UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
(UAC)
--------------
FACULTE DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
(FASHS)
--------------
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE ET AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
(DGAT)
MEMOIRE DE LICENCE
Option : Géographie Physique
PRESSION ANTHROPIQUE SUR L'ORYCTEROPE (Orycteropus
afer, Pallas 1766) DANS LA FORET CLASSEE DES MONTS KOUFFE (SECTEUR DE
BANTE)
Présenté par :
KOUTCHEDI Abaakpin Isséré Romain
Mariano
Dr. Georges NOBIME
Maître-Assistant des Universités /CAMES /
DGAT / FASHS /UAC
Sous la direction de :
Mention : Très bien
Soutenu, le 24/07/2021
Sommaire
DEDICACE
3
REMERCIEMENTS
4
SIGLES ET ACRONYMES
5
RESUME
6
INTRODUCTION
7
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET ETAT DES
CONNAISSANCES SUR ORYCTEROPUS AFER
9
1.1. Etat des connaissances sur l'oryctérope
(Orycteropus afer, Pallas 1766)
9
1.2. Problématique
21
1.3. Clarification des concepts
24
CHAPITRE II : MILIEU D'ETUDE ET APPROCHE
METHODOLOGIQUE
26
2.1. Situation géographique de la FCMK
26
2.2. Composante biophysique
28
2.3. Facteur humain du secteur d'étude
33
2.4. Approche méthodologique
36
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
48
3.1. Résultats
48
3.2. Discussion
65
Mesure de conservation de Orycteropus afer
dans la FCMK
67
Conclusion et perspective
69
BIBLIOGRAPHIE
70
Liste des figures
79
Liste des tableaux
79
Liste des photos
80
Liste des planches
80
Annexes
81
Tables des
matières............................................................................................................................................87
DEDICACE
A :
Ø mes parents, Constant
KOUTCHÉDI et Olga TOLOKO, pour leur amour,
leur assistance et leur intérêt pour mon
éducation ;
Ø tous ceux qui luttent pour la protection et la
conservation de la faune sauvage dans le monde.
REMERCIEMENTS
Mes sincères remerciements vont à l'endroit de
:
v mon maître de mémoire, Dr. NOBIME Georges,
Maître-Assistant des universités (CAMES), enseignant-chercheur au
Département de Géographie et Aménagement du Territoire,
Faculté des Sciences Humaines et Sociales, Université
d'Abomey-Calavi, pour avoir accepté diriger ce travail malgré ses
multiples occupations. Trouve ici l'expression de ma profonde
gratitude ;
v mon cousin, Dr. OGUIDI B. Eugène, pour le suivi,
l'assistance et le temps consacré qui ont été plus
qu'indispensable dans la rédaction de ce mémoire ;
v mes aînés qui travaillent sur la conservation
de la faune sauvage au département de Géographie et
Aménagement du Territoire : Dr. Séraphin MOUZOUN et Mr
Isidore DOTCHE pour leurs apports, conseils et soutiens;
v Mr. Valentin BIAOU, chef du village de Pira et Mr Coffi
OGOUGBE, mon oncle, commissaire de police de Pira pour avoir été
une famille d'accueil et m'avoir soutenu tout au long de mon
séjour ;
v mes guides et pisteurs de terrain pour les moments joyeux et
pénibles passés dans la forêt classée des Monts
Kouffé, la population riveraine de la forêt ainsi que les
forestiers en poste à Pira pour leur soutien pendant la collecte des
données sur le terrain ;
v tous mes camarades de promotion pour la bonne humeur et
l'amour fraternel donné ainsi que les joyeux moments passés
ensemble ;
v tous les membres du jury pour avoir accepté
d'évaluer ce travail, malgré vos multiples occupations. Merci
à vous ;
v toutes les personnes dont les noms n'y figurent pas, mais
qui d'une façon ou d'une autre, de près ou de loin ont
contribué à la réalisation de ce modeste travail. Trouvez
ici mes sentiments de profonde gratitude et de reconnaissance infinie.
SIGLES ET ACRONYMES
CVC
|
:
|
Confrérie Villageoise des Chasseurs
|
CIRAD
|
:
|
Centre de Coopération Internationale en Recherche
Agronomique pour le Développement
|
CAMES
|
:
|
Conseil Africain et Malgache pour l'Enseignement
Supérieur
|
FCMK
|
:
|
Forêt Classée des Monts Kouffé
|
FEM
|
:
|
Fonds pour l'Environnement Mondial
|
INSAE
|
:
|
Institut National de la Statistique et de l'Analyse
Economique
|
LEDUR
|
:
|
Laboratoire d'Etudes des Dynamiques Urbaines et
Régionales
|
MCVDD
|
:
|
Ministère du Cadre de Vie et du Développement
Durable
|
MEPN
|
:
|
Ministère de l'Environnement et de Protection de la
Nature
|
ONG
|
:
|
Organisation Non Gouvernementale
|
PAMF
|
:
|
Projet d'Aménagement des Massifs Forestiers
|
RBP
|
:
|
Réserve de Biosphère de la Pendjari
|
RGPH
|
:
|
Recensement Général de la Population et de
l'Habitation
|
UICN/ IUCN
|
:
|
Union Internationale pour la Conservation de la Nature/
International Union for Conservation of Nature
|
UNEP/ PNUE
|
:
|
United Nations Environment Program/ Programme des Nations
Unies pour l'Environnement
|
USAID
|
:
|
United States Agency for International Development/ Agence des
Etats-Unis pour le Développement International
|
ZAE
|
:
|
Zone Agro Ecologique
|
Kg
|
:
|
Kilogramme
|
RESUME
L'oryctérope (Orycteropus afer) est un
mammifère myrmécophage d'Afrique subsaharienne de moeurs
nocturnes et fouisseur. Orycteropus afer est une espèce en
danger d'extinction au Bénin. La forêt classée des Monts
Kouffé (FCMK) abrite des populations de Orycteropus afer au
Bénin qui subissent des pressions anthropiques. Cette recherche a permis
l'évaluation de l'impact des pressions anthropiques sur la survie de
Orycteropus afer dans la forêt classée des Monts
Kouffé.
La recherche documentaire et les travaux de terrains sont les
principales techniques utilisées pour la collecte des données.
Les informations en milieu naturel ont été collectées avec
la méthode des marches de reconnaissance guidée. Les indices
recherchés étaient les terriers, empreintes, et signes
d'alimentations de Orycteropus afer ainsi que les indices de pression
anthropique dans les zones de chasse de Okoutaossé et de
Banon-Akpassi-Bante. Des prospections nocturnes sont également
effectuées en vu d'observer Orycteropus afer. Les
données socio-économiques sont collectées à base
des entretiens individuels semi structurés auprès de 108
personnes dans 5 villages riverains de la FCMK du côté de
Bantè. L'échantillon est constitué des agriculteurs, des
chasseurs, des vendeurs de dépouilles d'animaux, de chef de village et
de forestier. Les données ont été collectées
grâce à un questionnaire, un guide d'entretien et une grille
d'observation. Les logiciels Word et Excel 2013 ont permis de traiter les
données quantitatives et qualitatives.
Les résultats montrent que le braconnage est la
principale cause de régression des populations de Orycteropus
afer dans la FCMK avec une fréquence de citation de 69 %, ensuite
viennent la transhumance 17 %, l'exploitation forestière 8 %, le manque
de ressource alimentaire de l'espèce 1 % et autres raison 5 %. Les
raisons du braconnage de l'espèce selon les chasseurs
enquêtés est l'usage alimentaire (84 %), suivi de la
pharmacopée ou médecine africaine (16 %). Orycteropus
afer a plusieurs prédateurs dans la FCMK dont principalement le
lion (Panthera leo) (65,93 %), le léopard (Panthera
pardus) (20,44 %), ensuite viennent le python (Python sebae)
(6,81), et l'hyène tacheté (Crocuta crocuta) (6,81). Les
pressions anthropiques ont un impact négatif sur la survie de
Orycteropus afer dans la FCMK car elle accélère la
disparition de l'espèce dans ladite forêt. Cent pour cent (100%)
des enquêtés affirment qu'il y a eu une grande diminution de
l'effectif de Orycteropus afer de la FCMK contrairement à vingt
ans en arrière où l'espèce était abondante. 55 %
des enquêtés affirment que l'espèce est actuellement
très rare dans la FCMK contre 39 % qui affirment que l'espèce est
éteinte. 6 % des enquêtés ont donné une
réponse mitigée (incertain) sur l'état de conservation de
l'espèce. Face à ces menaces, des mesures de protection efficaces
s'imposent.
Mots-clés : Orycteropus
afer, pressions anthropiques, Monts Kouffé, Bantè,
Bénin.
ABSTRACT
The aardvark (Orycteropus afer) is a myrmecophagous
mammal from sub-Saharan Africa with nocturnal and terrestrial habits.
Orycteropus afer is an endangered species in Benin. The Monts
Kouffé Protected forest (FCMK) is home to populations of Orycteropus
afer in Benin which are subject to anthropogenic pressures. This research
aims to assess the impact of anthropogenic pressures on the survival of
Orycteropus afer in the Kouffé Monts Protected Forest.
Documentary research and fieldwork are the main techniques used for data
collection.
The data in the natural environment were collected using the
method of reconnaissance walks. The clues sought were burrows, footprints, and
feeding signs of Orycteropus afer as well as signs of anthropogenic
pressure in the hunting areas of Okoutaossé and Banon-Akpassi-Bante.
Night surveys are also carried out for sightings of Orycteropus afer.
Socio-economic data is collected on the basis of semi-structured individual
interviews with 108 people in 5 villages bordering the FCMK on the Bantè
side. The sample consists of farmers, hunters, animal remains sellers, village
chiefs and forester. Data were collected using a questionnaire, an interview
guide and an observation grid. Word and Excel 2013 software made it possible to
process quantitative and qualitative data.
The results show that poaching is the main cause of decline of
Orycteropus afer populations in FCMK with a frequency of citation of
69%, followed by transhumance 17%, logging 8%, lack of food resources of the
species 1% and other reasons 5%. The reasons for poaching of the species
according to the hunters surveyed are food use (84%), followed by African
medicine (16%). Orycteropus afer has several predators in FCMK
including mainly the lion (Panthera leo) (65,93%), the leopard
(Panthera pardus) (20,44%), then come the python (Python
sebae) (6,81), and spotted hyena (Crocuta crocuta) (6,81%).
Anthropogenic pressures have a negative impact on the survival of
Orycteropus afer in FCMK because it accelerates the disappearance of
the species in the forest. One hundred percent (100%) of respondents say there
has been a large decrease in the number of FCMK Orycteropus afer as
opposed to twenty years ago when the species was abundant. 55% of respondents
say the species is currently very rare in FCMK compared to 39% who say the
species is extinct. 6% of respondents gave a mixed (uncertain) response on the
conservation status of the species. In the face of these threats, effective
protection measures are required.
Keywords : Orycteropus afer,
anthropogenic pressures, Monts Kouffé, Bantè, Benin.
INTRODUCTION
L'Afrique est immensément riche en biodiversité.
Ses organismes vivants représentent près d'un quart de la
biodiversité mondiale et elle abrite les plus grands assemblages intacts
de grands mammifères présents sur terre, lesquels circulent
librement dans de nombreux pays (B. Koudénoukpo et B. de Souza, 2016,
p.iv).
La biodiversité ouest africaine est composée
d'une grande diversité d'organismes appartenant à presque tous
les grands taxons connus sous les tropiques. Cette diversité biologique
se retrouve dans divers écosystèmes qui ont été
façonnés depuis des siècles par les changements
climatiques passés et actuels. Mais depuis le début du
20ième siècle, les effets de la forte croissance
démographique et les activités anthropiques liées à
l'utilisation accrue des terres qui l'accompagnent exercent une énorme
pression sur ces écosystèmes, ce qui les
déséquilibrent et les rendent vulnérables (B. Sinsin et D.
Kampmann, 2010, p.13). Les interventions actuelles de conservation en Afrique
de l'Ouest ne sont pas suffisamment efficaces pour garantir la protection des
espèces sauvages et de l'énorme patrimoine constitué par
la biodiversité (Commission Européenne, 2016, p.290).
Bien que situé dans le couloir sec dahoméen, le
Bénin dispose des écosystèmes d'importance internationale
servant de refuge pour la biodiversité faunique et floristique ouest
africaine (MCVDD, 2017, p.4). Dans certaines Zones Agroécologiques du
Bénin (ZAE 1, 2, 3 et 5), les changements intervenus au sein des
écosystèmes sont: l'apparition de nouvelles formes de pressions
sur les écosystèmes qui entrainent la modification et la
dégradation des habitats des espèces fauniques, la pollution
chimique due à l'utilisation des pesticides et produits chimiques dans
la zone cotonnière, la dégradation des sols (mauvaises pratiques
agricoles) et la disparition de certaines espèces
végétales, animales du fait de leur surexploitation (UNEP, 2019,
p.85).
La création des aires protégées avait
pour ambition de contrer l'avancée du front agricole et des autres
formes de pressions sur les écosystèmes naturels, mais
aujourd'hui ces pressions touchent fortement ces aires protégées
(S. Zakari et al., 2018, p.451).
Depuis la fin des années 1980, certaines forêts
classées du Bénin ont bénéficié de plan
d'aménagement participatif (Lama, Tchaourou, Toui-Kilibo,
Ouémé Supérieur, Bassila, Goungoun, Sota, Wari Maro, Monts
Kouffé, Agoua, Penessoulou, etc.) mais l'impact de ces
aménagements sur la conservation durable de ces massifs n'est pas
tangible (A. Assogbadjo et B. Sinsin, 2010, p.530). La Forêt
Classée des Monts Kouffé (FCMK) bien qu'étant
classée et bénéficiant d'un plan d'aménagement
participatif subit de fortes pressions anthropiques. La faune mammalienne n'est
pas épargnée par cette pression anthropique (I. Dotché,
2016, p.6).
Encore appelé cochon de terre, Orycteropus
afer est un mammifère qui se nourrit essentiellement de termites
et qui joue un rôle écologique important en contrôlant
l'extension des populations de termites (A. Akpona et al.,
2015, p.1). L'espèce est actuellement confinée aux aires
protégées du pays notamment celle du centre et celle du nord. Si
elle est rarement observée lors des dénombrements fauniques, des
indices de présence (empreintes, terriers, etc.) confirment sa
présence dans la Forêt Classée des Monts Kouffé et
dans les parcs nationaux (A. Akpona et A. Daouda, 2011, p.301).
Orycteropus afer est recherché par les
prêtres des religions endogènes et tradipraticiens. Il est aussi
attaqué par les grands carnivores (hyène, panthère, etc.).
Subissant des pressions diverses, l'espèce mérite une attention
particulière (A. Akpona et A. Daouda, 2011, p. 302). Il est donc
nécessaire de disposer d'information concernant les pressions des
activités humaines sur Orycteropus afer dans la FCMK, ce qui
pourrait être bénéfique pour sa conservation et celle
d'autres espèces. C'est dans ce but que la présente recherche
intitulée : «Pression anthropique sur
Orycteropus afer dans la forêt classée des Monts Kouffé
(secteur de Bantè) » est initiée. Le
présent travail s'articule autour de trois (03) chapitres :
· le premier aborde la problématique et
l'état des connaissances sur Orycteropus afer ;
· le deuxième présente le milieu
d'étude et l'approche méthodologique;
· le troisième présente les
résultats et la discussion.
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET ETAT DES CONNAISSANCES SUR
ORYCTEROPUS AFER
Le présent chapitre aborde l'état des
connaissances sur Orycteropus afer, la problématique, et la
clarification des concepts.
1.1.
Etat des connaissances sur l'oryctérope (Orycteropus afer, Pallas
1766)
Cette partie expose les informations sur la classification, la
description, la distribution, l'importance écologique et les menaces sur
l'oryctérope (Orycteropus afer).
1.1.1.
Généralités sur Orycteropus afer
Orycteropus afer est un animal peu connu mais qui
présente de nombreuses particularités faisant de lui une
espèce à part. Seul représentant de l'ordre des
Tubulidentés (à dents à croissance continue
composées de prismes hexagonaux d'ivoire). L'oryctérope
intervient à différents niveaux au sein des
écosystèmes de l'Afrique subsaharienne. Ses
caractéristiques sont décrites (60-100 kg), en insistant sur les
adaptations concernant son mode de vie fouisseur, nocturne et son régime
alimentaire composé de fourmis et de termites (myrmécophage)
surtout, mais aussi d'autres insectes (criquets, larves) et de graines (F.
Alary, 1998 cité par C. Meyer, 2007, p.241).
1.1.2. Taxonomie et statut de
conservation IUCN et au Bénin de Orycteropus afer
Les Tubulidentata sont uniques parmi les mammifères
pour être le seul ordre représenté de nos jours par une
seule espèce vivante, l'oryctérope (Orycteropus afer)
(T. Lehman, 2008, p.67). Les premiers Tubulidentata qui sont connus date de 20
millions d'années. Approximativement, 14 espèces et trois
à quatre genre ont été reconnus si loin, mais depuis le
Pliocène, les oryctéropes ont été
représentés seulement par un seul genre et restreints en Afrique
(T. Lehman, 2008, p.67). Aujourd'hui, la classification de Orycteropus
afer est encore même controversée. Dans un premiers temps,
Orycteropus afer est ensemble avec les pangolins (Pholidota) et a
aussi été attribué incorrectement à l'ordre du
Xenarthra (W. Flower, 1883 ; cité par J. Knöting, 2005, p.21).
La famille des Orycteropodidae est la seule famille dans l'ordre des
Tubulidentata qui est unique parmi les mammifères, il inclut seulement
une espèce vivante, l'Oryctérope. Les Tubulidenté sont
membres du super ordre de mammifère Afrotheria qui aussi inclut des
éléphants (Proboscidea), dugongs et lamantins (Sirenia), hyraxes
(Hyracoidea), tenrecs et taupes dorées (Tenrecoidea), et musaraignes
éléphants (Macroscelidea) (R. Tabuce et al.,
2008 cité par N. Weyer, 2018, p.23). Une question très
intrigante qui reste à répondre est la validité des 18
sous-espèces décrites jusqu'à présent, d'autant
plus que le nombre d'individus et la répartition des populations ne sont
pas bien connus (T. Lehmann, 2006, p.7). Bien qu'un peu de variation
morphologique ait été observée entre les populations de
forêt et les populations de savane, et dans différentes
régions africaines, ils sont tous considérés comme une
seule espèce. Cependant, aucune révision de taxonomie moderne
n'est disponible (L. Pohlová et al., 2014, p.433). La
figure 1 montre la distribution spatiale présumée des
sous-espèces de Orycteropus afer sur la base des données
fournies dans leurs descriptions initiales. La distinction de certaines des
sous-espèces n'est certainement pas bien fondée. La figure 1
présente la répartition spatiale supposée des
sous-espèces de Orycteropus afer en Afrique.
Figure 1: Répartition spatiale
supposée des sous-espèces de Orycteropus afer en Afrique
Source : T. Lehmann, 2006
La figure 1 montre que Orycteropus afer à 18
sous-espèces supposées répartis dans toute l'Afrique
sub-saharienne. La sous-espèce probablement présente au
Bénin est Orycteropus afer haussanus.
La ligne pointillée représente les limites de la
zone de répartition supposée de l'espèce.
1. O. a. senegalensis ; 2. O. a. haussanus ;
3. O. a. adametzi ; 4. O. a. leptodon ; 5. O. a.
erikssoni ; 6. O. a. albicaudus ; 7. O. a. angolensis ;
8. O. a. afer ; 9. O. a. wardi ; 10. O. a.
observandus ; 11. O. a. matschiei ; 12. O. a. wertheri ;
13. O. a. lademanni ; 14. O. a. ruvanensis ; 15. O. a.
faradjius ; 16. O. a. kordofanicus ; 17. O. a.
aethiopicus ; 18. O. a. somalicus.
La classification et le statut de conservation de
Orycteropus afer est présenté dans la (Tableau I).
Tableau I : Classification et statut de
conservation de Orycteropus afer
Règne
|
Animalia
|
Embranchement
|
Chordata
|
Sous-embranchement
|
Vertebrata
|
Classe
|
Mammalia
|
Sous-classe
|
Theria
|
Infra-classe
|
Eutheria
|
Ordre
|
Tubulidentata
|
Famille
|
Orycteropodidae
|
Genre
|
Orycteropus
|
Espèce
|
Afer
|
Nom scientifique
|
Orycteropus afer
|
Nom français
|
Oryctérope
|
Nom anglais
|
Aardvark, Antbear
|
Décrit par
|
Pallas
|
Date (année)
|
1766
|
Statut de conservation UICN
|
LC : Préoccupation mineure
|
Statut liste rouge Bénin
|
EN (en danger)
|
Source : Neuenschendher et al., 2011
et UICN, 2015
1.1.3. Description
Orycteropus afer est un mammifère qui
possède des caractéristiques morphologiques, biologiques et
anatomiques uniques.
· Morphologie
Orycteropus afer ne ressemble à aucun autre
mammifère africain avec son long museau de cochon, ses oreilles
tubulaires allongées, sa queue musclée de kangourou et ses
grosses gambes puissantes qui se terminent par des ongles en pelle. Sa peau est
peu velue et couverte de grosses soies, plus foncées sur la queue et les
pattes, le corps étant gris-beige et souvent teinté de la couleur
du sol local. Son dos est nettement voûté (S. Chris & S.
Mathilde, 2016, p. 288). Sa langue peut sortir de 30 cm de sa gueule, longues
oreilles en cornet (pouvant atteindre 25 cm), queue épaisse à la
basse et conique, membres robustes pourvus de quatre doigts antérieurs
(avec de puissante griffe) et de cinq doigts postérieurs. D'une longueur
d'environ 175 cm et une hauteur comprise entre 50 et 66 cm, son poids varie
généralement entre 40 et 88 kg (A. Akpona et A. Daouda, 2011,
p.301). Sa peau est particulièrement épaisse, ce qui le rend
insensible aux morsures des termites et des fourmis (P. de Maret, 2005, p.117).
Chez les oryctéropes (Orycteropus afer), reconnaitre les
mâles et les femelles n'est pas simple (N. Weyer et
al., 2020, p.4). Les oryctéropes ne présentent pas de
dimorphisme sexuel (J. Skinner et R. Smithers, 1990 cité par G.
Whittington-Jones, 2006, p.2). L'utérus des oryctéropes
féminins montre une ressemblance à celui de rongeurs et
lièvres (B. Grzimer, 1988 cité par J. Knöting, 2005,
p.20). Les femelles ont quatre tétines; une paire à
l'arrière-main inférieur et l'autre dans la région
inguinal. Le nombre de conduits lactaires varie de un à trois (E. Gould
& G. Mckay, 2002 cité par J. Knöting, 2005, p.20). La
planche 1 présente les différents clichés de
Orycteropus afer.
ONG OeBENIN, 2017
https://wildlifeact.com/
Photo 1 : Oryctérope en Afrique
du sud Photo 2 : Oryctérope dans la
RBP
Planche 1: Oryctérope (Orycteropus
afer)
La planche 1 montre des Orycteropus afer dans des
écosystèmes différents. La photo 1 montre un individu
d'oryctérope dans la région de Zululand en Afrique du Sud et la
photo 2 montre un oryctérope dans la Réserve de Biosphère
de la Pendjari au Bénin.
· Biologie et anatomie
L'oryctérope (Orycteropus afer), du grec
oruktêr, qui creuse et ôps, apparence est la seule espèce
actuelle représentant l'ordre des Tubulidentés, placentaire aux
dents uniquement jugales, c'est-à-dire située au même
endroit que les prémolaires et les molaires mais construites
différemment (C. Dabonneville, 2017, p.23). La figure 2 montre la
structure des dents chez les espèces de l'ordre des
tubulidentés.
Jean-François LHOMME, 2009
Figure 2: structure
dentaire des tubulidentés
La figure 2 montre la structure dentaire chez les
tubulidentés avec les dents situées uniquement au même
endroit que les molaires et les prémolaires, en forme de colonne
composées de prismes hexagonaux.
Sa vue (Orycteropus afer) n'est pas bonne et en plein
jour, il se heurte aux objets qui se trouvent sur son chemin. Au contraire, son
ouïe et son odorat sont très développés (P. de Maret,
2005, p.117). Le cerveau des oryctéropes est primitif avec une
expression similaire à celle des ongulés. Cependant, selon le
sens prononcé de l'odorat, le lobe olfactif est considérablement
élargi. Des os et des tissus légèrement alambiqués
qui en rayonnent gonflent visiblement le profil médian du crâne
(J. Knöting, 2005, p.19). Des comparaisons faites avec la région de
l'oreille de Orycteropus afer y compris les osselets auditifs avec
quelques régions d'oreille publiées des orycteropodidae
éteints, Amphiorycteropus abondalufus du Miocène
supérieur du Tchad et Amphiorycteropus gaudryi de la
Grèce, ainsi qu'avec l'énigmatique Plesiorycteropus
filhol, 1895 , du Quaternaire de Madagascar présente une
diversité morphologique surprenante pour de nombreuses
caractéristiques de la région de l'oreille, et certaines
différences, mais pas toutes, se situent le long de lignes
sous-spécifiques. Les différences les plus frappantes concernent
les sinus épitympaniques squamosaux et alisphénoïdes, le
processus tympanique alisphénoïde, les processus
post-entoglénoïdes du squamosal et le crus antérieur de
l'ectotympanique (J. Wible, 2012, p.115). Les orifices naturels de cet efficace
terrassier sont protégés des pelletées de terre (C.
Dabonneville, 2017, p.23). L'arcade zygomatique est forte. Les dents sont
nombreuses chez le foetus. Cependant chez l'adulte, il ne subsiste que 5
à 7 dents jugales par demi-mâchoire en forme de colonne, sans
racine ni émail, mais recouverte d'un cément. La dentine est
structurée en prismes hexagonaux parallèles particuliers au
groupe. Ces dents en colonne croissent toute la vie. La langue,
ensalivée en permanence, sert à la capture des termites. Ils ont
des glandes salivaires très développées (Y. Reimers, 2003,
p.155). Il est important de noter que la testicondie ne s'est pas produite chez
les Orycteropodidae, ce qui fait de Orycteropus afer le seul
Afrotherian non testicond. Au lieu de cela, les testicules du mâle
descendent partiellement pendant l'ontogénie et sont situés plus
bas dans l'abdomen par rapport aux autres Afrotheria. Pourtant, malgré
la descente partielle, leurs testicules sont restés à
l'intérieur du corps, et les oryctéropes mâles n'ont donc
pas de scrotum (N. Weyer et T. Lehmann, 2020, p.5). La figure 3 montre les
organes génitaux et glande olfactive dans la région de l'aine
d'un oryctérope.
N. Weyer et T. Lehmann, 2020
Figure 3 : Organes génitaux et
glande olfactive dans la région de l'aine d'un oryctérope
Les glandes odorantes et le pénis proéminents
d'un mâle oryctérope de zoo (A) dans la gaine prénuptiale
et (B) pendant la palpation, montrant les orifices des sacs glandulaires des
deux côtés du pénis. Dessins des organes génitaux
d'un mâle (C, gauche) et femelle (C, droite) oryctérope. Le
contour de l'une des glandes parfumées est suggéré par une
ligne pointillée (C, à gauche). Les glandes olfactives et la
vulve proéminentes chez les femelles du zoo non palpées (D) et
pendant la palpation (E), montrant le grand clitoris en forme de coeur et les
orifices des sacs glandulaires de chaque côté de la vulve (N.
Weyer et T. Lehmann, 2020, p.5).
1.1.4. Habitat et distribution
géographique
L'oryctérope est présent dans différents
types d'habitat à travers l'Afrique subsaharienne.
· En Afrique
Orycteropus afer préfère les zones
boisées ouvertes, clairsemées de broussailles et de prairies,
mais fréquente aussi la plupart des habitats, y compris les forêts
(S. Chris & S. Mathilde, 2016, p. 288). Orycteropus afer se trouve
à travers toute l'Afrique au sud du Sahara excepté la cuvette
congolaise (A. Akpona et A. Daouda, 2011, p.301).
L'espèce se retrouve dans plusieurs pays à
savoir : Angola, Bénin, Botswana, Burkina Faso, Burundi, Cameroun,
République Centrafricaine, Tchad, Congo, République
Démocratique du Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Guinée
Equatoriale, Erythrée, Ethiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée,
Guinée-Bissau, Kenya, Liberia, Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique,
Namibie, Niger, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Sierra Léone,
Somalie, Afrique du Sud, Soudan du Sud, Swaziland, Tanzanie, Ouganda,
Zambie, Zimbabwe (A. Taylor & T. Lehmann, 2015, p. 2). La figure 4
présente la distribution géographique de Orycteropus
afer en Afrique.
Figure 4: Distribution
mondiale de Orycteropus afer
Source: IUCN/ Red List, 2015, p.3
La figure 4 présente la répartition
géographique de Orycteropus afer dans le monde. Les sites de
présence sont représentés par la couleur orange.
· Au Bénin
L'espèce est actuellement confinée aux aires
protégées du pays notamment celles du centre et du nord.
L'espèce est rarement observée lors des dénombrements
fauniques, mais des indices de présence (empreintes, terriers, etc.)
confirment sa présence dans les Forêts Classées des Monts
Kouffé. L'espèce pourrait encore exister dans les Forêt
Classées des Trois Rivières de la Sota, de l'Ouémé
Supérieur, de Dogo et de l'Ouémé Boukou (A. Akpona et A.
Daouda, 2011, p.301).
1.1.5. Comportement
Les oryctéropes sont un des grands mammifères
les plus craintifs d'Afrique. Ils sont de moeurs nocturnes et passent leur
journée dans les terriers desquels ils sortent habituellement
après le crépuscule pour fourrager (Taylor et
al., 2002 ; N. Weyer et al., 2016, p.16). La
figure 5 montre un oryctérope sortant de son terrier.
N. Weyer, 2016
Figure 5:
Orycteropus afer sortant de son terrier à la
tombé de la nuit
La figure 5 montre un oryctérope émergeant de
son terrier à la tombée de la nuit dans le désert du
Kalahari en Afrique du Sud.
L'oryctérope (Orycteropus afer) est le plus
grand mammifère fouisseur existant (L. Legendre, 2018, p.1). A l'aide de
ses pattes massives, terminées par quatre doigts griffus pour les
antérieurs et cinq pour les postérieurs, Orycteropus
afer construit son antre en creusant un profond terrier, son fouissage est
rapide (C. Dabonneville, 2017, p.23). Les oryctéropes sont des creuseurs
très efficaces qui peuvent disparaître sous terre en très
peu de temps. Une telle compétence est très utile pour ouvrir des
nids de fourmis et des montures de termites afin de s'attaquer à ces
insectes sociaux qui représentent presque tout le régime
alimentaire de Orycteropus afer (T. Lehmann, 2006, p.6). Quand il
cherche de la nourriture, il s'arrête fréquemment pour
écouter et il lui arrive de se redresser comme un kangourou pour humer
l'air ou pour creuser au flanc d'une termitière. Il peut aussi prendre
cette position quand il est attaqué, il frappe alors de ses griffes
antérieures. Dans ces cas, il peut aussi se défendre de la queue
et des épaules, ou se mettre sur le dos et frapper des quatre pattes. Si
on le touche ou l'effraie, il sursaute de façon spectaculaire,
effectuant une sorte de saut périlleux en poussant un hurlement sourd
pour effrayer ses adversaires (P. de Maret, 2005, p.117).
1.1.6. Régime
alimentaire
Orycteropus afer est un myrmécophage
dédié, se nourrissant presque exclusivement de fourmis et de
termites dans plusieurs parties de son aire de répartition, et
très rarement, le contenu de l'estomac a indiqué que des
criquets, pupe de coléoptères, ou de la pulpe et des graines
fruits pouvaient parfois être consommés (A. Taylor,
2013 cité par N. Weyer, 2018, p.27). Dans les savanes il se nourrit
principalement du genre de termite Trinervitermes, Cubitermes et Macrotermes et
dans les forêts tropicales, il préfère Macrotermes et
Hodotermes. Les genres Odontotermes, Microtermes et Pseudacanthotermes sont
aussi dans le menu de l'Oryctérope. Pour satisfaire leur demande de la
nourriture avec de telle petite espèce, les oryctéropes ont
besoin de manger une énorme quantité d'individus. Se nourrir
uniquement de quelques termites peut satisfaire à peine leurs besoins.
Donc c'est insuffisant d'ouvrir des monticules de termite et se nourrir des
termites qui peuvent atteindre là. Réellement, la plupart de la
nourriture est trouvée sur ou même près de la surface. Les
oryctéropes doivent trouver des grands groupes de termites et cela
signifie, ils doivent localiser les colonnes dans lesquelles les termites
émigrent au-dessus de terre pendant leurs accumulations. C'est la
façon de moissonner des termites du genre Trinervitermes essaimez en
armées de milliers d'individus avec une longueur de la marche de dix
à quarante mètres dans les nuits. Cependant, de telles colonnes
énormes ne sont pas entièrement détruites. Probablement,
la concentration des soldats termites seul ne peuvent pas nuire à la
peau épaisse d'un Orycteropus afer (J. Knöting, 2005,
p.29). De plus, les Orycteropus afer ont également
été comme consommateurs de fruits du concombre sauvage
(Cucumis humifructus), peut-être pour augmenter l'apport en
humidité (V. Aarde, 2004 cité par G. Whittington-Jones,
2006, p.3).
1.1.7. Reproduction, croissance et
développement
Très peu d'informations sont disponibles. Dans
certaines régions, les naissances pourraient être
saisonnières au moment des pluies (S. Chris & S. Mathilde, 2016,
p.288). La nature errante des mâles suggère que, les
oryctéropes peuvent être des polygames (J. Melton,
1976 cité par G. Whittington-Jones, 2006, p.4). Les
oryctéropes atteignent la maturité sexuelle après deux ans
(U. Rahm, 1990 cité par G. Whittington-Jones, 2006, p.4). Un jeune,
unique pesant environ 2 kg nait après une gestation d'environ 250 jours
(S. Chris & S. Mathilde 2016, p.288). Les jeunes altriciaux resteront dans
le terrier pendant deux semaines avant de rejoindre leur mère lors de
sorties de recherche de nourriture (J. Melton, 1976 cité par G.
Whittington-Jones, 2006, p.4). Les jeunes commencent à creuser leurs
propres terriers, à proximité de ceux de leur mère,
à l'âge de six mois et continueront d'accompagner leur mère
jusqu'à la saison des amours suivantes. À ce stade, la
progéniture mâle quitte la zone tandis que les femelles peuvent
continuer à s'associer à leur mère (J. Melton, 1976
cité par G. Whittington-Jones, 2006, p.4). La figure 6 montre une
femelle oryctérope avec son petit.
ONG OeBENIN, 2018
Figure 6: Femelle de Orycteropus
afer avec son petit
La figure 6 montre une femelle Orycteropus afer avec
son petit dans le parc W du Bénin, une photo prise par camera trap.
1.1.8. Importance écologique
de Orycteropus afer
Les oryctéropes (Orycteropus afer) sont des
ingénieurs écologiques car ils creusent des terriers qui
fournissent de refuge pour de nombreux animaux sympatriques et, en tant que
tels, sont les mammifères clés de voûte en Afrique
subsaharienne (N. Weyer, 2018, p.iv). Orycteropus afer est très
important pour le maintien des espèces végétales et
animales. C'est un ingénieur de l'écosystème à deux
niveaux : ses productions et son activité modifient l'environnement. Il
crée et maintient de nouveaux habitats et rend leurs ressources
accessibles à d'autres organismes (F. Alary, 1998 cité par
C. Meyer, 2007, p.241). Abordant dans le même sens, G. Whittington-Jones
(2006, p.i-ii) indique que Orycteropus afer remplit les
critères d'un ingénieur d'écosystème important et
leur présence dans des environnements arides et semi-arides est
susceptible d'être essentielle à la survie d'autres organismes et
espèces, en particulier lorsque d'autres animaux fouisseurs sont absents
ou limités dans leurs activités. Ainsi, les populations de
Orycteropus afer devraient être considérées comme
une priorité de conservation dans les écosystèmes arides
et semi arides. Selon G. Whittington-Jones (2006, p.i-ii), 25 espèces de
mammifères, sept oiseaux, un amphibien et six reptiles utilisent les
terriers de Orycteropus afer comme abri.
Selon N. Haussmann et al. (2018, p.66) le
piétinement et l'action de creusage physique aux entrées des
terriers, et l'enfouissement par le sol déposé sur des monticules
par l'oryctérope, empêchent l'établissement de nombreuses
espèces végétales dans les terriers actifs. Cependant, une
fois abandonnées, les entrées des terriers offrent de bonnes
conditions physiques pour la survie des semis, permettant
l'établissement de plus d'espèces.
Pour S. Martin, (2017, p.1) Orycteropus afer a un
effet disproportionné sur les écosystèmes, en termes de
refuge et de fouilles fourragères par rapport à son abondance et
donc son rôle en tant qu'espèce clé et ingénieur des
écosystèmes est confirmé. La conservation et la protection
de cette espèce sont donc essentielles pour maintenir son rôle
important dans le fonctionnement des écosystèmes.
C'est donc un animal dont l'utilité compense les
dégâts possibles, qui mérite d'être
protégé. Sa disparition aurait des conséquences
désastreuses sur l'environnement (F. Alary, 1998 cité par C.
Meyer, 2007, p.241).
1.1.9. Menaces sur Orycteropus
afer
Les oryctéropes (Orycteropus afer) sont des
mammifères fouisseurs discrets, principalement nocturnes et largement
répandus dans toute l'Afrique, à l'exception des déserts
arides. Leur survie peut être menacée par le changement climatique
en raison des effets directs et indirects de l'augmentation de la chaleur et de
l'aridité (B. Rey et al., 2017, p.1). Une forte
mortalité d'oryctérope s'est produite lors d'une
sécheresse estivale dans le Kalahari en 2013, et les oryctéropes
survivants étaient émaciés. Alors que le
semi-désert du Kalahari devient de plus en plus chaud et sec avec le
changement climatique. Ces étés rigoureux peuvent devenir la
règle et leurs conséquences dévastatrices pour la
population des oryctéropes pourraient à leur tour compromettre
l'existence continue d'autres animaux dépendant des terriers des
oryctéropes (N. Weyer et al., 2016, p.17).
L'augmentation prévue de la fréquence et de l'intensité
des sécheresses entraînera probablement une baisse de la biomasse
herbacée dans toute l'Afrique, ce qui aura un impact sur les termites et
autres herbivores. Le déclin des termites était probablement la
principale cause de la mortalité massive des oryctéropes du
Kalahari après la sécheresse de l'été 2013 (N.
Weyer, 2018, p.vi).
Pour F. Gbankoto et al., (2011, p.54) dans
la Réserve de Biosphère du W au Bénin en termes de valeur
d'usage les femmes et les hommes ont une préférence pour
l'intestin, le coeur, l'estomac, les yeux, le crâne, la côte et la
patte postérieure droite de l'oryctérope. L'indice de pertinence
culturelle montre que les ethnies taillent plus d'importance à la
viande, la peau, l'intestin et l'estomac que les autres organes (pattes
inférieurs et la queue). Cette situation fait que les organes de
l'animal sont vendus dans les marchés locaux à un prix
très élevé ; ce qui a favorisé la mise en place de
différentes stratégies de capture rendant l'animal très
vulnérable.
A la suite de l'aperçu donné sur la taxonomie,
la description morphologique et anatomique, la répartition
géographique et l'habitat, le régime alimentaire, le
comportement, la reproduction, etc. de l'oryctérope, on remarque que
Orycteropus afer est actuellement la seul espèce de l'ordre des
tubulidentés répartie uniquement en Afrique sub-saharienne. Mais
d'autres espèces du même ordre ont été
découvertes à l'état fossile et s'étende jusqu'en
Europe. Outre les informations sur l'écologie et la biologie de
l'espèce, La dynamique de la population de l'espèce n'est pas
connue, et très peu d'informations sont disponibles sur les menaces
directes sur l'espèce.
1.2.
Problématique
Cette partie comporte la justification du sujet, les
hypothèses de recherche et les objectifs de travail.
1.2.1. Justification du sujet
La préservation de la biodiversité en Afrique de
l'Ouest et en Afrique centrale est un véritable défi, vu le
niveau de pauvreté et les problèmes institutionnels auxquels sont
confrontés des pays en développement qui ne sont pas encore en
mesure de conduire efficacement les programmes voulus dans ce domaine.
Près de 75 % des habitants les plus pauvres de cette région
vivent dans des zones rurales, où la plupart sont tributaires de
l'agriculture et d'activités connexes. Destruction des habitats,
surexploitation des ressources naturelles, espèces envahissantes et
pollution sont autant de menaces qui pèsent sur les
écosystèmes dont dépendent ces populations (FEM, 2010,
p.10). Le trafic d'espèces sauvages est l'une des menaces les plus
sérieuses pour la biodiversité. Ce commerce illégal
entraîne la disparition de nombreuses espèces d'animaux, d'arbres
et d'espèces aquatiques. Outre d'être une des
préoccupations les plus importantes pour la conservation, les
activités de trafic d'espèces sauvages mettent en péril
des vies humaines, et menacent la paix et la stabilité dans de
nombreuses régions du monde. En Afrique de l'Ouest, le problème a
atteint des niveaux extrêmes et affecté de façon critique
les éléphants, les pangolins, les rhinocéros, les requins,
les chimpanzés, les gorilles et plusieurs essences de bois
précieux (USAID, 2016, p.1).
Le commerce illégal d'espèces sauvages
représente 19 milliards de dollars par an. Près de 100
éléphants d'Afrique sont braconnés par jour et, en
décembre 2015, 700 kg d'ivoire, ayant une valeur d'un million de dollars
US, ont été expédiés du Nigeria à Singapour,
puis saisis en Thaïlande. En janvier 2016, 16 paires de défenses
d'éléphants, pesant 70 kg, transitant du Tchad à la
Côte d'Ivoire en passant par le Niger, ont été saisies au
Burkina Faso. En juin 2016, 500 kg d'écailles de pangolin, en provenance
de Guinée à destination du Nigeria, ont été saisies
au Kenya. L'héritage naturel et culturel de l'Afrique de l'Ouest est
volé des générations actuelles et futures (USAID, 2016,
p.1). L'Afrique de l'Ouest a perdu plus de 90 % de sa population
d'éléphants au cours du XXe siècle
(Commission européenne, 2016, p. 298).
Petit par sa taille, le Bénin est riche par sa
biodiversité (FEM, 2010, p.21).Le nombre d'espèces rares à
protéger au Bénin est si grand, qu'on pourrait se
décourager (P. Neuenshwander et al., 2011, p. 338).Les
mammifères myrmécophages sont menacés au Bénin et
courent le risque d'extinction si les tendances actuelles sont maintenues. En
effet, ces espèces sont très fragiles car la destruction de leur
habitat à un impact direct sur leur survie (A. Akpona et A. Daouda,
2011, p.302). Orycteropus afer n'est pas épargné par ces
menaces car selon M. Siako et F. Kedowide (2018, p. 10) à travers la
Fiche Descriptive Ramsar du Complexe W, Bénin il y a menace de
l'écologie alimentaire de l'espèce à cause de la
production cotonnière qui décime les insectes dont se nourrissent
l'espèce, et ces organes sont très recherchés pour les
mixtures traditionnelles de forces et de combat.
Le commerce de la viande de brousse des zones de savanes
africaines peut constituer une véritable menace pour
les populations d'oryctéropes dans certains pays (par exemple la
Zambie, le Mozambique). Les menaces localisées comprennent la perte
d'habitat due à l'agriculture et à la chasse de subsistance (A.
Taylor et al., 2016, p.4).
Au Bénin (ex-Dahomey), trois textes fondamentaux de
février 1935 et 1938 et de juillet 1938 ont été
nécessaires pour organiser le service des Eaux et Forêts qui
devraient assurer le classement des réserves. La plupart des actes de
classement ont été pris entre 1940 et 1956. Ainsi en seize ans,
58 massifs forestiers ont été classés, représentant
près de 25 % du territoire national. En fonction de leur richesse en
faune et en essences forestières de valeur, les différentes aires
protégées ainsi classées ont été
affectées à des modes de mise en valeur précis (B. Sinsin
et al., 2010, p.522).
Au niveau des forêts classées, la plupart des
réserves de petite taille sont de nos jours envahies par les
installations humaines. La faune n'a pas pu résister à cette
concurrence avec l'homme. Dans les forêts classées de grande
taille, on rencontre encore de petites populations de buffle, de
phacochère et d'antilopes de grande taille comme l'hippotrague, le
bubale, le waterbuck (B. Sinsin et al., 2010, p.527). La forêt
classée des Monts Kouffé et sa périphérie sud
subissent les pressions de la croissance démographique galopante, de
l'agriculture itinérante sur brûlis, du surpâturage, du
braconnage et de l'exploitation forestière anarchique (I. Toko, 2019,
p.478). Plusieurs facteurs provoquent la dégradation de l'habitat des
mammifères de la FCMK du côté de Manigri :
l'exploitation du miel (24 %), l'exploitation du bois d'oeuvre, et le
braconnage avec des proportions respectives de 21 % et 12 % ensuite viennent le
surpâturage (19 %), les feux de végétation (14 %), la
carbonisation (8 %) et la pollution sonore (2 %) provoquant ainsi une
disparition de façon progressive des mammifères (I.
Dotché, 2016, p.6).
Hormis les Réserves de Biosphère de la Pendjari
et du W, la Forêt Classée des Monts Kouffé reste l'un des
derniers refuges de Orycteropus afer au Bénin. Peu
d'études ont porté sur les pressions anthropiques sur la faune et
surtout ces populations de Orycteropus afer dans la FCMK d'où
l'importance de cette recherche. Cependant aux regards des constats, plusieurs
questions sont posées.
La principale question de cette recherche est : quels
sont les impacts des pressions anthropiques sur la survie de Orycteropus
afer dans la FCMK ?
De cette principale question découlent des questions
secondaires :
Ø quels sont les connaissances des populations locales
sur le comportement et les prédateurs Orycteropus afer dans la
FCMK ?
Ø quelles sont les formes de pressions exercées
sur Orycteropus afer dans la FCMK ?
Ø quels sont les effets des pressions anthropiques sur
la survie de Orycteropus afer dans la FCMK ?
1.2.2. Hypothèses de
travail
L'hypothèse principale de cette recherche est : la
pression anthropique a un impact négatif sur la survie des populations
d'oryctérope dans la FCMK.
Les hypothèses secondaires qui fondent la
présente recherche sont :
· les populations riveraines de la FCMK ont des
connaissances sur le comportement et les prédateurs de Orycteropus
afer ;
· plusieurs formes de pressions sont exercées sur
Orycteropus afer dans la FCMK ;
· le degré des pressions anthropiques
accélère la disparition de Orycteropus afer dans la
FCMK.
1.2.3. Objectifs de recherche
L'objectif global de cette recherche est d'évaluer
l'impact des pressions anthropiques sur la survie de Orycteropus afer
dans la forêt classée des Monts Kouffé (FCMK).
De façon spécifique, il s'agit de :
· OS1 : caractériser les connaissances des
populations locales sur le comportement et les prédateurs de
Orycteropus afer dans la FCMK ;
· OS2 : identifier les différentes formes de
pression exercée sur Orycteropus afer dans la FCMK ;
· OS3 : analyser les effets des pressions
anthropiques sur Orycteropus afer dans la FCMK.
Pour avoir une meilleure compréhension sur
l'oryctérope un état des connaissances a été
fait.
1.3.
Clarification des concepts
Pour faciliter la compréhension de ce document,
certains concepts importants utilisés méritent d'être
clarifiés.
Pression anthropique : selon P. Triplet
(2020, p.939), la pression anthropique est tout facteur de stress d'origine
humaine provoquant des perturbations, des dommages ou la perte d'un ou
plusieurs composants d'un écosystème de manière temporaire
ou permanente. Pour F. Ramade (2008, p.33), ce sont les effets et modifications
induites dans l'environnement par les diverses activités humaines.
Dans le cadre de cette recherche, les pressions anthropiques
sont toutes actions produites par l'homme volontairement ou non ayant un impact
négatif sur la faune.
Mammifères fouisseurs : les
mammifères fouisseurs sont des animaux qui peuvent agir en tant
qu'ingénieurs de l'écosystème grâce à
plusieurs mécanismes d'ingénierie, notamment
l'amélioration des conditions physiques, la modification de la chimie du
sol et la concentration des ressources et des graines. Les terriers peuvent
améliorer les propriétés physiques de l'environnement
telles que la température de l'air (D. Pike et J. Mitchell,
2013 cité par N. Haussmann, 2018, p.66). Les mammifères
fouisseurs sont des animaux qui jouent des rôles fonctionnels importants
dans les prairies et dans une variété d'autres
écosystèmes à travers le monde (D. Kelt,
2011 cité par A. Davidson, 2012, p.484). Dans le cadre de cette
recherche, les mammifères fouisseurs sont des animaux qui creusent des
terriers qui sont importants pour la survie d'autre espèce sympatrique.
Mammifère myrmécophage :
selon A. Akpona et A. Daouda (2011, p.298), les mammifères
myrmécophages sont des animaux avec un régime alimentaire
composé essentiellement de fourmis et termites.
Les mammifères myrmécophages (mangeurs de
fourmis et de termites) sont des mammifères qui ont une gamme
variée d'adaptations anatomiques spécialisées pour saisir
et ingérer des insectes, telles qu'une réduction des dents, des
museaux pointus, de grosses glandes salivaires et des extrémités
antérieures conçues pour creuser (A. Da Silveira,
2007 cité par A. Clark, 2016, p.183).
Dans la présente recherche, les mammifères
myrmécophages sont donc des mammifères qui se nourrissent
essentiellement de fourmis et de termites.
Ingénieur
d'écosystème : selon L. Abbadie (2018, p.2) le
concept d'ingénieur de l'écosystème a été
proposé en 1994 par Clive Jones. Il désigne un organisme qui
modifie de façon importante son environnement au point d'avoir un impact
significatif sur d'autres espèces qui lui sont proches. Formellement,
l'ingénieur de l'écosystème fait passer un
élément physico-chimique, parfois vivant, de l'environnement d'un
état 1 à l'état 2.
Pour S. Barot (2017, p.7-10), les organismes ingénieurs
sont des organismes modifiant les propriétés physico- chimiques
de son milieu sans agir directement sur un autre organisme. Selon le même
auteur, on distingue deux types d'ingénieur
d'écosystème : autogénique, qui modifie le milieu par
sa simple présence physique et allogénique, qui modifie le milieu
par son action, des échanges avec le milieu.
Dans la présente recherche les ingénieurs
d'écosystème sont des animaux qui modifient leur environnement
par leurs activités dans un sens favorable pour certaines espèces
de leur entourage.
Le chapitre II présentera les informations sur le
milieu d'étude ainsi que la méthodologie.
CHAPITRE II : MILIEU D'ETUDE ET APPROCHE
METHODOLOGIQUE
Il est abordé dans ce chapitre les aspects
géographiques, physiques et humains, ainsi que
méthodologiques.
2.1.
Situation géographique de la FCMK
La région des Monts-Kouffé se situe entre les
départements du Borgou, de la Donga et des Collines. Elle est
localisée entre 1°30'et 2°30'de longitude Est et, 8°30'
9°15' de latitude Nord (O. Teka et al. 2007, p.26). Le
complexe forestier des Monts Kouffé, d'une superficie de 180 300 ha, se
trouve au centre du Bénin, à cheval sur les communes de
Bantè, Bassila, Ouessè et Glazoué (S. Akouehou, 2004,
p.2). Elle est limitée au nord par la Forêt classée de
Wari-Maro, au sud par la Commune de Bantè, à l'est par la Commune
de Ouèssè et à l'ouest par la Commune de Bassila (J.
Odjoubéré et al., 2013, p.122). Le milieu d'étude
de la présente recherche couvre le secteur sud de la Forêt
Classée des Monts Kouffé (FCMK) dans la commune de Bantè
(figure 7).
Figure 7 : Situation géographique
du milieu d'étude
La figure 7, fait remarquer que les cours d'eau sont beaucoup
plus abondantes dans l'aire d'étude que les plans d'eau.
2.2.
Composantes biophysiques
Cette partie prend en compte la présentation du
climat, de la géologie, la flore, la faune et l'hydrographie du milieu
d'étude.
2.2.1. Climat
La région des Monts Kouffé jouit d'un climat
tropical de type soudanien humide caractérisé par deux saisons:
une saison sèche marquée qui dure 5 mois (novembre à mars)
et une saison pluvieuse qui dure d'avril à octobre. La pluviosité
moyenne annuelle est de 1200 mm et les températures annuelles moyennes
sont de 26 ou 27 °C (M. Houinato et B. Sinsin, 2001, p.890). Ce type de
climat favorise l'existence des espèces animales notamment la population
de Orycteropus afer dans cette forêt classée. Les mois
d'octobre, de novembre, février, mars, avril, mai et juin sont les mois
les plus chauds dans la région des Monts Kouffé avec une moyenne
maximale égale à 30,46 °C observée dans le mois de
mars. Par ailleurs, les mois de juillet, août, septembre, décembre
et janvier sont les plus froids avec une moyenne maximale de 25,12 °C. Les
valeurs moyennes mensuelles d'insolation de montrent que le secteur
d'étude a un pourcentage élevé de l'insolation pendant
toute l'année. Cette forte insolation provoque une modification
pédologique comme la solubilisation des éléments
minéraux et la perte des éléments carbonés
contribuant à la dégradation des formations
végétales de la FCMK (I. Toko cité par I.
Dotché, 2019, p.24). Cette dégradation des formations
végétales a un impact négatif sur l'habitat de la faune
sauvage de la FCMK notamment les populations d'oryctérope.
2.2.2. Géologie et
pédologie
La Commune de Bantè est localisée dans une zone
de pénéplaine cristalline ondulée, située sur le
socle granito-gneissique du centre du pays dont les altitudes varient entre
200 m au sud (Gouka) et 300 m au nord vers Pira avec les sommets de plus de 400
m. Ce socle étant contigu au bassin sédimentaire côtier
Bas- Bénin est incliné du nord au sud, avec une altitude moyenne
variant entre 170 m au nord et 60 m au sud (S. Adam et M. Boko cité par
F. Boussari, 2014, p.22). Ce milieu est marqué par la présence de
nombreux affleurements rocheux notamment ceux de Koubètè et
Oladjè situés dans l'arrondissement urbain qui se
présentent sous forme de dômes d'où le nom de monts que
portent ces collines. Ces unités morphologiques conditionnent par
endroits la végétation en place, qui à leur tour, limite
les insectes surtout les termites. On y retrouve de plus par endroits sur le
territoire des inselbergs, une série de croupes de petites
dépressions, légèrement allongées vers le sud
notamment à Kagourè au nord de Pira, aussi au niveau du mont
Tobè au sud de Koko, puis le mont Loya vers la frontière
togolaise (F. Boussari, 2014, p.22). Le substratum géologique dominant
dans la région des Monts Kouffé est constitué de
formations cristallines très anciennes de type Dahoméen. La
roche-mère est de nature granito-gneissique. Sur elle, reposent des
montagnes résiduelles (inselbergs) dont une de 375 m d'altitude et les
deux Monts Kouffé (grand et petit) par lesquels la forêt
classée est localisée. L'altitude du grand mont est de 523 m, au
moment où le petit mont est à 342 m (I. Toko, 2005 p.10). La
planche 2 montre des affleurements rocheux dans la FCMK.
2-2
2-1
Planche 2 : Affleurement rocheux dans la
FCMK
Prise de vues : Koutchédi,
décembre 2020
Les photos (2-1, 2-2) de la planche 2 illustrent des
affleurements rocheux observés dans la FCMK, ce qui témoignent de
la structure géologique de l'aire d'étude. Ces photos montrent
une grande variété de configurations naturelles dans la FCMK. Ce
qui offre des possibilités d'abris à Orycteropus
afer.
Dans le milieu d'étude, on distingue des sols
minéraux bruts d'origine non climatique (sols argilo-sableux), des sols
ferrugineux tropicaux et des sols ferrallitiques. Les sols argilo-sableux sont
aptes à la culture de coton (Gossypium hirsutum), d'igname
(Dioscorea alata) et des fruitiers. Les sols ferrugineux tropicaux
sont propices à une gamme variée de cultures comme le maïs
(Zea mays), le niébé (Vigna unguiculata) et
l'arachide (Arachis hypogea). Ce potentiel pédologique favorise
le développement d'une végétation luxuriante qui regorge
d'une diversité d'espèces animales (I. Toko, 2005, p.10). Cette
végétation luxuriante constitue un excellent habitat pour les
oryctéropes dans la FCMK. La figure 8 présente la carte
pédologique du milieu d'étude types.
Figure 8 : Carte pédologique de la
FCMK
Il est constaté à la lecture de la carte des
unités pédologiques (figure 8) que, dans l'ensemble de la FCMK
avec parfois des sols ferralitiques. Ces derniers sont intéressants pour
les oryctéropes dans la mesure où ils procurent des abris
potentiels.
2.2.3. Flore
Les types de formations végétales
caractérisant la zone d'étude sont : les forêts claires,
les forêts denses sèches à Anogeissus leiocarpus,
les forêts galeries à Pterocarpus santalinoïdes, les
savanes boisées à Isoberlinia doka, Pterocarpus
erinaceus, Isoberlinia tomentosa, les savanes arborées et
arbustives présentant une strate arbustive dense avec une strate
arborescente dominée par Burkea africana, Detarium
microcarpum, Terminalia avicennioïdes. les jachères
sont caractérisées par des espèces comme : Strychnos
spynosa, Nauclea latifolia dans leur jeune âge (V. Tchabi
et al., 2012, p.64). La végétation climacique
est la forêt dense sèche qui a évolué sous l'action
anthropique vers des savanes boisées, des savanes arborées, des
savanes arbustives, des savanes herbeuses, des champs et des jachères.
Les essences les plus dominantes sont Isoberlinia doka,
Isoberlinia tomentosa, Daniellia oliveri, Vitellaria
paradoxa, Monotes kerstingii. La strate herbacée est
dominée par des graminées telles que Hyparrhenia
involucrta, Andropogon tectorum, Pennisetum unisetum et
Andropogon gayanus. Par endroits s'observe au niveau de cette strate
des végétations pures de Encephalatos barteri (O. Teka
et al., 2007, p.27).
La planche 3 montre des habitats de Orycteropus afer
dans la forêt classé des Monts Kouffé.
3-1
3-2
Planche 3: Formations
végétales dans la FCMK
Prise de vue : Koutchédi, novembre
et décembre 2020
La photo 3-1, illustre une galerie forestière, la photo
3-2 quant à elle illustre une vue panoramique de la forêt dense
sèche dans la FCMK. Ces formations végétales offrent de
bonne condition pour l'existence des oryctéropes dans la FCMK.
2.2.4. Faune
La faune sauvage de la région est relativement bien
diversifiée. En principe, toutes les espèces animales qui
caractérisent la zone soudano-guinéenne s'y retrouvent. Des
observations directes et indirectes (indices tels que traces,
défécations, ossements) permettent d'attester la présence
de bovidé tel que Tragelaphus scriptus, Kobus kob,
Silvicapra grimmia, Ourebia ourebi, Alcelaphus buselaphus
major, Hippotragus equinus, Syncerus caffer brachyceros,
des primates tels que Cercopithecus mona, Chlorocebus
tantalus, Erythrocebus patas, Papio anubis ..., de
carnivores tels que Panthera leo, Panthera pardus,
Crocuta crocuta, Genetta tigrina, Viverra civetta.
Le porc-épic à crête (Hyxtrix cristata) ; de
pholidotes (Manis gigantea, le pangolin géant) ; de
tubulidenté (Orycteropus afer, l'oryctérope) ; de
proboscidiens (Loxodonta africana) ; de suidé tels que
(Phacochoerus aethiopicus et Potamochoerus porcus) et
d'hippopotamidés (Hippopotamus amphibius) etc... sans oublier
les oiseaux (outardes, pintades, tourterelle, francolins, calaos, touracos,
canards sauvages, oies de Gambie, etc) les reptiles (crocodiles, varans,
tortues...) ainsi que des poissons tel le capitaine (Lates niloticus)
(J. Heymans et J. Petit, 1985, p. 91).
Les forêts claires, les forêts denses et
sèches ainsi que les savanes arbustives et arborées constituent
les zones d'intérêt des mammifères inventoriés
dans la FCMK du côté de Manigri. Genetta genetta,
Papio anubis, Crocuta crocuta, Colobus velloresus, Chlorocebus
tantalus ont été inventoriés dans les forêts
claires. Dans les forêts denses sèches de la FCMK, les
mammifères inventoriés sont: Cercopithecus mona, Chlorocebus
tantalus, Colobus vellerossus, Papio anubis. Par ailleurs, Tryonomis
swinderianus, Manis tricuspis, Felis lybica, Cricetomis
gambianus, Xerus erythropus, Phacocherus aethiopicus
sont des mammifères inventoriés dans la savane
arborée et arbustive. Certaines des espèces sont communes aux
trois types de formations dont Tragelaphus scriptus, Thryonomys
swinderianus, Cephalophus rufilatus qui ont été
rencontrées aussi dans une savane herbeuse (I. Dotché, 2016, p.
49).
2.2.5. Réseau
hydrographique
Le réseau hydrographique peu diversifié est
constitué de la rivière Adjiro et ses affluents et, des affluents
du fleuve Ouémé et des rivières Agbado et Otio. Ces cours
d'eau ne résistent pas à la saison sèche. Les eaux coulant
suivant une direction nord-sud, sont drainées par plusieurs petits
marigots et rivières à écoulement temporaire qui se
jettent dans les rivières Odola et Adjiro. Ce réseau permet le
développement des cultures maraîchères pratiquées
par quelques femmes d'Agoua, Akpassi, Adja-Pira et Bantè, (I. Toko,
2005, p.9). La photo 3 montre la rivière Adjiro du côté de
Okoutaossé.
Photo 3: Vue partielle de la rivière
Adjiro du côté de Okoutaossé
Prise de vue : Koutchédi, novembre
2020
La photo 3 montre une portion de la rivière Adjiro du
coté de Okoutaossé. Ce cours d'eau est utilisée par de
nombreux animaux pour l'abreuvage notamment Orycteropus afer.
2.3.
Facteur humain du secteur d'étude
Cette partie aborde l'évolution de la population et les
différentes activités économiques
développées dans le secteur d'étude.
2.3.1. Evolution de la
population
Au troisième recensement de 2002, la commune de
Bantè a une population estimée à 82129 habitants. Elle
contribue à la population du département des Collines pour
15,32%. Elle occupe la cinquième place du point de vue population
après les communes de Savalou, de Ouèssè, de
Dassa-zoumè et de Glazoué. Cette population était de 46
699 habitants avec presque autant d'hommes (23 212) que de femmes (23 487) en
1992. Le taux de croissance démographique de l'ensemble de la commune
est de 3,8%, et de 4,8% pour la population rurale. A l'horizon 2019, la
population de Bantè avoisinerait les 210 479 habitants, plus de deux
fois et demi la population de 2002, et dépasserait de près de 136
087 habitants cette population en 2025, c'est-à-dire atteindrait environ
les 346 576 habitants (L. Akomagni, 2006, p.14).Selon les résultats du
quatrième Recensement Général de la Population et de
l'Habitation de 2013, la population de la commune de Bantè est
estimée à 107 181 habitants contre 82129 habitants en 2002. La
population de la commune de Bantè de 1992 à 2013 n'a cessé
de croitre que ce soit en fonction du nombre de ménages ou encore du
sexe ce qui augmente considérablement les pressions sur les ressources
naturelles. La figure 9 présente l'évolution de la population
dans les arrondissements limitrophes de la FCMK dans la commune de Bantè
de 1992 à 2013.
Figure 9: Evolution de
la population dans les arrondissements Pira, Atacoligbé et Bobè
dans la commune de Bantè de 1992 à 2013
Source des données : INSAE (2013)
L'analyse de la figure 9 montre que ces trois arrondissements
riverains de la FCMK ont connu une grande augmentation de leur population. Les
arrondissements de Pira, Atacoligbé et Bobè avec respectivement
des effectifs de 7894, 5639 et 1981 en 1992 ont connu un pic significatif en
passant à 12377, 9181 et 4393 habitants en 2002. En 2013 la population
de ces arrondissements est passée 14785, 12863 et 7494. Avec cet
accroissement démographique, le besoin en espace bâti et en espace
agricole amènera les populations à détruire les
formations végétales de la FCMK, ce qui a un impact
négatif sur la population d'oryctérope de la FCMK et son
habitat.
Plusieurs groupes socioculturels composent la population de la
commune de Bantè. Il s'agit des groupes allochtones qui sont venus plus
tard, et constitués de :
Ø Idasha dans la ferme Odjougbilè dans
l'arrondissement d'Atokolibé ainsi que dans la ville de Bantè ;
Ø Mahi, Fon, Djerma et Ibo dans les grandes
agglomérations de Bantè, de Gouka et de Pira ;
Ø Adja concentrés dans la ferme Adja-Pira et
à Edahoué puis disséminés dans toute la Commune
pour l'exploitation forestière ou agricole ;
Ø Holli sur la route de Lougba ;
Ø Peulh à Aletan, Gouka, Pira Bobè et
Djagbalo ;
Ø Somba, Lokpa et Kotokoli exclusivement
préoccupés par l'activité agricole sont installés
tout au long de la Route Nationale Inter- Etats (RNIE 3).
Toutes ces ethnies allochtones cohabitent pacifiquement avec
les autochtones, Isha et Ifè qui les aident dans la
prospérité de leurs affaires et dans la sauvegarde de leurs
intérêts communs (L. Akomagni, 2006, p.16-17). Cette
diversité de groupes socioculturels augmente les pressions sur la FCMK
notamment le braconnage des oryctéropes.
2.3.2. Principales activités
économiques
Cette partie aborde les différentes
activités économiques développées dans le secteur
d'étude.
· Agriculture
L'agriculture est l'une des principales activités
économiques menées dans le milieu. C'est une agriculture
itinérante sur brûlis qui est caractérisée par de
petites exploitations de 2 ha en moyenne, mais aussi par des exploitations de
plus de 15 ha. Les cultures pratiquées sont essentiellement le maïs
(Zea mays), le sorgho (Sorghum spp), l'igname (Dioscorea
alata), le manioc (Manihot esculenta), le niébé
(Vigna unguiculata), l'arachide (Arachis hypogea), le coton
(Gossypium hirsutum), le riz (Oryza sativa) et les cultures
maraîchères. Les opérations agricoles s'effectuent
essentiellement à la main avec un outillage rudimentaire (houe,
coupe-coupe, etc.). L'adoption de la culture attelée est importante dans
la zone du massif forestier des Monts Kouffé. L'utilisation de la fumure
et des produits phytosanitaires est, en dehors du coton, très faible sur
les autres cultures (I. Toko, 2005, p.11). L'utilisation de ces
différentes techniques de cultures a un impact négatif sur les
ressources alimentaire (fourmis et termites) de l'oryctérope dans la
FCMK.
· Elevage
L'élevage pratiqué est de prédominance
domestique et concerne les ovins, les caprins, les porcins, les bovins et
autres volailles. L'élevage de bovin est pratiqué par des nomades
peuls et transhumants qui détiennent le savoir-faire. De même, il
est progressivement pratiqué l'élevage non conventionnel qui est
prioritairement mené par la population urbaine et concerne les
espèces que sont : les lapins, les aulacodes et les poules pondeuses.
L'apiculture, occupe une place de choix dans l'élevage non conventionnel
et est pratiqué surtout dans les arrondissements de Koko (où sont
installées les infrastructures de la ferme Tobé), de Lougba,
d'Akpassi, de Bobè, de Gouka, d'Atokolibé (L. Akomagni, 2006,
p.24). La Région des Monts-Kouffé accueille pendant la saison
sèche des troupeaux transhumants du nord- Bénin, du Nigeria, du
Niger et du Burkina-Faso qui exploitent avec ceux sédentaires les
ressources fourragères de la région. Ces ressources
fourragères de saison sèche sont constituées des ligneux
fourragers, des résidus de récolte et des pâturages de
dépression souvent épargnés par les feux précoces
de végétation. Les effets néfastes de cet élevage
sont déjà remarquables sur les individus de Khaya
senegalensis et d' Afzelia africana qui en plus de leur haute
valeur fourragère, sont fortement appréciées pour leurs
intérêts économique et pharmacologique (O. Teka et
al., 2007, p.25). Cet élevage contribue à la
perturbation de l'habitat de Orycteropus afer dans la FCMK.
· Chasse
La chasse est largement pratiquée dans la forêt
classée des Monts Kouffé par les chasseurs organisés en
confrérie villageoise. Il y a onze confréries villageoises de
chasseurs opérationnelles dans la forêt classée des Monts
Kouffé (I. Dotché, 2016, p. 23). Cette chasse contribue
progressivement à la disparition de la faune sauvage de la FCMK
notamment la population de Orycteropus afer.
2.4.
Approche méthodologique
Cette partie comporte les données utilisées, les
techniques de collecte, de traitements et d'analyses des données.
2.4.1. Données
utilisées
Plusieurs catégories de données ont
été utilisées dans la présente recherche. Elles ont
été collectées entre Juin et décembre 2020. Il
s'agit de :
· données démographique et
socio-économique du secteur d'étude obtenues à
l'INSAE pour voir l'évolution des populations riveraines du milieu
d'étude et les activités dominantes qu'elles pratiquent;
· données et informations sur les connaissances
des populations locales sur Orycteropus afer obtenues grâce aux
enquêtes et entretiens;
· données et informations sur les menaces qui
pèsent sur Orycteropus afer dans la FCMK obtenues
grâce aux enquêtes entretiens et investigation en milieu naturel
;
· données et informations sur les techniques de
chasse de Orycteropus afer et leur impact sur sa survie obtenues
grâce aux enquêtes et entretiens ;
· données sur l'abondance passée et
actuelle de Orycteropus afer obtenues grâce aux enquête et
entretiens.
2.4.2.
Collecte des données
Cette partie présente les techniques utilisées
pour la collecte des données et les outils et matériels de
collecte utilisés sur le terrain.
· Technique de collecte
des données
Les principales techniques
de collecte des données utilisées dans cette recherche
sont : la recherche documentaire et travaux de terrain.
§ Recherche documentaire
La recherche documentaire a été menée
dans plusieurs centres de documentation. Elle a permis d'avoir une connaissance
plus approfondie sur le secteur de recherche et l'espèce
étudiée (tableau II).
Tableau II : Centres de documentation
visités et types d'informations
Centres de documentation visités
|
Nature des documents
|
Types d'informations recueillies
|
Bénin Excellence
|
Liste rouge d'espèce menacée et guide d'animaux
|
Information spécifique sur Orycteropus afer et
générale sur la faune
|
FASHS
|
Mémoire et Thèse
|
Information à caractère méthodologique
|
Centre de documentation du DGAT
|
Mémoire, article, thèse
|
Information à caractère méthodologique et
information général sur le milieu d'étude
|
LEDUR
|
Mémoire, Thèse et actes de Colloque
|
Information à caractère méthodologique
|
Sites internet
|
Mémoires, thèses, rapports, articles scientifiques,
atlas et livre
|
Information à caractère méthodologique et
information général
|
Mairie de Bantè
|
PDC, Rapports
|
Informations sur la commune
|
Source : Résultats
d'enquêtes de terrain, octobre, 2020
Le tableau II montre les différents centres de
documentation visités. Il fait ressortir aussi la nature des documents
et les types d'informations recueillies dans ces lieux.
§ Travaux de terrain
Les données ont été collectées du
15 novembre au 12 décembre 2020 période (saison sèche)
favorable à l'observation des oryctéropes. La présente
recherche combine l'approche quantitative et celle qualitative, compte tenu de
la nature des informations recherchées. Au total, cent huit (108)
personnes ont été enquêtées. Les données ont
été collectées au moyen d'entretiens
semi-structurés et l'utilisation des techniques d'observation directe
des signes de présence de l'animal en milieu naturel dans la FCMK.
ü Echantillonnage de la population
Pour mener à bien cette recherche, 5 villages ont
été choisis. Il s'agit des villages de Okouta-ossé,
Kagourè, Banon, Bobè et Djagbalo. Ces villages ont
été choisis compte tenus de leur proximité de la FCMK et
de leur accessibilité. Une enquête basée sur un
questionnaire d'opinion a consisté à recueillir des informations
auprès de différents groupes cibles (chasseurs, agriculteurs,
vendeurs de dépouilles d'animaux, ménagère, chef de
village et forestiers), relatives à la présence, à
l'abondance et les formes de pression exercées sur l'animal. Un
échantillon de la population a été
déterminé. La technique d'échantillonnage utilisée
est celle raisonnée. Les enquêtés répondent aux
critères suivants :
- être âgé d'au moins 30 ans pour
être sûr de la véracité des informations fourni par
l'enquêté ;
- être résident du milieu
d'étude pour ne pas fournir des informations que l'on ne maitrise
pas bien ;
- appartenir à un groupe socio- professionnel du
milieu.
Le tableau III présente l'échantillon
enquête.
Tableau III : Echantillon
enquêté
Commune
|
Villages parcourus
|
Types d'enquêtés
|
Nombre d'enquêtés
|
Bantè
|
Okouta-ossé
|
Chasseurs
|
05
|
Ménagères
|
01
|
Agriculteurs
|
13
|
Vendeurs de dépouilles d'animaux
|
01
|
Kagourè
|
Chasseurs
|
05
|
Ménagères
|
00
|
Agriculteurs
|
15
|
Vendeurs de dépouilles d'animaux
|
00
|
Banon
|
Chasseurs
|
05
|
Ménagères
|
02
|
Agriculteurs
|
13
|
Vendeurs de dépouilles d'animaux
|
00
|
Bobè
|
Chasseurs
|
05
|
Ménagères
|
02
|
Agriculteurs
|
13
|
Vendeurs de dépouilles d'animaux
|
00
|
Djagbalo
|
Chasseurs
|
05
|
Ménagères
|
02
|
Agriculteurs
|
12
|
Vendeurs de dépouilles d'animaux
|
01
|
Total
|
-
|
-
|
100
|
Source : Résultats
d'enquêtes, Novembre 2020
Il ressort de l'analyse du tableau III que 100 personnes ont
été enquêtées dont 25 chasseurs, 07
ménagères, 66 agriculteurs et 02 vendeurs de dépouilles
d'animaux. En dehors de ces enquêtés, 08 personnes ressources ont
été interviewées dont 02 chefs chasseurs de CVC, 03 chefs
de village et 02 forestiers et 01 roi. Au total, 108 personnes ont
été enquêtées.
La figure 10 présente les villages où les
enquêtes de terrain ont été réalisées.
Figure 10: Situation géographique des
villages enquêtés
La figure 10 montre les villages où les enquêtes
de terrain ont été réalisées, il s'agit des
villages de Okouta-ossé, de Kagourè, de Banon, de Bobè et
de Djagbalo.
ü Echantillonnage de la
végétation
La FCMK a une superficie de 273.000 ha. Elle est
subdivisée en 11 zones de chasses. Les travaux d'observations directes
des signes de présence de l'animal en milieu naturel ont
été effectués dans les zones de chasse qui se situent du
côté de Bantè. Il s'agit des zones de chasse de
Okouta-ossé (10861 ha), Banon-Akpassi-Bantè (36258 ha),
Djagbalo-Bobè-Assaba (29863).
· Approche méthodologique utilisée
pour l'objectif spécifique 1 : recenser les connaissances
des populations sur le comportement et les prédateurs de Orycteropus
afer autour la FCMK.
v Outils
Les outils utilisés pour la collecte des données
relatifs à cet objectif sont : un questionnaire d'enquête, un
guide d'entretien.
v Matériels
Les matériels utilisés sont :
· un GPS (Global Positioning System) pour le
géo-référencement des lieux d'entretien ;
· une planche qui illustre Orycteropus afer pour
permettre aux enquêtés de vite reconnaitre l'animal ;
· appareil photographique pour les prises de vue
;
· un fond de carte de la zone d'étude ;
· un sac de terrain.
v Méthode de collecte
Pour recenser les connaissances des populations sur
Orycteropus afer autour la FCMK, un questionnaire a
été élaboré et administré aux
enquêtés pour appréhender leur perception sur
l'oryctérope. Il a été constitué un
échantillon de 108 personnes par la méthode de choix
raisonné qui a permis d'identifier les chasseurs, agriculteurs, vendeurs
de dépouilles d'animaux, forestiers, chef de village, suivant le plan du
guide d'entretien de chaque acteur. La planche 4 montre quelques séances
d'entretiens individuels.
4-2
4-1
Planche 4: Entretien avec le chef des
chasseurs du village de Banon (4-1) et avec un agriculteur dans le village
de Okouta-ossé (4-2)
Prise de vues : Amossou et Ologou,
novembre 2020
Les photos 4-1 et 4-2 de la planche 4 Montrent quelques
séances d'entretiens auprès de la population riveraine de la
FCMK. Ces entretiens ont permis d'obtenir des données quantitatives et
qualitatives sur les périodes d'observations des oryctéropes
durant l'année, les types dégâts causés par
l'oryctérope, les prédateurs naturels de l'oryctérope et
les caractéristiques mystiques de l'oryctérope dans la FCMK.
v Traitement des données
Il s'agit du dépouillement et de l'analyse des
données, et des informations reçues sur le terrain. Les fiches
d'enquête ont été dépouillées manuellement.
Le logiciel Word 2007 a été utilisé pour la saisie des
textes, Excel 2007 pour le traitement des données et la
réalisation des tableaux et graphiques. Les données
collectées ont servi à calculer les paramètres
ci-après.
· Fréquence de citation des périodes
d'observation de Orycteropus afer au cours d'une année par les
riverains dans la FCMK
n : nombre de personnes ayant cité une
période et N nombre total de personnes interviewées.
· Fréquence de citation des types de
dégâts causé Orycteropus afer dans la FCMK
n : nombre de personnes ayant cité un type de
dégâts et N nombre total de personnes interviewées.
· Fréquence de citation des prédateurs
naturels de Orycteropus afer dans la FCMK
n : nombre de personnes ayant cité un
prédateur donné et N nombre total de personnes ayant cité
au moins un prédateur.
· Approche méthodologique utilisée
pour l'objectif spécifique 2 : identifier les
différentes formes de pression exercée sur Orycteropus
afer dans la FCMK
v Outils
Les outils utilisés la collecte de données
relatives à l'objectif 2 sont : un questionnaire d'enquête,
un guide d'entretien et une grille d'observation.
v Matériels
Les matériels utilisés sont :
· un GPS (Global Positioning System) pour le
géo-référencement des indices de présence de
Orycteropus afer, des signes de pression anthropique et pour
enregistrer les lieux d'entretien ;
· appareil photographique pour les prises de vue
;
· un fond de carte de la zone d'étude ;
· un sac de terrain ;
· un coupe-coupe pour l'ouverture des layons de passage.
v Méthode de collecte
Les données relatives aux menaces collectées
sont liées aux actions anthropiques préjudiciables à la
survie de l'espèce. La collecte des données combine
méthode d'investigation en milieu naturel et enquête auprès
des populations.
· Recherche d'indices de
présence
Les données en milieu naturel ont été
collectées du 1er au 10 décembre 2020.
L'oryctérope étant une espèce de moeurs nocturne et ayant
des caractéristiques d'espèce fouisseuse et très
craintive, ces observations sont donc très difficiles voire impossibles
le jour. Des observations diurnes avec des guides de terrain ont permis de
collecter des informations utiles sur l'espèce, des indices indirects
ainsi que les indices de pression anthropique dans l'aire d'étude.
La méthode utilisée dans ce contexte est celle des marches de
reconnaissance guidée. Cette méthode consiste à faire les
observations en se déplaçant sur des chemins de moindre
résistance (pistes d'animaux, pistes humaines, sous-bois clairs, lignes
de crête, etc.) tout en suivant un cap général constant, un
certain angle de déviation est cependant toléré. Deux
observateurs marchent devant (le pisteur et le responsable des notes), et
relèvent les indices des animaux et des humains, déterminant
ainsi plusieurs variables (signe, espèce, âge, classe...). Les
indices recherchés aux cours de cette recherche étaient
terriers, empreinte, signe d'alimentation de Orycteropus afer. Seul
des terriers ont été observés. Des prospections nocturnes
ont également été faite de 22h à 4h pendant trois
jours en vu d'observer Orycteropus afer.
La planche 5 montre des terriers Orycteropus afer
dans la FCMK.
5-3
5-4
5-2
5-1
Planche 5: Entrée de terrier de
Orycteropus afer dans la FCMK
Prise de vues : Koami et Koutchédi,
novembre 2020
Les photos 5-1, 5-2, 5-3, et 5-4 de la planche montrent des
terriers d'oryctérope observés dans la FCMK au cours des
prospections dans les zones de chasse situées du côté de
Bantè.
Le tableau IV montre les efforts de prospection dans les zones
de chasse de la forêt classée des Monts Kouffé
Tableau IV: Efforts de prospection dans les
zones de chasse de la forêt classée des Monts Kouffé
Forêt
|
Zone de chasse
|
Superficie fouillée
|
Nombre de jours de travail
|
Km parcourus
|
Forêt Classée des Monts Kouffé
|
Okouta-ossé
|
10861 ha
|
2
|
14,7
|
Banon-Akpassi-Bante
|
36258 ha
|
5
|
30,4
|
Source : Résultats d'enquête de
terrain, décembre 2020
Le tableau IV montre les différentes zones de chasses
parcourues dans la FCMK, ainsi que le nombre de jours de travail dans chacune
des zones de chasses pour la collecte des indices de présence de
Orycteropus afer.
· Entretiens semi-structurés
L'identification des principales formes de pression
anthropique pour la population d'oryctérope dans l'aire d'étude
est basée sur les informations obtenues pendant les travaux de terrain,
lors des interviews. Les données collectées concernent
essentiellement les facteurs à l'origine de la régression de la
population de l'espèce et de son habitat. Il a été
constitué un échantillon de 108 personnes par la méthode
de choix raisonné qui a permis d'identifier les chasseurs, agriculteurs,
vendeurs de dépouilles d'animaux, forestiers, chef de village, suivant
le plan du guide d'entretien de chaque acteur. Des prises de vues de
trophées de l'espèce ont aussi été
réalisées pour témoigner du braconnage de l'espèce.
Egalement, lors des relevés des indices de présence de
l'espèce, il est noté tous les indices d'activités ou de
présences anthropiques.
v Traitement des données
Les réponses aux questionnaires ont été
dépouillées, codifiées, saisies et traitées
à l'aide du tableur Excel 2013. Les données collectées ont
servi à calculer les paramètres ci-après.
· Fréquence relative (Fr) de citation des
causes de régression de Orycteropus afer selon les personnes
interviewées.
n : nombre de personnes ayant cité une cause
donnée et N est le nombre total de personnes interviewées.
· Fréquence relative (Fr) de citation des causes
de régression de Orycteropus afer selon les personnes
interviewées en fonction des villages enquêtés.
n : nombre de personnes ayant cité une cause
donnée dans un village et N est le nombre total de personnes
interviewées dans le village.
· Approche méthodologique utilisée
pour l'objectif spécifique 3 : analyser les effets des
pressions anthropiques sur Orycteropus afer dans la FCMK.
v Outils
Les outils utilisés pour la collecte des données
relatifs à cet objectif sont : un questionnaire d'enquête, un
guide d'entretien.
v Matériels
Les matériels utilisés sont :
· un GPS pour le
géo-référencement des lieux d'entretien ;
· une planche qui illustre Orycteropus afer pour
permettre aux enquêtés de vite reconnaitre l'animal ;
· appareil photographique pour les prises de vue
;
· un fond de carte de la zone d'étude ;
· un sac de terrain.
v Méthode de collecte
Pour analyser les effets des pressions anthropiques sur
Orycteropus afer un questionnaire a été adressé
aux populations. Il a été constitué un échantillon
de 108 personnes par la méthode de choix raisonné qui a permis
d'identifier les chasseurs, agriculteurs, vendeurs de dépouilles
d'animaux, forestiers, chef de village, suivant le plan du guide d'entretien de
chaque acteur. Les données collectées concernent essentiellement
la perception des populations locales sur l'état d'abondance de
l'espèce dans le passé (il y a 20 ans) et actuelle, les raisons
de la chasse de l'espèce, les périodes favorables à la
chasse de l'espèce, les moments de chasse de l'espèce, les
techniques de chasse employées pour tuer l'espèce et les heures
de chasse de l'espèce.
v Méthode de traitement
Les réponses aux questionnaires ont été
dépouillées, codifiées, saisies et traitées
à l'aide du tableur Excel 2007. Les données collectées ont
servi à calculer les paramètres ci-après.
· Fréquence d'abondance passée et actuelle
de l'oryctérope en fonction des personnes enquêtées.
n : nombre de personnes ayant cité une
catégories d'abondance donnée pour l'espèce et N est le
nombre total de personnes interviewées.
· Fréquence d'abondance de l'oryctérope en
fonction des personnes enquêtées par village.
n : nombre de personnes ayant cité une
catégories d'abondance donnée pour l'espèce dans un
village et N est le nombre total de personnes interviewées dans la
village.
· Fréquence des raisons de la chasse de
Orycteropus afer
n : nombre de personnes ayant cité une raison
donnée et N est le nombre total de personnes interviewées.
· Fréquence des périodes favorables
à la chasse de Orycteropus afer
n : nombre de personnes ayant cité une période
de chasse donnée et N est le nombre total de personnes
interviewées.
· Fréquence des moments de chasse de
Orycteropus afer
n : nombre de personnes ayant cité un moment de chasse
donnée et N est le nombre total de personnes interviewées.
· Fréquence des techniques de chasse
employées pour tuer Orycteropus afer
n : nombre de personnes ayant cité une technique de
chasse donnée et N est le nombre total de personnes
interviewées.
· Fréquence des heures de chasse de
Orycteropus afer
n : nombre de personnes ayant cité une heure de chasse
donnée et N est le nombre total de personnes interviewées.
· Indice de Comptage Kilométrique (ICK)
NOE : Nombre d'observations pour l'espèce ; DTP:
Distance totale parcourue.
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
Ce chapitre analyse et discute les résultats obtenus
sur le terrain.
3.1.
Résultats
Cette partie présente les résultats sur les
connaissances des enquêtés sur Orycteropus afer. Il
aborde également des différentes formes de pression que subissent
l'espèce de même que les techniques de braconnage et l'impact des
pressions anthropiques sur sa survie dans la FCMK.
3.1.1. Connaissances des
populations enquêtées sur le comportement et les prédateurs
Orycteropus afer
Cette partie aborde les résultats sur les connaissances
des enquêtés sur Orycteropus afer.
3.1.1.1 Nomenclature locale de
Orycteropus afer
Dans l'aire d'étude, divers noms locaux sont
attribués à l'oryctérope par les différents groupes
socioculturels. Ces noms traduisent des considérations accordées
par chaque groupe socioculturel à l'espèce. Le tableau V
présente les désignations locales de l'oryctérope par les
groupes ethniques enquêtés.
Tableau V: Désignations de nom local
de Orycteropus afer par les groupes ethniques enquêtés
Ethnies
|
Désignation locale
|
Surnom local
|
Itsha
|
Antaa
|
Agbagba sakou-sakou
|
Pila pila
|
Boukman
|
-
|
Cotocoli
|
Grou-grou
|
-
|
Anii
|
Atoukman
|
-
|
Source : Résultats des travaux de
terrain, novembre 2020.
L'analyse du tableau V montre que quatre groupes
socioculturels (ethnies) sont représentés dans
l'échantillon d'étude et chacun a une désignation de
Orycteropus afer où le nom local varie d'un groupe
socioculturel à un autre.
3.1.1.2. Période
d'observation de Orycteropus afer par les riverains dans la FCMK
Les enquêtés perçoivent
différemment les périodes propice pour mieux observer
Orycteropus afer dans la FCMK. La figure 11 expose les proportions des
différentes périodes favorables à l'observation de
l'espèce dans le milieu.
Figure 11 : Perceptions des populations
riveraines sur les périodes d'observation de Orycteropus afer
dans la FCMK
Source : Résultats des travaux de
terrain, novembre 2020.
L'analyse de la figure 11 montre que 77,33 % des
enquêtés pensent que l'on peut observer Orycteropus afer
toute l'année contre 13,33 % qui pensent qu'on peut l'observer en saison
sèche et 6,66 % en saison pluvieuse. Seulement, 2,66 % des
enquêtés ont répondu ne sais pas. L'oryctérope est
donc une espèce qu'on peut rencontrer toute l'année.
3.1.1.3. Moment de rencontre de
Orycteropus afer selon les riverains
Dans le milieu d'étude Orycteropus afer est
rencontré à différents moments selon les
enquêtés. Les fréquences des déclarations en
fonction des moments indiqués par les populations sont
présentées à la figure 12.
Figure 12 : Moment de
rencontre de Orycteropus afer selon les enquêtés
Source : Résultats des travaux de
terrain, novembre 2020.
L'analyse de la figure 12 montre que l'oryctérope est
une espèce rencontrée fréquemment la nuit avec une
fréquence de citation de 58,66 % et moins le jour avec une
fréquence de 34,66 %. Malgré le caractère nocturne de
l'espèce, elle peut être observée le jour même si
c'est très rare.
3.1.1.4. Perception locale des
types de dégâts causés par Orycteropus afer dans le milieu
d'étude
Plusieurs espèces animales font objet de conflits avec
des humains pour de nombreuses raisons dont les dégâts
causés par les espèces. Seul 4 % des enquêtés
pensent que Orycteropus afer peut causer des dégâts dans
le milieu notamment tuer un homme, contre 96 % qui pensent que l'espèce
ne cause aucun dégât. L'oryctérope n'est donc pas une de
ces espèces qui peuvent être source de conflits homme-faune dans
le milieu d'étude en raison de son régime alimentaire
composé exclusivement de termites et de fourmis et n'a donc pas besoin
de se nourrir de culture des villageois. L'oryctérope n'est
également pas un carnivore pour se nourrir du bétail des
villageois, ou être un danger pour les populations et en plus elle est
une espèce à moeurs nocturne contrairement à l'homme.
3.1.1.5. Prédateur naturel
de Orycteropus afer dans la FCMK
L'oryctérope étant un animal non carnivore
à corps massif, il doit avoir un certain nombre de prédateur en
milieu naturel. Ainsi 44 % des enquêtés ont reconnu que
l'oryctérope a des prédateurs naturels dans la FCMK contre 56 %
qui donnent une réponse contraire.
La figure 13 expose les principaux animaux qui peuvent
être une menace pour Orycteropus afer dans la FCMK.
Figure 13: Prédateur naturel de
Orycteropus afer selon les enquêtés dans la FCMK
Source : Résultats des travaux de
terrain, novembre 2020.
L'analyse de la figure 13 montre que le lion (Panthera
leo) reste le plus grand prédateur de l'oryctérope dans la
FCMK avec une fréquence de citation de 65,93 % suivi du léopard
(Panthera pardus) avec 20,44 %, ensuite viennent le python de seba
(Python sebae) 6,81 %, et l'hyène tacheté (Crocuta
crocuta) 6,81 % dans une moindre mesure. Pour le lion, le léopard,
l'hyène et le python, l'oryctérope est une proie de choix car sa
chaire et son corps massif peut les nourrirent pendant plusieurs jours ce qui
le rends vulnérable à ces espèces.
3.1.1.6. Perception locale des
caractéristiques mystiques de Orycteropus afer
L'oryctérope est considéré par les
populations locales comme une espèce très bizarre et
différente de toutes les autres espèces de la forêt de par
son aspect physique et un certain nombre de comportements et de manifestations
qui le rendent unique. Le tableau VI présente quelques propos
recensés auprès des enquêtés et personnes ressources
sur les caractéristiques mystiques de l'oryctérope dans la FCMK.
Tableau VI: Perception locales des
caractéristiques mystiques de Orycteropus afer dans la FCMK
Source d'information
|
Propos recensés
|
Tous les enquêtés ayant tué au moins une
fois l'oryctérope
|
Après avoir tué l'oryctérope son cadavre
ressemble à une personne que le tueur connaît et s'il appelle son
nom, la personne meurt immédiatement.
|
Un enquêté dans le village de Banon
|
· L'oryctérope est un animal qui possède de
gris-gris, quand tu te cache devant son terrier pour attendre qu'il sorte pour
l'abattre, il sait déjà que tu es là et sort pour te
demander ce que tu cherches. Si tu lui réponds que c'est pour le tuer,
il te demande d'aller voir ailleurs qu'il n'est pas un animal qu'on peut tuer.
· Un jour, j'ai tué un oryctérope et j'ai
mis mon fusil sur lui, le temps de chercher du bois sec pendant cinq minutes
pour le fumer à mon retour l'animal a disparu, sans laisser de trace
sur le sol.
|
Quelques chasseurs enquêtés
|
· Quand tu tends un piège à
l'oryctérope devant son terrier, quand il sort la nuit il
l'enlève et le jette.
· Quand l'oryctérope sent qu'il y a danger,
notamment quand on installe de piège sophistiqué (collet)
à l'entrée de son terrier, il peut passer entre deux semaines
à trois mois dans son terrier sans sortir et est toujours vivant.
· Les oryctéropes sont des animaux qui ont le
pouvoir de se transformer en humain et viennent dans les villages.
|
Quelques chasseurs et vieilles personnes
enquêtés
|
L'oryctérope en creusant est capable de couper les
racines de grands arbres en une fraction de seconde, et une fois qu'il les a
coupés on ne les voit plus.
|
Chef des chasseurs du village de Pira
|
Les oryctéropes mâles sont des forgerons et celle
femelle sont des tisserands.
|
Plusieurs enquêtés
|
Quand tu rentres dans un terrier d'oryctérope, il peut
t'enterrer là dedans et si tu ne possèdes pas de gris-gris pour
disparaitre et te retrouver à l'extérieur du terrier tu meurs
là.
|
Source : Résultats des travaux de
terrain, novembre 2020
3.1.2. Différentes formes de
pression exercées sur les populations de Orycteropus afer dans la
FCMK
Cent pour cent (100%) des enquêtées reconnaissent
Orycteropus afer comme un animal en voie de disparition dans la FCMK
à cause de fortes pressions anthropiques directes et indirectes
exercées sur l'animal et son habitat. Ces causes se résument
essentiellement au braconnage, la transhumance, l'exploitation
forestière, le manque de ressources alimentaires de l'espèce et
autres raisons (figure 14).
Figure 14 : Proportion des types de
menaces cités par les populations enquêtés
Source : Résultats des travaux de
terrain, novembre 2020.
Il ressort de l'analyse de la figure 14 que le braconnage est
la principale cause de régression des populations de Orycteropus
afer dans la FCMK avec une fréquence de 69 %, ensuite viennent la
transhumance, l'exploitation forestière et le manque de ressource
alimentaire de l'espèce avec des proportions respectives de 17 %, 8 % et
1 %. Néanmoins 5 % des enquêtés reconnaissent autres raison
de régression de l'animal, notamment le faible taux de reproduction des
oryctéropes.
La figure 15 présente les proportions de citations des
différentes formes de pression sur Orycteropus afer dans la
FCMK en fonction des villages d'enquêtes.
Figure 15: Proportion de
citation des formes de pression sur Orycteropus afer en fonction des
villages
Source : Résultats des travaux de
terrain, novembre 2020.
L'analyse de la figure 15 montre que le braconnage est la
seule menace citée dans tous les villages enquêtés et avec
les plus fortes proportions notamment dans le village de Banon où 100 %
des personnes enquêtées l'ont reconnu comme principale cause de
régression des populations de Orycteropus afer dans le milieu.
Le village d'Okoutaossé est le seul village où toutes les causes
de régression de Orycteropus afer ont été
citées.
3.1.2.1. Exploitation
forestière
Elle a été évoquée par 8 % des
enquêtés dans trois des villages enquêtés. Selon 8%
des enquêtés la perturbation des habitats est l'une des causes de
régression des populations de Orycteropus afer dans la FCMK.
Les principales raisons de cette destruction évoquées
étaient l'installation progressive de nouvelles habitations accompagnant
la croissance démographique et l'exploitation du bois d'oeuvre. Les
besoins économiques et sociaux, poussent la population à abattre
les espèces végétales ligneuses. Ce qui pousse les
oryctéropes à trouver d'autres régions plus
éloignées dans la forêt où elles sont moins
menacées. La planche 6 illustre ce phénomène.
6-2
6-1
Planche 6 : Destruction des habitats de
la faune dans la FCMK : arbres abattus dans FCMK (6-1) ; bois d'oeuvre
scié en planche dans la FCMK (6-2)
Prise de vues : Koutchédi, novembre
2020
La planche 6 montre des espèces végétales
abattues à but commercial dans la FCMK. Ce phénomène
contribue à la dégradation progressive des habitats fauniques.
3.1.2.2. Transhumance
Cette menace a été reconnue par 17 % des
enquêtés comme une des activités ayant un effet
négatif sur les populations de Orycteropus afer et sur la faune
sauvage de la FCMK. Actuellement, l'élevage a pris de l'ampleur et est
devenu une source de revenue très importante pour les éleveurs.
Pour assurer la nourriture du bétail, la FCMK est prise d'assaut par des
éleveurs transhumants. L'élevage des boeufs est une
activité qui constitue une forme de menace qui perturbe la
quiétude des animaux et la dégradation de leur habitat. La
planche7 montre les troupeaux de boeuf dans la FCMK.
7-2
7-1
Planche 7: Surpâturage dans la FCMK
Prise de vue : Dotché, avril
2016
La planche 7 montre les boeufs s'alimentant (1) et les boeufs
en train de s'abreuver dans la FCMK (2).
3.1.2.3. Braconnage
Le braconnage est la principale pression anthropique
responsable de la régression des oryctéropes dans la FCMK. Cette
menace a été reconnu par 69 % des enquêtés comme la
raison de réduction des oryctéropes dans le milieu. Elle à
été évoquée dans tous les villages
enquêtés avec les fréquences de citations les plus
élevés. Les déclarations faites sur la qualité de
la viande de l'espèce et les prouesses de ces organes et os en
médecine africaine témoignent de l'ampleur de son braconnage dans
la zone d'étude. Les habitants reconnaissent que l'espèce a
été braconnée dans la FCMK à tel point qu'on n'en
voit pratiquement plus de nos jours. Durant les enquêtes il a
été observé des trophées qui témoignent
cette pression. La planche 8 témoigne du braconnage de Orycteropus
afer dans la FCMK.
8-1'
8-2
8-1
8-6
8-5
8-4
8-3
Planche 8: Trophées de
Orycteropus afer observés au cours des enquêtes :
crâne (1et 1') ; main (2) ; griffe et os (3); griffe (4,5,6)
Prise de vues : Koutchédi, novembre
2020
La planche 8 montre différents trophées de
Orycteropus afer observés chez les enquêtés ce qui
témoigne l'ampleur du braconnage de l'espèce dans le milieu. Cet
état de chose favorise la disparition de Orycteropus afer dans
la FCMK.
Encadré 1
Un des enquêtés dans le village de Banon nous
laissait entendre que: l'oryctérope est un animal bête, une fois
que je tombe sur un de ces terriers actifs quand je ne le tue pas je ne rentre
pas à la maison même si cela doit me prendre deux à trois
jours. J'en ai tué plus de cent (100) individus.
3.1.2.4. Manque de ressource
alimentaire
L'abondance de ressource alimentaire reste l'une des
premières conditions de survie d'une espèce à
l'état sauvage. Quand une espèce donnée manque de
ressource alimentaire ceci devient dangereux pour sa survie. Moins cité
que les autres menaces avec seulement une fréquence de 1% elle est
reconnue comme une des raisons de régression des populations de
Orycteropus afer de la FCMK à cause principalement de la
production agricole autour de l'aire protégée qui décime
les insectes et termites dont se nourrissent l'espèce.
3.1.2.5. Autres raisons
Pour 5% des personnes enquêtées, d'autres raisons
que les pressions des activités humaines sont responsables de la
régression des populations de Orycteropus afer dans la FCMK. Il
s'agit notamment du faible nombre d'individus de Orycteropus afer et
un très faible taux de reproduction comparé aux autres
espèces de la FCMK.
3.1.3. Technique de braconnage et
effet des pressions anthropiques sur la survie de Orycteropus afer dans la
FCMK
3.1.3.1. Raison de la chasse de
Orycteropus afer
L'oryctérope (Orycteropus afer) est
chassé dans l'aire d'étude pour diverses raisons entre
autres : la consommation, l'usage en médecine africaine et les
raisons économiques. La figure 16 expose les proportions de citations
des différents usages renseignés par les personnes
enquêtées.
Figure 16 : Fréquences des
citations des usages de Orycteropus afer selon les chasseurs
Source : Résultats des travaux de
terrain, novembre 2020.
Il ressort de l'analyse de la figure 16 que l'usage
alimentaire est mentionné par 84 % des chasseurs enquêtés,
suivi de la pharmacopée ou médecine africaine 16 %. La viande de
Orycteropus afer est très prisée du fait de son
caractère très délicieux et ces organes sont très
recherché pour ses prouesses en pharmacopée selon les
enquêtés. Un état de chose qui rend Orycteropus
afer très vulnérable au braconnage qui favorise sa
disparition progressive dans le milieu d'étude.
3.1.3.2. Perception des chasseurs
sur les périodes favorables à la chasse de Orycteropus afer
Les chasseurs du milieu possèdent différentes
connaissances sur les périodes favorables pour braconner Orycteropus
afer dans la FCMK. La figure 17 présente les fréquences de
citations des périodes favorables à la chasse des Orycteropus
afer selon les chasseurs enquêtés.
Figure 17 : Fréquences de
citations des périodes favorables à la chasse des
oryctéropes
Source : Résultats des travaux de
terrain, novembre 2020.
L'analyse de la figure 17 montre que 44% des
enquêtés affirment que Orycteropus afer est chassé
toutes les périodes de l'année contre 36% qui pensent que c'est
plus favorable en saison sèche parce que c'est le moment où ils
sont plus abondants dans le milieu. La saison pluvieuse est faiblement
citée 20 % par certains chasseurs qui affirment que c'est la
période où il est facile de voir les empreintes de l'animal au
sol.
3.1.3.3. Moment de chasse de
Orycteropus afer selon les chasseurs
Les oryctéropes sont abattus à différent
moment par les chasseurs dans la FCMK notamment au moment où ils sont
dans leur terrier et aux cours de leur déplacement. La figure 18 montre
les fréquences de citation sur les moments où l'espèce est
tuée selon les chasseurs.
Figure 18: Fréquences de citation
des moments où l'espèce est tuée selon les chasseurs
Source : Résultats des travaux de
terrain, novembre 2020.
L'analyse da la figure 18 montre que les oryctéropes
sont plus abattus lors de leur déplacement avec une fréquence de
citation de 76 % contre 24 % lorsqu'ils sont dans leur terrier.
3.1.3.4. Technique de chasse
employée pour tuer Orycteropus afer selon les chasseurs
Différents techniques sont utilisées par les
chasseurs du milieu d'étude pour tuer les Orycteropus afer. Les
proportions de citation des techniques utilisées sont
présentées à la figure 19.
Figure 19: Techniques
utilisées pour tuer Orycteropus afer selon les chasseurs
Source : Résultats des travaux de
terrain, novembre 2020.
L'examen de la figure 19 indique que la technique de fusils
est la plus utilisée pour tuer Orycteropus afer dans le milieu
avec une fréquence de citation de 80 % suivi de la technique de
piégeage (collet) avec une fréquence de 20 %.
3.1.3.5. Perception des chasseurs
sur les heures de chasse de Orycteropus afer
La chasse de l'oryctérope ne se pratique pas à
tous les moments de la journée. Il y a des heures précises
auxquelles les chasseurs tuent l'espèce vu qu'elle n'est pas active
à tout moment. La figure 20 présente les fréquences de
citation des heures de chasse des oryctéropes selon les chasseurs.
Figure 20: Heures
favorables à la chasse de Orycteropus afer selon les
chasseurs
Source : Résultats des travaux de
terrain, novembre 2020.
L'analyse de la figure 20 montre que les heures de chasse
indiquées sont toutes des heures nocturnes ce qui correspond aux moeurs
de l'espèce. Les heures les plus citées sont 20h, 21h, 22h avec
des fréquences respectives de 28 %, 24 % et 24 %. Il faut noter que ces
heures correspondent aux moments où l'oryctérope sort de son
terrier pour aller se nourrir. Les chasseurs se cachent donc à
l'affût devant la tanière de l'animal pour attendre ces heures de
sorties pour l'abattre. Les autres heures de la nuit ont une faible
fréquence de citation car ces heures correspondent aux heures où
l'animal est rencontré par hasard.
3.1.3.6. Perceptions des
populations riveraines sur l'abondance de Orycteropus afer dans la FCMK
La totalité (100%) des enquêtés affirment
qu'il y a eu une grande diminution de l'effectif des Orycteropus afer
de la FCMK contrairement à vingt ans en arrière où
l'espèce était abondante. Le classement de la fréquence
des perceptions sur l'abondance de Orycteropus afer par les personnes
enquêtées est présenté par la figure 21.
Figure 21: Perception
des enquêtés sur l'état des populations de Orycteropus
afer
Source : Résultats des travaux de
terrain, novembre 2020.
L'analyse de la figure 21 montre que 55% des
enquêtés affirment que l'oryctérope est actuellement
très rare dans la FCMK contre 39% qui affirment que l'espèce est
éteinte. Seul 6% des enquêtés ont donné une
réponse mitigée (incertain) sur l'abondance actuelle de
l'espèce. Il faut noter qu'aucun des enquêtés n'a reconnu
que l'espèce est peu abondante actuellement dans la FCMK, une situation
qui montre que l'espèce est dans une situation critique dans la FCMK.
Le classement de la fréquence des perceptions sur
l'abondance de Orycteropus afer par les personnes
enquêtées en fonction des villages est présenté par
la figure 22.
Figure 22: Perception
des enquêtés sur l'état des populations de Orycteropus
afer en fonction des villages
Source : Résultats des travaux de
terrain, novembre 2020.
L'analyse de la figure 22 montre que dans les deux villages
situés au sud ouest de la FCMK (Okoutaossé et Kagourè) la
fréquence de citation pour une probable extinction de l'espèce
est beaucoup plus élevée que celle d'une rareté de
l'espèce. Ce qui pourrait laisser croire que Orycteropus afer
n'existe plus dans cette partie de la FCMK. Par contre dans les villages
situés au centre et au sud est de la FCMK (Banon, Bobè et
Djagbalo), la fréquence de citation est très élevée
pour très rare. On peut alors par chance encore observer quelque
individus de Orycteropus afer de ce côté de la
forêt. Les enquêtés affirment que pour voir un individu de
Orycteropus afer de nos jours, il faut s'aventurer très loin
dans la forêt et y passer plusieurs jours. La plupart des
enquêtés reconnaissent avoir vu l'espèce pour la
dernière fois il y a plus de 15 ans. Aucune observation directe n'a
été faite pour l'espèce pendant les sorties
effectuées dans la FCMK sauf quelques terrier de l'animal. Voir un
oryctérope dans la FCMK de nos jours est donc devenu un
évènement extrêmement rare.
Encadré 2
Un des enquêtés dans le village de Banon nous
laissait entendre que : j'ai vu l'oryctérope cette année
dans la FCMK et je ne m'attendais pas à cela parce que la
dernière fois que j'ai pu observer cette espèce remonte a plus de
dix ans. Ce fut pour moi une grande surprise car je pensais que l'espèce
n'existait plus dans notre région.
3.1.3.7. Effet des pressions anthropiques sur
Orycteropus afer
Les investigations en milieu naturel ont
montrées que la zone de chasse de Banon-Akpassi-Bante est la plus
abondante en indice de présence d'oryctérope dans la FCMK (76,47
% des observations et ICK = 0,42), contre 23,52 % des observations et ICK =
0,27 pour la zone de chasse de Okouta-ossé. Il faut noter que seul 17,64
% des terriers observés étaient actifs contre 82,35 %
abandonnés et tous les terriers actifs ont été
observés dans la zone de chasse de Banon-Akpassi-Bante. Ceci
s'expliquerait par le fait que l'oryctérope n'existe peut-être
plus dans la zone de chasse de Okouta-ossé.
La croissance démographique de plus en plus forte dans
les villages riverains à la FCMK exerce un poids énorme sur ces
ressources. Le braconnage des espèces de faune sauvage pour satisfaire
les besoins en protéines et en pharmacopée, la transhumance du
bétail domestique pour le commerce, et l'exploitation forestière
pour le bois d'oeuvre, la fabrication du charbon sont les principales pressions
issues de cette croissance démographique. Orycteropus afer une
espèce animale de la FCMK reste une des plus grandes victimes de ces
pressions car sa population à connue une grande régression ces
dernières années à cause d'un fort taux de braconnage et
de la perturbation de son habitat. L'espèce est actuellement
considérée comme très rare et même éteinte
dans certaines parties de la FCMK. La rareté des indices de
présence de l'espèce et leur caractère vieillissant au
cours des prospections dans la FCMK montre à quel point Orycteropus
afer est en danger critique d'extinction. Un état de chose qui a un
impact négatifs sur la survie de Orycteropus afer dans la FCMK
car elle accélère la disparition de l'espèce dans la dite
forêt. Pour une meilleure conservation de Orycteropus afer dans
la FCMK il faut mettre en place un plan d'action pour la conservation de
l'espèce par les ONG et les populations riveraine à la
forêt.
3.2.
Discussion
Ø Connaissance des
populations locales sur le comportement et les prédateurs de
Orycteropus afer
Les résultats de la présente recherche montre
que l'oryctérope est considéré par les populations locales
du milieu d'étude comme une espèce très mystique de par
son aspect physique et un certain nombre de comportements et de manifestations
qui le rendent unique et différent de toutes les autres espèces.
L'oryctérope n'est pas une de ces espèces qui peuvent être
source de conflits homme-faune dans le milieu d'étude.
L'oryctérope a plusieurs prédateurs dans la FCMK lesquelles sont
le lion (Panthera leo) avec une fréquence de 65,93 % suivi du
léopard (Panthera pardus) avec 20,44 %, ensuite viennent le
python de seba (Python sebae) 6,81 %, et l'hyène (Crocuta
crocuta) 6,81 %.
Les résultats obtenus
sont conformes à ceux de la CIRAD (2000, p.3) qui indiquent que l'esprit
de l'oryctérope est un des plus craints chez les Bisa de Zambie. Son
comportement strictement nocturne fait de lui un animal du monde des sorciers
tandis que ses habitudes de grand fouisseur le lient au domaine des morts. Pour
F. Gbankoto et al. (2011, p.54) Orycteropus afer est un
animal de moeurs nocturnes auquel les populations locales confèrent des
valeurs très mystiques dans les terroirs villageois de la Réserve
Transfrontalière de Biosphère du W. S. Cilliers (2002, p.7) note
que les énormes trous et terriers creusés par l'oryctérope
peuvent dévaster les murs du barrage et gravement endommager les
véhicules à moteur et les tracteurs qui y sont accidentellement
conduits dans le veld.
L'oryctérope est
fréquemment persécuté par les agriculteurs en raison des
dommages causés aux routes, aux clôtures et aux barrages (A.
Lindsey, 1999, p.1).
Les oryctéropes sont
la proie de tous les grands prédateurs terrestres, y compris les lions
(Panthera leo). Cependant, c'est l'hyène tachetée
(Crocuta crocuta), qui tue régulièrement les jeunes et
l'homme, qui constituent la plus grande menace (J. Kingdon,
1971 cité par G. Whittington-Jones, 2006, p.5).
Ø Pression et menace sur Orycteropus
afer dans la FCMK
Quatre principales formes de pression sur
Orycteropus afer ont été recensées au cours de
cette recherche notamment le braconnage avec la plus forte proportion (69 %),
la transhumance (17 %), la perte de l'habitat due à l'exploitation
forestière (8 %) et le manque de ressource alimentaire (1 %). Ces
actions anthropiques perturbent la survie et le maintien des populations
d'oryctéropes. A cet effet l'IUCN (2015, p.4) identifie la perte de
l'habitat due à l'agriculture et la chasse comme potentielle menace pour
l'espèce, mais ces menaces potentielles n'ont pas été
mesurées. L'étude de I. Dotché (2016, p.60)
identifie sept indices de pressions sur la faune mammalienne de la forêt
classée des Monts Kouffé. Ces indices se
résument à l'extraction du miel, l'exploitation
forestière, le surpâturage, les feux de végétation,
le braconnage, la carbonisation et la pollution sonore créée par
le bruit des tronçonneuses et des camions.
Au cours de la
présente recherche, aucune menace liée au changement du climat
n'a été recensé comme cause de disparition des
oryctéropes. Par contre les études de B. Rey (2017, p.1) sur les
Orycteropus afer du Kalahari en Afrique du Sud montre que la survie des oryctéropes peut être
menacée par le changement climatique en raison des effets directs et
indirects de l'augmentation de la chaleur et de l'aridité. Des
enregistrements de température corporelle des oryctéropes ont
révélé une homéothermie (35,4-37,28 ° C) au
départ, mais l'hétéro thermie a augmenté
progressivement tout au long de l'été, avec des creux en baisse
dans le rythme nycthéméral de la température corporelle
atteignant aussi bas que 25 ° C avant leur mort, probablement en raison de
la famine. N. Weyer
(2018, p.ix) indique que les futurs stresse environnementaux tels que le manque
de ressources induit par la sécheresse, provoqué par le
changement climatique, constituent une menace plus grande pour les
oryctéropes.
Ø Effets des pressions anthropiques sur la
survie de Orycteropus afer dans la FCMK
Les principales raisons de la chasse de Orycteropus
afer dans la FCMK sont principalement la consommation et l'usage en
médecine traditionnelle. Les résultats obtenus sont conformes
à ceux de l'UICN (2015, p.4) qui indiquent que l'oryctérope est
utilisé pour la consommation et les organes (peau, griffes et dents)
pour quelques buts médicinaux traditionnels.
L'analyse des résultats de la présente
recherche montre que les pressions anthropiques notamment le braconnage a un
impact négatif sur la survie des populations de Orycteropus
afer de la FCMK. Le niveau de braconnage était très
élevé ce qui a conduit à une diminution des populations
d'Orycteropus afer. Ces résultats confirment ceux de I.
Dotché (2016 p. 6) qui notifiait que les pressions anthropiques,
provoquent une disparition de façon progressive des mammifères
de forêt classée des Monts Kouffé.
La pratique du braconnage dans les aires
protégées a un impact négatif sur la bonne structuration
des classes d'âge des espèces de faune. Elle perturbe la pyramide
des âges des populations et compromettra, à long terme, la
fécondité des populations qui la subissent, du fait du
prélèvement abusif des sub-adultes qui n'auront pas
l'opportunité de devenir des adultes, et de contribuer au
développement des effectifs I. Tchabi et al. (2012 p. 67).
Par contre pour l'UICN, (2015, p.5) le degré des
menaces anthropiques pour l'oryctérope est inconnue et aucunes mesures
de conservation visées ne sont recommandées à
présent, mais cela devrait être visité de nouveau si les
données supplémentaires deviennent disponibles. Les
résultats de la présente recherche montre que 55 % des
enquêtés affirment que l'oryctérope est actuellement
très rare dans la FCMK contre 39 % qui affirment que l'espèce est
éteinte contrairement. Allant dans ce sens, l'étude
réalisée par I. Toko (2005, p. 21) dans la FCMK montre que
les espèces comme le lion, l'éléphant et la
panthère sont des espèces qu'on ne rencontre plus facilement dans
le milieu d'étude. Il en est de même de l'hyène et de
l'oryctérope, mais dans une moindre mesure.
Les tendances
démographiques actuelles de l'oryctérope ne sont pas connues.
Cependant, en Afrique de l'est, centrale et de l'ouest, les effectifs
pourraient diminuer en raison de l'expansion des populations humaines, de la
destruction de l'habitat et de la chasse pour la viande (UICN, 2015, p.4).
Mesure de conservation de
Orycteropus afer dans la FCMK
Une stratégie de conservation pour une
espèce est un plan pour sauver l'espèce sur l'ensemble ou une
partie de son aire de répartition. En dehors des réserves de
biosphère transfrontalière du W et de la Pendjari situées
dans l'extrême nord du pays, la forêt classée des Monts
Kouffé est l'un des derniers refuges de l'oryctérope au
Bénin. Plusieurs facteurs indiquent que l'oryctérope peut faire
l'objet d'une stratégie de conservation dans la FCMK.
L'oryctérope bien qu'étant classé dans la catégorie
Préoccupation mineure (LC) selon l'UICN est une espèce en danger
(EN) sur la liste rouge des espèces menacées au Bénin.
L'espèce joue un rôle écologique majeur. C'est une
espèce clé de voûte. Malgré le fait que
l'espèce soit classée dans la catégorie des animaux
intégralement protégés par le DECRET n° 2011-394 du
28 Mai 2011, fixant les modalités de conservation, de
développement et de gestion durable de la faune et de ces habitats en
République du Bénin, de fortes pressions anthropiques directes et
indirectes sont exercées sur elle dans la FCMK. Cette population de
Orycteropus afer est actuellement dans un état critique.
Les menaces identifiées pour l'espèce
dans la FCMK sont d'origine anthropique dues à la pression
démographique avec une démographie continuellement en croissance
entraînant des besoins élevés d'exploitation des ressources
naturelles.
Pour faire face à ces menaces, la vision de
conservation est d'améliorer dans les prochaines années le statut
de conservation de l'oryctérope dans la forêt classée des
Monts Kouffé de sorte que l'espèce ne soit plus menacée
d'extinction dans cette partie de son aire de répartition au
Bénin et soit dans un état stable.
Le but quant à lui sera d'augmenter d'ici les 3
prochaines années l'effectif de la population actuelle
d'oryctéropes de la FCMK et ainsi l'aire protégée pourra
jouir des fonctions écologiques importantes de cet animal
ingénieur d'écosystème.
Pour ce cela, les objectifs de conservation seront de
:
· poursuivre les recherches pour une meilleure
connaissance de l'écologie, de l'éthologie et de la dynamique des
derniers oryctéropes de la FCMK ;
· mener des actions de sensibilisation des
populations face aux questions de conservation des oryctéropes pour
réduire le braconnage de l'espèce ;
· protéger les habitats des
oryctéropes en luttant contre la dégradation du milieu ;
· contribuer à la mise en place de
politique et législation pour la conservation de l'espèce.
Conclusion et perspective
La présente recherche a permis d'identifier les
différentes formes de pressions anthropiques qui pèsent sur
l'oryctérope et d'évaluer l'impact de celles-ci sur sa survie
dans la forêt classée des Monts Kouffé. Cette recherche a
aussi permis de recenser diverses connaissances des populations locales sur
Orycteropus afer dans la FCMK. Orycteropus afer a plusieurs
prédateurs autour de la FCMK dont principalement le lion (Panthera
leo), le léopard (Panthera pardus), l'hyène
tacheté (Crocuta crocuta), et le python (Python
sebae). Orycteropus afer est une espèce à laquelle
les populations locales confèrent des valeurs très mystiques.
Orycteropus afer est menacé d'extinction dans la FCMK. Cet
état de chose est dû principalement aux activités
anthropiques dont le braconnage, la transhumance, l'exploitation
forestière, le manque de ressource alimentaire et autres raisons. Les
principales raisons du braconnage de Orycteropus afer sont
l'alimentation (84 %) et l'utilisation de ces organes en médecine
africaine (16 %). Ce qui favorise la mise en place de plusieurs techniques et
stratégies de capture rendant l'animal très vulnérable.
Les pressions anthropiques ont un impact négatif sur la survie de
Orycteropus afer dans la FCMK car l'ensemble des enquêtés
affirment qu'il y a eu une grande diminution de l'effectif de Orycteropus
afer de la FCMK contrairement à vingt ans en arrière
où l'espèce était abondante. 55 % des
enquêtés affirment que Orycteropus afer est actuellement
très rare dans la FCMK contre 39 % qui affirment que l'espèce est
éteinte. Dès lors, Orycteropus afer nécessite un
programme de conservation dans la forêt classée des Monts
Kouffé, ce programme à priori doit être participatif pour
permettre l'implication des acteurs que sont les populations riveraines.
Afin de poursuivre les
recherches et d'approfondir l'étude de cette espèce dans le but
d'assurer au mieux sa protection, il serait souhaitable dans un avenir proche
de procéder à d'autres études en y ajoutant d'autres
moyens et techniques en particulier. De ce fait, il est souhaitable de
continuer ce travail surtout sur la dynamique des populations de
Orycteropus afer, la lutte anti- braconnage de Orycteropus
afer au Bénin, l'écologie et les paramètres de
survie de Orycteropus afer. Pour terminer, il est proposé pour
les travaux à venir une étude sur «Densité et
structure de la population de Orycteropus afer à base de
piège photographique dans la Forêt Classée des Monts
Kouffé ».
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végétales de la forêt classée des Trois
Rivières au Nord-Est du Bénin. European Scientific
Journal, Vol.14, No.15, 450-469.
Liste des figures
Figure 1: Répartition spatiale
supposée des sous-espèces de Orycteropus afer en Afrique
10
Figure 2: structure
dentaire des tubulidentés
13
Figure 3 : Organes génitaux et
glande olfactive dans la région de l'aine d'un oryctérope
15
Figure 4: Distribution
mondiale de Orycteropus afer
16
Figure 5: Orycteropus
afer sortant de son terrier à la tombé de la nuit
17
Figure 6: Femelle de Orycteropus
afer avec son petit
19
Figure 7 : Situation géographique du
milieu d'étude
27
Figure 8 : Carte pédologique de la
FCMK
30
Figure 9: Evolution de la
population dans les arrondissements Pira, Atacoligbé et Bobè dans
la commune de Bantè de 1992 à 2013
34
Figure 10: Situation géographique des
villages enquêtés
40
Figure 11 : Perceptions des populations
riveraines sur les périodes d'observation de Orycteropus afer
dans la FCMK
49
Figure 12 : Moment de
rencontre de Orycteropus afer selon les enquêtés
50
Figure 13: Prédateur naturel de
Orycteropus afer selon les enquêtés dans la FCMK
51
Figure 14 : Proportion des types de
menaces cités par les populations enquêtés
53
Figure 15: Proportion de
citation des formes de pression sur Orycteropus afer en fonction des
villages
54
Figure 16 : Fréquences des citations
des usages de Orycteropus afer selon les chasseurs 58
Figure 17 : Fréquences de citations
des périodes favorables à la chasse des oryctéropes
59
Figure 18: Fréquences de citation
des moments où l'espèce est tuée selon les chasseurs
59
Figure 19: Techniques
utilisées pour tuer Orycteropus afer selon les chasseurs
60
Figure 20: Heures
favorables à la chasse de Orycteropus afer selon les chasseurs
61
Figure 21: Perception des
enquêtés sur l'état des populations de Orycteropus
afer 62
Figure 22: Perception des
enquêtés sur l'état des populations de Orycteropus
afer en fonction des villages
62
Liste des tableaux
Tableau I : Classification et statut de
conservation de Orycteropus afer 11
Tableau II : Centres de documentation
visités et types d'informations 37
Tableau III : Echantillon
enquêté
39
Tableau IV: Efforts de prospection dans les
zones de chasse de la forêt classée des Monts Kouffé
44
Tableau V: Désignations de nom local
de Orycteropus afer par les groupes ethniques enquêtés
48
Tableau VI: Caractéristiques
mystiques de Orycteropus afer dans la FCMK 52
Liste des photos
Photo 1 :
Oryctérope en Afrique du sud
12
Photo 2 : Oryctérope dans la RBP
12
Photo 3: Vue partielle de la rivière
Adjiro du côté de Okoutaossé
32
Liste des planches
Planche 1: Oryctérope (Orycteropus
afer) dans deux écosystèmes différents
12
Planche 2 : Affleurement rocheux dans la
FCMK 29
Planche 3: formations
végétales dans la FCMK
31
Planche 4: Entretien avec les acteurs
41 Planche 5: Entrer de terrier de Orycteropus
afer dans la FCMK 44
Planche 6: perturbations des habitats
dans la FCMK : arbres abattues dans FCMK 55
Planche 7: surpâturage dans la FCMK du
côté de Manigri
55
Planche 8: Trophées de
Orycteropus afer observés au cours des enquêtes
56
Annexes
Questionnaire relative à la collecte des données
sur les formes de pression sur Orycteropus afer dans la FCMK
auprès des populations
Questionnaire n°1
Questionnaire adressé à la
population
Fiche n° : ............... Date :
.............................. Localité/Village
:........................................ Coord. GPS : Lat (X)
...................................... Long (Y)
..........................................
Identification Nom et
Prénom.................................................................................
Sexe : Masculin ; Féminin
Langues parlées :
.....................................................................
Profession : ................................. (votre
principale activité.......................................)
v Connaissance de l'espèce
1- Connaissez-vous Orycteropus afer (Photo) ? Oui /__/
Non /__/
2- Quel est son nom dans votre langue ?
.........................................................................................
3- L'aviez- vous vu une fois ? OUI NON
Si oui, où ?................................... et
à quel moment de la journée ? ...............................
.................................................................................................................
4- Sont-ils présents dans la région toute
l'année ? Oui /__/ non /__/
Si non à quelle période sont-ils présents
?..............................................................................................
5- Selon vous, quel est l'état passé (il y a 20ans)
de la population de Orycteropus afer ?
Abondante/__/ Moyenne/__/ Peu abondante/__/ Rare/__/
Très rare /__/ Eteint / _/ Incertain/__/
6- Selon vous, quel est l'état actuel de la population de
Orycteropus afer ?
Abondante/__/ Moyenne/__/ Peu abondante/__/ Rare/__/
Très rare /__/Eteint / _/ Incertain/__/
v Dégâts et menaces
7- Les Orycteropus afer causent-ils des
dégâts dans votre zone ? Oui /__/ Non /__/ Si oui lesquels ?
.....................................................................................................
8- Quels sont les moyens utilisés pour lutter contre eux
?............................................................
..................................................................................................................
9- Quels sont les espèces animales qui se nourrissent de
Orycteropus afer ?
..................................................................................................................
10- Retrouvez-vous parfois des cadavres d'Orycteropus
afer dans la nature ? Oui /__/ Non /__/ Si oui quelles en sont les causes
? Naturelles /__/ ; empoisonnement /__/ ; abattage /__/ ; autres (à
préciser) ?
..............................................................................................................................................
11- Les Orycteropus afer font objet de chasse dans votre
milieu ? Oui /__/ Non /__/
Si oui par
qui ?................................................. et pourquoi ?
..................................................................................................................
.........................................................................................................................
12- Quelles sont selon vous, les raisons de la régression
ou de la disparition de Orycteropus afer (si c'était le cas)?
Consommation/__/ Intense exploitation de leur habitat/__/ commerce/__/
Chasse/__/ la transhumance/__/ menace de l'écologie alimentaire /__/
usage en médecine traditionnel/__/ Autres raisons /_/
13- Quelles sont selon vous, les raisons de la régression
ou de la disparition de la faune dans votre région (si c'était
le cas)? Consommation/__ / Intense exploitation de leur habitat/__/
commerce/__/ Chasse/__/ la transhumance/__/ en médecine
traditionnel/__/ Autres raisons/__/
Questionnaire à l'endroit des
chasseurs
Fiche n° : ............... Date :
.............................. Localité/Village
:........................................ Coord. GPS : Lat (X)
...................................... Long (Y)
..........................................
Identification Nom et
Prénom.................................................................................
Sexe : Masculin ; Féminin
Langues parlée :
.....................................................................
Profession : ................................. (votre
principale activité.......................................)
v Connaissance de l'espèce
1- Connaissez-vous Orycteropus afer
(photo) ? Oui /__/ Non /__/
2- Quel est son nom dans votre Langue?
.........................................................................................
v Menace et pression
3- Les Orycteropus afer font-ils objet de chasse ? Oui
/__/ Non /__/
Si oui pourquoi
?.......................................................................................................
4- Avez-vous jamais tué Orycteropus afer ? Oui
/__/ Non /__/ Si non pourquoi ?
................................................................................................................
5- Pour quelles raisons tuez-vous particulièrement
Orycteropus afer ?
Par respect de la tradition /__/ ; par passion /__/ ; pour
raisons économiques /__/ ; pour la consommation /__/ ; pour les griffes
/__/ ; pour dégâts aux cultures /__/ ; autres (à
préciser)
...............................................................................................................
6- Où chassez-vous Orycteropus afer ?
...........................................................................
7- A quel moment les chassez-vous ?
Lorsqu'ils sont dans leur terrier /__/ ; lors du
déplacement /__/ ; autres (à préciser)
...............................................................................................................
8- A quelle période de l'année pratiquez-vous la
chasse de Orycteropus afer ?
i- saison sèche /__/ ; ii- saison des pluies /__/ ; iii-
toute l'année /__/
9- A quel moment de la journée pratiquez-vous la chasse de
Orycteropus afer (préciser les heures) ?
............................................................................................................
10- Quelles sont les techniques de chasse que vous employez pour
tuer Orycteropus afer ?
Battue /__/ Piégeage /__/ Filet /__/ Collet /__/
Autres /__/
11- Quels sont les espèces animales qui se nourrissent de
Orycteropus afer ? ................................
12- Existe-t-il des dispositions particulières (rituel par
exemple) à prendre avant de tuer un Orycteropus afer ? Oui /__/
Non /__/.
Si oui lesquelles
?...............................................................................................................
13- Les Orycteropus afer sont-ils des animaux mystiques
Oui /__/ Non /__/
Si oui comment se manifeste-t-il
?...................................................................................................
...................................................................................................................
............................................................................................................
14- Constatez-vous une augmentation ou diminution de l'effectif
deOrycteropus afer ? Oui /__/ Non /__/
15- Pensez-vous que les Orycteropus afer sont
menacés dans la zone ? Oui /__/ Non /__/
- Si oui quelles sont selon vous, les raisons de la
régression ou de la disparition de Orycteropus afer (si
c'était le cas)? Consommation/__/ Intense exploitation de leur
habitat/__/ commerce/__/ Chasse/__/ la transhumance/__/ menace de
l'écologie alimentaire /__/ en médecine traditionnel/__/ Autres
raisons /__/
- Si non, pourquoi pensez-vous qu'elle n'est pas menacée
?
16- Selon vous, quel est l'état passé (il y a
20ans) de la population de Orycteropus afer ?
Abondante/__/ Moyenne/__/ Peu abondante/__/ Rare/__/
Très rare /__/ Eteint / _/ Incertain/__/
17- Selon vous, quel est l'état actuel de la population de
Orycteropus afer ?
Abondante/__/ Moyenne/__/ Peu abondante/__/ Rare/__/
Très rare /__/Eteint/__/Incertain/__/
18- Puis-je voir les trophées de l'espèce ?
(Relever la taille du crâne)
Guide d'entretien à l'endroit des agents en charge
de la conservation de la forêt classée des monts
Kouffé
Nom :
Prénoms :
Fonction :
Votre expérience en protection de la faune sauvage
...............................................................................................................
Votre rôle dans la protection de la faune sauvage de la
FCMK
...............................................................................................................
Processus de lutte contre le braconnage et les autres menaces sur
la faune du milieu
...............................................................................................................
Vos connaissances sur Orycteropus afer
...............................................................................................................
Forme de menace sur Orycteropus afer dans la FCMK et
moyen de lutte contre celle-ci
...............................................................................................................
Difficulté liée à la protection de
l'espèce
...............................................................................................................
Mesure à prendre pour sa protection
...............................................................................................................
Guide d'entretien à l'endroit des chefs de CVC
(confrérie villageoise de chasseur)
Nom :
Prénoms :
Fonction :
Participez-vous à la protection de la faune de la
forêt classée des monts kouffé
...............................................................................................................
Connaissance sur Orycteropus afer dans la FCMK
...............................................................................................................
Avantage de la présence de l'espèce dans la FCMK
...............................................................................................................
Abondance passé et actuelle de l'espèce dans la
FCMK
...............................................................................................................
Appréciation des diverses formes de menace sur
l'espèce dans le milieu
...............................................................................................................
Difficulté de protection de l'espèce dans le
milieu
...............................................................................................................
Mesure à prendre pour sa protection dans le milieu
Autres trophées d'animaux observés dans
le milieu d'étude
Cote de buffle
Défense de phacochère
Fourrure de Cephalophus rufulatus
Corne de guib harnaché
Psittacus erithacus
Exemple de fiche de relevé de l'indice de
pression anthropique
Exemple de fiche de relevé de l'indice de
présence
Fiche de relevé des indices de présence
d'oryctérope
Date de collecte :........... Fiche n°..... N°
du parcours/Recce :......
Longueur du parcours :............. Coord. GPS_
Début (X :..................... ;
Y :......................)
Fin (X :...................... ;
Y :.......................) zone de
chasse :..............................
|
N°
|
Types d'indices
|
Coordonnés GPS
|
Age de l'indice
|
Types de végétations
|
Commentaire (sol, ....)
|
X
|
Y
|
|
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Types d'indices de présence :
Observation direct (O) ; Terrier (Te) ; Signe
d'alimentation (Sa) ; Crottes (C) ; Empreinte
(E) ; Cadavre (Ca)
Age des indices pour crotte, empreinte, cadavre,
et signe d'alimentation : Très
frais = quelques heures ;
Frais = 1 à 2 jours ;
Récent = 3 à 5 jours ;
Vieille = 6 à 14 jours ; Très
vieille = plus de 14 jours. Ages des
terriers : Actifs et Abandonné.
Type de végétation : FD=
forêts denses ; FG= forêts galeries ; FCSB= forêts
claires et savanes boisées ; SAA= savanes arborées et
arbustives ;
MCJ= mosaïques de champs et jachères
|
Table des matières
DEDICACE
3
REMERCIEMENTS
4
SIGLES ET ACRONYMES
5
RESUME
6
INTRODUCTION
7
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE ET ETAT DES
CONNAISSANCES SUR ORYCTEROPUS AFER
9
1.1. Etat des connaissances sur l'oryctérope
(Orycteropus afer, Pallas 1766)
9
1.1.1. Généralité sur
Orycteropus afer
9
1.1.2. Taxonomie et statut de conservation l'IUCN et
au Bénin de Orycteropus afer
9
1.1.3. Description
12
1.1.4. Habitat et distribution
géographique
15
1.1.5. Comportement
17
1.1.6. Régime alimentaire
18
1.1.7. Reproduction, croissance et
développement
18
1.1.8. Importance écologique de
Orycteropus afer
19
1.1.9. Menaces sur Orycteropus afer
20
1.2. Problématique
21
1.2.1. Justification du sujet
21
1.2.2. Hypothèses de travail
23
1.2.3. Objectifs de recherche
24
1.3. Clarification des concepts
24
CHAPITRE II : MILIEU D'ETUDE ET APPROCHE
METHODOLOGIQUE
26
2.1. Situation géographique de la FCMK
26
2.2. Composante biophysique
28
2.2.1. Climat
28
2.2.2. Géologie et pédologie
28
2.2.3. Flore
30
2.2.4. Faune
31
2.2.5. Hydrographie
32
2.3. Facteur humain du secteur d'étude
33
2.3.1. Evolution de la population
33
2.3.2. Principales activités
économiques
35
Cette partie aborde les différentes
activités économiques développées dans le secteur
d'étude.
35
2.4. Approche méthodologique
36
2.4.1. Données utilisées
36
2.4.2. Collecte des données
37
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
48
3.1. Résultats
48
3.1.1. Connaissances des populations
enquêtées sur le comportement et les prédateurs
Orycteropus afer
48
3.1.1.1 Nomenclature locale de Orycteropus
afer
48
3.1.1.2. Période d'observation de
Orycteropus afer par les riverains dans la FCMK
49
3.1.1.3. Moment de rencontre de Orycteropus
afer selon les riverains
49
3.1.1.4. Perception locale des types de
dégâts causés par Orycteropus afer dans le milieu
d'étude
50
3.1.1.5. Prédateur naturel de Orycteropus
afer dans la FCMK
50
3.1.1.6. Perception locale des
caractéristiques mystiques de Orycteropus afer
51
3.1.2. Différentes formes de pression
exercées sur les populations de Orycteropus afer dans la
FCMK
52
3.1.2.1. Exploitation forestière
54
3.1.2.2. Transhumance
55
3.1.2.3. Braconnage
56
3.1.2.4. Manque de ressource alimentaire
57
3.1.2.5. Autres raisons
57
3.1.3. Technique de braconnage et effet des
pressions anthropiques sur la survie de Orycteropus afer dans la
FCMK
57
3.1.3.1. Raison de la chasse de Orycteropus
afer
57
3.1.3.2. Perception des chasseurs sur les
périodes favorables à la chasse de Orycteropus afer
58
3.1.3.3. Moment de chasse de Orycteropus
afer selon les chasseurs
59
3.1.3.4. Technique de chasse employée pour
tuer Orycteropus afer selon les chasseurs
60
3.1.3.5. Perception des chasseurs sur les heures de
chasse de Orycteropus afer
60
3.1.3.6. Perceptions des populations riveraines sur
l'abondance de Orycteropus afer dans la FCMK
61
3.2. Discussion
65
Mesure de conservation de Orycteropus afer
dans la FCMK
67
Conclusion et perspective
69
BIBLIOGRAPHIE
70
Liste des figures
79
Liste des tableaux
79
Liste des photos
80
Liste des planches
80
Annexes
81
|