INTRODUCTION
L'Afrique est immensément riche en biodiversité.
Ses organismes vivants représentent près d'un quart de la
biodiversité mondiale et elle abrite les plus grands assemblages intacts
de grands mammifères présents sur terre, lesquels circulent
librement dans de nombreux pays (B. Koudénoukpo et B. de Souza, 2016,
p.iv).
La biodiversité ouest africaine est composée
d'une grande diversité d'organismes appartenant à presque tous
les grands taxons connus sous les tropiques. Cette diversité biologique
se retrouve dans divers écosystèmes qui ont été
façonnés depuis des siècles par les changements
climatiques passés et actuels. Mais depuis le début du
20ième siècle, les effets de la forte croissance
démographique et les activités anthropiques liées à
l'utilisation accrue des terres qui l'accompagnent exercent une énorme
pression sur ces écosystèmes, ce qui les
déséquilibrent et les rendent vulnérables (B. Sinsin et D.
Kampmann, 2010, p.13). Les interventions actuelles de conservation en Afrique
de l'Ouest ne sont pas suffisamment efficaces pour garantir la protection des
espèces sauvages et de l'énorme patrimoine constitué par
la biodiversité (Commission Européenne, 2016, p.290).
Bien que situé dans le couloir sec dahoméen, le
Bénin dispose des écosystèmes d'importance internationale
servant de refuge pour la biodiversité faunique et floristique ouest
africaine (MCVDD, 2017, p.4). Dans certaines Zones Agroécologiques du
Bénin (ZAE 1, 2, 3 et 5), les changements intervenus au sein des
écosystèmes sont: l'apparition de nouvelles formes de pressions
sur les écosystèmes qui entrainent la modification et la
dégradation des habitats des espèces fauniques, la pollution
chimique due à l'utilisation des pesticides et produits chimiques dans
la zone cotonnière, la dégradation des sols (mauvaises pratiques
agricoles) et la disparition de certaines espèces
végétales, animales du fait de leur surexploitation (UNEP, 2019,
p.85).
La création des aires protégées avait
pour ambition de contrer l'avancée du front agricole et des autres
formes de pressions sur les écosystèmes naturels, mais
aujourd'hui ces pressions touchent fortement ces aires protégées
(S. Zakari et al., 2018, p.451).
Depuis la fin des années 1980, certaines forêts
classées du Bénin ont bénéficié de plan
d'aménagement participatif (Lama, Tchaourou, Toui-Kilibo,
Ouémé Supérieur, Bassila, Goungoun, Sota, Wari Maro, Monts
Kouffé, Agoua, Penessoulou, etc.) mais l'impact de ces
aménagements sur la conservation durable de ces massifs n'est pas
tangible (A. Assogbadjo et B. Sinsin, 2010, p.530). La Forêt
Classée des Monts Kouffé (FCMK) bien qu'étant
classée et bénéficiant d'un plan d'aménagement
participatif subit de fortes pressions anthropiques. La faune mammalienne n'est
pas épargnée par cette pression anthropique (I. Dotché,
2016, p.6).
Encore appelé cochon de terre, Orycteropus
afer est un mammifère qui se nourrit essentiellement de termites
et qui joue un rôle écologique important en contrôlant
l'extension des populations de termites (A. Akpona et al.,
2015, p.1). L'espèce est actuellement confinée aux aires
protégées du pays notamment celle du centre et celle du nord. Si
elle est rarement observée lors des dénombrements fauniques, des
indices de présence (empreintes, terriers, etc.) confirment sa
présence dans la Forêt Classée des Monts Kouffé et
dans les parcs nationaux (A. Akpona et A. Daouda, 2011, p.301).
Orycteropus afer est recherché par les
prêtres des religions endogènes et tradipraticiens. Il est aussi
attaqué par les grands carnivores (hyène, panthère, etc.).
Subissant des pressions diverses, l'espèce mérite une attention
particulière (A. Akpona et A. Daouda, 2011, p. 302). Il est donc
nécessaire de disposer d'information concernant les pressions des
activités humaines sur Orycteropus afer dans la FCMK, ce qui
pourrait être bénéfique pour sa conservation et celle
d'autres espèces. C'est dans ce but que la présente recherche
intitulée : «Pression anthropique sur
Orycteropus afer dans la forêt classée des Monts Kouffé
(secteur de Bantè) » est initiée. Le
présent travail s'articule autour de trois (03) chapitres :
· le premier aborde la problématique et
l'état des connaissances sur Orycteropus afer ;
· le deuxième présente le milieu
d'étude et l'approche méthodologique;
· le troisième présente les
résultats et la discussion.
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