de
déplacement.
115 Il peut s'agir d'un message structuré de type xml,
finvoice, doc, pdf etc.
116 Elle peut être reçue sous la forme d'un mail
avec pièce jointe, un fax non reçu sur papier, un
téléchargement sur un portail web. Voy. D. JACOB, «
Règlementation sur la facturation électronique en Belgique »
in Le point sur la facturation électronique en Belgique, juin
2006 dernière mise à jour :février 2017, disponible sur
www.retis.be/facturation-electronique/,
consulté le 06 mai 2019 à 14 h 57 min.
[47]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
fournisseur, qu'elle soit transmise automatiquement sur la
base de données de la DGI. Pour garantir la traçabilité
des opérations, chaque machine électronique devrait avoir un
identifiant qui apparaitrait sur chaque facture émise. Les contribuables
disposant d'un système de facturation certifié par la Direction
Générale des Impôts devraient se voir délivrer des
documents permettant de le justifier auprès des clients117.
Ainsi, seules les factures qui proviendraient de fournisseurs disposant d'un
système de facturation certifié pourraient ouvrir droit à
déduction de la base de l'impôt sur les bénéfices ou
de la TVA facturée, au cas échéant. Il est
nécessaire que des mesures soient prises pour éviter la
manipulation frauduleuse des ventes ou leur non-enregistrement notamment
à travers la sensibilisation et des contrôles.
Le système de la facture électronique existe
déjà dans certains pays dont la Hongrie, la Suède, la
Belgique, la Turquie, le Japon, le Brésil, le Kenya, le Rwanda,
l'Éthiopie, la Tanzanie118. Une phase pilote de ce
système a démarré le 30 mars 2018 au Bénin
où l'utilisation de machines électroniques certifiées de
facturation (MECeF) a été rendue obligatoire par
l'arrêté n° 711-C/MEF/DC/SGM/DGI/DIE/DLC du 05 mars 2018
portant modalités d'utilisation des machines électronique
certifiées de facturation119. Il comporte des avantages
importants à la fois pour l'administration fiscale mais aussi pour les
contribuables eux-mêmes. En effet, pour l'administration fiscale, il
permet un meilleur contrôle fiscal puisqu'elle lui permet de disposer, en
temps réel, des données relatives aux opérations
réalisées par les contribuables. Cela facilite les recoupements
d'informations afin de vérifier les déclarations produites par
les contribuables et réduit considérablement les délais de
vérification. Même si elle ne résout pas toutes les tares
de la facture normalisée actuelles, la facture électronique
normalisée offre plus de chances de les maîtriser et plus de
facilités à l'administration fiscale, dans la lutte contre la
fraude fiscale120. Pour les contribuables, outre le fait qu'il
constitue un important moyen d'économie121, ce système
renforce le principe d'égalité devant l'impôt et
réduit la concurrence déloyale accentuée par la
capacité à frauder de certains contribuables.
117 Il pourrait s'agir d'un document que le fournisseur
afficherait au sein de l'entreprise de manière à être
visible par les clients et les agents de l'administration fiscale afin de
rassurer les premiers qu'ils traitent avec la bonne personne et les
deuxièmes, qu'ils sont en règle vis-à-vis de
l'administration fiscale.
118
https://benazur.com/factures-normalisées-benin/
consulté le 06 mai 2019 à 11 h 48 min.
119 Ibidem.
120 Le système de la facture électronique
normalisée n'empêche pas les ententes frauduleuses entre
fournisseurs et clients et ne garantit pas non plus que
l'intégralité des opérations seront enregistrées.
Elle permet par contre, à l'administration fiscale, sans se
déplacer, d'avoir une idée du chiffre d'affaire minimum d'une
entreprise donnée et le fait pour les contribuables de savoir que les
factures de l'ensemble des contribuables sont centralisées sur le
serveur de la DGI, les contraint d'une certaine manière, à
être plus sincères dans leurs déclarations.
121 Au regard de sa nature
dématérialisée, la facture électronique
normalisée permet au contribuable fournisseur d'économiser non
seulement en papier mais aussi en ancre.
[48]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
La facture électronique normalisée nous parait
être un moyen plus efficace dans la lutte contre la fraude fiscale. Sa
mise en oeuvre pourrait être progressive, commençant par les
grandes entreprises, en laissant le temps aux autres de pouvoir s'adapter
à la mesure. La lutte contre la fraude fiscale pourrait également
être plus efficace, en renforçant la répression.
I.2.2. Le renforcement de la répression des actes de
fraude fiscale
Le renforcement de la répression des actes de fraude
fiscale passe par l'intensification des opérations d'enquête et de
vérification et la mise en oeuvre de certaines actions de
répression.
I.2.2.1. L'intensification des opérations
d'enquête et de vérification
Même dans un contexte de patriotisme et de civisme
fiscal poussé dans lequel les contribuables sont prompts à payer
leurs impôts, le contrôle fiscal est un impératif. Il l'est
encore plus dans le contexte qui est le nôtre, un contexte où les
contribuables fuient l'impôt et rivalisent d'ingéniosité
à trouver des moyens de s'y soustraire.
La facture normalisée est un moyen mis en oeuvre pour
contrer en amont la fraude fiscale basée sur la facturation. Son
efficacité suppose qu'en aval, des contrôles soient menés,
pour s'assurer du respect par le contribuable, de cette obligation
légale de délivrer des factures normalisées. Deux
contrôles spécifiques de la facture normalisée ont
déjà été organisés par l'administration
fiscale, afin de s'assurer du respect de l'obligation de délivrance de
la facture normalisée : un contrôle-sensibilisation
réalisé en septembre 2017 et un contrôle-sanction en
février 2018. En dehors de ces campagnes spéciales de
contrôle de la facture normalisée, le respect de l'obligation de
délivrance de la facture normalisée est contrôlé au
cours des opérations habituelles de vérifications
générales ou ponctuelles effectuées par les
différentes brigades de vérification. Or, il est ressorti que peu
d'entreprises sont vérifiées chaque année au Burkina
Faso122, les vérifications ne concernant
généralement que quelques entreprises dont l'administration
fiscale soupçonne de manquer à leurs obligations fiscales.
Pourtant, il est important que toutes les entreprises soient
vérifiées. Cette importance se traduit par le fait que d'abord,
certaines déclarations des contribuables, à l'apparence normales,
peuvent cacher des cas importants de fraude fiscale que seules des
vérifications exhaustives permettraient de déceler. Ensuite,
l'effet de dissuasion. C'est ce que Jean Claude Martinez qualifie d'effet
indirect du contrôle fiscal. Selon lui, l'élévation de la
probabilité de contrôle
122 Voy. infra., p. 12 et Ss.
[49]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
amène les contribuables à produire des
déclarations plus justes123. Enfin, il y va de
l'équité fiscale. Il n'est pas normal que certaines entreprises
fassent l'objet de vérifications plus ou moins régulières
et que d'autres aient l'impression d'être à l'abri des
vérifications. Pour toutes ces raisons, il nous semble impératif
que soit instaurée une bonne politique de contrôles externes, afin
de garantir un contrôle effectif et régulier à chaque
contribuable. Pour cela, il nous parait important de renforcer le nombre
d'équipes dans les brigades de vérification et de concevoir les
programmes de vérification de sorte à permettre qu'à
défaut d'effectuer la vérification de toutes les entreprises
chaque année, que chaque entreprise soit vérifiée au moins
une fois, tous les trois ans. Pour toute entreprise, les vérifications
devraient être certaines et non aléatoires et chacune devrait
avoir à l'esprit qu'elle sera vérifiée et non qu'elle est
susceptible de l'être. De notre point de vue, parvenir à ce niveau
de contrôle permettrait de minimiser considérablement les
velléités de fraude fiscale. Mais à l'intensification des
opérations de contrôles, il faut associer l'intensification de la
répression contre les actes de fraude fiscale.
I.2.2.2. Les actions de répression des actes de
fraude fiscale
La lutte contre la fraude fiscale à travers la facture
normalisée ne saurait être pleinement efficace sans la mise en
oeuvre des actions de répression prévues par la loi. Au Burkina
Faso, les poursuites pénales sont rares tandis que les sanctions
administratives semblent avoir montré leurs limites puisque
malgré leur application, la fraude fiscale a l'air de se
développer davantage. Pour renforcer indirectement l'efficacité
de la facture normalisée, l'administration fiscale devrait envisager
l'application effective, voire systématique des mesures coercitives de
recouvrement des recettes fiscales. De plus, le législateur devrait,
légalement, renforcer la répression en prévoyant
l'engagement systématique de poursuites pénales dans certains cas
de fraude fiscale ainsi que la publication annuelle de la liste des
contribuables fraudeurs.
I.2.2.2.1. L'application systématique des mesures
coercitives de recouvrement des
recettes fiscales
L'une des causes de la persistance de la fraude fiscale, comme
relevé plus haut124, est l'inefficacité des
contrôles fiscaux caractérisée par le faible taux de
recouvrement des droits simples et pénalités résultant des
redressements fiscaux. La raison avancée est le fait que
l'administration fiscale n'applique pas suffisamment, contre les contribuables
fraudeurs, les
123 J.-C. MARTINEZ, La fraude fiscale, op.
cit., p. 171.
124 Voy. infra., p. 13.
[50]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
règles relatives au recouvrement forcé
prévues par le CGI, lorsque ces derniers refusent de payer
spontanément les sommes dues à la suite des redressements
fiscaux.
La procédure de recouvrement forcé est pourtant
clairement prévue par le CGI. Elle est mise en oeuvre par les receveurs
des impôts ou les personnes dûment habilitées. Elle
débute par un avis de mise en recouvrement (AMR) qui est servi au
contribuable retardataire, par lettre recommandée avec accusé de
réception ou directement par registre de transmission, au siège
de son établissement, à son domicile ou à celui de son
représentant125, l'invitant à se libérer de sa
dette dans un délai de huit (8) jours suivant la date de
réception de l'AMR126. À défaut de paiement des
sommes mentionnées sur l'avis de mise en recouvrement dans le
délai susvisé, les receveurs des impôts et les personnes
dûment habilitées peuvent notifier au contribuable, un avis de
mise en demeure (AMD) contenant sommation de payer dans un délai de cinq
(5) jours pour compter de la date de remise de la notification127.
Après cette étape, ils peuvent notifier un avis à tiers
détenteur (ATD) à tout dépositaire, détenteur ou
débiteur de sommes appartenant ou devant revenir au contribuable
retardataire, afin que le tiers détenteur verse en lieu et place de ce
dernier, les fonds qu'il détient ou qu'il doit, à concurrence des
impositions dues par le contribuable retardataire128. En outre, les
receveurs des impôts et les personnes dûment habilitées
ainsi que tout autre agent de poursuite habilité129 peuvent
procéder à la saisie des marchandises et biens meubles
appartenant au contribuable en vue de les vendre dans les formes prévues
pour la vente aux enchères publiques130. Enfin,
conformément aux articles 695 et suivants du CGI, les receveurs des
impôts peuvent procéder, sur décision du Directeur
général des impôts, à la fermeture administrative
temporaire131 de l'établissement du contribuable pour
défaut de paiement des sommes dues au Trésor public. Si au cours
de ces dernières années l'administration fiscale tend à
systématiser la mise en oeuvre de la procédure de recouvrement
forcé des recettes fiscales jusqu'au stade de l'ATD132, il
reste qu'elle semble encore hésitante à
125 Voy. art. 680, al. 2 du CGI.
126 Voy. art. 680, al. 3 du CGI.
127 Voy. art. 681, al. 1er du CGI.
128 Pour les règles régissant l'avis à tiers
détenteur, voy. art. 685 et Ss du CGI.
129 Selon l'art. 682 al. 1er du CGI, le
recouvrement forcé des impôts directs et taxes assimilées
est exercé par des porteurs de contraintes, agents assermentés,
commissionnés par le Ministre chargé des finances et remplissant
les fonctions d'huissier. Ces personnes sont appelées des agents de
poursuite et l'alinéa 3 du même article fait des receveurs des
impôts et les personnes dûment habilitées, des agents de
poursuites d'office, dans les limites de leur ressort territorial.
130 Voy. art. 700 al. 3 du CGI.
131 La durée de la fermeture est de dix (10) jours,
renouvelable sur décision du Directeur général des
impôts. Voy. art. 696 al. 2.
132 Voy. DGI, Rapport d'activités 2017 op.
cit, p. 32. Selon ce rapport, au cours de l'année 2017, la DGI a
enregistré 12 571 AMR pour un montant de 95,4 milliards de FCFA avec un
taux de recouvrement de 6,33% ; 3 498 AMD pour un montant de 48,8 milliards de
FCFA avec un taux de recouvrement de 9,6% ; 1 803 plans de règlement
[51]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
systématiser les actions de saisies-ventes et de
fermeture administrative d'établissements ci-dessus
exposées133. Or, de notre point de vue, l'administration
fiscale devrait appliquer systématiquement l'ensemble de ces mesures
afin de discipliner les contribuables indélicats et de redonner au
contrôle fiscal son caractère dissuasif.
I.2.2.2.2. L'engagement systématique de poursuites
pénales
Selon l'article 814 CGI alinéas 1 et 2, les poursuites
pénales sont engagées sur plainte de l'administration fiscale. La
plainte peut être déposée devant le tribunal correctionnel
jusqu'à la fin de la quatrième année qui suit celle au
cours de laquelle l'infraction a été commise. Selon cette
disposition, il revient à l'administration fiscale de porter à la
connaissance du ministère public, les cas de fraudes fiscales à
travers une plainte. Toutefois, le constat est qu'en la matière,
l'administration fiscale formule très rarement des
plaintes134. Pour s'en convaincre, il faut souligner que le
dépôt, en 2017, de onze (11) plaintes135 auprès
du Procureur près le Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou, pour
des faits de fraude fiscale, a été cité comme «
l'une des plus grandes innovations [de la DGI] en matière de lutte
contre la fraude fiscale »136. Cela démontre
qu'avant 2017, les plaintes pour fraude fiscale n'étaient pas de
pratique courante au niveau de l'administration fiscale burkinabè. Or,
dans certains pays, les plaintes pour fraude fiscale semblent relever d'un
réflexe pour les cas graves. Il en est ainsi du cas de la France. Le
tableau suivant présente l'état des poursuites pénales
pour fraude fiscale en France.
Tableau 6 : État des poursuites pénales des
infractions fiscales en France (2015-2017)137
DÉTAIL DES PLAINTES POUR FRAUDE FISCALE ET
DES
|
2015
|
2016
|
2017
|
DOSSIERS TRANSMIS À LA «POLICE
FISCALE»
|
|
|
|
Propositions de poursuites à la Commission des infractions
fiscales
|
1061
|
944
|
973
|
Plaintes déposées (fraude fiscale et «police
fiscale»)
|
1027
|
943
|
923
|
Source : Extrait du Rapport d'activité 2017 de la DGFiP
(France)
pour 5,2 milliards de FCFA recouvré à 17,43% et
1 241 ATD pour un montant de 19,7 milliards de FCFA avec un taux de
recouvrement de 2,36%.
133 Cela peut s'expliquer par la crainte des
répercutions économiques que ces actions peuvent avoir sur les
entreprises concernées ainsi que les conséquences en terme de
maintien des emplois créés par elles.
134 Voy. dans ce sens, Elie BITIE, La problématique
de la fraude fiscale dans la mise en oeuvre du Plan national de
développement économique et social (PNDES), mémoire
ENAREF, 2018, p. 49.
135 Les cas de fraude en cause sont entre autres la
falsification d'attestations, l'utilisation frauduleuse de numéros IFU
et la transmission de droits à déduction fictifs en
matière de TVA. Voy. Direction Générale des Impôts,
Rapport d'activités 2017, Ouagadougou, DGI, 2018, p. 45.
136 Ibid.
137 Voy. Direction Générale des Finances
Publiques, Rapport d'activité 2017, Cahier statistiques, Paris,
DGFiP, 2018, p. 13.
[52]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
Il en ressort que sur la période de 2015 à 2017,
il y a eu en moyenne 964 plaintes par an pour fraude fiscale en France, contre
une moyenne de 992 cas de propositions de poursuites faites à la
Commission des infractions fiscales. L'écart entre ces deux chiffres
peut s'expliquer par le fait qu'en France, seuls les cas les plus graves de
fraude fiscale sont poursuivis138.
Au Burkina Faso, l'insuffisance des poursuites pénales
des cas de fraude fiscale encourage de nombreux contribuables indélicats
à persister dans la fraude fiscale, les sanctions administratives
étant moins dissuasives. En effet, nombreux sont les contribuables qui
sont prêts à risquer un redressement fiscal en fraudant, surtout
quand ils savent qu'ils ont des chances de ne pas être
contrôlés. Par contre, il n'est pas certain qu'ils soient
prêts à risquer autant une peine de prison. Il est donc
nécessaire, pour une plus grande efficacité dans la lutte contre
la fraude fiscale, qu'à l'image de son homologue
français139, le législateur burkinabè fixe un
seuil de gravité à partir duquel, l'administration fiscale est
obligée de dénoncer au parquet, les cas de fraude à la
facturation et partant, tous les cas de fraude fiscale. Il faudrait en plus
prévoir que le parquet puisse d'initiative, poursuivre même sans
dénonciation de l'administration fiscale, les cas de fraude fiscale
connexes à ceux dénoncés par l'administration fiscale.
I.2.2.2.3. La publication annuelle de la liste des
contribuables fraudeurs
La publication annuelle de la liste des contribuables
fraudeurs consiste à publier chaque début d'année, la
liste des personnes physiques et morales condamnées pour fraude fiscale
au cours de l'année écoulée. Cette mesure,
déjà appliquée en France140 notamment, nous
parait être un
138 Selon la décision 2016-545 QPC du 24 juin 2016 du
Conseil constitutionnel français, le principe de nécessité
des délits et des peines impose que « les dispositions de
l'article 1741 ne s'appliquent qu'aux cas les plus graves de dissimulation
frauduleuse de sommes soumises à l'impôt ».
139 L'art. L 228 du Livre de procédures fiscales
français modifié par loi n° 2018-898 du 23 octobre 2018,
prévoit l'obligation pour l'administration fiscale de dénoncer au
parquet, les faits qui ont abouti, sur des droits dépassant 100.000
Euros, à l'application des pénalités fiscales suivantes
:
soit de la majoration de 100 % en cas d'opposition à
contrôle fiscal (art. 1732 du CGI),
soit de la majoration de 80 % en cas de découverte
d'une activité occulte (art. 1728,1-c du CGI), d'abus de droit, de
manoeuvre frauduleuse, de dissimulation de prix (art. 1729, b et c du CGI) ou
d'activité illicite (art. 1758 dernier al. du CGI),
soit de la majoration de 80 % en cas de non déclaration
des avoirs à l'étranger (art. 1729-0 A du CGI),
soit de la majoration de 40 % lorsque la déclaration ou
l'acte comportant les éléments à retenir pour l'assiette
ou la liquidation de l'impôt n'a pas été
déposé dans le délai de 30 jours suivant la
réception d'une lettre de mise en demeure (art. 1728, 1-b du CGI),
soit de la majoration de 40 % en cas de manquement
délibéré ou d'abus de droit pour lequel il n'a pas
été établi que le contribuable a eu l'initiative
principale des actes constitutifs de l'abus de droit ou en a été
le principal bénéficiaire (art. 1729, a et b du CGI) lorsqu'au
cours des six années civiles précédant son application le
contribuable a déjà fait l'objet lors d'un
précédent contrôle de l'application d'une des majorations
visées ci-dessus ou d'une plainte de l'administration fiscale. Voy.
« Loi relative à la lutte contre la fraude » in
Fiscal Informations, n° 6-Fiscal-n° 1, 17 janvier 2019, p. 3 ;
www.fntp.fr consulté le 07 mai
2019 à 11 h 56 min.
140 Voy. Loi n° 2018-898 du 23 octobre 2018 relative
à la lutte contre la fraude.
[53]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
moyen intéressant de lutte contre la fraude à la
facturation ainsi que toute forme de fraude fiscale.
Au Burkina Faso, le CGI en son article 806-2 alinéa 2
prévoit, en cas de récidive, dans un délai de cinq (5) ans
après une condamnation pour fraude fiscale, la possibilité pour
les juges d'ordonner dans le jugement de condamnation du contribuable fraudeur,
l'affichage et la publicité dudit jugement. Cette dernière
sanction est rarement prononcée puisque comme nous l'avons
souligné plus haut, l'engagement de poursuites pénales
même, est une action rare. De plus, les quelques rares cas de
condamnations sont très souvent ignorés du public141.
Aussi est-il nécessaire que le CGI soit revu de manière à
permettre à l'administration fiscale de publier systématiquement
chaque fin d'année, la liste de toutes les personnes physiques ou
morales qui, au cours de l'année, ont été reconnues
coupables de fraude fiscale à la facturation ou de fraude fiscale de
manière générale. Cette publication peut être faite
sur le site de la DGI et restée accessible au public, pour une
durée d'une année. Les éléments à publier
pourraient être, en plus de la dénomination de ces contribuables,
la nature et le montant des droits fraudés, les amendes
et majorations appliquées, ainsi que l'activité professionnelle
et le lieu d'exercice de cette activité. Une fois cette publication
faite par la DGI puis relayée par la presse nationale, la mesure
pourrait produire deux effets majeurs. Elle pourrait non seulement susciter la
réprobation du public vis-à-vis de ces contribuables fraudeurs
puisqu'après tout, frauder fiscalement, c'est voler la
communauté. En outre, elle pourrait dissuader d'éventuels
contribuables adeptes de la fraude fiscale car, comme l'a souligné fort
justement un auteur, « un médecin de renom paiera certes avec
quelques réticences une forte amende, mais il sera plus
gêné si son nom est publié dans la presse régionale
»142.
Il en ressort que le renforcement de la répression des
cas de fraude fiscale est une mesure susceptible d'accompagner la facture
normalisée dans la lutte contre la fraude fiscale. Il convient à
présent de procéder à la vérification des
hypothèses formulées.
II. VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES
Dans le cadre de la présente recherche,
l'hypothèse de départ suivante avait été
formulée : « la facture normalisée est un moyen efficace
de lutte contre la fraude fiscale mais son efficacité peut être
améliorée ». Afin de vérifier cette
hypothèse, nous avions énoncé trois hypothèses
secondaires. D'abord que la mise en oeuvre de la facture normalisée au
Burkina Faso permet à
141 La raison est que les salles d'audience sont très
peu fréquentées au Burkina Faso, sauf pour le cas des dossiers
emblématiques.
142 A. HOFER, La fraude fiscale en Suisse, op. cit., p.
127.
[54]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
l'administration fiscale d'engranger d'importants acquis dans
la lutte contre la fraude fiscale ; puis, que la facture normalisée
comporte néanmoins des insuffisances non négligeables et enfin
que l'efficacité de la facture normalisée dans la lutte contre la
fraude fiscale peut être renforcée à travers certaines
actions. Il est question ici de vérifier si lesdites hypothèses
ont été confirmées ou infirmées par les
résultats de la recherche.
II.1. Sur les acquis de la facture normalisée dans
la lutte contre la fraude fiscale
Comme rappelé plus haut, la première
hypothèse secondaire consistait à affirmer que la mise en oeuvre
de la facture normalisée au Burkina Faso permet à
l'administration fiscale d'engranger d'importants acquis dans la lutte contre
la fraude fiscale. Au regard des résultats de la recherche, il y a lieu
d'affirmer que cette hypothèse a été confirmée. En
effet, il est ressorti que la facture normalisée est d'abord un moyen
qui permet de renforcer la traçabilité des opérations
commerciales non seulement à travers les mentions obligatoires qu'elle
comporte mais aussi à travers l'exigence de l'apposition du sticker. Il
s'agit d'un acquis important qui entraine la réduction des cas de
falsification de factures. Désormais, avec le système de la
facture normalisée, aucun contribuable ne peut se faire passer pour un
autre, ce qui constitue une avancée capitale surtout que l'une des
manifestations de la fraude fiscale consistait pour une entreprise, soit
à falsifier les factures d'une entreprise connue tout en respectant les
mentions obligatoires prévues par la loi, soit à faire recours
à des entreprises fictives appelées «entreprises taxis»
qui ont pour activité, la commercialisation de fausses
factures143. En outre, l'une des conséquences logiques de la
réduction des cas de falsification de factures est le rehaussement du
taux de recouvrement des recettes fiscales. Sur la question, il a
été observé que les recettes des impôts sur le
bénéfice de l'année 2017, année de début de
mise en oeuvre de la facture normalisée ont connu une hausse de l'ordre
de 22,96% par rapport à celles de la moyenne des trois années qui
ont précédé la mise en oeuvre de la facture
normalisée tandis que les recettes de même nature de
l'année 2018 ont connu, sur la même base de comparaison, une
hausse de 44,21%. Pour le cas des recettes de la TVA, si pour l'année
2017, la croissance était de 35,97%, celle de 2018 s'est établie
à seulement 32,46%. On peut observer que contrairement aux recettes des
impôts sur le bénéfice qui ont connu des hausses
importantes en 2018, l'évolution des recettes de la TVA la même
année est plus ou moins mitigée. La raison qui a
été avancée est que le recouvrement de la TVA a subi
l'impact de la grève des agents du Ministère en charge des
finances144. Quoi qu'il en soit, il a été retenu que
la facture normalisée
143 Voy. infra., p. 8.
144 Voy. infra., p. 38 et Ss.
[55]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
a eu un impact positif sur le recouvrement des recettes
fiscales de manière générale, lesquelles ont connu en
moyenne, sur les deux années de sa mise en oeuvre, une hausse de plus de
30% par rapport à la moyenne des trois dernières années
qui ont précédé cette mise en oeuvre.
II.2. Sur les insuffisances du système de la facture
normalisée
Il est ressorti que même si le système de la
facture normalisée comporte des avantages importants, certaines
insuffisances de nature à réduire son efficacité dans la
lutte contre la fraude fiscale peuvent lui être reprochées. Trois
principales insuffisances ont été déterminées. En
effet, il a été mentionné que le système de la
facture normalisée ne garantit ni la réalité des
opérations facturées, ni celle des montants portés sur les
factures et encore moins, la facturation de l'ensemble des opérations.
Les deux premières insuffisances ont pour effet de garder toujours
possibles, les cas de déductions de TVA et de charges fictives, des
formes de fraude fiscale pourtant chèrement combattues par la facture
normalisée. La troisième insuffisance est la résultante du
défaut de culture de la facturation au Burkina Faso. Elle est de nature
à entrainer des cas de dissimulations volontaires de sommes sujettes
à l'impôt.
II.3. Sur le renforcement de l'efficacité de la
facture normalisée
Plusieurs suggestions ont été formulées
afin de renforcer directement ou indirectement l'efficacité de la
facture normalisée dans la lutte contre la fraude fiscale. Il en est
ainsi du renforcement de la formation et de la sensibilisation des acteurs,
l'électronisation de la facture normalisée, le
renforcement de la répression des cas de fraude fiscale à travers
l'application systématique des mesures coercitives de recouvrement des
recettes fiscales à la suite des redressements fiscaux, la
systématisation des poursuites pénales et la publication annuelle
de la liste des contribuables fraudeurs.
En somme, ce chapitre nous a permis d'une part, de formuler
quelques suggestions visant à améliorer l'efficacité de la
facture normalisée. À ce sujet, il a été
mentionné que non seulement, le renforcement de la sensibilisation et la
formation des acteurs mais aussi la réalisation de certaines reformes
ainsi que le renforcement de la répression des cas de fraude fiscale
sont des moyens efficaces importants à même de donner une plus
grande efficacité à la facture normalisée dans la lutte
contre la fraude fiscale au Burkina Faso. D'autre part, ce chapitre a
été l'occasion de vérifier les différentes
hypothèses formulées au début de notre étude. Sur
ce point, il ressort, au bout de l'analyse, que toutes les hypothèses
formulées ont été vérifiées.
[56]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
CONCLUSION GÉNÉRALE
La présente étude relative à l'analyse de
l'efficacité de la facture normalisée comme moyen de lutte contre
la fraude fiscale avait pour objectif général de contribuer
à la réflexion sur les moyens de renforcer l'efficacité de
la facture normalisée, dans la lutte contre le phénomène
de la fraude fiscale au Burkina Faso. Ainsi, trois objectifs spécifiques
avaient été dégagés. Il était question,
d'abord, de présenter le cadre conceptuel de la fraude fiscale et celui
de la facture normalisée. Ensuite, il s'agissait d'analyser l'impact de
la facture normalisée dans la lutte contre la fraude fiscale et enfin de
déceler les insuffisances de la facture normalisée et de formuler
des suggestions susceptibles de renforcer l'efficacité de la facture
normalisée.
Comme nous l'avons souligné, la fraude fiscale est un
acte de transgression délibérée de la loi fiscale, dans le
but soit d'échapper ou de réduire le montant de l'impôt,
soit d'obtenir de l'administration fiscale, le remboursement d'une somme indue.
Ses manifestations peuvent être soit spécifiques à la TVA,
à savoir la facturation illégale de la TVA, la déduction
fictive de la TVA, les fausses exportations et le non reversement de la TVA
due, soit générales notamment la dissimulation volontaire de
sommes sujettes à l'impôt, l'organisation par le contribuable, de
son insolvabilité et l'obstruction au paiement de l'impôt par
biens d'autres manoeuvres. La fraude fiscale trouve ses causes non seulement
dans la psychologie du contribuable mais aussi dans certaines raisons
économico-structurelles telles que le choix du système fiscal
déclaratif, la prédominance du secteur informel ainsi que
l'insuffisance et l'inefficacité des contrôles fiscaux. Tout ceci
induit des conséquences importantes qui sont d'ordre social et d'ordre
économique notamment la perte de recettes fiscales et l'entrave à
la libre concurrence. La facture normalisée quant à elle, est une
facture comportant un ensemble de mentions obligatoires prévues à
l'article 564 alinéa 2 du CGI et sécurisée par
l'apposition d'un sticker. Instituée au Burkina Faso, par l'article 17
de la loi n° 37-2013/AN du 21 novembre 2013 portant loi de finances pour
l'exécution du budget de l'État, gestion 2014, dans un contexte
où la fraude fiscale avait pris des proportions inquiétantes, ses
conditions d'édition et de gestion sont prévues par
l'arrêté n° 2014-439/MEF/SG/DGI du 31 décembre 2014
portant conditions d'édition et de gestion des factures
normalisées au Burkina Faso. Cet arrêté prévoit deux
types de factures normalisées : la facture normalisée
personnalisée et celle pré-imprimée. Toutefois, à
ce jour, seule la facture normalisée personnalisée a
été mise en oeuvre pour compter du 1er mars 2017. Ce type de
facture normalisée s'impose aux industriels, commerçants,
prestataires de services ainsi qu'aux établissements publics ayant des
activités à caractère industriel ou commercial relevant du
régime du réel normal d'imposition et qui n'en ont pas
été expressément
[57]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
dispensé par la loi. L'obligation de délivrance
de la facture normalisée qui pèse sur ces redevables peut faire
l'objet de contrôle. Ce contrôle porte non seulement sur les
mentions obligatoires de la facture normalisée mais aussi sur le
sticker. Le contrôle des mentions de la facture normalisée peut
être effectué à l'oeil nu à diverses occasions
notamment celles de vérification de comptabilité ou de
vérification inopinée ou encore à l'occasion de la mise en
oeuvre du droit de visite ou du droit d'enquête de l'administration
fiscale. Quant au contrôle du sticker et surtout en ce qui concerne son
authenticité, certains moyens de contrôle tels que le
contrôle visuel, le site internet de la DGI, les lecteurs QR code, le
« DGI Android » ou encore le « e-DGI » et la lampe UV ont
été mis en place. Le non-respect de l'obligation de
délivrance de la facture normalisée fait l'objet de sanctions
prévues par le CGI.
La facture normalisée produit deux effets majeurs.
D'une part, elle participe à la sécurisation des transactions
commerciales et d'autre part, elle contribue au renforcement de la mobilisation
des recettes fiscales. La sécurisation des transactions commerciales se
matérialise non seulement par le renforcement de leur
traçabilité à travers les mentions obligatoires de la
facture normalisée et l'apposition obligatoire du sticker mais
également par la réduction des cas de falsification de factures.
Toutefois, le système de la facture normalisée ne garantit ni
l'effectivité des opérations facturées ni la
réalité des montants inscrits sur les factures. Cette situation a
pour effet d'entrainer la subsistance de certains cas de falsifications de
factures susceptibles de conduire à des opérations frauduleuses
de déduction de TVA et de charges fictives. De même, il convient
de souligner que la facture normalisée ne présente aucune
garantie que l'ensemble des opérations réalisées par
l'entreprises, ont été facturées. Cette insuffisance,
résultat du défaut de culture de la facturation au niveau du
consommateur final, compromet toute chance de déterminer le chiffre
d'affaires réel du contribuable et est de nature à lui permettre
de dissimuler des sommes sujettes à l'impôt. Du point de vue de la
mobilisation des recettes fiscales, l'analyse des recettes fiscales annuelles
de la TVA et des impôts sur le bénéfice des cinq (05)
dernières années, permet de constater, sur la période de
mise en oeuvre de la facture normalisée, une augmentation en moyenne de
ces recettes fiscales de plus de 30%, par rapport à la période
antérieure à la mise en oeuvre de la facture
normalisée.
Ces acquis et insuffisances révèlent que dans la
lutte contre la fraude fiscale, la facture normalisée n'est pas une
panacée. Son efficacité pourrait tout de même être
renforcée directement ou indirectement par diverses actions.
Directement, il en ressort la nécessité de sensibiliser les
consommateurs finaux à la culture de la facturation, de renforcer la
sensibilisation des assujettis à l'obligation de délivrance de la
facture normalisée, d'assurer aux
[58]
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
agents vérificateurs, une formation continue afin
d'adapter continuellement les opérations de vérification aux
nouvelles formes de fraude fiscale à la facturation et d'envisager
l'électronisation de la facture normalisée. Il est
apparu que de manière indirecte, l'efficacité de la facture
normalisée pourrait être accrue à travers l'intensification
des opérations d'enquêtes et de vérification, l'application
effective voire systématique des mesures coercitives de recouvrement des
recettes fiscales, l'engagement systématique de poursuites
pénales dans les cas graves de fraude fiscale ainsi que la publication
annuelle de la liste des contribuables fraudeurs. Ces différentes
mesures qui, indirectement participent à renforcer l'efficacité
de la facture normalisée sont toutes aussi capitales que celles qui y
participent plus directement car comme l'a si justement affirmé
Jean-Claude MARTINEZ, « s'en remettre à la
sincérité du contribuable pour connaitre la matière
imposable, c'est l'inciter à la fraude. Et espérer par un
contrôle dont le contribuable connait les limites, c'est accorder une
assurance aux fraudeurs »145. En tout état de
cause, aucun combat n'est gagné sans une bonne dose de volonté et
dans une lutte telle que celle engagée contre la fraude fiscale, le
rôle d'aucun acteur ne doit être négligé.
[59]
LANKOANDE Richard
145 J.-C. MARTINEZ, La fraude fiscale, op. cit.,
p. 112.
BIBLIOGRAPHIE
XII
I. Ouvrages
1. Conférence des Nations Unies sur le commerce et le
développement, Le développement économique en Afrique
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Afrique, New York et Genève, CNUCED, 2016, 174 p.
2. CORNU (G.), Vocabulaire Juridique, Association
Henri Capitant, QUADRIGE/PUF, 2012, 1095 p.
3. DI MALTA (P.), Droit fiscal pénal, Paris,
PUF, 1992, 282 p.
4. HOFER (A.), La fraude fiscale en Suisse,
Grounauer, 1978, 170 p.
5. LOPEZ (C.), Droit pénal fiscal, Paris,
LGDJ, 2012, 227 p.
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1984, 127 p.
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8. PRADEL (J.), Droit pénal
général, Paris, Cujas, 1996, 11 éd., 991 p.
9. SAWADOGO (F. M.), Précis de droit fiscal
burkinabè, Namur, A. Bolland, 1991, 363 p.
10. SAWADOGO (F. M.) et DEMBÉLÉ (S.),
Précis de droit fiscal burkinabè, Ouagadougou, Maison du
droit, 2015. 748 p.
11. SERLOOTEN (P.), Droit fiscal des affaires,
Paris, Dalloz, 14e éd. 2015, 788 p.
II. Thèses et mémoires
1. BAZART (C.), La fraude fiscale : modélisation
du face-à-face État-contribuables, thèse de doctorat,
Université Montpellier I, 372 p.
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fiscale dans la mise en oeuvre du Plan national de développement
économique et social (PNDES), mémoire ENAREF, 2018, 52 p.
3. KABALAS (A.), L'institution de la facture
normalisée, enjeux et perspectives, mémoire ENAREF, 2018, 54
p.
4. KONATE (L.), Impact des sanctions fiscales dans la
mobilisation des recettes fiscales au Burkina Faso, mémoire ENAREF,
2018, 50 p.
5.
XIII
OUANGRAOUA (R.), Opérationnalisation de la facture
normalisée au Burkina Faso . contraintes et perspectives,
mémoire, ENAREF, 2018, 50 p.
6. SANTERRE (C.), La problématique de la justice
fiscale . le cas du Québec, mémoire, Université de
Québec à Montréal, avril 2010, 123 p.
7. TOÉ (J. Y), Les aspects fiscaux et douaniers du
développement économique de l'Afrique de l'ouest,
thèse de doctorat d'État, Dijon, 1978, 484 p.
III. Articles
1. Anonyme, « Loi relative à la lutte contre la
fraude » in Fiscal Informations, n° 6-Fiscal-n° 1, 17
janvier 2019, pp. 1-6.
2. DECALUWÉ (B.) et al., « Union douanière
au sein de l'UEMOA : une analyse quantitative » in Revue
économique 2001/4 (Vol. 52), pp. 811-830.
3. JACOB (D), « Règlementation sur la facturation
électronique en Belgique » in Le point sur la facturation
électronique en Belgique, juin 2006 dernière mise à jour
:février 2017, disponible sur
www.retis.be/facturation-electronique/.
IV. Rapports et communications
1. Commission d'enquête parlementaire, Rapport
général sur l'enquête parlementaire sur la fraude fiscale,
l'impunité fiscale, les restes à recouvrer et les chèques
impayés, Ouagadougou, CNT, 2015, 81 p.
2. Direction du Contrôle Fiscal, La cartographie de
la fraude en matière de taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA),
Formation du 14 avril 2015, 22 p. (inédit).
3. Direction Générale des Finances Publiques,
Rapport d'activité 2017, Cahier statistiques, Paris, DGFiP,
2018, 22 p.
4. Direction Générale des Impôts,
État des lieux de la fraude fiscale au Burkina Faso, . approche de
solutions liées aux aménagements et aux contrôles,
sixième conférence annuelle, atelier 1, Ouagadougou, DGI, 2017,
42 p.
5. Direction Générale des Impôts,
Rapport d'activités 2017, Ouagadougou, DGI, 2018, 65 p.
V. Textes législatifs et règlementaires
1. Arrêté n° 2014-439/MEF/SG/DGI du 31
décembre 2014 portant Conditions d'édition et de gestion des
factures normalisées au Burkina Faso.
2.
xiv
Arrêté n° 711-C/MEF/DC/SGM/DGI/DIE/DLC du 05
mars 2018 portant modalités d'utilisation des machines
électronique certifiées de facturation [au Bénin].
3. Communiqué n° 00044 du 15 février 2017
relatif à l'obligation de délivrance de factures
normalisées par les entreprises du RNI.
4. Loi n° 6-65/AN du 26 mai 1965 portant adoption du
Code des impôts directs et indirects (abrogée).
5. Loi n° 2002-156 du 15 mars 2002 portant loi de
finance de l'année 2002 [ de la Côte d'Ivoire]
6. Loi n° 04-2010/AN du 28 janvier 2010 portant
institution d'un livre de procédures fiscales (abrogée).
7. Loi n° 008-2010 du 29 janvier 2010 portant
création d'un impôt sur les sociétés
(abrogée).
8. Loi n° 37-2013/AN du 21 novembre 2013 portant loi de
finances pour l'exécution du budget de l'État, gestion 2014.
9. Loi n° 106-2015/CNT du 26 décembre 2015
portant loi de finances pour l'exécution du budget de l'État,
gestion 2016.
10. Loi n° 058-2017/AN du 20 décembre 2017
portant Code général des impôts du Burkina Faso.
11. Loi n° 025-2018/AN du 31 mai 2018 portant code
pénal [burkinabè] ;
12. Loi n° 2018-898 du 23 octobre 2018 relative à
la lutte contre la fraude fiscale [en France].
13. Loi n° 042-2018/AN du 18 décembre 2018
portant loi de finances pour l'exécution du budget de l'État,
exercice 2019.
14. Note de service n° 2015-0056/MEF/SG/DGI/DSF/GUDEF du
28 janvier 2015 relative à la segmentation administrative des
contribuables.
15. Note d'orientation n° 2017-299/MINEFID/SG/DGI/SGFN
du 13 mars 2017 relative à la Facture normalisée
personnalisée.
VI. Jurisprudence
1. Cass. crim., 25 mai 1987, n° 85-95191.
2. Cass. crim, 6 décembre 1993, n° 93-80803.
3. Cass., crim., 10 décembre 1969, aff. Berntein,
Terre et autres.
4. Cass. crim, 6 avril 2011, n° 10-85209.
xv
5. C. const. Décision 2016-545 QPC du 24 juin 2016.
VII. Sites internet
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http://www.impots.gov.bf/,
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www.cnrtl.fr/définition/consommateur,
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02 mai 2019 à 13 h 03 min.
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www.fntp.fr, consulté le 07 mai
2019 à 11 h 56 min.
8.
www.retis.be/facturation-electronique/,
consulté le 06 mai 2019 à 14 h 57 min.
Ø
ANNEXES
xvi
Annexe 1 : Fiche d'entretien avec le Chef du service de gestion
de la facture normalisée ;
Ø Annexe 2 : Fiche d'entretien avec les chefs de brigades
de vérification ;
Ø Annexe 3 : Fiche d'enquête sur le contrôle
de la facture normalisée ;
Ø Annexe 4 : Répartition des entreprises par
régime d'imposition et taux de couverture des contrôles fiscaux
;
Ø Annexe 5 : Détail des recettes fiscales de la
DGI de 2014 à 2018.
xvii
Annexe 1 : Fiche d'entretien avec le Chef du service de
gestion de la facture
normalisée
1. Pourquoi la facture normalisée selon vous ?
2. Pensez-vous que le dispositif de sécurisation de la
facture normalisée est efficace ?
3. Quels sont les moyens de sensibilisation des assujettis
à la délivrance de la facture normalisée pour le respect
de cette obligation ?
4. Pensez-vous que le nombre de postes
déterminés pour la vente des stickers est suffisant ?
5. Peut-on à ce jour, avoir une idée du nombre
d'entreprises ayant adhéré à la facture normalisée
et le nombre de stickers déjà vendus ?
6. À travers la presse, certains assujettis se
plaignent de devoir coller un sticker d'une valeur de 100 FCFA sur des factures
même pour des opérations de piètre valeur. Qu'en
pensez-vous exactement ?
7. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez
dans la mise en oeuvre de la facture normalisée ?
8. Quelles sont selon vous les acquis dans la lutte contre la
fraude fiscale que l'on peut attribuer à la facture normalisée
?
9. Que peut-on faire pour améliorer
l'efficacité de la facture normalisée ?
xviii
Annexe 2 : Fiche d'entretien avec les chefs de brigades
de vérification
1. Quel est selon vous, l'importance du contrôle fiscal
dans la lutte contre la fraude fiscale ?
2. Organisez-vous un contrôle particulier pour la facture
normalisée ?
3. Combien de contribuables sont -ils inscrits au programme de
vérification cette année ?
4. Combien de contrôles fiscaux effectuez-vous en moyenne,
chaque année ?
5. Quelle est la stratégie de contrôle fiscal
adoptée par votre brigade ?
6. Cette stratégie permet-elle de contrôler toutes
les entreprises dans un délai de trois ans ?
7. Pensez-vous que ce nombre est suffisant pour dissuader les
contribuables de faire de la fraude fiscale ?
8. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans
l'exécution de votre mission ?
9. Quelles solutions préconisez-vous pour rendre les
contrôles fiscaux plus efficaces dans la lutte contre la fraude fiscale
?
xix
Annexe 3 : Fiche d'enquête sur le contrôle
de la facture normalisée
1. Quelle est votre grade ?
Contrôleur des impôts Inspecteur des
impôts
2. Avez-vous déjà reçu une formation sur
le contrôle de la facture normalisée ?
Oui non
3. Si oui, à combien de sessions de formations
avez-vous pris part ?
1 2 3 Autre (préciser le nombre dans la case)
4. Comment jugez-vous le niveau de ou des formations
reçues ?
Pas satisfaisant Peu satisfaisant Satisfaisant Très
satisfaisant
5. Pensez-vous avoir besoin d'une autre formation pour
effectuer plus efficacement les
contrôles ? Oui non
6. Avez-vous déjà participé à un
contrôle de la facture normalisée ?
Oui non
7. Si oui combien de fois ?
1.. 2.. 3 Autre (préciser le nombre dans la case)
8. Pensez-vous avoir suffisamment de moyens pour effectuer
efficacement les contrôles ?
Oui non
9. Sinon que préconisez-vous ?
10. Pensez-vous que la facture normalisée est un moyen
efficace de lutte contre la fraude
fiscale ? Oui non
11. Que faut-il selon vous, pour améliorer
l'efficacité de la facture normalisée ?
xx
Annexe 4 : Répartition des entreprises par
régime d'imposition et taux de couverture des contrôles
fiscaux
Source : DGI/DCF
xxi
Annexe 5 : Détail des recettes fiscales de la
DGI de 2014 à 2018
RECETTES FISCALES en FCFA
2014 2015 2016 2017 2018
|
IMPÔTS SUR LE BÉNÉFICE
|
IS
|
162
|
666
|
813
|
945
|
132
|
049
|
679
|
384
|
149
|
996
|
477
|
360
|
173
|
793
|
252
|
561
|
209
|
655
|
163
|
660
|
IBICA
|
4
|
242
|
219
|
453
|
4
|
827
|
903
|
209
|
18
|
341
|
706
|
049
|
19
|
735
|
850
|
965
|
16
|
134
|
094
|
397
|
IBNC
|
3
|
959
|
219
|
047
|
4
|
808
|
868
|
797
|
5
|
491
|
807
|
892
|
5
|
820
|
513
|
205
|
8
|
009
|
885
|
622
|
AUTRES IMPÔTS ET TAXES
|
351
|
019
|
987
|
143
|
417
|
849
|
548
|
610
|
421
|
189
|
213
|
630
|
474
|
023
|
989
|
115
|
489
|
683
|
562
|
873
|
TOTAL RECETTES DGI
|
521
|
888
|
239
|
588
|
559
|
536
|
000
|
000
|
595
|
019
|
204
|
931
|
673
|
373
|
605
|
846
|
723
|
482
|
706
|
553
|
TVA en FCFA
2014 2015 2016 2017 2018
|
Janvier
|
15
|
814
|
993
|
950
|
28
|
424
|
603
|
010
|
16
|
765
|
499
|
805
|
19
|
277
|
892
|
159
|
17
|
569
|
386
|
086
|
Février
|
11
|
700
|
064
|
553
|
4
|
395
|
439
|
740
|
14
|
523
|
688
|
468
|
18
|
205
|
872
|
569
|
18
|
778
|
303
|
765
|
Mars
|
15
|
959
|
495
|
507
|
5
|
891
|
773
|
027
|
19
|
240
|
100
|
241
|
10
|
343
|
375
|
041
|
16
|
885
|
917
|
598
|
Avril
|
15
|
853
|
953
|
095
|
18
|
139
|
151
|
161
|
17
|
854
|
387
|
544
|
27
|
057
|
285
|
387
|
20
|
719
|
637
|
526
|
Mai
|
13
|
335
|
330
|
658
|
4
|
636
|
705
|
076
|
15
|
252
|
302
|
418
|
20
|
465
|
538
|
692
|
17
|
304
|
906
|
141
|
Juin
|
11
|
965
|
131
|
384
|
4
|
443
|
012
|
491
|
16
|
768
|
742
|
990
|
23
|
124
|
268
|
528
|
18
|
100
|
462
|
348
|
Juillet
|
18
|
259
|
046
|
041
|
25
|
055
|
969
|
986
|
14
|
642
|
287
|
544
|
18
|
705
|
383
|
918
|
19
|
268
|
080
|
942
|
Août
|
12
|
696
|
346
|
341
|
3
|
685
|
363
|
004
|
14
|
721
|
848
|
138
|
17
|
650
|
968
|
916
|
20
|
981
|
695
|
137
|
Septembre
|
15
|
476
|
129
|
321
|
3
|
011
|
942
|
267
|
17
|
789
|
762
|
216
|
17
|
210
|
691
|
311
|
18
|
239
|
920
|
829
|
Octobre
|
13
|
008
|
625
|
958
|
23
|
977
|
507
|
195
|
17
|
548
|
306
|
368
|
18
|
507
|
306
|
861
|
17
|
682
|
249
|
623
|
Novembre
|
12
|
388
|
517
|
732
|
3
|
578
|
337
|
571
|
13
|
503
|
917
|
308
|
16
|
088
|
817
|
361
|
17
|
261
|
713
|
322
|
Décembre
|
12
|
778
|
104
|
002
|
6
|
809
|
874
|
856
|
23
|
238
|
537
|
172
|
21
|
401
|
620
|
086
|
19
|
370
|
049
|
482
|
TOTAL
|
169
|
235
|
738
|
542
|
132
|
049
|
679
|
384
|
201
|
849
|
380
|
212
|
228
|
039
|
020
|
829
|
222
|
162
|
322
|
797
|
Source : DGI/ Service informatique
TABLE DES MATIÈRES
xxii
Avertissement i
Dédicace ii
Remerciements iii
Liste des sigles et abréviations iiv
Liste des tableaux et graphiques vii
Résume viviiii
Abstract iix
Avant-propos x
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
1. Problématique 1
2. Présentation de l'étude 2
2.1. Objet de l'étude 2
2.2. Objectifs de l'étude 2
2.2.1. Objectif général 2
2.2.2. Objectifs spécifiques 2
3. Hypothèses de l'étude 2
3.1. Hypothèse de départ 2
3.2. Hypothèses secondaires 2
4. Intérêt de l'étude 3
5. Résultats attendus 3 PREMIÈRE PARTIE
: CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE 4
CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE 5
I. LA FRAUDE FISCALE 5
I.1. Présentation de la fraude fiscale 5
I.1.1. Définition de la fraude fiscale 5
I.1.2. Les manifestations de la fraude fiscale 7
I.1.2.1. Le cas spécifique de fraude à la TVA 7
I.1.2.1.1. La facturation illégale de la TVA 7
I.1.2.1.2. La déduction de TVA fictive 8
I.1.2.1.3. Les fausses exportations 8
I.1.2.1.4. Le non reversement de la TVA due 8
I.1.2.2. Les formes générales de fraude fiscale
9
I.1.2.2.1. La dissimulation volontaire de sommes sujettes
à l'impôt 9
xxiii
I.1.2.2.2. L'organisation par le contribuable de son
insolvabilité 9
I.1.2.2.3. L'obstruction au paiement de l'impôt par
d'autres manoeuvres 10
I. 2. Causes et conséquences de la fraude fiscale au
Burkina Faso 10
I.2.1. Les Causes de la fraude fiscale 10
I.2.1.1. Les causes psychologiques 10
I.2.1.2. Les causes économico-structurelles 11
I.2.1.2.1. Le choix du système fiscal déclaratif
11
I.2.1.2.2. La prédominance du secteur informel 11
I.2.1.2.3. L'insuffisance et l'inefficacité des
contrôles fiscaux 12
I.2.2. Les conséquences de la fraude fiscale 14
I.2.2.1. Les conséquences d'ordre social 14
I.2.2.2. Les conséquences d'ordre économique 14
I.2.2.2.1. La perte de recettes fiscales 14
I.2.2.2.2. L'entrave à la libre concurrence 15
II. LA FACTURE
NORMALISÉE 15
II. 1. L'institution de la facture normalisée 15
II.1.1. Le contexte et les types de factures normalisées
16
II.1.1.1. Le contexte de l'institution de la facture
normalisée 16
II.1.1.2. Les types de factures normalisées
institués 17
II.1.1.2.1. La facture normalisée
pré-imprimée 17
II.1.1.2.2. La facture normalisée personnalisée
17
II.1.2. L'obligation de délivrance de la facture
normalisée 18
II.1.2.1. Les entreprises assujetties 18
II.1.2.2. Les entreprises dispensées 19
II.1.2.3. Les sanctions 20
II.2. Le contrôle de la facture normalisée 21
II.2.1. Le contrôle des mentions de la facture
normalisée 21
II.2.1.1. La vérification de comptabilité 21
II.2.1.2. La vérification inopinée 22
II.2.1.3. Le droit de visite 22
II.2.1.4. Le droit d'enquête 22
II.2.2. Le contrôle du sticker 23
II.2.2.1. Le contrôle visuel 23
II.2.2.2. Le site internet de la DGI 24
II.2.2.3. Les lecteurs de QR Code et « DGI Android» ou
«e-DGI» 24
xxiv
II.2.2.4. La lampe UV 25
CHAPITRE II. MÉTHODOLOGIE DE L'ÉTUDE
26
I. DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE 26
I.1. Étude documentaire 26
I.1.1. Ouvrages 26
I.1.2. Sites internet 27
I.1.3. Collecte de données 27
I.2. Entretiens 27
I.2.1. Élaboration des guides d'entretiens 28
I.2.2. Élaboration de l'échantillon 28
II. LIMITES DE L'ÉTUDE 29
DEUXIÈME PARTIE : L'EFFICACITÉ DE LA
FACTURE NORMALISÉE DANS LA
LUTTE CONTRE LA FRAUDE FISCALE AU BURKINA FASO
31
CHAPITRE III : IMPACT DE LA FACTURE NORMALISÉE
DANS LA LUTTE
CONTRE LA FRAUDE FISCALE 32
I. UN MOYEN DE SÉCURISATION DES
TRANSACTIONS
COMMERCIALES 32
I.1. Le renforcement de la traçabilité des
transactions commerciales 32
I.1.1. Les mentions obligatoires de la facture normalisée
33
I.1.2. L'apposition du sticker 33
I. 2. L'effet mitigé sur le faux et l'usage de faux 34
I.2.1. La réduction des cas de falsification de factures
34
I.2.2. La survivance des déductions de TVA et de charges
fictives 36
II. UN MOYEN DE RENFORCEMENT DE LA MOBILISATION
DES
RECETTES FISCALES 36
II.1. La mobilisation des recettes de la TVA 37
II.2. La mobilisation des recettes des impôts sur le
bénéfice 40
CHAPITRE IV : SUGGESTIONS POUR L'AMÉLIORATION DE
L'EFFICACITÉ DE LA FACTURE NORMALISÉE ET VÉRIFICATION
DES
HYPOTHÈSES 43
I. SUGGESTIONS POUR L'AMÉLIORATION DE
L'EFFICACITÉ DE LA
FACTURE NORMALISÉE 43
I.1. La nécessité du renforcement de la
sensibilisation et de la formation des acteurs
43
I.1.1. La sensibilisation des assujettis et des consommateurs
finaux 43
I.1.1.1. La sensibilisation des entreprises assujetties 44
I.1.1.2. La sensibilisation des consommateurs finaux 45
xxv
I.1.2. La formation continue des agents vérificateurs
46
I.2. La nécessité de réformes et de
renforcement de la répression des cas de fraude
fiscale 47
I.2.1. L'opportunité de la facture électronique
normalisée 47
I.2.2. Le renforcement de la répression des actes de
fraude fiscale 49
I.2.2.1. L'intensification des opérations d'enquête
et de vérification 49
I.2.2.2. Les actions de répression des actes de fraude
fiscale 50
I.2.2.2.1. L'application systématique des mesures
coercitives de recouvrement
des recettes fiscales 50
I.2.2.2.2. L'engagement systématique de poursuites
pénales 52
I.2.2.2.3. La publication annuelle de la liste des contribuables
fraudeurs 53
II. VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES
54
II.1. Sur les acquis de la facture normalisée dans la
lutte contre la fraude fiscale 55
II.2. Sur les insuffisances du système de la facture
normalisée 56
II.3. Sur le renforcement de l'efficacité de la facture
normalisée 56
CONCLUSION GÉNÉRALE 57
ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE lviii
ANNEXES lviiii
|